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Chapitre 2. La nécropole de Serbonnes/ La Créole : les enclos E4 et E5 (fouilles de 1989)
2 Die Nekropole von Serbonnes/ La Creole : die Einfriedungen E4 und ES (Ausgrabungen von 1989)
2 The necropolis at Serbonnes/ La Créole: the enclosures E4 and E5 (1989 excavations)
p. 15‑56
Résumés
Importante nécropole du Sénonais composée d’une vingtaine d’enclos répartis sur environ 2 ha. Deux campagnes de fouille (1959‑1960) ont précédé le sauvetage A5 qui portait sur deux enclos rectangulaires. L’enclos E4 comprenait une vingtaine d’inhumations dont 16 contenaient des restes de squelettes. Il s’agit de sépultures primaires, avec un cas de réduction. Etudes archéologique et anthropologique mettent en évidence deux pratiques : inhumation en espace vide (des coffres de bois dans 6 cas) ou en espace colmaté (en pleine terre dans 5 cas), au sein de fosses quadrangulaires parallèles aux côtés de l’enclos. Dans 14 cas il s’agit sûrement d’adultes : l’enclos leur était‑il réservé ? S’agit‑il d’un groupement correspondant à une strate sociale ?
La parure représente plus du tiers du mobilier : parure annulaire, perle, défenses de Suidés. Une boucle de ceinture en fer, un anneau de terre cuite et de nombreuses fibules (en bronze, bronze et fer et fer) constituent l’ensemble des accessoires vestimentaires ; l’armement est aussi présent : épée et fourreaux, anneaux de suspension en bronze et fers de lance. L’étude comparative de ce mobilier et celle des pratiques funéraires permettent de reconnaître 4 phases chronologiques réparties entre le ve s. et le 1er quart du iiie s. av. J. C., avec une occupation intensive à La Tène B2 à mettre en corrélation avec les grands bouleversements de la première moitié du iiie s.
A large necropolis in the Senonais composed of some twenty enclosures spread over an area of 2 ha. The rescue dig for the A5, which concentrated on two rectangular enclosures, was preceded by two seasons of excavations during 1959 and 1960. The enclosure E4 included a score of burials, 16 of which contained skeletal remains. These were primary inhumations, with one example of a reduction. Archaeological and anthropological studies show two practices: inhumation within an empty space (timber coffers in six cases) or within a filled space (a simple grave in five cases), in the middle of quadrangular pits parallel with the sides of the enclosure. Fourteen of the Individuals were certainly adults: was this enclosure reserved for them ? And does this represent a group from a distinct social strata? Items of costume account for over a third of the small finds: rings, beads, wild‑boar’s tusks. An iron beltbuckle, a fired clay ring and numerous brooches (iron, bronze and iron‑bronze composite) constitute the body of clothing accessories. Weapons are also present: sword and scabbard, bronze suspension rings and spearheads. A comparative study of these finds and of the funeral practices allow us to recognise 4 chronological phases between the 5th and the first quarter of the 3rd centuries B.C., with an intense occupation during the La Tène B2 which correlates with the great upheavals of the first half of the 3rd century B.C.
Diese bedeutende Nekropole des senonischen Gebiets, bestehend aus etwa zwanzig Einfriedungen, erstreckt sich über ca. 2 Hektar. Der Rettungsausgrabung an zwei rechteckigen Einfriedungen gingen zwei Ausgrabungs‑kampagnen (1959‑60) voraus. Die Einfriedung E4 bestand aus etwa zwanzig Gräbern mit Skelettresten. Es handelt sich um Primärgräber, wobei in einem Fall eine Knochenzusammenlegung festzustellen war. Archäologische und anthropologische Studien fördern zwei Praktiken zu Tage : Bestattung in einem Hohlraum (Holztruhen in 6 Fällen) oder in einem angefüllten Raum (Erdfüllung in 5 Fällen), und zwar innerhalb von parallel zu den Einfriedungsgrenzen angeordneten viereckigen Gruben. In 14 Fällen handelt es sich mit Sicherheit um Erwachsene : war ihnen die Einfriedung Vorbehalten ? Wurde die Zuordnung nach der Zugehörigkeit zu einer sozialen Schicht vorgenommen ? Der Grabschmuck macht mehr als ein Drittel des Mobiliars aus: Ringe, Perlen, Schweineeckzähne. Eine eiserne Gürtelschnalle, ein Terrakotta‑Ring und zahlreiche Fibeln (aus Bronze, Bronze und Eisen oder Eisen) bilden das Kleidungszubehör; Waffen sind ebenfalls vertreten : Schwert und Scheide, bronzene Aufhängeringe und Speerspitzen. Anhand einer vergleichenden Studie des Mobiliars und der Bestattungspraktiken kann man den Zeitraum zwischen dem 5. Jh. v. Chr. und dem ersten Viertel des 3. Jh. v. Chr. in vier Phasen einteilen, wobei die La Tène B2 eine besonders starke Ansiedlung aufweist, die mit den grossen Umbrüchen der ersten Hälfte des 3. Jh. in Bezug zu setzen ist.
Texte intégral
2.1 Introduction
2.1.1 Situation géographique et géologique
1La nécropole est située au nord du village de Serbonnes (Yonne) au lieu‑dit La Créole, sur la rive droite de l’Yonne, occupant le flanc sud des premières pentes du plateau sénonais (fig. 2 et 3)1 (notes en fin de chapitre). Elle est implantée sur la craie à silex du Campanien supérieur ; on rencontre deux types de craie, l’une blanche à silex gris‑blond et l’autre blanc‑grisâtre, tendre et un peu grenue avec des lits de silex gris‑blond. La plupart des fosses ont été creusées jusqu’au niveau de la craie tendre.
2.1.2 Historique des découvertes
2La nécropole a été découverte à l’occasion de prospections aériennes effectuées en 1955, par P. Parruzot. Deux campagnes de fouilles ont été menées à bien sous la direction de l’inventeur du site, aidé de J.‑Y. Prampart, A. Fossard et G. Hémard en 1959 et I960.
3Deux enclos circulaires et un enclos carré ont été fouillés ainsi que trente sépultures à inhumation, implantées dans l’aire interne des trois enclos et dans la zone intermédiaire entre les enclos El et E2 (fig. 3)2.
4Toutes ces sépultures datent de La Tène B2 et de La Tène Cl à l’exception des restes d’une sépulture à incinération du Bronze final IIIb, bouleversée par les tombes postérieures.
5Dans le cadre du sauvetage « autoroute A5 », les sondages systématiques (51 200 m2) ouverts sur l’ensemble de la parcelle ont mis en évidence deux enclos rectangulaires E4 et E5 (fig. 3), un système de retranchement monumental au sud‑est, et à l’ouest un tronçon de fossé rectiligne3
2.1.3 Le site
6Par son étendue et le nombre de ses structures monumentales, la nécropole de La Créole fait partie des sites importants du Sénonais. Les structures fouillées en 1959, 1960 et 1989 ne représentent qu’une toute petite partie d’un ensemble funéraire beaucoup plus vaste. Les clichés aériens pris par P. Parruzot permettent de se rendre compte de l’étendue minimale de la nécropole qui occupe en fait une surface de 2 ha au nord du chemin vicinal. Une quinzaine d’enclos quadrangulaires et circulaires sont visibles sur les clichés, en plus des cinq déjà fouillés. De nombreuses taches sombres, qui pourraient correspondre à des tombes, se distinguent entre ces enclos et, plus rarement, à l’intérieur de leurs périmètres.
7Les témoins les plus anciens découverts par P. Parruzot font remonter sa fondation au Bronze final IIIb (restes bouleversés d’une incinération ?) ; les plus récents datent son abandon de La Tène C. Les phases intermédiaires attestées pour l’heure appartiennent au Hallstatt D, à La Tène B1, B2 et C. Aucune organisation spatiale cohérente ne semble se dessiner à la seule consultation des photographies aériennes.
2.2 La nécropole
2.2.1 Les enclos funéraires
2.2.1.1 L’enclos E4
Caractéristiques
8Enclos continu de forme quadrangulaire, aux sommets arrondis (fig. 4) : long. 14 m ; larg. 9,15 m ; larg. du fossé 0,65 à 1,45 m ; profondeur 0,36 à 0,70 m (sous environ 0,30 m de terre arable) ; profil en V bien marqué ou en cuvette évasée (fig. 4).
Remplissage et comblement
9– Couches supérieures : limons brun foncé avec inclusions de craie et de silex ;
– Couches inférieures : limons beiges, très riches en craie ou éboulis de craie (fig. 4).
Ce remplissage est habituel dans ce type de structure (Mordant 1983 ; Villes 1974 ; Baray 1989).
– Trois phases de comblement
Une première couche de craie issue de l’érosion des parois mise en place peu de temps après l’ouverture du fossé.
Des couches de limon beige, riche en nodules de craie qui correspondent au profil d’équilibre.
Comblement final par une terre brun foncé ; la présence de quelques tessons de céramique médiévale, épars dans le remplissage de cette couche, pourrait correspondre à la période de comblement volontaire du fossé (labour et nivellement du champ ?).
L’étude stratigraphique du fossé ne révèle aucun indice en faveur de la présence d’une butte tumulaire (remplissage avec pendage préférentiel venant de l’intérieur de l’enclos, par exemple). Le type de remplissage reconnu est plutôt caractéristique d’un comblement naturel (fig. 5). Celui‑ci résulte de l’interaction continue entre la déclivité de la pente et les différents phénomènes d’érosion contemporains du comblement du fossé : sur le diagramme 2 (long côté nord), la couche 1 disparaît tandis que la couche 2 augmente proportionnellement. Il s’agit d’un phénomène d’accumulation inverse suivant le sens de la pente. Successivement, chaque couche vient combler le fossé en rétablissant toujours une horizontale par rapport au dénivelé de la pente. Sur le diagramme 1 (long côté sud), c’est la couche 2 qui diminue progressivement dans le sens de la pente. La couche 3 augmente au contraire pour atteindre sa plus grande épaisseur au point le plus bas du côté. Le fossé présente au niveau de la coupe 1 du diagramme 1 un profil évasé qui s’explique par une accumulation moins importante de la couche 3. Au niveau de la coupe (fig. 4, E‑E’), le fossé possède un profil en V bien protégé de l’érosion par une accumulation importante et rapide des matériaux de la couche 3. Sur tous les relevés de coupes, on observe les corrélations suivantes : fond en V/zone de forte déclivité ayant subi un important et rapide phénomène d’accumulation de la couche 3 ; fond en cuvette/zone de faible déclivité ayant subi une forte érosion du profil général du fossé. Sur les diagrammes 3 et 4 (petits côtés est et ouest), les phénomènes d’accumulation ou de diminution sont moins facilement perceptibles.
Comparaisons et datation
10L’enclos de La Créole appartient au groupe 2 de la classification des enclos quadrangulaires du Sénonais (Baray 1989). Ses caractéristiques métriques s’inscrivent dans les limites des enclos du groupe 2. D’un point de vue chronologique, ils couvrent l’ensemble de la période du Hallstatt D3. La découverte, parmi les sépultures de l’enclos E4, d’un enfant paré d’une fibule en bronze de cette dernière période, confirme cette datation. Un nouveau classement typologique plus fin de ces structures permet de ranger l’enclos E4 dans le type A1 à fossé continu (cf. § 6.1.2). Des enclos quadrangulaires comparables à celui de La Créole ont été fouillés sur plusieurs sites du Sénonais : à Villeneuve‑la‑Guyard/Les Falaises (Yonne) (Prampart, Prestreau 1989), Sergines/Gringalet (Yonne) (Parruzot, Delinon 1979), Pont‑sur‑Yonne/Bas des Renardières (Yonne) (Prampart 1981), Vilieperrot/Le Haut des Longues (Yonne) (Prampart 1979), Gravon/Le Chemin de l’Écluse (Seine‑et‑Marne) (Scherer et al. 1972), Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979), Courtavant/ Les Grèves de Courtavant (Aube) (Piette 1979). A l’inverse de l’enclos E4, la répartition des sépultures en couronne, à la périphérie de l’aire interne de la plupart de ces structures, évoque l’existence de tumulus aujourd’hui arasés.
2.2.1.2 L’enclos E5
Caractéristiques
11Rectangulaire, de 9,75 m de long et 4,25 m de large ; un fossé interne le partage en deux parties inégales. La fouille des deux raccordements (fig. 6, nos 1 et 2) met en évidence deux états. Dans un premier temps, l’enclos est composé de la partie sud‑ouest, la plus importante, puis le monument est agrandi par l’ajout de la partie nord‑est. Le fossé du petit côté nord‑est du premier enclos est maintenu afin de cloisonner l’ensemble.
12Fossés : profondeur 0,10 à 0,19 m ; larg. 0,35 à 0,44 m ; profil en U évasé ; remplissage de limon homogène brun foncé, riche en gravillons (fig. 6, coupes AA’ à GG’).
Comparaisons et datation
13Des enclos accolés de ce type sont connus en Champagne et dans les Ardennes, à Bouy/La Voie de Vadenay (Marne) (Flouest, Stead 1977 : fig. 13), à Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1981 : fig. 6) et à Ville‑sur‑Retourne/Budant à la Route des Pauvres (Ardennes) (Flouest, Stead 1981). Dans cette dernière nécropole, ils sont associés à des tombes à incinération de La Tène D1. Dans le Sénonais, à Châtenay‑sur‑Seine/Les Pâtures (Seine‑et‑Marne) (Mordant, Mordant 1979), la juxtaposition de plusieurs petits enclos carrés forme une sorte de chapelet, orienté selon un axe nord‑sud. Ils sont associés à des incinérations de La Tène C1 et C2. A Fontaine‑la‑Gaillarde/La Grande Chaume (Yonne) (Sarrazin 1989b), l’enclos D vient se greffer sur un côté de l’enclos E et former une structure comparable à celle de La Créole. Deux incinérations de La Tène C2 ont été découvertes au centre de l’enclos E.
2.2.2 Les fossés F1 et F2
14fig. 3
Fossé F1
15A l’ouest des enclos funéraires, un tronçon de fossé plus ou moins rectiligne, au remplissage stérile de limon brun foncé, a été dégagé sur 17 m de long ; larg. 0,80 m, profondeur 0,15 m (sous environ 0,30 m de décapage).
Le système de fossés F2
16Il est constitué de plusieurs fosses de grande taille et d’un fossé rectiligne. La seule fosse entièrement décapée mesure 22 m de long et 3 m de largeur maximum. La profondeur des trois fosses varie de 0,20 à 0,30 m sous le niveau de décapage. Le fossé de 1 m de large n’apparaît que par endroits, le long des fosses. Le remplissage des fosses et du fossé est composé de limon brun homogène. Ces structures appartiennent à un vaste ensemble linéaire, bien visible sur les clichés aériens, qui traverse toute la zone selon un axe nord‑est/sud‑ouest. Les fosses et le fossé n’ont livré aucun mobilier permettant de les dater. Ce système fosses‑fossé peut néanmoins être comparé aux structures de retranchement du Néolithique moyen attestées dans plusieurs régions du Bassin parisien (Dubouloz et al. 1991). Le système de Serbonnes/La Créole diffère cependant des autres exemples connus par son implantation en rupture de pente.
2.2.3 Les sépultures de l’enclos E4
Présentation
17L’aire interne de l’enclos E4 (fig. 4) renfermait une vingtaine de fosses à inhumation dont seize contenaient encore tout ou partie d’un squelette en place. A 5 m au sud de l’enclos, trois petites fosses ont été dégagées (fig. 3) ; leurs caractéristiques les apparentent à des inhumations de très jeunes enfants (sépultures 25, 26 et 27). Aucune sépulture à incinération n’a été mise au jour.
Étude anthropologique (i.v., h.d.)
18Toutes les sépultures sont primaires : le corps dans sa totalité et en parfaite connexion a été déposé dans le lieu funéraire définitif et aucune manipulation humaine n’est intervenue après le dépôt du corps. L’état de conservation des restes osseux est dans l’ensemble mauvais : il arrive souvent qu’un individu se résume à quelques fragments de diaphyse. Toutefois pour la plupart des sépultures, des observations anthropologiques ont pu être faites.
La détermination du sexe est définie par la morphologie des os coxaux celle de l’âge, en fonction de la dentition et de la soudure des points d’ossification secondaire. Un individu est considéré comme adulte lorsque tous les os de son squelette sont soudés et lorsque sa denture est complète (il peut être fait exception des M3). Aucune tranche d’âge n’est donnée pour les adultes, les modes de détermination de l’âge des adultes n’étant pas satisfaisants.
i.v., h.d.
2.2.3.1 Sépulture 14
Fosse (fig. 7)
19Les extrémités de la fosse affectent une forme arrondie au niveau de la tête de l’inhumé et anguleuse à ses pieds. Long. 2,45 m ; larg. à la tête 0,81 m, 0,71 m aux pieds ; profondeur moyenne de 0,40 m (sous 0,30 m de décapage), parois verticales. Le crâne apparaissant par sa face latérale gauche est écrasé sous le poids d’un bloc de grès volumineux. Un second bloc pesant plusieurs dizaines de kilogrammes est posé à l’emplacement du bassin de l’inhumé tandis que de nombreux grès et silex remplissent la partie supérieure de la fosse.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 8)
20Orientation : tête à 58°.
Individu adulte de sexe indéterminé (os coxaux non conservés).
L’état de conservation des os est très mauvais.
Le corps est en décubitus dorsal. Le crâne et la mandibule se présentent par leur face latérale gauche (légèrement antérieure), les membres supérieurs sont en extension. Les clavicules droite et gauche apparaissent par leur face antérieure elles sont obliques par rapport à l’axe cranio‑distal du corps. La scapula gauche se présente par sa face antérieure légèrement latérale. Les humérus droit et gauche apparaissent par leur face antérieure, légèrement latérale. Les membres inférieurs sont en extension ils présentent leur face antérieure. La composante latérale de la scapula gauche et des humérus droit et gauche ne semble pas être le témoin d’un effet de paroi car il n’y a pas de compression transversale du corps ; elle serait plutôt due au tassement du corps dans la terre ameublie par le creusement de la fosse.
i.v., h.d.
