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L’oppidum de Saint-Blaise du Ve au VIIe s. (Bouches-du-Rhône)

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Gabrielle Démians d’Archimbaud

Partie 1. Les fouilles de 1980 à 1985 et leur interprétation

Chapitre 2. La zone orientale : les sondages I et II

Texte intégral

2.1 Présentation générale

1Inscrite entre le prolongement (fort probable) de la rue dégagée autrefois par Henri Rolland et le rempart médiéval, cette zone fit l’objet des premières recherches. Trois étroits sondages exploratoires (4 x 2 m) furent ouverts simultanément : deux en parallèle (I A et I B), un autre face au rempart dont il semblait intéressant d’étudier les abords (II). La découverte en profondeur de multiples substructions enchevêtrées dans ces espaces étroits en fit souhaiter l’agrandissement et, dans le cas du sondage II, la réorientation. Il était vite devenu évident en effet que ce secteur de l’oppidum ne contenait pas de niveaux médiévaux à proprement parler mais, sous d’importants apports de terre effectués du xive au début du xixe s., la continuation des aménagements de l’Antiquité tardive, eux‑mêmes superposés à des strates protohistoriques parfaitement en place. La problématique se modifiait donc. Et il devenait préférable d’ouvrir des zones de fouilles complémentaires et de même orientation, autant pour faciliter la lecture simultanée des coupes et des vestiges mis au jour que pour respecter le « schéma d’urbanisme » apparu : continuation en fait des tracés principaux observables dans la ville basse, à moins de 60 m de distance.

2Par agrandissements successifs, l’on passa ainsi à une surface de 72 m2 pour la zone I B où apparaissait une importante construction (la fouille du sondage I A étant en revanche arrêtée à la surface 5) et à 45 m2 environ pour la zone II, à peine séparée de la précédente par un espace de moins de 2 m. Le tracé de ces sondages fut établi de façon à ce que la coupe orientale du premier (fig. 8b) et la coupe occidentale du second (fig. 19a) soient presque dans le prolongement l’une de l’autre et puissent donc se lire en continuité, sur près de 20 m de longueur (fig. 32a‑b). Un niveau zéro unifié (pris artificiellement à la base de l’archère incluse dans le rempart médiéval) fut établi pour l’ensemble de ces fouilles comme pour celles du secteur occidental étudié plus loin et qu’il importait de rattacher dès l’origine à ces recherches.

3Malgré leur proximité et leur caractère spatialement et chronologiquement complémentaire, les fouilles I B et II devaient se révéler sensiblement différentes à l’exploration. La première fut en effet très vite dominée par l’aménagement d’un vaste espace méridional : cour (?) entourée de murs, qui forma la zone I B Sud (56 m2 environ) ; seule une zone étroite de terrain subsistait ainsi dans la partie nord où, sur à peine 2 m de large, on put étudier une succession très rapide de sols et d’aménagements divers (22 couches au total). Dans la fouille II en revanche, une extrême fragmentation des espaces et des strates fut très vite perceptible (plus de 60 couches sur moins de 50 m2). Causée en partie dans les niveaux tardifs des vieviie s. par la multiplication de bâtisses plus ou moins légères qui formaient autant de séparations, elle résulte aussi d’un clivage entre les zones nord très intensément occupées et la partie sud moins richement stratifiée. A cette diversité fonctionnelle s’ajoutaient des variantes chronologiques non négligeables, en particulier au début de la réoccupation de l’oppidum, La zone II est ainsi la seule dans ce secteur à avoir conservé des niveaux, des aménagements et du matériel attribuables au début ou à la première moitié du ve s. Dans la fouille I B en revanche, les strates les plus anciennes ne remontent guère au‑delà de la seconde moitié ou même de la fin du ve s. De même les aménagements du viie s. y paraissent plus réduits que dans la fouille II où l’occupation semble se maintenir un peu plus longuement. Dans tous les cas, de sensibles ruptures chronologiques apparaissent : liées parfois à des épisodes de destruction, elles peuvent aussi signaler des carences de l’occupation, au moins dans cette partie de l’oppidum.

2.2 Les sondages IA et IB

4Partout, cependant, il faut noter l’importance des structures protohistoriques immédiatement sous‑jacentes. Outre le fait qu’elles furent certainement reconnues, nettoyées, voire décapées en surface ou profondément recreusées au moment de la réoccupation, il est certain que nombre de leurs éléments guidèrent les nouveaux bâtisseurs, comme dans la zone du rempart hellénistique. Ainsi peuvent se comprendre les clivages déjà signalés ou la continuité parfois longtemps maintenue dans l’utilisation des divers espaces. Dans la réutilisation des principaux murs aussi, remontés ou repris en élévation alors. Sans fouille exhaustive, il devient ainsi difficile parfois de préciser l’époque réelle de création de certaines bâtisses profondément enfoncées dans les sols anciens et dont seules les parties hautes purent alors être remises au jour.

2.2.1 Les éléments protohistoriques

5phase i

6Le cas apparaît bien dans la fouille I B poursuivie partout jusqu’à la surface des niveaux protohistoriques tous très argileux : couches 22 et 23 au nord (où fut adopté le principe d’une numérotation continue), couche 8 au sud, cette dernière limitée à l’ouest et au nord par deux puissantes bâtisses, les murs M1 et M2 repris postérieurement en élévation (fig. 5, 6, 7). Murs non contemporains peut‑être à l’origine, à en juger du moins d’après les différences d’appareil et d’épaisseur comme par l’irrégularité de leur raccordement : l’angle formé au nord‑ouest restant nettement aigu même à la base. Sans doute ces observations sont‑elles très incomplètes. D’une part, la paroi occidentale du mur M2 ne put être examinée compte tenu du maintien de la coupe à cet emplacement. Il reste donc possible que, au niveau de la couche 8, des substructions plus importantes existent, servant de soubassement à la construction postérieure : ce serait alors rejoindre l’évolution constatée pour le mur M1, plusieurs fois repris en élévation et sous lequel apparaissent les assises plus larges du mur antérieur (fig. 8b, 9b, 9c). D’autre part, aucune indication n’a pu être obtenue sur les fondations de ces deux murs, profondément enfoncés dans le substrat. La volonté de ne pas entailler inutilement les niveaux anciens empêche donc de préciser plus nettement l’époque de leur création, de toute façon antérieure aux structures M3 et M4 simplement implantées au‑dessus des sols protohistoriques ou plus récents. Il en est de même, en I B Nord, du mur M8 dont les substructions formées de blocs de pierre calcaire blanche, taillés à angle vif, apparurent sur 1,15 m de long lors d’un microsondage effectué dans la couche 23, au pied du mur postérieur M6 (fig. 7). La présence dans le même alignement, au nord, d’une petite fosse (peut‑être de récupération des pierres ?) laisse penser à la continuation de ce mur ainsi détruit avant l’établissement de la couche d’abandon 23 qui vint combler l’ensemble en le protégeant. Il est frappant de constater cependant la survivance de son tracé lors des reconstructions postérieures (mur M6) qui prirent appui sur ces substructions avec des pierres d’un module cependant très différent. un peu plus à l’ouest, les murs M5 et M5 bis présentaient les traces d’une même superposition (fig. 7) Le plus ancien (M5 bis), ancré dans les niveaux protohistoriques 22 et 23 qu’il séparait nettement, présentait un faciès et un tracé légèrement différents du mur ou de la murette plus étroite qui le recouvrit, restant visible jusqu’à la fin du ve s. On peut sans doute rapprocher de ces aménagements les restes très arasés d’un massif mural angulaire (fragment de meule encastré à l’est) découvert à peu de distance : recouvert en grande partie par les couches 17 et 12 et entaillé par la fosse 15 importante en cet endroit, il prenait plus d’extension en profondeur comme le montrait le décapage des niveaux 21 et 22 dans lesquels il pénétrait. La présence, autour et au centre de cette structure très arasée et détruite, de terre argileuse jaune ou verte avec des traînées d’ocre (?) rouge pourrait confirmer l’hypothèse d’une installation d’époque protohistorique réutilisée sommairement lors de la première réoccupation. Il n’en était en revanche pas de même de la structure M7 qui, limitant ce terrain plus à l’ouest, prenait appui sur les sols 20 et 21 nettement liés à l’époque de la réoccupation, au milieu ou dans la seconde moitié du ve s.

FIG. 5 – Sondage I B (partie sud) : les niveaux protohistoriques (couche 8) au pied des murs M1 (au 1er plan), M2 (à droite), M3 (au fond). Au centre, l’entaille causée par les fosses tardives 6a et 6c recoupées elles‑mêmes par la fosse 5g

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

FIG. 6 – Le même sondage, vu vers le nord. Les reprises du mur M1 (au fond) apparaissent nettement comme sa liaison tardive avec le mur M4, à droite. A gauche, le long du mur M2, une tranchée se dessine

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

FIG. 7 – Sondage I B : plan des vestiges protohistoriques dans l’ensemble des sondages. Noter en particulier au nord l’apparition du mur M8 sous la construction tardive M6, et au sud les plaques de safre 8a recoupées par un drain

M. Rodot del

7Plus au sud et de l’autre côté du mur M1, des surfaces argileuses similaires, très compactes, dures et tassées, se retrouvaient. Le pendage général de ces niveaux se faisait du sud vers le nord (cotes passant de -1,80 m à -1,94 m en moyenne) et d’est en ouest (cotes allant de -1,72 m à -2,02 m, -2,0 m au maximum), soit à peine plus bas que dans la zone nord, mis à part l’espace un peu plus élevé inclus entre les murs M8 et M5 bis. Très largement entaillées par les fosses et aménagements postérieurs, ces strates durent être très fortement décapées lors de la réoccupation. Elles ne conservaient donc plus, en surface, que des traces ténues des installations anciennes. C’était le cas en particulier dans la moitié nord de l’espace, autour de l’importante fosse 6a et de ses annexes attribuables au vie s. Tout à fait au sud en revanche, les vestiges de différentes époques se succédaient rapidement et s’enchevêtraient avec les traces de la réoccupation : l’établissement d’un four 7a puis du mur M3 et sans doute l’exhaussement du mur M2, bordé par une étroite tranchée de fondation, contribuèrent ainsi à surcreuser et à limiter les surfaces étudiables (fig. 8a, 8b, 9a, 11). D’autre part la couche 8, bien visible encore à l’est où une série de huit petits trous de piquets espacés de 10 à 15 cm apparat (fig. 10b), était recouverte ailleurs par des plaques de safre (niveau 8A) fortement damées qui formaient à l’origine des surfaces continues bien qu’à des niveaux légèrement différents les uns des autres (fig. 7). Totalement stériles, ces revêtements de sol épais ici de 4 à 6 cm sont analogues à ceux observés autrefois par Henri Rolland à l’emplacement des rues ou par Bernard Bouloumié dans le sondage Q 8/9 (Bouloumié 1980 : 25, 41) : attribué ici à l’aménagement interne d’une maison, ce sol serait datable, d’après l’auteur, de la fin du iiie s. ou du début du iie s. av. J.‑C. (période Saint‑Blaise V). Rien ne permet dans la fouille actuelle de confirmer ou d’infirmer cette datation puisque, en fait, les dégagements effectués au ve s. ap. J.‑C. s’arrêtèrent au contact même de ces plaques de safre alors réutilisées, à moins qu’elles n’aient été mises en place à cette époque. Cette dernière hypothèse apparaît cependant peu probable compte tenu du caractère très exceptionnel de ces aménagements à la fin de l’Antiquité, face à la généralisation de cette technique à l’époque hellénistique, époque d’urbanisation intense à Saint‑Blaise d’ailleurs. Et il est intéressant de voir se poursuivre jusque dans cette zone apparemment écartée et éloignée du rempart les caractéristiques de la ville basse, densément construite et aménagée alors suivant un plan régulier.

FIG. 8a sondage I B : coupe nord‑sud B’B, au centre ; b sondage I B : coupe nord‑sud 2‑4 à l’est et détail des constructions M1, M6, M8

M. Rodot del

RG. 9a sondage I B : coupe est‑ouest 4‑3, au sud ; b sondage l B : détail des murs M3 et M2, lui‑même repris en élévation ; c sondage I B : la face sud du mur M1 (trois états successifs)

M. Rodot del

FIG. 10a sondage I B Sud : détail du four 7a obturé et fossilisé par le mur M3 ; b I B Sud : trous de poteau et de piquets, seuil et murette attenante dans la partie sud‑est de la fouille ; c I B Sud : la fosse‑dépotoir près du mur M2 (débris de la cruche...)

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

8La découverte de ces niveaux de safre observables sur près de 18 m2 pourrait d’autre part confirmer l’interprétation fonctionnelle attribuée à cette zone de passage, plus ou moins en continuité avec la rue principale du site. Il est possible que des ruelles transversales aient existé dans cet espace‑carrefour afin de desservir les habitations ou les locaux de travail qui se multiplièrent aux alentours. Les sondages de vérification effectués sous ce safre pour essayer de le dater plus exactement montrèrent en tout cas que ces espaces avaient été intensément utilisés auparavant et que la création de cet aménagement avait entraîné l’arasement de niveaux antérieurs. Le phénomène apparat particulièrement bien dans la partie sud‑est de la fouille (fig. 8b) où le safre était plaqué au‑dessus d’un niveau ancien dans lequel étaient encore inclus les restes d’une plaque‑foyer 11 (argile brûlée et couche cendreuse en place au nord, éléments épars et dispersés tout autour) ainsi que, un peu plus au sud, la base d’un dolium à fond plat empli de céramiques brisées. L’absence de tout fragment du dolium dans le niveau environnant montrait nettement qu’un nettoyage avait été effectué avant la pose du safre qui obturait étroitement les restes du gros récipient, seul témoin ainsi d’une couche fantôme 10 aujourd’hui disparue, au moins à cet emplacement.

9Un peu plus à l’ouest, le safre butait en contrebas d’une structure bâtie de direction est‑ouest (fig. 8a) ; connue encore aux époques postérieures, elle se poursuivait sur à peine 1,20 m de long, étant recoupée à l’est comme à l’ouest par des tranchées plus tardives. L’enlèvement des larges pierres plates de surface, soigneusement calées latéralement, montrait qu’il s’agissait d’un drain creusé dans les niveaux profonds, sur environ 0,20 à 0,22 m de profondeur. Comblé à mi‑hauteur par un limon de ruissellement compact et pratiquement stérile, puis de terre d’infiltration avec quelques fragments de poteries protohistoriques (couches 9a et 9b), ce drain ne comportait pas de dallage de fond. Ses faces latérales étaient bordées de pierres allongées et minces, brutes ou à peine dégrossies mais choisies avec soin de façon à former des parois étanches. Il est certain que ce drain fut creusé avant la pose du safre qui en recouvrait les bords latéraux. Le cas est moins sûr pour les pierres de couverture, apparemment postérieures au safre et pouvant en tout cas être déplacées sans l’entailler. L’absence de tout tesson tardif dans le remplissage et le fait que les niveaux de la première réoccupation recouvrent étroitement les pierres de couverture laissent penser que, s’il y eut reconnaissance de cette installation, celle‑ci ne fut plus utilisée ensuite ‑ toute la zone changeant alors de fonction.

2.2.2 Les premières réoccupations : seconde moitié du ve‑début du vie s.

10phases ii et iii

11Relativement tardives ici, les traces de la réoccupation ne peuvent être attribuées à une époque antérieure à la seconde moitié du ve s. La succession des niveaux est alors rapide, dénotant une utilisation assez intense de l’ensemble de ce terrain (fig. 11), assez régulière aussi, si l’on tient compte de l’évolution progressive des principaux types de céramiques. En I B Nord (fig. 8a et b), l’on note ainsi un changement significatif de la céramique claire D africaine avec, des couches 21 à 12, l’apparition successive des types Hayes 87 C (couche 21) puis Haycs 94/98 (couche 12) –ces derniers se retrouvant également en I B Sud, couche 7 (tabl. I). De tels indices montrent déjà que l’on ne peut dater ces niveaux d’avant le milieu du ve s. et ceci au plus tôt. Datation satisfaisante sur les plans stratigraphiques et chronologiques, mais qu’il convient sans doute d’étendre encore quelque peu dans le temps, en tenant compte cette fois de l’ensemble des données, en particulier monétaires. Non que celles‑ci soient pour cette époque d’interprétation facile. Mais la découverte dans les niveaux 7 et 1.7, à côté de pièces plus anciennes –de Marseille parfois encore mais aussi de la première moitié du ve s. (nos 66 et 71)– de dix toutes petites monnaies en bronze (nos 62, 63, 65, 67, 68, 69, 75, 86, 91, 92) grossièrement coulées et attribuables d’après leur type et leur technique de fabrication à la fin du ve ou au début du vie s., incite à la prudence. Spécialement pour ces strates relativement tardives où, déjà, se remarquent des modifications dans l’utilisation de cette vaste zone dont des installations artisanales semblent alors être précocement abandonnées. Avant de passer à leur analyse, il convient cependant de souligner le caractère conjoint de ces données sans doute éparses et limitées mais apparemment probantes dans leur complémentarité. Point d’autant moins négligeable qu’une rupture de l’occupation semble ensuite se dessiner clans le temps ‑, brève et limitée mais suffisamment nette, ici comme dans la fouille II toute proche, pour que l’on en tienne compte et que l’on s’interroge à son sujet.

