Chapitre 2. Les Céramiques
chap. 2 The ceramic
p. 79‑191
Résumés
La masse de tessons (85 802) a permis une approche globale et synthétique du matériel. Tri des catégories, comptages par tessons et vases vrais, représentations graphiques sont à la base de cette étude. Les 17 catégories identifiées réunissent des céramiques régionales, importées d’Italie, d’Afrique et de Méditerranée orientale, ainsi que du matériel résiduel protohistorique. Sur l’ensemble, dont les trois quarts proviennent des deux dernières phases, les amphores dominent (50 %), suivies par les céramiques communes régionales (15,7 %), la DS.P. (4,6 %), la claire D (3,4 %) et la céramique commune importée (2 %). La claire B et la luisante sont à l’état de traces. Les sigillées claires africaines sont nombreuses. Cette constatation est amplifiée par le comptage en vases vrais où, sur les 1403 formes reconnues pour 22 210 tessons, on obtient ; 449 vases de SCD, 401 CCG, 376 DS.P., 165 communes importées (indice de fragmentation différent suivant les catégories : 100 tessons représentent 15 formes de SCD, 13 de DS.P. et seulement 3 de CCG).
Les sigillées claires et les lampes proviennent pour la plupart des ateliers tunisiens et en minorité de Méditerranée orientale (sigillée phocéenne tardive, Hayes 3). Toutes les formes tardives du répertoire sont présentes ici, à l’inverse des fouilles anciennes qui avaient révélé une occupation au début du ve s. (Hayes 99, 91B, 98, 80‑81B, 107, 87AB, 89 variantes, 73 et 84). Les formes H 101, 105,107, 109, 91D témoignent d’une occupation postérieure au vie s. Les plats sont peu décorés et les symboles chrétiens abondants, le plus souvent estampés, mais aussi lustrés en particulier sur la forme H 87. Les lampes se rattachent au groupe Hayes II B, à facture empâtée et décor appauvri.
Cette catégorie de céramiques, majoritaires en cuisson oxydante, se distingue par une typologie bien différente des productions languedociennes, cuites selon le même mode. Les importations africaines (mortiers, cruches, marmites) perdurent dans les niveaux tardifs (34 % des formes de communes importées). La vaisselle culinaire orientale est présente en quantité non négligeable (12 %). La nouveauté réside dans la mise en évidence de courants d’échanges avec la côte ligure et l’Italie du Sud, qui n’avaient été révélés par aucune autre catégorie de vaisselle fine ou d’amphore.
L’étude préliminaire des amphores a mis en évidence une part importante de mobilier résiduel. Les exemplaires des formes Dressel 23, Almagro 51A‑B‑C sont plus fréquents dans les trois premières phases. Les amphores orientales ne dominent que dans les couches de la phase II, mais la situation s’inverse par la suite à la faveur des productions africaines (Keay VIII b, Spatheia, Keay LVA, LVIB, LXII, LXIA). Des exemplaires des formes Riley LRA, 1, 2, 3, 4 et 6 représentent les amphores orientales.
La sigillée tardive régionale (DS.P.) cuite en Provence en réduction est bien attestée. Parmi les 69 formes recensées dans la production provençale, 23 ont été reconnues. Les formes 18a et 29b sont les plus nombreuses. Le tiers des pièces est décoré au poinçon et parguillochis. Les motifs estampés appartiennent en général au répertoire dit « marseillais », à une exception près peut‑être languedocienne. Un chrisme et une croix pattée s’ajoutent aux représentations chrétiennes déjà connues sur la sigillée claire D et les verres. On note une quasi‑absence des autres productions fines gauloises. La céramique commune grise a été utilisée dans des proportions comparables aux autres catégories. La nature des pâtes et les formes se complètent et se concurrencent à la fois. Les formes A (ollae) aux profils de lèvres variés représentent plus de la moitié des objets. Les formes B (coupes‑coupelles), plus répandues que les A au ve s., deviennent ensuite minoritaires (25 %). Mortiers, couvercles, cruches, gobelets, Jarres sont plus concentrés dans la phase VIII. L’étude des formes montre d’une part une évolution certaine des types en usage au cours du vie s. et d’autre part une diversité des origines qui place Saint‑Blaise à la limite des centres producteurs de la région marseillaise, de la vallée du Rhône et de ceux du Languedoc. La diffusion des céramiques communes brunes à pisolithes, caractéristiques du Languedoc, est attestée par un petit nombre d’ollae et de coupelles cuites en atmosphère oxydante. Elle témoigne d’échanges continus entre le Languedoc et le bas Rhône.
Ces fouilles complètent et nuancent les travaux réalisés par H. Rolland, auteur du premier classement des céramiques de cette période (1951). La densité et la diversité des approvisionnements sont les caractéristiques majeures du site. Parmi ces courants commerciaux, le plus lointain se fait depuis la Méditerranée orientale. C’est de la côte africaine qu’arrivent massivement les sigillées claires, des céramiques communes et la majorité des amphores. Un commerce par cabotage semble bien attesté par la présence de vaisselle culinaire de Ligurie.
The mass of the sherds (85 802) has permitted a global approach and a synthesis of the material. The sorting of categories, sherd counts, complete vessels and graphic representations are at the base of this study. 17 categories were identified, combining regional productions, importations from Italy, North Africa and the Eastern Mediterranean but also the residual protohistoric material. Out of the total studied, three quarters belong to the two later phases, amphorae dominate (50 %) followed by local grey coarse pottery (15.7 %), French grey slip ware DS.P. (4.6 %), African red slip ware (claire D ‑ 3.4 %) and imported coarse ware (2 %). Traces of French red slip ware (claire B and luisantes) have been found. The North African red slip wares are abundent. This evidence is amplified by the inclusion of complete vessels where, out of the 1 403 forms identified from 22 210 sherds, one obtains 449 vessels in SCO, 401 in CCG, 376 DS.P., 165 in imported grey coarse vases (fragmentation differences according to category: 100 sherds representing 15 forms of SCD, 13 of DS.P. and only 3 of CCG).
The majority of red slip wares and lamps originate from Tunisian workshops while the minority come from the Eastern Mediterranean (late Roman ware, Hayes 3). All the late forms of the assemblage are represented here, the reverse of earlier excavations which had revealed an occupation at the beginning of the 5th century (Hayes 99, 91B, 98, 80‑81B, 107, 87AB, 89 variants, 73 and 84). Forms Hayes 101, 105, 107, 109 and 91D indicate an occupation later than the 6th century. Plates are sparsely decorated and Christian motifs are current, mostly stamped but also sliped especially on form Hayes 87. Lamps can be attributed to the Hayes IIB group, squat in form and with rather blurred decoration.
This kind of ceramic, the majority oxidized during firing, can be distinguished typologically from the Languedoc productions, fired in the same way. Importations from North Africa (mortars, jugs and cooking vessels) continue to occur in the later levels (34 % of imported coarse wares). Eastern culinary vessels were present in non‑negligable quantities (12 %). Recently exchange routes have been identified between the Ligurian coast and Southern Italy, which had not been indicated by any other category of fine‑ware or amphorae.
The preliminary study of amphorae was possible due to an important amount of residual material being available. Examples of Dressel 23, Almagro 51A‑B‑C forms were present in the first three phases. Eastern amphorae dominated only in the phase II levels, but the situation is inversed later in favour of African productions (Keay Vlllb, Spatheia, KeayLVA, LVIB, LXII, LXIA). Examples of Riley LRA, 1, 2, 3, 4 and 6 forms represent the Eastern amphorae.
Regionally, slip ware (DS.P.), reduced‑fired in Provence, is well attested. Among the 69 forms known from the Provencal productions, 23 have been identified on the site. Forms 18a et 29b are the most numerous. A third of the assemblage has stamped and guilloche decoration. These stamped motifs belong in general to the group known as "marseillais", with one exception being perhaps Languedocien. A monogram of Christ and a cross "patée" are to be included among the Christian motifs already known on type D red slip ware and glass vessels. The near absence of other Gaulish fine‑ware productions is to be noted. Grey coarse wares had been used in proportions similar to other categories. The nature of the fabrics and the forms complete and compete at the same time. Form A (ollae) with variating rims represents more than half of the material. Cups and goblets of form B more common than form A during the 5th century become later less popular (25 %). Mortars, lids, Jugs, goblets and jars are more common in phase VIII. The study of forms indicate on one hand a certain evolution of these types during the 6th century and, on the other hand, a diversity of origin which places Saint‑Blaise within the limits of the production centers of the Marseille region, the Rhône Valley and those of Languedoc. The distribution of common brown coarse wares with pisolith inclusions, caracteristic of Languedoc, is attested by a small number of ollae and goblets fired under oxidizing conditions. This confirms commercial contacts between the Languedoc and the lower Rhône regions.
These excavations complement and highlight the work carried out by H. Rolland (1951), author of the first typology of ceramic of this region. The density and the diversity of the commerce are a major characteristic of the site. Amongst these trading exchanges, the furthest come from the Eastern Mediterranean. It is however from the African coast that massive arrivals of red slip ware, coarse wares and the majority of amphorae originate. Trading by the coast seems to be well attested by cooking wares from Liguria.
Texte intégral
2.1 Introduction
1y. rigoir, j. rigoir, l. vallauri
2.1.1 Méthodologie
2A la base de l’interprétation périodisée du site et de ses stratifications, l’étude des céramiques incluses dans les quatre sondages examinés plus haut apporte en elle‑même des éléments intéressants et souvent nouveaux, qu’il s’agisse de la vaisselle de table, de la poterie culinaire ou des lampes de fabrication régionale ou d’importation. Le caractère même de l’occupation mise au jour et ses constants remaniements conduisaient cependant à écarter une interprétation par trop » ethnographique », peu probante dans ce contexte, et à privilégier une approche plus globale et synthétique. Elle seule en effet pouvait permettre de préciser clairement les caractéristiques propres de ce matériel et les mutations qui s’amorcèrent au cours des diverses phases d’occupation perçues stratigraphiquement. Phases que cette étude même aidait à contrôler et à dater, dans une dialectique constante, toujours délicate mais indispensable compte tenu des incertitudes pesant encore sur les données de ces époques.
3Or la grande masse des céramiques collectées ici (85 802 tessons) permettait des études statistiques et stylistiques assez précises, basées sur un tri suivi de comptages, suivant une méthode bien éprouvée et relativement sûre.
4Après les longs travaux préliminaires de lavage et de marquage, assurés dans leur ensemble par A. Nicolaïdes, l’identification des différentes catégories et le collage des formes ont été réalisés en particulier par F. Richez et par M.‑T. Cavaillès‑Llopis.
5Les céramiques fines et communes du secteur IB Sud ont été étudiées dans le cadre d’une maîtrise, effectuée par B. Cavaillès‑Brans (Cavaillès‑Brans 1986). Ce travail a été largement utilisé et repris dans la présente publication. Dans ce contexte stratigraphique, une analyse a été tentée sur les données quantitatives qui ont fait l’objet d’un traitement statistique poussé sur la sigillée claire D et la DS.P. L’auteur a d’autre part mis en évidence la présence importante de matériel résiduel, inhérent à la nature du secteur fouillé et à la longue occupation du site.
2.1.2 Comptages
6Les avis sont très partagés quant à la manière de comptabiliser les céramiques : la méthode idéale ne pourrait évidemment s’appliquer qu’à des formes entières. Dans cette étude, deux modes différents de comptage ont été utilisés. L’un tient compte de tous les tessons, qu’ils appartiennent ou non à une même pièce, l’autre porte sur les formes « vraies », c’est‑à‑dire toutes celles qui ont pu être isolées. Nous n’avons pas tenté la méthode du pesage qui peut être aussi envisagée. Ce double comptage a commencé à être appliqué en Provence sur le matériel de (Antiquité tardive de Velaux (Boixadera et al. 1987 : 95) mais n’a pas été tenté sur des sites plus importants comme Marseille. C’est pourtant sur des quantités importantes de matériel que des comparaisons seraient profitables. Sur chaque tableau la méthode utilisée est précisée. Le comptage par tessons, s’il n’aboutit pas à une représentation fidèle de la quantité de pièces, est le plus facile. Il est par là dégagé des dangers d’interprétations variables suivant la connaissance de la personne qui les réalise. Son exactitude n’est soumise qu’au ramassage lors de la fouille. Il permet donc des comparaisons assez exactes entre les sites et chercheurs différents pour une époque donnée. Si l’on s’aperçoit ici que la proportion de sigillées claires D et de DS.P. obtenue par deux méthodes différentes s’inverse (fig. 39), la comparaison proposée pour les différences de quantité D/DS.P. dans deux sites par la fig. 40 est certainement fiable. Il est évident que l’on ne peut comparer que des résultats obtenus par la même méthode et l’utilisation simultanée de plusieurs démarches décrites avec précision propose au lecteur une vision nuancée du sujet traité, si elles sont appliquées chacune à une démonstration appropriée.
7Les grilles de comptage que nous avons utilisées ont été élaborées par le groupe d’étude CATHMA qui réunit des chercheurs de Provence et du Languedoc. Elles ont été parfois légèrement modifiées grâce à une meilleure connaissance du matériel (CATHMA 1986 : 33, 35).
2.1.3 Inventaire exhaustif des tessons
8Les tableaux v et vi (grille I CATHMA) réunissent l’ensemble des comptages des tessons par catégorie et par phase. Les catégories sont celles qui se retrouvent toujours en Provence/Languedoc associées sur les sites de l’Antiquité tardive : soit 17 au total. Les colonnes 1 à 5 réunissent la céramique fine d’importation africaine : les lampes, les sigillées claires et la vaisselle de cuisine tunisiennes. Dans la colonne 6 figure la sigillée phocéenne tardive (Late Roman C). Les colonnes 7 à 10 comptabilisent les tessons de céramique gauloise fine comme la sigillée claire B de la vallée du Rhône, la luisante de Portout en Savoie et les dérivées des sigillées paléochrétiennes provençales. La colonne 11, les autres lampes. La colonne 12 est réservée aux céramiques communes régionales cuites selon le mode réducteur. La colonne 13 subit une petite modification : elle ne concerne que des céramiques communes d’importation méditerranéenne. Cette catégorie étant particulièrement identifiée et représentée sur le site, nous l’avons privilégiée aux dépens de la céramique languedocienne peu présente. La colonne 14 réunit tous les autres fragments de céramiques communes indéterminées et dont la plupart sont très certainement des pâtes claires préromaines. La colonne 15 concerne la céramique à glaçure plombifère (d’origine italique ?). La colonne 16 réunit les amphores africaines, orientales et indéterminées. Le matériel protohistorique, comme la céramique étrusque, phocéenne, d’Asie mineure, campanienne et la céramique indigène modelée, est isolé dans la colonne 17 ainsi que quelques traces du Haut‑Empire (3 tessons par exemple de sigillée sud gauloise).

TABL. V – Comptage brut des tessons par catégorie et par phase.

TABL. VI – Comptage des tessons par catégorie et par phase exprimé en pourcentage (les pourcentages notés 0,00 sont inférieurs à 0,005 %).
9A Saint‑Blaise, toutes les catégories sont présentes sauf la sigillée claire A qui est d’une époque antérieure non représentée sur ce site. Ce répertoire de poteries est complété par quelques tessons de vases en pierre ollaire tournés dans des roches métamorphiques (colonne 18) et de nombreux morceaux de verre (colonne 19). Les éléments de datation comme les monnaies sont présentés dans le tableau I (cf. 1re partie 1.3).
10Sur l’équivalence chiffrée en quantité et pourcentage du tableau VI, il apparaît clairement que les amphores dominent, soit presque la moitié du matériel recueilli (43,63 %). Viennent ensuite les autres céramiques communes, 17,2 %, presque à égalité avec les céramiques communes grises : 15,74 %. Les autres catégories sont en quantités nettement inférieures. Parmi la vaisselle fine, la DS.P représente 4,66 %, la sigillée claire D 3,43 % et la commune importée 1,93 %. Enfin, la sigillée claire B et la luisante sont à l’état de traces.
11Sur le diagramme en barre de la fig. 36, les diagrammes par phase des catégories, en pourcentage par catégorie, ne reflètent pas l’image du total ; ce qui prouve une distribution inégale pour chaque catégorie. Par exemple les graphiques de B ou luisante portent sur des quantités de tessons très minimes et il ne faut pas oublier que ces graphiques sont exprimés en pourcentage. Il faut bien avoir à l’esprit que la longueur des barres ne correspond pas à une quantité absolue mais à une proportion résultant des rapports entre les diverses catégories d’un même groupe ou de la même catégorie dans des groupes semblables. On note cependant que les diagrammes des sigillées claires D, des DS.P. et des céramiques communes grises, soit les trois catégories de vaisselle les plus utilisées, présentent une image similaire.

FIG. 36 – Diagramme par phases en pourcentage parcatégorie.
2.1.4 Évolution par phase des Catégories principales
12Le graphique de la fig. 37 montre l’évolution par phase en pourcentage par catégorie des trois vaisselles mises en évidence dans le tableau précédent, auquel nous avons rajouté pour comparaison les céramiques communes importées. Les trois courbes ont un profil qui se superpose et la quatrième ne s’en éloigne guère.
13● Les phases II et III, comme on a pu déjà l’observer sur le diagramme en barre, n’ont livré pratiquement aucun matériel (entre 2 et 3 % soit respectivement 1 854 et 2 403 tessons sur un total de 85 802). Seule la céramique commune importée est plus abondante en phase III (8,6 %). Cette rareté de matériel s’explique en fait par la nature de la stratigraphie dans ce secteur : le creusement des fosses qui a détruit, parfois en totalité, les sols antérieurs voire entamé les niveaux protohistoriques.
14● Les phases IV et V, qui sont des niveaux de réoccupation, ont livré entre 17 et 31 % des tessons et c’est toujours la commune importée qui domine.
․ En phase VI, la courbe s’inverse et chute à 10 % pour la C.C.G., 8,6 % pour la claire D, et 10,84 % pour la DS.P. Cette phase a été interprétée par la stratigraphie comme une phase de destruction.
15● Malgré la précarité apparente de la réoccupation, en phase VII, les quantités culminent à près de 40 %. Ce mouvement est un peu moins net pour les céramiques communes importées.
16● La phase d’abandon VIII conserve un taux élevé de matériel entre 24 et 29 % de tessons.

FIG. 37 – Evolution par phases en pourcentage par catégories des sigillées claires D (D), DS.P., céramiques communes grises (CCG), céramiques communes Importées (CCI).
17En définitive, ce sont les deux dernières phases qui ont livré la plus grande part du matériel soit 63 à 70 % de chaque catégorie.
18Le tableau vii (grilles H, HI, IV CATHMA 1986 : 35, fig. 4), et la fig. 38, toujours établis en comptage par tessons, permettent de visualiser des comparaisons sur trois combinaisons de matériel. La grille II compare le nombre de fragments de vaisselle à celui des amphores. On constate une quasi‑égalité. La grille III ne s’intéresse qu’aux vaisselles fines et communes, importées et régionales. La commune grise domine en tessons : 60,8 %, suivie de loin par les DS.P. 18 %, la claire D 13,5 % et la commune importée 7,4 %. La luisante est pratiquement inexistante comme il a été déjà remarqué globalement en Provence à la fin de l’Antiquité contrairement au Languedoc. Le site de Saint‑Blaise confirme bien ces premières observations ainsi que celles faites plus récemment sur un nouveau secteur de la Bourse (Cavaillès‑Llopis 1986 : 172, fig. 9). Le rapport céramiques fines / céramiques communes est aussi comparable à celui constaté sur le site proche de Sainte‑Propice remarquablement riche en sigillée claire D (Boixadera et al. 1987 : 95, fig. 7). La grille IV ne privilégie que trois catégories de vaisselle fine engobée : la sigillée claire D, la luisante et la DS.P. Elle accentue encore l’absence de la luisante et rapproche les quantités de D et de DS.P. En comparaison du premier diagramme en barre établi en 1986 pour la Provence, le site de Saint‑Blaise comme on l’a déjà signalé à Sainte‑Propice, est beaucoup plus riche en sigillée claire D que ceux de Marseille (fig. 40) (CATHMA 1986 : fig. 5 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 172, fig. 9).

FIG. 38 – Représentation en barres du tableau VII.

TABL. VII – Comptage brut regroupé par catégories suivant 3 combinaisons différentes : II vaisselle amphore ; III vaisselle fine et commune ; IV vaisselle fine.
2.1.5 Inventaire par forme des Catégories principales
19La qualité de conservation du matériel nous a autorisés à tenter un comptage par forme vraie à partir des différents rebords ou parties caractéristiques qui ont pu être isolés grâce aux typologies déjà réalisées pour les sigillées claires C, D, phocéennes et pour les DS.P. régionales, et les nouvelles classifications des céramiques communes locales et importées (pour le détail des typologies utilisées se reporter à chaque notice).
20Pour les cinq catégories déjà représentées, toutes phases confondues (tabl viii), nous avons dénombré 1 403 formes pour un total de 22 210 tessons. Les formes les plus nombreuses (449) appartiennent à la catégorie des sigillées claires, 32,07 % de l’ensemble. Elles sont suivies par les céramiques communes grises régionales (401) soit 28,58 %, presque à égalité avec les DS.P. fines régionales (376) soit 26,8 %. La commune importée représente encore plus de 10 % du matériel, 165 objets soit 11,7 %. Les sigillées luisantes comme nous l’avons déjà observé sont à l’état de trace : 0,78 % soit 11 formes.

TABL. VIII – Comparaisons des comptages par tesson et objets vrais.
21Les deux diagrammes en barre (fig. 39) qui matérialisent le tableau viii donnent une autre distribution des quantités de chaque catégorie, moins tranchée. Dans le comptage par tessons (A), c’est la céramique commune grise qui domine nettement, alors que dans le comptage par formes vraies (B), elle n’occupe que la seconde place. Le nombre des formes des s.C.D., DS.P., CCG ne présente pas de gros écarts. La sigillée claire africaine est toutefois légèrement supérieure, mais la céramique commune importée est notablement représentée. La différence entre les deux diagrammes tient d’une part à la nature de chaque vaisselle plus ou moins normalisée et d’autre part aux formes dont les éléments de comptage sont surtout les rebords. Ces derniers sont moins importants dans les formes culinaires à grande panse globulaire qui fournissent de nombreux tessons informes, inutilisables dans la méthode.

FIG. 39 – Représentation en barres du tableau VIII.
22La fig. 41 exprime, pour la même catégorie, le pourcentage des formes (en noir) par rapport aux tessons (en blanc) = 100 %. Sur 100 tessons, on identifie 15 formes de s.C.D., 18 en luisante, 13 en DS.P. et seulement 3 en céramique commune grise, mais 10 en céramique commune importée. En divisant le nombre de tessons par le nombre de formes, on obtient un indice de fragmentation qui correspond au nombre moyen des tessons pour reconstituer un vase. Cet indice est de 5,9 pour les s.C.D., 5,45 pour la luisante, 10,63 pour les DS.P., 33,68 pour la commune grise et 10 pour la céramique commune importée.

FIG. 40 – Comparaison des quantités de SCD et DS.P. sur les sites de Saint‑Blaise et de la Bourse.

FIG. 41 – Pourcentage des formes (en noir), par rapport aux tessons (en blanc).
23Ces premiers résultats, encore expérimentaux pour la période qui nous concerne, seraient intéressants à confronter, en utilisant les mêmes méthodes, aux données offertes par les grands sites provençaux de l’Antiquité tardive tels que Marseille, Olbia, Arles, peut‑être comparables par l’importance des céramiques d’importation fines et communes.
2.2 Les céramiques fines importées
24m.‑t. cavailles‑llopis, l. vallauri
2.2.1 Les sigillées Claires africaines
25Cette catégorie d’origine africaine mais très diffusée, principalement dans tout le Bassin méditerranéen, est aujourd’hui de mieux en mieux connue. Il s’agit d’une céramique fine à vernis argileux rouge orangé, de longue tradition, qui s’est développée entre la fin du ier s. et le milieu du viie s. Son aire de production recouvrirait l’Afrique proconsulaire et la Mauritanie avec pour épicentre la Tunisie (Atlante : 11‑18 ; Tortorella 1987 : 279‑327). Les centres de production qui ont été repérés sont nombreux. Les ateliers exportateurs sont situés en Tunisie septentrionale (autour de Carthage) et en Tunisie centrale et méridionale. D’autres productions satellites ont aussi été identifiées mais sans grande diffusion. Les sigillées, malgré leur standardisation apparente, sont particulièrement variées et les céramiques qui nous concernent se rattachent principalement aux productions de sigillée C et D d’époque tardive. Parmi les ateliers identifiés souvent par prospection, c’est celui d’Oudna qui est le mieux connu par des fouilles anciennes ; cet atelier installé dans les mines des Thermes aurait produit de la sigillée claire D tardive : plats, lampes et vases moulés. D’après l’étude des poinçons publiés par l’inventeur, Hayes suggère une activité de l’atelier entre 500 et 530. Pour Tortorella, cette chronologie semble trop basse et le début de la production d’Oudna pourrait se situer à partir de 450 (Gauckler 1897 : 362‑471 ; Hayes 1972 : 150‑151 ; Tortorella 1987 : 295).
2.2.1.1 La vaisselle de table : Comptage, productions, typologie
262 939 tessons ont été comptabilisés. Ils représentent un minimun de 449 vases (tabl. ix et fig. 42). Cette évaluation par rapport au nombre de tessons (en comparaison avec les céramiques régionales DS.P. ou CCG) peut paraître assez élevée. Elle s’explique cependant par l’intérêt particulier porté à cette céramique depuis plusieurs années : les formes sont très bien élaborées dans leur mode de fabrication, et elles bénéficient d’une codification très poussée. Identification et individualisation sont souvent possibles au vu d’un seul fragment de rebord. D’autre part, cette vaisselle est aussi très particulière dans sa morphologie. Les plats et les formes ouvertes ont souvent un très grand diamètre. Malgré leur fragmentation, la fouille livre souvent un très grand nombre de différents rebords, qui peuvent être pris en compte comme autant d’objets.

TABL. IX – Répartition des sigillées claires par formes identifiées et phases.

FIG. 42 – Représentation en barres du tableau IX.
27Si les pâtes présentent au premier abord une grande diversité de couleurs et un aspect varié des revêtements argileux, l’ensemble des sigillées claires se subdivise en deux grands groupes :
28– le premier groupe majoritaire (sigillée claire D) réunit des céramiques à pâte granuleuse, aux cassures émoussées, de couleur rouge orangé, recouverte par un engobe plus ou moins épais et brillant ; nous n’avons pas pu les différencier, suivant les types de production proposés par A. Carandini (Atlante : 78) ; mais la plupart sont à rattacher au groupe D2, qui correspond à la production tardive ;
29– le second groupe s’individualise de façon plus claire ; la pâte est beaucoup plus fine, homogène, dure et bien cuite ; l’engobe fin est satiné ; ce groupe, réservé exclusivement à quelques formes, s’apparente aux catégories C4‑ C5 ou C tardive définies par A. Carandini (Atlante : 58) ;
30– quelques tessons marginaux dans leur aspect, brun‑rouge mat, n’ont été attribués à aucune production (c/ infra 2.2,1,2).
31C’est néanmoins à la zone africaine qu’il faut rattacher l’ensemble des tessons de Saint‑Blaise. Des analyses physico‑chimiques ont été réalisées au laboratoire de céramologie de Lyon par M. Picon en février 1985, sur un groupe de sigillées claires issues de sites provençaux, dans le cadre du travail collectif CATHMA. Trois rebords Hayes 87A, 67, 91C appartiennent à un large groupe qui mélange sans distinction toutes les catégories chronologiques de la sigillée claire D. Le rebord H74 s’intégre dans le petit groupe de C tardive qui réunit également les échantillons provenant d’un atelier tunisien de la région de Kairouan (information R. Guéry et H. Slim, CATHMA – compte rendu de la réunion 5 mars 1986).
32A. Carandini a réalisé une étude des pâtes dont les descriptions pour la production C tardive ont permis une rapide identification dans la classification par exemple des formes Hayes 82‑84. En revanche, pour la production de D, les tessons qui se rattachent clans l’ensemble à la production D2 nous offrent une plus grande variété dans les aspects. Certaines formes bien définies présentent des caractères propres. Citons à titre d’exemple les plats Hayes 87 qui ont pour particularité leur traitement de surface. L’engobe épais est réservé par l’application d’une spatule, en bandes sur la panse, ou en motifs rapidement exécutés sur le médaillon central. Les bols Hayes 50B, variante 61, ont toujours une pâte dure granuleuse, trop cuite, noir‑brun et un engobe mat brun‑rouge. Les coupelles Hayes 98 ont généralement une pâte assez fine et un engobe satiné tandis que la variante 5 a une pâte plus tendre dont l’engobe s’écaille. Autant de variétés qui reflètent la multiplicité des sites producteurs ou des ateliers sans doute au sein d’une même aire de production.
33Les formes ont été identifiées à partir des ouvrages de base de N. Lamboglia (1963), J.W. Hayes (1972, 1980), Atlante dette forme ceramiche 7 (1981), Fulford, Peacock (1984), Martin (1977). Le catalogue présente l’intégralité des sigillées claires et suit approximativement l’ordre typo‑chronologique élaboré par J.W. Hayes. Les publications récentes font apparaître un nombre important de variantes ; les ouvrages de Carandini et Fulford sont à cet égard significatifs. Certains rebords n’ont pu être rattachés à aucune typologie existante. D’autre part les classifications diffèrent selon les auteurs et dans notre catalogue nous avons essayé d’élargir les équivalences dans la mesure du possible. Les datations sont elles aussi souvent controversées et réajustées en fonction du renouvellement permanent de la documentation.
2.2.1.2 Catalogue des formes
34Chaque forme est définie par ses caractères morphologiques et par sa pâte. Elle est ensuite quantifiée et remise dans son contexte de découverte par phase (tabl. ix). Les comptages ne tiennent compte que des rebords. Les chronologies proposées par Hayes, Fulford, Carandini et la dernière mise au point de Tortorella (Tortorella 1987 : appendice 305‑307) sont les principales retenues, et nous avons essayé de les compléter par les données chronologiques proposées par les fouilles provençales et languedociennes.
35Hayes 61B / Lamboglia 53 / Fulford 1
FIG. 43, nos 1‑5
Grand plat à lèvre redressée, forme incomplète.
Pâte : grossière, granuleuse, engobe épais brillant (nos 1‑4) et mat (no 5), couleur orange‑brun.
7 rebords dont 3 de forme 61B classique (nos 1‑3), 2 variantes Deneauve 1972, Atlante tav. XXXV/6 (no 4), 2 proches des formes 87A/104A.
Contexte : 2 phase II (nos 1‑4), 3 phases IV‑V (no 3), 1 phase VI (no 2), 1 hors stratigraphie.
Cette forme très populaire dans tout le Bassin méditerranéen est parfois difficile à identifier quand le rebord est trop petit. Elle peut être confondue avec les formes Hayes 87A et 104A. La datation proposée par Hayes (380‑450) est corroborée par les fouilles de Carthage et Ostia. En revanche, Fulford prolonge sa diffusion jusqu’en 475‑500.

FIG. 43 – Sigillée claire D : Hayes 61B
L. Vallauri del / CNRS
36Hayes 63 / Lamboglia 9B / Fulford 3
FIG. 44, nos 6‑8
Grand plat apode, avec lèvre indistincte de la paroi plus ou moins arrondie ou évasée ; à l’extérieur 2 ou 3 rainures ; forme incomplète.
Pâte granuleuse, fine, engobe mat, fin, orange clair.
4 rebords.
Contexte : 3 phases IV‑V, 1 phase VIL Cette forme assez rare est présente jusqu’à Conimbriga, Pollentia (îles Baléares), Valence (Espagne). La production ne semble pas avoir dépassé 425‑450 et est sans doute résiduelle dans nos contextes.
37Hayes 62‑64
FIG. 44, 45, nos 9‑15
– Type 1 : Hayes 62 / Lamboglia 9A, Atlante tav. XXXVI/3.
Grand plat à paroi arrondie en quart de cercle et sans rainure extérieure. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe brillant. 2 rebords.
Contexte : phase VII (nos 9, 10).
38– Type 2 : Atlante tav. XXXVII/7.
Grand plat à paroi évasée peu recourbée. Forme incomplète (nos 11 à 13).
Pâte granuleuse, engobe épais.
20 rebords.
Contexte : 1 phase III, 5 phases IV‑V, 5 phase VII (nos 11, 12), 6 phase VIII (no 13), 3 hors stratigraphie.
– Type 3 : Atlante tav. XXXVII/8.
Grand plat à paroi évasée et lèvre épaissie. Forme incomplète (nos 14, 15).
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 3 rebords.
Contexte : 1 phase III (no 14), 2 phase VII (no 15).

FIG. 44 – Sigillée claire D : 6‑8 Hayes 63 ; 9, 10 Hayes 62‑64 type 1
L. Vallauri del / CNRS

FIG. 45 – Sigillée claire D : Hayes 62‑64 types 2 et 3
L. Vallauri del / CNRS
39Les variantes de formes ne paraissent pas correspondre à des indices chronologiques dans nos sondages, La datation proposée par Hayes (350‑425) pourrait être prolongée jusqu’au début du vie s. d’après les dernières données de Carthage.
40Hayes 67 / Lamboglia 42 / Fulford 9
FIG. 46, nos 16 à 19
Écuelle à marli plus ou moins arrondi et lèvre pendante. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, très fine, bien cuite, engobe mat et fin (no 19 : analyse ACD 52).
10 rebords dont 1 plus anguleux (no 19) et rainure plus éloignée de la lèvre.
Contexte : 2 phases IV‑V (no 16), 2 phase VI (no 18), 3 phase VII (no 17), 1 phase VIII (no 19), 2 hors stratigraphie.
41Cette forme est réalisée dans une argile un peu plus fine que toutes les autres productions en D. Elle est particulièrement documentée en Espagne (Mendez Ortiz, Ronallo Asensio 1985). Datation proposée par Hayes : 360‑470.
42Hayes 71B/72
FIG. 46, no 20
Petit bol à marli oblique et paroi fine. Nombreuses rainures intérieures et extérieures. Forme incomplète (no 20).
Pâte très fine, engobe mat épais, à l’intérieur seulement (C3 Carandini).
1 rebord.
Contexte : phase II.
Datation proposée par Hayes : début du ve s.
43Hayes 73 / Lamboglia 57 / Fulford 18
FIG. 46, nos 21‑23
Bol à marli horizontal ou légèrement incliné, terminé par une lèvre pendante ou relevée. Forme incomplète.
Pâte la plupart du temps très fine (C4 ? Carandini) ; rares exemplaires en pâte granuleuse D.
15 rebords dont 1 avec encoche sur la lèvre, 4 avec rainures sur le marli (nos 21‑22), 10 sans rainures (no 23).
Contexte : 2 phase II, 5 phase V (nos 21‑23), 7 phase VII (no 22), 1 hors stratigraphie.
Datation : Hayes propose 420‑475, Carandini, fin ive s. en Germanie, à Carthage pour Fulford, 400‑450.
44Hayes 74 / Atlante tav. XXXI/6
FIG. 46, nos 24‑26
Petit bol à marli terminé par une lèvre pendante, creusée à l’extérieur de 2 rainures. Paroi carénée, forme incomplète. 3 rebords.
Pâte très fine, engobe fin et mat. C tardive (no 24 : analyse ACD 43).
Contexte : 1 phase V (no 25), 1 phase VI (no 24), 1 phase VII (no 26).
45Hayes 76 / Atlante tav. XXXVII1/9
FIG. 46, no 27
Grand plat à marli, lèvre épaisse dentelée partiellement, et 2 rainures sur le marli. Forme incomplète.
Pâte assez fine, feuilletée, engobe mat, épais, brun‑rouge.
1 rebord.
Contexte : phase VII.
46Hayes 70‑73
FIG. 46, no 28
Grand bol à marli décoré de guillochis en épis et lèvre épaisse relevée. Forme incomplète, absence de fond.
Pâte granuleuse, grossière, engobe épais, brillant, orange vif.
1 rebord et panse.
Contexte : phase V.
Cette forme est à mettre en rapport avec la famille Hayes 70‑73, des comparaisons exactes n’ayant pas été trouvées. II faut remarquer cependant qu’elle est produite en D et non en C comme les formes précédentes ; ce qui est peut‑être un indice pour une datation plus récente (?).

FIG. 46 – Sigillée claire D et C : 16‑19 Hayes 67 ; 20 Hayes 71B/72 ; 21‑23 Hayes 73 ; 24‑26 Hayes 74 ; 27 Hayes 76 ; 28 Hayes 70‑73
L. Vallauri del / CNRS
47Hayes 50B (variante tardive 61)
FIG. 47, nos 29‑32
Coupelle sans lèvre marquée, plus ou moins biseautée. Parois rectilignes ou évasées. Forme incomplète ; un fragment de fond porte un décor de rouelle fruste ; ce décor est signalé sur cette même forme à Marseille, fouille de la Bourse (ancienne fouille inédite) et sur l’épave Dramont E (Joncheray 1975 : 143, pl. 1‑A).
Pâte granuleuse, feuilletée, bien cuite, engobe fin ou inexistant, mat, brun‑rouge.
19 rebords.
Contexte : 7 phases IV‑V, 1 phase VI, 6 phase VII, 3 phase VIII, 2 hors stratigraphie.
Cette forme très, proche des exemplaires du site de la Bourse et de l’épave du Dramont E datée du ve s., a été également publiée dans le catalogue du musée archéologique d’Alicante bien que provenant du musée d’Elda (Reynolds 1987 : 19, no 10) et identifiée comme Fulford 27 variante. Elle a été aussi datée du ve s. Datation proposée par Hayes : 350‑400+.
48Hayes 81A
FIG. 47, no 33
Bol à paroi évasée sans lèvre distincte, décoré à l’extérieur d’incisions grossières (roulette). Forme incomplète.
Pâte granuleuse assez fine, engobe fin, mat, rose.
1 rebord.
Contexte : phase VI.
Hayes propose la seconde moitié du ve s. et est probablement résiduelle dans nos sondages. A Marseille, cette forme qui précède l’apparition des formes 82‑85 en sigillée claire C5 est datée de la première moitié ou du milieu du ve s.
49Hayes 80B/81B
FIG. 47, nos 34‑40
Bol à paroi évasée, sans lèvre distincte, ou à lèvre épaissie et paroi plus incurvée. Une forme complète à pied annulaire bas (no 37).
Pâte granuleuse, feuilletée, dure et quelquefois plus tendre surtout pour les rebords avec lèvre, et engobe fin, mat, rose orangé.
Type 1 : 11 rebords sans lèvre et paroi oblique (nos 34‑36).
Type 2 : 18 rebords avec lèvre et paroi courbe (nos 37, 38).
Type 3 : 5 rebords avec lèvre très épaisse à l’extérieur (nos 39, 40).
50Contexte :
– type 1 : 5 phases IV‑V (nos 34, 35), 4 phase VII, 1 phase VIII, 1 hors stratigraphie ;
– type 2 : 1 phase III (no 37), 7 phases IV‑V (no 38), 4 phase VI, 6 phase VII ;
– type 3 : 4 phase V (nos 39, 40), 1 hors stratigraphie.
51Les variantes de lèvres ne sont pas sans poser de problème. Seul le type 2 pourrait être en place conformément à la datation de la seconde moitié du ve s. proposée par Hayes.