Mobilier
21– Epée et fourreau en fer5 (fig. 9)
Situation : le long du côté droit de l’inhumé, la soie à hauteur du coude.
Caractéristiques : la lame n’a pu être détachée du fourreau mais elle semble de section biconvexe, sans nervure centrale saillante. La soie de la poignée, de section rectangulaire, est brisée (longueur actuelle 35 mm). Dimensions de l’épée : long, maximum 655 mm ; larg. maximum 35 mm ; ép. 1 à 2 mm ; du fourreau : long. 620 mm ; larg. entrée 45 mm, larg. extrémité 10 mm.
22Les plaques avers et revers du fourreau sont bien conservées dans leur partie centrale mais les extrémités ont beaucoup souffert de la corrosion, ce qui empêche de remonter la bouterolle (fig. 9, no 1) au reste du fourreau. La corrosion importante de la lame a provoqué l’éclatement du fourreau mais la partie supérieure de celui‑ci, bien qu’ayant subi une forte corrosion, est intacte. L’entrée est du type campaniforme A2 de De Navarro (De Navarro 1972 : vol. I, 23, fig. 3, no 4). La plaque avers possède deux gouttières latérales qui, par rabattement, viennent se fixer sur la plaque revers. Le pontet a disparu. Il ne subsiste plus que les empreintes de ses attaches à 7 mm du bord supérieur de la plaque revers. D’après ces dernières, il devait mesurer 57 mm de longueur totale et 22 mm de large pour les attaches. Le passant mesure 10 mm de large et 9 mm de long. Il est du type Ic de De Navarro (De Navarro 1972 : vol. I, fig. 8, no 3). Seules quelques bribes de décor curviligne ont été repérées à la radiographie. Il pourrait s’agir du décor des « dragons affrontés », déjà bien représenté dans la région et sur un fourreau provenant du même site6.
23La bouterolle fragmentée est de forme allongée à deux renflements latéraux et ajour peu marqué : elle appartient au type évolué des bouterolles du type de Kosd (type C) dont l’allongement constitue un excellent critère chronologique, caractéristique de la phase La Tène B2 (Petres, Szabo 1986).
24Sur la plaque revers du fourreau, dans sa partie inférieure, il existe une barrette transversale bien conservée. Mais il manque, du côté de la plaque avers, le système de fixation de cet élément qui se fait habituellement à l’aide de deux rivets.
25– Pointe de lance en fer (fig. 10, no 2)
Situation : à hauteur de l’épaule droite de l’inhumé.
Caractéristiques : empennage en « feuille de saule » avec nervure centrale peu marquée ; un rivet encore en place, à environ 9 mm de la base de la douille. Dimensions : long, totale 191 mm ; long, empennage 135 mm, larg. 26 mm ; long, douille 54 mm, diam. 17 mm.
26– Anneaux de suspension en bronze (fig. 10, nos 3, 4, 5)
Situation : au contact avec le haut du fourreau. Leur position indique que le système de suspension avait été décroché de la ceinture du défunt et enroulé autour de l’épée.
Caractéristiques : jonc massif de section plano‑convexe ; trace d’un lien (en cuir?) visible sur chacun. Dimensions : diam. 31‑32 mm ; ép. 5‑6 mm.
27– Fibule en fer (fig. 10, no 6)
Situation : sur le coude droit.
Caractéristiques : objet incomplet, fragment du pied avec porte‑ardillon et arc coudé de section ronde. Dimensions : diam. arc 6 mm.
28– Bracelet fermé en bronze (fig. 10, no 7)
Situation : porté au bras gauche.
Caractéristiques : Jonc massif, non décoré, de section ronde ; petite tige de bronze circulaire de 2 mm de diamètre fixée au jonc. Dimensions : diam. ext. 83 mm ; diam. jonc 7 mm.
2.2.3.2 Sépulture 2
Fosse (fig. 11)
29Rectangulaire aux extrémités arrondies. Long. 2,42 m ; larg. 0,80 à 1,10 m ; profondeur 0,10 à 0,32 m.
Remplissage
30Pourtour interne de la fosse, limon blanchâtre riche en inclusions de craie ; partie centrale, limon brun riche en graviers ; comblement final, limon brun foncé. Le bras gauche de l’inhumé est posé sur une rangée de rognons de silex. Des blocs de grès et des rognons de silex reposent sur le crâne, les tibias et le bassin.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 8)
31Orientation : tête à 157°.
Individu adulte de sexe féminin.
L’état de conservation des os est assez mauvais, surtout pour la partie supérieure.
Le sujet est en décubitus dorsal. Le crâne apparaît par sa face endocrânienne : sa position initiale semble avoir été la face antérieure ; le torque n’étant pas engagé sous le crâne a peut‑être glissé, ou bien a‑t‑il été posé intentionnellement sur la poitrine ? Le coude gauche est légèrement fléchi, l’humérus et l’ulna apparaissent par leur face antéro‑latérale : ils portent tout deux un bracelet. Une phalange proximale gauche (peut‑être de l’index ?) porte une bague. La position et la face d’apparition de cette phalange nous permet de connaître la position de la main gauche. En effet, la phalange apparaît par sa face dorsoproximale ; située sur le bord médial de l’extrémité proximale du fémur gauche, on peut supposer que la main gauche reposait face dorsale sur l’extrémité proximale du fémur gauche. La clavicule gauche présentant sa face supérieure est presque parallèle à l’axe cranio‑distal du corps, ce qui traduit une compression transversale dans cette région. Les os coxaux ne sont pas disjoints et les fémurs n’ont pas subi une rotation latérale. Les membres inférieurs sont en extension. Les connexions entre fémurs et tibias ne sont plus strictes : les os de la jambe ont bougé secondairement et ne sont plus dans l’alignement du corps. Des indices de compression transversale ont donc été relevés dans deux régions : celle de la ceinture scapulaire gauche (cf. position de la clavicule) et celle des os coxaux : ces derniers sont restés joints, et les fémurs n’ont pas tourné latéralement ; cette compression n’est pas due à un surcreusement de la fosse car le fond de la fosse est plat.
32i.v., h.d.
Mobilier
33– Torque en bronze (fig. 12, no 1)
Situation : à l’emplacement des vertèbres cervicales.
Caractéristiques : jonc massif de section ronde, décoré de boules isolées, encadrées de bourrelets incisés ; un nœud de bronze, à bourrelets incisés, situé sur la partie du jonc opposée aux tampons ; système d’ouverture par enlèvement d’un segment du jonc ; tampons cylindriques soudés. Dimensions : diam. extérieur 160 mm, diam. jonc 6 mm, diam. tampons 25 mm.
34– Fibule en fer
Situation : en contact avec le torque en bronze.
Caractéristiques : trop corrodée, indéterminable ; à noter l’empreinte oxydée d’un tissu à grosse trame sur l’un des fragments.
35– Bracelet ouvert en bronze (fig. 12, no 2)
Situation : au bras gauche.
Caractéristiques : Jonc massif de section ronde, non décoré ; les deux extrémités se chevauchent ; légère déformation due vraisemblablement à son resserrement. Dimensions : diam. extérieur 75 mm ; diam. jonc 3,5 à 4 mm.
36– Bracelet ouvert en bronze (fig. 12, no 3)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc massif sans décor ; section ronde sauf aux extrémités aplaties. Dimensions : diam. extérieur 59 à 65 mm ; diam. Jonc 5 mm.
37– Bague ouverte en bronze (fig. 12, no 5) Situation : passée à une des phalanges de la main gauche.
Caractéristiques : Jonc filiforme non décoré ; une extrémité effilée. Dimensions : diam. extérieur 22 mm ; épaisseur jonc 1 à 2 mm.
38– Boucle en fer (fig. 12, no 4)
Situation : à l’emplacement du bassin de la défunte.
Caractéristiques : objet incomplet ; jonc massif de section ronde ; forme ovalaire. Dimensions ; 25 x 44 mm ; diam. jonc 4 mm.
2.2.3.3 Sépulture 3
Fosse (fig. 13)
39Très légère dépression de forme irrégulière et d’une profondeur maximale de 0,05 m.
Squelette (i.v., h.d.)
40Enfant de 8 à 10 ans (âge dentaire), sexe indéterminé.
La conservation de cette sépulture est très mauvaise : ne sont conservés que des fragments du crâne et quatre dents.
i.v., h.d.
Mobilier
41– Fibule à timbale en bronze (fig. 14)
Situation : en surface de la craie, en contact avec les restes de l’enfant.
Caractéristiques : ressort à deux fois six spires et corde interne ; arc de section ovalaire ; pied libre terminé par une timbale non décorée. Dimensions : long. 33 mm ; haut. 14 mm.
2.2.3.4 Sépulture 4
Fosse (fig. 11)
42Parallèle à la sépulture 12‑13 qu’elle recoupe en partie. Long. 1,85 m ; larg. 0,48 m à la tête, 0,55 m au milieu, 0,50 m aux pieds. Bords assez irréguliers, parois évasées notamment dans la partie inférieure de la fosse ; fond très perturbé, avec un surcreusement central ; extrémités arrondies.
Remplissage
43Partie centrale, limon brun foncé ; périphérie, limon brun clair à beige clair avec des inclusions de nodules de craie. Cette seconde couche était surtout visible dans la moitié supérieure de la fosse. Le squelette est situé dans la couche de limon brun. Trois rognons de silex étaient placés sur le bassin et l’abdomen ainsi qu’à l’emplacement des genoux.
Squelette (i.v., h.d) (fig. 8)
44Orientation : tête à 67°.
Individu adulte de sexe indéterminé (os coxaux trop fragmentaires). L’état de conservation des os est mauvais.
Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne apparaît par sa face latérale droite, légèrement supérieure et la mandibule est déconnectée du crâne : elle présente sa face supérieure. Les membres supérieurs et inférieurs sont en extension. Dans l’ensemble les os ont gardé leur position initiale. Les mouvements qui ont eu lieu après la décomposition sont décelables dans la région de la partie inférieure du corps : légère déconnexion des os des jambes par rapport aux fémurs. Le peu d’ampleur des déplacements pourrait permettre de conclure que le défunt a été inhumé en pleine terre.
i.v., h.d.
Mobilier
45– Fibule en fer (fig. 15)
Situation : sur le thorax de l’inhumé.
Caractéristiques : objet incomplet ; arc haut, de section ronde, en forme d’anse de panier. Dimensions : haut. 26 mm.
2.2.3.5 Sépulture 5
Fosse (fig. 5)
46Extrémités arrondies à la tête et droites aux pieds. Longueur 2,31 m, largeur 0,84 m à la tête et 0,90 m de large aux pieds, profondeur respective de 0,60 à 0,45 m. On remarque un renforcement taillé dans la craie sur le petit côté inférieur de la fosse. Les parois sont verticales le long du côté gauche et dans la partie supérieure droite de la fosse. Les petits côtés et la partie inférieure droite sont légèrement évasés. Il existe une banquette bien marquée dans la partie inférieure gauche (de 8 à 15 cm de large) et le long du côté gauche du squelette (de 5 à 8 cm de large). Elle est absente dans la partie inférieure droite de la fosse et à peine marquée le long du côté droit. Elle est haute de 9 cm aux pieds et de 14 cm à la tête, à partir du fond de la fosse.
Remplissage
47Deux niveaux de blocs de silex ont été observés. Le premier niveau est compris entre 0,16 m et 0,25 m de profondeur. Le second niveau est en contact avec le squelette à 0,59 m de profondeur. Ces deux niveaux de silex correspondent à des blocs placés intentionnellement au‑dessus du défunt, dans l’axe de la fosse.
Squelette (i.v., h.d) (fig. 8)
48Orientation : tête à 58°.
Individu adulte, peut‑être de sexe féminin ? (très mauvaise préservation des os coxaux).
L’état de conservation des os est meilleur que pour les précédentes sépultures, le crâne n’est toutefois pas présent.
Le sujet est en décubitus dorsal. La mandibule apparaît par sa face supérieure, légèrement antérieure, les dents sont très usées (les cuspides se sont effacés et la cavité pulpaire est visible). La clavicule droite apparaît par sa face supérieure et a gardé sa place anatomique, c’est‑à‑dire quasiment perpendiculaire à l’axe crânio‑distal du corps. Les membres supérieurs sont en extension. La position du membre supérieur gauche traduit un effet de paroi : la face par laquelle apparaissent les os (face latérale) nécessite un calage pour éviter à l’os de basculer ; on peut donc supposer qu’il y avait à cet endroit‑là une planche en bois (ou tout autre matériau périssable, dont on n’a pas retrouvé la trace), ou que le défunt a été inhumé en pleine terre, la terre servant alors de calage au membre supérieur gauche en porte à faux. Les membres inférieurs sont en extension. Les patellas droite et gauche sont restées en connexion avec les fémurs elles indiquent que les os coxaux ne se sont pas disjoints au cours de la décomposition. Le pied droit a en partie bougé en cours de fouille à l’exception du tarse qui permet de donner une idée de la position générale du pied : il apparaît par sa face dorsale et dévie latéralement. Le pied a donc dû s’ouvrir un petit peu. Le tarse gauche présente sa face médiale et les cinq métatarsiens leur face dorsale ; les deux ensembles tarse et métatarse ne sont donc plus en connexion stricte ; le tarse a bougé secondairement, après que les articulations tarsométatarsiennes ont lâché. La face d’apparition du membre supérieur gauche, la conservation de la connexion entre le fémur et la patella gauches, alors que celle‑ci est en position instable, montrent que :
– soit une gouttière était présente sous le corps et le maintenait en connexion ; mais la coupe de la fosse indique un fond plat ;
– soit la banquette dans l’angle sud‑est de la fosse déterminait un effet de paroi ; mais, elle est trop éloignée du corps ;
– soit, plus vraisemblablement, que la décomposition du corps a eu lieu dans un espace colmaté, le sujet ayant été directement enseveli dans la terre.
i.v., h.d.
Mobilier
49– Fibule à pied attaché en fer (fig. 16, no 1)
Situation : sur la clavicule gauche.
Caractéristiques : pied fixé sur l’arc à l’aide d’un annelet ; ressort à deux fois deux spires et corde externe ; arc en quart de cercle de section ronde. Dimensions : long. 69 mm ; haut. 12 mm.
50– Fibule en fer (fig. 16, no 2)
Situation : sur la clavicule droite.
Caractéristiques : objet incomplet ; ressort à deux fois une spire et corde externe. Dimensions : diam. ressort 22 mm.
2.2.3.6 Sépulture 6
Fosse (fig. 17)
51Rectangulaire ; long. 2,40 m ; larg. 0,85 à 0,95 m. Extrémités fortement arrondies, fond irrégulier, parois évasées. Le long côté sud‑ouest présente deux replats de craie en place. L’aspect de cette paroi témoigne de recreusements successifs pratiqués dans la fosse (quatre inhumations au total). L’état final de la fosse se réduit donc à un rectangle de 0,60 m de large.
Remplissage
52Couches de limon beige et blanchâtre, riches en craie, disposées en pendage symétrique de part et d’autre de l’axe de la fosse. Ce premier ensemble est surmonté d’une couche de limon brun foncé gravillonneux. Deux blocs de grès de forte taille ont été récupérés dans le remplissage de la fosse.
Squelettes (i.v., h.d.) (fig. 18)
53Orientation : tête à 331°.
La sépulture a été remaniée plusieurs fois.
En surface, des fragments épars sans aucune connexion ont été trouvés ; viennent ensuite trois individus, dont aucun n’est complet. L’appartenance des os à un même individu a été définie par les connexions, les symétries et les profondeurs relatives des os.
Le premier individu est un adulte, orienté sud‑est/nord‑ouest. Il ne reste que le genou gauche (extrémité distale du fémur, patella, extrémité proximale du tibia), qui est superposé au genou droit du deuxième individu, peut‑être le quatrième métatarsien gauche, un fragment de premier métatarsien, deux phalanges proximales du pied et un sésamoïde.
Le deuxième individu est un adulte de sexe féminin, orienté sud‑est/nord‑ ouest, en décubitus dorsal. Le membre supérieur gauche est en extension, l’humérus gauche qui apparaît par sa face antérieure, repose par sa partie proximale sur un bloc de grès. Le radius et l’ulna présentent leur face antérieure : un morceau de l’ulna s’est cassé et est passé sous l’extrémité distale du radius. La main est déconnectée de l’avant‑bras ; les cinq métacarpiens apparaissent par leur face dorsale. L’os coxal gauche présente sa face médiale. L’os coxal droit apparaît par sa face antéromédiale. Le fémur gauche est en connexion avec l’os coxal et présente sa face médiale. La patella, en semi‑connexion avec le fémur, apparaît par sa face médio‑antérieure. Le tibia gauche, en connexion avec le fémur, présente sa face médiale : il recouvre en partie la fibula gauche qui est en connexion avec le tibia et qui apparaît par sa face médiale.
54Le troisième individu, un adulte, est sous les deux premiers. Il est orienté nord‑ouest/sud‑est (tête au nord‑ouest), à l’opposé des deux autres. De son squelette ne reste que des fragments de malaire, de mandibule, quelques dents (l1g, M1g, M2g, M3g, M2g), un fragment d’humérus gauche, un premier et deuxième métacarpiens droits, les fémurs droit et gauche et, peut‑être, un radius droit.
Les deux blocs de grès sur lesquels reposent l’humérus gauche du troisième individu d’une part et l’humérus gauche du deuxième individu d’autre part n’ont pas été déposés lors de la même inhumation. En effet, le dépôt du premier est contemporain ou antérieur à la première inhumation (individu 3), tandis que le second est contemporain de la deuxième inhumation (individu 2).
Cette sépulture s’avère donc assez complexe. La fosse a été utilisée au moins trois fois (peut‑être plus en tenant compte des restes trouvés en surface). Il est difficile de conclure sur le type d’inhumation, mais le fait que le radius droit de l’individu 3 se retrouve à l’écart de l’ensemble des autres os peut suggérer qu’un espace vide existait alors et qu’au moment du dépôt de l’individu 2 les os de l’individu 3 ont été bouleversés, voire retirés de la fosse. La même hypothèse peut s’appliquer à l’inhumation de l’individu 1 qui aurait bouleversé le squelette de l’individu 2, et expliquerait alors pourquoi on n’en retrouve qu’une partie. Toutefois, les restes de l’individu 2 sont en connexion ; au moment de l’inhumation de l’individu 1, le 2 était‑il encore en cours de décomposition ? Il est difficile aussi d’expliquer pourquoi il reste si peu d’éléments de l’individu 1, et pourquoi encore en connexion, alors que les autres os n’ont pas été retrouvés.
i.v., h.d.