FIG. 11 – Sondage I B : plan des vestiges de la fin du ve s. et du début du vie s.

M. Rodot def

12Le phénomène apparaît particulièrement bien au sud‑ouest où des aménagements importants avaient été effectués. La fouille actuelle n’en permit malheureusement qu’une atteinte partielle. Mais celle‑ci est suffisante pour affirmer le caractère artisanal pris alors par cette zone que ne clôturait pas encore le mur M3 –le mur M2 lui‑même pouvant, être alors moins élevé, voire presque arasé à ce niveau. Dans cet espace alors facile d’accès et largement ouvert, un four de fonte du métal (four 7a) avait été implanté (fig. 9a, 10a et 11). L’installation de taille apparemment réduite devait se prolonger au sud et peut‑être est‑ce à cet artisanat qu’il faut attribuer la cause des nombreuses anomalies magnétiques observées dans l’environnement de la fouille. Il est certain en tout cas que cette implantation entraîna le recoupement des niveaux protohistoriques environnants et sous‑jacents : drains et plaques de safre se trouvaient ainsi tranchés nettement. Seule l’entrée de ce four put être étudiée : elle comportait un canal coudé, terminé à son extrémité par des blocs de pierre régulièrement taillés et posés avec soin de façon à délimiter une ouverture de 0,12 à 0,15 m de large au point le plus resserré. Les parois fort lisses du canal central avaient été façonnées très régulièrement. La découverte en son centre d’un petit lingot de plomb (extrémité de coulée) abandonné sur place (0,08 x 0,06 x 0,04 m) ainsi que de déchets de coulée de même métal peut indiquer l’un des travaux qui se firent ici. Celui‑ci semble confirmé par la présence de nombreux blocs de mâchefer et de laitier retrouvés à proximité immédiate de cette installation, dans le comblement des fosses 6a puis 5g qui l’entaillèrent postérieurement sur son flanc nord. Il faut noter également la découverte, immédiatement à l’est, de nombreux objets en fer : gros clous, plaques, rivets... matériel d’autant plus remarquable que la rareté des objets ferreux est évidente sur ce site. Le four lui‑même était comblé par de la terre très noire qui contrastait avec son environnement oriental, violemment brûlé et rougi par la chaleur dans une zone de 1 m à 1,20 m de diamètre en moyenne. La présence de quelques tegulae posées de chant, en bordure du canal d’écoulement du métal, correspond peut‑être à un aménagement destiné à limiter ce rayonnement. Il est certain, en outre, que ce niveau 7b, très compact et se différenciant bien du substrat, passait au‑dessus et plongeait de part et d’autre de la surface des pierres de couverture du drain, alors à peine discernables au nord et à l’est. Le matériel inclus dans ces niveaux 7a et 7b, vraisemblablement contemporains et correspondant au temps d’utilisation du four, était formé à près de 80 % de tessons protohistoriques résiduels ; mais il incluait également des céramiques de l’Antiquité tardive (dont des claires D africaines et des DS.P. d’origine régionale) qui semblent bien correspondre au premier temps de la réoccupation en cette partie de l’ancien oppidum. Il en était de même des couches 7 et 6f légèrement plus tardives (fin ve‑début vie s.) qui vinrent bientôt recouvrir et ennoyer complètement ces structures abandonnées et rendues inutilisables par l’évolution de toute la zone.

13Il semble en effet que l’on ait renoncé assez vite à maintenir dans cet espace relativement proche des habitations un artisanat aux trop fortes nuisances – le four découvert n’étant vraisemblablement pas resté unique. La décision fut donc prise d’enclore tout l’espace et de réaliser divers aménagements. Ils allaient donner à la surface I B Sud l’aspect d’une vaste cour tandis que des sols et des niveaux plus fins et vite démultipliés se succédaient rapidement au nord : signe sans doute là d’une occupation plus intense.

14La création du mur M3 est le premier témoignage indiscutable de cette transformation. Elle s’accompagna également d’une restauration progressive des murs M1 et M2 et sans doute de la création ou de la réfection du mur M4, conservé partiellement au nord‑est. La première de ces bâtisses (fig. 9b, 10a, 11) fut implantée sans fondation profonde directement au‑dessus des dalles de safre 8 alors remises au jour et du four qu’elle obtura (Cf. le gros bloc de pierre posé dans la cavité d’écoulement 7a). Son tracé rigoureusement est‑ouest l’amenait à former un angle obtus avec le mur M2 à la partie basse duquel elle se liait. Conservé seulement sur deux ou trois assises à peine, ce mur aux gros blocs de pierre atteignant parfois 0,45 à 0,50 m de long dut n’avoir qu’une existence assez brève : rien ne permet en effet d’affirmer son maintien en élévation au‑delà de l’épisode de destruction survenu peu après le milieu du vie s.

15Il n’en fut pas de même des murs M2 et M1 plusieurs fois repris en élévation et le long desquels couraient des tranchées de travail (fig. 5, 6, 9c, 11). Certaines parties d’entre elles purent recouper des aménagements antérieurs. Ainsi en fut‑il sans doute au nord‑ouest, près du mur M2, où la tranchée atteignit une zone encore comblée de safre près de laquelle subsistait un blocage de briques et fragments de dolium placés de chant ; une dépression similaire était visible plus à l’est, de façon presque symétrique et toujours à la surface de la couche 8. Les travaux ainsi réalisés semblent donc correspondre à une assez sérieuse période de construction, C’est sans doute à elle qu’il faut attribuer l’essentiel du mur M1 bâti au mortier de chaux et, au minimum, les parties basses et relativement larges du mur M2 nettement lié sur plusieurs assises au bâtiment M3 bientôt disparu (beau verre de forme Isings 111 inclus dans une petite cavité, entre la 5e et 6e assise de M2) (fig. 9b et 161). La même observation peut être faite au nord‑est, à proximité du mur M4. Formé de gros blocs de pierre sommairement liés entre eux, celui‑ci n’était plus étudiable dans la fouille que sur à peine 1 m de long et deux ou trois assises (fig. 8b). Mais ces données étaient suffisantes pour affirmer sa contemporéanité avec le nouveau mur M1 auquel il se reliait tandis que son orientation paraît approximativement parallèle à celle du mur M2. Le vaste espace ainsi enclos (près de 45 m2) put, comme en d’autres parties du Saint‑Blaise paléochrétien (Rolland 1956 : 57‑60 ; Bouloumié 1980 : 57, fig. 14), former une cour reliée à des habitations ou servant, à l’origine au moins, à de multiples usages : les traces d’aménagements qui subsistaient dans les niveaux de cette période indiquent en effet des variantes dans l’occupation. Le nettoyage et la mise à nu des niveaux hellénistiques très argileux et compacts s’accompagnèrent dans un premier temps du creusement –ou de la réutilisation ?– de petites fosses‑dépotoirs. un bon exemple en subsistait près du mur M2, à peu de distance de la dépression remplie de safre qui longeait sa base (fig. 10c). La cavité grossièrement circulaire et peu profonde (0,60 m de diamètre et 0,10 à 0,15 m de profondeur) était remplie de déchets divers, dont les débris d’une jolie cruche à long col et anse torsadée, pâte rouge et surface « salée » de teinte crème, attribuable aux productions africaines des ve et du début vie s. (Cavaillès‑Brans 1986 : 66, 72 ; Cathma 1991 : A, type 6). un peu plus loin, des amas de pierres pouvaient signaler la réutilisation sommaire de substructions protohistoriques.

16Dans la zone centrale de la fouille, à l’est et à l’ouest, deux trous de poteaux furent découverts (les seuls à notre connaissance signalés jusqu’à présent sur ce site pour cette période). Le premier, de grande taille, avait été épargné par le creusement postérieur de la fosse 6a qui ne fit que l’effleurer ; ses dimensions (0,46 m d’ouverture pour plus de 0,50 m de profondeur étudiable) correspondent à un tronc de bonne épaisseur, affûté à la base et solidement ancré dans le substrat (fig. 10b). Le second support fut placé presque symétriquement à la base du mur M2, dans une cavité qui surcreusa la tranchée de reprise du mur et lui est donc postérieure. L’appui qu’offrait la bâtisse peut expliquer que l’on se soit contenté ici d’un poteau moins puissant (diamètre maximum de l’ouverture : 0,38 m ; profondeur moyenne : 0,32 m). Ces vestiges malheureusement isolés en raison des recreusements plus tardifs indiquent peut‑être la présence d’une séparation ou d’une couverture partielle de la cour que la proximité des murs latéraux (3 à 4 m de distance au maximum, au sud) pouvait faciliter. Ceci pourrait également expliquer la réutilisation quelque peu surprenante à première vue d’une grande pierre de seuil posée sur le safre, à peu près à 1 m de distance du plus gros poteau de bois. La présence contre ce seuil et à l’est de quelques gros blocs de pierre régulièrement alignés laisse penser à la construction d’un mur ou d’une murette de direction est‑ouest (fig. 10b). Si les surcreusements postérieurs empêchaient toute vérification ailleurs, l’hypothèse paraît d’autant plus vraisemblable qu’une stratification spécifique s’établissait en retrait, où apparaissait une véritable zone brûlée. Charbons et cendres recouvraient ou se mêlaient ici à un mince niveau d’argile cuite rougie par la chaleur : ce faciès 7, épais de 5 à 6 cm à peine, recouvrait directement le safre antérieur et se prolongeait à l’ouest jusqu’aux dépressions et bombements environnant le drain ancien et le four. Dépendance peut‑être de cette installation primitive, ce local (de travail ?) dut être abandonné dès le début du vie s. et fut bientôt recouvert par le niveau de comblement 6d.

17A la même époque, la zone I B Nord connaissait une évolution rapide. Du niveau 21, première couche d’occupation de cette période, au niveau 11, sols et fosses se succèdent ou s’entremêlent –l’ensemble ne dépassant guère cependant une trentaine de centimètres d’épaisseur. Multiplication due en partie au cloisonnement qu’imposait à l’est la survivance du mur M5 bis, bientôt repris en surface par une nouvelle bâtisse au tracé légèrement divergent : le mur M5. Mais le phénomène est surtout révélateur de l’extraordinaire feuilletage que constitue la stratification des sols sur ce site où, à toute époque, des recharges de terre bien différenciables furent effectuées rapidement, en particulier dans les zones d’habitation. Ici encore, deux périodes d’aménagement peuvent être distinguées, correspondant peut‑être à deux générations d’occupants au cours de la seconde moitié du ve et au début du vie s.

18La première réoccupation, datable au plus tôt des années 450 et suivantes d’après les céramiques, se fit sur les strates protohistoriques fortement décapées (fig. 7, 8a et b, 11 et 15). Ces sols argileux, compacts et fortement tassés (surface 22 à l’ouest, 23 à l’est), se trouvaient à un niveau légèrement plus élevé que dans l’espace I B Sud ; et ceci en particulier à l’est, entre les murs M5 bis et la coupe. Le phénomène s’atténuait en revanche à l’ouest en raison du fort pendage général de la surface 22. Tout se passait comme si des accidents de terrain ou plus probablement encore des substructions profondes entraînaient la formation de bombements et de dénivellations longtemps perceptibles, vers l’ouest comme vers le nord. Les premières couches de réoccupation (niveaux 21 et 20 : coupe B’B) étaient encore très argileuses et compactes ; elles s’épaississaient dans les parties déprimées comme pour régulariser la surface du sol. Recouvrant au sud la dernière assise du mur protohistorique inscrit sous M1, elles butaient aussi contre le parement de ce nouveau mur certainement en place alors. Le matériel inclus dans ces niveaux se rattachait sans conteste au milieu ou à la seconde moitié du ve s. (apparition de sigillées claires D, Hayes 87C), et ceci malgré la présence encore largement dominante de poteries protohistoriques désormais résiduelles. Il en était de même plus à l’est où les couches 19 et 18 (coupe 2‑4), plus ou moins épaisses et caillouteuses, occupaient tout l’espace disponible entre les substructions du mur M5 bis et les coupes nord et est. Ces deux niveaux se poursuivaient en continuité au‑dessus de la structure M8 désormais invisible. Mais ils butaient au sud contre le mur M1 nouvellement bâti comme, à la base de la coupe est, contre deux gros blocs de pierre posés symétriquement et qui servirent bientôt de soubassement partiel à une nouvelle bâtisse : le mur M6.

19Très vite, en effet, apparurent de nouveaux aménagements, que céramiques et monnaies permettent d’attribuer aux dernières décennies du ve s. ou aux premières années du vie s.

20La partie ouest de cette zone, sans doute très proche de la rue, fut bientôt limitée par la structure M7, amas plus ou moins organisé de gros blocs de pierre en remploi et liés par de la terre argileuse : bâtie au‑dessus du sol 20, elle semble contemporaine de la couche 17 immédiatement supérieure à ce dernier. Ce niveau de terre très cendreuse présentait des traces de feu dans les secteurs CD (où une monnaie fut retrouvée) comme près du mur Ml et contenait un matériel relativement abondant. Il semble bien s’agir ici du premier niveau d’occupation vraiment intense après un temps de reconstruction souligné encore, à la base de la couche, par la présence de tegulae brisées. Dès cette période, les niveaux se succèdent rapidement sous différents faciès. La couche 13 argileuse, dure et compacte, était conservée dans la moitié est de la fouille, où elle ennoyait les restes encore apparents des structures antérieures (dont le mur M5 bis), et se poursuivait en continuité jusqu’à la coupe orientale. Le sol 12, jaunâtre et argileux, était sans doute contemporain de la construction de la murette M5 ; il s’étendait de cette bâtisse à la structure M7, remplacé cependant près du mur M1 par une petite fosse‑dépotoir 16, au matériel pauvre (nombreux cailloux associés à quelques tessons et os) (fig. 11). Il en était presque de même du sol supérieur 11, à la surface plane et parsemée de tessons (dont un pot à pâte grise, no 104, écrasé sur place au pied du mur M1) (fig. 12). Ce niveau fut, comme le précédent, entaillé par une assez vaste et profonde fosse 15 qui se poursuivait sous la coupe nord : fosse plus tardive cependant et qu’il convient de rattacher à la période d’occupation postérieure.

FIG. 12 – Sondage I B : les traces de réorganisation au milieu du VIs.

M. Rodot del

21De l’autre côté du mur M5, la couche 13 et la petite fosse 14 marquaient de même un temps de réaménagement de l’espace. La fosse 14 en particulier contenait un mélange de terre argileuse brun‑jaune meuble associée à de nombreux débris de tegulae, d’enduits muraux, d’amphores et à quelques tessons épars au‑dessus d’un lit de pierrailles. Ces couches se poursuivaient jusque sous la base du mur M6 dont la construction dut avoir lieu, en même temps que la reprise du mur M5, avant ou au moment de l’établissement des sols 12 et 11 supérieurs.

22Ainsi s’organisait peu à peu cet espace I B Nord désormais limité et cloisonné par plusieurs bâtisses. Si certaines, comme la structure M7 et peut‑être la murette M5, purent n’avoir qu’une fonction de clôture, d’autres comme le mur M6 semblaient, malgré le manque de fondation profonde, destinées à durer. Presque de même largeur et dans le prolongement du mur M4, elle put comme celui‑ci contribuer à l’organisation de bâtiments d’habitation répartis de part et d’autre du puissant mur transversal M1, véritable ossature de toute cette zone.

