4.1 Introduction

1L’étude des matériels archéologiques du niveau 3 de l’abri Pataud (ou Pataud : 3) fut entreprise à différents moments durant les années 60 par trois étudiants de Hallam L. Movius, afin de fournir des données comparatives destinées à des dissertations doctorales qu’ils préparaient sur d’autres sujets (David 1966 ; Clay 1968 ; Bricker 1973). Une analyse descriptive fondée sur deux de ces travaux antérieurs a plus récemment fait l’objet d’une monographie (Bricker, David 1984) et ce chapitre est un résumé des informations contenues dans cette monographie. L’un des buts de ce travail sur l’abri Pataud était de développer et d’appliquer les méthodes de l’« analyse d’attributs » (Movius et al. 1968 ; Movius, Brooks 1971 ; Clay 1976), et les données sur les attributs des outils du Périgordien VI sont présentées de façon exhaustive dans la monographie. Nous évoquons ici certains des résultats de ces analyses, mais nous ne pouvons, dans les limites de cet ouvrage, présenter les données elles‑mêmes.

2Ce que le système de nomenclature stratigraphique utilisé à l’abri Pataud appelle « niveau 3 » (Movius 1975a et b ; 1977) est en fait une séquence stratifée d’unités de dépôts naturels et de structures artificielles, représentant six occupations successives mais discontinues de l’abri Pataud par des gens fabriquant des outils du Périgordien VI. L’occupation la mieux représentée dans la portion de l’abri fouillée par Movius est la quatrième. Les vestiges archéologiques de cette occupation sont situés au milieu de l’épaisse unité stratigraphique appelée niveau 3 : lentille 2. Cette occupation était centrée autour d’une structure mi‑naturelle, mi‑artificielle, d’environ 6 m x 1,50 m, que Movius a appelée « habitat en long » (long‑house) (Movius 1977 : 43, 44, fig. 12). Cette structure, qui fut très probablement remise à neuf plusieurs fois, fut utilisée sur une période relativement longue et la plupart des matériels archéologiques du Périgordien VI du niveau 3 sont associés à cette quatrième occupation.

3L’échantillon archéologique que nous pouvons étudier ici comprend des témoins façonnés en pierre, os, bois de Renne, ivoire et coquillage, mais ne comporte pas les produits de débitage non retouchés qui font l’objet d’une étude distincte dont seuls les résultats préliminaires sont disponibles (Collins 1975 : 39‑40). Plus de 90 % des objets étudiés proviennent de la lentille 2, mais comme il n’était pas possible durant les fouilles de conserver une séparation stratigraphique constante des horizons de cette lentille, et comme les échantillons des autres occupations antérieures et postérieures étaient très réduits, nous avons utilisé pour notre analyse un échantillon commun d’objets des six occupations, que nous avons traité comme une « industrie unitaire du niveau 3 ».

4.2 Graphiques cumulatifs et indices

4L’industrie du niveau 3 (à l’exception des produits de débitage) contient plus de 2 000 objets, dont 1 309 sont décrits ici selon les termes des inventaires (Sonneville‑Bordes, Perrot 1954 ; 1955 ; 1956a ; 1956b) et des indices (Sonneville‑Bordes 1954 : 200‑201) typologiques standards (tabl. xi) et sont inclus dans le graphique cumulatif (fig. 22). On y trouve également 54 lames à quelques retouches, 88 éclats à quelques retouches, 13 burins trop fragmentés pour être classifiés, 397 nucléus et les 211 objets inventoriés dans le tableau xii. La figure 22 montre aussi le graphique cumulatif d’un échantillon groupé des unités « tardives » du niveau 5 de Pataud (Périgordien moyen tardif), avec lequel on compare l’industrie du niveau 3 plus loin dans ce chapitre (cf. infra § 4.4), Un grand nombre d’objets de l’industrie du niveau 3 ont été dessinés par Pierre Laurent et le corpus complet de ces illustrations a été publié précédemment (Bricker, David 1984). Nous reproduisons ici, dans les figures 23 à 27 une large sélection de ces illustrations.

5Parmi les grattoirs (IG = 13,76), les formes doubles ou ogivales sont rares, et les grattoirs sur lames retouchées ne sont quasiment pas représentés. Les outils inventoriés sous les rubriques grattoirs sur éclats, racloirs et grattoirs carénés atypiques sont présentés plus en détail aux § 4.3.1 et 4.3.2 infra ; ce que nous appelons des « grattoirs sur éclats informes », qui sont particulièrement caractéristiques de l’industrie du niveau 3, ne se distinguent pas aisément dans la liste des types standards. Les outils composites, quels qu’ils soient, sont rares. Les petites séries de perçoirs (fig. 26z) et becs (fig. 25t) (IP = 1,75) sont morphologiquement variées ; la plupart de ces outils sont façonnés sur des lames, et certains sont assez grands.

