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L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales

 | 
Michel Fixot
, 
Elisabeth Zadora-Rio

Chapitre 1. L’empreinte de L’Antiquité tardive

1.1. La réutilisation funéraire des édifices antiques en Normandie au cours du haut Moyen Âge

1.1 Funerary reuse of Antique buildings during early Medieval period

Jacques Le Maho

Résumé

On dénombre actuellement en Normandie près d’une quarantaine d’édifices gallo‑romains ayant livré les témoignages archéologiques d’une réutilisation funéraire à l’époque mérovingienne. L’étude de ces sites montre que dans un assez grand nombre de cas, le bâtiment antique était depuis longtemps en ruines lors de l’installation des premières sépultures, mais qu’une partie au moins de la construction (souvent le balnéaire dans le cas d’une villa ou la cella dans le cas d’un fanum), fut alors sommairement consolidée et remise hors d’eau pour servir d’église cimetériale. L’un des problèmes essentiels est de savoir si ce phénomène témoigne ou non d’une continuité d’occupation du site ou de ses environs immédiats, depuis l’Antiquité tardive.

Texte intégral

Abréviations

1BAR : British Archaeological Reports.

2MGH : Monumenta Germaniae Historica.

3SRM : Scriptores rerum Merovingicarum.

4CDA : Commission départementale des antiquités de la Seine‑Maritime.

5SNEPH : Société normande d’études préhistoriques.

6Tôt apparu dans la province de Rouen, où quelques indices d’une église déjà organisée, mais essentiellement urbaine, se manifestent au ive s., le christianisme n’y pénètre véritablement le monde rural qu’à partir de l’époque mérovingienne. En dehors des villes, le christianisme de l’Antiquité tardive n’a en effet pratiquement laissé aucune trace dans cette région. Son souvenir, pour les sources écrites, s’y résume dans l’état actuel de nos connaissances à un seul nom, celui d’un grand propriétaire du Bessin, correspondant de Sidoine Apollinaire (Musset 1962) et, pour les sources archéologiques, à la découverte en 1968 d’une possible chapelle domestique du ve s. installée dans le balnéaire de la villa de Frénouville, près de Caen (Musset 1975). On observera donc avec un intérêt tout particulier que deux siècles plus tard, lorsque le pays commence à se couvrir de sanctuaires ruraux, l’archéologie apporte dans cette région les témoignages d’une réminiscence ou de certaines survivances du fonds gallo‑romain.

7Le phénomène ne sera ici examiné que dans son aspect purement topographique, c’est‑à‑dire à travers l’utilisation funéraire de bâtiments antiques au cours de la période mérovingienne, et ce qui en découle probablement dans un assez grand nombre de cas, à travers la transformation au moins partielle de ces bâtiments en édifices du culte chrétien. Cette enquête nous conduira à examiner les modalités de ces transformations, à recenser les différents types de constructions qui firent l’objet de ces réemplois, et dans un second temps à essayer d’en tirer quelques conséquences pour l’histoire de la formation du paysage religieux des campagnes. La question essentielle, toujours débattue, est de savoir si, à l’apparente continuité topographique de l’utilisation de ces lieux, correspond une continuité réelle de l’occupation des bâtiments depuis l’Antiquité, une survivance partielle de ceux‑ci jusqu’à l’époque franque, ou encore une réutilisation purement fortuite d’édifices en maçonnerie qui se trouvaient depuis longtemps à l’état de ruines.

1.1.1 La réutilisation funéraire des édifices antiques

8On ne dispose malheureusement que de peu de fouilles récentes répondant à cette problématique et où toutes les observations souhaitables aient été faites sur les conditions d’enfouissement des sépultures à l’intérieur de l’édifice antique. Celles qui ont donné de ce point de vue les résultats les plus utiles sont les fouilles de Mondeville (Calvados), entreprises en 1977, de Gisay‑la‑Coudre (Eure), effectuées entre 1975 et 1986, et de Saint‑Martin‑de‑Boscherville (Seine‑Maritime), achevées en 1982. A côté de ces trois sites, qui feront l’objet d’une discussion détaillée, il était cependant impossible de ne pas tenir compte des données publiées sur le sujet en Normandie depuis le milieu du xixe s., et dont l’intérêt essentiel –ceci sera notre première constatation–, est que la réutilisation funéraire des constructions antiques au haut Moyen Age est loin d’être un phénomène marginal. Le dépouillement à peu près exhaustif de la bibliographie pour la haute Normandie et quelques sondages plus rapides à travers la documentation bas‑normande nous ont en effet permis de recenser une quarantaine de sites répondant à ce critère (fig. 1), ce qui correspond à une proportion non négligeable du nombre total des édifices antiques fouillés dans cette région en milieu rural (près d’un quart pour la haute Normandie).

FIG. 1 – Carte de répartition des sites étudiés

J. Le Maho del.

9C’est sur des sites de villae que fut signalée pour la première fois la présence de sépultures du haut Moyen Âge. Ce groupe peut être divisé en deux séries selon que le cimetière est installé dans un édifice résidentiel de la villa (ancienne habitation du maître, logis du villicus) ou dans une de ses dépendances, le plus souvent un balnéaire désaffecté. A la première série appartiennent les sites de Grand‑Couronne, d’Houppeville, de Franqueville‑Saint‑Pierre, de Saint‑Aubin‑Celloville et peut‑être de Saint‑André‑sur‑Cailly (cf. annexe infra). Ces villae disséminées sur le plateau autour de Rouen ont toutes livré des inhumations de l’époque franque aménagées dans une partie résidentielle de l’établissement antique et disposées, si l’on en juge par les relevés qui nous sont parvenus, le long des murs ou en rangs plus ou moins serrés à l’intérieur d’une pièce. Ces cimetières s’étendent parfois sur une surface importante, voire même sur la totalité du bâtiment gallo‑romain. C’est le cas à Saint‑Léger‑de‑Rotes où une trentaine de sépultures ont été dégagées par Le Métayer‑Masselin, à Ventes‑Saint‑Rémy dans la forêt d’Eawy, où l’abbé Cochet découvrit un nombre à peu près équivalent d’inhumations mérovingiennes disséminées dans les salles d’un édifice rectangulaire de 15,30 x 8,80 m, sans doute l’habitation principale ou le logis annexe d’une villa rustica. Le plan publié par Léon de Vesly en 1907 à la suite de ses fouilles de la villa de Boos, près de Rouen, fournit un autre exemple de ce phénomène de remplissage (fig. 2). L’édifice antique, qui comportait une vingtaine de pièces et une galerie‑façade, est littéralement saturé de tombes. Celles‑ci sont réparties en petits groupes qui occupent chacune de ces pièces, les murs gallo‑romains ayant visiblement conservé dans la plupart des cas une élévation suffisante au‑dessus du sol pour imposer les délimitations entre les sépultures. Seuls quelques murs périphériques, notamment dans la zone des salles à hypocauste, sont recouverts ou entamés par les inhumations.

FIG. 2 – Boos (Seine‑Maritime) : plan des fouilles de la villa, d’après L. de Vesly 1909

J. Le Maho del.

  • 1 Ce chevet nous paraît postérieur à l’installation de la première série de sarcophages contre les mu (...)

10Si aucun de ces sites n’a livré les indices d’une utilisation funéraire postérieure à l’époque carolingienne, plusieurs cimetières installés dans un environnement similaire paraissent avoir connu une occupation de plus longue durée. La butte de Vittefleur, sous laquelle fut trouvée en 1832 une salle gallo‑romaine remplie d’inhumations du haut Moyen Age, pourrait avoir un lien avec la présence sur le site même de la villa d’une église mentionnée pour la première fois au milieu du xiiie s. sous le nom de Saint‑Pierre‑des‑Prés. A Mondeville, les fouilles récentes de Claude Lorren ont clairement mis en évidence les étapes de la transformation en chapelle funéraire d’un bâtiment gallo‑romain, qui faisait probablement partie à l’origine d’une habitation des iieiiie s., abandonnée dans l’Antiquité tardive. Vers la seconde moitié du viie s. (?), une des salles de cet édifice, dont les maçonneries étaient sans doute conservées sur une élévation importante, fut remise en état, et les pans de murs qui la rattachaient encore au reste de l’édifice antique furent supprimés. Autour du corps de bâtiment ainsi isolé et remis hors d’eau furent installées plusieurs sépultures en sarcophage auxquelles s’ajoutèrent par la suite un grand nombre de sépultures en pleine terre. A partir de ce moment, l’édifice fut plusieurs fois transformé, augmenté d’un chevet rectangulaire1 et allongé vers l’ouest. Il ne fait guère de doute qu’il s’agit dès l’origine de l’église Saint‑Martin, siège jusqu’au xiie s. d’une des paroisses de Mondeville (cf. annexe infra).