2.2.3 La réorganisation : première moitié du vie s.

23phases iv‑v

24Si aucun indice autre que des arguments a silentio toujours délicats à utiliser –dont l’absence de strates intermédiaires et de types nouveaux de céramiques– ne permet vraiment d’affirmer une rupture de l’occupation dans cette zone au cours du premier tiers du vie s., celle‑ci n’en reste pas moins probable au vu, entre autres, des transformations qui se produisirent ensuite. Et de l’intensité de la réoccupation, dès les décennies suivantes : c’est alors que s’ouvre –en pleine crise politique, notons‑le bien– la période sans doute la plus active observable dans toutes ces fouilles. Période de brève durée cependant et que devait clore, peut‑être dès les années 560‑570, un temps de destruction apparemment très important.

25Les premières traces de cette réorganisation se traduisent de deux manières différentes. Au nord –donc près de la zone II où fut creusée alors une très profonde fosse riche en matériel de la fin du ve et du début du vie s.– une fosse et un sol d’occupation furent mis en place (fosse 15 et sol 10 ; fig. 8a). Au sud, toute la partie centrale de la « cour » créée antérieurement fut recreusée très profondément, au cours des années 540 peut‑être, par les vastes fosses 6a puis 6c : préludes à des entailles qui devaient se multiplier plus tard, dès l’abandon du sol 6 dont la surface très régulière s’intercale entre ces différents épisodes (fig. 11 et 12).

26Il semble donc que, lors de cette réoccupation ou tout au moins de cette nouvelle phase, l’on ait procédé en premier lieu à des nettoyages et à des remises en état de toute la zone. À des recherches d’argile peut‑être également : on peut en effet s’interroger sur la finalité exacte de ces fosses alors démultipliées et qui purent correspondre, en un premier temps, à la nécessité de trouver un matériau propre à la construction de murs ou de cloisons partiellement au moins en torchis ou en pisé. Quoi qu’il en soit, le phénomène reste impressionnant par son ampleur (comme, hélas, par les ravages qu’il occasionna dans le substrat, morcelant des niveaux profonds et les rendant particulièrement difficiles à interpréter).

27Le cas est particulièrement exemplaire en I B Sud, où les fosses 6a et 6c cumulées, et sans doute très proches clans le temps, affectèrent plus de 20 m2 de surface sur environ 0,60 m de profondeur. De telles dimensions comme le mode de creusement sont très caractéristiques des structures de cette époque, toujours largement ouvertes et que rien ne permet ainsi de comparer à des silos. Leur remplissage également s’en différencie sensiblement. Le comblement de la fosse 6a était fait, au‑dessus d’une importante couche de pierres et cailloux qui masquait le fond et les parois très lisses, d’un amas de terre brune près des bords, plus noire et charbonneuse au centre ; il s’y mêlait des quantités impressionnantes de coquillages (2 688 individus, essentiellement des huîtres et des peignes ou petites coquilles Saint‑Jacques) associés à une faune relativement nombreuse et à plusieurs milliers de tessons (3 826 exactement dont 192 sigillées claires D, 278 DS.P, 753 fragments de poteries communes, 1 512 débris d’amphores) : fragments où apparaissaient pour la première fois dans le sondage des éléments des formes tardives Hayes 107 –rares sur ce site– et 104 (claires D) (tabl. II). une intaille en pâte de verre au décor d’Apollon (fig. 164, nos 1, 2) et quatre monnaies s’y ajoutaient, pour la plupart du ve s. : témoignages peut‑être, comme les nombreuses céramiques résiduelles, des niveaux antérieurs détruits lors du creusement. Moins étendue et moins profonde, la fosse postérieure 6c s’ouvrait au niveau du sol 6 qu’elle tranchait nettement, étant elle‑même affectée en surface par le creusement de deux fosses plus tardives 5f et 5g, limitées heureusement en profondeur. Son remplissage fait de terre marron meuble comprenait, outre des fragments de tegulae, d’amphores et de poteries communes, de nombreux et gros os de boucherie, rares ailleurs sur le site, ainsi que quelques dents de tortue.

TABL. II– Sondage I B sud, fosse 6a : répartition des catégories et types de céramiques, par formes identifiées.

28S’intercalant entre le creusement de ces fosses, la mise en place du sol 6 correspondit, semble‑t‑il, à une volonté d’aménagement réelle. Il est possible que des apports de terre aient même été faits intentionnellement pour régulariser la surface de tout cet espace et obtenir un sol jaunâtre, mince mais dur et compact. Plus cendreux et mêlé de charbons épars près du mur M2, il recouvrait parfois de très petites fosses‑dépotoirs comme dans le secteur A5 où la cavité mise au jour contenait seulement un amas de coquillages et trois pierres liées par un apport d’argile jaune presque pure ‑ suivant une pratique déjà bien connue sur ce site à l’époque hellénistique. Tout ce niveau incluait d’ailleurs une très grosse quantité de coquillages et déchets de cuisine, associés à plus de 1 700 tessons et près de 200 fragments de tegulae, ces dernières essentiellement concentrées près des murs M1 et M2. L’ensemble de ces observations pouvait ainsi confirmer l’aspect de cour ou d’espace libre, ouvert aux décharges de toutes sortes et aux immondices où l’apport des étangs tenait un grand rôle. Il convient cependant de nuancer ce point de vue et de relever la présence de très nombreux éléments résiduels. Céramiques d’abord où plus de 15 % des tessons se rattachent à des périodes bien antérieures. Coquillages ensuite, où la présence de fortes quantités de moules, très utilisées dans l’alimentation protohistorique mais non dans celle des époques postérieures, du moins dans l’ensemble de ce site, renvoie aussi à des siècles passés. Il semble donc en fait qu’il y ait eu ici un apport relativement considérable de terres allogènes – la couche 6 constituant une unité nettement différenciable des autres strates tardives et formant un jalon d’autant plus précieux qu’il scellait la plus grande partie de la fosse 6a, étant lui‑même recouvert par le niveau de destruction 5e.

29Des variantes apparaissaient cependant, en particulier au sud où le niveau remontait. Encore apparents, le seuil et quelques‑unes des pierres de la murette latérale déjà signalés dans la phase précédente purent être réutilisés. Il est même possible qu’une nouvelle murette de pierre ait été aménagée afin de remplacer les installations de bois antérieures : la présence dans le même alignement que le seuil, près du mur M2, d’une tranchée de fondation et d’un reste de construction en pierre M9 pourrait laisser supposer l’aménagement d’une bâtisse continue et grossièrement parallèle au mur M1 situé à près de 5 m de distance. Plus en retrait et jusque près du mur M3, de nouvelles passées de sol apparurent (faciès 6d, 6 et 6’) ainsi qu’une curieuse structure de pierre sèche rectangulaire : bassin ou réservoir comblé uniquement de terre meuble et fine qui dépendait semblait‑il des strates postérieures (niveau 5j), elle reste d’usage encore énigmatique actuellement (fig. 9a et 12).

30Dans la partie nord de la fouille I B, plusieurs strates de cette époque furent également retrouvées. La période de réaménagement fut marquée par le creusement de la fosse 15, beaucoup plus large que profonde (fig. 8b et 12) : très cendreuse, elle contenait un matériel assez abondant (poteries brûlées, amphores, verres, déchets alimentaires, tuiles..) et se prolongeait sous la coupe nord, ne pouvant donc être étudiée que partiellement. Cette fosse était scellée par la mise en place du niveau 10, qui formait une surface continue entre les vestiges des structures M5 et M7 encore partiellement visibles : constitué de terre argileuse brun‑rouge assez compacte, ce sol était jonché de nombreux tessons posés à plat et de déchets alimentaires de toute espèce. Parmi les céramiques claires D, la présence de formes Hayes 91C fournit un indice chronologique utile, conduisant à attribuer à ce niveau une datation qui ne peut être antérieure à la fin du ve s. Plus à l’est les couches 9 puis 8 s’épaississaient et ennoyaient les vestiges du mur M6 désormais presque complètement détruit (fig. 13). Il est évident que, dès cette période, on ne conserva plus les cloisonnements antérieurs devenus inutiles et gênants. Tout cet espace, pratiquement unifié mais en sensible pendage vers le nord en raison des substituerions profondes, devint ainsi une sorte de passage ou de ruelle continue qu’il convient de rapprocher des structures découvertes un peu plus loin, dans la fouille II. Très vite cependant, un véritable niveau de destruction 7 s’établit à sa surface, bien marqué par la chute de multiples tegulae dont certaines, bien que brisées, se juxtaposèrent entre elles, formant ainsi un dallage sommaire qui scella les strates inférieures (fig. 13).

FIG. 13 – Sondage I B : la destruction des toitures et des murs dans le troisième quart du VIe s.

M. Rodot del

2.2.4 La phase de destruction : vers 561‑570

31phase vi

32L’organisation raisonnée et intense qui s’était manifestée au cours des périodes précédentes ne devait en effet pas se prolonger durablement. un épisode de destruction intervint, dont sinon la violence du moins l’importance et le caractère apparemment très général dans toutes ces fouilles surprennent. Il s’agissait en fait d’une phase décisive, d’un tournant dans l’histoire de cette réoccupation discontinue et hachée dont les caractéristiques devaient ensuite se modifier profondément. Phase heureusement bien datée, intrinsèquement comme dans ses relations avec les niveaux antérieurs et postérieurs. L’apparition, dans ces strates de destruction, de nouveaux types tardifs de céramiques claires D (formes Hayes 90B et 101/102) conduit déjà à les rattacher à une période bien avancée dans le vie s. Cet indice se trouve confirmé par la découverte simultanée d’une monnaie de Gontran, frappée à partir de 561, qui forme un terminuspost quem précis. Découverte non isolée d’ailleurs, comme le montraient les fouilles II. Il semble donc possible, compte tenu de ces indices et des données fournies par les strates plus tardives, d’attribuer cette phase de destruction aux années 561‑570, voire 580 au maximum –soit dans une période de grave crise politique.

33Destruction très importante mais non encore totale, comme le prouvent les débris en place qui, en cette période et en ce secteur, concernent apparemment surtout les toitures puis, en une moindre mesure, les murs déjà partiellement abandonnés. Déjà indiqué dans la fouille I B Nord, niveau 7, ce phénomène se retrouve avec ampleur au sud (fig. 13) où son étude fut cependant compliquée par l’ouverture successive de multiples fosses dont l’enchevêtrement imposa une fouille minutieuse (plans évolutifs, fig. 11, 12 et 13).

34Il apparaît ainsi que, peu après la création de la fosse 6c qui entaillait le sol 6 et dans une moindre mesure la fosse antérieure 6a, une nouvelle excavation 5g fut creusée. Légèrement décalée vers le sud, elle était bien apparente à la fouille : la discordance et le pendage contradictoire des couches d’une part, la présence d’un encadrement de petites pierres puis d’un amas de gros blocs formant bourrage au nord et à l’est d’autre part, ne laissaient aucun doute sur la succession de ces recreusements. Celui‑ci entraîna dans un premier temps la destruction de la murette transversale M9 dont certains éléments purent être rejetés dans le comblement de la fosse. Il semble également qu’il faille attribuer à une époque contemporaine ou de peu antérieure le recreusement superficiel de la fosse 6a sans doute encore visible : limitée à la profondeur ‑2,00 m, cette nouvelle fosse 5f ne forme ainsi qu’un épisode transitoire dans un ensemble que les périodes postérieures allaient encore amplifier (Cf. la fosse 5’ dont l’emprise au sol et la profondeur devaient se révéler redoutables pour les niveaux plus anciens).

35Ces premières modifications n’étaient que le prélude d’un temps de destruction plus grave. Celui‑ci se manifesta ici essentiellement par la création du niveau 5e (fig. 13), véritable couche de destruction épaisse de 0,20 à 0,30 m qui recouvrit l’ensemble de la fouille sous des faciès parfois divers. Plus cendreuse et charbonneuse à proximité du mur M2, elle devenait plus caillouteuse, voire gravillonneuse, ailleurs. Sa surface était recouverte de gros fragments de tuiles brisées ; en pendage léger d’ouest en est, ils formaient en profondeur de véritables amas, en particulier à proximité de la partie centrale du mur M1 –tout se passant comme si une toiture s’était effondrée en cette zone (745 fragments de tegulae et, pour moins d’un quart, d’imbrices). Au sud‑est, les tuiles devenues plus rares étaient remplacées par un amas de pierres disposées en arc de cercle de part et d’autre d’un grand bloc en réemploi, peut‑être issu du rempart (fig. 13). Cette « structure » délimitait sommairement un espace très cendreux et charbonneux (niveau 5i), cependant sans trace de foyer réel. Il semble ainsi que cette zone ait simplement servi à amasser, dans un angle de l’ancienne cour alors presque entièrement détruite, des matériaux et des déchets divers (nombreux fragments d’os et de coquillages, d’amphores et de poteries communes mêlés aux cendres et blocs d’encadrement). Dans le niveau 5e en revanche, la masse des tessons (3 725, dont près d’un tiers appartenant à des amphores) et des coquillages (huîtres et peignes surtout) était considérable. Il s’y associait quelques monnaies, dont celle en argent de Gontran déjà citée qui fournit, avec les céramiques fines, un utile repère chronologique pour situer dans le temps cet épisode de destruction. Celui‑ci accompli, bien peu restait de l’organisation antérieure. Et c’est au milieu des ruines, semble‑t‑il, que s’effectua la dernière réoccupation.

2.2.5 La dernière réoccupation : vers 580‑600

36phase vii

37Précaires et instables : tels sont sans doute les deux qualificatifs qui conviennent pour apprécier les réaménagements effectués au cours des toutes dernières décennies du vie s. ou dans les années immédiatement suivantes. Années troubles encore, et dont les difficultés peuvent expliquer le maintien de l’occupation sur ce site, malgré le contexte devenu défavorable. Les indices rassemblés dans ce secteur comme dans les autres zones de fouille montrent en effet l’étendue des destructions qui s’étaient réalisées. Dans le seul secteur I B, il semble que le niveau de destruction 5e ait ennoyé à peu près toutes les structures bâties : seules subsistaient peut‑être en élévation les crêtes des murs M1 et M2 qu’il fallut désormais reprendre, au moins sommairement, en élévation.

38Le cas est plausible pour le mur M2, nettement rétréci et rebâti dans sa partie haute, exactement au‑dessus du niveau de destruction 5e (fig. 9a), des traces de réfection plus limitées se retrouvant ailleurs. Il paraît plus certain encore pour le mur M1, soumis à une véritable –et assez maladroite– restauration dans sa partie est, dès la réoccupation (fig. 5). Œuvre réalisée hâtivement alors, semble‑t‑il : les deux ou trois assises conservées de cette période furent ainsi bâties, non seulement sur les substructions d’ailleurs curieusement en retrait du mur antérieur, mais aussi sur la terre environnante du sud, c’est‑à‑dire presque à la surface du niveau 6. L’irrégularité de ces assises saillantes et incurvées témoigne de la rapidité de l’intervention ; elle se double aussi de l’abandon cette fois définitif du mur M4 et des structures attenantes à l’est, au‑dessus desquelles le nouveau mur M1 (3e état) se prolongea.

39Parallèlement à ces travaux, de nouveaux sols s’organisèrent. Parfois encore au‑dessus de fosses comme en I B Sud où une cavité de 1,20 à 1,50 m de rayon avait été creusée à proximité du mur M1, dans la partie nord‑ouest du sondage : cette fosse 5d était comblée presque entièrement de terre jaune et sableuse laissant penser à un niveau de travail. La couche supérieure 5c, formée de terre grise cendreuse se détachant bien du substrat, constituait le premier sol d’occupation réel de cette nouvelle période ; son matériel était relativement abondant : près de 3 000 tessons, plus de 1 000 coquillages. Il s’y ajoutait quatre monnaies ; si certaines étaient bien antérieures à la période en cause, la présence d’une petite pièce en argent d’origine byzantine et du vie s. doit être signalée malgré son identification difficile et encore incomplète (époque de Justin ou Justinien ; atelier indéterminé : Carthage ou Ravenne ?) (Cf. catalogue des monnaies, no 82).

40Très nettement dissociables du niveau précédent, les sols 5b 1 et 5b2 durent se succéder rapidement. Leur faciès brun‑rouge plus ou moins caillouteux était assez semblable mais, si le second (le plus ancien) recouvrait toute la surface étudiable de ce secteur, le premier constituait comme une loupe de recharge du sol dans les deux tiers centraux de la fouille. Nettement associés à la reprise du mur M1 contre laquelle ils butaient, ces niveaux –de même que le sol antérieur 5c– furent tranchés au sud par le creusement d’une vaste fosse 5’ dont la mise en place correspond à l’une des dernières phases d’aménagement de ce secteur.

