4.1 Introduction

4.1.1 Situation géographique et géologique

1La nécropole protohistorique de Soucy/ Mocques Bouteilles (Yonne) occupe une position privilégiée au débouché de la petite vallée transversale de la Mauvotte, affluent de l’Yonne, voie de communication obligée, via la vallée de la Vanne, entre le Sénonais et la région de Troyes1 (notes en fin de chapitre) (fig. 66). La nécropole est implantée sur le versant nord de la vallée de la Mauvotte ; orientée au sud‑ouest, elle est limitée à l’ouest par une vallée sèche et au sud par une étroite bande alluviale déposée par le ru de la Mauvotte. Le substrat géologique se compose de craie du Santonien supérieur. La partie supérieure, fortement altérée, se délite en blocs de faible volume (quelques centimètres cube).

4.1.2 Historique des découvertes

2La nécropole a été découverte en 1976 à la suite de prospections aériennes effectuées par A. IIeur‑taux. Les premières investigations ont eu lieu en 1978 sous la direction de V. Gaj. Il s’agissait avant tout de vérifier l’état de conservation des structures et leur appartenance chronologique. Les fouilles proprements dites ne débutent qu’en 1979 pour se poursuivre jusqu’en 1981. En trois ans, le fouilleur a mis au jour treize sépultures : deux à incinération et onze à inhumation, associées à deux enclos circulaires (dont un double) et à quatre enclos quadrangulaires, ainsi qu’une vingtaine de tombes dépourvues de tout mobilier (Gaj 1981). Seule la sépulture à inhumation du Bronze final IIIb, découverte sur l’aire interne du double enclos circulaire a fait l’objet d’une publication (Gaj 1982). L’ensemble des enclos, anciennement fouillés par V. Gaj, ont été systématiquement redécapés et repris dans le cadre du décapage systématique (30 045 m²) de l’emprise autoroutière à cet endroit2.

4.1.3 Le site

3FIG. 67

4Deux grandes phases d’occupations protohistoriques correspondant respectivement au Bronze final IIIb et à La Tène ont été mises en évidence sur le site. La première regroupe vingt enclos circulaires, cinq tombes à inhumation et une tombe à incinération. La seconde phase comprend sept petits enclos quadrangulaires, vingt tombes à inhumation, sept tombes à incinération et trois fosses dont une (PI) renferme le squelette d’un jeune adulte. Ont également été dégagés et fouillés : dans la partie méridionale du site, à proximité de l’enclos E23, une petite fosse qui renfermait dans son remplissage supérieur une petite hache taillée du Néolithique moyen (structure F1) et un fossé de drainage ou de parcellaire qui recoupe les enclos E21‑E21bis, E26 et E27 (structure f1) ; dans la partie septentrionale, une sépulture gallo‑romaine implantée dans le remplissage du fossé de l’enclos E15 (sépulture 83) et une petite nécropole médiévale de plus de quatre‑vingt‑dix tombes (Baray 1990).

4.2 La nécropole du Bronze final IIIb

4.2.1 Les enclos circulaires : catalogue3

5Dans la partie orientale du site quatre enclos (E1, E2, E3, E4), d’une altitude comprise entre 103 m et 107 m NGF, ont particulièrement souffert de la forte érosion du versant comme en témoigne le peu de profondeur, voire la disparition de leurs fossés dans certains secteurs.

4.2.1.1 Enclos E1

6FIG. 68 et FIG. 69 :
enclos du milieu

Caractéristiques

7Enclos à fossé simple continu : diam. 10,60 m ; larg. 0,43 à 0,85 m ; profondeur 0,20 à 0,44 m, sous environ 0,60 m de décapage ; profil en V évasé à fond bien marqué (coupe A‑B) ou en V à fond plat large de 0,10 m (coupe C‑D), voire en U évasé à fond en cuvette. Dans la partie ouest du fossé, sur un tronçon de 3,75 m, ont été dégagés plusieurs gros blocs de grès dont certains pèsent plusieurs dizaines de kilogrammes ; leur rôle demeure assez énigmatique.

A.C., P.P. del. / AFAN

Remplissage

8Trois types de remplissage du fossé peuvent être distingués à partir des neuf sondages :
– type 1 (coupe A‑B) : comblement homogène, très rapide, assimilable à un remplissage volontaire ; dans ce cas, les effets du ruissellement, du gel et dégel n’ont pas eu le temps de se produire ;
– type 2 (coupes E‑F, G‑H) : comblement en deux temps avec un premier ébouli de limon beige riche en craie dû au ruissellement, puis un comblement final de limon brun homogène de même nature que celui des coupes précédentes ; le remplissage s’est également effectué en un laps de temps très court ;
– type 3 (coupe C‑D) : trois couches différentes, les deux précédemment décrites et une intermédiaire de limon jaunâtre en provenance de l’extérieur du fossé qui correspond à la mise en place de son profil d’équilibre.

9Le type 1 est associé par deux fois à un profil en V évasé à fond bien marqué, le type 2 va de pair avec les profils en V à fond en cuvette, tandis que le type 3 est toujours associé aux profils en V à fond plat.

10Le profil du fossé et les types de remplissage évoquent l’existence d’une palissade de poteaux espacés qui auraient été enlevés rapidement après la cérémonie funéraire. De telles pratiques ont été maintes fois observées sur des enclos circulaires de Belgique et des Pays‑Bas (De Laet 1982).

Mobilier (fig. 70)

11Sur une vingtaine de tessons, un seul présente des caractéristiques morphologiques notables : il s’agit d’un gros fragment de bord en céramique grossière, appartenant à un grand vase à provisions.

Aire interne

12Occupée par une sépulture à inhumation datée du Bronze final IIIb (cf. § 4.2.3.2).

4.2.1.2 Enclos E2

13FIG. 71

Caractéristiques

14Enclos à fossé simple continu : diam. externe 11,35 à 11,50 m ; larg. 0,22 à 0,63 m ; profondeur maximum 0,16 m, sous 0,30 m de décapage ; profil en U ou en cuvette.

Remplissage

15Limon brun riche en rognons de silex et en nodules de craie.

Trous de poteaux

16Treize trous de poteaux espacés de 1,25 à 2,80 m ont été dégagés à la périphérie externe du fossé. La distance qui les sépare du fossé varie de 0,10 m à 0,65 m. Rectangulaires à elliptiques ; long. 0,49 à 0,83 m ; larg. 0,40‑ 0,55 m ; profondeur maximum 0,30 m. Il manque deux trous de poteaux dans la partie nord de l’enclos pour compléter la structure : cette absence pourrait s’expliquer par l’existence d’un passage. Leur remplissage se compose d’un limon brun avec nodules de craie au centre, cerné de limon brun clair‑beige mêlé de gros nodules de craie. Ce type de remplissage révèle la présence de poteaux de bois.

4.2.1.3 Enclos E3

17FIG. 72

Caractéristiques

18Très érodé, le secteur nord‑ouest, a complètement disparu. Enclos à fossé simple continu : diam. externe 11,95 m ; profondeurs et largeurs variables : moitié ouest, profondeur maximum 0,16 m ; moitié est, profondeur maximum 0,20 à 0,37 m ; larg. 0,21 à 0,95 m ; profil en U ou en V évasé.

Remplissage

19Limon homogène brun foncé avec quelques rognons de silex.

Mobilier

20Quelques tessons de céramique dans le remplissage supérieur du sondage S1 (fig. 73) :
– fragments d’une grande assiette à double marli interne (diam. approximatif 28 cm) ; pâte couleur brun‑beige à plage orangée, lissée intérieurement ; éléments non plastiques fins à grossiers abondants (fig. 73, n^o 1) ;
– deux autres tessons décorés de trois cannelures horizontales, larges de 3 mm, pourraient appartenir à un vase haut du type urne ; pâte de couleur brun‑beige, soigneusement lissée, éléments non plastiques peu abondants et très fins (moins de 0,5 mm) (fig. 73, n^o 2).

21Ces deux récipients peuvent être datés du Bronze final IIIb.

4.2.1.4 Enclos E4

22FIG. 74 et FIG. 69 : enclos du fond

Caractéristiques

23Tronçon de fossé fortement arasé de 0,75 m de largeur, 0,02 à 0,03 m de profondeur pour un diamètre externe de 13,50 m environ.

Remplissage

24Limon brun homogène.

4.2.1.5 Enclos E6

25FIG. 75 et FIG. 76 : premier plan

26Creusé à la rupture de pente entre les courbes de niveau 104 m et 106 m, il a subi une très forte érosion qui oblitère une partie de la rigole externe.

Caractéristiques

27Fossé continu : diam. 11,70 m ; larg. 1.10 à 2,30 m ; profondeur maximum 1,20 m ; profil en Y ou en U évasé ; fond relativement plat selon les secteurs. Une rigole, d’une profondeur maximale de 0,35 m est creusée sur la périphérie externe du fossé : diam. Extérieur 14.10 m ; larg. maximum 0,48 m. Non concentrique avec E6, elle jouxte le fossé de l’enclos dans le secteur est ; ces deux structures ne sont pas contemporaines. Cette tranchée a vraisemblablement été creusée pour recevoir une palissade comme en témoigne le profil de la fondation et la présence de rognons de silex en quantité importante dans le remplissage central. Ce creusement a pu être effectué postérieurement à l’édification de l’enclos E6 car la présence d’un tertre surmontant ce dernier expliquerait cette dissymétrie ainsi que le contour peu rigoureux de la rigole.

Remplissage

28Fossé : alternance de couches de limon blanchâtre mêlées à des nodules de craie et de limon brun foncé ou beige. Rigole : sédiment limoneux, homogène, de couleur brun‑beige.

Mobilier

29Fossé et rigole : trois petits tessons protohistoriques atypiques dans le remplissage du fossé (sondages 3 et 6).

4.2.1.6 Enclos E7‑E7bis

30FIG. 77 et FIG. 76 : second plan

31Ce double enclos occupe le haut du versant du côté occidental de la nécropole. L’agencement concentrique autour de lui d’une dizaine d’enclos circulaires ou quadrangulaires, d’époques différentes, indique qu’il a dû être très longtemps visible. Sa position élevée, sa monumentalité et probablement la présence d’une butte tumulaire imposante peuvent expliquer l’attrait exceptionnel exercé par ce monument.

Caractéristiques

32Enclos interne E7 : diam. externe 18,60 à 19,40 m ; larg. du fossé 1,50 à 3,20 m ; profondeur 0,40 à 1,03 m sous 0,20 à 0,30 m de décapage ; profil en U évasé, en cuvette, à fond plat avec bords évasés. Ces différentes formes s’expliquent par des recreusements successifs de la structure. Le profil d’origine : fond plat avec bords évasés ou en V (fig. 78 et 79).

33Enclos externe E7bis : diam. 27,25 m ; larg. 1,70 à 2,67 m ; profondeur 0,47 à 0,77 m ; profil du fossé variable : V évasé au U évasé ; Y à fond plat plus ou moins large.

Remplissage (fig. 78 et 79)

34Sédiments identiques dans les deux fossés qui ne différent que par leur granulométrie. De nombreuses anomalies dont l’origine n’est pas toujours connue ont été observées. Il peut s’agir :
– de recreusements localisés uniquement dans le remplissage supérieur des fossés ;
– de fosses assez profondes en forme de haricot dans le fossé E7 ; elles sont comblées par un sédiment limoneux brun foncé ; ces fosses pourraient être assimilées à des sépultures détruites (pillage ?) comme l’attestent les restes osseux humains découverts épars dans le remplissage de la structure 55 ;
– de recreusements de tronçons de fossés dans la partie sud et sud‑ouest du fossé E7 ;
– de « puits » circulaires dans la partie nord du fossé E7bis ; ils ont été creusés avant le remplissage de ce dernier.

35– Enclos E7 (fig. 78)
Dans les parties nord‑ouest, nord‑est et est du fossé le comblement se fait plus ou moins lentement par apport de sédiments entreposés en cordon dans l’espace libre entre les deux fossés. Dans le secteur sud‑ouest de nombreuses phases de recreusement et de comblement successives peuvent être soit localisées comme sur la coupe A‑B (phase 6) (implantation d’une fosse en forme de haricot/sépulture ?) soit plus étendues (coupe C‑D/phases 2 ; coupe A‑B/phase 2) ; les sédiments de comblement, notamment dans les premières phases, proviennent toujours de l’aire interne de l’enclos.

36– Enclos E7bis (fig. 79) Comblement par coulées dissymétriques des sédiments. Les tris granulo‑métriques, le pendage des couches, le regroupement des éléments lithiques les plus grossiers dans l’axe du fossé témoignent d’une dynamique lente et naturelle. Le comblement s’est déroulé selon un processus classique en trois phases. La première est composée de sédiments crayeux en provenance de l’aire interne de l’enclos. Ils proviennent très probablement d’un cordon formé des matériaux extraits lors du creusement des fossés et entreposé dans l’espace intermédiaire. Aucune particularité n’est à noter pour les deux autres phases : les sédiments se sont mis en place de façon symétrique et naturelle. L’étude des différentes coupes a permis de montrer d’une part que le remplissage primaire des fossés internes et externes s’est effectué par apport de matériaux entreposés en cordon dans l’espace libre qui les sépare. Elle a montré d’autre part que le remplissage des deux fossés s’est déroulé de façon naturelle, ceux‑ci étant laissés à ciel ouvert. Aucune trace de palissade ou d’aménagement particulier n’est à noter. L’existence d’un tumulus sur l’aire interne peut être déduite du remplissage dissymétrique des coupes C‑D et A‑B du fossé interne (première phase de remplissage composée uniquement de nodules de craies). A titre d’hypothèse, on peut supposer l’existence d’un tertre central de faible diamètre entouré d’un système tripartite comprenant deux fossés ouverts séparés par un cordon de terre. L’implantation de la sépulture 62, à La Tène A, s’est faite à un moment ou le cordon périphérique était déjà totalement arasé tandis que les deux fossés étaient en grande partie comblés. Lors de l’installation des tombes suivantes à La Tène B2 et C, seul le tertre central était encore visible.

Mobilier (fig. 80)

37Mobilier relativement important découvert dans les deux fossés, réparti sur toute la hauteur du remplissage terminal : tessons de céramiques, une épingle en bronze et quelques fragments d’ossements humains, certains incinérés.

38–Epingle à tête enroulée
Caractéristiques : bronze ; pointe effilée ; non décorée (fossé E7bis, sondage 4). Long. 68,5 mm ; diam. tige 2 mm.
Comparaisons : cette épingle appartient au type 0 de Audouze et Courtois (1970) daté du Bronze final IIIb dans le sud‑est de la France. Dans le Sénonais, ce type n’est connu qu’en contexte Bronze final I‑IIa : Châtenay‑sur‑Seine/ Gobillons (Seine‑et‑Marne) incinération 16, Villeneuve‑la‑Guyard/Les Terres de Prépoux (Yonne) inhumation 14, Barbey/Les Cents Arpents (Seine‑et‑Marne). Le dépôt de bronze de Villethierry (Yonne) (Mordant et al. 1976), qui date du même horizon chronologique, en contient quatre‑vingt‑dix‑neuf exemplaires. Celui de Soucy se différencie de ces derniers par une tige plus courte et une tête non déjetée située dans son prolongement.

39– Céramique du Bronze final IIIb (fossé 7, sondage 1)
Une vingtaine de tessons appartenant à un vase à panse arrondie en céramique semi‑fine ont été découverts écrasés en place à 0,32 m de profondeur. Quatre cannelures douces, larges de 5 à 7 mm sur le haut de panse, pâte brun foncé noir, surfaces très soigneusement lissées.

40– Fragments divers Une quinzaine de tessons caractéristiques (bords, tessons de panse décorés, etc.), répartis entre les différents sondages des fossés E7 et E7bis, appartiennent pour la plupart à des récipients en céramique semi‑grossière ou grossière que l’on peut rattacher au Bronze final IIIb.

41– Céramique peinte du Hallstatt D (fossé E7bis, sondages 7, 12, 14)
Huit tessons de céramique peinte appartenant à un même vase ont été découverts dans le secteur ouest de l’enclos, répartis entre les sondages 7, 12 et 14. Céramique fine aux surfaces soigneusement lissées, éléments non plastiques très fins à fins (de 0,5 mm à 1 mm) mais quelques‑uns plus grossiers (plus de 5 mm). Surface interne brune à reflets rouilles ; sur la surface externe décor barbotiné de lignes horizontales et de chevrons sur fond de peinture rouge carmin. Les fosses d’habitats de Champlay/Le Grand Langueron (Yonne) (Perrugot 1986) et surtout de Vix/Le Mont‑Lassois (Côted’Or) (Joffroy 1960) ont procuré des céramiques semblables.

42– Céramiques de La Tène moyenne (fossé 7bis, sondages 2,14)
Sondage 2 : restes d’une urne à panse vraisemblablement ovoïde et petit col droit, bord éversé à lèvre arrondie. Pâte brun‑beige, éléments non plastiques fins à grossiers (de 0,5 à 2 mm), surfaces soigneusement lissées. Ce vase s’apparente morphologiquement à celui de l’incinération 133 datée de la fin du iii^e‑début du ii^e s. av. J.‑C.

43Sondage 14 : fragment de bord d’une grosse urne en céramique semi‑grossière. Pâte noire, surfaces très soigneusement lissées.

Aire interne et zones périphériques

44Une sépulture à inhumation du Bronze final IIIb a été fouillée dans la zone sud‑est de l’aire centrale (Gaj 1982). Cinq sépultures adventices dont une incinération sont situées soit dans le remplissage supérieur du fossé de l’enclos E7, soit dans l’espace compris entre les deux fossés.

4.2.1.7 Enclos E10

45FIG. 81

46Il est situé au‑dessus du versant, à la naissance du replat dans une zone de peu de recouvrement, d’où la disparition de la moitié de sa circonférence. Sa position est la plus septentrionale de la nécropole.

Caractéristiques

47Diam. externe 11,50 m ; larg. 0,36 à 0,88 m ; profondeur 0,07 à 0,21 m sous 0,25 m de décapage ; profil en cuvette.

Remplissage

48Limon brun clair avec des inclusions de silex et de nodules de craie dans la partie inférieure.

Mobilier (sondage 1) (fig. 82)

49Dans le fossé très grande assiette : diam. à l’ouverture 34 cm ; lèvre à double marli interne ; surface interne lissée, externe brute de grattage ; le fond est absent. Pâte brune avec plages orangées ; éléments non plastiques fins à grossiers assez abondants. Cette assiette est typique du répertoire céramique du Bronze final IIIb de la région.

4.2.1.8 Enclos E11

50FIG. 83

51Il Jouxte au nord le bord externe du fossé E7bis.

Caractéristiques

52Enclos légèrement ovale : diam. externe 9,55 à 9,65 m ; larg. 0,30 à 0,57 m ; profondeur maximum 0,32 m sous 0,25 m de décapage ; profil en V ou en U.

Remplissage

53Limon brun homogène.

Mobilier

54Lors des fouilles précédentes « une vingtaine de tessons de poterie grossière » (Gaj 1980) dont deux fonds de vase à base non débordante et surfaces irrégulières ont été découverts dans le remplissage du fossé (fig. 84, n^os 1 et 2).

Aire Interne

55Petite fosse à fond en cuvette et bords très évasés au centre de l’aire interne : long. 1,70 m ; larg. 1,05 m. Dans son rapport, V. Gaj émet l’hypothèse d’une structure « ayant servi de foyer, la craie paraissait cuite » (Gaj 1980). Aucune de nos propres observations ne nous permet de confirmer cette hypothèse.

4.2.1.9 Enclos E16

56FIG. 85

57L’enclos E16 se trouve dans la partie centrale du site. Il fait partie d’un groupe de trois enclos circulaires qui se rattache topographiquement à l’ensemble est/sud‑est de la nécropole. Partiellement engagé sous le CD 135, au sud, il n’a pu être fouillé entièrement.

Caractéristiques

58Aucune interruption n’a été observée dans la partie fouillée. Compte‑tenu de la longueur du fossé dégagé : diam. estimé de l’enclos 12,50 m ; larg. du fossé 0,75 à 1,45 m ; profondeur maximum 0,28 m sous 1,30 m de décapage (terre arable et colluvionnement) ; profil en cuvette évasée, à parois et fond irréguliers.

Remplissage

59Coupes A‑B à C‑D : limon homogène brun foncé, riche en gravillons. Coupe E‑F : première couche de limon brun clair peu épaisse (4 cm) à la base du remplissage, quelques rognons de silex, localisés le plus souvent dans l’axe du fossé, répartis sur toute la hauteur du comblement.

Aire interne

60Une sépulture masculine à inhumation du Bronze final IIIb a été découverte au centre de l’enclos (cf. § 4.2.3.5).

4.2.1.10 Enclos E17

61FIG. 86 et FIG. 69 : enclos du premier plan

62Il est situé à peu près au centre de l’ensemble des enclos de la zone sud‑est de la nécropole. II est en partie engagé sous le CD 135.

Caractéristiques

63Enclos circulaire à fossé continu en apparence : diam. externe 9 m ; larg. 0,60 à 0,65 m ; profondeur 0,14 à 0,25 m sous 1 m de décapage ; fond relativement plat ; bords évasés.

Remplissage

64Limon brun foncé, homogène, mêlé de gros rognons de silex épars.

Mobilier (fig. 87)

65Dans le fossé, une quarantaine de tessons retrouvés dans le remplissage des sondages 2 et 5, ainsi qu’un fragment de bracelet en céramique et une petite lame en silex brun.

Sondage 5

66Haut d’une urne sans doute à panse ovoïde et col éversé ; lèvre avec un court méplat interne (fig. 87, n^o 2) ; pâte brun foncé‑beige ; éléments non plastiques peu abondants et de tailles fines à semi‑fines (0,5 à 3 mm).

Sondage 2

67Fond à base débordante d’un vase semi‑grossier (fig. 87, n^o 3) : surface interne lissée, externe irrégulière ; pâte beige brun‑orangé ; éléments non plastiques très abondants. Bord d’une coupe à marli interne en céramique semi‑fine (fig. 87, n^o 1), brun foncé‑noir, surface interne soigneusement lissée, externe brute de grattage ; décor d’impressions à la base du second marli. Fragment de bracelet en céramique beige‑brun (fig. 87, n^o 4) : section ronde ; diam. 7 mm ; argile très fine.

68L’ensemble de ce mobilier peut être daté du Bronze final IIIb.

4.2.1.11 Enclos E18

69Il est situé à une quinzaine de mètres au nord des enclos E16 et E20 dans une zone de très faible recouvrement sédimentaire. A l’instar des enclos E3 et E4 du secteur est, il a subi une très forte érosion qui l’a complètement arasé, ne laissant plus qu’une trace en surface de la craie : diam. 10 m ; larg. inférieure à 0,10 m. Aucune structure sur l’aire interne.

4.2.1.12 Enclos E19

70FIG. 88

71Occupe une position un peu isolée dans la partie basse du site.

Caractéristiques

72Enclos circulaire à fossé interrompu : diam. 15 m ; larg. 0,55 à 1,10 m ; profondeur 0,32 à 1,10 m sous 0,30 m de décapage ; profil en V ou en U. Entrée orientée au sud‑ouest : larg. 0,95 m ; profondeur maximum de chaque côté de l’interruption 1,10 m ; profil abrupt ; fond relativement large plus ou moins plat. De part et d’autre de l’entrée devait exister une superstructure en bois comme le suggèrent les empreintes laissées par deux poteaux au fond du fossé. Un dispositif comparable a été observé à l’entrée de l’enclos E24 de la nécropole d’Acy‑Romance/Le Terrage (Ardennes) (Lambot 1989 : fig. 12).

Remplissage

73De bas en haut : alternance de couches d’éboulis de craie, de limon brun‑beige riche en nodules de craies et de limon brun moins chargé d’inclusions. Dynamique classique de remplissage en trois phases : éboulis de craie qui correspond au rééquilibrage naturel du profil peu de temps après son creusement ; succession de couches de limon beige riche en craie provenant de l’intérieur comme de l’extérieur du fossé pour atteindre le profil d’équilibre ; dernière phase de comblement, limon brun d’origine anthropique (?).

4.2.1.13 Enclos E20

74FIG. 89

75Engagé de moitié sous le CD 135, il fait partie du groupe oriental de la nécropole.

Caractéristiques

76Diam. approximatif 19 m ; larg. 2,05 m ; profondeur maximum 0,62 m sous 1 à 1,20 m de décapage ; profil en V évasé ; fond en cuvette ; parois régulières, un léger ressaut à environ 0,13 m du fond sur certaines coupes.

Remplissage (fig. 89, coupes A‑B, C‑D)

77Sédiment limoneux riche en inclusions calcaires et gravillonneuses. Trois couches différentes, de bas en haut :
– couche 1 : limon grisâtre assez fin comportant quelques inclusions de graviers et de nodules de craie ;
– couche 2 : limon brun clair très riche en graviers ; de gros rognons de silex mêlés à la matrice limoneuse dans l’axe du fossé ;
– couche 3 : remplissage homogène de limon brun foncé ; de nombreux rognons de silex dans la partie centrale du remplissage, visibles sur les coupes effectuées dans la partie ouest du fossé (fig. 89, coupe C‑D)

78La première couche ou remplissage primaire s’est mise en place peu de temps après le creusement du fossé. Les éléments grossiers et les particules fines issus des matériaux mobilisés se sont déposés dans le fond du fossé et le long de ses parois sous l’action du ruissellement et des divers agents atmosphériques. Avec la seconde phase de comblement, ou remplissage secondaire, le fossé atteint son profil d’équilibre. Les matériaux qui composent cette phase proviennent pour l’essentiel du côté externe du fossé, c’est‑à‑dire compte tenu de la déclivité du terrain à cet endroit, du sens de la plus forte pente. On peut ainsi supposer l’existence d’un cordon périphérique constitué des matériaux extraits lors du creusement. Toutefois le pendage parfois dissymétrique du remplissage pourrait également suggérer la présence d’une butte tumulaire sur l’aire interne. A la troisième phase, ou phase de comblement tertiaire, le fossé n’est plus en activité et n’apparaît plus à la surface.

Mobilier

79Dans le fossé une quinzaine de tessons protohistoriques découverts répartis dans le remplissage de limon brun des sondages S2, S4, S5 et S8.
S2 et S5 : trois tessons peints avec chacun une bande de peinture de couleur rouge carmin, pâte bien cuite brun‑beige, surfaces soigneusement lissées, éléments non plastiques de taille fine à grossière (de 1 à 2 mm) (fig. 90). Cette céramique comparable à celle découverte dans le fossé externe de l’enclos double E7 bis peut être datée du Hallstatt final.
Les autres tessons, atypiques, appartiennent à des récipients en céramique semi‑fine ou grossière.

4.2.1.14 Enclos E21‑E21 bis

80FIG. 91

81Avec l’enclos double E7‑E7bis, l’enclos double E21‑E21bis est la structure la plus imposante du site. Situé sur le dernier replat avant le fond de vallée proprement dit, au moins quatre petits enclos circulaires sont concentrés autour de lui.

Caractéristiques

82Fossé interne continu : diam. externe 17,30 m ; profil en V ; larg. 0,95 à 1,95 m ; profondeur 0,25 à 0,55 m sous 0,30 à 0,40 m de décapage. Fossé externe interrompu au nord‑ouest : diam. externe 20,50 m ; larg. 0,85 à 1,70 m ; profondeur : 0,09 à 0,43 m ; profil en cuvette à bords évasés ; fond plat ; entrée de 0,50 m de largeur.

83Dans le secteur nord, entre ces deux fossés bien individualisés, un creusement intercalaire pourrait correspondre à un troisième fossé (coupe E‑F) de 0,45 m à 0,67 m de largeur, 0,23 m de profondeur maximale à fond plat ou en cuvette.

Remplissage

84A l’exception de quelques coupes du fossé E21 dans lesquelles on distingue nettement un remplissage alterné, de bas en haut, de couches de limon blanc crayeux à brun foncé, toutes les autres (fossés E21 et E21bis) présentent un comblement homogène de limon brun foncé, riche en graviers. L’absence de recoupement stratigraphique entre les deux fossés ne permet pas de conclure sur leur antériorité respective.

Mobilier (fig. 92)

85– Fossé E21bis
Sur une quinzaine de tessons, un fragment néolithique de panse décoré d’un petit tenon volumineux (sondage 13). Pâte rouge‑orangé à brun, éléments non plastiques abondants (silice).

86– Fossé E21
Sur vingt tessons, on compte quatre fragments de bords caractéristiques :

87– Sondages 1 et 11 : 3 bords d’urnes (?) ou de grande coupe, pâte semi‑grossière ;

88– Sondage 15 : un tesson de grande assiette en céramique fine, pâte brune et bistre, face externe avec des traces de peinture rouge ; Bronze final IIIb. Un bois de cerf brisé a également été découvert dans le remplissage du fossé : il s’agit d’un outil percutant comme en témoigne les restes de partie actives. Il est issu d’un bois droit de mue. Les andouillers et le merrain ont été traités au feu avant d’être fracturés4. Il n’est pas rare de retrouver ce type d’outil dans le remplissage de fossé d’enclos par exemple à Hallignicourt/Le Brésil (Haute‑Marne) (Lepage 1975 : fig. 8) ou à Acy‑Romance/Le Terrage, enclos E39 (Ardennes) (Lambot 1989).

4.2.1.15 Enclos E22

89FIG. 93

90C’est l’unique enclos de ce type du site.

Caractéristiques

91Enclos circulaire constitué par une série de dix trous de poteaux : diam. externe 21 à 22,30 m. Trous de poteaux ovalaires : larg. 0,36 à 0,51 m ; long. 0,54 à 0,94 m ; profondeur 0,14 à 0,26 m ; fond relativement plat et bords évasés ; espacés de 0,32 m à 0,50 m ; il manque un trou de poteau dans la partie nord‑est de la structure qui pourrait, à l’instar de l’enclos E2, correspondre à l’emplacement d’une entrée.

Remplissage

92Limon homogène brun gravillonneux.

4.2.1.16 Enclos E23

93FIG. 94

94Il est situé à égale distance des enclos E21‑E21bis et E22. C’est le plus petit enclos circulaire de la nécropole.

Caractéristiques

95Fossé continu : diam. 9 m ; larg. 1,45 à 2 m ; profondeur 0,36 à 0,81 m sous 0,30 m de décapage ; profil en V évasé.

Remplissage

96Le remplissage est composé, de bas en haut, d’une succession de couches d’éboulis de craie, de limon beige riche en inclusions calcaires, de limon brun foncé gravillonneux et de limon beige clair. Dans le remplissage supérieur, en cinq points du fossé, de volumineux blocs de grès (plusieurs dizaines de kilogrammes) pourraient correspondre aux restes d’une couronne de blocs comme à la base des tumulus vosgiens du Bronze final IIIb (Olivier 1986). Ce type d’aménagement se retrouve également dans les tumulus de Côte‑d’Or, à Vix/Le Mont‑Lassois, à Chaume‑les‑Baigneux/La Forêt, à Concœur‑Corboin/ Trapet I et Olivier I, à Villecomte/tumulus Jean‑Jacques, à Larçon/Tumulus Bourrachot, à Pommard/La Chaume de Pommard, etc. (Joffroy 1959 ; Ratel 1964 ; 1967 ; 1970 ; 1980 ; Moingeon 1908 ; Henry 1933).

Mobilier

97Dans le fossé, quelques tessons protohistoriques atypiques.

4.2.1.17 Enclos E24

98FIG. 95

99Il est situé à peu près à égale distance entre les enclos E21 et E25.

Caractéristiques

100Enclos presque circulaire à fossé continu simple : diam. 9 à 9,25 m ; larg. 0,64 à 1,09 m ; profondeur moyenne 0,22 m ; profil en V évasé ou en cuvette à parois assez irrégulières.

Remplissage

101Limon homogène brun foncé riche en gravillons, de nombreux rognons de silex dans l’axe du fossé.

Mobilier (fig. 96, n^os 1, 2)

102Dans les sondages SI et S2 du fossé : fragment de fond plat à base légèrement débordante et de deux fragments de bord, à large marli. Face interne recouverte d’une peinture rouge carmin (hématite), extérieur non décoré, pâte beige‑orangé à l’extérieur, brune à l’intérieur et noire sur les tranches ; éléments non plastiques de 0,5 à 4 mm très abondants (silice, calcaire, chamotte ?).

Aire interne

103Elle est occupée par les restes très arasés d’une sépulture à inhumation du Bronze final (cf. § 4.2.3.6).

4.2.1.18 Enclos E25

104FIG. 97

105Situé à l’est du groupe sud. En partie engagé hors limite d’emprise.

Caractéristiques

106Enclos circulaire à fossé continu : diam. 11 m ; larg. 0,62 à 0,75 m ; profondeur 0,26 à 0,36 m sous 0,40 m à 0,50 m de décapage ; profil en V ou en U ; fond relativement plat.

Remplissage

107Homogène, de limon brun foncé et riche en graviers. Quelques tessons protohistoriques atypiques.

4.2.1.19 Enclos E26

108FIG. 98

109C’est la structure la plus méridionale de la nécropole. Cet enclos isolé appartient vraisemblablement à un petit groupe d’au moins trois monuments circulaires situés dans la partie de la parcelle hors emprise5.

Caractéristiques

110Deux fossés tangents. Fossé externe : diam. externe maximum 14,75 à 15,50 m ; larg. 0,40 à 0,80 m ; profondeur maximum 0,29 m sous 0,40 m de décapage ; profil en cuvette à bords évasés ; entrée orientée au nord de 0,60 m de largeur. Fossé interne : larg. 0,75 à 1,35 m ; profondeur maximum 0,48 m ; profil en cuvette ou en V évasé. Le recoupement partiel de l’entrée de l’enclos externe lors du creusement du fossé interne atteste la non contemporanéité de ces deux structures.

Remplissage

111Limon homogène brun gravillonneux avec de très nombreux rognons de silex sans organisation préférentielle dans toute la hauteur du comblement.

Mobilier

112Une dizaine de tessons protohistoriques atypiques dans les fossés.

Sépulture adventice (sépulture 107)

113Une inhumation repliée, sans mobilier, dans la partie sud‑est du fossé externe.

4.2.1.20 Enclos E27

114FIG. 99

115Partiellement engagé sous le CD 135 au nord, le fossé n’a pu être fouillé dans sa totalité.

Caractéristiques

116Diam. 11,85 m ; larg. 0,50 à 0,75 m ; profondeur 0,16 à 0,30 m sous 0,30 m de décapage ; profil en cuvette ou en U évasé.

Remplissage

117Comblement homogène de limon brun foncé, riche en gravillons et en silex.

4.2.2 Les enclos circulaires de Soucy dans leur contexte régional

4.2.2.1 Typologie

118FIG. 100

119L’étude des différents modes de remplissages et d’aménagements des enclos circulaires de Soucy permet de proposer un certain nombre d’hypothèses de reconstitutions. Celles‑ci se fondent sur les résultats de recherches menées sur ce type de structures, depuis plusieurs décennies, dans le Bassin parisien, en Franche‑Comté, en Allemagne, en Angleterre et en Belgique. Il ne s’agit pas ici de reprendre l’ensemble de la documentation existante mais, simplement, d’illustrer à l’aide de données précises et d’exemples bien attestés, les différents types et variantes qui ont pu exister dans le Sénonais au Bronze final.