FIG. 47 – Sigillée claire D : 29‑32 Hayes 50 B, variante tardive 61 ; 33 Hayes SIA ; 34‑40 Hayes 80B/81B
L. Vallauri del / CNRS
52Hayes 82
FIG. 48, no 41
Grand plat à lèvre triangulaire épaissie avec 3 rainures à l’extérieur. Panse droite décorée à l’extérieur de guillochis. Forme incomplète.
Pâte assez fine (C5 Carandini), engobe fin et satiné, orange.
1 rebord.
Contexte : phase III.
53Hayes 84 / Lamboglia 60 / Fulford 27
FIG. 48, nos 42‑44
Assiette profonde à lèvre triangulaire creusée de 2 à 3 rainures à l’extérieur. Panse rectiligne décorée à l’extérieur de guillochis. Forme incomplète.
Pâte assez fine (C5 Carandini), engobe fin, mat et satiné, orange.
14 rebords.
Contexte : 1 phase III (no 42), 5 phases IV‑V (no 43), 2 phase VI, 3 phase VII (no 44), 3 hors stratigraphie.
54Hayes 85 / Fulford 28f
FIG. 48, nos 45, 46
Petit bol à panse incurvée et lèvre épaissie creusée de rainures. Panse décorée de guillochis à l’extérieur. Forme incomplète.
Pâte fine et engobe fin, mat, orange clair (C5 Carandini).
3 rebords.
Contexte : 1 phase V, 2 phase VII (nos 45‑46).
Fulford signale la présence de cette forme jusqu’en 550.
Ces trois dernières formes (Hayes 82, 84, 85) forment une famille dans la dernière production de la sigillée claire C. Leur présence dans les contextes, associée à la sigillée phocéenne tardive, montre un faciès typique de la seconde moitié du ve et du début du vie s. (CATHMA 1986 : 36).
55Hayes 86 / Lamboglia 60 / Fulford 36
FIG. 48, no 47
Plat de même forme que Hayes 84 mais en pâte plus grossière et engobe épais brillant, orange vif. Forme incomplète. 1 rebord.
Contexte : phase VIII.
Forme sans doute résiduelle.

FIG. 48 – Sigillée claire C : 41 Hayes 82 ; 42‑44 Hayes 84 ; 45, 46 Hayes 85 ; 47 Hayes 86
L. Vallauri del / CNRS
56Hayes 87A / Fulford 43
FIG. 49, nos 48‑51
Grand plat à grosse lèvre arrondie, aplatie à l’intérieur et pendante à l’extérieur, séparée de la paroi par une rainure profonde. Deux formes complètes.
– Type 1 : lèvre arrondie et courte, pied atrophié et bas (nos 48, 49).
Pâte granuleuse, engobe épais.
7 rebords et une forme complète dont le fond est décoré d’une palmette (no 48).
Contexte : 1 phase III (no 48), 1 phase IV, 6 phase VII (no 49).
– Type 2 : lèvre triangulaire et haute, pied annulaire épais et triangulaire (nos 50, 51).
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant lissé sur la panse à l’intérieur et à l’extérieur (no 50 : analyse ACD 14).
15 rebords et une forme complète dont le fond est décoré au centre par lissage (motif indéterminé, incomplet).
Contexte : 2 phase III, 4 phases IV‑V (nos 50, 51), 3 phase VI, 4 phase VII, 3 phase VIII.
57Hayes 87B
FIG. 49, nos 52, 53
Grand plat à lèvre allongée. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, lissé en surface.
18 rebords.
Contexte : 1 phase III (no 52), 3 phases IV‑V, 1 phase VI (no 53), 7 phase VII, 5 phase VIII, 1 hors stratigraphie.

FIG. 49 – Sigillée claire D : 48‑51 Hayes 87A ; 52, 53 Hayes 87B
L. Vallauri del / CNRS

FIG. 50 – Sigillée claire D : 54 Hayes 87 variante ; 55, 56 Hayes 87C ; 57 Hayes 87C variante
L. Vallauri del / CNRS
58Hayes 87.4 variante
FIG. 50, no 54
Grand plat à lèvre plus anguleuse, paroi rectiligne et pied annulaire triangulaire. Une forme complète.
Pâte fine, granuleuse, engobe fin, mat, satiné, orange‑brun.
4 rebords et 1 forme complète.
Contexte : 4 phase IV (no 54), 1 phase VIII.
59Hayes 87C
FIG. 50, nos 55, 56
Grand plat avec lèvre lourde et carrée, pied atrophié bas. Une forme complète. Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, lissé à l’intérieur (l’exemplaire découvert en Lybie présente le même lissage, Atlante : 93, tav. XLI 1).
8 rebords et 1 forme complète.
Contexte : 1 phase III, 3 phases IV‑V (nos 55, 56), 5 phase VII.
60Hayes 87C variante
FIG. 50, no 57
Grand plat à lèvre aplatie et paroi incurvée avec rainure intérieure plus basse que la forme 87C et 2 rainures au centre. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, lissé à l’intérieur.
1 rebord et panse.
Contexte : phase III.
II faut ajouter à cet inventaire près d’une centaine de rebords, trop fragmentés pour être classés avec certitude dans les variantes A, B, C.
Cette forme nous offre toutes les variantes déjà signalées par Hayes et de nouvelles non répertoriées. C’est l’ensemble le plus riche en vases archéologiquement complets. Tous les rebords présentent une rainure profonde qui sépare la lèvre du flanc : elle est toujours plus basse à l’intérieur qu’à l’extérieur. Certains petits fragments sont difficiles à séparer des formes Hayes 61 ou 104, 94B. Il faut remarquer à Saint‑Blaise l’abondance et la diversité de cette série. Contrairement aux observations faites à partir des sites africains où elle est peu présente, en particulier des stratigraphies de Carthage (Atlante : 91‑93, Fulford 1984 : 63), la forme 87 est particulièrement bien documentée en Méditerranée occidentale. Les sites provençaux en livrent à foison (CATHMA 1986 : 36 ; Boixadera et al. 1987 : 96, nos 8‑14 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 188, nos 182‑183). Elle est également bien représentée sur les sites côtiers de Toulon (Berato et al. 1986 : 147, no 31), d’Olbia (fouille Bats) et de Vintimille (Gandolfi 1981 : 84‑86). Quant à la chronologie, toutes les formes et variantes à Saint‑Blaise semblent être déjà présentes dans la seconde moitié du ve s. Les ensembles stratigraphiques provençaux corroborent cette chronologie (CATHMA 1986 : 36). Nous avons également noté une certaine uniformité dans la production de cette forme : la pâte très granuleuse est souvent recouverte par un engobe lissé.
61Hayes 88 / Lamboglia 55B / Fulford 44
FIG. 51, no 58
Grand plat à large lèvre allongée. Forme incomplète.
Pâte peu granuleuse, engobe épais, brillant, orange vif.
2 rebords.
Contexte : 1 phase VII (no 58), 1 hors stratigraphie.
Hayes situe cette forme au début du vie s. A Carthage, elle est peu fréquente et trouvée dans des contextes 525‑550. En Provence, forme documentée à la fin du ve‑début du vie à Marseille (Bonifay, Pelletier 1983 : 313, no 54, 316, nos 109, 110) ; un exemplaire complet a été trouvé dans les anciennes fouilles de Saint‑Blaise (Février, Leyge 1986 : notice no 401), en association avec les formes Hayes 98, 91C, Lamboglia 52B, 102 (fig. 60 et 61, no 137).

FIG. 51 – Sigillée claire D : 58 Hayes 88 ; 59‑61 Hayes 90B
L. Vallauri del / CNRS
62Hayes 90B / Fulford 45
FIG. 51, nos 59‑61
Grand plat à paroi rectiligne, lèvre très épaisse arrondie et pied haut mouluré et rainure. Forme incomplète.
Pâte très granuleuse, grossière, engobe épais, brillant ou mat.
9 rebords et 8 pieds.
Contexte : 2 phase VI, 9 phase VII (no 60), 6 phase VIII (nos 59, 61).
Cette forme est toujours difficile à séparer de la forme Hayes 89 lorsqu’elle est fragmentée. Hayes situe la forme 89 au ves. et la forme 90 au vie s., tandis que Fulford propose 500‑550 pour ses fragments.
63Hayes 91A variante
FIG. 52, no 62
Bol hémisphérique à listel anguleux placé directement sous la lèvre. Paroi peu évasée, assez profonde (proche du type Hayes 91B) décorée de 2 rainures internes et de guillochis fins ? Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, mat. 1 rebord et 1 panse.
Contexte : phase V.
64Hayes 91 B
FIG. 52, nos 63, 64
65Bol hémisphérique à listel anguleux placé directement sous la lèvre. Panse profonde, décorée de guillochis au centre, cerclé dans un cas. Pied bas atrophié et dégagé. Une forme complète. Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 1 bol dont le fond manque et 1 forme complète.
Contexte : 1 phase IV (no 63), 1 phase VI (no 64).
Une quarantaine de rebords A et B, très fragmentés, sont aussi à rattacher au service 91 : 11 en phases IV‑V, 2 phase VI, 13 phase VII, 12 phase VIII, 4 hors stratigraphie.
66Hayes 91C
FIG. 52, nos 65, 66
Bol à listel plus arrondi, placé un peu plus bas que le type précédent. Diamètre de plus petite dimension. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, assez fine, bien cuite. Engobe épais, brillant (analyse ACD 24). 14 rebords.
Contexte : 4 phases IV‑V (no 65), 2 phase VI, 4 phase VII, 1 phase VIII, 3 hors stratigraphie (no 66).
67Hayes 91 variante
FIG. 52, no 67
Petit bol à listel à lèvre atrophiée, listel anguleux et ressaut interne. Aspect proche de la céramique commune africaine.
Pâte granuleuse, engobe épais, souvent mat.
6 rebords.
Contexte : 2 phase V (no 67), 2 phase VII, 2 hors stratigraphie.
68Hayes 91D
FIG. 52, no 68
Petit bol à listel atrophié et arrondi. Fond plat très peu dégagé, décor au centre de guillochis grossiers. Une forme complète.
Pâte granuleuse, engobe épais, mat.
6 rebords et 1 forme complète.
Contexte : 7 phase VIII.
La forme 91, assez fréquente, présente une large chronologie et différentes variantes : pour Fulford et Carandini, les variantes A et B sont attestées de 370 à 500. Pour la variante C, Hayes propose 530‑560, tandis que Fulford voit son apparition au ve s. (Fulford, Peacock 1984 : 65) et sa grande période de commercialisation vers 525‑550. Signalons pour la Provence l’exemplaire complet variante C (fig. 60 et 61, no 139) provenant des fouilles anciennes de Saint‑Blaise, qui a été trouvé en association avec les formes Hayes 88, 98, 102, Lamboglia 52B, dans un contexte clos (fin ve‑début vie s.). A Marseille Bourse, la variante C apparaît aussi à la fin du ve s. (CATHMA 1986 : 36). Pour la variante D, Hayes propose 600‑650, d’après les fouilles de Tocra (Boardman, Hayes 1973) mais pour Fulford cette variante n’est pas aussi tardive. Il faut cependant remarquer la grande similitude de forme avec les bols réalisés en céramique commune dont la datation est elle aussi tardive (Hayes 1976 : 88‑ 89).

FIG. 52 – Sigillée claire D : 62 Hayes 91A variante ; 63, 64 Hayes 91B ; 65, 66 Hayes 91C ; 67 Hayes 91 variante ; 68 Hayes 91D
L. Vallauri del / CNRS
69Lamboglia 52B / Fulford 39.2
70FIG. 53, nos 69‑71
Grande coupe à paroi rectiligne et petit marli plus ou moins déversé à l’extérieur. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, mat ou brillant.
8 rebords.
Contexte : 2 phase IV, 1 phase VI, 2 phase VII (no 71), 3 phase VIII (nos 69, 70).
La variante 52B signalée par Lamboglia à partir d’un exemplaire arlésien est en fait une forme bien documentée en Provence dans les niveaux tardifs : à Velaux (Boixadera et al. 1987 : 96, fig. 7) elle coexiste avec les formes Hayes 87B et C, 98, 102 et 104 ; un autre exemplaire complet (fig. 60 et 61, no 138) provenant des fouilles anciennes de Saint‑Blaise (Lamboglia 1958 :197) a été lui aussi trouvé en association avec les formes Hayes 88, 91C, 98, 102. A Carthage, Fulford propose une datation longue de 450‑475 à 500‑525.

FIG. 53 – Sigillée claire D : Lamboglia 52B
L. Vallauri del / CNRS
71Hayes 93‑94‑98 / Lamboglia 24 / Fulford 35‑38‑40‑50
FIG. 54, nos 72‑85
Cette série, nombreuse, réunit des petites coupelles assez peu stéréotypées mais qui sont toujours caractérisées par un marli court, formant parfois une lèvre triangulaire, et par un pied plus ou moins haut. La typologie est difficile à établir car certaines analogies existent entre les formes Hayes 93, 94, 98, 108. On passe progressivement d’un type à l’autre, quelquefois décoré. Toutes les variantes signalées à Carthage sont présentes ainsi que de nouvelles que nous avons essayé de classer selon 4 types principaux.
– Type 1 : petite coupelle à paroi incurvée et petit marli plus ou moins déversé à l’extérieur. Pied annulaire. Une forme complète (nos 72‑78).
Pâte granuleuse assez fine, engobe épais, brillant, orange vif.
21 rebords et 1 forme complète.
Contexte : 2 phase III (no 73), 3 phase V, 1 phase VI, 14 phase VII (nos 72‑74‑77‑78), 1 phase VIII, 1 hors stratigraphie.
– Type 2 : proche du type Fulford 40. Coupelle à marli déversé formant presque une lèvre triangulaire, paroi rectiligne séparée du fond par une dépression marquant une rupture de pente. Pied annulaire bas. À l’intérieur décor d’une croix estampée cerclée par 2 rainures. À l’extérieur, guillochis sous le marli. Une forme complète (no 79) et 5 rebords un peu plus grossiers.
Pâte granuleuse, engobe mat ou brillant. 1 exemplaire.
Contexte : 3 phase VII (nos 80, 82), 2 phase VIII (nos 79, 81), 1 hors stratigraphie.
– Type 3 : coupelle à lèvre triangulaire arrondie, paroi évasée marquée par une rupture de pente. Forme incomplète (nos 83, 84) assez proche du bol Hayes 80B/99.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 12 rebords dont un décoré à l’extérieur de guillochis.
Contexte : 1 phase III, 3 phases IV‑V, 1 phase VI, 6 phase VII (no 83), 1 phase VIII (no 84).
– Type 4 : coupelle à marli très épaissi formant une lèvre arrondie. La paroi évasée est séparée du fond par une dépression. Le pied annulaire est haut. Forme complète très semblable à la forme Lamboglia 24/24 bis et Fulford 37/3.
Pâte granuleuse, engobe très épais, brillant, orange.
1 rebord et 1 vase complet.
Contexte : 1 phase V, 1 phase VIII (no 85).
L’ensemble des contextes provençaux où cette forme est bien documentée indique une date d’apparition dès le milieu du ve s., mais sa plus grande diffusion est au vie s. A Velaux elle est associée aux formes Hayes 87B/91C, 102, 12/102 (Boixadera et al. 1987 : 97, no 17) ; à Marseille, fin ve‑milieu du vie s. (Bonifay, Pelletier 1983 ; Cavaillès‑Llopis 1986) ; à Vintimille, la plus grande concentration se trouve dans les niveaux de la fin du vie s. et notre type 4 est particulièrement proche de l’exemplaire Gandolfi 1981 : 112, no 1. Deux vases identiques (fig. 60 et 61, nos 140, 141) issus des anciennes fouilles de Saint‑Blaise ont été découverts avec les formes Lamboglia 52B, Hayes 88, 91C, 102 (Lamboglia 1958 : 189). Ces deux coupelles complètes ont en plus un décor estampé sur le fond : palmette Hayes 118r, fig. 44 et croix surmontée d’une colombe stylisée Hayes 309a, fig. 56. À Carthage, la chronologie proposée est aussi longue : 475‑500 voire jusqu’à la fin du vie s. En Espagne, à Lucentum, cette petite forme est aussi très documentée dans toutes les variantes signalées (Reynolds 1987 : 39, nos 188‑191, 53, no 385).

FIG. 54 – Sigillée claire D : 72‑85 Hayes 93‑94‑98/ Lamboglia 24 / Fulford 35‑38‑40‑50
L. Vallauri del / CNRS
72Martin NV IV / Ostia III fig. 128 / Fulford 52.2 / Hayes 93 variante
FIG. 55, nos 86‑88
Bol à lèvre arrondie épaissie, paroi incurvée séparée du fond par une légère dépression. Pied annulaire bas et mince. L’exemplaire le plus complet porte au centre un décor estampé très profondément (motif indéterminé) et cerclé par une fine rainure.
Pâte très granuleuse, dure et bien cuite, engobe fin et mat.
4 rebords et 1 forme complète (no 86). Contexte : 1 phase III, 4 phase VII (nos 86‑88), 1 hors stratigraphie.
Cette forme identifiée depuis 1977 par T. Martin est présente dans des contextes de la fin du ive s. à la première moitié du vie s.
73Hayes 97 / Lamboglia 48 / Fulford 56
FIG. 55, no 89
Bol à marli découpé de lobes. Un exemplaire présente une gorge interne au départ de la paroi.
Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant 4 rebords.
Contexte : 1 phase V (no 89), 1 phase VII, 2 phase VIII.
Cette production attribuée à l’atelier d’Oudna est connue généralement dans des contextes de la fin du ve s. et du vie s. A Conimbriga : 465‑468. Pour Tortorella, il est possible que la production de cette forme ait commencé autour du milieu du ve s. A Marseille cette forme est attestée dans un contexte tardif fin vie‑début viie s. (Bonifay, Pelletier 1983 : no 126, fig. 24).

FIG. 55 – Sigillée claire D : 86‑88 Hayes 93/Martin NV IV ; 89 Hayes 97
L. Vallauri del / CNRS
74Hayes 99 / Lamboglia 1 / Fulford 58
FIG. 56, nos 90‑92
75Bol hémisphérique à lèvre en amande et paroi incurvée séparée du fond par une dépression. Pied annulaire triangulaire. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe brillant, épais. 53 rebords et 6 pieds dont un décoré au centre d’une croix.
Contexte : 2 phase III, 8 phases IV‑V (no 90), 9 phase VI (no 91), 18 phase VII (no 92), 14 phase VIII, 9 hors stratigraphie.
Le bol Hayes 99 est la forme la plus populaire à Saint‑Blaise. Elle apparaît dès la fin du ve s. comme le signale Fulford à Carthage. Hayes propose comme date d’apparition 510. Elle perdure jusqu’à la fin du vie s. avec des variantes. Pour Tortorella cette forme peut difficilement être datée avant 450. A Saint‑Blaise les formes sont trop fragmentées pour définir les variantes typiques mais nous avons de nouveaux types de lèvres non répertoriés.
76Hayes 80B/99
FIG. 56, nos 93, 94
Bol à lèvre en amande atrophiée et paroi rectiligne dans le prolongement de la lèvre.
Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 4 rebords.
Contexte : 1 phase VIII (no 93), 3 hors stratigraphie.
Forme qui apparaît au milieu du ve s. (Hayes) ou au début du vie s. (Carandini) et qui perdure pendant tout le vie s. à Carthage.
77Hayes 99, variante 1
FIG. 56, nos 95‑97
Bol à lèvre triangulaire amincie. Forme incomplète.
Pâte très granuleuse, engobe fin, mat ou inexistant, orange‑brun.
18 rebords.
Contexte : 2 phases IV‑V (no 97), 1 phase VI (no 95), 9 phase VII (no 96), 6 phase VIII.
Cette forme commence à être identifiée dans la plupart des sites provençaux. À la Bourse elle est présente dès le milieu du ve s. Fulford à Carthage présente plusieurs variantes 60 ou 64 datées respectivement 475/500 et 500/525.
78Hayes 99, variante 2
FIG. 56 no 98
Bol à lèvre en amande aplatie au sommet. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 1 rebord.
Contexte : phase III.
Pour cette variante trouvée dans un contexte ancien nous n’avons aucune comparaison.

FIG. 56 – Sigillée claire D : 90‑92 Hayes 99 ; 93, 94 Hayes 80B/99 ; 95‑98 Hayes 99 variantes
L. Vallauri del / CNRS
79Hayes 100 / Fulford 62
FIG. 57, no 99
Coupelle profonde à paroi peu incurvée et à lèvre arrondie et épaissie. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, mat. 2 rebords.
Contexte : hors stratigraphie.
80Hayes 101
FIG. 57, nos 100, 101
Coupelle de même type que la précédente, mais à lèvre épaisse un peu biseautée à l’intérieur. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, mat. 9 rebords.
Contexte : 4 phase VI (nos 100, 101), 4 phase VII, 1 phase VIII.
Forme tardive attribuée au milieu du vie s. dans la plupart des contextes. À Carthage, fouilles de la mission Michigan, forme attestée dès la fin du vie s. À Marseille, dans les niveaux tardifs vie s. (Bonifay, Pelletier 1983 : 317, fig. 26, no 138, fig. 27‑28 ; Cavaillès‑Llopis 1986).
81Hayes 102 variante
FIG. 57, no 102
Petite coupe à paroi incurvée et carénée à l’extérieur, lèvre amincie et biseautée vers l’intérieur. Petit pied annulaire haut et tronconique. Forme complète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, lissé à l’extérieur.
3 rebords et 1 forme entière.
Contexte : 1 phase VI, 1 phase VII (no 102), 1 phase VIII, 1 hors stratigraphie.
Cette petite forme est de mieux en mieux connue par les découvertes récentes. En Provence, des formes entières ont été mises au Jour à Velaux (Boixadera et al. 1987 : 97, fig. 21‑22), avec un ensemble de pièces Hayes 87B, 91C, 12/102, Lamboglia 52B ; dans les fouilles anciennes de Saint‑Blaise, cette forme (fig. 60 et 61, no 142) a été trouvée également en association avec les formes Hayes 88, 91C, 98, Lamboglia 52B. Ces deux contextes peuvent être datés de la fin du ve‑début vie s. En Espagne, dans les fouilles de Carthago Nova, rue Soledad, deux exemplaires complets présentent de légères variantes surtout sur les pieds (Mendez Ortiz, Ronallo Asensio 1985). À Carthage la forme Fulford 63 ne possède pas de pied et est datée 525‑550. Pour Hayes c’est une forme de la fin du vie s. et du début du viie s. Tortorella signale qu’à Carthage, mission Michigan, la forme apparaît à la fin du ve‑début du vie s. (Neuru 1980).
82Hayes 12/102 / Lamboglia 22B
FIG. 57, no 103
Coupelle à paroi incurvée et à lèvre bifide peut‑être destinée à recevoir un couvercle. Panse carénée à l’extérieur. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 3 rebords.
Contexte : phases IV‑V.
Les contextes de Carthage (Neuru 1980 : 206, pl. III, 9 et 10) et de Rome montrent une chronologie à partir de 450 et au début du vie s.
Cette forme est aussi bien documentée en Provence : à Saint‑Blaise, fouilles anciennes, dépôt Saint‑Rémy‑de‑Provence (Grange 1982 : pl. 12 a, b) ; à Marseille (Cavaillès‑Lopis 1986 : 187, fig. 23, no 125 ; 188, fig. 24, no 177) à la fin du ve s.
83Hayes 12/110 / Lamboglia 21A
FIG. 57, nos 104, 105
Coupe de plus grand diamètre que la forme précédente, dont l’extérieur est décoré de guillochis et de rainures. Forme incomplète.
2 rebords.
Contexte : phases IV‑V.
Forme signalée à Saint‑Blaise dans les fouilles anciennes (Lamboglia 1958 : 289) et attribuée à la production de claire A. Un exemplaire complet a été trouvé à Velaux en association avec les formes Hayes 102, 104A, 91C, 98, Lamb. 52B (Boixadera et al. 1987 : 97, fig. 10, no 20).
À Carthage cette forme qui apparaît dans la seconde moitié du ve s. ne semble pas dépasser le milieu du vie s. (Neuru 1980 : 206, pl. III, no 7).

FIG. 57 – Sigillée Claire D : 99 Hayes 100 ; 100, 101 Hayes 101 ; 102 Hayes 102 ; 103 Hayes 12/102 ; 104, 105 Hayes 12/110
L. Vallauri del / CNRS
84Hayes 103 A et B / Fulford 64 / Lamboglia 60
FIG. 58, nos 106, 107
Plat à paroi évasée et lèvre de section triangulaire ou plus arrondie, inclinée vers le bas. Forme incomplète. Variante A : no 106, variante B : no 107.
Pâte très granuleuse, engobe épais, brillant ou mat.
8 rebords.
Contexte : 1 phase VI (no 106), 4 phase VII (no 107), 3 phase VIII.
Les dates proposées par Hayes, Carandini et Fulford indiquent une diffusion dans le VIe s. et une date d’apparition à la fin du ve s. ou en 500. A Marseille la forme 103A apparaît au milieu du ve s. et la forme 103B au vie s. (Bonifay, Pelletier 1983 : 309‑314).
85Hayes 104A / Fulford 65
FIG. 58, no 108
Plat à paroi évasée terminée par une grosse lèvre arrondie redressée et pendante à l’extérieur. Une rainure sur la panse interne. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, lissé.
3 rebords.
Contexte : 1 phase VI, 1 phase VII (no 108), 1 phase VIII.
Forme attribuée généralement au vie s. (Maioli 1983 : 99‑101) voire début du viie (Fulford), mais dont l’apparition pourrait se situer dès le ve s. (Atlante : 136). En Provence la variante A est attestée au milieu du ve s. (CATHMA 1986 : 36). À Velaux, un exemplaire complet est décoré d’un personnage tenant une croix, style Eii Hayes (Boixadera et al. 1987 : 97, no 24).
86Hayes 104B / variante Hayes 22
FIG. 58, no 109
Plat de même type que la forme 104A, mais avec une lèvre plus anguleuse et biseautée à l’intérieur.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 6 rebords.
Contexte : 1 phase V, 1 phase VI, 2 phase Vil (no 109), 1 hors stratigraphie. Date proposée par Hayes : 530‑580 ; à Marseille, contextes vie s. (Bonifay, Pelletier 1983 : 314 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 173).
87Hayes 104C
FIG. 58, no 110
Plat de même type que 104A et B mais avec lèvre arrondie et 1 ou 2 rainures sous la lèvre, sur la paroi interne. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 3 rebords.
Contexte : 1 phase V (no 110), 2 phase VIII.
Hayes et Fulford s’accordent pour le milieu du ve s. jusqu’en 625. À Marseille, seconde moitié du vie‑début viie s. (Cavaillès‑Llopis 1986 : 173).
88Hayes 105 / Fulford 66
FIG. 58, no 111
Plat à grosse lèvre arrondie, aplatie sur la face interne. Paroi légèrement incurvée. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant ou mat.
2 rebords.
Contexte : 2 phase VIII.
L’ensemble des découvertes provençales corroborent les dates proposées par Hayes, Carandini et Fulford : seconde moitié du vie‑viie s. (CATHMA 1986 : 36 ; Bonifay, Pelletier 1983 : 317‑321, fig. 26‑29).
89Hayes 107 / Fulford 69
FIG. 58, nos 112, 113
Coupe à marli plat dont la partie inférieure est épaissie. Paroi évasée. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant. 25 rebords.
Contexte : 4 phase IV, 4 phase VI, 4 phase VII (no 113), 9 phase VIII (no 112), 4 hors stratigraphie.
Cette forme est très populaire à Saint‑Blaise, bien typique, sans confusion possible avec la forme Hayes 93. Elle pose quelques problèmes de datation car elle est présente en association avec des formes du début du vie s. À Carthage elle a été trouvée aussi dans un contexte de la fin du ve s. (Atlante : 102). En Provence, cette forme est caractéristique des niveaux les plus tardifs attribués au VIIe s. (Bonifay, Pelletier 1983 : 317‑318, 320, fig. 26, no 123) comme le proposent Hayes (600‑650) et Fulford (550‑600‑650).
90Hayes 109 / Fulford 71
FIG. 58, nos 114, 115
Plat à lèvre dans le prolongement de la paroi légèrement grossie et marquée par une rainure interne. Forme incomplète.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant ou mat, lissé intérieurement.
4 rebords.
Contexte : 3 phase Vil (no 114), 1 phase VIII (no 115).
Hayes propose 610‑620/680‑700. À Carthago Nova, rue Soledad, une forme complète. En Provence cette forme n’a été identifiée en stratigraphie qu’à Marseille (CATHMA 1986 : 36 ; Bonifay, Pelletier 1983 : 319‑322) dans des contextes les plus tardifs : fin vie, début viie s. Elle est aussi présente sur les sites côtiers d’OIbia et en Languedoc (Psalmodi). Sur l’épave de l’anse Saint‑Gervais, cette forme est trouvée en association avec une coupelle H.98 (Jézégou 1983 : 199, no 3 ; id. 1987 : 97).

FIG. 58 – Sigillée claire D : 106,107 Hayes 103 ; 108 Hayes 104A ; 109 Hayes 104B ; 110 Hayes 104C ; 111 Hayes 105 ; 112, 113 Hayes 107 ; 114, 115 Hayes 109
L. Vallauri del / CNRS
91Rebords divers
FIG. 59, nos 116‑126
Sous cette rubrique nous avons inclus des profils variés mal identifiés. Nous proposons cependant des rapprochements avec des formes connues sans toutefois affirmer qu’il s’agisse de formes nouvelles.
– Grand plat à petit marli épais et rainure interne sous le rebord (no 116). Cette forme profonde pourrait se rapprocher d’une forme Hayes 87C (nos 55‑57) ou de la forme Lamboglia 52C. Forme identique en Espagne, à Lucentum (Reynolds 1987 : 25, no 53).
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, lissé.
1 rebord.
Contexte : hors stratigraphie.
– Grand plat ou couvercle à lèvre légèrement bifide (nos 117, 118) ; proche de Fulford 35/Lamboglia 59/Hayes 79.
Pâte granuleuse, engobe épais, lustré sur la lèvre.
3 rebords.
Contexte : 1 phase VII (no 117), 2 hors stratigraphie (no 118).
– Bol à lèvre légèrement bifide et 2 rainures externes (no 119) ; forme proche de Fulford 35.3.
Pâte granuleuse, engobe épais très corrodé. 1 bord.
Contexte : hors stratigraphie.
– Grand plat à paroi évasée et lèvre arrondie et recourbée à l’extérieur (no 120) ; proche de Fulford 82/ Lamboglia 52B. Forme identique en Provence à Velaux (Boixadera et al. 1987 : 96, no 7) et en Espagne à Lucentum (Reynolds 1989 : 53, no 390). Pâte granuleuse, engobe épais, mat, lissé.
Contexte : phase VII.
– Plat à lèvre triangulaire effilée et rainure intérieure sous le rebord, paroi évasée (nos 121, 122), nouvelle variante des formes Hayes 61/87/104 ?
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant ou mat, extérieur lissé de 5 bandes.
Contexte : 1 phase V (no 121), 1 hors stratigraphie (no 122).
– Petit bol à lèvre épaissie, aplatie et creusée de 2 rainures externes, paroi incurvée (fig. 59, nos 123‑124). Proche des petites formes Hayes 62/Fulford 2.11 datées de la fin du vie s. ?
Pâte fine peu granuleuse, engobe épais, satiné.
2 rebords.
Contexte : 1 phase IV (no 123), 1 hors stratigraphie (no 124).
– Grand bol à paroi évasée sans lèvre marquée (no 125).
Pâte très granuleuse, engobe lissé à l’intérieur, proche de la forme Hayes 81A par son décor extérieur de guillochis et par son lissage de la surface intérieure proche de la forme Hayes 109.
Contexte : phase VIII.
– Bol à lèvre en amande, décor de guillochis à l’extérieur (no 126).Pâte granuleuse, engobe épais. Contexte : phase VII.
Cette forme présente plusieurs analogies morphologiques avec les formes Hayes 99 (lèvre en amande), les formes Fulford 27 et Gandolfi 1986 (décor de guillochis sur la surface extérieure et pâte granuleuse).
La datation proposée par Fulford est deuxième quart vie s.
92Vases à liquide
FIG. 59, nos 127‑130
Les éléments de cruches ou d’amphorettes sont en très petit nombre à l’exemple des autres sites provençaux. A Marseille on note leur présence dans un contexte vie s. (Bonifay, Pelletier 1983 : 314, nos 115‑117).
– Goulot à lèvre en amande (no 127) proche de Fulford 25.1.
Pâte granuleuse fine, engobe fin, brillant. Contexte : phase VII.
Datation à Carthage par Fulford : 500‑550.
– Goulot ou pied évasé (no 128) proche de Fulford 25 no 4.
Pâte fine très peu granuleuse, engobe fin, mat à l’extérieur seulement.
Contexte : phase VII
– Fragments d’anses cannelées (nos 129, 130) proches des types Fulford fig. 25, nos 1.3 et 2.8 et fig. 26, no 17. Pâte granuleuse, engobe épais, brillant.
Contexte : 1 phase VIII (no 129), 1 hors stratigraphie (no 130).

FIG. 59 – Sigillée claire D : 116‑126 rebords divers ; 127‑130 vases à liquide
L. Vallauri del / CNRS

FIG. 60 et 61 – Sigillée claire D : Hayes 88, Lamboglia 52B, Hayes 91c, Hayes 98, Hayes 102 et lampe trouvée en association par H. Rolland dans la maison XV, dite du Fondeur
L. Vallauri del / CNRS ; cl. CNRS / CCJ / Chéné‑Foliot
2.2.1.3 Les décors
93FIG. 62, 63
94Les formes décorées sont très peu représentées à Saint‑Blaise. Sur l’ensemble des 2 939 tessons, 45 seulement portent un décor soit estampé, soit plus exceptionnellement lustré.
95Nous n’avons pas considéré dans ce comptage les guillochis. Ces derniers sont souvent associés aux formes de C tardive : Hayes 73, 74, 82. 84, 85. On les retrouve également sur la vaisselle en claire D, en particulier sur les formes Hayes 81A, 12/110, et à l’intérieur des mortiers 91 A/B/C/D. Les petites coupelles H.98/Lamb.24/Fulford 40 ont souvent un revers décoré. Les incisions peuvent être soigneusement réalisées (fig. 54, no 79), mais aussi très irrégulières (nos 78 et 83). Trois formes exceptionnelles (fig. 46 et 59, nos 28, 125, 126) sont également ornées. Dans le premier cas, les guillochis du marli sont très réguliers, dans le second cas les revers sont couverts d’incisions lâches et grossières.
96Le décor imprimé
97Il n’a pu être associé qu’à quatre formes : H.87, 98, 99, Martin NV IV. Il est essentiellement composé de motifs géométriques : rouelles, 13 ex. (nos 1‑6) ; palmettes, 7 ex. (nos 7‑10) ; carrés, 3 ex. (nos 11, 12). Une palmette se retrouve sur une forme H.87A (fig. 49, no 48 et fig. 62, no 8). Les symboles chrétiens, croix ou chrismes, sont présents sur une forme H.98 (fig. 54, no 79 et fig. 63, no 14) et sur un fond de bol H.99 (fig. 56, no 92 et fig. 63, no 15). Les animaux, lièvres, oiseaux (nos 17‑19), poissons, complètent ce répertoire chrétien de l’Antiquité tardive. Le motif imprimé très profondément sur la forme Martin NV IV (fig. 55, no 86) est trop fragmenté pour être identifié.
98Le décor lustré
99Ce type de décor obtenu par lissage de l’engobe avant cuisson est présent sur 7 objets (nos 23‑27). Souvent informels, ou très rapidement tracés, les motifs sont limités au centre des pièces, dont les parois sont elles‑mêmes lustrées par bandes irrégulièrement espacées. Ce traitement de surface se retrouve en particulier sur les formes H.87 (nos 50, 51, 55, 56). On peut reconnaître des volutes, des motifs floraux, mais aussi un chrisme inversé avec alpha et oméga. Les motifs en bandes perpendiculaires remplies de traits incurvés (nos 26, 27) sont difficiles à interpréter (motifs géométriques ou bras d’une croix).
100Rarement relevés, les décors lustrés ont été cependant signalés en particulier sur des formes H.87 à Vintimille (Gandolfi 1981 ; 84, 85), à Ravenne où le décor est interprété par l’auteur comme une inscription en grec cursif (?) (Maioli 1983 : 103, no 4.37), en Algérie (Guéry 1970 : 288), et à Benghazi (Kenrick 1985 : 363, fig. 67, no 651.1). D’autres motifs se retrouvent aussi sur des fragments de fonds de plats comme à Velaux et à Antibes, motif végétal (Boixadera et al. 1987 : 97, fig. 10 ; Güll 1993 : pl. I, no 8), à Carthage (Riley 1981 : 101, no 11). A Bolsena dans le Latium, c’est un chrisme avec l’alpha et l’omega (rens. M. Grisheimer) qui est représenté ainsi que sur un fond de plat ramassé en prospection en Tunisie à El Aouabed sur la côte au nord de Sfax (rens. P. Trousset) et à Rougga (décor de triangles hachurés sur un pied haut de grand plat, v H8 ; rens. Guéry). Des fragments à décor lustré ont été également reconnus en Espagne à Alicante et Malaga (rens. D. Gandolfi) ainsi qu’à Lucentum (Reynolds 1987 : 27, no 56). Cette technique particulière sur les surfaces des sigillées claires avait été déjà remarquée en Provence par H. Rolland qui en 1951 signalait trois fragments à Saint‑Blaise, deux à Saint‑Rémy‑de‑Provence et un à Marseille ornés de volutes et de chrismes (Rolland 1951 : 185). À Antibes C, un fond est également décoré de volutes.
101Les graffiti
102Deux IV ont été incisés après cuisson (nos 29, 30) à l’extérieur d’une forme H.98 (fig. 54, no 76), et d’un petit récipient à panse globulaire. Une étoile de David (fig. 63, no 28) se retrouve également gravée sous le pied d’un gros plat (H.103 ou 104).
2.2.1.4 Catalogue des décors
103décors imprimés
104Rouelles
Toutes sont trouvées sur des fonds de grands plats, sauf la petite rouelle fruste qui décore le fond d’un bol H.50B no 61.
105● FIG. 62, no 1
106Partie centrale de fond plat.
Pâte granuleuse, abondantes inclusions blanches, couleur orange‑brun, engobe fin et satiné.
Décor : association de six palmettes rayonnantes autour d’un petit cercle central. Entre chaque sommet des palmettes, six rouelles à franges verticales. L’ensemble du décor est entouré par trois cercles.
Proche de Hayes 35r, fig. 40, style Aii iii. Contexte : phase II.
107● FIG. 62, no 2
Fragment de fond plat.
Pâte granuleuse, engobe mat, orange‑brun.
Décor : association de palmette et de rouelle, entourées de deux cercles.
Proche de Hayes 35r, fig. 40. mais taille plus petite que la pièce précédente, style Aii iii.
Contexte : phase VIII.
108● FIG. 62, no 3
Fragment de fond plat.
Pâte granuleuse, engobe mat, épais, écaillé, orange.
Décor : association de palmette double et rouelle, cernées par deux cercles légèrement incisés.
Hayes 36v, fig. 40, style Aiii.
Contexte : phase IV.
109● FIG. 62, no 4
2 fragments de fond plat.
Pâte granuleuse surcuite ou brûlée.
Décor de rouelles.
Proche de Hayes 37w, fig. 40, style Aiii.
Contexte : phase VII.
110● FIG. 62, no 5
111Fragment de fond plat.
Pâte granuleuse, engobe épais, orange vif, satiné.
Décor : deux rouelles juxtaposées et tangentes, cernées de deux cercles incisés. Proche de Hayes 36v, fig. 40, style Aiii.
Contexte : phase VII
112● FIG. 62, no 6
Fragment de fond de plat.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, orange vif.
Décor : rouelle cernée de trois cercles incisés.
Proche de Hayes 37w, fig. 40, style Aiii.
Contexte : phase VII.
113● FIG. 47, no 29
Forme Hayes variante 50B/no 61.
Décor : rouelle fruste à huit incisions.

