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Chapitre 3. La nécropole de Micbery/ La Longue Raie

3 Die Nekropole von Nlichery/ La Longue Raie

3 The necropolis at Mlchery/La Longue Raie

p. 57‑82

Résumés

Cette nécropole se compose d’un enclos circulaire, de quatre petits enclos quadrangulaires à inhumations et incinérations, et d’un groupe de trois sépultures. Les enclos semblent correspondre à des « concessions familiales » ; une organisation spatiale et un rituel paraissent respectés (protection par un caisson, scellement par de gros blocs de grès). Les tombes contiennent des éléments de parure, notamment un torque ternaire et un fourreau d’épée à griffons affrontés. Datation : la fin de La Tène ancienne et le début de La Tène moyenne.

This burial‑ground consists of a circular enclosure, four small quadrangular enclosures with inhumations and cremations, and a group of three tombs. The enclosures would seem to correspond to a type of "family plot” since a certain spatial organisation and ritual appear to have been respected (protection by a caisson or by being sealed by large blocs of sandstone). The tombs contain items of costume, notably a compound torc and a sword‑scabbard decorated by a pair of opposed griffons. Date range: the end of the early La Tène and the start of the middle La Tène period.

Diese Nekropole besteht aus einer kreisförmigen Einfriedung, vier kleinen rechteckigen Einfriedungen mit Bestattungs‑und Einäscherungsfunden, sowie einer Gruppe von drei Grabstätten. Bei diesen Einfriedungen scheint es sich um ‘’Familiengräber" zu handeln. Allem Anschein nach wurden räumliche und rituelle Organisationsformen eingehalten (Schutzkästen, Verschluss mit Sandsteinblöcken). Die Gräber enthalten einige Schmuckbeigaben, insbesondere einen Ternär‑Torques und eine Schwertscheide mit sich einander gegenüberstehenden Greifen. Datierung : Ende der Früh La Tène und Mitte der Hoch La Tène.


Texte intégral

3.1 La nécropole

1FIG. 35 et 36

2Elle est installée à l’est du village de Michery au lieu‑dit La Longue Raie, sur un replat en bordure de la vallée alluviale de l’Yonne, au pied de la cuesta du Sénonais. Les sols, au pourtour du gisement, sont essentiellement constitués par gélifraction de la craie1 (notes en fin de chapitre). D’autres sites protohistoriques sont connus sur cette commune : deux enclos circulaires et un enclos quadrangulaire, datés respectivement de l’âge du Bronze final et de La Tène aux lieux‑dits Climat de Gouverne et La Tête de la Pierre, mis au jour lors des travaux du TGV (Prampart 1975 ; 1979) ; un enclos quadrangulaire, localisé par prospection aérienne, au lieu‑dit La Vallée des Tournantes.

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FIG. 35 – Michery/La Longue Raie : situation topographique de la nécropole

P.P. del. / AFAN

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FIG. 36 – Michery/La Longue Raie : plan du décapage et de la nécropole

N.T. del. / AFAN

3La nécropole comprend deux parties2 : au sud, un enclos circulaire (structure I), connu par une prospection aérienne de A. Heurtaux, un fossé rectiligne (structure II) venant buter au nord‑est de l’enclos, et une série de fosses oblongues, situées à l’intérieur comme à l’extérieur de cet enclos, mais sans organisation notable3 ; au nord, à quelque 250 m, un ensemble de quatre enclos quadrangulaires (fig. 37). Le reste de la nécropole a été très certainement détruit lors de la construction du TGV.

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FIG. 37 – Michery/La Longue Raie : plan d’ensemble de la nécropole

P.P., N.T. del. / AFAN

3.1.1 Les enclos

3.1.1.1 L’enclos de la partie sud (structure I)

4FIG. 38

Caractéristiques

5Enclos circulaire de 92 m2 ; diam. 12,5 m ; larg. du fossé, 0,80 à 0,90 m ; profil en V. Le fossé est creusé dans le substratum de craie à silex avec de nombreux sillons de limon jaune dus à la géliturbation. L’irrégularité des parois et du fond (largeur moyenne 0,10 m) est due à l’arrachement des rognons de silex lors du creusement, ainsi qu’à l’érosion des parties fragilisées par le gel.

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FIG. 38 – Michery/La Longue Raie : plan de l’enclos circulaire. Coupes transversales du fossé de l’enclos circulaire (cf. légende des coupes, fig. 40).

P.P., N.T. del. / AFAN

Remplissage du fossé

6Habituel pour ce genre de structure, il comprend trois phases : la première résulte d’un lessivage du sol et des parois et se compose d’un limon compact à grains fins, crayeux, de couleur grise, couvrant le fond sur une épaisseur de 0,15 m ; un comblement progressif dû à l’éboulement de la terre arable et à l’érosion d’une problable levée de terre constitue la seconde phase qui se subdivise en trois couches : un limon compact brun à la base, puis une couche de limon plus aéré et plus clair, enfin des nodules de craie et des rognons de silex compris dans un sédiment limoneux gris. La phase finale est constituée d’un limon meuble, brun foncé, épais de 0,05 m à 0,15 m. Elle correspond sans doute au stade d’abandon de la structure (fig. 38).

7Ce fossé semble donc être resté ouvert un certain temps pour s’être ensuite remblayé naturellement. La présence d’une levée de terre (extérieure ou Intérieure) contiguë au fossé n’a pu être mise en évidence.

8Le matériel est inexistant. Si sépulture centrale ou tertre il y a eu, tout a disparu par érosion.

3.1.1.2 L’enclos 108

9FIG. 39

10Cet enclos quadrangulaire incomplet, de 5,30 m et 5,40 m de côté, possède des fossés à peine conservés. Toutefois, il semble qu’ils aient servi à l’édification d’une palissade car dans la partie nord‑ouest de leurs tracés des traces plus ou moins circulaires peuvent correspondre à des trous de poteaux. Sur l’aire interne, trois sépultures parallèles occupent presque tout l’espace (les sépultures 105 et 106 ne sont séparées que par une banquette de craie) (cf. § S.2.2.5 à 3.2.2.7).

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FIG. 39 – Michery/La Longue Raie : plan d’ensemble du secteur 100

S.D., J.B. del. / AFAN

3.1.1.3 L’enclos 201

11FIG. 40

12L’enclos est quadrangulaire, de 4,72 m et 4,73 m de côté. Le fossé taillé en V est conservé sur une largeur de 7 à 23 cm pour une profondeur de 20 cm en moyenne. II servait sans doute à maintenir une palissade faite de planches ou de piquets. Les rigoles de fond du fossé s’interrompent à l’angle nord‑est. Dans l’enclos, en position quasi centrale, la structure 200 évoque une cuvette de remaniement naturel, de géliturbation ou bioturbation de la craie4 ; elle a toutefois pu servir de tombe5. Aucun matériel ne fut recueilli dans l’ensemble de ces structures.

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FIG. 40 – Michery/La Longue Raie : plan d’ensemble du secteur 200. Structure 201 : coupe transversale du fossé de l’enclos quadrangulaire (cf. légende des coupes, fig. 40)

P.P., N.T. del. / AFAN

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Légende des coupes ci-dessus et pages suivantes.

3.1.1.4 Les enclos 300 et 302

L’enclos 300 (fig. 41)

13Quadrangulaire ; 5,10 m sur 5,48 m de côté ; fossé : larg. 32 à 74 cm ; conservé sur une profondeur de 20 cm ; profil très irrégulier. Il a pu servir à maintenir une palissade légère. Une incinération occupait le centre de l’enclos.

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FIG. 41 – Michery/La Longue Raie : plan d’ensemble des structures 300, 301 et 305. Structure 300 : coupes transversales de l’angle ouest du fossé (cf. légende des coupes, fig. 40)

P.P., N.T. del. / AFAN

L’enclos 302 (fig. 42)

14Incomplet, de forme quadrangulaire, son côté sud‑ouest a disparu lors de la construction du TGV. L’ensemble conservé fait 5,40 sur 6 m. Les fossés font, au maximum, 25 cm de large et 13 cm de profondeur. A l’angle nord, s’observe un trou de poteau comblé de limon brun noir et le tronçon de fossé nord‑ouest présente un calage de silex (fig. 42)6, indices probables de palissade. Toutes traces de sépultures ont disparu dans cet enclos.

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FIG. 42 – Michery/La Longue Raie : plan d’ensemble de la structure 302. Côté N.‑O. : fossé en plan avec calage, coupes transversales (cf. légende des coupes, fig. 40)

P.P., N.T. del. / AFAN).

