Les campagnes de la France méditerranéenne dans l’Antiquité et le haut Moyen Âge
| ,12 La région de Mèze et la villa des Prés‑Bas à Loupian (Hérault) : contribution à l’étude du littoral languedocien
12 Mèze area and the Prés‑Bas villa in Loupian (Hérault): contribution to the Languedoc shoreline study
Résumé
Le bassin de Thau est une microrégion de la zone littorale languedocienne située entre Agde et Maguelone. La présente contribution se limitera à une étude de cas sur le secteur de Mèze/Mesua, envisagée sur la longue durée (ier s. av. J.‑C. ‑ xiie s. ap. J.‑C.). La question de l’agglomération antique de Mèze est abordée à la lumière des fouilles anciennes, et déjà se pose le problème du statut de ce site majeur, occupé dès le ve s. av. n.è. Le processus de romanisation autour de Mèze est mieux connu principalement à travers la fouille de la villa des Prés‑Bas, à Loupian, qui fait l’objet depuis 1983 d’une nouvelle programmation. Le site de Mas de Lavit, sur la commune de Mèze, qui semble bien être une autre grande villa, n’est connu quant à lui que par des travaux de prospection. Sur la base de ces deux établissements, distants de quelques kilomètres, l’étude tentera de mettre en valeur, de comparer, sinon d’opposer, les conditions d’implantation et le mode de structuration de cet espace agricole mézois. A partir de la réalité antique, il sera possible de s’intéresser au devenir médiéval, caractérisé au moins à Loupian par l’émergence du village. Les superpositions ou les déplacements de l’habitat sont mis en parallèle avec le développement des lieux de culte chrétien, parfois dès la fin de l’Antiquité, et l’apparition des points fortifiés connus par les sources textuelles, que l’archéologie tente de cerner sur le terrain.
Texte intégral
- 1 Place Charles De Gaulle, 34140 Loupian.
1L’étude de l’occupation antique et médiévale du littoral languedocien, plus particulièrement dans le département de l’Hérault, connaît depuis quelques années un important développement à travers plusieurs programmes de recherche (Agde et la basse vallée de l’Hérault, Lattes et la région de Lunel‑Mauguio). La contribution de notre équipe –Archéofactoiy1, une recherche engagée depuis 1975 (Pellecuer 1983, Lugand 1986a) mais qui n’a été formalisée que très récemment (Lugand 1986b, Pellecuer 1986)–, concerne la microrégion du bassin de Thau (fig. 1), soit une vingtaine de communes entre Agde et Maguelone. Géographiquement, on peut retenir quatre grandes composantes pour décrire le paysage de la zone d’étude : le cordon littoral continu enferme une série d’étangs (étangs de Thau, de Vic et de l’Amel) alors que l’arrière‑pays immédiat est essentiellement constitue d’une plaine agricole occupée par la vigne et rythmée par des reliefs couverts par la garrigue,
- 2 Balaruc‑les‑Bains, Balaruc‑le‑Vieux, Bouzigues, Florensac, Loupian, Marseillan, Mèze, Pinet, Pomero (...)
- 3 Parmi une douzaine de sites exploités, nous retiendrons les plus importants et ceux dont l’étude de (...)
- 4 J. Laforgue (cadastrations antiques), F. Brien‑Poitevin (conchyliologie), L. Chabal (anthracologie) (...)
2Après une phase de récolement des informations anciennes et récentes, dans le cadre de travaux universitaires, la révision de l’inventaire archéologique est effective sur onze communes2. A cette base de données s’ajoutent fouilles de sites de référence, sondages, fouilles programmées et sauvetages3. A cette approche classique est associée l’étude du paléoenvironnement et de la structure agraire4, étude prometteuse mais qui n’en est encore qu’à son préliminaire.
3La réflexion qui est proposée ici constitue le développement et la mise à jour d’un modèle d’occupation du sol, tel qu’il a été défini pour le bassin de Thau, au cours du colloque de l’Association française d’archéologie mérovingienne, Gaule mérovingienne et Monde méditerranéen (Pellecuer 1988). C’est autour et pour la villa des Prés‑Bas que nous avons tenté de percevoir un modèle d’occupation, avec la mise en évidence d’un phénomène d’attraction des habitats et la proposition d’une structuration de l’espace rural, principalement pour la fin de l’Antiquité. La villa qui n’est plus isolée dans son territoire est bien le schéma reconnu à Loupian mais aussi pour l’établissement de Mèze/Mas de Lavit. Une telle analogie de situation pouvait servir de validation à l’hypothèse proposée. L’autre axe de travail, simplement aborde en 1988, était le passage à l’habitat groupé médiéval et la caractérisation de ce haut Moyen Âge régional, insaisissable à travers la documentation publiée il y a encore peu de temps. A ces thèmes ponctuels nous substituerons, soutenus par les démarches exemplaires du Lunellois et de la Vannage (Amblard 1985, Parodi 1987), un essai sur l’histoire d’une région sur la longue durée : de l’installation sur la trame protohistorique d’un habitat dispersé au cours des deux derniers siècles avant notre ère, à l’émergence du domaine gallo‑romain dans le Haut‑Empire et aux mutations de la fin de l’Antiquité –continuité et rupture– qui favoriseront le regroupement de l’habitat au cours du haut Moyen Âge. Au‑delà de ces notions qui sont en train de devenir les poncifs de l’étude d’une microrégion, nous proposerons deux images, détaillées, de cette évolution dynamique à travers les exemples, encore une fois repris, de Loupian et de Mèze/Mas de Lavit (fig. 2). Enfin, après une importante campagne de fouilles 1988, nous tenterons de faire le point sur les recherches récentes concernant la villa des Prés‑Bas, une des rares villae languedociennes révélées par la fouille. En préambule à l’étude d’une microrégion, il est toujours bon de répéter que les données acquises par la fouille ne sont en aucun cas des éléments subsidiaires, voire superflus ou anecdotiques. S’il est vrai que la prospection et l’image qui en résulte permettent de constituer, plus rapidement, une série dans laquelle le site de référence est intégré, seule la démarche de la fouille, plus lourde et souvent plus longue, permet de lever un grand nombre d’hypothèques qui ne peuvent qu’entacher le modèle théorique le plus affiné.