11Un second groupe de cimetières est constitué par ceux qui ne furent pas installés dans l’édifice principal de la villa, mais dans un de ses bâtiments annexes, à l’écart de l’habitation. La fouille de Condé‑sur‑Iton, qui a fourni l’un des rares plans à peu près complets d’une villa rustica de l’époque gallo‑romaine en haute Normandie, a livré quelques sépultures regroupées autour d’un édifice de l’aile sud‑est, à plusieurs dizaines de mètres du complexe résidentiel. À Sainte‑Marguerite‑sur‑Mer, où les fouilles de Féret ont révélé une importante villa de l’Antiquité tardive, caractérisée par une pars urbana très développée, les inhumations mérovingiennes étaient regroupées à l’extérieur de l’ensemble résidentiel, autour des portiques et d’un « édifice hypogée ». De nombreux témoignages attestent d’autre part l’existence de toute une série de cimetières installés dans le balnéaire de la villa. Les sites de Plasnes et de Menneval près de Bernay en sont deux exemples caractéristiques, le plan fourni pour le second par Le Métayer‑Masselin montrant particulièrement bien le remplissage du petit corps de bâtiment des salles chaudes par les inhumations de l’époque franque et un nuage de tombes disséminées autour de l’édifice. Un schéma pratiquement identique à celui‑ci a été révélé dernièrement par les fouilles de Pierre Roussel à Gisay‑la‑Coudre, toujours dans la région de Bernay. Le balnéaire y est constitué d’un corps de bâtiment rectangulaire de 22 x 7 m, orienté vers le sud‑est, qu’un portique devait rattacher à l’édifice principal de la villa. Un niveau d’effondrement de toiture étalée sur l’ensemble de la construction, scellé par une couche de remblai, témoigne de la désaffectation des bains proprement dits à une date que le fouilleur situe autour de la fin du iiie s. Sur ces couches apparaît par la suite un cimetière comprenant au minimum 80 sépultures datées pour les plus anciennes de la fin du vie s. et dont la majorité semble appartenir au viie s. Un petit nombre d’entre elles occupent l’intérieur de l’édifice en laissant quelques espaces vacants, notamment dans la salle sud‑est. Les autres inhumations se répartissent tout autour du bâtiment, adoptant l’orientation générale de celui‑ci vers le sud‑est, mais de moins en moins ordonnées à mesure que l’on s’éloigne des murs (fig. 3). Cette dernière observation met bien en évidence, ici comme à Menneval, la subordination du cimetière à l’édifice en maçonnerie, dont la fouille montre qu’il devait alors conserver une partie notable de son élévation d’origine. On serait sans doute assez fondé à envisager par conséquent l’hypothèse d’un réaménagement et d’une remise hors d’eau du balnéaire antique lors de la conversion de cet espace en zone funéraire ou peu avant l’installation des premières sépultures. Cette campagne de travaux, à laquelle les fouilleurs rattachent la construction d’un petit mur de silex en opus spicatum devant l’entrée d’une des salles gallo‑romaines, pourrait avoir eu pour but d’adapter le local à une éventuelle utilisation de celui‑ci comme chapelle cimétériale.

FIG. 3 – Gisay‑la‑Coudre (Eure) : balnéaire gallo‑romain avec son cimetière du ve et du viie s.

fouilles P. Roussel, 1979 ; J. Le Maho del.

12Un processus similaire est sans doute à l’origine de deux autres ensembles funéraires installés dans des ruines de bains privés et sur lesquels survécut pendant longtemps une église. Il s’agit du site de la chapelle Saint‑Valéry‑d’Etretat, petit édifice du xie s., proche de l’église paroissiale Notre‑Dame, autour duquel les fouilles de l’abbé Cochet en 1832 et 1842 révélèrent l’existence d’un cimetière mérovingien aménagé dans le balnéaire d’une villa, et celui de l’église Saint‑Denis de Lillebonne, sous laquelle on découvrit lors de sa démolition plusieurs rangées de sarcophages trapézoïdaux en craie de l’Oise disposés dans la partie thermale d’une riche demeure gallo‑romaine, le long des murs. Aucune de ces deux églises n’est attestée avant le xie s., mais dans l’un et l’autre cas, le vocable de l’édifice suggère une fondation pouvant remonter aux environs de l’époque franque (Beaurepaire 1959). La présence d’une grande quantité de matériaux gallo‑romains dans les maçonneries médiévales pourrait signifier que les églises antérieures utilisaient, au moins en partie, les élévations du bâtiment antique.

  • 2 Fragment inédit provenant de la fouille de Mondeville. Les deux autres pierres gravées ont été recu (...)

13En s’en tenant à un examen assez rapide de la documentation, on arrive donc à un total de plus de vingt cas probables de réutilisation funéraire d’une villa ou d’un de ses édifices annexes. Certaines constantes semblent se dégager, d’abord en ce qui concerne la chronologie des inhumations. Si quelques‑unes peuvent remonter à la fin du vie s. (Gisay), la grande majorité des cimetières appartiennent au viie s., et, sauf dans le cas d’une survivance de l’église funéraire jusqu’au Moyen Âge (Mondeville), ils ne semblent guère durer en règle générale au‑delà de l’époque carolingienne. Du point de vue de la topographie d’autre part, la donnée la plus importante est le rapport que les sépultures entretiennent avec l’édifice antique, les unes recoupant certaines maçonneries, les autres alignées contre les murs et déterminant par leur entassement un « effet de remplissage » du bâtiment. Ces observations font ressortir assez clairement dans plusieurs cas le tracé des structures antiques qui demeuraient en élévation lors de la mise en place des sépultures et dont on peut penser qu’elles furent alors consolidées et remises hors d’eau. À Mondeville et à Gisay, ces structures dessinent le plan d’une salle rectangulaire, de 9 x 7,70 m pour la première et de 20 (?) x 7 m pour la seconde, détourée grâce à la suppression des cloisons qui la rattachaient originellement au reste du bâtiment. Comme on l’a vu dans le cas d’Etretat, de Saint‑Denis de Lillebonne et de Mondeville, il y a d’assez bonnes raisons de penser que ces salles ont servi dès l’origine de chapelles. Deux de ces sites ont livré, dans leurs décombres, des croix gravées sur des plaques de pierre et des moellons que les fouilleurs attribuent au décor architectural de l’édifice, et dont l’une présente un dessin très proche de celui de la croix de l’autel du Ham, daté de la seconde moitié du viie s.2. A travers les différentes reconstructions dont le monument a pu être l’objet par la suite, une véritable continuité topographique est parfois mise en évidence, qui montre l’existence d’une filiation directe de cet édifice gallo‑romain réaménagé à l’église du Moyen Âge. Outre le cas déjà cité de Mondeville, celui de l’église Notre‑Dame de Portbail, dont la nef du xie s. se superpose au tracé d’une construction antique à hypocaustes, paraît être un assez bon exemple de ce phénomène de permanence (cf. annexe infra).