3.1.2 Les sépultures

15Huit sépultures ont été étudiées (fig. 37) :
– un groupe de trois inhumations est situé au nord de l’enclos 108 ; deux d’entre elles (100, 104) sont alignées selon un axe nord‑ouest/sud‑est tandis que la sépulture 104 est parallèle à la sépulture 100, alignée avec cette dernière selon un axe nord‑ouest/sud‑est ; les squelettes sont orientés indifféremment, soit la tête au nord‑ouest (sépulture 103), soit au sud‑est (sépultures 100 et 104) ; aucune structure d’entourage n’était visible sur le sol décapé ; notons encore que la sépulture 104 comprend une inhumation et probablement une incinération ;
– une inhumation isolée (401) au sud‑ouest de l’enclos 108 ;
– trois inhumations au sein de l’enclos 108 ;
– une incinération au sein de l’enclos 300.

3.1.2.1 Sépulture 100

16FIG. 43

Fosse

17Trapézoïdale ; long. 2,65 m ; larg. 0,70 à 0,84 m ; profondeur maximale 0,67 m. Parois quasiment rectilignes, un petit ressaut dans leur partie basse ; fond pratiquement plat. Orientée sud‑est/nord‑ouest.

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FIG. 43 – Mlchery/La Longue Raie : sépulture 100. Coupe longitudinale, plans et profil (cf. légende des coupes, fig.40)

S.D., J.B. del. / AFAN

Remplissage

18Limon brun aéré en surface. Cinq blocs de grès en pendage prononcé vers l’intérieur de la fosse occupaient la partie sud‑est de la tombe (l’un d’eux au niveau de la tête) ; un sixième bloc, plus petit, se trouvait au‑dessus de l’os iliaque. Un limon gris très crayeux, recouvrait le squelette gisant à 6 cm au‑dessus du fond de la fosse. Sur le côté sud‑ouest de la fosse, près de la jambe gauche du squelette et sur toute la hauteur du remplissage, un remplissage plus sombre où se mêlaient des éléments organiques est peut‑être le reste d’un pieu.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 44)

19Orientation : tête vers le sud‑est.
Adulte de sexe féminin (sexe déterminé d’après l’observation des os coxaux) en décubitus dorsal.
Le crâne est en position forcée (face supéro‑antérieure latérale gauche), les membres supérieurs et inférieurs sont en extension. La position du squelette est le résultat d’une rotation vers la gauche de l’ensemble du corps, mise en évidence d’après les observations suivantes :
– différence d’obliquité des clavicules droite et gauche (la droite est parallèle à l’axe sagital médian du corps, la gauche décrit un angle de 45° avec ce même axe) ;
– l’humérus droit a sa face latérale légèrement surélevée par rapport au gauche ;
– décalage vers la droite de la colonne lombaire ;
– assymétrie des côtes droites et gauches par rapport à l’axe rachidien ;
– côtes droites se présentant par la face exothoracique ;
– face antéro‑latérale d’apparition de l’os coxal droit. La position particulière du crâne (cf. supra) résulte d’un effet de paroi déterminant une antéversion. L’avant‑bras droit, qui a basculé vers l’extérieur, n’est plus en connexion avec l’humérus mais en léger contrebas de celui‑ci. Enfin les os de la main gauche sont éloignés d’une quinzaine de centimètres de l’avant‑bras. Tous ces mouvements ne peuvent être envisagés en espace colmaté.
i.v., h.d.

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FIG. 44 – Michery/La Longue Raie : état de conservation des squelettes des sépultures 100,103, 104, 401 (cf. légende, p. 22) (Constandse‑Westermann ([T.S.] ; Meiklejohn [C.] ; rev. par Guillon [M.])

P.P. del. / AFAN, d’ap. I.V

20L’effondrement des blocs de grès, la présence d’un pieu à l’endroit le plus large de la fosse, l’interruption de la couche crayeuse altérée le long des parois de la fosse, confirment une inhumation pratiquée en espace vide : on peut imaginer l’existence soit d’une sorte de caisson en matériau périssable, soit de planches ou de branchages autour du corps.

Mobilier

21– Deux fibules en fer (fig. 45)
Situation : partie supérieure du thorax.
Caractéristiques : la mieux conservée est du type à pied attaché à l’arc ; ressort avec deux spires bilatérales à corde externe ; pied tourné vers l’arc orné d’un ressort ; petit nodule précédant le ressort sur l’arc. L’autre fibule, très corrodée, est probablement du même type. Dimensions : L 6,6 cm, h 2,1 à 2,7 cm.

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FIG. 45 – Michery/La Longue Raie : sépulture 100. Fibule en fer du type à ressort sur l’arc

P.P. del. / AFAN

22– Bracelet en fer
Situation : au poignet gauche.
Caractéristiques : réduit à quelques fragments difficilement analysables.

23– Chaîne de ceinture en bronze (fig. 46)
Situation : posée sur le bassin.
Caractéristiques : huit anneaux de bronze, sans doute retenus entre eux par des lanières de cuir car des fragments de ce matériau furent retrouvés dans les anneaux en cupules lors de leur restauration. Trois types d’anneaux : quatre plats massifs (diam. extérieur 2,2 cm ; diam. intérieur 1,3 à 1,5 cm) ; deux massifs de section plus ou moins circulaire (diam. extérieur 2,6 cm ; diam. intérieur 1,3 à 1,5 cm) ; deux creux avec deux « coquilles » embouties sur leurs tranches internes et externes (diam. extérieur 3,2 à 3,3 cm ; diam. intérieur 0,4 cm). Ces deux derniers anneaux se trouvaient l’un à côté de l’autre in situ. La parité des anneaux amène à penser qu’ils étaient symétriquement répartis (fig. 46).

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FIG. 46 – Michery/La Longue Raie : sépulture 100. Anneaux de ceinture en bronze. Essai de restitution de la ceinture

P.P. del. / AFAN

3.1.2.2 Sépulture 103

24FIG. 47 et 48

Fosse

25Trapézoïdale. En surface : long. 2,75 m ; larg. 0,80 à 0,89 m ; dans le fond : long. 2,25 m ; larg. 0,43 à 0,50 m ; profondeur maximale 0,81 m. Parois presque droites, une banquette dans la partie inférieure, fond pratiquement plat. Orientée nord‑ouest/sud‑est.

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FIG. 47 – Michery/La Longue Raie : sépulture 103. Coupes longitudinale et transversale, plans (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / AFAN

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FIG. 48 – Michery/La Longue Raie : sépulture 103. Deux hypothèses de dynamique de remplissage du caisson

S.D., N.T. del. / AFAN

Remplissage

26Vingt‑neuf blocs de grès et sept rognons de silex forment une couverture quasi totale de la sépulture mais se concentrent au niveau de la tête, du bassin, des fémurs et au pied de la tombe. Les amas de grès montrent un fort pendage.

27La trace d’un caisson surtout visible dans sa partie supérieure, épouse la courbure de la paroi et souligne la place du corps. Elle se superpose exactement au profil du fond de la fosse. Le reste du remplissage indique un remblaiement de la fosse avec le « tout venant » : craie pure provenant du creusement de la sépulture qui s’interrompt brutalement aux extrémités de la fosse. Cela confirme bien la présence d’une protection autour du corps. Le remplissage s’achève avec du limon brun plus ou moins crayeux.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 44)

28Orientation : tête vers le nord‑ouest.
Adulte de sexe indéterminé (os coxaux non conservés), en décubitus dorsal, le coude gauche est fléchi, le droit ne s’est pas conservé ; les membres inférieurs sont en extension. La conservation des os est très mauvaise.
Le crâne apparaît par sa face latérale droite, la mandibule par sa face supérieure : la connexion crâne‑mandibule a donc disparu. Toutefois la position initiale du crâne a pu être déduite par la présence, à l’intérieur du cercle que décrit le torque conservé, de dents supérieures monoradiculées telles que incisives et canines. Ces dents sont tombées avant la rotation du crâne. L’avant‑bras gauche est en pronation : la main (disparue) présentait donc sa face dorsale. La rotation du crâne pourrait être un indice de décomposition du corps en espace vide mais cet indice est faible car le crâne est resté dans le volume initial du corps.
i.v., h.d.

29Les observations anthropologiques n’infirment pas la possibilité d’inhumation en espace vide déterminée à partir des indices archéologiques qui mettent en évidence la présence d’un caisson, voire d’un tronc d’arbre évidé pour recevoir le corps. On peut également imaginer qu’une planche recouvrait le tout et qu’elle était scellée par les amas de grès (fig. 48).

