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Le Paléolithique supérieur de l’abri Pataud (Dordogne)

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Harvey M. Bricker

Chapitre 7. L’Aurignacien de l’abri Pataud niveaux 6 à 14

7 The Aurignacian of the abri Pataud, Levels 6 to 14

Alison S. Brooks et Nancy L. Benco

Résumé

Le schéma de variabilité de l’outillage est dominé au Paléolithique supérieur par des styles de fabrication très circonscrits dans le temps et dans l’espace, alors que le Paléolithique moyen est caractérisé par des constellations d’attributs variées et des fréquences d’outils se répétant sans grand changement sur de longues périodes. L’étude de l’outillage de l’Aurignacien a été menée afin de déterminer à quel point l’industrie du Paléolithique supérieur montre une véritable variabilité « stylistique ».

Le matériel archéologique des niveaux 14 à 6 ainsi que des éboulis qui leur sont associés a permis de déterminer quatre phases de l’Aurignacien pouvant correspondre aux phases classiques du Périgord : niveau 6 post‑Aurignacien II (III/IV?) niveau 7, 8 Aurignacien II niveaux 11, 12 Aurignacien I niveaux 13, 14 Proto‑Aurignacien I (0 ?)

Les changements dans l’industrie osseuse font partie des meilleurs indicateurs de changements séquentiels ou « stylistiques » pour l’Aurignacien de l’abri Pataud. Les pointes à base fendue, par exemple, n’apparaissent que dans les niveaux les plus anciens et l’utilisation à la fois de la technique de l’incision et fracture et de celle du polissage augmente dans le temps, la technique de perforation des ornements devient plus fréquente et mieux maîtrisée.

Le système d’attributs utilisé est une adaptation et une extension à l’Aurignacien d’un précédent travail effectué sur l’abri appliqué aux bouts de grattoirs ordinaires, aux grattoirs aurignaciens et aux burins de toute sorte.

Les tendances se dégageant de l’Aurignacien à l’abri Pataud sont l’abandon des pointes à base fendue, l’augmentation du nombre de burins (surtout des burins busqués) et la diminution de la retouche marginale aurignacienne et de l’utilisation de grandes lames épaisses. Mais la comparaison d’attributs entre les industries indique une variabilité non directionnelle et irrégulière. En ce qui concerne l’art, la tradition aurignacienne est fondamentalement différente de la tradition périgordienne dans la mesure où une variation « stylistique » apparaît dans le matériel lithique.

Texte intégral

Je voudrais faire part ici de ma profonde gratitude envers le Pr Hallam L. Movius Jr. qui m’a fait découvrir la recherche en Paléolithique supérieur européen, m’a aidée à mettre au point la méthodologie de base et la structure de cette étude, m’a permis de travailler sur les matériels de l’abri Pataud et m’a fourni des lettres d’introduction pour les responsables des collections comparées nécessaires à mon étude dans les musées français. Je suis également reconnaissante à H. M. Bricker pour ses critiques constructives et son soutien moral durant toutes les étapes de cette étude. Ce travail n’aurait pu voir le jour sans l’aide des préhistoriens et conservateurs de musées français et en particulier de M. H. Delporte (musée des Antiquités nationales, Saint‑Germain-en‑Laye), M. et Mme J. et G. Guichard (Musée national de la Préhistoire, Les Eyzies‑de‑Tayac), Mlle M.‑R. Guillot (musée Ernest‑Rupin, Brive), l’abbé P. Mouton (Chaumont, Haut‑la‑Marne) et l’équipe du muséum d’Histoire naturelle de Toulouse. Les fonds nécessaires à la recherche ont été généreusement fournis par la U. S. National Science Foundation, la Ford Foundation, le Milton Fund of Harvard University et le University Committee on Research of the George Washington University.

7.1 Introduction

1L’étude des industries aurignaciennes des niveaux 6 à 14 à l’abri Pataud a été entreprise pour examiner la nature des variations dans les industries lithiques en général, et tout particulièrement celles qui caractérisent le Paléolithique supérieur par rapport au Paléolithique moyen. Parmi les critères de la transition au Paléolithique supérieur figurent : des unités sociales plus grandes et plus complexes signalées par des schémas d’occupation, des technologies nouvelles (comme par exemple les lames, les burins et les os), des contacts lointains et des relations complexes entre les groupes sociaux, la prolifération de styles décoratifs, artistiques et esthétiques, des économies plus spécialisées, et l’émergence, dans la culture matérielle, d’une grande variabilité qui ne peut être attribuée à des variables fonctionnelles ou technologiques (Bordes 1958b ; 1972 ; Sonneville‑Bordes 1960 ; Delporte 1970 ; Binford 1973 ; Mellars 1973 ; White 1982).

2Le schéma de variabilité lithique au Paléolithique supérieur est dominé par des « styles » très limités dans le temps et dans l’espace ; la variabilité lithique du Paléolithique moyen est, elle, caractérisée par des constellations variables d’attributs ou de fréquences typologiques qui se succèdent sans grand changement durant de longues périodes. Que ce dernier schéma reflète ou non une variabilité « fonctionnelle » des activités selon les sites (Binford, Binford 1966 ; Binford 1973), il est totalement différent de celui du Paléolithique supérieur, dans lequel la répartition de variabilité selon l’espace et le temps est plus proche du schéma attendu de variation « stylistique » dans un contexte culturel moderne et ethniquement diversifié (pour approfondir ce sujet des relations entre les schémas archéologiques et ethnographiques, le lecteur peut se référer à Hodder 1978 et Brooks 1979 : 1‑36).

3Dans une certaine mesure, on peut dire que la prolifération de formes lithiques régionalement et temporellement spécifiques est liée à la sophistication et aux capacités technologiques en développement. Une variabilité intratype réduite de forme peut, à elle seule, permettre la séparation d’une gamme plus étendue de types distincts. Il est certain que les limites des catégories typologiques sont mieux définies au Paléolithique supérieur que dans les stades antérieurs. Cependant, dans les industries les plus anciennes du Paléolithique supérieur (le Châtelperronien et l’Aurignacien), le degré d’intergradation entre les types rappelle plus le schéma de variabilité moustérien. L. Bardou et A. et J. Bouyssonie en fournissent un exemple avec le passage du grattoir au burin dans les industries aurignaciennes (Bardon et al. 1906). La nature de cette intergradation et ses implications dans le développement technologique est au centre de cette étude de l’Aurignacien à l’abri Pataud ; comme nous allons le voir, elle nécessite la modification du système pour l’étude des attributs publié antérieurement (Movius et al. 1968) afin de permettre des comparaisons directes entre deux ou plusieurs catégories d’outils.

4Le modèle stylistique de variation lithique suppose trois éléments essentiels :
– la proposition selon laquelle des groupements d’attributs et de types d’outils existent et persistent dans plus d’une industrie (Deetz 1967 ; Sackett 1965 ; 1966 ; 1977) ;
– l’hypothèse selon laquelle un certain nombre, si ce n’est la majorité, d’attributs et de types présentent une courbe de changement unidirectionnelle au cours du temps, de fréquence et/ou de forme (Petrie 1899 ; Ford 1962 ; Deetz, Dethlefsen 1965 ; Bordes, Sonneville‑Bordes 1970 ; pour les arguments contraires, voir Binford 1972a ; 1972b) ;
– la tendance propre des attributs ou des types à être localisés dans l’espace (Clarke 1968). Des analyses très poussées ont permis de démontrer ce schéma, pour les pointes solutréennes (Smith 1966), les pièces à bords abattus du Périgordien IV et VI (Clay 1968 ; Bricker 1973 ; chap. 6 supra ; Bricker, David 1984 ; chap. 4 supra) et pour la plupart des aspects des industries noailliennes (David 1985 ; chap. 5 supra).

5Dans quelle mesure ce schéma est‑il également caractéristique des industries aurignaciennes du sud‑ouest de la France ? Existe‑t‑il des groupements d’attributs ou de classes d’outils statistiquement significatifs, et, si oui, représentent‑ils des entités discrètes dans l’espace ou bien une courbe de changement dans le temps ? S’il existe des groupements d’attributs, sont‑ils le résultat de choix stylistiques indépendants ou sont‑ils le résultat de ce que Sackett a appelé les contingences mécaniques dans lesquelles la covariance est conditionnée par une seule variable sous‑jacente, telle que le type de support ou l’emploi de la retouche marginale ? En ce qui concerne les outils d’os et de bois de Renne, qui ont formé la base des paradigmes culturo‑historiques du développement aurignacien, dans quelle mesure les modes dits « stylistiques » sont‑ils véritablement le résultat d’une sophistication technologique en développement plutôt que d’un choix stylistique ?

  • 1 Les collections comparatives de musée étudiées pour cette recherche sont : La Ferrassie F, H, H’, H (...)

6Sonneville‑Bordes et Sackett, entre autres, ont démontré l’existence de tendances de caractères limités dans l’espace spécifiques dans les industries lithiques aurignaciennes (Sonneville‑Bordes 1960 ; Sackett 1966) ; mais Delporte ainsi que Bordes et d’autres (Delporte, Mazière 1977 ; Bordes, Labrot 1967 ; Champagne, Espitalie 1967) ont, de leur côté, démontré la présence d’une variabilité sans tendance précise dans les phases les plus anciennes du Paléolithique supérieur. Même dans les industries du Périgordien supérieur, on a démontré que la variabilité sans tendance précise caractérise une longue partie de l’industrie lithique (Bricker 1973 ; Rigaud 1976a ; 1976b). Le but principal de ce chapitre est donc de savoir dans quelle mesure les premières industries du Paléolithique supérieur, représentées par les industries aurignaciennes de l’abri Pataud et d’autres gisements du sud‑ouest de la France1 sont caractérisées par ce que l’on a appelé une variabilité stylistique. Si l’apparition de ce schéma est progressive et non soudaine, on peut aussi se demander dans quelle mesure les choix de l’artisan dépendaient de ses capacités technologiques.

7.2 Industries lithiques : graphiques cumulatifs et indices

7.2.1 Unités d’analyse

7Comme dans les niveaux plus récents, les contraintes spatiales de l’abri ont engendré, de la part des occupants, des opérations répétées de nettoyage et de rejet. La partie avant du niveau 14 a été enlevée par les habitants du niveau 13 ; le sol du niveau 13, à l’entrée, a été sérieusement affecté par des opérations de nettoyage durant l’occupation du niveau 12 et par des opérations de nivellement au fond de l’abri avant l’occupation du niveau 11. Le niveau 12 a également été tronqué vers le fond par le niveau 11. Les deux horizons supérieurs du niveau 8, au fond de l’abri, ont été en partie enlevés par le creusement du foyer en cuvette du niveau 7, et le fond du niveau 6 a été en grande partie enlevé par les opérations de nettoyage du niveau 5. Malgré ces perturbations stratigraphiques, les analyses d’attributs suggèrent toutefois que les dépôts déplacés de l’arrière des niveaux 13, 12 et 8 ou de l’avant des niveaux 14 et 13 ne se sont pas mélangés aux débris d’occupation postérieurs dans les parties fouillées de l’abri. Comme nous le verrons, les niveaux 13 et 12 sont distincts à la fois typologiquement et sur la base des analyses d’attributs, comme le sont aussi les niveaux 8 et 7. Les industries des niveaux 12 et 11 sont généralement plus similaires bien que les attributs des grattoirs aurignaciens soient très différents dans les deux niveaux.

8Toute la série des industries aurignaciennes s’étant accumulée durant une période relativement froide, interrompue seulement par une courte phase relativement tempérée évidente dans l’éboulis 10‑11 (cf. chap. 1 et 2 supra), les concentrations de matériels archéologiques résultant des épisodes d’occupation ont été rapidement ensevelis sous des accumulations d’éboulis. Ainsi, chaque niveau Aurignacien contient des matériels culturels que l’on peut considérer comme provenant d’un seul épisode d’occupation ou d’une série d’occupations très rapprochées dans le temps. Les niveaux sont séparés par des formations d’éboulis, d’épaisseur variable, comportant des traces occasionnelles d’occupations beaucoup plus brèves et/ou moins intenses. Un de ces intervalles d’éboulis fait l’objet ici d’une unité d’analyse distincte : il s’agit de l’éboulis 8‑11 qui comprend les niveaux moins importants 9 et 10. Autrement, chaque niveau Aurignacien de Pataud (14, 13, 12, 11, 8, 7 et 6) est considéré comme une unité d’analyse. Le niveau 8, qui s’est accumulé durant la période la plus rapide de formation d’éboulis de la séquence de Pataud, est le seul niveau Aurignacien à présenter l’évidence stratigraphique d’occupations multiples, que l’on appelle Niveau 8 : Inférieur, Moyen et Supérieur ; on en fait la distinction, le cas échéant, dans l’analyse d’attributs mais non dans la préparation des graphiques cumulatifs.

9Les niveaux 11 et 7, qui contiennent chacun plus de 500 pièces dans les séries 1‑92, offrent les industries les plus riches. Les niveaux 14, 8 et 6 contiennent chacun plus de 100 pièces. L’étude des tendances à long terme des séries de l’abri Pataud se fonde principalement sur les résultats des analyses de ces échantillons numériquement importants.

10Les graphiques cumulatifs (fig. 58‑60, tabl. xxii) et les indices (tabl. xxiii) qui décrivent les industries aurignaciennes de Pataud sont établis selon la technique statistique de Sonneville‑Bordes (Sonneville‑Bordes 1954) et la liste des 92 types de Sonneville‑Bordes et Perrot (Sonneville‑Bordes, Perrot 1954 ; 1955 ; 1956a ; 1956b). En plus de la série portée sur graphique, l’industrie complète de chaque niveau comprend les nucléus, des lames et des éclats avec quelques retouches ou utilisés, des chutes de burin et des chutes diverses, divers objets lithiques autres que le silex, comme des percuteurs en quartz et des matériels colorants, des objets en os, en bois de Renne ou en ivoire, des parures faites de dents ou de coquillages perforés. Les produits de débitage non retouchés, étudiés par Collins (recherche non publiée) et les vestiges de faune étudiés par Bouchud et Spiess (Bouchud 1975 ; Spiess 1978 ; 1979) ne font pas partie de la présentation suivante qui concerne les graphiques cumulatifs et les objets lithiques qui sont les sous‑produits de débitage (nucléus, chutes) ou même, dans certains cas, les produits définitifs (divers fragments à quelques retouches) de la fabrication d’outils de pierre. Les objets lithiques autres que les silex sont également décrits dans ce paragraphe, tandis que les objets en matériels organiques, dont la liste figure au tableau xxii, font l’objet du § 7.3, ci‑après. Des cassures mineures pouvant exclure une pièce de l’analyse d’attributs, tout en permettant quand même une identification et un classement dans l’un des 92 types, les totaux du tableau xxii ne correspondent pas aux totaux des analyses détaillées des diverses catégories d’outils.

FIG. 58 – Graphiques cumulatifs des industries du niveau 14 (ligne en pointillés ; n = 160) et du niveau 13 (ligne continue ; n = 36).

FIG. 59 – Graphiques cumulatifs des industries du niveau 12 (ligne en pointillés ; n = 98), du niveau 11 (ligne continue ; n = 606) et de l’éboulis de l’intervalle 8‑11 (ligne à tirets ; n = 77).

FIG. 60 – Graphiques cumulatifs pour les industries du niveau 8 (ligne en pointillés ; n = 98), du niveau 7 (ligne continue ; n = 609) et du niveau 6 (ligne à tirets ; n = 366).

TABL. XXII – Inventaire typologique des industries aurignaciennes de l’abri Pataud (aire de fouille principale).

TABL. XXIII – Indices typologiques de l’Aurignacien de l’abri Pataud ; pourcentages des principales classes typologiques. * Pourcentages calculés à partir de la liste de 92 types de Sonneville‑Bordes, Perrot 1954; 1955 ; 1956a ; 1956b. ** Les indices correspondant aux industries à très faible proportion de burins sont indiqués entre parenthèses.

11Les originaux des dessins réalisés par Pierre Laurent du matériel des niveaux aurignaciens de l’abri Pataud n’ont pu être retrouvés en dépit de recherches actives, aussi bien en France qu’aux Etats‑Unis, aussi bien par l’éditeur que par la famille Movius, les responsables du Peabody Museum ou du musée de site de l’abri Pataud. L’illustration de cette partie de la publication a par conséquent été réalisée à partir de photocopies faites dans les années 60 ce qui explique leur mauvaise qualité. L’auteur comme l’éditeur regrettent que la qualité exceptionnelle de l’illustration que P. Laurent avait réalisée du matériel Aurignacien de l’abri Pataud n’apparaisse pas dans l’illustration de ce chapitre.

7.2.2 Niveau 14

  • 2 Conformément aux études typologiques des autres collections aurignaciennes du Périgord (Sonneville‑ (...)

12Le pourcentage de grattoirs du niveau 14 (IG = 35,00), bien qu’il ne soit pas de beaucoup inférieur à la fréquence maximale de grattoirs du niveau 11, est peu élevé pour une industrie aurignacienne ancienne. Sur les séries comparatives d’autres gisements, seules l’industrie de Chanlat inférieure (Bouyssonie, Delsol 1952 ; Sonneville‑Bordes 1955 ; 1960 : 251‑253, tabl. XVI) et la collection Bouyssonie des Vachons, niveau 2 (Bouyssonie 1948 ; Bouyssonie, Sonneville‑Bordes 1957 ; Perpère 1977) présentent des pourcentages de grattoirs moins élevés. Les types de grattoirs numériquement dominants sont les grattoirs sur lames aurignaciennes2 (fig. 61a, d, e, i), les grattoirs sur lames retouchées et les grattoirs doubles (fig. 61e), dont 3 comportent un grattoir Aurignacien à une extrémité (fig. 61f). Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, le pourcentage des grattoirs aurignaciens (fig. 61f‑h) est le plus bas (IGA = 5,00) pour les quatre niveaux au‑dessous de l’éboulis 8‑11 ; en fait, les seules valeurs d’IGA qui soient inférieures dans la série aurignacienne de Pataud sont celles des niveaux 7 et 6. Les perçoirs sont représentés par un seul bec (IP = 0,62) et les burins par 2 exemplaires (fig. 62b) qui sont peut‑être tous deux des burins de fortune (IB = 1,24). Par contraste avec les autres industries aurignaciennes anciennes comportant un faible IB (par exemple, Castanet : C [Peyrony 1935 ; Sonneville‑Bordes 1960 : 243‑244, tabl. X], IB = 2,91, IBt = 0,96), les burins sur troncature sont totalement absents du niveau 14.

FIG. 61 – Industrie lithique du niveau 14. a‑e grattoirs ; f grattoir mixte ; g grattoir caréné ; h grattoir à museau ; i grattoir sur lame aurignacienne avec pointe émoussée à l’extrémité opposée.
N. B. La différence de qualité des fig. 61 à 77 est liée à celle des originaux (détails fin du § 7.2.1).

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13Les lames et éclats à retouche marginale (fig. 62d, e, g) représentent la catégorie d’outils modale du niveau 14, où ils totalisent 40 % de la série représentée sur graphique. 14 pointes émoussées sont incluses dans la catégorie des lames à retouche marginale : 5 d’entre elles présentent une retouche continue sur un côté (fig. 62g), 2 une retouche continue sur les deux côtés et 7 sont sur des lames aurignaciennes. 3 lames étranglées ou demi‑étranglées (fig. 62e) sont également incluses dans les pièces à retouche marginale. 4 pointes plus grossières sur lames, chacune étant créée par une retouche aurignacienne limitée, sont incluses dans le type 92 (fig. 62a), avec 1 chopper grossier en pierre quartzite. De tous les niveaux aurignaciens majeurs de Pataud, c’est le niveau 14 qui présente le pourcentage le plus réduit de pièces à encoches et de pièces denticulées et le pourcentage le plus élevé de pièces esquillées (fig. 62f). On a également compté 2 pics grossiers en silex, 1 racloir et 2 lamelles Dufour. En plus des séries portées sur graphique, les divers objets lithiques autres que les silex comprennent 3 percuteurs en quartzite, 1 enclume et 3 éclats divers, dont 2 en quartz cristallin et 1 en gneiss ou schiste. Sur les 48 pièces à quelques retouches, 75 % sont des lames.

FIG. 62 – Industrie lithique des niveaux 14 (a‑g) et 13 (h‑m). a pointe grossière/perçoir ; b tentative de façonnage d’un burin ; c lamelle Dufour ; d lame retouchée ; ek lames étranglées ; f pièce esquillée ; gm pointes émoussées sur lames retouchées ; h grattoir ; i grattoir à museau ; j burin sur cassure (ou burin de fortune) ; I pic.

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14Dans sa configuration générale, le graphique du niveau 14 (fig. 58) est unique par rapport aux autres graphiques des niveaux importants de Pataud et aux graphiques publiés des séries comparatives. La particularité du niveau 14 tient largement au pourcentage élevé de lames retouchées et, dans une moindre mesure, à l’absence presque totale de burins. La grande proportion de lames retouchées fait diminuer d’autant les autres indices, et notamment l’indice des grattoirs, si bien qu’ils ne ressemblent pas du tout aux autres gisements qui appartiennent probablement aussi à l’Aurignacien très ancien (par exemple, Castanet : C [Sonneville-Bordes I960 : 243‑244, tabl. X], IG = 72.75).

7.2.3 Niveau 13

15Bien que 36 pièces seulement du niveau 13 aient pu être classées selon la liste des 92 types, on a jugé utile d’en tracer le graphique (fig. 58) afin de permettre la comparaison générale entre le niveau 13 et les autres niveaux aurignaciens de Pataud. Bien que le pourcentage de grattoirs soit très bas (IG = 19,4), le fait que tous les grattoirs ordinaires soient façonnés sur des lames aurignaciennes (fig. 62h) suggère des comparaisons avec le niveau 14. Les autres similarités entre ces deux niveaux sont, entre autres, la présence d’un seul bec, l’absence relative (IB = 2,78) de burins (fig. 62j) et la prédominance de pièces à retouche marginale (50 %), y compris des lames étranglées (fig. 62k) et aurignaciennes. Plus de 25 % (n = 5) des lames à retouche marginale présentent, à une extrémité, une pointe émoussée (fig. 62m). 1 pic (fig. 621), 1 pièce esquillée et de petites séries de pièces à encoches viennent compléter la série portée sur le graphique ; la série tabulée comprend également 1 percuteur en quartzite et une petite série de pièces à quelques retouches dont seulement 25 % sont des lames. Malgré cette dernière différence, la composition de l’industrie lithique du niveau 13 offre de grandes ressemblances avec celle du niveau 14, en partie à cause de la prédominance, dans les deux niveaux, de lames retouchées.

7.2.4 Niveau 12

16Le graphique du niveau 12 (fig. 59) est nettement différent des graphiques des niveaux sous‑jacents par son pourcentage accru de grattoirs (IG = 39,80) et l’importance réduite de ses lames retouchées et éclats retouchés (22,45 %). En fait, la proportion de grattoirs du niveau 12 n’est dépassée que par l’indice de grattoirs de l’éboulis 8‑11. Bien que les grattoirs sur lames et éclats retouchés (fig. 63de) constituent une catégorie modale, les grattoirs sur lames aurignaciennes sont rares. Les 2 grattoirs ogivaux sont sur lames retouchées (fig. 63c) ; l’un d’eux a une pointe émoussée à l’autre extrémité. Les grattoirs en éventail (fig. 63b) apparaissent pour la première fois à ce niveau tandis que les grattoirs doubles (fig. 63e) sont en nette diminution par rapport à leur maximum au niveau 14. Le pourcentage de grattoirs aurignaciens (IGA = 12,24) n’est dépassé qu’au niveau 8 et le groupe de grattoirs aurignaciens (fig. 63hikln) est unique par sa proportion élevée de grattoirs carénés typiques.

FIG. 63 – Industrie lithique du niveau 12. a‑g grattoirs ; hikln grattoirs carénés ; j pointe retouchée ; m lamelle Dufour. 

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17Non seulement les lames retouchées sont moins nombreuses que dans les niveaux sous‑jacents mais elles sont également moins retouchées : les deux tiers d’entre elles ne sont retouchées que sur un côté. Sur les 3 lames aurignaciennes, 2 se terminent en pointes. On ne trouve pas de lames étranglées ni de racloirs. Les burins sont toujours en nombre insignifiant (IB = 4,08) et de technologie simple (certains sont peut‑être des burins de fortune). Le faible pourcentage de pics observé pour les deux niveaux sous‑jacents se retrouve au niveau 12, tout comme le faible pourcentage de becs et de lamelles Dufour (fig. 63m).