Type A1 enclos circulaire simple à fossé continu

120Ce type est de loin le plus courant dans le Sénonais car sur un ensemble de 111 enclos fouillés et répertoriés, 79 sont à fossé continu (71 % du total). En comparaison, ce type représente 62,2 % des enclos fouillés en Picardie (Debord 1987). Trois sous‑types se distinguent en fonction du diamètre extérieur du fossé : les enclos de petite taille, moins de 5 m de diamètre ; ceux de taille moyenne, de 5 à 15 m de diamètre ; les exemplaires de grande taille, de plus de 15 m de diamètre. Les enclos du groupe 2 sont les plus nombreux clans la région, 55,6 % du total. A Soucy, 15 des 20 enclos circulaires appartiennent à ce sous‑type (fig. 101). La largeur et la profondeur des fossés varient à l’intérieur de chaque sous‑type.

121Les plus anciens enclos circulaires à fossé continu apparaissent en association avec des tombes à inhumations ou à incinérations du Bronze final I‑IIa ; ce type perdure ensuite durant tout le Bronze final et le premier âge du Fer (Mordant 1983). L’enclos de Monéteau était associé à une incinération centrale datée du Hallstatt D (Yonne) (Kapps, Bailloud 1961). Bien qu’assez rare au Bronze final IIb‑IIIa, ils sont connus à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne), enclos ad et j avec les incinérations centrales 66 et 18 (Prampart 1990), à Gravon/Le Chemin de l’Ecluse (Seine‑et‑Marne), l’enclos E1 (Mordant 1966), à Sainte‑Pallaye/Champs Guyot (Yonne), enclos El avec son incinération centrale (Carré, Mordant 1988 : fig. 2). A La Tène ancienne, on n’édifie plus de telles structures mais il n’est pas rare de mettre au jour des tombes secondaires de cette dernière période implantées dans des enclos du Bronze final, plus particulièrement en périphérie interne du fossé, sur ce dernier, et, plus rarement, au centre de la surface enclose (Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions [Mordant, Mordant 1970], enclos E2 ; Gravon/Le Chemin de l’Ecluse, enclos B).

122La présence ou l’absence d’une palissade dans le fossé détermine plusieurs variantes architecturales. Toutefois la typologie élaborée pour l’Angleterre par P. Ashbee (I960) à partir de structures parfaitement fossilisées nous invite à la prudence et à nous méfier de généralisation trop simplificatrice. Le fossé ne reçoit pas nécessairement de palissade, les matériaux extraits servent ou non à édifier un tertre central, un cordon périphérique, voire même les deux à la fois.

Variante A11 :fossé sans palissade

123Critères de reconnaissance : soit un remplissage de type 1 (comblement volontaire homogène sans classement granulométrique des matériaux) soit de type 2 (comblement naturel avec tri granulométrique des matériaux), un remplissage presque homogène sur la totalité de la circonférence du fossé, un fossé à profil en V ou en U évasé ou en cuvette. Le fossé des enclos reste à ciel ouvert ou peut être comblé volontairement, ce qui pourrait correspondre à un aménagement particulier de l’aire interne.

124Deux hypothèses peuvent être proposées pour interpréter les remplissages de type 1 et 2 et tenter de reconstituer l’aspect primitif des monuments :
– clans la première, le comblement du fossé se fait lentement par dégradation asymétrique des parois et éboulement des terres en provenance du tertre central (remplissage lent stratifié) ;
– dans la seconde, le fossé est comblé très rapidement lors de l’édification de la masse tumulaire qui englobe l’ensemble aire interne/fossé périphérique (remplissage homogène) ; un tel processus de comblement rapide et volontaire lié à l’édification d’un tumulus trouve sa parfaite illustration dans la fouille du tumulus à quatre fossés circulaires concentriques de Bressey‑sur‑Tille/Clair Bois (Côted’Or) (Ratel 1977). A chaque phase d’agrandissement du monument primitif par creusement d’un nouvel enclos, ce dernier était immédiatement comblé par les matériaux qui servaient à exhausser le tertre précédent.

125A Soucy, les enclos E3, E11, E16, E17, E24, E25, E27 correspondent à cette première variante. Tous ont en commun un fossé continu, de petite taille, d’une profondeur maximale de 0,37 m, et d’une largeur maximale de 1,45 m. Le remplissage présente toujours une seule phase de comblement composé de limon brun foncé ; aucun tri granulométrique ni aucun pendage préférentiel n’a été observé en stratigraphie. L’enclos E16 est le seul a avoir conservé sa sépulture centrale qui avait été placée à la base de la masse tumulaire, à 15 cm au‑dessus de la craie. La tombe n’a été préservée que par sa situation dans une zone de très fort recouvrement limoneux en bordure du CD 135. En ce qui concerne les sépultures des autres « tumulus », en admettant qu’elles aient été également placées dans le massif tumulaire, les labours profonds et l’érosion ont eu raison d’elles.

Variante A12 : fossé avec palissade espacée

126Le tumulus de Soyria, dans le Jura, illustre parfaitement la variante A12 (Pétrequin et al. 1980). Des trous de poteaux implantés tous les 0,60 m ont été observés dans le fossé périphérique du tumulus. L’enclos El de Soucy répond aux critères de reconnaissances requis : fossé à profil en V, remplissage alterné de zones à comblement homogène et de zones stratifiées. Ces dernières correspondent à l’emplacement des poteaux espacés. Comme à Soyria, un tumulus devait exister au‑dessus de la surface enclose comme le laisse supposer la faible profondeur de la fosse de la sépulture centrale.

Variante A13 : fossé avec palissade jointive

127L’enclos E6 de Soucy correspond à cette variante. La rigole externe ainsi que le fossé d’enclos ont tous les deux été pourvus d’une palissade à poteaux jointifs (profils du fossé et calages de rognons de silex). Il en est de même du fossé interne de l’enclos E21 dont le profil en V suggère également une palissade de ce type. Dans le Bas‑Rhin, une structure circulaire à poteaux refendus encore conservée a été découverte à la base du tumulus 21 de Mussig (Plouin et al. 1986). La palissade ininterrompue mesure de 5,20 à 5,80 m de diamètre. Elle est composée de soixante‑quatre pieux de chêne refendus implantés dans un petit fossé de 0,20 m de largeur et 0,38 m de profondeur minimale. L’étude stratigraphique a permis de reconnaître deux stades dans l’édification du monument : la pose de la palissade puis, dans un second temps (qu’il n’a pas été possible d’estimer), l’établissement du tumulus. Trois inhumations du Bronze final IIIb et du Hallstatt ancien occupaient l’aire centrale du cercle. Elles ont été implantées dans la masse tumulaire au‑dessus du sol d’origine. Letriple enclos concentrique de Berry‑au‑Bac/La Croix Maigret (Aisne) est également à classer dans cette variante. Il s’agit en fait de « trois fossés circulaires segmentés à remplissage de poteaux » (Boureux 1975). D’autres exemples de fossé à palissade jointive sont connus en Angleterre (catégorie B2 de P. Ashbee [I960]) ou en Allemagne dans la nécropole tumulaire de Ileidenheim‑Schnaitheim (Wurtemberg) (Biel 1977).

Type A2 enclos circulaire simple à fossé interrompu

128Avec trente‑deux structures (29 %), c’est le second grand type d’enclos circulaire de la région (fig. 102). Il représente 17,8 % des enclos fouillés en Picardie (Debord 1987). A l’instar du type précédent, trois sous‑types existent : les petits de diamètre externe inférieur à 5 m ; les moyens de 5 à 15 m de diamètre ; les grands de plus de 15 m de diamètre. Comme pour le type A1, les enclos du second sous‑type regroupent le plus de structures.

129Les enclos du type A2 connaissent une longévité tout aussi importante que ceux du type A1. Ils apparaissent au Bronze final I‑IIa à Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1970 : enclos E5‑incinération 5), à Misy‑sur‑Yonne/Le Bois des Refuges (Seine‑et‑Marne) (Mordant et al. 1977 : enclos E1‑incinération 8) ainsi qu’à Pont‑sur‑Yonne/Beaujeu (Yonne) (Prampart 1982). Parmi les quatre enclos de la région datés du Bronze final IIb‑IIIa, un seul est du type A2 (Sainte‑Pallaye/Champs Guyot, enclos E2). On les retrouve ensuite au Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne) (Prampart 1986‑1987 : enclos p‑incinération 45) et à Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975 : enclos E7‑incinération 5) ; au Hallstatt D1, à Villeneuve‑la‑Guyard/ Les Falaises (Yonne) (Prampart 1986 : enclos A et B) où ils sont associés à des inhumations centrales.

130L’interruption du fossé se fait dans 87 % des cas au sud, avec toutefois une préférence pour l’orientation au sud/sud‑est (61,2 %) et au sud/sud‑ouest (25,8 %) (Mordant 1983). C’est le cas notamment de l’enclos E19 de Soucy/Mocques Bouteilles avec son entrée orientée au sud/sud‑ouest (fig. 88). Cette tendance générale se retrouve dans les Ardennes à Saulces‑Champenoises/Le Fond de Bernois (Flouest, Stead 1981), en Haute‑Marne à Hallignicourt/Le Brésil (Lepage 1975), en Picardie (Audouze Blanchet 1983) mais également en Belgique à Neerpelt/De Roosen, par exemple (Roosens, Beex 1962 ; Engels, Van Impe 1985 ; Annaert, Van Impe 1985). D’un point de vue chronologique, l’orientation au sud paraît étroitement lié au Bronze final et au premier âge du Fer, que ce soit en Picardie (Audouze, Blanchet 1983), en Champagne (Brisson, Hatt 1953), aux Pays‑Bas (Butler 1969) ou en Belgique. Les enclos du Bronze ancien ou moyen de Picardie (Debord 1987) et des Pays‑Bas (De Laet 1982) sont dépourvus d’entrée. Les exemplaires régionaux qui peuvent être rattachés à une phase chronologique précise sont les suivants :

131– Bronze final I‑IIa : entrée orientée au sud/sud‑est à Gravon, enclos C et D‑incinérations C et D (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1966 : fig. 1ter), à Misy‑sur‑Yonne/Le Bois des Refuges, enclos E1‑incinération 8 (Seine‑et‑Marne) (Mordant et al. 1977), à Pont‑sur‑Yonne/Beaujeu, enclos E1 inhumation 1 (Yonne) (Prampart 1982) et au sud‑est à Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions, enclos E5‑incinération 5 (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1970) ;

132– Bronze final IIb‑IIIa : entrée orientée au sud‑ouest à Sainte‑Pallaye/Champs Guyot (Yonne), enclos E2‑incinération 2 (Carré, Mordant 1988) ;

133– Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien : entrée orientée au sud à Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons, enclos E7‑incinération 5 (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975), à Villeneuve‑la‑Guyard/ Les Falaises, enclos p‑incinération 45 (Yonne) (Prampart 1986‑1987). A Aulnay‑aux‑Planches (Marne) (Brisson, Hatt 1953), tous les enclos (tumulus) datent du Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien et possèdent une entrée au sud, sud/sud‑est ou au sud/sud‑ouest.

134Les enclos E21 et E26, de Soucy, se distinguent en revanche par une interruption orientée respectivement au nord‑est et au nord. A Gourlon (Yonne) (Carré, Mordant 1988 : fig. 6), deux des trois enclos à fossé interrompu le sont au nord‑est et au nord ; à Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Mame) (Bontillot et al. 1975 : fig. 1), l’enclos E3 possède aussi une entrée au nord. A Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne) (Prampart, Prestreau 1989 : fig. 125), on compte cinq enclos à fossé interrompu au nord/nord‑ouest et un au nord/nord‑est. Ces quelques cas d’orientation au nord ne sont jamais associés à des sépultures à l’exception cependant de l’enclos B de Villeneuve‑la‑Guyard qui possède une inhumation centrale du Hallstatt D. Leur rattachement à une phase chronologique demeure donc pour le moins problématique en l’état actuel des découvertes. Dans les Ardennes, sur le site d’Acy‑Romance/La Croizette (Lambot 1989), les entrées des enclos circulaires du Hallstatt Cl et C2 sont orientées au nord/nord‑ouest. Le tumulus VI d’Appenwihr (Haut‑Rhin), daté du Bronze moyen, était entouré d’un enclos circulaire à fossé interrompu au nord‑est (Bonnet et al. 1981).

135Trois variantes au type A2 ont été reconnues en fonction de la présence ou l’absence de palissade dans le fossé.

136● Variante A21 : fossé sans palissade

137Les enclos E21 et E26 de Soucy sont à ranger dans cette variante. Ils possèdent un fossé à fond plat et large. Dans les deux cas, le remplissage homogène permet d’envisager la présence d’un tertre (cf. supra variante A11).

138● Variante A22 : fossé à palissade espacée

139L’enclos E1 de Sainte‑Pallay/Champs Guyot (Yonne) appartient à cette variante. Trois trous de poteaux espacés les uns des autres de 3 m ont été découverts de part et d’autre de l’entrée et dans la partie décapée du fossé de l’enclos (Carré, Mordant 1988 : fig. 2). La variante A22 correspond à la catégorie B1 de P. Ashbee (I960).

140● Variante A23 :fossé à palissade jointive

141L’enclos de Monéteau‑Gurgy (Yonne) est à classer dans cette variante (Brézillon 1964). Le type de remplissage ainsi que les groupements de vestiges et des amas de blocaille régulièrement espacés dans la gouttière médiane du fossé témoignent de l’existence d’une palissade à poteaux jointifs.

Type A3 enclos à fossé double ou multiple continu

142Quelques enclos à fossé continu ou interrompu double, triple et même quadruple sont connus dans la région. Il s’agit dans bien des cas de structures ayant subi de multiples recreusements visant soit à agrandir l’enclos initial (Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve, enclos 44 ; Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises, enclos ac ; Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions, enclos E2) (Mordant, Mordant 1970), soit à le rétrécir (Soucy, enclos E21, E26) soit plus simplement à le rénover (Gravon/La Souricière, enclos E8) (Mordant, Mordant 1970). Ces enclos ne peuvent être comparés aux enclos doubles ou triples de Picardie du Bronze ancien et du Bronze moyen qui ont été bâtis ainsi des l’origine. Il existe pour ces derniers un rapport légèrement inférieur à 1/2 entre le diamètre du fossé externe et celui du fossé interne (Audouze, Blanchet 1983). En Bourgogne et en Picardie, il n’existe pas de rapport aussi strict entre les diamètres des fossés interne et externe des enclos du Bronze final. A Soucy et à Charmoy, le rapport est respectivement de 3/4 et de 2/3 (variante E1).

143La situation dans le centre‑ouest de la France est comparable à celle de la Bourgogne. On y trouve des enclos doubles datés pour la plupart du premier âge du Fer mais le creusement des fossés n’est pas toujours synchrone (Pautreau 1983).

Type B1 enclos à fossé continu et trous de poteaux externes

144L’enclos E2 de Soucy est actuellement l’unique exemplaire de ce type fouillé en Bourgogne. En raison de l’arasement du fossé, il est difficile de conclure sur la présence ou l’absence d’une palissade dans ce dernier. Une structure comparable à trous de poteaux périphériques mais à fossé palissadé interrompu au nord a été fouillé récemment dans l’Oise à Antheuil‑Portes/Le Fond de Saint‑Maur (Blanchet 1989 : fig. 18). Un tel aménagement est connu en contexte Bronze final en Belgique à Neerpelt/De Roosen, structures 17 et 27 (Roosens, Beex 1962) et en Westphalie à Nienborg‑Wext, endos VII (Voss 1967 : abb. 11) et en contexte La Tène A dans l’Hunsrück‑Eifel à Hoppstädten/Hasselt, tumulus 4 (Haffner 1976 : abb. 76). D’après la coupe stratigraphique de ce dernier, un tumulus s’élevait au centre de la structure sans recouvrir de sa masse ni le fossé ni les poteaux périphériques. Fossé et poteaux ont un remplissage homogène, identique à celui qui compose la masse tumulaire. A Soucy la nature des remplissages est pareillement homogène. On peut ainsi imaginer que le tumulus n’est pas limité à l’aire centrale mais qu’il recouvre l’ensemble fossé/palissade, le sommet des pieux dépassant alors de la masse.

Type B2 enclos à fossé et poteaux internes

145P. Parruzot a fouillé, en 1959‑1960, à Serbonnes/La Créole (Yonne) un enclos circulaire à fossé continu et double palissade continue interne. Le fossé mesure 19,50 m de diamètre externe, 1,50 à 1,80 m de largeur et 1,50 m de profondeur moyenne. Il affecte un profil en V irrégulier avec une paroi interne subverticale. La première rigole, distante du fossé de 0,25 m, mesure 0,30 m de largeur pour une profondeur de 0,45 m. La distance séparant le fossé de cette rigole n’excède pas 0,25 m. La seconde rigole est distante d’environ 2 m de la première rigole. Elle est large de 0,20 m et profonde de 0,15 m. Les profils des deux rigoles sont quadrangulaires. Le comblement du fossé présente deux phases distinctes de remplissage : un premier horizon constitué de l’érosion interne des parois du fossé, suivi d’un remplissage alterné de lits de terre et de silex. Cette structure peut être comparée à l’enclos à triple fossé palissadé de Beny‑au‑Bac/La Croix Maigret (Aisne) (Boureux 1975 : fig. 6).

Type C1 enclos à poteaux de forme circulaire simple

146On distingue deux variantes à ce type : variante C11 à poteaux espacés, dans laquelle se range l’enclos E22 de Soucy et variante C12, à poteaux jointifs. Ces variantes correspondent respectivement aux catégories A1 et A2 de P. Ashbee (1960). Les comparaisons nous conduisent majoritairement vers les régions du Nord‑Ouest européen, en Belgique (De Laet 1982 ; Engels, Van Impe 1985 ; Annaert, Van Impe 1985), en Hollande, en Angleterre, au Danemark et dans les régions d’Europe moyenne, en Württemberg et en Westphalie (Wilhelmi 1983 ; Voss 1967). Le type d’enclos (de tumulus) à poteaux simple espacés (C11) est connu à plus d’une centaine d’exemplaires aux Pays‑Bas et dans la moitié nord de la Belgique, ce qui représente près de 50 % des tumulus du Bronze ancien et moyen fouillés (De Laet 1982). Ces tumulus sont associés à des sépultures se rapportant indifféremment à la civilisation de Hilversum et à la civilisation d’Elp. La majorité de ces structures date d’entre 1350 et 1250 av. J.‑C. ; les plus anciennes remontent à la période campaniforme (De Laet : 448). Un enclos de ce type recouvert d’un tumulus a été récemment fouillé dans la nécropole d’Obenheim/Taspelmatt (Bas‑Rhin) (Lasserre 1989). Il est associé à trois inhumations du Bronze moyen et à une inhumation du Hallstatt ancien. Trois enclos à poteaux sont connus en Picardie, sur les sites de Beny‑au‑Bac/La Croix Maigret et Le Chemin de la Pêcherie (Aisne) (Boureux 1975 : fig. 6 ; Dubouloz, Plateaux 1978) dont un à trois cercles concentriques de poteaux jointifs (variante C12). Ce type d’enclos perdure à La Tène B2 (HEK IIB) dans la nécropole de Schleidweiler‑Rodt, tumulus 2, 4 et 12 (Allemagne) (Haffner 1976 : abb. 157‑158, 160).

Type A4 enclos réniforme à fossé continu6

147La forme des enclos de ce type est dérivée de celle des Schlüssellochgräben de Westphalie, de Basse‑Saxe, du nord‑ouest de la Belgique, des Pays‑Bas (Wilhelmi 1983 : abb. 13 ; De Laet 1982). Datés de l’extrême fin du Bronze final, ils sont fréquemment associés à des sépultures centrales. L’enclos E3 de Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1970) est le seul exemplaire, à notre connaissance, actuellement fouillé dans le Bassin parisien. Il mesure 38 m dans son plus grand axe. L’existence d’une palissade dans le fossé a été envisagée par les fouilleurs (Mordant, Mordant 1970). Des structures comparables ont été signalées anciennement en Picardie à Juvincourt/Champ Bouzy (Aisne) (Boureux 1976), à Camon (Somme), à Port‑Le‑Grand (Somme) (Agache 1978), dans le Centre‑Ouest à Ecurat (Pautreau 1983) et plus récemment dans les Ardennes7. Deux enclos de type Schlüssellochgräben ont été fouillés à Quilly/Le Fichot (Ardennes) par J.‑L. Flouest (Frézouls 1983 : fig. 8).

Type A5 enclos réniforme à fossé interrompu

148La présence d’une entrée sur un des grands côtés distingue ce type d’enclos du précédent. Il ne sont connus qu’à deux exemplaires dans la région, à Serbonnes/Champ Rabault, enclos E3 (Yonne) (Prampart 1978) et à Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve, enclos E6 (Aube) (Piette 1972). Ces deux enclos mesurent respectivement 21 et 23 m dans leur plus grande longueur. Le fossé, assez profond, affecte un profil en « Y ».

149L’existence d’une palissade à poteaux jointifs implantée dans le fossé ne semble faire aucun doute (Mordant 1983).

Type A6 enclos rectangulaire à fossé interrompu

Variante A61 : interrompu sur un grand côté

150Il s’agit de grandes structures pouvant atteindre plus de 100 m de long comme à Henné (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1983). Les trois enclos de Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons, enclos E4 (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975) et de Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve, enclos E3 et E5 (Aube) (Piette 1972) mesurent respectivement 17, 45 et 62 m de long. Ils possèdent tous une entrée orientée au sud. Ces enclos sont comparables aux Langgräben de Westphalie et du Bassin de Neuwied qui apparaissent au Bronze moyen et perdurent jusqu’à l’extrême fin du Bronze final (Wilhelmi 1975). B. Lambot a récemment dressé la carte de répartition des exemplaires français (1989 : fig. 29). Ces derniers se répartissent selon un axe nord‑est/sud‑ouest reliant le site d’Antran/La Croix Verte (Vienne) à celui d’Acy‑Romance/La Croizette (Ardennes). A l’est de cette diagonale, l’auteur signale les découvertes de Saint‑Vit/Au Fossard (Doubs), de Reguisheim/Leimengraben (Haut‑Rhin) et de Doucier (Jura) ; à l’ouest une seule découverte a été signalée pour le moment : Brutelles dans la Somme (Lambot 1989). Une structure de ce type a été récemment sondée dans la Marne à Linthelles/Le Chemin de Sézanne (Leblanc 1990 : fig. 17). Ces Langgräben sont assimilés à des enceintes cultuelles. La découverte dans le remplissage de certains fossés de dépôts de récipients en céramique ou de cornes votives brisées intentionnellement conjuguée à l’absence fréquente de sépultures sur l’aire interne de ces structures accrédite cette hypothèse (Lambot 1989).

Variante A62 : interrompu sur un petit côté

151L’enclos R de Gurgy/La Picardie (Yonne) (Pellet, Delor 1980 : fig. 3) est à classer dans cette variante. Il peut être rapproché de certains enclos cultuels de Hollande, notamment de Nienborg ou de Warendorf (Lambot 1989). La structure de Gurgy correspond au type Wledder/Gasteren de Wilhelmi (1975). D’autres enclos de ce type ont été repérés par photographie aérienne dans l’Auxerrois (Delor 1988 : fig. 4).

4.2.2.2 Contexte chronologique et culturel

152Le développement des enclos circulaires puis, plus tard, celui des Langgräben et des Schlüssellochgräben dans le Bassin parisien sont à mettre au compte de changements qui s’exercent à l’échelle européenne. On observe quatre phases qui correspondent aux grandes coupures chronologiques traditionnelles. Chacune d’elles se caractérise par l’apparition et le développement du phénomène des enclos. Différentes formes de manifestation sociale s’expriment au travers de celui‑ci et des pratiques funéraires qui y sont liées. Les enclos circulaires du sud‑est du Bassin parisien couvrent l’ensemble de la période du Bronze final. En Picardie ils sont connus dès le Bronze ancien.

Phase 1 Bronze ancien‑Bronze moyen

153A cette période, le nord‑ouest du Bassin parisien se rattache à l’entité atlantique. Cette région constitue l’extrémité méridionale d’un vaste ensemble culturel nord‑occidental qui englobe le sud des Pays‑Bas, le sud de l’Angleterre et la Belgique, soit les groupes de Drakenstein‑Hilversum‑Laren (Brun, Pommepuy 1987). A l’intérieur de cet ensemble, on remarque une forte homogénéité qui se manifeste à la fois dans les productions céramiques, métalliques et les pratiques funéraires. C’est dans ce contexte qu’apparaissent les premiers enclos circulaires de Picardie. Sur la quarantaine d’enclos fouillés dans cette région, onze datent du Bronze ancien et du Bronze moyen (Debord 1987). Il s’agit de structures à fossé concentrique, unique ou double, et à sépulture à incinération centrale (une seule inhumation est connue dans l’Aisne, à Villeneuve‑Saint‑Germain/Les Grandes Grèves) (Debord 1987). Les restes du défunt sont placés dans une petite cavité et/ou recouverts par une urne renversée. Une ciste en pierre protège dans certains cas l’incinération ; l’ensemble pouvant être recouvert par un tumulus (Blanchet 1976 ; Audouze 1981 ; Bréart, Fagnart 1982 ; Brun, Pommepuy 1987). Tous les types d’enclos de Picardie sont également connus dans les autres régions du complexe atlantique. C’est le cas, en particulier, des enclos à poteaux espacés simples qui datent pour la plupart de la seconde moitié du Bronze moyen, soit entre 1350 et 1250 av. J.‑C. (De Laet 1982). Les deux exemplaires fouillés à Berry‑au‑Bac/La Croix Maigret et Le Chemin de la Pêcherie (Aisne) (Boureux 1975 ; Dubouloz, Plateaux 1978) pourraient, par comparaison, se rapporter à la même période. Il en est de même de l’enclos E22 de Soucy/Mocques Bouteilles. Cependant, en l’absence de mobilier, la datation proposée demeure totalement conjecturale. Seules les découvertes à venir permettront de confirmer ou non cette proposition. Cet enclos serait alors le premier témoin des influences du Bronze moyen atlantique dans le nord de la Bourgogne.

154Durant cette période, le sud‑est du Bassin parisien semble se raccorder à un « horizon métallurgique » atlantique (dépôt de Bailleul‑Muids‑Misy) (Blanchet, Mordant 1987). Toutefois l’absence de témoins tangibles, tant céramique que funéraire, ne permet pas de rattacher définitivement la région à cette entité. L’indigence de la documentation ne permet pas également de la rattacher à l’entité orientale de Hagueneau. Durant cette phase, la Champagne et la Bourgogne sont ainsi partagées par le jeu des « influences « Est‑Ouest (Mordant 1989a).

Phase 2 Bronze moyen final‑Bronze final I‑IIa

155Au Bronze moyen final, comme l’ont montré récemment J.‑C. Blanchet, P. Brun et M. Talon (Blanchet et al. 1989), la Picardie demeure dans l’orbite des groupes de la façade atlantique. Les « influences » orientales se font à peine sentir. Elles ne sont illustrées, en l’état actuel de la recherche, que par quelques très rares découvertes métalliques ou céramiques : épée de Boran (Oise), dépôt de Villers‑sur‑Authie (Somme), dépôt de Saint‑Just‑en‑Chaussée (Oise), vase à décor excisé de Clermont‑en‑Beauvaisis (Oise) et un tesson provenant d’une fosse d’habitat de Chevrière (Oise) (Blanchet et al. 1989). Dans le jeu des influences Est‑Ouest qui s’amplifie encore davantage au cours de la seconde étape du Bronze moyen entre les groupes de la façade atlantique et les groupes orientaux, la situation de la Picardie demeure inchangée (Blanchet et al. 1989). A l’opposé, l’est et le sud‑est du Bassin parisien basculent résolument dans la sphère d’influence des groupes culturels des tumulus orientaux (Mordant 1984 ; 1989a). Dans le sud‑est du Bassin parisien, plusieurs habitats et nécropoles de cette période sont connus (Mordant 1989a). Tous ces ensembles du Bronze moyen final et du Bronze final I‑IIa sont à rattacher au faciès du Bronze moyen final de Hagueneau. A cette période, les influences occidentales se limitent à la découverte de quelques bronzes isolés (haches à talon de type normand et de type breton, poignard de type Tréboul‑Saint‑Brandan, etc.) (Mordant 1984). Le groupe culturel du confluent Yonne‑Haute‑Seine (Mordant 1984 ; 1989a) ou groupe de Marolles (Brun 1984 ; 1986) fait preuve d’un fort dynamisme, notamment dans les pratiques funéraires où l’on assiste à l’apparition de nécropoles groupées à inhumations repliées en puits (Marolles‑sur‑Seine, Barbey) (Mordant 1983) et à celle des premiers enclos circulaires de type A1 et A2. Pour C. Mordant, c’est la position périphérique de la région, en limite occidentale du domaine continental, qui fait « la force et le dynamisme de ce groupe culturel » (Mordant 1989a) ; selon l’auteur, il s’agit d’un « effet de lisière » caractérisé par « une situation de compétition culturelle » (Mordant 1989a : 292). C’est dans ce contexte que se comprend l’apparition du phénomène des enclos circulaires du Bronze final I‑IIa. A la suite des propositions émises depuis plusieurs années par C. Mordant (1983 ; 1989a), on peut donc émettre l’hypothèse suivante : l’apparition des enclos participe de l’évolution endogène du groupe de Marolles, au même titre que les innovations typologiques apparues dans la parure (diadème, épingle type Yonne, bracelet type La Colombine) ou des transformations des pratiques funéraires (tombes en puits). Il s’agit d’une adaptation aux conditions locales des structures tumulaires des régions de l’Est, vraisemblablement sous influence des régions du Rhin moyen où ce type de structure abonde. L’adoption du rite tumulaire se double ainsi au début du Bronze final d’une modification des structures originelles des régions de l’Est dépourvues le plus souvent de ce type d’aménagement : les enclos circulaires ne sont attestés, en l’état actuel de la recherche, que dans quatre tumulus du Bronze moyen : à Appenwihr VI (Haut‑Rhin), à Obenheim (Bas‑Rhin), Colmar‑Riedwihr (Haut‑Rhin) (Bonnet et al. 1981 ; Pétry 1984 ; Bonnet et al. 1989). D’autre part, aucune structure de ce type n’a été mise au jour en association avec une sépulture du Bronze moyen dans l’est ou le sud‑est du Bassin parisien. A Champlay/La Colombine (Yonne) (Lacroix 1957), toutes les sépultures sont à tombes plates tandis qu’à Couchey/La Rente Neuve (Côte‑d’or) (Ratel 1961a ; 1961b) et à Magny‑Lambert/La Combe‑Bernard (Côte‑d’Or) (Henry 1933), les tumulus ne possèdent pas de structure fossoyée à leur base. Il faut donc envisager l’apparition des enclos circulaires comme la symbiose entre différents facteurs externes (région de Hagueneau, région du Rhin moyen) et internes (dynamique du groupe de Marolles dû à sa position géographique).

Phase 3 Bronze final IIb‑IIIa

156Au cours de cette étape, on constate en Picardie et dans la zone du confluent Yonne‑Seine une diminution notable des enclos circulaires tandis que les premiers exemplaires font leur apparition en Champagne‑Ardenne : Acy‑Romance/La Croizette, enclos E2-sépulture 3 (Lambot, Talon 1988), Broussy‑le‑Grand/Le Pralat, enclos A‑sépulture A (Marne) (Chertier 1976).

Phase 4 Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien

157L’étape 4 se caractérise par la réapparition de l’inhumation et la généralisation des tumulus et/ou des enclos funéraires. Cette période se caractérise également par l’atomisation des groupes culturels du Bassin parisien, l’intensification des échanges et des relations à longue distance (cf. chap. 6). Chaque groupe peut être rattaché à de plus vastes entités géographiques : le sud‑est du Bassin parisien se rattache au faciès Gündlingen‑Ossingen‑Singen ; la zone septentrionale appartient au groupe des Ardennes (groupe de Belgique centrale et méridionale) ; la zone champenoise est apparentée aux groupes de Lorraine‑Sarre‑Bassin de Neuwied (Brun 1984 ; 1986). En rupture totale avec la période précédente, on assiste au décloisonnement de ces groupes par l’ « européanisation » des échanges (Mordant 1990), dont témoigne la composition des grands dépôts lorrains, du Nord‑Ouest, de l’Est ou du Centre‑Ouest (Reboul, Millotte 1975 ; Millotte 1963 ; Blanchet 1984 ; Coffyn et al. 1981). Les dépôts d’Arcy‑sur‑Cure (Yonne) et de Boissy‑sur‑Cailles (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1984), ainsi que les dragages de l’Yonne et les découvertes fortuites témoignent également des relations à longue distance dont profite la zone du confluent Yonne‑Seine (Mordant 1982).

158La généralisation des enclos circulaires de types A1 et A2, jusqu’alors cantonnés dans le Nord, la Picardie, la Bourgogne et la Champagne, va de pair avec celle des tumulus auxquels ils sont bien souvent associés. On les retrouve dans toute la moitié nord de la France : en Côte‑d’Or (Chevillot 1980 ; Goguey 1984 ; Dorion, Buvot 1990), Franche‑Comté (Millotte 1981), en Alsace (Piningre et al. 1989 ; Jeunesse 1989 ; Plouin 1989 ; Mathieu, Plouin 1989), dans les régions de l’Ouest et jusqu’en Centre‑Ouest (Pautreau 1983 ; Mataro i Pladelasala 1988). Ces enclos sont fréquemment d’un plus grand diamètre que ceux des périodes précédentes.

159L’apparition des enclos rectangulaires (Langgräben), réniformes ou en trou de serrure (Schlüssellochgraben), à fonction cultuelle dominante, remonte au Bronze final IIIb. Ils attestent le renforcement des relations culturelles avec les régions du Rhin inférieur et moyen, effective depuis la phase ancienne du Bronze final : Westphalie, Pays‑Bas, Bassin de Neuwied (Mordant 1983). La réalité de ces relations apparaît aussi bien dans le domaine funéraire (cabane funéraire de la sépulture 63) que clans le domaine cultuel avec l’apparition de sanctuaires et de pratiques spécifiques (Lambot 1989). Leur expansion est également liée à celle de nouvelles formes d’appropriation de l’espace. Le renforcement de l’emprise des communautés humaines sur leur territoire se manifeste par la création de pôles cultuels (nécropoles à enclos cultuels comme celle d’Acy‑Romance) dont la cartographie précise reste à faire. En l’état actuel de la recherche, la répartition de ces structures concerne principalement l’aire d’extension de l’entité RSFO précédente et ses marges occidentales (Lambot 1989 : fig. 29).

4.2.3 Les inhumations du Bronze final IIIb

4.2.3.1 Sépulture 3 (Gaj 1982)

160FIG. 103, n^o 7

161Sépulture adventice de l’enclos double E7‑E7bis.

Fosse

162Long. 2,10 m ; larg. 0,64 m ; profondeur 0,10 à 0,15 m. Extrémités arrondies, fond plus ou moins plat.

Squelette

163Orientation de la tête : est.
Adulte de sexe masculin.
Il repose en décubitus dorsal, les membres supérieurs et inférieurs en extension.
Le crâne apparaît par sa face latérale gauche. Des blocs de silex ont été placés sur le bassin et derrière le crâne.