Mobilier

30– Torque de type ternaire en bronze (fig. 49)
Situation : autour du cou
Caractéristiques : la tige, pleine, de section circulaire, est ornée de trois séries de trois arcs de cercles cantonnés chacun d’un nodule. Un système d’ouverture à tenon et mortaise est visible juste à côté d’un de ces décors. Dimensions : diam. 13,8 cm ; section de la tige 0,6 à 0,75 cm.

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FIG. 49 – Michery/La Longue Raie : sépulture 103. Torque en bronze à motif ternaire

P.P. del. / AFAN

31– Anneau en bronze (fig. 50, no 1)
Situation : à droite à la hauteur du bassin.
Caractéristiques : plein, de section torique. Il s’agit certainement d’un élément de ceinture faite en matériau périssable. Dimensions : diam. 4,5 cm ; section de la tige 0,4 cm.

32– Bracelet en bronze (fig. 50, no 2)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : plein, de section plate et semi‑circulaire en trois endroits. Les renflements sont répartis assez régulièrement donnant à ce bracelet un aspect ternaire. Dimensions : diam. 6,7 à 6,9 cm ; larg. de la tige 0,65 à 1 cm ; ép. de la tige, 0,3 à 0,5 cm.

33– Fibule en fer (fig.50, no 4)
Situation : au niveau de l’épaule droite. Caractéristiques : objet incomplet. Le ressort est formé de deux fois deux spires bilatérales à corde externe. Le porte‑ardillon est aussi long que l’arc. Le pied, tourné vers l’arc, était sans doute attaché à celui‑ci. Dimensions : long. 6,4 cm ; haut. 1,4 cm.

34– Fibule en fer (fig. 50, no 3)
Situation : au niveau de l’épaule droite. Caractéristiques : objet incomplet et en assez mauvais état. Ressort de deux fois deux spires bilatérales à corde externe ; attache du pied à l’arc marqué par une nodosité. Dimensions : long. 6 cm ; haut. 1,5 cm.

35– Fibule en fer (fig. 50, no 5)
Situation : au niveau de l’épaule droite. Caractéristiques : objet incomplet du type à « pied en trompette » ; arc renflé ; ressort déformé constitué de deux fois trois spires bilatérales à corde externe ; pied tourné vers l’arc décoré d’un nodule doté d’un appendice en pavillon de trompette. Dimensions : long. 6 cm ; haut. 2,1 cm.

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FIG. 50 – Michery/La Longue Raie : sépulture 103. 1 anneau en bronze, 2 bracelet en bronze, 3‑4 fibule en fer à pied libre perlé, 5 fibule à pied libre et en trompette

P.P. del. / AFAN

3.1.2.3 Sépulture 104

36FIG. 51

Fosse

37Trapézoïdale ; long. 2,37 m ; larg. 0,79 à 0,98 m ; profondeur maximale 0,80 m. Parois pratiquement rectilignes, parfois rentrantes. Orientée nord‑ouest/ sud‑est.

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FIG. 51 – Michery/La Longue Raie : sépulture 104. Coupes longitudinale et transversale, plans (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / AFAN

Remplissage

38Il se compose dans sa partie supérieure d’un limon brun avec une zone très organique et charbonneuse. Il s’agit sûrement d’une incinération en position secondaire ; cette couche s’interrompt au niveau de cinq gros blocs de grès posés horizontalement. Ces derniers atteignent des dimensions pouvant aller jusqu’à 90 cm de longueur pour 15 à 20 cm d’épaisseur. Ces blocs, ainsi que huit gros rognons de silex, sont placés dans la partie supérieure de la tombe, au niveau du bassin, des membres inférieurs et des pieds. Le reste du remplissage est quasiment identique à celui de la sépulture 103, c’est‑à‑dire dans la partie inférieure et supérieure de la fosse, de la craie pure provenant du creusement de la tombe. Ce remplissage n’apparaît que sous la couche noire organique et sous les blocs de grès. Au niveau du corps, mais surtout le long du membre inférieur gauche, du limon gris foncé mêlé à de la poussière de craie marque les restes d’une planche. Dans la région du crâne et du thorax apparaît un limon brun fin et de gros charbons de bois. D’après ces observations, il semblerait que le corps fut recouvert de branchages déjà consumés ou brûlés sur place. Il est à noter également la présence de fragments d’os brûlés.

39D’après l’analyse du remplissage, il est probable que cette fosse a connu deux phases d’aménagement : la première correspond à l’inhumation et présente un comblement du même type que celui de la structure 103 ; postérieurement la partie supérieure du remplissage a subiun recreusement afin d’installer l’incinération : à cette occasion la couverture de blocs de grès, suite à l’effondrement probable d’un caisson, a dû être remise horizontale. L’étude du mobilier confirme ce décalage chronologique entre les parties inférieure et supérieure de la sépulture.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 44)

40Orientation : la tête est vers le sud‑est. Individu adulte, de sexe indéterminé (les os coxaux ne sont pas conservés), en décubitus dorsal, les membres supérieurs et inférieurs sont en extension.

41Le crâne apparaît par sa face latérale gauche et la mandibule est en connexion. Un effet de paroi est visible à gauche : les os, dans le prolongement les uns des autres, sont alignés. Cet alignement pourrait être le témoin d’une paroi en matière périssable. Une phalange de la main gauche a été retrouvée en dehors du volume initial du corps ; le naviculaire et le cuboïde gauche sont déconnectés, et ont été retrouvés dans la région latérale du tibia. Des déplacements d’une telle amplitude ne sont envisageables qu’en espace vide. Les fémurs présentent leur face antérieure et les patellas sont restées en connexion ; les tibias ont légèrement tourné vers l’extérieur et le pied droit apparaît par sa face médiale. Il semble donc qu’il y ait eu un effet de paroi dans la région des fémurs et/ou des os coxaux, les empêchant de s’ouvrir. En revanche, dans la région des jambes et des pieds, l’effet de paroi disparaît et, par inertie, les os apparaissent par leur face médiale. La dislocation du pied gauche peut être le résultat d’une décomposition en espace vide : talus et calcanéum apparaissent par leur face distale, les cunéiformes I et II par leur face proximale et les métatarsiens II à V par leur face dorso‑distale ; le premier métatarsien est sous les métatarsiens droits. L’ensemble de ces observations conduisent donc à penser que la décomposition du corps s’est déroulée en espace vide.
i.v., h.d.

42L’existence d’un coffrage complet pour abriter le corps du défunt est donc bien assuré pour cette sépulture, et par l’étude archéologique qui a mis en évidence la présence d’une planche le long des membres inférieurs, et surtout par l’analyse anthropologique.