Mobilier
55‑ Situation : ont été retrouvés, mêlés aux restes des trois inhumés : une fibule en fer, avec cabochon de bronze, une fibule de Dux en bronze, un bracelet de bronze entourant encore les fragments d’humérus gauche de l’un des défunts (femme ?) et enfin un bracelet en céramique, au niveau du second inhumé.
– Fibule en fer avec cabochon de bronze (fig. 19, no 2).
Caractéristiques : objet incomplet ; pied replié contre l’arc ; cabochon fixé à l’aide d’un petit rivet de fer. Dimensions : haut, approximative 25 mm.
56– Fibule à pied libre en bronze (fig. 19, no 1)
Caractéristiques : pied terminé par une perle surmontée d’un bec ; ressort à deux fois trois spires et corde interne ; arc de section ovalaire, sans décor. Dimensions : haut. 15 mm ; long. 49 mm.
57– Bracelet fermé en bronze (fig. 19, no 3) Caractéristiques : jonc massif, non décoré, de section ronde. Dimensions : diam. extérieur 85 mm ; diam. jonc 5‑5,5 mm.
58– Anneau fermé en terre cuite (fig. 19, no 4)
Caractéristiques : jonc irrégulier présentant par endroit des sections rondes (15 à 16 mm de diamètre) ou quadrangulaires (12 mm sur 18 mm) ; légers reliefs obliques régulièrement espacés sur la face interne et, de façon plus marquée, sur la face externe (torsions et écrasement pratiqués sur le boudin d’argile) ; zone de contact des deux extrémités du boudin d’argile à face externe fortement aplatie, de section volontairement quadrangulaire ; argile assez grossière avec inclusions composées d’éléments de calcaire, de silice et de chamotte (?), de calibre moyen à gros (de 1 mm et moins à 4 mm et plus) ; couleur brun foncé à beige clair avec localement des accents rouge beige (peinture ?). Dimensions : diam. extérieur 67 mm ; diam. intérieur 37 mm ; diam. jonc 15 x 17 mm.
2.2.3.7 Sépulture 7
Fosse (fig. 20)
59Long. 2,46 m ; larg. à la tête 0,68 m, 0,62 m aux pieds ; profondeur 0,53 m aux pieds à 0,62 m à la tête (sous environ 0,30 m de décapage). Extrémités de la partie inférieure de la fosse arrondies, celles de la partie supérieure sont rectilignes, parois verticales. La partie supérieure gauche de la fosse présente une banquette qui ne subsiste que sur 4 cm de hauteur et 15 cm de large environ.
Remplissage
60Limon beige riche en nodules de craie. En surface, poches de limon brun gravillonneux, principalement dans l’axe de la fosse, poches de limon beige dans le remplissage. Blocs de silex de tailles diverses disposés sur le long côté nord de la fosse, à la tête et aux pieds du squelette.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 18)
61Orientation : tête à 60°.
Individu adulte, de sexe féminin.
L’état de conservation des os est moyennement bon.
Le sujet est en décubitus dorsal. Le crâne apparaît par sa face antérieure, les dents sont usées. Le coude gauche est légèrement fléchi, la main est sur le bassin. Le membre supérieur droit n’est représenté que par l’humérus et un fragment d’ulna, l’humérus apparaît par sa face antérieure. Les membres inférieurs sont en extension, le droit a tourné et présente sa face médiale, la patella est restée en connexion avec le fémur. Le pied droit présente sa face médiale, le gauche est déconnecté et très fragmentaire.
La partie inférieure droite du squelette a subi une mise à plat : de l’os coxal au pied les os apparaissent par leur face médiale ; par conséquent cette partie du corps, au moment de la décomposition, se trouvait dans un espace vide. En effet, lorsque les ligaments maintenant les deux os coxaux en connexion ont cédé, l’os coxal droit s’est ouvert, entraînant avec lui tout le membre inférieur droit qui lui était encore lié (l’articulation coxo‑fémorale cède après celle de la symphyse pubienne des os coxaux). La patella quant à elle est restée en connexion avec le fémur bien que son articulation soit beaucoup moins résistante que celle de l’os coxal avec le fémur ; cela traduit un effet de paroi sur la patella qui devait s’appuyer contre un « cercueil » (ou un autre aménagement). La partie inférieure gauche (et peut‑être aussi la supérieure) du corps a subi un effet de bascule qui est lié au fond de la fosse (fig. 20) : l’os coxal gauche ne s’est pas ouvert, le membre inférieur présente sa face latérale ; concernant la partie supérieure on constate que la distance entre l’axe rachidien et le membre supérieur est plus faible qu’à droite. La position du défunt est donc un décubitus dorsal avec une composante de rotation vers la droite, qui est plus accentuée dans la partie inférieure du corps.
La sépulture 7 a été recoupée par la sépulture 10, ce qui explique la déconnexion et l’état très fragmentaire du pied gauche. Il semble donc que le sujet ait été inhumé en espace vide, le corps légèrement tourné vers la droite.
i.v., h.d.
Mobilier
62– Fibule à pied libre en bronze (fig. 21, no 1)
Situation : sur la clavicule droite.
Caractéristiques : pied muni d’un petit cabochon de bronze creux rempli de corail blanc fixé à l’aide d’un rivet de bronze, ressort à deux fois deux spires et corde externe, arc moulé, porte‑ardillon décoré de deux petites cannelures. Dimensions : long. 79,5 mm ; haut. 22,5 mm.
63– Deux défenses de Suidés serties de bronze (fig. 21, no 2)
Situation : posées sur le coude droit de l’inhumée.
Caractéristiques : canines inférieures droites avec viroles de bronze non décorées ; deux perforations situées à 5 mm du bord externe de la virole ; rivets encore en place. Dimensions : défenses : long. 132 et 155 mm ; larg. 28 mm. Viroles : long. 21 mm ; ép. 1 mm. Rivets : long. 24 mm ; diam. 3 mm.
2.2.3.8 Sépulture 8
Fosse (fig. 20)
64Long. 2,39 m ; larg. 0,75 m à la tête, 0,70 m aux pieds ; profondeur maximum 0,24 m (sous environ 0,30 m de décapage). Extrémités de la fosse arrondies ; pas de banquette ; parois évasées aux pieds et le long du côté droit du squelette. Ce dernier est décentré par rapport à l’axe de la fosse et se trouve contre la paroi droite.
Remplissage
65Limon brun foncé gravillonneux dans la partie supérieure de la fosse ; couches de limon beige riche en nodules de craie dans la partie inférieure ; limon beige induré le long des parois. L’ensemble des couches s’organise en pendage symétrique de part et d’autre du squelette. Un alignement de rognons de silex le long de son côté gauche.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 18)
66Orientation : tête à 247°.
Individu adulte de sexe féminin. L’état de conservation des os est relativement bon.
Le sujet est en décubitus dorsal.
Les coudes supérieurs sont fléchis, les mains sont posées sur le pubis. Les membres inférieurs sont en extension. La partie supérieure du corps a été perturbée : il n’a été retrouvé que des dents (l1d, C4d), un fragment de vertèbre cervicale, des fragments de scapulas, un fragment de l’extrémité proximale de l’humérus gauche, des fragments de radius et d’ulna droits et l’avant‑bras gauche. La main gauche est assez complète ; le carpe apparaît par sa face dorsale ; les métacarpiens I et III présentent leur face dorsale avec leur phalange proximale respective en semi‑connexion face dorsale ; la phalange distale du pouce est en connexion avec la phalange proximale ; elle apparaît par sa face dorsale. Les positions des phalanges intermédiaire et distale de l’index montrent que ce doigt est fléchi. Les membres inférieurs sont en extension. La patella droite est en connexion avec le fémur. Le pied droit est resté en connexion du tarse au métatarse, mais des fragments de troisième et quatrième métatarsiens sont déconnectés de l’ensemble. Le pied gauche est aussi en deux parties : le premier ensemble a gardé ses connexions ; il est constitué du tarse et du cinquième métatarsien, le tout apparaît par la face médiale ; le deuxième ensemble comprend des fragments du premier, deuxième et quatrième métatarsiens qui sont en surplomb par rapport au premier ensemble.
Le fond de la fosse est en dévers : la partie droite du squelette est légèrement plus haute que la partie gauche. Remarquons de plus que les condyles fémoraux droit et gauche chevauchent les extrémités proximales de leurs tibias respectifs ; les membres inférieurs étaient donc en légère flexion, et, lors de la décomposition, les tibias sont tombés et les fémurs sont venus recouvrir leurs épiphyses ; le dévers de la fosse a pu entraîner les os, ce qui explique pourquoi le tibia et le fémur droits apparaissent respectivement par leur face médiale et médiale légèrement antérieure (il est probable que le fémur a moins tourné que le tibia du fait de son maintien par l’emboîtement de l’acébulam). Dans la région des pieds, la fosse est moins profonde que pour le reste du corps ; les os des pieds ont donc suivi cette remontée en pente douce, ce qui explique pourquoi ils ont été retrouvés à des profondeurs différentes. Ces diverses observations nous amènent donc à constater que :
– le fond de la fosse place le corps en dévers : la partie droite est plus haute que la gauche ;
– dans la région des pieds la profondeur de la fosse est moins grande, et place ainsi certains os des pieds plus hauts que ceux de l’ensemble du squelette ;
– des indices de décomposition en espace colmaté ont été relevés : patella droite en connexion, et main gauche en connexion ; ces éléments pourraient permettre de penser que le corps a été déposé directement dans la terre ; cependant, l’architecture de la fosse montre un espace délimité ; les données sont donc contradictoires. I.V., H.D.
Sans mobilier
2.2.3.9 Sépulture 10
Fosse (fig. 20)
67Long. 2,42 m ; larg. 0,57 m à la tête (au fond de la fosse), 0,47 m aux pieds ; profondeur 0,54 m à la tête, 0,60 m aux pieds (sous environ 0,30 m de décapage). Extrémités arrondies, parois légèrement évasées. Une banquette, large de 4 à 13 cm, est présente à la tête et le long du côté droit du squelette. Elle est haute de 17 à 20 cm aux pieds et sur le côté droit de la fosse et de 27 cm à la tête.
Remplissage
68En surface et dans l’axe de la fosse, limon brun foncé gravillonneux ; partie centrale, limon beige‑blanchâtre plus ou moins riche en nodules de craie ; partie inférieure, autour du squelette, limon brun‑beige homogène. Quelques petits silex sont présents sur toute la hauteur du remplissage de la fosse. Un volumineux bloc de grès pesant plusieurs dizaines de kilogrammes a été découvert au‑dessus de la partie supérieure du squelette, des membres inférieurs jusqu’au thorax.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 18)
69Orientation : tête à 243°.
Individu adulte de sexe indéterminé (os coxaux très fragmentaires).
L’état de conservation est très mauvais. Le sujet est en décubitus dorsal.
Le crâne se résume à un fragment de frontal gauche et quelques dents. Il semble qu’il apparaissait par sa face antérieure. L’humérus droit est représenté par un fragment, la face d’apparition de l’os n’a pu être déterminée. L’os coxal gauche présente sa face antéromédiale. Les membres inférieurs sont en extension ; les patellas ont été bougées en cours de fouille, la détermination de leur face d’apparition n’a pu être effectuée.
Le mode d’inhumation est difficile à retrouver, trop d’indices sont manquants. Cependant la face d’apparition de l’os coxal gauche (face antéromédiale) tendrait à montrer que la décomposition s’est effectuée en espace colmaté ou peut traduire la présence d’une paroi retenant l’os.
i.v., h.d.
Mobilier
70– Anneau fermé en fer (fig. 22, no 1)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : en mauvais état ; jonc massif de section ronde ( ? ) non décoré ( ? ). Dimensions : diam. extérieur 53 mm ; ép. 11‑15 mm.
71– Deux fibules en fer (seule celle qui a pu être restaurée est ici prise en compte) (fig. 22, no 2)
Situation : sur le bassin.
Caractéristiques : ressort à deux fois deux spires ; arc tendu de section ronde. Dimensions : long. 57 mm.
72– Bracelet fermé en lignite (fig. 22, no 3)
Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc de section ovalaire. Dimensions : diam. ext. 73 mm ; diam. jonc 9‑12 mm.
2.2.3.10 Sépulture 12‑13
Fosse (fig. 11)
73Grand axe 2,30 m ; larg. 0,52 m aux pieds, 0,65 m à la tête (mesures prises au fond de la fosse). Extrémités arrondies, parois évasées, fond plat. Elle a été recoupée par deux fois, tout d’abord par la sépulture 2 qui lui est subcon‑temporaine (quelques dizaines d’années cf. § 2.3.2.4 et 2.3.2.5) puis par la sépulture 4, de datation incertaine.
Remplissage
74Couches de limon beige riche en nodules de craie, en pendage symétrique, partie supérieure avec limon brun foncé gravillonneux. Des blocs de silex de tailles variables disposés en couronne autour des membres inférieurs de l’inhumé, d’autres sur le squelette.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 23)
75Orientation : tête à 251° (à l’origine, avant la réduction). Il s’agit d’une sépulture qui a été remaniée.
La première couche est constituée de divers os sans connexion : un crâne (sans mandibule), deux clavicules droite et gauche, fragments de scapulas droite et gauche, humérus droit et gauche, radius droit et gauche, ulna droite, cinquième métacarpien, une phalange proximale de la main gauche (peut‑être du doigt IV), fragments de côtes, fragments de trois vertèbres lombaires, fragments de sacrum, os coxal droit (féminin).
La deuxième couche est constituée de divers os en connexion ou en semi‑connexion : cinq vertèbres cervicales, six vertèbres thoraciques, deux côtes droites, os du carpe droit (lunatum, trapèze, capitatum), métacarpiens I à IV, phalanges proximales I à V, deux phalanges intermédiaires (III et IV ?), trois phalanges distales dont celle du pouce, os du carpe gauche (lunatum), un fragment de deuxième métacarpien, une phalange intermédiaire, un fémur droit, patellas droite et gauche, tibias droit et gauche, fibulas droite et gauche, tarse droit complet, métatarse complet, deux phalanges proximales, tarse gauche complet, métatarsiens I à IV. Tous ces os sont en connexion ou semi‑connexion.
La fosse peut être divisée en plusieurs zones : la première zone (zone 1) correspond à la première couche d’os, la seconde (zone 2) à la seconde couche d’os recouverte directement par la première couche. Ces deux zones occupent la moitié ouest de la fosse. La troisième zone (zone 3) se répartit dans la moitié est de la fosse à la même profondeur que la zone 2.
76La zone 1 est composée d’os « en vrac », sans connexion, la zone 2 d’os en connexion ou semi‑connexion. Lorsqu’on effectue le décompte des os (fig. 23), on s’aperçoit que les os de la zone 1 concernent tous la partie supérieure du squelette. En revanche ceux de la zone 2, concernent ceux de la partie inférieure. De plus, aucun os n’est en double et, systématiquement, les os sont symétriques. Par conséquent les os des deux zones appartiendraient au même individu. La zone 3 est en fait la continuation de la zone 2 (même profondeur). L’explication la plus simple de la répartition des os en deux couches pourrait être imputable au creusement de la fosse de la sépulture 2 qui recoupe perpendiculairement la sépulture 12‑13 dans la zone 3 (est). Lors du creusement de la fosse de la sépulture 2, les fossoyeurs ont rencontré la partie est de la sépulture 12‑13 (zone 3). Les os de cette partie ont été poussés vers l’ouest (laissant toutefois en place ce que l’on retrouve en zone 3), par‑dessus le reste de la sépulture. Cette manipulation n’est envisageable que dans un espace vide : on peut imaginer que le creusement de la fosse de la sépulture 2 a défoncé la tombe de la 12‑13 ; les fossoyeurs n’ont plus eu qu’à récupérer les os qui les gênaient et à les répartir à l’autre bout du cercueil (ou tout autre espace vide aménagé). Le même scénario peut être imaginé en espace colmaté, mais il faut alors enlever les os à l’aveuglette, ce qui peut les casser (or ils sont très peu fragmentés), et envisager le recreusement de la fosse de la sépulture 12‑13 afin de déposer les os prélevés. Ce scénario est beaucoup moins satisfaisant que le précédent dans la mesure où il demande beaucoup plus de manipulations.
D’après les os qui n’ont pas subi de remaniements, la position générale de l’individu a pu être reconstituée : l’individu était en décubitus dorsal, orienté nord‑est/sud‑ouest (tête au N.‑E.) ; le corps décentré vers la droite par rapport à l’axe longitudinal médian de la fosse. Le membre supérieur droit était en extension (déduit de la position de la main droite), la main droite reposait sur l’extrémité proximale du fémur droit, présentant sa face dorsale ; le pouce était à l’intérieur de la paume, les autres doigts entourant le fémur, le carpe et le métacarpe en contrebas par rapport aux phalanges : l’ensemble est peut‑être tombé au moment du creusement de la fosse de la sépulture 2. Le coude gauche était peut‑être fléchi, la main sur l’abdomen (position déduite de l’emplacement du quatrième métacarpien). Les membres inférieurs étaient en extension, avec une composante de rotation vers la droite : le fémur droit apparaît par sa face médiale ; la patella est en semi‑connexion avec le fémur, elle est posée sur la face médiale du fémur, face antérieure ; le tibia et la fibula présentent leur face médiale légèrement postérieure. La patella gauche apparaît par sa face médiale, elle n’est absolument pas en position anatomique : elle est à mi‑diaphyse du fémur droit, et son extrémité distale est à l’est. Elle a donc tourné de 180°. Ce déplacement a pu se produire lors de l’extraction du fémur gauche (qui n’a pas été retrouvé). Le tibia et la fibula droits apparaissent par leur face latérale. Le pied droit est en connexion ou en semi‑connexion, il présente sa face médiale. Le pied gauche apparaît par sa face latérale, les os sont plus déconnectés qu’à droite (à relier à l’extraction du fémur gauche ? ). Par ailleurs l’examen des os a permis de déceler de l’arthrose dans la région thoracique et lombaire, et l’ulna droite présente à son extrémité distale une fracture réduite. Sur le maxillaire, les dents sont très usées, et les alvéoles des molaires sont résorbés.