18Parmi les pièces qui ne font pas partie du graphique, les 2 chutes proviennent de grattoirs carénés (tout comme l’une des deux chutes de burin du niveau 14) et seulement 19 (40,4 %) des pièces à quelques retouches sont des lames. On trouve également 1 fragment esquillé de cristal de quartz.

19Bien qu’il soit certainement comparable à ceux des industries de l’Aurignacien ancien, par sa prédominance de grattoirs et de lames retouchées, le graphique du niveau 12 est suffisamment distinct de ceux des niveaux sous‑jacents pour suggérer le début d’une seconde phase de développement aurignacien.

7.2.5 Niveau 11

20L’industrie du niveau 11 (fig. 59 ; 64 ; 65) est l’une des deux plus importantes des niveaux aurignaciens de Pataud. Comme au niveau 12, les grattoirs représentent la catégorie modale (IG = 38,12) ; les grattoirs sur lames retouchées (fig. 64af) en sont le type le plus courant, suivis par les grattoirs ordinaires (fig. 64bc). La troisième forme de grattoir la plus courante au niveau 11 est le grattoir sur lame aurignacienne. Les grattoirs doubles (fig. 64g, i) sont moins nombreux qu’aux niveaux 12 et 14. Près d’un tiers de ces derniers (n = 7) sont également façonnés sur des lames aurignaciennes, comme le sont les 2 grattoirs ogivaux. Cette dernière forme (fig. 64d) ainsi que la forme en éventail (fig. 64e) sont plus courantes au niveau 11 qu’aux niveaux sous‑jacents ; 2 des grattoirs doubles ont également une forme en éventail (fig. 64h). En accord avec le fait que le niveau 11 est généralement caractérisé par un pourcentage plus élevé d’éclats que les niveaux inférieurs, les grattoirs sur éclats (fig. 64j, k) et les petits grattoirs circulaires irréguliers (fig. 641), deux formes presque absentes aux niveaux 12 et 14, constituent une faible proportion des séries de grattoirs du niveau 11.

FIG. 64 – Industrie lithique du niveau 11. a‑i grattoirs ; j grattoir (surélevé) ; k grattoir mixte ; l petit grattoir circulaire sur éclat ; m‑o grattoirs carénés.

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21Les grattoirs aurignaciens (fig. 64m‑o ; 65ab) sont moins courants qu’aux niveaux 13 et 12 (IGA = 5,78) mais n’ont cependant pas un taux aussi bas que celui du niveau 14. En plus des pièces tabulées comme types 11 à 14, 3 des 22 grattoirs doubles ont un grattoir Aurignacien à une extrémité (fig. 64k). Près des deux tiers des grattoirs aurignaciens sont carénés ; sur les 12 pièces en museau ou à épaulement, 2 seulement sont façonnées sur les supports épais et trapus qui caractérisent les industries de l’Aurignacien II.

22Bien que le niveau 11 semble présenter le deuxième pourcentage le plus élevé de perçoirs (fig. 65d‑f) parmi les niveaux aurignaciens de Pataud (IP = 5,61), plus de 75 % de la série comprennent des becs semblables aux 4 exemples des niveaux sous‑jacents. Tout comme les niveaux 12 à 14, le niveau 11 est très pauvre (IB = 1,32) en pièces que l’on pourrait classer dans la catégorie des burins (fig. 65h). La prédominance des burins sur cassure (fig. 65g‑haut), sur pan naturel et sur surfaces techniquement dièdres mais ne présentant pas l’orientation angulaire ni la taille caractéristique des burins dièdres classiques, laisse à penser qu’une véritable technologie du burin n’est pas encore développée et que les pièces sont peut‑être plutôt le résultat d’un procédé d’esquillage. Outre ces caractéristiques de fabrication, 5 seulement des 8 burins présentent un biseau non endommagé.

FIG. 65 – Industrie lithique du niveau 11. a grattoir caréné ; b grattoir (double) à museau ; c grattoir en éventail avec pointe retouchée à l’extrémité opposée ; d‑f becs ; g outil composite (burin sur cassure ou burin de fortune + grattoir) ; h tentative de production d’un burin sur extrémité retouchée ou un grattoir esquillé ; i pointe retouchée ; j pièce esquillée ; k lame retouchée ; l grattoir esquillé ; mn racloirs ; o pic. 

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23Les lames et éclats retouchés (fig. 65k) représentent presque la même proportion de la série portée sur graphique qu’au niveau 12 et nettement moins qu’aux niveaux 14 et 13. La plupart ne sont retouchés que sur un côté. En outre, le pourcentage de lames aurignaciennes est également comparable à celui du niveau 12, ce qui est de loin inférieur à ceux des niveaux 14 et 13. Les autres formes retouchées caractéristiques du niveau 14 sont rares au niveau 11 ; sur les 16 lames aurignaciennes 2 seulement se terminent en pointes retouchées et les lames étranglées constituent une proportion minime de la série portée sur graphique, Les pics (fig. 65o) et pièces esquillées (fig. 65j1) sont toujours représentés par de faibles pourcentages tandis que les racloirs (fig. 65mn) sont en fréquence légèrement accrue.

24Parmi les objets tabulés qui ne figurent pas sur le graphique, 26 seulement des pièces à quelques retouches sont des lames ; les autres sont des éclats (n = 99) ou des pièces indéterminées (n = 70). 4 des 5 chutes proviennent de lames retouchées plutôt que de grattoirs carénés. Enfin, les objets lithiques autres que les silex comprennent 3 percuteurs de quartz, 3 galets irréguliers roulés par l’eau (dont 1 présentait sept trous près d’un bord), 3 éclats avec quelques retouches –dont 1 en granit et 2 en quartz– et plusieurs fragments de matériel colorant. Outre 1 fragment de manganèse, 7 fragments d’hématite et 1 morceau de schiste ou de gneiss teinté d’hématite, le matériel colorant comprend 1 concrétion laminée rouge sombre, concave et lisse sur un côté et convexe sur l’autre, qui a sans doute été formée par des couches successives de matériel colorant séché sur une palette lisse d’os ou de pierre.

25Le niveau 11 est très nettement semblable au niveau 12 dans les proportions relatives des principales catégories d’outils (grattoirs et lames retouchées) ainsi que dans la proportion d’éléments tels que les grattoirs en forme d’éventail, les lames aurignaciennes avec ou sans grattoirs ou pointes retouchées à leurs extrémités, les pièces à encoche ou denticulées et les pièces tronquées. En outre, le niveau 11 semble former une unité avec les trois niveaux sous‑jacents par son faible pourcentage de burins, la présence de pics et de pièces esquillées en petit nombre et l’importance des grattoirs doubles et ogivaux. De tous les niveaux aurignaciens de Pataud, ce sont les niveaux 12 et 11 qui sont les plus proches des graphiques cumulatifs des collections du Périgord comprises dans l’Aurignacien I de D. Peyrony (à savoir, La Ferrassie : F [Sonneville-Bordes 1960 : 59, fig. 22], l’abri Lartet et l’abri du Poisson [Sonneville‑Bordes 1960 : 2, fig. 32] et tout particulièrement l’abri Blanchard et les deux niveaux de l’abri Castanet [Sonneville‑Bordes 1960 : 105, fig. 64]).

7.2.6 L’intervalle de l’éboulis 8‑11

26L’intervalle de l’éboulis 8‑11 fournit une collection hétérogène (fig. 59 ; 66a‑e) qui n’est considérée ici comme unité que pour des besoins statistiques : comme nous l’avons vu plus haut, plusieurs occupations discrètes se sont suivies durant cette période. La série portée sur graphique de 77 pièces comprend 7 pièces de l’éboulis 8‑9, 15 du niveau 9, 10 de l’éboulis 9‑10, 31 du niveau 10 et 24 de l’éboulis 10‑11. Les grattoirs ne représentent pas seulement la catégorie modale des outils portés sur graphique mais également la catégorie majoritaire (IGA = 53,23). Pour la première fois dans la séquence, les grattoirs ordinaires (fig. 66a) sont plus nombreux que les grattoirs sur lames ou éclats retouchés, et les grattoirs sur lames aurignaciennes sont absents (à l’exception d’un exemplaire unique provenant de la partie la plus ancienne de l’unité, l’éboulis 10‑11). La quantité des grattoirs doubles est toujours en diminution par rapport à ceux du niveau 11. En revanche, les grattoirs aurignaciens sont plus nombreux qu’au niveau 11 et, pour la première fois dans la séquence, les grattoirs à museau et à épaulement (fig. 66e), essentiellement façonnés sur des lames ou des éclats réguliers, l’emportent sur les grattoirs carénés (fig. 66d). Tous les grattoirs carénés proviennent du niveau 10, tandis que les grattoirs à museau viennent à la fois du niveau 9 et de l’éboulis 10‑11.

FIG. 66 – Industrie lithique de l’éboulis 8‑11 (a‑e) et du niveau 8 (f‑l). a‑c, f‑l grattoirs ; dkl grattoirs carénés ; e grattoir à épaulement ; j grattoir surélevé sur éclat.

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27Les burins (IB = 2,66) ne sont représentés que par 2 exemples, un dans chacun des niveaux 9 et 10. Les lames retouchées diminuent nettement par rapport à leur fréquence dans les niveaux sous‑jacents et on ne trouve pas de lames aurignaciennes ou étranglées. En outre, la seule lame comportant une retouche sur les deux bords provient de la partie la plus ancienne du niveau (éboulis 10‑11), ce qui peut être interprété comme un signe de la diminution des retouches. On ne trouve pas de pics ni de racloirs. 39 pièces à quelques retouches ne sont pas incluses dans le graphique : 11 d’entre elles sont des lames dont la fréquence relative augmente avec le temps. Le matériel archéologique comprend aussi une série de fragments de quartz, des fragments de limonite et 1 large pierre à anneau provenant de l’éboulis 10‑11, 3 fragments d’hématite du niveau 10, 3 très petits fragments de calcite et 1 morceau de cristal de calcite du niveau 9, enfin 1 éclat de quartz de l’éboulis 8‑9.

28La collection de l’intervalle de l’éboulis 8‑11, bien qu’elle ne soit pas assez riche pour être statistiquement valable, apparaît toutefois nettement comme un intermédiaire entre les niveaux 14 à 11 d’une part et les niveaux 8 à 6 d’autre part. L’importance des grattoirs, et particulièrement des grattoirs ordinaires par opposition aux grattoirs aurignaciens, le pourcentage de grattoirs ogivaux et l’absence presque totale de burins suggèrent une relation avec les niveaux 11 et 12. D’un autre côté, la proportion très diminuée de lames retouchées et de grattoirs sur lames retouchées, le nombre de grattoirs à museau plus important que celui de grattoirs carénés, la proportion en baisse de grattoirs doubles, la proportion relativement élevée de lames tronquées et l’absence totale de pics et de racloirs préfigurent une période plus évoluée du développement aurignacien.

7.2.7 Niveau 8

29La proportion de grattoirs du niveau 8 (fig. 60 ; 66f‑l ; 67 ; 68) est comparable à celle des niveaux 14, 12 et 11 (IG = 37,90). Plus de la moitié des grattoirs (fig. 66fg) sont ordinaires (types 1 et 2) et seulement 2,93 % d’entre eux sont façonnés sur lames retouchées ou aurignaciennes. Le pourcentage de grattoirs doubles, ogivaux ou en éventail (fig. 66hi) est au plus bas. Les grattoirs aurignaciens (fig. 66k1 ; 67a‑i), d’un autre côté, sont à leur pourcentage le plus élevé de la séquence Pataud (IGA = 26,16), les grattoirs à museau et à épaulement dominant de plus de deux fois et demie. Ces derniers sont également divisés entre formes épaisses et grattoirs à museau ou à épaulement façonnés sur des formes plates.

30Contrairement aux niveaux 11 et sous‑jacents, les perçoirs typiques du niveau 8 (fig. 67l, m) sont aussi nombreux que les perçoirs atypiques et les becs. Le niveau 8 est également la première occupation de Pataud à présenter une véritable industrie du burin ainsi que l’indique l’indice burins (IB = 18,58) et le nombre de combinaisons de burins entre les types 17 à 22 (fig. 67jk). De tous les niveaux aurignaciens de Pataud, le niveau 8 présente le pourcentage le plus élevé (IB = 7,33) de burins sur troncature (fig. 68a‑c). Ces derniers sont légèrement plus nombreux (IBd = 7,03) que les burins dièdres (fig. 68e) et les burins sur cassure (fig. 68d) ; mais ce sont les burins sur surfaces non modifiées qui constituent le type modal (type 30). Environ 10 % des burins sont les burins plans. Les subdivisions moyenne et supérieure du niveau 8 fournissent 3 exemples de burins transversaux sur encoches (fig. 68) et, dans la subdivision supérieure, on trouve 6 burins busqués (fig. 68gh) dont 2 seulement présentent des encoches.

FIG. 67 – Industrie lithique du niveau 8. ab grattoirs carénés ; c‑i grattoirs à museau ; j outil composite (burin sur troncature + grattoir) ; k outil composite (burin sur cassure + grattoir) ; lm perçoirs.

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FIG. 68 – Industrie lithique du niveau 8. ab burins sur troncature ; c burin sur troncature (double) ; d burin sur cassure ; e burin dièdre ; f burin transversal sur encoche ; gh burins busqués atypiques ; i burin multiple mixte (dièdre + sur troncature) ; j pièce tronquée ; k racloir ; l‑o lamelles Dufour (x2) ; p pointe denticulée grossière sur éclat.

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31Le segment proximal d’une lamelle de la subdivision supérieure est façonne en pointe émoussée par une fine retouche obverse/inverse ; il ressemble aux segments proximaux des pointes de Font‑Yves du niveau 6 de Pataud et du gisement de Font‑Yves (Corrèze) (Bouyssonie et al. 1913). Il ne s’agit certainement pas d’une lamelle Dufour (Bouyssonie 1944 ; Sonneville‑Bordes, Perrot 1956b). Bien que les burins sur troncatures retouchées soient plus nombreux que les formes dièdres, le pourcentage de pièces tronquées (fig. 68j) n’est pas aussi élevé que dans les niveaux aurignaciens successifs où les burins dièdres prédominent ; il est cependant plus élevé que dans les niveaux 14 à 11.

32Le pourcentage de pièces à retouche marginale est le plus bas de tous les niveaux aurignaciens de Pataud. Les pièces retouchées sur un seul côté sont deux fois plus nombreuses que les pièces retouchées des deux côtés. On ne trouve pas de lames aurignaciennes ou étranglées. Les pièces à encoches ou denticulées descendent à des taux comparables au niveau 14 et les racloirs sont rares (fig. 68k). Le pourcentage le plus significatif du segment supérieur du graphique est celui des lamelles Dufour (fig. 681‑o) : l’une d’elles provient du niveau 8 (sans subdivision identifiable), 34 viennent de la subdivision moyenne et 8 (dont 2 sont atypiques) de la subdivision supérieure. 3 pointes retouchées sur éclats ou éclats/ lames (fig. 68p), qui ne ressemblent en aucune façon aux pointes émoussées des niveaux sous‑jacents de Pataud, sont incluses dans le type 92.

33Parmi les divers éclats ou lames à quelques retouches qui ne sont pas portés sur le graphique, un peu moins de la moitié (n = 53) sont des lames. Des 18 chutes, 7 proviennent des côtés de grattoirs carénés ou à museau, 1 vient d’un nucléus et 10 sont de vraies chutes de burin dont 6 proviennent de la subdivision supérieure. Les divers objets lithiques comportent 2 percuteurs en silex et en quartzite respectivement, 3 galets roulés, 2 fragments de calcite, 3 éclats de quartz taillés dans des galets de rivière, 1 morceau de stalagmite tubulaire, 1 fragment d’oxyde de fer et 12 fragments ou groupes de fragments d’hématite. Tandis que ces matériels étaient répartis dans toutes les subdivisions du niveau 8, ils se trouvaient plus fréquemment à l’arrière de l’aire d’occupation de chaque subdivision. Un objet dur et anguleux provenant de la subdivision inférieure ressemble à la concrétion du niveau 11 par sa forme régulière et la présence de stries sur les deux surfaces.

34Avec un pourcentage élevé de burins (dont quelques burins busqués) comme de grattoirs à museau, le graphique du niveau 8 (fig. 60) est sans aucun doute lié à une période du post‑Aurignacien I. Le pourcentage réduit de lames et éclats retouchés, ainsi que le petit nombre de grattoirs doubles, ogivaux et en éventail confirment cette impression. Si l’on néglige les hausses importantes, à la fin du graphique, qui représentent les pièces denticulées, à encoche et les lamelles Dufour, le graphique du niveau 8 ressemble assez aux graphiques des industries de l’Aurignacien II classique du Périgord, comme celles de La Ferrassie : H et de la Faurelie (Sonneville‑Bordes 1960 : 69, fig. 29). Cependant, l’indice de grattoirs reste très proche de ceux des niveaux 14, 12 et 11, et la prédominance de burins sur troncature laisse à penser que le niveau 8, bien qu’étant le niveau le plus proche de l’Aurignacien II (typique), représente une phase ancienne de ce développement.

72.8 Niveau 7

35Le niveau 7 (fig. 60 ; 69 ; 70 ; 71 ; 72a‑f, qui comporte la deuxième, en importance, collection des séries aurignaciennes de Pataud, diffère nettement du niveau 8, tout en présentant certaines des lignes d’évolution générales similaires. La proportion de grattoirs est significativement plus basse qu’aux niveaux 8, 11, 12 et 14 et, dans cette catégorie, la proportion de grattoirs ordinaires (fig. 69abg) par rapport à l’ensemble de l’industrie du niveau 7 dans sa totalité est le double de la proportion tabulée pour le niveau 8. Les grattoirs sur lames aurignaciennes, les grattoirs doubles (fig. 69c), ogivaux (fig. 69e) et en éventail (fig. 69d) sont toujours présents mais dans de faibles proportions, comparables à celles du niveau sous‑jacent. Contrairement à ce qu’il en est dans l’industrie de niveau 8, le pourcentage de grattoirs aurignaciens (fig. 69l; 70b) est plus faible que dans aucun des niveaux sous‑jacents (IGA = 4,6) et plus des deux tiers des grattoirs aurignaciens sont carénés. D’autre part, des 9 grattoirs à museau ou à épaulement 1 seul est plat. Comme au niveau 8, la série des perçoirs est réduite (IP = 1,15) et divisée à peu près également entre perçoirs typiques et becs.

FIG. 69 – Industrie lithique du niveau 7. a‑i grattoirs ; j grattoir mixte ; k outil composite (burin dièdre + grattoir) ; I grattoir caréné ; m grattoir à museau. 

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36Le niveau 7 est le seul niveau Aurignacien de Pataud dans lequel les burins représentent la classe modale (IB = 35,96). Les burins dièdres (fig. 70g‑i) et sur cassure (fig. 70f) sont deux fois plus nombreux que les burins sur troncature (fig. 70cd), et si les burins busqués (fig. 71a‑k) qui constituent le type modal parmi les burins sont ajoutés aux dièdres, la proportion devient environ de 5 pour 1. Les burins multiples (fig. 70efi ; 71b) sont courants, les burins plans sont rares et les burins transversaux sur encoches inexistants : ces trois proportions sont en contraste avec l’industrie du niveau 8.

FIG. 70 – Industrie lithique du niveau 7. a grattoir surélevé très atypique sur éclat (double) ; b burin caréné passant à grattoir ; c burin sur extrémité retouchée ; d burin sur troncature ; e burin multiple mixte (burin busqué + burin sur troncature) ; f burin sur cassure (multiple) ; gh burins dièdres ; I burin dièdre (multiple). 

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FIG. 71 – Industrie lithique du niveau 7. a‑k burins busqués. 

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37Le nombre des lames ou éclats retouchés (fig. 72bc), parmi lesquels les pièces retouchées sur un seul bord dominent, est en nette augmentation par rapport au niveau 8, bien que n’approchant pas celui des niveaux 11 et sous‑jacents. Les lames aurignaciennes sont présentes, en petit nombre. Comme au niveau 8, le groupe des divers (type 92) comprend 2 pointes retouchées typologiquement différentes des pointes émoussées des niveaux de l’Aurignacien ancien (fig. 72). On y compte également 1 chopping‑tool.

38L’augmentation générale des lames est mise en évidence par leur fréquence relative (110 pièces sur 202) dans le groupe des lames et éclats à quelques retouches. La majorité des chutes proviennent de burins (n = 34) et seulement quelques exemples proviennent de grattoirs carénés (n = 4) ou de nucléus (n = 2).

39Les objets lithiques autres que les silex comprennent 1 percuteur en quartzite, 3 cailloux roulés par l’eau (dont 2 présentent des tentatives de perforations), 1 cristal de calcite jaune prismatique et 33 exemplaires d’hématite et de limonite, dont 2 morceaux d’argile mélangée à de l’hématite et 1 matrice d’hématite adhérant à un éclat de silex.

40Malgré une augmentation notable du nombre de burins et une diminution parallèle du nombre de grattoirs aurignaciens au niveau 7, le graphique du niveau 7 (fig. 60) ressemble assez à celui du niveau 8 par sa configuration générale. Le faible pourcentage de grattoirs aurignaciens fait que ce graphique ressemble moins aux graphiques de l’Aurignacien II classique (Sonneville‑Bordes 1960 : 69, fig. 29) que le graphique du niveau 8. Le graphique du niveau 7 ne ressemble pas non plus à ceux de l’Aurignacien III ou IV (Sonneville‑Bordes 1960 : 59, fig. 22). Toutefois, l’allure générale du graphique, ainsi que le caractère des outils en os (cf. infra § 7.3), donne à penser que dans l’ensemble le niveau 7 devrait être regroupé avec l’Aurignacien II (typique) et interprété comme un développement tardif de cette phase.

7.2.9 Niveau 6

41Bien que la série totale du niveau 6 (fig. 60 ; 72g‑p ; 73) soit riche (tabl. xxii), le pourcentage de pièces qui ne sont pas portées sur graphique est élevé par suite de la présence d’un très grand nombre de lames et éclats à quelques retouches. Dans la série portée sur graphique, la proportion de grattoirs (IG = 24,59) est semblable à celle du niveau 7 et, comme dans ce dernier niveau, le type de grattoir modal est le grattoir ordinaire (fig. 72g). Les grattoirs doubles (fig. 72i) continuent à diminuer ainsi que les grattoirs aurignaciens (IGA = 2,73). Les grattoirs aurignaciens (fig. 72m‑p) sont ici au pourcentage le plus faible de la série aurignacienne de Pataud et ne constituent que 1,55 % de tous les objets catalogués. Cependant, un échantillon non contaminé du niveau 6, provenant de la pente du talus et ne faisant pas partie de l’étude des niveaux des fouilles principales, contient 13,30 % de grattoirs aurignaciens (fig. 72n). Tout comme au niveau 8, les grattoirs à museau de l’abri lui‑même, bien que plats plutôt qu’épais (fig. 72o), sont à nouveau plus nombreux que les grattoirs carénés.

FIG. 72 – Industrie lithique des niveaux 7 (a‑f) et 6 (g‑p). a pièce tronquée ; bc lames retouchées ; d lamelle Dufour ; e pièce esquillée ; f pointe retouchée ; g‑k grattoirs ; I grattoir surélevé très atypique sur éclat circulaire ; m grattoir caréné double (inverse/obverse) ; n grattoir caréné (type en pointe) ; op grattoirs à museau.

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42Les perçoirs (fig. 73bc) sont à leur taux maximal pour les niveaux aurignaciens de Pataud (IP = 6,83) mais sont surtout représentés par des becs. Le pourcentage des burins est faible (IB = 10,11) bien que, comme dans le cas des grattoirs aurignaciens, la pente du talus ait fourni un pourcentage bien plus élevé de ces outils : 14,30 % de toute la série cataloguée, contre 5,72 % du total à l’intérieur de l’abri. Comme au niveau 7, les burins busqués (fig. 73 g‑i) constituent le type modal, suivi par les burins sur cassure et sur pan naturel (type 30) (fig. 73d).