Mobilier

43— Partie supérieure d’un fourreau d’épée en fer (fig. 52, no 1) (n.g.)
Situation : partie supérieure de la fosse correspondant au dépôt de l’incinération.
Caractéristiques : la surface sombre et d’aspect homogène de ce fragment proximal évoque l’oxydation régulière et rapide que provoque généralement l’incinération. Le fourreau porte des traces de repli à la fracture de l’objet et il est plausible d’y voir un geste rituel au moment de l’enfouissement. L’entrée du fourreau est campaniforme et peu accentuée. Les deux plaques de fer sont serties par un rabattement de celle du droit sur celle du revers à l’aide de deux gouttières latérales ; celle du droit est renforcée par la présence d’une nervure médiane fine, légèrement désaxée côté gauche (fig. 52, no 1). Partie conservée : long. 12 cm ; 5,5 cm de large à l’entrée ; pontet de 2,2 cm. Les gouttières sont fines, assez effacées au droit, largement aplaties sur le revers. La pièce de suspension fixée haut sous l’entrée, sur la plaque de revers, est longue de 5,7 cm. Le pontet est court, relativement étroit (0,4 cm de hauteur) et de forme rectangulaire. Il est souligné par une gravure rectangulaire arrondie aux extrémités hautes et basses. Les pattes de fixation sont ovales et bombées, l’assemblage par rivetage est apparent. L’ensemble est plutôt d’aspect gracile. Ce fourreau est un exemplaire supplémentaire de ce qu’il est convenu d’appeler la paire de dragons ou griffons affrontés du type 1 de De Navarro (1972 : vol. I, 217) : ce type, assimilable aux protomés de griffons orientalisants (Rapin 1985 : 17, fig. 5) semble apparaître à La Tène B2, après le type 2, dit lyre zoomorphe. Un examen attentif peut laisser penser que le concept ornemental préexistant est plus complexe qu’il n’y paraît, s’organisant sur deux registres : un simple motif principal souligné d’un double trait extérieur, et un fond, soit deux monstres affrontés du type griffon au tracé un peu lourd et massif, aux courbes parfois anguleuses, d’une part, et un remplissage interne de la partie centrale, en réserve entre les deux corps des monstres, fait d’esses enchaînées et de peltes, d’autre part. La lecture du motif principal nécessite une subdivision en trois éléments : la tête, le corps et la partie inférieure. Sous l’entrée, la tête est précédée d’une double ligne parallèle au bord du fourreau ; puis un court arc de cercle relie les deux mâchoires supérieures des monstres en passant par dessus la nervure médiane. Elle ferme la composition vers le haut. Son pendant dans la partie inférieure n’existe pas, comme c’est généralement le cas pour les motifs de lyre. La partie interne du bec présente un décrochement anguleux peu fréquent. L’œil circulaire est petit, la mâchoire inférieure large, épaisse, très arrondie. La tête est séparée du corps par une ligne droite, oblique au niveau de la nuque. Enfin, il faut noter l’absence d’appendice sur le sommet du crâne, interprété généralement comme une oreille. Le corps est en lui‑même assez large par rapport à la courbe qu’il décrit. Il se prolonge vers l’avant par un appendice encore plus épais et court, sans toutefois rejoindre l’extrémité de la mâchoire inférieure. Le vide circulaire ordinairement engendré par les deux appendices n’est pas ici totalement fermé. Dans la partie inférieure l’articulation de la patte se prolonge vers l’avant par un « genou » triangulaire qui vient buter sur la nervure médiane. La jambe est bien horizontale et se termine vers l’arrière par un pied petit et cambré. Seule son extrémité affleure aux gouttières latérales. Le vide intérieur est occupé par trois types de motifs. Entre les deux becs, une lyre prolongée par une pousse de rinceau vient s’emboîter dans l’espace encadré par la mâchoire ouverte des monstres. Elle se referme vers le bas sur la nervure médiane, en évoquant de manière fugitive une tête de bovidé. Puis, deux motifs en formes de peltes s’inscrivent dans les zones circulaires médianes. Enfin, à l’avant de la partie inférieure, on retrouve la lyre prolongée d’une pousse de rinceau, partiellement effacée.
n.g.

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FIG. 52 – Michery/La Longue Raie : sépulture 104, incinération. 1 partie proximale du fourreau en fer, A sections, B le droit et son décor gravé, C le revers et le système de suspension; 2 décor du fourreau de la T. 60 de Kosd (d’ap. A. Rapin, inédit) ; 3 motif du fourreau de la T. 138 de Münsingen (d’ap. De Navarro 1972) ; 4 le fourreau de Lux, motif et morphologie (d’ap. Art celtique 1983) ; 5 le fourreau de Bevaix, motif et morphologie (d’ap. De Navarro 1972).

: N.G. del.

44– Céramiques (fig. 53)
Situation : partie supérieure de la fossecorrespondant au dépôt de l’incinération.
Fragment de Jatte : carène très douce, bord légèrement éversé et col vertical à peine renflé ; pâte brun‑noir ; la partie plate sous le bord, lissée à la spatule, possède un aspect brillant. Ce type de profil est connu sur des jattes à ombilic.
Bas de col et partie supérieure de panse : appartient à un récipient à col haut parfois mouluré et à panse ventrue ; un bourrelet entre la panse et le col (fig. 53, no 2) ; pâte fine brun‑noir ; surface externe lissée et brillante. Sur une des fractures, des restes probables de résine indiquent une réparation antique.
Fragments divers : appartiennent à l’une ou à l’autre de ces céramiques ; décorés au brunissoir d’arcs de cercle et de zigzags (fig. 53). Ils apparaissent plus brillants que le reste de la céramique. On remarque également des bandes brillantes de 1,5 cm environ sur la surface de certains tessons.

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FIG. 53 – Michery/La Longue Raie : sépulture 104, incinération. 1 céramique du type jatte, 2 céramique du type bouteille

P.P. del. / AFAN

45– Bracelet en lignite (fig. 54, no 1)
Situation : sur l’humérus gauche
Caractéristiques : section semi‑hémisphérique. Dimensions : diam. extérieur 9 cm.

46– Fibule en fer (fig. 54, no 2)
Situation : au niveau du bassin
Caractéristiques : ressort formé de deux fois deux spires et corde externe, porte‑ardillon aussi long que le ressort, le pied tourné et posé sur un arc légèrement renflé, semble décoré à son extrémité d’un nodule. Ce décor fait penser à une tête de canard stylisée. Dimensions : long. 5,3 cm ; haut. 1,5 cm.

47– Fibule en fer (fig. 54, no 3)
Situation : au niveau du bassin
Caractéristiques : même type que ci‑dessus, mais à deux fois trois spires. Dimensions : long. 5,7 cm ; haut. 1,5 cm.

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FIG. 54 – Michery/La Longue Raie : sépulture 104, inhumation. 1 bracelet en lignite, 2 fibule à pied libre et perlé, 3 fibule à pied libre et arc renflé

P.P. del. / AFAN

3.1.2.4 Sépulture 401

48FIG. 55

49Sépulture isolée et sans structure périphérique.

Fosse

50Creusée sans soin dans la craie, forme irrégulière, profil en cuvette. En surface : long. 2,05 m ; larg. 0,55 à 0,95 m ; au fond : long. 1,94 m ; larg. 0,38 à 0,55 m ; profondeur maximum 0,26 m. Orientation nord‑est/sud‑ouest.

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FIG. 55 – Michery/La Longue Raie : sépulture 401. Coupes longitudinale et transversale, plans (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / /AFAN

Remplissage

51Sept blocs de grès et deux rognons de silex sont disposés au niveau des pieds, des fémurs et du crâne et reposent pour la plupart directement sur le squelette. Ce dernier se trouve inclus dans une couche de limon gris fin.

Squelette ( i.v., h.d.) (fig. 44)

52Orientation : le crâne est au nord‑est.
Individu adulte de sexe indéterminé (il ne reste qu’un fragment d’os coxal gauche) en décubitus dorsal : les membres supérieurs sont très mal conservés, leur position n’a pu être déterminée de manière sûre ; les membres inférieurs sont fléchis sur le côté droit du corps.
Le crâne apparaît par sa face supéro‑latérale gauche ce qui indique une position forcée du crâne. Cette position pourrait être en relation avec la petite remontée de la paroi de la fosse que l’on peut observer en coupe longitudinale. Les faces d’apparition des membres inférieurs ont été déduites de leur position générale : fémur et tibia droits, faces médiales ; fémur et tibia gauches, faces latérales. La conservation des os étant très mauvaise, aucune conclusion sur le type d’inhumation ne peut être dégagée.
i.v., h.d.

Mobilier

53– Fibule en fer (fig. 57, no 1)
Situation : au niveau de l’épaule gauche. Caractéristiques : mauvais état de conservation. Ressort bilatéral à deux fois deux spires et corde externe, arc plutôt renflé. Dimensions : long, depuis le ressort Jusqu’à l’extrémité de l’arc 7 cm.

54– Fibule en fer (fig. 57, no 2)
Situation : au niveau de l’épaule gauche.
Caractéristiques : même modèle et même état de conservation que la fibule précédente. Dimensions : long, depuis l’extrémité du ressort jusqu’à l’extrémité de l’arc 6,4 cm.

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FIG. 57 – Michery/La Longue Raie : sépulture 401. 1‑2 fibules en fer

P.P. del. / AFAN

3.1.2.5 Sépulture 105

55FIG. 58

56Au sein de l’enclos 108, séparée par une simple banquette de craie de la sépulture 106.

Fosse

57Trapézoïdale ; parois pratiquement rectilignes ; fond plat. En surface : long. 2,48 m ; larg. 0,88 à 0,79 m ; au fond : long. 2,46 m ; larg. 0,67 à 0,80 m ; profondeur maximum ; 0,81 m. Orientée nord‑est/sud‑ouest.