77En conclusion, les observations amènent à penser que :
– la décomposition du corps s’est effectuée en espace vide ;
– le contenant périssable qui contenait le corps est plus long que celui‑ci car lors de la réouverture de la sépulture, le crâne a pu être placé plus loin que les pieds ;
– la répartition des os donne une appréciation de la largeur minimale du « cercueil » ; les silex présents à gauche du corps pouvaient servir de calage au « cercueil » ;
– l’intervention des fossoyeurs a eu lieu alors que toutes les contentions avaient lâché et plusieurs mois se sont écoulés entre le dépôt du corps de la sépulture 12‑13 et le creusement de la fosse de la sépulture 2.
i.v., h.d.
Sans mobilier
2.2.3.11 Sépulture 14
Fosse (fig. 20)
78Complètement bouleversée par la mise en place de la sépulture 10. Partie conservée : long. 0,55 m ; larg. 0,75 m ; profondeur 0,25 m (sous environ 0,30 m de décapage). Extrémités arrondies, parois légèrement évasées.
Squelette
79Les os retrouvés dans la terre de remplissage de la sépulture 10, sans aucune connexion, appartiennent à un adulte. Il s’agit des diaphyses d’un humérus droit et d’un tibia droit, d’autres fragments ont été identifiés comme appartenant au crâne et à un humérus.
Sans mobilier
2.2.3.12 Sépulture 15
Fosse (fig. 24 et 25)
80Long. 2,87 m ; larg. 1 m ; profondeur 0,49 m. Parois verticales sur le long côté nord, évasées partout ailleurs. Extrémités arrondies à la tête et aux pieds, sauf l’angle inférieur droit bien marqué, fond plat.
Remplissage
81Limon beige, très riche en particules de craie. Des perturbations ont été observées dans sa partie supérieure que l’on peut mettre au compte des sépultures 20 et 17 qui l’ont recoupée. Une « couverture » de blocs de silex de petite taille est disposée sur deux niveaux au‑dessus du squelette. Le second niveau est en contact avec celui‑ci.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 23)
82Orientation : tête à 64°.
Individu adulte de sexe indéterminé. Les os sont relativement bien conservés pour le site.
Le sujet est en décubitus dorsal, orienté nord‑est/sud‑ouest (tête au N.‑E.).Le crâne apparaît par sa face antérieure, légèrement supérieure, la mandibule par sa face supéroantérieure. Les membres supérieurs sont en extension. Les fragments de cinq côtes droites apparaissent par leur face endothoracique. Les membres inférieurs sont en extension. La patella droite a glissé, elle est en semi‑connexion avec le fémur. La patella gauche a été bougée en cours de fouille. Le pied droit présente sa face médiale tandis que le pied gauche est déconnecté, et pêle‑mêle. La position du crâne par rapport à la mandibule suggère que la tête était calée par un coussinet en matière périssable. Lorsque ce coussinet a disparu, il a libéré du volume que le crâne a occupé en basculant. Les cinq côtes apparaissent par leur face endothoraciques, elles se sont ouvertes et le volume de la cage thoracique n’est plus conservé. Le bassin présente sa face supérieure, il a basculé et s’est largement ouvert. Cette ouverture a entraîné le membre inférieur droit, qui présente sa face médiale ou antéromédiale. Le pied gauche est complètement déconnecté. Tous ces éléments permettent de conclure que la décomposition du corps a eu lieu dans un espace vide.
Le plan d’usure des dents antérieures est tout à fait particulier : il est oblique. Le plan d’usure naturel est horizontal, cet individu devait donc se servir de sesdents pour un autre usage qu’alimentaire ; ce type d’usure a déjà été observé chez les Eskimos et chez certains Néandertaliens.
i.v., h.d.
Mobilier
83– Fibule en fer (fig. 26)
Situation : sur la clavicule gauche de l’inhumé.
Caractéristiques : objet incomplet ; arc en « archet de violon » de section ronde ; ressort à deux fois trois spires (trois manquent) et corde externe. Dimensions : long, arc 51 mm.
2.2.3.13 Sépulture 16
Fosse (fig. 24 et 25)
84Une des plus petites fosses de l’enclos E4 : long. 1,60 m ; larg. 0,77 m. Parois évasées, extrémités arrondies, fond en légère cuvette. Elle a été recoupée par la sépulture 20 dont l’installation a détruit une partie importante de son long côté nord.
Remplissage
85La fosse est remplie en grande partie de blocs de silex de toutes tailles qui forment une véritable nappe se confondant avec l’aménagement de la sépulture 20.
Squelette (i.v. h.d.)
86Les os de cette sépulture ont été retrouvés épars dans la terre de remplissage de la sépulture 20 : une diaphyse fémorale, une diaphyse de tibia droit, des fragments de crâne, des fragments d’os coxal droit, des fragments d’humérus, des fragments de fémur droit, un fragment de calcanéum gauche, un fragment de talus gauche, un premier métatarsien droit, une phalange proximale d’hallux et de nombreux fragments indéterminés. Tous ces os sont matures sauf le fragment de calcanéum gauche, et peut‑être celui de talus gauche, qui sont immatures.
i.v., h.d.
Sans mobilier
2.2.3.14 Sépulture 17
Fosse (fig. 24 et 25)
87Seule est mesurable la partie de la fosse creusée en‑dehors du remplissage de la sépulture 15 : long. 0,90 m ; larg. à la tête 0,72 m ; profondeur 0,15 à 0,25 m.
Remplissage
88Homogène, limon brun foncé. Partie droite de l’inhumé fortement perturbée (animaux fouisseurs, arrachage de souches ou violation). Il manque le membre supérieur droit, le bassin et le fémur droit. Quelques blocs de silex, de petite taille, sont présents dans le remplissage de la fosse.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 23)
89Orientation : tête à 244°.
Individu adulte de sexe indéterminé. L’état de conservation des os est mauvais.
Le sujet est en décubitus dorsal. Le crâne apparaît par sa face antérolatérale droite, la mandibule par sa face supérieure, légèrement latérale droite, elle est déconnectée du crâne. Le membre supérieur gauche est en extension, la main gauche présentant sa face dorsale. Les membres Inférieurs sont en extension. Le fémur gauche apparaît par sa face antérieure, il est cassé à mi‑diaphyse, et la partie distale est en contrebas. Le tibia gauche ainsi que le tarse présentent leur face médiale tandis que le reste du pied est en surplomb et que ses os ne sont plus en connexion.
Un effet de paroi est décelable à gauche du corps : les os du membre supérieur gauche et le tibia gauche sont alignés. Cet effet peut être dû à la paroi de la fosse (elle est en effet très proche), ou à une paroi interposée entre la paroi de la fosse et le corps.
Les profondeurs relevées à la base des os montrent qu’à partir du milieu des diaphyses fémorales la fosse est plus profonde ; elle retrouve le même niveau que celui de la partie supérieure du corps dans la région distale des tibias. Cette différence de profondeur peut s’expliquer de la manière suivante : la sépulture 17 se superpose en partie à la sépulture 15. Or les observations anthropologiques ont démontré la présence d’un contenant périssable entourant le corps du défunt ; la disparition de ce contenant a entraîné son effondrement et par là‑même l’effondrement d’une partie de la sépulture 17 sus‑jacente. Cet effondrement a provoqué la fracture du fémur gauche de la sépulture 17. Cette fracture n’a pu s’effectuer qu’en espace colmaté.
L’existence d’un « cercueil » pour la sépulture 15 est confirmé par le fait que l’affaissement de la sépulture 17 s’effectue dans une zone (angle est) parfaitement délimitée par deux segments de droite perpendiculaires qui correspondent très exactement à la limite des blocs accumulés sur la sépulture 15. Cette zone est à environ 20 cm des pieds de la sépulture 15. Il y a donc eu enfoncement à l’emporte‑pièce d’une structure à angle droit.
Le dépôt de la sépulture 17 a donc suivi celui de la sépulture 15 avec un délai qui est nécessairement inférieur au temps de pourrissement du « cercueil » de la sépulture 15. Ainsi, le temps séparant le dépôt des corps des deux sépultures ne doit pas être très grand.
i.v., h.d.
Mobilier
90– Fibule à pied libre en fer (fig. 27, no 2)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : pied terminé par une perle volumineuse non fixée à l’arc ; ressort à deux fois deux spires (deux manquent) et corde externe (?) ; arc de section ronde. Dimensions : diam. perle 15 mm ; diam. ressort 16 mm.
91– Clou en fer ( ?) (fig. 27, no 1)
Situation : près du pied gauche.
Caractéristiques : tige décapitée de section rectangulaire. Dimensions : long. 24 mm.
92– Trois rivets en fer (fig. 27, no 3)
Situation : groupés au côté droit de l’inhumé.
Caractéristiques : têtes hémisphériques légèrement bombées, reliées entre elles par une tige de section ronde. Dimensions : long. 17 mm ; diam. tête 12 mm ; diam. tige 3,5 mm.
93– Fourreau en fer (fig. 27, no 4)
Situation : au côté droit de l’inhumé.
Caractéristiques : petite plaque de fer brisée, présentant un rebord saillant avec petit rivet ; restes de poils (animal ?) oxydés à l’intérieur de la plaque. Dimensions : long. 46 mm ; larg. maximum 23 mm ; ép. maximum 3 mm.
94– Talon de fer de lance ( ?)
Situation : à proximité du pied droit.
95– Plusieurs fragments de fer informes avec quelques traces de bois oxydé.
2.2.3.15 Sépulture 18
Fosse (fig. 24 et 25)
96Long. 2,23 m ; larg. à la tête 0,80 m, 0,72 m aux pieds ; profondeur maximum 0,40 m sous environ 0,30 m de décapage. Les extrémités sont arrondies. On observe la présence d’une banquette aux pieds, à la tête et, de façon diffuse, le long du côté gauche du squelette ; ses coins sont arrondis aux deux extrémités de la fosse. Sa largeur varie de 9 à 15 cm pour une hauteur de 12 cm par rapport au fond de la fosse. Parois verticales aux pieds, à la tête et le long du côté droit, léger évasement le long du côté gauche.
Remplissage
97Limon brun foncé, gravillonneux en surface, dans l’axe de la fosse. Les autres couches, en pendage symétrique de part et d’autre du squelette, sont constituées de limon beige‑blanchâtre plus ou moins riche en nodules de craie. Blocs de silex sur le pourtour de la fosse, des amoncellements plus importants à l’emplacement des pieds et de la tête. Certains sont posés sur le thorax et sur les membres supérieurs du squelette.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 28)
98Orientation : tête à 67°.
Individu âgé de 15‑20 ans (disques épiphysaires des vertèbres thoraciques non soudés, épiphyses tibiales non soudées), sexe indéterminé.
L’état de conservation des os est assez mauvais.
Le sujet est en décubitus dorsal. Le crâne apparaît par sa face supérieure, légèrement latérale droite, recouvrant un torque ; la mandibule est déconnectée, placée au niveau du frontal. Elle apparaît par sa face supérieure, légèrement latérale droite. Le torque est à la même profondeur que la mandibule. Le crâne a une position forcée, non naturelle, qui pourrait être due à un effet de redressement en escalier de la banquette présente dans la partie nord/nord‑est de la fosse (fig. 25). Les membres supérieurs se résument à un fragment d’humérus droit et d’avant‑bras gauche. Les membres inférieurs sont en extension et présentent leur face antérieure pour les fémurs et le tibia gauche, et antéromédiale pour le tibia droit ; le calcanéum et le talus droits présentent leur face médiale, les métatarsiens I à IV leur face dorsale. Les métatarsiens II à V gauches apparaissent par leur face dorsale. Aucun argument ostéologique ne permet de conclure à une décomposition en espace vide, mais plutôt à un effet de contrainte bilatérale pour les membres inférieurs (pas de mise à plat des os) par la présence d’une gouttière sous‑jacente, ou par une décomposition en espace colmaté. En revanche, la disposition des silex pourrait correspondre à un calage latéral tout autour d’un « cercueil », avec ensuite effondrement partiel des montants latéraux de telle sorte que les pierres sont entrées dans le « cercueil » et ont recouvert en partie celui‑ci, surtout sur la bordure sud. (La disposition des silex diffère nettement de celle observée sur la sépulture 15.)
i.v., h.d.
Mobilier
99– Torque en bronze (fig. 29, no 1)
Situation : au cou.
Caractéristiques : jonc massif à décor d’arceaux ajourés, cantonnés et surmontés de boules ; système de fermeture à tenon et mortaise ; décor de croisillons poinçonnés sur le jonc à hauteur des arceaux et de points sur ces derniers ; jonc de section ronde. Dimensions : diam. ext. 134 mm ; diam. Jonc 7,5 mm.
100– Fibule à pied libre en bronze (fig. 29, no 2)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : pied libre orné d’une perle ovale cantonnée de deux moulures et surmontée d’un « bec » ; ressort à corde interne à deux fois trois spires ; arc de section ovalaire aplati, décoré de deux losanges gravés remplis de cercles occulés et d’une bande incisée. Dimensions : long. 70 mm ; haut. 22 mm.
101– Fibule à pied libre en bronze (fig. 29, no 3)
Situation : sur le thorax.
Caractéristiques : pied libre orné d’une perle globulaire surmonté d’un « bec » ; ressort à deux fois trois spires et corde interne ; arc de section ovalaire aplati, décoré au centre de cinq cercles pointés, disposés en losange et d’un groupe de quatre losanges également occulés, de part et d’autre du motif central. Dimensions : long. 62 mm ; haut. 18 mm.
102– Bracelet fermé en bronze (fig. 29, no 4) Situation : à l’avant‑bras gauche.
Caractéristiques : jonc massif de section ronde, non décoré. Dimensions : diam. ext. 72 mm ; diam. jonc 8 mm.
103– Objet en fer non identifiable (fibule ?) Situation : à proximité du bracelet.
2.2.3.16 Sépulture 20
Fosse (fig. 24 et 25)
104Grand axe 2,41 m ; larg. à la tête 0,58 m, 0,45 m aux pieds ; profondeur 0,55 m, soit 0,06 m de plus que la sépulture 15 à laquelle elle est venue s’accoler. Parois évasées, extrémités arrondies, fond plat.
Remplissage
105Limon homogène brun foncé, avec de petites inclusions de craie. Comme pour les sépultures 15 et 16, une véritable nappe de pierres sur deux niveaux repose au‑dessus du squelette avec un bloc de grès de grande taille posé à l’emplacement du thorax.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 28)
106Orientation : tête à 65°.
Individu adulte de sexe indéterminé (les os coxaux ne sont pas conservés).
L’état de conservation est très mauvais. La sépulture a été recoupée par la sépulture 16.
Le sujet est en décubitus dorsal.
La partie supérieure du corps n’est représentée que par quelques fragments de mandibule et d’humérus, ils ne permettent pas de connaître la position de cette partie du corps. Les membres inférieurs sont en extension.
L’état de conservation et le peu de représentativité des vestiges osseux ne permettent pas de conclure quant au type d’inhumation.
i.v., h.d.
Mobilier
107– Fibule en fer (fig. 30, no 1)
Situation : sur la clavicule gauche du squelette.
Caractéristiques : objet incomplet ; restes de fibres oxydées sur le pied.
108– Fibule à pied libre en fer (fig. 30, no 2) Situation : sur la clavicule gauche du squelette.
Caractéristiques : pied surmonté d’une perle ; ressort à deux fois deux spires et corde externe. Dimensions : diam. ressort 12 mm.
2.2.3.17 Sépulture 21
Fosse (fig. 17)
109Long. 2,18 m ; larg. 0,37 m aux pieds, 0,45 m au milieu ; profondeur 0,22 à 0,08 m, sous le décapage. Parois évasées, extrémités fortement arrondies, fond plat. Dans la partie supérieure de la fosse, banquette, large de 5 cm et haute de 9 cm.
Remplissage
110Limon brun foncé homogène.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 28)
111Orientation : tête à 311°.
Individu adulte de sexe indéterminé (os coxaux non conservés).
L’état de conservation est mauvais, cette sépulture ayant été recoupée par la sépulture 5 ; un fragment de calotte crânienne appartenant certainement à la sépulture 21 a été retrouvé dans l’angle nord‑nord‑ouest de cette sépulture. Dans la fosse de la sépulture 21, il ne reste que la partie inférieure du corps et des os de la main droite.
Le sujet est en décubitus dorsal. Le membre supérieur droit est en extension (position déduite de l’emplacement des os de la main droite). Les éléments de la main droite apparaissent par leur faces dorsales. Les membres inférieurs sont en extension. La patella droite est en connexion avec le fémur. Les fragments de pied droit présentent leur face médiale. Le membre inférieur gauche est en rotation interne.
Le parfait maintien des connexions pourrait être un indice d’inhumation en pleine terre.
i.v., h.d.
Sans mobilier
2.2.3.18 Sépulture 24
Fosse (fig. 13)
112Long. 2,27 m ; larg. 0,60 m ; profondeur 0,10 m maximum.
Remplissage
113Périphérie composée de limon beige‑blanchâtre, riche en nodules de craie, et partie centrale de limon brun gravillonneux. A noter également, la présence, entre les fémurs du squelette, d’une terre charbonneuse et cendreuse7. Un rognon de silex est posé sur le bassin de l’inhumé.
Squelette (i.v., h.d.) (fig. 28)
114Orientation : tête à 99°. Individu adulte de sexe masculin.
L’état de conservation est moyennement bon.