41Celle‑ci, peut‑être consécutive à une nouvelle période de destruction ou en tout cas d’appauvrissement, fut marquée par des phénomènes en apparence contradictoires (fig. 13, 14, 15b). Dans le terrain envahi par des décombres de toute espèce, un espace relativement régulier fut aménagé au nord jusqu’au contact des murs M1 et M2 dont on peut se demander cependant la fonction exacte en cette période. Le nouveau sol 5a ainsi créé formait une surface assez argileuse et sombre nettement limitée au sud et même à l’est par des alignements de structures de pierre pouvant correspondre au calage de petits poteaux ou piquets de bois. Espacées de 2,40 m environ, ces structures étaient sommaires. La première, au sud‑est, se composait simplement d’un petit cercle de pierre entourant une cavité centrale, en cuvette, de 0,15 m de diamètre ; la deuxième (au centre de la fouille) comprenait un blocage de plus gros blocs de tuf posés en cercle autour d’une cavité de même diamètre, avec quelques pierres de même calibre à l’intérieur ; la troisième, près du mur M2, était de plus grand diamètre mais ne se poursuivait pas en profondeur. Aucune variante de terre n’indiquait par ailleurs la présence de pieux profondément enfoncés dans le sol. Il est donc possible qu’une palissade légère ait été mise en place à cet endroit afin de délimiter un espace utilisable, suivant une orientation totalement nouvelle en cette zone. Peut‑être faut‑il voir dans le quatrième trou de piquet découvert au nord‑est, près du mur M1 et au‑dessus des substructions de la bâtisse M4 désormais arasée, le répondant de cette installation ? Le cas est beaucoup plus incertain en revanche pour le cinquième exemplaire découvert plus à l’est encore et dans un niveau apparemment antérieur (5c) que l’exiguïté de la fouille empêche cependant d’interpréter avec exactitude. Quelle qu’ait été la fonction exacte de l’espace ainsi clôturé (local de travail, abri pour les hommes ou les troupeaux ?), il paraît certain que celui‑ci fut utilisé assez intensivement. La découverte de céramiques relativement nombreuses (1 915 tessons), de déchets alimentaires et de nodules de fer atteste des activités diverses. Il s’y ajoutait trois monnaies, dont une pièce en argent de Childebert Ier, frappée entre 537‑546 et donc antérieure d’un demi‑siècle à peine à l’époque de sa perte (Cf. annexe 1, no 83).

FIG. 14 – Sondage I B : les aménagements sommaires de la fin du VIe s.‑début du VIIe s.

M. Rodot del

FIG. 15a sondage I B Nord : les sols protohistoriques entaillés par les aménagements postérieurs ; b sondage I B : la mise au jour des niveaux de destruction et réaménagement de la fin du VIe s.

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

42Plus au sud, en revanche, une très vaste fosse 5’ fut alors creusée (fig. 13 et 8a). L’entaille grossièrement circulaire se poursuivait sous la coupe sud, au‑dessus des substructions du mur M3, et l’on ne peut ainsi préjuger de la superficie exacte de la cavité restée incomplètement fouillée (diamètre maximum : 4 m environ). Ses parois très nettes en surface tranchaient ou perturbaient l’ensemble des niveaux 5b2–5e : il paraît ainsi certain, en profondeur, que le dernier faciès de son remplissage se confondait avec la base de la couche de destruction 5e, contenant comme celle‑ci de très nombreux fragments de tegulae et d’imbrices posés parfois à plat sur les niveaux 6 antérieurs. Véritable dépotoir mêlé à des cendres et à des débris de matériaux de construction (dont 577 fragments de tuiles –192 d’entre eux se rattachant au dernier niveau), cette fosse recelait près de 2 600 tessons d’amphores et de céramiques, quelques verres, de considérables séries de déchets alimentaires auxquels s’ajoutaient divers objets : un fragment de marbre avec inscription probablement arraché à une tombe (IC. / MAE.), une intaille en pâte de verre avec inclusion d’or au revers (Phoenix) (fig. 164, nos 3, 4), des épingles de bronze, etc. ainsi que trois monnaies, toutes coulées au cours du ve s. Remaniant profondément les niveaux antérieurs, cette fosse s’intercalait ainsi, dans le dernier temps d’aménagement du site, entre les sols de la fin du vie s. et l’époque de l’ultime destruction désormais très proche.

43En I B Nord , une évolution similaire bien que plus limitée était également discernable. Il est aussi certain que, après l’écroulement des toitures (niveau 7, contemporain de la couche de destruction 5e observable plus au sud), des réaménagements furent effectués ; sommaires encore et partiellement dans les ruines, comme le montrent les amas de pierrailles et de débris divers retrouvés en plusieurs secteurs. La succession des niveaux 6a, 6 et 5 correspond ainsi aux phases perçues plus au sud. Mais sans traces de clôtures de bois cependant : celles‑ci purent être remplacées en cette zone par des murettes légères en pierre sèche, telle la structure M10 découverte dans l’angle nord‑ouest de la fouille sous un important niveau de destruction (fig. 14),

2.2.6 Destruction et abandon : début du viie s.

44phase viii

45Très vite en effet une destruction cette fois totale –murs et toitures– devait intervenir (fig. 9a et 14). Elle se manifesta dans toute la partie sud‑ouest de la fouille près du mur M2, par la constitution d’un très important éboulis de pierre. Ces blocs de toutes dimensions formaient un amas compact et épais sur près de 5 m de long et 3 m de large, qui se prolongeait ailleurs de façon plus discontinue, se mêlant alors à de nombreuses tuiles (plus de 600 fragments). une couche de terre relativement meuble et cendreuse enroba le tout (couche 5). Le matériel qui y était inclus, extrêmement abondant aussi bien en céramiques (plus de 5 500 tessons) qu’en déchets alimentaires, voire en verres ou en petits objets et même en scories de fer, montre que cette zone dut servir de décharge et de dépotoir, et ceci jusqu’à son comblement complet. Les indices chronologiques rassemblés –dont l’apparition en claire D des formes Hayes 91D– montrent que cette crise dut survenir au début : ou dans la première moitié du viie s. : elle succédait sans doute de peu à l’aménagement du niveau 5a qui constitue ainsi, en fait, le dernier sol d’occupation réel de ce secteur.

46Aucune trace de réaménagement n’apparaît en effet ici, au nord comme au sud, après cet épisode brutal et apparemment définitif. En I A (fouillé jusqu’à ce niveau) comme en I B, l’examen des niveaux supérieurs ne permet d’attribuer qu’une valeur de couche d’épandage ou d’abandon aux strates 4 : certes très riches encore en matériel de cette période, elles contenaient aussi quelques tessons vernissés plus tardifs et un fer à cheval de type déjà médiéval. Bien que très peu nombreux, ces indices semblent montrer qu’il s’agit bien ici d’un niveau de transition avant la réoccupation médiévale mieux affirmée dans les couches 3, attribuables à la fin du xiiie et au xive s. d’après les céramiques, et les épandages d’époque moderne, voire contemporaine, effectués dans les niveaux 2b (avec une monnaie de la fin du xve s.), 2a et 1,

47Ainsi se clôturait l’histoire de ce secteur qui, au vu de ces fouilles, paraît étonnamment brève et peut‑être même discontinue. Après la dense occupation protohistorique, les traces de réoccupation du haut Moyen Âge s’inscrivent en effet ici uniquement entre la seconde moitié du ve s. et le tout début du viie s. : 150 ans à peine, au maximum, et peut‑être coupés par un relatif abandon au cours de la première moitié du vie s. Par une lente désorganisation aussi, dans le dernier tiers de ce siècle. De tels indices demandaient à être vérifiés et contrôlés par des fouilles complémentaires –celles du secteur II se révélant ici particulièrement utiles.

2.3 Le sondage II

2.3.1 Présentation générale

48Très proche du sondage précédent, le sondage II en était aussi complémentaire, sa coupe ouest se trouvant presque dans l’axe de la coupe orientale du secteur I B. L’on pouvait donc s’attendre à retrouver ici des caractéristiques assez semblables à celles observées en I B. Or la réalité se révéla différente, non pas tant sur le plan chronologique que sur l’aspect topographique de cette zone, extrêmement fractionnée et très diversement utilisée. La volonté de ne pas démonter inutilement des substructions que des fouilles étendues permettraient peut‑être d’intégrer à des ensembles plus cohérents rendit aussi plus délicates les recherches en limitant les possibilités de vérification. L’étude aussi attentive que possible de la soixantaine de strates identifiées pour cette période et de leurs recoupements permit cependant de retrouver ici encore les grandes étapes de la réoccupation tardive, commencée, semble‑t‑il, un peu plus précocement et poursuivie peut‑être un peu plus longuement que dans le secteur I B (Cf. coupes et plans périodisés), mais avec une rupture très accusée au cours du ve‑début vie s.

2.3.2 Le substrat protohistorique

49phase i

50Ici encore le substrat protohistorique guida les aménagements ultérieurs qui l’utilisèrent autant qu’ils l’entaillèrent parfois très profondément (fig. 16, 17a, b et c, 18‑21). une succession de niveaux fut ainsi mise au jour (couches 8 à 17 et, dans le microsondage de vérification effectué à l’angle des murs M10 – M7/M9, couches 81 à 810) ainsi que des séries de structures : murs M7, M9, M10, M11, toujours implantés suivant les directions approximativement nord‑sud ou est‑ouest ; drain très analogue à celui découvert en I B Sud mais construit avec des blocs de pierre plus épais et mieux taillés (un fragment de dolium en réemploi dans la couverture sans doute refaite postérieurement) (fig. 17b) ; plaque‑foyer 8a, aux niveaux de pose et de cendres bien discernables (8a1, 8a2, 8a3) et miraculeusement préservés lors du creusement de deux fosses plus tardives (fig. 16 et 18a) ; empierrement 8c, recoupé par diverses bâtisses et une petite fosse postérieure qui atteignit le fond d’un dolium encore en place alors (fig. 16, 17a, 18a), etc.

FIG. 16 – Sondage II : plan des vestiges protohistoriques (murs, drain, empierrements et plaque‑foyer 8a)

M. Rodot de/.

FIG. 17a sondage II : la surface protohistorique 8 avec les fragments d’amphore et de dolium en place ; b sondage II : le drain nord‑sud aménagé dans les niveaux protohistoriques et recoupé par le massif M12 postérieur. Au fond, la murette M5 bâtie au‑dessus d’une pierre de seuil en réemploi ; c sondage II : au centre du sondage, le blocage de briques placées de chant 7e entaillé par la tranchée de fondation du mur tardif M1 et le premier aménagement de la ruelle

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

FIG. 18a sondage 11 : coupe est‑ouest 7‑3, au sud de la fouille ; b sondage II : coupe nord‑sud FF’ au centre de la fouille

M. Rodot del

FIG. 19a sondage II : coupe sud‑nord 3‑1 à l’ouest de la fouille ; b sondage II : coupe sud‑nord A‑A’ à 2,25 m de la précédente

M. Rodot del

FIG. 20a sondage II : coupe ouest‑est BB’ dans la partie nord de la fouille ; b sondage II : coupe ouest‑est ii’ dans la partie sud de la fouille ; c sondage II : coupe nord‑sud 5’4’ dans la partie est de la fouille ; d sondage II : coupe nord‑sud 5‑4 à l’est de la fouille

M. Rodot del

FIG. 21a sondage II : coupe ouest‑est 1‑2 en limite nord de la fouille ; b sondage II : coupe transversale C‑C, des murs M6‑M3’, au rempart médiéval

M. Rodot del

51Leur mise en place et leur succession rapide attestaient pour le moins une occupation continue et dense. Soignée aussi, à en juger par la qualité des aménagements de sol découverts dans ces espaces réduits : niveaux d’argiles de diverses couleurs alternant avec des « pavages » de petits galets arrondis, comme dans le sol 14 découvert à l’est de la fouille (coupe 5‑4, fig. 20d). A l’ouest (fig. 19a), la nécessité de vérifier l’antériorité relative des structures M10, M6 et M3 superposées étroitement les unes au‑dessus des autres provoqua l’ouverture d’un microsondage de contrôle dans la « butte » subsistant entre la fosse tardive 7’2 et ces murs. Sous la couche 8 formée d’argile jaune très caillouteuse, l’on put distinguer, sur à peine plus de 0,50 m de profondeur, les niveaux suivants :

52– 81 et 82 : couches bien différenciables d’argile jaune‑marron (ces deux sols étant entaillés au nord par la tranchée de fondation du mur M6) ;

53– 83 et 84 : niveaux très minces puis plus épais d’argile jaune ; le second servait de support au mur M6 sous lequel il se prolonge et était entaillé par la tranchée de pose du mur protohistorique M7 ;

54– 85 : niveau d’argile verte très homogène, qui fossilisait la surface du mur M10 sous‑jacent, de même orientation que M7 mais de largeur différente ;

55– 86 ; couche d’argile marron extrêmement charbonneuse ; les charbons amassés parfois sur 3 cm d’épaisseur se retrouvaient par endroits contre les pierres des murs environnants (M7 et M10) ; ce niveau se poursuivait, comme le suivant, de l’autre côté du mur M10 sur environ 0,20 m de long (incendie ?) ;

56– 87 : argile jaune violemment rougie et brûlée par la chaleur sur 1 à 2 cm d’épaisseur – l’ensemble prenant par endroits l’aspect d’une plaque‑foyer sans en avoir la continuité ;

57– 88 ; terre jaune granuleuse à l’ouest, plus argileuse et cendreuse à l’est, en contrebas des pierres du mur M7 ; dans cette zone : col et tessons d’amphore et de dolium enfoncés dans l’argile ; cette couche se prolongeait sous la base du mur M10 manifestement bâti à sa surface ;

58– 89 : niveau relativement épais de terre très noire et cendreuse, avec débris de faune ;

59– 810 : mince niveau granuleux, voire caillouteux, perceptible au sud comme au nord des fondations M10 mais largement en contrebas ; ce niveau recouvrait une terre très cendreuse et charbonneuse non fouillée en profondeur.

60Les trois derniers niveaux 88, 89 et 810 se dissociaient donc des bâtisses M17 et même M10 nettement ou sensiblement supérieures. Ils peuvent en revanche être mis en relation avec le mur profond M9 dont quelques pierres mal individualisables avaient été mises au jour au fond de la fosse 7’2 mais que la fouille élargie permit de mieux définir. Cette bâtisse fut arasée à la profondeur moyenne ‑1,75 m, soit à peine plus haut que le mur M11 qui lui fait face plus au nord : les variantes de tracé, de largeur et même de profondeur empêchent cependant d’établir une continuité entre ces éléments à peine dégagés en surface et, le second au moins, conservé seulement au niveau de ses fondations. une telle densité de structures laisse supposer que cette occupation dut se poursuivre jusqu’à l’extrémité de l’oppidum, bien au‑delà donc du rempart médiéval bâti au xiiie s. pour clôturer le site de Castelveyre, ce village médiéval dont l’étude serait certainement à reprendre sur ce point : acquis inattendu mais apparemment incontestable de ces fouilles.

61Il était évident par ailleurs que la conservation inégale des niveaux protohistoriques entraînait la présence de fortes dénivelées, à l’intérieur même de ce sondage comme par‑rapport au sondage I B proche (Cf. coupes schématiques I B 2‑4 et II 3‑1, placées dans la même orientation, fig. 32a et b). La véritable plate‑forme apparue au sud, dans la fouille II, sur une largeur de 3,40 m environ et à la profondeur moyenne -1,25 m/-1,35 m s’explique sans doute par la construction du mur M10 dont l’importance dut être grande : subdivisant de manière durable cet espace, il guida pour une longue période toute l’organisation de l’habitat en cette zone. Peut‑être en était‑il de même plus au sud ? Ainsi s’expliquerait le contraste observable avec le sondage I B où aucune des strates anciennes mises au jour ne fut découverte à un niveau aussi élevé. Et ceci même dans le secteur nord‑est où la présence des murs M10 et M5 bis entraînait la préservation d’un « socle » protohistorique particulièrement conséquent. L’on pourrait donc supposer que, ici encore, des substructions importantes et de direction est‑ouest aient existé –dont la survivance a guidé les aménagements ultérieurs. Il est particulièrement regrettable de ce point de vue de n’avoir pu fouiller la bande de terre large de moins de 2 m qui séparait les deux fouilles : sans doute s’y trouve‑t‑il la réponse à cette question comme à celles, nombreuses sur le plan monumental, que posa l’examen des niveaux plus tardifs. Quoi qu’il en soit, il reste infiniment probable que des constructions multiples aient existé en cette zone aux époques anciennes. Reliées sans doute par des ruelles ou d’étroits passages, elles déterminèrent bien des aménagements ultérieurs, dont l’aspect d’espace de circulation que prit ensuite la zone médiane incluse entre le sondage I B Nord et le sondage II au sud.

