1À l’heure où l’archéologie préventive bénéficie à travers les grands travaux d’aménagement du territoire de moyens accrus qui lui permettent de mener à terme une recherche sans cesse plus spécialisée et de grande envergure, on ne peut que s’en réjouir, l’exemple de la fouille du tumulus de Courtesoult attire l’attention sur un autre volet de la sauvegarde de notre patrimoine archéologique.

2Échappant aux retombées de ces grandes opérations concertées, tout un pan de notre archéologie rurale continue à être insidieusement érodé. La mécanisation intensive des techniques agricoles et forestières, le remodelage des terroirs, agressent de plus en plus profondément des vestiges enfouis que les modes de faire‑valoir traditionnels avaient épargné dans un paysage stabilisé durant de longs siècles.

3En Franche‑Comté, l’évolution des plateaux du Jura et du haut Doubs illustre notre propos. Elle apparaît avec d’autant plus d’acuité que la mutation a été rapide et souvent radicale. Ainsi l’étude de l’archéologie funéraire de ces vingt dernières années a été avant tout dictée, avec plus ou moins de bonheur, par les hasards de l’évolution des terroirs, des remembrements, etc. On citera pour exemple les fouilles de la nécropole de Chavéria, des tumulus de la Combe d’Ain et de la Chaux d’Arlier.

4Dans la vallée de la Saône, vouée traditionnellement à une agriculture céréalière, la disparition des tertres a pu être beaucoup plus précoce et sans doute progressive. Les témoignages directs sont peu nombreux mais il est vraisemblable que l’état actuel des nécropoles que nous connaissons était déjà fixé à la fin du xix^e s., époque de la fouille des grands tumulus aristocratiques et princiers de Mercey, Apremont, Savoyeux et Mantoche. Des enclos circulaires détectés récemment sont là pour illustrer l’ancienneté de ces arasements. Parmi ceux‑ci, l’enclos de Mercey signale un quatrième tumulus de la nécropole princière du Bois du Vernois, à peine lisible dans un champ voisin et nivelé antérieurement aux fouilles de E. Perron de 1880 qui ne le mentionne pas. Doit‑on alors en déduire que seuls les tertres les plus volumineux, quelques nécropoles et quelques tumulus de petites dimensions en milieu boisé ne représentent que la portion congrue parvenue jusqu’à nous ? Cela est possible, mais l’arasement du tumulus d’Apremont, le plus imposant de la région grayloise avec ses 70 m de diamètre et ses 4 m de hauteur, montre à une date récente (vers 1960) que de telles destructions n’ont pas attendu la mécanisation de ces dernières décennies et n’ont pas épargné les plus gros tertres. Ainsi la détection, la protection ou l’étude de tumulus comme celui de Courtesoult n’en ont que plus d’intérêt.

5La réussite de cette opération improvisée dans l’urgence est due à la convergence de moyens financiers octroyés par le ministère de la Culture et de la Communication, sous‑direction de l’Archéologie et le département de la Haute‑Saône, à la compétence d’une équipe regroupant professionnels et bénévoles et à l’intérêt soutenu que nous ont manifesté, à quelque niveau que ce soit, bon nombre de particuliers et d’élus rapidement convaincus de l’intérêt et de l’urgence de notre travail.

6Qu’il nous soit permis de remercier ici :
– J.‑P. Jacob alors directeur des Antiquités de Franche‑Comté pour son aide et son soutien ;
– M. et Mme B. Blandin, propriétaires du terrain, pour toute la compréhension amicale qu’ils ont montré à notre égard en dépit des perturbations que ces recherches leur ont occasionnées,
– M. Demésy qui nous à fait bénéficier sans réserve de sa connaissance de l’archéologie de la Saône et nous a communiqué les documents de ses fouilles de Gy et Venère ;
– F. Rigolot, inventeur du site ;
– l’équipe de fouille : A. Andrey, E. Bacharetti, D. Bon‑temps, N. Cupillard, M. Demésy, G. Dosch, P. Dosch, M. Faudot, C. Goy, A. Grandcolas, M. Lachaux, G. Lambert, L. Lassalle, J. Ougier, S. Plouin, B. Plouin, A. Richard, V. Saugier, et plus particulièrement H. Dartevelle qui a assuré avec les auteurs une partie des relevés et des dessins ;
– nos collègues archéologues auprès desquels nous avons trouvé conseils et échanges : P. Bichet, C. Dunning, J.‑P. Guillaumet, L. Lepage, J.‑P. Millotte, C. Mordant, H. Parzinger, F. Passard‑Urlacher, S. Plouin, M. Sobritz, J.‑P. Thevenot, J.‑P. Urlacher ;
– nos collègues conservateurs de musées qui nous ont favorisé l’accès à leurs collections : A. Duval, C. Eluère, C. Louboutin et J.‑P. Mohen au musée des Antiquités nationales, J. Guiraud à Pontarlier, Mme Jannet à Dijon, M.‑J. Roulière‑Lambert à Lons‑le‑Saunier, J.‑C. Demard à Champlitte, M. Pinette et J.‑M. Dubois à Besançon ;
– la société Waltefaugle en la personne de D. Saugier et la société Brisard de Dampierre‑sur‑Salon pour leur aide technique désintéressée ;
– le laboratoire d’archéologie des Métaux de Jarville en la personne de C. Forrière et de M. Folzan qui ont assuré la restauration du matériel et nous ont fait part de leurs observations techniques.

7Que tous soient assurés de notre reconnaissance et trouvent à travers cette étude la part qui revient à chacun.