Le sujet est en décubitus dorsal, orienté est‑ouest. Le membre supérieur droit est en extension, l’avant‑bras est en pronation. Le coude gauche est légèrement fléchi, l’avant‑bras est en pronation ; la main est posée face dorsale sur le pubis gauche. L’os coxal droit apparaît par sa face médiale, l’aile iliaque est à plat. L’os coxal gauche présente sa face antéromédiale. Les membres inférieurs sont en extension, la jambe gauche est placée sur la jambe droite. Les positions et les faces d’apparition des os coxaux et des membres inférieurs montrent que la partie inférieure du corps présente une rotation vers la droite.
Par ailleurs, il existe une discordance flagrante entre certaines côtes droites et la scapula droite, d’une part, et le reste du corps, d’autre part. Il faut donc imaginer un déplacement en masse d’une partie de la tombe par rapport au reste. Ce déplacement a une amplitude d’environ 15 cm. Seule la présence d’un espace vide permet un tel déplacement.
i.v., h.d.
Sans mobilier
2.2.3.19 Sépulture 25
Fosse
115Petite fosse ; long. 1,25 m ; larg. 0,40 m ; profondeur, 0,11 m sous le niveau de décapage. Bords rectilignes, fond plat, parois évasées, extrémités à angles droits.
Remplissage
116Limon brun foncé gravillonneux homogène.
Pas de squelette
Sans mobilier
2.2.3.20 Sépulture 26
Fosse
117Petite fosse ; long. 1,10 m ; largeur 0,48 m ; profondeur 0,17 m sous décapage. Bords plus ou moins rectilignes, fond plat. Paroi du grand côté nord assez verticale, celle du côté sud très évasée, extrémités à angles droits.
Remplissage
118Limon brun foncé gravillonneux homogène.
Pas de squelette
Sans mobilier
2.2.3.21 Sépulture 27
Fosse
119Petite fosse ; long. 1,10 m ; larg. 0,50 m ; profondeur 0,11 m sous la terre arable. Bords rectilignes, fond plat, parois très évasées, extrémités à angles droits.
Remplissage
120Limon brun foncé gravillonneux homogène.
Pas de squelette
Mobilier
121– Perle de jayet (fig. 31)
Situation : dans le remplissage de la fosse.
Caractéristiques : forme ovoïde, perforée dans le sens de la longueur. Dimensions : diam. 5 mm ; long. 6,5 mm.
2.2.4 Mobilier hors contexte de l’enclos E4
122Découvert en surface de l’enclos E4, ce matériel appartient à des sépultures détruites lors de l’implantation de tombes postérieures et/ou par les labours profonds. Son excellent état de conservation est dû vraisemblablement à leur passage sur un bûcher funéraire ; ils présentent en effet une patine brun‑rougeâtre caractéristique.
123– Fibule à pied attaché en fer (fig. 32, no 1)
Pied décoré à hauteur de l’annelet de fixation de trois cannelures ; ressort à deux fois deux spires (?) et corde externe.
124– Fibule à pied attaché en fer (fig. 32, no 2)
Pied décoré à hauteur de l’annelet de fixation de trois cannelures ; ressort à deux fois trois spires et corde externe.
125– Pointe de Javeline en fer (fig. 32, no 3) Empennage en « feuille de laurier » avec nervure bien marquée sur toute sa longueur ; douille décorée à la base d’une petite cannelure assez marquée ; rivet à tête sphérique. Long, totale 122 mm, long, empennage 60 mm ; larg. empennage 21 mm ; diam. douille 14 mm.
126– Fragment de fer (umbo de bouclier ?) (fig. 32, no 4)
Fragment de tôle en fer de forme bom‑ béedontl’undespetitscôtésprésente un retour. Long. 50mm ; larg. 28mm ; ép.15mm.
127– Comparaisons et datation
Ces deux fibules de La Tène II sont du type 1a1 et 1a2 de Feugère (Feugère 1985). On trouve des exemplaires comparables, mais à pieds non décorés, dans la fosse de Goincet et dans les fosses 1,2 et 3 de l’habitat de Feurs (Loire) (Vaginay, Guichard 1984 : fig. 19) (Vaginay, Guichard 1988 : fig. 126 et 127) dans la seconde moitié du iie s. av. J.‑C. (La Tène C2). Le décor de cannelures sur le pied est connu sur des fibules languedociennes de type 3a de Feugère, datées du iers. av, J.‑C. (Feugère 1985).
Un petit fer de lance ou de javelot com‑ parable est connu dans la sépulture de guerrier de la fin du IIe s.av. J.‑C. d’Arqua‑Petrarqua (Italie) (Gamba 1987). Il appartient au type Ic des fers de lance de Gournay (forme classique à douille longue) (Rapin1988).
2.3 Les pratiques funéraires
2.3.1 Les données anthropologiques
128i.v., h.d.
Cf. annexe : ostéométrie
2.3.1.1 Type d’inhumation
129Rappelons que toutes les sépultures de ce site sont des sépultures primaires où les squelettes sont soit en parfaite connexion (même les parties constituées de petits os, comme la main et le pied), soit en partie déconnectés avec une amplitude de déplacement faible qui s’explique par le déroulement de la décomposition en espace vide ; ou bien avec une amplitude de déplacement importante qui s’explique par le bouleversement induit par un recoupement avec une autre sépulture.
130Le cas particulier des recoupements est à préciser. Ils perturbent les sépultures et les squelettes peuvent être en partie ou en totalité déconnectés. Il ne s’agit pas pour autant de sépulture secondaire, dans la mesure où il ne semble pas qu’un rite particulier y soit attaché : lors des recoupements aucun soin n’est porté à la sépulture recoupée (sauf pour la sépulture 12‑13, mais pour laquelle il s’agit d’une réduction de corps).
131Les observations anthropologiques ont permis de mettre en évidence deux rites funéraires : les corps peuvent être inhumés en pleine terre ou au sein d’un espace aménagé. Sur les 18 sépultures étudiées :
132– 4 sont des sépultures où la décomposition du corps s’est effectuée en espace vide (sépultures 6, 12‑13, 15, 24), et deux ont des indices de décomposition en espace vide qui ne sont pas probants (sépultures 2, 18) ;
133– 3 sont des sépultures où la décomposition du corps s’est effectuée en espace colmaté (sépultures 5, 17, 21), et deux ont des indices de décomposition en espace colmaté mais qui ne sont pas probants (sépultures 1, 4) ;
134– 7 n’ont livré aucun indice quant au mode d’inhumation (sépultures 3, 7, 8, 10, 14, 16, 20).
2.3.1.2 Position des corps
135La position des corps dans la tombe est relativement homogène :
136– les sujets sont en décubitus dorsal avec trois fois une composante de rotation latérale (sépultures 7, 12‑13, 24) ;
137– le crâne présente sa face antérieure (sépultures 2, 7, 10, 15), ou supérieure (sépultures 5, 18), ou latérale droite (sépultures 4) ou latérale gauche (sépultures 1), ou enfin antérolatérale droite (sépulture 17). Les faces d’apparition supérieures traduisent une position forcée, c’est‑à‑dire que, pour garder cette position, le crâne doit être maintenu. Des coussinets de paille ont servi de calage au crâne (cf. § 5.4.3) ;
138– les membres supérieurs sont en extension ou les coudes légèrement fléchis, ou (sépulture 8) fléchis avec les mains sur le pubis ;
139– les membres inférieurs sont en extension, parallèles ou croisés (sépulture 24).
2.3.1.3 Répartition des inhumés par âge et par sexe
140Les sujets immatures sont sous‑représentés en effet, seuls 2 sujets immatures (8‑10 ans et 15‑20 ans) ont été comptabilisés sur au moins 14 adultes. On peut donc penser que l’enclos funéraire est réservé à une certaine partie de la population. L’analyse de la répartition des sexes ne peut être envisagée de manière satisfaisante, dans la mesure où la détermination du sexe de nombreux individus n’a pu être effectuée en raison de la mauvaise conservation des os coxaux. On a compté 6 sujets féminins (dont un incertain), 1 masculin et 13 de sexe indéterminé.
2.3.1.4 Pathologie
141Peu de pathologies ont été constatées : une fracture réduite d’ulna droite (sép. 12‑13), une arthrose thoracique et lombaire (sép. 12‑13). Les dents peuvent être très usées et aucun cas de carie n’a été observé. Les os conservés montrent donc que l’échantillon de population représentée dans cet enclos funéraire est « sain » mais il faut toutefois garder à l’esprit que beaucoup d’os sont manquants et donc que l’information par rapport à la santé de ces individus est lacunaire.
i.v., h.d.
2.3.2 Les données archéologiques
2.3.2.1 Formes et dimensions des fosses
142Toutes les fosses sont rectangulaires ou légèrement trapézoïdales. La plus grande largeur est généralement du côté de la tête du défunt (huit cas) mais, dans quatre cas, elle est au niveau des pieds. Il n’existe pas de corrélation entre la forme de la fosse et l’orientation du défunt. Il en est de même entre la forme de la fosse et la datation de la sépulture. On trouve tout aussi bien des fosses rectangulaires ou trapézoïdales aux différentes phases d’occupation de l’enclos.
143Les largeurs varient de 0,40 m à 0,90 m pour une longueur de 1,60 m à 2,60 m, soit un rapport du simple au double. Les fonds, généralement plats, présentent dans certains cas un profil plus ou moins en cuvette (sépulture 2), incliné (sépulture 8) ou bouleversé, probablement par des inhumations successives (sépulture 6).
144La longueur des fosses dépasse en moyenne de 0,20 m à 0,30 m la taille du défunt, au‑delà de la tête et des pieds. Il en est de même de la largeur, à l’exception de la sépulture 21 qui est particulièrement étroite. Dans certaines sépultures, le squelette, qui n’occupe qu’une petite partie de la fosse, est décentré et bloqué contre une paroi (sépultures 2, 8, 18). La présence d’un aménagement de pierres témoigne de l’existence à l’origine d’un coffrage de bois qu’il a fallu caler. Les différences enregistrées entre la taille du défunt et les dimensions des fosses montrent que ces dernières n’étaient pas creusées sur mesure, que le défunt ait été enterré dans un coffre en bois (sépulture 2, 8, 15, 18) ou en pleine terre (sépulture 5, 17, 21).
145La profondeur des fosses varie de 0,05 m à 0,90 m sous le niveau de la terre arable. Il n’existe pas de corrélation entre la profondeur des fosses et la chronologie relative des sépultures.
2.3.2.2 Aménagement des fosses
146Un seul type d’aménagement interne des fosses a été identifié sur le site. Il s’agit de banquettes taillées dans la craie dans les sépultures 5, 7, 10, 18, 21. Elles existent aux pieds et/ou à la tête du défunt, et moins fréquemment sur les longs côtés. Leurs largeurs varient de 5 à 15 cm, pour une hauteur ne dépassant pas 27 cm. Il n’existe aucune corrélation entre la présence des banquettes et les autres données archéologiques ou anthropologiques. Elles appartiennent aussi bien à des sépultures de La Tène B1, B2 ou Cl, qu’à des inhumations en espace vide ou colmaté8 .
2.3.2.3 Orientation
147Toutes les sépultures sont disposées parallèlement à l’un des fossés, à l’exception toutefois des sépultures 21 et 24 qui sont en position oblique, et de la sépulture 3 pour laquelle nous manquons de données. Il n’y a aucune explication à la position « aberrante » de ces tombes. Les autres sépultures ont toutes été aménagées parallèlement aux grands côtés du monument à l’exception des sépultures 6 et 2 qui sont parallèles aux petits côtés. La disposition des tombes correspond avant tout à l’orientation du monument dans lequel elles s’insèrent. Ce phénomène a été observé sur d’autres nécropoles de Champagne et du Sénonais (Baray 1989). Dans le cas de tumulus ou d’enclos circulaires9 les tombes adoptent une disposition concentrique (Ratel 1977 ; Mordant 1983). On remarque cependant que, tout en suivant la tendance générale, l’orientation, à La Créole, varie sensiblement d’une tombe à l’autre. On compte 8 cas d’orientation nord‑est/sud‑ouest (sépultures 1, 4, 5, 7, 12‑13, 15, 18, 20), 3 sud‑ouest/nord‑est (sépultures 8, 10, 17), 3 nord‑nord‑ouest/sud‑sud‑est (sépultures 2, 6c, 21), 2 sud‑sud‑est/nord‑nord‑ouest (sépultures 6a, 6b) et 1 est/ouest (sépulture 24).
148L’orientation des corps des sept sépultures de La Tène B2 se répartit comme suit : 6 ont la tête au nord‑est (sépultures 1, 4, 12‑13, 15, 18, 20), 2 la tête au nord‑nord‑ouest (sépultures 2, 6c) et 1, la tête au sud‑ouest (sépulture 17). La sépulture 7 qui est datée de La Tène B1 est orientée la tête au nord‑est. Les deux défunts de La Tène Cl ont la tête orientée au nord‑est (sépultures 5) et au sud‑ouest (sépulture 10). Parmi les 17 sépultures non associées à des enclos, fouillées en 1959‑1960 par P. Parruzot, 11 sont orientées au nord‑est/sud‑ouest, la tête au nord‑est. On voit ainsi se dégager, au fur et à mesure de l’avancement des fouilles à La Créole, une assez forte tendance à l’orientation des défunts, la tête au nord‑est. Les résultats obtenus sur ce site s’incrivent dans la lignée des observations faites dans les autres nécropoles du Sénonais (Baray 1991) : il n’existe pas d’orientation commune pour la région. Seules des tendances sont perceptibles à l’intérieur de chaque site.
2.3.2.4 Répartition et signalisation des tombes
149La plupart des tombes fouillées s’organisent à l’intérieur de l’enclos E4 sans jamais en recouper le fossé. Seules trois petites fosses ont été découvertes à 5 m au sud‑est de la limite externe de l’enclos. Il s’agit de sépultures d’enfants, inhumés sans doute volontairement à l’extérieur d’un espace funéraire réservé aux seuls adultes et/ou aux enfants déjà « initiés » (l’enfant de la sépulture 3 est âgé de 8 à 10 ans)10. L’isolement topographique des très jeunes enfants a été constaté à maintes reprises dans diverses nécropoles à tombes plates d’Europe (Lorenz 1978 ; Sankot 1980). Ce phénomène est particulièrement net à Saint‑Sulpice/En Pétoleyres (Suisse) (Kaenel 1990 : fig. 103).
150A l’intérieur de l’enclos, les tombes forment des ensembles dans lesquels les sépultures se recoupent fréquemment. Quelles interprétations donner à ces regroupements : chronologiques, familiales, claniques, correspondant à une stratification sociale ? Le trop petit nombre de sépultures fouillées, l’absence de mobilier dans bien des cas et le très mauvais état de conservation général des restes osseux limitent considérablement la portée de nos observations.
Trois points méritent cependant d’être signalés.
151Les sépultures 3 et 7, les plus anciennes, n’occupent pas le centre de l’aire interne de l’enclos. Peut‑on envisager la disparition de sépultures contemporaines ou plus anciennes, pour expliquer leur position excentrée ? On est tenté de répondre par l’affirmative en se référant à ce qui subsiste des fosses 14, 16 et 22 recoupées par des sépultures plus récentes. Ces trois fosses et peut‑être d’autres, qui n’auraient laissé aucune trace, occupaient vraisemblablement l’essentiel de l’aire interne de l’enclos, bien avant l’installation des tombes de La Tène B2.
152On ne constate pas de regroupements de tombes de type familial. Il n’existe aucun cas de sépultures contemporaines accolées, renfermant chacune un défunt de sexe différent11. Les recoupements observés sont dus pour la plupart à l’impossibilité d’étendre horizontalement l’aire funéraire. A une progression horizontale des nouvelles sépultures se substitue très rapidement une progression verticale avec recoupement ou réoccupation fréquente des fosses. L’espace délimité par le fossé délimite lui‑même un sous‑espace réservé aux ensevelissements qui ne doit en aucun cas être transgressé. Après deux siècles d’occupation plus ou moins continue, le sous‑espace destiné aux morts n’a jamais été dépassé. On observe le même phénomène à Fenay (Côte‑d’Or) (Gaiffe 1989) et à Longvic‑Lès‑Dijon (Côte‑d’Or) (Barral, Depierre à paraître) où deux enclos quadrangulaires, comparables à celui de La Créole, ont été récemment fouillés. Les sépultures présentent toujours de nombreux recoupements (La Créole : sépultures 2 et 12‑13 ; sépultures 10 et 7 ; sépultures 5 et 21), une réutilisation (La Créole : sépulture 6) et des bouleversements (La Créole : sépulture 14 et 16) limités au sous‑espace de l’aire interne de l’enclos. L’espace réservé aux inhumations ne pouvant s’agrandir au détriment de la bonne circulation à l’intérieur du monument (fig. 3), il n’était plus possible dès lors de respecter l’emplacement des sépultures antérieures. Les espaces délimités par le fossé, espace de circulation et espace d’ensevelissement, servent à un seul groupe ou à une seule famille. Dans ces conditions, il n’est plus nécessaire d’accoler les tombes les unes aux autres pour indiquer les liens particuliers unissant les défunts comme cela se fait dans les nécropoles à tombes plates sans monument ; ici, le critère « ensevelissement à l’intérieur de l’enclos » est apparemment suffisant. On retrouve ce phénomène à Villeperrot/Le Haut des Longues (Yonne) (Prampart 1979 : fig. 8) : le fouilleur a mis en évidence un ensemble de quatre sépultures délimité par un petit enclos carré et quatre trous de poteaux (enclos E : sépultures 25 à 28). Parmi les tombes, on note la présence d’un homme, de deux adultes de sexe indéterminé et d’un enfant. A Villeperrot, comme à La Créole, les inhumations se sont succédées pendant plusieurs années à un même emplacement sans jamais franchir les limites de l’aire interne du monument. Dans les deux cas, à l’impossibilité d’une progression horizontale se substitue une progression verticale, d’où la fréquence des recoupements.