1.1.2 De l’édifice antique au lieu de culte chrétien

14L’origine des cimetières dont on vient de résumer les caractéristiques est sans doute à rechercher tout d’abord, pour un bon nombre d’entre eux, dans ce lent regroupement des nécropoles autour des édifices du culte chrétien auquel on assiste un peu partout, en Normandie, au cours de l’époque franque, et qui allait entraîner l’abandon définitif des cimetières en plein champ à une date que l’on situe pour la partie orientale du diocèse de Bayeux, région actuellement la mieux documentée de ce point de vue, autour de la fin du viie s. et du début du viiie s. (Lorren 1982). Cet usage nouveau, consistant à inhumer dans des lieux construits, marque une rupture profonde par rapport aux pratiques antérieures et l’on ne saurait soutenir, dans le cas du réemploi d’un édifice gallo‑romain, que ceci traduit une survivance de la tradition funéraire antique (James 1977 : 183 et fig. 41). Du point de vue de l’histoire de l’occupation du sol en revanche, cette multiplication nouvelle de chapelles funéraires sur des sites de domaines ruraux gallo‑romains soulève une foule de questions. Les bâtiments de la villa, étaient‑ils tous à l’état d’abandon lorsque le cimetière vint s’y installer, ou certains d’entre eux étaient‑ils encore utilisés ? La population qui enterra là ses morts résidait‑elle sur le site même du domaine ou dans un lieu voisin ? La villa avait‑elle été pourvue, dans l’Antiquité tardive, d’un oratoire domestique ? A toutes ces interrogations, l’archéologie ne fournit pour l’instant aucune réponse certaine, faute de fouilles suffisamment étendues ou explicites, faute aussi d’une bonne connaissance de la poterie domestique du très haut Moyen Âge. Il paraît seulement à peu près assuré que certains des bâtiments qui furent réutilisés à des fins funéraires étaient en ruines lorsque l’on entreprit de les transformer en chapelle. À Gisay et à Boos, les sépultures reposaient sur une couche de démolition du iiie s. recouvrant un tapis de tegulae, et l’édifice de Mondeville, en dépit d’une fouille minutieuse, n’a livré, lui non plus, aucune trace d’occupation entre le iiie et le viie s. La superposition du cimetière mérovingien au site antique est cependant trop fréquente pour être purement fortuite, et il serait difficile de ne pas voir malgré tout dans celle‑ci la marque d’une certaine survivance de la carte d’occupation du sol, voire même, dans certains cas, de structures domaniales, héritées de l’Antiquité tardive. Divers textes sont assez éclairants de ce point de vue, qui évoquent les conditions ayant entouré la création de quelques établissements monastiques ruraux. À Deux‑Jumeaux (diocèse de Bayeux), le monastère passe pour avoir été fondé vers la fin du vie s. ou le début du viie s. sur un domaine cédé à saint Martin de Vertou par une famille de l’aristocratie locale. Nous n’avons de ceci que des récits largement postérieurs à l’époque mérovingienne, mais il se trouve que les fouilles effectuées par Lucien Musset entre 1958 et 1960 sous le chœur de l’ancienne église abbatiale ont révélé la présence de vestiges gallo‑romains assez conséquents pour laisser supposer que l’abbaye « occupa purement et simplement les bâtiments d’une villa rustica à peine transformée » (Musset 1962a). Au début du xiie s., Ordéric Vital signale encore à proximité de l’église les ruines d’une « habitatio hominum magnae dignitatis » dont on peut se demander, avec Lucien Musset, si elle désigne seulement un ancien bâtiment monastique (Musset 1962a). Non loin de là, l’abbaye de Cerisy est une autre fondation de l’époque mérovingienne qui aurait été installée par Vigor, huitième évêque de Bayeux, contemporain de Childebert ier (511‑518), sur un domaine de 35 milles de périmètre (env. 16 000 ha), légué par un riche propriétaire du nom de Volusianus.

  • 3  Des tegulae ont souvent été mises au jour dans l’enceinte du monastère (cf. les curieuses recherch (...)

15Là non plus, la source (Vita Vigoris) n’est pas à l’abri de tout soupçon, mais L. Musset a montré qu’elle comportait sans doute un certain fond d’authenticité, en rapprochant ce texte d’une lettre de Sidoine Apollinaire adressée à un certain Volusianus, propriétaire de grands domaines dans le Bessin. Il s’agit là encore d’un cas possible de survivance d’un praedium gallo‑romain jusqu’à l’époque mérovingienne (Musset 1962 et 1975). Un troisième exemple peut être tiré de la Vita Philiberti dans le passage concernant la fondation de l’abbaye de Jumièges en 654, sur un domaine du fisc qui avait été cédé à saint Philibert par la reine Bathilde (Vita Philiberti ; Cochet 1866)3. Le rédacteur de la vita se félicite de ce que s’élève aujourd’hui une église célébrant la gloire du Christ, là même où, dans l’Antiquité, se trouvait un « château » « [...] ibidem castrum condiderant antiqui [...] ». Comme dans les cas précédemment étudiés, il y a d’assez fortes probabilités pour que le premier édifice cultuel ait été installé dans les murs d’un ancien établissement domanial gallo‑romain (qui pourrait, en l’occurrence, avoir été le siège du fisc de Jumièges). Le cas le mieux documenté reste cependant celui de Saint‑Wandrille, grâce à la chronique carolingienne des Gesta abbatum qui, à l’aide d’informations puisées dans les archives du monastère, raconte l’histoire du domaine avant la fondation de l’abbaye en 649. Ce domaine s’appelait primitivement Bothmariacas et l’on rappelle les travaux qu’avait entrepris à partir de 638 son propriétaire de l’époque, un certain Rotmarus, pour le remettre en état, celui‑ci ayant trouvé le terrain en friches et les bâtiments en ruines (Gest. Sanct. 12). Si l’on en croit la Vita Wandregisili, divers vestiges de constructions abandonnées se voyaient encore dans la vallée de Fontenelle à l’arrivée de Wandrille, et l’on s’est souvent demandé si ces ruinae aedificiorum priscorum n’avaient pas un rapport avec les restes d’édifices gallo‑romains qui ont été rencontrés à plusieurs reprises depuis le xixe s. autour du site de l’abbaye (Vita Wandregisili : 589).

1.1.3 Le problème des temples et des fana

16Pour envisager tous les aspects de la question, il est nécessaire en second lieu d’élargir cette enquête au cas des temples et des fana, d’abord parce que, comme on va le voir, les exemples ne manquent pas en Normandie d’une utilisation funéraire de ces bâtiments à l’époque mérovingienne ; ensuite, parce que la tendance générale étant de privilégier à leur sujet la thèse de la continuité, c’est‑à‑dire d’une permanence ou tout au moins d’une survivance de la fonction sacrée (conversion du sanctuaire païen en sanctuaire chrétien), on trouve ici l’occasion de soumettre cette thèse à l’examen de données archéologiques issues de fouilles récentes.

17La conversion des temples païens en églises est un des lieux communs de la littérature hagiographique depuis la Vita Martini et la Normandie n’échappe pas à cette règle. La vie de saint Romain, évêque de Rouen († 639), attribue à ce personnage le mérite d’avoir détruit de nombreux fana et d’avoir remplacé leurs idoles par des autels. À Rouen, l’évêque aurait bâti une église sur l’emplacement d’un sanctuaire païen installé dans les ruines de l’amphithéâtre, au nord de la ville. Tous ces récits, dont les versions les plus anciennes ne sont pas antérieures au ixe s., sont des plus suspects, et l’attribution du temple de Rouen au culte de Vénus (la même tradition était rapportée à Evreux au xiie s., à propos des origines de la cathédrale) n’est pas de nature à renforcer leur crédibilité (Musset 1975). À Bayeux, le monastère fondé hors les murs par saint Vigor au début du vie s. aurait remplacé un temple anciennement connu sous le nom de Mons‑Phaunus et rebaptisé, pour la circonstance, le Mont‑Chrismat. Ces faits sont relatés dans la Vita Vigoris, déjà citée, qui précise que le terrain nécessaire à la fondation avait été donné à l’évêque par le roi Childebert. En 1964, des fouilles ont été entreprises par Lucien Musset sur le site de l’église abbatiale. Sans apporter d’éléments vraiment explicites sur les antécédents du monastère, ces recherches ont révélé la présence de sarcophages francs sur des couches d’occupation gallo‑romaines assez épaisses, au sein desquelles ont été recueillis plusieurs fragments de statuettes votives en terre cuite. On terminera ce rapide tour d’horizon des sources par le passage passablement obscur de la Vie de saint Loup de Sens (c. 613‑614) où il est question de ses démêlés avec un notable païen qui assurait la garde d’un fanum à Ansennes (commune de Bouillancourt‑en‑Séry, Somme), dans la vallée de la Bresle. Comme l’a bien montré Lucien Musset dans un article récent (Musset 1975), ces mentions de fana restent malgré tout exceptionnelles dans l’hagiographie des saints normands du vie et du viie s. Leur combat contre le paganisme, en tout cas en milieu rural, consiste le plus souvent dans ces récits à exorciser des lieux où les populations locales venaient honorer les divinités de la nature, en dehors de tout aménagement construit (fontaines, grottes, arbres sacrés).

