Avant‑propos
p. 12‑13
Texte intégral
1L’étude archéologique du complexe paléométallurgique des Clérimois s’inscrit dans le cadre des opérations de sauvetage conduites sur le tracé de la future autoroute A51. Parmi ces opérations, figurait une prospection thématique sur la paléométallurgie destinée à déceler le mode d’installation de ce type de gisement et à compléter la cartographie des sites sidérurgiques au sein des régions traversées2 (fig. 1) ; la présence de vestiges liés à la production du fer était en effet largement attestée par la bibliographie ancienne (cf. § 1.1).
FIG. 1 – Localisation du gisement sur le tracé de l’autoroute A5 .
Daf del./AFAN
2Entre 1988 et 1989 une prospection pédestre, réalisée sur une bande de 300 m de large comprenant le futur tracé de l’autoroute, a permis de répertorier 46 indices miniers et métallurgiques3. Le matériel collecté a été étudié afin de dissocier les déchets de fabrication (scories, laitier, parois de four, tuiles réfractaires) du minerai de fer. Un niveau de représentativité a été attribué pour chaque indice relevé en prospection, en tenant compte de la présence ou de l’absence de déchets de production (cf. chap. 1, annexe 1). Au terme de cette approche, seuls quinze indices caractéristiques, montrant une association de minerai de fer et de scories, ont été retenus (fig. 2). Ils étaient distribués en partie dans la plaine alluviale de la Seine (trois indices) et sur les plateaux (trois indices), mais surtout, sur les versants de petits talwegs situés en bordure de vallées ou de plateaux (neuf indices).
FIG. 2 – Carte de répartition des indices miniers et métallurgiques sur le tracé de l’autoroute entre Sens et Troyes.
P.P. del./AFAN
3Cette démarche a permis d’avoir une bonne appréciation de la répartition et de l’importance des vestiges paléométallurgiques situés sur le tronçon menacé par les travaux autoroutiers. A l’issue de l’analyse des données, le gisement des Clérimois, au lieu‑dit Les Fouetteries semblait être l’indice le plus représentatif de l’ensemble prospecté : son intérêt était dû d’abord au volume de scories et de minerai ; en outre, sa position, pour la plus grande partie sur l’emprise autoroutière, nous donnait la possibilité de l’explorer dans sa quasi‑intégralité. Un décapage extensif et une fouille de six mois ont permis de mettre au jour les vestiges d’une dizaine d’ateliers de réduction et de dix‑huit bas fourneaux.
4L’exceptionnel état de conservation de ces structures a conduit à en prélever ou mouler certaines après l’opération de terrain : un moulage du bas fourneau F12 (zone 3) est aujourd’hui conservé au musée de Sens (section gallo‑romaine)4. Trois autres bas fourneaux (F 106, zone 1, F41 et F50, zone 2) ont été prélevés5 grâce à une collaboration entre la société des autoroutes Paris‑Rhin‑Rhône, le comité d’entreprise d’EDF (où est conservé F106), et le musée des Antiquités nationales (Saint‑Germain‑en‑Laye) où sont conservés les bas fourneaux F41 et F50. Ces structures, afin de ne pas gêner le prélèvement, n’ont été que partiellement fouillées ; une collaboration est envisagée avec le MAN, afin d’en poursuivre l’étude et de compléter les observations figurant dans ce volume.
5Le gisement a suscité un grand intérêt auprès des spécialistes de la paléométallurgie et nombreux sont ceux qui nous ont fait l’honneur de visiter le site en cours de fouille : P. Defosse, C. Domergue, P. Andrieux, A. Bouthier, L. Eschenlohr, C. Forrières, P. Merluzzo, A. Ploquin, V. Serneels. Nous tenons à remercier tout particulièrement M. Mangin, M. Leroy et A. Faivre qui nous ont fait en outre profiter de leur expérience de terrain. Nos remerciements vont aussi aux membres de l’équipe de fouille (AFAN), pour leur courage et leur dévouement, avec une pensée appuyée pour Y. Amrane qui a consacré une partie de son temps libre à la réalisation de nombreux plans.
6Notre reconnaissance va encore à M. le professeur M. Mangin qui a relu les manuscrits successifs et à M.A. Ploquin. Tous deux ont suivi de près nos travaux et nous ont fait l’honneur d’accepter de parrainer cet ouvrage.
Notes de bas de page
1 Le cadre opérationnel et institutionnel de l’opération A5‑A160 a été exposé dans l’avant‑propos (Saint‑Pulgent, Winghart 1994) du Document d’archéologie française no 44, Nécropoles protohistoriques du Sénonais,
2 Le tracé de l’autoroute A5 traverse le plateau Briard et après avoir coupé le confluent de la Seine et de l’Yonne, en passant par la plaine alluviale de la Seine, remonte vers le Plateau sénonais. On le retrouve ensuite sur le flanc nord de la vallée de la Vanne et enfin, au fond de cette dernière, à la hauteur de la commune de Fontvannes. Il termine son parcours dans la plaine de Troyes, en s’arrêtant dans la banlieue de la ville, après avoir traversé les départements de la Seine‑et‑Marne (77), de l’Yonne (89) et de l’Aube (10).
3 60 % de ces indices n’ont pas été détruits par les travaux autoroutiers qui couvraient une bande de 60 m de large en moyenne.
4 A l’initiative de L. Saulnier‑Pernuit, conservateur du musée de Sens. Le moulage a été réalisé par une équipe du musée, sous la direction de M. Delaune.
5 Notamment à la suite de l’article paru dans Le Monde (Rebeyrol 1991). Le prélèvement des fourneaux a fait l’objet d’un article dans le Bulletin d’information de l’ACEM (Catro 1992).
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