FIG. 2 – Zone orientale du bassin de Thau. Les trois fenêtres correspondent aux secteurs d’étude, repris à plus grande échelle dans les fig. 4, 13 et 32 : A Mèze/Mas de Lavit ; B Mèze/agglomération ; C Loupian.
12.1 Mèze et les sites majeurs de la région
4Nous définissons la région étudiée à travers les territoires communaux de Mèze et de Loupian (environ 40 km2). On peut reconnaître dans cet ensemble la zone d’influence de l’agglomération mézoise. La prudence doit cependant nous inciter à ne pas confondre proximité géographique et dépendance administrative et même économique.
5Mèze constitue le point d’occupation le plus ancien, le point de fixation évident du secteur. Nous montrerons les lacunes du dossier archéologique alors que l’agglomération antique se révèle ponctuellement au hasard des travaux modernes. Nous évoquerons ensuite les deux établissements majeurs de la région considérée, reconnus soit par la fouille (Loupian/Prés‑Bas), soit par des prospections systématiques (Mèze/Mas de Lavit). Leurs territoires respectifs, tels que nous les percevons, feront l’objet de présentations spécifiques.
12.1.1 Agglomération antique et médiévale de Mèze
12.1.1.1 Sources textuelles
6– Pomponius Mela, De chorographia (II, 80) : « [...] mesua collis incinctus mari paene undique ac nisi quod angusto aggere continenti adnectitur insula. » La colline de Mesua (Mèze), entourée de tous côtés par la mer et qui serait une île si elle n’était reliée au continent par un étroit cordon (Barruol 1988 : 5).
7– Charte donnant en bénéfice le lieu de Mèze au diocèse d’Agde : « [...] castrum de mesoa. [..] » (844) (HGL 1876 : II, c.221).
8– Testament de Guillaume, vicomte de Béziers et d’Agde : « [...] et dono tibi Garsindis villa de mesoa cum ipsa fortitia vel cum ipsa ecclesia vocabulo Sancti Hilarii » (990) (HGL 1876 : V, c.318).
12.1.1.2 Topographie de l’agglomération
9La description de Pomponius Mela trouve un écho dans la documentation iconographique moderne, le tableau d’assemblage du compoix de 1768 (fig. 3), où le périmètre urbain est marqué par l’enceinte et des fossés en eau et où Mèze conserve sa physionomie de presqu’île. De ce document, nous retiendrons aussi la bipolarité de l’agglomération à travers les édifices religieux, bien identifiables par les vignettes. Cette probable partition médiévale et moderne pourrait correspondre à deux secteurs spécifiques du développement de l’habitat antique.
10Le suivi archéologique du site se limite à quelques fouilles ponctuelles qui ont été publiées sous forme de notes et dont l’essentiel est encore largement inédit (Arnaud 1966, Rouquette 1969). Les différents sondages montrent la présence autour de l’église des Pénitents, au sud de la ville, des niveaux attribuables au 2e âge du Fer (ve‑ive s. av. J.‑C.) : céramique ionienne peinte, céramique attique, amphore de Marseille... Dans le reste de l’agglomération, la surveillance des travaux d’édilité a permis de recueillir du matériel gallo‑romain précoce et du Haut‑Empire ; il semble bien qu’il faille retenir un développement à partir du noyau protohistorique. Des éléments de rempart à bossage ont été signalés, mais l’information et la datation de ce type de structure ne sont pas confirmées (Arnaud 1966 : 6). Face à l’église des Pénitents, sous quelques brasses d’eau, des fragments d’amphore et de tuile ont été recueillis à plusieurs reprises (Arnaud 1966 : 27 ; Rouquette 1977 : 118). Ces découvertes restent d’interprétation difficile mais ne sont pas sans évoquer les concentrations d’amphore sur des points du rivage (voir les notices de Loupian/Port de Loupian et de Mèze/Le Mourre Blanc) (fig. 4).

FIG. 4 – Agglomération de Mèze et ses environs (A). Les cercles représentent les sites approximativement localisés. La trame correspond à l’extension actuelle de l’agglomération : 1 Font Candelière ; 2 Mont Joyeux : habitats (?) Haut‑Empire ; 3 La Gare/HLM, nécropoles et habitat (Protohistoire, Haut‑Empire et Antiquité tardive) ; 4 la ville, agglomération antique ; 5 Les Pénitents, secteur d’habitat protohistorique et gallo‑romain ; 6 Le Castillou, vestiges antiques immergés (mouillage ?) ; 7 Le Moulin, habitat gallo‑romain (Haut‑Empire et Antiquité tardive).