6Les burins (IB = 31,39), qui sont bien plus nombreux que les grattoirs, sont en grande partie des burins sur troncature (IBt = 18,49). Les burins dièdres sont encore moins fréquents que ne le laisse supposer leur index (IBd = 7,33), puisque la moitié des objets compris dans cette catégorie sont en fait des burins sur cassure ou des burins sur pan naturel. Les burins multiples sur troncature sont très nombreux et représentent 5,04 % de tous les outils du graphique. Deux des petits burins sur troncature, bien qu’ils n’aient pas de coche d’arrêt, peuvent être appelés burins de Noailles ; on ne trouve pas de burins du Raysse ni de burins‑pointe (Movius, David 1970). Un certain nombre de burins dièdres transversaux et de burins transversaux sur troncature latérale, faits à partir d’éclats épais, forment une sorte de burin distincte qui est caractéristique du niveau 3.

7Les outils à bords abattus du niveau 3 sont surtout des pointes de La Gravette (sensu lato) de différentes tailles, qui représentent 20,32 % des outils du graphique (total qui comprend les types 48, 49 et 51). La plupart des pointes de La Gravette sont petites (type 51). On ne trouve pas de fléchettes, pointes à cran périgordiennes, pointes de Font‑Robert, ni d’éléments tronqués. Les autres outils à bords abattus, y compris les lamelles segmentées à bords abattus, sont étudiés plus loin au § 4.3.6.

8Les pièces tronquées ne sont pas très nombreuses au niveau 3. La valeur élevée de l’Indice de Groupe Caractéristique Périgordien (GP = 30,94) vient avant tout du taux élevé d’outils à bords abattus. Les pièces à retouche marginale ne sont pas fréquentes ; quand on a affaire à une retouche marginale, elle est généralement caractérisée par de petits enlèvements sur un seul bord. Les 12 objets inventoriés sous le type 92 comprennent 5 pointes retouchées (fig. 25n), 5 pendeloques (fig. 26r) et 2 chopping‑tools.

9En plus des outils qui sont inclus dans le graphique cumulatif, l’industrie du niveau 3 comprend 397 nucléus (y compris les fragments et ébauches), dont la plupart sont des variétés de silex local des alentours des Eyzies. Les objets lithiques autres que les silex et les objets organiques sont inventoriés dans le tableau xii et sont brièvement décrits plus loin (cf. infra § 4.3.10 à 4.3.13).

4.3 Description des principales classes d’outils

10Les descriptions des principales classes d’outils de l’industrie du niveau 3, qui apparaissent dans ce chapitre, obéissent à la terminologie mise au point pour l’analyse d’attributs qui a été plus longuement définie et illustrée dans un autre ouvrage (Movius et al. 1968). Les échantillons sur lesquels se fondent ces analyses ne sont pas identiques aux échantillons sur lesquels se fondait l’inventaire à 92 types précédent (cf. supra § 4.2) et ce pour deux raisons. Tout d’abord, les outils trop endommagés ont été exclus des séries analysées. Et d’autre part, nous avons parfois jugé utile de regrouper les outils selon d’autres groupes que ceux qui sont définis par le lexique de Sonneville‑Bordes et Perrot. Les deux approches se recoupent souvent, mais comme elles répondent à deux objectifs très différents, elles ne sont pas identiques.

4.3.1 Grattoirs sur bout de lame ou d’éclat

11L’échantillon étudié de grattoirs sur bout de lame du niveau 3 comprend 195 tranchants de grattoirs : 32 sur des grattoirs doubles (fig. 23b, f), 22 sur des outils composites (fig. 23c, i) et le reste sur des outils simples. La forme de tranchant la plus répandue est l’arc de cercle (fig. 23d, j, k), suivi de près par l’asymétrique (fig. 23a, e) puis par l’irrégulier (fig. 23g). Les formes aplaties ou ogivales sont rares. L’angle modal pour la retouche du tranchant est « moyen » (entre 51 et 75°), mais les grattoirs aux tranchants irréguliers sont, en moyenne, beaucoup plus émoussés. La configuration (délinéation) de la retouche du tranchant est le plus souvent non convergente (fig. 23h), plutôt que semi‑convergente ou convergente. Une légère majorité des tranchants sont « montés » asymétriquement sur la pièce‑support, c’est‑à‑dire qu’une ligne tracée entre les coins du tranchant ne serait pas perpendiculaire à l’axe long de la pièce‑support. Une orientation asymétrique du tranchant vers la droite (fig. 23e) est plus fréquente qu’une orientation vers la gauche. Les moyennes de largeur et d’épaisseur des tranchants sont respectivement de 26,49 mm et 7,48 mm.

12Les trois quarts environ des grattoirs sont sur lames et le reste sur des éclats. La majorité des grattoirs simples se trouvent à l’extrémité distale de la pièce‑support. On note un taux à peu près égal de contours de pièces‑supports parallèles (fig. 23b) et irréguliers (non rectilignes) (fig. 23e, j). Les côtés rectilignes mais non parallèles (en éventail par exemple) sont rares. Un peu plus de la moitié des pièces‑supports présentent une coupe transversale triangulaire juste derrière le tranchant et l’on relève des taux moins élevés, mais égaux entre eux, de sections trapézoïdales et informes. Moins de 20 % des grattoirs sur bout de lame du niveau 3 comportent une quelconque retouche marginale (fig. 23f). Quand on trouve une telle retouche, elle affecte le plus souvent le tiers antérieur de la pièce et est de la variété « fine ».