Mobilier

164– Deux anneaux de bronze (fig. 103, n^os5, 6)
Situation : sur le côté droit du bassin
Dimensions : diam. extérieur 18 et 20 mm ; diam. jonc 2 et 3 mm.

165– Épingle en bronze à tête vasiforme (fig. 103, n^o 4)
Situation : à droite du thorax.
Dimensions : long. 140 mm ; diam. 3,5 mm.

166– Petit gobelet à panse globuleuse (fig. 103, n^o 1)
Situation : derrière le crâne.
Caractéristiques : panse ovoïde et col éversé à lèvre oblique interne, base épaisse et assise plate, sans décor. Diam. d’ouverture 154 mm, haut. 136 mm.

167– Coupe (fig. 103, n^o 2)
Situation : derrière le crâne. Caractéristiques : panse convexe et bord sécant, assise creuse, sans décor. Diam. ouverture 128 mm, haut. 53 mm.

168– Petit bol (fig. 103, n^o 3)
Situation : derrière le crâne. Caractéristiques : panse arrondie et petit bord éversé, assise plate, sans décor. Diam. ouverture 81 mm, haut. 54 mm.

4.2.3.2 Sépulture 63

169Sépulture centrale de l’enclos circulaire E1. Elle est placée très légèrement décalée vers le nord par rapport au centre géométrique de la surface enclose.

Fosse (fig. 104)

170Long. 2,55 m ; larg. à la tête 0,54 m, 0,70 aux pieds ; profondeur 0,10 à 0,12 m maximum ; extrémités arrondies. La partie de la fosse située au‑delà du crâne présente un rétrécissement très marqué (larg. 0,44 m). Aux pieds la fosse s’incurve légèrement vers le sud. Les parois sont très évasées et quasiment inexistantes le long de ce même côté ; le fond est en cuvette. Quatre trous de poteaux sont disposés respectivement à 0,35 m de l’extrémité ouest et à 0,42 m de l’extrémité est de la fosse. De forme grossièrement circulaire, ceux situés au‑dessus du crâne de l’inhumé mesurent 0,19 m de diamètre et 0,19 m de profondeur maximale. Ceux placés de part et d’autre des jambes mesurent 0,28 m de diamètre, pour une profondeur qui varie de 0,28 m à 0,39 m. Chaque trou de poteau est relié à son vis‑à‑vis par une dépression longitudinale de 0,41 m de longueur et 0,14 m de profondeur pour ceux situés à l’ouest, et de 0,28 m de longueur et 0,27 m de profondeur pour ceux situés à l’est. Ces deux dépressions sont respectivement larges de 0,27 m et 0,35 m en surface et de 0,14 m et 0,12 m en profondeur. Les deux paires de trous de poteaux sont espacées de 1,45 m à 1,50 m (mesures prises au centre).

Remplissage

171Limon brun, riche en gravillons. Au‑delà des deux paires de trous de poteaux, il est de même texture mais de couleur plus claire. Le remplissage des trous de poteaux et des deux dépressions est composé d’un limon brun très foncé également riche en gravillons.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 105)

172Orientation de la tête : 254°,
Individu adulte, peut‑être féminin (les os coxaux sont très mal conservés).
L’état de conservation des os est très mauvais. Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face latérale droite. La position des membres supérieurs n’est pas connue : seul un fragment d’humérus gauche est conservé. Les membres inférieurs sont en extension. Les clavicules droite et gauche sont très obliques, elles se rapprochent de la direction de l’axe sagittal médian du corps. Cette position traduit une compression transversale de la partie supérieure du corps. Les fémurs apparaissent par leur face antérieure ; les tibias par la face antéro‑latérale pour le droit et médiale pour le gauche, de plus, ils sont en contrebas des fémurs d’une dizaine de centimètres. Peu d’éléments sont à notre disposition pour nous permettre de connaître le mode d’inhumation du défunt. Toutefois, la différence de profondeur entre les tibias et les fémurs pourrait suggérer que les tibias se sont effondrés dans cette partie surcreusée de la fosse, après disparition d’un élément en matière périssable qui isolait le corps du fond de la fosse.
i.v., h.d.

Mobilier

173– Vase 1 (fig. 106, n^o 3)
Situation : dans la dépression transversale reliant entre eux les deux trous de poteaux situés au‑dessus du crâne.
Caractéristiques : récipient à panse globulaire et petit bord éversé ; lèvre oblique interne ; panse décorée de deux doubles lignes incisées au peigne, espacées de 10 mm que surmontent, à 9 mm, deux cannelures douces de 4 mm de large ; pâte de couleur brune sur la tranche et sur la face interne et noire sur la face externe ; surfaces lissées intérieurement et extérieurement ; éléments non plastiques peu abondants et très fins (moins de 0,5 mm).

174– Vase 2 (fig. 106, n^o 1)
Situation : dans la dépression transversale reliant entre eux les deux trous de poteaux situés au‑dessus du crâne.
Caractéristiques : bol archéologiquement complet, à panse convexe et bord faiblement rentrant ; non décoré ; lèvre aplatie légèrement oblique‑interne ; pâte bien cuite de couleur brune et bistre ; éléments non plastiques peu abondants de taille fine (autour de 0,5 mm) à grossière (jusqu’à 2 mm) ; surface externe soigneusement lissée ; surface interne lissée dans la partie supérieure et visiblement rongée dans la partie inférieure. Haut. 77 mm ; diam. ouverture 126 mm ; diam. base 43 mm.

175– Vase 3 (fig. 106, n^o 2)
Situation : à l’intérieur du vase 1.
Caractéristiques : petit gobelet en bulbe d’oignon ; lèvre arrondie ; bande graphitée sur bord interne et externe du vase, ainsi que le haut de la panse, sur une largeur de 9 mm ; panse avec couverte rouge carmin (hématite) ; pâte bien cuite de couleur brune orangée ; éléments non plastiques peu abondants et fins (de 0,5 à 1 mm). Haut. 58 mm ; diam. ouverture 83 mm ; diam. panse 83 mm ; diam. base 20 mm.

176– Épingle en bronze à tête vasiforme (fig. 107, n^o 9)
Situation : découverte en trois parties, dispersées entre l’abdomen et le pubis de l’inhumée.
Caractéristiques : tête plate débordante, non décorée ; bulbe légèrement ovalaire ; très léger bourrelet de 5 mm de diamètre sous le bulbe. Long. 257 mm ; diam. maximum tige 35 mm.

177– Anneau plat, en bronze (fig. 107, n^o 7)
Situation : à l’emplacement du pubis de la défunte, à proximité des bracelets.
Caractéristiques : jonc fermé de section plate, non décoré ; légère déformation volontaire du pourtour interne et aménagement d’un segment rectiligne large de 13 mm. Dans l’hypothèse d’un anneau de ceinture, il pourrait s’agir de l’emplacement prévu pour fixer l’extrémité d’une ceinture de cuir ou de tissu. Diam. externe 330 à 335 mm ; ép. jonc 1 mm.

178– Quatre bracelets ouverts en bronze (fig. 107, n^os 3 à 6 et tabl. iv)
Situation : groupés sur le pubis de l’inhumée8.
Caractéristiques : jonc de forme ovalaire et de section légèrement bombée à l’extérieur et aplatie à l’intérieur, extrémités cannelées, décor d’incisions longitudinales remplies de chevrons emboîtés sur le corps du bracelet.

179– Deux anneaux de chevilles en bronze (fig. 107, n^os 1, 2 et tabl. v)
Situation : à chaque cheville.
Caractéristiques : strictement identiques aux quatres bracelets en bronze précédents.

180– Bracelet fermé en lignite (fig. 107, n^o 10)
Situation : associé aux bracelets en bronze.
Caractéristiques : jonc de forme légèrement ovalaire et de section en D. Diam. externe 80 à 84 mm ; ép. 10,5 mm. Ce bracelet a subi de très fortes altérations.

181– Collier en perles de bronze et de verre (fig. 108)
Situation : autour du cou de l’inhumée.
Caractéristiques :
– 58 perles bitronconiques en bronze. Long. 2 à 4 mm ; diam. externe 3,5 à 5 mm ; ép. 0,5 mm (fig. 108, n^o 2) ;
– 21 petites perles à enroulement simple en bronze. Long. 1,5 à 2 mm ; diam. externe 3 mm (fig. 108, n^o 1) ;
– 4 perles spiralées en bronze. Long. 8.5 à 13 mm ; diam. externe 3 à 4.5 mm (fig. 108, n^o 1) ;
– 1 petite perle en verre de couleur bleu‑vert et de section en D. Long. 2 mm ; diam. externe 6 mm ;
– 3 grosses perles en verre, dont deux bleues et une bleu‑vert ; n^o 5, ovalaire : diam. 10 à 11 mm ; ép. 8 mm ; diam. perforation 2 mm ; n^o 4, ovoïde : long. 8.5 mm ; diam. 8 mm ; diam. perforation 2,5 mm ; une perle biconique en bronze est encore enchâssée sur un des côtés ; n^o 3, circulaire : diam. 11.5 mm ; de part et d’autre de la perforation centrale sont encore enchâssées deux perles biconiques en bronze ;
– 1 petit anneau en alliage cuivreux : jonc de section irrégulière ; diam.externe 12,5 mm ; ép. jonc 1,5 à 2 mm ; long. 2 à 2,5 mm (fig. 107, n^o 8).

4.2.3.3 Sépulture 6 7

182FIG. 109 et 110

183Sépulture sans mobilier située à peu de distance des enclos circulaires E16 et E20.

Fosse

184Long. 1,30 m ; larg. 0,60 m ; profondeur 0,23 m. Extrémités arrondies ; bords irréguliers ; fond plat ; parois longitudinales évasées, parois transversales verticales.

A.C.del. / AFAN

Remplissage

185Le squelette repose dans une couche de limon noir sablonneux. Au‑delà de ses pieds, à l’extrémité sud de la fosse, remplissage de limon gris sablonneux, au‑dessus limon brun‑beige sablonneux avec plus ou moins de gravillons. La couche de limon noir est surmontée de deux couches composées respectivement de limon brun‑noir gravillonneux et de limon marron clair. En plan, ces deux dernières couches occupent le centre du remplissage. De nombreux blocs de silex forment une sorte de caisson tout autour du squelette. Un volumineux bloc de grès, pesant plusieurs dizaines de kilogrammes, occupe la partie haute de la tombe, au‑dessus du crâne. Il est inséré dans le remplissage de limon marron clair, en contact avec la couche de limon noir sous‑jacente. La partie du bloc enfouie présente tous les stigmates d’un fort réchauffement.

Squelette (i.v., h.d.)

186Orientation de la tête : 263,6°.
Enfant âgé de 3 à 5 ans.
L’état de conservation des os est très mauvais (fig. 105).

187Le sujet est en décubitus dorsal. Le crâne apparaît par sa face supérieure, c’est une position forcée qui nécessite un calage. La position des membres supérieurs n’est pas connue : seul les humérus sont conservés. Les membres inférieurs sont fléchis. Le corps présente une composante de rotation vers la gauche : l’écart entre l’humérus et l’axe rachidien est plus faible à droite qu’à gauche ; les côtes droites sont « fermées », elles apparaissent par leur face exothoracique, les côtes gauches sont « ouvertes », elles apparaissent par leur face endothoracique ; le membre inférieur gauche présente sa face postéro‑médiale. Cette sépulture n’a fourniaucun renseignement sur le type d’inhumation.
i.v., h.d.

Problématique

188Cette structure présente la particularité de renfermer une sépulture à inhumation d’enfant associée à une incinération. Le limon noir dans lequel il a été enseveli renferme de très nombreux charbons de bois et plusieurs dizaines d’esquilles osseuses incinérées ont été récupérées dans le remplissage de la fosse. Une découverte comparable a été faite sur le site voisin de Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne) (Sarrazin 1989b : 126) : il s’agit de l’inhumation d’un adolescent, sans mobilier, également associé à des esquilles osseuses incinérées. Dans les deux cas, on est en présence d’une pratique binaire inhumation/incinération strictement contemporaine comme l’atteste l’absence de perturbation du squelette et l’ensevelissement de ce dernier dans le sédiment limoneux noir. Le rattachement de la tombe de Soucy au Bronze final IIIb ne peut être proposée qu’à partir de sa position topographique au sein de la zone orientale de la nécropole.

4.2,3.4 Sépulture 68

189Sépulture située à peu de distance des enclos circulaires E1 et E17. Aucune trace de structure monumentale n’a été observée.

Fosse (fig. 111)

190Forme assez irrégulière : long. 2,17 m ; larg. 1 m ; profondeur maximum 0,13 m sous 0,59 m de décapage. Extrémités arrondies ; parois évasées ; fond irrégulier.

Remplissage

191Limoneux brun foncé.

Squelette (i.v., h.d.)

192Orientation de la tête : 89°.
Individu âgé de 16 à 23 ans, peut‑être de sexe féminin (les os coxaux sont très mal conservés). L’état de conservation des os est mauvais (fig. 105).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face latérale droite, la mandibule n’est plus en connexion, elle apparaît par sa face latérale droite antérieure. Le coude droit est fléchi, la main est sur l’aile Iliaque gauche ; le membre supérieur gauche est en extension. Le membre inférieur droit est en extension, le gauche est légèrement fléchi. Une compression transversale existe dans la partie supérieure du corps ; elle est traduite par la face d’apparition de la scapula et de l’humérus droits (face latérale) et par la position verticale de la clavicule gauche ainsi que son décalage en direction du crâne. Les os coxaux sont disjoints, apparaissant par leur face médiale. L’os coxal gauche est décalé en direction des pieds, plus profond de 5 cm que le droit. Les fémurs n’ont pas suivi l’ouverture du bassin : ils apparaissent par leur face antérieure, la patella gauche n’est plus en connexion avec le fémur. Le genou gauche est légèrement fléchi ; la jambe gauche est oblique, elle apparaît par sa face médiale ; cette position est liée à l’emplacement d’un vase, qui a peut‑être été placé en force et qui aurait provoqué la fracture de l’extrémité distale du tibia. Ceci pourrait être la preuve de l’existence d’un contenant périssable assez étroit dans la région des jambes. Les pieds sont restés en connexion : le pied droit est à plat, face dorsale ; le pied gauche suit une pente douce : il apparaît par sa face dorso‑distale. L’ouverture des os coxaux et la relation entre le vase et la jambe gauche pourrait permettre de conclure que la décomposition du corps a eu lieu en espace vide.
i.v., h.d.

Mobilier

193– Un os long de capridé
Découvert à gauche de la tête de la défunte. Il s’agit d’une offrande alimentaire déposée intentionnellement dans la fosse. Inconnu aux âges du Fer dans la région, ce type de pratique n’a pas été non plus observé dans les rares inhumations contemporaines de la région.

194– Deux anneaux de bronze (fig. 112, n^os 2 et 3)
Situation : à proximité du genou droit de la défunte.
Dimensions : diam. externe 16 à 18 mm ; diam. jonc 3 mm.

195– Bronze torsadé (fig. 112, n^o 4)
Situation : sous l’humérus droit, à hauteur de l’épaule.
Dimensions : long. 43 mm ; diam. 5 mm. ‑ Vase (fig. 112, n^o 1)
Situation : sur le tibia gauche.
Caractéristiques : gobelet à panse arrondie et petit bord éversé ; lèvre aplatie très légèrement oblique interne ; décor de quatre cannelures douces au niveau de la liaison bord‑panse ; pâte brune, éléments non plastiques très fins ; surfaces lissées. Diam. d’ouverture 125 mm ; haut 119 mm.

4.2.3.5 Sépulture 76

196FIG. 113

197Sépulture centrale de l’enclos E16. Elle était placée à 15 cm au‑dessus de la surface de la craie, en pleine terre, soit à 1,15 m de profondeur par rapport au sol actuel. L’inhumé, légèrement décentré vers le sud, a été placé dans la masse d’une butte tumulaire recouvrant l’aire interne ainsi que le fossé. Aucune trace d’aménagement de la fosse sépulcrale, la terre encaissante de la sépulture est de même composition que celle découverte dans le remplissage du fossé (limon homogène brun foncé).

Squelette (i.v., h.d.)

198Sépulture perturbée au moment de sa découverte.
Orientation de la tête : 263°.
Individu adulte de sexe masculin. L’état de conservation des os est mauvais (fig. 114).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face latérale gauche supérieure ; les membres supérieurs sont peut‑être en extension ; les membres inférieurs sont en extension.
La bouche est ouverte, mais la mandibule est restée en connexion, dans le volume initial du corps. Les positions et face d’apparition des os de la partie droite du corps traduisent une compression transversale : l’humérus apparaît par sa face latérale, la scapula par sa face antéro‑latérale et la clavicule est parallèle à l’axe sagittal médian du corps. De plus le crâne est en position forcée.
i.v., h.d.

Mobilier

199– Vase (fig. 115, n^o 1)
Situation : à une dizaine de centimètres derrière le crâne de l’inhumé.
Caractéristiques : petit gobelet à profil arrondi, petit bord éversé et fond plat ; décor de deux cannelures larges à la liaison bord‑panse ; lèvre arrondie avec un très léger méplat supérieur ; pâte bistre brun‑beige, engobe assez épais rouge‑orangé et d’aspect encore brillant par endroit ; surfaces soigneusement lissées. Eléments non plastiques siliceux très fins assez abondants. Diam. ouverture 137 mm ; haut. 120 mm.

200– Épingle en bronze (fig. 115, n^o 2)
Situation : à l’emplacement des fémurs et du bassin.
Caractéristiques : objet décapité. Long. 142 mm ; diam. maximum 3 mm.

4.2.3.6 Sépulture 106

201FIG. 116

202Sépulture centrale de l’enclos E24.

Fosse

203Rectangulaire : long. 2,22 m ; larg. 0,55 à 0,60 m ; profondeur ne dépassant pas 0,50 m sous 0,40 m de décapage. Extrémités arrondies ; fond irrégulier.

Remplissage

204Limon homogène brun très gravillonneux.

Squelette (i.v., h.d.)

205Orientation de la tête : 348°. Individu adulte de sexe peut‑être féminin ? (les os coxaux sont très fragmentaires).
L’état de conservation des os est très mauvais (fig. 114).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne, extrêmement fragmentaire, apparaît peut‑être par sa face antérieure. La position des membres supérieurs n’est pas connue, leurs os ne sont pas conservés ; les membres inférieurs sont en extension, les pieds joints. Cette sépulture n’a fourni aucun renseignement sur le type d’inhumation.
i.v., h.d.

Mobilier

206Un infime fragment de bronze sur le thorax (traces d’oxydes de bronze sur un fragment de côte droite). Quelques tessons de céramique, très corrodés, derrière le crâne de l’inhumé et à gauche de ses pieds (il ne subsistait plus que la trace de ces derniers). Pâte brun‑beige, orangée sur les faces interne et externe, noire sur la tranche ; éléments non plastiques très abondants et grossiers, de 1 à 4 mm (particules de calcaire, de silice et de chamotte ?). Ces quelques tessons rappellent, par leurs aspects et leurs caractéristiques techniques, ceux découverts dans les sondages S1 et S2 du fossé de l’enclos E24. Ils proviennent d’un même vase dont certaines parties ont été piégées dans le comblement final du fossé, lors de l’arasement de la structure.

4.2.3.7 Pratiques funéraires

Données anthropologiques (i.v., hd.) (cf. annexe : ostéométrie)

Types d’inhumations

207Les sépultures fouillées à Soucy sont toutes des sépultures primaires : les squelettes sont, soit restés en connexion, soit en partie déconnectés par le déroulement de la décomposition en espace vide ; on peut retrouver certains petits os, tels que les os des pieds et des mains.

208Parmi les quatre sépultures étudiées, deux ont livré des indices de décomposition du corps en espace vide mais qui ne sont pas concluants (sépulture 63, 68), deux n’ont livré aucun indice quant au mode d’inhumation (sépultures 76, 106).

Position des corps

209Homogène dans l’ensemble :

210– les sujets sont tous en décubitus dorsal ;

211– la position du crâne est assez variée : il présente sa face latérale droite (sépulture 63, 68), ou antérieure (sépulture 106), ou latérale gauche supérieure (sépulture 76) ; dans un cas le crâne est en position forcée nécessitant un calage (sépulture 76) ;

212– la position des membres supérieurs n’est connue que pour la sépulture 68 : le bras est fléchi au niveau du coude ;

213– les membres inférieurs sont en extension et parallèles.

Age et sexe des inhumés

214Il n’y a qu’un sujet immature (sépulture 68 : 16‑23 ans).

215Parmi les adultes et jeunes adultes, on compte un homme (sépulture 76) et trois femmes dont la détermination est incertaine (sépultures 63, 68, 106).

Pathologie

216Aucune pathologie n’a été constatée, mais le mauvais état de conservation des os a limité les observations.
i.v., h.d.

Données archéologiques

Age et sexe de l’inhumé de la sépulture 3

217V. Gaj l’attribue à la population de sexe masculin (1982), toutefois il ne précise pas si la détermination a été faite d’après un critère anthropologique ou d’après le mobilier. A Passy/La Sablonnière (Yonne), sépulture B16, le mauvais état de conservation des ossements rend difficile toute détermination (Carré 1984) tandis qu’à Beaumont/Crot aux Moines (Yonne), sépulture 1, le squelette pourrait appartenir à une femme adulte ou à un adolescent (Pellet, Delor 1984). A Serbonnes/Champ‑Rabault (Yonne), J.‑Y. Prampart conclut à la présence d’un adulte de sexe masculin (détermination anthropologique du fouilleur) (1982).

Orientation

218Les cinq tombes à inhumation du Bronze final IIIb se répartissent comme suit : deux sépultures la tête à l’ouest (sépultures 63, 76), une la tête à l’ouest/sud‑ouest (sépulture 3), une la tête à l’est (sépulture 68) et une la tête au nord (sépulture 106). En dépit de ce faible nombre de sépultures, on constate l’absence d’orientation privilégiée et l’absence de corrélation entre l’orientation et le sexe de l’inhumé ou la richesse relative de son mobilier. En effet, ces tombes qui appartiennent indifféremment à des individus de sexe masculin ou féminin, présentent un niveau de richesse comparable, à l’exception toutefois de la sépulture 63 qui se démarque par un mobilier abondant et remarquable.

Forme et dimensions

219Les fosses sont toutes de formes rectangulaires sauf celle de la sépulture 63 qui est nettement trapézoïdale avec une largeur de 0,54 m à la tête et de 0,70 m aux pieds. Les longueurs varient de 2,17 à 2,55 m pour une une largeur de 0,54 à 1 m. Les profondeurs sont négligeables ; elles varient de 0,50 à 0,13 m dans la craie. Les angles sont toujours arrondis et le fond irrégulier.

Aménagement de la fosse 63

220La sépulture 63 se distingue des autres tombes par un aménagement particulier. Il s’agit de quatre trous de poteaux disposés aux extrémités de la structure. Chacun d’eux était relié à son vis à vis par une dépression longitudinale moins profonde que les avant trous. On peut supposer que ces deux dépressions ont servi de fondation à deux petites sablières basses dans lesquelles les poteaux porteurs étaient fichés. Les poteaux devaient soutenir une petite construction en bois au‑dessus de la tombe, de type cabane funéraire surélevée ou d’exposition (fig. 104). Ce système sur sablière basse est attesté à la même période dans l’architecture du temple de Bargeroosterveld (Hollande) (Waterbolk, Van Zeist 1961).

221De telles constructions, ne présentant cependant pas tout à fait les mêmes caractéristiques (sablières basses), sont connues dans la région au Hallstatt ancien à Champlay/Les Carpes (Yonne) (Merlange 1979 : 6‑8), mais également au Hallstatt D3 dans la vallée du Rhône à Vaise/Gorge de Loup (Rhône) (Burnouf et al. 1989 : fig. 6) et dans l’île de Guernesey à King’s Road (Angleterre), dans un contexte laténien (Burns 1990 : 56). En Belgique, aux Pays‑Bas et en Allemagne (Basse‑Saxe), ce type de structure, fréquemment associé à des tumulus à enclos circulaires à fossé ou à poteaux, apparaît dès la période campaniforme, notamment à Mol (Belgique) (De Laet 1982). Mais c’est au Bronze ancien et au Bronze moyen qu’elles connaissent leur plus grand développement. Au Bronze final, seuls quelques rares tumulus renferment encore de telles constructions. Elles perdurent à La Tène A dans le tumulus de Juseret/Bercheux la Hutte (Belgique) (De Laet 1982 : fig. 290) et dans le tumulus 2 de Hoppstädten (Allemagne) (Haffner 1976 : abb. 38). Ces petits édifices sont interprétés comme des « maisons mortuaires » à caractère provisoire. Elles ne servaient apparemment à protéger la tombe qu’entre le moment de la mise en terre du défunt et l’érection du tumulus où les poteaux sont enlevés (De Laet 1982 : 453). A Soucy/Mocques Bouteilles, les données de fouilles ne permettent pas de reconnaître un fonctionnement similaire de la structure. Ici, on suppose que les poteaux et les sablières basses ont été laissées en place après la cérémonie funéraire et l’érection du tumulus. La disparition de celles‑ci par pourrissement a provoqué, sous le poids des terres, l’écrasement et le bris des tibias de l’inhumée. Ces derniers ont été retrouvés en pendage dans la dépression. En outre, les différences de couleur reconnues entre les sédiments du remplissage des extrémités de la fosse (brun clair) d’une part et ceux de la partie centrale de la fosse (brun foncé), des trous de poteaux et des dépressions (brun très foncé) d’autre part, attestent la décomposition d’éléments végétaux en place (coffrage et superstructure en bois).

222Tous ces indices liés aux observations effectuées sur le fossé de l’enclos E1 permettent de proposer une reconstitution des grandes étapes de la cérémonie funéraire : un fossé circulaire est creusé dans lequel est implanté une palissade. Au‑dessus de la tombe, aménagée au centre de l’aire enclose, on édifie la « maison mortuaire ». Le défunt, placé dans un coffre en bois, est exposé sur le petit édifice. Après la cérémonie funéraire, l’ensemble est recouvert d’un tumulus tandis que les poteaux de la palissade sont enlevés (cf. § 4.2.1.1).

Inhumation/incinération

223Cinq inhumations et une incinération ont été mises au jour à Soucy. La coexistence de ces deux pratiques funéraires dans la même nécropole est également attestée, à cette période, dans le sud‑est du Bassin parisien (Brun 1984 ; 1986 ; Mordant 1984) et en Lorraine (Olivier 1986). Dans la région, ce type d’association a été observé à Serbonnes/Champ‑Rabault (Prampart 1982), à Passy/La Sablonnière (Yonne) (Carré 1984) et à Beaumont/Crot aux Moines (Yonne) (Pellet, Delor 1984). On le retrouve également au Boiron de Morges en Suisse (Vaud) (Beeching 1977). La coexistence des deux pratiques n’est pas propre au Bronze final IIIb, elle se rencontre également au Bronze final I‑IIa (Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions, Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1970). En l’état actuel de la recherche, il serait prématuré de vouloir expliquer les raisons de la coexistence des deux rites ainsi que le passage d’un rite à l’autre. Les travaux entrepris ces dernières années en Lorraine sous la direction de L. Olivier ont montré l’existence d’une hiérarchie assez nette entre les inhumés et les incinérés. Ces derniers étant apparemment d’un statut social inférieur aux premiers. A Soucy, mais également sur les autres sites de la région, on perçoit bien une nette différence entre le mobilier des inhumés et celui des incinérés, sans pour autant pouvoir conclure, faute d’ensembles suffisants, à une classification hiérarchique des défunts.

4.2.3.8 Étude du mobilier

Parures

Bracelets et anneaux de cheville

224Bracelets et anneaux de cheville en bronze : les exemplaires de Soucy s’apparentent aux bracelets de type Vénat (Coffyn et al. 1981). Ces derniers sont de section ronde pour la plupart et décorés de motifs de chevrons gravés. On les trouve dans les dépôts du Bronze final IIIb de la façade atlantique, de l’estuaire de la Seine et de la Somme, de la région Centre (Coffyn et al. 1981 : carte n^o 10). Les bracelets et les anneaux de chevilles de Soucy se distinguent cependant des exemplaires de type Vénat par une section de jonc et un décor différents et une répartition plus continentale. Deux exemplaires ont été découverts lors de fouilles effectuées au xix^e s. par Saulcy, dans un tumulus des Chaumes d’Auvenay (Côte‑d’Or) (Henry 1933 : fig. 4). A Passy/La Sablonnière (Yonne), sépulture B16, une paire d’anneaux de cheville du type Soucy est associée à une épingle à tête vasiforme, un collier de perles en bronze, un bracelet en lignite et deux boucles d’oreille en bronze (Carré 1984). Dans le Midi, quatre bracelets de ce type proviennent du Trésor du Déroc (Ardèche) (Roudil 1990 : fig. 3) et un de la grotte du Viel Audon à Balazuc (Roudil 1972 : fig. 85 n^o 2). Ils présentent tous une décoration et une section du jonc comparables aux exemplaires de Soucy. Les bracelets du Trésor du Déroc étaient associés à d’autres objets en bronze contenus dans un vase en céramique du Bronze final IIIb. Le port d’anneaux de chevilles est également attesté en Alsace au Bronze final IIIb à Herrlisheim (Haut‑Rhin) (Zumstein 1965 : fig. 46 n^o 299‑300).

225Bracelet en lignite : en France le lignite apparaît dès le Bronze final I‑IIa. Selon Rochna (1962), le lignite ne ferait son apparition que ponctuellement au Hallstatt ancien pour ensuite connaître au Hallstatt D1 son plein développement. Or, les découvertes en contexte du Bronze final en France sont suffisamment nombreuses pour qu’il n’y ait point d’équivoque. Divers auteurs font état de découvertes de bracelets ou de palets de fabrication en lignite en contexte d’habitat en Bassée (Mordant, Mordant 1979), en Franche‑Comté (Pétrequin et al. 1985), en Languedoc oriental (Roudil 1972), dans le Centre‑Ouest (Gomez 1980), en Picardie (Blanchet 1984), etc. Les découvertes funéraires demeurent toutefois encore très rares. Les plus anciens exemplaires datent du Bronze final I‑IIa : sépulture 14 de Villencuve‑la‑Guyarcl/Les Terres de Prépoux (Yonne) (Mordant et al. 1979 : fig. 13 n^o 3), sépulture 23 de Pougues‑les‑Eaux/Vicreuses (Nièvre) (Bouthier et al. 1988 : fig. 3). Au Bronze final IIb‑IIIa, on ne connaît aucun bracelet en contexte funéraire, sans doute à cause de la pratique de l’incinération. Ce type de bracelet perdure au Bronze final IIIb dans la sépulture B16 de Passy/La Sablonnière (Yonne) (Camé 1984) et à Villecomte/tumulus Jean‑Jacques (Côte‑d’Or) (Ratel 1964).

226Toutes ces découvertes remettent en cause la date d’apparition du lignite, souvent avancée, et posent ainsi le problème d’une production importante à si haute époque. Dans la région, l’existence d’une mine de lignite sur le territoire de la commune de Dixmont (Yonne), toute proche du site, peut aisément expliquer l’engouement des populations protohistoriques locales pour cette matière. Une importante utilisation en sera faite à la fin du iv^e s. av. J.‑C. comme en témoignent les très nombreux bracelets découverts en contexte funéraire (Baray 1991) (cf. § 4.3.3.22).

Perles

227Perles hélicoïdales en bronze : elles sont attestées dès le Bronze moyen en Allemagne du Sud (Wels‑Weyrauch 1989), en Alsace dans la sépulture à incinération du tumulus 17 de Dachshübel (forêt de Hagueneau) (Plouin 1987), en Languedoc oriental (Roudil 1972 : 115) et en Languedoc occidental (Guilaine 1972 : 140). Elles apparaissent dans le Bassin parisien au Bronze final I‑IIa dans les nécropoles de Champlay/La Colombine (Yonne) (Lacroix 1957), de Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1970) et de Barbey/Les Cent Arpents (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1988). Ce type de perle disparaît ensuite des ensembles funéraires du Bronze final IIb‑IIIa. On les retrouve au Bronze final IIIb dans les dépôts de l’Ouest, du Centre‑Ouest ou du Sud‑Est : Vénat à Saint‑Yrieix (Charente) (Coffyn et al. 1981 : pl. 27), La Prairie‑de‑Mauves (Loire‑Atlantique) (Briard 1965 : fig. 80), Petit‑Villatte (Cher), Réallon (Hautes‑Alpes) (Audouze, Courtois 1970 : pl. 26), etc., et dans certaines nécropoles du groupe de Mailhac I (Guilaine 1972 : fig. 127). Dans le dépôt de Vénat, les perles hélicoïdales et les perles biconiques en bronze sont associées (Coffyn et al. 1981 : pl. 27, 28 n^o 247).

228Perles biconiques en bronze : ce type de perle n’est pas attesté dans les sépultures du Bronze final du Bassin parisien. On ne les rencontre que dans les dépôts du Bronze final IIIb de Picardie (Dreuil‑les‑Amiens, Lyzel à Saint‑Omer) (Blanchet 1984 : fig. 158 et fig. 165), de Bretagne (Kerhar à Guidel, Nihcn en Belz, Plélan‑le‑Grand, La Prairie‑de‑Mauves) (Briard 1965 : fig. 80), du Centre‑Ouest (Vénat) (Coffyn et al. 1981 : pl. 28) ou du Languedoc oriental (Trésor du Déroc) (Roudil 1990). Dans ce dernier dépôt, on observe à peu près les mêmes associations de mobilier que dans la sépulture 63 de Soucy. On y retrouve en effet un collier de perles biconiques, un bracelet en lignite et quatre bracelets en bronze identiques à ceux de Soucy. L’ensemble était contenu dans un vase à col éversé daté du Bronze final IIIb (Roudil 1990).

229Perles à enroulement en bronze : vingt perles du type à enroulement simple, identiques à celles de la sépulture 63 de Soucy, ont été découvertes dans la sépulture B16 de Passy/La Sablonnière (Yonne) (Carré 1984). Elles sont également attestées dans le dépôt de Vénat (Charente) (Coffyn et al 1981 : pl. 28 n^o 223‑235).

230Perles en verre : on ne connaît pas d’autres découvertes de ce type d’objet dans la région au Bronze final IIIb. Il serait d’ailleurs intéressant de comparer les composants de ces objets et ceux d’une perle en verre bleuté découverte dans l’inhumation 3 de Champlay/Les Carpes (Yonne) datée du Hallstatt ancien (Merlange 1979 : 9). Dans le Bassin parisien, elles sont attestées au Bronze final I‑IIa à La Colombine, sépulture 101 (Yonne) (Lacroix 1957 : fig. 28), à Vinets (Aube) (Le Clert 1898 : pl. LV) et à Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions, inhumation 11 (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1970 : fig. 8) ; au Bronze final IIb‑IIIa, on les trouve dans la sépulture à incinération 3 de Sainte‑Pallaye/Champ Guyot (Yonne) (Carré, Mordant 1988 : fig. 3) et dans la tombe à incinération 62 de Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne), au nombre de 27 exemplaires (Prampart 1984 : pl. XXIX). Deux petites perles rondes en verre bleu ont également été découvertes en contexte Bronze final IIb dans la grotte de La Tuilerie à Gondenans‑les‑Montby (Doubs) (Pétrequin 1972 : fig. 21). Notons que les perles en verre de Vinets, de Marolles‑sur‑Seine et de Soucy sont associées à des perles hélicoïdales en bronze. L’ensemble des perles en bronze (biconiques, hélicoïdales, enroulées) et en verre de Soucy forme un collier dans la tradition du Bronze final I‑IIa. Il s’agit d’une parure « archaïsante » dont on ne retrouve plus que les éléments dispersés dans les dépôts du Bronze final IIIb.