11Dans les faubourgs de la ville moderne, dans le secteur occidental à proximité de la cave coopérative, deux nécropoles ont été repérées. La plus ancienne, dite du « Vieux Provençal », est datée du 2e âge du Fer, avec un abondant mobilier funéraire, alors que la seconde pourrait appartenir à la fin de l’Antiquité, si l’on interprète les données laconiques publiées (Ros 1942 : 118 ; Clavel 1970 : 104). De même, un secteur d’habitat semble tout aussi probable par la découverte d’un dépotoir daté du ier au iiie s. ap. J.‑C. A environ 500 m du centre ancien de l’agglomération, il faut voir là les indices de constructions installées en périphérie du noyau urbain. L’urbanisation actuelle du quartier ne permet pas de se faire une idée de l’ampleur de cet établissement antique. Les découvertes récentes de dolium et de fossés (fouilles D. Rouquette, inédit) peuvent suggérer une vocation agricole.
12Quelques points archéologiques contribuent à créer une zone de densité dans les abords immédiats de Mèze (fig. 4).
13– Au lieu‑dit le Moulin, à 1 km au sud‑ouest de Mèze, plusieurs informations (Rouquette 1977 : 118 ; Rouquette 1980 : 39) confirment la localisation d’un établissement en bordure de rivage qualifié de très étendu. Fragments de tuiles, de béton de tuileau alternent avec de grandes zones cendreuses riches en déchets (coquillages, dolium, amphores). L’essentiel du mobilier recueilli appartient aux deux premiers siècles de notre ère, mais une occupation plus précoce est attestée par de l’amphore de Marseille, de la céramique non tournée, une monnaie d’Ampurias. De même, une continuité d’occupation pour l’Antiquité tardive, plus modeste, est aussi décelable. Là encore, l’urbanisation dense du secteur n’autorise pas de nouvelles prospections.
14– Dans le secteur Montarets/Mont Joyeux/Font Candelière, à environ 1,5 km à l’ouest de Mèze, des informations difficiles à recouper (Arnaud 1966 : 45 ; Gallia 1971 : 384) et tout aussi difficiles à localiser laissent supposer l’existence d’au moins un établissement antique. Les prospections récentes n’ont permis de déterminer qu’une concentration réduite (fig. 4, no 2) et une zone à mobilier épars (fig. 4, no 1), observations qui peuvent être liées à un établissement plus important masqué aujourd’hui par des lotissements.
15– En relation avec le secteur précédent et plus probablement avec l’habitat du domaine de Saint‑André, à 2 km au nord‑ouest de Mèze, on signalera les nécropoles de la Gau Haute (Rouquette 1980 : 39). Pour l’âge du Fer, de la céramique indigène, de l’amphore étrusque et une zone durcie par le feu sont à attribuer à une hypothétique zone funéraire. Pour l’Antiquité tardive, des tombes sans tuiles avec mobilier paraissent plus assurées.
12,1.1.3 État de la question
16Malgré un long suivi archéologique, l’étude de Mèze antique et médiéval reste encore une démarche difficile, devant la modestie des informations publiées. Les limites de l’habitat ne sont pas fixées : l’existence d’une voirie, d’un centre public n’est pas non plus attestée. De telles lacunes, et même le texte antique, qui s’attarde sur la seule description topographique du site –Mesua collis–, semblent nier la réalité de l’agglomération. Il ne reste ici comme argumentation que la continuité d’occupation depuis l’âge du Fer pour tenter de retenir cette interprétation. Les vestiges protohistoriques sont bien attestés non seulement dans le périmètre urbain mais aussi dans les établissements périphériques. Pour cette période, le secteur restreint de Mèze fournit une grande part de notre documentation sur le bassin de Thau.
17A l’époque romaine, il est tout aussi difficile de fixer les modalités du développement du noyau primitif. Les vestiges découverts en périphérie immédiate, dans les faubourgs de la ville moderne, sont‑ils ceux de quartiers ou bien d’établissements ruraux comme peuvent l’être les sites du Moulin ou de Saint‑André ? La densité de ces établissements, la proximité de deux grands domaines –Loupian/Prés‑Bas et Mèze/Mas de Lavit– ne sont sûrement pas fortuits ; on peut se demander quelle stratégie de peuplement reflète un tel schéma. Faut‑il y reconnaître les indices sûrs d’un développement de l’habitat groupé d’origine protohistorique avec une organisation hiérarchisée de l’habitat rural dispersé ? La vocation portuaire de Mèze est peut‑être la clé économique de ce dispositif. Tout au contraire, ces mêmes grands domaines ne peuvent‑ils exploiter la région considérée à leur profit, et peut‑être au détriment de l’agglomération ? On regrettera encore une fois l’absence de véritables fouilles au cœur de Mèze, qui permettraient de juger véritablement de l’impact de la romanisation sur le tissu urbain ancien. La question pourrait être posée, dans des termes proches, pour Agde, pour d’autres agglomérations secondaires, d’origine préromaine, dont il vaudra mieux restituer la place dans ce paysage rural remodelé autour des grandes cités.
18Pour le premier Moyen Âge, pratiquement aucune information archéologique n’est disponible à ce jour pour l’agglomération de Mèze. On notera cependant l’apparition précoce, dans le courant du xe s., du terme castrum et l’attestation de fortifications. La continuité semble bien être la caractéristique principale de ce type d’habitat, dont le rôle ira en grandissant au cours de l’époque médiévale et moderne.