18Sur le plan de l’archéologie, le point de départ de notre enquête pourrait être la fouille de Saint‑Georges‑de‑Boscherville (Seine‑Maritime), qui nous a fourni récemment l’occasion d’examiner les traces de la transformation d’un fanum en édifice du culte chrétien au cours de la période mérovingienne. Ce fanum a été découvert en 1981 sous la cour du cloître de l’abbaye bénédictine, superposé à trois autres petits temples rustiques en bois dont le plus ancien remonte à l’époque augustéenne (fig. 4 et 5). Construit vraisemblablement au début du iie s., l’édifice final est un fanum de plan classique en pierre, comportant une cella de 7,60 x 8,50 m, d’axe est‑ouest, et une galerie de 2,80 m de large, à clairevoie, avec l’entrée à l’est. Le dernier témoignage de l’utilisation de ce bâtiment par les populations païennes est une aire de dépôts votifs enfouis dans des urnes aux environs de la fin du iiie s. On trouve ensuite des couches d’effondrement de la toiture, aucun aménagement n’étant plus perceptible ensuite jusqu’à la première moitié du viie s. A cette date apparaît une première série de sépultures en sarcophages monolithes qui viennent garnir l’intérieur de la cella et occuper le pied des murs autour du bâtiment. Divers indices montrent que la galerie n’existe plus et que la cella seule est alors remise hors d’eau (découverte d’un drain et d’un puisard le long du mur méridional). Dans le même temps, l’entrée primitive de la cella est condamnée et une nouvelle porte est percée dans le mur occidental, vers laquelle convergent un chemin empierré et deux petits sentiers tracés dans la pente du coteau. Le cimetière se développe très tôt aux abords de l’édifice, d’abord sur le terrain situé à l’est de la cella (42 sépultures fouillées, c. viie s.), puis autour de celle‑ci et en dernier lieu sur la déclivité en aval de la porte. Au cours de la période carolingienne, le bâtiment connaît un premier agrandissement, la nef étant rallongée de quelques mètres. Une seconde transformation de plus grande ampleur a lieu entre 1055 environ et 1066, lorsque le propriétaire des lieux, Raoul le Chambellan, décide de transformer l’édifice en collégiale pour le chapitre de clercs qu’il vient de fonder à Boscherville. La charte de fondation qui relate l’événement, retranscrite en grande partie dans un diplôme de la fin du xie s. (Fauroux : no 197, p. 382), précise que pour ce faire, Raoul « a reconstruit l’église Saint‑Georges, qui était toute petite, et l’a agrandie en forme de croix ». Ces données recoupent de manière parfaite les indications fournies par la fouille, qui a en effet montré les fondations d’un vaste chœur et d’un transept du xie s. dans le prolongement de l’édifice carolingien, et permettent d’identifier ce dernier sans grand risque d’erreur avec l’église Saint‑Georges. Divers éléments laissent supposer que cette église –ou chapelle–, installée dans le fanum, fut assez tôt dédoublée par un second sanctuaire sous le vocable de Saint‑Martin, future église paroissiale, à 500 m de l’abbaye (fig. 4).

FIG. 4 – Saint‑Georges‑de‑Boscherville (commune de Saint‑Martin‑de‑Boscherville, Seine‑Maritime) : Le fanum et les sépultures franques installées autour de la cella

fouilles J. Le Maho, 1981‑1982 ; J. Le Maho del.

FIG. 5 – Saint‑Georges‑de‑Boscherville (commune de Saint‑Martin‑de‑Boscherville, Seine‑Maritime) : vue partielle des fouilles en 1981, montrant l’imbrication de la cella du fanum dans la nef de l’église collégiale du xie s.

cl. J. Le Maho

19Le site de Boscherville fournit donc un exemple particulièrement bien documenté d’église funéraire aménagée dans la cella d’un petit temple rustique, les modalités de cette transformation pouvant se résumer à la mise en place de sépultures dans le bâtiment et autour de celui‑ci (ses dimensions exiguës évoquent assez bien dans les premiers temps une petite chapelle funéraire familiale), à la mise hors d’eau de l’édifice et au percement d’une porte dans le pignon ouest, vraisemblablement pour permettre l’installation d’un autel du côté de l’entrée primitive du fanum. Ce schéma est très semblable à celui des fana d’Anthée et de Tavigny en Belgique, tous deux transformés en chapelles funéraires au viie s. (Mertens, Matthys 1971 ; Dierkens 1980 : 13, fig. 3), et il a paru intéressant de chercher à savoir si d’autres sites normands présentaient les traces d’une transformation comparable. Les deux exemples les plus souvent cités sont celui de l’église Notre‑Dame‑de‑Vieux, ancienne Araegenuae, sous laquelle ont été recueillis une série de fragments d’architecture antique, un autel de Mars et de nombreux sarcophages mérovingiens, et celui de l’église paroissiale de Saint‑Germain‑la‑Campagne, qui contenait un autel à Mercure inséré dans les fondations du clocher. Si l’existence d’un important monument public sous l’église ne fait guère de doute dans le premier cas (Pilet 1984), certains ont fait observer que l’autel païen de Saint‑Germain n’est accompagné d’aucun contexte vraiment probant et que cette pierre pourrait provenir du temple voisin de Berthouville, dédié à Mercure. Une relecture des publications de fouilles a d’autre part attiré notre attention sur un petit nombre de fana où des sépultures mérovingiennes avaient été mises au jour, sans que cette découverte suscite sur le moment de commentaires particuliers. Les sites de Berthouville (Eure), de Cauville (Calvados), La Londe, Canteleu et Bracquemont (Seine‑Maritime) ont tous livré des inhumations de cette époque contre les murs de la cella, et l’on peut se demander si, comme à Boscherville, cette partie du bâtiment ne fut pas utilisée quelque temps comme chapelle. Le fait paraît moins évident à Cracouville (Eure), où les sépultures sont situées à une certaine distance du fanum, mais la même hypothèse pourrait encore être envisagée à propos de l’édifice gallo‑romain du Bois‑d’Harcourt à Lillebonne, petite cella carrée pourvue d’un péristyle richement orné, du fanum de Montérolier (Seine‑Maritime), dégagé par l’abbé Cochet en 1863 et, à proximité de la frontière normano‑picarde, du sanctuaire celto‑romain récemment découvert à Dijeon (Somme) sur la rive droite de la Bresle. Tous trois contenaient un groupe d’inhumations mérovingiennes, en sarcophages ou en terre libre, alignées contre les murs.

1.1.4 La formation du paysage religieux des campagnes

20Le cas de Boscherville est donc loin, semble‑t‑il, de constituer une exception en Normandie. Est‑ce à dire qu’il se trouvait encore dans cette région, aux vie et viie s., un nombre assez conséquent de petits temples ruraux où survivaient des pratiques païennes que les missionnaires chrétiens s’employèrent à détourner au profit de la religion nouvelle ? La situation locale était‑elle comparable, en d’autres termes, à celle que décrit la fameuse lettre du pape Grégoire le Grand adressée, vers 600, aux prédicateurs en mission dans les campagnes du sud de l’Angleterre ? Rappelons que Grégoire leur recommande d’abattre les idoles situées dans les fana, mais de ne pas détruire les temples eux‑mêmes, afin qu’une fois les édifices transformés en église, la population des alentours continue à s’y rendre comme elle avait l’habitude de le faire depuis des générations (Reg. Greo gorii ; 961‑962). Les conclusions auxquelles nous sommes parvenu dans la première partie de cette enquête, montrant le caractère somme toute relativement banal du phénomène de réutilisation funéraire des édifices antiques, ne peuvent en tout état de cause qu’inciter à la plus grande prudence en ce domaine. Nombre de ces bâtiments étaient sans doute depuis longtemps en ruine à l’arrivée des premiers prédicateurs du vie et du viie s., et l’on pourrait s’interroger, d’une part sur ce que recouvre alors exactement le terme de fana aux yeux des gens d’Église, d’autre part sur l’utilisation possible d’un certain nombre de ces bâtiments pour la seule commodité qu’ils offraient, par leur isolement et leurs petites dimensions, à l’installation d’une chapelle cimétériale.