FIG. 62 – Sigillée claire : fragments décorés au poinçon
cl. CNRS / CCJ / Chéné‑Foliot
114Palmettes
115● Palmette simple.
Hayes 1 A, B, C, fig. 30.
Contexte : phase VIL
116● Palmette simple.
Proche de Hayes no 4.k, fig. 3.
Contexte : phase VIII.
117● Deux palmettes en chevrons.
Hayes no 77 s, fig. 42.
Contexte : phase IV.
118● FIG. 62, no 7
Fragment de fond plat.
Pâte granuleuse, engobe épais.
119● Palmette simple.
Hayes IA, B, C, fig. 14
Contexte : phase VIII.
120● FIG. 62, no 8 et fig. 49, no 48
Forme Hayes 87A.
Au centre une palmette à trois feuilles et deux volutes cernées par trois cercles incisés.
Proche de Hayes 118r, fig. 44 ; palmette de même type à Saint‑Blaise sur une forme Lamboglia 24 (Lamboglia 1963 : 189).
Contexte : phase III.
121● FIG. 62, no 9
Fragment de fond
Pâte granuleuse, engobe orange‑brun, mat, épais.
Palmette incomplète à cinq feuilles cernée par un ? cercle incisé.
Proche de Hayes 8, fig. 73 en Late Roman C, style Aiii Ei.
Contexte : phase IV.
122● FIG. 62. no 10
Fragment de fond de bol en Late Roman C.
Pâte fine, engobe orange.
Palmette à trois feuilles.
Proche de Hayes 8, fig. 73.
Contexte : phase V.
123Motifs géométriques
124● FIG. 62, no 11
Fond de plat.
Pâte granuleuse, engobe fin, mat, orange.
Décor : rectangle divisé par une croix en diagonale, en quatre triangles remplis de hachures. Le motif est cerné par un cercle incisé.
Atlante tav. LVIII, no 9. Hayes 95, p. 247.
Contexte : phase V.
125● FIG. 62, no 12
Fond de plat à pied annulaire atrophié. Pâte granuleuse, engobe fin, mat, orange.
Décor : carré souligné de trois contours dans lequel s’inscrit une croix de Saint‑André formée de quatre doubles V opposés par le sommet.
Proche de Atlante tav. LVI no 85 ( Guéry 1970 : fig. 62).
Contexte : phase VII.
126Motifs de croix
127● FIG. 63, no 13
Fragment de fond de plat.
Pâte fine, engobe satiné, orange.
Fragment de croix à double contour.
Proche de Hayes 311e, fig. 56, style E(i).
Contexte : phase VII.
128● FIG. 63, no 14 et FIG. 54, no 79
Fragment de fond d’une forme complète Hayes 98/Fulford 40, type 3.
Pâte granuleuse, engobe mat.
Fragment de croix étroite à contour simple entourée par deux cercles incisés.
Hayes 309a, fig. 56, style E(i) (Rolland 1951 : fig. 179).
Contexte : phase VIII.
129● FIG. 63, no 15 et fig. 56, no 92
Fragment de fond d’une forme Hayes 99.
Pâte granuleuse, engobe épais, brillant, orange vif.
Deux branches d’une croix remplie d’épis et petits globules entourée d’un cercle incisé.
Hayes 324, style E(i), Atlante tav. LIX no 51, Oudna.
Contexte : phase VII.
130● FIG. 63, no 16
Deux fragments d’un fond plat.
Pâte granuleuse, engobe satiné.
Chrismes schématiques à RHO inversé inscrit dans un cercle à franges obliques. Les trois motifs sont accolés et entourés de deux cercles incisés.
Proche de Hayes 286e, fig. 55, style Aiii. Contexte : phase III.
131Animaux
132● FIG. 63, no 17
Fragment de fond (Late Roman C ?).
Pâte fine, brûlée, engobe mat.
Deux lièvres accolés courant tête en avant.
Hayes 35p, fig. 74.
Contexte : hors stratigraphie.
133● FIG. 63, no 18
Fragment de petit fond.
Pâte fine, granuleuse.
Engobe fin, mat.
Tête et fragment de corps d’oiseau entourés de deux cercles incisés.
Proche de Hayes 194r, fig. 47, style D ou Hayes 196c, fig. 49, style E.
Contexte : hors stratigraphie.
134● FIG. 63, no 19
Fragment de petit fond.
Pâte fine, engobe épais, mat, claire C (?).
Deux poissons rayonnants à l’extérieur d’un double cercle incisé. Les corps sont remplis d’une arête centrale et d’écailles en pointillé.
Proche de Hayes 173, 174, 175. Atlante tav. LXI, nos 19‑22.
Contexte : phase VII.
135Motifs divers
136● FIG. 63, no 20
Fragment de petit fond.
Pâte fine, engobe mat (claire C).
Ove perlé autour d’un cercle incisé. Contexte : phase VIII.
137● FIG. 63, no 21
Fragment de fond épais.
Pâte très granuleuse, engobe épais, orange‑brun.
Trois spirales affrontées, entourées de deux cercles incisés.
Fulford fig. 29, nos 91‑97.
Contexte : phase VIII.
138● FIG. 63, no 22
Fragment de fond.
Engobe fin, orange clair.
Fragment d’un motif large à volutes (Canthari ?).
Hayes 274c, fig. 53, style E(i).
Contexte : phase VII.
139décors lustrés
140● FIG. 49, no 50
Fragment de fond d’une forme complète 87A type 2.
Pâte granuleuse, nombreuses inclusions blanches, engobe épais.
Décor central : volutes entourées de cercles concentriques sur toute la panse et le rebord.
Contexte : phase V.
141● FIG. 63, no 23
Fragment de fond d’un grand plat à petit pied annulaire atrophié.
Pâte granuleuse, engobe épais.
Fragment d’un décor central : volutes ou chrisme à RHO inversé entouré de bandes lustrées sur la panse.
Contexte : phase IV.
142● FIG. 63, no 24
Fragment de fond d’un grand plat.
Pâte granuleuse, engobe épais.
Fragment de décor central : volute et barre verticale entourée de bandes lustrées.
143● FIG. 63, no 25
Fragment d’un fond de grand plat.
Pâte granuleuse, engobe épais.
Décor central incomplet : volutes ? entourées de bandes lustrées.
Contexte : phase VII.
144● FIG. 63, no 26
Fragment d’un fond de grand plat.
Pâte granuleuse, engobe épais, orange vif.
Motif incomplet : traits verticaux inscrits dans des bandes.
Contexte : phase V.
145● FIG. 63, no 27
Fragment d’un petit fond.
Pâte granuleuse, engobe fin, mat, brun orangé.
Motif incomplet : deux bandes perpendiculaires remplies de traits verticaux. Contexte : phase VII.

FIG. 63 – Sigillée claire : 13‑22 fragments décorés au poinçon ; 23‑27 fragments à décor lustré ; 28‑30 graffiti
cl. CNRS / CCJ / Chéné‑Follot
146graffiti
147● FIG. 63, no 28
Fond de grand plat à pied annulaire haut.
Forme Hayes 103‑104, diamètre du fond 18.
Pâte très granuleuse, engobe épais altéré.
Étoile de David incomplète sous le pied.
Contexte : phase VI.
148● FIG. 63, no 29
149Rebord d’une coupelle Hayes 98/Fulford 40‑50 type 1.
Pâte granuleuse, engobe épais, brun‑rouge.
Graffiti incomplet : IV.
Contexte : phase VIII.
150● FIG. 63, no 30
Panse d’un petit récipient globulaire, diam. : 12 cm, type 12/102, 110 ?
Pâte granuleuse, engobe interne et externe orange vif, brillant.
Graffiti incomplet : IV.
Contexte : phase VIII.
2.2.2 Les lampes
2.2.2.1 Présentation générale
151FIG. 64 et 65
152133 fragments de lampes ont été comptabilisés. 53 proviennent du sondage I B Sud et 45 du sondage IV. Ce petit nombre ne représente que 4,5 % de la masse des tessons africains engobés. Répartis par période, c’est toujours en phases VII‑VIII que les trois quarts des morceaux de lampes ont été trouvés. Aucune lampe complète ne nous est parvenue. Parmi les tessons, 17 queues ont été individualisées : ce chiffre minimum d’objets peut être augmenté à 29 grâce à la présence de décors bien distincts.
153Tous ces fragments sont en pâte granuleuse rouge orangé engobée, caractéristique des productions sigillée claire D, à l’exception de 2 exemplaires (nos 16‑17) qui ont une pâte beige plus tendre recouverte d’engobe brun‑orange. Ces deux pièces exceptionnelles ne semblent pas être des imitations gauloises, mais s’apparentent plutôt à des productions de céramiques communes africaines (?) en pâte chamois.
154Le catalogue qui suit a été élaboré dans le cadre de la typologie proposée par J.W. Hayes (1972 : 310‑315) et de la classification plus détaillée de l’Atlante (1981 : 184‑207). Pour les décors nous avons puisé nos références dans le répertoire de A. Ennabli (1976).
155Sur les 27 exemplaires en pâte rouge, 2 anses creusées d’un sillon sont à attribuer au type classique Hayes IB/ Atlante VIII. Ce type, qui semble disparaître progressivement à partir de la seconde moitié du ve s. (Atlante 1981 : 192‑193), est remplacé par la forme Hayes II/ Atlante X/Dressel, Lamboglia 31/ Deneauve XII. L’ensemble des lampes de Saint‑Blaise se rattache à ce groupe. À l’intérieur de ce grand groupe, certains tessons ont pu être attribués au groupe IIA ou IIB.
1569 possèdent sur le bandeau un décor bien imprimé de type Hayes IIA. Les motifs serrés sont souvent géométriques (nos 1‑5) avec alternance de disques, fleurons, carrés, triangles ou cercles.
157Mais c’est au type Hayes IIB qu’il faut attribuer les 13 fragments dont les motifs sur le bandeau ont une facture empâtée, sont espacés et mal définis (nos 6‑12). Dans ce groupe, les ornements à rinceaux en S sont fréquents ainsi que les motifs cordiformes. C’est également dans ce groupe que deux croix monogrammatiques occupent la partie centrale de la cuvette (nos 7, 9).
1583 autres lampes (nos 14, 15) ont un décor pratiquement illisible. Cet appauvrissement du type IIB est souvent expliqué par les surmoulages successifs.
159Ces quelques remarques, faites à partir des tessons de Saint‑Blaise où les types IIB prédominent malgré la présence encore de quelques tessons du type IIA, renforcent les observations déjà faites sur le matériel marseillais. C’est en effet dans les phases du milieu du vie s. que l’on note le même appauvrissement des décors, bien que le type IIA soit encore présent. Dans les niveaux postérieurs au vie s., les décors subissent une nette dégradation, à la limite du lisible (Bonifay, Pelletier 1983 : 324‑326, fig. 31‑32 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 175‑177, fig. 12). Ces quelques fragments de lampes souvent mal conservées complètent le répertoire chrétien déjà signalé par Henri Rolland dans ses fouilles anciennes et bien illustré par des exemplaires complets, croix pattée et monogrammatique, agneau pascal, vase eucharistique, etc. (Rolland 1951 : 174‑178).
2.2.2.2 Catalogue des lampes
160Hayes IB / Atlante VIII
161● Fragment de queue creusée d’un sillon.
Pâte assez fine, bien cuite, engobe épais, mat, écaillé.
Contexte : phase VIII.
162● Fragment de cuvette octogonale ? et bandeau décorés de sillons en creux.
Pâte assez fine vacuolaire, inclusions blanches, engobe orange, mat, épais. Cf. : Atlante tav. CLVIII‑1 et 5. Forme VIIIC.
Contexte : phase IV.
163Hayes IIA / Dressel / Lamboglia 31 / Deneauve XII / Atlante X
Décors bien imprimés
164● FIG. 64, no 1
Fragment muni d’une queue, départ de cuvette décorée.
Pâte assez fine, engobe fin et mat, orange clair.
Décor de la cuvette illisible.
Décor sur le bandeau : disques Ennabli F6, alternant avec des fleurons, ou des carrés.
Contexte : phase VII.
165● FIG. 64, no 2
166Fragment muni de bandeau, canal noirci et cuvette.
Pâte assez fine, engobe satiné fin, orange clair.
Décor sur la cuvette percée d’un trou : patte ou queue de lion.
Décor sur le bandeau : dans l’écoinçon, palmette Ennabli Nl‑2, puis alternance de carré A10 et disque F6.
Contexte : phase IV.
167● FIG. 64, no 3
Fragment de queue, bandeau, cuvette. Pâte assez fine, engobe orange clair, mat.
Décor du bandeau : alternance de triangles Ennabli DI et disques E5.
Contexte : phase VIII.
168● FIG. 64, no 4
Fragment de queue et bandeau.
Pâte fine, engobe mat, épais, brun‑rouge.
Décor du bandeau : quadrilobes Ennabli 12.
Contexte : phase IV.
169● FIG. 64, no 5
170● Fragment de queue brisée et bandeau. Pâte fine brûlée.
Décor du bandeau : alternance de rosaces à 6 lobes, Ennabli J1 et carré A10.
Contexte : phase VIII.
171● Fragment de bec, cuvette, bandeau.
Pâte fine, engobe fin, orange clair, mat.
Décor de la cuvette : pattes d’animal ?
Décor du bandeau : dans l’écoinçon, triangles Ennabli DI et disques F6.
Contexte : phase V.
172● Fond de lampe et fragment de bandeau.
Pâte fine, engobe fin écaillé.
Diamètre du fond : 36 mm, 2 cercles concentriques inscrits dans le disque à bourrelet (Atlante tav. CLX 2b).
Décor du bandeau : alternance de carrés, Ennabli A4 et cercles ?
Contexte : phase VII.
173● Fragment de bandeau.
Pâte brûlée.
Décor du bandeau : quadrilobes Ennabli 15.
Contexte : phase VIII.
174● Fragment de bandeau.
Pâte fine, engobe fin, orange, mat.
Décor : arceaux Ennabli L5 et palmettes. Contexte : phase VII.
175Hayes IIB : décors mal imprimés
176● FIG. 64, no 6
Fragment de bandeau, cuvette et canal noirci, et fond.
Pâte fine, engobe fin, orange, mat.
Diamètre du fond : 42 mm, motif en creux indéterminé.
Décor de la cuvette, percée d’un trou : pointillé indéterminé.
Décor du bandeau : alternance de motifs de rinceaux en S, Ennabli 01 et de carrés A6 très espacés.
Contexte : phase VII.
177● FIG. 64, no 7
Fragment de queue, cuvette, bandeau. Pâte fine, engobe fin, mat, orange.
Décor de la cuvette : fragment d’une croix monogrammatique bouclée à droite, ornée de cercles pointés, Ennabli nos 924 à 1007.
Décor du bandeau : 2 cercles, Ennabli E et rinceaux en S, 01.
Contexte : phase VII.
178● FIG. 64, no 8
Fragment muni de queue, bandeau, cuvette.
Pâte granuleuse, engobe épais écaillé, satiné, orange vif.
Décor du bandeau : cordiforme assez serré, très empâté.
Contexte : phase VI.
179● FIG. 64, no 9
Fragment de queue, cuvette, bandeau. Pâte granuleuse, inclusions blanches, engobe fin, mat, rouge orangé.
Décor de la cuvette percé d’un (?) trou : branche d’une croix ?
Décor du bandeau : frise de cœurs emboîtés les uns dans les autres Ennabli M5 ?
Contexte : phase VIII.
180● FIG. 64, no 10
Fragment de canal noirci et bandeau.
Pâte granuleuse, engobe épais, brun‑rouge.
Décor sur le bandeau : feuilles cordiformes avec queue, Ennabli M10, disposées de façon oblique et serrée.
Contexte : phase III.
181● FIG. 64, no 11
Fragment de canal, cuvette percée d’un trou, bandeau.
Pâte peu granuleuse, inclusions blanches, engobe fin, mat, orange.
Décor sur le bandeau : rinceaux en S Ennabli 01 alternant avec des carrés A6, assez espacés.
Contexte : phase VII.
182● FIG. 64, no 12
183● Fragment de cuvette et de bandeau.
Pâte fine, inclusions blanches, engobe épais, orange vif, écaillé.
Décor du bandeau : rosaces à 6 lobes alternant avec une palmette Ennabli S2, motifs serrés et mal définis.
Décor de la cuvette : crinière et tête d’un lion sautant à droite, Ennabli, nos 290‑309, facture peu nette.
Contexte : phase VIII.
184● Fragment de queue et bandeau.
Pâte granuleuse, engobe fin, mat, orange.
Décor de rosaces à 6 lobes, Ennabli J2 et départ d’un motif indéterminé.
Contexte : phase VIII.

FIG. 64 – Lampes africaines : 1‑5 type Hayes II A ; 6‑12 Hayes II B
cl. CNRS / CCJ / Chéné‑Foliot
185● FIG. 65, no 13
186● Fragment de bandeau, canal, cuvette brûlée.
Pâte granuleuse.
Cuvette percée d’un trou, motif indéterminé.
Décor du bandeau : quadrilobe Ennabli 15.
Contexte : phase V.
187● Fragment de canal noirci, cuvette, bandeau.
Pâte granuleuse, engobe épais, mat, orange.
Décor indéterminé, sur la cuvette : pattes d’animal ?
Contexte : phase V.
188● Fragment de bandeau.
Pâte très granuleuse, sans engobe.
Décor : cercles concentriques, Ennabli E. Contexte : phase V.
189● Fragment de bandeau.
Pâte granuleuse, engobe fin, mat, orange.
Décor : cercles concentriques.
Contexte : phase VII.
190● Fragment de bandeau noirci.
Pâte fine.
Décor : triangles Ennabli Dl.
Contexte : phase VII.
191Décors illisibles
192● FIG. 65, no 14
193Fond de lampe avec queue, cuvette percée d’un trou, et bandeau.
Diamètre du fond : 34 mm.
Pâte granuleuse, sans engobe.
Décor du bandeau : alternance de motifs peu espacés, indéfinissables.
Contexte : phase VII.
194● FIG. 65, no 15
195● Fragment de bandeau, canal, cuvette percée d’un trou.
Pâte granuleuse, engobe épais, orange. Décor du bandeau illisible.
Contexte : phase VII.
196● Queue et fragments de bandeau et cuvette.
Pâte assez fine, engobe orange.
Décor du bandeau : motifs circulaires illisibles.
Contexte : phase V.
197Autre production africaine ou imitation locale
198● FIG. 65, no 16
Fragment de queue, bandeau, canal, cuvette.
Pâte tendre beige, engobe orange‑brun.
Décor du bandeau : stries en relief.
Décor de la cuvette : motif en rosace, pétales pointés (4).
Contexte : phase VIII.
199● FIG. 65, no 17
Fond de lampe avec queue et fragment de bec. Pâte fine beige, engobe orange‑brun presque disparu.
Décor sous la queue : motifs curvilignes en creux.
Contexte : phase III.

FIG. 65 – Lampes africaines : 13‑15 Hayes II B ; 16, 17 productions indéterminées
cl. CNRS / CCJ / Chéné‑Foliot
2.2.3 Résultats et interprétation
200Après examen de l’ensemble du matériel africain, on note qu’à Saint‑Blaise toutes les formes du répertoire sont quasiment présentes à l’exception des formes les plus anciennes telles que Hayes 58, 59, 60, 61A, 65, 66, 68, 69, 75, 77, 78. Ce qui confirme la réoccupation tardive du site. Les formes rares Hayes 92, 95, 96 sont également absentes. Sur l’ensemble des formes identifiées, toute période confondue, c’est la forme 99 qui est la plus documentée (53 ex.) ; suivent ensuite, à égalité, le mortier 91B et les petites formes 98 (41 ex.), puis les formes 80/81B (34 ex.), 107 (26 ex.), 62‑64 (25 ex.), 87A (24 ex.), 87B (18 ex.), 99 variante (19 ex.), 73 et 84 (15 ex.). Toutes les autres formes ne sont représentées que par 9 à 10 exemplaires (tabl. ix et fïg. 42).
201Les récents travaux sur la typologie et la chronologie des sigillées claires en Provence (Bonifay, Pelletier 1983 ; Cavaillès‑Llopis 1986 ; Boixadera et al. 1987 ; CATHMA 1986) et le renouvellement de la documentation à Carthage (Fulford, Peacock 1984 ; Tortorella 1987 ; Humphrey 1976) comme en Italie (Whitehouse et al. 1982 ; Gandolfi 1981), Espagne (Reynolds 1984 ; Mendez Ortiz, Ronallo Asensio 1985), Sardaigne (Villedieu 1984) ont permis de mettre en évidence un ensemble de génération de formes, suivant le terme défini par le collectif CATHMA, dont les associations sont de plus en plus confirmées. Ainsi :
202– la première génération : fin du ive‑première moitié du ve s., pourrait réunir les formes : H58, 59, 61, 62, 63, 64, 67, 68, 91AB, 50B var. 61, 71, 73, 74, 76, 80, 81 ;
203– la deuxième génération : seconde moitié du ve‑milieu du vie s., les formes H82, 84, 84 / 85, 86, H87A, B, C, 88, 94, 91C, 96, 97, 98, 12 / 102, 102, 99A, B ,12 / 110, 103, 104A, B, C, MNVIV ;
204– la troisième génération : seconde moitié du vie‑viie s., les formes H 91D, 99C, 100, 101, 105, 107, 109.
205A l’aide de ces groupes un peu artificiels et dont les limites ou interférences ne sont pas sans poser quelques problèmes (en particulier pour la forme Martin NV‑IV qui est rattachée soit à la 1re, soit à la 2e génération, nous essaierons de voir par période l’importance de chaque groupe (tabl. ix).
206Périodes II et III
Le très faible nombre de formes identifiées (7 et 19) n’autorise aucune conclusion. On note cependant pour la période II que toutes les formes sont issues de la 1re génération, mais il n’existe aucune forme plus ancienne comme la H58 ou 59.
207Période III
4 formes de la 1re génération, 22 % ;
14 formes de la 2e génération, 78 %.
208Périodes IV‑ V
1re génération : 59 formes, 49,5 % ;
2e génération : 54 formes, 45,3 % ;
3e génération : 5 formes, 4,2 %.
209Il y a égalité entre les formes de la 1re et de la 2e génération, mais apparition de 5 formes de la 3e génération (H107 et 101).
210Période VI
1re génération : 12 formes, 21 % ;
2e génération : 33 formes, 58 % ;
3e génération : 12 formes, 21 %.
211Plus de la moitié des formes appartiennent à la 2e génération, 21 % encore de la 1re subsistent, tandis que l’on retrouve les formes 101 et 107, encore mieux représentées que dans la période précédente (21 %).
212Période VII
1re génération : 48 formes, 33,3 % ;
2e génération : 90 formes, 62,5 % ;
3e génération : 6 formes, 4,2 %.
213Dans cette phase c’est encore la 2e génération qui domine, et curieusement la 3e est plus faible qu’à la phase précédente. On note cependant l’apparition de la forme H 109 à côté des formes 101‑107.
214Période VIII
1re génération : 25 formes, 25 % ;
2e génération : 54 formes, 54 % ;
3e génération : 21 formes, 21 %.
215On note le même phénomène que dans la phase précédente : ce sont toujours les formes de la 2e génération qui dominent, mais la 3e génération est bien représentée avec la forme 107 et avec l’apparition massive de la forme 91D.
216Bien que les formes 101‑107 apparaissent dès les périodes IV‑V, c’est à partir de la période VI que les proportions des formes de chaque génération changent. L’égalité des formes de la 1re et de la 2e génération, que l’on a pu observer en périodes IV‑V, disparaît. Les périodes VI, VII, VIII offrent un faciès similaire. Elles sont certainement de chronologies très proches malgré les phases stratigraphiques bien marquées par une destruction, une réoccupation puis un abandon.
217Pour ces périodes postérieures au milieu du vie s. datées également par une monnaie de Gontran (période VI) et de Childebert (période VII), on note une très forte proportion de formes de la 2e génération, qui perdurent ou sont résiduelles. Il ne fait pas de doute en revanche que les 21 à 30 % de matériel de la 1re génération à cette époque sont résiduels.
218Les formes tardives H 101‑105‑107‑109, 91 D restent bien représentées pour témoigner d’une occupation postérieure au vie s. Les caractères particuliers des contextes fouillés à Saint‑Blaise (fosses, recreusements et raclage des niveaux du ve s.) nous obligent à rester très prudents sur la datation des formes. Les contextes sont souvent relatifs ou contaminés et il nous est surtout difficile de faire la part du matériel résiduel et de celui qui a pu coexister sur une si courte durée. C’est surtout un faciès du milieu du ve s. à la fin du vie s. qui se dégage de l’ensemble de l’étude des sigillées africaines de ce secteur. Il nuance les premières observations faites sur le site. L’observation du matériel provenant des fouilles anciennes effectuées par H. Rolland et J. Dumoulin avait déjà révélé une réoccupation à partir du début du ve s. (Rolland 1951 et 1956 ; Grange 1982). Les sigillées les plus anciennes étaient peut‑être plus nombreuses. L’ensemble du matériel africain est actuellement réexaminé et comptabilisé dans le cadre d’un travail collectif CATHMA ; une première estimation faite par L. Rivet permet de remarquer la prédominance des formes de la 1re génération, issues du ive s. et qui perdurent pendant la première moitié du ve s. Les formes Hayes 58 et 59 sont présentes en nombre non négligeable.
219Pour les périodes tardives en Gaule méridionale, ce site proche de la côte offre un répertoire riche en vaisselle dont les variantes ne sont pas sans rappeler celles observées à partir des niveaux de Carthage. La forme Hayes 98 en est un bon exemple. Certaines formes mal connues sur les sites producteurs (notamment à Carthage), comme la forme Hayes 87, sont révélées ici avec toutes leurs variantes, preuve peut‑être que certains plats étaient plus que d’autres destinés à l’exportation ou spécifiques d’un atelier plus méridional ?
220En Provence, c’est avec le site de Marseille, dont les fouilles ne sont publiées encore que partiellement, que les confrontations seraient les plus enrichissantes. Les récentes explorations réalisées dans la ville par L.F. Gantés et M. Moliner, dans le quartier du Panier (îlots 24.N. et 55) et place de l’Hôtel‑de‑Ville, présentent à première vue un faciès plus proche de celui de Saint‑Blaise que le site de la corne du Port, quartier artisanal plus que d’habitation. Le site côtier d’Olbia en cours d’étude est également prometteur pour évaluer les importations en Gaule du Sud à la fin de l’Antiquité (comptes rendus des réunions CATHMA du 19‑05‑88 et du 17‑02‑88).
2.2.4 La sigillée phocéenne tardive ( « Late Roman C Ware »)
2.2.4.1 Présentation générale
221Cette variété de sigillée, repérée dès 1933 par Waagé sur l’Agora d’Athènes (Waagé 1933) a conservé longtemps l’appellation de « Late Roman C Ware » tant que la région d’origine demeurait inconnue (Hayes 1972 : 323‑ 370 ; id. 1980 : 525, note 2). La découverte d’ateliers à Phocée et la publication des résultats des études en laboratoire sur le matériel provenant des sites producteurs orientaux et consommateurs occidentaux (Mayet, Picon 1986 : 129‑142) justifient l’abandon de cette ancienne dénomination, conformément aux souhaits des inventeurs. La sigillée phocéenne tardive représente la deuxième catégorie de vaisselle fine importée dont la commercialisation est bien connue du milieu du ve s. au milieu du vie s. Son aire de diffusion s’étend de la Méditerranée orientale, occidentale, aux côtes atlantiques jusqu’en Grande‑Bretagne (Mayet, Picon 1986 : 130, fig. 1). Elle est particulièrement bien attestée sur les sites provençaux et languedociens proches du littoral (CATHMA 1991 : 28, fig. 2).
222Cette vaisselle orientale est souvent trouvée en faible quantité comme par exemple à Marseille (Bonifay, Pelletier 1983 : 322 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 177). Aussi n’est‑il pas étonnant de n’avoir comptabilisé à Saint‑Blaise qu’une dizaine de tessons de cette catégorie de céramique, qui ne semble pas avoir concurrencé en Provence les sigillées africaines.
223Les tessons considérés ici sont caractérisés par une pâte fine granuleuse, recouverte d’un engobe brun‑rouge. La couleur plus sombre de la lèvre à l’extérieur serait due à une température élevée qui n’aurait affecté que le haut du récipient, protégé presque totalement par l’empilement (Mayet, Picon 1986 : 130).
2247 rebords de grand diamètre sont à rattacher à la forme Hayes 3, dont 3 décorés de guillochis à l’extérieur (fig. 66, nos 13I‑135). Seul l’exemplaire 131 a été découvert dans un niveau du ve s. Les fragments estampés de palmettes et de lièvres (cf. supra fig. 62, nos 9, 10) pourraient appartenir à cette même production décorée surtout au ve s. Le rebord 132 au diamètre particulièrement petit est proche des modèles ramassés sur les lieux de production en Turquie (Mayet, Picon 1986 : pl. VI, 32). La forme Hayes 4 n’est présente que sur un exemplaire, hors stratigraphie (fig. 66, no 136).
2.2.4.2 Catalogue de la sigillée phocéenne tardive
225FIG. 66
226Forme Hayes 3
● Plat plus ou moins profond à lèvre verticale épaissie, pendante à l’extérieur, arrondie ou biseautée à l’intérieur. Extérieur souvent décoré de guillochis. Forme incomplète (nos 131‑135).
Pâte fine légèrement granuleuse, engobe brun‑marron flammé sur le rebord.
7 rebords et 2 fonds.
Contexte : 1 milieu du ve s., 8 fin du vie s.
227Forme Hayes 4
● Plat à lèvre épaissie légèrement bifide et paroi incurvée, forme incomplète (no 136).
Pâte fine granuleuse, engobe orange foncé.
1 rebord.
Contexte : hors stratigraphie.

FIG. 66 – Sigillée phocéenne tardive : Late Roman C 131‑135 Hayes 3 ; 136 Hayes 4
L. Vallauri del / CNRS
2.2.5 Conclusion
228Le site de Saint‑Blaise reste un lieu d’observation privilégié pour la diffusion des produits africains et orientaux. Ces productions, encore clairement présentes au début du viie s. en Provence, sont les derniers témoins de vaisselle fine importée. A partir de cette date, le faciès céramique change pour une très longue durée : la céramique commune grise d’origine régionale dominera jusqu’au xiiie s. et les importations glaçurées italiques (de type Forum Ware par exemple) ne seront que des exceptions. Les rares échantillons exhumés à Marseille et en Provence (Bonifay et al. 1986) et les cruches retrouvées à Arles et à Digne en sont les rares illustrations (CATHMA 1992).
2.3 Les céramiques Communes importées
229l. vallauri
230Cette catégorie regroupe un lot varié de céramiques qui, bien qu’elles ne présentent pas à première vue d’unité, se séparent très nettement du groupe de céramiques communes à pâte grise d’origine régionale (cf. 2.5.3). Ellessont presque toutes réalisées en pâte rouge cuite en atmosphère oxydante mais diffèrent cependant par leur typologie des céramiques, cuites selon le même mode, originaires du Languedoc (cf. 2.5.4). On a donc été tenté de rechercher une origine plus lointaine, soit africaine, soit italique, soit orientale, pour ces céramiques dont la présence a été attestée de façon répétitive sur les côtes provençales et languedociennes.
231C’est à Marseille que M. Bonifay a le premier reconnu leur présence dans les fouilles de la Bourse, en remarquant certaines analogies avec les amphores (Bonifay 1986 : 298‑301, fig. 16). Puis une enquête plus large menée conjointement par des chercheurs du Languedoc et de Provence n’a fait que renforcer cette hypothèse (CATHMA 1991 : 27‑47). Les récentes publications consacrées à la céramique commune à Carthage (Fulford, Peacock 1984), Rome (Whitehouse et al. 1982), Ravenne (Fiumi, Prati 1983), etc., nous ont d’autre part confirmé la circulation de cette vaisselle commune dans tout le Bassin méditerranéen.
232Le comptage des tessons a été rendu difficile par notre méconnaissance de ce matériel au moment des premiers tris. Nous n’avons retenu que 2 000 tessons dont les caractères spécifiques ou la technologie nous ont surpris. Au total 165 vases ont pu être identifiés.
233Les traitements des surfaces ont été le premier caractère déterminant. Elles sont soit blanchies au sel comme certaines amphores africaines, soit cendrées par des phénomènes de cuisson sur certaines portions de l’objet, les parties plus rouges réservées résultant de l’empilage dans le four.
234D’autres fragments ont été isolés par leur technique particulière de tournage (extrême finesse des parois) ou par l’application d’outils dentés ou de peignes marquant de profondes cannelures régulières sur les panses (comme sur les amphores orientales). Dans un autre cas, c’est la technique de modelage ou tournage qui a permis d’identifier un nouveau groupe.
235Ces critères souvent subjectifs nous ont guidé et permis de séparer des céramiques dont le faciès paraît totalement étranger aux productions connues ou supposées de la vallée du Rhône, de la basse Provence et du Languedoc. Les fours de Bollène (Vaucluse), Masmolène (Gard) (Thiriot 1984, 1986), Le Thoronet (Var) (cf. 2.5.3) n’ont livré à ce jour que de la céramique grise cuite en réduction. En Languedoc aucun four de céramique à pâte grossière n’a encore été découvert (Raynaud 1991) à l’exception d’une mention ancienne d’un four en 1943 en Aveyron sur le Causse Noir (Soutenu 1964 : 198). La rareté des céramiques communes à pâte grise sur la côte de Provence orientale et la présence de nombreuses céramiques modelées reconnues comme de tradition locale (Berato 1986) nous incitent à rester très plaident quant aux attributions d’origine.
236Nous reprendrons comme typologie de base la numérotation CATHMA, élaborée à partir d’un système de fiches descriptives, ainsi que les principales conclusions présentées au colloque international de céramologie de Lisbonne. Certains types ont été depuis mieux définis, et leur origine et aire de diffusion précisées soit par de nouvelles références bibliographiques, soit par le renouvellement constant de la documentation (CATHMA 1991 : 27‑47). Les céramiques seront présentées toutefois par pâte et origine supposée. L’aire géographique a pu être parfois confirmée par des analyses pétrographiques et physico‑chimiques réalisées au laboratoire de céramologie de Lyon (M. Picon et A. Schmit). Les résultats définitifs du laboratoire n’étant pas encore tous parvenus, cette première présentation reste provisoire : productions africaines ; productions de Méditerranée orientale ; productions italiques et/ou productions indéterminées.
2.3.1 Productions africaines
237tabl. x
23857 objets se rattachent à ce groupe, soit 34,5 % de l’ensemble des céramiques communes importées. Ils appartiennent à 10 types de céramiques qui se séparent en 2 groupes :
239– d’une part, la vaisselle culinaire (25 pièces), bien connue comme étant le produit d’accompagnement des sigillées du iie au ve s., et dont la diffusion est encore attestée à Marseille comme à Carthage au vie s. (CATHMA 1991) : couvercles Hayes 196, marmite cylindrique Atlante CVII/11, pot globulaire à 2 anses CATHMA type 3 ; on note cependant à Saint‑Blaise l’absence totale de la marmite classique Hayes 197 ;
240– d’autre part les vases à liquides et divers mortiers dont l’importance quantitative est à souligner : 32 objets soit plus de la moitié des importations communes africaines.
241Toutes ces céramiques ont une pâte qui correspond aux fabrics définies à partir du matériel de Carthage (Fulford 1984 : 14‑18) :
242– 2.1 : pâte rouge de type sigillée et lampes ;
– 2.2 : pâte à surface blanchie au sel ;
– 2.3 : pâte à surface noire ;
– 2.4 : pâte chamois ;
– 2.5 : pâte crème sableuse.

TABL. X – Répartition des céramiques communes importées par phase et par catégorie.
243Couvercles à bord cendré :
Hayes 196, CATHMA type 18 (1991 : 30)
244FIG. 67, nos 1‑4
245Pâte : rouge orangé, très granuleuse avec inclusions blanches, bord cendré à l’extérieur (partie non protégée par l’empilage).
Forme : tronconique avec lèvre arrondie et aplatie (no 1), 1 ex. cf. Hayes 185/1 ; lèvre en bourrelet épaissi (nos 2‑4), 5 ex. (Hayes 196/1).
Comptage : 7 ex.
Contexte : 1 phase III (no 1), 1 phase IV (no 4), 4 phase V (nos 2, 3), 1 phase VII.
246Marmites : CATHMA type 27 (1991 : 34, fig. 15), Atlante CVII/11 (1981: 219‑220), proche de Fulford, Peacock (1984 : fig. 67/5 et 68/14)
247FIG. 67, nos 5, 6
248Pâte : rouge, granuleuse, extérieur cendré ou gris clair, parfois crème.
Forme : cylindrique, paroi verticale terminée par une lèvre amincie et déversée.
Comptage : 6 ex.
Contexte : 1 phase IV, 1 phase VI, 2 phase VII (no 5), 2 phase VIII (no 6).
Datation : cette forme est attestée à Carthage de 360 à la seconde moitié du vie s.
249Pots à cuire globulaires : CATHMA type 3 (1991 : 32), Fulford, Peacock (1984 : fig. 69/19)
250FIG. 67, nos 7‑12
251Pâte : rouge orangé, granuleuse avec des inclusions blanches. La surface de tout le pot est gris cendré, parfois mouchetée crème.
Forme : globulaire et cannelée. Lèvre épaissie à gorge interne. Les 2 anses de section ovale sont larges (2,5 à 3,5 cm) et attachées directement sur la lèvre. Diamètre à l’ouverture 14 à 18 cm.
Comptage : 29 fragts. de rebords et d’anses ; au minimun 12 rebords différents.
Diffusion : très large. Péninsule Ibérique : Tarragone (Rüger 1968 : fig. 13, no 2), Majorque (Vegas 1965 : 112, no 7) ; péninsule Italique : Luni (Luni 1977 : fig. 267, nos 3, 10), Corse : Casteilu (Pergola, Vismara 1989) ; midi de la France : Fréjus (Béraud et al. 1991), Toulon (Berato et al. 1986 : fig. 25, no 32), Antibes (Poteur 1974 : 233, fig. 3), Marseille Bourse (Bonifay et al. 1986 : 299, fig. 16, no 78 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 187, fig. 23, nos 167, 168), Marseille Saint‑Victor (étude en cours LAMM), Pélissanne (rens. J. Proust), Saint‑Blaise, fouilles anciennes (Grange 1982 : pl. 47, 48, 68), Simiane (col Sainte‑Anne, fouille Muller).
Datation : tous les fragments ont été trouvés dans des niveaux postérieurs à 500. Ils sont sans doute résiduels puisque cette forme est datée aussi bien à Carthage que sur les sites provençaux du ve s.