153Les recoupements observés entre certaines sépultures, outre les renseignements d’ordre chronologique qu’elles nous fournissent, indiquent apparemment l’absence de signalisation au sol des tombes. La réduction de la sépulture 12‑13, lors du creusement de la fosse de l’inhumation 2, conforte à première vue cette impression. Or, il est d’autres indices ténus qui tendent à prouver qu’il en était sans doute tout autrement. Tout d’abord, on l’a vu dans le paragraphe précédent, les tombes de chaque phase se situent toujours à une certaine distance les unes des autres. Elles devaient donc être suffisamment visibles en surface pour que l’on ait observé un seul cas de recoupement. La sépulture 2 constitue en ce sens un cas aberrant. D’autre part la réutilisation à quarte reprises de la fosse 6 témoigne bien de la connaissance qu’en avait les fossoyeurs. Les diverses réutilisations se sont succédées sans que la forme originelle de la fosse en soit affectée. On peut donc, sans trop se tromper, envisager l’existence d’une signalisation pour chaque tombe (pieu en bois, petit monticule de terre, pierre fichée...) dont n’est conservée aucune trace. Seule l’encoche visible dans le petit côté inférieur de la sépulture 5 laisse supposer la présence d’un pieu fiché aux pieds du défunt.
154On doit également envisager en plus de la signalisation individuelle des tombes, celle de la zone qui leur était réservée. En effet, il devait exister un marquage au sol de l’aire interne de l’enclos permettant d’une part d’y circuler librement et interdisant d’autre part aux fossoyeurs de recouper le fossé de celui‑ci lors du creusement de nouvelles tombes (fig. 3)12. On ne possède aucun indice matériel pour valider cette hypothèse sinon que la distance observée entre les tombes et le côté du fossé sur lequel elles s’alignent est d’une extrême régularité (sauf dans le secteur nord où la sépulture 7 est en dehors des limites reconnues) : 2 m sur le long côté sud et le petit côté ouest ; 1,50 m sur le petit côté est ; de 1,30 m à 1,50 m sur le long côté nord. A Fenay/La Grande Pièce (Côte d’Or) (Gaiffe 1989 : fig. 10), les sépultures occupent la partie centrale de l’aire interne de l’enclos. Comme à La Créole, il semble y avoir une répartition stricte entre « espace de circulation » périphérique et « espace d’ensevelissement » central.
2.3.2.5 Réduction de sépulture
155Un seul cas a été observé sur le site. Il y a eu réduction de la sépulture féminine 12‑13 lors de la mise en place de la sépulture 2. Les ossements de la partie supérieure du corps ont été déplacés et posés au‑dessus du bassin et des membres inférieurs. Les cas de réduction protohistorique demeurent extrêmement rares. En général on constate le bouleversement du squelette par recoupement total ou partiel de la fosse par une autre tombe, mais jamais la réduction du squelette précédent. Le seul site à notre connaissance où un cas de réduction a été récemment observé est celui de Fenay/La Grande Pièce (Côte‑d’Or) (Gaiffe 1989 : fig. 6) : la partie supérieure des deux corps de la sépulture double no 20 a été démontée et déposée à l’emplacement des bassins pour permettre l’installation d’un nouveau défunt. Ici aussi la présence d’un coffrage de bois ne fait aucun doute comme en témoignent les traces conservées (Gaiffe 1989). On ne dispose d’aucun argument pour expliquer l’extrême rareté des réductions à l’époque de La Tène. On pourrait être tenté de lier dans un système logique de cause à effet la rareté des réductions à celle des sépultures en coffre. Néanmoins, l’étude anthropologique in situ des sépultures tend de plus en plus à montrer l’emploi généralisé des coffrages de bois. Il faut donc chercher ailleurs les causes profondes de ce phénomène.
2.3.2.6 Les modes d’inhumation
156Les résultats de l’étude anthropologique confrontés à ceux de l’archéologie nous renseignent quant au mode de déposition des défunts.
Sépultures en coffre de bois
157L’étude anthropologique a permis de reconnaître de façon certaine quatre sépultures dans lesquelles la décomposition du corps s’est faite en espace vide (sépultures 6, 12‑13, 15, 24). Les sépultures 2 et 18 sont également à classer dans cette catégorie bien que les indices anthropologiques reconnus ne soient pas suffisamment probants.
158Le comblement de ces six fosses présente à peu de choses près le même remplissage symétrique en périphérie du squelette. Ce remplissage est constitué de couches de limon beige très riche en nodules de craie de petite grosseur. Il s’agit d’un sédiment compact et très induré qui n’a pu se former qu’à la suite de phénomènes de précipitation et de formation de calcite provoqués par la présence d’un coffrage en bois. L’identité des remplissages permet de caractériser le processus de comblement des fosses : après creusement et mise en place du coffrage, on colmate la périphérie de ce dernier à l’aide des matériaux extraits, limon beige et craie ; des blocs de silex ou de grès ont également été utilisés pour bloquer le coffrage dans la fosse. La terre végétale sert à construire un petit monticule au‑dessus d’elle pour marquer son emplacement. L’effondrement du coffre quelques années plus tard crée un vide, rapidement comblé par le tassement de la terre végétale. Entre‑temps, l’espace intérieur du coffre se remplit au rythme du pourrissement du bois, par infiltration de terre et de particules de craie. On se trouve en présence d’un espace colmaté différé (Duday 1985).
159En coupe, on obtient une répartition parfaite des sédiments avec en périphérie les matériaux extraits qui ont servi à caler le coffre ; au centre, une masse composée des infiltrations de particules crayeuses et de limon ; au‑dessus, en forme de cuvette, un comblement terreux plus sombre qui provient du tassement des terres supérieures.
160Aucun système d’attache n’a été découvert. Les coffres devaient être constitués soit de simples planches assemblées par emboîtement comme cela a été observé pour la sépulture 18 de Charmoy (Yonne) (Carré 1979), soit d’un tronc d’arbre évidé13. Dans les deux cas, la présence de pierres en périphérie du coffrage s’explique par la nécessité de bloquer celui‑ci latéralement.
161L’étude de la nécropole mérovingienne de Soyria (Jura) a permis d’établir des corrélations entre les différents types de calage et l’utilisation de coffrages de bois (Pétrequin et al. 1980). Ceux‑ci, constitués de troncs d’arbres évidés, le plus souvent à fonds arrondis réguliers, sont calés selon divers procédés. La solution la plus simple et également la plus fréquente, consiste à bloquer latéralement le coffre avec les déblais de creusement de la fosse. Ce comblement latéral direct concerne 37 % des coffres et 28 % des cercueils monoxyles de cette nécropole (Pétrequin et al. 1980). A ce type de calage correspond un pendage symétrique du remplissage de la fosse. L’autre solution implique l’emploi de blocs de pierres pour caler le coffre. Ils sont utilisés soit en deux lignes continues disposées de part et d’autre du tronc, soit en une seule ligne lorsque le tronc est bloqué le long d’une paroi (Pétrequin et al. 1980 : fig. 21, no 1). A La Créole, les déblais de creusement et les blocs de silex ont été utilisés simultanément pour caler les sépultures14. Des blocs ont également été placés au‑dessus du coffrage comme pour maintenir le couvercle. Ce sont ces pierres que l’on retrouve fréquemment au‑dessus des squelettes, ayant parfois provoqué, comme c’est le cas pour les sépultures 1, 2 et 18, l’écrasement du crâne15.
162Pour les défunts des sépultures 1 et 10, le choix des fossoyeurs s’est porté sur un seul bloc de grès de plusieurs dizaines de kilogrammes qu’ils ont placé en couverture du coffre. Dorénavant, les blocs utilisés sont, pour la plupart, des grès pesant chacun plusieurs dizaines de kilogrammes. Ils ne servent que de couverture au coffre ; les aménagements de pierres de calage se font plus rares. D’un point de vue chronologique, l’adoption de ce nouveau mode d’aménagement semble apparaître à la fin du ive s. ou au début du iiie s. av. J.‑C. En Champagne, dans des sépultures de cette période, D. Bretz‑Mahler note la présence de pierres au‑dessus de certains inhumés comme à Villevenard où « le squelette était protégé par une alternance de couches de terre et de pierres, dont certaines pesaient 40 kg » (Bretz‑Mahler 1971 : 177). Dans le Sénonais, pour la même période, certains sites présentent ce type d’aménagement : à Vinneuf et à Saint‑Denis‑Les‑Sens (Yonne) (Hure 1931 : 79, 99) mais aussi à Michery/La Longue Raie, sépultures 100, 103, 104, 106, 107, 401 (Yonne) (cf. chap. 3) et à Soucy/Mocques Bouteilles, sépultures 57, 59 (Yonne) (cf. chap. 4).
Sépultures en pleine terre
163Le second mode d’inhumation reconnu à La Créole est l’inhumation en pleine terre. Cinq sépultures sont concernées. Pour trois d’entre elles, les indices sont suffisamment probants (sépultures 5, 17, 21) ; pour les deux autres, ils le sont moins (sépultures 4 et 20).
164Le défunt est déposé habillé ou nu, enveloppé ou non d’un linceul au fond de la fosse. Il peut aussi reposer sur une litière végétale (cf. chap. 5). La fosse est ensuite remblayée de terre brune. Les matériaux extraits lors du creusement ne sont pas employés. Dans les sépultures 5 et 20 une couverture de blocs de silex de moyenne grosseur a été constituée au‑dessus des corps.
2.4 Le mobilier archéologique
2.4.1 La parure
165Les objets de parure représentent 31,2 % de l’ensemble du mobilier. Il s’agit essentiellement de parures annulaires (torques, bracelets, bague), d’une perle et de deux défenses de Suidés.
2.4.1.1 Torque
166Deux torques en bronze de types différents ont été découverts dans les sépultures 2 et 18 de La Créole.
167Un torque comparable à l’exemplaire de la sépulture 2 a été mis au jour, en 1874, dans la nécropole de Lailly/La Tournerie (Yonne) (Hure 1931 : 135, fig. 258). Il est conservé au musée municipal de Sens, ainsi qu’un second exemplaire sans provenance exacte, mais découvert vraisemblablement dans la région (Hure 1931 : 168, fig. 355). Ce dernier torque présente également des tampons coulés en une seule pièce, comme à La Créole. Dans la Marne, les torques des sépultures 57 des Grandes‑Loges et de Coizard sont du même type (Hatt, Roualet 1977 : 14, pl. IX, fig. 2 ; Thénot 1982 : pl. 16, no 1). Ils sont datés de la La Tène ancienne Ilb (Hatt, Roualet 1976). A Bussy‑le‑Château/Culvidame (Marne) (Corradini 1991), un torque à tampons cylindriques soudés est associé à une fibule en bronze de type Dux tardif, à deux bracelets en bronze, l’un serpentiforme et l’autre à anneaux moulés et reliés par des nodosités, et à deux vases dont un porte un décor peint de « rinceau » en réserve. A Manre/Le Mont Troté (Ardennes) (Rozoy 1987)16, la sépulture 122 a livré un torque de ce type, mais à tampons non soudés, en association avec un bracelet à anneaux ajourés moulés, daté de La Tène B217. On retrouve la même association dans la sépulture 1 de la nécropole de Beine/Montéqueux (Marne) (Kruta, Roualet 1978 : fig. 2). Cet ensemble appartient, par référence au style du décor qui orne le torque, à la sous‑phase récente de l’horizon Duchov‑Münsingen soit à l’articulation des ive et iiie s. av. J.‑C. Toutefois la technique employée pour la fabrication du torque de La Créole (torque moulé à la cire perdue, fermeture à segment amovible) nous incite à le dater plus précisément du premier quart du iiie s. av. J.‑C.18, juste avant l’apparition des premières fibules de type La Tène II.
168Le torque à arceaux de la sépulture 18 appartient à un type beaucoup plus répandu notamment en territoire sénon. Ce type de torque se rencontre toujours en contexte La Tène B219. Ainsi, dans la sépulture à inhumation découverte en 1927 sur le site de Lailly au lieu‑dit Au Delà de l’Eau (Yonne), où l’un d’eux était associé à trois fibules de Dux en bronze, aux restes d’une fibule en fer et à un bracelet en bronze à jonc simple, non décoré (Lajon 1927). Dans la sépulture à inhumation de l’enclos 18 de Passy/La Sablonnière (Yonne) (Bernardini et al. 1983), le torque est associé à un bracelet en bronze à anneaux moulés et à une fibule en fer. L’exemplaire de la sépulture S3 de Courtavant/Mont les Noix (Aube) (Piette 1979) est associé à deux fibules de Dux en bronze. En 1950, l’abbé P.‑M. Favret et J. Prieur classaient les torques à arceaux dans la catégorie des torques ternaires. Cette classification est reprise en partie par D. Bretz‑Mahler en 1971 dans sa synthèse sur la civilisation de La Tène I en Champagne (Bretz‑Mahler 1971 : 53). Pour notre part, nous réservons l’appellation de torque ternaire aux seuls exemplaires dont le décor est composé d’un motif qui se répète trois fois, à égale distance, sur le pourtour du jonc. Le torque de la sépulture 18 de La Créole et, par extension, tous ceux‑ci qui lui sont comparables, sont à classer clans le type torques à arceaux (fig. 33). Il existe un certain nombre de variantes de ce type en fonction de l’organisation des arceaux et de la présence ou non d’un décor secondaire sur le jonc (Baray 1991).
2.4.1.2 Bracelet
169Après les fibules, c’est la catégorie d’objets la mieux représentée dans le mobilier des tombes de l’enclos E4. On dénombre 6 bracelets dont 1 en lignite et 5 en bronze.
Bracelets en bronze
170Le bracelet de la sépulture de guerrier 1 ne présente aucune particularité morphologique, exception faite de l’adjonction du petit anneau de bronze enroulé autour du jonc qui permet de le dater avec précision. Le port d’un bracelet au bras gauche est relativement fréquent dans les sépultures de guerriers de La Tène B2 du Bassin parisien. On peut citer par exemple la sépulture 14 de Villeperrot/Le Haut des Longues (Yonne) (Prampart 1979 : fig. 15), la sépulture 8 de Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989 : 63), les sépultures 1 et 2 de Moulins‑sur‑Yevre/Maubranches (Cher) (Willaume 1985 : pl. 31, no 3 et 12)20. En revanche, il est beaucoup plus rare de trouver un guerrier paré d’un bracelet au bras droit. On peut néanmoins citer l’exemple du guerrier de Rungis qui porte un bracelet en fer à ce bras (Kruta, Rapin 1987)21.
171Les deux bracelets ouverts à jonc non décoré de la sépulture 2 ne peuvent être datés avec précision, par manque de caractéristiques typologiques. Il en est de même du bracelet fermé à jonc massif de la sépulture 1822.
Bracelet en lignite
172Dans le Sénonais, les bracelets en lignite apparaissent dans les ensembles de la première moitié du iiie s. av. J.‑C23. On peut citer, à titre de comparaison les bracelets de Villeperrot/Le Haut des Longues, sépultures 12 et 23 (Yonne) (Prampart 1979), Pont‑sur‑Yonne/Derrière les Ecoles, sépulture 301 (Yonne) (Prampart 1980), Bromeilles/Mainville, sépulture 17 (Loiret) (Willaume et al. 1977), Soucy/Mocques Bouteilles, sépultures 4, 7, 9, 10, 11 et 54 (Yonne) (cf. chap. 4). Ils sont connus en haute Bavière (Kramer 1985), en Suisse occidentale (Kaenel 1990) et en Bohême (Waldhauser 1987) à La Tène B2 et à La Tène C1. Quelques rares spécimens perdurent ensuite à La Tène C2 et D1 où ils ne sont plus attestés que dans les habitats, par exemple à Levroux (Indre) (Bouyer, Buchsenschütz 1982) ou à Feurs (Loire) (Vaginay, Guichard 1988). La pratique de l’incinération des défunts, parés de leurs bijoux, annihile en effet toute possibilité de découverte de bracelets en lignite en contexte funéraire, à l’exception toutefois des objets appartenant aux dépôts secondaires24.
2.4.1.3 Bague
173Dans la région, les seuls exemplaires de bagues connus en contexte sûr proviennent de sépultures masculines de La Tène B2 : Gravon/Le Chemin de l’Ecluse, sépultures de guerriers 4 et 30 (Seine‑et‑Marne) (Scherer et al. 1972), Bromeilles/Mainville, sépulture 51 (Loiret) (Willaume et al. 1977), Champlay/Le Tillot, sépulture 1 (Yonne) (Merlange 1979). Sur ce dernier site, la bague était associée à une fibule en bronze du type de Dux. Il est à noter que la bague découverte dans la sépulture 2 de La Créole appartient à un contexte féminin.
2.4.1.4 Perle
174Il n’est guère possible de dater précisément la perle de jayet de la sépulture 27, faute d’éléments de comparaison. Notons que D. Bretz‑Mahler mentionne la mise au jour d’une perle de jayet à Lavannes (Marne) (Bretz‑Mahler 1971 : 83).
2.4.1.5 Défenses de Suidés
175Deux découvertes comparables à celle de la sépulture 7 de La Créole ont été faites en 1955 à Champigny‑sur‑Yonne/Chaumont (Yonne) (Louis 1956)25 et en 1976 dans la sépulture 4 de Châtenay‑sur‑Seine/Les Gobillons (Seine‑et‑Marne) (Bontillot et al. 1975)26. Ces défenses étaient associées à des sépultures masculines en contexte La Tène B2 et La Tène C, possédant respectivement un poignard anthropomorphe et un poignard pseudo‑anthropomorphe (Parruzot 1953). A La Créole, une datation à La Tène B1 peut être retenue compte tenu de l’association des deux défenses de Suidés et d’une fibule en bronze à pied libre et cabochon de corail de la phase pré‑Duchcov.