62La conservation même très partielle de ces niveaux fait mesurer également l’ampleur des dégagements effectués pendant l’Antiquité tardive dans ces zones où aucune couche d’abandon importante ne s’intercale entre les strates des diverses périodes. Le cas extrême fut sans doute atteint ici par les vastes fosses 7f2 et 7’2 ouvertes successivement dans la « plate‑forme » méridionale très argileuse. Leurs entailles profondes conduisaient à la mutilation de niveaux de plus en plus anciens (couches 15, 16, 17), très argileux et de teinte successivement rouge‑orange, brune puis rouge. L’on rejoignait ainsi, aux profondeurs moyennes ‑1,90 m/ ‑2,45 m, les cotes observées dans la fosse 6a, en I B Sud. Mais le phénomène se retrouve aussi dans l’aménagement de bon nombre des plus anciens sols de réoccupation, en I B comme en II. Il peut être intéressant de noter que ce nivellement général se retrouve également plus au sud dans la ville basse elle‑même, comme le montre un sondage effectué en liaison avec ces fouilles par Mlle Sylvie Grange en 1981 (Grange 1982). Continuant au nord les recherches entreprises par Mme Arcelin‑Pradelle dans le secteur MN11, S. Grange réalisa la fouille complète d’une vaste fosse (près de 5 m de diamètre) qui entaillait le sol du « monument à abside » (premier état) mis au jour en 1965 et 1966 par Henri Rolland et André Dumoulin. Le report des cotes (niveau zéro unifié) montre que l’excavation atteignit ici encore la profondeur ‑2 m alors que les premiers sols de la réoccupation se trouvaient, semble‑t‑il, au niveau ‑1,50 m / ‑1,60 m, soit à peine plus haut (0,25 m d’écart) que ceux observés à l’extrémité sud du sondage I B. une certaine continuité apparaît donc dans l’aménagement de tout ce terrain, réorganisé alors de façon unifiée et coordonnée aux dépens des strates protohistoriques les plus tardives. Sans doute faudrait‑il donc prêter une particulière attention à leurs vestiges, aussi ténus fussent‑ils comme dans la butte subsistant entre I B et II, afin d’arriver à mieux déterminer la période exacte d’abandon de ce grand oppidum, déserté ensuite pendant plusieurs siècles.

2.33 La première réoccupation : deuxième quart du ve s.

63phase ii

64L’absence de toute céramique datable des ierive s. –au contraire des quantités parfois impressionnantes de tessons protohistoriques résiduels– semble bien confirmer, ici comme dans les précédentes fouilles, la désertion du site jusqu’aux troubles du ve s. Les premières traces de vie ne reprennent en fait qu’à cette période. Mais contrairement aux données obtenues en I B, c’est au second quart du ve s. cette fois qu’il faut attribuer les premières strates de la réoccupation. Ténue et limitée, celle‑ci semble ensuite s’interrompre pour près d’un siècle, soit que la création du « quartier artisanal » entrevu en I B ait entraîné l’abandon partiel de ce secteur, soit que la rupture décelable au cours du début ou du premier tiers du vie s. dans les fouilles précédentes corresponde à une réalisation plus large : les deux causes peuvent en fait se conjuguer.

65Observés presque uniquement dans la moitié nord de la fouille, les vestiges de cette réoccupation restent fragmentaires. Les plus nets et les plus conséquents se lisaient à l’est (fig. 20c, d et 23). une structure importante, le mur M8, y était associée à des sols 77 et 78 contenant des céramiques claires D datables du tout début du ve s. (formes Hayes 61B et 73B). Le mur engagé sous la coupe n’était étudiable en façade que sur une longueur maximale de 1,80 m (fig. 22b). Celle‑ci était suffisante cependant pour déterminer les caractéristiques assez exceptionnelles de ce massif bâti avec un soin relatif, les grandes pierres d’angle visibles au sud étant liées au mortier. Ce mur amorçait en effet ici un retour vers l’est ; il pouvait donc correspondre à l’angle d’une construction –habitation ou local fonctionnel– qui devait se poursuivre largement vers le nord. Sa durée resta cependant limitée et la fouille montra bien que, dès le milieu du vie s., cette bâtisse probablement abandonnée précocement était détruite dans sa majeure partie : elle fut alors transformée et réutilisée de manière sommaire avant que la construction du rempart médiéval tout proche n’achève la destruction de l’ensemble.

FIG. 22a sondage II : l’amphore en place dans la fosse 7f2 en contrebas du mur M4 ; b sondage II : à gauche, le massif M8 repris en surface et la construction M5 recouverte partiellement par les murs M4‑M1 (tranchés comme le massif M8 par le rempart médiéval visible en bas et à gauche du cliché) ; au premier plan, le massif M12 recouvert encore partiellement par le mur M2 et entaillé à droite par la fosse 6e ; entre ces constructions, l’aménagement du passage inscrit entre les habitations avec les dalles plates de surface en place ; c sondage II : dans le passage, la structure en hémicycle, après enlèvement des dalles de surface

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

66L’étude des fondations et des sols environnants apportait d’autres enseignements. Atteignant au sud la surface des niveaux protohistoriques ou s’y engageant (tranchée de pose large de 10 cm au maximum), les premières recoupaient aussi le niveau 78 probablement de très peu antérieur à leur mise en place. Le sol supérieur 77 butait en revanche de façon continue contre le bâtiment et doit donc lui être associé. Il en est de même des sols 78 à 711’ découverts plus au sud, dans la butte subsistant entre les fosses 7f2 et les substructions très arasées du mur M5 plus tardif : la volonté de laisser en place ces vestiges empêcha de vérifier plus concrètement cette continuité que tout –pendage et faciès de ces niveaux comme matériel en place– semble cependant bien indiquer. un indice complémentaire était d’ailleurs fourni sur ce point par le creusement de la fosse 7f2b qui, à la fin du ve ou au début du vie s., entailla définitivement et simultanément ces strates, seuls témoins en cette zone sud de l’extension de la première réoccupation.

FIG. 23 – Sondage II : les traces de la réoccupation du V° s. et la fosse 7f2b

M. Rodot del

67Il semble possible de rapprocher de cette époque les sols 7k et 7l visibles au nord‑ouest de la fouille (fig. 23) dans toute la zone déprimée qui s’étendait jusqu’au contact du mur M10 (fig. 18b, 19b, 20a, 21a, 21b). En l’absence de matériel vraiment signifiant (sigillées claires sans forme déterminable, mise à part une Hayes 196), ce sont ici les seules données stratigraphiques qui peuvent aider à cette interprétation, par les continuités observables comme par les oppositions ou les ruptures qui se manifestent avec les strates postérieures. Le niveau le plus ancien (7l) correspondait apparemment au temps de la réoccupation, au contact même des couches protohistoriques fortement décapées en surface. Ce nivellement, en pendage régulier d’est en ouest, semble n’avoir été arrêté que par la mise au jour des substructions du mur M11 et du drain plus ancien, peut‑être réutilisé alors. Le sol de terre brune compacte, qui présentait par endroits des traces de cendres ou même de feu, se prolongeait sous les pierres plates amassées près d’un massif mural M12 découvert au centre de la fouille et donc certainement postérieur (fig. 17b et 23).

68Ce dernier paraît en revanche correspondre à l’époque de mise en place du sol suivant, 7k, auquel il est lié. Cette couche de terre argileuse compacte et dure, damée même dans la partie centrale de la fouille, se prolongeait dans toute la zone nord jusqu’au contact du massif M12 ; elle semblait bien rejoindre à l’est la couche 77 dont elle était cependant séparée par un éboulis de destruction difficilement étudiable dans l’espace étroit où il fut découvert, au pied du rempart médiéval. Les aménagements centraux étaient en revanche mieux observables. Il est possible que le drain ancien, dont la surface fut découverte à ce niveau, ait été alors reconnu sinon utilisé : rien dans son comblement fait de terre fine et stérile ne permet de le savoir. Mais c’est sûrement à cette époque qu’il convient d’attribuer la création du massif M12 qui le recoupa au sud (fig. 17b et 23) : massif d’angle peut‑être, composé de très gros blocs de pierre parfois presque cubiques (0,40 x 0,35 x 0,40 m) enfoncés profondément dans le substrat jusqu’à rendre toute circulation d’eau impossible. Ce massif parementé assez régulièrement au nord et à l’est prenait appui au sud contre la butte enfermant les vestiges du mur M10. Il était en revanche trop détruit vers l’ouest (fragment de meule dans les décombres) pour qu’il fût possible d’y reconnaître vraiment l’amorce d’une construction de direction est‑ouest, probable cependant. Sans aucune trace de mortier de liaison et constamment repris en élévation, ce massif reste ainsi de fonction quelque peu incertaine malgré sa position centrale et son implantation parallèle à celle du mur M8 auquel il serait tentant de l’associer.

69Malgré leur caractère discontinu, les données obtenues ainsi ne sont pas sans intérêt. Par leur précocité même qui pose problème face aux niveaux plus tardifs observés en I B. Par leur structure qui, après un temps de nivellement et de nettoyage du sol, comporte une phase de construction apparemment non négligeable mais dont on aimerait pouvoir situer l’extension réelle : s’agit‑il en effet d’une implantation isolée ou, au contraire, du témoin d’une réoccupation plus dense et qui pourrait s’étendre à toute la ville basse, jusqu’au rempart hellénistique peut‑être alors déjà repris en élévation ? La brièveté apparente de cette phase surprend cependant, en ce cas. Et l’on pourrait s’étonner qu’après un tel effort de construction il faille attendre près d’un siècle pour constater une nouvelle évolution de cette zone restée à l’écart de la phase « artisanale » perçue plus au sud dans la fouille précédente.

2.3.4 La réorganisation du début du vie s.

70phases iv‑v

71Comme en I B et peut‑être un peu plus précocement, la première moitié du vie s. marque ici une période de grande activité. Elle se traduit par de multiples transformations dont les vestiges s’enchevêtrent en fonction des cloisonnements qui structurent bientôt tout l’espace. Zones nord, sud et est deviennent ainsi des réalités à la fois complémentaires et parfois contradictoires, au moins en apparence. Si les deux premières purent être fouillées assez largement, l’exiguïté de l’espace oriental inscrit entre de multiples bâtisses en rendit l’interprétation parfois délicate malgré l’agrandissement limité qu’il fut possible de donner à la fouille dans le secteur.

TABL. III – Sondage II, fosse 7f2b : répartition des catégories et types de céramiques, par formes identifiées.

2.3.4.1 Première étape : la fosse 7f2b et les niveaux contemporains

72La première manifestation de cette deuxième réoccupation comprit, ici encore, le creusement d’une vaste et profonde fosse 7f2b (fig. 18a, 20c, 20d, 23). Découverte dans la partie sud‑est du sondage sous des entailles postérieures, elle constitue l’un des meilleurs exemples de ces grandes cavités alors démultipliées sans que la raison en apparaisse très clairement : recherche d’argile sans doute tout autant, sinon plus, que souci d’assainissement certes concevable mais bien peu évident à en juger d’après l’état des sols en place. L’excavation, fouillée seulement en partie (prolongation sous la coupe sud), était de grandes dimensions avec un tracé sinueux assez surprenant mais qui peut correspondre à des agrandissements progressifs et rapides. Sa profondeur, réduite vers l’est, atteignait jusqu’à 1,20 m au sud‑ouest avec une paroi très verticale qui épargna de justesse la plaque‑foyer protohistorique 8a immédiatement contiguë et désormais en surplomb au‑dessus de la fosse. Vite transformée en dépotoir, la cavité fut comblée par des apports très divers. Des débris de matériaux de construction (pierres, tegulaé) s’accumulaient contre les parois nord‑ouest et sud, comme jetés du nord vers le sud. A l’est et au sud‑est, c’étaient au contraire les déchets domestiques qui prédominaient, atteignant leur pleine épaisseur au centre de la fosse. Plusieurs faciès étaient distinguables, la fosse ayant été comblée d’abord par une terre brune charbonneuse mêlée d’objets divers, puis par un dépôt d’algues jaunes formant litière, vite recouvert par des amas de coquillages (huîtres et peignes prédominant) associés à des concentrations de cendres presque pures. une couche cendreuse et charbonneuse, très riche en céramiques parfois archéologiquement entières, se surajoutait, bientôt recouverte elle‑même par des apports de terre, brun clair d’abord et assez pauvre, puis brun foncé avec des charbons épars et un matériel très abondant.

73L’intérêt du matériel retrouvé dans ces niveaux de comblement était bien évident. Par sa représentativité, son abondance et son état de conservation tout à fait exceptionnel dans ces fouilles d’abord. 2 590 tessons (tabl. III) furent ainsi découverts, dont de multiples céramiques de table/ou de cuisine (149 sigillées claires D, 102 DS.P., 320 céramiques communes grises) et 1 212 fragments d’amphores. Ils étaient associés à de très nombreux déchets alimentaires (dont 1 645 coquillages et 350 éléments de faune) alors que le verre restait curieusement rare (quelques pieds de forme Isings 111 et quelques rebords) et le métal presque totalement absent suivant une sélection typique de ce site. Par sa chronologie ensuite. La position stratigraphique de cet ensemble relativement clos et surtout bien individualisable en faisait un témoin privilégié d’une période que, au vu des découvertes antérieures, l’on aurait pu croire assez ancienne. L’analyse de l’ensemble des données démontrait cependant, et de façon incontestable, que cette fosse n’avait pu être comblée qu’à partir de la fin du ve ou du début du vie s. (apparition de claires D, forme Hayes 91C ; présence de très petites monnaies de bronze coulées, en usage aux mêmes périodes). Point important que celui‑ci : il conduisait en effet à rapprocher cette fosse des réaménagements du début du vie s. –ce secteur reproduisant ainsi jusque dans ses principales étapes l’évolution déjà constatée dans le sondage I B.

TABL. III – Sondage II, fosse 7f2b : répartition des catégories et types de céramiques, par formes identifiées.

74Très vite cependant, une véritable organisation de l’habitat apparaissait. Peut‑être faut‑il rapprocher de l’époque de création de la fosse les niveaux 7j et même 7i découverts au nord et à l’ouest, au‑dessus des sols 7k et 7l antérieurs (fig. 18b, 19a et b, 20a, 21a et b, 24). L’hypothèse est très probable pour la couche 7j, assez épaisse en particulier à l’ouest où elle formait comme un remplissage d’égalisation du sol avant la pose d’un petit foyer (dans le secteur B6) : semblant être le témoignage d’un temps de réaménagement de l’espace, elle s’intercalait dans la zone centrale de la fouille entre les niveaux anciens et les structures postérieures, et rejoignait peut‑être plus à l’est la couche 77, comme elle incluse sous le mur M4 plus tardif. Si tel était bien le cas, ces deux niveaux de faciès assez semblable et conservés à la même profondeur correspondraient donc au temps de la réoccupation et précéderaient de très peu la mise en place de multiples bâtiments. Le niveau de transition 7i y était plus nettement associé (fig. 24). Ce sol argileux et mince, dur, blanchâtre et très compact, faisait penser à une couche de travail. Visible sur l’ensemble des zones centrales et nord‑ouest, il entourait des alignements de pierre formant comme un double emmarchement semi‑circulaire au‑dessus et autour des vestiges de l’ancien mur M12 ; il butait à l’est contre un cordon de pierre en hémicycle qui délimitait la fin de la zone orientaie 76 probablement très proche dans le temps. Atteinte en surface par la base de la fosse 7b et traversée par la fosse 6e, au nord et à l’ouest, la couche 7i butait aussi au sud contre les restes du mur M10 et les sols associés encore visibles en surface : elle se liait ainsi aux strates antérieures 7j et même 7k et 7l, avant la grande période de reconstruction qui ne tarda pas à se manifester.