435 lamelles fragmentaires sont comptées comme pointes de Font‑Yves cassées (fig. 73lm) parce que la retouche correspond au modèle observé par l’auteur sur les pointes de Font‑Yves du site de Font‑Yves (Corrèze) (Bouyssonie et al. 1913). Cette forme de retouche ne ressemble en aucune manière ni à celles des lamelles Dufour, ni à celles des petites pointes de La Gravette (qui auraient pu provenir du niveau 5). On trouve également 2 lamelles Dufour (fig. 73no).

FIG. 73 – Industrie lithique du niveau 6. a outil composite (burin busqué + grattoir) ; b perçoir ; c bec ; d burin sur cassure ; e burin sur troncature ; f burin dièdre ; g burin busqué (type Vachons) ; hI burins busqués ; j lame aurignacienne ; k pièce esquiliée ; lm pointes de Font‑Yves ; no lamelles Dufour ; p pointes retouchées ; q pic.

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44Malgré la réapparition de lames aurignaciennes (fig. 73j) et étranglées, le nombre des pièces à retouche marginale, en général, continue à diminuer au niveau 6, tout comme l’intensité de la retouche sur ces pièces. La série du niveau 6 contient aussi 1 pic (fig. 73q), plusieurs pièces esquillées (fig. 73k) et un petit nombre de racloirs semblables à ceux des quatre niveaux inférieurs. Le type 92 est composé de 2 pointes retouchées sur éclats (fig. 73p) et d’1 chopping‑tool.

45Le type modal du niveau 6 est la pièce à encoche ou denticulée ; ces formes représentent conjointement plus d’un tiers de la série portée sur graphique malgré l’exclusion d’une quinzaine de pièces dont l’encoche est mal façonnée, ce qui pourrait être dû à l’usage.

46Dans la série qui n’est pas portée sur graphique, les lames représentent un peu moins de 30 % des pièces à quelques retouches, ce qui contraste nettement avec la fréquence relative des lames du niveau 7. Toutes les chutes ressemblent à des chutes de burin. Les objets lithiques autres que les silex se composent d’1 percuteur en quartzite, d’1 galet roulé par l’eau, d’1 éclat en quartzite et d’1 autre en diorite, et de 10 échantillons de matériel colorant, hématite ou manganèse. La seule autre occurrence de manganèse des séries aurignaciennes de Pataud est au niveau 11. Un morceau d’hématite, présentant une surface plate striée, était peut‑être un « crayon ».

47Le graphique du niveau 6 (fig. 60) est tout à fait unique parmi les niveaux aurignaciens de Pataud, en grande partie à cause de la proportion très élevée de pièces à encoche et denticulées qui a pour effet de réduire les autres pourcentages. Cependant, même si l’on éliminait ces pièces à encoche et denticulées, en réajustant proportionnellement les autres pourcentages, il serait difficile de déterminer la place du niveau 6 dans la séquence du Périgord établie par Sonneville‑Bordes et Peyrony (Sonneville‑Bordes 1960 ; Peyrony 1933). Le pourcentage de burins serait intermédiaire entre celui de l’Aurignacien III (IB = 16,34) et celui de l’Aurignacien IV (IB = 11,17) (Sonneville‑Bordes 1960 : 232‑233, tabl. II). La proportion élevée de burins busqués et le nombre plus élevé de burins dièdres que de burins sur troncature font penser à l’Aurignacien III, tandis que le faible pourcentage de grattoirs aurignaciens indique des affinités avec l’Aurignacien IV. En outre, l’Aurignacien IV de La Ferrassie : H” contenait 2 lamelles à dos qui sont très légèrement abattues et ressemblent dans une certaine mesure aux segments de pointes de Font‑Yves du gisement de Font‑Yves. A La Ferrassie, on a également trouvé des lames étranglées (n = 2) à l’Aurignacien IV (niveau H”) mais elles étaient absentes de l’Aurignacien III (niveau H’), bien que ce dernier ait fourni une seule lame aurignacienne (Sonneville‑Bordes 1960 : 232‑232, tabl. II). La proportion de lames retouchées est généralement plus élevée à l’Aurignacien IV. De toute façon, il est clair que l’industrie du niveau 6 de Pataud, quoique différente de celle des niveaux aurignaciens « III » et « IV », doit être attribuée à une période post‑Aurignacien II, que l’on peut appeler Aurignacien évolué.

7.2.10 Périodisation des industries aurignaciennes lithiques de Pataud

48D’après les graphiques cumulatifs, on peut diviser la séquence aurignacienne de l’abri Pataud en quatre phases principales. La phase la plus ancienne, représentée par les niveaux 13 et 14, est caractérisée par la prédominance des lames retouchées y compris les lames aurignaciennes et étranglées et les pointes retouchées sur lames. Les burins sont quasiment absents et les grattoirs sont caractéristiquement façonnés sur des lames à retouche marginale ou bien des lames aurignaciennes. Les grattoirs carénés sont plus nombreux que les grattoirs à museau. Ces derniers sont souvent façonnés sur des lames ou des éclats ordinaires. Les grattoirs doubles sont à leur taux maximal.

49Dans la deuxième phase, représentée par les niveaux 12 et 11, les grattoirs dominent sur les autres classes d’outils. On trouve moins de grattoirs doubles et de grattoirs sur lames retouchées et aurignaciennes. Les grattoirs ogivaux et en éventail sont plus courants dans cette phase que dans les autres. Les lames retouchées sont à la fois moins courantes et moins complètement retouchées.

50Ces deux phases anciennes sont caractérisées par une absence presque totale de burins, par de faibles pourcentages de pièces tronquées et par la présence d’un petit nombre de pics, de pièces esquillées et de racloirs.

51Après une transition représentée par la période de l’éboulis 8‑11, la troisième phase –celle les niveaux 8 et 7– est caractérisée par l’apparition de burins. Les burins sur troncature, qui sont nombreux dans la première partie de la phase (niveau 8), sont en proportion moindre dans la seconde partie (niveau 7). La première partie est dominée par les grattoirs aurignaciens, et en particulier par les grattoirs à museau, tandis que la seconde est dominée par les burins, et en particulier par les burins busqués. La quantité de grattoirs doubles, ogivaux et en éventail est moins importante que dans la phase précédente. Les grattoirs typiques et atypiques sont plus nombreux que les grattoirs sur lames ou éclats retouchés, eux‑mêmes nettement moins courants que dans la phase précédente. D’autre part, les pièces tronquées sont légèrement plus fréquentes. On ne trouve pas de pics et les pièces esquillées sont rares.

52La dernière phase, quelque peu déformée par le pourcentage élevé de pièces à encoche et denticulées du niveau 6, est caractérisée par le nombre moindre de burins –bien que les burins dièdres et les burins busqués dominent toujours– et par une diminution du nombre de grattoirs aurignaciens dont la majorité sont à museau. Les racloirs, pièces esquillées et pics réapparaissent ou gagnent en importance, tout comme les lames aurignaciennes ou étranglées. Les lames ou éclats retouchés ne sont toutefois pas plus nombreux que dans la phase précédente.

53Sur la base des graphiques, les quatre phases de Pataud peuvent être reliées à la séquence classique de l’Aurignacien du Périgord comme indiqué dans le tableau xxiv.

Phases

I

II

III

IV

Niveaux

14 et 13

12 et 11

8 et 7

6

Phases classiques du Périgord

avant l’Aurignacien I (Aurlgnacien « 0 » ?)

Aurignacien I

Aurignacien II

post‑Aurignacien II (Aurignacien III/IV ?)

TABL. XXIV –Relation entre les phases de l’abri Pataud et la séquence classique de l’Aurignacien du Périgord.

7.3 Industrie osseuse

7.3.1 Considérations typologiques et technologiques

54On a accordé aux objets d’os et de bois de Renne une importance chronologique beaucoup trop grande par rapport à leur importance numérique dans les collections et ce à cause de leur utilisation comme « fossiles directeurs » (Peyrony 1933). La valeur du concept de fossile directeur par rapport au développement général des outils osseux aurignaciens à Pataud est un des thèmes principaux de ce paragraphe.

55Les procédés technologiques utilisés dans le travail de l’os et du bois de Renne à l’époque aurignacienne peuvent être séparés en deux groupes. Le premier est la technique au coin, où l’os et le bois de Renne sont fendus en longueur à l’aide de coins, eux‑mêmes en os ou en bois. L’autre procédé est celui du ciseau (Hardy 1891 : 43, note 1) : deux rainures parallèles sont découpées sur la longueur de l’os ou du bois de Renne et le morceau situé entre ces deux rainures est retiré par levier ou éclatement. Bien que Peyrony ait pensé que cette technique n’a été définitivement mise au point que vers la fin de l’Aurignacien, la méthode semble déjà apparaître, au moins sous une forme grossière, au niveau 14 de Pataud (cf. infra § 7.3.3).

56Un examen approfondi des outils osseux aurignaciens et de leur classification (Leroy‑Prost 1975 ; 1977) a permis de remettre en question la validité des fossiles directeurs en os en tant que signes de stades culturels successifs, comme dans le schéma de Peyrony. Pour l’Aurignacien II, III et IV, les fossiles directeurs étaient assez rares, cooccurrents dans chaque industrie et difficiles à distinguer les uns des autres dans la pratique (Leroy‑Prost 1975 : 120). Les pointes d’os aux bases fendues de l’Aurignacien I, bien que rares elles aussi, gardent une certaine signification chronologique puisqu’elles sont principalement associées aux niveaux les plus anciens des gisements aurignaciens. Les pointes triangulaires, plus nombreuses, qui sont particulièrement bien représentées aux Rois et à La Quina en Charente mais également en Dordogne à La Ferrassie (F, H, H’), La Faurélie, Laussel, Pagès, Blanchard et Castanet, « marquent les phases les plus anciennes dont elles sont... aussi représentatives que les autres formes » (id. : 116). Mais même celles‑ci ne peuvent servir de fossiles directeurs puisqu’on les trouve associées également à des industries plus tardives (par exemple à La Ferrassie : H et H” et La Faurélie).

57La séquence des « fossiles directeurs » aurignaciens établie par Peyrony n’étant pas vérifiée par des collections de musée plus anciennes, l’étude des pièces d’os et de bois de Renne dans la longue séquence aurignacienne de Pataud est d’un intérêt particulier. Pour être plus précis, on peut se demander si les principaux types de l’Aurignacien tels qu’ils ont été définis par Chauvet (1910), Didon (1911), Peyrony (1933), Sonneville‑Bordes (1960) et Leroy‑Prost (1975) sont présents dans les niveaux aurignaciens de Pataud, et si oui, si ils se trouvent seuls ou en combinaison les uns avec les autres. Un second problème lié à l’objet de ce rapport concerne la sophistication relative des technologies de l’os et du bois de Renne ainsi que le développement des concepts décoratifs et symboliques aurignaciens par rapport aux industries plus tardives du Paléolithique supérieur.

7.3.2 Les objets ornés et les articles de parure

58Un examen des objets faits de coquillages, de dents, d’ivoire, d’os et de bois, perforés, incisés et colorés (tabl. xxv ; fig. 74, 75) révèle au mieux la nature des conventions et symboles décoratifs de l’Aurignacien à Pataud. Sur les 18 coquillages entiers et fragmentaires provenant des niveaux aurignaciens, seul 1 coquillage marin (Littorina littorea) du niveau 14 est perforé (fig. 74a). Le niveau 14 fournit encore 2 exemplaires de cette espèce qui représentent peut‑être des articles de commerce et le niveau 7 un autre, tandis que Dance relève 2 autres spécimens, qui ne sont pas inclus dans cette étude puisqu’ils proviendraient de l’éboulis 13‑14 (Dance 1975). On trouve d’autres objets, probablement ramassés par les habitants aurignaciens, dont des coquillages fossiles : 1 dans chacun des niveaux 14 (Pecten maximus), 12 (1 fragment non identifiable d’hippurite) et 8 (Cyclothyris difformis). Les 12 autres spécimens, qui viennent des niveaux 8 (n = 4), 7 (n = 7) et 6 (n = 1), représentent trois espèces encore existantes de Gastéropodes terrestres qui vivent ou pourraient parfaitement vivre actuellement dans la région (Dance 1975), bien que le petit nombre de spécimens suggère que ce n’étaient pas là des éléments importants de l’alimentation aurignacienne à Pataud. Les coquillages utilisés comme objets de parure ou objets de commerce à longue distance sont donc relativement plus courants dans les niveaux aurignaciens les plus anciens mais leur fréquence, dans l’ensemble des industries aurignaciennes, est la moitié de ce qu’elle est, par exemple, dans les collections noailliennes du niveau 4 (David 1985 : 188).

TABL. XXV – Inventaire des éléments de parure et des objets perforés ou incisés des industries aurignaciennes de l’abri Pataud. * Perforé à partir d’un côté. ** Perforé à partir de deux côtés. X Présence.

FIG. 74 – Objets perforés et incisés des niveaux 14 (ab), 12 (cd), 11 (e‑gl‑n), de l’éboulis 8‑11 (h) et des niveaux 8 (i) et 7 (jk). a coquillage perforé ; b‑j dents perforées ; k caillou perforé ; ln os perforé ; m ivoire perforée.

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59Les dents perforées ou à demi perforées, que l’on a retrouvées dans toutes les industries sauf celles des niveaux 13 et 6, correspondent à différentes espèces selon les niveaux. Les canines de Renard (Vulpes vulpes) (fig. 74bdf) ne se trouvent que dans les niveaux inférieurs à l’éboulis 8‑11, c’est‑à‑dire aux niveaux 14 (n = 1), 12 (n = 3) et 11 (n = 1) tandis que les os de crâches et incisives de Cervidés (fig. 74h‑j) ne se trouvent que dans l’éboulis 8‑11 (n = 1) et, au‑dessus, aux niveaux 8 (n = 1) et 7 (n = 2). Les dents d’autres espèces qui se trouvent uniquement dans les niveaux les plus anciens sont : 1 incisive de Bovidé au niveau 12 (fig. 74c), 1 incisive indéterminée très usée au niveau 11 (fig. 74e) et 1 canine d’Ursus spelaeus qui provient également du niveau 11 (fig. 74g). On a retrouvé aux Rois : B une série de dents d’Ursus présentant le même « polissage » à l’extrémité ; ces objets dits « cousoirs » sont considérés comme spécifiques de la première phase du développement Aurignacien (Mouton, Joffroy 1958 ; Leroy‑Prost 1975).

60Tandis que les dents perforées elle‑mêmes témoignent d’un sens esthétique symbolique et décoratif, les perforations indiquent un développement assez lent de la technologie du travail des matériels organiques. Pour chacune des 12 dents retrouvées dans les niveaux 6 à 14, la perforation a été examinée sous un grossissement de 7 fois afin de déterminer les techniques de fabrication. Dans presque tous les cas, l’épaisseur de la racine a été réduite avant l’achèvement de la perforation proprement dite, soit par limage et aplanissement de toute la racine, soit par un ensemble de petits trous, rainures ou cavités sur une ou deux faces. Dans quatre cas, l’amincissage de la surface perforée par limage ou rainurage était tel que le trou a été simplement poinçonné à travers ce qui restait de la racine. Dans les huit autres cas, cependant, le trou fut creusé soit d’un côté soit des deux, sans jamais former un cercle régulier. La forme de la perforation varie d’ovale à irrégulièrement allongée, selon la méthode employée. La technologie semble s’améliorer avec le temps. Tous les spécimens de l’éboulis 8‑11 et au‑dessus sont creusés des deux côtés, tandis que seulement 2 (fig. 74bg) des 8 exemplaires des niveaux inférieurs (1 dans chacun des deux niveaux 11 et 14) sont creusés de cette façon. Les 4 spécimens perforés par poinçonnage proviennent des niveaux 12 (n = 3) et 11 (n = 1).

61C’est également le niveau 11 qui a fourni toutes les pièces d’os, de bois de Renne et d’ivoire perforées. Les perforations dans cette collection d’objets divers étaient surtout pratiquées par forage des deux côtés, ce qui contraste avec la principale technique de perforation des dents au niveau 11. Le plus remarquable est un segment d’ivoire de Mammouth, de 65 x 45 mm, présentant une large perforation, régulièrement circulaire qui mesure environ 20 mm de diamètre (fig. 74m). La perforation est soigneusement polie ou usée des deux côtés. Les 4 autres objets perforés du niveau 11, qui sont tous en os, présentent des perforations relativement petites. 2 sont des métacarpes auxiliaires de Renne perforés dans un cas au milieu et, dans l’autre, au point de jonction de l’épiphyse. Le point de perforation de l’un a été aminci sur les deux faces par limage avant le perçage d’un trou régulièrement circulaire à partir de chacune des faces. L’autre, une perforation plus irrégulière, a également été effectuée sur les deux faces mais sans préparation préalable du point de perforation. Une épiphyse distale non fusionnée de fémur de jeune Renne est également perforée des deux côtés, après préparation préalable superficielle du point, et présente une perforation circulaire assez régulière (fig. 74n). La quatrième perforation, et la plus irrégulière, est exécutée sur un grand fragment d’os ovale (fig. 741) qui a peut‑être été légèrement limé d’un côté avant la perforation.

62Bien que les niveaux 14 à 11 ne contiennent que 38 % de toutes les pièces portées sur graphique des niveaux aurignaciens de Pataud, ils fournissent 78 % des objets perforés et tous les coquillages marins ou fossiles sauf un. Cette répartition semble démontrer l’importance de ces objets symboliques ou décoratifs aux débuts de l’Aurignacien à Pataud par rapport aux stades plus tardifs. La technologie de la perforation dans ces niveaux nous invite toutefois à penser que les premiers Aurignaciens ne contrôlaient pas la production de petits trous régulièrement circulaires sur matériels durs, par forage des deux faces. Cette technologie ne se développe complètement que dans l’éboulis 8‑11 et les niveaux ultérieurs.

63Les pièces présentant des incisions décoratives se limitent aux niveaux 14 (n = 1), 11 (n = 2), à l’éboulis 8‑11 (n = 1) et au niveau 8 : Inférieur (n = 2). Un fragment d’os long de Renne du niveau 14 présente une série d’incisions courtes non regroupées et légèrement en diagonale par rapport à l’axe longitudinal de l’os (fig. 75a). Au niveau 11, un andouiller de Renne présente une série de trois groupes de deux incisions transversales chacun, un quatrième groupe étant à peine visible à la cassure (fig. 75c). En outre, la série de la pente du talus du niveau 11 contient un fragment d’os plat, relativement lisse et poli, qui présente douze « marques de chasse » sur chaque bord (fig. 75b). Alexander Marshack a examiné cette pièce et noté que les vingt‑quatre encoches, qui semblent avoir été taillées par des outils différents, paraissent toutes assez fraîches et ne semblent pas représenter une numération séquentielle. La seule pièce de l’éboulis 8‑11 (niveau 9) et une des pièces du niveau 8 sont des esquilles d’os remarquablement similaires, de section ovale aplatie et qui présentent des « marques de chasse » des deux côtés (fig. 75de). Les incisions sur la pièce de l’éboulis 8‑11 sont teintées d’une matière colorante rouge ; il y a six incisions de chaque côté et on en distingue à peine une septième sur un côté de l’extrémité cassée. La pièce du niveau 8 : Inférieur, qui a été trouvée dans la même aire latérale des fouilles que la pièce du niveau 9, présente sept encoches entières et deux cassées d’un côté, et huit entières et une cassée de l’autre côté. La seconde pièce du niveau 8 : Inférieur est plus plate mais décorée de la même façon par des encoches un peu plus profondes, neuf d’un côté et sept de l’autre (fig. 75f).

FIG. 75 – Objets incisés en os et en bois de Renne des niveaux 14 (a), 11 (b, c), de l’éboulis 8‑11 (d) et du niveau 8 (ef).

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64À part la pièce incisée de l’éboulis 8‑11 et un ciseau ou coin provenant du niveau 8 : Inférieur (cf. infra § 7.3.3), les seuls os teintés de matière colorante viennent du niveau 6 où deux groupes de fragments d’os longs de moins de 30 mm étaient colorés, l’un avec de l’hématite, l’autre avec du manganèse. La matière colorante elle‑même, que l’on ne trouve pas au‑dessous du niveau 11, voit son taux augmenter avec le temps par rapport au nombre de pièces portées sur graphique. L’hématite est la matière colorée la plus courante et on la trouve au niveau 11, dans l’éboulis 8‑11 (niveau 10) et dans les niveaux 8 (toutes les subdivisions), 7 et 6. On a retrouvé au niveau 11 un fragment de dioxyde de manganèse de 32 mm de long et au niveau 6 un groupe de fragments sombres de ce qui est sans doute la même matière. On ne trouve de limonite qu’au niveau 7, où un exemplaire mesure 71 mm de long. On n’a identifié de « crayons » d’hématite présentant au moins une surface aplanie ou striée qu’aux niveaux 7 (n = 2) et 6 (n =1). Dans deux niveaux antérieurs (11 et 8 : Inférieur), on a trouvé une concrétion laminée de matière colorante rouge dont la forme (convexe et lisse d’un côté, concave de l’autre) suggère une formation possible dans une palette ou cuvette d’os ou de pierre. Comme nous l’avons déjà noté, on trouve également des fragments de pierre teintés de matière colorante rouge aux niveaux 11 et 6. Bien que l’échantillon global soit réduit, le taux croissant avec le temps de matière colorante, la présence d’hypothétiques résidus de palettes dans les niveaux médians et l’occurrence de « crayons » dans les niveaux supérieurs peuvent nous faire penser à une possible technologie artistique ou décorative en évolution à partir du niveau 11. Cette forme de décoration devient plus courante à mesure que la réalisation des objets perforés s’amoindrit.

7.3.3 Les outils et objets travaillés en bois de Renne et en os

65Les outils en bois de Renne et en os des niveaux aurignaciens (tabl. xxvi ; fig. 76‑79) montrent une technologie en plein développement aussi bien qu’une évolution stylistique qui peut être fortement influencée par de nouvelles capacités technologiques. Les outils d’os de l’Aurignacien I classique, par exemple, n’apparaissent pas avant le niveau 11 et les industries des niveaux sous‑jacents sont techniquement simples, comme l’indique la prédominance de surfaces d’os naturelles non polies, de sections irrégulières ou irrégulières aplanies et de marques de taille sur les extrémités cassées ou associées à ces dernières.

TABL. XXVI – Inventaire des outils en bois de Renne ou en os dans les industries aurignaciennes de l’abri Pataud.

FIG. 76 – Industrie osseuse du niveau 14. a pointe ; bc poinçons ; d objet spatulé. 

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66La pointe simple ou sagaie du niveau 14 (fig. 76a) est semblable à une série de pointes triangulaires des Rois : B (Mouton, Joffroy 1958 ; Leroy‑Prost 1975) ; sa section de base est plus proche du biconvexe qu’aucune des pointes en os à la base coupée du niveau 11 qui, elles, tendent à être de subrectangulaires à elliptiques à la base. Au niveau 14, les poinçons, de section irrégulière, plus fins et étroits que les pointes, sont plus nombreux que celles‑ci. L’un des 5 exemplaires trouvés présente des marques de taille profondes en travers de la surface supérieure de l’extrémité proximale. Ce qui pourrait être un autre poinçon provient du niveau 13 ; il s’agit d’un fragment en pointe à section ronde à ovale. Une troisième classe d’outils en pointes, de petits poinçons ou des pointes émoussées, est représentée dans les niveaux inférieurs par 2 exemplaires au niveau 14. Ces instruments sont généralement façonnés sur des andouillers de Renne légèrement travaillés et ils présentent un certain écrasement à la pointe. Les dimensions importantes de ces outils et des autres outils en os sont présentées avec plus de détail dans un autre ouvrage (Brooks 1979 : 924‑976). Parmi les autres objets en os et en de bois Renne travaillés des niveaux 14 et 13, on trouve 2 objets spatulés du niveau 14 (fig. 76d), 1 fragment d’os travaillé du même niveau, 1 fragment de bois taillé selon la technique du ciseau et 2 fragments d’os long de Renne présentant des traits de décarnisation, un dans chacun des deux niveaux 13 et 14.