21Il resterait enfin à dégager des résultats de cette enquête quelques remarques sur la place de ces sites funéraires dans la carte du peuplement des campagnes normandes à l’époque mérovingienne. On est frappé tout d’abord par le nombre relativement important d’installations dont l’utilisation fut assez éphémère et qui, d’après les données des fouilles, ne paraissent pas avoir donné lieu à une continuité de la fonction cimétériale au‑delà de l’époque carolingienne. C’est le cas, en particulier, de toute une série de bâtiments aujourd’hui enfouis au cœur des forêts de la région rouennaise (forêt de Roumare, de La Londe, de Rouvray, forêt Verte, et plus en amont forêt de Bord), mais aussi d’un bon nombre de sites implantés sur les marges des terroirs villageois actuels, souvent assez loin de l’église paroissiale. Ce fait correspondrait assez bien à ce que l’on peut connaître aujourd’hui de la carte du peuplement rural dans ces régions, encore assez fortement dépendante aux vie et au viie s. de l’héritage antique, mais sujette à d’importantes mutations à partir de l’époque carolingienne, qui se traduisirent notamment par un recul de l’habitat dispersé. À supposer que ces cimetières soient bien subordonnés dans la plupart des cas à une chapelle, il faut admettre que l’existence de celle‑ci fut souvent d’assez courte durée, ce qui conviendrait bien à des oratoires de caractère privé, disséminés dans le terroir en dehors de toute préoccupation de desserte paroissiale, et qui suivirent le sort de l’habitat lorsque celui‑ci fut abandonné par ses occupants ou déplacé.

22La seconde catégorie de sites est constituée par les chapelles cimétériales qui, à l’inverse, connurent une permanence de leur fonction cultuelle jusqu’au Moyen Age, continuité qui se traduit archéologiquement par l’existence de plusieurs reconstructions le plus souvent effectuées in situ, sur l’arase des murs antiques ou dans le prolongement de ceux‑ci. Deux cas de figure peuvent alors se présenter. Ou bien l’église se trouve au cœur même de l’agglomération, dont elle assure au moins depuis le xie s. la desserte paroissiale, comme c’est le cas dans cinq des exemples étudiés, –et il est probable que des recherches approfondies allongeraient notablement notre liste– ou bien celle‑ci s’élève en marge de l’habitat villageois, plus ou moins isolée. Dans ce dernier cas, la survivance de l’église sur le site antique, à quelque distance de l’agglomération, peut s’expliquer par la permanence de sa fonction cimétériale et par la qualité qui lui restait attachée d’« église‑mère », d’où l’apparition, selon un processus qui a été bien décrit par Michel Roblin pour le département de l’Oise (Roblin 1978 : 175 sq.), de paroisses bipolaires. Lorsque le village s’était reformé à quelque distance du site de l’église primitive –souvent en raison de l’attraction exercée par une curtis– la population continua pendant longtemps à y inhumer ses morts, mais bâtit au cœur même de l’agglomération une seconde église propre à assurer plus commodément la desserte de la paroisse. Le bourg d’Etretat constitue un bon exemple de ces sites comportant deux églises jumelles, l’une funéraire, superposée à un établissement gallo‑romain, l’autre sans doute fondée quelque temps après pour le service paroissial, configuration qui se retrouve dans le couple de Saint‑Georges et Saint‑Martin de Boscherville. Il faudrait enfin tenir compte du cas de quelques chapelles plus isolées dont la survivance jusqu’au Moyen Âge peut s’expliquer, comme à Saint‑Denis de Gravenchon, où les murs gallo‑romains existaient semble‑t‑il encore sur une élévation importante au milieu du xiie s., par leur rattachement à un établissement domanial. Bien après l’an mille, le paysage religieux des campagnes normandes paraît donc avoir conservé de multiples traces de cette pluralité de sanctuaires si caractéristique des débuts de l’époque franque.

Bibliographie

Bibliographie

Beaurepaire 1959 : BEAUREPAIRE (F. de). — Essai sur le pays de Caux au temps de la première abbaye de Fécamp. In L’abbaye bénédictine de Fécamp ouvrage scientifique du xiiie centenaire. Fécamp, 1959, t. I.

Cochet 1866 : COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866. p. 483.

Dierkens 1980 : DIERKENS (A.). — Bâtiments religieux et cimetières d’époque mérovingienne à Anthée (province de Namur). Fouilles de la société archéologique de Namur, nov. 1979. Annales de la société archéologique de Namur, 60,1980, p. 5‑22.

Fauroux : FAUROUX (M.). — Recueil des actes des ducs de Normandie (911‑1066). Mémoires de la société des antiquaires de Normandie, t. XXXVI.

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James 1977 : JAMES (E.). — The Merovingian archaeology of Southo west Gaul. Oxford : BAR, 1977.

Lorren 1982 : LORREN (C.). — L’Église Saint‑Martin de Mondeville (Calvados), quelques questions. In Mélanges d’archéologie et histoire médiévales en l’honneur du doyen Michel de Bouärd, XXVII, 1982, p. 256 sq. (Mémoires et documents publiés par la Société de l’École des Chartes).

Mertens, Matthys 1971 : MERTENS (J.) et MATTHYS (A.). — Tavigny‑Saint‑Martin, lieu de culte romain et médiéval. Bruxelles : Archaeologia Belgica, 1971,126, p. 28.

Musset 1962a : MUSSET (L.). — Notes de lecture sur la Vita Vigoris et les lettres de Sidoine Apollinaire : Volusianus, grand propriétaire gallo‑romain du Bessin. Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, LVI, 1961‑1962. p. 821‑824.

Musset 1962b : MUSSET (L). — Deux‑Jumeaux, résultats des fouilles sur le site de l’ancien prieuré. Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, LVI, 1961‑62. p. 469‑568 ; plan p. 477.

Musset 1975 : MUSSET (L.). — De Saint‑Victrice à Saint‑Ouen : la christianisation de la province de Rouen d’après l’hagiographie. Revue d’histoire de l’Église de France, LXII, 1975. p. 150‑151.

Pilet 1984 : PILET (C.). — Vieux antique (Araegenuae, Viducasses). Revue archéologique de l’Ouest, t. I,1984. p. 73‑74.

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Roblin 1978 : ROBLIN (M.). — Le Terroir de l’Oise aux époques gallo‑romaine et franque. Paris, 1978.

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Vita Philiberti : KRUSCH (B.) éd. — Vita Philiberti. MGH, SRM, t. V.

Vita Wandregisili. — Vita II Wandregisili, AASS, Jul. V. Paris, 1863.

Annexes

Annexe

Répertoire des sites étudiés

Cette liste est fondée sur un dépouillement partiel de la bibliographie et ne saurait donc être considérée comme un inventaire régional exhaustif, qui reste à faire. Nos investigations ont surtout porté sur la Haute‑Normandie (Seine‑Maritime et Eure), et elles se sont limitées pour les autres départements normands à de brefs sondages dans la documentation, quelquefois complétés par des communications orales des chercheurs.

BERTHOUVILLE (canton de Brionne, Eure)

Important sanctuaire gallo‑romain comportant deux temples accolés, inclus dans un vaste complexe de cours et de portiques. Les fouilles effectuées par L. Métayer‑Masselin en 1861 ont mis au jour environ une vingtaine de sépultures en pleine terre installées sur les couches d’effondrement de toiture. Un plan d’assez médiocre qualité montre des squelettes en position nord‑sud et est‑ouest le long des murs, le plus grand nombre d’entre eux étant groupés dans le secteur nord‑ouest du sanctuaire. D’autres sépultures auraient été découvertes dans un champ voisin du site au cours des années 1960, d’après un renseignement recueilli par Marc Quesné. Faute d’information sur la présence ou non de mobilier funéraire, la datation de ces sépultures reste hypothétique.