12.1.2 Recherches récentes sur la villa des Prés‑Bas (Loupian)
19Le site des Prés‑Bas, plus particulièrement connu pour ses mosaïques tardives, a déjà fait l’objet de plusieurs études de détail, suite aux fouilles menées pendant plus d’une dizaine d’années par D. Rouquette (en dernier lieu, voir Lavagne 1981).
- 5 L’étude préalable du monument a été confiée à Dominique Larpin, architecte en chef des Monuments hi (...)
20Depuis 1983, une nouvelle programmation a été mise en place sur ce site et a connu en 1988 un développement certain avec la réalisation d’une étude préalable au titre des Monuments historiques qui a vu la dépose de plus de 200 m2 de pavements et la fouille d’un secteur de communs et de la pars urbana5.
21L’établissement antique est implanté sur un relief, orienté sud‑est, regardant vers l’étang de Thau et dominant des terres basses inondables en bordure du rivage. Les limites du site sont encore à préciser, mais les prospections de surface permettent de l’estimer à environ deux hectares et demi. Son environnement immédiat reste encore mal connu. Une zone d’épandage privilégié au sud, un fossé à l’ouest ont été repérés. De même, la surveillance de travaux d’aménagement, au nord du site, au lieu‑dit les Canisses, a permis de recueillir les restes d’une amphore africaine à plus d’un mètre de profondeur. Ce type de récipient, souvent réutilisé pour les inhumations de sujets immatures, est encore un élément isolé mais suggère la localisation de la nécropole de l’établissement. Ces quelques remarques montrent l’intérêt d’une recherche suivie sur la microtopographie pour que soit mieux comprise l’insertion de l’établissement dans son environnement, éventuellement dans le réseau parcellaire.
22Avant de présenter une périodisation de l’occupation du site, il est possible d’insister sur quelques grands caractères généraux de l’organisation de la villa, tels qu’ils peuvent se lire sur le plan cumulé des vestiges. Une des premières évidences est l’existence d’axes architecturaux sur lesquels s’accumulent les reprises jusqu’à les rendre parfois inextricables. L’exemple extrême, sinon le plus significatif, est celui d’architectures qui à l’origine sont de minces cloisons de bois et de terre qui se pétrifient avec un mur à solin de pierre et élévation de terre pour être reprises par une architecture maçonnée. Une telle maintenance est dépendante des lignes de forces de l’organisation première du site, éléments du réseau parcellaire ou du bâti. Un autre type de stabilité est celui des surfaces et de la continuité des fonctions. Elle est sensible dans les zones d’habitat avec la densité des foyers appartenant à des époques successives ou bien dans la partie résidentielle, où se note naturellement la plus grande densité de sols en dur, depuis les plus simples bétons de tuileau jusqu’aux riches pavements polychromes de la fin de l’Antiquité. On pourrait tout aussi bien évoquer l’évolution du secteur thermal et ses nombreuses transformations que les différents états du péristyle. Les coupes stratigraphiques, autre type de documents, permettent aussi d’appréhender le site sur la longue durée. Par leur lecture se dégage la topographie en terrasses de la villa. La compréhension progressive du phénomène a constitué la clé de l’interprétation des vestiges antiques. L’étagement principal se fait selon la pente naturelle du terrain, complété par un axe transversal. A ce jour, quatre dénivelés principaux ont pu être mis en valeur.
23Cette topographie est celle de l’établissement du Haut‑Empire, avec un aménagement qui accentue le relief naturel du site. A la fin de l’Antiquité, une large réorganisation du site par un important nivellement donnera le relief actuel des parcelles.
24Enfin, à côté des classiques dépôts anthropiques qui rythment la vie d’un habitat, plus spécifiques nous paraissent être les paléosols, témoins de la pédogenèse et des solutions de continuité dans la vie du site. A la base du remplissage, un horizon gris recouvre le substrat géologique jaune et permet de restituer le profil originel du secteur. Ailleurs, son absence est un bon élément pour évaluer l’action de l’homme à travers des terrassements destinés à asseoir des bâtiments, action particulièrement sensible dans la pars urbana. Un autre paléosol a un intérêt archéologique encore plus immédiat : comme il est présent dans le comblement d’une terrasse et en marge de la pars urbana ancienne, la reprise de la sédimentation selon un processus naturel dénonce clairement un arrêt dans l’occupation humaine du secteur.
25Un des acquis principaux reste cependant la périodisation de l’occupation du site, qui met en évidence la complexité de ce type d’établissement et contredit ainsi l’image d’un site que l’on a cru limité à deux états principaux.
12.1.2.1 Établissement primitif
26fig. 5
27Des concentrations de creusements, à la surface du paléosol primitif, constituent l’essentiel de cet établissement. Ces structures sont des trous de piquet, au profil triangulaire caractéristique, des trous de poteau (pas de gros porteur), des tranchées étroites (probables solins), ainsi que des fosses à fonction indéterminée. Deux probables silos excavés, très endommagés, pourraient se rattacher aussi à cette phase. La mise en évidence de recoupements témoigne de la succession des constructions sans que l’on puisse dater les différents états de cette même phase. La non‑conservation des sols de fonctionnement ne simplifie pas cette approche.

FIG. 5 – Villa des Prés‑Bas, phase primitive de l’établissement : en noir, les structures excavées les plus anciennes (IIe‑Ier s. av. J.‑C.).
