Conclusion générale
p. 169‑170
Résumés
À partir des données fournies par des sites tests, ce chapitre aborde l’histoire des mouvements commerciaux dans la région et la représentation de chaque pays producteur au cours de diverses phases chronologiques (période augustéenne, ier, iie, iiie s.).
Les résultats sont comparés à ceux des régions voisines. Une réflexion est enfin engagée sur la clientèle de ces denrées et sur le rôle respectif de l’armée et de la population civile dans l’activité économique locale.
From information obtained on sample sites, this chapter outlines commercial movements in the region and one représentation of each production country during one course of the diverse chronological phases (Augustian, I st, Und, lll rd centuries).
The results are compared with those of neighbouring régions. An interprétation is presented concerning the eventual consumers of these products and on the respective roles of the army and civilian population in the local economic activity.
Ausgehend von den Daten der Testfundplätze erörtert dieses Kapitel die Geschichte der Warenumsätze in der Region und den Marktanteil von Jedem Herstellerland während der verschiedenen chronologischen Phasen (augustanische Periode, 1., 2. und 3. jahrhundert). Die Ergebnisse werden mit denen der Nachbarregionen verglichen. Schliesslich wird eine Re flexion über die Kundschaft dieser Lebensmittel eingeleitet sowie über die jeweilige Rolle der Armee und der Zivilbevölkerung im örtlichen Handelsgewerbe.
Texte intégral
1Au cours de cette recherche, tous les types d’amphores importés sur l’ensemble d’une région pendant quatre siècles et demi ont été rassemblés. L’intérêt de cette étude résidait dans l’accumulation de données de toute nature (questions relatives à la typologie du matériel, épigraphie, documentation archéologique et chronologie locales, sources historiques...), certes parfois difficiles à maîtriser, mais dont la confrontation est essentielle pour aboutir à une meilleure compréhension de l’évolution des phénomènes économiques. D’aucuns pourront s’inquiéter de la tentation de vouloir ici établir des premiers bilans à partir de données incomplètes (mais le propre de l’archéologie n’est‑il pas d’établir ces bilans provisoires ?). Nous pensons, à ce sujet, que le nombre de sites pris en compte a corrigé les risques d’erreurs pour les tendances exprimées. D’autre part, l’enquête a été menée selon deux optiques : au sein de cette région où l’amphore n’est pas très abondante, et où de petits chiffres sont maniés, l’accent a été mis sur la représentation proportionnelle des types d’amphores entre eux. Les rapports de proportions sont ainsi comparables à ceux établis dans des régions plus riches. Enfin si les ateliers ayant produit ces amphores sont encore loin d’être tous connus, la plupart du temps les tessons ont été attribués à des zones productrices au sens large (Campanie, Tarraconnaise, moyenne vallée du Rhône...) et non à des ateliers précis. Il s’agit là de macro‑économie et non de micro‑économie qui, elle, devient nécessaire quand on aborde les problèmes de production dans un secteur restreint, comme c’est le cas par exemple pour la Rhénanie. Le petit nombre d’objets non identifiés, pour finir, n’a pas remis en cause les grandes tendances.
2Les observations ont permis d’apprécier l’ampleur de la production des différents ateliers et de révéler des productions locales. C’est là une étape importante dans la connaissance des aires de production en Gaule et les prospections doivent continuer en Palatinat et en Bade‑Wurtemberg. La très grande diversité des échanges a également été mise en lumière dans cette région encore mal connue sur le plan économique, et qui, en dehors de grands sites phares comme Metz et Strasbourg (où il reste encore beaucoup à apprendre !), paraissait en marge des activités commerciales, en dépit des grands axes qui la traversaient. Aspects quantitatifs mis à part, le faciès amphorique de quelques sites choisis offre une grande similitude avec celui de Lyon : ces sites reçoivent des denrées aussi bien d’Italie que de Grèce, de la péninsule Ibérique, de Gaule, voire de façon plus sporadique du Moyen‑Orient. Si cette recherche précise à un niveau régional, un schéma déjà connu dans ses grandes lignes, à savoir une prééminence, sur le marché, de deux régions productrices, la Narbonnaise et la Bétique, les apports sont nombreux sur bien des points, même s’ils doivent encore être approfondis (chronologie de l’arrivée du vin italien, évaluation de la diffusion des vins catalan et grec, de l’huile d’Afrique, importance des amphores à salaisons gauloises, existence d’un commerce dirigé entre les centres du Guadalquivir et la région, etc.).
3Parallèlement, l’amphore s’est révélée être un véritable document qui permettait de renouveler l’approche de problèmes fondamentaux tels que la chronologie des sites, les aspects socio‑économiques, la romanisation, les usages alimentaires. En effet, chaque site possède un faciès de consommation original. Il se dégage ainsi des spécificités locales pour lesquelles interfèrent des usages de consommation, une économie locale et un contexte historique différents. Lorsque l’histoire du site est relativement bien connue, il y a toujours corrélation entre la nature des denrées consommées et le type de clientèle qui y réside, entre les courbes d’importations et les événements historiques. C’est aussi grâce à une meilleure connaissance de cette histoire régionale que l’on peut comprendre les causes et le fonctionnement du marché. En ce sens, et plus que d’autres types de céramique qui ne peuvent être mis en relation avec l’histoire événementielle, la présence des amphores, étudiées quantitativement et qualitativement, est instructive pour l’histoire socio‑économique. Leur absence ou leur présence, si elles ne sont pas interprétables au niveau d’une seule localité, prennent une autre portée à l’échelle de toute une région. À travers elles, on peut suivre la lente romanisation de la région et son ouverture à de nouveaux marchés, ainsi que l’extension du commerce à partir des camps militaires et de petites localités situées à la périphérie de zones bien desservies comme la Suisse, suivie par une activité économique intense sous les Flaviens, gagnant également les campagnes, et un ralentissement des échanges sous les Antonins alors que l’autonomie régionale s’accroît.
4Les problèmes posés sont encore neufs et, jusqu’à présent, il n’existait pas de synthèse faite sur les importations d’amphores dans une région entière, permettant des études comparatives précises. Ainsi cette étude ne doit pas être considérée comme un produit fini, mais comme une base de recherche appelée à être confrontée à de nouvelles données fournies non seulement par les amphores, mais aussi par d’autres matériaux comme la sigillée, car le commerce des amphores ne représente qu’une des multiples facettes de l’économie provinciale. Ce commerce demeure néanmoins un témoin fondamental des liens que tissait cette contrée avec les autres provinces de l’Empire.
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