231En Languedoc oriental, les perles en verre bleu apparaissent en grand nombre au début du Bronze moyen (Roudil 1972 : 121). Au Bronze final, une seule découverte est mentionnée clans la grotte du Hasard à Tharaux (Gard) (Roudil 1972 : 177).

Accessoires vestimentaires

● Épingles

232Les deux épingles des sépultures 3 et 63 correspondent au type Q sous‑type 5 des épingles à tête vasiforme peu débordante aplatie (à tige non décorée) de F. Audouze et J.‑C. Courtois (1970 : 43, pl. 13‑15). On les trouve en abondance dans les palafittes de Suisse occidentale et du sud‑est de la France (lac du Bourget), en contexte Bronze final IIIb. Dans la région, tous les exemplaires appartiennent également à cette période à l’exception toutefois de celui de l’incinération 1 de la nécropole 2 de Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions (Seine‑et‑Marne) qui était associé à de la céramique RSFO (Mordant, Mordant 1970). Dans l’Yonne, outre les exemplaires de Soucy, lesépingles à tête vasiforme sont connues à Passy/La Sablonnière, inhumation B16 et L59 (Carré 1984 ; Bernardini et al. 1984) et à Beaumont/Crot aux Moines, inhumation 1 (Pellet, Delor 1984). L’exemplaire décapité de la sépulture 76 appartient vraisemblablement à ce type compte tenu du vase qui lui est associé.

● Anneaux en bronze

233Cinq anneaux en bronze ont été découverts dans les sépultures 3, 63 et 68. L’anneau de la tombe 63 diffère des autres par un jonc plat de section rectangulaire, non décoré. Il a été retrouvé au niveau du bassin de l’inhumée. Les quatre autres anneaux sont de section ronde, non décorés. Ils mesurent de 16 à 20 mm de diamètre. Les exemplaires de la sépulture 3 ont été trouvés à l’emplacement du bassin du défunt et ceux de la sépulture 68, à proximité du genou droit de la défunte. Tous ces anneaux constituent vraisemblablement les éléments métalliques de ceintures en matière périssable.

Divers

234Une petite tige de bronze torsadée a été découverte sous l’omoplate droite de la sépulture féminine 68. Il pourrait s’agir d’un fragment de bracelet.

Céramique

235Le gobelet à panse globuleuse non décoré, fond étroit et col éversé de la sépulture 3 est identique à celui de la tombe à inhumation de Serbonnes/Champ Rabault (Yonne) (Prampart 1982 : fig. 62f) datée du Bronze final IIIb. On le retrouve également, mais décoré de cannelures sur le haut de la panse, dans la sépulture 1 de Barbuise‑Courtavant/Grèves de la Villeneuve (Aube) (Piette 1972 : fig. 47 n^o 3) et dans les habitats du Bronze final IIIb de Champagne (Bergères‑les‑Vertus) (Marne) (Brisson, Hatt 1966 : fig. 5) et de Suisse occidentale (Auvernier) (Rychner 1979 : pl. 35).

236Les petits gobelets des tombes 68 et 76 sont comparables. Ils sont assimilables aux productions céramique Bronze final IIIb du domaine palafittique occidental et de la vallée de la Saône : Auvernier (Suisse) (Rychner 1979 : pl. 35), Le Boiron des Morges (Vaud, Suisse) (Beeching 1977), lac du Bourget (Coutil 1915), Epervans (Saône‑et‑Loire) (Bonnamour 1973 : fig. 13). Régionalement, des comparaisons peuvent être faites avec les exemplaires de l’inhumation 1 de Beaumont/Crot aux Moines (Yonne) (Pellet, Delor 1984 : fig. 2), des incinérations B2, B6, C d’Aulnay‑aux‑Planches/Au dessus du Chemin des Bretons (Marne) (Brisson, Hatt 1953 : fig. 48 n^o 6, 9, fig. 51 n^o 6), de l’incinération 3 de Bannes/Haie des Genièvres (Marne) (Chertier 1976 : fig. 26), incinération du tumulus de Concoeur‑Corboin/Derniers Cours (Côte‑d’Or) (Ratel 1984 : fig. 5). On trouve aussi des gobelets à « bulbe d’oignon » en Périgord (Chevillot 1981 : 80‑81) où ils présentent un profil plus aplati que leurs homologues continentaux dont ils dérivent.

237Le décor de peinture rouge et de graphite du petit gobelet en « bulbe d’oignon » de la sépulture 63 peut être comparé à celui d’un vase globulaire à bord oblique de Gundolsheim/Muhlmatt (Haut‑Rhin). (Zumstein 1965 : fig. 42 n^o 246) daté du Bronze final IIIb.

238Le petit bol à fond arrondi et bord éversé de la sépulture 3 est connu à Auvernier (Suisse) (Rychner 1979 ; pl. 15, pl. 22) au Hallstatt A‑B. Il existe également, mais à fond plat, à Barbuise‑Courtavant/Grèves de la Villeneuve, sépulture 1 (Aube) (Piette 1972 : fig. 47 n^o 2) et à panse plus ovoïde et décor de cannelure à la liaison bord/panse, à Serbonnes/Champ Rabault (Yonne) (Prampart 1982 : fig. 62b) en contexte Bronze final IIIb.

239La coupelle à fond creux de la sépulture 3 est connue en contexte Bronze final IIIb à Aulnay‑aux‑Planches/Au dessus du Chemin des Bretons, incinérations B6, C (Marne) (Brisson, Hatt 1953 : fig. 48 n^o 2, fig. 51 n^o 8) et à Bannes/Haie des Genièvres, incinérations 3, 6 (Marne) (Chertier 1976 : fig. 15).

240La céramique peinte découverte dans la tombe 106 et dans le remplissage du fossé de l’enclos E24 peut être datée du Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien. L’emploi de peinture rouge carmin (hématite) à l’intérieur d’assiettes à marli interne est caractéristique de cette période. On retrouve l’association, assiette/décor de peinture rouge interne, à Chartrettes/Le Temps Perdu (Seine‑et‑Marne), fosse 1 (Degros et al. 1976 : fig. 8 n^o 5), dans la Baume des Anges (Drôme) (Vital 1990 : fig. 41 n^o 12‑13), dans la couche 3 de l’habitat des Gandus à Saint‑Ferréol‑Trente‑Pas (Drôme) (Daumas, Lauclet 1981‑1982 : fig. 23 n^o 24) et dans les habitats du Centre‑Ouest en particulier sur le site de Castel‑Réal (Chevillot 1981 : 86).

4.2.4 Les incinérations du Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien

4.2.4.1 Sépulture 67bis

241De cette sépulture ne subsistait qu’un petit amas d’ossements incinérés en surface de la craie, aucun mobilier, aucune structure ni aménagement dans le sol.

4.2.4.2 Sépulture 84

242L’urne cinéraire a été découverte écrasée en place, dans un très léger creux à même le sol, la partie supérieure du col du récipient manque.

Identité de l’incinéré et NMI9 (i.l.)

243L’urne n^o 84 a fourni 854 esquilles osseuses, représentant un poids de 163 g. A cela s’ajoutent 310 g d’éclats de silex étonnés et de petits blocs de calcaire. L’ensemble des fragments présentent les mêmes caractéristiques graciles : finesse de l’épaisseur de l’os cortical, faible développement des insertions musculaires. Ils certifient la présence d’au moins un individu immature.

Traitement funéraire

Taux de conservation

244Pour estimer la conservation des différentes parties du corps, nous avons utilisé des catégories anatomiques très larges incluant donc le maximum d’ossements. Ainsi, 88 % des esquilles ont été identifiés plus ou moins précisément. Sont utilisées des valeurs pondérales (plus maniables que les données quantitatives [Duday 1987]) qui se répartissent comme suit :
– 70 g pour le crâne, soit 42,9 % (161 fragments) ;
– 5 g pour le thorax , soit 3 % (34 fragments) ;
– 68 g pour les membres inférieurs et supérieurs, soit 41,7 % (234 fragments).

245Le rapport pondéral entre ces trois parties du corps montre une sur‑représentation du squelette céphalique. En effet ces proportions, dans le cas d’un squelette adulte non incinéré, correspondent respectivement à environ 20 %, 30 %, et 50 % du poids total des ossements (Krogman 1986). Mais s’agissant d’un jeune enfant, l’importance particulière du crâne explique cette sur‑représentation. Par contre, le thorax est essentiellement représenté par des côtes, le reste étant constitué par une structure osseuse spongieuse plus sensible au flux thermique ou aux chocs mécaniques. Une identification plus fine des esquilles indique que toutes les parties du corps sont représentées : avant‑bras, bras, cuisse, jambe, rachis et grill costal. On peut donc supposer que le corps fut incinéré puis collecté dans son ensemble. Le ramassage concerne au moins les pièces de taille importante. Aucun tri sélectif que pourrait appréhender un archéologue n’est attesté.

Technique de crémation

246Les modules de fragmentation sont contrastés, beaucoup d’esquilles ne dépassent pas 1 cm, mais une diaphyse fémorale mesure 14 cm de long, des fragments de crâne atteignent fréquemment 3 à 6 cm de côté. Le degré de fragmentation renvoie à des phénomènes encore mal connus : celui du mode de crémation (intensif, bref, long...) mais aussi à tous les gestes « post‑crématoires » (refroidissement brusque, concassage, transport...).

247De nombreuses fissures profondes sont restées en place. La taille importante de certains ossements rappelle la faible fragmentation des ossements incinérés dans un crématorium moderne. Les gestes « post‑crématoires » qui constituent les pratiques funéraires, furent suffisamment cléments pour éviter la fracturation de nombreuses fissures, Les déformations hélicoïdales, les fractures en forme de lunule, la fracturation transversale profonde témoignent en faveur d’une dessiccation violente et donc de la présence de l’enveloppe musculaire lors de l’incinération (Buikstra 1989 ; Shipman 1984). L’importance du flux thermique est estimée uniquement d’après des observations macroscopiques. La couleur blanche ainsi que la consistance crayeuse de la matière osseuse qui caractérisent la plupart des esquilles, indiquent une température de crémation d’environ 600° à 800°.

248Des traces de matière organique sont décelables dans quelques esquilles du crâne. La faible oxygénation d’une partie du bûcher a ralenti la carbonisation de la matière organique. Aucun autre témoin fugace du bûcher comme les cendres grasses, les nodules de limons rubéfiés, ou les charbons de bois, ne fut dégagé du sédiment. Les restes sont peut‑être lavés, à moins qu’il n’y ait pas de contact entre le corps et le combustible. Par contre, ces ossements sont systématiquement associés à des éclats ou des nucléus de silex étonnés qui atteignent jusqu’à 5 cm de longueur. Leur répartition concerne l’ensemble de l’urne. S’agit‑il d’un élément actif du processus de crémation comme cela semble être attesté sur le site de Longuesse (Val‑d’Oise) (Toupet 1983) ou d’un élément passif associé au sédiment de remplissage ?

Organisation du dépôt

249Les os s’avèrent peu abondants jusqu’à la moitié de l’urne (hauteur du remplissage 8 à 10 cm). Ils se concentrent dans la deuxième moitié, sur une hauteur de 4 cm. Apparaissent alors des esquilles plus importantes. Environ 85 % du squelette céphalique se répartit dans cette dernière moitié. Par contre, les esquilles relatives aux membres sont plus diluées dans le sédiment : 65 % sont localisés dans les six derniers centimètres. Il semble donc qu’il y ait un tri certain des restes incinérés. On note aussi un effet de rangement des pièces du squelette céphalique car les fragments de calotte sont empilées les unes dans les autres, apparaissant toujours par leur face endocrânienne.
l.l

Urne (fig. 117)

250Vase à fond creux et panse convexe à épaulement très marqué : décor sur l’épaulement constitué d’une succession de cupules espacées ; pâte bien cuite et soigneusement lissée jusqu’à un certain niveau, la surface prenant ensuite un aspect rugueux ; éléments non plastiques peu abondants, de calibre très fin à grossier (jusqu’à 2 ou 3 mm) ; pâte brune avec des plages beige‑orangé. Diam. maximum panse 208 mm ; haut, conservée 108 mm ; diam. Cupule 27 mm.

4.2.4.3 Données anthropologiques

251I.L.

Age

252Aucune épiphyse n’est conservée. L’estimation de l’âge au décès est basée sur le degré de synostose des sutures crâniennes, l’épaisseur de la calotte et des diaphyses, et la maturation des arcades dentaires.

253Les sutures crâniennes ne présentent aucun pont osseux, quel que soit le segment conservé. J. Wahl (1983) a corrélé les épaisseurs de la calotte, de l’os cortical du fémur et du radius avec l’âge dentaire de 125 immatures du site allemand de Süderbraup (Champs d’urnes). D’après les courbes de croissance propres à cette population, l’épaisseur de l’os cortical du fémur et du radius correspondrait à celle d’un jeune enfant de 4 à 8 ans, par contre celle de la calotte à un enfant de 9 à 15 ans.

254Les arcades dentaires présentent une denture mixte avec les témoins d’une denture temporaire (une incisive supérieure, la racine linguale d’une molaire supérieure), et ceux d’une denture permanente (un germe à peine ébauché d’une deuxième molaire inférieure). L’estimation de l’âge dentaire de cet individu serait, d’après D. Ferembach (Ferembach et al. 1979), de 4 à 6 ans.

Traitement funéraire

255L’urne n^o 84 contient les restes d’au moins un individu, âgé 4 à 6 ans, incinéré avec son enveloppe musculaire sur un bûcher qui a atteint de manière homogène une température d’environ 600°/800°. La dessiccation fut intense comme en témoignent les déformations hélicoïdales, la forme des fractures. Les gestes « post‑crématoires » comprennent une collecte exhaustive des ossements, la mauvaise représentation du rachis étant liée à un problème de conservation différentielle. D’autre part, l’organisation du dépôt s’effectue en fonction de la nature anatomique des pièces osseuses. On note effectivement un empilement de fragments de calottes crâniennes au fond de l’urne. La motivation semble d’ordre pratique.
ll.

4.2.4.4 Étude du mobilier

256La forme globuleuse de l’urne de l’incinération 84 rappelle les formes céramiques du Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien du faciès Gündlingen‑Ossingen‑Singen (Brun 1984 ; 1986). Le décor de cupules sur le haut de la panse est extrêmement rare dans le Bassin parisien. Il est attesté en contexte Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien sur les deux urnes funéraires des tombes à incinérations des tumulus 14 et 18 de Baccon/Hameau de Thorigny (Loiret) (Willaume 1985 : fig. 3 n^o 1, 2) et sur un fragment de jatte découvert dans une fosse domestique à Marolles‑sur‑Seine/Saint Donain (Seine‑et‑Mame) (Baray 1985).

4.2.5 Le contexte funéraire régional au Bronze final IIIb et au Hallstatt ancien

257Le mobilier des tombes de Soucy permet sans exception de les dater du Bronze final IIIb, datation confirmée par certains indices comme l’orientation cardinale des tombes 68, 76 et 106 ou la typologie de certains enclos circulaires (E2, E22).

258Cette période se caractérise par la réapparition de l’inhumation et la généralisation des tumulus et/ou des enclos funéraires. Le retour de l’inhumation touche une vaste entité culturelle qui englobe la région Centre, la Bourgogne, le sud de la Lorraine et tout l’est de la France (Brun 1988). Le confluent Yonne‑Seine présente un faciès proche de celui de la Lorraine (Olivier 1986) ; on y retrouve en effet la biritualité des pratiques funéraires incinération/inhumation au cours du Bronze final IIIb (Mordant 1984).

259L’ensemble des nécropoles de la région se caractérisent par des effectifs très réduits. Même des sites entièrement décapés comme Soucy ou Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975) ne livrent jamais plus d’une demi‑douzaine de tombes. A Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne) (Prampart, Prestreau 1989), on ne compte que sept sépultures du Bronze final IIIb contre vingt‑cinq du Bronze final IIb‑IIIa. On est loin des grandes nécropoles des phases ancienne et moyenne du Bronze final où l’on dénombre jusqu’à quarante‑sept tombes sur le même site (Barbuise‑Courtavant/Frécul) (Aube). Les nécropoles du Bronze final IIIb plus encore qu’aux périodes antérieures ne semblent réservées qu’à une minorité d’individus (cf. chap. 6 et fig. 169).

4.2.5.1 Au Bronze final Illb (seconde moitié du ix^e – première moitié du viii^e s. av. J.‑C.) : apparition de l’inhumation

260A cette période, le retour à l’inhumation n’implique pas la disparition concomitante des incinérations. Ces dernières se maintiennent et constituent encore les trois quarts des ensembles inventoriés. Elles sont particulièrement bien représentées dans le Sénonais et le Nogentais ; la Côte‑d’Or et surtout l’Auxerrois‑Avallonnais sont moins bien fournis. Aux données déjà anciennes du Sénonais s’ajoutent une dizaine de tombes récemment fouillées à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne) (Prampart 1984 ; 1990 ; Prampart, Prestreau 1989 ; Prestreau 1992). Tous les vases de ce site sont connus au Bronze final IIIb dans la région ou en Champagne. L’urne de la sépulture 43 peut être comparée aux exemplaires décorés de La Postolle/Vallée Forgeat (Yonne) (Mordant 1984 : fig. 5 n^o 1) ou de Broussy‑le‑Grand/Pralat (Marne) (Chertier 1976 : fig. 27 n^o 3). On la retrouve également au Hallstatt C en Suisse dans la tombe IV de Niederweningen/Erlenmoos (Ruoff 1974 : taf. 50 n^o 6). Les urnes des tombes 8 et 13 sont comparables à un exemplaire de La Postolle/Vallée Forgeat (Yonne) (Mordant 1984 : fïg. 5 n^o 3).

261La coupe de la sépulture 15 est connue en contexte Bronze final IIIb dans la Marne à Aulnay‑aux‑Planches/Au‑dessus du Chemin des Bretons, sépulture H (Brisson, Hatt 1953 : fig. 59 n^o 2), à Clamanges/Faignières (Villes 1984 : fig. 6b). L’urne de la sépulture 20 trouve des homologues ou tout au moins des décors comparables sur le site d’Ossingen/Im Speck, tumulus 12 (Ruoff 1974 : taf. 6 n^o 7, taf. 7 n^o 8), Zürich/Alpenquai (Ruoff 1974 : taf. 22 n^o 9) ou Zug/Im Sumpf (Ruoff 1974 : taf. 26 n^o 12).

262Celle de la tombe 45 peut être comparée aux exemplaires de Broussy‑le‑Grand/Pralat (Marne), sépulture 6 (Chertier 1976 : fig. 26 n^o 7), de Villecomte/tumulus Jean‑Jacques (Côte‑d’Or) ou de Châtillon‑sur‑Seine/tumulus accouplés des Essarts (Côte‑d’Or) (Wamser 1975 : pl. 17 n^o 4, 7). En revanche, l’urne de la tombe 6 trouve ses meilleures comparaisons morphologiques avec celle de Gravon/Le Chemin de l’Ecluse (Seine‑et‑Marne), enclos B (Mordant 1966 : fig. 4) et un des grands vases de l’incinération de Vix/Le Mont‑Lassois (Côte‑d’Or) (Joffroy 1959). L’existence d’une anse en boudin sur le haut de la panse ainsi que le décor gravé en panneaux de l’urne de la tombe 6 permettent également de la comparer à celles des incinérations de Sublaines/Buttes (Indre‑et‑Loire) (Cordier 1975) et de La Celle‑Saint‑Avant/Bec des Deux Eaux (Indre‑et‑Loire) (Cordier 1965 : fig. 3 et 5).

263Le petit gobelet de la tombe 5 ne connaît pas de comparaisons ; son profil s’apparente toutefois aux productions céramiques régionales du Bronze final IIIb. L’urne à panse haute et décor de cannelures horizontales de la tombe 4 existe dans une des sépultures à inhumation du tumulus de Chamesson/Bois‑Bouchot (Côte‑d’Or) (Wamser 1975 : pl. 17 n^o 6).

264Au Bronze final IIIb, les tombes à incinération sont de deux types. Les plus fréquentes sont constituées de fosses circulaires taillées aux dimensions des offrandes et de l’urne cinéraire qui reçoit les ossements. Celle‑ci est de taille variable, allant du petit pot à la grande jarre. Il n’est pas rare, dans ce dernier cas, qu’un ou deux petits vases accessoires accompagnent les restes incinérés du défunt. Les fosses circulaires mesurent de 0,25 m à 0,45 m de diamètre et de 0,10 m à 0,18 m de profondeur.

265Le second type de fosse est composé d’une structure rectangulaire identique à celle des fosses à inhumation. Ce type de fosse existe en Champagne au Bronze final IIb‑IIIa et au Bronze final IIIb‑Hallstatt ancien (Brisson, Hatt 1953 ; Chertier 1976). Il est également attesté en Belgique et dans le bassin de Neuwied au Bronze final (De Laet 1982). Dans la zone du confluent, ces fosses sont connues au Bronze final I‑IIa à Gravon, enclos C et D (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1966), au Bronze final IIb‑IIIa à Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Mame), incinération 21 (Bontillot et al. 1975) et au Bronze final IIIb à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne), sépultures 6 (Prampart, Prestreau 1989) et à Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve (Aube), sépulture 1 (Piette 1972). Cette dernière tombe mesure 1,75 m de longueur et 0,70 m de largeur. Aucun aménagement interne à la fosse n’est à signaler. Les ossements sont contenus dans une urne funéraire ou plus rarement répandus sur l’aire de base de la structure comme à Fontaine‑La‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne) (Sarrazin 1982).

266Certaines tombes occupent le centre de petits enclos circulaires/tumulus comme à Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Marne), incinération 5, à Gravon/Le Chemin de l’Ecluse (Seine‑et‑Marne), enclos B‑incinération centrale, à Hermé (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1984), à Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve (Aube), sépulture 6 ou à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne), sépultures 45.

267Le mobilier funéraire des tombes à incinération du Bronze final IIIb est très peu abondant. Cette sobriété n’est pas sans rappeller la phase précédente. Tous les dépôts funéraires (primaires ou secondaires) sont constitués essentiellement de céramiques et de très rares accessoires vestimentaires : une épingle en bronze à Beaumont/Crot aux Moines (Yonne), un petit anneau de ceinture (?) en bronze à Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne) et à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne). La canine perforée de la tombe 43 de ce dernier site constitue actuellement la seule parure connue. Aucune arme ou offrande animale n’ont été signalées dans les tombes du Sénonais ou du Nogentais. Une même indigence des dépôts non céramiques est également constatée en Champagne et en Côte‑d’Or. Dans l’Avallonnais, la tombe 2 de Saint‑Père‑sous‑Vézelay/Les Fontaines Salées (Yonne) a livré quatre vases dont un servait de couvercle à l’urne funéraire. A l’intérieur de cette dernière a été découvert, associé aux restes osseux d’un jeune adulte ou d’une femme, un bracelet en bronze « ployé et brisé rituellement », deux petits anneaux en bronze ainsi qu’une pointe de flèche en silex ayant vraisemblablement subi l’action du feu (Louis 1943 : fig. 6, 8).

268Les offrandes céramiques ne sont guère plus nombreuses alors qu’il n’était pas rare à la période précédente de trouver dans certaines tombes jusqu’à onze récipients (Villeneuve‑la‑Guyard/Terres de Prépoux, incinération 9 ; Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons, incinération 0 (Mordant et al. 1979 ; Bontillot et al. 1975). A Serbonnes/Champ Rabault, sépulture 3 (Yonne) et à Gravon (Seine‑et‑Marne) (Mordant 1966), elles sont absentes tandis qu’à Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne), Villeneuve‑la‑Guyard/ Les Falaises (Yonne) ou Beaumont/Crot aux Moines (Yonne), l’urne funéraire est accompagnée d’un à trois vases. Dans le Nogentais, certaines tombes de Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve se distinguent par un nombre élevé de céramiques qui rappellent le contexte champenois tout proche : sépulture 26 six vases, sépulture 6 (enclos/tumulus E7) sept vases, sépulture 1 huit vases. En Côte‑d’Or, le nombre de vases d’accompagnement peut atteindre huit ou neuf unités dans certaines tombes particulièrement riches. C’est le cas à Vix/Le Mont‑Lassois (dix vases) (Joffroy 1959) et à Chaumes‑les‑Baigneux/La Forêt (sept vases) (Côte‑d’Or) (Ratel, Ratel 1970). La Champagne est sur ce point plus proche de la Côte‑d’Or que du Sénonais : le nombre de vases dans les tombes varie de deux à huit.

269Plusieurs tumulus de cette période ont été fouillés anciennement dans l’Yonne, à La Postolle/Vallée Forgeat et à Courgenay/Vente d’Issé. Ils étaient associés à des tombes à incinérations centrales. Le tumulus de Courgenay mesure une dizaine de mètres de diamètre et possède une couronne de pierres plates (grès ?) dressées à sa base. Un tel aménagement est commun aux tertres du Bronze final IIIb de Champagne, de Bourgogne et de Lorraine. Le mobilier funéraire de ces tombes comprend deux ou trois vases en céramique (Mordant 1984 : fig. 5). Selon A. Hure, ce mobilier est associé à Courgenay à « une petite amulette triangulaire « de cuivre » percée de deux trous de suspension » (Hure 1931 : 57). L’auteur signale également la découverte à une centaine de mètres du « dolmen‑tumulus » de La Pierre Couverte, de vases contenant des ossements incinérés dont l’un renfermait « un semblable petit triangle fait d’une lamelle de « cuivre » percée de deux petits trous » (Hure 1931 : 58). Ces deux objets en bronze, disparus depuis, pourraient bien correspondre à de petites armatures de flèche type Le Bourget (Sandars 1957). Quelques exemplaires ont été mis au jour dans des contextes d’habitat du Bronze final IIIb et Hallstatt ancien, dans le Bassin parisien, à Ecury‑le‑Repos/Le Chemin de Connantray (Marne), à Normée/La Tempête (Marne) (Brisson, Hatt 1966 : fig. 2 n^o 1‑2), au Fort‑Harrouard à Sorel‑Moussel (Eure‑et‑Loir) (Mohen, Bailloud 1987 : pl. 16), à Choisy‑au‑Bac/Le Confluent (Oise) (Blanchet 1984, fig. 220 n^o 28‑29), à Pont‑Sainte‑Maxence/L’Ile aux Prêtres (Oise) (Blanchet 1984 : 384). Dans le Sud, ce type d’armature est souvent associé à des tombes à inhumation de la seconde moitié du ix^e s. à la première moitié du vii^e s. av. J.‑C. (Soutou 1958 ; 1962 ; Gros, Gros 1972).

270Dans le Nogentais, sur le site de Barbuise‑Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve (Aube), deux tumulus (E7, E7bis) arasés ont été récemment fouillés (Piette 1989). Ils sont ceinturés d’une couronne de blocs de grès volumineux dont on a déjà noté les comparaisons avec d’autres structures de Côte‑d’or, de Champagne ou de l’Yonne, enclos El ou E23 de Soucy par exemple.

271En Côte‑d’Or, les incinérations du Bronze final IIIb sont tout aussi rares que dans le Sénonais ou le Nogentais (cf. § 6.2.1.3, fig. 169). Ici, elles sont toujours associées à des tumulus. A Concœur‑Corboin, les sépultures à incinérations sont placées au centre des tumulus Trapet I et Olivier I (Ratel 1980). Elles sont protégées par un aménagement de lits superposés d’argile compactée d’une quarantaine de centimètres d’épaisseur et par une couche de 0,15 à 0,20 m de pierres jointives posées plus ou moins à plat (Ratel 1980). L’aire de base du tumulus reçoit une couche d’argile grise damée dans laquelle ont été récupérés de très nombreux tessons de céramique usés, de la faune, des éclats de silex et des pierres brûlées. L’urne funéraire et les vases d’accompagnement sont posés (Olivier I) ou aménagés dans l’aire de base (Trapet I). Notons que ces deux incinérations ont été entourées de plusieurs morceaux de bois carbonisés. Le massif tumulaire est composé d’argile locale. Il est limité par un muret périphérique de pierres posées à plat et contrebutées extérieurement par des dalles plantées parfois verticalement. La périphérie du tumulus Olivier I est matérialisée par un cercle de grandes dalles plantées verticalement. L’aire enclose est de nouveau délimitée par deux autres cercles de pierres beaucoup plus petites, jointives par leur base (Ratel 1980 : fig. 2, fig. 7). A Vix/Le Mont‑Lassois, le massif tumulaire de 33 m de diamètre est composé uniquement de terre (Joffroy 1959). Il recouvre un loculus central fait de pierres sèches qui mesure 2,65 m de longueur et environ 2 m de largeur pour une hauteur de 0,70 m. Il est orienté nord‑sud. L’aire de base du loculus est rubéfiée. On y trouve des charbons de bois mêlés à des cendres et à des ossements incinérés. Les vases d’accompagnement sont disposés en cercle autour du centre de l’aire de base au centre de laquelle a été placée l’urne funéraire. La périphérie du tumulus est matérialisée par quelques dalles de pierres. A Chaume‑les‑Baigneux/La Forêt, le massif tumulaire de 35 m de diamètre et 1,50 m de hauteur est composé uniquement d’argile (Ratel, Ratel 1970). La périphérie du tumulus à l’instar de celui de Vix était sans doute matérialisée par de grosses pierres plates posées sur l’aire de base. L’aire cinéraire se compose d’une couche argileuse calcinée de 1,60 m de diamètre et de 0,5 m d’épaisseur au centre. Une petite dépression de 0,45 m de diamètre et 0,20 m de profondeur en occupe le centre. Les ossements calcinés et les charbons de bois sont disposés en couronne autour de la dépression. Les vases ont été découverts dans le fond de la dépression, les petits objets métalliques et autres sur l’aire calcinée. A Châtillon‑sur‑Seine/tumulus accouplés des Essarts, l’urne funéraire, protégée par une ciste de grosses pierres placées en partie de champ, est placée à une dizaine de centimètres au‑dessus de la base du tertre (Laperouse 1888). Le massif tumulaire, constitué uniquement de pierres sèches, mesure 22,70 m de diamètre et 2 m de hauteur.

272Les tombes à inhumation réapparaissent au Bronze final IIIb en Bourgogne. Elles se répartissent en deux pôles géographiques bien distincts. Le premier est localisé dans le nord du département de l’Yonne à Serbonnes/Champ Rabault, Soucy/Mocques Bouteilles, Passy/ La Sablonnière et Beaumont/Crot aux Moines. Le second pôle est situé dans le département de la Côte‑d’Or : Chamesson/Bois Bouchot, Villecomte/tumulus Jean‑Jacques, Pommard/ Chaume de Pommard, Auvenay (cf. § 6.2.1.3, fig. 169). En l’état actuel de la recherche, le Nogentais n’a livré aucune tombe à inhumation de cette période.

273Dans l’Yonne, six des neuf tombes à inhumations actuellement connues sont associées à des enclos circulaires. L’aire enclose est occupée par une fosse de forme rectangulaire très peu profonde. Le défunt est en décubitus dorsal ; les membres supérieurs et inférieurs sont en extension et parallèles. A l’exception de la « maison mortuaire » de la sépulture 63 de Soucy, on n’observe aucun aménagement particulier des fosses. Aucune orientation privilégiée n’apparaît : sud/sud‑est et nord/nord‑ouest comme à Serbonnes/Champ‑Rabault (Yonne) (Prampart 1982), nord‑est/sud‑ouest et est/ouest à Passy/La Sablonnière (Yonne) (Carré 1984 ; Bernardini et al. 1984). L’orientation nord‑sud, qui sera celle des tombes d’Europe centrale et occidentale au début du premier âge du Fer, n’est attestée qu’à Beaumont/Crot aux Moines, sépulture 1 (Yonne) (Pellet, Delor 1984) et à Soucy/Mocques Bouteilles, sépulture 106. Actuellement la nécropole de Soucy présente le plus important regroupement de tombes à inhumation de la région. Sur la vingtaine d’enclos circulaires fouillés sur ce site, quatre seulement sont associés à une tombe. Mais il est fort probable que maints enclos n’ont jamais reçu de tombe centrale. Dans tous les cas, les enclos qui renferment des tombes à inhumation ne se distinguent pas par des proportions plus importantes de ceux dotés de tombes à incinérations. Il en est de même en Côte‑d’Or où les tumulus à incinérations et à inhumations du Bronze final IIIb ont des volumes également comparables. Certains enclos de cette période se distinguent par l’existence d’aménagements de blocs de pierre dans le remplissage supérieur du fossé comme l'attestent les enclos El et E23 de Soucy ou les enclos b et h d'Aulnay-aux-Planches/ Au dessus du Chemin des Bretons (Marne), par exemple (Brisson, Hatt 1953 : fig. 57). Ces aménagements sont à rattacher à des pratiques architecturales caractéristiques des tumulus du Bronze final IIIb de Lorraine (Olivier 1986) et de Bourgogne. Récemment, un tertre très arasé a été fouillé à Beaumont/Crot aux Moines (Yonne) (Pellet, Delor 1984). L'aire de base est entourée de deux couronnes de pierres concentriques, de 3,95 et 5,25 m de diamètre, fichées dans le sol pour le premier et dans un petit fossé à profil en « U » pour le second. La seconde couronne est doublée du côté interne par un petit fossé circulaire. L'aire centrale est occupée par une tombe à inhumation, de plan rectangulaire, orientée nord-sud, la tête au nord. Le défunt est en décubitus dorsal, les membres supérieurs et inférieurs en extension. Il est accompagné d’un service céramique de sept récipients, d’une épingle en bronze à tête vasiforme et d’un petit anneau en bronze (?).

274L’équipement mobilier des tombes à inhumations ne diffère en rien de celui des sépultures à incinération. Le nombre de vase varie de un à sept tandis que le mobilier non céramique reste toujours aussi peu abondant. Il se compose essentiellement d’épingles et d’anneaux de ceinture. Les armes sont absentes de la région. La parure n’est représentée que par quelques bracelets et/ou anneaux de chevilles en bronze et en lignite, dans les sépultures 63 de Soucy/Mocques Bouteilles et B16 et L59 de Passy/La Sablonnière. La sépulture 63 de Soucy se distingue par son collier constitué de perles de bronze et de verre. C’est l’unique parure de ce type connue en Bourgogne et sans doute dans le Bassin parisien pour la période.