28La faible surface du paléosol conservé et reconnu par la fouille ne permet pas de se faire une idée réelle de l’organisation de cet établissement. Seule une surface quadrangulaire de moins de 10 m2, délimitée par des fossés étroits et associée à des trous de poteau, est immédiatement perceptible dans les trois zones de concentration de creusements. La compréhension et la restitution de ce bâti restent délicates (bois et terre crue). Les matériaux et le plan ne proposent qu’une réalisation sommaire.
29Le mobilier céramique recueilli et la chronologie relative du secteur fouillé montrent que ces creusements sont antérieurs au début de notre ère. La céramique campanienne, l’amphore italique ou les céramiques communes à pâte calcaire ne permettent pas d’affiner la chronologie pour les iie‑ier s. av. J.‑C.
- 6 Nous remercions Claude Raynaud qui nous a communiqué le manuscrit, à paraître, sur les fouilles du (...)
30Il est encore trop tôt pour interpréter ces structures légères et pour les généraliser à l’ensemble du site d’époque républicaine tardive, car l’existence d’un secteur contemporain, construit en dur, est toujours possible. On rappellera la présence de probables silos qui témoigneraient de la continuité technique avec la tradition protohistorique. Dans un même ordre d’idées, la découverte d’un dépôt propitiatoire, une urne renversée contenant un œuf, renvoie à des observations similaires faites sur des oppida régionaux ou dans un quartier de Lunel‑Viel fortement imprégné de traditions indigènes6.
12.1.2.2 Mise en place et fonctionnement de la villa ancienne (ie‑iiie s. ap. J.‑C.)
31fig. 6
32Le pari de cette présentation sera d’évoquer l’évolution de la villa sur près de trois siècles. La tâche est rendue singulièrement compliquée par les mutations, non synchrones, des grands secteurs à fonctions spécifiques, reconnus par la fouille. On retiendra que l’événement caractéristique de cette phase est la mise en place progressive et la formation de l’habitat résidentiel, qui va d’abord être individualisé pour ensuite se développer et correspondre ainsi à l’image classique de la pars urbana.

FIG. 6 – Villa des Prés‑Bas, établissement ancien. 1 architectures à liant et élévation d’argile (Ier s. ap. J.‑C.) ; 2 architectures liées à la chaux et individualisation certaine d’une pars urbana (fin Ier s.‑IIe s. ap. J.‑C.).
Première architecture de pierre et premier plan (ier s. ap.J.‑C.)
33fig. 6, no 1
34Ce premier état se distingue par une architecture utilisant la pierre, sans liant de mortier et avec une probable élévation en terre crue. Les constructions se distribuent sur l’ensemble de la surface fouillée sans qu’il soit encore possible de proposer une partition communs/secteur résidentiel. A l’exception d’un lambeau de sol en dur, les sols rencontrés sont de terre battue, des empierrements. Plusieurs foyers, aménagés ou non, se rencontrent dans tous les espaces explorés. Cette dispersion suggère que les activités liées au feu domestique (cuisine, chauffage...) ne sont pas encore localisées précisément dans l’habitat. Une des pièces montre un alignement de fosses circulaires et donc peut‑être de récipients le long des parois, comme cela existedans l’habitat protohistorique. La construction de ces premières architectures en dur – les premières reconnues par la fouille ‑, est à placer à partir de la période augustéenne, soit le changement de l’ère, au plus tard dans le premier quart du ier s. ap. J.‑C. Le plan du bâti reste imprécis à cause des nombreux remaniements postérieurs qui l’ont affecté. Nous proposerions d’y voir au moins la création de trois espaces principaux qui vont marquer l’organisation de la villa ancienne, disposés peut‑être selon un plan en U, ouvert en direction de l’étang.
35On soulignera combien l’habitat rural languedocien de cette période est encore largement méconnu, et peu de comparaisons sont aujourd’hui possibles. En milieu rural, le développement de l’architecture maçonnée semble assez généralement postérieur au milieu du Ier s. L’utilisation de l’architecture liée à la terre et/ou à l’élévation de terre crue est‑elle un phénomène de tradition (maison de l’oppidum d’Ambrussum, d’époque flavienne aux architectures non liées au mortier, maison romanisée où le substrat indigène est encore largement discernable), lié au niveau social (à Lunel‑Viel, le quartier ouest) ou lié à la fonction économique de l’établissement (une architecture de terre (rue pour des bâtiments utilitaires) ?
Architecture maçonnée et individualisation de la pars urbana (ier‑iie s.)
36fig. 6, no 2
37L’évolution du secteur des communs, jusqu’à son abandon dans la seconde moitié du iie s. ap. J.‑C., semble marquée par l’accentuation du dispositif en terrasses avec deux murs de soutènement, les seuls à être maçonnés dans cet espace. Terrasses supérieure, moyenne et inférieure sont en place, venant compléter l’organisation des bâtiments anciens. Le corollaire de cet important étagement des surfaces est la réalisation de fossés qui vont se jeter dans la terrasse inférieure, assurant ainsi la récupération générale des eaux de pluie. La phase finale de construction se caractérise par des architectures utilisant des moellons équarris, montés sans liant de mortier, et des élévations de briques crues, recouvertes d’enduit blanc lissé. Un foyer composé de tuiles plates, un évier aménagé, sont les équipements de cet habitat. La découverte de pesons pyramidaux, en terre cuite, traditionnellement interprétés comme des poids de métiers à tisser, commencent à donner une vie à ce secteur de l’établissement, qui se réduisait jusque‑là à un simple squelette architectural.
