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Le Paléolithique moyen dans le nord du Sénonais (Yonne)

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Valérie Deloze
, 
Pascal Depaepe
, 
Jean-Marc Gouédo

Préface

Catherine Farizy et Christian Verjux

Texte intégral

1À la lecture de ce volume et de l’avant-propos de notre collègue André Delpuech, on comprendra rapidement comment, à la différence de nombreuses opérations d’archéologie préventive, celle de l’autoroute A5 a été conçue avec une attention particulière pour les sites les plus anciens : l’intégration en amont d’une équipe associant géologues du Quaternaire et paléolithiciens, puis le développement de techniques et de méthodes adaptées à la détection et à la fouille de ces sites (cf. chap. 2.2 et 2.4), des sondages « mécaniques » systématiques réalisés dans les contextes géomorphologiques et sédimentologiques propices à la conservation de gisements paléolithiques, ont conduit, entre autres, à mettre au jour les cinq gisements publiés dans ce nouveau volume de la série Archéologie préventive de la collection Documents d’archéologie française.

2Cinq nouveaux sites du Paléolithique moyen, donc, qui ont fait l’objet de fouilles extensives, où, de façon habile, ont pu être associées fouille manuelle et « fouille » à la pelle mécanique ; entendons par là des décapages fins par passes successives permettant de localiser les éventuels vestiges en stratigraphie. C’est ainsi au total près de 2 ha qui ont pu être appréhendés : cette superficie est vraisemblablement supérieure au total des fouilles portant sur le Paléolithique moyen en France, si l’on excepte bien sûr le site de Riencourt-lès-Bapaume (opération TGV Nord), dans des conditions certes différentes de celles de l’autoroute A5 puisque le site était déjà connu.

3Cette recherche a permis, dans les limites de l’emprise autoroutière, de cerner l’extension des sites et de mener une réflexion sur leur globalité à partir de surfaces autrement plus importantes que celles appréhendées par des fouilles « classiques » : de 950 m2 à plus de 6 000 m2 par site ont été fouillés sur l’A5, plusieurs niveaux étant présents à chaque fois. Ceci a été rendu possible, il faut le préciser, par la nature des terrains traversés (limons), par la densité relativement faible du matériel archéologique, par l’absence de faune et, dans une moindre mesure, par le faible nombre de structures évidentes comme les amas de débitage, les foyers, etc.

4Les études sur l’industrie lithique ont pu replacer les sites dans le contexte du Paléolithique moyen : on remarquera la fréquence des bifaces et des produits laminaires dans la plupart des cas ; le Micoquien a été identifié à Vinneuf (et peut-être pour le niveau le plus ancien de Villeneuve-l’Archévêque) tandis que les sites de la vallée de la Vanne présentent des similitudes avec ceux à industrie laminaire du Nord-Ouest européen.

5Les remontages et l’étude spatiale ont conduit à des hypothèses sur l’occupation des sites, hypothèses qui restent raisonnables en fonction de la faible densité générale des vestiges, de l’absence d’autres restes et du petit nombre de structures. L’absence d’habitat réellement organisé ne fait pas exception parmi les sites habituellement étudiés pour cette période. La superposition systématique de niveaux sur tous les gisements corrobore l’hypothèse de lieux ayant vu des passages répétés de groupes de chasseurs, pendant des durées plutôt courtes. Il s’agissait probablement de sites favorables à l’homme, phénomène aisément compréhensible pour la doline de Vinneuf, mais plus difficile à cerner dans les autres cas.

6LesanalysesgéologiquesquantàellespermettentmaintenantdeproposerpourleSénonaisuncadrechronostratigra-phique. Les niveaux archéologiques s’étalent sur près de 160 000 ans, depuis le Saalien jusqu’au Pléniglaciaire moyen, soit environ entre 200 000 et 40 000 ans avant notre ère. On regrettera cependant l’absence de datations physico-chimiques et les résultats négatifs ou très limités des analyses palynologiques.

7Le volume consacré à chaque site (chap. 4.1 à 4.5), la teneur des résultats, sont le reflet de contraintes différentes pour chaque opération : durée d’opération, surfaces traitées, temps d’étude après la fouille ne furent pas les mêmes. Le tableau I du chap. 2.4 permettra au lecteur d’apprécier au mieux ces contraintes propres aux fouilles préventives : l’étude la plus élaborée, celle de Vinneuf/Les Hauts Massous, est le résultat de trois mois et demi de fouilles pour une surface de 946 m2, suivis de vingt-cinq mois d’étude, tandis que celle de Villeneuve-l’Archevêque correspond à un mois et demi de fouilles pour une surface de 1 588 m2 et deux mois et demi d’étude ! Notons enfin pour ce dernier gisement que sa fouille n’était pas commencée alors que la publication des autres était déjà amorcée.

8Pour terminer soulignons à ce propos la volonté des auteurs d’aboutir rapidement à une publication qui, avec celle de Riencourt-lès-Bapaume (Tuffreau 1993), rend compte d’approches nouvelles des sites du Paléolithique moyen. Il faut saluer le travail effectué malgré les difficultés liées à la dispersion de l’équipe initiale, après la fin de l’opération A5 en juin 1992, date à laquelle ont été remis les premiers manuscrits.

Auteurs

Directeur de recherche, UMR 9944 CNRS-Univ. Lille

Conservateur du Patrimoine, service régional de l’Archéologie du Centre

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