275On retrouve ce type de structure en Côte‑d’or à Pommard/La Chaume de Pommard, tumulus II et III (Moingeon 1907). Les tertres, d’environ sept mètres de diamètre externe, sont constitués d’une double couronne de pierres levées recouverte de terre. A Auvenay, le tumulus A, d’une dizaine de mètre de diamètre et de 1,50 m de hauteur, renfermait une tombe centrale à inhumation orientée la tête à l’est (Bertrand 1861). Le défunt possédait un mobilier abondant parmi lequel : une épingle à tête vasiforme au‑dessus du crâne, deux défenses de Suidé de part et d’autre du bassin, un couteau en bronze à droite du squelette, deux petits anneaux également en bronze et quatre vases en céramique entre les pieds. Le massif tumulaire est composé d’un « cromlech » central recouvert de terre (Bertrand 1861 : pl. 1 et 2). Le tumulus B a également livré une tombe centrale à inhumation. Un mobilier moins abondant accompagnait le défunt : une épingle à tête vasiforme au‑dessus de la tête du squelette, une chaînette en bronze à l’emplacement du cou, un bracelet en bronze à l’avant‑bras droit et un bracelet en fer à l’avant‑bras gauche (Bertrand 1861 : pl. 1). A Chamesson/Bois Bouchot, le tumulus, d’une quinzaine de mètre de diamètre et deux mètres de hauteur conservée au moment de la fouille, a livré une tombe centrale et sept autres tombes adventices (Flouest 1881‑1891). Deux de ces sépultures possédaient pour tout mobilier des récipients en céramique du Bronze final IIIb. Le premier inhumé avait deux vases « placés l’un au voisinage de la tête, l’autre à la hauteur du bassin » (Flouest 1881‑1891 : 192), tandis que l’emplacement du vase du second inhumé n’a pas été précisé. Ces deux tombes ont été implantées aux niveaux inférieur et moyen du massif tumulaire composé uniquement de pierres sèches. La relation de fouille publié par E. Flouest ne poserait pas de problème si toutefois la tombe centrale n’était pas datée du Hallstatt D1. Elle était en effet parée de deux paires de bracelets de bronze à chaque avant-bras et d'un bracelet en lignite à l'avant-bras droit typique de cette période (Chaume 1987).

4.2.5.2 Au Hallstatt ancien (seconde moitié du viii^e – première moitié du vii^e s. av. J.-C.) : généralisation de l'inhumation et maintien partiel de l'incinération

276En l'état actuel de la recherche dans le nord du département de l'Yonne et le long de la vallée de la Seine, les très rares tombes du Hallstatt ancien sont toutes à incinération.

277A l'instar de la période précédente, il n'existe toujours pas de véritable nécropole. Les tombes de cette période s’intègrent dans les gisements déjà occupés au Bronze final. Compte tenu de la forte homogénéité des productions céramiques du Bronze final IIIb et du Hallstatt ancien, c’est l’absence ou la présence d’objets en fer dans les tombes qui permet de les classer dans l’une ou l’autre période. A Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975), sépulture 5, une épingle torsadée en fer est associée aux restes incinérés du défunt dans l’urne funéraire. La même association est connue à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne), sépulture 3 (Prestreau 1985), et à Passy/La Sablonnière, sépulture B34 (Carré 1984) où une épingle et un fragment informe de 30 mm de longueur en fer sont mêlés aux ossements incinérés dans l’urne. Comme au Bronze final IIIb, le mobilier métallique et les offrandes céramiques sont extrêmement limités. On ne compte qu’un ou deux vases par tombe, plus rarement trois (Passy/La Sablonnière, sépulture B34).

278Les classiques fosses rondes sont omniprésentes, celles de forme rectangulaire du Bronze final ayant apparemment disparues. Elles présentent toutes la même physionomie. Leur diamètre varie de 0,25 à 0,45 m, en fonction du nombre de vase à contenir. La profondeur maximale est de 0,30 m. Parfois, comme dans le cas de la fosse 5 de Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975), elle s’avère trop étroite pour recevoir les deux céramiques. Ces dernières ont donc été posées l’une au‑dessus l’autre.

279Le remplissage est soit composé des sédiments extraits lors du creusement de la fosse (Soucy/Mocques‑Bouteilles, sépulture 84) soit d’une terre noire très grasse (Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons, sépultures 5 et 10). L’absence de charbons de bois, de cendres ou de matières grasses associées aux restes incinérés de l’enfant de Soucy ainsi que la relative grosseur des plus petites esquilles osseuses (0,5 mm) attestent leur tamisage à l’eau (Pétrequin 1984 : 492). En revanche, la présence parmi ces dernières de nombreux silex étonnés et des nodules de craies chauffés indique qu’elles n’ont pas été triées. Après l’extinction du bûcher, les restes de ce dernier mêlés aux ossements incinérés ont été récupérés en vrac et lavés avant d’être déposés dans l’urne. Les ossements sont toujours enfermés dans un ou deux vases (Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons, sépultures 5 ; Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises, sépulture 3). Ils ne sont jamais jetés en vrac dans la fosse. I. Le Goff a montré que les fragments de calotte crânienne de l’enfant de la tombe 84 de Soucy avaient été soigneusement rangés au fond l’urne et non pas déversés (cf. § 4.2.4.2).

280En Côte‑d’Or, on ne connaît aucune tombe à incinérations au Hallstatt ancien. Ici, l’inhumation domine sans partage.

281A cette période, l’inhumation se généralise dans tout le Centre‑Est et dans le sud de la Lorraine au détriment de l’incinération (Millotte 1963 ; Olivier 1986 ; Brun 1984 ; 1986 ; 1988). Dans l’Yonne, on ne connaît que trois sépultures de ce type à Champlay/Les Carpes (Merlange 1979). L’une d’elles possède une épée de fer du type Mindelheim. Contrairement aux sépultures à inhumation et à épée de Côte‑d’Or ou de Lorraine, aucune des tombes de Champlay n’est apparemment surmontée d’un massif tumulaire. Elles possèdent, en revanche, une petite construction en bois à quatre poteaux d’angles comparable à la « maison mortuaire » de la sépulture 63 de Soucy. Les trois inhumés adoptent l’orientation cardinale nord‑sud de la période : sépulture 1 avec épée de fer, tête au nord ; sépultures 2 et 3 avec bracelets de fer et perles, têtes au sud.

282En Côte‑d’Or, les tumulus sont édifiés pour une sépulture centrale à inhumation. L’orientation nord‑sud domine mais on rencontre également des orientations est‑ouest (Chamesson/Bois Bouchot, Prusly-sur‑Ouche/Bois de Langres), nord/nord‑ouest et sud/sud‑est (Minot/Crais de Charme, Magny‑Lambert/Champs Rocheux, Les Fourches), nord‑ouest/sud‑est (Magny‑Lambert/Le Trembloi), etc. Le défunt est en décubitus dorsal, les membres supérieurs et inférieurs en extension. Il repose sur l’aire de base du tumulus. On ne connaît pas de fosse sépulcrale pour cette période. Dans certains tumulus, on observe des chambres funéraires de grande dimension. A Magny‑Lambert, les tumulus de Montceau‑Laurent, Combe de la Boiteuse dit de Basil, Les Fourches, Meusse et Le Trembloi possèdent une chambre funéraire construite à l’aide de grandes dalles placées verticalement. La chambre de Montceau‑Laurent mesure 1 m de longueur et 0,80 m de largeur. Celle des Fourches mesure 2,50 m de longueur et 1 m de largeur. Les dalles qui composent ces constructions sont de taille supérieure à celles qui sont employées à la construction du massif tumulaire. Outre les chambres funéraires, des loculus sont quelquefois placés au‑dessus des tombes centrales. Il s’agit d’un dôme de pierres sèches posées, plus rarement fichées verticalement. L’ensemble est recouvert de grandes dalles plates (Pommard/Chaume de Pommard, tumulus II ; Villecomte/tumulus Jean‑Jacques, Rochepot, Charme). Ce type de construction apparaît à la même période en Lorraine où il est également associé aux tombes à inhumations (Olivier 1986) et en Côte d’Or, dès le Bronze final IIIb, dans le tumulus à incinération de Vix/Le Mont‑Lassois (Joffroy 1959).

283Les massifs tumulaires sont composés soit uniquement de pierres soit de terre et de pierres. Les premiers sont majoritaires dans le sud et l’est du département de la Côte‑d’Or tandis que les tumulus mixtes pierres/terre sont plus nombreux autour de Montbard et de Châtillon‑sur‑Seine. Les tumulus en pierre sont caractéristiques du début du premier âge du Fer. Ils se distinguent de leurs homologues lorrains du Bronze final IIIb et du premier âge du Fer qui sont composés de limons (Olivier 1986).

4.2.5.3 Conclusion

284Le passage du Bronze final IIIb au Hallstatt ancien en Bourgogne se caractérise par un certain nombre de points particuliers :

285– homogénéisation des productions céramiques (Brun 1984 ; 1986);

286– expansion des tombes à grande épée de fer, liée à celle des inhumations : ce phénomène rejoint les conclusions auxquelles a abouti L. Olivier pour la Lorraine (Olivier 1986). L’apparition de ces tombes fait suite, en effet, à une évolution endogène des groupes culturels locaux qui se perçoit bien dans l’homogénéisation des manifestations funéraires des phases Bronze final IIIb/Hallstatt ancien : inhumation, orientation cardinale des tombes.

287Quelques changements dans les pratiques funéraires se manifestent néanmoins à la transition Bronze final IIIb/Hallstatt ancien. En effet, au cours des deux siècles que durent le Bronze final IIIb/Hallstatt ancien, au‑delà des classements typo‑chronologiques traditionnels qui tendent à ne faire qu’une de ces deux phases, de profonds bouleversements, jusqu’à présent ignorés, peuvent être entr’aperçus à travers l’évolution de la construction et du volume des tumulus : le passage de tertres en terre et couronne de pierres périphérique à des tertres en pierres ou à structure mixte.

288Le report sur un diagramme des dimensions de ces derniers permet de mettre en évidence une partition assez nette entre les ensembles du Bronze final IIIb et ceux du Hallstatt ancien (fig. 118) :

289– les tumulus/enclos funéraires du Bronze final IIIb peuvent être classés en deux groupes dimensionnels ; le premier regroupe tous les tertres de 5 à 25 m de diamètre ;ces tertres sont toujours associés à des tombes à incinération ou à inhumation ne renfermant pas un mobilier particulièrement abondant ; le second groupe se compose des rares tertres/enclos funéraires de plus de 30 m de diamètre, toujours associés à des tombes à inhumations ou à incinérations riches comme à Saint‑Romain‑de‑Jalionas/Tumulus Géraud (Isère), Vix ou Chaumes‑les‑Baigneux ; à cette période, il semblerait bien exister une « logique du plus gros tertre » (Verger 1990) : la taille des monuments étant proportionnelle à la richesse renfermée et, partant, étroitement liée à la position sociale occupée par le défunt de son vivant ;

290– au Hallstatt ancien, cette logique du plus gros tertre semble disparaître en partie : les monuments les plus volumineux ne sont pas nécessairement associés aux tombes les plus riches comme on pourrait logiquement s’y attendre ; à contrario, c’est parmi les plus petits exemplaires, entre dix et quinze mètres de diamètre, que l’on trouve les tombes aristocratiques les plus opulentes de Poiseul‑la‑Ville/Dessus du Pré Greuset, tumulus 1, 2, 3 (Côte‑d’Or) ; seule la tombe de Magny‑Lambert/Montceau Laurent (Côte‑d’Or), avec sa ciste à cordon et son tertre de 41 m de diamètre, vérifie encore la « logique du plus gros tertre » ; à Chavéria/Aux Massettes (Jura) (Vuaillat 1977), par exemple, les tombes les plus riches ne possèdent pas nécessairement un tertre d’un volume supérieur aux autres : la tombe du tumulus XVI, à grande épée de fer et éléments de harnachement, est recouverte d’un tertre qui ne mesure qu’une vingtaine de mètres de diamètre tandis que celle du tumulus IX, à épée de type Auvernier, est associée, en revanche, à un monument de 30 m de diamètre, le plus gros de la nécropole ; précisons que le diamètre moyen des tertres de Chavéria est de 18,60 m.

291Lors d’une étude récente, L. Olivier a attiré l’attention sur le fait qu’au Hallstatt ancien « la distribution des ensembles intégrant des biens importés ou du matériel à caractère aristocratique n’apparaît pas spécifique d’une classe de valeur particulière » (1988 : 295). L’auteur a pour cela reporté sur un diagramme les volumes des tertres d’un ensemble de 47 tombes à épées de fer répartis en Sarre, Lorraine, Franche‑Comté et Bourgogne. Il a également confirmé l’appartenance des tombes à épée aux groupes des tertres les moins volumineux, à partir de l’analyse des dépenses d’énergies collectives pratiquée sur les 74 tertres de la nécropole d’Haroué/Bois de Voivre (Meurthe‑et‑Moselle), les 60 exemplaires de Clayeures/La Naguée (Meurthe‑et‑Moselle) ou de Chavéria/Aux Massettes (Jura) (Olivier 1988 : 295‑296).

292Il existerait ainsi un écart beaucoup plus tranché entre les tombes communes et les tombes riches du Bronze final IIIb qu’entre celles à épée de fer et celles à épée de fer associée à des objets de prestige du Hallstatt ancien (fig. 118). On passerait ainsi du Bronze final IIIb au Hallstatt ancien, d’une structure sociale fortement cloisonnée et de nature pyramidale à une dilution des pouvoirs entre les mains de petits potentats locaux. L’effondrement des pôles bronziers et la diffusion rapide de la métallurgie du fer provoquent la désorganisation des structures sociales antérieures. La compétition exacerbée que se livrent entre eux les membres de l’aristocratie locale se manifeste dans la répartition aléatoire des marqueurs hiérarchiques que sont les volumes des tertres ou la possession d’une grande épée de fer (cf. chap. 6). Tous ces changements sont révélateurs d’une grave crise interne qui atteste l’apparition d’une nouvelle hiérarchisation sociale et économique au Hallstatt ancien. Il n’y a apparemment pas évolution continue mais bien rupture entre la distribution des liens de dépendance collective des ix^e‑viii^e s. et des viii^e‑vii^e s. av. J.‑C. (cf. chap. 6).

4.3 La nécropole La Tène

4.3.1 Les enclos quadrangulaires : catalogue

4.3.1.1 Enclos E5

293Le plus occidental, sur le haut du versant à peu de distance du grand enclos circulaire double E7‑E7bis.

Caractéristiques

294Enclos quadrangulaire incomplet à cause de l’érosion du versant et des labours profonds (fig. 119). Côté entier : 7,50 m ; larg. fossé 0,38 à 0,45 m ; profondeur 0,17 à 0,29 m sous 0,25 m de décapage ; profil en V.

Remplissage

295Limon homogène brun‑gris. Deux petits tessons protohistoriques atypiques (sondage 2).

Aire interne et structures adventices

296Fosse ovalaire, au centre approximatif de l’aire enclose : parois verticales, fond irrégulier, remplissage de limon blanchâtre à beige, très riche en nodules de craie de toutes tailles. Aucun mobilier.

297Le fossé est recoupé par une petite fosse (st.1) : diam. 0,38 m ; profondeur 0,19 m. Comblé de limon brun clair sableux et par la sépulture à incinération 51 (cf. § 4.3.4.6).

4.3.1.2 Enclos E8

Caractéristiques

298Enclos rectangulaire aux sommets arrondis (fig. 120) : long. 7 m ; larg. 4,80 m ; profondeur 0,14 à 0,33 m sous 0,20 à 0,30 m de décapage. Fossé : larg. 0,44 à 0,75 m ; profil en V ou en U évasé. Cinq trous de poteaux, dont quatre disposés en carré, occupent la partie est de l’aire interne de l’enclos.

Remplissage

299Homogène de limon brun riche en inclusions calcaires. Gros rognons de silex dans l’axe du fossé (coupe A‑B).

Mobilier

300Quelques tessons de céramique « difficilement reconstituables » (Gaj 1980) ont été découverts dans le remplissage du fossé. Ils ont disparus depuis.

4.3.1.3 Enclos E9

301En bordure méridionale du fossé de l’enclos E7bis sans le recouper, bouleversé à la suite de la première fouille entreprise sous la direction de V. Gaj en 1980 (fig. 121).

Caractéristiques

302Enclos rectangulaire : long. 6 m ; larg. 4 m ; profil en V.

Mobilier

303Un fragment de fond en céramique grossière (fig. 122).

Aire interne

304Tombe d’enfant datée de La Tène B2, située dans l’angle nord‑ouest (fouille V. Gaj, sépulture 1).

4.3.1.4 Enclos E12

305Inclus dans un groupe de sept enclos quadrangulaires disposés en arc de cercle autour de l’enclos double E7‑E7bis.

Caractéristiques

306Quadrangulaire (fig. 123) : 6 m de côté. Fossé : larg. 0,30 m ; profondeur maximum 0,35 m sous 0,25 m de décapage ; profil en V.

Mobilier

307Plusieurs tessons de céramique noire dans le remplissage (fig. 124).

Aire interne

308Trois sépultures à inhumations de La Tène ancienne (fouille V. Gaj, sépultures 10, 11, 12).

4.3.1.5 Enclos E13

309Il recoupe en grande partie le secteur oriental du fossé de l’enclos E7bis (fig. 77).

Caractéristiques

310Enclos rectangulaire de 7,70 sur 9 m. Fossé : larg. 0,40 à 0,60 m ; profondeur 0,40 m ; profil en V.

Aire interne

311Six petites fosses dont deux sépultures à incinération (incinérations 1bis et 2bis) (fouille V. Gaj [1982]).

4.3.1.6 Enclos E14

312Un peu excentré par rapport aux autres structures de cette zone, il avoisine la première rangée d’inhumations de la période historique (fig. 125).

Caractéristiques

313Enclos rectangulaire de 6,50 m sur 4,60 m (fig. 125). Fossé : larg. 0,40 à 0,60 m ; profondeur maximum 0,28 m sous 0,20 à 0,30 m de décapage ; profil en V.

Remplissage

314Limon brun riche en silex et nodules de craie ou de limon brun clair sans silex.

4.3.17 Enclos E15

315Situé à l’est et à peu de distance de l’enclos quadrangulaire E13.

Caractéristiques

316Presque carré, 4,56 m sur 4,36 m de côtés (fig. 125). Fossé en U évasé : larg. 0,20 à 0,38 m ; profondeur 0,17 m sous 0,20 à 0,30 m de décapage. Une sépulture gallo‑romaine à inhumation dans le fossé sud.

Remplissage

317Limon homogène gris clair à beige, mêlé de quelques nodules de craie.

4.3.2 Les enclos quadrangulaires de Soucy dans leur contexte régional

4.3.2.1 Typologie

318Les enclos quadrangulaires du Nord‑Sénonais ont déjà fait l’objet d’une première typologie que l’on se propose ici de reprendre et d’affiner (Baray 1989). Cinq types d’enclos et leurs variantes ont été distingués. Contrairement à la typologie élaborée pour les enclos du Bronze final, nous ne retiendrons pas la présence ou l’absence de palissade comme critère nécessaire dans la définition des variantes. En effet, l’état d’arasement de la plupart des structures quadrangulaires de la région, construites apparemment à des profondeurs moindres que leurs homologues de l’âge du Bronze, ne permet pas dans tous les cas d’envisager la présence d’aménagements particuliers dans les fossés.

Type A 7 enclos carré simple à fossé continu (fig. 126)

319Trois variantes ont été déterminées à partir de la taille des enclos.

Variante A71

320Regroupe tous les enclos de 2 à 9 m de côté. La grande majorité des enclos quadrangulaires du Sénonais en font partie (62 exemplaires, 58 % du corpus ainsi que tous les exemplaires de Soucy et de Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. chap. 3).

Variante A72

321Correspond aux enclos de 9 à 15 m de côté (16 exemplaire, 15 % du corpus). A l’instar des exemplaires de la variante A1, ils sont le plus souvent associés à des inhumations ou des incinérations de La Tène B2–La Tène C1 ou à des incinérations de La Tène C2 (Baray 1989). A Soucy, trois sépultures à inhumation de La Tène B2/C1 ont été implantées au centre de l’enclos E12. Certains enclos de ce type se distinguent par une forme nettement rectangulaire : enclos E8, E9 et E14 de Soucy/Mocques Bouteilles, par exemple.

Variante, A 73

322Comprend les enclos de plus de 15 m de côté (8 exemplaires, 7,4 % du corpus). La profondeur du fossé varie de 0,44 m à 2,60 m sous le niveau de décapage. Ils sont datés du premier âge du Fer. L’enclos E4 de Serbonnes/La Créole appartient à cette dernière variante (cf. § 2.2.1.1). On retrouve fréquemment de nombreuses sépultures à inhumation de La Tène A, disposées en périphérie interne du fossé. A l’intérieur de cette variante on trouve parfois des poteaux périphériques internes (Pont‑sur‑Yonne/Bas des Renardières, Villeperrot/Le Haut des Longues).

Type A8 enclos carré simple à fossé interrompu (fig. 126)

323Les enclos de type A8 peuvent être également divisés en trois groupes dimensionnels : les petits de 2 à 9 m (variante A81, 15 exemplaires, 14 %) ; les moyens de 9 à 15 m (variante A82, 3 exemplaires, 2,8 %) ; les grands de plus de 15 m de côté (variante A83, 3 exemplaires, 2,8 %). Parmi ces derniers on peut distinguer ceux à fossé sans trous de poteaux (A83a) et ceux à trous de poteaux périphériques internes (A83b : Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises, enclos ab).

324Aucune orientation privilégiée de l’entrée n’apparaît pour les enclos de type A81 et A82. Celle‑ci peut être indifféremment orientée au nord (5), à l’ouest (3), au sud (2), au nord‑est (2), à l’est (1), au nord‑ouest (1) ou au sud‑ouest (1).

325Trois enclos de type A83 ont été dénombrés dans le Nord‑Sénonais : Courtavant/Les Grèves de Courtavant, enclos E (Aube) (Piette 1979 : fig. 7), Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures, enclos El (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979 : fig. 4), Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises, enclos ab (Yonne) (Prampart 1990). L’entrée est orientée au sud‑ouest, au nord ou au nord‑est. L’enclos de Courtavant est associé à une vingtaine de sépultures de La Tène A implantées en périphérie interne ou sur le fossé d’enclos.

326Parmi les enclos à fossé interrompu, certains exemplaires affectent une forme en U. Il s’agit généralement de structures adventices qui viennent s’accoler à des enclos préexistants. C’est le cas à Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne) (Sarrazin 1989b : 126) où l’enclos F en forme de « U » a été creusé à proximité immédiate de l’enclos quadrangulaire E. Mais il peut s’agir également de structures à part entière sans lien topographique avec d’autres monuments. Ce type d’enclos apparaît dès le Bronze final, par exemple à Saint‑Vit/Au Fossard (Doubs) (Urlacher et al. 1988 : fig. 13). Vers la fin du iii^e s. av. J.‑C., après plusieurs siècles d’abandon, ce modèle d’enclos est de nouveau édifié par exemple à Fontaine‑la‑Gaillarde et dans les nécropoles ardennaises de Ville‑sur‑Retourne/Budant à la Route des Pauvres, Menil‑Annelles/Le Montant de l’Obit ou Bouy/La Voie de Vadenay (Flouest, Stead 1974 : fig. 5 ; 1981 : fig. 10, 18 ; 1977 : fig. 13).

Type A9 enclos carré à fossés multiples continus

327Ce type d’enclos est connu à Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne), enclos C (Sarrazin 1989b : 126) et à Gurgy/La Picardie (Yonne), enclos D, E, G et I (Pellet, Delor 1984 : fig. 3). L’enclos de type A9 appartient au groupe des enclos de plus de 20 m de côté. Il se compose de quarte fossés dont deux sont juxtaposés, vers l’extérieur. Les trois fossés discernables mesurent respectivement 20 m, 14,60 m et 8,10 m de côté maximum. Ils affectent tous un profil en V large de 0,60 à 1,85 m. Les trois autres enclos de Gurgy ont des dimensions nettement plus réduites :
– enclos E : 15,60 m et 7,40 m maximum de côté ;
– enclos G : 6 m et 2,40 sur 3 m de côté ;
– enclos 1: 7,50 m et 3 m de côté.

328Le fossé externe de l’enclos C de Fontaine‑la‑Gaillarde mesure 2,30 m de largeur contre 0,60 et 0,30 m pour les deux internes. Cet enclos se distingue également par l’existence de cinq trous de poteaux disposés en équerre le long des côtés nord‑est et nord‑ouest du fossé externe. L’aire centrale du plus petit enclos est occupée par une tombe à inhumation de La Tène A.

329Dans l’Auxenois, J.‑P. Delor (1988) mentionne sans toutefois les citer, trois autres enclos de type A9, détectés par photographie aérienne.

Type A10 enclos à fossés multiples dont un est interrompu

330Le seul enclos de ce type connu dans le Sénonais et vraisemblablement dans la moitié nord de la France est celui de Molinons/Les Graisses (Yonne) (Sarrazin 1989a : 115). Il se compose de trois enceintes carrées emboîtées dont la plus petite, au centre, est à fossé interrompu au nord (variante A102). Les fossés mesurent respectivement 40 m, 17 m et 9,5 m de côté. Le fossé intermédiaire est recoupé par une tombe à char et à inhumation datée du Hallstatt D3.

331Un autre enclos mais à deux fossés seulement (variante A101) et de taille plus modeste a été fouillé à Charmoy/Le Champ des Morts, enclos E3 (Yonne) (Carré 1979 : fig. 1). Les deux fossés mesurent respectivement 10,25 m et 3,25 m de côté. A l’instar du monument de Molinons, le fossé interne de Charmoy est également interrompu mais à l’est. Une tombe à inhumation de La Tène A recoupe l’une des antennes du fossé. Dans les deux cas, un terminus post quem au v^e s. av. J.‑C. peut être retenu.

Type B3 enclos carié à fossé et trous de poteaux internes

332On distingue deux variantes en fonction de la présence (B32) ou de l’absence (B31) d’une rigole reliant les poteaux porteurs au centre de l’aire enclose. Ces monuments sont souvent assimilés à des prototypes de fanum (Cabuy 1989). L’exemplaire de Serbonnes/La Créole (Yonne), variante B32 (Martin 1962) est le seul exemplaire de la région et sans doute du Bassin parisien. Des enclos de la variante B31 sont connus dans la nécropole voisine de Saligny (Yonne) (Devauges 1979) et dans la nécropole de Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube), enclos C et I (Bienaimé 1981), A Soucy, l’enclos E8 possédait, selon V. Gaj, cinq poteaux dont quatre étaient disposés en carré dans la partie ouest de l’aire enclose. Cependant, en l’absence de données de fouilles, cette information restera sujette à caution d’autant que lors du redécapage intégral de l’enclos, aucune trace de ces cinq structures n’a été retrouvée.

4.3.2.2 Contexte chronologique et culturel

333Dans la région, tous les types d’enclos quadrangulaires et à peu près toutes leurs variantes apparaissent au cours du Hallstatt. Par la suite, leur évolution diverge : les enclos de type A73, A83, A9, A10 ou B31 ne sont plus édifiés à partir de la seconde moitié du v^e s. av. J.‑C. tandis que ceux de type A71, A72, A81, A82 et B32 ne connaissent leur plein développement qu’à partir de la première moitié du iii^e s. av. J.‑C.

334Dans le Sénonais, les enclos de type A71 apparaissent antérieurement à La Tène A, à Charmoy/Le Champ des Morts (Yonne) (Carré 1979) et à Soucy, enclos E5. Dans ces deux gisements, ils sont occupés ou recoupés par des tombes à inhumation ou à incinération de cette période (cf. § 4.3.1.1 et 4.3.4.6). Ce type d’enclos perdure à La Tène B2 à Soucy, enclos E12, à Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989), et à La Tène C à Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. drap. 3) ou à Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979).

335Qu’ils soient de type A71 ou A81, ces enclos ne s’organisent que très rarement en grappe à l’instar des exemplaires étrangers, allemands par exemple (Wederath‑Belginum) (Haffner et al. 1989) de La Tène C et D. A Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979), ils s’agencent selon un axe nord‑sud en un ensemble quelque peu désorganisé. A Serbonnes/ La Créole (Yonne) (cf. § 2.2.1.2), ils sont accolés de manière à former l’enclos E5. Ce dernier type d’aménagement se rencontre également à Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne) (Sarrazin 1989b : fig. 164). Sur ce site, l’aire interne de l’enclos E est occupée par deux incinérations de La Tène C2 (sépultures 67, 68). Dans les nécropoles ardennaises de Ville‑sur‑Retourne, Menil‑Annelles ou Bouy (Flouest, Stead 1974 ,1981), les petits enclos de types A71, A81 cotoient ou s’accolent à de grandes structures rectangulaires de plus de 25 m de longueur sur 16 m de côté (enclos A de Ville‑sur‑Retourne). Ces derniers enclos diffèrent radicalement des exemplaires de type A73 du premier âge du Fer par un tracé plus rigoureux, des angles bien marqués et surtout par un plan nettement rectangulaire. Ils sont fréquemment associés à des sépultures centrales à incinérations de La Tène D1.

336Dans les Ardennes et le Jura, les premiers enclos quadrangulaires apparaissent dès le v^e s. av. J.‑C. en association avec des tombes à inhumation ou à incinération de La Tène A (Rozoy 1987 ; Millotte 1981).

337La Picardie et la Champagne voient en revanche un développement plus tardif de ce type de structure : les plus anciens exemplaires actuellement inventoriés sont datés de La Tène Cl à Allonville/Le Coquingard (Somme), sépulture 3 (Ferdière et al. 1973 : fig. 3), à Tartigny/Le Chemin du Moulin (Oise), sépultures 1, 4 (Massy et al. 1986 : fig. 2) ou à Fère‑Champenoise/Faubourg de Connantre (Marne), par exemple (Brisson et al. 1970). Ils perdurent à La Tène D, sur des sites comme Montépreux dans la Marne, en association avec des tombes à incinérations (Brisson et al. 1933).

338C’est à partir de l’extrême fin de La Tène B2 et durant La Tène C que les enclos de type A71 et A81 sont véritablement les plus nombreux dans le Bassin parisien et en Europe centrale, où ils sont toujours associés à des tombes à incinération ou à inhumation de la fin du iv^e‑première moitié du iii^e s. av. J.‑C. (Benadik 1971 ; Bujna 1989 ; Neugebauer 1991a ; 1991b). Ils forment même dans certains cas l’essentiel des structures monumentales de certaines nécropoles comme à Vignolles/La Pièce Barot (Côte‑d’Or) (Chevillot 1980 : fig. 1), où 18 petits enclos de type A71 et deux du type A81 sont associés à des restes d’incinérations totalement arasées de La Tène C. C’est le cas également dans la vallée du Tholon où J.‑P. Delor a repéré plusieurs nécropoles constituées uniquement d’enclos quadrangulaires (Delor 1988). La petite nécropole de Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. chap. 3) appartient à ces nouveaux sites fondés à la charnière entre La Tène B2 et La Tène Cl (cf. chap. 6).

339Les enclos quadrangulaires de type A72, 73 et A82, A83, de 9 à 19 m de côté, apparaissent en Belgique à Destelbergen, dans le groupe de la Flandre, dès le Hallstatt C (De Laet 1982 : fig. 233). Dans le Sénonais, les exemplaires de type A73 et A83 sont fréquemment associés à des tombes de La Tène A le plus souvent implantées dans le remplissage supérieur des fossés (Baray 1989 : fig. 12). La répartition des sépultures en couronne, à la périphérie de l’aire interne de la plupart de ces structures, évoque l’existence de tumulus aujourd’hui arasés. A propos de l’enclos de Pont‑sur‑Yonne/Bas des Renardières (Yonne), J.‑Y. Prampart a montré que les matériaux extraits lors du creusement du fossé permettent, pour une structure de 29,5 m de long, 22,5 m de large et 2,6 m de profondeur moyenne, l’édification d’un tertre de 1,80 m de hauteur (Prampart 1982 : 286‑287). Dans cette hypothèse, l’arasement du tertre a pu engendrer la disparition des tombes centrales ; seules les sépultures périphériques des niveaux inférieurs ont été préservées.

340En dehors de la région, seules quelques très rares structures comparables ont été fouillées : Antran/La Croix Blanche (Vienne) (Pautreau 1985 : fig. 3), Antheuil‑Portes/Le Fond de Saint‑Maur (Oise) (Blanchet 1989 : fig. 18), Escolives‑Sainte‑Camille/Pré de la Planche (Côted’Or) (Devauges 1976 : 445, fig. 28). Deux tombes dont une incinération du Bronze final I‑IIa et une inhumation du Hallstatt D1 ont été mises au jour dans l’aire interne de cette dernière structure. A Fenay (Côte‑d’Or) (Gaiffe 1989) et à Longvic‑Lés‑Dijon (Côte‑d’Or) (Barral, Depierre en préparation), deux enclos de ce type récemment fouillés sont associés à des tombes à inhumations de La Tène A et de La Tène B1. Dans la région, les enclos de type A73 et A83 remplissent apparemment la même fonction que les grands tumulus, à tombes multiples du Hallstatt D réutilisés de La Tène A, de Bourgogne, Franche‑Comté, Lorraine ou Suisse occidentale. La région se rattache ainsi aux groupes culturels de la culture du Jura (Brun 1988). Durant cette période, elles n’entretiennent que peu de relations avec les groupes septentrionaux de la Culture Marne‑Moselle dont les nécropoles se caractérisent essentiellement par une organisation en grands ensembles ouverts à tombes plates.

341Les enclos de types A9 ou A10, comparativement aux autres, sont extrêmement rares. Outre les exemplaires régionaux de Molinons, Gurgy et Charmoy qui sont tous datés du Hallstatt, on ne connaît que deux nécropoles ayant livré des structures comparables : à Civaux‑Valdivienne/Cubord (Vienne), l’enclos 22/23, daté du second âge du Fer (Mataro i Pladelasala 1988) et à Saint‑Vit/ Champs Traversâtes (Doubs) où une structure de ce type a été repérée par photographie aérienne (Urlacher et al. 1988 : 78).

342Les enclos de type B31 sont attestés, en contexte La Tène C et D, à Ménil‑Annelles/Le Montant de l’Obit (Ardennes), enclos H, J (Flouest, Stead 1981). A Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989), ils sont associés à des tombes à inhumations de la première moitié du iii^e s. av. J.‑C. L’enclos I, à quatre trous de poteaux interne, est entouré de six nouveaux trous de poteaux : une telle structure est à notre connaissance unique. Deux enclos types B31 à fossé interrompu ont été fouillés à Antran/La Croix Blanche (Vienne), enclos XII et XIII (Pautreau 1985). Ils ne sont pas associés à des tombes.

343A l’instar des enclos de type A71 ou A73, ceux du type B32 apparaissent antérieurement à La Tène A comme l’atteste l’exemplaire de Serbonnes/La Créole (Yonne) (Martin 1962). La tombe à inhumation qui a recoupé le trou de poteau central peut être datée, d’après son mobilier, de la seconde moitié du v^e s. av. J.‑C. A Ecury‑le‑Repos/L’Homme Mort (Marne), un petit édifice à cinq poteaux comparable a été fouillé à peu près au centre d’un enclos de type A72, de 12 m de côté (Brisson, Hatt 1955). D’autres structures comparables se trouvent en Champagne, à Vert‑la‑Gravelle et à Fère‑Champenoise (Favret 1948 ; Brisson, Hatt I960).

344Les enclos de type A9, A10 ou B3, fréquemment assimilés à des proto‑fanums (De Laet et al. 1966 ; Lewis 1966 ; Brunaux 1986a ; Cabuy 1989), ne connaîtront après une longue période d’abandon (seconde moitié du v^e‑début du iii^e s.) leur plein développement qu’à partir de La Tène D.

4.3.3 Les inhumations de La Tène

4.3.3.1 Sépulture 110

345Implantée dans l’angle nord‑ouest de l’enclos rectangulaire E9.