38La construction du dispositif en terrasses permet d’isoler sûrement le plan en U du bâtiment ou de ce corps de bâtiment. Une organisation des constructions entourant une cour surcreusée est peut‑être un plan‑type de recherche pour cette architecture rurale du Haut‑Empire.
39C’est au cours du ier s., peut‑être dans la seconde moitié de ce siècle, qu’une première pars urbana peut être distinguée, avec un sol de mosaïque dans l’habitat et un secteur thermal. Cette première pars urbana reste réduite, et ses éléments semblent indépendants. La phase suivante tendra à homogénéiser et à étendre ces surfaces pour donner un plan linéaire plus classique. Il s’agit des premières traces tangibles de l’affirmation du domaine et de sa montée en puissance.
Développement de l’habitat résidentiel
40fig. 7, no l
41Une importante campagne de construction va affecter la pars urbana pour lui donner une plus grande homogénéité. Cet état a pu être individualisé par la mise en œuvre très particulière de ses structures, avec l’utilisation de galets et de liant jaune dans les agrégats de mortier et le module très particulier des architectures (largeur comprise entre 30 et 40 cm). Le nouveau plan tend à organiser de façon linéaire les pièces de la pars urbana et à relier l’espace résidentiel à l’ensemble thermal, qui est lui aussi modifié. Un état cohérent de ce secteur est constitué par une pièce quadrangulaire à sol de mosaïque (fond noir avec cruslae blancs) entourant une piscine à deux escaliers d’accès ; elle est en relation avec une piscine chauffée dont nous avons pu étudier le système complexe de tubulures. Chronologiquement, la mise en place de cet état n’est pas fixée avec une précision satisfaisante ; nous proposerions de la placer dans le courant du iie s., voire dans le iiie s. pour certains éléments.

FIG. 7 – Villa des Prés‑Bas, établissement du Haut‑Empire et restructuration tardive. 1 développement de la pars urbana, apparition d’un plan linéaire organisé autour d’une cour à péristyle (IIe‑IIIe s. ap. J.‑C.) ; 2 aménagement et réutilisation de l’espace résidentiel ancien (IVe s.).
42A la fin de cette période, l’organisation de la villa connaît une transformation radicale. Le secteur des communs et son dispositif en terrasses sont définitivement abandonnés à partir du iiie s. L’individualisation d’un paléosol, donc d’une sédimentation naturelle, témoigne de l’importance de la rupture. Seuls des remblaiements de gravats ou de déchets domestiques sont jetés dans la partie la plus basse de l’étagement. En résumé, on peut retenir la proposition suivante pour l’évolution du secteur de la terrasse inférieure (fig. 8) :
– 150‑200 ap. J.‑G., abandon de la terrasse basse et effondrements des élévations (briques crues et moellons) provenant des architectures des communs ; remblaiements et effets du ruissellement et de l’érosion sur les dépôts ;
– vers 200, nivellement général du secteur des communs ;
– 200‑250 +, constitution d’un paléosol, dépôts organiques dans la dépression formée et dépôts probablement liés à des ruissellements ;
– 250‑300 +, remblais et nouvelle phase de constitution d’un paléosol.

FIG, 8 – Processus de comblement de la terrasse inférieure délimitée par les architectures 72 et 567 ; une stratification complexe depuis les premiers niveaux d’utilisation (334, 293), les apports de remblais (278, 193) ou les paléosols (55,163). La pièce à mosaïque 344, appartenant à la grande villa tardive, vient recouvrir partiellement le puissant remblai qui a totalement nivelé l’ancien dispositif en terrasses.
43La villa semble se recentrer autour de sa cour à péristyle, sur laquelle ouvrent la pars urbana/secteur thermal, et un secteur de stockage à base de dolia. Le schéma d’évolution de la villa ancienne est fixé dans ses grandes lignes, mais les transitions sont délicates, souvent faute d’éléments de chronologie absolue véritablement satisfaisants.
12.1.2.3 Restructuration et constitution de la villa tardive
Aménagement et réutilisation de l’espace résidentiel ancien
44fig. 7, no 2
45La transition entre l’établissement du Haut‑Empire et la luxueuse villa tardive est faite par l’intermédiaire d’une très originale réorganisation de l’habitat ancien. Le secteur des communs ne connaît alors aucun aménagement spécifique, et le comblement de la terrasse inférieure est alors pratiquement terminé. L’aile de la pars urbana, fouillée en 1988, se présente comme un corps de bâtiment très allongé reprenant l’emprise au sol de l’état précédent. La division de l’espace intérieur va être modifiée par le déplacement des cloisons selon un plan promis à une certaine postérité et par la réalisation d’un système de chauffage par canaux. Les fournaises de ces canaux, au nombre de trois, sont toutes situées sur la même façade. Branche simple dont l’extrémité se ramifie ou grande croisée de canaux sont les solutions distinctes du tracé du réseau de chauffe. Intrusifs aux sols en dur, ces aménagements sont assez sommairement mis en œuvre, avec des parois de fragments de tuile ou de brique liés à l’argile. La couverture est constituée de tuiles recouvertes d’argile, matériau qui devait constituer la plupart des sols de circulation de ces pièces. Une seule salle a été équipée d’un sol de tuileau sur la totalité de sa surface. La fouille des remblais préparatoires confirme une datation dans le ive s. (300‑320/370 ap. J.‑C,).