75S’il est regrettable que les huit monnaies retrouvées dans ces strates 7j et 7i n’apportent pas de véritables indications chronologiques (petits bronzes utilisés fin vevie s. et monnaies antérieures), le matériel associé renvoie bien à la première moitié du vie s. L’évolution devait être ensuite rapide comme le montrent les épisodes successifs d’aménagement.

2.3.4.2 Les premières constructions

76Les premiers travaux concernèrent la murette M5 découverte au centre et à l’est de la fouille (fig. 18b et 24). De direction est‑ouest, cette bâtisse assez large mais apparemment légère (fondations faites de petits blocs de pierre et de cailloutis sans mortier) reprenait grossièrement le tracé du mur M10 bien antérieur (fig. 22b) : elle s’intercalait ainsi entre la profonde fosse 7f2b et la zone d’habitation située plus au nord dont elle marquait en quelque sorte la limite. A l’ouest, cette murette prenait appui sur deux longs fragments d’une pierre de seuil en réemploi et s’interrompait à cet endroit, recoupée par les constructions plus tardives M2 et M6. Au nord‑est, sa tranchée de fondation était bien visible à l’est clans le sol 7’5 (où se retrouvaient des céramiques attribuables aux années 540 et suivantes) : large d’une trentaine de centimètres, l’entaille était comblée par un agglomérat de petites pierres, avec une coulée de mortier à la base. Malgré son arasement, ce mur ‑ le premier de cette époque élevé en cette zone ‑ put avoir un rôle de structuration de l’espace important. La présence dans son environnement immédiat, au sud comme au nord, de sols chaulés ou sommairement dallés 7e1 (fig. 17a et b) implantés parfois au‑dessus de structures protohistoriques remises à jour, confirme un souci d’aménagement réel, qu’il s’agisse de la zone –peut‑être de circulation– méridionale ou du secteur nord plus habité.

77Bientôt de nouveaux changements avaient lieu. La construction du mur M4, à l’est, constituait la première tentative d’implantation d’un grand bâtiment dans cette zone (fig. 17a et 24). De tracé légèrement oblique (vers le nord‑ouest), ce mur amorçait au sud un net retour vers l’est et se prolongeait sous la coupe. Sa création entraînait l’annulation du mur primitif M8 dont seules les pierres d’angle furent conservées en élévation. Il en fut de même de l’ancienne bâtisse M5 devenue inutile : ses restes arasés furent bientôt recouverts par un niveau d’égalisation du sol 7dl qui, formé de terre brune souple incluant quelques fragments d’amphores et de sigillées claires D posés à plat sur sa surface, se poursuivait jusque sur l’ancien sol chaulé 7el, ainsi fossilisé en même temps que les restes du mur M5. De nouveaux sols d’occupation apparurent en liaison avec la nouvelle construction. A l’intérieur même du bâtiment M4, les couches 72‑74 et, au sud, 7a1 peuvent encore correspondre à cette période d’utilisation. A l’extérieur, au sud, de minces et régulières passées de sol (couche 7n cendreuse et fine, 7m brun clair, 71 très sombre et même noire, 7k avec charbons de bois épars) recouvrirent la surface de l’ancienne fosse 7f2b, bientôt cependant largement reprise en surface.

FIG. 24 – Sondage II : la maison M4 et les aménagements de la première moitié du VIe s.

M. Rodot del

78La création de deux nouvelles fosses 7f2a et 7f2 ne tardait pas en effet à perturber profondément ce secteur (fig. 18a et b, 20d, 24). Imbriquées l’une dans l’autre, elles durent se succéder rapidement. Leur creusement était facilité par le caractère relativement meuble de tout ce terrain déjà entaillé et recomblé peu de temps auparavant, au contraire de la compacité des sols protohistoriques environnants. Ainsi s’explique la reprise apparemment fidèle des parois de l’ancienne fosse 7f2b dans tous les espaces laissés libres par la construction M4. La première de ces fosses (7f2a) était plus longue que large, au moins dans le sondage : son extension sous la coupe sud est en effet certaine. Relativement peu profonde (0,60 m à peine), elle fut comblée par un amas de pierres plus ou moins blutes et souvent de grandes dimensions, qui provenaient peut‑être de quelque niveau de destruction antérieur. Le matériel inclus dans la terre interstitielle se rattachait en effet entièrement à la première moitié ou plutôt au deuxième quart du ve s. : il tranchait ainsi nettement avec les strates environnantes et inférieures toutes plus tardives. Cette inclusion une fois faite, un nouveau recreusement 7f2 fut effectué ; limité à la partie ouest de la fosse 7f2a, il comprit le dégagement des plus gros blocs de pierre et, dans l’espace ainsi libéré, l’insertion d’une amphore (malheureusement sans pied et sans col) enfoncée verticalement dans le substrat (fig. 18b, 22a), Le comblement de cette microfosse fut réalisé en plusieurs temps. En profondeur, une couche de terre brune, fine et meuble entourait le récipient et se poursuivait jusque sur les pierres environnantes à l’est, ceci indiquant bien la succession des aménagements ; la même terre, cette fois d’infiltration, pénétra dans l’amphore par ses cassures, allant jusqu’à la combler presque totalement (faciès c). Après l’abandon, celle‑ci fut recouverte par un mince niveau de terre brun sombre qui en masquait l’ouverture (faciès b). En surface, une couche de terre brun clair plus ou moins cendreuse et assez épaisse masquait l’ensemble (faciès a).

79Cette curieuse installation devait être ensuite, comme la fosse précédente, fossilisée par la mise en place du niveau 7a1 qui recouvrit à peu près toute la partie sud du sondage. Comportant les restes d’un petit foyer 7a 1’ à sa surface, presque à l’aplomb de l’ancienne dalle‑foyer ainsi pérennisée, ce sol de passage se retrouvait même, sous un faciès à peine différent, à l’intérieur du bâtiment M4 bientôt partiellement abandonné. Mais d’autres constructions étaient apparues au nord‑ouest, qu’il reste maintenant à examiner.

2.3.4.3 Le bâtiment nord‑ouest et son environnement

80Restée apparemment peu structurée lors des étapes antérieures, sinon par la reprise plus ou moins sommaire des vestiges protohistoriques et la création du mur de clôture M5, la zone nord‑ouest de la fouille formait un espace relativement vaste et suffisamment homogène pour qu’une habitation put s’y implanter. Ce fut chose faite, semble‑t‑il, dès le milieu du vie s. avec la mise en place d’un bâtiment nouveau : grossièrement parallèle aux structures M4 mais décalé vers le nord, il prenait appui sur les bâtisses protohistoriques anciennes, en modifiant cependant quelque peu le tracé et la structure (fig. 25). Si la force du réseau primitif de construction reste ainsi remarquable, il en fut presque de même par la suite malgré la légèreté apparente des murs. Compte tenu de ces constantes reprises, il serait ainsi difficile ou aléatoire d’affirmer la présence de cette étape d’aménagement de l’espace si de multiples sols d’habitat n’avaient été découverts ; l’examen attentif de leur jonction avec les bâtiments environnants permet de restituer le tracé des constructions qui s’élaboraient alors, bientôt recouvertes ou détruites par les aménagements ultérieurs.

FIG. 25 – Sondage II : le bâtiment nord‑ouest et son environnement

M. Rodot del

81Limitée au sud et à l’est par les murs M6 et M2‑M2’, la nouvelle maison était séparée du bâtiment M4 par un étroit couloir de circulation, large de 1,20 m à peine (fig. 25). Elle se poursuivait certainement au nord et à l’ouest. Les multiples éboulis de destruction retrouvés dans ces zones peuvent d’ailleurs résulter de la mise à bas des murs latéraux ou mitoyens qui durent fragmenter cet espace. Seul un secteur de 16 m2 environ de cet îlot d’habitation put ainsi être étudié : espace suffisant cependant pour tenter d’en restituer l’évolution. L’implantation des murs M6 et M2 marque la première étape, certainement très proche dans le temps de la création du bâtiment M4. Comme celui‑ci en effet, la nouvelle bâtisse impliquait l’abandon du mur de clôture M5 et des aménagements qui y étaient associés ; l’examen du matériel inclus dans les sols d’occupation, ici très bien stratifiés, confirme encore cette hypothèse. Il est certain en revanche que bien peu subsiste de ces nouveaux murs. Le mur M6 en particulier, bâti au sud au‑dessus du mur M10, ne tarda pas à être repris en élévation avant d’être profondément détruit, comme la bâtisse supérieure M3’, par le creusement d’une fosse 6e attribuable à l’époque de destruction et de transformation du dernier tiers du vie s. Seuls restent visibles ainsi quelques fragments d’une assise en place (fig. 19a et 21b). Plus étroite que celle du mur protohistorique sous‑jacent, elle se trouve aussi en léger décalage par rapport à la bâtisse plus tardive ; les tranchées de fondation de ces deux constructions s’individualisent en outre nettement. A l’est, un bloc de pierre très épais et presque cubique marquait la jonction de ce mur avec la construction M2, de direction nord‑sud.

82Celle‑ci prenait appui sur les vestiges de l’ancien massif M12 et des emmarchements postérieurs. Large en moyenne de 0,60 m, comme le mur M6, cette nouvelle bâtisse bientôt reprise en surface présentait des pierres de parement relativement importantes, complétées par un blocage interne fait de blocs de petit module mêlés à un mortier de chaux extrêmement pauvre. Elle dut se poursuivre plus au nord où subsistait une véritable tranchée d’arrachement de mur : elle forma ainsi une véritable séparation entre les sols d’habitat, à l’ouest, et de circulation dans la ruelle centrale. Mais, si cette discontinuité fut bien apparente à la fouille dès la mise en place des sols 7f et 7g (7h seul correspondant sans doute à l’époque de création du mur et se poursuivant jusque dans l’espace‑rue), la destruction quasi totale de la bâtisse jusqu’au lit de fondation empêchait de vérifier plus concrètement ce point et de savoir si une porte n’avait pas été établie dans ce secteur afin de relier la maison à la ruelle. Il est certain cependant que le souvenir et la nécessité de cette séparation se perpétuèrent puisque, après une première période de destruction, une nouvelle murette M2’ fut élevée au même emplacement au‑dessus de la couche 7a (fig. 21b et 25).

83A l’intérieur même de l’habitation, des sols réguliers et continus 7g à 7c se succédèrent alors rapidement. Leur présence atteste un entretien et un nettoyage réels de l’espace ainsi créé (fig. 19a et b, 20a, 21a et b, 25). Les premières recharges de terre 7f et 7g se firent, parfois par endroits, au‑dessus du sol continu 7h déjà mentionné, qui semblait plus être un niveau de travail que de véritable occupation. Au nord‑est du sol 7e, visible sur l’ensemble de la pièce, un trou de poteau avait été creusé : la fosse de 0,23 m de diamètre était comblée de terre marron qui tranchait sur l’aspect du niveau environnant, tacheté de nombreuses particules ocres, orange et jaunes (safre). Ce sol enrobait le soubassement occidental du mur M2 certainement en place à ce moment. Un foyer 7e’ avait été organisé à sa surface, dans le secteur AB/5‑6, au‑dessus d’une microfosse remplie de débris de calcaire, de céramiques calcinées, de scories de fer et de déchets alimentaires (écailles et vertèbres de poissons, quelques coquillages, des légumineux : haricots ?). Mais l’aménagement le plus beau fut sans conteste le sol 7d immédiatement supérieur (fig. 25 et 29a). La pose d’une couche d’argile mince (2 à 6 cm d’épaisseur) mais compacte et très tassée, jaunâtre et mêlée de petites particules rouges, permit l’établissement d’une surface très lisse et régulière qui s’individualisait nettement. Recouvert par endroits de charbons et de cendres épars, ce niveau se poursuivait de façon continue dans tout l’espace dégagé inclus entre les murs M2‑M2’ et M6 jusqu’aux coupes ouest et nord sous lesquelles il se prolongeait. Deux fosses postérieures le recoupèrent cependant successivement : la première au nord (fosse 7b), la seconde au sud (fosse 6e) ; leur présence atteste les destructions et les mutations qui n’allaient pas tarder à se produire dans ce secteur. Le dernier sol en place de cette phase est ainsi le sol 7c découvert à la profondeur moyenne de ‑1,38 m. Peu nettoyé et formé de terre brun‑jaune plus ou moins épaisse, il contenait un matériel relativement abondant (dont près du mur M2 les restes d’une amphore, col et partie haute, écrasée sur place, d’un type apparu au plus tôt dans la première moitié du vie s., ainsi que la base d’une seconde enfoncée verticalement dans le substrat jusqu’au sol 7d). Entaillé par la fosse 7b et les aménagements qui en dépendaient, ce sol fut recouvert et perturbé en surface par l’amas de destruction 7’ qui se déversa à certains endroits directement sur lui (nombreuses tegulae fragmentées et écrasées à la surface du sol, sous les gros blocs de pierre).

84Sans doute peut‑on regretter que les onze monnaies découvertes dans ces niveaux d’occupation (dont huit en 7e et dans le foyer 7e’) n’apportent pas d’indices chronologiques plus clairs –toutes étant des petits bronzes coulés en usage à la fin du ve et au vie s. Les céramiques associées précisent cependant quelque peu l’interprétation et permettent d’attribuer ces rapides recharges de sol au milieu du vie s. Il en est sans doute de même de l’espace de circulation contigu où, ici encore, plusieurs strates apparurent successivement.

85Cette ruelle inscrite entre les constructions M2 et M4 présentait un pendage assez accentué du sud vers le nord en fonction du substrat antérieur. Malgré sa faible largeur (1,10 m à 1,20 m), sa fonction de passage était alors certaine et la déclivité dut être régularisée. La pose de multiples blocs de pierres plates permit de former comme un dallage discontinu, en escalier, rechargé plusieurs fois. Certains de ces blocs furent, à l’origine, calés avec soin au‑dessus de véritables murettes en pierre sèche au tracé semi‑circulaire en fonction de la pente : le remplissage de la cavité médiane était alors fait de terre fine et meuble sans mobilier (fig. 22b et c). La plupart étaient associés ou recouvraient directement les sols de circulation successifs sur lesquels avaient été abandonnés des céramiques ou amphores écrasées sur place et des déchets divers. Le sol 7dl (fig. 25) est un bon exemple de ces aménagements temporaires, vite exhaussés en fonction des nécessités. Des transformations aussi : l’entaille réalisée dans ce niveau, à l’est, par une mince tranchée de fondation montre que, peu après sa mise en place, une mutation se produisait. Elle allait conduire, après une phase de destruction, à une réorganisation de l’espace marquée par la constiuction de nouvelles bâtisses, dont le mur M1 élevé au‑dessus de l’ancien bâtiment M4.

2.3.5 Première destruction et réaménagement : vers 560‑580

86phase vii

87Comme dans les fouilles I B, un temps de destruction apparaît ici. Episode apparemment violent et rapide, presque tous les murs étant touchés successivement. Il n’empêche pas une réoccupation qui, encore assez soignée dans sa première phase, tendit ensuite à devenir de plus en plus sommaire en une évolution significative. Les premiers signes de cette mutation apparurent peut‑être au nord‑ouest, dans l’ancien bâtiment M6‑M2. Son écroulement au moins partiel était bien apparent. La formation de l’amas de destruction 7’ (fig. 19a et b, 20a, 21a, 26) signale à tout le moins l’annulation d’un mur important situé à peu de distance de la fouille, à l’ouest. Peut‑être décoré d’enduits muraux, celui‑ci dut être bâti avec de grands blocs calcaires taillés plus ou moins régulièrement en parallélépipèdes allongés (dimensions fréquentes : 0,30 x 0,20 x 0,15 m, mais parfois le double). Mêlés à de la terre brun foncé très charbonneuse, à des tuiles à pâte rose ou orange’ et à quelques fragments d’enduits, plus nombreux à la base de l’éboulis, ces blocs se retrouvaient entassés sur plus de 3,50 m de long et 0,50 m de haut vers la coupe ouest ; leur amas encore très visible au nord s’amincissait ensuite progressivement vers le centre de l’ancienne pièce au‑dessus des sols 7c et 7d. La découverte d’un peu de matériel en surface marquait la fin de cet épisode qu’accompagnaient d’autres transformations.