176Dans la Marne, une défense de Suidé a été découverte dans la sépulture multiple de Saint‑Jean‑sur‑Tourbe (Thénot 1975 : 45, pl. 2). Bien que « sectionnée volontairement, des traces d’oxyde de cuivre et une gorge sur la base de la face interne laissent supposer que cette dent était sertie dans une pièce de bronze munie sans doute d’une bêlière de suspension » (Thénot 1975 : 48). Cet objet était associé à diverses parures du Hallstatt D3. On trouve également une défense de Suidé, en contexte La Tène B2, dans la sépulture 25 inf. de Beine/L’Argentelle (Marne) (Morgen, Roualet 1975). Elles sont relativement nombreuses dans les nécropoles d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse où elles ne sont jamais munies de virole de bronze : Dürrnberg, sépultures 77, Asperg, sépulture 14‑15, Magdalenen‑berg, sépulture 5, Singen, sépulture 53, Münsingen‑Rain, Mülheim (Pauli 1976). Dans une sépulture de guerrier découverte en 1964 à Gauting (Haute‑Bavière) (Kramer 1985 : taf. 65, no 3) deux défenses de Suidés perforées étaient associées à une fibule en bronze à pied libre de La Tène B1. La tombe à inhumation de Saint‑Laurent‑en‑Royans, dans la Drôme, a également livré deux défenses de Suidés, une fibule en bronze, deux perles de verre jaune, une épée en fer et deux fragments d’anneaux en fer (Bocquet 1991 : fig. 1 et 3). Les défenses de Suidés ont été découvertes au niveau du front de l’inhumé. La canine inférieure droite présente une perforation transversale. La fibule est à pied libre, terminé par une petite cupule sans cabochon. L’arc est coudé ; le ressort est à deux fois deux spires et corde externe. Une fibule comparable provient de la tombe 79 de Saint‑Sulpice/En Pétoleyres (Suisse) que G. Kaenel date de La Tène B2 (Kaenel 1990 : pl. 55).
2.4.2 Les accessoires vestimentaires
177Hormis la boucle de ceinture de la sépulture 2, le mobilier est composé uniquement de fibules.
2.4.2.1 Fibule
178Quantitativement, c’est la première catégorie d’objet du site. On compte dix‑sept fibules en bronze, en fer et bronze ou en fer, soit 53,1 % de l’ensemble du mobilier. Elles peuvent être regroupées en six grands types qui présentent des variantes.
Fibules en bronze
179Les fibules en bronze sont deux fois moins nombreuses que leurs homologues en fer avec seulement cinq exemplaires. Elles sont à classer dans trois types différents.
Type filiforme à timbale
180L’unique fibule de ce type a été découverte dans ce qui subsistait de la sépulture d’enfant 3. Elle appartient au type F4A2 de la classification de Mansfeld (Mansfeld 1973). L’inventaire de ces fibules a été complété récemment, à l’occasion de la publication des fouilles de Bragny (Doubs) (Feugère, Guillot 1986 : 204, fig. 42) et du Bilan de sept campagnes de fouilles à la Cité d’Afrique de Messein (Meurthe‑et‑Moselle) (Lagadec et al. 1989 : inventaire, 158 à 160). Elles connaissent une répartition principale assez large de la Bourgogne au Württemberg. P. Brun a montré lors d’un travail récent que 22,5 % des fibules du type F4 se concentrent sur le territoire théorique polarisé autour du Mont‑Lassois (Brun 1988). 15,5 % proviennent de la résidence princière elle‑même. En contexte funéraire on en connaît dans la Marne dans les tombes 77 et 162 des Jogasses à Chouilly (Hatt, Roualet 1976 : pl. 23, no 961 et pl. 50, no 1148), à Heiltz‑l’Evêque/Charvais, sépulture 20 (Marne) (Lepage 1966 : fig. 6, no 6), à Larrey, sépulture 14 (Côte‑d’Or) (Joffroy 1964‑1965 : pl. XXXII, no 12), etc. Ces fibules sont caractéristiques du Hallstatt D3.
Type de « Marzabotto »
181Une seule fibule de ce type a été mise au jour et provient de la sépulture féminine 7. Elle appartient à une variante assez rare de La Tène B1. L’exemplaire de La Créole trouve sa parfaite réplique dans celui de la sépulture 17 de la nécropole d’Etoges/Les Petits Noyers (Marne) datée de la première moitié du ive s. av. J.‑C. (Hatt, Roualet 1977 : pl. VII, fig. 12). Sur le Plateau suisse, les fibules comparables, à cabochon de corail, sont classées à La Tène Ib (Viollier 1916 : pl. 2‑3). Une fibule en bronze du même type, mais à arc en archet de violon, a été découverte dans le sanctuaire étrusque de La Source à Marzabotto (Emilie‑Romagne). Elle est datée de la seconde moitié du ive s. av. J.‑C. (Kruta 1983 ; Kruta‑Poppli 1987). L’arc côtelé ou perlé de cette fibule constitue l’une des caractéristiques typologiques des fibules de l’horizon La Tène B1 « récent » de Suisse occidentale, soit des premières décennies de la phase Duchcov‑Münsingen (Kaenel 1990 : 239).
Type de Dux
182On possède trois fibules de ce type. Elles ont été découvertes dans la sépulture multiple 6 et dans la sépulture féminine 18. Les fibules de Dux ont une répartition spatiale extrêmement large qui va de la Bohême à l’est au Bassin parisien à l’ouest. La phase d’apparition et de diffusion de ces fibules se situe entre le second quart du ive s. et les premières décennies du iiie s. av. J.‑C., phase Duchcov‑Münsingen (Kruta 1979). A cela, il faut ajouter une très grande diversité de types et surtout de décors qui témoignent sans doute de l’existence de faciès et/ou d’ateliers locaux. Parmi les différents exemplaires découverts dans le Sénonais, une fibule en tous points comparable à l’exemplaire a de la sépulture 18 a été mis au jour dans la sépulture 26 du Bas des Renardières à Pont‑sur‑Yonne (Yonne) (Prampart 1981). Trois exemplaires proviennent du tumulus d’Esnoms/Les Gros Meurgers (Haute‑Marne) (Lepage 1984 : fig. 81, no 7 et fig. 82, no 17) et un de celui de La Friche à Mauvilly (Côte‑d’Or) (Joffroy I960 : fig. 78, no 1). On retrouve un autre exemplaire présentant les mêmes caractéristiques décoratives aux Baulmes (Suisse), que G. Kaenel date de son horizon La Tène B1 « récent » (Kaenel 1990 : pl. 7). Les deux fibules des sépultures 6 et 18 n’appellent pas de commentaire particulier.
Fibule en fer et bronze
Type de Münsingen ( ?)
183La fibule b de la sépulture 6 est la seule de ce type. Elle diffère toutefois du type canonique à cabochon en émail ou en corail (Kaenel 1990 : 239) par la présence d’un cabochon en bronze. Trois fibules à cabochon, également en bronze, ont été découvertes par‑ P. Parruzot lors de ses fouilles de 1959 et 1960 à La Créole. Une fibule à cabochon en bronze provient de la sépulture 20 du tumulus de Larrey (Côte‑d’Or) (Joffroy 1964‑1965 : pl. XXXIII, no 6). Ces fibules peuvent être datées de la phase Duchcov‑Münsingen, tout comme les exemplaires à cabochon de corail dont elles dérivent sans doute. Une fibule à cabochon en bronze a été découverte dans la tombe 6 de la petite nécropole de Broc/Villa Cailler (Suisse) (Kaenel 1990 : pl. 65, no 1). Elle est datée de La Tène B2.
Fibule en fer
184Dix fibules en fer ont été découvertes. Sept seulement présentent suffisamment de caractéristiques typologiques pour être identifiées. Elles se répartissent en deux grands types : à pied libre ou à pied attaché sur l’arc.
Type à pied libre
185On possède six fibules de ce type qui appartiennent aux sépultures 1, 4, 5, 15, 17 et 20. Mais elles ne présentent pas toutes les mêmes caractéristiques typologiques. L’exemplaire de la tombe 1 possède un arc haut, coudé, très rare dans la région. C’est une grande fibule de 142 mm de long, avec un arc de fort diamètre (6 mm). Elle peut être comparée à celle de la sépulture 42 de Bromeilles/Mainville (Loiret) (Willaume et al. 1977 : pl. XII, no 8) datée de la première moitié du iiie s. av. J.‑C. Ce type de fibule est muni d’un pied très allongé non fixé à l’arc27.
186La fibule de la sépulture 15 possède un arc en archet de violon et une construction de ressort comparable aux fibules en bronze du type de Dux ou de Münsingen. Une datation large, à la phase Duchcov‑Münsingen peut donc être retenue. La position stratigraphique de la sépulture 15 confirme la datation proposée : elle est recoupée par les sépultures 20 et 17, cette dernière étant datée de la première moitié du iiie s. av. J.‑C.
187Le type de la fibule à pied libre terminé par une grosse perle de la sépulture 17 était déjà connu deux fois en Sénonais : à Gisy‑les‑Nobles/Les Aouches, sépulture 3 (Yonne) (Prampart 1978 : fig. b) et Bromeilles/Mainville, sépulture 32 (Loiret) (Willaume et al. 1977 : pl. X, no 17), dans des contextes de la première moitié du iiie s. av. J.‑C. Dans les nécropoles de Rungis (Val‑de‑Marne) (Kruta, Rapin 1987) et de Bouqueval (Val‑d’Oise) (Guadagnin 1978), des fibules de ce type sont associées à un armement attribué à la charnière du premier et du second quart du iiie s. av. J.‑C. La fibule à pied terminé par une petite perle de la sépulture 20, bien qu’incomplète, peut être datée de la même phase chronologique.
188Des fibules en fer à grand ressort, comparables à l’exemplaire de la sépulture 5, ont été découvertes dans le Sénonais dans les sépultures 53 de Bromeilles/Mainville (Loiret) (Willaume et al. 1977 : pl. XV, no 2) et 1 de Pont‑sur‑Yonne/Beaujeu (Yonne) (Prampart 1989 : pl. X, no 1b). Par comparaison avec le mobilier des nécropoles d’Europe centrale, de Jenisuv‑Ujezd notamment (Bohême) (Waldahauser 1978), ce type de fibule peut être daté de la première moitié du iiie s. av. J.‑C. Son association, dans la sépulture 5, avec une fibule de type La Tène II, habituellement plaçée dans la seconde moitié du iiie s. av. J.‑C., permet de situer l’ensevelissement du défunt au plus tôt dans le second quart de ce même siècle.
Type à pied attaché sur l’arc
189Au moins deux fibules de type La Tène II ont été découvertes dans les sépultures 5 et 10. Celle de la sépulture 5 est la mieux conservée. Elle possède un ressort à deux fois deux spires et corde externe. Le pied, décoré d’une perle, se fixe sur l’arc par un annelet. L’arc est cintré. Elle appartient au type 1a2 de Feugère (1985). Quelques rares comparaisons existent dans les ensembles sénons dont les associations de mobilier (bracelets en lignite, fibules à grosse perle et/ou à grand ressort) permettent de faire remonter l’apparition de ce type durant la première moitié du iiie s. av. J.‑C. (Baray 1991).
190Les restes de l’unique fibule restaurée de la sépulture 10 pourraient dater aussi de La Tène II. L’association avec un bracelet en lignite est par ailleurs en accord avec celle reconnue dans le Sénonais ou dans l’Aube, en contexte La Tène Cl, par exemple à Bromeilles/Mainville sépultures 35 et 53 (Loiret) (Willaume et al. 1977 : pl. XII et pl. XV) et à Saint‑Benoît-sur‑Seine/La Perrière sépulture 42 (Aube) (Bienaimé 1989 : 81).
2.4.2.2 Boucle de ceinture
191Fortement endommagée par la corrosion, la boucle en fer de la sépulture 2 ne nous est pas parvenue entière ; la partie manquante pourrait correspondre à la zone d’attache d’un ardillon. Une boucle comparable a été découverte en contexte La Tène A dans la sépulture 33 de Pemant (Aisne) (Lobjois 1969 : fig. 127).
2.4.3 Divers
192Un anneau de terre cuite a été mis au jour dans la sépulture multiple 6. En l’état actuel des découvertes, on ne connaît que quelques très rares exemplaires comparables. Ils appartiennent tous à des contextes La Tène A et B et proviennent tous des fouilles anciennes de Champagne et de Lorraine. Deux anneaux de ce type ont été trouvés à Etoges (Marne) ; ils appartiennent à la collection J. de Baye, conservée au musée des Antiquités nationales (Thénot 1982 : pl. 26, no 5 et 7). D’après la description qu’en donne A. Thénot, ils possèdent à peu près les mêmes dimensions que l’exemplaire de La Créole, soit un diamètre externe inférieur à 75 mm et un diamètre interne de 40 mm. Ceux découverts dans le tumulus 13 d’Haroué/Bois de la Voivre (Meurthe‑et‑Moselle) (Beaupré, Voinot 1904) et dans la sépulture 5 du tumulus 2 de Chaudeney (Meurthe‑et‑Moselle) (Beaupré 1905) mesuraient respectivement 15 et 45 mm de diamètre interne. L’anneau trouvé en 1926 dans une sépulture féminine à La Veuve (Marne) (Schmit 1926)28 et celui (de forme quelque peu différente) de la sépulture 39, également féminine, de Villeneuve‑Renneville (Marne) (Brisson et al. 1972) étaient tous deux posés, comme celui de La Créole, à l’emplacement du bassin de la défunte. La petitesse du diamètre interne de ces objets ne permet pas de les classer dans la catégorie des bracelets. A noter qu’ils ont toujours été découverts dans des tombes d’adultes, ce qui interdit toute assimilation rapide à des bracelets d’enfants. Quant à la fonction de pessaire avancée par certains auteurs, elle reste sujette à caution29.
2.4.4 L’armement
2.4.4.1 Épée et fourreau
193Le fourreau de La Créole appartient à un type qui reste à définir mais dont on perçoit bien les principales caractéristiques : présence d’une nervure centrale sur la plaque avers, entrée de type campaniforme A2, existence d’un décor de « dragons affrontés »30 pontet de type le de De Navarro, longueur moyenne dépassant les 60 cm, largeur assez étroite de l’ordre de 3,5 cm, bouterolle ajourée de forme allongée (type C de Kosd), bouterolle fixée par une barrette située à environ 13 cm de l’extrémité du fourreau31.
194Tous ces éléments concourent à dater cette épée et son fourreau de la fin du ive s. ou du début du iiie s. av. J.‑C.
195L’exemplaire de la tombe 3 d’Ecury‑sur‑Coole/Le Crayon (Marne) (Roualet et al. 1982) en constitue l’archétype parfait. Ces fourreaux sont toujours associés à des contextes La Tène B2. On les trouve à Hauviné/Verboyon, sépulture 6 (Roualet et al. 1985), Bromeilles/Mainville, sépulture 7 (Loiret) (Willaume et al. 1977)32, Villeperrot/Le Haut des Longues, sépulture 26 (Yonne) (Prampatt 1979). D’autres exemplaires sont connus dans les nécropoles italiennes d’Ameglia/Cafaggio (Ligurie) (Durante 1987 : fig. 9) et de Monte Bibele (Emilie‑Romagne) (Vitali 1987). Ils appartiennent à la même phase chronologique, La Tène B2.
196Le fragment d’entrée de fourreau de la sépulture 17 appartient au type A2 de De Navarro (De Navarre 1972 : vol. I, 23, fig. 3) (high campanulate variety). Son association à une fibule en fer à pied libre surmonté d’une grosse perle permet de dater cette tombe de La Tène B2.
2.4.4.2 Anneaux de suspension
197Les trois anneaux en bronze de la sépulture 1 appartiennent à un système de suspension de l’épée caractéristique des ensembles du ive s. et des premières décennies du iiie s. av. J.‑C. (Rapin 1987). Dans le Sénonais, ce système se rencontre en contexte La Tène B2 dans les tombes de guerriers 14 de Villeperrot/Le Haut des Longues (Yonne) (Prampart 1979) et B5‑16 de Sergines/Gringalet (Yonne) (Parruzot, Delinon 1979). Dans cette dernière sépulture, les anneaux sont associés à deux fibules du type de Münsingen en bronze. On dénombre en général trois anneaux identiques par sépulture, plus rarement un ou quatre,
2.4.4.3 Fer de lance
198Un seul fer de lance a été découvert en contexte, dans la sépulture 1. Il appartient au type IIa de Gournay mais à empennage étroit. Pour A. Rapin, l’usage de ces fers de lance ne dépasse pas le iiie s. av. J.‑C. (Rapin 1988 : 133). Dans le Sénonais, on connaît un certain nombre d’exemplaires dans des ensembles bien datés de La Tène B2 (Baray 1991). A Bromeilles/Mainville (Loiret) (Willaume et al. 1977), ils sont associés dans les sépultures 4 et 51 à deux chaînes de suspension à anneaux torsadés dont les premières apparitions datent du premier quart du iiie s. av. J.‑C. (Rapin 1987).
2.5 Synthèse
2.5.1 Chronologie et pratiques funéraires
199En dépit de quelques ensembles sans mobilier (sépultures 8, 12‑13, 21, 24) ou à mobilier peu caractéristique (sépultures 4, 20), une périodisation interne en quatre phases est possible (fig. 34).
Première phase
200Elle n’est représentée que par la sépulture 3 d’enfant datée du ve s. av. J.‑C., cette phase correspond vraisemblablement à l’édification de l’enclos E4.
Deuxième phase
201La seconde phase n’est également représentée que par une tombe : la sépulture féminine 7 que l’on date de La Tène B1 ancienne. Son mobilier est composé de deux défenses de Suidés serties de bronze et d’une fibule en bronze à cabochon de corail. La fibule appartient aux productions de la première incité du ive s. av. J.‑C. La défunte a été ensevelie dans un espace vide (cercueil ou tronc évidé ?). Un calage sommaire de blocs de silex a été reconnu autour du squelette. Le corps repose sur une litière végétale qui tapisse le fond du coffre tandis qu’un léger coussinet de paille (?) surélève la tête. L’inhumée est orientée la tête au nord‑est.
Troisième phase
202A La Tène B1 récente, l’aire interne de l’enclos reçoit trois inhumations d’adultes : 6c, 15, 18. Ces trois tombes présentent un ensemble de parures et d’accessoires vestimentaires homogène. Les fibules en bronze des sépultures 6 et 18 appartiennent au type classique de Dux, daté du milieu du ive s. av. J.‑C. Bien qu’incomplet, l’exemplaire en fer de la sépulture 15 peut être daté de la même phase chronologique. Le torque de la sépulture 18 conforte cette datation. Tous les exemplaires connus à ce jour ont toujours été découverts dans des contextes datés de la phase Duchcov‑Münsingen. Le reste du mobilier de ces trois tombes est compatible avec la datation proposée.