46Le plan qui se dessine alors sera repris lors de la construction de la grande villa tardive, et les surfaces créées seront recouvertes de mosaïques, affirmant ainsi une continuité dans la succession de ces deux établissements. Cette continuité de plan est d’autant plus étonnante si l’on compare la différence de mise en œuvre et vraisemblablement de moyens pour les deux réalisations.
- 7 Un numéraire de l’empereur Julien, rapidement démonétisé, découvert sous ce sol permettrait de prop (...)
47Dans le secteur thermal, le bassin chaud rectangulaire va être abandonné pour laisser place à un bassin froid en abside, associé à une latrine. La mosaïque noire entourant la piscine froide ancienne va faire l’objet de quelques réfections à l’aide de mortier de tuileau. A la fin de la période, après 360‑3707, ce dispositif thermal est totalement abandonné pour faire place à une série de pièces à sol de béton de tuileau. L’une d’elles est équipée d’un bassin ou plutôt d’une auge en briques à fonction indéterminée. La fonction thermale a‑t‑elle totalement disparu ? La fouille encore incomplète du dispositif ne permet pas de répondre et de confirmer l’hypothèse d’un changement de fonction de toute cette aile de la villa (artisanat ?).
La grande villa tardive
48fig. 9, no 1
49Au moment où la grande pars urbana tardive va être construite, la topographie du site, dans le secteur appréhendé, est singulièrement transformée. Un nivellement important, formant une pente adoucie, estompe l’ancien relief du secteur des communs et masque probablement tout l’ancien secteur thermal. Une importante partie du bâti de l’état précédent est réutilisée, et une architecture massive, aux puissantes fondations, vient fermer l’espace résidentiel en gagnant assez largement sur l’ancien secteur des communs. On voit ici les limites d’un discours sur les questions de continuité et de rupture dans la nature de l’occupation d’un établissement, avec un savant dosage des deux tendances... Les architectures créées, formant un vaste caisson de près de 500 m2, sont construites sans économie de mortier, celui‑ci enveloppant littéralement les moellons et les blocs. Une fois le gros œuvre achevé, un important remblaiement sera réalisé à l’aide de déchets de construction (rebuts de tesselles par exemple) et de gravats de l’établissement précédent pour préparer les sols de mosaïque. L’étude des éléments datants inclus dans ces dépôts préparatoires est en cours, mais un terminus post quem de la construction peut être proposé. La série monétaire, identique à celle qui a été recueillie dans la stratigraphie des abords du bâtiment, se termine toujours sur des émissions Valentiniennes des années 370, fixant au plus tôt la construction dans le dernier quart du ive s. La céramique n’infirme pas cette proposition puisqu’aucun élément attribuable avec certitude au ve s. n’a été recueilli sous les sols en dur (rares fragments de céramique commune à pisolithes, pas de céramique paléochrétienne...). La continuité manifeste dans la succession des établissements depuis le Ier s. doit nous amener à accepter une date de construction peu éloignée du terminus proposé par le numéraire. Les pavements de Loupian, pour lesquels on reconnaît des affinités avec la mosaïque orientale, seraient ainsi contemporains des réalisations syriennes de style arc‑en‑ciel les plus anciennes (Antioche –Qaousiye– 387 ap. J.‑C. ou Khirbet Mouqa 394-395 ap. J.‑C.) (Balty 1986). Nous ne nous attarderons pas sur la présentation du plan de la pars urbana tardive, bien que nous ayons pu affiner le schéma de circulation. L’abside E’, sur hypocauste, a fait l’objet d’un dégagement plus poussé, montrant l’existence de six canaux rayonnants au lieu de quatre, comme proposé dans les publications concernant le secteur résidentiel. A propos de la décoration intérieure de l’édifice, signalons un élément inédit, à savoir la présence d’une décoration pariétale peinte utilisant aussi la mosaïque. La modestie des fragments ne permettra pas de restituer ce type de décoration.
50A cette époque, le péristyle fait l’objet d’une nouvelle campagne de construction. Il est largement étendu, avec deux branches qui ont été repérées sur au moins 20 m de long. Ce péristyle, devenant monumental, s’adapte ainsi à la nouvelle pars urbana. On peut penser que cet important élément structurant devait relier les grands secteurs d’activité de la nouvelle villa, dont l’organisation devait être plus éclatée. Communs et thermes de l’Antiquité tardive sont sûrement à rechercher aux angles de ce grand péristyle. Ce dispositif ample expliquerait partiellement la difficulté de cerner les niveaux du Ve s. de la villa, bâtiments utilitaires et dépotoirs étant rejetés sur les marges du site.
12.1.2.4 Abandon du site
51fig. 9, no 2
52La maintenance de l’habitat se traduit par des restaurations sommaires des sols de mosaïque, ce qui ne semble pas exclure la réalisation d’une décoration murale d’enduit peint, dans la tradition de l’habitat résidentiel gallo‑romain. Le plan de certaines pièces est rendu plus fonctionnel par l’arasement des absides et la réunion de plusieurs pièces. Le recouvrement des mosaïques par des bétons de tuileau est alors entrepris. Des portes sont condamnées alors que d’autres sont créées, modifiant le schéma de circulation. Des reprises, des arrachements de matériaux luxueux sont aussi observés. L’occupation privilégie alors les pièces restées les plus saines grâce à leur sol en dur et à la qualité des maçonneries, à l’extérieur, un chemin empierré suit la longue façade du bâtiment. La fonction de villa ne semble donc pas disparaître brutalement, mais les étapes de cette transformation ne peuvent être restituées précisément, faute d’une documentation adéquate.