67Bien que le niveau 12 contienne un tiers de l’échantillon total de dents perforées de l’Aurignacien à Pataud, on ne trouve, à ce niveau, qu’un seul outil en os associé au foyer P. Cet objet est la partie proximale d’une pointe étroite ou d’une sagaie présentant une coupe irrégulièrement arrondie à aplatie et une base spatulée ou à double biseau.

68On trouve au niveau 11 une très grande série de 62 outils en bois de Renne et en os (en plus des 7 objets perforés et incisés mentionnés ci‑dessus). La moitié (n = 31) est composée de formes en pointe, dont 3 sont des pointes à base fendue. Toutes trois sont façonnées en os et présentent une section subrectangulaire. Deux d’entre elles sont petites et la fente remonte jusqu’à la moitié de la pièce ; la troisième est à peu près trois fois plus grande (fig. 77ab). 4 pièces à languette (fig. 771), objets liés à la technique de fabrication de pointes en os à base fendue (Peyrony 1928), viennent du niveau 11 bien que l’une d’entre elles provienne de la pente du talus. 3 sont faites en bois de Renne et 1 en os.

69Les 5 autres sagaies ou pointes sont toutes en bois de Renne. 1 exemplaire grossièrement façonné en losange, à section aplatie, ressemble par la forme, mais non par les détails de fabrication, au « fossile directeur » de l’Aurignacien II (fig. 77c). 3 des autres ont des enlèvements esquillés à la base (fig. 77de) d’un genre que l’on ne trouve pas dans l’industrie du niveau 7 ; ils représentent peut‑être des essais de fabrication de pointes en os à base fendue, bien qu’au moins une de ces pièces (fig. 77d) soit semblable par le style aux pointes triangulaires des Rois : B (Leroy‑Prost 1975). Le dernier des 5 exemplaire, qui est également comparable aux pointes triangulaires des Rois, est transversalement ciselé et cassé à la base (fig. 77f). Comparées à l’industrie en os et en bois de Renne du niveau 7, les 8 pointes présentent un polissage et un lissage minimaux souvent limités aux bords et à une face de la pointe.

FIG. 77 –Industrie osseuse du niveau 11. ab pointes en os à base fendue ; c sagaie losangique ; df pointes triangulaires ; e pointe ; g‑i poinçons ; j épingle ; k pointe émoussée ou chasse‑lame ; l pièce à languette ; m lissoir. 

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70On remarque aussi un lissage minimal sur les poinçons plus fins mais au fuselage plus large (n = 4) (fig. 77g) ; des rainures sur les deux bords de l’une de ces pièces attestent l’utilisation de la technique du ciseau. D’un autre côté, 5 poinçons étroits et allongés sont mieux lissés et polis, ce qui donne, pour résultat, une section plus arrondie (fig. 77h‑j). 1 exemplaire en pointe fine, de 2 mm de diamètre seulement, et fuselé des deux côtés ressemble à une aiguille en os sans chas (fig. 77j). 2 pointes grossières en os représentent probablement des poinçons fins non terminés (fig. 77k) tandis qu’un troisième exemple, plus plat, a été retravaillé à l’extrémité en une forme arrondie.

71La petite série des polissoirs est comparable, en largeur et en épaisseur, aux sagaies plutôt qu’aux poinçons. 2 d’entre eux, façonnés en os, présentent une section plano‑convexe caractéristique à l’extrémité tandis que les deux extrémités sont grossièrement arrondies en forme de spatule. Le troisième exemplaire est une petite esquille de bois de Renne taillée selon la technique du ciseau. Bien qu’elle soit cassée, elle semble s’effiler en une forme arrondie, spatulée aux deux extrémités, mais sa section est d’ovale à subrectangulaire plutôt que convexe.

728 fragments travaillés sont inclus dans la catégorie des pointes : ils ne sont pas aussi larges que des sagaies, ou de larges poinçons fuselés, et la plupart sont façonnés en bois de Renne plutôt qu’en os. En ce qui concerne les dimensions et les sections transversales, au moins 6 d’entre eux se rapprochent des pointes émoussées décrites ci‑dessus. 4 sont incisés et cassés à l’extrémité proximale.

73Parmi les autres objets du niveau 11, on compte 1 lissoir, lissé à l’extrémité seulement (fig. 77m), 3 compresseurs en os, 3 coins en bois de Renne (dont un très grand), 1 esquille en os avec des traits de décarnisation, 2 esquilles d’os longs taillées selon la technique du ciseau, 4 fragments de bois de Renne et 2 d’os coupés à l’une ou aux deux extrémités. Pour couper ces six derniers objets, les tailleurs ont procédé à l’incision de rainures sur l’une ou les deux faces, en angle droit par rapport à l’axe longitudinal, puis ont cassé les pièces en deux sur les rainures. Sur l’une des pièces, une languette dépasse les incisions tranversales. La série comprend aussi 2 petits fragments travaillés, l’un en pointe, l’autre en biseau, et 8 pièces diverses d’os superficiellement travaillé.

74Les objets décorés et les outils en bois de Renne et en os du niveau 11 sont distincts dans les séries de Pataud, tant dans le choix des matériels que dans la façon de les travailler et dans les formes créées. La dent de Renard percée et la canine d’Ours laissent supposer une association avec le matériel ancien des Rois : B tandis que le coin large ou ciseau est un type relativement rare, trouvé par Leroy‑Prost uniquement sur les chantiers de La Quina, La Ferrassie et les gisements de Blanchard et Castanet dans la vallée de Castelmerle (Leroy‑Prost 1975 : 85). Le caractère ancien du niveau 11 est confirmé aussi par la présence de pointes en os à base fendue et de pièces à languettes. Sur l’échantillon total de pointes à base fendue de Leroy‑Prost, 10 % seulement tombent dans la même catégorie de taille que les 2 petits exemplaires du niveau 11 (environ 30 x  5 x 4 mm). La section subrectangulaire à elliptique des pièces de Pataud suggère également une date ancienne puisque les exemplaires de Castanet, que l’on considère comme plus anciens que ceux de La Ferrassie, tendent à présenter une telle section. La section subrectangulaire pourrait bien aussi caractériser les sites de Charente puisqu’elle prédomine dans l’échantillon de La Quina, tandis que les échantillons plus « récents » de La Ferrassie et de Lartet (Perpère 1977) sont associés aux sections elliptiques à biconvexes (Leroy‑Prost 1975).

75En plus des pointes en os à base fendue, le niveau 11 contient aussi des pièces (fig. 77df) qui rappellent les pointes « triangulaires » des Rois : B ou les « pointes à base non fendue » de La Quina (Henri‑Martin 1962‑1963). Cependant, ce type est moins spécifique que le précédent dans la mesure où on le retrouve aussi au niveau 14 (voir plus haut) et peut‑être au niveau 7 (voir plus bas). En plus des pointes triangulaires et pointes à base fendue, on trouve peut‑être au niveau 11 un troisième type, la sagaie losangique, dont on considère généralement qu’elle représente les stades aurignaciens plus récents ; mais la version en est bien plus grossière. Ce ne serait pas la première fois que ces deux types coexistent dans un niveau Aurignacien ancien ; Leroy‑Prost a relevé une telle association dans un même niveau à Castenet, à Blanchard (dont la collection comporte plusieurs niveaux différents) et aux Vachons, abri no 2 (où il y a également une probabilité de mélange stratigraphique) (Leroy‑Prost 1975 : 120).

76Ainsi, les trois types de pointes spécifiques à l’Aurignacien ancien, d’une part, et aux stades « typique » ou « moyen », de l’autre, peuvent coexister au niveau 11 de Pataud où un mélange stratigraphique est hautement improbable. Cependant, ce qui distingue surtout le niveau 11, c’est la méthode grossière d’enlèvement d’esquilles modifiables, à partir du matériel de base : les caractéristiques dites « stylistiques » de cette période ancienne de l’Aurignacien tiennent probablement en grande partie à cette technique grossière, combinée avec un degré minimal de façonnage, lissage et polissage ultérieur.

77L’intervalle d’éboulis 8‑11 et le niveau 8 sont très pauvres en os ou bois de Renne travaillés. À part les pièces incisées décrites ci‑dessus, l’intervalle d’éboulis 8‑11 contient seulement 1 fragment de ce qui pourrait être une aiguille sans chas ou une alène étroite et légèrement fuselée, tandis que la série du niveau 8 comprend 2 fragments de pointes ou poinçons en os. Le premier, provenant du niveau 8 : Inférieur (fig. 78a), est fuselé et présente une section aplatie ; l’autre, provenant du niveau 8 : Supérieur (fig. 78b), est plus étroit et présente une section plus ronde. Tous deux ont été produits selon la technique du ciseau et, contrairement à ceux du niveau 11, sont très finement polis. En plus de ces fragments de pointes, on a retrouvé au niveau 8 : Inférieur et Supérieur, respectivement, 2 pièces en os présentant des enlèvements d’éclats qui supposent leur utilisation comme ciseaux ou coins. Celui de la subdivision inférieure (fig. 78c) est fortement teinté d’hématite, ce qui n’est caractéristique que des niveaux aurignaciens tardifs. Bien que les objets décorés et les industries en bois de Renne et en os soient particulièrement pauvres dans ces deux unités, ils appartiennent cependant indubitablement à un schéma caractéristique d’Aurignacien moyen plutôt que d’Aurignacien de base ou inférieur, à Pataud. Ce sont en particulier l’utilisation d’os de crâche pour la perforation, l’amélioration de la technologie de perforation et le plus grand degré de polissage et de finition des pièces en contours plus rectilignes et sections plus arrondies qui distinguent ces pièces de celles des niveaux 14, 13, 12 et 11.

FIG. 78 – Industrie osseuse du niveau 8. ab poinçons ou alènes ; c coin.

P. Laurent del./CNRS ; éch. 2/3

78Après le niveau 11, le deuxième groupe en importance d’objets travaillés en os et en bois de Renne de l’Aurignacien à Pataud est celui du niveau 7. Sur les 33 objets travaillés en os et en bois de Renne, 24 sont des pointes, poinçons ou sagaies. L’une des 2 sagaies losangiques à section aplatie (fig. 79a) est nettement fuselée aux deux extrémités et présente une section elliptique aplatie. Elle est merveilleusement égrisée et polie en une forme lisse et régulière avec des stries longitudinales sur la face compacte de l’os. L’autre pièce (fig. 79b), à la section similaire, est spatulée à un bout mais sa symétrie longitudinale et sa section suggèrent plutôt une sagaie losangique qu’un lissoir.

79Une troisième pointe (fig. 79c), par ses contours rectilignes, son fuselage relativement léger et son épaisse section elliptique et bien qu’elle soit fragmentaire, ressemble beaucoup aux pointes triangulaires des Rois : B. Toutefois, ces pointes sont moins « stylistiquement » caractéristiques que d’autres, puisqu’on les trouve en nombre important à la fois à Castanet (n = 40) et à La Ferrassie : H (n = 20) et H’ (n = 3). Une quatrième pointe, présentant une base polie à biseau unique, a certainement été dérivée des niveaux périgordiens supérieurs durant des opérations de nettoyage de paroi au moment de la fouille du niveau 7.

804 larges poinçons fuselés (fig. 79d‑f), façonnés sur des fragments diaphysaux, sont mieux polis et mieux fuselés que les exemplaires du même type au niveau 11. 11 poinçons ou alènes fragmentaires (fig. 79g‑k) sont significativement plus étroits et plus fins que les 4 précédents. Technologiquement, ils présentent des sections ovales régulières sur une grande partie de leur longueur, un degré de polissage élevé et un aplatissement, facettement ou rainurage à la base. Des traces d’usure et de polissage d’une surface légèrement cassée sont visibles aux extrémités de 2 de ces pièces.

FIG. 79 – Industrie osseuse du niveau 7. ab sagaies losangiques ; c pointe triangulaire ; d‑f poinçons ; g‑k poinçons ou alènes ; lm épingles ; n,   lissoirs. 

P. Laurent del./CNRS ; éch. 2/3

81Le dernier groupe de formes en pointes du niveau 7 est une série de 4 épingles (Leroy‑Prost 1975 : 136) qui pourraient également représenter des extrémités de poinçons fins (Leroy‑Prost 1975 : 133). Elles sont encore plus étroites que les alènes décrites ci‑dessus. Tandis que trois d’entre elles ont été fortement polies pour faire une section ovale ou arrondie (fig. 791), la quatrième présente six faces longitudinales très nettes qui forment une section hexagonale (fig. 79m). Une autre esquille d’os polie, à la section en « demi‑lune », pourrait représenter un fragment médial d’une pointe ou d’un poinçon.

82En plus des différentes catégories de pointes, l’industrie en os et en bois de Renne du niveau 7 comprend 5 lissoirs (fig. 79no) dont un est en fait plus proche d’un polissoir ou lissoir épais (Leroy‑Prost 1975 : 92) ainsi qu’1 compresseur et 2 fragments d’os présentant des traits de décarnisation.

83L’industrie en os du niveau 6 se limite à un certain nombre de très petits fragments teintés d’hématite (voir plus haut) et de ce qui pourrait être 1 fragment d’os long travaillé.

84Comme le montre ce résumé, la séquence aurignacienne de Pataud présente les traces de changements significatifs de bas en haut dans le choix des matériels, les techniques de fabrication et les morphologies finales des objets de parure ainsi que des outils en os et en bois de Renne. En ce qui concerne les outils, les changements les plus significatifs sont une utilisation accrue de la technique du ciseau et un raffinement dans le lissage et le polissage des pièces. Il résulte de ces changements technologiques une diminution des sections subrectangulaires et une augmentation des sections allant de l’ovale aplati à l’elliptique dans les niveaux supérieurs, les niveaux 8 et 7. En outre, la technique de fendage qui est associée à la fabrication de pointes à base fendue –et peut‑être à l’utilisation plutôt générale de rainures transversales incomplètes pour détacher des fragments– a une profonde répercussion sur les formes finales des outils en os et en bois de Renne. De telles fentes à la base semblent être limitées aux niveaux 11 et sous‑jacents. Dans les niveaux plus tardifs, les bases des pièces finies ont été complètement coupées avant le polissage.

85Le témoignage des formes ou types d’outils eux‑mêmes prête moins à conclusion que celui des technologies. Les pointes triangulaires et les sagaies losangiques peuvent coexister à la fois dans les niveaux inférieurs et supérieurs tout en subissant des changements internes liés à l’amélioration de la technologie. Seule la pointe en os à base fendue, le premier « fossile directeur » de l’Aurignacien ancien, semble être limitée aux niveaux inférieurs bien qu’elle soit peut‑être, elle aussi, le résultat de carences technologiques plutôt que celui de choix stylistiques. Les autres pièces diagnostiquement anciennes du niveau 11 pourraient être la canine d’Ours travaillée et le grand coin, qui est lui‑même un indicateur technologique.

86Les objets de parure et les objets décorés, enfin, subissent un net changement durant l’intervalle d’éboulis 8‑11 où les dents de Renard, grossièrement percées, disparaissent et sont remplacées par des dents de Cervidés percées plus régulièrement. En outre, l’usage de matériel colorant, qui n’est apparu qu’au niveau 11, commence à augmenter de façon marquée. Tous les « crayons » proviennent également des niveaux supérieurs tandis que les objets perforés et les coquillages marins ou fossiles sont concentrés dans les niveaux inférieurs.

87En résumé, les changements intervenus dans les outils osseux et objets de parure, qui sont déterminés dans une certaine mesure par la technologie de travail de la matière, semblent être parmi les meilleurs indicateurs de changement séquentiel ou « stylistique. » des séries de l’abri Pataud. Les changements technologiques dans l’industrie osseuse de Pataud peuvent être reliés à la première véritable apparition d’une industrie du burin au niveau 8. Avant le niveau 8, l’identité de l’outillage de travail du bois de Renne et de l’os n’est pas nette, bien que certains des polissages observés sur des bords de grattoirs, des pointes et sur les quelques perçoirs retrouvés soient peut‑être le résultat d’une utilisation prolongée de ces outils sur l’os ou le bois de Renne.

7.4 Analyse d’attributs des grandes classes d’outils

7.4.1 Les systèmes d’attributs des classes d’outils aurignaciennes

88Le système d’attributs développé au cours des années 60 par plusieurs chercheurs de l’abri Pataud et destiné à l’étude des grandes classes d’outils du Paléolithique supérieur est fondé avant tout sur l’expérience de ses auteurs (Movius et al. 1968) concernant les collections du Périgordien moyen, du Noaillien et du Périgordien supérieur. Cette gamme de techniques destinée à la description des outils est difficilement applicable aux industries aurignaciennes sans modifications ou extensions, et ce en raison de deux caractéristiques problématiques de l’Aurignacien. Tout d’abord, les grattoirs et les burins aurignaciens présentent généralement à la fois plus d’irrégularité de forme et plus de diversité intra‑classe que leurs homologues des phases plus tardives du Paléolithique supérieur. D’autre part, dans l’Aurignacien, les frontières interclasses sont souvent problématiques : on a, depuis longtemps, reconnu (par exemple Bardon et al. 1906 ; Boudon et al. 1912) que les grattoirs ordinaires de l’Aurignacien passent à des genres aurignaciens distincts de grattoirs, que ces grattoirs aurignaciens passent aux burins carénés puis aux burins busqués et que ces burins busqués, parfois atypiques, passent aux burins dièdres réguliers.

89Pour répondre aux caractéristiques spécifiques des outils aurignaciens, des systèmes d’attributs spéciaux ont été mis au point pour les grattoirs‑sur‑bout ordinaires (Brooks 1979 : 408‑424), les grattoirs aurignaciens (Movius, Brooks 1971) et les burins aurignaciens (Brooks 1979 : 706‑737). Ce sont ces systèmes qui sont utilisés pour les analyses présentées ici. Bien que nous ne puissions nous livrer, dans les limites de cet ouvrage, à un développement détaillé sur les systèmes d’attributs, il faut souligner l’une des modifications les plus importantes apportées au schéma originel de Pataud : il s’agit de la définition de catégories d’attributs qui permettraient une comparaison entre des traits analogues dans des classes d’outils différentes, par exemple la courbure ou la forme de la « carène » d’un grattoir Aurignacien par rapport au « busc » d’un burin busqué. L’utilité de ces comparaisons interclasses va devenir apparente dans les paragraphes qui suivent.

7.4.2 Grattoirs ordinaires

90Comme les analyses des autres grandes classes d’outils aurignaciens, l’analyse des grattoirs (tabl. xxvii et xxviii) était destinée à mettre à l’épreuve les hypothèses résumées dans l’introduction :
– qu’il existe des combinaisons significatives d’attributs qui représentent une série de choix indépendants opérés par les tailleurs et ne peuvent être attribuées à des contingences mécaniques ou à des interactions ;
– que la variabilité directionnelle dans le temps et les groupements d’attributs spécifiques dans l’espace caractérisent les séquences aurignaciennes. Nous considérons d’abord les attributs du front de grattoir avant de considérer ceux du support.

TABL. XXVII – Répartition des différentes formes de front et autres attributs des grattoirs ordinaires de l’Aurignacien de l’abri Pataud (le nombre très faible des grattoirs des niveaux 13, 12 et Eb. 8‑11 n’ont pas été pris en compte) ; les valeurs données ici sont le pourcentage de chaque attribut par rapport au nombre total dans l’échantillon étudié (N). * N = nombre total d’extrémités sur lesquelles cette caractéristique est observable. ** N = nombre total de pièces portant un ou plusieurs grattoirs, à l’exclusion des outils composites.

TABL. XXVIII – Répartition des longueurs maximales et autres attributs des grattoirs ordinaires dans les Industries aurignaciennes de l’abri Pataud ; les valeurs sont celles de la moyenne X, de l’écart‑type s et du nombre des objets N. * Objets entiers seulement.

91Le front de grattoir modal de l’Aurignacien de Pataud présente un contour irrégulièrement arrondi, un angle de retouche moyen, une retouche non convergente et une coupe transversale triangulaire (fig. 62h), bien que les modes des différents niveaux pris séparément ne soient pas toujours conformes à ce modèle. La largeur du front de grattoir, qui se situe à une moyenne de 22 mm pour la série entière, augmente avec le temps, sauf au niveau 8 où la tendance est inverse. On ne distingue pas de tendance de ce type dans l’épaisseur du front de grattoir. Des contours de front de grattoir irréguliers constituent la catégorie modale de chaque niveau et c’est seulement au niveau 7 que le pourcentage de contours réguliers dépasse 50 %. L’irrégularité du contour ne change pas de manière consistante avec le temps. Quand on fait le tri dans les contours de grattoirs entre les arrondis, les pointus (y compris les grattoirs ogivaux), les aplatis et les catégories irrégulières ne respectant pas la définition stricte de l’irrégularité (Movius et al. 1968), on ne met au jour aucune tendance nette d’évolution temporelle. Les formes en pointes sont les catégories modales au niveaux 12 (fig. 63bdf) et 8 (fig. 66gi‑bas) ; les formes arrondies représentent à la fois la catégorie modale et la catégorie majoritaire dans les autres niveaux. On ne trouve de ligne de changement directionnel que dans les contours réguliers. Les contours en demi‑cercle diminuent avec le temps (fig. 61b) tandis que les contours ogivaux (fig. 63c) augmentent, bien que selon une ligne irrégulière.

92L’angle de retouche varie également de façon irrégulière au cours du temps. Les angles de retouche aigus ont un maximum (d’environ 20 à 30 %) aux niveaux 14, 12 et 7 (fig. 69af) tandis que dans les autres niveaux 20 à 30 % des grattoirs ont des angles raides, perpendiculaires et surplombants. Pour ce qui est de la configuration de la retouche du tranchant, la retouche convergente (fig. 61e‑haut, i) est à son maximum au niveau 14 (11,8 %) et à son minimum au niveau 6 (2,3 %) ; pour les autres configurations on note des changements de fréquence avec le temps. Tandis que la section triangulaire domine durant toute la séquence, son taux le plus élevé est aux niveaux 8 (fig. 66f) et 14 (fig. 61e‑ haut, i) : ces niveaux ont également livré les grattoirs les plus étroits. En général, cependant, les sections amorphes diminuent avec le temps jusqu’au niveau 8.

93L’angle d’orientation et la profondeur du demi‑cercle suivent tous deux une courbe directionnelle de changement (sauf pour le petit échantillon [n = 28] de l’intervalle de l’éboulis 8‑11). Les orientations asymétriques augmentent avec le temps, de 49,0 % au niveau 14 à 62,7 % au niveau 7. Les orientations asymétriques vers la droite prédominent dans les niveaux les plus anciens, ainsi qu’au niveau 7, et les orientations asymétriques à gauche caractérisent les niveaux 6 et 8. Enfin, les orientations très asymétriques atteignent leur maximum aux niveaux 8 et 7 (fig. 69h). Les fronts peu arrondis, mesurés comme pour les grattoirs aurignaciens, augmentent avec le temps et deviennent la catégorie de profondeur modale dans les niveaux 7 et 6. Le choix de l’extrémité proximale pour façonner les fronts de grattoirs décroît irrégulièrement au cours du temps, depuis un maximum d’environ 48 % au niveau 14 (fig. 61a, b) à moins de 10 % aux niveaux 7 et 6 (fig. 72g).

94L’analyse des attributs des fronts de grattoir, brièvement résumée ci‑dessus, montre que ces attributs subissent des changements importants avec le temps dans les niveaux aurignaciens. Tandis que ces changements sont parfois unidirectionnels, ils sont toujours compliqués par des oscillations de hasard, même si l’on considère seulement les échantillons les plus fournis. Bien que les taux de fronts en « arc de cercle », de contours asymétriques et de retouches aiguës, diminuent avec le temps, cette tendance est moins accentuée au niveau 7 qu’aux niveaux 8 et 6. En outre, l’augmentation des angles de retouche correspond en gros (sauf au niveau 11) à une augmentation de l’épaisseur des fronts de grattoirs, ce qui suggère une relation de contingence. Parmi les niveaux importants, le niveau 14 a les fronts de grattoirs les plus minces et la proportion la plus faible d’angles raides, tandis que le niveau 6 présente les fronts de grattoirs les plus épais et la proportion la plus élevée d’angles plus aigus.