88C’est en effet de cette période qu’il faut dater la petite fosse 7b découverte partiellement au nord de la fouille. Creusée d’est en ouest d’après le pendage des parois et du remplissage, elle contribua à la destruction de la partie nord du mur M2. Son comblement, fait de terre noirâtre mêlée de charbons épars, pierrailles, tuiles, os et déchets divers, dut être rapide : le niveau 7a qui la scella semble correspondre à une phase au moins temporaire de réaménagement du site, Cette couche de terre très argileuse, compacte et dure, formait un bombement accusé, bien visible en particulier à l’est. Elle recouvrait alors de larges dalles de pierres plates qui peuvent avoir appartenu, bien que déplacées, à la suite de « l’empierrement » de la ruelle proche. Formant ainsi un socle très stable, ce niveau servit de support à la petite murette M2’ dont seules subsistaient les pierres de fondation (petits blocs plus ou moins liés à l’argile) (fig. 26). Reprenant le tracé de l’ancien mur gouttereau de la maison mais après une crise et un écart de temps réels, cette structure matérialise un essai de réoccupation dont les traces se retrouvent plus largement ailleurs.

FIG. 26 – Sondage II : les destructions et réaménagements du milieu du VIe s.

M. Rodot del

89Il semble en effet que, malgré les amas de destruction, l’on ait alors tenté une réorganisation au moins sommaire de l’habitat dans tout ce secteur. En en modifiant le plan cependant et, peut‑être, en réduisant le nombre de bâtiments autonomes. Dans cette optique, toute la zone nord‑ouest de la fouille pouvait devenir une simple annexe de l’ancienne maison M4 alors assez complètement rebâtie. Il suffisait pour cela de cloisonner la ruelle et de restaurer le mur sud primitif pour parvenir à créer un ensemble utilisable relativement cohérent et, sans doute, réuni par des portes au nord. C’est ainsi que peut s’expliquer la création des murs M3 et M3’ au‑dessus de la rue et de l’ancien mur M6 alors détruit. Ici encore, bien peu subsiste du second, très fortement entaillé et remanié par la fosse 6e et les reprises postérieures (fig. 19a et 27). Mais le mur M3, en position surélevée, paraît avoir eu une durée de vie plus longue : sommairement lié aux bâtisses nouvelles et au mur M2 alors repris en élévation, il délimitait en effet un espace vite utilisé à des fins économiques.

90L’examen des sols conservés dans l’ancien passage fut sur ce point éclairant. La fouille du niveau 7dl (fig. 25) avait déjà montré et la continuité de cette couche au sud, et l’entaille causée par une mince tranchée de fondation latérale le long de la bâtisse M4 alors reprise en élévation (création du mur M1). Cette tranchée profonde de 0,20 à 0,30 m avait été comblée par de petites pierres placées plus ou moins verticalement : véritable bourrage fossilisé en surface par la création d’un foyer plus tardif 7c1 (fig. 26). Celui‑ci fut aménagé dans l’angle formé par les nouvelles constructions M1 et M3 : il témoignait donc bien de ce temps de transformation. L’amas de cendres blanches et de charbons, épais de 6 cm environ, comblait une petite fosse creusée à cet effet clans les niveaux antérieurs presque jusque sur le hérisson de tuiles ou de fragments de dolium plantés de chant retrouvé en 7e1 (fig. 24). A l’est, des cendres se poursuivaient jusqu’au contact du mur M1. Il en était de même du matériel associé, en profondeur (nombreuses coquilles d’huîtres, quelques fragments d’amphores et de sigillées claires D) comme en surface où coquillages et tessons présentaient des traces de brûlures.

91Il était donc évident que, dès cette époque, une reconstruction étendue et rapide avait été effectuée au sud comme à l’est. Après sans doute une destruction notable : la petite tranchée découverte près des substructions M4 paraît en effet signaler plus une vérification de leur solidité après un arasement peut‑être général qu’une reprise en profondeur. Mais le travail fut alors assez important pour que soit adopté le principe d’une réorientation. Même légère, celle‑ci pouvait faciliter l’utilisation de l’espace médian nouvellement créé. Elle entraînait cependant un décalage des bâtisses. Le mur M1 solidement lié au mortier de chaux se trouvait ainsi en porte‑à‑faux par rapport à ses « fondations », et sa liaison avec les parties conservées en élévation du mur M4 –dont le retour vers l’est– fut certainement délicate à réaliser. Très réduite, cette zone restait malheureusement difficile à étudier : seules l’extension vers l’est de la fouille dans le secteur G/1‑3 et la continuité des constructions et des sols permettent d’affirmer réellement l’usage de cette portion du mur à cette période.

92A l’intérieur même de la bâtisse M1‑M4 ainsi reconstruite, la stratification des sols était en effet significative. Le niveau 71, plus épais au sud qu’au nord, butait contre et recouvrait les dernières pierres du mur M4 saillant à l’est sous le parement de la nouvelle construction (fig. 26). Correspondant sans doute au temps de l’abandon, il fut fossilisé par la couche d’occupation 6 à la surface de laquelle furent retrouvés de nombreux tessons posés à plat. Au sud cependant, cette couche masquait un niveau de destruction 7al (tegulae brisées, cailloux épars, etc.) conservé sur 1,20 m de long près du retour du mur M4. Il semble donc que la phase de transformation ait bien eu lieu entre la création de ces divers niveaux : traces ténues mais réelles d’une évolution que le matériel associé permet d’attribuer avec vraisemblance aux années 560 et suivantes.

93L’espace sud subissait lui‑même de nouvelles transformations. La plus spectaculaire consista en la création d’une nouvelle et vaste fosse 7’2 (fig. 18a, 19a et b, 25, 26). Inscrite dans le secteur sud‑ouest de la fouille et le débordant, cette fosse put atteindre à l’ouverture un diamètre de 2,50 m à 3 m, au minimum, pour une profondeur moyenne de 0,60 m. Le fort cubage de terre très argileuse ainsi extrait mutilait gravement les strates protohistoriques ; il conduisait aussi à la mise au jour de plusieurs murs de cette époque dont les vestiges en place contribuèrent peut‑être à l’arrêt du creusement ou, au moins, à la modification de son tracé. Le profil de la fosse présentait ainsi des ressauts significatifs au‑dessus des grands blocs de pierre partiellement dégagés ou arrachés en surface. Le comblement de la fosse se fit lui‑même par étapes successives mais vraisemblablement très rapides. Il s’agissait essentiellement mais non uniquement de débris de matériaux de construction rejetés depuis l’ouest et, dans une moindre mesure, du sud. Les variantes de pendage, de nature et de densité des dépôts permettent de suivre ce travail. Celui‑ci commença par la formation d’un véritable amas central (double déversement) de gros blocs de tuf mêlés à de plus petites pierres calcaires et à des tegulae et imbriCes abondantes, le tout accompagné d’un dépotoir riche en céramiques et amphores (801 tessons dont la moitié provenant d’amphores, 19 sigillées claires D, 30 DS.P., etc.) ; cet amas était ennoyé à sa base dans la terre plus fine provenant, semble‑t‑il, des dépôts anciens remaniés (faciès 5 et 6). Au‑dessus, le déversement de pierrailles et gros blocs de pierre (tuf et calcaire) se poursuivit, mêlé encore à des os de gros mammifères et à un matériel assez abondant, dont deux monnaies (faciès 4). Les dépôts supérieurs (faciès 2 et 3) étaient faits de plus petites pierres et de rares tegulae : ces niveaux presque stériles comblaient la partie haute de la fosse bientôt recouverte par un dernier amas de pierrailles qui formait un bombement au‑dessus de l’excavation et se répandit jusque sur la surface du sol environnant (faciès 1).

94La découverte au cœur même de cet ensemble, dans le niveau 4, de monnaies attribuables au début du vie s. ne fixe qu’indirectement la chronologie de ce dépôt qui ne peut être antérieur, d’après la stratigraphie, aux années 560 et suivantes. Tranchant en effet le niveau 7a1 et vite recouverte par l’épaisse couche 7, peut‑être d’abandon ou de régularisation de ce sol alors de passage, la fosse 7’2 semble bien constituer l’un des derniers épisodes de cette première phase de crise et de transformation. Elle peut être contemporaine ou de peu postérieure à l’amas de destruction 7’ retrouvé plus au nord. Et, comme ce dernier, elle signale sans doute, après une forte occupation et une grave crise, un effort d’organisation sommaire au milieu des ruines repoussées ou enfouies à grand‑peine, peut‑être après une nouvelle quête d’argile nécessaire à la reconstruction de quelques bâtisses. Nettement différenciable ainsi, dans le temps comme dans l’espace et la stratigraphie, des anciennes fosses 7f2b‑7f2a toutes proches qui ouvrirent ou scandèrent la période de la réoccupation une génération auparavant, elle marque un tournant dans cette histoire discontinue, scandée bientôt par de nouvelles difficultés.

2.3.6 Nouvelles destructions et réfection sommaire : fin du vie s.

95Très vite peut‑être, l’essai de réorganisation tenté ainsi fut annulé au moins partiellement. Le phénomène ne toucha pas tant les bâtiments M1‑M4 et M2‑M3, construits relativement solidement et restés toujours occupés, que l’espace occidental soumis à de profondes perturbations (fig. 27, 28).

FIG. 27 – Sondage II : l’occupation de la fin du VIe s.

M. Rodot del

FIG. 28 – Sondage II : les vestiges de la fin du VIe s. et du début du VIIe s.

M. Rodot del

96Au nord‑ouest, de nouvelles destructions eurent lieu en effet, cette fois décisives. Tout l’espace subsistant entre les murs M2‑M3’ fut ainsi presque entièrement comblé par un nouvel éboulis de destruction 6’ : se superposant à celui retrouvé précédemment dans le même secteur (niveau 7’), il l’ennoya et forma un amas particulièrement compact au centre de l’ancienne pièce désormais totalement inutilisable (fig. 19a et b, 21a, 27). L’important cubage des blocs de pierre et des tuiles ainsi accumulés dut correspondre à la ruine d’un bâtiment conséquent, aux murs parementés de tuf comme presque partout ici. Le matériau comme le module des moëllons se distinguaient nettement de ceux notés dans l’amas de destruction antérieur et sous‑jacent à l’ouest ; la nature de la terre intersticielle et la présence de matériel accentuaient encore ce clivage. Il est possible et même probable que cette couche de destruction se soit répandue plus largement encore à l’est comme au nord ; l’étendue des remises en état et nivellements postérieurs (niveau 5) est en effet trop apparente pour ne pas signaler des réfections volontaires. Il en est de même au sud où, très vite cette fois, une réutilisation de l’espace apparut.

97Réutilisation sommaire cependant et qui frappe par sa précarité. Elle se fit alors au‑dessus des ruines à peine égalisées en surface. L’on renonçait ainsi à maintenir l’ancienne division nord/sud qui n’avait plus de raison d’être. Et c’est dans un espace apparemment unifié ou à peine scandé par les vestiges encore visibles du mur M3’ que la vie réapparut (fig. 27). une fois encore, elle se manifesta d’abord par le creusement d’une fosse : la fosse 6e, inscrite entre le niveau de destruction 6’ et la butte argileuse sud. La cavité grossièrement circulaire (diamètre variant de 1,80 m à 2,20 m) atteignit près de 1 m de profondeur et mutila gravement tous les niveaux antérieurs, y compris les couches protohistoriques atteintes au minimum sur 0,30 à 0,40 m de haut (0,80 m au sud) (fig.  19b, 27, 29a), Ce faisant, l’excavation détruisit aussi ou au moins recoupa de nombreuses structures bâties récentes, tels les murs M3’ et M6, ou plus anciennes (constructions M7, M9, M10 et peut‑être M11 qui pouvait se terminer en cette zone). Implantée ainsi en un point véritablement essentiel, la fosse fut comblée par des dépôts variés (faciès 1 à 7). En profondeur, un amas de pierres masquait le fond et les parois nettement apparents. Au‑dessus, un apport de terre gris‑violet très meuble et pauvre fut effectué (faciès 6) : il contrastait avec les niveaux supérieurs plus minces et compacts qui se recoupaient parfois partiellement et comblaient la partie arrachée du mur M6 (faciès 3, 4 et 5). Les couches terminales constituées de terre fine, cendreuse et de nouveau très meuble contenaient de nombreux déchets alimentaires et céramiques plus ou moins brûlées (faciès 1 et 2) –la part des amphores et surtout des céramiques communes grises devenant alors prépondérante (29 sigillées claires D et 31 DS.P. contre 319 céramiques communes grises et 252 tessons d’amphores).

98Dès le comblement effectué, des sols d’occupation et de passage se superposèrent à sa surface. Minces et réguliers (niveaux 6a à 6d), ces niveaux de terre battue étaient aussi parfois très cendreux et charbonneux. Ils étaient en effet associés, au moins pour les trois derniers d’entre eux, à deux foyers imbriqués l’un dans l’autre au‑dessus d’une fosse antérieure et peu profonde creusée un peu en retrait, au sud (foyers 6a et 6b1, fosse 6b2, fig. 27). La découverte à la base de la fosse 6b2 de la prolongation du sol 6d, formé de terre très noire et sèche, précise encore la succession de ces phases d’occupation, certainement rapides et brèves. Mais relativement intenses aussi, à en juger par la pérennité des foyers à cet emplacement autrefois de simple passage et désormais aménagé au moins sommairement pour servir de complément à l’habitation réduite qui subsistait. Le foyer primitif avait été ainsi implanté dans la cuvette 6b2 remplie de pierrailles remaniées : il était entouré de petits blocs de tuf plus ou moins brûlés dont plusieurs avaient glissé dans le feu sans doute rallumé à plusieurs reprises. Lors de l’aménagement du sol 6, l’installation fut refaite. Le nouveau foyer fut établi dans une fosse grossièrement circulaire (0,50 m de diamètre environ) creusée à cet effet et protégée au sud comme à l’est par de petites murettes de pierres sèches (triple alignement de petits blocs calcaires) posées à la surface du sol (fig. 28). La poche très noire de charbons et son encadrement de pierre constrastaient ainsi nettement avec le niveau environnant –chacune de ces structures étant entourée ou contenant un matériel encore assez abondant.

99Le sol 6 marquait cependant le dernier temps d’occupation de cette période. Se retrouvant sur toute la surface de la fouille sauf au nord‑ouest où il ne recouvrait pas le niveau de destruction 6’, il fut entaillé en divers endroits par les aménagements postérieurs. Au sud, les fosses 5a, 5d, 5m et 5n le traversèrent, atteignant même la surface du sol 7a1 plus profond. Au nord, il fut décapé et remplacé par une série de strates plus tardives tandis que, au pied du rempart médiéval, la tranchée de fondation nécessitée par la construction de la fortification prenait une nouvelle ampleur.

2.3.7 L’évolution à l’extrême fin du vie s. et au viie s.

100phase viii

101Si l’on peut ainsi supposer que, dans les dernières décennies du vie s., des survivances de l’habitat ancien se soient maintenues malgré les transformations –dont l’apparition de foyers extérieurs à la maison réduite qui existait encore–, l’évolution fut ensuite plus négative. L’abandon définitif dut cependant intervenir ici un peu plus tardivement que dans la fouille I B proche. La multiplicité des reconstructions et des recreusements qui s’effectuèrent semble en effet montrer qu’une certaine vie continua, plus organisée peut‑être cependant dans l’environnement même de ce secteur que dans la zone fouillée proprement dite. Ici, les destructions et les abandons prédominèrent en effet. Cet aspect négatif fut encore accentué par les dégagements effectués à l’époque médiévale dont les strates se superposaient immédiatement aux vestiges en place.

102Bien peu subsistait alors du paysage antérieur (fig. 28, 29b). Sans doute l’affleurement en surface du mur Ml peut‑il laisser supposer la continuité de son utilisation, au moins au tout début de cette phase. Mais il n’en était plus de même du mur M4 dont seules deux pierres de parement étaient perceptibles à l’est, en bordure d’une nouvelle fosse 51. De même, il ne restait plus apparents que quelques chicots des constructions M2‑M3 dont on peut se demander alors la fonction exacte –leur abandon étant certain dès la mise en place de la couche 5 qui se prolongeait à leur surface.