Bulletin monumental, t. VII, 1861, p. 419. COUTIL (L.). — Archéologie gauloise, gallo‑romaine, franque et carolingienne de l’arrondissement de Bernay (Eure). Bulletin monumental, t. V, 1911, p. 90. Arrondissement d’Evreux. Plans aux archives départementales de la Vienne, Fonds « Père de la Croix », dessins, VII, 122.

BOOS (chef‑lieu de canton, Seine‑Maritime)

Dans le massif forestier du plateau de Boos, au lieu‑dit Le Bois‑Flahaut, Léon de Vesly fouilla entièrement en 1906 et 1907 un édifice gallo‑romain de plus de 33 m de long avec balnéaire, probablement le bâtiment résidentiel d’une villa. Celui‑ci contenait une soixantaine de sépultures en pleine terre alignées dans les pièces d’habitation et le long du portique. Leur orientation générale est est‑ouest, quelques‑unes semblent avoir recoupé les maçonneries antiques. Le mobilier, relativement abondant (scramasaxes, plaques‑boucles de fer damasquiné, fibules ansées et céramiques), paraît être en majorité du viie s.

Bulletin de la société des amis des monuments rouennais, 1907, Rouen, 1908, p. 6 sq. Bulletin de la SNEPH, t. XVII, 1909. p. 32‑38.

BRACQUEMONT (canton de Dieppe, Seine‑Maritime)

Dans l’enceinte de l’oppidum connu sous le nom de « Cité‑de‑Limes », au bord de la falaise, un petit fanum fut fouillé par J.‑P. Feret en 1827. Cet édifice contenait un abondant monnayage allant de la période gauloise au règne de Valens (c. 378) ; plusieurs sépultures en pleine terre étaient placées dans ce bâtiment. Le seul squelette complet, installé contre un mur, était orienté, les bras repliés sur le thorax. La présence de monnaies du ive s. autour de ce corps ne paraît pas constituer un argument suffisant pour l’attribuer à l’Antiquité tardive, comme on l’a souvent fait à la suite de Féret.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 262.

CANTELEU (canton de Maromme, Seine‑Maritime)

Dans un bois‑taillis dépendant de la ferme Barbet, au‑dessus de la côte de Maromme, de Glanville dégagea partiellement en 1853 les restes d’un fanum gallo‑romain comportant une cella d’environ 10 m de côté. Cette fouille lui livra « deux crânes accompagnés d’ossements bouleversés » et un petit vase en terre noire que l’abbé Cochet attribua à l’époque mérovingienne.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique, Paris, 1866, p. 184‑185.

CAUDEBEC‑LES‑ELBEUF (canton d’Elbeuf, Seine‑Maritime)

Entre 1832 et 1868, divers travaux de voirie effectués dans la rue de l’église révélèrent l’existence d’un cimetière à sarcophage du viie s. installé sur un épais remblai gallo‑romain. Plusieurs constructions antiques d’une certaine importance, l’une avec des bains, une autre comportant des murs épais de 1,20 m et de 2 m d’élévation, ont existé à proximité de l’église Notre‑Dame.

SAINT‑DENIS (H.). — Caudebecolès‑Elbeuf, s.d., t. I, p. 33‑102.

CONDE‑SUR‑ITON (canton de Breteuil‑sur‑Iton, Eure)

Au hameau de Parigny, la fouille d’une villa en 1912 révéla plusieurs sépultures installées autour des ruines d’un bâtiment de la pars agraria, à une vingtaine de mètres de l’habitation principale. Leur datation n’est pas clairement établie, une origine médiévale n’étant pas à exclure en raison de la tradition d’une chapelle à cet endroit.

COUTIL (L.). — Archéologie gauloise, gallo‑romaine, franque et carolingienne de l’arrondissement de Bernay (Eure). Bulletin monumental, t. IV, 1911. Arrondissement d’Évreux.

DEUX‑JUMEAUX (canton d’Isigny‑sur‑Mer, Calvados)

Monastère fondé vers le début du viie s. par saint Martin de Vertou. La fouille effectuée par L. Musset de 1958 à 1960 sous le chœur de l’ancienne église abbatiale a restitué les fondations d’un ou de deux bâtiments d’axe est‑ouest reposant sur une couche gallo‑romaine. Un sarcophage de forme trapézoïdale était placé contre un de ces murs. L’ensemble du contexte archéologique donne à penser que le monastère du viie s. fut installé dans « les bâtiments d’une villa rustica ».

Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, t. LVI, 1961‑62, p. 493‑495.

ETRETAT (canton de Criquetot‑l’Esneval, Seine‑Maritime)

Une villa gallo‑romaine dégagée par l’abbé Cochet dans le jardin du presbytère en 1835 et 1842 contenait un assez grand nombre de sépultures de l’époque franque, généralement disposées le long des murs. Ce cimetière était associé à une chapelle Saint‑Valéry, installée sur le site de la villa, et construite en grande partie « avec les matériaux de l’édifice antique ». Quelques‑uns des objets issus de ce cimetière présentent les caractéristiques du viie s.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 361.

FRANQUEVILLE‑SAINT‑PIERRE (canton de Boos, Seine‑Maritime)

Au lieu‑dit Les Longues‑Pièces, bâtiment résidentiel d’une villa, de 40 m environ de long sur 17 m de large. Les fouilles effectuées par Léon de Vesly en 1909 mirent au jour trois inhumations installées sur le remblai gallo‑romain contre les murs. Il est possible que les sépultures aient appartenu à un cimetière plus important dont les ossements auraient été dispersés par les labours.

CDA, t. XV, p. 116 sq. Bulletin de la société d’émulation de la Seine‑Inférieure, 1909, p. 215.

GISAY‑LA‑COUDRE (canton de Beaumesnil, Eure)

La fouille du balnéaire d’une villa par Pierre Roussel, au lieu‑dit La Villette a révélé en 1979 la présence d’un cimetière mérovingien établi dans le bâtiment principal de ce balnéaire et autour de celui‑ci. L’étude de la répartition des sépultures et de leur relation avec les murs antiques (position contre les parois ou sur l’arase des maçonneries) met en évidence les parties du bâtiment qui furent réutilisées à l’époque mérovingienne (cf. supra, discussion dans le corps de l’article).

Archéologie Médiévale, t. XII, 1982, p. 370.

GLANVILLE (canton de Pont‑l’Evêque, Calvados)

Dans les ruines d’un fanum dégagé par M. de Glanville en 1841 est signalée la présence d’une sépulture en pleine terre, sans doute de l’époque franque, placée contre un mur de la galerie.

DE VESLY (L.). — Les fana ou petits temples gallo‑romains de la région normande. Rouen, 1909, p. 14.

GRAND‑COURONNE (chef‑lieu de canton, Seine‑Maritime)

La villa gallo‑romaine du Grésil, en forêt du Rouvray, partiellement fouillée par Léon de Vesly en 1902 et par Charles Schneider en 1971, comportait à l’extrémité d’un portique un petit ensemble de salles chauffées (balnéaire ?) dans lequel furent découvertes huit inhumations de l’époque franque disposées le long des murs suivant un axe nord‑sud ou est‑ouest.

Bulletin archéologique, 1903, p. 52 sq.

HOUPPEVILLE (canton de Maromme, Seine‑Maritime)

Au lieu‑dit La Butte, villa gallo‑romaine à galerie‑façade, explorée une première fois par Barbier de la Serre en 1894‑1895 et fouillée à nouveau en 1926 puis en 1939. Ces travaux firent découvrir à chaque fois des sépultures mérovingiennes en pleine terre ou en sarcophages disposées « à l’intérieur de l’édifice principal ». Un croquis sommaire de ces découvertes fut publié en 1945.

CDA, t. X, 1894‑1896, p. 195‑6 ; Bulletin de la SNEPH, t. XXVI, p. 25 et t. XXXIV fasc. II, 1945.

LA LONDE (canton d’Elbeuf, Seine‑Maritime)

Dans le fanum découvert par M. de la Serre en 1890 au cœur de la forêt de La Londe (canton de Saint‑Nicolas) reposaient quatre sépultures en pleine terre accompagnées d’une épée (?) d’un couteau et d’un scramasaxe de 0,55 m de long.

CDA, t VIII, p. 357 à 359.