FIG. 67 – Céramique commune africaine : 1‑4 Hayes 196 ; 5, 6 CATHMA type 27 ; 7‑12 CATHMA type 3
L. Vallauri del / CNRS ; no 5 Y. Rigoir del
252Cruche à anse torsadée : CATHMA type 6 (1991: 32, fig. 8), Fulford, Peacock (1984 : fig. 79, no 6)
253FIG. 68, no 13
254Pâte : orange‑rouge, granuleuse, surface blanche sur tout l’extérieur de la pièce et à l’intérieur du goulot. Il n’y a pas d’épaisseur d’engobe mais passage progressif du beige au rouge (Picon 1973 : 45‑46). Le blanchissement est sans doute dû à une réaction à l’eau saumâtre ou au sel (Fulford, Peacock 1984 : 15 et appendix 1). Cette technique traditionnelle est encore en usage en Espagne dans les ateliers d’Agost (Corredor‑Matheos, Gumi 1978 : 150). Forme : cruche à panse globulaire cannelée ; diamètre maximum 24 cm ; col cylindrique haut et étroit cannelé régulièrement ; bord de section triangulaire. Anse torsadée attachée perpendiculairement au col, à la hauteur de la lèvre. Forme complète, excepté le fond.
Hauteur restituée 39 cm.
Comptage : 1 seul ex. et 2 fragts. d’anse torsadée hors contexte.
Contexte : phase III.
Diffusion : péninsule Italique : Sardaigne (Villedieu 1984 : 302, fig. 78) ; midi de la France : Saint‑Raphaël, épave du Dramont E (Joncheray 1975 : 146, pl. III/b) ; Arles (rens. J. Piton) ; Saint‑Blaise fouilles anciennes : exemplaire complet déposé au musée de Saint‑Rémy‑de‑Provence (fig. 77 et 78, no 136).
255Datation : en Sardaigne : seconde moitié du ve s. ; Saint‑Raphaël : début du ve s. ; à Carthage : première moitié du vie s.

FIG. 68 – Céramique commune africaine : 13 CATHMA type 6 ; 14‑29 CATHMA types 2, 9 et 12
L. Vallauri del / CNRS
256Petites cruches : CATHMA types 2, 9, 12 (1991 : 31, 33, fig. 6, 10, 12)
257FIG. 68, nos 14‑29
258Pâte : orange, granuleuse, à petites inclusions blanches. La surface est crème et se desquame parfois sur les cannelures usées. 3 cols présentent la même argile non blanchie (nos 14, 15, 17).
Forme : incomplète, les cols cylindriques sont souvent de très petit diamètre (3 à 6,5 cm) et des parois cannelées. On peut restituer une hauteur de 10 cm environ. L’anse rubanée est soit attachée sur la lèvre (no 19), immédiatement sous (no 18) ou sur un renflement du col (no 17).
Deux types de lèvres : type A triangulaire, 3 ex. (nos 14, 20, 21) ; type B arrondie dans le prolongement de la panse, 6 ex. (nos 18, 19, 22, 23) ; rebord marginal à bandeau (no 15).
Toutes ces petites cruches sans type nettement défini se rapprochent des formes trouvées à Carthage (Fulford, Peacock 1984 : fig. 79, no 4‑1, 80, nos 18‑1, 28‑1.2, 81 forme 35 ; Hayes 1976 : fig. 17, no 66).
Quatre fonds sont plats et plus ou moins étroits (nos 24‑27). Deux autres se distinguent par leur morphologie particulière : ils sont dégagés à la base et peut‑être plus proches de la forme CATHMA type 9, interprétée soit comme bouchon d’amphore soit comme petite bouteille.
Comptage : 11 cols, 1 anse, 7 fonds soit 11 objets minimum.
Contexte : type 2, lèvre A : 2 phase IV, 1 phase V ; lèvre B : 3 phase V, et 1 en phases III, VII, VIII ; type 9 : 1 phases V et VI ; type 12 : 1 phase VII.
Diffusion : midi de la France : Narbonne (rens. Raynaud), Cadarache et Marseille (rens. Bonifay), Arles (rens. Piton et Sintès), Saint‑Martin‑de‑Crau (Congés et al. 1983 : fig. 4, no 4), Saintes‑Maries‑de‑la‑Mer (rens. Carru), Olbia (rens. Andreau).
Datation : à Carthage : de 400 au milieu du vie s. ; dans le midi de la France : ve s.
259Mortier : CATHMA type 1 (1991: 30, 31, fig. 4 et 5) / Fulford, Peacock (1984 : fig. 63, no 22, 64, no 23/1)
260Fig. 69, nos 30‑32
261Pâte : orange, granuleuse, petites inclusions blanches ; surface blanche, pâte très proche de celle des amphores. Forme : bol à collerette très saillante et bourrelet interne ; collerette avec ou sans gradin. Le diamètre varie de 20 à 27 cm.
Comptage : 10 ex.
Contexte : un seul en période III (no 31), 2 phase IV, 1 phase V, 2 phase VI, 2 phase VII, 2 phase VIII.
Diffusion : très large. Péninsule Ibérique : Tarragone (Rüger 1968 : fig. 13, no 8), Rosas (rens. Nieto et Puig) ; péninsule Italique : Rome (Whitehouse et al. 1982 : 79, fig. 13), Ravenne (Fiumi, Prati 1983 : 119, nos 6‑7, 6‑4), Vintimille (rens. Gandolfi et Pallarès) ; midi de la France : Fréjus (Béraud et al. 1991), Toulon (rens. Pasqualini), Marseille Bourse (Bonifay et al. 1986 : 299, no 77), Marseille Cathédrale R.H.I. et Ilot 55 (rens. Gantés et Moliner), Narbonne (rens. Colin), Arles (rens. Piton), Saintes‑Maries‑de‑la‑Mer (rens. Carru), Saint‑Blaise fouilles H. Rolland (fig 77, 78, no 135), Olbia (rens. Andreau).
Datation : la plupart des contextes indiquent une datation dans le ve s. ; à Ravenne vie s.

FIG. 69 – Céramique commune africaine : 30‑32 CATHMA type 1 ; 34‑37 CATHMA type 10 ; 33, 38‑40 divers ; 41 CATHMA type 8
L. Vallauri del / CNRS ; no 39 Y. Rigoir
262Mortier : CATHMA type 10 (1991 : 33, fig. 11) / Hayes 1976 class I imitation
263FIG. 69, nos 34‑37
264Pâte : orange, fine, proche de celle de sigillée claire D, mais sans engobe, surface blanche sur la collerette ou parfois sur tout le vase.
Forme : la collerette épaisse est en pan coupé, réplique en céramique commune du bol Hayes 91D {class I imitation Hayes 1976 : 68, fig. 20 ; Fulford, Peacock 1984 : fig. 76, nos 1, 2). Un mortier (no 37) aux parois extrêmement fines et de petit diamètre (12 cm) est très proche de la forme la plus tardive de Hayes.
Comptage : 6 ex.
Contexte : 1 phase VI (no 34), 2 phase VII (no 37), 1 phase VIII (no 36), 2 hors stratigraphie.
Diffusion : Afrique, Benghasi (Fulford, Peacock 1984 : 199) ; péninsule Ibérique : Majorque (Vegas 1965 : fig. 11, no 3) ; péninsule Italique : Cosa (Fulford, Peacock 1984 : 200), Luni (Luni 1977 : fig. 126, no 6, fig. 264, no 5) ; midi de la France : Marseille Bourse (Cavaillès‑Llopis 1986 : fig. 28, no 369), Marseille Saint‑Victor (matériel en cours d’étude au LAMM), Olbia (rens. Andreau).
Datation : à Carthage forme attestée du ve au viie s., à Marseille vie‑viie s.
265Divers mortiers : CATHMA type 21 (1991 : 34, fig. 13)
266FIG. 69, nos 33, 38‑40
267Pâte : plus grossière à surface beige ou blanche (no 33). Forme atypique.
Parmi les 6 fonds à petit pied atrophié mais soigneusement rainuré comme sur les sigillées Hayes 91, 1 a une pâte rouge fine très proche de la sigillée claire D, 3 ont une pâte chamois plus granuleuse et blanchie par endroit (nos 38, 40). Le fond, no 39 a la même pâte que le mortier décoré au peigne (no 41). Tous sont garnis d’inclusions minéralogiques violacées de calibre irrégulier (1 à 4 mm), concentrées sur le fond et délimitées par une rainure.
Contexte : 1 phase IV (no 33), 4 phase VII, 2 phase VIII.
268Mortier décoré au peigne : CATHMA type 8 (1991 : 32‑33, fig. 9)
269FIG. 69, no 41
270Pâte : beige, nombreuses petites inclusions donnant une surface granuleuse.
Forme : complète, collerette courte de section arrondie proche du type Fulford 1984 : 201, fig. 77, 10‑3. Au centre, décor de losanges accolés (5 visibles) ; chaque côté est formé par une série de 10 points réalisés au peigne. Le motif est cerné par deux rainures.
Contexte : exemplaire unique en phase VII.
Diffusion : dans le midi de la France, autre exemplaire découvert à Olbia (Hyères) dans un contexte tardif (rens. Andreau).
Datation : technique décorative attestée à Carthage au vie s. (Hayes 1976 : 73, fig. 22, no 90 ; Fulford, Peacock 1984 : fig. 78, no 16).
2.3.2 Productions de Méditerranée orientale
271tabl. x
272Nous avons pu proposer une origine orientale à 20 objets qui ont tous des caractères typologiques bien marqués. Ils représentent 12 % de l’ensemble des céramiques communes importées. La plupart des références bibliographiques situent l’origine de ces productions dans une zone large en Méditerranée orientale. Dans un cas cependant une provenance a pu être précisée, grâce à l’apport d’analyses pétrographiques (CATHMA type 5). Ce lot réunit 2 groupes de pâtes.
2.3.2.1 Pâtes rouge‑orange, fines, très Cuites et sonores
273Six types de vases différents présentent des caractères technologiques spécifiques : ce sont presque exclusivement des vases culinaires aux parois fines, parfois cendrées à l’extérieur et marquées par des cannelures régulières.
274Cocotte et couvercle : CATHMA types 4A, 4B (1991 : 36, fig. 17)
275FIG. 70, nos 42‑46
276Pâte : orange‑roux, très sableuse et très cuite, nombreuses inclusions blanches ; surface granuleuse.
Forme A : casserole ou cocotte à panse hémisphérique, bord sans lèvre, coupé (au détachement du tour ?). La forme semble avoir été tournée dans un second temps à l’envers pour la confection du fond bombé. La même observation a été faite en Syrie par M. Tourna qui a noté un épaississement de pâte à l’intérieur au niveau de la reprise (Tourna 1984 : tome 1, 39‑40). 2 anses horizontales de section ovale sont placées à 1 cm du bord coupé, assurant une bonne préhension de l’objet. L’exemplaire que nous avons pu restituer (no 44) a un diamètre de 20 cm et une hauteur de 13 cm.
Forme B : couvercle semi‑hémisphérique à associer à la cocotte et qui présente les mêmes techniques de fabrication : bord coupé noirci à l’usage, sillons et cannelures sur la surface. Diamètre variant de 20 à 25 cm.
Comptage : 2 couvercles et 3 cocottes. Contexte : tous sont trouvés en phases VII et VIII.
Origine : forme fréquente en Palestine (Aharoni 1964 : fig. 8, nos 1‑7 ; Delougaz 1960), à Chypre (Diederichs 1980 : 93, no 178), en Egypte au Kellia (Egloff 1977 : pl. 47), et sur le site cairote d’Istabl Antar (pâte plus grossière, rens. Gayraud), en Syrie (Tourna 1984 : tome 1, 41‑45 ; tome 2, fig. 18, 21, 23, no 16).
277Diffusion : Afrique : Carthage (Fulford, Peacock 1984 : fig. 70, no 38) ; péninsule Ibérique : Valence (rens. Blasco) ; midi de la France : Fréjus (Béraud et al. 1991 : 209, fig. 51b), Marseille Bourse (Bonifay 1986 : 299, fig. 16, no 74), Marseille Saint‑Victor (matériel en cours d’étude au LAMM), Arles (rens. Piton), Psalmodi (rens. Young), Agde (rens. Pellecuer), Olbia (rens. Andreau). Datation : forme attestée du ve au viie s. d’après les données bibliographiques.
278Marmite : CATHMA type 29 (1991 : 39, fig. 30)
279FIG. 70, no 47
280Pâte : rouge‑brique, granuleuse, à petites inclusions blanches, dure, bien cuite. Surface cendrée.
Forme : rebord de marmite à bandeau très semblable à un exemplaire complet trouvé à Sète (Hérault) qui comporte une panse globulaire cannelée, 2 anses verticales à section arrondie, placées dans la partie haute du vase.
Comptage : 2 ex.
Contexte : phase IV.
Diffusion : midi de la France : Sète et Olbia (rens. Andreau).
Origine : orientale ? Forme identique bien documentée en Syrie sur le site de Ras Ibn Hani dans des niveaux du ve s. (Tourna 1984 : tome 1, 46‑48 ; tome 2, fig. 26‑31).

FIG. 70 – Céramique commune orientale : 42‑46 CATHMA type 4A‑4B ; 47 CATHMA type 29 ; 48 CATHMA type 11 ; 51 CATHMA type 15 ; 49, 50, 52 CATHMA type 28 ; 53‑56 CATHMA 5 . Céramique commune italique : 57‑59 CATHMA types 7 et 26
L. Vallauri del / CNRS
281Marmite : CATHMA type 11 (1991 : 39, fig. 29)
282FIG. 70, no 48
283Pâte : rouge orangé, peu granuleuse, inclusions blanches ; surface extérieure cendrée avec quelques lacunes.
Forme : presque complète. Gros pot globulaire à paroi mince (2 à 5 mm d’épaisseur) régulièrement cannelée à l’extérieur ; trace d’arrachement d’une anse à mi‑panse. Fond bombé souligné par 3 cercles concentriques, lèvre effilée rentrante ; hauteur 20 cm, diamètre supérieur 13,5 cm, diamètre maximum 22,5 cm.
Comptage : 1 ex.
Contexte : phase IV.
Origine : la forme générale rappelle l’atelier de Dhioros à Chypre (Catling 1972 ; Hayes 1980 : fig. 5‑6)
Diffusion : Carthage (Hayes 1976 : 58, fig. 15, no 50), aucune autre attestation dans le midi de la France.
Datation : viie s. d’après les données bibliographiques.
284Bec tubulaire : proche de la bouilloire CATHMA type 15 (1991 : 37, fig. 20)
285FIG. 70, no 51
286Pâte : rouge orangé, granuleuse, nombreuses inclusions blanches, surface cendrée.
Forme : bec tubulaire tronconique, du même type que ceux trouvés sur les bouilloires.
Comptage : 1 ex.
Contexte : phase IV.
Origine : forme connue au Liban (Thalmann 1978 : fig. 38, nos 6, 7) ; en Palestine (Delougaz 1960 ; Diez Fernandez 1983 : 146, nos 154‑158) ; en Syrie (Tourna 1984 tome 1 : p. 55 ; tome 2 : 52, fig. 47, no 112) ; en Egypte (Egloff 1977 : 171, no 9) ; à Chypre (Diederichs 1981 : pl. 17, no 182).
Diffusion : Afrique : Carthage (Hayes 1976 : fig. 15, 44‑48) ; midi de la France : Marseille Bourse (Bonifay 1986 : 299, fig. 16, no 76).
Datation : viie s. d’après les données bibliographiques.
287Divers vases à panse cannelée : CATHMA type 28 (1991 : 37, fig. 23)
288FIG. 70, nos 49, 50, 52
289Pâte : rouge orangé, inclusions blanches, surface cendrée cannelée régulièrement.
Forme A : no 52 ; petit pot globulaire à col tronconique avec une anse attachée sur le rebord, hauteur 7 cm, diamètre à l’ouverture 4 cm.
Forme B : no 50 ; coupelle hémisphérique, diamètre 13,5 cm, fond manquant.
Forme C : no 49, rebord de pot à lèvre plate, diamètre 16 cm.
Comptage : les trois formes sont uniques.
Contexte : forme A phase VIII, B phase V, C phase VII.
Origine : aucune référence précise mais par la pâte et la technologie ces vases restent très proches des productions supposées orientales.
2.3.2.2 Pâte brune avec inclusions minérales
290Ce deuxième groupe ne réunit qu’un seul type de marmite.
291Marmite à bord déversé CATHMA type 5 (1991 : 35‑36, fig. 17‑18)
292FIG. 70, nos 53‑56
293Pâte : brun‑roux, bien cuite, contenant de nombreuses inclusions minérales. Le mode de cuisson est réducteur : les surfaces intérieures et extérieures sont uniformément grises. Dans un premier temps ces marmites furent associées aux céramiques communes régionales cuites selon le même mode (Bonifay, Pelletier 1983 : 340‑341).
Forme : marmite à bord déversé avec ressaut interne pour la pose d’un couvercle ; anses rubanées attachées sous le rebord.
Comptage : 8 rebords et 3 anses.
Contexte : 1 phase III, 2 phase IV (no 55), 1 phase VI, 5 phase VII (nos 53, 56), 1 phase VIII, 1 hors contexte (no 54).
Origine : située en mer Egée d’après les nombreuses références bibliographiques. Les analyses pétrographiques réalisées au laboratoire de céramologie de Lyon (CATHMA 1991) ont mis en évidence la présence de roches métamorphiques dans le dégraissant telles que le granité ou gneiss, ce qui d’après M. Picon plaide en faveur des formations des Cyclades ou de l’Anatolie égéenne au sud de Smyrne. Cette forme est d’autre part bien attestée sur l’île de Samos (Isler 1969 : fig. 31, 38)
Diffusion : très large. Grèce : Athènes, Knossos, Samos ; Egypte : Kellia (rens. Bonnet) ; Lybie : Benghazi (Riley 1978 : fig. 106, nos 547‑550) ; Afrique du Nord : Carthage (Fulford, Peacock 1984 : fig. 70, 35‑1 et 2) ; péninsule Ibérique : Tarragone ? (Rüger 1968 : fig. 14, no 14) ; péninsule Italique : Vintimilie (Lamboglia 1950 : fig. 87, no 141), Ravenne (Fiumi, Prati 1983 : fig. 6.32‑6.34), Naples (Arthur 1985 : fig. 16.2, no 1) ; midi de la France : Fréjus (Béraud et al. 1991 : 209, fig. 51g), Olbia‑Hyères (rens. Bats, Andreau), Toulon (Berato et al. 1986 : 152, no 40 fig. 19), Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 340‑341), Marseille Saint‑Victor (matériel en cours d’étude au LAMM), Marseille Ilot 55 (rens. Gantés et Moliner), Butte des Carmes (rens. Bonifay), Velaux (Boixadera et al. 1987 : 109, fig. 25, no 125), Saint‑Julien‑les‑Martigues (rens. Rivet), Saint‑Blaise fouilles anciennes (Grange 1982 : pl. 49 ac, 70 kl), Fos‑sur‑Mer anse Saint‑Gervais (Jézégou 1983 : tome 1, 279 ; tome 2, pl. 137, fig. 1), Saint‑Martin‑de‑Crau (Congés et al. 1983 : 362, fig. 7, no 42), Arles fouille du cirque (rens. Piton), Psalmodi (rens. Young), Lunel‑Viel (rens. Raynaud), Port‑Vendres (Chevalier, Santamaria 1971).
Datation : forme qui apparaît dans tous les contextes du midi de la France à partir du milieu du ve s. jusqu’au viie s. Dans les niveaux les plus tardifs à Marseille, Bonifay a pu observer à la Bourse une évolution dans la forme de la lèvre qui n’est plus moulurée et verticale. Les datations sur les autres sites en Méditerranée confirment ces données.
2.3.3 Productions italiques, ligures et/ou d’origine indéterminée
294tabl. x
295L’attribution à des centres de production n’a pas été possible pour tout un ensemble de céramiques. Le manque de références bibliographiques aussi bien pour le midi de la France que pour les pays limitrophes nous a incités à la plus grande prudence. Ces céramiques sont cependant totalement absentes des publications africaines ou de Méditerranée orientale, ce qui plaiderait en faveur d’un approvisionnement régional ou très proche. Dans trois cas seulement nous avons pu proposer l’Italie. Il est toutefois intéressant de noter que c’est dans cette catégorie que nous avons trouvé le plus grand nombre d’objets : 88, soit plus de la moitié de l’ensemble des céramiques communes importées.
296Ce dernier groupe sera donc présenté par pâtes pour plus de sécurité. Il se subdivise en cinq ensembles :
– pâte grossière modelée ;
– pâte rouge fine ;
– pâte rouge grossière ;
– pâte rouge grossière très micacée ;
– pâte beige chamois.
2.3.3.1 Céramique à pâte grossière modelée
297Quelques tessons à pâte grossière ont été modelés ou façonnés à la tournette. Leur typologie les différencie très nettement des céramiques modelées en pâte micacée dont la production est bien connue en Provence orientale du ier au vie s. et qui pourrait provenir des massifs anciens des Maures ou de leur périphérie dans la vallée de l’Argens (Rivet 1982 : 243‑263 ; Berato et al. 1986 : 159‑164 ; Brun 1984).
Attestées en Méditerranée sur de nombreux sites, ces poteries modelées aux larges formes caractéristiques ont été généralement attribuées à la Sardaigne, Sicile ou île de Pantelleria (Fulford, Peacock 1984 : 166‑167 ; Peacock 1987 : 79). Les analyses pétrographiques effectuées au laboratoire de céramologie de Lyon (M. Picon et A. Schmit) sur la forme CATHMA type 7 (CATHMA 1991 : 38) ont mis en évidence des roches volcaniques (basalte à olivine) fréquentes dans le sud de l’Italie et les îles voisines. Deux formes se rattachent à ce groupe.
298Marmite à bord rentrant : CATHMA type 7 (1991 : 38, fig. 24)
299FIG. 70, nos 57, 58
300Pâte : brune à coeur noir contenant de très nombreuses inclusions grossières. Surface noircie par le feu.
Forme : marmite basse à grosse lèvre en amande rentrante.
Comptage : 2 ex.
Contexte : niveaux de surface hors contexte.
Diffusion : Afrique : Carthage (Fulford, Peacock 1984 : fig. 59, nos 32‑1 et 32‑ 2) ; péninsule Ibérique : Alicante (Reynolds 1985 : 251, fig. 3), Valence (rens. Blasco) ; péninsule Italique : Vintimille (Lamboglia 1950 : fig. 107, no 27), Luni (Luni 1974 : fig. 75, no 26 cm 2673) ; Sardaigne : Porto Torrès (Villedieu 1984 : type 36, fig. 198, 199) ; Corse : Castellu (Vismara 1989 : 69‑72, fig. 70, 71) ; midi de la France : Olbia (rens. Bats, Andreau), Toulon (Berato et al. 1986 : 163, fig. 34, nos 55‑58), Marseille Bourse (rens. Bonifay), Marseille Saint‑Victor (matériel en cours d’étude au LAMM), Arles (rens. Piton), Saintes‑Maries‑de‑la‑Mer (rens. Carru).
301Marmite à bord épaissi et languettes de préhension horizontales : proche du type CATHMA 26 (1991 : 39, fig. 27)
302FIG. 70, no 59
303Pâte : brune, grossière, noircie au feu. Forme : marmite basse à lèvre en bourrelet, appendice de préhension horizontal et trapézoïdal appliqué sous la lèvre. Comptage : 2 ex.
Contexte : 1 phase IV (no 59), 1 phase VIII.
Origine : pâte de même type que la précédente dont l’origine pourrait encore être l’Italie du Sud, comme le suggère Fulford. Cette forme est bien documentée à Alicante où Reynolds suppose une production locale.
Diffusion : Afrique : Carthage (Fulford, Peacock 1984 : fig. 58, 20‑3) ; péninsule Ibérique : Alicante (Reynolds 1985 : 251, fig. 3) ; Sardaigne, Porto Torrès (Villedieu 1984 : type 12, fig. 166) ; midi de la France : Narbonne, Sète, Lunel‑Viel (rens. Raynaud), Arles (rens. Piton), Olbia (rens. Bats, Andreau). Datation : ve et vie s. d’après les données bibliographiques.
2.3.3.2 Céramiques à pâte rouge fine
304Cet ensemble présente une grande unité. Il ne concerne qu’une seule forme de petite marmite dont les caractères typologiques sont bien marqués. Il est aussi quantitativement élevé : soit 23 objets minimum. C’est la forme la mieux documentée parmi les différents types de céramiques communes importées présentés dans ce chapitre. Cette forme avait déjà retenu notre attention lors de la précédente enquête (CATHMA 1991 : 39, type 13, fig. 31). On a pu associer à ces petites marmites 7 couvercles dont les dimensions, les mêmes qualités de pâte et de technique de fabrication laissent peu de doute.
305Petite marmite : CATHMA type 13 (1991 : 39, fig. 31)
306FIG. 71, nos 60‑75
307Pâte : orange, granuleuse, avec de petites inclusions blanches et brillantes (mica). Assez fine, elle est souvent bien cuite. La surface extérieure est par endroit cendrée et cannelée.
Forme : petite marmite globulaire dont le diamètre à l’ouverture est compris entre 12 et 14 cm, le diamètre maximum de la panse est de 16 cm. On peut restituer une hauteur de 13 à 14 cm, soit sensiblement égale au diamètre supérieur. La particularité de cette forme de dimensions réduites est la présence de 2 anses de section plate ou ovale légèrement cannelée (2,3 à 2,6 cm de large). Elles sont fortement coudées, attachées immédiatement sous la lèvre et collées au milieu de la panse. On peut supposer un fond plat ou plus ou moins bombé. Les lèvres présentent différentes variantes : aplatie et inclinée à gorge interne plus ou moins marquée (nos 60‑66) ; épaissie et aplatie, donnant un profil en S au rebord (nos 67‑70). On passe progressivement d’un type à l’autre Jusqu’à un simple bourrelet (nos 71‑74) ; un seul rebord est simplement déversé, sans épaississement (no 75).
Comptage : 23 rebords différents et une vingtaine de fragments d’anses.
Contexte : 1 phase III, 2 phase IV (no 65), 3 phase V (no 64), 4 phase VI, 10 phase VII (nos 60, 63, 66, 68, 69, 74, 75), 7 phase VIII (nos 67, 72), 6 hors contexte (nos 61, 62, 70, 71, 73).
Diffusion : à notre connaissance, cette forme est peu documentée en Méditerranée. Un exemplaire très proche est signalé à Carthage, en pâte fabric 3.7 attribuée à l’Italie (Fulford, Peacock 1984 : fig. 70, no 31) ; aux Baléares, à Sta Ponga, Calvià (Mallorca) (compte rendu de la réunion CATHMA des 18‑19 janvier 1991), fouille M. Orfila. Dans le midi de la France, elle n’est attestée que sur quelques sites côtiers à l’est du Rhône seulement. A Marseille tous les contextes de l’Antiquité tardive vie‑viie s. en livrent : la Bourse (rens. Bonifay), Abbaye de Saint‑Victor‑Cour Sud (matériel en cours d’étude au LAMM), Ilot 55 et R.H.I. Cathédrale (rens. Gantés et Moliner), Sainte‑Barbe (étude en cours) ; à Fréjus (Béraud et al. 1991) ; à Olbia (rens. Andreau) ; à Antibes (Güli 1993 : pl. 4). A Saint‑Blaise (fig. 77, no 138), de nombreux exemplaires ont déjà été signalés dans les fouilles anciennes (Rolland 1956 : 72, fig. 51 ; Grange 1982 : fig. 68 b‑f, 47 b). En Ligurie : Finale Ligure (Savona) (Murialdo 1988 : 368, tav. XIII, no 6).
Origine : sur la côte orientale, c’est à Vintimille que ce type de marmite a été trouvé en abondance. Les formes souvent complètes présentent toutes les variantes de lèvres signalées. Cette catégorie de vases à feu issus de fosses dépotoirs a été qualifiée par Lamboglia de « terre cuite gris fer typique des niveaux tardifs » (Lamboglia 1950 : 141‑150, fig. 87, 95, nos 18‑19, 99, nos 54‑56, 100, no 25, 102, no 25). De plus, les mêmes contextes ont livré des vases surcuits, décrits comme « déformés intentionnellement puisque utilisés » (Lamboglia 1950 : 153‑154, fig. 88). Récemment, D. Gandolfi a réinterprété ces vases comme des déchets d’ateliers dont l’implantation devrait être recherchée à Vintimille ou dans une aire géographique très proche (Gandolfi 1986 : 286, 287, fig. 14, 15). Cette hypothèse est aujourd’hui confirmée par les analyses de pâtes effectuées par Gloria Olcese dans le cadre d’une thèse de doctorat sur la céramique commune de Vintimille (Olcese 1989 et 1993). Une visite au dépôt de Vintimille (rendue possible grâce à l’obligeance de F. Pailarès) nous a permis, grâce aux ressemblances typologiques, de confirmer les analogies de matériel entre Vintimille, Marseille et Saint‑Blaise. Il semble en effet que la diffusion de ces petites marmites ligures ait été assurée par cabotage jusqu’au delta du Rhône. Datation : à Marseille et à Carthage, vie s., voire début du viie s. A Vintimille, début de la production dès la fin du ve s.

FIG. 71 – Céramique commune ligurienne : CATHMA type 13 à pâte rouge fine
L. Vallauri del / CNRS
308Petits couvercles
309FIG. 71, nos 76‑82
310Pâte : de même type que les petites marmites.
Forme : tronconique.
Diamètres compris entre 12 et 15 cm. La lèvre en bourrelet est bien façonnée, creusée d’une gorge interne. La forme du bord n’est pas sans rappeler celle des lèvres en S des petites marmites CATHMA type 13, en particulier le no 76. Comptage : 7 ex.
Contexte : 2 phase IV, 2 phase V, 3 phase VIL
Origine : ligure ? (cf. type précédent).
311Marmite : CATHMA type 14 (1991 : 40‑41, fig. 32 et 34)
312FIG. 72, no 83
313Cette petite marmite est une bonne transition entre les deux premiers groupes énoncés : en effet, par sa forme, sa petite taille globulaire et trapue et ses deux anses rubanées, elle se rattacherait au premier groupe de marmites attribuées à la « production Vintimille ». En revanche, elle en diffère par sa pâte un peu plus granuleuse et l’absence de cannelures. L’épaulement est seulement marqué par un ressaut et la surface ne revêt aucun aspect cendré. La lèvre simplement déversée est noircie à l’usage. Cet objet annonce toute la série suivante dont la technologie est plus fruste et les pâtes plus grossières.
Comptage : exemplaire unique.
Contexte : phase IV.
2.3.3.3 Céramique à pâte rouge grossière
314L’unité de ce groupe est la pâte. Il n’y a pas de formes stéréotypées. La fragmentation des tessons et le manque de référence par des pièces plus complètes n’ont pas permis de dégager une véritable typologie. Dans ce groupe, les 31 vases sont culinaires et ont un bord noirci. Ce groupe important par sa quantité est bien représenté.
315Pâte : rouge orangé, très granuleuse avec des nodules rouges et blancs et de fines particules brillantes. Le tournage est grossier et l’extérieur très rarement cendré (nos 91, 106) ou cannelé (no 89).
316Pot ou marmite globulaire à lèvre déversée simple
317FIG. 72, nos 84‑92
318Comptage : 15 ex.
Contexte : 1 phase III, 4 phase IV (nos 84, 86), 7 phase Vil (nos 85, 87, 88, 89), 3 phase VIII (nos 90, 91).
319Pot ou marmite globulaire à lèvre effilée triangulaire
320FIG. 72, nos 93‑97
321Comptage : 6 ex.
Contexte : 2 phase IV (nos 96, 97), 2 phase V (nos 93, 94), 1 phase VII (no 95), 1 hors contexte.
La banalité des rebords ne permet pas de comparaisons. Un seul fragment porte la trace d’un arrachement d’anse (no 89). Ce dernier est d’autre part cannelé et il se rapproche plus du premier groupe à pâte fine.
322Fonds plats ou légèrement bombés
323FIG. 72, nos 98‑103
32410 fonds peuvent appartenir à ces pots dont on n’a pas pu restituer un profil complet.
Contexte : 1 phase III, 1 phase IV, 4 phase V (nos 99, 100, 102), 1 phase VII et 1 phase VIII, 2 hors contexte (nos 101, 103).

FIG. 72 – Céramique commune à pâte rouge grossière
L. ValIauri del / CNRS ; no 83 Y. Rigoir del
325Marmite cylindrique à lèvre aplatie et départ de paroi subverticale
326FIG. 73, nos 104, 107, 108, 109
327Comptage : 4 ex.
Contexte : 1 phase IV (no 107), 3 phase Vil (no 104).
328Cette forme rappelle celle des marmites trouvées à Porto Torrès en Sardaigne, attribuée soit à des productions africaines (Villedieu 1984 : 138, 299, no 40), soit à des productions locales lorsque la pâte est plus grossière et micacée (Villedieu 1984 : 145, 303, fig. 88).
329Marmite cylindrique (?) à lèvre bifide et panse carénée
330FIG. 73, nos 106, 112
331Comptage : 2 ex.
Contexte : phase VII.
332Marmite cylindrique (?) ou tronconique, rebord rabattu vers l’intérieur dessinant une gorge interne
333Fig. 73, nos 105, 110, 111
334Comptage : 3 ex.
Contexte : 1 phase V (no 111), 2 phase VII (nos 105, 110).
La forme générale rappelle celle des marmites trouvées dans les niveaux tardifs (fin ive, milieu ve s.) de Porto Torrès, caractérisées par un large bord. D’origine africaine d’après F. Villedieu, elles semblent avoir remplacé la marmite Hayes 197 (Villedieu 1984 : 137, 300, nos 44‑49). A Saint‑Blaise, la présence de mica semble exclure l’Afrique et nous incite plutôt à chercher une autre origine. À Carthage, des formes identiques ont été décrites en pâte fabric 3.7 où la présence de minéraux et roches volcaniques les ont fait attribuer à l’Italie (Fulford, Peacock 1984 : 184, fig. 69, no 20 ; 186, fig. 70, no 36).
335Marmite à lèvre aplatie et languette de préhension horizontale
336FIG. 73, no 113
337Comptage : 1 ex.
Contexte : phase VII.
La parenté de forme avec la marmite modelée CATHMA type 26 (CATHMA 1991 : 39‑40, fig. 27) (cf. supra fig. 70, no 59), d’origine sud‑italique, est étonnante. Il n’en demeure pas moins que dans ce cas ci, elle est tournée et appartient bien à ce groupe à pâte rouge grossière.

FIG. 73 – Céramique commune à pâte rouge grossière
L. Vallauri del / CNRS
2.3.3.4 Céramique à pâte rouge grossière et très micacée
338FIG. 74, Nos 114‑116
3393 objets ont été isolés à cause de leur très forte teneur en paillettes de mica, de 0,5 mm de calibre.
– Grosse marmite globulaire à fond bombé et paroi épaisse marquée à l’extérieur par des cannelures. L’anse rubanée, épaisse et étroite, est attachée sur la lèvre déversée oblique (no 114). Contexte : phase V.
– Bord de pot à anse de section ovale attachée sur la lèvre (no 115).
Contexte : phase V.
– Couvercle tronconique à bouton de préhension (no 116).
Contexte : phase III.
Ce type de pâte très micacée est bien attesté sur la longue durée en Provence orientale : les productions modelées antiques sont présentes du ier au vie s. sur la côte varoise (Rivet 1982 ; Berato et al. 1986 ; Brun 1984). À l’époque médiévale, on les retrouve encore, modelées puis tournées et en cuisson oxydante (La Garde Freinet, rens. Sénac). Dans l’état actuel des connaissances et en l’absence d’analyses de laboratoire, il nous est difficile de proposer une origine précise pour ce large groupe de pâtes rouges plus ou moins grossières et plus ou moins micacées. Nous constatons cependant que l’aire de diffusion de ces productions est limitée à la côte orientale du midi de la France. Cette vaisselle culinaire est particulièrement abondante sur les sites de Fréjus (Béraud et al. 1991), Cibla et Antibes. Elle semble totalement absente en Languedoc. Les comparaisons que nous avons tenté de faire avec les découvertes de Carthage et de Sardaigne n’ont été établies que sur des similitudes de formes. En Provence orientale, la céramique grise paraît moins bien représentée que dans le bas Rhône. Les sites d’OIbia et d’Antibes (Güll 1993), où la céramique commune à pâte rouge domine très largement (les tessons en pâte grise sont exceptionnels), en sont de bons exemples. L’étude récente d’un dépotoir du ve s. à Fréjus conforte cette idée : en effet, près de la moitié de la vaisselle est en pâte rouge et la commune à pâte grise représente moins de 1 % (Béraud et al. 1991 : 206‑207, fig. 50B). À Marseille (Cavaillès‑Llopis 1986 : 187, fig. 23 ; 186, fig. 22 ; 189, fig. 25) comme à Saint‑Blaise, la céramique cuite selon un mode oxydant est toujours présente, bien qu’en quantité plus réduite. H. Rolland dans les fouilles anciennes n’avait pas manqué de le signaler (Rolland 1951 : 200 ; Grange 1982 : 67). Cette concentration de matériel pourrait s’expliquer par la proximité du lieu d’approvisionnement que nous nous contenterons de situer provisoirement sur la côte orientale du midi de la France, voire en Ligurie. Le seul atelier qui semble clairement attesté par la présence de déchets de cuisson et par la typologie est celui de Vintimille (cf. infra l’apport des analyses physico‑chimiques).