4.3.2 Autres grattoirs

13Le niveau 3 contient un petit nombre de grattoirs autres que des grattoirs sur bout de lame. Les plus nombreux et les plus caractéristiques sont des outils que nous avons appelés « grattoirs sur éclats informes » (fig. 23l, m). Ces outils sont taillés sur des éclats irréguliers et souvent corticaux ; le ou les tranchant(s), d’une longueur limitée mais d’un contour souvent très régulier, se présentent sous des orientations diverses, souvent sur un coin ou toute autre projection de la pièce‑support. Les caractéristiques de ces tranchants sont telles que si on les trouvait au bout d’une lame ou d’une autre pièce‑support allongée, ces outils seraient très semblables aux grattoirs sur bout de lame du niveau 3. Une série d’analyses statistiques sur la répartition des attributs a démontré que les grattoirs sur éclats informes ne sont pas significativement différents des grattoirs sur bout de lame en ce qui concerne la plupart des attributs du tranchant. Ces tranchants, qui ressemblent à des grattoirs sur bout de lame appliqués sur le coin le plus commode d’un éclat informe, ne sont pas, bien entendu, des grattoirs sur bout de lame mais ils semblent bien représenter une « extension » du mode technologique de ces dernierts à une pièce‑support différent. Quoi qu’il en soit, ils constituent un élément distinctif de l’industrie du niveau 3. Leur présence au cirque de la Patrie, au nord du Périgord, montre qu’ils sont plus largement distribués durant la fin du Périgordien supérieur (Cheynier 1962 : 85, fig. XII, n^os 2 et 3 ; Schmider 1971 : 32, fig. 9, n^o 3).

14Parmi les autres grattoirs du niveau 3, on trouve des grattoirs circulaires ou subcirculaires sur des éclats relativement grands et épais (fig. 26s). Ces outils sont plus épais, plus émoussés et différents des coupoirs du Périgordien moyen (Bricker 1973 : 673‑686), qui sont absents du niveau 3. Le reste de la série des grattoirs est composé de 5 racloirs et de 3 grattoirs épais divers.

4.3.3 Couteaux asymétriques

15Bien qu’il n’y ait que 2 couteaux asymétriques dans le niveau 3, tous deux en sont des exemples incontestables et il est clair que cet outil distinctif connu du Périgordien moyen (Bricker 1973 : 687‑696) est également présent au Périgordien VI.

4.3.4 Burins

16L’échantillon des burins du niveau 3 que nous avons utilisé pour l’analyse d’attributs comprend 505 biseaux de burins : 266 sur des outils simples, 122 sur des burins doubles ou multiples, 24 sur des burins triples, 64 sur des burins mixtes et 29 sur des outils composites. La plupart des analyses ont été conduites séparément pour les burins de différents « types SRS ». La SRS, ou « le plan de frappe du coup de burin » (Movius et al. 1968 : 23‑24), est la surface à partir de laquelle le dernier (ou unique) coup de burin fut taillé pour compléter la création d’un biseau de burin. Les trois grands types SRS sont : dièdre (fig. 24a, c, e, h ; 25d, g), sur troncature retouchée (fig. 24b, d, i ; 25a, c, e, h, j) et sur cassure (fig. 25b, l). Les quatre autres types SRS (les types mineurs) sont : les bords (fig. 25f) et bouts (fig. 25i) retouchés (souvent compris dans les burins sur troncature), et les bords (fig. 25k) et bouts (fig. 24k) non retouchés ou burins sur pans naturels. Nous avons également redivisé la classe des burins dièdres en nous fondant sur l’observation d’une répartition bimodale de la position latérale du biseau (Movius et al. 1968 : 34, fig. 18) et de sa combinaison avec d’autres attributs. On trouve un taux élevé d’orientations « médianes » (fig. 24a, c, e) et « latérales » (fig. 25d), et un taux très bas d’orientations « asymétriques » qui sont angulairement intermédiaires entre les deux premières (la variation mesurée par cette série d’attributs n’est pas la même que celle qui permet de faire la distinction entre les types 27, 28 et 29 du lexique de Sonneville‑Bordes et Perrot).

17Un trait distinctif de la série de burins du niveau 3 est la majorité écrasante de burins sur troncature, qui forment environ les deux tiers de la série de burins. Les burins sur cassure et les burins dièdres sont moins fréquents et les types SRS mineurs sont rares. Bien que sur quelques burins (moins de 10 % de la série) la SRS ait été modifiée par de petits enlèvements avant le dernier coup de burin (par exemple, modification dièdre sur un SRS sur troncature retouchée, cf. fig. 24g‑haut), la modification appelée « tertiaire » du biseau de burin, qui est si importante pour la fabrication de certains burins de tradition noaillienne (Movius, David 1970), n’est pas une caractéristique de la série de burins du niveau 3.