95Les tableaux xxvii et xxviii résument les tendances des attributs de fronts de grattoirs, dont nous venons de parler, à l’exception des petits échantillons du niveau 12 et de l’intervalle de l’éboulis 8‑11. Il est clair qu’en bien des cas le niveau 7 va à l’encontre des tendances dominantes et revient à des schémas plus caractéristiques des niveaux anciens. En ce qui concerne l’épaisseur du front de grattoir et la prédominance de l’orientation vers la droite, par exemple, le niveau 7 ressemble beaucoup au niveau 14, tandis que pour les contours, l’angle de retouche et le pourcentage de retouches convergentes il se situe entre les niveaux anciens (11 et 14) et les niveaux plus tardifs (6 et 8) et partage les caractéristiques de ces deux groupes.

96Les changements survenus dans les pièces‑supports des grattoirs reflètent des tendances technologiques qui s’étendent souvent à d’autres outils dans un même niveau. Tandis que la longueur des supports de grattoirs diminue avec le temps, sauf dans le niveau 7, la largeur maximale en est remarquablement constante. Les niveaux 7 et 12 présentent les supports les plus fins ; les autres niveaux se ressemblent beaucoup entre eux. Les contours de supports sont sujets à de grandes variations au cours du temps. Les supports irréguliers passent de 40‑45 % dans les niveaux anciens à plus de 50 % dans les niveaux 6 et 8 mais, une fois encore, le niveau 7 est aberrant. Les supports aux côtés parallèles (réguliers ou non) se trouvent en majorité aux niveaux 14, 7 et 6, tandis que les supports aux côtés convergents sont à leur maximum (20 à 26 %) aux niveaux 11 et 8. Les supports aux côtés divergents (grattoirs en éventail) ne présentent aucune tendance stable de fréquence, même si l’on exclut les niveaux mineurs.

97Le pourcentage de supports en lames (par opposition aux supports en éclats) décline régulièrement du niveau 14 (93,0 %) au niveau 8 (67,5 %), pour remonter à nouveau au niveau 7 (92,2 %) puis continuer à baisser au niveau 6 (62,9 %). Les pourcentages de produits d’aiguisage ou de ravivage de nucléus et les supports corticaux, qui suggèrent une production d’outils sur place à partir des nucléus primaires, sont très variables. Les produits de ravivage sont relativement courrants (> 10 %) dans deux des trois niveaux qui ont la plus forte proportion de lames, les niveaux 14 (fig. 61a) et 7 (fig. 69h), ainsi que dans l’intervalle de l’éboulis 8‑11, où les éclats sont plus courants. Les produits de ravivage sont à leur pourcentage minimal, cependant, aux niveaux 12 (3,6 %) et 11 (6,5 %). Les produits corticaux, d’un autre côté, sont moins courants (30‑39 %) aux niveaux 14, 12 et 11 que dans n’importe lequel des niveaux postérieurs (41‑51 %). Les silex d’origine non locale (peut‑être maestrichtienne) sont à leur pourcentage le plus fort au niveau 14 (25 %) et le plus faible au niveau 8 (6 %) et dans l’intervalle de l’éboulis 8‑11 (7 %). Il semble donc que l’utilisation de produits de réduction de nucléus primaires ou secondaires comme supports de grattoirs ne soit liée ni à la technologie de fabrication des lames ni à la quantité de matériel exogène.

98Il n’est pas du tout remarquable que ce soit la retouche marginale qui présente les tendances directionnelles les plus invariables parmi les attributs des supports de grattoirs. Si l’on exclut les niveaux mineurs, la fréquence de la retouche marginale diminue du niveau 14 au niveau 7, puis augmente au niveau 6. Sur les pièces à retouche marginale, la retouche devient de moins en moins complète avec le temps : les fréquences de retouches continues sur les deux côtés tombent de presque 50 % au niveau 14 à environ 10 % seulement au niveau 6. Enfin, on peut noter des différences majeures dans le type de retouche marginale employée. La retouche aurignacienne (fig. 61d) baisse nettement du niveau 14 (36,7 % de supports de grattoirs retouchés) au niveau 7 (0 %) mais reparaît de façon mineure au niveau 6 (8,2 %). Les styles de retouches fines et semi‑abruptes présentent une tendance exactement inverse.

99Les tableaux xxvii et xxviii présentent un résumé des changements diachroniques des attributs des supports de grattoirs. En longueur et en type de support, on note un changement directionnel avec le temps, à l’exception du niveau 7. En ce qui concerne les fréquences de retouche marginale, c’est le niveau 6 qui renverse la tendance dominante. Les schémas de changement diachroniques des contours de supports et de fréquence de produits de ravivage se sont montrés relativement complexes. Il est probable que les attributs liés à la retouche marginale et aux contours des supports seront d’un grand intérêt dans les études comparatives puisque les autres variables des supports ont pu être plus directement affectées par la nature de la matière première et par la fonction du gisement qui affectent la conservation. Il est donc important de noter que bien que les diminutions de fréquence, d’étendue et d’intensité des retouches marginales sur les grattoirs au cours du temps constituent des éléments majeurs de la variation générale de l’Aurignacien à Pataud, elles n’expliquent pas les autres changements des contours de supports, tels que l’utilisation de l’extrémité proximale, le taux de supports de section amorphe et les changements d’angles de retouche et n’y sont pas liées.

100La conclusion principale que l’on pourrait tirer de cette étude des attributs, dont les résultats sont résumés dans les tableaux 5 et 6, est que les grattoirs ne présentent pas de courbe de changement unidirectionnelle. Cette conclusion remet en question l’utilisation des grattoirs comme base de la mise en ordre chronologique et de l’interarticulation des industries aurignaciennes de différents gisements (par exemple, Sackett 1966).

101Une deuxième conclusion suggérée par Sackett est que la plupart des associations entre attributs des supports de grattoirs (par exemple, coupe transversale du support et configuration de retouche) sont conditionnées par l’influence d’une contingence mécanique et ne sont pas le résultat de choix délibérés de forme (Sackett 1965 ; 1966).

102Une étude détaillée de cette question (Brooks 1979 : 982‑ 988), qui ne peut être totalement rapportée ici, a montréque certaines des relations spécifiques de contingence postulées par Sackett ne sont pas présentes dans les grattoirs des niveaux aurignaciens de Pataud. En particulier, dans n’importe quel niveau Aurignacien de Pataud, les grattoirs présentant la retouche marginale ne sont pas véritablement plus étroits ni plus « ronds » (plus convexes) que les grattoirs sans retouche. Les résultats de Pataud mettent en garde contre la justification trop facile par la contingence mécanique de regroupements, uniquement fondée sur une reconstitution logique des étapes de fabrication. Une analyse plus poussée d’échantillons plus réduits pourrait donner à penser que de telles relations « contingentes » se fondent plutôt sur de vraies associations culturellement définies ou des choix stylistiques, comme ceux qui distinguent les grattoirs plus marginalement retouchés, plus étroits et plus « ronds » du niveau 11, des grattoirs moins marginalement retouchés, plus larges et moins arrondis du niveau 7.

7.4.3 Grattoirs aurignaciens

103Les grattoirs aurignaciens étudiés, trouvés aux niveaux 6 à 14 de Pataud, sont relativement peu nombreux (tabl. xxix et xxx) : seulement 233 pièces ou 248 tranchants étudiés. De ce petit nombre, presque la moitié (104 pièces, 108 tranchants) se trouvent au niveau 8. Bien que les très petits échantillons des niveaux 12, 11 et 7 permettent une étude de fréquence d’attributs à travers le temps, seul l’échantillon du niveau 8 est assez bien fourni pour autoriser une étude des associations d’attributs.

TABL. XXIX – Répartition des classes et autres attributs des grattoirs aurignaciens dans les industries aurignaciennes de l’abri Pataud ; les valeurs données correspondent au pourcentage de chaque attribut par rapport au nombre total dans l’échantillon étudié (N).

TABL. XXX – Répartition des largeurs de fronts et autres attributs des grattoirs aurignaciens de l’abri Pataud ; les valeurs données sont la moyenne ± l’écart‑type et l’échantillon (N).

104Sur le petit échantillon de 12 tranchants étudiés du niveau 14, 5 sont à museau, 2 sont à épaulement et 5 sont carénés. Modalement, ces pièces ont des fronts symétriques (médians) qui sont arrondis de forme et dont le degré de courbure est également « rond ». La configuration de retouche la plus courante est la retouche parallèle (fig. 61g) et le pourcentage d’enlèvements lamellaires du tranchant est élevé. Le profil modal du front de grattoir (coupe longitudinale) est convexe (fig. 61f‑haut, h) ; on ne trouve pas de profils concavo‑convexes. Bien que les éclats constituent la catégorie modale des pièces‑supports (fig. 61f), les lames y sont plus courantes (fig. 61h) que dans les autres niveaux, ce qui reflète peut‑être la prédominance des lames parmi les autres grattoirs (types 1‑7). On note une relation similaire pour le silex exogène ou maestrichtien qui est plus courant (36,4 %) à ce niveau que dans les suivants. Enfin, le niveau 14 est le seul niveau où la retouche marginale, le plus souvent de type Aurignacien et continue sur les deux côtés, est présente sur la majorité des grattoirs aurignaciens.

105Le niveau 12, avec 21 tranchants de grattoirs étudiés, est comparable au niveau 14 en ce qui concerne la forme modale (arrondie) et la symétrie des fronts de grattoirs ; contrairement au niveau 14, la série du niveau 12 est divisée de façon égale entre les catégories de rondeur « très rond », « rond » et « moyen » et la retouche modale est non convergente plutôt que parallèle. Par rapport au niveau 14, on note une diminution dans le nombre d’enlèvements lamellaires de la retouche. Les fronts de grattoirs aurignaciens du niveau 12 sont plus longs, plus larges et plus épais que dans les autres niveaux, à la différence des fronts de grattoirs ordinaires (types 1‑7) du même niveau 12 qui sont les plus minces et étroits de toute la série. Tandis que le profil convexe du grattoir Aurignacien reste la forme modale, les formes en arc (fig. 631) et concavo‑convexes (fig. 63n) sont plus fréquentes qu’au niveau 14. Tout comme les grattoirs ordinaires du niveau 12, mais à la différence de toutes les autres séries de grattoirs aurignaciens, la coupe transversale des grattoirs aurignaciens du niveau 12 est trapézoïdale (fig. 63kn). Les pièces‑supports sont plus épaisses par rapport à leur largeur qu’au niveau 14, et 70 % de la série est composée de nucléus, débris informes et gros éclats. Les pièces‑supports corticales (fig. 63hn) sont bien plus nombreuses (80 %) qu’au niveau 14, tout comme le sont les formes à carène renversée (fig. 631n) ; la retouche marginale est rare et, quand on la trouve, elle est modalement scalariforme des deux côtés. Le silex exogène est également bien moins fréquent (10 %) qu’au niveau 14.

106Tandis que les grattoirs aurignaciens du niveau 11 (41 tranchants étudiés) restent modalement arrondis de contour (fig. 64o), « rond » en classe de « rondeur » et symétriques (médians), on note une nette augmentation des contours ogivaux (fig. 64m65a) et en pointe (fig. 64n) ainsi que des contours qui sont asymétriques à gauche (fig. 65b‑bas). Le pourcentage d’enlèvements lamellaires du tranchant continue à décroître, accompagné d’une augmentation des types de retouche non convergente. Le niveau 11 marque également un retour aux sections transversales modales triangulaires (fig. 64mn ; 65b) et les fronts de grattoirs sont surtout orientés asymétriquement vers la gauche (fig. 64m ; 65a). Les 21 pièces à museau ou à épaulement présentent des dégagements plus profonds à droite qu’à gauche. La répartition des attributs de profils de tranchants est très semblable à celle du niveau 12, bien que la longueur et la hauteur moyennes du profil de tranchant soient moindres au niveau 11. Globalement, c’est le niveau 11 qui présente les pièces‑supports les plus minces de la série et, avec le niveau 6, le plus faible pourcentage de débris et de supports nucléiformes. Une diminution des pièces corticales s’accompagne d’une augmentation des produits de ravivage (fig. 65b), ce qui contraste avec la tendance observée pour les pièces‑supports de grattoirs ordinaires du même niveau 11. La retouche marginale est présente sur presque la moitié des pièces : elle est modalement aurignacienne et située des deux côtés. Un peu plus d’un sixième (17,5 %) des grattoirs aurignaciens sont façonnés sur du silex probablement exogène.

107Les 17 grattoirs aurignaciens de l’intervalle de l’éboulis 8‑11 étudiés constituent une transition claire entre ceux du niveau 11 et ceux du niveau 8. Comme au niveau 11, des contours de fronts de grattoirs arrondis, des classes de « rondeur » « rondes » ou « moyennes », des tranchants « médians » (symétriques) et une orientation sur la pièce‑support asymétrique à gauche prédominante sont caractéristiques de la série de l’éboulis 8‑11. Cette série montre des changements annonciateurs du niveau 8. On note, par exemple, pour les contours de fronts de grattoirs non « médians » (fig. 66de) une asymétrie plus importante sur la droite que sur la gauche, une nette augmentation des profils de fronts concavo‑convexes (fig. 66e), un retour à des concavités plus profondes sur la gauche plutôt que sur la droite des grattoirs à museau. De même, mais pour une seule pièce de la série, on note une diminution de la retouche marginale et l’utilisation de silex importé. Enfin, les orientations déjetées et l’utilisation des produits de ravivage (fig. 66e) sont plus courantes qu’aux deux niveaux 11 et 8.

108Les 108 grattoirs aurignaciens du niveau 8 étudiés sont répartis comme suit : 20 au niveau 8 : Inférieur, 47 au niveau 8 : Moyen, 34 au niveau 8 : Supérieur, et 7 qui ne pouvaient être assignés à aucune subdivision particulière. Les taux des grattoirs à museau et à épaulement sont à leur maximum (80 %) dans la subdvision inférieure (fig. 67cd) et tombent à 72,4 % et 55,9 % respectivement dans les subdivisions moyenne (fig. 67e‑h) et supérieure (fig. 67i). Les contours de fronts de grattoirs ogivaux (fig. 66k ; 67a‑h) et en pointe (fig. 67i) forment près de 50 % de l’échantillon dans toutes les subdivisions, les contours modaux sont « très ronds » plutôt que « ronds » et l’on voit apparaître pour la première fois des contours « allongés ». Comme dans l’intervalle de l’éboulis 8‑11, les contours des fronts sont modalement « médians », mais quand ils sont asymétriques, ils le sont plus souvent vers la droite (fig. 67d) que vers la gauche. Similairement, le dégagement gauche des grattoirs à museau continue à être plus important que le droit. Cependant, la projection en museau de ces pièces est nettement plus étroite que dans les niveaux inférieurs ; la largeur moyenne de la projection tombe dans l’échelle des largeurs moyennes de biseaux de burins busqués des divers niveaux de Pataud. Le niveau 8 se distingue par des augmentations à la fois de retouche lamellaire et de retouche parallèle ; cette dernière retouche est la forme modale du niveau 8 : Inférieur.

109En profil, les fronts de grattoirs sont plus souvent concavo‑convexes que dans les niveaux sous‑jacents. Cette forme est parfois créée par une coche d’arrêt destinée à contrôler les enlèvements lamellaires sur les fronts plus allongés, tout comme dans la fabrication des burins busqués (Ronen 1964). Dans les séries de Pataud, cette technique a été adaptée à la fabrication des grattoirs bien avant d’être appliquée aux formes de burins aurignaciens. Tandis que la longueur et la hauteur (épaisseur) du profil sont toutes deux plus importantes qu’au niveau 11, elles n’atteignent pas les valeurs maximales du niveau 12. Les angles de profils des fronts sont également plus aigus pour les grattoirs à museau que pour les grattoirs carénés, différence qui vient du plus grand allongement des premiers. Les orientations asymétriques à gauche sur la pièce‑support prédominent (fig. 67bf).

110Suivant les tendances des niveaux antérieurs, la série du niveau 8 présente des taux décroissants de retouche marginale (11,7 %) et de silex importé (2,9 % : le plus faible pourcentage de tous les niveaux de Pataud). Quand on trouve la retouche marginale, elle est le plus souvent aurignacienne et située sur les deux côtés. De grosses lames et éclats, des nucléus et de gros débris servent de pièces‑supports d’outils pour 42,4 % de tout l’échantillon. Comme au niveau 12, les pièces‑supports relativement grosses et informes sont liées à une utilisation accrue de produits de débitage des nucléus primaires (72,1 % de pièces‑supports corticales). Les produits de ravivage, d’un autre côté, tombent à un taux de 5,2 %. Une comparaison statistique des taux des différents attributs dans les trois subdivisions du niveau 8 fait apparaître clairement que pour les grattoirs aurignaciens, au moins, les trois unités sont plus semblables les unes par rapport aux autres qu’elles ne le sont par rapport aux niveaux antérieurs ou postérieurs.

111Contrastant nettement avec les fréquences du niveau 8, la série des grattoirs aurignaciens du niveau 7 ne comprend que 27 tranchants étudiés. Le niveau 7 diffère également de la série du niveau 8 par un retour aux grattoirs carénés (53,1 %) comme forme modale (fig. 69l), l’absence de grattoirs à épaulement, une diminution des contours de tranchants en pointe et une augmentation des contours aplatis. Les contours « allongés » sont absents, les contours médians constituent à la fois le mode et la majorité et les contours non médians sont divisés de façon égale entre les asymétries de droite et de gauche. La retouche lamellaire est moins fréquente et la retouche non convergente plus fréquente qu’au niveau 8. Les dégagements des grattoirs à museau sont moins prononcés qu’au niveau 8 (fig. 69j‑haut), bien que le côté gauche reste plus concave que le droit. Comme les grattoirs ordinaires du niveau 7, les fronts de grattoirs aurignaciens du même niveau 7 sont nettement plus étroits que leurs homologues des niveaux 8 et 6.

112Tandis que les profils de fronts de grattoirs concavo‑convexes sont toujours courants au niveau 7 (28,1 %), les profils convexes déclinent et la forme modale est le profil arqué de la classique carène renversée (fig. 69l), forme associée à des profils raides et un fort quotient d’épaisseur par rapport à la largeur du front de grattoir. Généralement, malgré des continuités de forme à la fois du contour des fronts et de leur profil entre les niveaux 8 et 7, les dimensions des fronts de grattoirs du niveau 7 sont plus proches de celles du niveau 12 que de celles du niveau 8.

113De tous les niveaux, c’est le niveau 7 qui présente le plus fort taux relatif de nucléus et de débris informes (fig. 69m) utilisés pour la production de grattoirs aurignaciens et le taux le plus faible de pièces‑supports détachées. On ne note cependant pas d’augmentation parallèle de pièces‑supports corticales ou parallèles, bien que les produits de ravivage, eux, soient en légère augmentation (11,1 %) par rapport à leur faible taux du niveau 8. La pièce‑support modale du niveau 7 est très spécifique : c’est un débris informe plutôt qu’une pièce‑support détachée, épaisse par rapport à sa largeur et présentant une carène renversée. Le silex importé est relativement rare (11,1 %). La retouche marginale, qui affecte le tiers des pièces, est le plus souvent lamellaire ou de style Aurignacien : la retouche s’applique en proportions égales soit aux deux côtés à la fois, soit au côté gauche seulement.

114La série de grattoirs aurignaciens du niveau 6 ne comprend que 13 tranchants étudiés, dont 1 provenant du talus. La rareté de ces pièces dans l’aire de fouilles principale (même dans les carrés avant qui n’ont pas été touchés par les opérations de nettoyage du niveau 5) et leur abondance relative dans les dépôts de talus non remaniés du niveau 6 (surtout dans les séries de l’Extension‑1 qui ne font pas partie de l’échantillon étudié) sont d’autant plus surprenantes que l’on a retrouvé un nombre relativement important de ces mêmes pièces au niveau 5 : avant : inférieur. On peut penser que ce contraste implique soit une ségrégation spatiale extrême des grattoirs aurignaciens du niveau 6, soit l’existence à l’époque d’un autre niveau entre les niveaux 5 et 6 qui aurait été totalement détruit par les opérations de nettoyage du niveau 5.

115On ne peut dire grand‑chose de la série très réduite du niveau 6. Quelques‑unes des tendances relevées au niveau 7 perdurent : moins de contours en pointe ou ogivaux, moins de retouches lamellaires et plus de contours peu ronds (fig. 72m) et de retouches non convergentes (fig. 72o). Les profils de fronts de grattoirs concavo‑convexes ne sont représentés que par 1 seul exemplaire (fig. 72p), les profils arqués par 2 exemplaires (fig. 72n) et les profils droits et convexes par 5 exemplaires chacun. Les deux tiers des pièces‑supports sont détachées et un quart d’entre elles sont en silex importé. Un tiers des pièces présentent une retouche marginale : elle est modalement fine de style et limitée à un seul côté, de préférence le gauche.

116A l’aide des données qualitatives et quantitatives on peut maintenant donner une image relativement complète des associations d’attributs que met en relief l’analyse des grattoirs aurignaciens de Pataud. L’association la plus importante, à la fois en termes de fiabilité statistique et de valeur intrinsèque pour cette étude, est une association qui apparaît aux niveaux 7 et 8. Elle est caractérisée par un profil de front de grattoir concavo‑convexe, avec ou sans reste de coche, par un contour très rond ou allongé et par des enlèvements lamellaires parallèles formant le bord. Les pièces‑supports de ce groupement sont grossières, de section triangulaire, et comportent une carène renversée. La forte association positive de ce groupe engendre une association négative « en creux », qui regroupe la retouche non convergente, les profils de fronts de grattoirs convexes, les contours ronds et l’absence de carène. Ce dernier groupe est tout à fait caractéristique du niveau 11. On peut penser que l’association de la retouche lamellaire parallèle, de la pièce‑support grossière, de la section triangulaire et de la carène est, à l’origine, en grande partie mécanique et qu’elle peut être isolée, indépendamment des autres attributs, dans les collections antérieures comme celle du niveau 12. Mais le procédé technologique qui engendra plus tard le burin busqué est avant tout une innovation de l’« Aurignacien intermédiaire », qui tend à produire, par enlèvements lamellaires, des contours allongés aux profils concavo‑convexes. C’est l’innovation culturelle sur un agglomérat déjà préexistant d’attributs de la pièce‑support qui fait de cette série un moment si caractéristique de la période aurignacienne.

117D’autres attributs simples peuvent également contribuer à définir une nouvelle séquence pour la période aurignacienne. Le passage des formes plus arrondies aux formes plus pointues, au stade « intermédiaire ancien », puis le retour aux formes arrondies et aplaties aux stades « intermédiaire tardif » et « évolué » de l’Aurignacien, semblent assez bien prouvés à Pataud, à la fois pour les grattoirs ordinaires et pour les grattoirs aurignaciens. Le taux, la localisation et le type de retouche marginale changent également de façon importante avec le temps. Aucun de ces groupes d’attributs ne peut être relié au groupe de profils de fronts de grattoirs concavo‑convexes. La question de l’asymétrie, qui change de façon importante au cours du temps mais ne semble suivre aucun modèle d’association avec d’autres attributs, est difficile à résoudre pour l’instant.

7.4.4 Burins

118Ce que nous recherchons avant tout, en analysant les burins (tabl. xxxi et xxxii), c’est à élucider les modifications apportées aux burins avec le temps, à définir le burin busqué et à étudier le rapprochement graduel entre cette forme et les autres burins. Les burins spécifiquement aurignaciens, dont le burin busqué est le mieux défini et le plus courant, sont reconnus comme une catégorie à part depuis la publication de L. Bardon et A. et J. Bouyssonie (Bardon et al. 1906), bien que les définitions des différents types aient changé (Bourlon 1911 ; Burkitt 1920 ; Noone 1935 ; Sonneville‑Bordes, Perrot 1956a ; Laplace‑Jauretche 1957 ; Heinzelin de Braucourt 1962 ; Ronen 1963 ; 1965 ; Sackett 1965 ; 1966 ; Leroi‑Gourhan et al. 1966). Une analyse détaillée des modes de classification des burins busqués (Brooks 1979 : 706‑737) démontre en particulier l’importance croissante de la coche d’arrêt dans les définitions subséquentes alors que ce n’était pas un des traits essentiels du type original.