FIG. 74 – Céramique commune à pâte rouge grossière et très micacée
L. Vallauri del / CNRS
2.3.3.5 Céramiques à pâte beige Chamois
340tabl. x
341Contrairement aux pâtes étudiées précédemment, les pâtes fines, beige chamois, tendres, de « type plus calcaire » sont réservées à des formes ouvertes n’allant pas au feu, telles que le mortier ou le bol, soit au total 19 objets.
342Les mortiers
343FIG. 75, nos 117‑126
344Les mortiers (fig. 75, nos 117‑126), au nombre de 11, sont rarement stéréotypés et aucune typologie n’a pu être établie, sauf pour un type déjà repéré dans l’enquête précédente.
345Mortiers : CATHMA type 19 (1991 : 42, fig. 33)
346FIG. 75, nos 120‑121
347Pâte : beige orangé, parfois granuleuse, contenant de grosses inclusions de quartz.
Forme : caractérisée par une collerette redressée et une lèvre aplatie oblique.
Le diamètre à l’ouverture est compris entre 25,5 et 27 cm.
Comptage : 3 ex.
Contexte : 2 phase V, 1 phase VIII.
Diffusion : cette fois‑ci encore, l’aire de diffusion de ce type semble avoir été limitée à la côte orientale du midi de la France : à Marseille Bourse (rens. Bonifay ; Cavaillès‑Llopis 1986 : fig. 25, no 247) ; à Olbia (rens. Bats et Andreau, CATHMA 1991 : 40, fig. 33) ; à Toulon (Berato et al. 1986 : fig. 18, no 26) ; à Antibes (Güll 1993 : pl. II). Des mortiers en pâte de même type et à la lèvre oblique ont été trouvés en abondance à Vintimille. Toutefois, leur ressemblance n’est pas totale : la collerette ne présente pas en général la même inclinaison caractéristique (Lamboglia 1950 : fig. 5, nos 104‑109, fig. 95, no 13, fig. 99, nos 43, 45). La pâte de ces mortiers est proche de celle des exemplaires glaçurés signalés à Vintimille (Gandolfi 1986 : 284‑288 ; Olcese 1989).
Datation : vie s. d’après les contextes du midi de la France.
348Autres mortiers
349FIG. 75, nos 117‑124
350Les 8 autres mortiers sont atypiques et ont des profils variés (nos 117‑124). Une origine gauloise n’est pas à exclure. L’exemplaire trouvé en phase IV (no 119) est parsemé de petits grains durs, blancs, mal calibrés : il n’est pas sans rappeler les mortiers de la catégorie DS.P, sans que l’on observe pour autant de trace d’engobe sur la pâte.
Un fragment trouvé en phase VII (no 123) présente quelques points de vitrification. Ceux‑ci sont soit accidentels, soit intentionnels comme l’attestent les nombreux exemplaires glaçurés connus en Italie du Nord à partir de la première moitié du ve s. et au vie s. (Blake 1981 ; Maioli 1983 ; Gandolfi 1986). A Saint‑Blaise, un mortier entièrement glaçuré a été retrouvé lors des fouilles anciennes de la Maison des Jarres, ainsi qu’un autre à Toulon (CATHMA 1991 : 40, type 20, fig. 28) et à Olbia (rens. Bats et Andreau). Les analyses minéralogiques (A. Molinari, s. Sfrescola) et chimiques (M. Picon) récemment effectuées confirment ce groupe qui pourrait être originaire d’Italie du Nord. Toutefois ces exemplaires diffèrent par leur composition chimique des productions de Vintimille étudiées au laboratoire (CATHMA 1992 : 66‑67, US 61, NMA 147, fig. 2, no 1).

FIG. 75 – Céramique commune à pâte fine claire : 117‑119, 122‑126. Divers mortiers : 120‑121 mortiers ligures CATHMA type 19
L. Vallauri del / CNRS
351Fonds
352FIG. 76, nos 125, 126
353Les 2 fonds (nos 125, 126) qui nous sont parvenus ont comme particularité d’être plats, ce qui les différencie des productions africaines où les pieds sont le plus souvent nettement façonnés ou rainures sur la face externe. Tous sont garnis de grains durs, blancs ou mauves, grossiers et mal calibrés, dont la taille peut atteindre jusqu’à 6 mm.
Contexte : phase VII.
Ces fonds atypiques mais en pâte tendre beige rosé sont nombreux aussi à Vintimille (rens. Pallarès et Olcese), à Fréjus (Béraud et al. 1991 : 210‑211). En Provence, un exemplaire trouvé sur l’épave de l’anse Saint‑Gervais semble correspondre à ce type (Jézégou 1983 : pl. 108, fig. 3).
354Diverses formes ouvertes
355FIG. 76, nos 127‑134
356Elles sont aussi réalisées dans une argile beige et tendre. Une petite série se dégage : ce sont des bols à panse globulaire et lèvre épaissie, mais nous n’avons trouvé aucune correspondance exacte sur d’autres sites, sinon sur le site de Fréjus (Béraud et al. 1991 : 210‑211).
Contexte : 2 phase VI (nos 131, 132), 2 phase VII (nos 127‑130), 3 phase VIII (nos 133, 134).
357L’apport des analyses physico‑chimiques (Picon in CATHMA 1991 : 42‑43, fig. 36)
358Très récemment, nous sont parvenus les résultats des analyses physico‑chimiques effectuées par M. Picon sur deux marmites de type 13, deux de type 14 et sur deux mortiers de type 19. Cet échantillonnage a été comparé avec des formes de mêmes types issues des fouilles de Marseille. Il intégrait également deux échantillons de références du type 13 (dont un surcuit) et deux mortiers proches du type 19 provenant des fouilles de Vintimille et communiqués grâce à l’amabilité de F. Pallarès, directeur de l’Istituto Internazionale di Studi Liguri.
359Les résultats de la classification ont montré des ressemblances de composition entre les exemplaires provençaux et les références ligures.
360Pour M. Picon, la continuité dans les variations de compositions permettrait d’accepter comme très probable une même origine régionale plutôt que locale pour les marmites à pâte rouge de type 13 et 14 et pour les mortiers à pâte plus calcaire de type 19. L’origine ligurienne pourrait donc être précisée pour ces trois types analysés.

FIG. 76 – Céramique commune à pâte fine claire
L. Vallauri del / CNRS

FIG. 77 – Céramique commune, fouilles H. Rolland : 135 CATHMA type 1 ; 136 CATHMA type 6 ; 137 Lampe à huile ; 138 CATHMA type 13
L. Vallauri del / CNRS

FIG. 78 – Céramique commune, fouilles H. Rolland
cl. CNRS / CCJ / Chéné
2.3.4 Conclusion
361L’étude des céramiques communes importées fait apparaître plusieurs catégories de vaisselle, qui, malgré le petit nombre d’individus, sont révélatrices de la diversité d’approvisionnement. Bien que les provenances n’aient pas toutes été identifiées avec sécurité, quelques remarques peuvent être présentées.
362Les importations africaines perdurent dans les niveaux tardifs. À Saint‑Blaise la vaisselle commune africaine est particulièrement conséquente : elle totalise 57 objets, soit 34,6 % du total des formes communes importées. Ce phénomème était déjà connu par la diffusion sur les sites côtiers du midi de la France des dernières formes de sigillée claire D (comme les formes Hayes 99, 105 et 109) ou des amphores cylindriques de grande dimension (Bonifay 1986 : 301 ; CATHMA 1991 : 28, fig. 1). La diversité des produits céramiques en provenance d’Afrique est à souligner.
363Les échanges avec la Méditerranée orientale étaient surtout attestés au ve s. par la sigillée phocéenne tardive (CATHMA 1991 : 28, fig. 2) et par les amphores (Cartilage Late Roman 1 à 6) (Bonifay 1986 : 297). La vaisselle culinaire orientale, qui constitue une nouvelle catégorie de céramique importée, est, elle, présente en quantité non négligeable à une période plus tardive (12 % du total des pots importés). Elle est d’autre part aussi remarquable en qualité.
364La plus grande nouveauté réside dans la mise en évidence de courants d’échanges avec la côte ligure, qui n’avaient été révélés par aucune autre catégorie de vaisselle fine ou d’amphore : à longue distance, avec l’Italie du Sud (céramique modelée). À plus courte distance, l’approvisionnement le plus conséquent proviendrait de la côte orientale de la Provence et de la Ligurie. Cet élément est totalement neuf dans le faciès céramique tardif du bas Rhône, mais il peut s’expliquer facilement par la loi de la proximité et le commerce par petit cabotage.
365On peut se demander aussi pourquoi importer des céramiques communes. Cette vaisselle ne semble pas échapper aux échanges comme on a déjà pu l’observer aux époques antérieures (marmites hellénistiques, plats rouge pompéien, marmites et couvercles africains Hayes 23 et 196/197). On constate cette fois encore que dans l’Antiquité tardive, la vaisselle importée est essentiellement de la vaisselle culinaire. Sur le site de Saint‑Blaise, plus de la moitié des vases sont des marmites, cocottes ou couvercles, soit 111 objets. 25 ont une origine africaine et 17 proviendraient de Méditerranée orientale. Parmi les 69 autres, la moitié pourrait avoir une origine ligure, l’autre arrivant sans doute aussi de la côte orientale de Provence.
366La vaisselle qui n’était pas destinée au feu est représentée par deux formes seulement : les mortiers et les cruches. Les mortiers (18 % de l’ensemble) soit sont originaires d’Afrique, soit pourraient provenir de la côte orientale provençale ou ligure. Cette forme n’est jamais attestée dans les importations orientales. Les cruches arrivent exclusivement d’Afrique et pourraient avoir été exportées comme petit contenant au même titre que les amphores. Il est plus difficile d’expliquer la présence des mortiers et des marmites qui doublent les productions régionales, riches en vaisselle de ce type. La vaisselle culinaire africaine ou de Méditerranée orientale offre cependant un répertoire nouveau de formes, plus larges et plus ouvertes, qui ont pu séduire les populations autochtones. L’olla étroite et profonde, cuite selon le mode réducteur, domine dans la vaisselle régionale, alors que le mode de cuisson oxydant est quasiment la règle pour la vaisselle importée.
367L’intérêt nouveau porté à la céramique commune permettra sans doute de nuancer ces premières observations qui n’ont été faites quantitativement qu’à partir d’un seul site. Il serait nécessaire d’établir des comparaisons avec les sites du littoral comme, par exemple, Olbia ou Marseille qui ont livré eux aussi de nombreuses céramiques importées. D’autre part il serait utile de mieux cerner le volume de ces importations et leur origine, qui dans l’état actuel des connaissances restent encore très imprécis.
2.4 Les amphores observations préliminaires
368FIG. 79, 80
369f. villedieu
370Une partie seulement des restes d’amphores recueillis sur le site a été examinée. Ce mobilier mériterait une étude approfondie, mais il a paru utile de présenter ici les quelques observations faites au cours de ce premier survol rapide.
371Les lots traités n’ont pas été l’objet d’une sélection fondée sur un critère précis : les possibilités matérielles d’achever la tâche ont manqué jusqu’à ce jour. En conséquence, les comptages effectués devraient être représentatifs de la composition des lots ; toutefois, les résultats des calculs statistiques établis à partir d’un nombre d’objets souvent très faible ne sont donnés ici que parce qu’ils mettent en évidence les principaux phénomènes et indiquent des tendances, mais il est clair qu’ils conservent un caractère provisoire (tabl. xi).

TABL. XI – Répartition des amphores par phase et par catégorie.
372Dans tous les ensembles considérés – rattachés aux phases II à V ainsi que VII et VIII , la part du mobilier résiduel est très importante. À cette catégorie appartiennent des amphores Dressel 1 relativement abondantes, provenant des niveaux protohistoriques remaniés au cours de la période tardive de l’occupation du site. Quelques tessons, qui m’ont paru pouvoir être attribués au type Gauloise 4 ainsi qu’aux amphores hispaniques Dressel 7‑11 ou Beltràn IIB, requièrent un examen plus attentif et certainement l’intervention d’un meilleur connaisseur de ces cultures anciennes, car la diffusion de ces types coïncide avec l’abandon de Saint‑Blaise. La majorité, et parfois presque la totalité (phases III et IV). des fragments classés en formes non identifiées pourrait appartenir à des productions antérieures à la réoccupation de l’oppidum. Cette hétérogénéité des ensembles mobiliers est certainement la principale responsable des différences apparaissant entre leur composition et celle des lots recueillis à Marseille, que M. Bonifay a étudiés (Bonifay 1986). Si l’on ne considère, en revanche, que les formes tardives identifées, les informations réunies sur les deux sites permettent de leur trouver des similitudes.
373Les exemplaires des formes Dressel 23 (fig. 79, no 1), Almagro 51 A‑B (fig. 79, no 2) et Almagro 51 C (fig. 79, no 3) sont un peu plus fréquents dans les couches des phases II à IV que dans celles qui se sont formées plus tard, mais ils restent, clans l’ensemble, assez isolés.
374Entre les productions africaines et celles des régions orientales du Bassin méditerranéen, le rapport s’établit très nettement en faveur des secondes dans les couches de la phase II, mais la situation s’inverse par la suite. Seuls les niveaux tardifs correspondant aux phases VII et VIII ont livré, pour l’heure, des fragments d’amphores africaines dont la forme est identifiable. Certaines, comme la petite amphore de Tripolitaine, forme Ostia I fig. 453‑454, et les exemplaires du type Tripolitaine III (fig. 79, nos 4, 5), sont vraisemblablement résiduelles dans les couches de la phase VII où elles ont été recueillies : il est impossible actuellement d’affirmer que leur diffusion s’est poursuivie au‑delà du milieu du ve s. (Manacorda 1977 : 152‑153 ; Villedieu 1984 : 180 ; Bonifay 1986 : 279 ; Whitehouse et al. 1982 : no 175). Plusieurs exemplaires de la forme Keay VIII B ont été trouvés à Carthage dans des contextes postérieurs à 475 (Fulford, Peacock 1984 : 90‑91, fig. 41) ; les exemplaires catalans en revanche ne sont pas datés (Keay 1984 : 126‑129). Cette forme est représentée ici par un bord trouvé dans une couche de la phase VII (fig. 79, no 6). Les autres formes attestées peuvent être considérées comme des produits des deux derniers siècles de l’activité des ateliers africains, mais il est difficile d’établir plus précisément leur date de fabrication, et les résultats de ce premier examen du mobilier de Saint‑Blaise ne nous autorisent pas à tirer des conclusions touchant leur chronologie. Des petits spatheia, dont un a conservé son bouchon en place, ont été mis au jour dans les niveaux des deux dernières phases (fig. 80, no 7 : phase VII ; fig. 79 et 80, nos 8‑11 : phase VIII) ; ces conteneurs de petite dimension semblent avoir été encore produits au viie s. (Panella 1982 : 184 ; Keay 1984 : 216 ; Féraud 1987 : 181‑182). Le type Keay LV A est représenté par deux fragments de bords dans les couches VII (fig. 79, nos 12, 13) et trois fragments dans les couches VIII (fig. 79, no 14) ; un bord d’amphore forme Keay LVI B provient d’une couche de la phase VII. Au type Keay LXH appartiennent quatre bords trouvés dans les couches de la phase VII (fig. 79, nos 15, 16, variant LXII A), et quatre autres dans celles de la phase VIII (fig. 79, no 17, variante LXII Q). Un fragment recueilli hors de son contexte stratigraphique a été classé en forme Keay LXI A (fig. 79, no 18) (Bonifay 1986 : 289, 290, 294). Un bord a été classé dans le cadre de la forme Keay XXXV A (fig. 79, no 19 : phase VIII), mais c’est à titre d’hypothèse que je propose de rattacher deux autres tessons à la variante B du même type (fig. 79, no 20 : phase VIII). A Marseille, ce type est attesté uniquement dans les niveaux de la première période, datée de la première moitié ou du milieu du ve s. (Bonifay 1986 : 278).

FIG. 79 – Amphores hispaniques : 1 Dressel 23 ; 2 Almagro 51 A‑B ; 3 Almagro 51 C. –Amphores africaines : 4, 5 Tripolitaine III ; 6 Keay VIII 3 ; 7‑11 spatheia ; 12‑14 Keay LVA ; 15‑17 Keay LXII ; 18 Keay LXI ; 19, 20 Keay XXXV A‑B. – Amphore orientale : 21 Riley LRA 2.
L. Maddedu del
375Les amphores orientales identifiées appartiennent aux types les plus fréquents à partir du ve s. Il s’agit d’exemplaires des formes Riley L.R.A, 1, 2, fig. 79, no 21 : phase VII ; 3, 4 et 6 (Riley 1981 : 85‑124). La majorité des ensembles mobiliers examinés appartenant à des périodes durant lesquelles le commerce avec les régions situées dans la partie orientale du Bassin méditerranéen s’est considérablement ralenti, cette catégorie est encore assez mal représentée.

FIG. 80 – Spatheia
cl. CNRS / CCJ / Chéné‑Foliot
2.5 Les Céramiques régionales
2.5.1 Les dérivées des sigillées paléo Chrétiennes
376y. rigoir, j. rigoir
2.5.1.1 Présentation
377Les dérivées des sigillées paléochrétiennes (DS.P.), « sigillée tardive régionale de la Gaule méridionale » (Février 1979 : 174), outre leurs origines de fabrication, présentent avec les sigillées claires africaines des différences importantes dans la texture de la pâte, le mode de cuisson et les types de formes. Seules deux techniques de décoration leur sont communes, ce qui, il est vrai, n’est pas négligeable.
Les pâtes
378Alors que la pâte des sigillées claires D est granuleuse et fortement dégraissée, celle des DS.P., plus ou moins tendre, est toujours fine, aussi fine que celle des sigillées classiques. On n’y rencontre que quelques traces d’inclusions calcaires et quelques vacuoles. C’est la principale caractéristique qui les distingue des céramiques communes grises pour quelques formes qu’elles ont en commun. Des analyses physico‑chimiques, effectuées au laboratoire de céramologie de Lyon par M. Picon sur des séries similaires à celle présentée ici, montrent une grande homogénéité dans leurs constituants. Leur teneur en calcaire varie entre 10 et 25 % ; elle est inférieure à 10 % pour les formes tardives (Pelletier et al. à paraître).
379L’analyse a mis en évidence un petit groupe (16 échantillons) qui présente les mêmes caractéristiques que les argiles de la Butte des Cannes (entre autres taux de calcaire élevé) et qui intègre 9 fois la rouelle 65 et deux fois le rectangle 181 qui lui est associé. Un grand groupe (75 échantillons) ne peut être actuellement rattaché à un atelier connu, bien qu’il présente certaines caractéristiques de la phocéenne (qui n’est pas toute elle‑même d’origine marseillaise). Trois sous‑groupes ont pu être individualisés : un qui réunit l’ensemble des tessons tardifs de la Bourse et de Saint‑Victor non décorés, un autre qui intègre 5 échantillons marginaux par leur forme 18 bâtarde et leur décor (Saint‑Blaise, Saint‑Estève) et un troisième dans lequel M. Picon a noté la présence d’eau de mer (CATHMA 1988a).
La cuisson
380La cuisson oxydante fut tout d’abord employée dans le Languedoc, région où cette production apparut en premier. En Provence, seules quelques poteries furent traitées ainsi, à l’exception d’une série dite « de l’atelier de Saint‑Julien » (Martigues) (Rigok, Rivet 1985 : 95‑99), où cette technique semble avoir été employée intentionnellement. Ce fait est par contre certainement accidentel pour des fragments qui conservent formes et décors de pièces habituellement cuites en atmosphère post‑réductrice.
381Ce sont donc des poteries dont la couleur varie du gris clair au gris foncé qui se rencontreront ici. Les variations de tonalité ne semblant correspondre à rien de précis, il ne sera pas fait d’étude particulière dans ce domaine (Cavaillès‑Brans 1986 : 351), de même que dans celui des engobes, dont la présence est souvent difficile à mettre en évidence. Ils sont quelquefois très fins et impossibles à distinguer d’un traitement de surface mécanique.
Les types déformés
382Les formes communes aux sigillées claires africaines et aux DS.P. sont rares : mortiers de f.H91C d’une part et de f.29 de l’autre par exemple. Quelques profils de bords –qui peuvent par ailleurs se rencontrer dans d’autres catégories, comme les marlis– sont semblables dans les deux productions, mais il s’agit là du résultat de manipulations qui se retrouvent dans les gestes des potiers.
383Les types, par contre, se différencient nettement : alors que dans les DS.P. se généralisent les assiettes, formes stables au fond plat de surface importante, la plupart des formes de sigillées claires africaines peuvent être cataloguées comme des coupes ; les moins creuses reposent sur un pied bas, de diamètre beaucoup moins important par rapport à leur diamètre d’ouverture ; les rares formes hautes de cette catégorie (f.H12/102) sont portées par un pied élevé et étroit.
La décoration
384Deux techniques sont employées dans chaque production : le guillochage et l’impression au poinçon plan gravé.
385Sur les DS.P., les guillochis sont fins ou larges mais peu creusés. Ils peuvent être utilisés sur de grandes surfaces, jusqu’à recouvrir complètement certaines pièces. Sur la sigillée claire D, souvent plus aigus et plus nettement excisés ils forment des bandes sur les marlis, les panses et les pieds, ou créent une rugosité au fond des mortiers, remplaçant les inclusions de basalte employées dans les poteries locales.
386Le répertoire des motifs imprimés est plus important, plus varié et employé plus abondamment sur ces dernières, mais rouelles, palmettes, camés se retrouvent sur les deux productions, ainsi que les symboles chrétiens, croix ou chrismes. Les grands personnages bibliques représentés sur la D sont cependant absents sur les DS.P.
387Cette abondance incite, après une identification rigoureuse des matrices, à utiliser en priorité la décoration pour le repérage de voies commerciales par l’observation de leur dispersion dans l’espace et la compréhension des motivations de leur choix : simple ornementation ou expression symbolique.
388Elle est une aide efficace pour distinguer les différentes pièces et intervient: donc positivement dans le comptage des éléments de vaisselle. La diversité des profils de la plupart des autres récipients, plus grande sur les DS.P. que sur les fabrications standardisées comme la D, supplée à la rareté de l’ornementation des formes utilitaires.
2.5.1.2 Les formes
389Sur les tableaux numériques xii a et b et sur leur traduction graphique fig. 81, 421 fragments sont représentés, qui se décomposent en : 285 formes identifiées, 91 formes non identifiées, soit 376 formes individualisées, plus 45 tessons informes mais décorés.

TABL XII – A répartition des DS.P. par formes identifiées et par phases ; B formes identifiées classées par ordre décroissant des quantités totales.

FIG. 81 – Représentation en barres du tableau XII.
390Le matériel hors stratigraphie figure pour mémoire et n’entre pas dans les comptages, mais les formes les plus importantes ont cependant été dessinées.
391Parmi les 69 formes recensées dans la production provençale (Rigoir 1985 ; CATHMA 1988b), 23 ont pu être reconnues :
– 6 formes d’assiettes ou de jattes : 1, 4, 8, 38, 50, 56 ; soit 86 objets (9,12 %) ;
– 3 formes de coupelles : 14, 33, 68 ; soit 18 objets (6,32 %) ;
– 7 formes de bols : 3a, 3c, 6, 9, 17, 18a, 18b ; soit 86 objets (30,18 %) ;
– 2 formes de mortiers : 29a, 29b ; soit 106 objets (37,19 %) ;
– 4 formes d’urnes ou ollae : 23, 36, 63, 70 ; soit 46 objets (16,14 %) ;
– 1 forme de couvercle : 31 ; soit 3 objets (1,05 %).
392Dans la vaisselle de table se trouvent surtout des bols et des mortiers dans les ustensiles culinaires. La forme 18, dans sa variante « a », et la forme 29, dans sa variante « b », sont les plus nombreuses. Malheureusement, la fragmentation des vases à liquides n’a pas autorisé d’identification, mais on peut être certain de l’absence des formes 57, 58, 60 ou 61 (Rigoir, Rivet 1987), bien que 45 objets aient pu être décomptés. Le petit nombre de pièces du service à marli s’explique par la présence notable de bords dont la panse est absente (fig. 84) et qui ne peuvent ainsi être ventilés avec certitude dans les assiettes, coupelles ou bols. Cependant, une étude statistique entamée par Denis Calvin paraît autoriser avec une bonne probabilité l’attribution à des assiettes des marlis dont le diamètre est supérieur à 20 cm. Parmi ceux qui ont pu être mesurés (en blanc fig. 81), 6 se trouvent dans ce cas et 8 d’un diamètre de moins de 20 cm ont pu appartenir à des bols ou à des coupelles, ce qui augmente la quantité mais ne modifie pas sensiblement les pourcentages.
Répartition des formes par phase
393Les deux études concernant la sigillée claire D de cette fouille –celle qui précède et l’analyse statistique poussée du sondage I B Sud (Cavaillès‑Brans 1986)– font apparaître une proportion importante (38 %) de matériel résiduel. On sera contraint d’appliquer ce modèle à la distribution des formes de DS.P., leur datation se résumant à ce jour à quelques indications chronologiques portant sur un nombre réduit de formes (Rigoir, Rivet 1987 ; Bonifay, Rigoir 1986). En effet, d’une part aucun site historiquement daté n’a révélé de chronologie en Provence, contrairement à ce qui s’est passé outre Méditerranée pour la D, d’autre part les fouilles associant dans des couches bien déterminées des éléments datants (céramiques connues, monnaies) n’intéressent généralement qu’une faible quantité de matériel (Boixadera et al. 1987). Seules les fouilles les plus récentes de la Bourse, à Marseille, (Bonifay, Pelletier 1983 : 327‑334 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 177‑180, fig. 19, 20, 21 ; CATIIMA 1988a) font exception. Elles seront utilisées souvent comme élément de comparaison.
394Ainsi que l’on peut le constater sur la fig. 81, la quasi‑totalité du matériel provient de niveaux du vie s. Or, la période » classique de fabrication des DS.P. apparaît bien comme étant le ve s. Cela fait présumer d’une forte proportion de résiduel au vie s. pour une production qui se raréfie et tend à se limiter alors à des ustensiles culinaires plutôt qu’à de la vaisselle décorée (Cavaillès‑Llopis 1986 : 179, fig. 15 ; Bonifay, Pelletier 1983 : 328, fig. 33).
Le « résiduel »
395On peut considérer comme matériel résiduel tout objet présent postérieurement à sa période de fabrication et de commercialisation.
396Cet état peut résulter de trois faits :
– l’utilisation domestique d’une poterie peut se prolonger un temps assez long (plusieurs décennies, suivant des exemples modernes quotidiens) ;
– un objet peut être conservé comme une sorte de « trésor » ; à Mandelieu, dans un mithraeum, un bol de sigillée classique, intact, a été trouvé associé à un contexte de l’Antiquité tardive (CATHMA 1988b ; Fixot 1990 : 154) ;
– des céramiques, surtout à l’état de tessons, peuvent se trouver dans des terres déplacées pour servir de remplissage.
397Lorsque l’évolution est marquée et rapide ou que de nouvelles catégories –nouvelles importations par exemple– interviennent, la distinction entre matériel contemporain de la couche et résiduel est facile : à Saint‑Blaise, il est évident que le matériel protohistorique est résiduel dans les niveaux de l’Antiquité tardive. Dans la vie d’une même production, cette distinction peut être difficilement établie sans une connaissance approfondie des éléments évolutifs qui ne peut être acquise qu’après de nombreuses constatations pertinentes, rares encore pour les DS.P.
398Un élément supplémentaire vient compliquer les classements : les proportions avancées pour les sigillées claires D résiduelles ont été établies pour la globalité des formes, or ces pourcentages sont variables suivant les objets. Telle forme apparaît strictement au ve s., elle est donc postérieurement résiduelle à 100 % ; telle autre, par contre, caractéristique du vie s., renfermera 0 % de résiduel à la même époque. Plus généralement, ces proportions doivent être nuancées, certaines formes –ou certaines parties de formes que l’on trouve généralement fragmentées– perdurant sans modifications évidentes.
399Trois formes sont présentes en phase II, avec 3 objets, et 8 en phase III, avec 18 objets. Elles témoignent de la faible occupation de ce lieu au ve s. Les niveaux supérieurs ne peuvent donc, en conséquence, être pris en référence pour marquer la période d’apparition réelle des autres formes : 12 apparaissent en phases IV‑V, 0 en phase VI, 2 (une f.17 et une f.56) en phase VII et une seule (une f.9) en phase VIII. On observe que 18 formes sont présentes en phases IV‑V avec 102 pièces, 11 en phase VI avec 45 pièces, 18 à nouveau en phase VII mais avec 133 pièces, enfin 15 en phase VIII avec 77 pièces.
400Le matériel des anciennes fouilles, mélange des couches des ve et vie s., comprend en majorité des formes à marli. Peu de pièces sont différentes du répertoire constitué pour les fouilles récentes : quelques f.2, 11 et 56, l’unique exemplaire de f.53 et deux f.50. Il convient de préciser que les formes décorées étaient alors conservées en priorité, ce qui justifie la rareté des f.29 ou l’absence des vases à liquides.
2.5.1.3 Catalogue des formes
Forme 1 – Assiettes du service à marli
401FIG. 82
4028 objets.
Typique des DS.P., principalement en raison de sa nature d’assiette, les formes profondes comme la f.3 se retrouvant dans d’autres productions, les sigillées d’Argonne par exemple.
Contexte : 4 phases IV‑V (nos 1, 3, 5, 6), 1 phase VII (no 7), 2 phase VIII (nos 2, 4), 1 hors stratigraphie.
L’absence de cette forme dans les phases II et III est due au hasard et à la pauvreté de ces couches. Elle est habituellement fréquente au ve s. dans les niveaux des fouilles de la Bourse.
On notera que le marli de grand diamètre (no 2), le moins bien façonné, se trouve justement dans la phase VIII, couche 5’, la plus tardive.
A la Bourse, aire 1 : 60 % de la totalité de cette forme au ve s. Pour les formes 1 + 2 + 3, 68 % à la même époque pour les sondages D II 11 et D II 15.

FIG. 82 – DS.P. Forme 1
Y. Rigoir del
Forme 3, variante a – Bols simples du service à marli
403FIG. 83, nos 8‑13
4047 objets.
N’est certainement pas un bol à boire, en raison de sa collerette horizontale ; son usage demeure une question posée. Contexte : 1 phase III (no 10), 1 phases IV‑V (no 8), 1 phase VI, 3 phase VII (nos 9, 11, 12), 1 phase VIII (no 13).
Le no 8, de forme classique, trouvé avec des cols de f.18 classique elle aussi dans la fosse 7f2b, est certainement résiduel, bien que presque complet. Le profil le plus rustique (no 13) se trouve dans la phase la plus récente, couche 3. À la Bourse, aire 1, les exemplaires se partagent également entre le ve et le début du vie s. Dans les sondages D II 11 et D II 15, ils sont majoritaires au ve s. (66 %).
Forme 3, variante c – Mortiers ?
405FIG. 83 no 14
4063 objets.
Bols de grandes dimensions. L’intérieur présente des impressions digitales verticales –dont les fragments non dessinés conservent des traces– et des rainures horizontales, ce qui permet d’identifier le pied représenté.
Contexte : 1 phase III, 1 phase VII (no 14), 1 hors stratigraphie.
À la Bourse, aire 1 : 65 % au ve s. Un seul exemplaire dans les sondages D II 11 et D II 15, trouvé à la période 1, du début du ve s.

FIG. 83 – DS.P. Forme 3, no 14 forme 3C
Y. Rigoir del
Marlis divers
407FIG. 84
40857 objets.
Bien que ces fragments ne soient que des éléments de forme, il n’est pas inutile de les signaler. Ils sont une intéressante démonstration des variations de profils, habileté ou maladresse, soin ou négligence des potiers. Ils appartiennent à des assiettes de f.1, à des coupelles de f.2 (la rareté de ces récipients permet de les ignorer, aucune panse n’en a d’ailleurs été trouvée) ou à des bols de f.3. On distinguera, suivant les statistiques évoquées plus haut, ceux dont le diamètre est indiqué : les assiettes de plus de 20 cm et les bols de diamètre inférieur.
Contexte : 1 phase III (no 15), 10 phases IV‑V (nos 16, 18, 19, 20, 21, 22, 23), 6 phase VI (nos 17, 24), 13 phase VII (nos 25, 26, 27, 28), 10 phase VIII (nos 29, 30, 31, 32), 17 hors stratigraphie (nos 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40).
409Le no 15, bien que de profil mou et simplement décoré de guilloohis, est bien daté du ve s. D’après la répartition des f.1 et 3, la majorité des autres fragments est résiduelle.

FIG. 84 – DS.P. Marlis
Y. Rigolr del
Forme 4 – Assiettes du service à bord simple
410FIG. 85
41114 objets.
Forme plate à bord arrondi, légèrement aplati ou débordant à l’extérieur, séparé généralement de la panse par une ou deux rainures. Les fonds, comme celui du no 41, sont généralement décorés au poinçon. Le guillochage interne de cette même pièce se rencontre rarement.
Contexte : 4 phases IV‑V (nos 41, 42), 4 phase VII (nos 43, 44), 1 phase VIII, 5 hors stratigraphie (nos 45, 46).
A la Bourse, aire 1, 65 %. 75 % dans les sondages D II 11 et D II 15.

FIG. 85 – DS.P. Forme 4
Y. Rigolr del
Forme 6 – Bols du service à bord simple
412FIG. 86
41320 objets.
Les nos 50 et 53 appartiennent à une production de la basse vallée du Rhône. Cette variante est caractérisée par son bord épaissi et rabattu vers l’extérieur, souligné de gorges profondes. Sa pâte est quelquefois gris verdâtre portant des traces d’engobe écaillé. Le no 49 s’y rattache peut‑être, malgré son profil différent.
Contexte : 1 phase II (no 47), 2 phase III (no 48), 2 phases IV‑V (nos 49, 52), 3 phase VI (nos 51, 58), 5 phase VII (nos 50, 54, 60), 3 phase VIII (nos 53, 55, 56), 4 hors stratigraphie (nos 57, 59). Une des trois formes attestées au début du ve s., à la limite des couches protohistoriques. Les nos 47 et 48, décorés au poinçon, sont datés du ve s. ainsi que 80 % de cette forme à la Bourse, aire 1. 66 % dans les sondages D II 11 et D II 15.

FIG. 86 – DS.P. Forme 6
Y. Rigolr del
Forme 8 – Assiettes du service à bord en amande
414FIG. 87
4153 objets.
On ne trouve pas ici les profils de bords bien modelés en amande. Seuls figurent les tessons dont la panse peut être celle d’une assiette ; lorsque le départ de la panse est plus vertical, ils se trouvent regroupés sous le no de forme 38.
Contexte : 3 phases IV‑V (nos 61, 62, 63).

FIG. 87 – DS.P. Forme 8
Y. Rigoir del
Forme 9 – Bols du service à listel
416FIG. 88
4172 objets. Petites formes à ne pas confondre avec les mortiers de f.29. Plus soignées, généralement guillochées sur l’extérieur de la lèvre ou le listel, elles ne comportent jamais d’inclusions dans leur fond mais seulement quelquefois des guillochis comme les f.H91 de sigillée claire D.
Contexte : 1 phase VIII (no 64), 1 hors stratigraphie (no 65). Au Ve s. à la Bourse dans les trois sondages.

FIG. 88 – DS.P. Forme 9
Y. Rigoir del
Forme 14 – Coupelles à bord vertical
418FIG. 89
41913 objets.
Formes de profils très divers. Le bord est parfois séparé de la panse par un bourrelet.
Exemplaire anecdotique (no 67) guilloché à l’intérieur.
Contexte : 2 phase III (nos 66, 67), 4 phase VI (no 68), 3 phase VII (no 69), 2 phase VIII (no 70), 2 hors stratigraphie (nos 71, 72).
Deux formes se trouvent dans la phase III et leur datation est ainsi attestée. Par contre, les deux pièces les plus « classiques », bien finies, un engobe noir fin recouvrant le no 72, se trouvent malheureusement hors stratigraphie.

FIG. 89 – DS.P. Forme 14
Y. Rigoir del
Forme 17 – Bols carénés cerclés de bourrelets
420FIG. 90
4211 objet.
Un bourrelet au milieu de la partie verticale sépare une couronne supérieure décorée de guillochis d’une suite de rouelles doubles imprimées au‑dessus de la carène.
Contexte : 1 phase VII (no 73).

FIG. 90 – DS.P. Forme 17
Y. Rigoir del
Forme 18, variante a ‑ Bols à col haut raccordé à la panse par un décrochement orienté vers l’intérieur
422FIG. 91
42352 objets.
Très abondante. Exemplaires classiques de cette forme, caractérisés par deux profils : une lèvre verticale ou légèrement concave à l’extérieur, soulignée de rainures comme le haut de la panse, verticale ou convexe à l’intérieur, généralement guillochée.
Contexte : 17 phases IV‑V (nos 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80), 2 phase VI, 15 phase VII (nos 81, 82, 83), 7 phase VIII (nos 84, 85, 86, 87), 11 hors stratigraphie (nos 88, 89, 90, 91, 92, 93, 94). A la Bourse, 61 % au ve s., aire 1. 90 % dans les sondages D II 15 et D II 11. Mais dans toutes ces fouilles, les comptages des variantes a et b sont confondus.

FIG. 91 – DS.P. Forme 18 variante a
Y. Rigoir del
Forme 18, variante b
424FIG. 92
42523 objets.
Diffère surtout de la variante a par des profils de cols irréguliers et moins rigoureusement dessinés, fréquemment lisses. Le no 95 est cuit en oxydation et son col a un profil simple ; il est donc certainement, de par ces deux caractéristiques, une importation languedocienne. La panse no 97, par son profil et le rythme de ses guillochis, paraît pouvoir être attribuée à une fabrique de la vallée du Rhône. Le vase no 96 est décoré mais les guillochis larges sont peu marqués, la surface de la panse est couverte d’une suite de portions de palmettes dues à l’application oblique de poinçons se succédant en zigzag. Cette forme et son décor apparaissent comme la caricature des exemplaires classiques dont les fouilles des quartiers anciens de Marseille ont fourni un exemplaire entier (Rigoir 1968 : 227).
Contexte : 10 phases IV‑V (nos 96, 97, 98, 99), 8 phase VII (nos 95, 100), 5 hors stratigraphie (nos 101,102, 103). La pièce languedocienne est datée dans pratiquement tous les lieux de trouvaille des alentours de 400 ou du début du ve s. ; elle est donc ici résiduelle.

FIG. 92 – DS.P. Forme 18 variante b, 95 orangée probablement languedocienne
Y. Rigoir del
Forme 23 – Épaulement et bord de forme à col resserré
426FIG. 93
4274 objets.
II est possible que des panses de profils différents se terminent de manière similaire. Un exemplaire presque complet de ce type de forme muni d’une anse et d’un bec tubulaire figure dans le matériel de Sainte‑Propice (Boixadera et al. 1987 : 100, no 31).
Contexte : 1 phase II (no 104), 2 phases IV‑V (no 105), 1 phase VIL
Ce profil de lèvre et d’épaulement se trouve donc du début à la fin du ve s.