18La grande majorité des burins dièdres, sur troncature et sur cassure, sont faits sur des lames bien que parmi ces types les burins dièdres, et surtout la variété « latérale » (fig. 25d), présentent le taux le plus élevé d’éclats comme pièces‑supports. Près de la moitié des types mineurs de SRS sont fabriqués sur des éclats. Les burins dièdres sont les plus longs et les plus larges (longueur et largeur moyenne de tous les spécimens : 76,13 mm et 29,12 mm respectivement), suivis par les burins sur troncature puis par les burins sur cassure (55,96 mm et 24,48 mm). Le fait que les burins sur troncature double (par exemple, fig. 24f) soient plus longs (longueur et largeur moyennes de 68,00 mm et 24,98 mm, respectivement) que les burins sur troncature simple (62,45 mm et 25,03 mm) laisse à penser que les tailleurs sélectionnaient les pièces‑supports les plus longues pour les outils doubles. L’« épaisseur proche du biseau », l’épaisseur maximale de la pièce‑support que l’on puisse mesurer dans les 10 mm autour du biseau, est plus grande pour les burins dièdres et les types SRS mineurs (moyennes d’environ 10 à 13 mm), moindre pour les burins sur cassure (environ 7 mm) et intermédiaire pour les burins sur troncature (environ 8 mm).

19Les angles moyens du biseau pour les burins sur troncature, les burins sur cassure et les types SRS mineurs sont très semblables et varient entre 71 et 74°. Les extrêmes sont occupés par les burins dièdres, les dièdres « médians » étant les plus aigus (angle moyen d’environ 65°) et les dièdres latéraux les plus émoussés (environ 80°). Les biseaux droits sont majoritaires dans tous les types SRS mis à part les burins dièdres ; pour ces derniers, environ la moitié des biseaux sont droits, un tiers sont anguleux et les autres sont irréguliers, courbés ou arrondis. Parmi les grands types SRS, les biseaux de burins les plus larges sont ceux des burins dièdres (une moyenne de 7,73 mm), suivis des burins sur troncature (4,74 mm) et des burins sur cassure (3,80 mm) mais tous les types mineurs ont des biseaux plus larges encore (moyennes supérieures à 8 mm). Dans la plupart des cas, ces écarts recoupent les différences d’épaisseur des pièces‑supports, ce qui suggère un choix culturel dans le genre de pièce‑support choisi pour les divers types de burins. Nous avons déjà parlé de la répartition de la position latérale du biseau de burin pour les burins dièdres. L’orientation médiane pour les autres types SRS est rare, sauf dans le cas des biseaux de burins sur les bords retouchés. La localisation du biseau de burin à droite ou à gauche de la ligne centrale de la pièce intervient de façon à peu près égale pour les burins sur troncature. Les biseaux des burins dièdres latéraux et des burins sur cassure se trouvent le plus souvent à droite du centre.

20L’obliquité du biseau de burin est une autre caractéristique qui varie beaucoup selon le type SRS. Les biseaux des burins dièdres sont en majorité latéraux (approximativement à angle droit par rapport à la face ventrale) (fig. 24h‑bas), ceux des burins sur troncature sont en majorité obliques (modérément inclinés vers la face ventrale) (fig. 25a), et ceux des burins sur cassure ont des taux à peu près égaux de latéraux et d’obliques. Une inclinaison ventrale extrême, ce qui produit de vrais burins plans, est très rare. Pour les burins sur troncature où la retouche de la troncature rejoint la ventrale selon un angle légèrement inférieur à 90° (ce qui est souvent le cas), un coup de burin incliné vers la face ventrale produit un biseau de burin légèrement plus aigu que celui qui aurait été produit par un enlèvement latéral. Dans ce cas, la création d’un biseau de burin oblique était peut‑être une pratique intentionnelle destinée à produire des biseaux plus aigus ; en effet, dans la série des burins sur troncature du niveau 3, l’angle moyen du biseau diminue de façon notable avec une inclinaison ventrale accrue. L’angle du SRS par rapport à l’axe de travail de l’outil est moindre pour les burins dièdres « médians » (moyenne d’environ 35°), beaucoup plus élevé pour les autres types SRS majeurs (environ 68 à 71°), et intermédiaire pour les types SRS mineurs (environ 58 à 63°). La forme du SRS sur tous les burins sauf les burins sur troncature est en majorité droite (fig. 24a ; 25g), mais presque les deux tiers des burins sur troncature ont une forme SRS concave (fig. 24i). L’emploi de la concavité du SRS semble avoir été un autre moyen intentionnel de rendre plus aigu le biseau de burin. L’angle moyen du biseau dans la série des burins sur troncature du niveau 3 diminue avec l’augmentation du degré de concavité du SRS.