FIG. 29a sondage II : état au milieu du VIe s. : les fosses 6e et 7b entaillant le sol 7d ; au fond, la fosse 7’2 encore comblée ; b sondage II : les traces d’occupation tardive avec la structure 3 en place à proximité du mur M2

cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS

103D’autres constructions furent en revanche bâties ou reprises en élévation à cette période. La première –et peut‑être la plus énigmatique– fut retrouvée sous la coupe orientale du sondage (fig. 20d, 28 et 29b). Elle marquait l’évolution terminale du mur M8, du ve s., qui, plusieurs fois repris grossièrement en élévation, servit alors de support à une pierre de seuil et à quelques larges blocs parementés posés (et liés au mortier) dans son alignement. Associé et entouré par le sol 5b, ce seuil put correspondre à l’organisation d’une nouvelle bâtisse, en retrait : si tel était le cas, l’on s’expliquerait mal la survivance simultanée du mur M1 tout proche (moins de 0,60 m d’écart) arasé à un niveau très légèrement inférieur. La seconde structure fut découverte sous la coupe sud dans laquelle elle était incluse (fig. 18a). Il s’agissait cette fois d’un mur très régulièrement parementé, conservé ici sur deux assises au maximum et dont la construction fossilisa à la fois la fosse 5m inscrite à sa base et la couche 5c dans laquelle les pierres de fondation s’enfonçaient. La qualité apparente de la bâtisse et sa continuité vers l’est peuvent laisser supposer la présence d’un bâtiment peut‑être d’habitation dont on aimerait connaître la durée de vie exacte. Il est certain en tout cas qu’il frit abandonne et détruit avant la mise en place du premier niveau médiéval (couche 4) qui le recouvrit partiellement. Il en était de même de la troisième structure dont seules les fondations en pierre sèche subsistaient dans la partie nord de la fouille. Plus légère encore que les précédentes, cette bâtisse parementée se superposait étroitement à l’éboulis de destruction 6’ qu’elle remania en surface ; elle se juxtaposait et servait de limite orientale à un sol gravilloneux 5e qui venait buter contre elle. Aucune trace n’en subsistait en revanche au nord et au sud : tout au plus peut‑on remarquer que cette cloison apparemment très peu et très mal fondée, de direction nord‑sud comme les restes du mur M2, put servir avec ceux‑ci à délimiter un espace de service étendu peut‑être jusqu’aux vestiges du mur M3’ dont deux pierres seulement étaient encore visibles alors.

104Dans cet espace ainsi très peu organisé, sinon latéralement, des fosses et des niveaux multiples existaient, en particulier au nord‑ouest et au sud‑est. Sans doute convient‑il en effet de mettre à part la zone sud‑ouest, marquée surtout par la présence, sous la fine couche d’abandon 5, d’un fort socle d’argile jaune compacte et dure qui formait un bombement très nettement perceptible, des vestiges du mur M2 à la coupe occidentale : cette couche 5f visible sur 2,20 m de large d’ouest en est se juxtaposait aux niveaux 6 sous‑jacents et signale peut‑être la destruction de murs de pisé attribuables alors à cette période, autour des anciens foyers. Plus nettes en revanche étaient les recharges de sols observables au nord‑ouest et au nord, autour du bombement formé par l’ancien amas de destruction 6’. À partir des vestiges du mur M3’ peut‑être alors repris partiellement en élévation plus à l’ouest (Cf. les restes d’une mini‑tranchée de vérification du mur découverte contre sa paroi nord : niveau 5g’), plusieurs strates se superposaient. La surface 5e déjà mentionnée se caractérisait par son aspect gravillonneux, de très petits cailloux et déchets de construction se mêlant à de fins débris de poteries (sigillées claires, DS.P. et poteries grises) et de faune.Il est possible que ce niveau, superposé assez étroitement à l’ancien éboulis 6’, résulte en partie d’un lessivage de ce dernier : si tel était le cas, il faudrait supposer que cette couche ait été laissée un temps assez long à l’air libre avant d’être fossilisée par la mise en place des strates plus tardives.

105Il n’en était pas de même des niveaux 5g et 5g’. Le premier formait un sol continu (terre brune granuleuse) autour de la structure St 3 et se retrouvait par endroits le long de la coupe ouest, jusqu’au mur  M3’ ; le second semble avoir correspondu, à la même époque, à une vérification de ce dernier. La présence dans ces niveaux de céramiques attribuables au plus tôt, d’après J.W. Hayes, au début du viie s. (claires D, formes Hayes 91D), associées à des fragments d’amphores et de vases en pierre ollaire de même époque suggère une chronologie tardive pour ce temps d’occupation et de réaménagements du terrain : le dernier en fait de cette longue histoire.

106Les niveaux antérieurs et plus profonds 5h, 5i, 5j et 5k (fig. 19a et b, 21a, 27, 28) purent préparer la mise en place de ce sol en assurant la régularisation progressive du terrain. La couche 5k, très caillouteuse, comblait ainsi la dépression subsistant entre l’éboulis de destruction 6’ et la butte de terre très argileuse 7a. Il en fut sans doute de même, plus à l’est, pour la couche 5j découverte à la limite de la coupe nord et de l’enceinte médiévale (matériel uniquement de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge). Le niveau 5i, très charbonneux ou cendreux et mêlé de pierres, se superposait à la couche de remplissage 5k en élargissant son impact vers le sud. Le sol 5h était le premier à former une surface quasi continue dans ce secteur ; constitué de terre granuleuse, il préparait en fait directement la mise en place du niveau supérieur 5g –son matériel s’en différenciant cependant quelque peu (uniquement des céramiques à pâte grise, dure et sèche, très cuite).

107La même évolution se retrouvait dans les parties encore étudiables à l’est, près de l’ancien mur M1. Mais la succession des strates se trouvait ici fortement perturbée ou compliquée par l’ouverture de multiples fosses, puis par la constitution d’un très important amas de destruction 5a qui ennoya une grande partie de ce secteur (fig. 18a, 20d, 28). une rupture apparaît ainsi entre les sols 5b et 5c découverts au nord ou au sud. Le premier (niveau 5b) se juxtaposait à la structure St 1 découverte dans la coupe et butait contre ou recouvrait partiellement les vestiges du mur M1 sans doute arasé à cette époque (à la surface de ce sol : une amphorette écrasée sur place). Le second (niveau 5c) se retrouvait en divers points de la fouille, en particulier au sud‑est : sa texture et sa teinte brun clair se différenciaient du sol précédent, vraisemblablement cependant à peu près contemporain. Ce sol, peut‑être de passage, était très pauvre (fragments de tuiles et amphores, quelques os et coquillages) et surtout entaillé par de multiples fosses parfois imbriquées les unes dans les autres.

108La plus ancienne semble avoir été la fosse 5m, apparue presque sous la coupe sud et fossilisée en surface par la construction de la structure St 2. Il en fut peut‑être de même de la fosse 5n découverte à l’extrême limite du sondage à l’est. Comblée par un amas très compact de caillasse et débris divers, cette fosse se poursuivait en profondeur jusqu’à la surface des niveaux 7. La présence dans son comblement de céramiques claires D tardives (formes Hayes 105‑109) montre que ce travail ne put être effectué avant les années 580 au plus tôt ; indice qui rejoint ceux fournis par la stratigraphie. Il est certain par ailleurs que cette fosse se trouva bientôt incluse dans une nouvelle cavité, la fosse 51. Large et peu profonde, celle‑ci se prolongeait à l’est sous la coupe. Aménagée à la surface de la couche 5c avant la destruction des murs, elle fut remplie de terre beige très meuble associée à un abondant matériel (285 tessons) de même époque : lampes et céramiques claires D, poteries grises dont une cruche bien conservée, col de spalbeion avec opercule d’obturation en place (fig. 80), etc. De même que le sol 5c et les structures environnantes, elle fut fossilisée par une couche épaisse de cailloutis et blocs de pierre formant presque comme un empierrement : ceci dénotait au moins, comme l’éboulis 5a auquel ces décombres étaient peut‑être associés, un temps de destruction puis d’égalisation sommaire des ruines.

109Seule échappait à cet ennoiement la zone située plus à l’ouest, près du mur M.3. Ici encore, une fosse 5d fut creusée (fig. 27, 28). Relativement réduite et profonde d’une trentaine de centimètres à peine, elle avait entaillé tous les niveaux antérieurs presque jusqu’aux sols protohistoriques (fragments de dolium remaniés à la base, sur le sol de mortier 7e1 ainsi mis au jour). Son comblement fut fait de blocs de pierre et de caillasses provenant peut‑être encore, en partie au moins, de l’amas de destruction 5a tout proche et largement répandu sur les surfaces environnantes.

110Ainsi se terminait l’évolution de ce secteur au cours du très haut Moyen Âge. Aucune trace de réoccupation immédiate n’était en effet discernable ici, après la phase de destruction et d’abandon très évidente. L’examen attentif des niveaux supérieurs, en cette zone proche du rempart médiéval, semble en effet montrer que le niveau 4 correspondait déjà au temps de réaménagement médiéval. La découverte d’une obole melgorienne à sa base, près des vestiges arasés du mur M3’ et au‑dessus du sol 5e, est un indice significatif en ce sens. De même, le fait que cette couche se poursuive sans solution de continuité jusqu’à la fortification en fossilisant sa tranchée de fondation, encore bien visible en profondeur. L’étroitesse de cette entaille –la dernière ainsi effectuée en ce secteur– semble suggérer pour l’enceinte une construction effectuée essentiellement à partir du nord, donc de l’emplacement du village de Castelveyre. Ainsi pourrait s’expliquer la conservation relativement bonne dans la fouille des structures et des niveaux anciens, simplement égalisés en surface afin de dégager une zone de défense suffisante au pied du rempart et des archères, situées à 0,70‑0,80 m à peine au‑dessus de cette nouvelle surface.

111Les comblements postérieurs allaient ici encore contribuer à exhausser le sol et à enfouir peu à peu l’enceinte dans les remblais (niveaux 1, 2, 3). Effectués à partir des xivexve s. (couche 3), ils s’intensifièrent au xixe s. : la découverte d’une monnaie de Napoléon Ier (1808) à la base de la couche 2 correspond aux observations effectuées dans le secteur I B et montre bien la continuité de ce travail accentué ici par l’étendue de l’ensellement préservé au pied de l’enceinte, tant que celle‑ci avait une fonction défensive réelle.

112Indices que les fouilles plus limitées effectuées de l’autre côté de la « rue », plus à l’ouest, devaient encore préciser quelque peu. Sans doute convient‑il de les examiner dès à présent. Attirant de nouveau l’attention, et sur les premiers temps de la réoccupation, et sur les phénomènes de crise et de réaménagement à la fin du vie s., elles permettent en effet de reprendre avec plus de sécurité et d’ampleur l’évolution globale de ces secteurs occupés intensivement mais brièvement et de façon parfois discontinue au cours des tout premiers siècles du haut Moyen Âge.

Table des illustrations

Légende FIG. 5 – Sondage I B (partie sud) : les niveaux protohistoriques (couche 8) au pied des murs M1 (au 1er plan), M2 (à droite), M3 (au fond). Au centre, l’entaille causée par les fosses tardives 6a et 6c recoupées elles‑mêmes par la fosse 5g
Crédits cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS
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Légende FIG. 6 – Le même sondage, vu vers le nord. Les reprises du mur M1 (au fond) apparaissent nettement comme sa liaison tardive avec le mur M4, à droite. A gauche, le long du mur M2, une tranchée se dessine
Crédits cl. G. Démians d’Archimbaud / CNRS
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Légende FIG. 7 – Sondage I B : plan des vestiges protohistoriques dans l’ensemble des sondages. Noter en particulier au nord l’apparition du mur M8 sous la construction tardive M6, et au sud les plaques de safre 8a recoupées par un drain
Crédits M. Rodot del
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Légende FIG. 8a sondage I B : coupe nord‑sud B’B, au centre ; b sondage I B : coupe nord‑sud 2‑4 à l’est et détail des constructions M1, M6, M8
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Légende RG. 9a sondage I B : coupe est‑ouest 4‑3, au sud ; b sondage l B : détail des murs M3 et M2, lui‑même repris en élévation ; c sondage I B : la face sud du mur M1 (trois états successifs)
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Légende FIG. 10a sondage I B Sud : détail du four 7a obturé et fossilisé par le mur M3 ; b I B Sud : trous de poteau et de piquets, seuil et murette attenante dans la partie sud‑est de la fouille ; c I B Sud : la fosse‑dépotoir près du mur M2 (débris de la cruche...)
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Légende FIG. 11 – Sondage I B : plan des vestiges de la fin du ve s. et du début du vie s.
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Légende FIG. 12 – Sondage I B : les traces de réorganisation au milieu du VIs.
Crédits M. Rodot del
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Légende TABL. II– Sondage I B sud, fosse 6a : répartition des catégories et types de céramiques, par formes identifiées.
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Légende FIG. 13 – Sondage I B : la destruction des toitures et des murs dans le troisième quart du VIe s.
Crédits M. Rodot del
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Légende FIG. 14 – Sondage I B : les aménagements sommaires de la fin du VIe s.‑début du VIIe s.
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Légende FIG. 15a sondage I B Nord : les sols protohistoriques entaillés par les aménagements postérieurs ; b sondage I B : la mise au jour des niveaux de destruction et réaménagement de la fin du VIe s.
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Légende FIG. 16 – Sondage II : plan des vestiges protohistoriques (murs, drain, empierrements et plaque‑foyer 8a)
Crédits M. Rodot de/.
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Légende FIG. 17a sondage II : la surface protohistorique 8 avec les fragments d’amphore et de dolium en place ; b sondage II : le drain nord‑sud aménagé dans les niveaux protohistoriques et recoupé par le massif M12 postérieur. Au fond, la murette M5 bâtie au‑dessus d’une pierre de seuil en réemploi ; c sondage II : au centre du sondage, le blocage de briques placées de chant 7e entaillé par la tranchée de fondation du mur tardif M1 et le premier aménagement de la ruelle
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Légende FIG. 18a sondage 11 : coupe est‑ouest 7‑3, au sud de la fouille ; b sondage II : coupe nord‑sud FF’ au centre de la fouille
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Légende FIG. 19a sondage II : coupe sud‑nord 3‑1 à l’ouest de la fouille ; b sondage II : coupe sud‑nord A‑A’ à 2,25 m de la précédente
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Légende FIG. 20a sondage II : coupe ouest‑est BB’ dans la partie nord de la fouille ; b sondage II : coupe ouest‑est ii’ dans la partie sud de la fouille ; c sondage II : coupe nord‑sud 5’4’ dans la partie est de la fouille ; d sondage II : coupe nord‑sud 5‑4 à l’est de la fouille
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Légende FIG. 21a sondage II : coupe ouest‑est 1‑2 en limite nord de la fouille ; b sondage II : coupe transversale C‑C, des murs M6‑M3’, au rempart médiéval
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Légende FIG. 22a sondage II : l’amphore en place dans la fosse 7f2 en contrebas du mur M4 ; b sondage II : à gauche, le massif M8 repris en surface et la construction M5 recouverte partiellement par les murs M4‑M1 (tranchés comme le massif M8 par le rempart médiéval visible en bas et à gauche du cliché) ; au premier plan, le massif M12 recouvert encore partiellement par le mur M2 et entaillé à droite par la fosse 6e ; entre ces constructions, l’aménagement du passage inscrit entre les habitations avec les dalles plates de surface en place ; c sondage II : dans le passage, la structure en hémicycle, après enlèvement des dalles de surface
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Légende FIG. 23 – Sondage II : les traces de la réoccupation du V° s. et la fosse 7f2b
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Légende TABL. III – Sondage II, fosse 7f2b : répartition des catégories et types de céramiques, par formes identifiées.
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Légende FIG. 24 – Sondage II : la maison M4 et les aménagements de la première moitié du VIe s.
Crédits M. Rodot del
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Légende FIG. 25 – Sondage II : le bâtiment nord‑ouest et son environnement
Crédits M. Rodot del
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Légende FIG. 26 – Sondage II : les destructions et réaménagements du milieu du VIe s.
Crédits M. Rodot del
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Légende FIG. 27 – Sondage II : l’occupation de la fin du VIe s.
Crédits M. Rodot del
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Légende FIG. 28 – Sondage II : les vestiges de la fin du VIe s. et du début du VIIe s.
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Légende FIG. 29a sondage II : état au milieu du VIe s. : les fosses 6e et 7b entaillant le sol 7d ; au fond, la fosse 7’2 encore comblée ; b sondage II : les traces d’occupation tardive avec la structure 3 en place à proximité du mur M2
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