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FIG. 58 – Michery/La Longue Raie : sépulture 105. Coupes longitudinale et transversale, plan, localisation des prélèvements palynologiques (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / AFAN

Remplissage

58Un seul bloc de grès de petite dimension était posé sur le corps au niveau du thorax. Les restes d’un caisson sont reconnaissables : limon fin, gris‑noir, entourant presque complètement le corps : long. 2,22 m ; larg. 0,41 à 0,53 m. Les os sont à 18 cm du fond, séparés régulièrement de celui‑ci par une couche de limon gris et il semble de ce fait que le corps a reposé sur une planche. Le reste du remplissage se compose de craie extraite lors du creusement de la fosse et des limons environnants.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 56)

59Orientation : le crâne est au sud‑ouest. Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux ne sont pas conservés), en décubitus dorsal ; le membre supérieur gauche est en extension mais la position du membre supérieur droit n’a pu être déterminée : il ne reste qu’un fragment de diaphyse humérale. Les membres inférieurs sont en extension.

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FIG. 56 – Michery/La Longue Raie : état de conservation des squelettes des sépultures 105,106 et 107 (cf. légende, fig. 8) (Constandse‑Westermann [T.S.] ; Meiklejohn [C.] ; rev. par Guillon [M.])

P.P. del./AFAN, d’ap. I.V

60Le crâne apparaît par sa face antérieure, la mandibule est en connexion. La clavicule gauche présente sa face antérieure, elle est quasiment perpendiculaire à l’axe sagittal du corps, donc presque en position anatomique. L’avant‑bras gauche est en pronation, la main gauche présente sa face dorsale. Les fémurs apparaissent par leur face antérieure, les tibias droit et gauche respectivement par la face médiale et antéro‑médiale. Trop peu d’éléments ont pu être observés pour pouvoir conclure sur une inhumation en espace vide : la position de la clavicule gauche permet toutefois de noter que la partie supérieure gauche du corps n’était pas soumise à une compression transversale.
i.v., h.d.

61L’analyse anthropologique n’infirme donc pas la présence du caisson que les observations archéologiques ont révélée.

Mobilier

62– Fibule en fer (fig. 59)
Caractéristiques : type en archet de violon, à ressort formé de deux fois deux spires et corde externe, arc orné de trois nodules parallèles à l’ardillon, pied tourné vers l’arc et posé sur lui se terminant par deux nodules évoquant une tête de canard stylisée. Dimensions : long. 9,8 cm ; haut, nodule compris 2,6 cm.

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FIG. 59 – Michery/La Longue Raie : sépulture 105. Fibule en fer du type en « archet de violon » et arc bouleté

P.P. del. / AFAN

3.1.2.6 Sépulture 106

63FIG. 60

64Au sein de l’enclos 108, séparée par une simple banquette de craie de la sépulture 105.

Fosse

65Trapézoïdale aux côtés arrondis et profil en U. En surface : long. 2,38 m ; larg. 0,87 à 1,15 m ; au fond : long. 1,94 m ; larg. 0,58 à 0,67 m ; profondeur maximum 0,69 m. Orientée nord‑est/sud‑ouest.

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FIG. 60 – Michery/La Longue Raie : sépulture 106. Coupes longitudinale et transversale, plans, localisation du prélèvement palynologique (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / AFAN

Remplissage

66Quinze blocs de grès entourent le squelette. Un autre grès est posé au niveau de la tête. Le remplissage autour du corps est composé d’un limon brun assez fin. Au‑dessus de cette couche, un limon gris‑noir, trace hypothétique d’une planche ou bien de branchages (voir coupe transversale, fig. 60). Du torchis ou de la terre brûlée de couleur ocre se remarque vers le crâne et sur une partie du thorax.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 56)

67Orientation : le crâne est vers le nord‑est.
Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux sont très mal conservés), en décubitus dorsal ; le membre supérieur droit est fléchi, le gauche est en extension. Les membres inférieurs sont en extension.
Le crâne apparaît par sa face latérale droite, la mandibule est en connexion. L’humérus droit présente sa face latérale la partie proximale étant légèrement en contrebas de la partie distale. L’humérus gauche apparaît par sa face antéro‑latérale. Les os coxaux présentent leur face antéro‑médiale ; face antérieure pour les fémurs, face médiale pour le tibia droit, face antéro‑médiale pour le tibia gauche. Le maintien des os coxaux dans leurs positions anatomiques donne un indice, soit d’effet de paroi, soit d’une décomposition en espace colmaté.
i.v., h.d.

68L’étude anthropologique apporte deux indices de décomposition en espace vide qu’il faut toutefois considérer avec prudence ; l’entourage de pierres remarqué autour du squelette, s’il a pu avoir comme fonction de ménager directement un espace au corps du défunt, a pu aussi caler un éventuel caisson.

Mobilier (fig. 61)

69– Fibule en fer
Situation : sur le bassin.
Caractéristiques : type à pied attaché et arc tendu ; ressort à deux fois deux spires bilatérales et corde externe ; porte‑ardillon aussi long que l’arc renflé ; pied tourné vers l’arc. Ce type de fibule est parfois appelé « fibule de guerrier » ; notons qu’elle est ici ni ployée ni associée à un armement comme c’est souvent le cas pour ce type. Dimensions : long. 17,2 cm ; haut. 2,6 cm environ.

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FIG. 61 – Michery/La Longue Raie : sépulture 106. Fibule en fer dite de guerrier, à arc tendu

P.P. del. / AFAN

3.1.2.7 Sépulture 107

70FIG. 62

71Au sein de l’enclos 108.

Fosse

72Trapézoïdale ; parois presque rectilignes ; fond plat ; profil transversal en U. En surface : long. 2,90 m, larg. 0,97 à 1,12 m ; au fond : long. 2,56 m ; larg. 0,76 à 0,84 m ; profondeur maximum 0,84 m. Orientée nord‑est/sud‑ouest.

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FIG. 62 – Michery/La Longue Raie : sépulture 107. Coupes longitudinale et transversale, plans, localisation du prélèvement palynologique (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / AFAN

Remplissage

73Douze blocs de grès et un rognon de silex couvrent la tombe. Un bloc de grès repose directement sur le bassin. Les restes d’un caisson sont reconnaissables : un limon gris fin entoure le corps et dessine un tracé presque rectangulaire (long. 1,98 m ; larg. 0,49 à 0,68 m). Au niveau du squelette, entre les fémurs et à partir du bassin, un remplissage noir organique indique la présence d’un matériau périssable (tissu, cuir, bois...) ou d’un dépôt de végétaux. Le reste du remplissage associe la craie extraite lors du creusement de la fosse et des limons environnants.

Squelette (i.v., h.d.) (fig. 56)

74Orientation : le crâne est au nord‑est. Individu adulte de sexe peut‑être féminin, en décubitus dorsal.
La conservation est très mauvaise et très peu d’observations ont pu être faites. Les membres supérieurs et Inférieurs sont en extension.
Le crâne présente sa face latérale gauche, la mandibule est en connexion. Le fémur gauche est « planté » : sa partie proximale est nettement plus haute que sa partie distale, il apparaît par sa face antéro‑proximale ; de plus le tibia est 5 cm plus bas que l’ensemble du reste du corps. Ces observations peuvent s’expliquer par l’affaissement sous le corps d’un fond en matière périssable. Cet affaissement peut avoir lieu soit dans un espace vide déjà existant, soit dans l’espace qui se forme au cours de la décomposition du corps, par tassement de la terre sous‑jacente ameublie.
i.v., h.d.

75L’étude anthropologique suggère qu’une planche a pu supporter le corps : cette planche aurait donc complété le coffrage mis en évidence par l’observation archéologique.

Mobilier

76– Fibule en fer (fig. 63, no 2)
Caractéristiques : type en archet de violon ; ressort bilatéral formé de deux fois deux spires ; arc de section presque circulaire parallèle à l’ardillon ; pied tourné et soudé à l’arc terminé par deux nodosités. Dimensions : long. 7,8 cm ; haut. 1,6 cm.

77– Fibule en fer (fig. 63, no 1)
Caractéristiques : du même type que celle décrite ci‑dessus, mais plus petite et avec un seul nodule sur le pied. Dimensions : long, conservée 6,1 cm ; haut. 1,4 cm.

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FIG. 63 – Michery/La Longue Raie : sépulture 107. 1, 2 fibule en fer du type en « archet de violo et pied perlé

P.P. del. / AFAN

3.1.2.8 L’incinération 301

78FIG. 64

Fosse

79Fosse circulaire ; diam. moyen 0,60 m ; profondeur maximum 0,41 m. Parois verticales et régulières, fond plat avec un léger ressaut au niveau de la jonction des parois et du fond. La couleur des parois, gris bleuté, indique une combustion.