21Environ 44 % des burins (à l’exception de ceux qui se trouvent sur des outils composites) sont associés à un ou plusieurs autres burins sur une même pièce‑support. C’est là une proportion de burins multiples beaucoup plus élevée qu’au niveau 5, bien qu’il s’agisse d’une tendance continue. Comme au niveau 5, les mêmes types SRS tendent à être associés entre eux sur une même pièce (fig. 24c, d, f, h, j ; 25e) ; les burins mixtes (fig. 23n ; 24g) sont moins fréquents. En revanche, il n’existe aucune prédétermination pour l’association des burins avec d’autres types d’outils dans les outils composites. Les retouches marginales sont extrêmement rares dans la série des burins du niveau 3, puisqu’elles concernent moins de 5 % des pièces ; quand on les trouve, elles sont souvent lourdes. Les burins transversaux ne sont pas fréquents (environ 5 % de tous les burins) mais un nombre relativement élevé d’entre eux sont des burins dièdres « latéraux » ou des burins sur le bord retouché d’éclats épais, qui forment des séries morphologiques distinctes (fig. 23n ; 25f, g). L’utilisation de coches d’arrêt est quasiment inexistante au niveau 3 ; même les deux petits burins sur troncature que l’on peut considérer comme des burins de Noailles ne présentent pas de coches d’arrêt (fig. 24j),

4.3.5 Pointes de La Gravette

22L’échantillon étudié de pointes de La Gravette (y compris ce que le lexique standard classe sous Gravettes atypiques et microgravettes) du niveau 3 contient 266 objets : 29 outils complets ou presque complets (fig. 26a‑g), 55 pointes fragmentaires (fig. 26h‑j), 107 segments cassés aux deux extrémités (fig. 26k, y) et 75 bases fragmentaires (fig. 261, m, o, p). Presque toutes les pièces (environ 96 %) présentent un bord entièrement abattu, un peu plus souvent sur la marge droite (55,35 %) que sur la marge gauche. La majorité des pointes de La Gravette ont des abattements forts (86,09 %), des abattements bidirectionnels (61,28 %) et des coupes transversales triangulaires (82,71 %). Le bord opposé au bord abattu est le plus souvent (39,85 %) non retouché et net de traces d’utilisation ou de détérioration macroscopiques. Les bords modifiés sont presque également répartis entre l’utilisation (fig. 26h) (32,71 %) et la retouche (27,44 %). Quand on a affaire à une telle retouche, elle est le plus souvent partielle et obverse (fig. 26e, i).

23Environ un tiers des bases de Gravette étaient formées sans l’aide de la retouche sur le bord opposé au bord abattu à l’extrémité postérieure (fig. 26m). Sur la plupart de ces bases non retouchées, cependant, la ligne d’abattement avait fait disparaître le talon original de la pièce‑support. Sur les bases formées avec retouche, les fréquences de la retouche obverse (fig. 26o) et inverse (fig. 26b, d) sont presque égales. La retouche obverse‑inverse (enlèvements sur les deux faces affectant le même bord) n’est pas fréquente. Le fait que 21,57 % de tous les talons comportent la retouche « Vachons » envahissante et inverse constitue une caractéristique importante de la série des pointes de La Gravette du niveau 3 (fig. 261, p). À l’extrémité antérieure de l’outil, le traitement de pointe le plus fréquent est le non retouché, suivi, dans l’ordre, de retouches obverse, inverse et obverse‑inverse. La retouche Vachons se retrouve sur 14,67 % des pointes (fig. 26a).

24La répartition des largeurs des pointes de La Gravette est en quelque sorte bimodale et un examen plus poussé, selon la technique de la régression partielle, a prouvé qu’il y a bien en fait deux différentes sortes de pointes de La Gravette au niveau 3 et qu’elles peuvent être différenciées par leurs dimensions. Le sous‑groupe des plus petites, ou sous‑groupe AB (n = 254), a des moyennes respectives de longueur, largeur et épaisseur d’environ 37 mm, 5 mm et 3 mm (fig. 26c‑g) ; les mêmes valeurs pour le sous‑groupe C, ou sous‑groupe des plus grandes (n = 12), sont d’environ 82 mm, 10 mm et 5mm (fig. 26a, b). En un sens, ces données confirment la distinction faite dans la typologie de Sonneville‑Bordes et Perrot entre « Gravettes » et « microgravettes », mais ces termes peuvent être très trompeurs : bien que des sous‑groupes de tailles statistiquement valables de pointes de La Gravette se retrouvent dans beaucoup d’industries du Périgordien moyen et supérieur (Bricker 1973), les divisions métriques sont différentes selon les industries et, dans certains cas, on trouve plus de deux groupes. Pour un échantillon groupé de toutes les pointes de La Gravette du niveau 3, les moyennes respectives de longueur, largeur et épaisseur sont de 39,57 mm, 4,85 mm et 2,74 mm. Globalement, les pointes de La Gravette sont courtes, étroites par rapport à leur épaisseur et très « pointues ». Presque tous les spécimens complets ont une forme grossière de côtés parallèles ou sous‑parallèles ; la forme de type « Châtelperron » ne se trouve pas au niveau 3.

