Avant‑propos
p. 8
Texte intégral
1Je passai l’été 1949 à voyager dans le sud‑ouest de la France et à faire un tour d’horizon des gisements du Paléolithique supérieur recensés dans la région, afin d’en trouver un qu’il fût intéressant de fouiller à grande échelle. J’effectuai la plus grande partie de ce voyage en compagnie de M. Séverin Blanc, alors directeur des Antiquités de la région, dont j’appréciais et apprécie toujours le concours amical. Après avoir visité une centaine de gisements et procédé à l’examen des collections qui leur étaient associées, j’optai pour l’abri Pataud aux Eyzies (Dordogne). Bon nombre de raisons ont déterminé ce choix : des documents permettaient de faire l’historique des fouilles antérieures ; le gisement offrait la preuve d’une période d’occupation relativement longue au Paléolithique supérieur ; il était situé au cœur d’une région française communément reconnue comme un centre de la Préhistoire ; il était aisément accessible. L’abri Pataud offrait des possibilités uniques, à la fois comme lieu de fouilles per se et, pour les étudiants, comme lieu d’apprentissage de techniques modernes de fouilles sur les sites paléolithiques.
2Les résultats d’un sondage en 1953 se révélèrent extrêmement prometteurs. Nous poursuivîmes les fouilles jusqu’en 1964 sous l’égide du Peabody Museum of Harvard University, de l’American School of Prehistoric Research et du musée de l’Homme, avec la participation de la National Science Foundation, de la Wenner‑Gren Foundation, de la Wilkie Brothers Foundation, du Milton Fund et de bon nombre de généreux donateurs anonymes. Les niveaux d’occupation allaient du Protomagdalénien à l’Aurignacien et le gisement se révéla remarquablement riche en outils de silex et en vestiges de faune.
3Durant ces onze années d’activité, quatre‑vingts spécialistes et étudiants venus de onze pays différents prirent part aux fouilles et au travail de laboratoire approfondi qui en était le corollaire. L’abri Pataud permit plusieurs découvertes importantes, dont notamment un crâne humain du Protomagdalénien, un bas‑relief « Vénus » du Périgordien VI et un niveau d’occupation, non classé jusqu’alors, que Nicholas David identifia par la suite comme du Noaillien.
4Ce volume présente en sept grands chapitres les fouilles effectuées sous ma direction à l’abri Pataud. Il s’agit du premier résumé publié en français de l’entreprise et de ses résultats. Je tiens à exprimer ma plus vive reconnaissance à Harvey Bricker, coordonnateur du projet, et à Jean‑Philippe Rigaud pour leurs efforts de conception et de mise en forme de cette publication. Je voudrais également remercier mes collègues qui ont contribué, avec le Pr Bricker, au présent ouvrage : Alison Brooks, Berle Clay, Nicholas David et William Farrand. J’aimerais aussi rendre hommage à mon ancien collègue et ami, François Bordes, dont l’aide et les encouragements nous facilitèrent grandement la tâche sur le terrain. Enfin, qu’il me soit permis de remercier ma femme, Nancy, pour les longues années de soutien et d’assistance qu’elle m’a prodiguées, avant, pendant et après les fouilles de l’abri Pataud. Tous ceux qui y ont travaillé savent combien sa présence était essentielle au succès de l’entreprise.
5Harvard University, décembre 1985

Les fouilles de l’abri Pataud en 1963
cl. H. Bricker
Auteur
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