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FIG. 64 – Michery/La Longue Raie : sépulture 301. Plans et coupes de l’incinération (cf. légende des coupes, fig. 40)

S.D., N.T. del. / AFAN

Remplissage

80Fortement perturbé par les fouisseurs il se compose principalement d’un limon noir organique mêlé à de nombreuses esquilles osseuses brûlées et de fragments de charbon de bois. Des éclats de silex et des petits blocs de grès, brûlés ou non, sont présents dans le remplissage. Il n’y a pas de concentration d’os ou de cendre et ces matériaux semblent mélangés au remplissage de manière assez homogène.

Mobilier

81– Fibule en fer à pied perlé (fig. 65)
Situation : sur le fond de la fosse.
Caractéristiques : ressort bilatéral fait de deux fois deux spires et corde externe, pied tourné vers l’arc et décoré à son extrémité de quatre nodules ordonnés symétriquement, les deux plus petits, au centre, cantonnés par les deux plus gros ; arc de section circulaire parallèle à l’ardillon. Dimension : long. 9,2 cm.

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FIG. 65 – Michery/La Longue Raie : sépulture 301. Fibule en fer du type en « archet de violon »

P.P. del. / AFAN

3.2 Les pratiques funéraires

3.2.1 Les données anthropologiques

82Cf. annexe : ostéométrie

3.2.1.1 Conservation, sexe et maturité

83i.v., h.d.

84L’état de conservation des restes osseux est très mauvais : un individu est souvent représenté par quelques fragments ou quelques « fantômes » de ses os. Toutes les sépultures sont primaires : le corps dans sa totalité et en parfaite connexion a été déposé dans le lieu funéraire définitif et aucune manipulation humaine n’est intervenue après le dépôt du corps.

85Un seul type d’inhumation a été mis en évidence pour ce site : les observations anthropologiques donnent d’une manière générale des indices de décomposition en espace vide. Les observations archéologiques viennent confirmer ces observations, en attestant la présence d’un caisson, ou d’éléments de calage. On peut affirmer que la décomposition du corps s’est déroulée en espace vide pour les sépultures 100 et 104 ; quelques indices (non probants) de décomposition en espace vide pour les sépultures 103, 106 et 107 ; enfin, pour les sépultures 107 et 401, aucun indice n’a pu être noté, la conservation des os étant trop mauvaise.

86Détermination du sexe et du stade de maturité : la détermination sexuelle est définie à partir de l’observation des os coxaux, ceux‑ci étant en général très mal conservés, la détermination n’a jamais pu être réalisée de manière satisfaisante (à l’exception de la sépulture 100) ; l’étude de la répartition des sexes n’était donc pas envisageable. La détermination de l’âge est établie en fonction de la dentition et de la soudure des points d’ossification secondaire. Tous les individus sont des adultes. Les individus immatures subissent‑ils un traitement différent ? Il est difficile de donner ici des conclusions, l’intégralité de la nécropole n’ayant pu être fouillée.
i.v., h.d.

3.2.1.2 Les pathologies

87Trois cas pathologiques ont été observés : l’individu de la sépulture 100 présente une pathologie sur ses deux os coxaux dans la région de l’acétabulum : les faciès lunata sont effacés, les acétabulum sont quasiment lisses, la partie supéro‑latérale montre une rainure en forme de haricot, d’une longueur d’environ 1 cm, et de 2 à 3 mm de profondeur ; cette rainure est plus marquée à gauche. L’individu de la sépulture 106 a un fémur droit pathologique : le col a été fracturé et la soudure ne s’est pas faite ; une pseudo‑arthrose s’étant constituée, l’os a un aspect irrégulier et désorganisé. L’individu de la sépulture 401 montre un épaississement du diploë dans la région des pariétaux : les tables externe et interne sont amincies, le diploë atteint une épaisseur d’1 cm. Il s’agirait de la maladie de Paget. Cette maladie peut engendrer une surdité et/ou une cécité et, dans des cas plus évolués, des troubles du comportement7.

3.2.2 Les données archéologiques

3.2.2.1 Organisation spatiale des enclos et des sépultures

88Les enclos quadrangulaires ont pratiquement tous les mêmes dimensions (de 4,72 m à 6 m de côté) (tabl. i) et. sont quasiment parallèles. Leurs fossés servaient, semble‑t‑il, à maintenir une palissade sans doute assez légère. Les sépultures s’organisent soit parallèlement (sépultures 100, 103, 104) soit en fonction de l’enclos. La distribution par petits groupes d’individus (un, trois ou quatre) diffère de celle du début du deuxième âge du Fer (Tène A ou début Tène B), où s’observe le regroupement des défunts dans un même monument, comme par exemple à la nécropole de Serbonnes/La Créole (cf chap. 2). Pour la nécropole de Villeperrot (Yonne), J.‑Y. Prampart (1977) introduit l’idée que ces petits enclos carrés représentaient des sortes de concessions familiales ; d’ailleurs, les sépultures 105 et 106, séparées au sein de l’enclos par une banquette de craie, sont peut‑être celles d’un couple. Des tombes jumelles de ce genre sont connues à Saint‑Benoît‑sur‑Seine (Aube) (Bienaimé 1989) (tombes nos 8 et 9). L’individu de la sépulture 401 se trouvait dans une tombe isolée, creusée sans soin et d’une longueur inférieure à celle du défunt. L’examen du squelette a révélé une maladie qui peut entraîner des troubles du comportement. Cette différence de traitement au moment de l’inhumation s’expliquerait‑elle de ce fait ?

Enclos

Inhumation

Incinération

Indéterminé

Dimensions (en m)

200

x

4,72x4,73

300

1

5,10 x 5,48

302

x

5,40x6,00

108

3

5,30 x 5,40

TABL. I – Caractéristiques des enclos quadrangulaires.

3.2.2.2 Traitement des corps

Les fosses (tabl. ii)

89La longueur des fosses varie de 2,38 m (sépulture 106) à 2,90 m (sépulture 107), pour une largeur allant de 0,84 m (sépulture 100) à 1,15 m (sépulture 106). Leur profondeur se situe aux environs de 0,70‑0,80 m sauf la sépulture 401 profonde de 0,26 m. Ces sépultures sont donc globalement de dimensions homogènes.

Orientation des corps (tabl. ii)

90L’orientation des corps dans la tombe ne semble pas une règle systématique puisqu’elles diffèrent au sein d’un même ensemble (enclos quadrangulaire 108 et structures 100, 103, 104).

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TABL. II – Dimensions et orientations des sépultures à inhumation.

Position des corps (i. v., h.d.)

91La position du corps dans la fosse est assez homogène : décubitus dorsal, membres supérieurs en extension (structures 100, 104, 107) ou un des coudes fléchi (structures 103 et 106), membres inférieurs en extension, (sauf pour la structure 401 où ils sont fléchis sur le côté droit du corps.
i.v., h.d.

Présence ou absence de cercueil

92Le mode d’inhumation (tabl. iii) est assez homogène : sur les sept sépultures étudiées, quatre ont donné des indices de décomposition en espace vide avec parfois présence d’un caisson (sépultures 100, 103, 104, 107). La sépulture 105 montrait également dans le remplissage le négatif d’un caisson. Pour les sépultures 105 et 107, l’analyse palynologique a par ailleurs mis en évidence la présence de micro‑débris végétaux qui confirmeraient l’existence d’un coffrage. Quant à la sépulture 106, les observations contradictoires ne permettent pas de conclure sur le type d’inhumation. Enfin la sépulture 401, dont nous avons déjà souligné certaines particularités, n’a livré aucun indice sur le mode d’ensevelissement.

Matériaux accompagnant le corps (tabl. iii)

93L’analyse palynologique a également permis d’émettre l’hypothèse de la présence d’un coussinet de paille sous la tête des défunts des sépultures 105 et 106 (tombes jumelles pouvant être celles d’un couple), voire même d’une litière supportant les corps (cf. chap. 5). D’autres matériaux ont été découverts sur les squelettes. C’est le cas des sépultures 104 et 106 : il s’agit sans doute pour la première de branchages consumés trouvés sur le thorax et le crâne et de terre cuite ou sorte de torchis sur le côté droit du crâne pour la seconde.

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TABL. III – Caractéristiques des sépultures en corrélation avec le mobilier. En gras : sépultures hors enclos ; en maigre : sépultures en enclos ; en italique : incinération ; x = présence.