LE MESNIL‑ESNARD (canton de Boos, Seine‑Maritime)

Dans une villa gallo‑romaine à galerie‑façade fouillée en 1907‑1908 par Léon de Vesly au lieu‑dit Normare, la découverte d’une plaque‑boucle mérovingienne en bronze pourrait être l’indice d’une réutilisation funéraire du bâtiment. Le fouilleur ne dit rien, toutefois, sur la présence éventuelle d’ossements humains sur ce site.

Bulletin archéologique, 1910, p. 281 à 289 ;
Bulletin de la société d’émulation de la Seine‑Inférieure, 1909, p. 197‑227 ;
Bulletin de la SNEPH, t. XVII, 1909, p. 32‑ 38.

LE VIEIL‑EVREUX (canton d’Evreux‑sud, Eure)

Au lieu‑dit Cracouville, à 2 km des ruines gallo‑romaines du Vieil‑Evreux, fanum précédé vers l’est par une large esplanade se terminant par un bassin. Des sépultures franques ont été mises au jour auprès de ce bassin ; rien n’assure cependant que les sépultures aient un lien direct avec une éventuelle réutilisation du fanum.

Bulletin de la société française des fouilles archéologiques, VII, 1940‑1942. p. 223 à 296.

LILLEBONNE (chef‑lieu de canton, Seine‑Maritime)

a – Dans l’enceinte des thermes publics d’Alincourt (ou à proximité immédiate de ces bâtiments ?), découverte en 1879 de sépultures en pleine terre et en sarcophages. Le mobilier funéraire déposé au Musée des antiquités de Rouen comprend des poteries, une hache et plusieurs scramasaxes (fin vie‑début viie s.).

b – L’église Saint‑Denis était installée sur le balnéaire d’une villa gallo‑romaine. Lors de la démolition des soubassements de cette église en 1853 et au cours des années suivantes, on mit au jour un peu plus d’une dizaine de sarcophages mérovingiens alignés contre les murs de l’édifice antique.

c – Cimetière du Bois‑d’Harcourt : cf. infra notice Saint‑Jean‑de‑Folleville.
(a) CDA, t. VI, p. 86‑87 ; Bulletin de la so ciété des antiquaires de Normandie, t. IX, 1878‑1880, p. 542.
(b) CDA, P. V. Il, p. 95 et 223.
(c) COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 414.

MENNEVAL (canton de Bernay, Eure)

Au lieu‑dit Le Puits, Métayer‑Masselin dégagea en 1856 les restes du balnéaire d’une villa gallo‑romaine constituée de trois petites salles d’orientation est‑ouest. L’intérieur du bâtiment était occupé par des inhumations enfouies en rangs serrés. À l’extérieur se trouvait plus d’une trentaine de sépultures assez largement réparties autour de l’édifice. Le mobilier funéraire (couteaux de fer, petits vases en terre noire, etc.), est de type mérovingien.

LE METAYER‑MASSELIN (L.). — Constructions et sépultures gallo‑romaines dans la commune de Menneval, près Bernay (Eure), Bernay, 1857, p. 17.

MONDEVILLE (canton de Caen‑sud, Calvados)

La fouille extensive d’une petite agglomération rurale par Claude Lorren au lieu‑dit La Delle‑Saint‑Martin a permis de reprendre en 1977 l’étude des restes de l’église paroissiale identifiés par le capitaine Caillaud en 1913. La construction gallo‑romaine sous‑jacente à cette église (partie d’un habitat ?) avait été convertie en chapelle funéraire à la fin du viie s. ou au début du viiie s. (cf. supra, analyse dans le corps de l’article).

LORREN (C.). — L’Église Saint‑Martin de Mondeville (Calvados), quelques questions. Mélanges d’archéologie et histoire médiévales en l’honneur du doyen Michel de Bouärd. Mémoires et documents publiés par la société de l’école des Chartes, XXVII, 1982, p. 256 sq.

MONTEROLIER (canton de Saint‑Saëns, Seine‑Maritime)

Sur la colline de Bellevue, au‑dessus des sources de la Varenne, l’abbé Cochet explora partiellement en 1863 les restes d’un édifice gallo‑romain en tuf qui ne fut pas alors clairement identifié, mais dont les caractéristiques paraissent correspondre sur plusieurs points à celles d’un fanum. L’édifice contenait plusieurs inhumations disposées le long des murs, accompagnées d’un mobilier funéraire caractéristique de l’époque mérovingienne (poteries, scramasaxes, plaques‑boucles de fer damasquiné et de bronze).

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 523‑524.

NOTRE‑DAME‑DE‑GRAVENCHON (canton de Lillebonne, Seine‑Maritime)

Au lieu‑dit La Fontaine‑Saint‑Denis, la fouille d’une enceinte fortifiée des xiie et xiiie s. a révélé sous ce château un manoir en bois dont la chapelle était aménagée dans les murs d’un édifice antique. Cette chapelle fut détruite par un incendie vers le milieu du xiie s. et ses matériaux furent utilisés pour reboucher une latrine. Le vocable de Saint‑Denis, plusieurs fois attesté dans la basse vallée de la Seine au viie s., semble indiquer que la création de la chapelle est sensiblement plus ancienne que celle du manoir, dont l’origine n’est pas antérieure au xie s. (fouille J. Le Maho, 1982).

PITRES (canton de Pont‑de‑l’Arche, Eure)

Important édifice gallo‑romain (thermes ?) à proximité de l’église paroissiale. Ce site livra vers 1855 deux vases mérovingiens qui pourraient être des poteries funéraires, mais on ne sait rien des conditions exactes de leur découverte.

CDA, P. V. II, p. 106 à 108.

PLASNES (canton de Bernay, Eure)

Dans le balnéaire d’une villa dégagé en 1860 par L. Le Métayer‑Masselin reposaient onze sépultures limitées par des petits parements de pierre, la plupart installées dans la zone du caldarium ; elles étaient accompagnées d’objets funéraires parmi lesquels le fouilleur cite deux scramasaxes et une fibule aviforme.

LE METAYER‑MASSELIN (L.). — Sépulo tures antiques découvertes dans les ruines de bains romains à Plasnes (Eure). Caen, 1861, p. 1‑23.

PORT‑BAIL (canton de Barneville‑Carteret, Manche)

Sous la nef de l’église Notre‑Dame, les fouilles conduites par D. Bertin en 1974 ont permis de dégager les restes d’un hypocauste gallo‑romain et de constater que le mur sud de l’église était exactement superposé à un mur de l’édifice antique. M. de Bouärd voyait là un exemple possible « de continuité entre une villa antique et une église paroissiale du Moyen Age ».

Informations archéologiques, Basse‑Normandie, Gallia, 1975, p. 348.

PREUSEVILLE (canton de Londinières, Seine‑Maritime)

Ossements humains signalés en 1850 sur le site d’une villa gallo‑romaine, découverte en traçant la route qui conduit de Preuseville à Foucarmont.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 539.

SAINT‑ANDRE‑SUR‑CAILLY (canton de Clères, Seine‑Maritime)

Au hameau du Boulevé, dans une construction à portiques située à proximité du théâtre gallo‑romain, on découvrit en 1820, 7 sarcophages mérovingiens. Les cuves, tête‑bêche, étaient regroupées dans l’angle d’une pièce. Ces sépultures étaient accompagnées de poteries en terre grise. Un autre sarcophage du même type fut repéré par l’abbé Cochet en 1863 dans les ruines du théâtre.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 201.

SAINT‑AUBIN‑CELLOVILLE (canton de Boos, Seine‑Maritime)

Au lieu‑dit Le Thuit, une villa gallo‑romaine fouillée par Léon de Vesly en 1904 contenait plusieurs sépultures de l’époque franque « disposées le long des murailles ». Ces tombes étaient délimitées par un cordon de gros silex et les squelettes avaient à leur pied des petits vases en terre noire ; quelques‑uns étaient également pourvus d’un scramasaxe.

Bulletin de la SNEPH, 1905, p. 182‑183 et 1909, p. 32‑38.