FIG. 93 – DS.P. Forme 23
Y. Rigoir del
Forme 29, variante a – Mortiers à listel
428FIG. 94
42916 objets.
Un bec verseur est façonné sur ces récipients. Il peut être obtenu soit par découpage d’une partie de la lèvre ensuite rabattue et collée sur le listel (nos 110, 111), soit par aplatissement de la lèvre sur le listel (no 106), soit enfin par le rapprochement par pincement de la lèvre et du listel. La version bec pincé n’apparaît pas dans la variante a. Les fonds internes sont généralement parsemés de graviers, souvent de basalte, pour faciliter le broyage. L’extérieur du fond est le plus souvent plat, parfois simplement dégagé de la panse ; plus rarement, il présente un pied annulaire.
Dans cette variante, le listel est épais, arrondi ; la panse est conique ; le diamètre peut atteindre 40 cm ; la paroi est épaisse.
Contexte : 1 phase II, 7 phases IV‑V (nos 106, 107, 108, 109, 110), 3 phase VI (nos 111, 112), 2 phase VII, 3 phase VIII.
À la Bourse, aire 1, 55 % au ve s. N’est pas séparée de la variante b dans les sondages D II 11 et D II 15 où elles sont majoritaires aux environs de 500.

FIG. 94 – DS.P. Forme 29 variante a
Y. Rigoir del
Forme 29, variante b
430FIG. 95, 96
431111 objets.
Cette variante présente trois profils principaux : des listels larges (no 114), des profils irréguliers (nos 119, 123), des listels atrophiés (no 115). Le bec verseur est parfois façonné par pincement. On notera que le petit exemplaire profond présente de petites particules de basalte à l’intérieur.
Formes analogues en céramique commune grise, type D.
Contexte : 5 phase III (nos 113, 114, 115), 17 phases IV‑V (nos 116, 117, 118, 119, 120), 10 phase VI (no 121), 39 phase VII (nos 122, 123, 124, 125, 126), 19 phase VIII (nos 127, 128, 129, 130), 21 hors stratigraphie (no 131).
Sept fragments du no 124 sont répartis dans quatre couches de la phase VII (plus un hors stratigraphie). Cette localisation cohérente doit donc vraisemblablement permettre de dater cette pièce de la seconde moitié du vie s. Les nos 121 et 128, profonds et au bord resserré, de petites dimensions, dessinent avec l’exemple précédent une variante qui se trouve dans trois niveaux de la seconde moitié du vie s.
À la Bourse, aire 1, cette forme est attestée à 75 % au vie s.

FIG. 95 – DS.P. Forme 29 variante b
Y. Rigoir del

FIG. 96 – DS.P. Forme 29 variante b
Y. Rigoir del
Forme 31 – Couvercles à emboîtement
432FIG. 97
4334 objets.
Formes de petit diamètre, assez plates, probablement munies de boutons de préhension importants.
Contexte : 2 phases IV‑V (nos 132, 133), 1 phase VII (no 134), 1 hors stratigraphie (no 135).

FIG. 97 – DS.P. Forme 31
Y. Rigoir del
Forme 33 – Coupelle à bord vertical creusé de rainures
434FIG. 98
4351 objet.
Forme connue seulement par son bord. Contexte : 1 phases IV‑V (no 136).

FIG. 98 – DS.P. Forme 33
Y. Rigoir del
Forme 36 – Récipients creux munis d’un bec tubulaire
436FIG. 99
43724 objets.
Plusieurs variantes, mais le profil du bord des nos 137 à 140 est le profil type : une lèvre déversée, concave à l’intérieur. Similaire à la forme A2 (fig. 119) de céramique commune grise. Témoin de l’existence d’une anse.
Mêmes profils en céramique commune grise, type B2, fig. 129, no 77.
Contexte : 2 phase III, 6 phase VI (nos 139, 140), 6 phase VII (nos 137, 138), 9 phase VIII, 1 hors stratigraphie (no 141).
Apparaît donc dans la seconde moitié du ve s. À la Bourse, aire 1 comme dans les deux autres sondages, ne se trouve qu’au vie s. La position du bec par rapport à la lèvre paraît un critère d’évolution (Bonifay, Rigoir 1986 : 217, 218) : il se situerait d’autant plus près du bord que la pièce serait tardive.

FIG. 99 – DS.P. Forme 36
Y. Rigoir del
Forme 38 – Coupes ou jattes à bord en amande
438FIG. 100
4396 objets.
Caractérisées par une panse plus haute –plus verticale sur ces fragments– que les assiettes de f.8.
Contexte : 1 phases IV‑V (no 144), 1 phase VI, 2 phase VIII (nos 142, 143), 2 hors stratigraphie (no 145).
A la Bourse, aire 1 : ve s.

FIG. 100 – DS.P. Forme 38
Y. Rigoir del
Forme 50 – Coupes ou jattes à lèvre trilobée
440FIG. 101
4411 objet.
La nervure centrale des lobes est fréquemment ornée de guillochis.
Contexte : 1 phases IV‑V (no 146).

FIG. 101 – DS.P. Forme 50
Y. Rigoir del
Forme 56 – Jatte à lèvre ronde débordant à l’intérieur
442FIG. 102
4432 objets.
La lèvre forme à l’intérieur une rainure qui la sépare de la panse. Le no 147 porte en graffitte un A renversé.
Contexte : 2 phase VII (nos 147,148).

FIG. 102 – DS.P. Forme 56
Y. Rigoir del
Forme 63 – Pots à deux anses
444FIG. 103
44517 objets.
Un bourrelet saillant à l’extérieur, creusé à l’intérieur, se trouve sous la lèvre. Un exemplaire pratiquement complet a été recueilli à Saint‑Jean‑de‑Garguier (inédit, rens. Jean Féraud) : haut de 28 cm, il a une contenance de 6,49 l, le plus grand diamètre se situe au‑dessous de l’attache des anses, le fond est plat.
Contexte : 2 phases IV‑V (nos 151, 152), 3 phase VI, 7 phase VII (no 150), 3 phase VIII (no 153), 2 hors stratigraphie (no 149).
Forme datée par divers éléments de la fin du ve au début du vie s. (Rigoir, Rivet 1987 : 195, 196).

FIG. 103 – DS.P. Forme 63
Y. Rigoir del
Forme 68 – Coupelles à listel concave
446FIG. 104
4479 objets.
Semble un avatar des f.9 et 29 avec laquelle il ne faut pas la confondre : le listel forme avec la lèvre un raccord concave. Un exemplaire (no 154) est décoré de guillochis.
Contexte : 2 phases IV‑V (nos 154, 155), 3 phase VII (nos 156, 157), 1 phase VIII, 3 hors stratigraphie (no 158). A la Bourse, aire 1 : postérieure à 500.

FIG. 104 – DS.P. Forme 68
Y. Rigoir del
Forme 70 ‑ Bords en poulie
448FIG. 105
4495 objets.
Cols de formes munies au moins d’une anse. Même profil que le type A3 (nos 26‑33) de la céramique commune grise. Contexte : 1 phases IV‑V (no 160), 2 phase VI (no 159), 1 phase VIII (no 161), 1 hors stratigraphie.

FIG. 105 – DS.P. Forme 70
Y. Rigoir del
Vases fermés
450FIG. 106
45145 objets.
Représentés par des fragments de cols étroits, de panses et de bases conservant à l’intérieur des traces nettes de tournage, ou par des anses. Cette sorte de récipient est très fragmentée, il est en conséquence impossible de déterminer une forme.
Contexte : 2 phase III, 7 phases IV‑V (nos 164, 165, 171, 175, 176, 177, 180), 4 phase VI (nos 162, 163, 178), 11 phase VII (nos 166, 167, 170), 7 phase VIII (nos 173, 174, 179, 181), 14 hors stratigraphie (nos 168, 169, 172).

FIG. 106 – DS.P. Vases fermés
Y. Rigoir del
Bords divers
452FIG. 107
45328 objets.
Fragments atypiques. Le no 191 pourrait peut‑être s’assimiler à une f.14.
Contexte : 8 phases IV‑V (nos 182, 183, 184, 185, 186, 187, 189), 7 phase VII (nos 188, 190, 191, 193, 194), 5 phase VIII (nos 192, 195, 196, 197), 8 hors stratigraphie (nos 198, 199, 200, 201). Le no 199 est peut‑être d’origine languedocienne, donc datable du début du ve s.

FIG. 107 – DS.P. Bords divers
Y. Rigoir del
Panses décorées
454FIG. 108
45535 objets.
Seuls sont représentés sur la figure les décors complexes. Les autres fragments sont informes et ne portent qu’une empreinte illisible ou une partie d’empreinte. Les panses de f.18 reconnaissables sont décomptées dans cette forme. Les nos 202 et 203 semblent appartenir à des formes cylindriques.
Contexte : 4 phases IV‑V, 14 phase VII (nos 202, 203, 205, 206, 207, 208), 6 phase VIII (no 204), 11 hors stratigraphie (no 209).
Le décor ondé paraît être surtout utilisé au vie s. (Bonifay 1983 : 327).

FIG. 108 – DS.P. Panses décorées
Y. Rigoir del
Fonds d’assiettes décorés
456FIG. 109
45725 objets.
Ces fragments montrent plusieurs techniques de façonnage des fonds : simplement dégagés de la panse (no 210), creusés d’une ou plusieurs rainures (nos 213, 215) ou annulaires (no 219, probablement un pied de coupelle).
Contexte : 6 phases IV‑V (nos 210, 211, 212), 2 phase VI (nos 213, 214), 9 phase VII (nos 215, 216), 4 phase VIII (nos 218, 220), 4 hors stratigraphie (nos 217, 219).

FIG. 109 – DS.P. Fonds d’assiettes décorés
Y. Rigoir del
Pieds
458FIG. 110
4594 objets.
Cette figure montre un pied annulaire et son départ de panse guillochée (no 222) mais surtout deux pieds hauts qui suggèrent une forme de coupe dont la panse et le bord sont pour l’instant indéterminés.
Contexte : 2 phases IV‑V (nos 221, 222), 1 phase VII (no 223), 1 phase VIII (petit fragment d’un autre pied haut).

FIG. 110 – DS.P. Pieds
Y. Rigoir del
2.5.1.4 Les décors
460FIG. 111‑116
461Si le guillochage participe abondamment à l’ornementation des DS.P., le décor « utile » du point de vue de l’étude archéologique est le décor au poinçon. 58 matrices ont été identifiées : 22 rouelles, 14 palmettes, 12 arceaux et 10 motifs divers. C’est à peu près les proportions que l’on remarque dans l’ensemble de la production. 32 de ces motifs sont inédits ; sur les 26 autres, 18 se retrouvent à Marseille.
462Ils décorent 110 pièces sur 376, soit 29 %. Quantité double de celle répertoriée en sigillée claire, c’est une proportion moyenne, légèrement supérieure à celle constatée au vie s. à la Bourse, ce qui s’explique ici par un mélange de résiduel, plus fréquemment décoré, et de matériel en place, plus rarement orné. Dans les sondages de la Bourse, la quantité de pièces estampées diminue avec le temps. Aire 1, elles sont 54 % au ve s. contre 23 % au vie s. La différence est encore plus marquée dans les sondages D II 11 et D H 15 : 83 % et 17 %. Cette régression est provoquée par deux causes : d’une part certaines formes décorées se raréfient ou deviennent unies, d’autre part il se produit une apparition en augmentation de formes autres que la vaisselle et qui sont habituellement unies, les f.36, 63 ou les vases à liquides.
463On observera que plusieurs séries de poinçons sont réalisées avec peu de variations : les rouelles 4253, 356 et 4327, 2328, 3113, 68 et 4325 (fig. 112). Le meilleur exemple est donné par les palmettes 170 et 2831 (fig. 113), décor complexe réalisé à deux exemplaires que ne distinguent que des détails mineurs. On notera que l’on peut les différencier au moyen de leur pointe : un trait traverse obliquement celle de la 2831, ce qui permet d’identifier des fragments.
464Les deux motifs chrétiens portent à cinq ces représentations symboliques découvertes à Saint‑Blaise (fig. 116) ; les trois autres sont : un chiisme inscrit dans un grand cane (289) (Rigoir 1983 : 167, fig. 1, 169), une fraction du beau chrisme 295, complet sur un fond d’assiette de f.8 découvert à La Gayole (Rigoir 1983 : 169, 173, fig. 4) et la rouelle à croix 78 (Rigoir 1983 : 171, 178, fig. 3). Les poinçons au cerf, pourtant assez fréquents sur les DS.P. provençales, sont absents. L’existence de ceux‑ci à une période antérieure à celle où l’on trouve des animaux sur les sigillées claires peut expliquer cette absence. Le seul cerf trouvé dans les sondages D II de la Bourse l’a été dans la couche la plus basse.
465La dispersion des motifs figurant dans ce petit catalogue correspond à l’aire de diffusion des DS.P. marseillaises (fig. 111). Il est donc plausible que Saint‑Blaise ait été alimenté par ces ateliers, ce qui n’exclut pas l’existence d’une autre officine plus proche, peut‑être installée sur l’oppidum même, et qui reste à isoler. Peu de contacts sont attestés avec d’autres centres : ils se limitent à l’appartenance de deux f.6 à une production de la basse vallée du Rhône et à l’origine languedocienne d’une f.18 signalées dans l’étude des formes. Il faut y ajouter le petit arceau 4261 (fig. 114), imprimé sur le haut de bol no 199 (fig. 107) dont le style à chevrons est aussi languedocien.

FIG. 111 – DS.P. Dispersion des motifs présents à Saint‑Blaise (le point le plus gros) fouilles 198085
Y. Rigoir del
2.5.1.5 Catalogue des décors
Rouelles
466FIG. 112
4674322. 2 cercles continus concentriques. Diam. 9,5 mm.
Sur marli no 16
Phases IV‑V.
4363. 1 cercle continu, 1 cercle de 13 pointillés.
Diam. 6 mm.
Sur panse cylindrique no 202, associée au motif 4242.
Hors stratigraphie.
4324. Comme la précédente.
Diam. 8 mm.
Sur épaulement de f.23.
Phase VII.
4253. 2 cercles continus, 1 cercle de 15 pointillés.
Diam. 10,5 mm.
Sur marli no 17.
Phases IV‑V.
Aussi à Marseille. (Les localisations sont extraites du fichier décor du laboratoire d’Etude et de Documentation des sigillées paléochrétiennes, J. et Y. Rigoir, 21, avenue Frédéric‑Mistral, 13410, Lambesc ; ces documents sont à la disposition de tous les chercheurs.)
356. Comme la précédente, 16 pointillés.
Diam. 11,5 mm.
Sur marli no 18.
Phases IV‑V.
Aussi à Marseille et sur d’autres marlis à Saint‑Blaise.
4327. Comme la précédente, 14 ou 15 pointillés.
Diam. 10,5 mm.
Sur panse.
Phase VII.
4364.11 rayons.
Diam. 5,5 mm.
Sur la panse no 203, associée au motif 4246.
Phase VII.
4365. 8 rayons au centre entourés de ? pointillés.
Diam. 9 mm.
Sur le marli no 34.
Hors stratigraphie.
4323. 2 cercles de 8 et ? pointillés.
Diam. 7,5 mm.
Sur le marli no 33.
Hors stratigraphie.
981. 13 rayons entourés de 20 pointillés.
Diam. 8,5 mm.
Sur la f.3 no 10 et sur le marli no 19.
Phases III et IV‑V.
4328. 9 rayons entourés de ? hachures. Diam. ?
Sur un fond d’assiette.
Phase VII.
4255. Comme la précédente, 8 rayons, environ 20 hachures,
Diam. 12 mm.
Sur le bord no 192.
Phase ?
4254. 7 triangles cernés + 1 triangle creux, entourés de 22 pointillés.
Diam. 13 mm.
Sur le marli de f.1 no 6.
Phases IV‑V.
2839. ? rayons entourés d’un cercle continu puis de ? pointillés.
Diam. 10,5 mm.
Sur le marli no 35.
Hors stratigraphie.
Aussi à Marseille.
928. Comme la précédente, 8 rayons, ? pointillés.
Diam. 14 mm.
Sur le marli no 36.
Hors stratigraphie.
Aussi sur d’autres marlis à Saint‑Blaise.
2328. 1 cercle continu, 8 pastilles cloisonnées, ? pointillés.
Diam. 12 mm.
Sur le marli no 37.
Hors stratigraphie.
Aussi à Marseille, associée à la palmette 1084.
3113. Comme la précédente, 24 pointillés.
Diam. 14 mm.
Sur le marli no 27.
Phase VII.
Aussi à Cimiez (Nice).
68. 2 cercles continus, 12 pastilles cloisonnées, 1 cercle pointillé.
Diam. 17,5 mm.
Sur le marli de f.1 no 3.
Phases IV‑V.
4325. 1 cercle de ? pointillés, ? pastilles cloisonnées, 1 cercle pointillé.
Diam. ?
Sur un fragment de panse orangé, peut‑être de f.18.
Phases IV‑V.
Style « de l’atelier de Saint‑Julien » (Martigues).
50. 1 cercle continu, 2 cercles de 17 et 24 hachures obliques, 1 cercle d’environ 30 pointillés.
Diam. 17,5 mm.
Sur la panse de f.18 no 81.
Phases IV‑V.
Très répandue : à Sète, Marseille, Velaux (Bouches‑du‑Rhône), Nice, et sur d’autres pièces à Saint‑Blaise.
51. Comme la précédente, mais les hachures (9 et 13) sont inclinées en sens inverse, environ 30 pointillés.
Diam. 17 mm.
Sur le marli de f.1 no 4.
Phase VIII.
Aussi à Marseille et sur d’autres pièces à Saint‑Blaise.
1013. 8 pastilles, 2 cercles de hachures obliques inclinées dans les deux sens à l’intérieur de chaque couronne, un cercle de ? pointillés.
Diam. 29 mm.
Sur un fond d’assiette, probablement entouré de palmettes 170.
Hors stratigraphie.
Aussi sur un autre fragment à Saint‑Blaise.

FIG. 112 – DS.P. Rouelles
Y. Rigoir del
Palmettes
468FIG. 113
4694369. Triangulaire. 14 nervures divergentes à droite. Entourée de pointillés et surmontée d’un cercle.
H 28 mm ; I 20 mm.
Sur le marli de f.1 no 2.
Phase VIII.
4375. En feuille de laurier. Deux nervures verticales, nervures latérales divergentes. Entourée d’un trait continu et terminée d’un cercle à la base et au sommet.
H 37 mm ; 116 mm.
Sur un fond d’assiette, associée à une rouelle indéterminée.
Phase VIII.
339. Triangulaire. Une nervure verticale, 14 nervures latérales divergentes à gauche, 13 à droite. Entourée de pointillés doubles sur le côté.
H conservée 26 mm ; I 26 mm.
Sur le fond d’assiette no 219.
Hors stratigraphie.
Aussi à Marseille et à Montfort‑sur‑Argens (Var), associée au quadrupède 849, à la rouelle 416 et à la palmette 338 (Rigoir 1978 : 216).
4250. Triangulaire. Nervures divergentes, deux pastilles à la base, entourée de pointillés.
114,5 mm.
Imprimée à l’envers sur la f.6 no 48.
Phase III.
129. Comme la précédente. 10 nervures à gauche, 9 à droite.
H 30 mm ;I 13 mm.
Sur un fond d’assiette, probablement 7 empreintes autour de la croix 4243.
Hors stratigraphie.
Aussi à Marseille, associée à la rouelle 1027, et sur deux autres fonds à Saint‑Blaise.
4367. Base. 2 nervures verticales, nervures divergentes, deux pastilles à la base.
113 mm.
Sur un fragment de panse.
Phase VII.
4244. Triangulaire convexe. Gravure négligée. Entourée de pointillés, doubles au‑dessous, deux pastilles à la base et un cercle pointillé au sommet.
H 43 mm ; I 13,5 mm.
Quatre empreintes en croix sur le fond d’assiette no 218.
Phase VIII.
Aussi à Glanum (Saint‑Rémy‑de‑Provence, Bouches‑du‑Rhône) et sur un autre fond à Saint‑Blaise.
3728. Incomplet : la pression a été effectuée seulement sur le côté droit du poinçon, un mouvement du poignet a fait se succéder les empreintes en zigzag. Deux lignes verticales, nervures divergentes, plus complexes à la base.
H environ 40 mm.
Sur la panse de la f,18b no 96.
Phases IV‑V et VIII.
170. En fer de lance. Complexe, divisée en deux parties : une ligne verticale, 11 nervures latérales convergentes à gauche et à droite et deux pastilles dans la partie supérieure, 3 nervures convergentes de chaque côté et une pastille dans le demi‑cercle inférieur. Entourée de pointillés et frappée au‑dessous d’une rouelle formée d’un cercle continu entouré de 14 pointillés.
H totale 57 mm ; I 22,5 mm.
Autour de la rouelle 1013 sur un fond d’assiette.
Hors stratigraphie.
Se retrouve fréquemment sur d’autres tessons à Saint‑Blaise, Vernègues (Bouches‑du‑Rhône), Marseille et Arles.
2831. Même motif que la précédente. 13 nervures convergentes en haut à gauche et 14 à droite, deux divergentes de chaque côté et trois pastilles à la base. La barre horizontale est différente et on remarque que la dernière nervure au sommet traverse obliquement toute la pointe, ce qui permet d’identifier ce poinçon grâce à sa pointe seule, ce qui est le cas ici. Des coups de gouge ont entamé la ligne centrale. La rouelle comporte 13 pointillés.
H totale 58 mm ; I 22 mm.
Sur un fond d’assiette. Phases IV‑V.
Aussi sur d’autres fonds à Saint‑Blaise, Marseille et Pélissanne (Bouches‑du‑Rhône).
1073. En feuille de laurier, 1 nervure verticale, 4 nervures divergentes dans la partie inférieure à gauche et 5 à droite ; au‑dessus, 8 nervures convergentes à gauche et 7 à droite, séparées au milieu par deux pastilles. Entourée de pointillés.
H 41 mm ; I 22,5 mm.
Sur fond d’assiette no 217.
Hors stratigraphie.
4368. Trace de motif semblable aux 170/2831 mais plus petit.
Sur un fragment de panse.
Phase VII
4258. Nervures divergentes. Terminée à la base par une rouelle constituée d’un cercle continu entouré de pointillés.
Sur un fond d’assiette.
Phases IV‑V.
4251. Forme complexe : les côtés sont parallèles, puis concaves. Deux nervures verticales, nervures divergentes. Bordée sur le côté d’une ligne continue puis de pointillés. Accompagnée d’empreintes de petites rouelles différentes.
l 20 mm.
Sur un fond d’assiette.
Phase VII.

FIG. 113 – DS.P. Palmettes
Y. Rigoir del
Arceaux
470FIG. 114
4714326. En fer à cheval. Une ligne continue, une pointillée.
H 16 mm.
Sur un fond d’assiette, avec un autre motif indéterminé.
Phases IV‑V.
4372. Anguleux. Deux rangées de pointillés.
Sur le couvercle no 135.
Hors stratigraphie.
4371. En demi‑cercle. Deux rangées de pointillés.
Sur la f.6 no 56.
Phase VIII.
4261. Incomplet. Une ligne en zigzag, un rang de hachures. Sous la lèvre de bol no 199. Peut‑être languedocien.
Hors stratigraphie.
4252. En arc de cercle. Deux rangées de pointillés, celle de l’intérieur est irrégulièrement découpée.
H 13,5 mm ; I 22 mm.
Sur le marli no 29.
Phase VIII.
199. Anguleux. Deux rangées régulières de pointillés.
H 24 mm ; I 21,5 mm.
Sur les fragments nos 77, 78 et sur un tesson non représenté.
Phases IV‑V et VII.
Aussi à Marseille, Arles, Sète, La Canebière (Hérault), Rosas (Espagne) et sur de nombreuses autres pièces à Saint‑Blaise. Toujours sur des panses de f.18 (Rigoir 1973 : 57).
200. Anguleux. Une ligne continue entre deux rangées de pointillés.
H 26 mm ; l 30 mm.
Sur les panses nos 84, 88, 92, sur trois autres et sur la panse de vase à anse no 105.
Phases VII, VIII et hors stratigraphie.
Très nombreux exemplaires à Marseille, Cimiez (Nice), Constantine (Bouches‑du‑Rhône), La Canebière (Hérault), Rosas et Ampurias (Espagne) (Rigoir 1973 : 57) et sur d’autres pièces à Saint‑Blaise. Pratiquement toujours sur panses de f.18.
739. Comme le précédent, mais l’angle est plus arrondi.
H 23 mm ;l 31 mm.
Sur la panse de f.18 no 94.
Hors stratigraphie.
Aussi à Arles, Rosas (Espagne) et sur un autre tesson à Saint‑Blaise.
2513. Comme le précédent, mais en demi‑cercle.
H 17 mm ; l 28 mm.
Sous la lèvre de la forme indéterminée no 184.
Phases IV‑V.
Aussi à Constantine (Bouches‑du‑Rhône).
4370. Fragmentaire. Gros pointillés et hachures.
Sur le fond d’assiette no 220. Phase VIII.
3676. En demi‑cercle. Une ligne continue, un rang de hachures, une ligne de pointillés obliques.
H 23 mm ; l 31 mm.
Surlaf.6 no 51.
Phase VI.
Aussi à Marseille et à Toulon.
204. En ogive. Un rang de hachures, une ligne continue, un rang de pointillés. H 26,5 mm ; l 33 mm.
Sur le fond d’assiette no 210 accompagné de rouelles.
Phases IV‑V.
Aussi à Marseille et sur 6 autres fragments à Saint‑Blaise.

FIG. 114 – DS.P. Arceaux
Y. Rigoir del
Colonnettes
472FIG. 115
4734251. Bords parallèles.
Hachures divergentes. Terminée par un double cercle.
H 29 mm ; l 3 mm.
Sur la f.6 no 47.
Phase II.
752. Bords parallèles. Une ligne continue entre deux lignes de pointillés. Terminée à une extrémité par un cercle continu, à l’autre par une ligne perpendiculaire et une rouelle formée d’un cercle continu entouré de pointillés.
H 30 mm ; l 4,5 mm.
Sur la panse de f.18 no 91.
Hors stratigraphie.
Aussi à Marseille et à La Canebière (Hérault).
Motifs divers
474FIG. 115
4754373. Motif à pastilles.
Sur le fragment de panse no 204.
Phase VIII.
240. Motif en rectangle concave en haut et en bas. 4 lignes continues bordées de pointillés, arrêtées par deux lignes concaves.
H 15,5 mm ; l 9,5 mm.
Sur le marli de f.1 no 7.
Phase VII.
Aussi à Constantine (Bouches‑du‑Rhône) et à Genève (Suisse) (Rigoir 1970 : 113).
4246. Motif semblable au précédent. Deux rangs de deux pastilles au milieu, un rang de pointillés et une ligne continue à chaque extrémité.
Sur la panse no 203, associé à la rouelle 4364. Phase VII.
4366. Forme indéfinie composée de pointillés.
Sur le fond d’assiette no 215.
Phase VII. :
2496. « Diabolo».
H 24 mm ; l 12 mm.
Sur le marli no 20.
Phases IV‑V.
Aussi à Berre (Bouches‑du‑Rhône) et à Saint‑Estêve (Var).
Deux empreintes croisées forment une croix (Rigoir 1983 : 181‑182 ; Brun 1984 : 22).
4242. Lignes sinueuses dans un ovale.
H 15 mm ; l 11,5 mm.
Sur le fragment de panse no 202 avec la petite rouelle 4363.
Hors stratigraphie.
4256. Palmette à boucles.
Sur l’épaule de la f.23 no 104 en terre ocre.
Phase II.
216. Rinceau sinueux, une feuille en me de cœur.
Sur un fragment de panse.
Hors stratigraphie.
Aussi à Marseille et en Catalogne sur 3 objets dont une f.3 et une f.23 (rens. A. Bacaria).

FIG. 115 – DS.P. Colonnettes et motifs divers
Y. Rigoir del
Motifs chrétiens
476FIG. 116
4774243. Croix pattée inscrite dans un rectangle aux bords dentelés, flanquée d’arceaux. Sur un centre de fond d’assiette entourée de palmettes 129.
Hors stratigraphie.
4374. Grande rouelle, chrisme difficilement lisible mais certain.
Diam. 37 mm.
Sur un fond d’assiette.
Phases IV‑V.
Une partie notable du matériel présenté ici témoigne de la pénétration du christianisme dans les esprits : comme on a pu voir des croix et d’autres symboles sur les sigillées claires (fig. 63), on en trouve donc imprimées sur les DS.P. et on en retrouvera plus loin moulées sur les verreries (fig. 157, 158).

FIG. 116 – DS.P. Motifs chrétiens
Y. Rigoir del
2.5.2 Luisante, sigillée Claire B, autres vaisselles gauloises
478y. rigoir et j. rigoir
479Les vaisselles gauloises, fines, engobées, cuites en oxydation –luisante (fig. 117), sigillée claire B (Desbat, Picon 1986) et productions similaires indéfinies (ces dernières regroupées souvent sous le terme flou d’« engobées alors que toutes les céramiques fines sont peu ou prou engobées) –, ne sont présentes dans cette fouille qu’en un petit nombre d’exemplaires (100 tessons de luisante) très fragmentés, dispersés dans toute la stratigraphie.
480On peut cependant, en luisante, reconnaître 4 bols carénés (fig. 117, nœ 1, 2) de forme Lamb. 1/3 (Lamboglia 1963 : 168‑171). Une grande partie des tessons informes, souvent guillochés, doit aussi être attribuée à cette forme, la plus fréquemment importée. Deux vases fermés, f.Lamb. 14, 14/26 ou 28, sont aussi identifiables, par un fond (fig. 117, no 6) et par un tesson portant une attache d’anse.

FIG. 117 – Luisante, sigillée claire B, autres vaisselles gauloises
Y. Rigoir del
481La rareté de ces productions de Savoie et de la vallée du Rhône s’explique par la datation tardive des couches où elles ont été trouvées et où elles sont résiduelles, à l’exception d’une carène découverte dans la couche la plus profonde (II 8), à la limite des niveaux protohistoriques, donc à l’époque du début de la réoccupation de l’Antiquité tardive, réoccupation certainement postérieure au ive s., donc à une date où l’on ne trouve plus guère ces poteries en Provence (CATHMA 1986 : 37, fig. 5/2).
2.5.3 La Céramique Commune grise
482j.-p. pelletier, l. vallauri
2.5.3.1 Description
483La céramique dite « commune grise » se définit d’abord par les couleurs variables de la pâte, allant du gris très clair au noir ; les teintes ne sont pas toujours les mêmes en surface et dans les cassures. Ces phénomènes sont dus aux modes de cuisson en atmosphère réductrice, mais la nature des cuissons et post‑cuissons est très changeante (Picon 1973 : 59‑62). La position des vases dans les fours a pu influer aussi sur ces variations, qui sont dues parfois à des recuissons accidentelles autant qu’à la cuisson originelle. Ainsi les teintes peuvent être parfois brunes, rouges, etc., sans pour autant que la céramique cesse d’être qualifiée de grise. Le problème n’est pas nouveau mais devait être rappelé (cf. notamment Alcamo, Lagrand 1985 : 196 ; Pelletier in Boixadera et al. 1987 : 104 ; id. in Kauffmann et al. 1987 : 74). Dans les descriptions, on ne mentionnera ici que les pâtes plus particulières qui peuvent être en rapport avec la définition d’un groupe caractéristique : en cela un certain nombre de tessons qualifiés de « pâtes blanches » ou « gris clair à surface noire » ne sont pas à négliger, témoignant peut‑être d’une aire de production.
484Le terme « commune » s’applique à des poteries de fabrication artisanale, plutôt frustes. Les pâtes, assez grossières, ont un aspect rugueux. Elles sont généralement dures, sonores, et renferment des inclusions brunes ou noires le plus souvent, blanches parfois, inclusions dont le calibre peut atteindre généralement 1 mm.
485Les récentes analyses physico‑chimiques réalisées au laboratoire de céramologie de Lyon permettent de mieux définir les composantes de ces argiles : elles sont, en majorité, siliceuses et réfractaires ; le pourcentage de chaux est compris entre 1 et 3 %. D’une composition proche, les argiles kaolinitiques, à l’aspect aussi très comparable, ne sont encore utilisées que partiellement : elles deviendront prépondérantes au cours du Moyen Age (Picon in CATHMA 1986 : 50).
486Les argiles calcaires (le pourcentage de chaux dépasse 10 %), héritées de l’Antiquité et utilisées pour la vaisselle de table, sont en voie de disparition. Assez fines, ces poteries présentent une surface plus foncée que les cassures ; elles peuvent être apparentées à la DS.P. et ne correspondent qu’à certaines formes bien individualisées (typologie : B et D, fig. 143, nos 169‑175).
487Les analyses ont confirmé le fait qu’une grande partie du matériel en céramique commune grise des ve‑vie s. découvert dans la région marseillaise (Marseille, Aix, Saint‑Blaise..) semblait issue d’un même centre de fabrication qui reste à préciser (Pelletier et al. à paraître) : on peut lui attribuer les céramiques grises « ordinaires » qui ne seront pas décrites ici en détail.
488Par contre, la simple observation des tessons en pâte « blanche à surface noire » (dont l’apparence est très proche des pâtes médiévales mieux connues par les nombreuses recherches en laboratoire menées conjointement par les équipes du laboratoire de céramologie de Lyon et du LAMM d’Aix) pennet de suggérer une origine rhodanienne. Les affleurements d’argiles kaolinitiques sont plus particulièrement concentrés autour d’Uzès sur la rive droite, et plus dispersés sur la rive gauche de Dieulefit à Carpentras (Vallauri et al. 1980 : 416‑419 et pl. IV). Le four de Bollène, daté du ve‑vie s. (Thiriot 1986 : 235‑250), est à ce jour le seul atelier connu dans cette région. Ce type d’argile kaolinitique se distingue cependant du groupe kaolinitique « à pisolithes » mis en lumière en Languedoc (Raynaud in CATHMA 1986 : 42‑44, et cf. infra 2.5.4).
2.5.3.2 Comptages
489tabl. xiii‑xvi
Remarques préliminaires
490On est au premier abord étonné par la disproportion constatée à l’examen des chiffres concernant la céramique commune grise par rapport aux autres catégories, notamment les sigillées claires D et DS.P. (tabl. xiii‑xvi).
491L’évolution respective des trois catégories, en pourcentage suivant les différentes phases de l’occupation, se fait de façon tout à fait analogue (fig. 37), les trois courbes sont pratiquement parallèles.
492Par contre, l’évolution du pourcentage de tessons par phase montre une augmentation sensible et progressive de la commune grise allant de pair avec la diminution des deux autres catégories (tabl. v) ; la commune grise est toujours largement majoritaire dans les comptages.
493Et pourtant le nombre des formes retenues apparaît singulièrement réduit en regard de la masse des tessons considérés : 401 formes seulement pour un total de 13 507 tessons, soit un pourcentage de 2,97 %. Ce fait tient à l’extrême fragmentation du matériel, fragmentation inhérente à la nature des céramiques communes grises. Des comparaisons portant sur cette question à propos de céramiques grises médiévales (Pelletier in Kauffmann et al. 1987 : 82) donnaient des pourcentages voisins de 15 % pour les éléments de formes (bords, fonds, anses) et les éléments de décors, pratiquement inexistants au cours de l’Antiquité tardive, ce qui diminue le chiffre de façon notable. Des observations effectuées sur quelques formes qualifiées de complètes, c’est‑à‑dire plus ou moins brisées sur place et reconstituables, ramènent encore à des pourcentages de cet ordre, ce qui revient à dire que les fragments de panse représentent environ 85 % d’un objet, soit 2 à 3 tessons de rebord, autant de tessons de fond, parfois un tesson d’anse pour 40 tessons de panse.
494Or la méthode de décompte des formes que nous avons utilisée ici, pour être significative, n’a porté que sur les fragments de rebords afin d’éviter un double usage. Les rebords attribuables à un même objet ont naturellement été regroupés. Les tessons de taille trop modeste pour être identifiables n’ont pas été retenus.
495Ainsi, avec un total d’éléments utilisables de l’ordre de 5 à 6 % du total des tessons, on aboutit au pourcentage d’objets vraisemblables de 2,97 %, nettement plus faible que pour les claires D, DS.P. et autres catégories.
Typologie
496La céramique commune, longtemps délaissée par les chercheurs bien qu’elle ait attiré l’attention d’H. Rolland dès 1951 dans son étude de la fouille de Saint‑Blaise (Rolland 1951 : 199) et de quelques érudits (Cabrens 1942 ; Gagnière 1965), ne bénéficiait pas d’un classement typologique systématique comme cela était le cas pour les céramiques fines importées (sigillées) ou régionales (DS.P.). La présentation plus exhaustive de matériels découverts à l’ouest du Rhône (Charmasson 1962 ; Démians d’Archimbaud 1972) donnait déjà un premier aperçu du répertoire de la céramique commune de l’Antiquité tardive. Une synthèse a été tentée pour la Provence et le Languedoc ces dernières années (CATHMA 1986 42‑45) et les céramiques communes ne sont plus écartées des diverses publications du midi de la France.
497Nous utiliserons ici la typologie CATHMA complétée par des études plus récentes (Pelletier in Kauffmann et al. 1987 : 74‑78 ; id. in Boixadera et al. 1987 : 103‑110) et enrichie par le répertoire de Saint‑Blaise où la masse des découvertes a permis de préciser et d’affiner un certain nombre de caractères.
Comptage des formes
498Les 401 objets considérés se répartissent en trois groupes : les formes A (formes fermées, ollae qui représentent plus de la moitié du total (208 objets), les formes B (formes ouvertes, coupes‑coupelles) le quart (101 objets), et les formes que l’on peut qualifier de rares ou exceptionnelles, subdivisées en treize catégories.
499Les tableaux xiii à xvi présentent dans leur contexte chronologique le détail en nombre et en pourcentage des différents types ; ils entraîneront un certain nombre de remarques après l’étude des formes, à la fin de ce chapitre.

TABL. XIII – CCG : répartition des formes A (anses non comptées) avec pourcentages par rapport au total des formes A et par rapport à l’ensemble des objets.

TABL. XIV – CCG : répartition des formes B avec pourcentages par rapport au total des formes B et par rapport à l’ensemble des objets.

TABL. XV – CCG : répartition des formes rares avec pourcentages par rapport à l’ensemble des objets.

TABL. XVI – CCG : répartition des trois groupes de formes et du total des tessons avec pourcentages par phases.
2.5.3.3 Catalogue des formes
Les formes A
500FIG. 118‑127
501Sans reprendre ici les descriptions de la typologie, il peut paraître utile d’en rappeler quelques traits essentiels. Ce sont des poteries de forme fermée (ollae), plutôt globulaires, avec un diamètre maximum situé à mi‑hauteur ou un peu au‑dessus, et un fond plat étroit. Elles sont rarement munies d’anses, et ne possèdent jamais de bec. Les contenances varient entre trois quarts de litre pour les petits objets et 2.5 l pour les plus gros, avec une moyenne la plus fréquente de l’ordre de 1.5 l.
Formes A1
502FIG. 118, nos 1‑8
503– Caractères : rebord de section très simple, légèrement déversé, d’épaisseur comparable à celle de la panse ; la liaison rebord/panse est anguleuse ou arrondie (absence de col). La section de la lèvre est le plus souvent anguleuse, parfois un peu arrondie ou formant un petit bourrelet par amincissement de la jonction rebord/panse. Les diamètres sont compris entre 11 et 12,5 cm ; le no 1 atteint 13,5 cm (déformation possible ?). Le fragment no 2, d’un diamètre très important (17 cm), provient d’un niveau ancien (phase III) ; on peut envisager son attribution à une forme B, ou à une déformation, ou encore à un vase de grandes dimensions.
– Contextes : 1 phase III (no 2), 6 phases IV‑V (dont nos 1, 3, 4, 6, 7), 1 phase VI (no 8), 3 phase VII (dont no 5), 4 phase VIII.
– Diffusion : c’est une forme banale, bien attestée sur tous les sites provençaux et notamment dans la région marseillaise : Gardanne (Pelletier et al. 1991 : 303), Simiane, à Marseille Saint‑Victor et Marseille Bourse.