4.3.6 Autres outils à bords abattus

2522 pièces à bords partiellement abattus dans l’industrie du niveau 3 s’interprètent comme des sous‑produits de la fabrication de pointes de La Gravette qui ont été cassés durant la taille ou non terminés pour d’autres raisons (fig. 25r, 26n). L’abattement sur ces pièces commence à l’une des extrémités et est travaillé jusqu’au milieu, en conformité avec la séquence des étapes de fabrication des pointes de La Gravette telle qu’elle a été déterminée pour les collections du Périgordien moyen du niveau 5 à l’abri Pataud (Bricker 1973 : 263, fig. 6‑1). La plupart des autres outils à bords abattus du niveau 3 sont les produits finis ou les sous‑produits de la technique de fabrication des lamelles segmentées à bords abattus (Clay 1968 ; Movius et al. 1968 : 49‑53 ; Movius 1968). Ils comprennent 14 lamelles à dos tronquées (fig. 26t, u), avec des troncatures retouchées à l’une des extrémités ou aux deux, et 22 lamelles à cran (fig. 26q) qui sont les sous‑produits spécifiques de cette technique. Sur tous ces outils, l’abattement commence par le milieu de la pièce, conformément à la séquence de fabrication déterminée par Clay (Movius et al. 1968 : 51, fig. 28) pour le Protomagdalénien au niveau 2 de l’abri Pataud, dans lequel les lamelles segmentées à bords abattus sont les principaux outils à bords abattus. Il y a, enfin, 4 pièces avec divers abattements partiels, 4 avec des abattements irréguliers, 3 lames à dos complètement abattues mais sans pointes et 5 lamelles à dos complètement abattues mais sans pointes ; bien qu’il s’agisse vraisemblablement de sous‑produits, on ne peut les lier en toute connaissance de cause ni aux pointes de La Gravette ni aux lamelles à dos tronquées.

4.3.7 Pièces tronquées

26Dans l’échantillon étudié de 62 pièces tronquées du niveau 3, la répartition de l’angle de troncature (homologue de l’angle SRS des burins sur troncature) est bimodale, avec des modes à 60 et 80°. Un examen des pièces tronquées le plus à l’oblique, qui contribuent au mode des 60°, montre que la plupart d’entre elles présentent une certaine usure, visible avec un grossissement de seulement 10, qui affecte la partie ventrale du bord de la pièce sur et autour de la pointe créée par l’intersection de la troncature oblique avec l’un des bords de la pièce. On dénombre 25 de ces pièces, que nous avons appelées « perçoirs sur troncature » dans l’industrie du niveau 3 (fig. 25q, s) ; elles sont toutes faites à partir de lames, l’angle de troncature varie entre 30 et 60° et les moyennes de longueur et de largeur de ces pièces sont respectivement de 73,5 mm et 22,5 mm. Bien que l’hypothèse, dérivée de la forme d’usure, qui ferait de ces pièces des outils perçants soit nouvelle, il n’est en pas de même pour la reconnaissance de leur réalité typologique au Périgordien supérieur tardif : Peyrony a reconnu comme caractéristiques de son « Périgordien III » à Laugerie‑Haute des outils qui sont clairement des perçoirs sur troncature (Peyrony, Peyrony 1938), et Cheynier a décrit des pièces semblables provenant du cirque de la Patrie sous le nom de « coutelas » (Cheynier 1962 : 82).

27Les autres pièces moins obliquement tronquées ont sans aucun doute des fonctions hétérogènes. Leur angle de troncature modal est de 80°, ce qui est la valeur modale des burins sur troncature du niveau 3, et certaines d’entre elles sont probablement des burins non taillés.

4.3.8 Pièces à retouche marginale

28La retouche marginale est de faible importance au niveau 3 et l’on ne trouve que 28 lames et 3 éclats qui portent la retouche marginale et qui ne fassent pas partie d’une autre classe d’outils (fig. 25p). Sur ces pièces, c’est la retouche fine qui prédomine et les fréquences de retouche semi‑abrupte ou écailleuse sont moindres.

4.3.9 Nucléus et variétés de silex

29L’industrie du niveau 3 contient 291 nucléus classifiables, 25 fragments de nucléus et 81 nodules et gros morceaux légèrement travaillés qui sont peut‑être des ébauches de nucléus. La grande majorité (74,23 %) des nucléus classifiables ont une forme prismatique, soit allongée, soit plus courte et plus plate. Les deux tiers environ des nucléus prismatiques allongés ont deux plans de frappe « opposés », situés aux extrémités opposées de la pièce mais du même côté, dont on a enlevé des lames. Sur les nucléus prismatiques plus courts et plats, on trouve plus fréquemment un seul plan de frappe ; quand il y en a deux, ils suivent généralement le même schéma d’« opposé ». A peu près un quart des nucléus classifiables ont des formes globulaires ou irrégulières, et l’on trouve quelques exemples de nucléus pyramidaux ou tabulaires.