Fosse

346Long. 1,40 m ; larg. 0,40 m ; profondeur 0,40 m ; un aménagement de pierres a été observé sur le pourtour de la fosse.

Squelette

347Orientation de la tête nord/nord‑ouest.
Quelques fragments de « boite crânienne, phalanges, dents, deux petits morceaux de tibia » d’un enfant : « d’après expertise des dents, l’enfant devait avoir 4 ans 1/2 » (Gaj 1980).

Mobilier

348Une fibule à pied libre en fer (fig. 127) : situation non déterminée. Pied muni d’une perle et surmonté d’un « bec » renflé ; arc en archet de violon ; ressort à deux fois trois spires et corde externe (?) ; long. 59 mm ; haut. 17 mm.

4.3.3.2 Sépulture 2

349Située à l’ouest de l’enclos E9.

Fosse

350En grande partie arasée « simple gouttière creusée dans la craie d’une profondeur de 0,10 m » (Gaj 1980).

Squelette

351Orientation de la tête nord, « un os du bras et de l’avant bras et quelques phalanges » (Gaj 1980).

Mobilier

352– Bague ouverte en bronze Situation : non déterminée.
Caractéristiques : jonc de section rectangulaire ; décor d’incisions verticales ; extrémités superposées. Diam. Externe 17 à 19 mm ; ép. 1 mm ; haut. 2 mm.

353– Agrafe en bronze
Situation : non déterminée.
Caractéristiques : deux anneaux soudés terminés par un crochet ; jonc de section en « D ». Long. 40 mm ; diam. anneaux 15 et 17 mm.

4.3.3.3 Sépulture 4

Fosse

354Creusée dans le remplissage supérieur du fossé de l’enclos E7. Deux grès volumineux couvraient le défunt.

Squelette

355Orientation de la tête sud/sud‑ouest.
« Très jeune enfant » d’après V. Gaj (1980) ; quelques fragments de calotte crânienne, de côtes et de phalanges des mains et des pieds.

Mobilier

356– Bracelet fermé en lignite (fig. 128, n^o 1)
Situation : à gauche.
Caractéristiques : Jonc de section ronde. Diam. externe 77 mm ; diam. jonc 12 mm.

357– Bracelet ouvert en bronze torsadé (fig. 128, n^o 2)
Situation : à gauche.
Caractéristiques : profil ovalaire ; jonc de section rectangulaire. Diam. externe 31 à 37 mm ; diam. Jonc 2,5 mm.

4.3.3.4 Sépulture 511

Fosse

358Pas de renseignement particulier. D’après les photos de fouille, un gros grès apparaît à chaque angle de la fosse en surface de décapage.

Squelette

359Orientation de la tête : sud.
« Sexe masculin » d’après V. Gaj (1980). D’après les photos de fouille, inhumé en décubitus dorsal, membres en extension.

Mobilier

360– Bracelet fermé en fer (fig. 129, n^o 3) Situation : à l’avant‑bras droit.
Caractéristiques : jonc de section ronde. Diam. externe 80 mm ; diam. Jonc 5 mm.

361– Fibule en fer (fig. 129, n^o 1)
Situation : à gauche sur le thorax.
Caractéristiques : pied libre décoré d’une perle ; arc cintré de section ronde (?) ; ressort à deux fois deux spires (?). Long. 95 mm.

362– Fibule en fer (fig. 129, n^o 2)
Situation : à gauche sur le thorax.
Caractéristiques : pied libre décoré d’une perle ; arc cintré de section ronde (?) ; ressort à deux fois deux spires (?). Long. 53 mm.

4.3.3.5 Sépulture 612

Fosse

363Pas de renseignement particulier. D’après les photos de fouille, de gros grès sont visibles dans les angles de la fosse.

Squelette

364Orientation de la tête : sud.
« Enfant » d’après V. Gaj (1980). D’après les photos de fouille les ossements ont disparu.

Mobilier

365– Fibule à pied attaché en fer (fig. 130, n^o 1)
Situation : au centre de la fosse, posé sur le bracelet.
Caractéristiques : pied fixé au sommet de l’arc à l’aide d’une perle ; ressort à deux fois deux spires et corde externe ; arc de section ronde. Long. 125 mm ; haut. 32 mm.

366– Bracelet fermé en bronze (fig. 130, n^o 2)

367Jonc massif à décor quaternaire moulé ; alternance d’un motif principal fait de trois protubérances, décorées de pastillages, séparées entre elles par une mouluration en relief et d’un motif secondaire de cannelures. Diam. externe 45 mm ; diam. jonc 3 mm.

4.3.3.6 Sépulture 713

Fosse

368Pas de renseignement particulier. D’après les photos de fouille de gros grès sont visibles en surface de la fosse.

Squelette

369Orientation de la tête : sud.
« Sexe féminin » d’après V. Gaj (1980). D’après les photos de fouille l’inhumé est en décubitus dorsal.

Mobilier

370– Fibule à pied libre en fer (fig. 131, n^o 2)
Situation : à l’emplacement de l’épaule gauche.
Caractéristiques : pied surmonté d’une grosse perle reposant sur l’arc ; ressort à deux fois trois spires et corde externe (?) ; arc de section ronde. Long. 80 mm ; haut. 20 mm.

371– Fibule à pied attaché en fer (fig. 131, n^o 1)
Situation : à l’emplacement de l’épaule gauche.
Caractéristiques : pied fixé au sommet de l’arc à l’aide d’une bague (?) ; ressort à deux fois deux spires et corde externe (?). Long. 107 mm ; haut. 30 mm.

372– Fibule en fer (fig. 131, n^o 3)
A l’emplacement de l’épaule gauche. Haut. 20 mm.

373– Bague en bronze (fig. 132, n^o 4)
Situation : à une phalange de la main gauche.
Caractéristiques : ruban de section rectangulaire décoré de chevrons gravés (ou de feuilles) en léger relief, entre deux rainures latérales également gravées. Diam. externe 17 mm ; haut, jonc 2 mm ; ép. jonc 1 mm.

374– Bracelet fermé en bronze (fig. 132, n^o 1)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : irrégulier ; jonc de section quadrangulaire ; sans décor. Diam. externe 59 mm ; diam. Jonc 2 mm.

375– Bracelet fermé en bronze (fig. 132, n^o 2)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc de section quadrangulaire décoré de groupe de deux traits gravés, régulièrement espacés. Diam. ext. 59 mm ; diam. jonc 2 à 2,5 mm.

376– Bracelet fermé en lignite (fig. 132, n^o 3)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc de section en « D ». Diam. externe 68 mm ; diam. jonc 6 à 9 mm.

4.3.37 Sépulture 914

Fosse

377Pas de renseignement particulier. D’après les photos de fouille une grosse pierre est placée de champ sur un des petits côté de la fosse (calage ?), une autre contre un long côté (calage ?).

Squelette

378Orientation de la tête : nord‑est.
« Sexe féminin » d’après V. Gaj (1980). D’après les photos de fouille : inhumée en décubitus dorsal, membres supérieurs et inférieurs en extension.

Mobilier

379– Fibule à pied libre en fer (fig. 133, n^o 1)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : pied court replié contre l’arc ; arc en archet de violon de section ronde ; ressort à corde externe (?). Long. 81 mm ; haut. 19 mm.

380– Fibule en fer (fig. 133, n^o 2)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : pied replié contre l’arc ; arc en archet de violon de section ronde ; ressort à corde externe. Long. 45 mm ; haut. 13 mm.

381– Fibule en fer (fig. 133, n^o 3)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : incomplète ; ressort à deux fois deux spires et corde externe.

382– Bracelet fermé en lignite (fig. 133, n^o 4)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : Jonc de section plano‑convexe. Diam. externe 58 à 63 mm ; diam. jonc 9 mm.

4.3.3.8 Sépulture 10

383Pas de renseignement particulier sur la fosse.

Squelette

384Orientation de la tête : nord.
« Sexe masculin « d’après V. Gaj (1980).

Mobilier

385– Bracelet fermé en lignite (fig. 134, n^o 2)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : Jonc de section plano‑convexe. Diam. ext. 76 sur 80 mm ; diam. jonc 8 sur 10 mm.

386– Fibule à pied libre en fer (fig. 134, n^o 1)
Situation : sur l’épaule gauche.
Caractéristiques : pied long muni d’une grosse perle terminale à extrémité brisée (?), reposant haut sur l’arc ; ressort à deux fois quatre spires et corde externe ; arc renflé au centre. Long. 69 mm ; haut. 28 mm.

4.3.3.9 Sépulture 11

Fosse

387Pas de renseignement particulier. « Le squelette était recouvert d’un empierrage mélangé à de la terre noirâtre jusqu’au niveau de la craie » (Gaj 1980).

Squelette

388Orientation de la tête : sud.
« Sexe masculin » d’après V. Gaj.

Mobilier

389– Bracelet fermé en lignite (fig. 135, n^o 1)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc de section ronde. Diam. externe 105 mm ; diam. jonc 12 mm.

390– Epée en fer (fig. 136, n^o 2)
Situation : le long du côté droit du défunt ; poignée à auteur de la région ombilicale de l’abdomen, pointe vers le bas.
Caractéristiques : incomplète ; ne subsiste que la partie médiane de la lame de section losangique. Long, en l’état 485 mm ; larg. maximum 33 mm.

391– Trois fragments de rivets en fer (fig. 135, n^o 7)
Situation : en contact avec la soie de l’épée.
Caractéristiques : objets incomplets permettant la fixation de la poignée en bois sur la soie de la lame. Diam. tête 14 mm ; long, tige 18 mm.

392– Fer de lance (fig. 136, n^o 1)
Situation : à gauche à hauteur du crâne, en position oblique sur le bord de la fosse, la pointe vers le haut.
Caractéristiques : empennage convexe de section losangique à nervure saillante ; pointe brisée ; carène étroite et basse ; douille longue ; rivets en fer à cabochon en corail hémisphérique. Long, totale 209 mm ; long, douille 96 mm ; diam. douille 16 mm ; larg. empennage 31 mm.

393– Deux cerclages en bronze (fig. 135, n^os 5, 6)
Situation : sur les flancs de part et d’autre de la région ombilicale.
Caractéristiques : tôle à bord rentrant ; deux perforations en vis‑ à‑vis dont une encore munie d’un clou de fixation ; décor de cercles occulés disposés en losange et répartis en cinq registres sur le pourtour. Diam. Externe, 34 mm ; haut. 9 et 8 mm ; ép. 5 mm ; long, pointe 10 mm.

394– Trois anneaux de suspension en bronze (fig. 135, n^os 2, 3, 4)
Situation : en travers du bassin du défunt.
Caractéristiques : jonc fermé de section ovalaire. Diam. Externe, 31 à 32 mm ; larg. 8 à 9 mm.

395– Talon de lance en bronze (fig. 135, n^o 8)
Situation : sur le thorax (bris du fer de lance avant son dépôt dans la tombe ?). Caractéristiques : plaque circulaire de bronze surmontée d’un clou ; plaque de section rectangulaire. Diam. Externe, 28 mm ; ép. 1 mm.

4.3.3.10 Sépulture 12

396Pas de renseignement particulier sur la fosse.

Squelette

397Orientation de la tête : sud.
« Sexe masculin » et « squelette ayant subi le feu, nombreuses traces de cendre » (Gaj 1980).

Mobilier

398– Epée en fer (fig. 137)
Situation : le long du côté droit du défunt, poignée à auteur de la région ombilicale de l’abdomen, pointe vers le bas.
Caractéristiques : lame de section biconvexe, sans nervure centrale, à extrémité effilée. La soie de section rectangulaire se termine par un bouton de forme carré. Sept rivets à tête bombée, non décorée, avec cannelures périphériques, devaient servir à fixer les éléments en bois de la poignée à la soie. Six sont disposés symétriquement de part et d’autre de celle‑ci ; le septième est situé au point de jonction de la lame et de la soie. Il ne subsiste plus que quelques fragments de gouttières du fourreau en fer mais pas de bouterolle ni entrée. Long, maximum 552 mm ; larg. maximum 50 mm ; long, soie 130 mm.

399– Sept rivets en fer (fig. 137)
Situation : en contact avec la soie de l’épée.
Caractéristiques : éléments de fixation de la poignée de l’épée ; double tête hémisphérique avec tige de liaison de section circulaire. Diam. tête 16 mm.

400– Trois anneaux de suspension en bronze (fig. 138, n^os 1 à 3)
Situation : en contact avec le haut du fourreau.
Caractéristiques : jonc fermé de section ronde. Diam. externe 37 mm ; diam. Jonc 3 mm.

401– Fibule en fer à pied libre ( ?) (fig. 138, n^o 4)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : incomplète ; arc coudé de section ronde. Haut, approximative de l’arc 30 mm.

4.3.3.11 Sépulture 54

Fosse (fig. 139)

402Creusée dans la craie, à 0,06 m de la périphérie externe du fossé E7. Extrémités arrondies ; fond irrégulier avec un surcreusement prononcé dans la partie distale ; parois évasées. Long. 2,45 m ; larg. 0,78 m ; profondeur 0,18 à 0,34 m sous 0,25 m de décapage.

Remplissage

403Remplissage central de limon brun beige riche en nodules de craie et de deux couches latérales de limon brun gravillonneux et de limon beige riche en nodules de craie. Un aménagement de rognons de silex en périphérie du squelette a pu servir de calage à un coffrage de bois (cf. infra).

Squelette (i.v., h.d.)

404Orientation de la tête : 216,9°.
Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux sont très mal conservés).
L’état de conservation des os est très mauvais (fig. 140).

405Le sujet est en décubitus dorsal. Le membre supérieur droit est en extension ; le coude gauche est fléchi, la main est sur le pubis ; les membres inférieurs sont en extension. Le crâne apparaît par sa face antérolatérale gauche, la mandibule par sa face supérieure. Les dents monoradiculées supérieures ont été retrouvées à droite de l’arcade mandibulaire, il semble donc que la mandibule ait tourné secondairement lors de son ouverture due à la disparition des parties molles qui la maintenait au reste du crâne. Le membre supérieur droit est décalé vers le crâne, la main droite n’a pas suivi ce déplacement ; elle est en supination, les doigts sont fléchis au niveau de la première articulation interphalangienne. La bague (qui n’est pas engagée dans une phalange) devait être portée par la main droite : elle a été retrouvée à 4 cm des phalanges proximales, en direction du crâne. Les fémurs droits et gauches apparaissent par leur face antérieure, les tibias droits et gauches par leur face médiale ; ils se sont donc ouverts. De plus, l’extrémité distale du tibia droit est cassée ; cette partie est perpendiculaire au reste du tibia et surélevée de 4 cm. Le tibia gauche est aussi surélevé par rapport au droit de 4 cm. La cassure du tibia droit et sa position perpendiculaire par rapport au reste de l’os supposent l’existence d’un espace vide sous le corps : cet espace peut être ménagé par la présence d’une planche sous le corps de l’individu, ou bien peut s’être formé au cours de la décomposition, par tassement de la terre ameublie. L’amplitude du déplacement du membre supérieur droit est importante (une dizaine de centimètres), il ne peut s’envisager qu’en espace vide. Il semble donc que suffisamment d’éléments démontrent que la décomposition du corps s’est déroulé en espace vide.
i.v., h.d.

Mobilier

406– Anneau fermé en bronze (fig. 141, n^o 2)
Situation : à côté de la main droite du défunt.
Caractéristiques : jonc de section légèrement ovalaire, sans décor. Diam. externe 25 mm ; diam. jonc 3,5 à 4 mm.

407 – Bracelet fermé en lignite (fig. 141, n^o 1)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc de section en « D » aux angles arrondis. Diam. externe 75 mm.

408– Fibule à pied libre en fer (fig. 141, n^o 3)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : incomplète (manque un fragment du pied) ; pied long muni d’une petite perle ; arc coudé de section plate ; ressort à deux fois deux spires et corde externe. Long. 62 mm ; haut. 19 mm.

4.3.3.12 Sépulture 55

Fosse

409En forme de haricot, elle recoupe en partie le bord externe du fossé E7. Extrémités arrondies ; parois relativement abruptes ; fond surcreusé en son centre. Long. 3 m environ ; larg. maximum 0,90 m ; profondeur 0,36 m.

Remplissage

410Limon brun, divers fragments d’ossements humains et quelques dents sur toute la hauteur du remplissage.

Aucun mobilier

411Cette inhumation a été visiblement pillée à une époque ancienne comme en témoignent la dispersion des ossements et le bouleversement des pierres. Par ailleurs, il devait sans doute exister un coffrage de bois.

4.3.3.13 Sépulture 56

Fosse (fig. 142)

412L’inhumé de la tombe 56 a été déposé au‑dessus de la fosse du défunt n^o 57 ou plus exactement bloqué, tassé, entre les blocs de grès visibles dans le remplissage supérieur de la fosse 57, d’où les très fortes torsions observées.

Squelette (i.v., h.d.)

413Orientation de la tête : 187,5°.
Individu adulte de sexe masculin. L’état de conservation des os est mauvais (fig. 140).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne, la clavicule et la scapula droites, les vertèbres cervicales sont absents. Les membres supérieurs et inférieurs sont en extension. La main droite se trouve en partie sous l’aile iliaque droite, elle est en pronation, fléchie à partir de la première articulation interphalangienne, le pouce dans la paume ; la main gauche se trouve en partie sur le fémur gauche, elle est en pronation, fléchie à partir de la première articulation interphalangienne. Toute la partie droite du corps présente une rotation vers la gauche : les os apparaissent par leur face latérale ou antéro‑latérale. De plus, la partie supérieure du corps est oblique vers la gauche suivant la direction sud‑ouest/nord‑est. Cette position un peu particulière pourrait être due à la présence de nombreux blocs de grès qui sont répartis au fond de la fosse et qui constituent l’aménagement de la sépulture sous‑jacente (n^o 57). Les os coxaux ne sont pas disjoints. Les pieds sont surélevés d’une dizaine de centimètres par rapport au reste du corps, et leurs os sont au‑dessus de l’extrémité distale des jambes. Le maintien des connexions anatomiques tendrait à démontrer que la décomposition du corps s’est déroulée en espace colmaté. Cependant, l’absence du crâne, de la clavicule et de la scapula droites, des vertèbres cervicales suggèrent que la sépulture a été ouverte au cours ou après la décomposition du corps. Ce prélèvement n’a pas perturbé le reste de la sépulture, il se pourrait donc qu’il se soit réalisé en espace vide.
i.v., h.d.

Aucun mobilier

4.3.3.14 Sépulture 57

Fosse (fig. 143 et fig. 144 : deuxième plan)

414Creusée dans la craie ; extrémités arrondies ; parois subverticales ; fond plat. Long. 2,10 m ; larg. 0,73 m au centre, 0,83 m aux extrémités ; profondeur 0,43 à 0,66 m.

Remplissage

415Une couche de limon brun très clair avec quelques nodules de craie surmontée d’une couche de limon gris‑beige riche en nodules de craie ; de très nombreux et volumineux blocs de grès dans l’ensemble du remplissage (certains de plusieurs dizaines de kg) répartis sur l’ensemble du squelette.

Squelette (i.v., h.d.)

416Orientation de la tête : 187,5°.
Enfant de 10 à 12 ans.
L’état de conservation des os est très mauvais (fig. 140).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face latérale gauche, le membre supérieur droit et les membres inférieurs sont en extension. La position du membre supérieur gauche n’est pas connue car les os des avant‑bras et des mains n’ont pas été retrouvés. Des silex sont sur les os ou au même niveau que les os. Ils faisaient peut‑être partie de l’architecture de la tombe et seraient alors les témoins d’un élément en matière périssable recouvrant le corps ; cet élément, lors de sa disparition par décomposition, a provoqué l’effondrement des silex dans la tombe. Ces silex seraient ainsi les seuls indices qui pourraient permettre de conclure à une décomposition en espace vide. Par ailleurs, l’examen de la denture a permis de mettre en évidence la présence de stress dentaire sur les dents frontales supérieures.
i.v., h.d.

Mobilier

417Une fibule à pied libre en fer (fig. 145) sur l’avant‑bras droit du défunt : pied muni d’une perle surmontée d’un « bec » ; arc à deux coudes et partie supérieure rectiligne ; ressort à deux fois deux spires et corde externe. Long. 84 mm ; haut. 22 mm.

4.3.3.15 Sépulture 58

Fosse (fig. 146)

418Aucune trace visible de la fosse creusée dans le remplissage supérieur du fossé de l’enclos E7.

Squelette (i.v., h.d.)

419Orientation de la tête : 245,8°.

420Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux ne sont pas conservés). L’état de conservation des os est mauvais (fig. 140).

421Le sujet est en décubitus dorsal.

422Le crâne apparaît par sa face latérale droite, la mandibule est déconnectée, elle apparaît par sa face latérale droite antérieure. Des membres supérieurs il ne reste que l’humérus gauche qui apparaît par sa face antéro‑latérale : il est surélevé par rapport au reste du corps. La partie supérieure du corps semble engoncée dans une étroite gouttière : le cou n’est pas marqué, une côte gauche est engagée sous la mandibule, les côtes se sont empilées les unes sur les autres. Les membres inférieurs sont en extension : les fémurs apparaissent par leur face antérieure, les tibias par leur face antéro‑médiale ; les pieds sont tombés latéralement et ils sont déconnectés. Ces observations amènent donc à penser que le corps du défunt a été placé au sein d’un contenant étroit, en matière périssable.
i.v., h.d.

Aucun mobilier

4.3.3.16 Sépulture 59

Fosse (fig. 143 et fig. 144 : premier plan)

423Rectangulaire : parois sub‑verticales (sauf à la tête où elles sont légèrement rentrantes) ; fond plat. Long. 1,90 m au fond, 1,85 m en surface ; larg. 0,83 m ; profondeur 0,72 m.

Remplissage

424De bas en haut : couche de limon grisâtre avec des petits nodules de craie ; lit de blocs de grès et de silex ; couches alternées de limon blanchâtre riches en petits et gros nodules de craie ; pour finir couche de limon brun clair avec quelques éléments calcaires. Certains blocs de grès pèsent, à l’instar de la sépulture 57, plusieurs dizaines de kilogrammes. Notons également la présence d’un bloc en position verticale à l’extrémité nord de la fosse, soit aux pieds du défunt.

Squelette (i.v., h.d.)

425Orientation de la tête : 2,2°.
Enfant âgé de 11 à 14 ans.
L’état de conservation est très mauvais (fig. 147).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face antérieure ; la position des membres supérieurs, très fragmentaires, n’est pas connue ; les membres inférieurs sont en extension. Les scapulas droite et gauche apparaissent par leur face latérale, cela traduit une compression transversale de la partie supérieure du corps. L’état de conservation du squelette ne permet pas d’en savoir plus sur le mode d’inhumation.
i.v., h.d.

Mobilier

426Une fibule en fer à pied attaché (fig. 148) sur le thorax. Ressort tourné vers l’épaule gauche ; pied fixé à l’arc à l’aide d’une bague (?) ; pied décoré d’une perle assez volumineuse en forme d’olive ; ressort à deux fois deux spires et corde externe. Long. 100 mm ; haut. 23 mm.

4.3.3.17 Sépulture 60

Fosse (fig. 149)

427Rectangulaire : creusée dans la craie, à proximité du bord interne du fossé E7bis. Extrémités arrondies ; parois sub‑verticales ; fond relativement plat. Long. 2,54 m ; larg. 0,86 m ; profondeur 0,58 m.

Remplissage

428Limon beige très blanchâtre riche en nodules de craie ; un aménagement de blocs de silex le long de la paroi sud et dans la zone centrale de la fosse, au niveau du squelette. Il s’agit vraisemblablement d’un dispositif lié à l’existence d’un coffrage de bois.

Squelette (i.v., h.d.)

429Orientation de la tête : 272,9°.
Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux sont très fragmentaires). L’état de conservation des os est mauvais (fig. 148).
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face latérale gauche supérieure, la mandibule est déconnectée et brisée en multiples morceaux. La composante supérieure indique une position forcée pour le crâne. Les membres supérieurs et inférieurs sont en extension. Les clavicules sont parallèles à l’axe sagittal médian du corps, la scapula gauche apparaît par sa face antéro‑latérale, les humérus par leur face antéro‑latérale. Tous ces éléments sont la traduction d’une compression transversale. De plus, l’ulna gauche est déconnectée distalement du radius. L’écart observé est important : l’extrémité distale de l’ulna sort du volume initial du corps. Les os coxaux sont à plat, ils apparaissent par leur face médiale. Les fémurs n’ont pas suivi l’ouverture des os coxaux, ils présentent leur face antérieure. Les tibias apparaissent par leur face médiale. Les pieds sont déconnectés, le calcanéum droit apparaît par sa face latérale et recouvre le tarse gauche qui est en miettes ; le talus droit a été retrouvé dans la paroi de la fosse, 10 cm au‑dessus du niveau relevé pour le tibia droit. Les observations anthropologiques mettent en évidence que la partie supérieure du corps est soumise à une compression transversale, que les déplacements de certains os ne peuvent être envisageables qu’en espace vide et que la disjonction des os coxaux ne peut se l’aire que dans les mêmes conditions.

430Il semble donc qu’un aménagement en matière périssable entourait l’individu, et que le corps s’est affaissé dans une gouttière étroite qui a pu être créée par le tassement de la terre ameublie par le creusement de la fosse.
i.v., h.d.

Aucun mobilier

4.3.3.18 Sépulture 62

Fosse (fig. 150)

431Limites exactes de la fosse invisibles dans le remplissage supérieur du fossé de l’enclos E7, parois très légèrement évasées ; le fond apparaît plat.

Squelette (i.v., h.d.)

432Orientation de la tête : 338,2°.
Individu adulte de sexe masculin. L’état de conservation des os est mauvais (fig 147).
Le sujet est en décubitus dorsal.Le crâne apparaît par sa face antérieure, les membres supérieurs et inférieurs sont en extension. Une épée est posée sur le membre supérieur droit, une bague est portée par la deuxième phalange proximale gauche. De nombreux os sont déconnectés et sont à une distance importante de leur situation anatomique :
– un fragment de côte gauche se trouve entre le crâne et l’épaule gauche ;
– un fragment de vertèbre thoracique a été trouvé dans la partie gauche du corps dans la région des côtes ;
– la douzième vertèbre thoracique se trouve dans la partie droite du corps, au niveau de la région lombaire ;
– la cinquième lombaire apparaît par sa face dorsale ;
– un troisième cunéiforme droit a été trouvé avec la main droite ;
– les os de la main droite et de la main gauche sont déconnectés et éparpillés ;
– le membre inférieur droit s’est ouvert, il présente sa face antéro‑médiale pour le fémur, et médiale pour le tibia, la fibula et le pied.

433Tous ces déplacements et déconnexions ne peuvent se concevoir qu’en espace vide. La décomposition du corps a donc eu lieu dans un espace aménagé. Des blocs de silex ont été retrouvés sur les os (humérus gauche), ou à la même profondeur (entre les tibias). Ils faisaient peut‑être partie de l’architecture de la tombe, et se sont effondrés dans la sépulture au moment du pourrissement du « cercueil ».

434D’autre part, la position du pied droit témoigne de la présence d’un élément maintenant le pied ; en effet, les métatarsiens sont contenus enroulés selon l’axe de la voûte plantaire longitudinale.
i.v., h.d.

Mobilier

435– Épée et fourreau en fer (fig. 151, n^o 1)
Situation : le long du côté droit du défunt ; la poignée à hauteur du crâne. Caractéristiques : dimensions épée : long, maximum 605 mm ; larg. maximum 50 mm ; ép. maximum 6 mm. Fourreau : long, totale 630 mm ; larg. entrée 52 mm.
La soie complète (long. 114 mm) de section losangique dans le prolongement de la lame et circulaire sur le reste de sa longueur se termine par un bouton circulaire très légèrement bombé (diam. 8 mm). Un rivet (diam. 3 mm), placé à 32 mm de son extrémité distale, devait servir à fixer les éléments périssables de la poignée. La soie présente sur toute sa longueur des traces de fibres de bois oxydées.
La lame montre une section lenticulaire sans nervure centrale, son raccordement à la soie est relativement symétrique. Sa largeur est constante jusqu’à 275 mm du raccordement avec la sole (50 mm) ensuite elle s’effile progressivement.
Le fourreau présente une entrée de type A1 (straight‑sided variety de De Navarro [1972]) sur la plaque avers. L’entrée de la plaque revers présente en revanche une forme presque rectiligne très peu courante. Les plaques avers et revers du fourreau sont assez bien conservées sur toute la longueur de la lame, mais seul un fragment de gouttière est encore présent dans la partie basse du fourreau. La plaque avers est à arête centrale, son entrée est renforcée par une barrette transversale maintenue au niveau de l’arête centrale à l’aide d’un point de fixation de 5 mm de diamètre. Chaque extrémité de la barrette se termine par un œillet centré d’un rivet à tête arrondie, de 5 mm de diamètre, fixé à la tôle du fourreau.

436La pièce de suspension mesure 68 mm de longueur totale. Elle est placée à 5 mm du bord de l’entrée du fourreau. Le pontet de forme convexe fait 21 mm de long et 6 mm de large et les pattes de fixation font 12 mm de large. Ces dernières sont en forme de goutte d’eau.

437La bouterolle a disparu. Sa barrette de fixation est située à 110 mm de l’extrémité conservée du fourreau. Les disques de fixation qui accompagnent la barrette sur la plaque avers n’ont laissé aucune trace.

438– Fer de lance (fig. 151, n^o 2)
Situation : à gauche du crâne ; la pointe vers le haut.
Caractéristiques : incomplet ; pointe brisée ; flamme à empennage large à section losangique et nervure saillante centrée sur les deux faces ; douille courte décorée de deux stries parallèles circulaires à 5 mm de la base ; aucune trace des deux trous ni des deux clous de fixation de la douille. Long, totale actuelle 248 mm ; larg. maximum 73 mm ; ép. nervure 5 mm ; diam. douille 20 mm ; long, douille 50 mm.

439– Bague en bronze (fig. 151, n^o 3) Situation : à une phalange de la main gauche.
Caractéristiques : Jonc filiforme de sec tion ovalaire ; extrémités amincies ; jonc superposé sur toute la circonférence. Diam. 22 mm ; ép. jonc 1 mm ; larg. jonc 2 mm.

440– Tiges de fer
Objets indéterminés à droite du crâne.

4.3.3.19 Sépulture 107

Fosse (fig. 152)

441Aucune trace visible des limites de la fosse creusée dans le remplissage supérieur du fossé externe de l’enclos E26.

Squelette (i.v., h.d.)

442Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux ne sont représentés que par un petit fragment d’ilion gauche).
L’état de conservation des os est très mauvais (fig. 147). Le sujet est sûrement en décubitus dorsal.
De la partie supérieure du corps il ne reste que des fragments de l’avant‑bras et les trois premiers métacarpiens de la main gauche. Les faces d’apparition de ces os indiquent que le membre supérieur est en pronation, la main est engagée sous l’os coxal gauche. Les membres inférieurs sont fléchis du côté droit : le fémur et le tibia droits présentent leur face médiale, le fémur et le tibia gauches présentent leur face latérale. Les métatarsiens droits et gauches conservés apparaissent par leur face dorsale, leurs positions indiquent que les pieds sont orientés vers la droite. Cette sépulture n’a fourni aucun renseignement sur le type d’inhumation.
i.v., h.d.

Aucun mobilier

4.3.3.20 Sépulture 134

443Située à égale distance entre l’angle sud‑est de l’enclos E9 et la sépulture à incinération 67bis. Très érodée, quelques ossements écrasés en surface de la craie. D’après la disposition des os, orientation nord‑sud comme l’ensemble des tombes de la période de La Tène du secteur. Plus de traces de la fosse sépulcrale.

Aucun mobilier

4.3.3.21 Pratiques funéraires

Données anthropologiques (i. v., h.d.) (cf. annexe : ostéométrie)

Types d’inhumations

444Les huit sépultures étudiées en 1990 sont primaires : les squelettes sont en connexion ou en partie déconnectés par le déroulement de la décomposition en espace vide et on peut retrouver certains petits os, tels que les os des pieds et des mains. La décomposition du corps s’est effectuée en espace vide dans 4 sépultures (n^o 54, 58, 60, 62) ; deux autres ont livré des indices peu concluants de décomposition dans les mêmes conditions (n^o 56, 57) ; les deux dernières n’ont livré aucun indice quant au mode d’inhumation (n^o 59, 107). Le traitement des morts est donc assez uniforme.

Position des corps

445La position des corps dans la tombe est dans l’ensemble homogène :
– les sujets sont tous en décubitus dorsal ;
– la position du crâne est assez variée : il présente sa face latérale droite (sépultures 58), latérale droite supérieure (sépulture 60), antérieure (sépultures 59, 62), ou latéro‑latérale gauche (sépulture 54), ou enfin latérale gauche (sépulture 57) ; une fois le crâne est en position forcée nécessitant un calage (sépulture 60) ;
– la position des membres supérieurs est aussi variée, mais assez ordinaire : ils sont en extension (sépultures 56, 60, 62), ou bien un des deux est fléchi au niveau du coude (sépulture 54) ;
– les membres inférieurs sont en général en extension et parallèles ; dans un cas les genoux sont fléchis (sépulture 107).

Age et sexe des inhumés

446Les sujets immatures sont au nombre de deux (sépultures 57, 59), ils sont sous‑représentés par rapport aux adultes. Parmi les adultes et jeunes adultes on compte deux hommes (sépultures 56, 62) et quatre individus dont le sexe n’a pu être déterminé (sépultures 54, 58, 60, 107).

Pathologie

447Aucune pathologie n’a été constatée, mais le mauvais état de conservation des os a limité les observations. Il est à signaler toutefois un stress chez l’individu âgé de 10 à 12 ans (sépulture 57).
i.v., h.d.

Observations sur les tombes fouillées par V. Gaj

448Après consultation des photos de fouille, les observations suivantes peuvent être faites : tous les défunts sont apparemment en décubitus dorsal ; les membres supérieurs et inférieurs sont en extension et parallèles ; la plupart des fosses possèdent un aménagement de blocs de grès volumineux dans le remplissage supérieur, comparable à celui des tombes 56 et 59 ; la fosse de la sépulture d’enfant 4 est entourée d’un aménagement de blocs de silex.

Données archéologiques

Forme et dimensions des fosses

449La forme des fosses est rectangulaire ou légèrement incurvée en forme de haricot (sépultures 54, 60). Les fonds sont tous plats à l’exception de celui de la tombe 54 qui présente un surcreusement central ; les angles sont arrondis ; les parois sont sub‑verticales ou évasées (sépultures 54, 62). Pour les six tombes dont on connaît les dimensions (sur vingt fouillées), les profondeurs varient de 0,18 à 0,72 m, sous 0,20 à 0,30 m de terre décapée. La longueur et la largeur des tombes d’adultes varient respectivement de 1,90 à 3 m et de 0,73 à 0,90 m. La tombe d’enfant n^o 1 fait 1,40 m de long et 0,40 m de large.