FIG. 118 – Commune grise, forme A1
J.‑P. Pelletier del
Forme A2
504FIG. 119, nos 9‑16
505– Caractères : la différence avec les formes A1 réside dans la présence d’une gorge interne plus ou moins marquée, qui accentue l’effet de bourrelet de la section du rebord. La description des autres caractères est identique.
Les diamètres sont compris entre 12 et 15 cm sauf pour le fragment no 14 qui atteint 16 cm.
La pâte des fragments nos 11 et 15 est blanche à surface noire.
– Contextes : 1 phase III, 12 phases IV‑V (dont nos 9, 10‑13, 16), 1 phase VI (no 15), 10 phase VII (dont no 14), 12 phase VIII.
– Diffusion : c’est une forme largement répandue, notamment au vie s. à Marseille Saint‑Victor, Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 339, fig. 39, nos 285‑287), et dans la région marseillaise : Saint‑Jean‑de‑Garguier, Gardanne, Simiane et Saint‑Julien‑les‑Martigues (Pelletier 1984 : 179,185).

FIG. 119 – Commune grise, forme A2
J.‑P. Pelletier del
Forme A2A
506FIG. 120, nos 17‑21
507– Caractères : ces vases comportent sans doute deux anses ; la fixation contre la lèvre a parfois entraîné sa déformation (nos 18, 19). Le rebord court de section simple présente une gorge interne plus ou moins marquée. Les diamètres varient entre 12 et 16 cm.
Forme complète no 17 : diamètre du rebord 15 cm, diamètre maximum 17 cm, diamètre du fond 6,5 cm, hauteur restituée 14,5 cm, angle compris entre la base de la panse et l’horizontale environ 45°. La fabrication est soignée, la pâte blanche dans les cassures présente une surface externe noire et brillante.
No 19 : le diamètre du rebord, 20 cm, paraît difficilement explicable par une déformation de l’objet. Sans doute faut‑il envisager la présence de deux anses opposées sur un vase à large ouverture.
– Contextes : 2 phases IV‑V (dont n o 21), 2 phase VII (nos 17, 20), 2 en phase VIII (nos 18, 19).
– Diffusion : à Marseille Saint‑Victor, Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 339, fig. 39, n o 291), Saint‑Jean‑de‑Garguier, Gardanne, Simiane... ; un rebord de ce type avec départ d’anse est attesté à Velaux (Boixadera et al. 1987 : 104, fig. 20, n o 81), et un autre à Viviers (Esquieu 1988 : 49, fig. 40 bis m).
Parmi les 14 fragments d’anses non dessinés dont la section aplatie assez étroite (épaisseur 7 à 10 mm, largeur 19 à 25 mm) renvoie aux nos 17, 18 et 21, 2 proviennent d’un contexte phase IV, 11 d’un contexte phase VII, 1 d’un contexte phase VIII. Leur attribution à des formes A2A n’est pas certaine, mais vraisemblable.

FIG. 120 – Commune grise, forme A2A
J.‑P. Pelletier del
Forme A3
508FIG. 121, nos 22‑25
509– Caractères : les rebords, de section à peu près carrée, nettement plus épaisse que la panse, présentent un replat supérieur légèrement incliné vers l’intérieur. Ils semblent comporter assez souvent deux anses.
L’anse no 23 est appliquée contre un rebord exactement semblable au no 22. Les diamètres sont compris entre 14 et 16 cm.
– Contextes : 1 phase III (no 22), 2 phases IV‑V (nos 24, 25), 1 phase VI, 3 phase VII, 6 phase VIII.
– Diffusion : cette forme a déjà été remarquée sur d’autres sites de la région marseillaise dans des contextes datés des ve et vie s. On est maintenant certain que ces vases peuvent comporter deux anses : la découverte de plusieurs exemplaires complets dans les fouilles de Saint‑Jean‑de‑Garguier (rens. aimablement communiqué par J.‑B. et G. Féraud, compte rendu de réunion CATHMA du 18‑11‑1988) et de Marseille ne laissent plus de doute à ce sujet (Marseille Bourse : Février, Leyge 1986 : 42, no 37 ; Bonifay, Pelletier 1983 : 336, fig. 38, nos 270‑274 ; 339, fig. 39, nos 284, 288, 289 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 186, fig. 22, no 118 ; 190, fig. 26, no 286 ; Marseille Saint‑Victor : matériel en cours d’étude au LAMM ; Aix‑en‑Provence : Guild et al. 1980 : 157, 160‑162, fig. 32, 35, 37, 40 ; Gardanne, Simiane ; Eyguières [Bouches‑du‑Rhône], prospections Pelletier‑Poguet ; La Gayole, La Celle [Var] : matériel en cours d’étude au LAMM).

FIG. 121 – Commune grise, forme A3
J.‑P. Pelletier del
Forme A4 et variantes
510FIG. 122, nos 26‑33 et 34‑40
511– Caractères : rebord de section triangulaire, dont l’extérieur en bandeau à peu près vertical, plutôt concave, est déporté au‑dessus d’un petit col droit ou légèrement arrondi. Diamètre 13 cm environ.
Les pâtes sont soit grises, soit blanches à surface noire (nos 29, 31, 33).
Les variantes ont des diamètres plus diversifiés (12 à 16 cm). Les fragments nos 39 et 40, avec un rebord allongé vertical au bandeau convexe, peuvent être aussi rapprochés des formes A6 mais on les trouve dans des niveaux de la seconde moitié du vie s., donc antérieurs.
L’objet no 34 est exceptionnel par son diamètre (15 cm) et surtout par la présence d’une anse appliquée sur le ressaut inférieur du rebord. Les dimensions pourraient impliquer une deuxième anse symétrique, la forme générale très pansue étant dans ce cas celle d’une marmite. Un rebord de ce type comportant un départ d’anse est signalé dans la Drôme (Alcamo, Lagrand 1985 : 199, fig. 6, no 17).
Les pâtes sont grises, ou blanches à surface noire (nos 38, 39).
– Contextes : 20 phases IV‑V (dont nos 26, 27, 29), 2 phase VI (dont no 30), 27 phase VII (dont nos 28, 31‑35, 37‑40), 25 phase VIII (dont no 36).
– Diffusion ; à Saint‑Blaise, c’est le type de rebord le plus représenté avec 75 éléments soit 36 % du total des rebords de forme A, uniquement dans des niveaux du deuxième quart à la fin du vie s.
Cette forme, très répandue dans la vallée du Rhône et en Languedoc, est attestée dans des contextes contemporains, notamment dans les Bouches‑du‑Rhône à Saint‑Martin‑de‑Crau (Congés et al. 1983 : fig. 7, nos 33‑35), Eyguières (prospections Pelletier‑Poguet), à Arles (Verrerie, Cirque, Van Gogh : rens. J. Piton), dans le Vaucluse (cathédrale de Vaison, rens. A. Kauffmann et B. Liou), à Fontaine‑de‑Vaucluse (Borgard 1984 : 6, 8, 9, fig. V, VIII, IX), dans le Gard (Charmasson 1962 : 93, fig. 41, no 3 et fig. 42, no 8 ; Gagnière, Granier 1962 : 182, pl. 3, fig. 23 ; Roth 1971 1972 : 88, fig. 14), à Nîmes (Raynaud et al. 1990 : 246, fig. 126), dans la Drôme (Alcamo, Lagrand 1985 : fig. 6, nos 11‑14), en Ardèche (à Viviers, Esquieu 1988 : fig. 40 bis ; à Meysse, rens. Lerat‑Renon), en Lozère (Rivet 1980 : 165‑193), dans l’Hérault (à Maguelonne, Foy, Vallauri 1985 : 18, fig. 3) et jusque dans les Pyrénées‑Orientales (Kotarba, Abelanet 1987 : 89, fig. 2, nos 1‑5).

FIG. 122 – Commune grise, forme A4 et variantes
J.‑P. Pelletier del
Forme A5
512FIG. 123, nos 41‑47
513– Caractères : il ne s’agit pas d’un groupe homogène, mais d’exemplaires isolés, aux sections diverses comportant toujours un rebord en poulie bien marquée ou bandeau, sans rapprochement direct avec les autres types de formes A4 ou A6.
Les diamètres sont compris entre 12,5 et 14,5 cm, à l’exception du no 41 (18 cm), objet de grandes dimensions sur lequel le rebord est aussi nettement plus gros que la moyenne.
– Contextes : 5 phases IV‑V (dont no 41), 3 phase VII (dont nos 44, 45), 9 phase VIII (dont nos42, 43, 46, 47).

FIG. 123 – Commune grise, forme A5
J.‑P. Pelletier del
Forme A6
514FIG. 124, nos 48‑54
515– Caractères : rebord comportant un bourrelet interne bien marqué, la forme de l’extérieur étant apparentée au bandeau. Le rebord est déporté au‑dessus d’un col resserré vers le haut. Les diamètres sont compris entre 11,5 et 13 cm, le no 51 (16 cm) étant exceptionnel.
Le no 48, sur lequel le bourrelet interne est moins marqué, peut constituer un type de transition ; son profil est à rapprocher de la forme Thiriot A1‑A2 (Thiriot 1986 : 243‑244).
Le no 52 est en pâte blanche à surface noire.
Le no 54, en pâte blanche à surface noire, à la section très particulière, est aussi le seul à comporter une anse (ou deux ?).
– Contextes : 6 phase VII (dont no 48), 19 phase VIII (dont nos 49‑54).
– Diffusion : cette forme, qui ne se retrouve que dans les niveaux les plus tardifs de Saint‑Blaise, est largement attestée dans des contextes comparables. Dans les Bouches‑du‑Rhône à Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 343, 344, fig. 42, no 324), Aix (Guild et al. 1980 : 159, fig. 34, no 3401), Fos (Jézégou 1983 : t. 1, 231 ; t. 2, pl. 105, fig. 1, 2), Eyguières (prospections Pelletier‑Poguet), Saint‑Martin‑de‑Crau (Congés et al. 1983 : 362, fig. 7, nos 34‑36) ; en Ardèche, à Meysse (rens. Lerat‑Renon) ; dans le Vaucluse, sur le site de Fontaine‑de‑Vaucluse (Borgard 1984 : 8, fig. VIII, nos 4‑7). Il faut remarquer que, dans ce même département, ce type de rebord caractéristique a été retrouvé en abondance dans la fouille du four de Bollène‑Jonqueirolle (Thiriot 1986 : 243‑245 et pl. V).

FIG. 124 – Commune grise, forme A6
J.‑P. Pelletier del
Forme A 7
516FIG. 125, nos 55‑58
517– Caractères : le rebord comporte un bourrelet extérieur arrondi, plus ou moins pendant, appliqué contre un col évasé (à l’inverse des cols resserrés vers le haut de la forme A6). La partie supérieure de la lèvre, par sa liaison avec l’intérieur du col, dessine une gorge toujours bien marquée. Les diamètres sont compris entre 13,5 et 15.5 cm.
Objet no 58 : diamètre du rebord 13.5 cm, diamètre maximum restitué 21 cm environ, diamètre du fond 6 cm, hauteur restituée 20 cm environ, angle base panse/horizontale 40°.
Les pâtes sont le plus souvent blanches à surface noire (nos 55, 57, 58), plus rarement grises.
– Contextes : 4 phases IV‑V (dont nos 55, 58), 1 phase VI, 1 phase VII, 3 phase VIII (dont nos 56, 57).
– Diffusion : cette forme bien individualisée est peu importante numériquement à Saint‑Blaise : 9 objets soit 4,3 % du total des formes A.
518Un exemplaire identique, mais en pâte de couleur orangée, est attesté à Marseille dans des niveaux du ve s. (Cavaillès‑Llopis 1986 : 186, fig. 22, no 123). En pâte grise, dans des contextes plus tardifs, on en retrouve dans les Bouches‑du‑Rhône à Saint‑Martin‑de‑Crau (Congés et al. 1983 : 361, fig. 6, nos 26, 27) et à Alleins (prospections Pillard) ; à Fontaine de Vaucluse (Borgard 1984 : 8, fig. 8, no 9) ; dans le Gard à Lombren (Charmasson 1962 : 93‑94, fig. 41, no 2 et fig. 42, no 6) et Pataran (Roth 1971‑1972 : 88, fig. 14).

FIG. 125 – Commune grise, forme A7
J.‑P. Pelletier del
Forme A8
519FIG. 126, nos 59, 60
520– Caractères : la lèvre allongée, à l’extérieur convexe, comporte une petite gorge sous un bourrelet interne sommital. Diamètres : 13 et 14 cm.
– Contexte : phases IV‑V.
– Diffusion : l’intérêt de ce type de rebord, représenté seulement par ces deux exemplaires, réside dans son analogie avec ceux de la forme ouverte B5 (17 objets soit 20 % des formes B). Sans doute faut‑il voir là une seule origine, la même technique ayant été utilisée pour le façonnage des rebords de deux types de vases distincts.

FIG. 126 – Commune grise, forme A8
J.‑P. Pelletier del
Forme A9
521FIG. 127, nos 61‑65
522– Caractères ; les différents profils ne constituent pas une série homogène. Le rebord est déversé, avec une partie sommitale plus ou moins aplatie. Diamètres : 11 à 12 cm.
Objet no 61 : diamètre du rebord 11 cm, diamètre maximum 13 cm, diamètre du fond 6 cm, hauteur 11 cm, angle base panse/horizontale 45° ; la pâte, grise en surface, est rouge dans les cassures.
– Contextes : 1 phase III (le fragment no 65, exceptionnel), 6 phases IV‑V (dont nos 62, 63), 2 phase VII (dont no 61), 3 phase VIII (dont no 64).

FIG. 127 – Commune grise, forme A9
J.‑P. Pelletier del
Les formes B
523FIG. 128‑133
524Ce sont des coupes ou écuelles à large ouverture, évasées, dont la hauteur est inférieure ou égale à la moitié du diamètre maximum. La panse est plus ou moins carénée. Le fond est étroit. Elles ne comportent jamais d’anse ni de bec. Leur contenance, de l’ordre de 0,5 litre pour les objets les plus petits, est généralement voisine de 1 litre.
Forme B1
525FIG. 128, nos 66‑72
526– Caractères : rebord simple, constitué le plus souvent d’une sorte de bourrelet. Mesures des objets plus ou moins complets :
527– no 66 : diamètre du bord 14 cm, diamètre du fond 5,5 cm, hauteur 6 cm, angle base panse/horizontale 25° ;
– no 67 : diamètre du bord 17 cm, diamètre du fond 6 cm, hauteur 8 cm, angle base panse/horizontale 35° ;
– no 68 : diamètre du bord 20 cm, diamètre du fond 7 cm, hauteur 8,5 cm ? angle base panse/horizontale 35°.
528Les diamètres des autres rebords sont compris entre 19 et 24 cm.
– Contextes : 1 phase III, 7 phases IV‑V (dont nos 66, 68‑70), 5 phase VII (dont nos 67, 71), 6 phase VIII (dont no 72).
– Diffusion : la forme est courante en Provence dès le ve s., et bien attestée notamment à Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 336, fig. 38, no 280).

FIG. 128 – Commune grise, forme B1
J.‑P. Pelletier del
Forme B2
529FIG. 129, nos 73‑79
530– Caractères : rebord simple, de même épaisseur que la panse, comportant une gorge interne plus ou moins marquée. La section est comparable à celle des formes A2. Les diamètres sont compris entre 13 et 20 cm.
– Contextes : 1 phase III (no 78, forme exceptionnelle, résiduelle ?), 10 phase VII (dont nos 73, 75‑77, 79), 3 phase VIII (dont no 74).
– Diffusion : ces types de rebord ne se retrouvent donc que dans des contextes du vie s. à Saint‑Blaise, mais sont présents dans des contextes un peu moins tardifs à Aix (Pelletier 1983 : 215, fig. 45, nos 1‑3), à Velaux (Boixadera et al. 1987 : 104, fig. 20, no 84).

FIG. 129 – Commune grise, forme B2
J.‑P. Pelletier del
Forme B3
531FIG. 130, nos 80‑89
532– Caractères : rebords de section plus ou moins carrée, pouvant être rapprochés de la forme A3. Ils présentent un replat supérieur à peu près horizontal formant un angle marqué avec la partie externe de la lèvre, ce qui constitue un élément de différenciation par rapport à certains fragments de la forme B1 où ce rebord est arrondi, notamment le no 69. Les tessons nos 87, 88 et 89 sont des variantes ; le rebord no 89, en pâte nettement grise, s’apparente par sa section aux marmites en pâte rouge de type 13 (cf. fig. 71). Les diamètres sont compris entre 17 et 23 cm.
Le petit objet no 88 (diamètre du rebord 15,5 cm, diamètre du fond 4,5 cm, hauteur 8 cm, angle base panse/horizontale 40°) a un rebord comportant une gorge dans le replat supérieur.
– Contextes : 2 phase III (nos 84, 85), 8 phases IV‑V (dont nos 80, 82, 83, 86, 88), 1 phase VII (no 81), 8 phase VIII (dont nos 87, 89).
– Diffusion : Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 336, fig. 38, nos 281, 282), Marseille Saint‑Victor, Saint‑Jean‑de‑Garguier, Gardanne, Simiane...

FIG. 130 – Commune grise, forme B3
J.‑P. Pelletier del
Forme B4
533FIG. 131, nos 90‑93
534– Caractères : le rebord est en forme de bandeau ; soit un bandeau court, avec la lèvre pendante à l’extérieur (nos 90, 91) à rapprocher de certains types A5 (nos 44‑46), soit un bandeau simple plus allongé (nos 92, 93) pouvant aussi constituer des variantes de la forme B5. Les diamètres sont compris entre 18 et 22 cm.
Le fragment no 92 est en pâte blanche à surface noire.
– Contextes : 1 phase III, 4 phases IV‑V (dont nos 90, 91, 93), 1 phase VII, 4 en phase VIII (dont no 92).

FIG. 131 – Commune grise, forme B4
J.‑P. Pelletier del
Forme B5
535FIG. 132, nos 94‑100
536– Caractères : le rebord allongé, incliné vers l’extérieur, plus épais que la panse, comporte un petit bourrelet interne au sommet de la lèvre. La forme est bien individualisée. Le fragment no 100, à la section sensiblement plus épaisse, est exceptionnel.
Les diamètres sont compris entre 19 et 22 cm.
Les pâtes sont le plus souvent blanches, ou gris clair, à surface noire (nos 95, 96, 97, 98, 100).
Dans le dépôt archéologique de Saint‑Baise à l’Hôtel de Sade à Saint‑Rémy‑de‑Provence, deux exemplaires intacts et un troisième archéologiquement complet, découverts au cours des fouilles d’H. Rolland, sont décrits plus loin (cf. infra 2.5.3.4). D’autres fragments de rebords identiques, non répertoriés, ont des diamètres variant entre 20 et 25 cm.
– Contextes : 7 phase III (dont nos 94, 95, 97, 100), 6 phases IV‑V (dont nos 96, 98, 99), 1 phase VI, 13 phase VII, 9 phase VIII.
– Diffusion : si aucun exemplaire ne semble attesté à Marseille (Bourse ou Saint‑Victor), dans les Bouches‑du‑Rhône des rebords de ce type ont été découverts à Eyguières (prospections Pelletier‑Poguet). Saint‑Blaise semble avoir constitué la limite orientale de cette forme largement diffusée dans la vallée du Rhône et en Languedoc. Avec des pâtes à pisolithes (de couleur grise ou orangée), puis kaolinitiques (de couleur blanche à surface noire) selon la période, des exemplaires aux profils comparables ont été retrouvés dans des niveaux de la fin du ive s. au vie s., notamment à Lunel‑Viel (Raynaud et al. 1990 : 234‑239, fig. 120‑123), Lombren (Charmasson 1962 : 96, fig. 44), l’Hortus (Démians d’Archimbaud 1972 : 644‑648), etc. Avec des pâtes blanches à surface noire, ou grises, dans des contextes du vie s., cette forme est encore attestée en Ardèche (Alcamo, Lagrand 1985 : 203, fig. 7, no 6 ; Esquieu 1988 : 47, fig. 40 i à k), dans le Gard (Roth 1971‑1972 : 88, fig. 14 ; Parodi et al. 1987 : 33, fig. 12 et 45, fig. 27), dans l’Hérault (Foy, Vallauri 1985 : 18, fig. 3, nos 3‑5)...
A Saint‑Blaise, la très forte proportion d’objets de ce type (36 objets soit 35 % du total des formes B) est identique à celle des formes A4 dans leur catégorie. La relative similitude des pâtes conduit à penser à une même aire de production ayant largement approvisionné le site, aire dont une des autres caractéristiques pourrait être remarquée dans la continuité du mode de façonnage des rebords associés à cette forme B depuis le ve s. et dans le courant du vie s. Le décalage chronologique dans la diffusion à Saint‑Blaise de ces deux types de poteries complémentaires relève d’une autre problématique évoquée à la fin de ce chapitre.

FIG. 132 – Commune grise, forme B5
J.‑P. Pelletier del
Forme B6
537FIG. 133, nos 101, 102
538Deux exemplaires seulement de cette petite forme à carène très marquée, d’un diamètre au rebord de 13 à 14 cm, ont été découverts dans des contextes de phases IV‑V (no 101) et VII (no 102). Des objets comparables, de datation équivalente, sont attestés dans la Drôme (Alcamo, Lagrand 1985 : 203, fig. 7, no 12) et le Vaucluse, à Bollène (Thiriot 1986 : fig. 9 et pl. VI, nos 4‑6).

FIG. 133 – Commune grise, forme B6
L. Vallauri del / CNRS
Les fonds
539FIG. 134, nos 103‑114
540Ces quelques fragments sont présentés à titre d’exemples. Les nos 103 à 106 appartiennent plutôt à des formes « fermées » A, F, K, ou rares. Les nos 107 à 109 plutôt à des formes « ouvertes » B, D, ou autres. Les nos 110 à 114, de petit diamètre, peuvent être rattachés à des formes A, B, ou autres. Caractères : de fabrication généralement peu soignée, les fonds sont toujours pratiquement plats, parfois légèrement convexes, rarement concaves. Ils peuvent comporter un petit bourrelet, ou une sorte de petit pied. L’angle compris entre la base de la panse et l’horizontale est le plus souvent compris entre 35° et 45°.
541La mesure des diamètres portant sur 61 fragments fait apparaître trois groupes :
542– 16 fragments : diamètre inférieur ou égal à 6 cm, le plus petit étant de 3,5 cm ; 7 sont attribuables à des formes A, 5 à des formes B ;
– 13 fragments : diamètres compris entre 6,5 et 7,5 cm ; l’un provient d’une forme A2 ;
– 32 fragments : diamètres compris entre 8 et 10 cm ; l’un provient d’une forme A7.
543Aucun élément ne dépasse 10 cm : les fonds de céramiques communes grises de l’Antiquité tardive sont toujours relativement étroits (à l’exception de la forme C absente du répertoire de Saint‑Blaise).
Contextes : seul un fond légèrement concave avec des parois de panse assez fines (no 104) est issu d’un contexte ancien (phase III). Tous les autres s’échelonnent des phases IV‑V (nos 103, 106, 107, 112) à la phase VII (nos 108, 109, 111) et VIII (nos 110, 113, 114).
Le fond no 113, convexe (fabrication fruste), présente deux incisions en forme de X.

FIG. 134 – Commune grise, exemples de fonds
L. Vallauri del / CNRS
Les formes rares
544FIG. 135‑142
545Parmi les diverses formes rares (93 objets en tout, soit près du quart de l’ensemble), aucune catégorie ne dépasse 6,5 % du total des formes, ce qui prouve leur faible taux d’utilisation dans le vaisselier des céramiques communes grises. Les couvercles E (25 objets soit 6,2 %) ont été placés ici de façon arbitraire : ils devaient être employés généralement avec des formes A. Les « mortiers » D se retrouvent en quantité équivalente (26 objets soit 6,5 %), mais ils existent aussi en vaisselle fine, de même que les cruches (14 objets soit 3,5 %). Les autres formes sont pratiquement exceptionnelles : 27 objets de 9 types distincts, soit 1,5 % au plus par type.
Forme D
546FIG. 135, 136, nos 115‑129
547C’est la forme « classique » du mortier, héritée de l’Antiquité, que l’on retrouve dans les différentes vaisselles fines ou communes, notamment en sigillée claire D (Hayes 91), en DS.P. (Rigoir 29), en céramique commune importée d’Afrique du Nord (CATHMA types 1, 8, 10, 21) ou en commune régionale à pâte calcaire (cf. fig. 143, nos 169‑174).
– Caractères : le rebord comporte une collerette de forme variable dans le détail. Le fond pouvait être garni d’inclusions minérales dures, mais on ne peut qu’être étonné de n’en avoir retrouvé qu’un seul exemplaire en pâte grise « ordinaire » assez grossière (no 128) avec des inclusions importantes (calibre environ 6 mm) ; l’autre fragment est en pâte assez fine, apparentée à celle des DS.P., avec des inclusions plus fines (environ 2 mm) et plus serrées (no 129) et sa face inférieure présente deux rainures concentriques comme sur les sigillées.
Ces formes n’étaient donc pas exclusivement employées en tant que mortiers, comme tendraient aussi à le prouver les éléments découverts dans le four de Bollène, sur lesquels l’adjonction de quartz n’est pas systématique (Thiriot 1986 : 246, 248, pl. VII). Le rebord no 127, qui est le seul à comporter un bec verseur réalisé par pincement de la collerette et de la lèvre, est lui aussi en pâte assez fine.
Les diamètres peuvent varier entre 20 et 27 cm, mais la valeur moyenne est de 24 à 25 cm. L’angle compris entre les parois et l’horizontale est de l’ordre de 45° à 50°.
– Contextes : 5 phases IV‑V (nos 117, 119, 122, 123, 127), 1 phase VI (no 129), 4 phase VII (dont nos 116, 118, 124), 10 phase VIII (dont nos 115, 120, 121, 125, 126, 128).
– Diffusion : attestés sur la plupart des sites provençaux, mais toujours dans de faibles proportions. Ces rebords sont d’une extrême variété qui constitue cependant, avec les mêmes pâtes siliceuses, une série de type « marseillais » que l’on retrouve notamment à Gardanne (Pelletier et al. 1991 : 317, fig. 52).

FIG. 135 – Commune grise, forme D
L. Vallauri del / CNRS

FIG. 136 – Commune grise, forme D
L. Vallauri del / CNRS
Forme E
548FIG. 137, nos 130‑136
549– Caractères : les couvercles sont tronconiques, avec des parois inclinées de 30° à 40° par rapport à l’horizontale, et munis d’un bouton de préhension central. Le diamètre moyen avoisine 14 cm (adaptation aux formes A) mais peut être sensiblement supérieur (no 134 ?) pour des vases plus larges.
550On peut distinguer trois types principaux de rebords :
551– lèvre mince, effilée, recourbée vers l’extérieur (no 132) ;
– lèvre simple, arrondie, dans le prolongement de la paroi (no 133) ;
– lèvre épaissie, en bourrelet aplati (nos 134, 135).
552Un objet exceptionnel (no 136), à collerette horizontale et lèvre inférieure verticale, pourrait bien s’adapter, avec son diamètre interne réduit (7,5 cm pour un diamètre maximum de 10,5 cm) à une sorte de cruche de type F (cf. nos 137, 138).
– Contextes ; 1 phase III (no 131), 6 phases IV‑V (dont no 136), 1 phase VI, 10 phase VII (dont nos 133, 134), 7 phase VIII (dont nos 130, 132, 135).

FIG. 137 – Commune grise, forme E
J.‑P. Pelletier del
Forme F
553FIG. 138, nos 137, 138
554Cette forme rare, encore imprécise parmi les poteries communes en pâte grise, se trouve mieux définie depuis peu dans le répertoire des DS.P. (cf. supra 2.5.1.3, fig. 103 [forme Rigoir 63, à fond plat et deux anses] et Rigoir, Rivet 1987 : 195‑196). On peut penser à une imitation en poterie commune d’objets existant d’abord en DS.P.
– Caractères : rebord de 10 à 12 cm de diamètre environ, en poulie, avec la fixation de l’anse sur le ressaut inférieur. Bien qu’aucune forme suffisamment complète n’ait encore été découverte, il doit s’agir d’objets à deux anses diamétralement opposées, où la partie supérieure de la panse, tronconique, formant un col allongé, aboutit directement et de façon presque verticale au rebord, sans épaulement. Les rebords, de même épaisseur que la panse, sont toujours en bandeau ou poulie large, et on ne peut les confondre avec ceux des formes A5 ; ils ne semblent pas comporter de bec.
Le no 138 est en pâte « feuilletée », blanche à surface noire.
– Contextes : 1 phase VII (no 137), 1 phase VIII (no 138).
– Diffusion : cette forme est attestée dans les Bouches‑du‑Rhône, à Velaux (mais avec une pâte beige‑rose) dans un contexte fin ve‑début vie s. (Boixadera et al. 1987 : 105, fig. 21), à Gardanne, et à Marseille Bourse à partir du vie s. (Bonifay, Pelletier 1983 : 340, fig. 40, nos 299‑301).
Formes G et H
555Il faut signaler pour mémoire la présence de deux fragments de rebords (non représentés) dont les caractéristiques de pâte et de profil impliquent très probablement une origine aptésienne : l’un, découvert hors contexte, de forme G, l’autre de forme H dans un contexte phase VIII (Pelletier in Kauffmann et al. 1987 : 74‑78).

FIG. 138 – Commune grise, forme F (nos137,138) et forme K (nos 139‑143)
J.‑P. Pelletier, L. Vallauri del / CNRS
Forme K
556FIG. 138, 139, nos 139‑143
557– Caractères : ce sont des cruches à une seule anse, à bec pincé. Le col est étroit (diamètre intérieur 4 à 5 cm, pour un diamètre du rebord de 6 à 8 cm). La panse est globulaire. Le profil du rebord est simple (nos 141, 142, 143), ou en bandeau court (nos 139, 140). L’anse est fixée sur le rebord ; la section, assez trapue, est large (30 à 37 mm), nettement plus que sur les formes A2.
Forme complète no 139 : diamètre du rebord 8 cm, diamètre maximum 17 cm, diamètre du fond 9 cm, hauteur 18 cm, angle base panse/horizontale 45°.
L’objet no 140 est en pâte blanche à surface noire.
– Contextes : 4 phases IV‑V (dont nos 140, 142), 3 phase VII (dont no 141), 7 phase VIII (dont nos 139, 143).
14 fragments d’anses larges, non représentés, peuvent appartenir à des formes K (mais aussi A, F ou autres ?). Leur contexte est toujours assez tardif (1 phase VI, 9 phase VII, 4 phase VIII).
– Diffusion : cette forme n’apparaît à Saint‑Blaise qu’à partir du milieu du vie s. Cependant, sur d’autres sites provençaux et languedociens, elle semble parfois attestée un peu plus tôt : dans les Bouches‑du‑Rhône à Marseille Bourse (Cavaillès‑Llopis 1986 : 189, fig. 25, no 236 ; Février, Leyge 1986 : 42, no 34) et à Velaux (Pelletier in Boixadera et al. 1987 : 104, fig. 20), à Arles (Sintès 1987 : 86, nos 182, 183) ; dans le Vaucluse à Apt (Pelletier in Kauffmann et al. 1987 : 78, fig. 13, no 51), à Fontaine‑de‑Vaucluse (Borgard 1984 : 5, fig. 111, no 12) et dans le four de Bollène où elle a été produite en faibles quantités (Thiriot 1986 : 249, pl. IX) ; dans le Gard à Nîmes (Raynaud 1990 : 247, fig. 127, no 80) et en Ardèche (Alcamo, Lagrand 1985 : 203, fig. 7, no 16).

FIG. 139 – Commune grise, cruche (forme K) no 139
cl. CNRS / CCJ / Follot
Forme L
558FIG. 140, nos144, 145
559Les bols ne sont représentés que par deux exemplaires aux profils sensiblement différents, qu’il conviendra peut‑être de classer ultérieurement en sous‑types L1 et L2 ?
No 144
– Caractères : la forme est tronconique, avec des parois proches de la verticale ; il n’y a pas de lèvre marquée, le rebord est simplement aplati. L’extérieur est décoré de larges cannelures (4 mm) irrégulièrement espacées. Diamètre 13 cm.
– Contexte : phase IV.
– Diffusion : ce type a déjà été signalé à Saint‑Blaise (Rolland 1951 : 200, fig. 69) et deux fragments au décor identique provenant des fouilles anciennes, dans le dépôt de Saint‑Rémy‑de‑Provence, ont des diamètres de 13 et 14 cm. Des objets très comparables ont été retrouvés dans le four de Bollène (Thiriot 1986 : 247, 249, pl. VIII) et à Fontaine‑de‑Vaucluse (Borgard 1984 : 8, fig. VIII, no 12 et 9, fig. IX, no 10).
No 145
– Caractères : la forme de dimensions plus modestes (diamètre au rebord 9,5 cm, diamètre du fond 5,5 cm, hauteur 5,5 cm) est hémisphérique. La lèvre est arrondie. L’extérieur, assez fruste, n’est pas décoré mais marqué de raies de tournage.
– Contexte : phase IV.
– Diffusion : des bols sont attestés dans le Gard (Raynaud 1990 : 239, fig. 123, no 14 ; Charmasson 1962 : 98, fig. 35, no 32 ; Roth 1971‑1972 : 88, fig. 14 F4) et la Drôme (Alcamo, Lagrand 1985 : 199, fig. 6, nos 6‑9), fréquemment avec un décor d’incisions. Dans la région marseillaise, des exemplaires sont attestés aussi à Gardanne et à Simiane.
Des objets sans décor ont été découverts dans les Bouches‑du‑Rhône à Marseille Bourse (Bonifay, Pelletier 1983 : 340, nos 302‑304 ; Cavaillès‑Llopis 1986 : 191, fig. 27, no 317), à Aix‑en‑Provence (Guild et al. 1980 : 160, fig. 35, no 4201 et 161, fig. 38, no 7414), à Saint‑Julien‑les‑Martigues (Pelletier 1984 : 183, fig. 1362), et à Saint‑Jean‑de‑Garguier une forme complète (diamètre supérieur 20 cm, dia mètre du fond 6,5 cm, hauteur 8 cm : rens. aimablement communiqué par J.‑B. Féraud, compte rendu CATHMA du 18‑11‑1988). Ce dernier objet permet de constater les variantes possibles pour cette forme L peu utilisée, que l’on retrouve encore dans les Pyrénées‑Orientales (Kotarba, Abelanet 1987 : 89, fig. 2, nos 8‑10), toujours dans des contextes du vie s.
Forme N
560FIG. 140, nos 146‑148
561– Caractères : cette forme ouverte, incomplète (on ne connaît pas le fond) mais bien distincte des mortiers D tant par le profil très particulier du rebord plat (avec lèvre épaisse à l’extérieur et mince à l’intérieur) que par la pente des parois plus proche de la verticale, ne semble pas actuellement attestée sur d’autres sites. A Saint‑Blaise, elle est seulement représentée par quatre fragments, en pâte gris clair ou blanche à surface noire. Diamètres 24 cm.
– Contextes : 1 phase III, 1 phases IV‑V (no 148), 2 phase VIII (nos 146, 147).

FIG. 140 – Commune grise, forme L (n08 144‑145) et forme N (nos146‑148)
L. Vallauri del / CNRS
Forme O
562FIG. 141, nos 149‑153
563– Caractères ; c’est une forme aux parois hémisphériques, avec une large ouverture, dont on ne connaît pas le fond. Le rebord simple, arrondi, fait un angle presque droit avec le sommet de la panse. Ces objets sont munis de mamelons ou tenons assez larges ; ce mode de préhension se retrouve sur des céramiques communes importées aux formes larges et ouvertes (cf. fig. 70, no 59 et fig. 73, no 113).
Diamètre du rebord 19,5 cm (no 149) et 21 cm (no 150).
Diamètre maximum 21 cm (no 149) et 22,5 cm (no 150).
La mesure des diamètres au niveau des mamelons (nos 151, 152, 153) est plus aléatoire en raison des déformations possibles lors de la pose.
– Contextes : 1 phase VI (no 151), 4 phase VIII (nos 149, 150, 152, 153).
– Diffusion : des exemplaires comparables sont attestés à Aix (Guild et al. 1980 : 157, fig. 32, no 1408), à Marseille Bourse (Cavaillès‑LIopis 1986 : 191, fig. 27, no 319, dans un niveau de la seconde moitié du vie‑début du viie s.), à Marseille toujours, dans des niveaux contemporains (rens. Gantés, compte rendu CATHMA, mai 1988), et sur le site varois de Rougiers (Démians d’Archimbaud 1980‑1982 : 279 et fig. 223, no 7).

FIG. 141 – Commune grise, forme O
L. Vallauri del / CNRS
Formes X
564FIG. 142, nos 154‑165
565Exceptionnelles, ces formes ne peuvent être directement rattachées à aucune des catégories précédemment décrites, mais il est nécessaire de les signaler, d’autant que certains fragments rappellent des exemplaires déjà remarqués sur d’autres sites.
Nos 154, 155, 156
– Caractères : il s’agit peut‑être de variantes de la forme B3, mais la partie supérieure des parois, sous le rebord, est verticale et assez haute. Diamètres : 17 à 22 cm.
– Contextes : phase IV (no 155), phase VII (nos 154,156).
Nos 157, 158
– Caractères : ce sont des formes de type A, où le rebord est nettement déporté à l’extérieur d’un col presque vertical (alors que sur les formes A6 le col est oblique, resserré vers le haut). Diamètres : 13 cm.
– Contextes : phase IV (no 157), phase VIII (no 158).
No 159
– Caractères : c’est sans doute une forme de type A, avec un col rectiligne resserré vers le haut (ou peut‑être une panse ovoïde avec absence de col ?). Le rebord, de section triangulaire avec lèvre proéminente à l’extérieur, est creusé à l’intérieur d’un sillon.
Diamètre : 13 cm.
– Contexte : phase VIII.
Nos 160, 161
– Caractères : longs rebords simples, rectilignes, évasés, sans lèvre marquée, au‑dessus d’un épaulement. Les pâtes sont blanches à surface noire. Diamètres : 13 et 16 cm.
– Contextes : phase VII (no 160), phase VIII (no 161).
Nos 162, 163
– Caractères : le rebord est mince (de même épaisseur que la panse), vertical, apparenté au bandeau, nettement déporté au‑delà de l’épaulement. Diamètres : 11 et 15 cm.
– Contextes : phase VII (no 162), phase VIII (no 163).
Des fragments tout à fait comparables existent dans le matériel du vie s. de Saint‑Victor de Marseille, de Gardanne Notre‑Dame (Pelletier et al. 1991 : 319, fig. 56, nos 3, 4) et de Saint‑Julien‑les‑Martigues (Pelletier 1984 : 186, nos 1457, 9679).
566Nos 164, 165
– Caractères : trois rebords de ce type très caractéristique peuvent être attribués à une forme assez plate, assiette ou écuelle, plutôt qu’à des couvercles. Diamètres : 16 et 22 cm.
– Contextes : 1 en phase VII, 2 en phase VIII (nos 164, 165).
– Diffusion : des exemplaires analogues existent aussi dans le matériel du vie s. de Saint‑Victor de Marseille (en cours d’étude au LAMM).
Décors
567FIG. 142, nos 166168
568Quatre tessons seulement, provenant d’objets différents issus de contextes tardifs, présentent un décor organisé.
No 166
– Caractères : ce sommet de panse de forme A comporte des stries faites au peigne (9 dents au maximum), horizontales et en ondes croisées.
– Contexte : phase VIII. Un autre fragment non représenté comporte deux rangées horizontales incisées selon le même procédé (contexte phase VIII). Les pâtes sont blanches à surface noire.
No 167
– Caractères : décor ondé sur un sommet de panse.
– Contexte : phase VII.
No 168
– Caractères : décor à la roulette ; l’outil étroit (2,5 mm) comportait 4 dents par centimètre. La pâte est blanche à surface noire.
– Contexte : phase V.