TABL. XXXI – Répartition des types de SRS et autres attributs des burins de l’Aurignacien de l’abri Pataud ; les valeurs données correspondent au pourcentage de chaque attribut par rapport au nombre total dans l’échantillon étudié (N). * Tous les burins busqués sont techniquement dièdres, à l’exception de 2 exemplaires dans le niveau 8, 4 dans le niveau 7 et 3 dans le niveau 6, qui sont sur des bords ou bouts retouchés ou non. ** Les obliquités étant calculées pour les deux côtés des burins busqués, le nombre total de biseaux est le nombre de biseaux de burins + le nombre de biseaux busqués. *** 2 catégories d’obliquité adjacentes (par exemple : oblique dorsale et latérale, latérale et oblique, oblique et très oblique) ; 3 catégories adjacentes (oblique dorsale à oblique, latérale à très oblique, oblique à plan) ; 4 catégories adjacentes (oblique dorsale à très oblique, latérale à plan) ; toutes les catégories (oblique dorsale à plan).

TABL. XXXII – Répartition des largeurs de biseau et autres attributs des burins des industries aurignaciennes de l’abri Pataud ; les valeurs données sont les moyennes ± l’écart‑type et le nombre des objets (n). * Ceci indique l’augmentation ou la réduction de l’épaisseur par la création du biseau.

119À l’origine, tous les burins présentant un « busc » formé de multiples enlèvements lamellaires émanant du biseau de burin étaient classés selon deux axes de variation. Sur le premier axe, les pièces étaient assignées à l’une des trois catégories existantes selon qu’elles présentaient une coche d’arrêt (A), une aire de retouche droite ou convexe (B) (fig. 71 h) ou qu’elle ne présentait ni coche ni retouche (G) (fig. 68g ; 71i). Sur le deuxième axe, on distinguait cinq catégories afin de codifier de façon graduelle les attributs de plus en plus « atypiques » soit du biseau de burin soit du busc, allant du biseau de burin arrondi formé par trois enlèvements ou plus (I) au buse droit plutôt que convexe (II) (fig. 71fi ; 73h), au biseau de burin droit ou angulaire (III) (fig. 71ef), au buse équivalent à la SRS (IV) (fig. 70e ; 71b‑bas, g ; 73i), à la SRS non dièdre (V) (fig. 68h ; 71j ; 73e, g).

120Sur la plupart des objets de la catégorie V, la SRS est un bord non retouché ou un méplat, qui peut être très large (fig. 68h ; 73g) ou comparable en d’autres aspects à la base d’un grattoir caréné plutôt qu’à la face dorsale qui caractérise généralement un burin sur pan naturel. Pour 4 pièces du niveau 7, la SRS est un bord retouché (fig. 73a), mais la forme du biseau, la forme du buse et la coche sont par ailleurs caractéristiques du burin busqué. Sur plusieurs burins busqués des plus typiques, les traces d’une ligne de retouche marginale semi‑abrupte définissent la surface d’enlèvement latérale : on a donc supposé que les 4 « pseudo‑busqués » parfaitement fonctionnels du niveau 7 représentent une variation occasionnelle du procédé de fabrication, dans laquelle on ne procédait pas à l’enlèvement latéral.

121On peut résumer brièvement les résultats de cet exercice de définition et de classification des burins busqués : au niveau 7, 48,3 % des burins busqués potentiels présentent une coche d’arrêt et un enlèvement latéral formant la SRS dièdre, 14,9 % ont été ravivés de façon à ce que le buse devienne la SRS et 20,2 % (dont 7,9 % ont été ravivés) ont combiné à un moment ou à un autre une aire retouchée d’arrêt avec une surface SRS dièdre. La plupart des burins dièdres ordinaires n’entrent pas dans faire de définition engendrée par les deux axes, parce qu’ils n’ont ni busc, ni bord arrondi, ni trace de coche ou de retouche. Au niveau 6, 53,3 % des burins busqués potentiels (y compris les pièces ravivées) présentent une coche et une SRS dièdre latérale et 20,0 % présentent une aire d’arrêt retouchée et une SRS dièdre latérale. Ce n’est qu’au niveau 8, où 5 des 7 burins busqués possibles manquaient de coche d’arrêt et où 2 des SRS n’étaient pas dièdres, que l’on a eu du mal à définir l’échantillon des burins busqués.

122Les paragraphes suivants traitent des résultats principaux de l’analyse d’attributs de l’échantillon total de burins, et non seulement les burins busqués, des niveaux 8 à 6.

7.4.4.1 Niveau 8

123L’aspect le plus frappant de l’échantillon de 76 biseaux de burins du niveau 8 est la prépondérance des burins sur troncature (fig. 68a) et des burins sur bords ou bouts retouchés (fig. 68f) qui, mis ensemble, forment 50 % de la série. L’échantillon du niveau 8 : Inférieur (n = 9) présente le plus fort taux de burins sur troncature ou sur bords ou bouts retouchés (66,7 %). Au niveau 8 : Moyen (n = 31), on note un pourcentage similaire de ce type de SRS, tandis qu’au niveau 8 : Supérieur (n = 25), qui comprend les premiers burins busqués de la série de Pataud (fig. 68gh), 40 % seulement de l’échantillon appartient à ces catégories.

124La diminution du taux des burins sur troncature ou sur bords ou bouts retouchés à travers la série du niveau 8 est à mettre en parallèle avec la diminution générale du taux de grattoirs aurignaciens, la diminution des grattoirs à museau par rapport aux grattoirs carénés et les modifications, déjà étudiées, apportées aux attributs des grattoirs aurignaciens. Ces tendances, qui se perpétuent au niveau 7, donnent à penser que les changements de fréquence et de forme des grattoirs aurignaciens sont peut‑être liés à l’apparition des burins busqués. Cette hypothèse est renforcée par l’association spatiale des grattoirs aurignaciens et des burins dans les subdivisions du niveau 8 (Benco 1981 ; cf. infra annexe 2).

125L’analyse des attributs des burins du niveau 8 a mis en lumière un certain nombre de relations de contingence qui sont semblables aux résultats des analyses de burin des niveaux postaurignaciens de Pataud. Les biseaux de burins plus larges sont associés avec de multiples enlèvements de burins et des biseaux de formes non droites. De plus, dans les niveaux aurignaciens, ce modèle est souvent associé avec une SRS dièdre. Les burins sur troncature ou sur bords ou bouts retouchés tendent à présenter des biseaux plus étroits, un seul enlèvement de burin et une forme droite de biseau. Les burins dièdres réguliers sont liés à deux enlèvements de burins et des biseaux anguleux tandis que les burins busqués, définis, comme nous venons de le voir, par la présence d’un buse droit ou convexe façonné par des enlèvements de burins lamellaires, sont associés à deux ou trois enlèvements et des biseaux courbes ou arrondis.

126Les burins non dièdres sont façonnés sur des pièces‑supports plus minces dont l’épaisseur effective est encore plus réduite par le choix d’un positionnement latéral sur la pièce‑support et d’enlèvements latéraux plutôt qu’obliques. Les burins sur troncature sont moins extrêmes, dans cette perspective, que les burins sur cassure. Les burins busqués, au contraire, sont non seulement façonnés sur des pièces‑supports plus épaisses mais sont également caractérisés par un biseau de burin situé aussi près que possible de faire d’épaisseur maximale de l’extrémité. Les burins dièdres se situent dans une tranche intermédiaire en ce qui concerne la différence entre l’épaisseur de la pièce‑support et la largeur du biseau de burin, mais ils sont légèrement plus proches des burins non dièdres que des burins busqués.

127Les chutes de burins des burins dièdres et des burins busqués du niveau 8 ont une forte tendance à être légèrement inclinés vers la surface ventrale de la pièce‑support. L’absence de différenciation de l’obliquité entre les burins à une seule chute de burin et les burins à plusieurs chutes de burins contraste nettement avec les séries du niveau 7, dans lequel les burins à une seule chute sont plus souvent latéraux (90°), et les burins à plusieurs chutes présentent souvent des degrés d’obliquité plus marqués (dans les cas extrêmes, les burins plans).

128Le type de SRS, l’angle de la SRS, le côté de la SRS (à droite ou à gauche) et la position latérale du biseau du burin sont fortement interdépendants. Les burins sur bords ou bouts retouchés ou sur pan naturel ont un angle SRS plus aigus que les burins sur troncature ou sur cassure. Les burins sur cassure (fig. 67k ; 68d) ont l’angle SRS le plus proche de 90° et se trouvent souvent en position latérale. La variété à l’intérieur d’un même échantillon étant grande, on ne note aucune différence significative d’angle SRS entre les burins dièdres et les burins busqués ou bien entre ces deux formes considérées comme un ensemble et les burins non dièdres. Le caractère atypique des burins busqués du niveau 8 (fig. 68g) est encore renforcé par l’absence d’une véritable différence entre l’angle SRS d’enlèvement latéral (qui, aux niveaux 7 et 6, est à un angle très aigu par rapport à l’axe de travail) et l’angle du buse (qui tend à se situer de 70° à 90° par rapport à l’axe de travail aux niveaux 7 et 6). Dans deux exemples du niveau 8, l’angle SRS de l’enlèvement latéral est en fait plus obtus que celui du busc. Les burins busqués du niveau 8 sont également atypiques dans la tendance du buse –plutôt que de l’enlèvement latéral (qui forme normalement la SRS d’un burin busqué)– à être situé sur la droite (fig. 68gh). En fait, les burins dièdres et les burins busqués du niveau 8 sont moins susceptibles que les autres burins de présenter leur SRS sur la droite.

129L’occurrence d’une SRS convexe dans les séries du niveau 8 est également inhabituellement fréquente mais cela provient en partie du ravivage de vieux burins busqués et du façonnage de burins sur de vieux grattoirs. Les burins sur troncature et sur bords ou bouts retouchés sont plus susceptibles que les autres d’avoir des formes SRS concaves. De toutes les séries de burins aurignaciens, c’est le niveau 8 qui présente les plus forts taux de positions latérales gauches et asymétriques gauches du biseau de burin ; on note la même préférence pour l’orientation à gauche dans les grattoirs ordinaires et aurignaciens du niveau 8.

130Si l’on exclut les burins doubles, les burins sur troncature, sur cassure et les burins busqués ont plus de chances de se trouver sur l’extrémité distale de la pièce‑support, tandis que les burins sur bords ou bouts retouchés ou sur pan naturel sont plus souvent façonnés sur l’extrémité proximale de la pièce‑support. Les burins dièdres semblent se trouver indifféremment sur l’une ou l’autre extrémité.

131L’analyse des attributs spécifiques des burins busqués du niveau 8 confirme le caractère atypique de ce groupe. Par rapport aux séries des burins busqués des niveaux 7 et 6, les buscs du niveau 8 sont plus longs et moins convexes, présentent plus souvent des profils droits ou concavo‑convexes, et sont modalement situés sur la droite. Cependant, quand on trouve la retouche marginale, elle est plutôt située sur la gauche, comme dans les niveaux 7 et 6. Les buscs plus longs tendent également à être façonnés sur des pièces plus étroites et vice versa. Les burins busqués du niveau 8 sont également façonnés sur des pièces‑supports plus minces que ceux des niveaux 7 et 6. Seules 2 pièces présentent une coche d’arrêt (fig. 68h), 2 montrent une aire de retouche à la base de leur enlèvements lamellaires et les 3 autres n’ont ni coche ni retouche (fig. 68g). En bref, la série des burins busqués du niveau 8 semble être un groupe de burins transitionnel dans lequel la majorité des pièces se trouvent entre les véritables burins busqués et les burins dièdres réguliers ou les burins sur pan naturel.

132Les burins dièdres (non busqués) du niveau 8 sont en général plus longs et plus épais que les autres types. Les burins sur pan naturel sont également plus épais que les burins busqués et les autres burins non dièdres. Comme les grattoirs du niveau 8, les burins du niveau 8 sont plus souvent façonnés sur des éclats et des pièces‑supports corticales et moins souvent sur des produits de ravivage que dans les autres niveaux. Les lames sont associées avec les types SRS non dièdres, à l’exception des burins sur pan naturel qui, comme les burins busqués, ont plus souvent tendance à être façonnés sur des éclats. Seulement 7 % des burins du niveau 8 sont façonnés sur du silex importé. Les pièces‑supports du niveau 8 présentent moins de retouche marginale que celles du niveau 7 : quand on trouve la retouche marginale, elle tend à être soit semi‑abrupte soit écailleuse.

7.4.4.2 Niveau 7

133L’aspect le plus frappant des 238 extrémités de burins étudiées du niveau 7 est la prédominance des burins dièdres (fig. 69k ; 70g‑i) et des burins busqués (fig. 71a‑k) qui, ensemble, constituent les deux tiers de la série. Il y a des changements marqués entre les deux niveaux dans la fréquence des attributs systématiquement associés : la largeur du biseau de burin et le nombre d’enlèvements de burins augmentent, les formes SRS concaves diminuent. Parmi les modifications qui ne sont pas liées à ces regroupements d’attributs, on note un emploi plus fréquent de la retouche marginale et une augmentation des positions latérales à droite et asymétriques à droite du biseau de burin au niveau 7. Une augmentation de l’arrondi du biseau de burin inhérente au groupe burins dièdres/burins busqués est liée de façon positive à une largeur croissante du biseau de burin. Une des manières d’agrandir la largeur du biseau de burin au niveau 7 consiste à placer le biseau à l’extrémité proximale plutôt qu’à l’extrémité distale (fig. 71f).

134Les autres différences entre les niveaux 8 et 7 concernent les attributs de la SRS que l’on peut également relier à l’augmentation marquée de fabrication de burins busqués. Les formes de SRS des burins du niveau 7 sont plus fréquemment convexes qu’au niveau 8 : même si l’on exclut les burins busqués, 10 % des burins sur troncature ou sur bords ou bouts retouchés du niveau 7 présentent des SRS convexes. Les comparaisons intratypes des angles de burins suggèrent que les burins aux formes SRS concaves ou convexes ont des angles plus aigus que les burins aux SRS droites. Tous les types SRS ont une tendance plus marquée qu’au niveau 8 à se situer sur la droite.

135Les burins dièdres ordinaires sont très différents des burins busqués à ce niveau. Les burins dièdres présentent moins d’enlèvements au maximum mais ils sont plus susceptibles que les burins busqués de présenter des enlèvements multiples sur la SRS. En effet, de tous les burins busqués du niveau 7 qui présentent des enlèvements SRS multiples, c’est le busc qui constitue la SRS dans 26 cas sur 27 (fig. 70e‑ haut ; 71b‑bas, g) et, dans tous les cas sauf 4, un seul enlèvement latéral fait face au busc. Sur 85 % des burins busqués, mais seulement 25 % des burins dièdres réguliers, un seul enlèvement latéral fait face à trois enlèvements latéraux/obliques ou plus. Les burins busqués ont des biseaux plus arrondis et plus convexes que les burins dièdres réguliers. Les burins dièdres médians ont des angles SRS plus aigus que les burins busqués médians, et ce en grande partie parce que la position médiane d’un burin busqué est généralement le résultat d’un ravivage. À la différence des burins dièdres, les burins busqués ne sont pas symétriques et il y a une plus grande différence entre les angles SRS et les angles non SRS (fig. 71de, gh) que pour les burins dièdres (fig. 70i). Enfin, les biseaux de burins des burins busqués sont positionnés de façon à utiliser du mieux possible l’épaisseur de la pièce‑support.

136L’échantillon relativement fourni de burins busqués du niveau 7 nous permet de tirer quelques conclusions sur les relations entre les attributs spécifiques de ces burins. Les différents profils de buscs ne diffèrent pas dans leur longueur générale et ne sont pas liés aux différences d’épaisseurs des pièces‑supports. Les buscs droits ont des angles de buse plus obtus (fig. 71ij) que les convexes, ce qui indique que l’angle de burin lui‑même, situé à l’intersection entre le buse et l’enlèvement latéral, est toujours constant. Les buscs arrêtés par la retouche (fig. 71 h) se trouvent sur des pièces plus étroites que ceux qui sont arrêtés par une coche, tandis que les buscs sans coche ni retouche tendent à être plus longs que les autres et à se manifester sur les pièces les plus grandes. En outre, les profils en arqués (fig. 70e ; 71ab‑haut) sont liés aux coches les plus profondes, tandis que les autres profils sont liés à la retouche ou aux coches moins profondes.

137Malgré le caractère plus typique des burins busqués du niveau 7, presque les trois quart d’entre eux présentent au moins une caractéristique « atypique » (telles que nous les avons définies plus haut), les plus courantes étant l’absence de coche (n = 38) (fig. 71i), un profil de buse droit (n = 32) (fig. 71 dfi) ou des biseaux qui ne sont ni ronds ni courbés (n = 26) (fig. 71ef). Sur les 85 pièces « atypiques », 33 présentent deux caractéristiques atypiques, 9 en présentent trois et 5 en ont quatre ou plus.

138Comme les pièces‑supports des grattoirs ordinaires et aurignaciens du niveau 7, les pièces‑supports des burins du niveau 7 sont plus grandes que celles du niveau 8. Il n’existe pas de différences comparables d’épaisseur ou de largeur des pièces‑supports entre les deux niveaux, sauf dans le cas des burins busqués du niveau 7 qui ont des pièces‑supports plus épaisses que les burins busqués du niveau 8 (et que tout autre type de burin du niveau 7). Comme dans le cas des grattoirs ordinaires du niveau 7, les lames sont plus couramment utilisées comme pièces‑supports qu’au niveau 8 et les pièces‑supports présentent plus souvent la retouche marginale, La différence entre les fréquences de retouche marginale est liée à l’augmentation au niveau 7 du taux de burins busqués qui comportent souvent la retouche marginale (même quand on exclut les coches d’arrêt et les caractéristiques de la retouche associée avec le busc) (fig. 71cdf, j). Les autres types de burins ne sont pas plus souvent retouchés que leurs équivalents du niveau 8, et les deux séries ne diffèrent pas non plus en ce qui concerne la localisation ou le type de retouche marginale quand elle existe. Dans la série du niveau 7, les burins busqués ont plus tendance à être retouchés des deux côtés ou sur la gauche (qui correspond généralement au busc ou à la partie non SRS) tandis que les autres burins sont plus souvent retouchés sur la droite (qui correspond généralement au côté de la SRS). Les burins busqués auront également plus tendance à présenter des types de retouche écailleuse, scalariforme ou aurignacienne (fig. 71 j).

7.4.4.3 Niveau 6

139Les burins du niveau 6, avec 41 biseaux étudiés, marquent un retour à la prédominance de burins réguliers, sur troncature et sur cassure. Les burins busqués de ce niveau ont des biseaux nettement plus larges (fig. 73g) qu’aux niveaux 8 ou 7 tandis que les burins sur cassure et sur pan naturel ont des biseaux plus étroits (fig. 73d) que dans les niveaux sous‑jacents. La diminution générale de la fréquence relative de burins busqués joue un grand rôle dans la diminution du nombre d’enlèvements de burins, du taux de formes de biseaux courbes ou arrondies et du taux de retouche marginale ainsi que dans l’augmentation des formes SRS concaves, et du taux d’enlèvements très obliques (fig. 73e) et obliques dorsaux (qui sont associés avec les burins sur troncature dans les trois niveaux).

140Bien que toutes les classes SRS sauf les burins sur cassure et les burins sur pan naturel soient façonnées sur des extrémités plus épaisses qu’aux niveaux 7 et 8, les burins busqués ont été façonnés de façon à permettre une utilisation maximale de l’épaisseur de la pièce‑support tandis que les autres burins tendent à être localisés sur la partie la plus mince. La plupart des burins, hormis les dièdres réguliers, sont façonnés sur l’extrémité distale de la pièce plutôt que sur l’extrémité proximale, comme au niveau 7.

141La répartition d’obliquité des burins au niveau 6 suit un modèle nettement différent de celui des niveaux 7 et 8, dans la mesure où l’emploi d’une inclinaison ventrale ou dorsale est beaucoup moins prononcée. Les burins busqués, pour lesquels la pratique de l’inclinaison du coup de burin est très développée, sont associés avec un modèle d’enlèvements scalaires ou lamellaires qui s’étendent tout au long du bord bord ventral ou dorsal de la SRS (fig. 73g). Cette forme, qui est encore plus fréquente parmi les burins du talus, est comparable au burin des « Vachons » (Perpère 1972 ; 1975 ; 1977).

142Les burins non dièdres du niveau 6 ont des angles SRS plus obtus (fig. 73d, e) qu’au niveau 7, tandis que le plus petit des deux angles des burins busqués est plus tranchant que le côté le plus aigu des burins dièdres, ce qui reflète une asymétrie plus grande entre la partie SRS et la partie non SRS des burins busqués du niveau 6. Une modification notable en faveur d’une localisation SRS sur la gauche (46 % au niveau 6 contre 27 % au niveau 7) est particulièrement visible pour les burins autres que les burins busqués : la SRS des burins sur troncature (fig. 70d), sur cassure et dièdres est localisée sur la gauche dans la majorité des cas. Les burins busqués, en revanche, ne diffèrent pas nettement de leurs équivalents du niveau 7 en ce qui concerne cet attribut. La modification en faveur d’une SRS à gauche pour les burins autres que les burins busqués s’accompagne d’un plus fort taux de localisations asymétriques et latérales droites du biseau de burin.

143L’analyse des attributs spéciaux des burins busqués nous fournit encore d’autres informations. Les buscs sans aucune forme d’arrêt constituent la catégorie modale. Les buscs plus longs sont associés avec les coches plus profondes, et les plus courts avec les coches moins profondes ou la retouche. Sur les 15 burins busqués, 14 présentent au moins une caractéristique atypique et parmi ceux‑là 6 en présentent deux ou trois. Par leur asymétrie marquée, leur orientation sur la gauche, leurs enlèvements scalaires ou lamellaires et très inclinés, leurs buscs plus droits et leur absence de formes d’arrêt, les burins busqués du niveau 6 représentent un groupement d’attributs très spécifique et nettement différent de ceux des niveaux 7 ou 8.

144Comme les pièces‑supports des grattoirs ordinaires du niveau 6, les pièces‑supports des burins du niveau 6 ressemblent plus à celles du niveau 8 qu’à celles du niveau 7. À l’exception des burins sur cassure et sur pan naturel, la série du niveau 6 est façonnée sur des pièces plus larges et plus épaisses que celles du niveau 7, notamment pour les burins dièdres réguliers qui, au niveau 6, se trouvent sur des pièces plus épaisses que les burins busqués. Le niveau 6 marque également un retour à l’emploi d’un grand nombre d’éclats et à des taux légèrement plus bas de retouche marginale. Quand on trouve la retouche marginale, elle est plus souvent localisée sur le côté gauche ou sur les deux côtés que sur le côté droit. Le style modal est toujours celui de la retouche fine mais, comme dans le cas des grattoirs, les styles « anciens » de retouche aurignacienne et de retouche écailleuse réapparaissent sur les burins du niveau 6 (fig. 73eh).

7.4.4.4 Résumé des caractéristiques des burins aurignaciens

145Fondé sur les analyses d’attributs détaillées dont les résultats les plus importants viennent d’être évoqués dans les paragraphes précédents, le résumé des caractéristiques des burins aurignaciens de l’abri Pataud et de la variabilité de leurs associations peut à présent prendre forme.

146La principale différence entre la série des burins du niveau 8 et la série des burins du niveau 7 réside dans l’augmentation du nombre de burins dièdres et de burins busqués au niveau 7. Cette augmentation est dénotée par une plus grande fréquence des attributs associés aux burins busqués : par exemple, davantage d’enlèvements de burins, des biseaux de burins plus larges, des formes plus courbes et arrondies, moins de positions latérales, des angles SRS plus aigus, une gamme de variabilité plus ample en ce qui concerne l’obliquité, davantage de SRS convexes, et davantage de retouches marginales. Les autres caractéristiques spécifiques du niveau 7 qui ne se retrouvent pas dans ces tendances, sont toutes liées aux pièces‑supports et non aux burins en soi. Ce sont, par exemple, des pièces‑supports plus longues, davantage de lames et de pièces indéterminées et un emploi plus fréquent de l’extrémité proximale.