30Dans l’échantillon total de 397 objets, 383 (96,47 %) sont faits de diverses variétés de silex campanien ou coniacien qui se trouvent dans les environs des Eyzies, et les 14 autres (3,56 %) sont faits de silex « non local » maestrichtien qui vient probablement des alentours de Bergerac, à 35‑40 km à l’ouest‑sud‑ouest des Eyzies (Bricker 1975). Ces données sur l’échantillon des nucléus contrastent fortement avec celles des outils retouchés du niveau 3. Bien que nous n’ayons pas relevé systématiquement les variétés de silex de tous les outils retouchés dans notre étude des attributs, un échantillon spécial de 410 burins et 217 grattoirs révéla que 33,41 % des burins et 23,04 % des grattoirs étaient façonnés sur du silex maestrichtien non local. Nous ne pouvons bien sûr tirer aucune conclusion définitive en l’absence de données sur les produits de débitage non retouchés, mais la grande différence de proportion de silex non local entre les nucléus et les outils retouchés laisse envisager qu’une grande partie des outils faits de silex maestrichtien n’ont pas été taillés à l’abri Pataud mais y ont été apportés déjà finis.

4.3.10 Objets lithiques autres que les silex

31Bien qu’ils n’aient pas été inventoriés ou étudiés dans l’industrie du niveau 3, un grand nombre d’objets présentant des traces d’activité artistique ont été exhumés durant les fouilles de ce niveau. Le plus frappant de ces objets, qui malheureusement n’a pas été retrouvé in situ, est ce que l’on appelle la « Vénus de Pataud », une gravure en bas‑relief représentant une jeune femme, gravée sur un petit fragment tabulaire de calcaire (environ 19 x 14 x 5 cm) (Movius, Vallois 1959 ; Movius 1960 ; 1977 : 47‑49). L’un des gros blocs de calcaire provenant de la chute de plafond et servant de mur avant à la structure d’« habitat en long » de la lentille 2 présente un motif « serpentin » de lignes curvilinéaires et de ponctuations profondément gravé (Movius 1977 : 51, pl. 33). 2 petits galets de calcaire dolomitique roulés par l’eau (dont l’un servait de retouchoir, comme nous le mentionnons plus bas) sont ornés de gravures de têtes d’animaux (id. : 50, fig. g et 52, fig. h). Le plus grand ensemble d’objets d’art que l’on puisse probablement associer aux occupations du Périgordien VI de l’abri Pataud consiste en plusieurs centaines de plaques calcaires provenant des chutes de plafond gravées et/ou peintes (rouge, noir, blanc), dont la plupart font partie des dépôts d’éboulis stériles (éboulis 2‑3) qui recouvrent directement le niveau 3 (id. : 47‑53). Le plafond et les parois de l’abri étaient probablement très décorés durant les occupations du niveau 3 et cette preuve importante d’activité artistique est une des caractéristiques majeures du Périgordien VI à Pataud.

32Parmi les autres objets de pierre, on trouve 1 grand chopper de granit, 9 grands percuteurs de quartz et de granit, 2 broyeurs en grès, la partie antérieure d’ 1 grand biface acheuléen et 1 petit biface cordiforme typique du Moustérien de la tradition acheuléenne. Les derniers objets sont faits de silex mais sont recensés ici comme manuports puisqu’ils ne sont manifestement pas des produits des tailleurs du Périgordien VI. Les retouchoirs lithiques, pour la plupart des galets roulés par l’eau, présentent les mêmes sortes d’éraflures et de criblage que celles que l’on trouve sur les compresseurs osseux. Parmi les fragments de matière colorante, on trouve, au niveau 3, 12 crayons d’hématite (fig. 26bb), présentant chacun au moins une facette aplatie et striée, et 1 crayon strié et facetté de bioxyde de manganèse.

4.3.11 Coquillages

33Dance a effectué une étude complète de la faune des mollusques du niveau 3 (Dance 1975). 10 de ces coquillages étaient perforés pour la suspension : 9 exemples de Pirenella plicata (fig. 26x), un gastéropode fossile que l’on connaît par les dépôts du Miocène inférieur dans la région bordelaise, et 1 exemple de Homalopoma sanguinea, un mollusque du Pléistocène et de l’Holocène que l’on trouve sur les côtes méditerranéenne et atlantique de la France.

4.3.12 Dents

34Parmi les vestiges de faune vertébrée du niveau 3 répertoriés par Bouchud, on trouve 5 dents de Renard et de Cerf élaphe, perforées pour la suspension (fig. 26aa) (Bouchud 1975).

4.3.13 Objets d’os, de bois de Renne et d’ivoire

35La richesse et la variété de l’industrie osseuse du niveau 3 est une de ses caractéristiques majeures. Elle comprend une grande série de polissoirs de bois de Renne, des lissoirs d’os, de bois de Renne et d’ivoire plus nombreux encore, et trois fragments de baguettes de bois de Renne (fig. 27i). Une variété de poinçons (fig. 26v ; 27e) existe à la fois en os et en bois de Renne.