Quatrième phase
203Elle est illustrée par les sépultures 1, 2, 4, 12‑13, 17 et 20, que l’on date de la Tène B2. Le mobilier de la sépulture de guerrier 1 est sans doute légèrement plus récent que celui des précédentes. Malheureusement, le très mauvais état de conservation de la fibule en fer interdit de préciser la datation de cette tombe. On retiendra néanmoins, faute d’éléments plus précis que ceux évoqués plus haut (cf. § 2.4.4), une datation à l’extrême fin du ive s. ou au début du iiie s. av. J.‑C. pour l’ensemble de ce mobilier. La technique d’élaboration du fermoir du torque de la sépulture 2 indique une datation basse, dans le premier quart du iiie s. av. J.‑C. Le reste du mobilier de cette tombe ne présente pas suffisamment de caractéristiques typologiques pour permettre d’affiner la datation. Bien que dépourvue de mobilier, la sépulture 12‑13 est à classer dans ce groupe. En effet, la réduction du squelette de cette tombe, lors de la mise en place de la sépulture 2, s’est faite alors que le coffrage de bois était encore intact. En estimant entre 20 et 50 ans le temps nécessaire pour que pourrisse complètement un coffrage de bois ou que disparaisse toute signalisation de surface (Clarke 1979), on peut conclure à la contemporanéité relative de ces deux tombes. La sépulture 17 est également contemporaine de la sépulture 2. La fibule en fer à pied libre et à grosse perle terminale est caractéristique de l’extrême fin de La Tène ancienne (La Tène B2). Les sépultures 29 de Fère‑Champenoise/Faubourg de Connantre (Marne) (Brisson et al. 1970) et 39 de Beine/L’Argentelle (Marne) (Morgen, Roualet 1975) possèdent chacune une fibule en fer comparable. Elles sont datées de la première moitié du iiie s. av. J.‑C. La fibule en fer à pied libre (?) de la sépulture 20 appartient à la même phase chronologique, soit à la charnière La Tène B2/La Tène C1. Cette datation est en accord avec le recoupement des tombes 20 et 15, celle‑ci datée, sans plus de précisions, de la phase Duchcov‑Münsingen. La fibule incomplète en fer provenant de la tombe 4 pourrait être contemporaine des exemplaires mis au jour dans les sépultures 17 et 20. Des tombes 2, 4 et 12‑13, c’est la dernière qui est la plus récente puisqu’elle est recoupée par les deux premières. En revanche, l’absence de relation stratigraphique univoque entre la sépulture 4 et la sépulture 2, ne nous permet pas de conclure à leur succession chronologique.
204Deux modes d’inhumation ont été identifiés pour les inhumés de ces deux phases : l’inhumation en espace vide ou colmaté différé (coffres de bois ou troncs évidés ?) et l’inhumation en pleine terre ou en espace colmaté progressif (Duday 1985). Les fosses des tombes 2, 8, 12‑13, 15, 18 possèdent un calage périphérique ou longitudinal de blocs de silex. Les sépultures 1, 15 et 20 ont reçu, pour la première, une couverture de volumineux blocs de grès et de blocs de silex pour les deux suivantes. Tous les défunts ont été allongés sur une litière végétale. La tête des défunts des sépultures 10, 15, 18 et 20 est surélevée par un coussinet de paille ( ?). Certains inhumés sont dotés d’un riche mobilier de bronze composé, pour les femmes, de torque, bracelet, fibule et d’armes pour les hommes. Six des neufs tombes de ces phases sont orientées la tête au nord‑est (sépultures 1, 4, 12‑13, 15, 18, 20).
Cinquième phase
205La cinquième phase d’occupation (La Tène C1) n’est représentée que par deux sépultures d’adultes (5 et 10) dont une féminine (5). Le mobilier de la tombe 5 se résume à deux fibules en fer découvertes au niveau des épaules (pour attacher un vêtement‑manteau ou un linceul ?) tandis que celui de la sépulture 10 se compose d’un bracelet en lignite, de deux fibules en fer et d’un anneau en fer. Le bracelet en lignite peut être daté du premier quart du iiie s. av. J.‑C. C’est à cette période que l’on constate en effet la réapparition de ce type de bracelet dans la plupart des régions de l’Europe celtique. En ce qui concerne les fibules en fer (restaurées), elles appartiennent au type de La Tène II.
206A cette phase, le mode d’inhumation pratiqué est la mise en pleine terre. Les aménagements de pierres reconnus sont du type couverture : blocs de silex dans la sépulture 5 et blocs de grès dans la sépulture 10. Les défunts sont allongés sur une litière végétale. L’orientation de la tête est différente pour les deux sépultures (sépulture 5 tête au nord‑est, sépulture 10 tête au sud‑ouest). Les armes disparaissent du mobilier funéraire tandis que la parure se raréfie notablement. L’usage d’agrafer les vêtements ou le linceul des défunts à l’aide d’une ou deux fibules se maintient. Le mobilier est composé exclusivement de fibules en fer et d’un bracelet en lignite ; aucun objet en bronze n’a été découvert. La pauvreté apparente des tombes de La Créole rappelle celle des sépultures contemporaines de Michery/La Longue Raie (Yonne), à l’exception toutefois de la sépulture féminine 103 (cf. chap. 3). Cette dernière possède en effet un mobilier abondant pour l’époque, composé d’un torque ternaire, d’un bracelet et d’un anneau en bronze (ceinture ?) ainsi que trois fibules en fer.
2.5.2 La nécropole de La Créole dans son contexte du iiie s. av. J.‑C.
207D’un point de vue chronologique, les résultats de cette étude montrent le caractère particulièrement ténu de l’occupation du Sénonais au ve s. av. J.‑C. (sépulture 3) et confirment en revanche l’occupation intensive de la région de la seconde moitié du ive à la fin du iiie s. av. J.‑C. Plus des trois quarts des nécropoles sénones appartiennent en effet à ces périodes.
208Les résultats obtenus sur ce site s’intègrent à la problématique des changements sociaux et économiques perçus au travers de l’évolution des pratiques funéraires au cours de la première moitié du iiie s. av. J.‑C. (Baray 1991). C’est de cette période que datent, en effet, l’apparition des premiers sanctuaires de type picard, les premières sépultures à incinération, les premières émissions monétaires copiées sur les modèles méditerranéens, etc. Armement, parure, attributs vestimentaires, production céramique se modifient stylistiquement et fonctionnellement. Le port de certaines parures, comme les torques, tend à diminuer fortement avant de disparaître presque totalement ; de nouvelles productions céramiques et de nouveaux décors apparaissent (Corradini 1991) ; l’armement se perfectionne sans doute en rapport avec la mise en place de nouvelles tactiques de combat. Dans le domaine funéraire, l’inhumation en pleine terre et l’incinération remplacent l’inhumation en espace vide. C’est dire combien la première moitié du IIIe s. av. J.‑C. est une période particulièrement significative de l’évolution des communautés celtiques du Bassin parisien.
Notes de bas de page
1 Le secteur fouillé se trouve en bordure du chemin vicinal parallèle à la ligne TGV Paris‑Lyon et perdendiculaire à la route qui relie les départementales 329 et 976. Les enclos E4 et E5 (fouilles de décembre 1989) sont situés dans la parcelle 17a de la feuille cadastrale ZE de 1983. Ils ont pour coordonnées Lambert : X = 665 ; Y = 1070,5 ; Z = 130 m NGF.
2 Nous tenons à remercier ici Mme L. Saunier‑Pernuit, conservateur du musée municipal de Sens, qui a permis la restauration à l’Institut de restauration et de recherches archéologiques et paléométallurgiques (IRRAP) (Compiègne) du mobilier issu de ces fouilles. Nos remerciements vont aussi à MM. B. Brousse et J.‑Y. Prampart pour leur aide dans le dépouillement des archives de P. Parruzot : l’essentiel de la documentation a été retrouvé dans les dépôts de la Société archéologique de Sens par M. B. Brousse, archiviste ; par ailleurs, la consultation à la direction des Antiquités historiques de Bourgogne des rapports de fouilles de P. Parruzot, ainsi que la mise à notre disposition par Mme L. Saunier‑Pernuit des collections de Serbonnes/La Créole, ont permis de reconstituer la totalité des ensembles clos. Toutefois, la publication de ces données se trouve reportée à une date ultérieure, une partie des objets en bronze (torques, bracelets, fibules) se trouvant encore dans une collection privée non accessible. Nos remerciements vont aussi à A. Olivier pour avoir permis à A. Charmot de réaliser l’ensemble des dessins du mobilier de La Créole au bureau d’Architecture antique à Dijon.
3 Les fouilles ont été assurées par l’équipe de base composée de Y. Amrane, A. Charmot, F. Ducreux, J. Regel, et I. Villemeur sous la direction de L. Baray, titulaire de l’autorisation de sauvetage programmé. Les relevés de terrain ont été réalisés par Y. Amrane, L. Baray, A. Charmot, F. Ducreux et I. Villemeur. Nous tenons aussi à remercier plus particulièrement les fouilleurs de la coordination de l’autoroute A5 et les bénévoles qui nous ont apporté leur soutien ponctuel mais efficace : L. Bonnabel, J. Bouilliot, S. Deffressigne, C. Ducateau, A. Koehler, F. Ravoire, J.‑L. Rieu, E. Veyrat ; sans oublier M. Chopin et M. Bazelaire pour tous les services qu’elles nous ont très aimablement rendus.
4 Les numéros 9, 11, 19, 22, 23 n’ont pas été attribués.
5 L’ensemble du mobilier métallique issu des fouilles de décembre 1989 a été restauréau laboratoire de restauration UTICA (Saint‑Denis) par C. Relier et S. de La Baume.
6 Fouille 1959‑1960, sépulture 6 de La Créole
7 L’analyse anthracologique effectuée par M.‑E. Solari indique la présence d’1 fragment de clématite (Clematis vitalba), 5 de chêne pédonculé‑rouvre (Quercus rabur‑petraea) et 16 de chêne à feuillage caduc (Quercus à feuillage caduc). De petits amas de cendres ou de charbons de bois sont connus à Münsingen‑Rain, Vevey et Gempenach en Suisse. Ils sont surtout présents dans des sépultures d’enfants et de femmes, plus rarement dans des sépultures d’hommes (Kaenel, Favre 1983 : 207).
8 P. Roualet constate également l’absence de corrélation dans la nécropole de Beine L’Argentelle (Marne) entre la présence de banquettes et le sexe des inhumés ou la chronologie des tombes (Morgen, Roualet 1976). J.‑G. Rozoy propose pour les sépultures de la Champagne et des Ardennes de voir dans ce type d’aménagement des supports à d’éventuelles cabanes funéraires (Rozoy 1987).
9 L’enclos E3 de La Créole fouillé en 1959 par P. Parruzot et son équipe a livré sept sépultures sans mobilier. Elles sont toutes disposées concentriquement.
10 En effet, bien qu’aucun ossement n’ait été découvert dans ces trois fosses, la présence d’une petite perle en jayet au fond de la structure 27, ainsi que la perfection du creusement dans la craie, rendent cette hypothèse plausible.
11 Comme on peut l’observer sur certains sites : à Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) certains secteurs de la nécropole renfermaient des tombes accolées associant systématiquement un guerrier et une femme (sépultures 5‑5b, 12‑13, 38a‑38b, 52‑53, 54‑55). Dans le Sénonais, ce sont les nécropoles de Villeperrot/Le Bas des Renardières (Yonne) (sépultures 16 à 19, enclos E), de Charmoy (Yonne) (sépultures 11‑12, 16‑17), de Sergines/Gringalet (Yonne) (sépultures B5‑14, B5‑16, enclos B), de Marolles‑sur‑Seine/Les Gours aux Lions (Seine‑et‑Marne) (sépulture 36), qui livrent des exemples comparables. Dans l’ensemble, les associations reconnues révèlent soit des adultes de sexe indéterminé, soit une femme et un homme (guerrier généralement), soit deux hommes (guerriers) ou deux femmes. Nous sommes enclins à voir, pour ces sépultures, des regroupements soit de caractère familial et/ou à caractères hiérarchiques, associant dans l’espace funéraire des couples ou des groupes sociaux.
12 Présence d’une clôture légère de piquets ou d’arbustes.
13 A Charmoy, H. Carré a pu mettre en évidence la présence de coffrage en tronc d’arbre évidé grâce à la bonne conservation des fibres végétales en milieu humide (Carré 1979 : 32‑37, fig. 3). Sur les sites de La Tène ancienne de Münsingen ou de Gempenach (Suisse), par exemple, il a pu être démontré la présence de troncs d’arbres évidés (Hodson 1968, note 164 ; Kaenel, Favre 1983). Des observations identiques ont pu être faites sur certains sites allemands (Haffner 1976a) ou d’Europe centrale (Waldhauser 1978).
14 Des coffrages et couvercles de bois, des aménagements de pierres ont été mis en évidence dans les tombes de la petite nécropole de Sion. Pour les sépultures 1, 2, 3 et 4, l’aménagement lithique était de forme et de dimensions variables. Certaines pierres étaient disposées de champ, d’autres, plus nombreuses, horizontalement en surface. Il y a eu « choix d’une (ou de plusieurs) pierres de plus grandes dimensions, qui étaient placées transversalement au niveau du bassin ou des jambes » (Kaenel 1983). Mêmes observations dans les nécropoles de l’Hunsrück‑Eifel (Haffner 1976).
15 La présence d’un coffrage de bois est également envisageable pour les tombes dans lesquelles les squelettes ne se trouvent pas en contact direct avec le fond de la fosse. A Charmoy, les sépultures à coffrage sont à quelques centimètres au‑dessus du niveau du fond de la fosse en raison de l’épaisseur du coffrage (sépultures 11,12,14, 17 et 18). Pour les autres sépultures, le squelette repose directement sur le fond de la fosse (sépultures 13, 15 et 16 inférieure) (Carré 1979).
16 L’auteur date la sépulture 122 de sa période 5, soit de La Tène Ic.
17 Hatt et Roualet (1977 :15, pl. XII, fig. 8 et 10) rangent ces bracelets dans La Tène ancienne IIIb. Pour Brisson, Hatt et Roualet (1970 :14‑15, pl. VII) le bracelet de la sépulture 36 est associé à un torque ternaire du second quart du iiie s.av. J.‑C. Ce type de bracelet est daté de La Tène Ic en Suisse (Viollier 1916 : 47, pl. 23, no 133).
18 La technique de la cire perdue sera largement utilisée pour la réalisation des torques à décor ternaire de LT C1. cf. notamment les exemplaires des sépultures 38 et 42 de Saint‑Benoît‑sur‑Seine/La Perrière (Aube) (Bienaimé 1989).
19 Hatt, Roualet 1977 :14, pl. IX, fig. 6 ; Morel 1898 ; Bretz‑Mahler 1971 : 54, pl. 56, no 1 à 6. Un exemplaire à Fontvannes (Aube) (Bretz‑Mahler 1971 : 54, pl. 56, no 1 à 6).
20 Le bracelet de la sépulture 2 est en lignite.
21 Quelques exemples cisalpins et transalpins de tombes de guerriers avec bracelet (Kruta‑Poppi 1979 : note 7).
22 La sépulture de Lailly/Au Delà de l’Eau, fouillée en 1927, présente la même association de parure que celle de la sépulture 18 de La Créole : torque à arceaux, fibules de Dux, fibule en fer et bracelet en bronze, fermé a jonc massif (Lajon 1927).
23 J.‑J. Hatt et P. Roualet datent la réapparition des bracelets en lignite en contexte funéraire de La Tène ancienne IIIb, soit LT C1 des auteurs allemand (Hatt, Roualet 1977 : pl. XII, fig. 11).
24 L’ensemble des objets ne subissant pas l’action du feu mais qui sont déposés dans la tombe auprès des restes incinérés du défunt.
25 C’est au cours de travaux dans une sablière que des ouvriers ont découvert et détruit, en septembre 1955, une sépulture à inhumation à Champigny‑sur‑Yonne/Chaumont (Yonne).
26 A Châtenay‑sur‑Seine et à Serbonnes/ La Créole, les défenses de Suidés étaient posées au niveau du coude ou du bras droit de l’inhumé.
27 L’exemplaire à arc torsadé de la sépulture 5 de Tartigny (Oise) (Massy et al. 1986) pourrait être du même type.
28 E. Schmit mentionne aussi la découverte, par Oblin et Gillet, d’un objet comparable à Aguilcourt (Brisson et al. 1972 : note 13).
29 Selon A. Thénot (Thénot 1982 : 62) c’est le Dr Baffet et R. Lemoine qui auraient émis l’hypothèse que ces objets trop petits pour être des bracelets pourraient être des pessaires. Idée reprise en 1958 par D. Bretz‑Mahler et A. Brisson dans la publication de la nécropole de Villeneuve‑Renneville (Marne) et en 1972 par A. Brisson, P. Roualet et J.‑J. Hatt lors de la seconde publication de la même nécropole (Brisson et al. 1972 : 22).
30 Le décor de « dragons affrontés » appartient au type I (protome de griffon) de De Navarro (De Navarro 1972). A. Rapin a montré, dans une étude récente, l’ancienneté de ce motif qui apparaît dès le ive s. av. J.‑C. (Rapin 1985).
31 La longueur, très courte, de la bouterolle est caractéristique de la phase récente de La Tène ancienne, La Tène B2 des archéologues allemands (Roualet et al. 1985).
32 Le fourreau possède une bouterolle assez longue par rapport aux autres exemplaires de ce type (16,5 cm).
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Nécropoles protohistoriques du Sénonais
Ce livre est cité par
- Baray, Luc. (2006) Artisanats, sociétés et civilisations. DOI: 10.4000/books.artehis.14262
- (2017) Les ensembles funéraires du Bronze final et de La Tène ancienne des Martres-d’Artière (Puy-de-Dôme). DOI: 10.4000/books.editionscnrs.46690
- Chevrier, Sébastien. Guillaumet, Jean-Paul. Niaux, Roland. Depierre, Germaine. (2006) Artisanats, sociétés et civilisations. DOI: 10.4000/books.artehis.14133
Nécropoles protohistoriques du Sénonais
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