147Pour la grande majorité des attributs de burins, le niveau 6 semble revenir aux caractéristiques du niveau 8 plutôt que continuer les tendances du niveau 7. Parmi ces tendances, on note la répartition des types SRS, un nombre décroissant d’enlèvements de burins, une diminution des formes courbes et arrondies pour les biseaux de burins, une asymétrie des angles SRS/non SRS pour les burins busqués, une concavité croissante de la SRS, une localisation sur l’extrémité distale de la pièce‑support, une convexité décroissante du biseau des burins busqués, une longueur accrue du busc et une concavité décroissante de la coche d’arrêt. Pour ce qui est des caractéristiques qui ne sont pas spécifiques aux outils, la tendance du niveau 6 à s’éloigner des normes du niveau 7 pour se rapprocher de celles du niveau 8 se retrouve dans une longueur moindre, un nombre accru d’éclats, un emploi accru de la retouche marginale et tout particulièrement des types Aurignacien et écailleux. Ce n’est que sur quelques points seulement que la série du niveau 6 continue une tendance du niveau 7 ou bien s’éloigne à la fois du niveau 7 et du niveau 8 : des biseaux de burins plus larges pour les burins busqués (engendrés par une plus grande épaisseur de la pièce‑support), davantage de burins sur cassure, des angles de buse plus obtus, une plus grande tendance à situer la SRS sur le côté gauche, davantage de positions latérales sur la gauche, une augmentation de la retouche marginale sur la gauche, et des pièces légèrement plus larges.

148Il ressort très nettement de cette analyse que la plupart des attributs des burins ne varient pas de façon indépendante mais ont les uns sur les autres des influences complexes, y compris des relations de contingence mécanique. Par exemple, le type de SRS, la largeur du biseau de burin, l’épaisseur de l’extrémité, le nombre d’enlèvements et la forme du biseau de burin sont étroitement liés ; l’obliquité, l’angle de burin et la forme SRS sont à la fois reliés entre eux et, à travers le type de SRS, au groupe précédent. L’angle SRS et la position latérale sont reliés géométriquement et (par la technique de la SRS, qui engendre des angles plus élevés et des positions plus latérales sur les burins façonnés selon des techniques non dièdres) sont mécaniquement connectés aux deux premiers groupes. En fait, les seuls paramètres qui semblent varier de façon indépendante, hormis la SRS elle‑même et les paramètres de base de la pièce‑support, sont le côté SRS (à droite ou à gauche), la localisation et le type de la retouche marginale bien que la distribution indépendante de la localisation de la retouche soit sans aucun doute affectée par une possible connection technologique avec le côté du busc du burin busqué. En résumé, les très fortes interconnections de la plupart des attributs de burins, qui tiennent plus aux contingences mécaniques qu’à des choix de modèles culturels, peuvent rendre ce type d’étude exhaustive superflu. Une simple étude des fréquences de SRS a de grandes chances d’être tout aussi efficace dans les comparaisons entre les différentes industries.

149Les interconnections que nous avons fait apparaître dans cette étude entraînent diverses conséquences qu’il nous faut souligner. Ainsi, les modifications des attributs de burins dans les niveaux de l’Aurignacien tardif à Pataud tendent‑elles à refléter des tendances déjà notées pour les grattoirs puisque les pièces‑supports utilisées sont relativement semblables. Plus technologique que fonctionnel, le changement sous‑jacent est aussi non directionnel et le niveau 6 est donc, en bien des aspects, plus proche du niveau 8 que du niveau 7. Si l’on excepte quelques différences typologiques concernant les burins busqués, il est par conséquent difficile de dégager une tendance stylistique unilinéaire dans la séquence aurignacienne de Pataud, qui serait comparable aux caractéristiques d’autres gisements aurignaciens à un seul ou à plusieurs niveaux d’occupation.

150L’analyse des attributs de burins de l’Aurignacien permet aussi de mieux comprendre les différents types spécifiques et leurs relations avec les autres outils de l’industrie. Cela est particulièrement probant dans le cas des burins busqués : on considère par exemple que le burin busqué sans coche d’arrêt n’est peut‑être pas plus atypique que celui dont le buse est droit ou dont le biseau est anguleux plutôt qu’arrondi. En fait, le but principal de la fabrication des burins busqués semblant être de créer un large biseau de burin arrondi en opposant de nombreuses petites chutes de burins très étroites à une seule chute beaucoup plus grande, la forme et la largeur du biseau semblent être des paramètres bien plus essentiels à la fonction de l’outil que l’existence d’une coche d’arrêt. Au niveau 6, par exemple, où plus de 25 % des burins busqués manquent de coches d’arrêt, 1 seul burin busqué présente un biseau d’une largeur inférieure à 6 mm, tandis que seulement 5 burins des autres types, dont 2 dièdres (fig. 73f), présentent des biseaux d’une largeur supérieure à 6 mm. La souplesse du système d’attributs développé pour l’étude de l’Aurignacien à Pataud, qui permet une analyse des similarités entre les différents types, est particulièrement importante dans le cas où existent des rapprochements graduels, comme, par exemple, entre les grattoirs à museau et les burins busqués (tabl. xxxiii). Aux niveaux 7 et 8, la largeur moyenne du biseau des burins busqués est nettement plus petite que la largeur moyenne du museau des grattoirs à museau, bien qu’il y ait un large point d’intersection entre les deux. Au niveau 6, d’un autre côté, la largeur moyenne du biseau des burins busqués est plus grande que la largeur moyenne du museau des grattoirs à museau du niveau 7. Cependant, les grattoirs à museau des trois derniers niveaux ont des museaux plus arrondis et plus convexes que tous les biseaux de burins busqués, sauf les plus convexes, et ont également des angles de profils de fronts plus obtus que l’angle équivalent du busc des burins busqués. Au niveau 8, la hauteur du profil du front des grattoirs à museau est extrêmement proche de la mensuration équivalente des burins busqués, à savoir la longueur du busc ; aux niveaux 7 et 6, au contraire, cette mensuration est nettement plus élevée pour les grattoirs à museau que pour les burins. D’autre part, les grattoirs à museau du niveau 8 sont également proches des burins busqués du niveau 8 par leur angle (angle de burin et angle de tranchant respectivement), bien que cela ne soit pas le cas aux niveaux 7 et 6.

TABL. XXXIII – Comparaison d’attributs des grattoirs aurignaciens et des burins dans trois industries aurignaciennes de l’abri Pataud. * Burins busqués (BB) et grattoirs aurignaciens (GA).

151Les catégories de profil de front/busc constituent un autre point de comparaison entre ces deux classes. Par cet aspect, ainsi que par la largeur du bord, les burins du niveau 6 sont très proches des grattoirs aurignaciens du niveau 6 ; au niveau 7, les fréquences de profils ne sont pas du tout comparables et, au niveau 8, seules les fréquences de profils concavo‑convexes sont semblables. Il apparaît donc que dans l’industrie du niveau 8, les burins busqués, qui sont peu nombreux, ressemblent aux étroits grattoirs aurignaciens, qui sont en grand nombre, par les aspects technologiques et sans doute fonctionnels de leur forme, à savoir : la longueur du busc, l’angle du busc, la fréquence de profils concavo‑convexes et l’angle du biseau. Cependant, au niveau 6, où les grattoirs à museaux ont presque totalement disparu des inventaires, la largeur du biseau des burins busqués a augmenté pour s’approcher de la largeur moyenne des museaux des grattoirs à museaux des niveaux antérieurs mais les burins busqués n’ont par ailleurs rien d’autre en commun avec les grattoirs à museau.

7.5 Résumé et conclusions

152L’analyse des industries de l’Aurignacien à Pataud était destinée à étudier la variabilité à deux niveaux différents :
– au niveau intra‑industriel, à l’intérieur d’une même industrie, où l’on mettait l’accent sur les agglomérats d’attributs et cherchait à préciser la nature déterminante de tels regroupements ;
– au niveau interindustriel, entre les industries différentes, où l’on se préoccupait de l’existence et de la signification du changement avec le temps des attributs, types et regroupements d’attributs.

153On peut, pour ces deux niveaux, évaluer les résultats de l’étude aurignacienne dans une perspective régionale et offrir quelques explications provisoires pour certaines des tendances observées.

154Au niveau intra‑industriel, l’analyse met en lumière des modèles stables d’associations d’attributs, particulièrement pour les burins où des biseaux droits et étroits à un seul enlèvement, une SRS non dièdre, un angle SRS élevé et une position latérale à asymétrique sur la pièce‑support forment un agglomérat dans les trois séries de burins aurignaciens à Pataud. De tels regroupements d’attributs statistiquement signifiants sont plus rares pour la catégorie des grattoirs, ce qui est probablement dû au haut degré de variation à l’intérieur même d’une catégorie d’attributs, comme le reflètent les grands écarts‑type des attributs métriques ou les taux élevés de formes « irrégulières ». Un agglomérat stable qui apparaît dans la plupart des niveaux, toutefois, associe la retouche convergente, des pièces‑supports à section triangulaire, des contours en pointe ou ogivaux et des contours « arrondis » ou très convexes. Les associations d’attributs sont particulièrement utiles pour l’étude et la redéfinition de sous‑groupes typologiques spéciaux comme celui des burins busqués.

155En outre, l’analyse d’attributs permet un examen des relations entre les classes d’outils les plus importantes dans un même niveau. Par exemple, si l’on excepte la répartion de la retouche marginale, les pièces‑supports des grattoirs et les pièces‑supports des burins sont grossièrement semblables dans chacun des trois niveaux supérieurs (6, 7 et 8), bien que les pièces‑supports des burins tendent à être plus épaisses que celles des grattoirs au niveau 7. L’examen des similarités entre types est particulièrement utile dans les cas de rapprochements graduels, comme entre les grattoirs aurignaciens et les burins busqués. Ici, l’analyse suggère que les burins busqués sont peut‑être nés de l’application à des bords épais de la pièce d’une technologie qui à l’origine servait à façonner des grattoirs étroits mais surélevés. Dans les séries de Pataud, le burin busqué se développe pour recouvrir et finalement remplacer le domaine morphologique (dimensions, formes et angles) du biseau/front, caractéristique des grattoirs à museau.

156Un examen des associations d’attributs dégagées par l’analyse donne à penser que la plupart d’entre elles, dans toutes les grandes catégories d’outils étudiées, sont le fait de contingences mécaniques plutôt que de choix conditionnés par la culture. Le seul attribut qui, dans la plupart des catégories, semble ne pas être contingent par rapport aux autres est l’orientation de la partie active de l’outil, à droite ou à gauche de l’axe de travail. Le type et l’étendue de la retouche marginale semblent également indépendants, dans une large mesure, des attributs de la partie active de l’outil et ce dans toutes les collections données.

157La prévalence des contingences mécaniques permet d’expliquer la stabilité des regroupements d’attributs, non seulement d’une industrie aurignacienne à une autre, mais également entre les industries aurignaciennes et celles du Périgordien et du Noaillien. L’analyse de Bricker sur les burins du Périgordien moyen (Bricker 1973 ; chap. 6 supra) démontre que les burins dièdres ont des biseaux plus épais, des enlèvements plus nombreux sur le côté principal, des biseaux plus « arrondis » ou convexes, que les fréquences d’orientations asymétriques et médianes y sont plus élevées que pour les burins sur troncature, qui sont intermédiaires, ou que pour les burins sur cassure –qui ont les biseaux les plus étroits– les enlèvements les moins nombreux, les biseaux les plus droits et les fréquences les plus élevées de positions latérales. David est parvenu à des résultats semblables pour les burins du niveau 4 (Noaillien) (David 1985 ; supra chap. 5) sauf pour les industries noailliennes tardives de la subdivision supérieure où la production de burins du Raysse affecte les relations entre les burins sur troncature et les burins dièdres. Si l’on met en parallèle les niveaux aurignaciens et périgordiens, il apparaît alors que les regroupements d’attributs des grattoirs soient également comparables, dans une large mesure, bien que les fréquences d’attributs individuels soient très spécifiques. En effet, la persistance de regroupements à travers toute une longue série d’industries totalement divergentes constitue en soi un argument en faveur de la nature mécanique des associations de base. Cependant, comme nous l’avons suggéré dans le paragraphe consacré aux grattoirs, le rôle du choix stylistique revêt parfois quelque importance sous une apparence d’association contingente.

158Au niveau interindustriel, l’analyse de Pataud a confirmé l’importance d’un certain nombre de tendances chronologiques inhérentes à l’Aurignacien. Ces tendances reflètent avant tout un progrès dans les capacités technologiques, mais elles peuvent également être partiellement associées aux grandes perturbations climatologiques, suggérant alors un facteur d’adaptation général ou économique.

159Par un retour inattendu au paradigme classique, nous pouvons dire que l’industrie en os et en bois de Renne constitue l’un des indicateurs les plus sensibles de changements de technologies et de modèles culturels à l’Aurignacien. Dans l’Aurignacien ancien, les pointes en os à base fendue représentent une technologie primitive du travail de l’os, qui connaissait la technique du ciseau sans pour autant l’utiliser de façon extensive. Un grand coin ou ciseau atteste la présence d’une technologie plus grossière encore qui se retrouve aussi dans l’absence générale de lissage et de polissage des pointes et dans le fait que l’on ne trouve qu’un seul lissoir. Ces niveaux anciens sont également caractérisés par des fréquences relativement élevées de coquillages marins ou fossiles et d’objets perforés, en particulier des dents de Renard ainsi que par des pointes « triangulaires » à base non fendue, bien connues dans les niveaux anciens de l’Aurignacien en Charente. Dans les niveaux ultérieurs, et surtout au niveau 7, l’évolution de la technologie du travail de l’os est dénotée par une utilisation croissante de la technique du ciseau, davantage de lissage et de polissage, et une modification de la section transversale des articles organiques qui, de grossièrement quadrilatérale, devient parfaitement biconvexe ou elliptique. En outre, les objets de parure et les objets ornés sont relativement moins nombreux et d’apparence plus spécifique : les crâches de Cerf remplacent les canines de Renard comme principaux objets perforés pour la suspension, les os incisés présentent maintenant des colorations d’ocre rouge et des mélanges d’os et de matériel colorant apparaissent pour la première fois, ainsi que des « crayons » ocres. On ne rencontre pas, aux niveaux supérieurs, cette technique qui consiste à séparer des fragments d’os en rainurant partiellement la pièce de façon transversale puis en pliant le fragment le long de ces rainures jusqu’à ce qu’il casse et qu’il en résulte une languette et une base fendue, ou un enlèvement en éclat.

160Le passage des pointes à base fendue aux sagaies losangiques n’est qu’un des aspects les plus frappants d’une importante tendance d’évolution sous‑jacente de la technologie du travail de l’os. La coexistence de sagaies losangiques et de pointes à base fendue aux niveaux anciens de l’Aurignacienne nie pas véritablement cette tendance si l’on considère que, comme à Pataud, les sagaies losangiques de l’Aurignacien ancien sont en fait très grossièrement façonnées et n’ont que peu de points communs avec leurs équivalents à l’Aurignacien intermédiaire ou « typique ».

161Quand les industries de Pataud sont replacées dans le contexte d’autres séries de gisements comportant plusieurs niveaux aurignaciens (cf. § 7.2.10 supra)., les tendances qui se dégagent de l’analyse lithique sont avant tout celles que l’on connaît déjà bien et qui reflètent un développement technologique sous‑jacent. La première de ces tendances est la rareté ou l’absence de burins dans les premiers niveaux aurignaciens ; on note également la tendance des premières industries du burin à être dominées par les burins sur troncature plutôt que par les formes aurignaciennes classiques, comme le burin busqué qui n’apparaît qu’à un stade ultérieur de l’évolution. Chanlat, en Corrèze, constitue une exception de taille : les deux niveaux présentent des indices de burins relativement élevés (Sonneville‑Bordes 1960 : 251‑253, tabl. XVI), bien que le groupe de burins busqués soit réduit (n = 9) au niveau inférieur.

162La seconde tendance que nous remarquons est la diminution au cours du temps de la retouche marginale aurignacienne et des grandes lames épaisses (si on les trouve encore). Comme nous le notons plus bas, cette tendance n’est pas toujours linéaire mais elle dénote cependant une modification des variables technologiques sous‑jacentes, surtout si la retouche est utilisée dans les niveaux inférieurs afin de réduire la variation de largeur des pièces. Même les sites corréziens de Chanlat et Coûmba‑del‑Bouïtou marquent une diminution de la retouche marginale du niveau inférieur au niveau supérieur. Avec un système d’attributs différents, Hahn a également postulé un changement technologique dans le traitement des lames entre les niveaux anciens et tardifs de l’Aurignacien (Hahn 1970 ; 1972 ; 1977).

163A l’intérieur des séries de Pataud, l’analyse d’attributs n’a révélé que très peu de nouvelles tendances qui seraient temporellement directionnelles et exemptes d’oscillations trop importantes. Dans la série des grattoirs, la retouche convergente diminue régulièrement avec le temps. Tandis que l’épaisseur de la pièce‑support, l’épaisseur du tranchant, l’angle de la retouche et le pourcentage d’éclats comme pièces‑supports augmentent généralement avec le temps, cette tendance croissante est brutalement interrompue au niveau 7 par un retour à des modèles antérieurs. De même, le niveau 6 marque une cassure dans la tendance générale vers une diminution de la retouche marginale et une augmentation de la largeur du front de grattoir ainsi qu’un éloignement par rapport à la tendance de croissance des contours peu ronds. Aucun de ces attributs, donc, ne présente de ligne directionnelle simple dans le temps.

164Les grattoirs aurignaciens, qui constituent une classe d’outils bien plus hétérogène, manquent eux aussi de tendances unidirectionnelles dans le temps. La série est caractérisée par une alternance entre les formes rondes et en pointe, les différents profils de fronts convexes et les orientations à droite ou à gauche. Le niveau 6, particulièrement, représente un retour aux modèles antérieurs pour la plupart des attributs de grattoirs aurignaciens.

165Les attributs de burins ont des lignes de changement temporelles qui sont très semblables à celles des attributs de grattoirs, ce qui suggère un changement technologique sous‑jacent commun. Comme pour les grattoirs, le niveau 7 constitue une anomalie pour beaucoup d’attributs concernant à la fois les pièces‑supports et les biseaux de burins, tandis que le niveau 6, par bien des aspects, marque un retour aux tendances du niveau 8. Les seules tendances établies aux niveaux 8 et 7 et continuées au niveau 6 sont de plus larges biseaux de burins busqués, de plus grandes largeurs des pièces‑supports et un taux plus élevé d’orientations sur la gauche.

166Cependant, la grande majorité des comparaisons d’attributs au niveau interindustriel reflètent des tendances dominées par l’oscillation et une variabilité non directionnelle. L’élucidation de cette absence de structuration est compliquée par un haut degré de variabilité au niveau intra‑industriel que reflètent à la fois les pourcentages élevés de pièces assignées à des catégories « irrégulières » et les écarts‑type élevés d’attributs. Quand on note des différences statistiquement importantes entre les niveaux, les tendances sont presque toujours non directionnelles.

167Seul un très petit nombre des observations que l’on peut faire sur le changement temporel à l’Aurignacien sont constamment valides pour tous les gisements étudiés.

168En outre, aucun niveau de Pataud n’est strictement comparable à aucune des séries anciennes des gisements de La Ferrassie ou de Castanet ni, en fait, à aucune autre série. Hormis les grandes tendances de la retouche marginale et les caractéristiques du burin busqué, dont nous venons de parler, on n’a pu dégager que très peu de constance à l’intérieur d’un même gisement ou entre les gisements dans le pourcentage des divers attributs. L’analyse statistique de Schaffer sur les attributs des grattoirs de Pataud et d’autres gisements (Schaffer 1981) montre que, en termes de fréquence d’attributs parmi les gisements comportant plusieurs niveaux aurignaciens, le niveau le plus proche de n’importe quel niveau donné était toujours un niveau du même site, sans considérations chronologiques.

169Le fait que les matériels lithiques présentent un degré de diversité régionale bien plus élevé au Paléolithique supérieur qu’aux stades antérieurs a pu laisser croire que les facteurs « stylistiques » avaient joué un rôle majeur dans la détermination des modèles de variabilité lithique. Or, la principale conclusion de cette étude montre qu’une telle tendance, qui devrait être spécifique dans le temps et dans l’espace, ne se retrouve pas, ou très peu, dans les matériels lithiques aurignaciens. Des types d’outils tels que le burin des Vachons, la lamelle Dufour et la pointe de Font‑Yves, qui devaient être caractéristiques des sites aurignaciens de la Charente pour le premier (Perpère 1972 ; 1975 ; 1977) et de l’Aurignacien corrézien pour les deux autres (Pradel 1956 ; 1968 ; 1970), se retrouvent tous dans les niveaux aurignaciens tardifs de Pataud. Delporte a déjà fait remarquer la variabilité et la non‑linéarité croissante des niveaux aurignaciens tardifs ou évolués en particulier et en a fait la démonstration dans son analyse des niveaux aurignaciens tardifs de La Ferrassie (Delporte, Mazière 1977 ; Djindjian 1977). Bien que dans les industries aurignaciennes anciennes on note des différences d’un gisement à l’autre dans l’importance de la retouche marginale et le pourcentage de burins, elles sont plus semblables entre elles que ne le sont les industries aurignaciennes plus tardives.

170Comment interpréter cette tendance de variation non directionnelle, dans laquelle les niveaux anciens font preuve de plus de constance interindustrielle que les niveaux tardifs ? On peut émettre deux hypothèses qui ne s’excluent pas l’une l’autre. La première serait le potentiel croissant d’expression d’une diversité culturelle à mesure que les habiletés techniques évoluent : mais dans ce cas, il faudrait alors se demander pourquoi les industries plus récentes ne font pas preuve de plus de spécificité régionale que les plus anciennes. La seconde explication serait un retour à l’hypothèse « fonctionnelle » de L. et S. Binford (Binford, Binford 1966), bien qu’à l’Aurignacien, tout comme au Moustérien, l’on trouve peu de preuves de localisations différentielles de gisements ou d’autres signes permettant de confirmer l’idée que les différences interindustrielles reflètent des différences d’activités entre les gisements. D’autre part, certaines des différences d’attributs spécifiques que nous avons rencontrées durant l’analyse ne peuvent s’expliquer en termes fonctionnels.

171Un des nouveaux témoignages les plus intéressants est l’apparente augmentation de différences de faune entre les gisements pendant la phase climatique « Périgord III » du Würm III par rapport à la phase « Périgord II » précédente, pour employer la terminologie de Laville (Laville 1975 ; 1976 ; Laville et al. 1980). Durant la période de froid intense de la phase Périgord II, l’animal qui prédomine dans tous les gisements étudiés par Delpech est le Renne (Delpech 1975) ; durant la période suivante, plus douce (phase Périgord III), Roc de Combe (plus exposé, dans la vallée de la Dordogne) garde une prédominance du Renne mais à La Ferrassie ce sont les Bovins qui prennent la tête, tandis que le Cerf devient de plus en plus courant aux Rois (Mouton, Joffroy 1958) et que les restes de Cheval sont en nette augmentation à Pataud (Bouchud 1975 ; Spiess 1976). Cette variabilité croissante de la faune selon les gisements, qui reflète peut‑être des types de chasse plus opportunistes dans un environnement plus fluctuant et donc moins prévisible, peut être relié à la variabilité croissante des industries lithiques entre les gisements. En outre, les objets de parure et autres objets impliquant une tradition esthétique peuvent refléter une modification de la fonction de ces objets ainsi que des réseaux d’échanges qui sous‑tendent leur acquisition. Dans une certaine mesure, les réponses des habitants aurignaciens du sud‑ouest de la France aux améliorations climatiques peuvent être comparées à la transition du Mésolithique dans la même région : à ces deux époques, l’innovation technologique s’accompagne d’une plus grande diversité des outillages lithiques et des moyens de subsistence, d’une apparente réduction des activités impliquant de très grands groupes et des contacts lointains et d’horizons d’occupation moins nombreux et moins intensifs.