Orientation

450Trois grands groupes, d’orientations différentes, ont été reconnus. Le premier comprend six sépultures orientées la tête au nord (sépultures 2, 10, 57, 59), au nord/nord‑ouest (sépulture 1) et au nord/nord‑est (sépulture 9). Le second groupe, de même effectif que le précédent, est constitué des tombes orientées la tête au sud (sépultures 5, 6, 7, 11, 12, 56) avec toutefois de petites variations d’axe de quelques degrés. Le troisième groupe se compose des sépultures associées à l’enclos double E7‑E7bis : les cinq tombes placées dans le périmètre de cette structure monumentale adoptent une disposition concentrique par rapport à l’aire enclose ; trois tombes ont la tête dans le sens inverse de révolution de l’aiguille d’une montre (sépultures 54, 60, 62) tandis que les deux autres ont la tête dans le sens normal (sépultures 4, 58).

451Il n’y a pas de corrélation entre l’orientation des tombes et leur appartenance chronologique. Elles se répartissent indifféremment dans les quatre phases reconnues (cf. § 4.3.6).

Répartition et signalisation des tombes

452Une répartition spatiale des tombes par phase chronologique, sans être rigoureuse, peut être reconnue (cf. § 4.4 fig. 162 et 163). On trouve les tombes à inhumation et à incinération de La Tène A (sépultures 5, 62) dans le périmètre de l’enclos double E7‑E7bis, en position de tombes adventices ou isolées à l’écart sur la façade ouest. Les sépultures de La Tène B2 sont localisées à l’intérieur de l’enclos carré E12 (sépultures 10, 11, 12) et sur la bordure externe nord et sud‑est de l’enclos E7‑E7bis (sépulture 4, 54). Les tombes de La Tène Cl sont toutes situées, à l’exception de la sépulture 1, en périphérie du monument E7‑E7bis et dans les intervalles libres entre les petits enclos quadrangulaires (sépultures 2, 5, 6, 7, 9, 56, 57, 59). La sépulture 1 occupe l’angle nord‑ouest de l’enclos rectangulaire E9 qui lui est sans doute antérieur. Les incinérations de La Tène C2 sont placées soit dans le remplissage supérieur de l’enclos E7 (sépulture 133), soit dans l’aire interne de l’enclos carré E13 (sépultures 1bis, 2bis) en bordure externe de l’enclos E7bis.

453A l’exception de l’incinération 51 et des inhumations 54 et 60, toutes les sépultures de La Tène sont situées sur les façades est et sud de l’enclos double E7‑E7bis. Il en est de même des petits enclos quadrangulaires qui, à l’exception du E5, ont tous été édifiés au sud et à l’est de l’enclos E7‑E7bis. Ce choix topographique pourrait s’expliquer par la présence des enclos –ou des tumulus– E6, E10 et El1 sur les façades nord et ouest du grand monument. Les populations du second âge du Fer ont donc installé leurs morts dans les zones vides, au plus près de l’enclos E7‑F7bis, tout en respectant l’ordonnancement des monuments antérieurs.

454Nous n’avons retrouvé aucune trace de signalisation des tombes. Toutefois, on peut supposer l’existence d’aménagements de surface (pieu en bois, pierre fichée ou petit tertre de terre, par exemple) pour expliquer l’absence de recoupements entre tombes contemporaines ou d’époques différentes ainsi que l’alignement presque parfait des sépultures 5, 6, 9. Les tombes 57 et 59 de La Tène Cl sont accolées mais ne se recoupent pas ; il en est de même pour les tombes 10, 11 et 12 de La Tène B2 qui occupent l’espace étroit de l’aire interne de l’enclos E12. De fait, la superposition des sepultures 56 et 57 ne s’explique que si l’emplacement de la tombe 57 était signalée en surface. Précisons que par signalisation, nous n’entendons pas nécessairement le résultat d’une action volontaire, concertée de la part des fossoyeurs. En effet, l’édification au‑dessus de la fosse d’un petit tertre à l’aide des déblais de creusement n’ayant pas servi à caler le coffre en bois, peut suffire à signaler involontairement une sépulture pendant plusieurs dizaines d’années. Ce n’est qu’après le pourrissement du couvercle du coffre en bois que la terre du tertre, en comblant la fosse, diminue d’autant les chances de repérage de la tombe en surface.

Mode d’inhumation

455Contrairement aux nécropoles de Serbonnes/La Créole (Yonne) (cf. chap. 2) et de Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. chap. 3), un seul mode d’inhumation est attesté à Soucy. Il s’agit de l’inhumation en espace libre (espace colmaté différé) (Duday 1985). Pour les sépultures 59 et 107, la mauvaise conservation des ossements n’a pas permis de détermination précise du mode d’inhumation. Néanmoins, par comparaison avec la tombe voisine 57 qui présente les mêmes caractéristiques de remplissage et de protection à l’aide de gros grès, la tombe 59 pourrait appartenir également à la catégorie des inhumations en espace vide.

456Le mort est déposé habillé ou enveloppé d’un linceul à même le fond de la fosse (présence de fibules sur la partie haute du corps) ou sur une litière végétale (tête relevée par un coussinet de sédiment) (cf. chap. 5). On distingue deux types d’aménagements de pierres différents. Dans les tombes 57 et 59 ainsi que dans la plupart de celles fouillées par V. Gaj (1980), le coffre de bois est recouvert de nombreux gros blocs de grès pesant chacun plusieurs kilogrammes. Ces blocs ne servent apparemment pas de calage mais uniquement de couverture (de protection ?), à l’exception d’un bloc posé de champ au pied de la sépulture 57 (calage du coffre). Ce type d’aménagement est bien connu à Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. chap. 3) où tous les blocs mis au jour dans les sept sépultures fouillées étaient systématiquement posés au‑dessus du coffre, dans la partie supérieure du remplissage. Les grès de Soucy proviennent des formations éocènes‑oligocènes du sommet de l’éperon prolongeant le plateau de Soucy et de Voisines, à 500 m au nord de la nécropole (Delépine 1990)15. Ils ont été extraits des formations tertiaires du plateau et transportés jusqu’à la nécropole ou récupérés sous forme de blocs erratiques en bas de pente ; ils ne présentent cependant jamais de traces de taille.

457Le second type d’aménagement correspond à un système de calage du coffre en bois à l’aide de petits blocs de silex disposés le long des grands côtés de la fosse (sépulture 54, 60). Système mis en évidence à Serbonnes/La Créole (Yonne) (cf. chap. 2). La couverture du coffre est assurée ici par quelques rares silex de petites tailles.

458Le remplissage est composé des matériaux extraits lors du creusement de la fosse. Il s’agit d’un comblement stratifié constitué d’un mélange de nodules de craie, de limon beige et de terre. On distingue dans tous les cas un comblement central de limon brun dans lequel repose le squelette, d’un comblement latéral symétrique de craie compacte et de limon beige.

Tombe sans crâne

459L’inhumé 56, enseveli au‑dessus de la tombe 57, n’a plus de crâne. L’analyse anthropologique a conclu à une récupération post mortem (cf. § 4.3.3.14). Une étude récente montre que ce type de tombes n’est pas spécifique à la période protohistorique (Simmer 1982). Déjà, au xix^e s., l’abbé Cochet signalait l’existence de tombes sans crâne dans les nécropoles mérovingiennes de Normandie. Dès 1965, J.‑G. Rozoy a attiré l’attention des chercheurs sur cet aspect particulier des pratiques funéraires celtes en publiant une note sur les sépultures sans crâne du Mont‑Troté à Manre (Ardennes). Depuis, la poursuite des fouilles sur ce site et sur le site voisin de Aure/Les Rouliers (Ardennes) a permis la mise au jour de plus d’une vingtaine de squelettes sans crâne (Rozoy 1987 : 57). A notre connaissance, aucune autre mention de tombe sans crâne n’a été signalée dans les nécropoles de La Tène du Bassin parisien. Deux explications à cette carence documentaire peuvent être données : ces tombes assimilées à des tombes violées ou bouleversées sont passées sous silence par le fouilleur ou alors elles sont effectivement extrêmement rares. Si on laisse de côté les cas de décapitation ou de déplacement du crâne attestés par ailleurs, l’importante concentration de ce type de sépultures, toutes datées de La Tène A, dans ces deux nécropoles demeure inexpliquée. On peut néanmoins formuler quelques hypothèses :

460– le crâne est prélevé au moment de l’inhumation d’un autre sujet dans la tombe (sépulture 68 de Manre/Le Mont‑Troté) ; cette hypothèse ne permet cependant pas d’expliquer pourquoi c’est le crâne à défaut de tout autre partie du squelette qui est récupéré ;

461– le crâne prélevé est utilisé pour la constitution d’empilements à caractère énigmatique (Brunaux 1986 : 324) ;

462– le prélèvement du crâne est destiné à un culte des ancêtres (Brunaux 1986a : 89 ; 1986b : 325) ;

463– le prélèvement du crâne peut également participer à des pratiques utilisées pour conjurer la peur qu’inspirait un retour éventuel du mort dans le monde des vivants ; l’immobilisation du corps à l’aide de très gros blocs de pierre, la mutilation du cadavre, notamment des jambes, l’enclouage du crâne ou l’inhumation face contre terre en sont des exemples connus à différentes époques (Simmer 1982) ; encore récemment, dans la Beauce québécoise, certaines familles conservaient l’habitude d’enlever les poignées du cercueil pour qu’on ne puisse plus le retirer de la fosse (Maertens 1979 : 53) ;

464– l’hypothèse d’un pillage celte conviendrait éventuellement pour les sépultures féminines où les pilleurs, tout en récupérant le torque de la défunte, emporte le crâne par la même occasion (Rozoy 1987) ; mais une telle hypothèse soulève en fait plus de problèmes qu’elle n’en résout ; en effet, pourquoi les pilleurs se seraient‑ils limités à cette partie du corps alors que les sépultures féminines de La Tène A possèdent presque toujours une parure complète comprenant en plus du torque, une paire de bracelet en bronze, etc. ? en outre, l’étude anthropologique montre que près de la moitié des tombes sans crâne du Mont‑Troté et des Rouliers sont celles d’adultes masculins ; la raison d’un pillage très localisé semble donc peu probable dans la mesure où l’on sait que le mobilier des tombes masculines se répartit essentiellement sur la partie médiane du corps (bracelets, fibules, ceinture, épée) ; d’autre part, si on trouve souvent dans le remplissage des fosses la mâchoire inférieure ou les dents éparses du défunt, il n’en est pas de même des fragments de crâne ; l’hypothèse d’une réouverture partielle de la fosse à seule fin de récupérer celui‑ci, pour des raisons qu’il resterait à expliquer, semble donc être plus plausible que celle d’un pillage.

4.3.3.22 Étude du mobilier

465Le mobilier étudié dans les pages qui suivent provient des fouilles de V. Gaj et des nôtres (1990). Seuls les objets de ces dernières fouilles ont été restaurés en partie16. Pour ce qui est du reste du mobilier, il est présenté en l’état sans restauration ni nettoyage. Aussi, plusieurs fibules en fer n’ont pu être analysées correctement (sépultures 1, 5, 7, 9, 10).

Parures

Bracelet en bronze

466Les deux bracelets de section rectangulaire de la sépulture 7 peuvent être assimilés aux armilles qui existent en très grand nombre dans les sépultures et les habitats du Hallstatt D de Bourgogne ou de Champagne (Hatt, Roualet 1977 ; Fougère 1985 : 34) mais qui disparaissent par la suite. A Soucy, compte tenu du contexte de découverte (fibule à pied attaché sur l’arc, bracelet en lignite), on peut dater de La Tène C1 l’enfouissement de ces deux bracelets.

467Les bracelets torsadés comparables à celui de la sépulture 4 de Soucy sont extrêmement nombreux dans les nécropoles du v^e s. av. J.‑C. de Champagne (Bretz‑Mahler 1971 ; Thénot 1982). D. Bretz‑Mahler (1971) signale toutefois des exemplaires découverts en contexte La Tène B et La Tène C à Thuisy (Marne) et à Mairy‑Sogny (Marne). C’est le premier bracelet de ce type découvert dans le Sénonais. Son association à un bracelet en lignite permet de dater son enfouissement du début du iii^e s, av. J.‑C.

468La composition du décor et la technique décorative du petit bracelet de la sépulture 6 sont à comparer aux productions de Bohême du début du iii^e s. av. J.‑C. (Kruta 1975). En Gaule, on retrouve la technique du pastillage sur plusieurs bracelets en bronze découverts sur l’éperon barré du Châtelard de Lijay à Débats‑Rivière‑d’Orprat (Loire) (Befort et al. 1986 : fïg. 15), dans la faille de La Chuire du Camp de Larina (Isère) (Perrin 1990 : fig. 33 n^o 142) et sur le site de Buzeins (Aveyron) (Mohen 1979 : fig. 4 n^o 10). Cette technique de décor est également attestée sur deux bracelets de La Tène C1 provenant de la nécropole de Saint‑Sulpice/En Pétoleyres, sépulture 77 (Suisse) (Kaenel 1990 : pl. 55 n^o 4‑5).

Bracelets en « lignite »

469Six bracelets ont été découverts à Soucy. Ils proviennent des sépultures 4, 7, 9, 10, 11 et 54. Ils possèdent tous une section en D et ils ne sont pas décorés. Le diamètre externe varie de 63 à 105 mm. Ce type de bracelet est bien représenté dans les sépultures de la région à l’extrême fin de La Tène B2 et à La Tène C1 (Baray 1991 : 221 ; cf. § 2.4.1.2).

Bagues en bronze

470Une bague en bronze, de même section et portant un décor comparable à celle de la sépulture 7 de Soucy a été découverte en contexte La Tène B1 clans la sépulture 1 de la nécropole de Corsier (Suisse) (Kaenel 1990 : pl. 5 n^o 7). Un autre exemplaire portant le même décor, mais de forme coudée, provient de la sépulture 79 de Münsingen‑Rain datée de La Tène B1 (Suisse) (Hodson 1968 : pl. 35).

471L’exemplaire de la sépulture de guerrier 62 est du type à enroulement. Il peut être comparé à celui de de la sépulture 2 de Serbonnes/La Créole (Yonne) (cf. § 2.4.1.3) datée de La Tène B2. Une bague du même type mais en argent provient de la sépulture 1 de Bösingen/Noflen (Suisse) (Kaenel 1990 : pl. 64 n^o 8), datée de La Tène C1.

Accessoires vestimentaires

472Quatorze fibules ont été découvertes. Elles sont toutes en fer et proviennent des sépultures 1, 5, 6, 7, 9, 10, 12, 54, 57 et 59. Elles appartiennent à deux grands types.

Fibules à pied libre en fer

473Plusieurs sous‑types peuvent être distingués :

474Fibule à arc renflé et ressort à deux fois quatre spires : l’exemplaire de la sépulture 10 peut être comparé à ceux des tombes 103 et 104 de Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. § 3.2.2.2, 3.2.2.3). Les fibules de Michery se distinguent toutefois par des ressorts à deux fois trois spires.

475Fibule à arc filiforme coudé et pied libre (?) : ce type apparaît dans la région à La Tène B2, dans les sépultures 42 de Bromeilles/Mainville (Loiret) (Willaume et al. 1977 : pl. XII n^o 8) et 1 de Serbonnes/La Créole (cf. § 2.2.3.1). A La Tène Cl, on retrouve des exemplaires mais à pied attaché sur l’arc dans les sépultures 7 de Pont‑sur‑Yonne/Bas des Renardières (Yonne) (Prampart 1982 : fig. 5) et 53 de Bromeilles/Mainville (Loiret) (Willaume et al. 1977 ; pl. XV n^o 3).

476Fibule à arc aplati coudé et ressort à deux fois deux spires : la fibule de la sépulture 54 constitue une variante des exemplaires à arc coudé datés de la phase de transition La Tène B2/La Tène Cl. Ce type de fibule de petite taille à pied long et libre est inconnu dans le Sénonais. C’est en Champagne et en Ile‑de‑France que l’on trouve les plus proches parallèles, dans les sépultures 47 de Fère‑Champenoise/Faubourg de Connantre (Marne) (Brisson et al. 1970 : pl. V), sépulture 2 de Normée/La Tempête (Marne) (Brisson, Hatt 1969) et sépulture 3 de Bouqueval (Val‑d’Oise) (Guadagnin 1978 : fig. 34). Elles apparaissent également en contexte La Tène B2‑C1 dans les sépultures 119 et 130 de la nécropole de Münsingen‑Rain (Suisse) (Hodson 1968 : pl. 48, pl. 53).

477Fibule à arc en archet de violon et ressort à deux fois deux ou deux fois trois spires : les fibules des sépultures 1, 7 et 9 possèdent un ressort à deux fois trois spires tandis que celles des sépultures 5 et 57 sont à deux fois deux spires. Une fibule de la sépulture 9 (fig. 278, n^o 2) se distingue des autres exemplaires par un profil rectiligne, parallèle à l’ardillon.

478Toutes ces fibules appartiennent aux dernières productions de La Tène ancienne dont le pied libre, décoré d’une perle plus ou moins volumineuse, vient s’appuyer sur le sommet de l’arc. Elles sont contemporaines des premières fibules de type La Tène II. On les trouve dans plusieurs sites de la région, notamment à Michery/La Longue Raie (Yonne), sépultures 105, 107, 301 (cf. § 3.2.2.5, 3.2.2.7, 3.2.2.8).

Fibule à pied attaché enfer

479Trois fibules de ce type proviennent des tombes 6, 7 et 59 de Soucy. Elles sont, du type La Tène II, à pied décoré ou non d’une perle, type 1a2 de M. Feugère (1985). De nombreux exemplaires, pour la plupart en fer, ont été découverts dans les nécropoles régionales (Baray 1991.9.

Agrafe de ceinture en bronze

480L’agrafe de ceinture de la sépulture 2 appartient à des chaînes à anneaux et crochets ou à maillons articulés, qui font leur apparition en contexte La Tène Cl en association avec les premières fibules à pied attaché sur l’arc (Hodson 1968 ; Kramer 1985 ; Bienaimé 1989). L’exemplaire de Soucy peut être comparé à ceux de Liry, sépulture 6 (Ardennes.) (Duval 1971‑1972 : pl. 5), de Saint‑Maur‑Des‑Fossés (Val‑de‑Marne) (Leconte 1990‑1991), de Trouans/Fosses Ribaudes II (Aube), sépulture 1 (Charpy 1991a : fig. 237c), ou de Luyères/Les Vermillons (Aube), sépulture 17 (Charpy 1991a : fig. 238),

Armes

Epées et fourreaux

481Des deux épées mises au jour dans les fouilles de V. Gaj, seule l’exemplaire de la tombe 12 présente encore quelques caractéristiques typologiques permettant de la dater. De part sa petite taille (552 mm de longueur), elle appartient encore aux épées de La Tène ancienne. L’étroitesse de la lame est également un critère d’ancienneté. On retrouve toutes ces caractéristiques sur des épées de La Tène B2 à bouterolle ajourée et entrée de type campaniforme. L’exemplaire de Soucy peut être daté de cette même phase chronologique. Son association à un système de suspension à trois anneaux en bronze à jonc circulaire tend à confirmer cette datation.

482L’entrée de type A1 de la plaque avers de la sépulture 62 est caractéristique des fourreaux de la seconde moitié du v^e s. av. J.‑C. On la retrouve à Manre/Le Mont‑Troté, sur le fourreau du poignard de la sépulture 154 (Ardennes) (Rozoy 1987 : pl. 72), sur les fourreaux d’épées des sépultures 2, 28 et 67 de Aure/Les Rouliers (Ardennes) (Rozoy 1987 : pl. 76, pl. 89, pl. 106), sépultures 15 et 18 d’Acy‑Romance/La Croizette (Ardennes) (Lambot 1988), sépulture 22 de Beine/L’Argentelle (Marne) (Morgen, Roualet 1975). Ce type d’entrée perdure ensuite sur quelques rares exemplaires datés de la première ou de la seconde moitié iv^e s. av. J.‑C., à Epiais‑Rhus (Val‑d’Oise), sépulture 394 (Kruta et al. 1984 : fig. 4), Chouilly/Les Jogasses (Marne), sépulture 1 (Hatt, Roualet 1981 : pl. 1), Bussy‑le‑Château (Marne), Pontoux (Sâone‑et‑Loire) (Bulard 1979 : fig. 3 n^o 2). Les fourreaux de Châlon‑sur‑Saône (Déchelette 1913) et d’Epiais‑Rhus (Val‑d’Oise) possèdent également une barrette transversale comparable à l’exemplaire de Soucy.

483Autre caractéristique de ce type de fourreau, l’existence d’un système de suspension très étroit et très long. Il est présent, à La Tène A, sur les fourreaux de Aure/Les Rouliers (Ardennes), sépulture 2, 28 (Rozoy 1987 ; pl. 76, pl. 89) et Manre/Le Mont‑Troté (Ardennes), sépulture 154 (Rozoy 1987 : pl. 72).

484Pour A. Rapin, la morphologie de la soie peut être également un bon marqueur chronologique (Rapin, Schwaller 1987). L’auteur constate en effet que la section de la soie des épées de la phase ancienne de La Tène est fréquemment losangique dans la zone de contact avec la lame ; elle évolue ensuite vers une forme ovalaire puis circulaire. Une même évolution morphologique de la section de la soie se retrouve sur l’épée de Soucy. En outre, la lame de la tombe 62 est d’une longueur totale relativement courte (552 mm) et d’une forme très effilée, critères que l’on ne retrouve également que sur les exemplaires de La Tène A. Cette épée présente ainsi plusieurs traits archaïques : entrée de type A1, absence de nervure médiane, morphologie de la soie, morphologie du pontet, longueur de la lame, extrémité effilée de la lame ; ces caractéristiques permettent de la dater de La Tène A, soit de la seconde moitié du v^e s. av. J.‑C.

Anneaux de suspension en bronzé.

485Les anneaux de suspension de la sépulture 11 sont caractéristiques de La Tène B2 (Rapin 1987). Ils précèdent de peu l’apparition des premières chaînes de ceinturon à barres puis à maillons articulés. Dans la région, on les retrouve dans la sépulture 1 de Serbonnes/La Créole (Yonne) (cf. § 2.2.3‑1), sépultures B5‑14 et B5‑16 de Sergines/Gringalet (Yonne) (Parruzot, Delinon 1979), sépulture 18 de Villeperrot/Le Haut des Longues (Yonne) (Prampart 1979).

486Le système de suspension de la sépulture 12 est connu dès La Tène A dans les Ardennes clans la sépulture 136 de Manre/Le Mont‑Troté (Rozoy 1987), sépultures 2, 15, 29, 34, 42 d’Acy‑Romanœ/La Croizette (Lambot 1988), dans l’Aisne dans la sépulture 64 de Peinant (Lobjois 1969). Il perdure à La Tène B2 dans la sépulture 13 de Bouqueval (Val‑d’Oise) (Guadagnin 1978), sépulture 13 de Bromeilles/Mainville (Loiret) (Willaume et al. 1977), sépulture 302 de Pont‑sur‑Yonne/Derrière les Écoles (Yonne) (Prampart 1980). A La Tène A, le nombre d’anneau tourne autour de cinq tandis qu’à La Tène B2 il varie de deux à trois éléments seulement. Le diamètre extérieur des anneaux de La Tène B2 est également plus petit, de l’ordre de 35 à 39 mm, contre 39 à 53 mm à La Tène A.

487Ces deux systèmes de suspension induisent un type de combat relativement statique ne permettant pas, notamment, la charge des guerriers. A. Rapin a montré que ce type de suspension est beaucoup trop souple et ne favorise guère la course des combattants. C’est avec l’arrivée des premières chaînes de ceinturons, à la fin du iv^e‑début iii^e s. av. J.‑C., que la mobilité de ces derniers devient possible (Rapin 1990).

Fers de lance

488Deux fers de lance ont été mis au jour à Soucy dans les sépultures 11 et 62. L’exemplaire de la sépulture 11 appartient au type le de Gournay caractérisé par une douille assez longue (n^o 1724, 1753, 2191). Ces fers de lance apparaissent ponctuellement dès le iv^e s. mais sont surtout présent clans les ensembles de la seconde moitié du ii^e s. av. J.‑C. (Rapin 1988)17 La forme triangulaire assez marquée de. la base de l’empennage de l’exemplaire de Soucy se retrouve, mais de façon plus accentuée, sur celui de la sépulture 15 de Manching/Steinbichel datée de La Tène B2 (Allemagne) (Kramer 1985 : Taf. 7). Cette dernière caractéristique étant très rare, il est cependant possible de l’aire des comparaisons avec les exemplaires des tombes 163 d’Ensérune (Hérault) (Rapin, Schwaller 1987 : fig. 12) et B5‑16 de Sergines/Grin galet (Yonne) (Parruzot, Delinon 1979 : fig. 9). L’autre caractéristique notable de ce fer de lance est dans le décor de corail des deux rivets. Une décoration identique se retrouve sur des fers de lance, découverts en contexte La Tène B2, dans les sépultures 6 de Serbonnes/La Créole (Yonne), de Rebourseaux (Yonne), de Saint‑Rémy‑sur‑Bussy (Marne), de Flavigny (Marne) et de Corroy (Marne) (Duval 1982 : fig. 3 ; Brisson 1935). La technique utilisée est la même pour tous ces exemplaires. Il ne s’agit pas de rivet mais d’œillet à cupule en bronze, dans lequel vient se fixer le cabochon de corail, maintenu en place par un petit clou en fer. La fixation de l’œillet sur la hampe se fait à l’aide d’une languette (à Rebourseaux) ou d’une pointe (à Flavigny).

489Le fer de lance à flamme courte et empennage large de la sépulture 62 est caractéristique des v^e et iv^e s. av. J.‑C. Il correspond au type Ib de Goumay (Rapin, Brunaux 1988). Dans le Sénonais, d’autres exemplaires comparables ont été découverts ces dernières année dans les sépultures 26 de Villeperrot/Le Haut des Longues (Yonne) (Prampart 1979 : pl. 17) ou 27 de Gravon/Le Chemin de l’Ecluse (Seine‑et‑Marne) (Scherer et al. 1972 : fig. 4), mais en contexte La Tène B2 (Baray 1991).

Talon de lance

490Un talon de lance identique à celui de la sépulture 11 provient de la sépulture 12 de Villeneuve‑la‑Guyard/Les Terres de Prépoux (Yonne) (Mordant et al. 1979 : fig. 27 n^o 5). Il est associé à un ensemble La Tène B2 comprenant un umbo bivalve, un grand fer de lance, une chaîne de ceinturon à maillons articulés et une épée dont le fourreau présente les restes d’un décor couvrant de type Cernon‑sur‑Coole.

4.3.4 Les incinérations de La Tène

4.3.4.1 Sépulture hypothétique de l’enclos E4

491Provenant vraisemblablement d’une incinération détruite, une fibule ayant subi l’action du feu en surface de l’enclos E4 : fibule à pied libre en fer (fig. 153) au pied décoré de deux perles séparées par une tige renflée aux extrémités ; ressort disymétrique à trois et quatre spires et corde externe. Long. 67 mm ; haut. 20 mm.

4.3.4.2 Sépulture hypothétique de l’enclos E8

492Une fibule en fer ayant subi l’action du feu a été découverte dans un « trou de poteau » situé sur l’aire interne de l’enclos quadrangulaire E8. On ne possède malheureusement pas plus de renseignements sur cette trouvaille qui pourrait bien appartenir à une incinération. Fibule à pied attaché en fer (fig. 154) : pied orné d’une perle fixé à l’arc à l’aide d’une seconde perle ; ressort à deux fois trois spires et corde externe. Long. 99 mm ; haut. 23 mm.

4.3.4.3 Sépulture 1bis

Fosse

493Circulaire, creusée dans la craie. Diam. 0,60 ; profondeur 0,45 m.

Remplissage

494« Terre très noire et cendrée [...] de nombreux petits os calcinés » (Gaj 1980) ont été observés, répartis dans l’ensemble du remplissage.

Mobilier

495– Fibule à pied attaché sur l’arc (fig. 155, n^o 1)
Pied décoré d’une perle et fixé à l’arc à l’aide d’une seconde perle ; arc torsadé de section carrée ; ressort à deux fois deux spires et corde externe. Long. 117 mm ; haut. 21 mm.

496– Fibule en fer
Objet disparu.

497– Chaîne de ceinture en bronze (fig. 155, n^o 2)
Très nombreux petits maillons serrés de forme ovalaire ; un crochet allongé de section rectangulaire ; extrémité redressée terminée par un bouton lenticulaire ; deux pendentifs massifs en forme d’olive de section ronde terminés à une extrémité par un petit anneau précédé d’une tige plate, et à l’autre extrémité par un bouton conique. Long, agrafe 39 mm ; diam. pendentifs 5 et 7,5 mm ; long, pendentifs 21 et 24 mm.

498– Trois vases en céramique
Leur très mauvais état de conservation n’a pas permis, selon V. Gaj (1980), leur prélèvement.

4.3.4.4 Sépulture 2bis

Fosse

499Circulaire, creusée dans la craie. Diam. 0,60 m ; profondeur 0,45 m.

Remplissage

500« Terre et de cendre comme la première » (Gaj 1980).

Squelette

501Même remarque que pour la première tombe18.

Mobilier

502– Deux pendentifs en fer (fig. 156, n^o 2) Corps massifs en forme d’olive de section ronde terminés à une extrémité par un petit anneau précédé d’un renflement, et à l’autre extrémité par un bouton au sommet aplati. Long. 40 et 43 mm ; diam. 11 et 15 mm.

503– Objet en fer non identifié (fig. 156, n^o 1) Extrémités jointives, sans décor. Haut. 20 mm.

504– Orle de bouclier en fer (fig. 156, n^o 3) Section en « U », décor de cannelures transversales sur certains fragments. Long, du plus important fragment 113 mm.

4.3.4.5 Sépulture 8 ( ?)

Fosse

505La consultation des photos de fouille de V. Gaj a permis de reconnaître la forme circulaire de la fosse, comparable à celle des incinérations 1bis et 2bis. Dimensions estimées : diam. 0,60 à 0,70 m ; profondeur 0,50 m. Le fouilleur signale que le remplissage était composé de terre sombre mais non charbonneuse (Gaj 1980).

Aucun mobilier

4.3.4.6 Sépulture 51

Fosse

506Petite fosse à incinération en partie creusée dans le remplissage du fossé. Diam. 0,36 à 0,40 m ; profondeur 0,23 m.

Remplissage

507Limon gris noir sablonneux avec quelques éclats de silex.

Mobilier

508Torque torsadé en bronze (fig. 157) : incomplet, jonc filiforme de section carrée de 2 mm dans le remplissage supérieur de la fosse.

4.3.4.7 Sépulture 133

509Les restes osseux ont été déposés dans une urne à piédestal et l’ensemble a été placé dans le remplissage supérieur du fossé E7bis. Il n’y a aucune trace apparente d’aménagement de fosse.

Restes osseux (i.l.)

510Les ossements étudiés sont contenus dans le remplissage d’une urne cinéraire, d’une hauteur de 15 à 16 cm19. NMI : les restes d’un seul individu, au moins, sont placés dans l’urne. Aucune pièce osseuse, en double ou de morphologie incompatible ne permet de constater la présence d’un deuxième individu.

Traitement funéraire

– Taux de conservation

511Le squelette céphalique représente 19,9 % de l’ensemble des restes, le thorax 0,6 % et les membres inférieurs et supérieurs 71,5 %.

512Les différentes parties du corps sont présentes, dans des proportions proches de celles d’un squelette adulte non incinéré (Krogman 1986). Même si le corps est incinéré entier, on note une sur‑représentation des éléments des membres aux dépends des éléments du thorax quasi absents. La conservation des ossements, constitués principalement de spongieux, paraît plutôt bonne comme l’indique la présence d’un cuboïde, d’un talus et de têtes articulaires. Par contre, les vertèbres et les coxaux de même nature, sont peu représentés. Est‑ce une conséquence des techniques de crémation ou de la nature du ramassage ? Le ramassage quant à lui concerne même les phalanges, os de petite taille.

Technique de crémation

513Quelques fractures de type lunules, de rares déformations hélicoïdales, évoquent la crémation d’un corps avec son enveloppe charnelle ; l’observation macroscopique des esquilles révèle un flux thermique très hétérogène. Les ossements présentent divers stades de crémation :
– début de carbonisation pour les esquilles noires (calotte, fémur) ;
– fin de carbonisation pour les esquilles gris clair (côtes, coxal, humérus) ;
– carbonisation achevée à l’extérieur pour les esquilles blanches à l’extérieur et grises à l’intérieur (calotte, os longs) ;
– carbonisation totalement achevée pour les esquilles blanches, crayeuses (fémur, ulna, radius) ;
– quelques esquilles blanches tachées de noir témoignent de la redéposition de carbone après combustion de la matière organique de l’esquille.

514Par contre aucune trace d’un contact avec le combustible n’est notable. De même, il n’existe aucun charbon de bois, aucune cendre dans le sédiment.

515– Organisation du dépôt
Le sédiment contenait jusqu’au fond de l’urne de petits blocs de calcaire, de silex et de tessons céramiques. Certains atteignent 7 cm de longueur. Les ossements sont intimement mêlés aux éléments minéraux, au sédiment. Des fragments de taille importante apparaissent dès la moitié du remplissage de l’urne (fig. 158). Aucun rangement ou dépôt par type d’os n’est notable. Au contraire, les éléments semblent avoir déjà été mélangés comme en témoignent les recollages de fragments de diaphyses distants de 2 et de 4 cm en profondeur.
i. l.

Urne (fig. 159)

516Récipient à panse ocoïde et petit col droit surmonté d’un bord éversé ; lèvre arrondie ; baguette à la liaison col‑panse ; décor ondé à la pointe mousse sur le bas de la panse ; surfaces externes soigneusement lissées ; il manque une partie de la panse et du col ; cassures anciennes fortement usées ; importante corrosion interne d’origine inconnue ; pâte de couleur brune ; éléments non plastiques fin à très fin. Haut. 205 mm ; diam. Panse 189 mm ; diam. base 87 mm.

4.3.4.8 Pratiques funéraires des incinérations de La Tène C

Données anthropologiques : sépulture 133 (i.l.)

Age

517L’estimation de l’âge au décès repose d’une part sur les quelques épiphyses conservées (des têtes de métatarsiens, une extrémité distale de radius), d’autre part sur le degré de synostose des quelques fragments de calottes crâniennes (Masset 1982). L’épiphysation des os longs argumente en faveur d’un adulte et la synostose complète des tables endocriniennes (synostosées sur 2 mm en épaisseur) fixe la limite inférieure à 30 ans.

Sexualisation

518En l’absence des indices habituellement utilisés pour déterminer le sexe d’un squelette, (Ferembach et al. 1979), la sexualisation de l’individu présentement étudié ne peut être précisée.

Traitement funéraire

519Nous disposons de fort peu d’éléments pour caractériser les restes de l’individu contenu dans l’urne. Il fut incinéré entier, sur un bûcher qui dégagea un flux thermique d’intensité variable, de 400 à 600°. Le dépôt des ossements dans l’urne ne présente ni organisation, ni rangement. Au contraire, les nombreux pendages verticaux évoquent un versement. Les restes osseux semblent mélangés au sédiment, aux blocs minéraux et aux tessons.
i. l.

Données archéologiques

Forme, dimensions et aménagement des fosses

520Les fosses circulaires des sépultures 1bis et 2bis ont été taillées dans la craie. Elles mesurent 0,60 m de diamètre et 0,45 m de profondeur. Les parois sont rectilignes, le fond plat. Aucun aménagement particulier n’a été observé.

