Navigation et milieu fluvial au XIe s.
| ,Partie 1. Approche archéologique de la batellerie médiévale de la Charente
Conclusion
Texte intégral
1« Il serait sans doute important et urgent d’entreprendre un inventaire archéologique de la Charente, de localiser les sites portuaires, les épaves, les aménagements divers de la rivière. Dans un second temps, des opérations ponctuelles pourraient être envisagées sur les sites les plus remarquables. Un tel programme serait un moyen d’enrichir notre connaissance de l’histoire régionale, de dresser un inventaire du patrimoine archéologique de la Charente et de développer un secteur de l’archéologie subaquatique encore trop peu étudié. » (Rieth 1983a : 39). Telles étaient les dernières phrases d’un article consacré à la fouille subaquatique du site portuaire de Port‑Berteau.
2Une première réponse à cette conclusion a été le programme conduit de 1984 à 1986 dans le cadre de l’ATP du CNRS « Archéologie métropolitaine », À partir de l’expérience acquise lors de la fouille d’un site, le champ de la recherche a été étendu à une série de sites dans un secteur de la Charente compris entre Port‑d’Envaux en aval de Saintes et Dompierre‑sur‑Charente en amont. Au fil des plongées, des sites de natures très différentes –épaves, aménagements du lit et des rives– ont été étudiés. De la pirogue de Port‑d’Envaux à la pêcherie de Chaniers, de l’ensemble de pieux de Dompierre II au gisement de pierres de mouillage de Chauveau s’est progressivement esquissée une nouvelle image du paysage du fleuve, image différente de celle que les sources écrites laissaient entrevoir, image faisant apparaître très tôt dans le Moyen Âge un contrôle des hommes sur la Charente comme voie d’eau.
3Une seconde réponse à cette conclusion de l’étude du site de Port‑Berteau a été, de 1987 à 1988, la fouille subaquatique de l’épave d’Orlac. De nouveau, le champ de la recherche s’est trouvé concentré autour d’un seul site : le bateau d’Orlac d’une part, l’ensemble de pieux et le gisement de pierres de mouillage auxquels l’épave était associée d’autre part. Mais pour autant, cette étude du site d’Orlac n’a pas été enfermée à l’intérieur des limites du secteur de la Charente compris entre l’épave, en amont, et le quai en pierres, en aval, au contraire. Dès les premiers temps de la fouille s’est établie, voire même imposée, la confrontation, souvent difficile, parfois contradictoire, porteuse dans tous les cas d’une réelle dynamique de recherche, entre le bateau d’Orlac et le nouveau paysage du fleuve apparu à l’issue du programme des années précédentes.
4Ce paysage de la Charente, modifié, aménagé, évoluant au cours du temps, constitue la trame de cette archéologie de la voie d’eau, encore naissante, dont cette première partie de la publication, avec bien des interrogations, voudrait témoigner.
5Au terme de cette analyse des données archéologiques recueillies au cours des différentes campagnes de fouille subaquatique, il nous a semblé essentiel de les confronter, dans une perspective historique plus large, aux sources écrites relatives aux aménagements de la Charente et à la navigation sur le fleuve, dans le contexte de l’économie régionale du Moyen Âge.
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