SAINT‑MARTIN‑DE‑BOSCHERVILLE (canton de Duclair, Seine‑Maritime)

Le fanum du début du iie s. ap. J.‑C. mis au jour en 1981 sous le cloître de l’abbaye Saint‑Georges avait été converti vers le milieu du viie s. en chapelle funéraire. Une soixantaine de sépultures en sarcophages et en cercueil de bois occupaient l’intérieur de la cella, le pourtour de ce bâtiment et les terrains situés à l’est du fanum. Il est probable que la chapelle a été placée très tôt sous le vocable de Saint‑Georges.

LE MAHO (J.). — Saint‑Martin‑de‑Boscherville (Seine‑Maritime). In FIXOT (M.) dir., ZADORA‑RIO (E.) dir. — L’Église, le terroir. Paris : CNRS, 1989, p. 63‑69. (Monographie du CRA ; 1).

SAINT‑JEAN‑DE‑FOLLEVILLE (canton de Lillebonne, Seine‑Maritime)

Au pied du versant occidental de la vallée de Lillebonne, en lisière de la ville antique, des travaux firent apparaître en 1864 les vestiges d’un petit bâtiment gallo‑romain à colonnade, comportant un riche décor architectural, et décrit par plusieurs auteurs comme une « sorte de cella carrée » (temple ou fanum ?). Des fouilles effectuées en 1880 par M. Duval révèlent l’existence d’un cimetière franc enchevêtré dans les constructions romaines ; 5 sarcophages furent mis au jour, ainsi que des sépultures en pleine terre.

CDA, t. V, p. 251 à 257.

Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, t. IX, p. 544 sq.

SAINT‑LEGER‑DE‑ROTES (canton de Bernay, Eure)

En 1858, des fouilles effectuées dans la propriété de Mme de Montigny firent découvrir une trentaine de sépultures mérovingiennes installées dans les ruines d’une villa. Les squelettes étaient accompagnés de plaques‑boucles, de fibules, de perles, de vases au pied et d’un scramasaxe.

LE METAYER‑MASSELIN (L.). — Recherches archéologiques dans l’arrondissement de Bernay.

Bulletin monumental, 1861, p. 7 et 8 ; CDA, 1869, t. I‑III, p. 455.

SAINTE‑MARGUERITE‑SUR‑MER (canton d’Offranville, Seine‑Maritime)

Sur la colline de Nolent, importante villa de l’Antiquité tardive, comportant une pars urbana particulièrement développée. Féret‑découvrit dans ses fouilles de 1841, au voisinage de l’angle nord‑ouest de l’ensemble résidentiel, plusieurs sépultures franques dont une avec « épée, couteau, boucle en bronze et pince en bronze ». Le même auteur signale également un « édifice hypogée et des tombeaux de pierre ».

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 244.
Bulletin de la société des antiquités de Normandie, t. VIII, 1878, p. 319 sq.

SAINT‑VIGOR‑LE‑GRAND (canton de Bayeux, Calvados)

Monastère fondé au vie s. par saint Vigor dans un faubourg de Bayeux. Les fouilles menées à partir de 1938 par dom Aubourg et plus tard par Lucien Musset ont montré la présence de sépultures mérovingiennes installées sur une couche gallo‑romaine contenant, entre autres, des débris de statuettes votives en terre cuite. Ces découvertes ne vont pas à l’encontre de la tradition bayeusaine mentionnée dans les sources hagiographiques qui situe en ce lieu un temple païen sous le nom de Mons Phas ou Mons Phaunus.

Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, t. LVII, p. 696 sq. ; id., t. LVIII, p. 539 sq.

SIGY‑EN‑BRAY (canton d’Argueil, Seine‑Maritime)

Sous l’église paroissiale et aux abords de celle‑ci, des sépultures mérovingiennes ont été rencontrées à plusieurs reprises au cours du xixe s. (sarcophages, inhumations accompagnées de scramasaxes et de vases funéraires). Ce cimetière pourrait être en relation avec un édifice gallo‑romain dont le sol en pierre de liais a été reconnu en 1863 sous le transept.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 578‑80.
CDA, t. II, p. 90.

VATTEVILLE‑LA‑RUE (canton de Caudebec‑en‑Caux, Seine‑Maritime)

Au lieu‑dit La Maison‑du‑Roi, sarcophages mérovingiens associés à des vestiges de constructions gallo‑romaines.

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 490.

VENTES‑SAINT‑REMY (canton de Saint‑Saëns, Seine‑Maritime)

Dans la forêt d’Eawy, au triège du Camp‑Souverain, l’abbé Cochet découvrit en 1869 le bâtiment principal d’une villa, long de 15,30 m et large de 8,80 m. Trente sépultures étaient installées dans cet édifice. Les squelettes étaient tous orientés et ils étaient accompagnés d’un mobilier funéraire caractéristique de l’époque mérovingienne (scramasaxes, plaques‑boucles de fer damasquiné, quatre vases en terre noire et une coupe en verre).

CDA, 1870, p. 450 à 457.

VIEUX (canton d’Evrecy, Calvados)

A diverses reprises depuis 1873, des sarcophages mérovingiens ont été rencontrés sous le chevet de l’église Notre‑Dame. D’autre part, la découverte d’une stèle et de nombreux fragments de décors architecturaux gallo‑romains dans les fondations de l’édifice a souvent été interprétée comme l’indice de la présence d’un monument public sous cette église ; un mur antique de forte épaisseur à chaînage de briques est encore visible à l’entrée du cimetière.

PILET (C.). — Vieux antique (Araegenuae, Viducasses). Revue archéologique de l’Ouest, t. I, 1984, p. 73‑74.

VILLEBAUDON (canton de Percy, Manche)

Sur le site de l’ancien cimetière, E. Movël signale en 1831 la découverte d’un grand nombre de sarcophages en tuf de Sainteny (sans doute mérovingiens) associés à des vestiges de constructions antiques.

Mémoires de la société des antiquaires de Normandie, t. 6, 1831‑1833, p. 411‑412.

VITTEFLEUR (canton de Cany‑Barville, Seine‑Maritime)

Près de l’église Saint‑Pierre de Croville, le nivellement d’un tertre en 1832 et 1833 fit découvrir les restes d’une construction gallo‑romaine pavée de mosaïques à décor de personnages (vraisemblablement une pièce de villa). Dans cette salle, contre les murs, étaient installées une vingtaine de sépultures en pleine terre ; quelques‑unes étaient accompagnées d’armes en fer (scramasaxes ou couteaux ?).

COCHET (Abbé). — La Seine‑Inférieure historique et archéologique. Paris, 1866, p. 457.

Notes

1 Ce chevet nous paraît postérieur à l’installation de la première série de sarcophages contre les murs du bâtiment antique (contra, C. Lorren, cf. annexe).

2 Fragment inédit provenant de la fouille de Mondeville. Les deux autres pierres gravées ont été recueillies dans les fouilles de la villa du Poirier, à Frénouville et de la nécropole de Saint‑Martin‑de‑Fontenay, Calvados (cf. C. Pilet).

3  Des tegulae ont souvent été mises au jour dans l’enceinte du monastère (cf. les curieuses recherches de Fontenelle). La découverte la plus récente est celle d’une villa, révélée par la sécheresse de 1976 à l’entrée du vallon de Fontenelle, sur le versant oriental de la vallée du Rançon.

Table des illustrations

Légende FIG. 1 – Carte de répartition des sites étudiés
Crédits J. Le Maho del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/40108/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 59k
Légende FIG. 2 – Boos (Seine‑Maritime) : plan des fouilles de la villa, d’après L. de Vesly 1909
Crédits J. Le Maho del.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/40108/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 72k
Légende FIG. 3 – Gisay‑la‑Coudre (Eure) : balnéaire gallo‑romain avec son cimetière du ve et du viie s.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/40108/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 57k
Légende FIG. 4 – Saint‑Georges‑de‑Boscherville (commune de Saint‑Martin‑de‑Boscherville, Seine‑Maritime) : Le fanum et les sépultures franques installées autour de la cella
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/40108/img-4.jpg
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Légende FIG. 5 – Saint‑Georges‑de‑Boscherville (commune de Saint‑Martin‑de‑Boscherville, Seine‑Maritime) : vue partielle des fouilles en 1981, montrant l’imbrication de la cella du fanum dans la nef de l’église collégiale du xie s.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/40108/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 109k

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1994

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