Remplissage de la fosse el mode de déposition des restes osseux

521Le remplissage est composé d’une terre très noire riche en « cendres ». Les ossements incinérés du défunt de la sépulture 2bis ont été jetés en vrac dans la fosse en même temps que les restes du bûcher. Ceux des incinérés des sépultures 1bis et 133 ont été placés dans une urne funéraire. Les différences observées à Soucy entre l’incinération sans urne et celles avec urne funéraire correspondent, dans le Sénonais, à une distinction d’ordre chronologique (Baray 1991 ; 1992). Ces trois incinérations appartiennent à La Tène Cl (2bis) et à La Tène C2 (1bis, 133). Ces dernières possèdent le plus souvent un ou deux vases accessoires en plus de l’urne funéraire.

4.3.4.9 Étude du mobilier

Céramique

522Les urnes funéraires apparaissent dans les incinérations du Sénonais de la fin du iii^e au troisième quart du ii^e s. av. J.‑C. à Pont‑sur‑Yonne/Denière les Écoles (Yonne), incinérations 293 et 294 (Prampart 1980 ; 1985), Cannes‑Ecluses/Les Gravellottes (Seine‑et‑Marne), incinération 1 (Mordant, Mordant 1979 : fig. 3), Barbey/Le chemin de Misy (Seine‑et‑Marne), incinération 2 (Mordant, Mordant 1979 : fig. 2), etc., en association avec un mobilier métallique typique de cette phase chronologique. Il s’agit en particulier d’épées longues à bouterolles non ajourées et système de suspension à anneaux, d’umbos métalliques monocoque et ailettes trapézoïdales, de fibules à pied fixé sur l’arc et long ressort à plus de huit spires. En chronologie relative, ces ensembles se situent à La Tène C2. L’exemplaire de la tombe 133 peut être comparé avec certaines formes céramiques de La Tène C2 et de La Tène D1 de la tombe a de Ville‑sur‑Retourne/Budant à la Route des Pauvres (Ardennes) (Flouest, Stead 1981 : fig. 21, n^o 27) et des tombes 106, 186 d’Epiais‑Rhus/Vallangoujard (Val d’Oise) (Lardy 1983 : pl. 17, n^o 155 ; pl. 10, n^o 337) (La Tène C2). Le décor curviligne de l’urne 133 se retrouve sur celle de l’incinération 186 d’Epiais‑Rhus. Ce type de décor apparaît dès La Tène Cl sur un vase à piédestal de la tombe à incinération 2 de Tartigny/Le Chemin du Moulin (Oise) (Mantel 1986 : fig. 17)

La parure

523Le fragment de torque filiforme torsadé de la sépulture 51 est connu en contexte La Tène A dans la région, à Villeperrot/Le Haut des Longues, sépulture 5 (Yonne) (Prampart 1979 : fig. 7), à Gravon/Le Chemin de l’Ecluse, sépulture 16 (Seine‑et‑Marne) (Scherer, et al. 1972 : fig. 7 n^o 16) et à Charbuy/Les Fusilliers, sépulture 1 (Yonne)20. Il s’agit de torques filiformes à fermeture à crochet et anneau ou à double crochet. En Champagne‑Ardenne, des comparaisons peuvent être faites avec les exemplaires de Tilloy (Marne) (Thénot 1982 : pl. 14 n^o 8) et d’Acy‑Romance/La Croizette, sépulture 42 (Ardennes) (Lambot 1988), également découverts en contexte La Tène A. Ce type de torque est associé dans la plupart des cas à des sépultures d’enfants ou de jeune adultes : inhumation d’un enfant à Villeperrot, inhumation d’un jeune adulte (féminin ?) à Gravon, inhumation d’un jeune enfant à Acy‑Romance, incinération d’un très jeune enfant à Charbuy.

Accessoires vestimentaires

Fibules à pied libre enfer

524La fibule découverte sur l’aire interne de l’enclos E4 appartient aux derniers types à pied libre encore utilisé dans la première moitié du iii^e s. av. J.‑C. (type Hodson 62). Elle est connue en contexte La Tène C1 dans les tombes 101, 119, 149, 161, 168 et 171 de la nécropole de Münsingen‑Rain (Suisse) (Hodson 1968), en association avec des fibules type La Tène II.

Fibules à pied attaché enfer

525La fibule découverte dans un « trou de poteau » situé dans l’aire interne de l’enclos E8 est du type La Tène II. Elle peut être comparée aux exemplaires en fer (type 1a1 de Feugère [1985]) de l’incinération 12 de Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979 : fig. 6) et de l’inhumation 3 de Saint‑Benoit‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989 : fig. 53) ainsi qu’aux exemplaires en bronze, des tombes 166 et 191 de la nécropole de Münsingcn‑Rain (Suisse) (Hodson 1968 : pl. 75, pl. 89).

526La fibule à arc torsadé de la sépulture Ibis trouve sa parfaite illustration dans l’exemplaire des tombes de guerrier de Pförring (Bavière) (Kramer 1985 : abb. 16 n^o 10) datées de La Tène C1. Elle est associée dans ces derniers ensembles à une chaîne de ceinturon de type gourmette (Panzergürtel).

Ceintures

527Deux chaînes en bronze de même type que celle de la sépulture 1bis, mais à agrafe différente, ont été découvertes dans les sépultures 1 et 21 de la nécropole de Saint‑Benoit‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989 : fig. 51, fig. 86). Dans la tombe 21, la chaîne est associée à une fibule en bronze à pied attaché sur l’arc, un bracelet de verre bleu de la série 33 de Gebhard, un bracelet fermé en bronze et deux anneaux de chevilles à nodosités en bronze. L’ensemble du mobilier de cette tombe peut être daté de La Tène C1. Sur le Plateau suisse et en Allemagne du Sud, les chaînes de ceinture métallique apparaissent à La Tène C1 (Kaenel 1990 ; Kramer 1985). Une agrafe de ceinture morphologiquement très proche de notre exemplaire provient du site de Lovosice en Bohème (Kruta 1975 : fig. 69 n^o 5).

528Les deux pendentifs de la sépulture 2bis appartiennent à des chaînes de ceinture du même type que celle de l’incinération 1bis. On retiendra donc également une datation à La Tène Cl pour ces deux objets.

529Notons que l’association reconnue dans la tombe 2bis entre les pendentifs et les fragments d’orles n’est pas sans poser de problèmes. Il y a là deux catégories de mobilier normalement dissociées du fait de leur appartenance respective à des tombes féminines (pendentifs de ceinture) et à des tombes masculines (orle de bouclier). Une telle association a néanmoins été reconnue dans la sépulture à inhumation du guerrier 5 de la petite nécropole de Nébringen (Autriche) (Kramer 1964 : taf. 9) datée de La Tène B2 (épée et son fourreau, fer de lance, manipule, orle de bouclier, deux fibules, etc.). Il pourrait également s’agir d’un mélange fortuit de mobilier au moment de la récupération des restes incinérés du ou de la défunte. A supposer que les incinérations se déroulent au même emplacement pour tous, et que l’aire d’incinération ne soit pas systématiquement nettoyée, les officiants peuvent alors récupérer des éléments de mobilier disparates appartenant à différents défunts. On remarquera en effet que les mobiliers « féminin » et « masculin » de cette tombe ne sont représentés que par des objets incomplets (fig. 156).

Arme

530Cette catégorie de mobilier n’est représentée que par quelques fragments d’or le de bouclier incinérés, découverts dans la sépulture 2bis.

Divers

531Un anneau en fer provient de la sépulture 2bis. Il pourrait appartenir au système de suspension d’un seau en bois.

532Les deux cerclages en bronze de la sépulture 11 n’ont pas de comparaison. Seul le décor de cercles oculés disposés en losange est documenté. Il apparaît notamment sur un anneau en bronze mis au jour sur le site de Tronoën, en Saint‑Jean‑Trolimon (Finistère) (Duval 1987 : fig. 11, 9).

4.3.5 Fosse‑silo sépulcrale

533d.t.

534FIG. 160

535La fouille du site de Soucy/Mocques Bouteilles a donné lieu à l’étude de trois fosses (P1, P2 et P3), distinctes de l’ensemble des structures funéraires. Elles sont groupées au sud du gisement, au bas de la pente, avant le fond de la vallée de la Mauvotte et ne présentent aucune relation stratigraphique avec la nécropole proprement dite.

4.3.5.1 Structure P1

Description

536De forme régulière, la fosse présente des bords verticaux aux deux tiers supérieurs pour s’élargir sur un fond plat. Un léger surcreusement marque la naissance de la paroi qui recoupe, au sud, un banc de plaquettes de silex. Des plaquettes subsistent sur le fond, avant que le banc ne plonge en‑deçà des limites de la fosse.

537Diamètre en surface 1,80 m, à la base 2,30 m ; profondeur totale 1,80 m sous le niveau de décapage.

538La stratigraphie (fig. 160) montre plusieurs phases de remplissage. Un ensemble de couches limoneuses homogènes forme un dôme à la base. Puis se placent des blocs compacts provenant de la partie supérieure du complexe encaissant. Enfin, la dernière étape du comblement est marquée par une succession de strates de limon déposées en cuvette selon des pendages réguliers. Ces sédiments, peu homogènes, sont mêlés de particules de craie.

539P1 ne contient d’autre mobilier que quelques tessons de céramique non tournée, atypiques, répartis dans les différentes couches limoneuses. Les pâtes sont comparables à celles des fragments rencontrés dans le remplissage des enclos de la nécropole.

540La partie inférieure de la structure a révélé la présence d’un squelette humain lové contre la paroi, et situé dans une couche de limon brun intercalée entre un dôme de remplissage initial et l’ensemble provenant des strates géologiques de craie altérée. Des silex sans organisation notable recouvrent partiellement le squelette.

Squelette (i.v., h.d.)

541Individu adulte de sexe masculin (environ 25 ans). L’état de conservation des os est excellent (fig. 161).
L’individu est en décubitus latéral droit et ventral ; le corps suit la paroi (qui à cet endroit est plus concave), sauf le membre supérieur gauche qui est dirigé vers l’intérieur du silo (fig. 160).
Le crâne apparaît par sa face latérale gauche, la mandibule est en connexion. La clavicule gauche apparaît par sa face antérieure et elle est parallèle au grand axe des côtes gauches. La scapula présente sa face latérale ; elle est sur chant. L’humérus gauche est en connexion avec la scapula et apparaît par sa face antérieure. Le reste du membre supérieur n’a pas été retrouvé, (il a dû être emporté par la pelle mécanique). La scapula droite apparaît par sa face antérieure et elle recouvre en partie la fosse sous‑épineuse (fossa infraspinata) de la scapula gauche. L’humérus droit présente sa face médiale, le radius et l’ulna leur face antérieure, leurs dyaphises sont parallèles (supination). La main droite est en connexion avec l’avant‑bras, elle apparaît par sa face palmaire, les doigts sont en extension, le pouce est en dehors de la paume. Les côtes gauches présentent leur face exothoracique, les côtes droites leur face endothoracique. Les vertèbres cervicales apparaissent par leur face inférieure pour les vertèbres inférieures et par leur face latérale gauche pour l’étage supérieur (atlas, axis). Les vertèbres thoraciques présentent leur face latérale gauche, ainsi que les premières vertèbres lombaires (L1, L2) ; les suivantes (L3, L5) apparaissent par leur face latérale gauche inférieure. L’os coxal gauche présente sa face latérale, le sacrum, sa face antérieure et l’os coxal droit sa face antéro‑médiale. Le fémur gauche présente sa face latérale, il est en semi‑connexion avec l’os coxal ; la patella apparaît par sa face latérale, elle est en connexion avec le fémur ; le tibia et la fibula apparaissent par leur face latérale, leur connexion s’est maintenue. Le fémur droit présente sa face médio‑postérieure ; la patella présente sa face antéro‑médiale, elle a glissé vers l’intérieur (vers l’axe sagittal médian du corps) ; le tibia et fibula apparaissent par leur face médiale. Le pied gauche repose sur son bord médial, le droit sur sa face dorsale. Les connexions sont dans l’ensemble maintenues, même lorsque les os sont en position instable, l’individu a donc été inhumé stricto sensu : le corps était directement au contact de la terre, la décomposition s’est déroulée en espace colmaté. La position générale du corps est inhabituelle, elle ne semble pas un fait exprès et suggère la précipitation du corps du haut du silo. Cependant le squelette ne présente aucune trace de traumatisme, ni d’ailleurs de maladie.

542Sous l’individu, a été trouvé un calcanéum droit, un fragment proximal d’ulna gauche et un fragment de radius (caput radii) peut‑être gauche ? Il se pourrait que les éléments de cet avant‑bras gauche appartiennent à l’individu du dessus, mais il est impossible de le prouver ; de plus le calcanéum droit n’appartient en aucun cas à l’individu du dessus puisque celui‑ci en possède déjà un en connexion.
i.v., h.d.

543II faut souligner, dans cette même phase de comblement, la présence de deux autres os : un proximal de métacarpe et un proximal de métatarse gauches de cerf21.

Analyse

544L’étude de la dynamique de remplissage permet d’observer la stratification de quatre ensembles (fig. 160) :
– sur le fond repose un dôme de sédiments limoneux provenant des couches végétales, dont le dépôt paraît naturel car de nature homogène et de pendage régulier, suivant un mode d’accumulation assez lent ; cette formation peut correspondre à l’abandon de la fonction primaire de l’excavation et suggère un aspect initial différent de son aspect actuel avec un rétrécissement de la partie supérieure déterminant un profil en cloche ;
– sur ce dôme prend place la couche à inhumation : phase de comblement anthropique simultanée au dépôt du corps et déterminant le maintien des connexions anatomiques ; l’individu paraît avoir été précipité par l’ouverture rétrécie pour rouler contre la paroi à la base du cône de terre central ; sa position dénote un déplacement gravitationnel (« décubitus latéral droit et ventral » avec le bras gauche perpendiculaire à l’axe de la colonne vertébrale) préalable à l’ensevelissement dans un mélange de terre et de rognons de silex ; au sommet de la couche la présence d’os de batraciens permet d’envisager une période de latence dans le processus de remplissage, à mi‑hauteur du silo ;
– immédiatement au‑dessus, nous observons la troisième phase du remblai de la cavité, caractérisée par un effondrement du surplomb des parois supérieures ; les blocs, compacts, sont intercalés de lits de limon brun qui montrent une dégradation progressive de la structure abandonnée ;
– les dernières couches laissent apparaître un comblement final en cuvette, constitué d’une succession de limons bruns et de matériaux crayeux altérés ; le pendage et la régularité de la stratification sont le résultat d’une sédimentation naturelle accompagnant le tassement progressif des strates inférieures.

Conclusions intermédiaires

545L’analyse de la dynamique de comblement de P1 permet la restitution d’une structure fossoyée dont les proportions correspondent en tous points aux fosses à ensilage observées sur les sites d’habitat protohistorique.
La fonction secondaire du silo peut être assimilée à une sépulture malgré le peu de soin apparent porté aux pratiques d’inhumation. A. Villes (1987) a rassemblé les cas similaires de réutilisation des fosses d’habitat protohistorique sous le générique de « sépultures de relégation » montrant l’extrême variabilité des conditions d’enfouissement. Différant des rites habituellement enregistrés à cette période, un tel mode sépulcral pourrait s’apparenter à une exclusion d’ordre social. Aucun indice de mort violente ni aucune pathologie n’ont cependant été observés. D’autre part, l’association de deux os de cerf et d’un os humain ne semble pas fortuite, la couche n’ayant pas un caractère détritique affirmé.
Il faut signaler enfin l’abandon de la fosse‑silo marqué par le cône de sédiment central antérieur au dépôt de l’individu. Toutefois il apparaît que la dégradation de la structure n’intervient qu’après l’inhumation, la moitié supérieure de la structure ayant été comblée de manière naturelle par les produits de l’effondrement des parois.

4.3.5.2 Structures P2 et P3

Description et analyse

546D’apparence circulaire en surface P2 et P3, de 3,40 m et 2,30 m de diamètre respectif, se présentent sous l’aspect de structures ouvertes de forme conique. Creusées dans les couches d’altération du substrat crayeux et se prolongeant dans la craie en place, leur stratigraphie ne montre qu’une succession de couches en V régulièrement disposées, provenant de l’érosion des bords et du glissement des limons de surface, selon un processus de remplissage lent et naturel.
P2 s’apparente à un puits avec des parois abruptes pour une profondeur totale de 4,40 m sous le niveau de décapage. Le fond arrondi ne fait plus que 0,40 m de diamètre. Seul élément remarquable, la présence d’un jeune Suidé en connexion anatomique, âgé de 4 mois environ, piégé dans la première couche de comblement au fond de la structure.
P3, profonde de 1,80 m pour un diamètre de 0,50 m à la base, ne contient que quelques tessons atypiques dont la pâte est comparable aux fragments de céramique rencontrés dans le remplissage du silo.

Conclusions intermédiaires

547Les structures fossoyées P2 et P3 présentent des similitudes formelles et une proximité spatiale pouvant étayer la thèse d’une contemporanéité de leur creusement. Toutefois, en l’absence d’éléments d’attribution chronoculturel‑le, il est difficile d’aborder l’aspect fonctionnel. Seuls quelques tessons très fragmentés, vraisemblablement protohistoriques, sont dispersés dans la totalité du remblai. L’hypothèse la plus vraisemblable serait celle d’une exploitation de la craie et des limons à des fins domestiques.

4.3.5.3 Conclusion

548Les structures à caractère domestique telles que les fosses à ensilage réutilisées pour une fonction funéraire ne sont pas rares pendant toute la période protohistorique. Cette pratique est reconnue du Bronze final à La Tène III (Villes 1987). Si l’on rencontre des exemples sur les lieux mêmes des habi tats, le schéma associant nécropole à enclos et sépultures en fosses, revêt un caractère d’exception. Un cas est connu à Normée/La Tempête (Marne) sur une nécropole datée de La Tène II et III (Brisson, Hatt 1969). La répartition spatiale différentielle des domaines funéraires et domestiques est cependant admise pour ces périodes.

549Le cadre chronologique de la nécropole s’étend du Bronze final IIIb au début de La Tène finale ; cependant, faute d’artefacts caractéristiques, la datation du silo demeure imprécise. Aussi les différents schémas de superposition se résument en quelques traits qui ne sont qu’hypothèses dans un cadre chronologique aussi large.

550Dans le cas de l’antériorité ou de la contemporanéité du creusement de la fosse‑silo :
– fondation de la nécropole qui occupe un terroir préalablement lié aux activités domestiques ;
– extension de l’aire funéraire qui occupe un territoire à vocation domestique.

551Dans le cas de la postériorité de la fosse‑silo :
– réattribution de l’espace réservé aux pratiques funéraires à des fins domestiques.

552L’abandon de la structure avant sa détérioration et le détournement de sa fonction primaire pourrait alors s’inscrire comme une éventuelle charnière pour les processus d’identification culturelle du territoire.

553La récente multiplication des fouilles de sauvetage sur des surfaces importantes a sensiblement accru le corpus des sépultures dites « de relégation ». Pour la plupart inédites, ces découvertes rendent nécessaire l’actualisation d’un concept important pour la compréhension des pratiques sociales des périodes protohistoriques.
d.t.

4.3.6 Synthèse : mise en phase et pratiques funéraires de la nécropole de La Tène

554L’ensemble des tombes contenant du mobilier peut être subdivisé en quatre phases allant de La Tène A à La Tène C2. En chronologie absolue, le mobilier archéologique s’inscrit clans une fourchette qui va de la seconde moitié du v^e s. à la première moitié du ii^e s. av. J.‑C., avec cependant un hiatus à La Tène B1, soit grosso modo dans la première moitié du iv^e s.

4.3.6.1 La première phase (seconde moitié du v^e s. av.J.‑C.)

555Elle n’est représentée que par deux tombes : l’incinération 51 et l’inhumation 62.

556L’incinération appartient au type Brandgrabengräber des auteurs allemands, c’est‑à‑dire que les restes osseux encore mêlés à ceux du bûcher ont été jetés en vrac dans la fosse. Ils n’ont été ni lavés ni triés. Une tombe à incinération de ce type, d’où provient également un fragment de torque torsadé, a été mise au jour à Charbuy/Les Fusilliers (Yonne)22. Elle a été creusée dans le remplissage supérieur d’une sépulture où l’inhumé était paré de deux fibules en fer de La Tène A.

557Le mobilier de la tombe de guerrier 62 se compose d’une épée courte à fourreau en fer, d’un fer de lance à large empennage, d’une bague en bronze à enroulement et de fragments informes d’un objet en fer non identifié. L’ensemble peut être daté de La Tène A. On remarquera cependant que l’association épée et fer de lance unique est relativement rare à cette période et ne correspond pas à l’équipement funéraire « classique » des guerriers de Champagne‑Ardenne ou de l’Aisne. Dans ces régions le grand fer de lance est le plus souvent associé à plusieurs javelots (Rapin 1983). Notons également que c’est la première tombe de guerrier de cette période fouillée dans le Sénonais. Le défunt a vraisemblablement été inhumé dans un coffrage en bois. La fosse a été creusée dans le remplissage supérieur du fossé de l’enclos E7. Le corps repose en décubitus dorsal, la tête orientée au nord/nord‑ouest.

4.3.6.2 La seconde phase (seconde moitié du iv^e – premier quart du iii^e s. av. J.‑C.)

558Elle ne comprend qu’une tombe à inhumation : sépulture de guerrier 12.

559Cette sépulture appartient à la La Tène B2 en chronologie relative. Elle a livré une épée et surtout un système de suspension tout à fait caractéristique de cette période (Rapin 1987). La fibule en fer n’a pu être prise en compte pour affiner la datation étant donné son mauvais état de conservation.

4.3.6.3 La troisième phase (second quart du iii^e‑
fin iii^e s. av. J.‑C.)

560C’est la phase la plus documentée du site, regroupant treize tombes à inhumations (1, 2, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 54, 56, 57, 59) et trois à incinérations (E4, E8, 1bis).

561La présence d’un bracelet en lignite dans la tombe 11 est remarquable. Ce type de parure apparaît dans le Sénonais dans le courant de la première moitié du iii^e s. av. J.‑C. en association avec les premières fibules type La Tène II (Baray 1991). Cette apparente contradiction chronologique peut s’expliquer par l’utilisation prolongée d’un système de suspension supplanté depuis peu par les premières chaînes articulées. Le fer de lance à douille longue confirme la datation basse de cet ensemble dans le second quart du iii^e s. av. J.‑C. L’écart chronologique entre les tombes de guerriers 11 et 12 ne doit guère dépasser une génération. C’est par ailleurs le temps minimum nécessaire pour que l’emplacement de la tombe 12 soit encore signalé en surface et qu’elle ne soit pas recoupée par les tombes 11 ou 10.

562Les fibules à pied attaché sur l’arc permettent une datation à La Tène C1 des inhumations 2, 6, 7, 59 et des tombes à incinération 1bis, E8. Il en est de même de l’agrafe de ceinture de la sépulture 2, de la ceinture articulée de l’incinération 1bis et du petit bracelet à décor de pastillage de la sépulture 6. Ces trois objets sont à rapprocher d’exemplaires découverts en contexte La Tène Cl en Gaule ou en Europe centrale.

563La position chronologique des tombes à inhumation et à incinération 1, 4, E4, 5, 9, 10, 54 est en revanche plus difficile à établir avec précision. Ces sept tombes possèdent en effet un mobilier typique de la première moitié du iii^e s. av. J.‑C., à la charnière La Tène B2/La Tène C1. Les fibules appartiennent indifféremment à des ensembles funéraires caractéristiques de chacune de ces deux phases tandis que les bracelets en « lignite », dont la réapparition peut être datée du second quart du iii^e s. av. J.‑C,. sont associés dans la sépulture 11 à un système de suspension de La Tène B2. Toutes ces tombes se rangent donc dans une fourchette chronologique très serrée qui, compte tenu des associations reconnues, peut être estimée à une, voire deux générations de différence (intervalle qui sépare aussi l’implantation des sépultures 11‑12 des autres tombes de cette phase). Leur répartition topographique tend également à confirmer ce diagnostic : la sépulture 57 est accolée à la 59 bien datée de La Tène Cl. Les sépultures 10 et 11 sont également accolées, dans l’aire centrale de l’enclos E12, à la tombe de guerrier 12 de La Tène B2. La plupart des autres tombes ne sont jamais distantes de plus d’un ou deux mètres les unes des autres.

564La tombe à incinération 1bis, la seule qui nous soit parvenue complète, appartient au type Brandgrabengräber. Régionalement, ce type de sépulture est attesté à la charnière La Tène B2/La Tène Cl et à La Tène C1 à Châtenay‑sur‑Seine/Gobillons (Seine‑et‑Marne), sépulture 15 (Bontillot et al. 1975) et au lieu‑dit Les Pâtures, sépulture 12 (Mordant, Mordant 1979), à Michery/La Longue Raie (Yonne), sépulture 301 (cf. § 3.2.2.8). A Soucy, comme à Michery ou à Châtenay‑sur‑Seine, les incinérations occupent le centre de petits enclos carrés. Le mobilier, relativement abondant dans certaines tombes, se compose essentiellement d’accessoires vestimentaires : fibules, ceinture à maillons articulés, anneaux et agrafe de ceinture. Le bracelet en fer de la sépulture 12 de Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures (Mordant, Mordant 1979) est la seule parure annulaire connue en l’état actuel des découvertes.

565La coexistence inhumation/incinération est également attestée à la charnière La Tène B2/La Tène Cl dans plusieurs gisements de la région comme par exemple à Michery/La Longue Raie (Yonne) (cf. chap. 3).

566La plupart des tombes à inhumations ont livré des indices de décomposition du corps en espace colmaté différé (coffres de bois ou tronc évidés ?) (Duday 1985). A La Tène B2, les défunts ont la tête au sud (11, 12) tandis qu’à La Tène Cl elle peut être orientée soit au sud (6, 7), soit au nord (2, 59). L’orientation des tombes chronologiquement intermédiaires est beaucoup plus variable : nord (57), nord/nord‑ouest (1), nord/nord‑est (4, 9), sud (5, 56), sud‑ouest (54).

567La majorité des inhumations de Soucy sont du type habillé. Les morts étaient sans doute revêtus de leurs vêtements, ou au moins d’un linceul, dont on retrouve parfois de rares éléments métalliques : fibules, agrafe ou anneau de ceinture. Certains emportaient également dans la tombe leurs parures et/ou leurs armes. Tous les objets découverts sont donc directement liés aux défunts. On ne trouve aucune trace de dépôts d’offrandes céramique ou animale. Les pratiques fiinéraires de la fin de La Tène B2 et de La Tène Cl du Sénonais différent ainsi de celles en vigueur dans certaines régions limitrophes comme la Champagne (Baray 1991). Dans le Sénonais ce n’est qu’à partir de La Tène C2 qu’apparaissent les premiers dépôts céramiques dans les sépultures à incinération.

568Quatre inhumations d’adulte n’ont pas livré de mobilier. Il s’agit de tombes adventices creusées dans l’espace libre entre les fossés E7‑E7bis (sépulture 60) ou dans le remplissage supérieur du fossé E7 (sépultures 4, 58) et E26 (sépulture 107).

569La disposition des objets dans les sépultures de Soucy est analogue à celle observée dans les autres nécropoles de la région (Baray 1991). Toutes les fibules ont été découvertes dans la partie supérieure des squelettes (thorax, épaule gauche, cou et plus rarement crâne). Les parures annulaires sont toujours portées sur le côté gauche : les bracelets sont passés aux avant‑bras gauches (sépultures 7, 9, 11, 54) ; la bague à la main gauche (sépulture 7). Les épées ne sont pas portées par le défunt, elles sont seulement disposées en position fonctionnelle à sa droite. Le système de suspension est soit enroulé autour du fourreau (sépulture 12) soit démonté et posé sur le bassin de l’inhumé (sépulture 11). Les fers de lance sont déposés à gauche du crâne. La lance de la sépulture 11 a été brisée et posée sur le haut du corps : talon de lance sur le thorax, fer de lance en position oblique sur le bord de la fosse. On retrouve une pratique comparable dans les sépultures 27 et 32 de la nécropole de Gravon/Le Chemin de l’Écluse (Seine‑et‑Marne) (Scherer et al. 1972) où les fers de lance et les hampes brisées ont été jetés aux pieds des défunts (Mordant, Mordant 1979).

4.3.6.4 La quatrième phase (dernières décennies du iii^e‑troisième quart du ii^e s. av. J.‑C.)

570Elle n’est représentée que par deux tombes à incinération : sépultures 2bis et 133. Ces deux incinérations se distinguent de leurs homologues de la phase précédente par la présence de vases en céramique. Les ossements ne sont plus jetés en vrac au fond de la fosse mais enfermés dans une urne funéraire. Celle de la sépulture 2bis et les deux vases accessoires qui l’accompagnaient, fouillés anciennement, n’ont pu être retrouvés. L’urne de la sépulture 133 appartient au répertoire de la céramique régionale de La Tène C2. Cette tombe cotoyait l’incinération 1bis au centre de l’enclos carré E13.

4.4 Organisation topochronologique de la nécropole

571FIG. 162 et 163

572La nécropole de Soucy est fondée au cours du IX^e s. av. J.‑C. et abandonnée à l’époque mérovingienne. Entre ces deux limites l’évolution de la répartition spatiale peut être mise en évidence :

Bronze final IIIb

573La nécropole de Soucy est fondée ; à cette première phase correspondent cinq sépultures à inhumation et l’ensemble des enclos circulaires du site ; trois pôles peuvent être reconnus : un pôle oriental composé de treize structures‑enclos, un pôle sud‑occidental constitué par trois enclos et enfin le pôle nord‑occidental, situé sur le point le plus élevé du site qui regroupe quatre monuments ; entre la partie orientale et occidentale du gisement existe alors un vide (qui sera comblé seulement à l’époque mérovingienne, cf. infra) ; la nécropole se scinde donc en deux groupes topographiquement opposés : le groupe oriental comprend les sépultures 63, 67, 76 et 106, le groupe occidental se limitant quant à lui, dans l’état actuel de conservation des vestiges, à la sépulture 3.

Hallstatt ancien

574L’occupation du site se poursuit comme en témoignent à la fois la découverte de l’incinération 84 et les témoins céramiques provenant du remplissage supérieur des enclos E7‑E7bis.

Hallstatt D

575On ne possède que quelques fragments de céramique peinte associés à des ossements incinérés épars piégés dans le remplissage des enclos E7‑E7bis et E20 ; ils pourraient appartenir à des sépultures à incinération arasées ; en effet dans la région, seules les tombes à incinération renferment du mobilier céramique : Pont‑sur‑Yonne/ Beaujeu (Yonne) (Prampart 1989)23, Monéteau (Yonne) (Kapps, Bailloud 1961 : fig. 3)24 ; les inhumations en sont totalement dépourvues : Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne), sépultures A, E et X (Prampart 1990) ; l’enclos E8 à poteaux internes ( ?) pourrait dater de cette phase ; il appartient en effet au type El comparable à l’exemplaire de Serbonnes/La Créole (Yonne) (Martin 1962) pour lequel on possède un terminus post quem à La Tène A.

La Tène A

576L’occupation perdure avec les tombes 51 et 62 ; à cette période le fossé E7bis est vraisemblablement remblayé tandis que le fossé interne doit être encore suffisamment visible au pied du massif tumulaire pour que la sépulture 62 puisse y être implantée ; à une phase qu’il n’est pas possible de déterminer, mais qui doit être nécessairement antérieure à la date d’enfouissement de la sépulture 51, le premier petit enclos carré du site est édifié à l’ouest du double enclos E7‑E7bis ; une petite fosse à incinération de La Tène A recoupe son fossé.

La Tène B2

577Après un hiatus qui correspond à La Tène B1, le site est de nouveau occupé à La Tène B2 ; la situation, par rapport à la phase La Tène A, n’a guère changé : le fossé E7bis est définitivement comblé, le fossé E7 reste toujours visible ; l’enclos E12, édifié au nord‑ouest du double enclos, reçoit une première sépulture à inhumation de guerrier (tombe 12).

La Tène C1

578L’occupation du site se poursuit de façon continue entre la phase La Tène B2 et La Tène Cl ; l’enclos quadrangulaire E13 est édifié au‑dessus du fossé externe E7bis ; l’incinération 1bis en occupe l’aire centrale ; plusieurs inhumations sont implantées dans le remplissage supérieur du fossé E7 (sépultures 4, 58) ou en périphérie externe (sépulture 54, 60 ?) ; toutes les autres tombes de la charnière La Tène B2/La Tène Cl et toutes celles de La Tène Cl, ainsi que les petits enclos quadrangulaires E8, E9, E14, E15, s’établissent à proximité du tertre qui constitue, depuis la seconde phase d’occupation de la nécropole, un pôle d’attraction monumental.

La Tène C2

579Deux incinérations sont placées dans le remplissage supérieur du fossé E7 (sépulture 133) et dans l’aire centrale de l’enclos E13 (sépulture 2bis) ; aucun monument ne peut être attribué avec certitude à cette phase.

Gallo‑romain

580Après un nouveau hiatus de plusieurs siècles, le site est occupé à la période gallo‑romaine ; une sépulture à inhumation est implantée dans le fossé sud de l’enclos E15 ; la présence de cette inhumation à cet endroit indique que l’enclos devait être encore matérialisé en surface après plusieurs siècles d’abandon.

Du v^eau viii^e s.av. J.‑C.

581Une nécropole d’une centaine de tombes à inhumations est implantée, entre le v^e et le viii^e s. ap. J.‑C, au cœur même de la nécropole protohistorique (Baray 1990). Plus encore que la sépulture isolée gallo‑romaine, la présence de cette nécropole atteste la pérennité des lieux funéraires à travers les siècles ; l’organisation topographique des tombes entre l’enclos E18, E19, E14 et E15 se fait dans le respect des monuments protohistoriques. C’est leur matérialisation en surface qui permet d’expliquer ce phénomène ; il existe bien d’autres exemples de nécropoles protohistoriques réoccupées aux époques historiques, à Saint‑Vit/Au Fossard (Doubs) (Urlachcr et al. 1988) ou à Soyria (Doubs) par exemple ; les auteurs de cette dernière publication émettent l’hypothèse « qu’à Soyria le tumulus ait été assimilé à un lieu saint, à une église » (Pétrequin et al. 1980 : 228) pour expliquer l’attrait qu’aurait pu exercer ce type de monument sur les populations locales. Cette hypothèse peut être également retenue dans le cas de Soucy.

582L’évolution topochronologique de la nécropole se fait d’est en ouest ; l’enclos double E7‑E7bis (tumulus) sert de centre attractif pour les structures des périodes plus récentes. L’ensemble des structures des âges du Fer sont édifiées à proximité voire même en partie sur le fossé externe de cet enclos monumental. Le développement topographique de la nécropole protohistorique de Soucy correspond à un schéma déjà obseivé sur d’autres gisements régionaux (Brun 1984 ; 1986 ; Mordant 1988). A Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions (Seine‑et‑Marne) et à Courtavant/Les Grèves de la Villeneuve (Aube), on observe en effet un déplacement est/ouest des tombes. Cette évolution topochronologique implique la reconnaissance explicite des structures antérieures et le respect de l’organisation spatiale propre à chaque groupe.