172Tandis que ces interprétations ne doivent pas être considérées comme définitives, elles suggèrent que la plupart des hypothèses sur la nature et les causes sous‑jacentes de la variabilité interindustrielle au Paléolithique supérieur, contrairement au Paléolithique moyen, ne sont pas valables pour l’Aurignacien du sud‑ouest de la France. En outre, l’étude de l’abri Pataud nous a montré que la tradition aurignacienne est fondamentalement différente de certaines parties de la tradition périgordienne, tant par la cohérence interne ou les variantes de formes que par la façon dont la variabilité « stylistique » se reflète plus ou moins dans les matériels lithiques et par les relations écologiques que supposent les vestiges de faune. Dans l’Espagne cantabrienne, Freeman a interprété le fait que les vestiges animaux aurignaciens manquaient de spécialisation (Strauss 1977) comme le résultat de la continuation d’un modèle de chasse opportuniste hérité du Moustérien (Freeman 1978). Bien que plus au nord le Renne ait pu servir de base à la première adaptation hautement spécialisée de chasse humaine, à l’Aurignacien inférieur cette adaptation allait de pair avec une structure de variabilité dans les outillages qui avait plus de liens avec le Moustérien qu’avec le Solutréen ou le Magdalénien. Envisagée sous cette angle, la « révolution » du Paléolithique supérieur ne fut guère soudaine mais s’effectua sur une durée plus longue que les révolutions néolithique, urbaine et industrielle réunies. Enfin, l’intrigante corrélation entre l’augmentation de la variabilité entre les gisements à la fois pour la faune et pour l’outillage, d’une part, et l’amélioration climatique d’autre part, ainsi que les modifications apparues dans la nature des objets symboliques et artistiques, indiquent d’intéressantes pistes de recherche pour l’avenir.

Annexes

Annexe 2 Analyse spatiale des niveaux 8 : moyen, 8 : inférieur et 12 de l’abri Pataud

Une étude spatiale des vestiges archéologiques de trois niveaux aurignaciens à l’abri Pataud (Benco 1981) fournit des informations sur l’étendue, la localisation et la composition des aires d’activité, des processus d’emplacement et des associations d’objets. Cette étude se fonde sur les données spatiales, relevées par unités de fouille (carrés de 2 x 2 m et de 1 x 1 m), concernant les outils lithiques, les restes de faune et les produits de débitage non retouchés des niveaux 12, 8 : Inférieur et 8 : Moyen. Ces niveaux ont été choisis pour l’analyse parce qu’ils contenaient des structures culturelles telles que des foyers et une quantité modérée d’objets archéologiques (tabl. xxxiv). L’analyse comprend des techniques à la fois visuelles et quantitatives, y compris des mesures non paramétriques d’analyses d’associations et de regroupements.

TABL. XXXIV –Nombre des outils retouchés, des produits de débitage non retouchés et des déchets de faune dans une sélection de niveaux aurignaciens de l’abri Pataud.

Aires d’activité

L’analyse révèle de discrètes concentrations de matériels archéologiques pour chacun des trois sols d’habitat. La marque la plus visible de localisations spatiales apparaît au niveau 8 : Moyen qui est une portion de surface d’occupation d’Aurignacien intermédiaire et comporte un seul foyer (foyer A), situé vers l’avant de l’abri (fig. 80) : la plus grande partie de la surface à l’arrière de l’abri a été enlevée par les activités des habitants ultérieurs. Presque 90 % des outils retouchés, tous les produits de débitage non retouchés et la moitié des restes de faune sont concentrés dans deux unités de fouille (les carrés III‑B et III‑C) qui touchent le foyer ; cette aire est appelée Aire d’Activité A. Un carré adjacent (II[N]‑B) contient encore 30 % des restes de faune. Les carrés situés plus loin du foyer ne contiennent que des traces de matériel culturel. L’industrie lithique de l’Aire d’Activité A (tabl. xxxv) est constituée en majorité de grattoirs aurignaciens (22 %), burins (18 %) et lamelles Dufour (18 %). Un très grand nombre (77 %) de produits de débitage sont des éclats cassés ; les autres sont des éclats complets ou bulbaires (Collins, données non publiées). La faune représente des Rennes, des Bovidés et des Chevaux (Spiess 1979 et données non publiées).

FIG. 80 – Localisation de l’Aire d’Activité A (hachurée) au niveau 8 : Moyen. Le foyer A (noir) se situe à l’avant d’une petite dépression ovale et étroite. La partie arrière du niveau d’occupation a été enlevée par le creusement d’une plus grande dépression (ligne pointillés) contemporaine des occupants du niveau 7.

TABL. XXXV – Pourcentage des principales catégories d’outils dans les différentes aires d’activité.

On trouve les traces de deux regroupements discrets d’objets archéologiques au niveau 8 : Inférieur, un sol d’occupation de l’Aurignacien intermédiaire présentant un foyer partiellement tronqué (foyer Z) à l’arrière de l’abri (fig. 81). Près de la moitié du matériel archéologique est concentré dans une petite aire horizontale le long de l’avant de l’abri (carrés II[N]‑B, III‑B et IV‑B) que l’on appelle Aire d’Activité B. Dans cette aire même, le matériel est encore séparé en différentes zones : les outils –surtout des burins (20 %), des grattoirs aurignaciens (23 %) et de diverses pièces à quelques retouches (MRPs) (23 %)– sont regroupés dans la tranchée II(N). Les produits de débitage non retouchés sont concentrés dans la tranchée III. Les restes de faune, qui sont constitués de petites quantités de fragments d’os longs et d’os canons de Cheval et de Bovins, se trouvent dans la tranchée IV où il se peut qu’ils aient été jetés après extraction de la moëlle. Un deuxième lot du matériel culturel du niveau 8 : Inférieur (40 % du total) est regroupé dans les quatre unités qui jouxtent le foyer (carrés III‑D, IV‑D, III‑E et IV‑E) et forment l’Aire d’Activité C. Contrairement à celui de l’Aire d’Activité B, l’inventaire des outils retouchés de l’Aire d’Activité C est essentiellement composé de lames retouchées (19 %), de grattoirs (16 %) et de nucléus (16 %). La moitié environ des produits de débitage non retouchés sont des éclats cassés. Les agglomérats d’outils, restes de faune et produits de débitage non retouchés se recouvrent dans cette aire qui ne présente pas le même degré de ségrégation spatiale que l’Aire d’Activité B.

FIG. 81 – Localisations des Aires d’Activité B et C (hachurées) et du foyer Z (noir) du niveau 8 : Inférieur. Une petite partie du niveau d’occupation adjacente au foyer Z a été enlevée lors du creusement de la cuvette d’un foyer (ligne pointillée) du niveau 7.

À la différence des deux autres surfaces d’occupation, le niveau 12 présente deux aires contiguës de concentration d’objets (fig. 82). L’Aire d’Activité D, à l’avant de l’abri (carrés III‑A et IV‑A), contient environ la moitié des outils, un tiers des produits de débitage non retouchés et à peu près 15 % des restes de faune retrouvés dans ce niveau. L’industrie est dominée par les pièces à quelques retouches (27 %) et, à un moindre degré, par les pièces à encoche et denticulées (16 %), les lames retouchées (15 %) et les grattoirs (14 %). Dans l’aire d’Activité E, au fond de l’abri, qui recouvre trois carrés adjacents aux foyers P, Q, R et S (II[N]‑B, III‑B, II[N]‑C), sont regroupés un tiers des outils, 40 % des produits de débitage et plus de 80 % des restes de faune. L’inventaire des outils est dominé par les grattoirs (28 %) et les lames retouchées (25 %). Les nombreux déchets de faune, dont une grande partie se trouve dans les foyers, sont surtout des os longs, crânes et tissu spongieux de Cheval, de Renne et de Bovidés. Les produits de débitage non retouchés des deux aires sont composés de proportions presque égales de fragments d’éclats cassés (40 %), complets (34 %) et bulbaires (26 %).

FIG. 82 – Localisations des Aires d’Activité D et E (hachurées) au niveau 12 et 12 : Talus. Les quatre foyers (noirs) sont, dans le sens des aiguilles d’une montre à partir de l’inférieur gauche, les foyers R, Q, P et S. La partie arrière de l’occupation a été enlevée lors du creusement des fosses et des foyers du niveau 11.

Processus de formation

Une étude comparative des densités des aires d’activité donne quelques idées sur les processus de formation. Comme l’indique le tableau xxxvi, l’Aire d’Activité A du niveau 8 : Moyen présente une densité extrêmement élevée en matériel culturel par rapport aux autres concentrations d’objets. Cette aire contient deux fois plus d’outils et dix fois plus de produits de débitage non retouchés par mètre carré que la seconde aire la plus dense. Cette densité extrême et sa brutale diminution dans les unités adjacentes donne véritablement à penser que l’Aire d’Activité A fut utilisée comme aire de rejet secondaire, peut‑être après des opérations de nettoyage et balayage à l’intérieur de l’abri. La présence de toute une gamme de types d’outils et d’une proportion relativement élevée d’éclats cassés vient confirmer cette conclusion. Un quotient également élevé de produits de débitage non retouchés par rapport aux outils indique que cette aire pourrait bien aussi avoir été un lieu de production d’outils, ainsi qu’un lieu servant à toute une gamme d’activités liées à un camp de base.

TABL. XXXVI – Densité des outils retouchés, produits de débitage non retouchés et déchets de faune dans les différentes aires d’activité.

Les Aires d’Activité D et E du niveau 12 sont caractérisées par une densité très élevée en restes de faune et moyennement élevée, par rapport à d’autres aires, en outils et produits de débitage non retouchés, ce qui alimente l’hypothèse selon laquelle ce niveau représente une surface d’occupation multiple ou très longue (Spiess 1979). En outre, l’absence d’associations d’outils bien marquées à ce niveau suggère que des occupations répétées ont fini par produire un « palimpseste » confus. Comparées à ces aires, les Aires d’Activité B et C du niveau 8 : Inférieur contiennent de faibles densités de matériel archéologique. Ces faibles densités, leur foyer unique et les rares restes de faune semblent indiquer que ces aires, séparées par une zone contenant très peu de matériel archéologiques, sont dues à une occupation unique ou très courte.

Associations d’objets archéologiques

Certaines associations spatiales d’objets sont évidentes. Les grattoirs et les lames retouchées, dont Brooks a noté les formes relativement similaires (Brooks 1979), sont bien associés dans certaines unités des niveaux 8 : Inférieur et 8 : Moyen mais pas au niveau 12. En outre, ces deux types d’outils sont étroitement associés aux pièces avec quelques retouches, qui sont peut‑être une variante des lames retouchées. La prédominance des grattoirs et lames retouchées dans des aires situées à proximité des foyers donne à penser que ces outils pouvaient avoir une fonction liée à la cuisson ou à l’utilisation du feu.

Les burins et les grattoirs aurignaciens, dont Brooks (Brooks 1979) a mis en relief certaines ressemblances, semblent être associés aux niveaux 8 : Inférieur et 8 : Moyen mais non au niveau 12 où l’on ne les trouve qu’en faible quantité. Les grattoirs aurignaciens sont également très fortement liés avec les nucléus, à la fois au niveau 12 et au niveau 8 : Inférieur. Les agglomérats de burins et de grattoirs aurignaciens dans des aires situées près de l’entrée de l’abri et loin des foyers semblent indiquer que ces outils avaient des fonctions qui n’étaient pas directement liées à la cuisson ou à l’utilisation de la chaleur.

Enfin, une structure apparaît nettement : la ségrégation entre les concentrations d’outils, de restes de faune et de produits de débitage, à l’intérieur d’une même aire d’activité. La tendance la plus frappante et la plus régulière est l’absence ou quasi‑absence de produits de débitage dans les unités qui présentent de fortes concentrations de restes de faune, c’est‑à‑dire les Aires d’Activité A, B, C et E. D’un autre côté, les aires qui présentent de gros agglomérats de produits de débitage contiennent des quantités modérées de restes de faune, à l’exception de l’Aire d’Activité D où l’on n’a relevé que quelques petits fragments. Une telle structure laisse supposer que les unités qui étaient des aires de préparation ou de consommation des produits animaux n’étaient pas utilisées pour les activités de production d’outils. En revanche, les centres de production d’outils tendaient eux aussi à contenir des restes de faune. Ces aires fonctionnaient peut‑être comme zones primaires de rejet.

Bien que cette recherche ait permis de relever une certaine structure dans la distribution spatiale des vestiges archéologiques de trois niveaux aurignaciens de Pataud, il convient d’élucider plus amplement cette structure et sa signification par des analyses de micro‑traces d’usure des objets lithiques et des analyses spatiales des autres gisements paléolithiques de la Dordogne.

Notes

1 Les collections comparatives de musée étudiées pour cette recherche sont : La Ferrassie F, H, H’, H" (Dordogne) (Peyrony 1934) ; Castanet A, C (Dordogne) (Peyrony 1935) ; Chanlat inférieure et supérieure (Corrèze) (Bardon et al. 1907) ; Font‑Yves, uniquement les lamelles Dufour et pointes de Font‑Yves (Corrèze) (Bouyssonie et al. 1913) ; deux collections de chacune des couches 1 et 2 des abris nos 1 et 2 des Vachons (Charente) (Bouyssonie, Sonneville‑Bordes 1957 ; Perpère 1977) et trois collections (B, A2, A1) des Rois (Charente) (Mouton, Joffroy 1958 ; Perpère 1975).

2 Conformément aux études typologiques des autres collections aurignaciennes du Périgord (Sonneville‑Bordes 1960), les pièces que l’on appelle « lames aurignaciennes » présentent au moins trois styles de retouche marginale envahissante dans le système Pataud (Movius et al. 1968 ; Tixier et al. 1980 : 92, fig. 34) : écailleuse, scalariforme et aurignacienne).

Table des illustrations

Légende FIG. 58 – Graphiques cumulatifs des industries du niveau 14 (ligne en pointillés ; n = 160) et du niveau 13 (ligne continue ; n = 36).
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Légende FIG. 59 – Graphiques cumulatifs des industries du niveau 12 (ligne en pointillés ; n = 98), du niveau 11 (ligne continue ; n = 606) et de l’éboulis de l’intervalle 8‑11 (ligne à tirets ; n = 77).
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Légende FIG. 60 – Graphiques cumulatifs pour les industries du niveau 8 (ligne en pointillés ; n = 98), du niveau 7 (ligne continue ; n = 609) et du niveau 6 (ligne à tirets ; n = 366).
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Légende TABL. XXII – Inventaire typologique des industries aurignaciennes de l’abri Pataud (aire de fouille principale).
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Légende TABL. XXIII – Indices typologiques de l’Aurignacien de l’abri Pataud ; pourcentages des principales classes typologiques. * Pourcentages calculés à partir de la liste de 92 types de Sonneville‑Bordes, Perrot 1954; 1955 ; 1956a ; 1956b. ** Les indices correspondant aux industries à très faible proportion de burins sont indiqués entre parenthèses.
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Légende FIG. 61 – Industrie lithique du niveau 14. a‑e grattoirs ; f grattoir mixte ; g grattoir caréné ; h grattoir à museau ; i grattoir sur lame aurignacienne avec pointe émoussée à l’extrémité opposée.N. B. La différence de qualité des fig. 61 à 77 est liée à celle des originaux (détails fin du § 7.2.1).
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Légende FIG. 62 – Industrie lithique des niveaux 14 (a‑g) et 13 (h‑m). a pointe grossière/perçoir ; b tentative de façonnage d’un burin ; c lamelle Dufour ; d lame retouchée ; ek lames étranglées ; f pièce esquillée ; gm pointes émoussées sur lames retouchées ; h grattoir ; i grattoir à museau ; j burin sur cassure (ou burin de fortune) ; I pic.
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Légende FIG. 63 – Industrie lithique du niveau 12. a‑g grattoirs ; hikln grattoirs carénés ; j pointe retouchée ; m lamelle Dufour. 
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Légende FIG. 64 – Industrie lithique du niveau 11. a‑i grattoirs ; j grattoir (surélevé) ; k grattoir mixte ; l petit grattoir circulaire sur éclat ; m‑o grattoirs carénés.
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Légende FIG. 65 – Industrie lithique du niveau 11. a grattoir caréné ; b grattoir (double) à museau ; c grattoir en éventail avec pointe retouchée à l’extrémité opposée ; d‑f becs ; g outil composite (burin sur cassure ou burin de fortune + grattoir) ; h tentative de production d’un burin sur extrémité retouchée ou un grattoir esquillé ; i pointe retouchée ; j pièce esquillée ; k lame retouchée ; l grattoir esquillé ; mn racloirs ; o pic. 
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Légende FIG. 66 – Industrie lithique de l’éboulis 8‑11 (a‑e) et du niveau 8 (f‑l). a‑c, f‑l grattoirs ; dkl grattoirs carénés ; e grattoir à épaulement ; j grattoir surélevé sur éclat.
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Légende FIG. 67 – Industrie lithique du niveau 8. ab grattoirs carénés ; c‑i grattoirs à museau ; j outil composite (burin sur troncature + grattoir) ; k outil composite (burin sur cassure + grattoir) ; lm perçoirs.
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Légende FIG. 68 – Industrie lithique du niveau 8. ab burins sur troncature ; c burin sur troncature (double) ; d burin sur cassure ; e burin dièdre ; f burin transversal sur encoche ; gh burins busqués atypiques ; i burin multiple mixte (dièdre + sur troncature) ; j pièce tronquée ; k racloir ; l‑o lamelles Dufour (x2) ; p pointe denticulée grossière sur éclat.
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Légende FIG. 69 – Industrie lithique du niveau 7. a‑i grattoirs ; j grattoir mixte ; k outil composite (burin dièdre + grattoir) ; I grattoir caréné ; m grattoir à museau. 
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Légende FIG. 70 – Industrie lithique du niveau 7. a grattoir surélevé très atypique sur éclat (double) ; b burin caréné passant à grattoir ; c burin sur extrémité retouchée ; d burin sur troncature ; e burin multiple mixte (burin busqué + burin sur troncature) ; f burin sur cassure (multiple) ; gh burins dièdres ; I burin dièdre (multiple). 
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Légende FIG. 71 – Industrie lithique du niveau 7. a‑k burins busqués. 
Crédits P. Laurent del./CNRS ; éch. 2/3
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Légende FIG. 72 – Industrie lithique des niveaux 7 (a‑f) et 6 (g‑p). a pièce tronquée ; bc lames retouchées ; d lamelle Dufour ; e pièce esquillée ; f pointe retouchée ; g‑k grattoirs ; I grattoir surélevé très atypique sur éclat circulaire ; m grattoir caréné double (inverse/obverse) ; n grattoir caréné (type en pointe) ; op grattoirs à museau.
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Légende FIG. 73 – Industrie lithique du niveau 6. a outil composite (burin busqué + grattoir) ; b perçoir ; c bec ; d burin sur cassure ; e burin sur troncature ; f burin dièdre ; g burin busqué (type Vachons) ; hI burins busqués ; j lame aurignacienne ; k pièce esquiliée ; lm pointes de Font‑Yves ; no lamelles Dufour ; p pointes retouchées ; q pic.
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Légende TABL. XXV – Inventaire des éléments de parure et des objets perforés ou incisés des industries aurignaciennes de l’abri Pataud. * Perforé à partir d’un côté. ** Perforé à partir de deux côtés. X Présence.
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Légende FIG. 74 – Objets perforés et incisés des niveaux 14 (ab), 12 (cd), 11 (e‑gl‑n), de l’éboulis 8‑11 (h) et des niveaux 8 (i) et 7 (jk). a coquillage perforé ; b‑j dents perforées ; k caillou perforé ; ln os perforé ; m ivoire perforée.
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Légende FIG. 75 – Objets incisés en os et en bois de Renne des niveaux 14 (a), 11 (b, c), de l’éboulis 8‑11 (d) et du niveau 8 (ef).
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Légende TABL. XXVI – Inventaire des outils en bois de Renne ou en os dans les industries aurignaciennes de l’abri Pataud.
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Légende FIG. 76 – Industrie osseuse du niveau 14. a pointe ; bc poinçons ; d objet spatulé. 
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Légende FIG. 77 –Industrie osseuse du niveau 11. ab pointes en os à base fendue ; c sagaie losangique ; df pointes triangulaires ; e pointe ; g‑i poinçons ; j épingle ; k pointe émoussée ou chasse‑lame ; l pièce à languette ; m lissoir. 
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Légende FIG. 78 – Industrie osseuse du niveau 8. ab poinçons ou alènes ; c coin.
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Légende FIG. 79 – Industrie osseuse du niveau 7. ab sagaies losangiques ; c pointe triangulaire ; d‑f poinçons ; g‑k poinçons ou alènes ; lm épingles ; n,   lissoirs. 
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Légende TABL. XXVII – Répartition des différentes formes de front et autres attributs des grattoirs ordinaires de l’Aurignacien de l’abri Pataud (le nombre très faible des grattoirs des niveaux 13, 12 et Eb. 8‑11 n’ont pas été pris en compte) ; les valeurs données ici sont le pourcentage de chaque attribut par rapport au nombre total dans l’échantillon étudié (N). * N = nombre total d’extrémités sur lesquelles cette caractéristique est observable. ** N = nombre total de pièces portant un ou plusieurs grattoirs, à l’exclusion des outils composites.
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Légende TABL. XXVIII – Répartition des longueurs maximales et autres attributs des grattoirs ordinaires dans les Industries aurignaciennes de l’abri Pataud ; les valeurs sont celles de la moyenne X, de l’écart‑type s et du nombre des objets N. * Objets entiers seulement.
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Légende TABL. XXIX – Répartition des classes et autres attributs des grattoirs aurignaciens dans les industries aurignaciennes de l’abri Pataud ; les valeurs données correspondent au pourcentage de chaque attribut par rapport au nombre total dans l’échantillon étudié (N).
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Légende TABL. XXX – Répartition des largeurs de fronts et autres attributs des grattoirs aurignaciens de l’abri Pataud ; les valeurs données sont la moyenne ± l’écart‑type et l’échantillon (N).
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Légende TABL. XXXI – Répartition des types de SRS et autres attributs des burins de l’Aurignacien de l’abri Pataud ; les valeurs données correspondent au pourcentage de chaque attribut par rapport au nombre total dans l’échantillon étudié (N). * Tous les burins busqués sont techniquement dièdres, à l’exception de 2 exemplaires dans le niveau 8, 4 dans le niveau 7 et 3 dans le niveau 6, qui sont sur des bords ou bouts retouchés ou non. ** Les obliquités étant calculées pour les deux côtés des burins busqués, le nombre total de biseaux est le nombre de biseaux de burins + le nombre de biseaux busqués. *** 2 catégories d’obliquité adjacentes (par exemple : oblique dorsale et latérale, latérale et oblique, oblique et très oblique) ; 3 catégories adjacentes (oblique dorsale à oblique, latérale à très oblique, oblique à plan) ; 4 catégories adjacentes (oblique dorsale à très oblique, latérale à plan) ; toutes les catégories (oblique dorsale à plan).
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Légende TABL. XXXII – Répartition des largeurs de biseau et autres attributs des burins des industries aurignaciennes de l’abri Pataud ; les valeurs données sont les moyennes ± l’écart‑type et le nombre des objets (n). * Ceci indique l’augmentation ou la réduction de l’épaisseur par la création du biseau.
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Légende TABL. XXXIII – Comparaison d’attributs des grattoirs aurignaciens et des burins dans trois industries aurignaciennes de l’abri Pataud. * Burins busqués (BB) et grattoirs aurignaciens (GA).
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Légende TABL. XXXIV –Nombre des outils retouchés, des produits de débitage non retouchés et des déchets de faune dans une sélection de niveaux aurignaciens de l’abri Pataud.
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Légende FIG. 80 – Localisation de l’Aire d’Activité A (hachurée) au niveau 8 : Moyen. Le foyer A (noir) se situe à l’avant d’une petite dépression ovale et étroite. La partie arrière du niveau d’occupation a été enlevée par le creusement d’une plus grande dépression (ligne pointillés) contemporaine des occupants du niveau 7.
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Légende TABL. XXXV – Pourcentage des principales catégories d’outils dans les différentes aires d’activité.
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Légende FIG. 81 – Localisations des Aires d’Activité B et C (hachurées) et du foyer Z (noir) du niveau 8 : Inférieur. Une petite partie du niveau d’occupation adjacente au foyer Z a été enlevée lors du creusement de la cuvette d’un foyer (ligne pointillée) du niveau 7.
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Légende FIG. 82 – Localisations des Aires d’Activité D et E (hachurées) au niveau 12 et 12 : Talus. Les quatre foyers (noirs) sont, dans le sens des aiguilles d’une montre à partir de l’inférieur gauche, les foyers R, Q, P et S. La partie arrière de l’occupation a été enlevée lors du creusement des fosses et des foyers du niveau 11.
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Légende TABL. XXXVI – Densité des outils retouchés, produits de débitage non retouchés et déchets de faune dans les différentes aires d’activité.
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© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1995

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