Les incinérations

94Elles se trouvent toutes deux « en pleine terre » ; les os n’ont apparemment pas fait l’objet d’un tri et sont bien mélangés au remplissage. Leur contexte est toutefois différent : l’incinération 301 s’intègre bien dans le schéma d’organisation générale de la nécropole puisqu’elle se trouve dans une petite fosse, au centre d’un enclos quadrangulaire de mêmes dimensions que ceux construits pour les inhumations. La seconde incinération, installée dans la partie supérieure d’une tombe (sépulture 104), respecte la première sépulture. La « cohabitation » dans cette nécropole de ces deux types de rituels atteste la mutation au sein d’une même communauté, de l’inhumation à l’incinération, déjà constaté dans le Sénonais (Prampart 1977). A cette dernière incinération (104) est associé le rituel du bris d’objet : il s’agit du fourreau d’une épée ployé et cassé accompagné de quelques fragments de céramique.

Comblement des fosses

95La protection finale du corps et du caisson est assurée par le comblement assez constant dans sa composition. Après dépôt du corps dans son caisson, il peut y avoir calage de celui‑ci par de la craie extraite lors du creusement de la fosse (sépultures 103 et 105). Un pieu peut aussi participer à ce calage (sépulture 100). Viennent ensuite les blocs de grès ou de silex déposés probablement directement sur le caisson (sauf pour les sépultures 107 et 401) (tabl. iii), au niveau de la tête, du bassin, des fémurs et des pieds, formant parfois (sépulture 103) une couverture presque complète. Les troisième et quatrième étapes constituent le remplissage final : d’abord le remplissage crayeux, puis le limon brun central. Ces matériaux proviennent également des remblais issus du creusement de la fosse. L’organisation du remplissage indique un tri préalable des matériaux extraits.

3.2.2.3 Analyse du mobilier

96La parure constitue la quasi‑totalité du matériel métallique recueilli : 18 % des objets sont en bronze, le reste étant en fer (sans oublier toutefois un anneau de schiste). Toutes les tombes ont livré des objets de parure : leur disposition révèle qu’ils étaient portés au moment de l’inhumation ; il n’y a donc pas eu de dépôt proprement dit.

Fibules (l.b.)

97Les quatorze fibules découvertes sont en fer et représentent 59 % du mobilier mis au jour8.

98Fibules à pied libre
Elles forment l’essentiel du corpus, soit 84,6 % des individus. Quatre sous‑types s’observent en fonction de la construction du ressort, de la forme du pied et de sa terminaison, de la présence ou de l’absence d’un décor sur l’arc.

99Deux fibules à arc cintré, non décoré (sépultures 103 et 104) : ressort à deux fois deux spires et corde externe, pied terminé par une petite perle sont communes aux ensembles de l’extrême fin de La Tène B2 et du début de La Tène Cl en Champagne (Hatt, Roualet 1977) et dans le reste de l’Europe celtique.

100Deux fibules à arc renflé, non décoré (sépultures 103 et 104) : ressort à deux fois trois spires et corde externe ; pied terminé par une perle surmontée d’un « bec » ou d’un appendice de forme évasée. Le pied assez long repose sur le haut de l’arc. Ces fibules appartiennent aux derniers exemplaires du schéma La Tène ancienne. Les pieds se terminent le plus souvent par une perle ou une succession de perles de tailles différentes ; plus rarement, ils affectent une forme en trompette comme pour l’exemplaire de la sépulture 103. Ce dernier peut être comparé aux fibules de la sépulture 57 de Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989 : fig. 114) et de la tombe d’Aislingen découverte en contexte La Tène C1 (Souabe) (Kramer 1985 : taf. 96, no 8‑9). Ces fibules se distinguent toutefois de l’exemplaire de Michery par un arc filiforme et non pas renflé.

101Trois fibules à arc en « archet de violon », non décoré : ressort à deux fois deux spires et corde externe ; pied terminé par une perle et un appendice plus ou moins évasé (sépulture 107, 2 ex.) ou par quatre perles de tailles différentes (incinération 301). Elles sont caractéristiques de l’extrême fin de la phase La Tène B2 et des premières décennies de La Tène C (première moitié du iiie s. av. J.‑C.). On les trouve dans le Bassin parisien à Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions, sépulture 39 (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1970 : fig. 44), à Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière, sépulture 10 (Aube) (Bienaimé 1989 : fig. 72), à Rungis (Val‑de‑Marne) (Kruta, Rapin 1987 : fig. 9), à Epiais‑Rhus/Les Ternes Noires, sépulture 397 (?) (Val d’Oise) (Lardy et al. 1987 : fig. 1‑1.), à Aure/Les Rouliers, sépulture 25 (Ardennes) (Rosoy 1987 : pl. 87), etc. La plupart de ces fibules possèdent, contrairement aux exemplaires de Michery, un ressort à deux fois trois spires ou plus rarement à deux fois quatre spires. Elles font partie des dernières fibules du schéma La Tène ancienne, contemporaines de la diffusion des premiers types à pied fixé sur l’arc (Hodson 1968 ; Waldahauser 1978 ; Kruta 1979 ; Kramer 1985, etc.).

102Une fibule à arc bouleté (trois nodules), en « archet de violon » : ressort à deux fois deux spires et corde externe ; pied terminé par une perle surmontée d’un appendice évasé (sépulture 105). Elle ne se différencie de la variante précédente que par le décor de son arc. Un exemplaire identique en fer à arc décoré de trois nodosités provient de la sépulture 3 de la nécropole de Puisieulx (Marne) (Ertlé 1957 : fig. 49). Un autre comparable a été découvert en contexte La Tène B2 clans la sépulture 9 de la petite nécropole de Nébringen (Autriche) (Kramer 1964 : taf. 9).

Fibules à pied attaché sur l’arc

103Les deux exemplaires de ce type appartiennent à deux variantes différentes.

104Fibule à pied terminé par un ressort à deux fois deux spires et corde externe : le pied se termine par une perle surmontée d’un ressort à deux fois trois spires ( ?) dont l’extrémité s’enroule autour de l’arc (sépulture féminine 100). Ce type à faux ressort apparaît à La Tène A dans la Marne, à Etréchy, à Mairy, etc. (Bretz‑Mahler 1959). On ne connaît qu’un seul exemplaire à pied fixé sur l’arc de La Tène C dans le Bassin parisien, à Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures, sépulture 12 (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979 : fig. 6, no 1). Il possède un pied décoré de plusieurs ressorts. En revanche, ce type est relativement fréquent dans les nécropoles d’Europe centrale et orientale (Peschel 1972).

105Une fibule à arc tendu, non décoré : ressort à deux fois deux spires et corde externe ; pied décoré d’une perle assez volumineuse cantonnée de deux plus petites ; pied fixé au sommet de l’arc à l’aide d’une bague (?) ; porte‑ardillon presque aussi long que l’arc (sépulture 106). Elle appartient au type La Tène II ; remarquable par sa longueur. On connaît d’autres cas de fibules aussi longues voire même plus longues à Epiais‑Rhus/Les Terres Noires, sépulture 438 (Val‑d’Oise) (Lardy et al. 1987 : fig. 2‑4), à Bromeilles/Mainville, sépulture 35 (Loiret) (Willaume et al. 1977 : pl. XII, no 1) et à Fère‑Champenoise/Faubourg de Connantre, sépulture 58 (Marne) (Brisson et al. 1970 : pl. VIII). On en trouve également dans les sépultures 19 de Steinbichel, de Lenting (Haute‑Bavière) (Kramer 1985 : taf. 10, no 3‑4, taf. 50, no 5) ou 1‑2 d’Ecublens/Renges (Suisse) (Kaenel 1990 : pl. 13). Toutes ces fibules datent de La Tène C1.

106L’ensemble des fibules de Michery appartiennent à une seule phase chronologique qui se situe à la charnière entre La Tène B2 et La Tène C1, soit aux alentours de 280‑250 av. J.‑C.
l.b.

Fourreau d’épée (incinération 301) (n.g.)

107Ce type de décor (paire de griffons affrontés) apparaît pour la première fois sur des fourreaux à large bouterolle ajourée (Petres Szabo 1986 ; Charpy 1987). Ces armes caractérisent la phase qui précède immédiatement l’arrivée de nouvelles panoplies à umbo bivalve et chaînes. La caractéristique morphologique commune à la plupart de ces motifs est la forme légèrement dépliée et oblique de la patte. Le cas du fourreau de Michery montre de ce point de vue des caractères très nets d’évolution, comme la patte très horizontale, le pied le long de la gouttière latérale et la fermeture du motif vers l’avant par l’angle du « genou » (fig. 52).