36Les sagaies sont très bien représentées au niveau 3 et sont faites en os, en bois de Renne ou en ivoire. Notre étude de ces objets distingue deux variantes ou types morphologiques majeurs et trois mineurs. Le type le mieux représenté (n = 16, dont 11 de bois de Renne et 5 d’os) est long, fin et courbé, avec une section subcirculaire et une pointe très aiguë (fig. 27h). Sur 4 exemplaires, la partie centrale du côté convexe montre des incisions transversales et la base s’incurve à l’opposé du côté incisé (fig. 27b, c). D. et E. Peyrony décrivent des pièces semblables provenant du Périgordien VI et de l’Aurignacien V à Laugerie‑Haute (Peyrony, Peyrony 1938 : 23) et émettent l’hypothèse que les sagaies étaient rattachées au manche biseauté de telle sorte que la base courbée vers l’extérieur faisait office de barbe. Le deuxième type de sagaies (n = 13, dont 6 de bois de Renne, 1 d’os et 6 d’ivoire) est court et large, avec une section subrectangulaire et une facette plate, parfois incisé transversalement vers le milieu (fig. 27g). La base est grossièrement coupée ou hachée en forme subconique. Les trois autres types de sagaies sont moins fréquents.

374 objets sont repertoriés comme hameçons mais ce sont tous les quatre des exemples douteux (fig. 27f). Parmi les autres objets en os on trouve 1 épingle avec une tête en bulbe (fig. 26w), 1 objet fusiforme dont on ne connaît pas la fonction, 4 compresseurs, et divers autres fragments présentant des incisions variées ou d’autres modifications. On trouve enfin une série de fragments de bois de Renne coupés selon la technique du ciseau et quelques fragments variés de bois de Renne et d’ivoire travaillés.

4.4 Relations entre l’industrie de Pataud : 3 et d’autres industries

38L’industrie du niveau 3 de Pataud (ou Pataud : 3) offre le plus de ressemblances avec les matériels du Périgordien VI à Laugerie‑Haute. Dans une comparaison plus large de cesdeux gisements établie selon la technique de l’analyse d’attributs, Clay a déterminé que Pataud : 3 et Laugerie‑Haute : Est : B et B’ ont tant de ressemblances, jusque dans le détail, qu’il faut les considérer comme représentatives d’une seule et même phase archéologique (Clay 1968 ; 1976). Il a émis plus loin l’hypothèse que Pataud : 3 est une manifestation légèrement plus ancienne de cette phase que les deux industries de Laugerie‑Haute. Dans un sens plus général, ce Périgordien des environs des Eyzies est une expression de la tradition de production d’outils du Périordien supérieur tardif ou final (Bricker 1973 ; David 1985 ; David, Bricker 1987) que l’on connaît par ailleurs sous des formes quelque peu différentes (par exemple, Flageolet‑1 : I‑III dans la vallée de la Dordogne au sud‑est des Eyzies, cf. Rigaud 1982).

39L’étude de Clay de 1968 sur les relations entre le Périgordien VI et le Protomagdalénien aux environs des Eyzies démontre que la seule ressemblance entre les deux réside dans l’utilisation de la technique de la lamelle segmentée à bords abattus. À la lumière des différences qui les séparent, Clayne trouve pas de preuve convaincante attestant que le Périgordien VI serait de façon significative un ancêtre du Protomagdalénien.

40Des comparaisons détaillées d’attributs entre Pataud : 3 et les industries noailliennes de Pataud : 4 (David 1966 ; 1985) révèlent une absence de ressemblances, à l’exception d’une prédominance partagée des burins sur troncature, souvent multiples, et d’une riche industrie organique. Les différences, clairement exprimées dans les classes d’outils partagées telles que les grattoirs, sont assez profondes pour qu’il ne soit pas possible de considérer le Périgordien VI comme une simple continuation de la tradition noaillienne, que l’on considérait auparavant comme une sorte de « Périgordien Vc ».

41Nous avons présenté et étudié dans un autre ouvrage (Bricker, David 1984) d’autres comparaisons d’attributs détaillées entre Pataud : 3 et les assemblages du Périgordien moyen tardif de Pataud : 5. Bien qu’il y ait de nettes différences (en particulier le nombre plus important de burins sur troncature et la richesse beaucoup plus grande d’éléments organiques et artistiques dans Pataud : 3), les caractéristiques de l’industrie de Pataud : 3 confirment de bien des façons les tendances de changement diachronique que l’on a observées pour Pataud : 5. Beaucoup de ces différences entre Pataud : 5 et Pataud : 3 (et, plus généralement, entre le Périgordien moyen tardif et certaines industries du Périgordien supérieur) s’expliquent comme les résultats des effets de la tradition de fabrication d’outils noaillienne sur la tradition périgordienne, et l’importance de ces effets varie d’une région à une autre (David, Bricker 1987). Cependant, ces différences ne sont ni assez nombreuses ni assez grandes pour masquer la continuité très directe entre les traditions technologiques du Périgordien moyen tardif (le Gravettien classique) et cette variante du Périgordien supérieur tardif que l’on appelle le Périgordien VI.