FIG. 142 – Commune grise, formes exceptionnelles X..., et décors
J.‑P. Pelletier del
Céramiques en pâte grise « calcaire »
569FIG. 143
570Ce petit groupe d’objets se distingue des ensembles déjà présentés par la qualité des pâtes, des traitements de surface, et du détail des formes. On serait enclin à penser à une production intermédiaire entre la commune grise et les DS.P., ce qui la rend parfois délicate à isoler pour des éléments fragmentaires.
Forme D
571FIG. 143, nos 169‑174
– Caractères : la collerette est très développée, prolongeant la panse vers l’extérieur, parfois nettement déversée (nos 169, 170, 174) ou plus simplement épaissie (nos 171, 172, 173). La lèvre intérieure est toujours petite ou atrophiée. Dans tous les cas, les parois sont très épaisses. Leur forme s’oppose aux types marseillais plus anguleux et plus fins, et semblerait plutôt d’origine rhodanienne ou languedocienne.
Les diamètres varient de 23 à 35 cm.
Les surfaces externes, souvent gris foncé, sont marquées par de nombreuses et fines rainures, obtenues par lissage au peigne (5 à 10 rangs par centimètre), pouvant donner un aspect d’engobe.
Le seul élément de fond (no 170), de diamètre 11,5 cm, est criblé sur sa face interne, rugueuse, de particules dures, anguleuses, assez grossières (1 à 3 mm) ; ces mêmes particules se retrouvent en inclusions dans les cassures.
– Diffusion : des mortiers de ce type sont fréquemment attestés dans des niveaux du ve s. à Arles et en Languedoc (rens. J. Piton et C. Raynaud), mais ils sont cuits en atmosphère oxydante : couleur mise à part, les pâtes sont identiques. A Viviers (Ardèche), on retrouve ces mortiers, mais en pâte grise, dans des niveaux du vie s. (rens. Y. Esquieu). Le no 174 présente une pâte plus fine identique à celle du no 175 de la forme B. Une coupelle présentant des caractéristiques analogues et provenant de Saint‑Blaise (Grange 1982 : t. 3, pl. 51, fig. a) a été analysée par le laboratoire de céramologie de Lyon (analyse NMA 4) : le pourcentage de chaux de 11,4 % l’apparente aux productions en pâte calcaire héritées de l’Antiquité.
– Contextes : 2 phases IV‑V (nos 172, 174), 2 phase VII (nos 169, 170), 2 phase VIII (nos171, 173).
Forme B
572FIG. 143, no 175
Cette coupelle au profil classique comporte un rebord en bourrelet sensiblement différent de celui des autres formes B, et la carène est soulignée par une fine rainure. Le diamètre du rebord varie de 22 à 26 cm (l’ouverture est ovalisée), diamètre du fond 9 cm, hauteur 11,5 cm.
– Contexte : phase IV.
Jarre
573FIG. 143, no 176
D’après sa fabrication, cette jarre ne peut être associée à l’ensemble des céramiques communes grises.
Le rebord est large et plat, au‑dessus d’un col vertical assez étroit (diamètre de l’embouchure 8,5 cm) marqué de raies de tournage ; la panse globulaire, large (diamètre maximum 19 cm) est soulignée d’incisions horizontales. Les deux anses profondément cannelées sont appliquées contre le rebord et, après un départ à l’horizontale, assez brusquement coudées pour rejoindre la panse de façon verticale.
La pâte gris foncé, granuleuse en surface, est très dure, très cuite, homogène, et contient un dégraissant blanc assez abondant dont les grains anguleux peuvent atteindre 3 mm, et des particules brillantes. Hormis la couleur, elle est tout à fait différente des autres pâtes grises.
Sa découverte dans un contexte ancien (phase III) peut souligner le caractère exceptionnel et sans doute archaïque de cet objet.

FIG. 143 – Céramiques communes grises en pâte calcaire. Forme D (nos 169‑174), forme B (no 175), jarre (no 176)
L. Vallauri del / CNRS
2.5.3.4 Pièces de comparaison
574FIG. 144‑146, Nos 177‑194
575Ces objets sont conservés au dépôt archéologique de l’Hôtel de Sade à Saint‑Rémy‑de‑Provence.
576L’intérêt de ces objets parfois entiers est de fournir un certain nombre d’exemples de comparaison ou de compléter le répertoire des formes déjà recensées. Quelques‑uns proviennent d’habitations du quartier bas de Saint‑Blaise (maison du fondeur, maison XV salle C) et d’une couche d’incendie dans laquelle ont été trouvées en association des sigillées et lampes africaines (cf. supra 2,2.1.2 et fig. 60 et 61) mais aucune DS.P,, ce qui avait conduit à attribuer ces niveaux à une période relativement haute. En fait, la nouvelle datation envisagée devrait se situer à la fin du ve s. ou au début du vie s. Le cahier d’inventaire du 9 août 1949 signale 12 objets, dont 5 en céramique commune grise. Parmi ces derniers, 2 ont été identifiés de façon certaine (fig. 144, 146, nos 177, 178) et un troisième de façon probable (fig. 144, no 179) ; les deux autres n’ont malheureusement pu être retrouvés. D’autres encore proviennent des nombreux dépotoirs découverts dans le quartier bas le long des remparts et dans le quartier haut près des chapelles Saint‑Vincent et Saint‑Blaise. Trois, enfin, (fig. 144, nos 181, 183, fig. 145, no 189) proviennent de Glanum et sont exposés dans les vitrines consacrées à ce site.
577Les éléments de forme A ne renvoient pas directement à la masse des matériels étudiés ici. Deux demi‑profils en bandeau ou poulie (fig. 145, nos 190, 191) peuvent seulement être rapprochés des rebords de type A5 ou A4, mais en sont des variantes ; leurs diamètres (14 à 15 cm) sont supérieurs à la moyenne. De même pour le no 192 (16 cm) (fig. 145) apparenté au type A9. Un petit pot au profil complet (fig. 145, no 193), à la forme globulaire basse, écrasée (diamètres : bord 14 cm, maxi 18 cm, fond 8 cm ; hauteur 12 cm seulement) s’apparente aux rebords de type A4.
578Par contre, les formes B fournissent des compléments d’information intéressants, et en particulier trois objets bien représentatifs du type B5 :
– no 177, fig. 144, 146 : diamètre du rebord 19 cm, diamètre du fond 6 cm, hauteur 8 cm, volume 11, poids 620 g ;
– no 178, fig. 144,146 : diamètre du rebord 25 cm, diamètre du fond 8 cm, hauteur 11 cm, volume 2,7 1, poids 1 100 g ;
– no 179, fig. 144, 146 : diamètre du rebord 28 cm, diamètre du fond 8 cm, hauteur 11 cm, volume 3,2 1, poids ?
579On constate ainsi, pour ce lot de même fabrication issu d’un contexte clos, une variation de 1 à 3 en ce qui concerne le volume total (le volume « utile » étant naturellement moindre), ce qui doit être attribué à leur complémentarité. Il a paru utile de noter le poids de deux objets absolument intacts, cette mesure étant si rarement possible.
580L’objet no 180 (fig. 144) renvoie à la forme B2, comme le no 181 (fig. 144, 146) (Glanum), exemplaire complet de petite taille : diamètre du rebord 15 cm, diamètre du fond 5,5 cm, hauteur 7 cm, volume 0,5 1, poids 350 g.
581Parmi les couvercles (forme E), le no 188 (fig. 145, 146) (diamètre 14 cm, hauteur 7 cm, poids 360 g) présente un rebord à lèvre verticale inhabituel ici. Le no 189 (fig. 145) (Glanum) a une section simple plus banale (diamètre 13 cm, hauteur 4,5 cm).
582Les deux mortiers D (nos 183, 184, fig. 144) comportent un rebord légèrement différent dans le détail de ceux provenant de la fouille : la lèvre supérieure ou interne est très réduite. Le no 183 (Glanum) possède un bec formé par le repli de la lèvre interne ; dimensions : diamètre du rebord 21 cm, diamètre du fond 7,5 cm, hauteur 9 cm.
583La silhouette du bol (fonne L) no 182, fig. 144, avec son décor d’incisions horizontales faites au tournage complété par une marque en forme de croix, fait penser aux vases en pierre ollaire. Dimensions : diamètre du bord 13 cm, diamètre du fond 7 cm, hauteur 8 cm.
584Les autres fragments d’objets (nos 185‑187, fig. 144) sont des formes ouvertes de type exceptionnel. Le no 185 semble intermédiaire entre les formes L, N et D. Le rebord no 194 (fig. 145) peut être rapproché de certaines marmites en céramique commune importée (cf supra 2.3.3.3, fig. 73, no 106).

FIG. 144 – Commune grise, pièces de comparaison conservées au dépôt archéologique de l’Hôtel de Sade à Saint‑Rémy‑de‑Provence
J.‑P. Pelletier del

FIG. 145 – Commune grise, pièces de comparaison conservées au dépôt archéologique de l’Hôtel de Sade à Saint‑Rémy‑de‑Provence
J.‑P. Pelletier del

FIG. 146 – Formes B et E provenant des fouilles Rolland (Hôtel de Sade à Saint‑Rémy de‑Provence). 177, 178, 188 : Saint‑Blaise ; 181 : Glanum
cl. CNRS / Chéné
585Il est impossible de vouloir dater avec précision toutes ces pièces de comparaison. Cependant, les trois formes B5 correspondent à un type bien attesté dès la seconde moitié du ve s., ce qui semble confirmé par les sigillées claires D découvertes en association.
586Pour mémoire, il faut évoquer le matériel provenant des fouilles plus récentes (de 1963 à 1966) de MM. Dumoulin et Rolland dans le quartier bas de l’oppidum (tours 6, 8, 10 et maison à abside), Ch. et P. Arcelin en 1969 et de 1977 à 1980, et S. Grange en 1981. Ce matériel a fait l’objet d’un mémoire de maîtrise (Grange 1982).
2.5.3.5 Commentaires et conclusions
587La nature et l’abondance de ce matériel ont amené à ne pas prendre en compte les tessons découverts hors stratigraphie. Ainsi les comparaisons avec les autres catégories de céramique, notamment en ce qui concerne le comptage des formes, devront être nuancées en fonction de cette réserve.
588D’autre part, il faut encore évoquer, par principe, le problème des tessons résiduels », découverts au‑delà de leur séquence d’origine vraisemblable, et qui apparaissent ici particulièrement nombreux dans les niveaux les plus tardifs. Outre une possible production ou utilisation étalée dans le temps, il est souvent difficile d’être affirmatif sur des attributions de dates à propos d’un matériel au caractère aussi simple.
589On constate donc, par rapport à l’ensemble des phases chronologiques (cf supra 2.1.3 et 2.1.4), qu’il y a très peu de commune grise en phase III : seulement 217 tessons et 19 éléments de formes, soit respectivement 1,6 % et 4,7 % du total (cf. tabl. v). La phase VI est elle aussi très pauvre. L’essentiel du matériel se retrouve dans les phases IV‑V (2 385 tessons et 106 éléments de formes, soit 17,7 % et 26,4 %), VII (5 535 tessons et 113 éléments de formes, soit 41 % et 28,2 %), et VIII (3 977 tessons et 153 éléments de formes, soit 29,5 % et 38,2 %). Les écarts rencontrés entre les pourcentages de tessons et ceux des formes, de 10 % ou plus, sont à attribuer à la fragmentation du matériel.
590Dans les formes A, les types simples, les plus courants (A1, A2, A3, A9) existent dès la seconde moitié du ve s. et perdurent dans toutes les phases. Les types A4, A5 et A7 ne sont présents qu’à partir des phases IV‑V. Quant au type A6, il n’apparaît que dans les deux phases les plus tardives, à la fin du vie s.
591Les formes B sont plus répandues que les A dans la phase III, et, devenant minoritaires, se répartissent ensuite de façon sensiblement égale au cours des phases IV‑V, VII et VIII. Le type B5 est le seul déjà très bien représenté dès la seconde moitié du ve s., alors que l’usage des autres types ne devient plus significatif qu’au cours du vie s.
592Les formes dites « rares » sont particulièrement concentrées dans la phase VIII, mais les pourcentages suivant les phases sont analogues à ceux des formes A.
593Le problème de l’approvisionnement de Saint‑Blaise en céramique commune grise est difficile à aborder, sans doute en raison de la diversité des ateliers à cette époque. L’état de la question établi par J. Thiriot en 1986 reflète la pauvreté de nos connaissances (Thiriot 1986 : 235‑250) ; deux fours ont été signalés de part et d’autre du Rhône : dans le Gard (Masmolène) et dans le Vaucluse (Bollène‑Jonqueirolle, avec une étude approfondie du matériel).
594En Provence orientale, les restes d’un four repéré au sud de l’abbaye du Thoronet ont fourni des céramiques attribuées au Bas‑Empire (Boyer 1965 : 204). Une reconnaissance toute récente des abords de ce four, détruit par l’élargissement de la route, a permis de retrouver un lambeau d’alandier et des tessons en pâte micacée bien caractéristique des argiles de cette région, et dont les formes de type A et B correspondent sans aucun doute au répertoire de l’Antiquité tardive (fouille M. Fixot et J.‑P. Pelletier). Aucun autre four n’a été découvert en Provence.
595L’étude de la céramique sur les sites utilisateurs montre cependant une très grande diversité dans les pâtes comme dans le détail des formes. Ainsi plusieurs groupes peuvent être mis en évidence.
596Les argiles kaolinitiques blanches cuites en atmosphère réductrice étaient déjà très courantes dans le matériel de Vaison‑la‑Romaine dès les premiers siècles de notre ère (Goudineau 1977, 1978 ; Meffre 1985), et cette tradition a dû se poursuivre sans grande interruption jusqu’aux ve et vie s., avec un faciès original qui reste à étudier et à préciser (compte rendu de la réunion CATHMA du 21 avril 1989).
597Plus au sud, d’autres « communes grises » ont aussi dû être produites à Apt ou dans sa région (Kauffmann et al. 1987 : 77‑84) : pâtes gris clair, rouges ou brunes à surface noire, de texture fine, et multiplicité des formes ouvertes G et H.
598La région marseillaise aussi devait, sans doute, disposer d’ateliers ayant diffusé leurs produits dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres au moins. On peut envisager leur localisation d’après les gisements d’argile, soit à proximité immédiate de la ville, soit dans les zones périphériques des bassins d’Aix ou d’Aubagne, près de la chaîne de l’Étoile. Des poteries y étaient sans doute déjà fabriquées à la fin de l’âge du Fer (Arcelin, Picon 1985 : 120‑121). Dans cette zone, sur la commune de Mimet, un four et un atelier de potiers médiévaux ont été découverts au début du siècle (Gérin‑Ricard 1903 : 105 ; Cabrens 1942 : 6‑8) ; nous avons pu localiser l’emplacement des fours –détruits aujourd’hui– et retrouver un certain nombre de céramiques qui ne laissent aucun doute (Pelletier, Vallauri 1992). Il est donc permis, à travers cette continuité, de penser à une production au cours de l’Antiquité tardive établie sur les mêmes gisements. D’autre part, les fouilles récentes de Simiane et Gardanne (Pelletier et al. 1991 : 303‑323) ont fourni des lots de tessons caractéristiques de ce faciès « marseillais » confirmé tout récemment par des analyses physico‑chimiques (M. Picon, laboratoire de Céramologie de Lyon).
599Une première approche tentée sur du matériel d’Aix, de Marseille et de Saint‑Blaise (CATHMA 1986 : 50) avait déjà mis en évidence la probabilité d’un même centre de fabrication pour des échantillons qui nous avaient frappés par leurs ressemblances, dues notamment à l’utilisation d’argiles siliceuses, bien distinctes des argiles kaolinitiques ou calcaires. Mais on ne peut actuellement aller plus loin : seul le développement des recherches et des découvertes permettra de préciser ces points. L’on notera cependant le caractère particulièrement rudimentaire des installations nécessaires à ce type de production qui ne laissent, sauf exception, que des traces réduites, difficiles à reconnaître ou à interpréter en l’absence de structures bâties ou suffisamment développées pour avoir attiré l’attention de nos prédécesseurs.
600En fonction de nos connaissances actuelles, on peut se permettre d’envisager, sans leur donner une signification trop affirmative, quelques hypothèses relatives à des détails caractéristiques :
– les formes A1 et A2, et aussi A9, se rencontrent dans la région marseillaise, mais se retrouvent aussi ailleurs ; elles sont très simples, relativement atypiques, et nécessitent très peu de façonnage particulier ;
– les formes A3 semblent assez caractéristiques de la région marseillaise ;
– les formes A4 sont répandues de part et d’autre de la vallée du Rhône ; plusieurs types de pâtes sont utilisées pour fabriquer ces pots aux rebords particuliers que l’on retrouve en abondance dès la première moitié du vie s., et qui ne semblent pratiquement jamais comporter d’anse ;
– les anses sur les formes A ne sont associées qu’à certains types de rebords, dans la région marseillaise et sur la rive gauche du Rhône ; par contre, elles sont rarement attestées sur la rive droite ainsi qu’en Languedoc ;
– les formes B1, B2 et B3 se retrouveraient plutôt dans la région de Marseille, alors que le type B5 a été très répandu dans la vallée du Rhône, sur la rive droite, et en Languedoc.
– en ce qui concerne les formes rares, les cruches F semblent plutôt attestées dans la région marseillaise, comme les formes O ; certains types d’objets d’usage restreint n’ont pas été retrouvés à Saint‑Blaise, notamment les jarres à anses horizontales (forme J) connues à Velaux et à Bollène ; de même d’autres vases, peu fréquents par ailleurs, ne font pas partie du vaisselier habituel de notre site, par exemple l’imitation de la forme DS.P. 36 à bec tubulaire.
601Par sa variété, la commune grise a permis de faire progresser l’étude typologique. Mais il ne faut pas donner à cette tentative un caractère trop figé ; si elle présente une certaine cohérence et s’avère déjà utilisable pour la Provence, on ne doit pas la considérer comme définitive, mais au contraire susceptible d’évolution, et les modifications ne manqueront pas d’intervenir avec les nombreux compléments qu’apporteront les recherches en cours et à venir. Ainsi les précisions concernant les centres de fabrication et les formes associées entraîneront la définition de nouveaux types ou sous‑types. De nouvelles formes, ou des objets fragmentaires encore mal connus, rares ou exceptionnels, viendront s’ajouter à la classification alphabétique que l’on sera peut‑être amené à reconsidérer : par exemple, nous n’avons pas retenu ici la forme M, une appellation déjà envisagée pour des marmites, objets à deux anses (no 34).
602Saint‑Blaise est au carrefour de plusieurs influences. Les habitudes culinaires d’une région, les différentes catégories de poteries disponibles sur le marché, leur complémentarité, leur concurrence, tous ces phénomènes se retrouvent ici, et la céramique commune grise est un des reflets de la vie quotidienne. Son utilisation devait être mixte, à la fois contenant ou vaisselle de table, mais certainement et peut‑être surtout poterie de cuisson ou allant au feu, parallèlement aux céramiques communes importées bien adaptées à cet usage.
603Ainsi, pour la majorité des formes A et B il ne faut pas rechercher de spécialisation trop affirmée, bien qu’elles aient répondu à des fonctions précises, ne se retrouvant guère qu’en céramique commune grise. Par contre, d’autres types de vases en céramique plus fine ont été copiés ou fabriqués aussi selon ce procédé. Tel est le cas des mortiers D, les plus représentatifs. Les cruches sont également des objets de table existant par ailleurs, comme d’autres vases de fomies rares qui se sont inspirés des productions en DS.P. ou en céramique importée.
604Cette diversité encore bien attestée à Saint‑Blaise doit être soulignée compte tenu de la raréfaction postérieure –et sans doute progressive– des types. Si, en Provence, on n’a pas d’exemple très probant d’occupation du viie ou du viiie s., on peut constater dès l’époque carolingienne une modification radicale des formes, donc des habitudes culinaires, avec dans l’état actuel de nos connaissances l’emploi préférentiel d’un seul type de pot en céramique, de teinte grise ou noire, fabriqué selon la technique en atmosphère réductrice, qui perdurera jusqu’au bas Moyen Âge.
2.5.4 La céramique commune brune à pisolithes
605l. vallauri
2.5.4.1 Introduction
606Ce petit groupe (20 formes) réunit des céramiques à pâte dense, granuleuse en surface et dans les cassures, qui est parsemée de nodules ferriques d’environ 1 mm, bien repérables à l’œil. Tous les tessons considérés ici sont cuits selon le mode de post‑cuisson oxydante (Picon 1973 : 59‑62) donnant une coloration brun‑rouge à brun foncé à la pâte. Les surfaces sont parfois craquelées par la libération des grains d’oxyde de fer. Bien isolée depuis 1984 par les travaux de C. Raynaud en Languedoc (Raynaud 1984a : 24‑25, 306‑310, fig. 146‑148), cette céramique à pisolithes est de mieux en mieux connue dans sa typologie comme dans la chronologie (Raynaud in CATHMA 1986 : 42‑45, fig. 9). Les analyses physico‑chimiques ont d’autre part confirmé la cohérence de ce groupe (Picon in CATHMA 1986 : 50, fig. 14).
607Nous nous contenterons de rappeler les principales conclusions et les dernières mises au point énoncées par C. Raynaud (Raynaud et al. 1990 : 235).
608C’est dans la seconde moitié du ive s. que ce type de céramique apparaît en Languedoc, modifiant très nettement le faciès des céramiques communes en usage en Languedoc. Elle prédomine pendant tout le ve s., en post‑cuisson oxydante, bien que la présence de plusieurs exemplaires cuits en réduction indique clairement une évolution dans les modes de fabrication. Au vie s., le groupe à pisolithes en pâte brune, en voie de disparition, est remplacé presque totalement par des vases gris.
609A Saint‑Blaise, et avec la participation de C. Raynaud qui a bien voulu revoir nos tris dans les différentes catégories de céramiques communes, seuls des tessons en pâte brune se rattachant à ce groupe ont été repérés. Il est difficile toutefois d’affirmer que la céramique à pisolithes en pâte grise n’est pas présente dans le large ensemble étudié précédemment (cf. supra 2.5.3). La simple observation visuelle n’a pas permis de les isoler avec sécurité.
610En tout état de cause, les 20 formes identifiées permettent de préciser faire de diffusion de ces céramiques languedociennes. La carte de répartition, dont C. Raynaud situe l’épicentre autour de Nîmes, s’étend désormais largement d’ouest (Narbonne) en est (Marseille) et jusqu’au nord dans la vallée du Rhône à la hauteur de Bagnols‑sur‑Cèze. Si aucun atelier n’a pu être encore localisé, les prospections dans le Gard (Parodi et al. 1987 : notice 91) et les analyses pétrographiques en cours, effectuées par J.‑L. Reille à l’USTL de Montpellier, permettront peut‑être de mieux cerner l’origine du ou des ateliers ayant produit des céramiques kaolinitiques, si différentes pourtant de celles retrouvées par exemple dans le four de Bollène (Thiriot 1986).
2.5.4.2 Typologie
611FIG. 147
612A Saint‑Blaise, seules les formes A et B sont attestées : la forme C est totalement absente. Sur les 20 vases, 13 sont des formes A, pot globulaire sans anse, destiné à la cuisson ; 6 sont des formes B, bol caréné.
613Deux variantes dans la lèvre d’ollae:
– le rebord déversé (fig. 147, nos 1‑6) est replié à l’extérieur, formant une poulie ; ce type de rebord apparaît dès la fin du ive s. et perdure au ve s. (Raynaud in CATHMA 1986 : 42‑49, fig. 9) ;
– la lèvre épaissie en gros bourrelet (fig. 147, nos 7, 8) (Raynaud et al. 1990 : fig. 121, no 2, première moitié du ve s.) ; un exemplaire non dessiné porte la trace d’un arrachement d’anse (la première signalée sur une forme d’olla languedocienne).
Les deux types de lèvre sont également représentés
614Les rebords des coupelles sont aussi de deux types : l’exemplaire unique (fig. 147, no 9) a une lèvre épaissie en gros bourrelet, tandis que les 6 autres bols (fig. 147, nos 11, 12) possèdent une longue lèvre repliée à l’extérieur. Ce type déjà attesté dans la seconde moitié du ve s. en Languedoc perdure au vie s. avec un profil plus allongé (Raynaud in CATHMA 1986 : fig. 9, nos 26, 28, 29 ; Raynaud et al. 1990 : fig. 122, nos 7, 8 et fig. 123, nos 1‑11).

FIG. 147 – Céramiques communes à pisolithes
L. Vallaurî del / CNRS
2.5.4.3 Chronologie
615Aucun exemplaire de Saint‑Blaise n’a été trouvé dans un contexte antérieur à 530. Il s’agit peut‑être de matériel résiduel puisque cuit en atmosphère oxydante. Il faut cependant noter que les rebords allongés des coupelles sont plus proches des modèles gris datés du vie s.
616L’importance quantitative, même minime, de ce petit ensemble n’est cependant pas négligeable. Cette catégorie est également présente dans les fouilles anciennes de Saint‑Blaise (dépôt Hôtel de Sade à Saint‑Rémy‑de‑Provence). Elle témoigne d’échanges interrégionaux entre le Languedoc et le bas Rhône, déjà repérés par l’étude des céramiques communes à pâte grise, ce qui nuance sensiblement l’opposition Languedoc/Provence qui s’est imposée à première vue.
2.6 Conclusion
617g. demians d’archimbaud, j.‑p. pelletier, l. vallauri
2.6.1 Rappel des travaux anciens
618L’étude du matériel dans ce secteur de l’oppidum apporte des éléments complémentaires sinon neufs à la connaissance de l’occupation du site dans l’Antiquité tardive. Les fouilles anciennes, près de l’église Saint‑Pierre plusieurs fois reconstruite (à l’ouest et sous l’actuelle chapelle Notre‑Dame‑et‑Saint‑Blaise) et, dans la ville basse, près du rempart et des tours, dans la basilique Saint‑Vincent et dans les habitations contiguës, avaient déjà livré un matériel très abondant mis au jour dans de nombreux dépotoirs ou sols d’occupation de la même période. Mais aucune étude systématique poussée n’avait pu être réalisée sur ce lot, tant au point de vue des comptages, de la classification, que de la typologie. On doit reconnaître le travail de pionnier de Henri Rolland qui, dès 1951, avait élaboré un premier classement du matériel céramique ordonné en 6 catégories principales (Rolland 1951 : 171‑203). Les appellations céramiques hachurée, à pâte rouge dure, à pâte grise dite « wisigothique », à pâte grise de cuisine ou rouge correspondaient à nos définitions de luisante, sigillée claire africaine et orientale, DS.P. et céramique grise commune. Les vases à conserve et les amphores constituaient les deux dernières catégories. La céramique hachurée était signalée comme » peu fréquente et proche des vases gallo‑romains de l’Argonne », en opposition à la céramique rouge à pâte dure « bien représentée à Saint‑Blaise et certainement postérieure à la précédente mais [qui] semble étroitement apparentée à la « terre sigillée ». La céramique grise dite « wisigothique » était aussi abondante et avait fait l’objet d’un répertoire exhaustif des poinçons. Henri Rolland avait reconnu également l’importance de la céramique commune grise de cuisine dont « les caractéristiques semblent hériter de la fabrication des oenochoés à bec trilobé si nombreuses aux iie et ier siècles ».
619De 1958 à 1961, J. et Y. Rigoir ont été chargés par Henri Rolland de conduire les fouilles du secteur dit « Maison des Jarres ». La durée de l’occupation de l’Antiquité tardive a été située antérieurement et postérieurement à un important incendie. Comme dans les sondages étudiés ici, de nombreuses fosses, plus ou moins importantes, étaient creusées, parfois jusqu’au substratum. L’une d’elles, un cône de 8 m d’ouverture, contenait de nombreux ossements d’Équidés. Dans une des cases adossées au rempart, un atelier de fabrication de tessères de mosaïque était installé. Des comptages (pesages) ont alors été effectués, qui ont établi l’amorce de rapports entre les sigillées claires B, les luisantes, les sigillées claires D, les DS.P. et les communes (Rigoir 1968 : 187‑192).
620Le matériel issu des fouilles les plus récentes (1962 à 1981), en particulier à l’intérieur de la Maison à Abside, n’a fait l’objet d’aucune étude, sinon un premier travail de maîtrise limité à l’inventaire des céramiques incluses dans les dépotoirs des tours 6 et 8 et les sols de la maison (Grange 1982). Aujourd’hui, il est difficile de reprendre l’étude du lot ancien conservé dans sa quasi‑totalité à l’Hôtel de Sade de Saint‑Rémy‑de‑Provence. Les identifications et localisations précises ne nous sont pas toutes parvenues. En revanche, nous avons pu retrouver un lot de pièces complètes numérotées et issues d’un même contexte clos (Maison du Fondeur, XV, salle C, fig. 60‑61) dont les associations de formes de sigillée claire africaine et céramique commune grise nous ont offert de précieuses comparaisons. Un travail récent portant sur l’inventaire exhaustif des sigillées claires conservées à Saint‑Rémy et mené clans le cadre de l’association CATHMA nous a cependant permis de mieux cerner les phases chronologiques du site. Dans les secteurs anciennement fouillés, c’est la première génération de sigillée claire qui semble avoir été la mieux représentée, soit des formes qui s’inscrivent chronologiquement entre la fin du ive s. et la première moitié du ve s. Mais aucune forme antérieure n’est présente.
2.6.2 Principaux apports : chronologie et sources d’approvisionnement
621FIG. 148
622L’apport des fouilles récentes confirme et nuance sensiblement les premières observations faites autrefois. Sur le plan chronologique, dans les fouilles récentes, on notera que, sur l’ensemble du matériel étudié, plus de la moitié des sigillées claires africaines appartiennent à la deuxième génération, c’est‑à‑dire à des formes qui apparaissent au milieu du ve s. et perdurent jusqu’au milieu du vie. 10 % des formes se rattachent à la troisième génération attribuée à la seconde moitié du vie‑milieu du viie s. Cette dernière génération n’était qu’à l’état de trace dans le lot anciennement découvert.
623Mais c’est l’importance des importations africaines qui est à souligner, comme l’avait déjà indiqué Henri Rolland. Cette particularité du site de Saint‑Blaise modifie sensiblement les premières images données par les fouilles provençales comme à Marseille, où les céramiques fines et communes d’origine gauloise dominent.
624La diversité des approvisionnements est en effet une des caractéristiques majeures du site. Ces apports régionaux ou plus lointains s’expliquent peut‑être par la position géographique spécifique de l’oppidum : très proche du port de Fos et de la mer, à peu de distance de la vallée du Rhône et du Languedoc et, par là même, ouvert à des échanges multiples. En revanche, Saint‑Blaise paraît suffisamment éloigné –et surtout peut‑être isolé politiquement– des centres producteurs supposés de la basse Provence, dont les ateliers du bassin de Marseille, pour n’en recevoir que des apports limités, d’autant plus difficiles à apprécier exactement, peut‑être, que l’on connaît encore mal les centres de fabrication qui purent exister localement, en particulier pour la céramique fine DS.P.
625La carte des approvisionnements (fig. 148) fait ainsi apparaître des courants commerciaux multiples. Le plus lointain, mais le moins conséquent en volume, se fait depuis la Méditerranée orientale. Il est affirmé par la présence de sigillées phocéennes tardives, de céramiques communes et même d’amphores, bien que celles‑ci soient restées encore très incomplètement étudiées. Mais c’est de la côte africaine qu’arrivent ensuite massivement, pendant tout le VIe s. au moins, les sigillées claires, les céramiques communes et la majorité des amphores. Toujours par la mer, un commerce par petit cabotage semble bien attesté par la présence conséquente de vaisselle culinaire en provenance de Ligurie – la mise en évidence de cet apport n’étant pas le moindre intérêt de l’étude.

FIG. 148 – Origine des diverses céramiques ayant approvisionné le site
J.‑P. Pelletier del
626L’approvisionnement régional le plus proche se fait, semble‑t‑il, par la vallée du Rhône avec la présence, rare, de céramique fine à vernis argileux et de céramique en pâte blanche kaolinitique (?) issue des gisements des rives droite ou gauche du fleuve. Les quelques céramiques à pâte brune à pisolithes auraient pour origine le proche Languedoc (région de Nîmes), la région marseillaise (au sens large du ternie) qui fournit une très grande partie des céramiques fines (DS.P.) et de la vaisselle culinaire en pâte grise.
627De tels courants de circulation confirment au moins la continuité des échanges (mais contre quoi ?) qui existèrent dans ces périodes au travers de la Méditerranée, en particulier occidentale. On peut les rapprocher des multiples indices retrouvés sur d’autres sites de la même région, voire de la découverte d’une épave datée du tout début du viie s. dans le golfe de Fos (Jézégou 1983). Mais l’on ne saurait sous‑estimer les changements qui s’amorcèrent avec le développement progressif des céramiques DS.P. (ignorées cependant de l’Afrique du Nord, sauf quelques traces au Maroc) (Jodin 1960 : 287‑318) et surtout des poteries communes dont la primauté tend à s’établir au cours des dernières phases d’occupation du site.
2.6.3 Le vaisselier
628tabl. xvii
629Cause ou conséquence de cette activité, ce site consommateur par excellence, au moins dans l’état actuel de la documentation, recèle un vaisselier de terre dont le luxe (difficile à percevoir complètement aujourd’hui en raison de la fragmentation des pièces) ne laisse pas de surprendre. Plus peut‑être, cependant, par le goût de l’éclat et l’abondance relative des décors que par la diversité, à proprement parler, des formes. Celles‑ci se répartissent en effet autour de six types fondamentaux traités (ou imités) dans les différentes catégories de production. Quatre sont particulièrement bien représentés : l’assiette/plat, le bol/coupelle, le mortier et l’oolla/rz/marmite. Les couvercles et les vases à liquides restent en revanche très rares, comme le montre le tableau xvii.

TABL. XVII – Le vaisselier : répartition par type de formes et par catégorie de vaisselle.
630La forme qui domine légèrement (un tiers de l’ensemble) est la forme creuse du bol et de la coupelle. Elle se retrouve dans quatre catégories en céramique fine, S.C.D. et DS.P. où elle est abondante, et en céramique commune à pâte grise et à pâte brune languedocienne. Cette forme à usage mixte pouvait en même temps servir de récipient individuel, ou, lorsque la qualité de la pâte le permettait (argile réfractaire), de récipient culinaire allant au feu. Sur la céramique commune, il n’est en effet pas rare de trouver des traces de brûlures comme cela a été observé à Nîmes (Raynaud et al. 1990 : 244‑245, appendice).
631La deuxième forme bien représentée est l’olla globulaire ou la marmite à deux anses qui se retrouve uniquement en céramique commune grise, brune et d’importation, pour des raisons évidentes de résistance aux chocs thermiques. Les urnes en pâte fine DS.P. avaient sans doute une fonction de stockage ou de service.
632Viennent ensuite à égalité le mortier et les assiettes/plats. Le mortier ou bol caractérisé par une collerette avait pour fonction évidente d’écraser ou de piler, comme l’atteste la présence d’inclusions lithiques en relief sur les fonds. En céramique commune ou fine DS.P., cette forme se retrouve aussi dans le répertoire des sigillées claires où les fonds portent des guillochis rendant la surface un peu rugueuse. Il n’est pas exclu que ces mortiers, dont l’efficacité paraît moins évidente, aient pu servir aussi comme de simples bols. La même remarque peut être faite pour les mortiers en céramique commune grise qui ne sont pas tous garnis d’inclusions, comme on a pu l’observer sur le site producteur de Bollène (Thiriot 1986 ; 246‑248). Les formes ouvertes basses, assiettes et plats, sont exclusivement réalisées en pâte fine à couverte argileuse : DS.P. et sigillée claire.
633Les formes plus rares comme les vases à liquides sont réalisées aussi bien en pâte fine qu’en pâte commune grossière grise où ils dominent. Il faut noter leur présence dans la vaisselle importée où ils ont pu servir de contenant au même titre que les amphores. Les couvercles encore moins nombreux se retrouvent presque tous dans les catégories de céramique commune grise et d’importation.
634Cette typologie peu diversifiée explique sans doute l’usage mixte des céramiques régionales ou communes. Bien qu’ayant, de par la qualité de leur argile, une fonction première de vaisselle, soit de table, soit de cuisine, elles purent pallier ainsi les carences des céramiques d’importation dont elles sont parfois les répliques. Mais l’image de ce vaisselier de terre rappelle aussi l’importance prise alors par une alimentation semi‑liquide : soupes ou purées à base de produits broyés, certainement de céréales et sans doute aussi d’épices ainsi qu’en témoigne la quantité (près de la moitié) importante de bols/coupelles et surtout de mortiers de toute espèce retrouvée sur le site.
Auteurs
Laboratoire d’Étude et de documentation des sigillées paléochrétiennes, Lambesc.
Ingénieur d’études au CNRS, UMR 9965, laboratoire d’Archéologie médiévale méditerranéenne, Aix‑en‑Provence.
Ingénieur d’études au CNRS, UMR 9965, laboratoire d’Archéologie médiévale méditerranéenne, Aix‑en‑Provence.
Marie‑Thérèse Cavaillès‑Llopis
Archéologue municipale, Parthenay.
Chargée de recherche au CNRS, UMR 9968, centre Camille‑Jullian, Aix‑en‑Provence.
Ingénieur d’études au CNRS, UMR 9965, laboratoire d’Archéologie médiévale méditerranéenne, Aix‑en‑Provence.
Gabrielle Démians d’Archimbaud
Chargé de recherche au CNRS, UMR 9965, laboratoire d’Archéologie médiévale méditerranéenne, Aix‑en‑Provence.
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