108Les exemplaires comparatifs ont été sélectionnés selon trois critères : la proximité géographique, les affinités morphologiques et les affinités stylistiques. L’exemplaire le plus proche trouvé en contexte est celui de la sépulture WD1 de Villeperrot (Yonne) (Prampart 1979 ; Bulard 1979 : 44, fig. 3/3 et 7/3) associé à trois anneaux creux de suspension. L’autre fourreau orné du type 1 trouvé dans la sépulture WC2 ne comportait pas d’autre matériel. Ce cimetière ne dépasse pas en chronologie le premier quart du iiie s. (Bulard 1979). L’usage des anneaux creux s’arrête ou est contemporain de l’apparition des premières chaînes de suspension (Roualet et al. 1982 : 37). Les bouterolles y sont relativement courtes, peu ajourées et à extrémité rhomboïdale. Ainsi, l’ensemble de Villeperrot paraît, avec quelques caractéristiques telles que la longueur du pontet, la morphologie de la nervure médiane et des gouttières, appartenir à un horizon relativement antérieur à celui de Michery.

109Le fourreau trouvé dans la Saône à Lux9 (Saône‑et‑Loire) (Art celtique 1983 : 178, no 217) (fig. 52, no 4), malgré les différences de morphologie du pontet, est pourvu de fines gouttières latérale et médiane. Son décor de griffon présente des analogies frappantes avec celui de Michery : même courbure interne du bec, même tracé des courbes légèrement anguleuses. En revanche la bouterolle de ce fourreau comporte un ajour dont les caractéristiques paraissent actuellement plus fréquentes en Europe centrale.

110L’exemplaire de Winterthur près de Zurich (De Navarro 1972 : vol. I, pl. CXXVH) a l’avantage d’être associé à un umbo bivalve, une chaîne à longs brins torsadés, caractéristique de la phase B2, c’est‑à‑dire du tout début du iiie s., ainsi qu’une fibule, fossile directeur de cette même phase.

111Le fourreau de Bevaix (Neuchâtel) (De Navarro 1972 : vol. II, pl. CXHI) (fig. 52, no 5) présente le même aspect massif du décor ainsi que le décrochement au niveau du bec. Le vide intérieur dégagé présente des contours similaires. Un grènetis le remplit à la manière de certains décors de lyre.

112L’ancienneté de ce motif de griffons est attestée par sa présence sur le fourreau de la tombe 138 de Münsingen (fig. 52, no 3) associé à des fibules de la fin de l’horizon Dux‑Münsingen (De Navarro 1972 : vol. II, pl. CXXI et CXXII).

113Plus à l’est encore, en basse Autriche, à Wieselburg (De Navarro 1972 : vol. I, pl. CXXVH), existe un fourreau présentant une morphologie très proche : minces gouttières et nervure, pontet également souligné d’un petit cadre rectangulaire. Les pattes de fixation sont ovalaires et de dimensions modestes ; la bouterolle d’allure rhomboïdale, peu ajourée, évoque fortement celle des deux tombes de Villeperrot. Le tracé du décor est très proche : le style anguleux a disparu au profit d’une courbe très tendue, mais le vide interne engendré par la symétrie des griffons est de même nature ; seule la présence discrète d’une petite oreille distingue les deux.

114Enfin, on ne saurait abandonner le chapitre des comparaisons sans évoquer le répertoire issu des nécropoles d’Europe centrale, en particulier celui de Kosd près de Budapest (Hongrie) et Dubnick en Slovaquie. Le fourreau de la tombe 60 de Kosd (Szabo 1989 : 122)10 (fig. 52, no 2) se rapproche surtout de celui de Michery, non par le style proprement dit, mais par le parti ornemental de remplissage. L’espace intérieur est occupé, mais également l’entrée, par des triscèles senestrogyres, dextrogyres et des rinceaux. La morphologie de l’épée le situerait dans une phase légèrement antérieure à celui de Michery. Les décors de ceux des tombes 16 et 30 de Dubnick (Bujna 1989 : 329, pl. XXXII et 310, pl. XIII), outre le même aspect massif, présentent une patte horizontale, un appendice avant, identique à celui des griffons de Michery.

115Malgré son absence de contexte très significatif, l’analyse du fourreau incomplet de Michery permet de le situer dans une fourchette chronologique assez étroite entre la fin de La Tène B2 et le début de La Tène C1, soit dans le second tiers du iiie s. av. J.‑C. L’analyse stylistique ainsique celle des ensembles mobiliers sont parfaitement compatibles avec les quelques éléments significatifs de sa morphologie, les gouttières et le pontet.
n. g.

Autres mobiliers

Le torque de la sépulture 103

116Du type à motif ternaire. Un exemplaire analogue, mais décoré de motif de rinceaux, sur la tige provient de Neuville‑sur‑Vanne (Aube) (Bienaimé 1989 : 41, fig. 31 ; Babelon, Blanchet 1895) ou bien encore de Mourant (Seine‑et‑Marne) (Art celtique 1983). Ce type de torque se rencontre essentiellement en Champagne et en Sénonais à la première moitié du iiie s. av. J.‑C.

117Le bracelet en bronze, à trois renflements, se rencontre notamment à Gourgançon (Marne) où il est daté de La Tène le (début de La Tène C1) (Bretz‑Malher 1971 : 183, no 3).

Anneaux creux en bronze

118Ils appartiennent à des chaînes de ceinture et sont d’un type connu et répandu. Proche de la commune de Michery, la nécropole de Villeperrot (Yonne) montre un exemplaire comparable (Prampart 1979). Il en est de même à Normée‑la‑Tempête (Marne) (Brisson, Hatt 1969) mais également à Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989) (sépultures 18, 4.3, 55).

Céramique

119Quelques fragments ont été découverts dans la sépulture à incinération 104 qui a succédé à une inhumation. Il ne s’agit pas semble‑t‑il d’un véritable dépôt rituel que la région sénone ne reconnaît pas jusqu’à présent. Les tessons appartenaient à deux vases : une jatte à ombilic et un vase de type à col haut. La première céramique est connue à la nécropole de Breuil‑le‑Sec (Oise) (S 351 V 528) où elle est datée de La Tène C2 (Degenne, Duval 1983). Quant à la seconde, la nécropole de Breuil‑le‑Sec en montre un exemplaire similaire (Lardy 1983). A Montépreux/Le Cul de Sac (Marne) ce type de céramique se rencontre du iiie au iie s. av. J.‑C. soit La Tène CI et C2.

3.2.2.4 Mobilier et datation de la nécropole

120L’étude et l’analyse de tous les éléments du mobilier archéologique recueillis dans les tombes donnent une fourchette chronologique courte et homogène pour chaque sépulture, soit La Tène B2 ou début de La Tène C1 (325‑280 av. J.‑C.). Notons toutefois que l’enfouissement du fourreau, bien que son type appartienne à la même période, est postérieur à l’ensemble puisque situé dans la partie supérieure de la sépulture 104. Trouvé ployé et cassé dans une incinération, il est accompagné d’une céramique plus tardive (La Tène C1 et C2 280‑160 av. J.‑C.). D’après Luc Baray (1991) il est associé à un rituel légèrement postérieur (La Tène C1) et s’intègrerait ainsi plus au contexte général rencontré dans le Sénonais.

Notes de bas de page

1 Renseignements V. Krier.

2 La partie nord a fait l’objet d’une fouille de sauvetage urgent en juillet 1989 ; la partie sud a été fouillée en avril 1990. Outre les auteurs participant à cette publication, sont intervenus : Y. Amrane, J.‑P. Bouvet, N. Tikonoff, J Regel, J.‑L. Rieu, et J.‑M. Séguier.

3 Ces structures, complètement arasées (0,10 m de profondeur) n’ont livré aucun matériel. Si certaines semblent avoir été creusées volontairement, rien ne permet de déterminer leur fonction. Les mêmes phénomènes d’érosion ont été observés sur des sites comparables et conservés dans un contexte géologique similaire : Palis/Le Buisson Gendre (Aube) et Estissac/La Côte d’Ervaux (Aube) (Deffressigne, Tikonoff 1991 ; Deffressigne, Dumont à paraître) Sur ces sites seuls quelques ossements humains ont permis d’identifier à des tombes certaines cuvettes à peine conservées dans le substratum crayeux.

4 D’après V. Krier.

5 Cf. note 3.

6 Mêlés à ce calage, trois tessons protohistoriques.

7 Renseignements obtenus auprès de G. Deffressigne, docteur en médecine.

8 Quatre fibules, en trop mauvais état, ne sont pas ici prises en compte pour établir les comparaisons.

9 Musée Denon à Chalon‑sur‑Saône no 81‑6‑5.

10 Relevé inédit du décor amicalement transmis par A. Rapin.

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