FIG. 9 – Villa des Prés‑Bas, établissement tardif. 1 pars urbana de l’Antiquité tardive (fin IVe‑Ve s.) ; 2 aménagements et perdurations (haut Moyen Âge) ; en tiretés : chemin empierré du Ve s. ; cercles hachurés : point de découverte céramique VIe s.
- 8 Urnes à rebord en bandeau de type ancien, céramique commune à pisolithes, cuisson réductrice. Nous (...)
53La période d’arasement des principales architectures, de récupération des matériaux n’est pas précisément datée. La découverte de céramique commune à pisolithes (lèvre en bandeau, cuisson réductrice)8 confirme que le site est encore fréquenté au moins dans le courant du VIe s., mais il n’est pas possible de connaître l’état de délabrement de la villa à cette époque.
12.1.3 Mas de Lavit, villa antique et établissement médiéval
54A 5 km à l’ouest de Mèze, le site de Mas de Lavit est installé dans la plaine agricole qui borde l’étang de Thau, à 500 m à l’ouest du domaine de Saint‑Martin. Avec environ 6 ha de dispersion de vestiges antiques, ce point exceptionnel par sa surface correspond à un établissement majeur du secteur occidental de Mèze. Signalé à plusieurs reprises (Ros 1942 : 113 ; Gallia 1969 : 396 ; Gallia 1971 : 384 ; Rigoir 1972 : 110‑111), Mas de Lavit a été interprété sans ambiguïté comme une villa d’un type particulièrement luxueux. Les premières prospections, menées il y a plus d’une quarantaine d’années, ont montré l’existence de concentrations de mobilier ; la première, matérialisant probablement la pars rustica, a livré d’importantes séries de sigillée sud‑gauloise, de l’amphore, de la céramique commune ainsi que des fragments de dolium et de la tuile, alors que la seconde, sur la pars urbana, se caractérise par de nombreux éléments de décoration architecturale (enduit peint bleu et rouge, fragment de corniche de marbre avec décoration végétale..,). Un sol en opus sectile aurait en outre été observé (plaquette de schiste et marbre).
- 9 Une étude détaillée sur ce site, avec un fort contenu méthodologique, est à paraître dans les Actes (...)
55Les prospections récentes, en 1986 et en 1987, réalisées par notre équipe, ont confirmé l’ampleur de ce site exceptionnel. Malgré la modification, au cours de ces dernières années, des pratiques culturales, toujours plus destructrices, une prospection systématique par carroyage (unité de 30 m de côté) a été entreprise sur l’ensemble de la parcelle et a permis la collecte de plus de 30 000 artefacts9. Une étude statistique s’intéressant à la dispersion du mobilier archéologique a pu être menée à partir de quelques caractères répartis en deux grandes catégories :
–les caractères céramiques :
1 sigillée sud‑gauloise (TSSG) (ier‑iie s. ap. J.‑C.) ;
2 claire B/luisante (DSRB/L) (iie‑ive s. ap. J.‑C.) ;
3 céramique africaine de cuisine (CAC) (iie‑iiie s. ap. J.‑C.) ;
4 céramique commune à pisolithes (PISO) (ive‑vie s. ap. J.‑C.) ;
5 céramique médiévale utilitaire/pâte kaolinitique (HMA) (haut Moyen Âge‑XIe s.) ;
6 nombre total de fragments ;
56– les éléments de construction :
1 marbre (fragments de placage) ;
2 chiste (opus sectile, autre ?) ;
3 tesselles noires et blanches (N/B) ;
4 tesselles couleur.
57La méthode retenue est d’estimer le taux de corrélation entre deux caractères, en utilisant le test du χ2. Les résultats obtenus mettent en évidence divers niveaux de corrélation qui ont été organisés à travers un graphique de synthèse (corrélations pertinentes, soit supérieures à 80 %) (fig. 10). Le premier groupe créé comprend les caractères de construction ainsi que les caractères céramiques anciens (TSSG, CAC et DSRB/L). Le second ensemble se compose de deux caractères céramiques récents, les céramiques communes à pisolithes (PISO) et les séries médiévales (HMA).

FIG. 10 – Mas de Lavit : graphique de corrélation des principaux caractères mobiliers, recueillis en prospection systématique. Le test statistique a permis d’isoler deux grands ensembles de caractères correspondant d’une part à la villa gallo‑romaine et d’autre part à l’établissement médiéval.
58La définition du premier groupe permet la localisation du secteur luxueux de l’établissement gallo‑romain, qui avait été observé plus anciennement. On ajoutera à la liste dés caractères retenus pour l’étude statistique un élément de petite statuaire en marbre fin. L’analyse de la dispersion du matériel céramique collecté, et ce malgré une extrême fragmentation, propose un modèle de développement avec déplacement du centre de gravité de l’habitat en fonction du temps (fig. 11). Cette image, avec des secteurs du site occupés préférentiellement à certaines époques et éventuellement abandonnés, renvoie à ce que l’on peut percevoir dans les transformations d’une villa comme celle des Prés‑Bas. La juxtaposition de ces véritables zones chronologiques, alors que le site est occupé sur près d’un millénaire, explique la surface exceptionnelle de ce gisement pour la microrégion concernée.

FIG. 11 – Mas de Lavit : localisation de la villa gallo‑romaine et de l’établissement médiéval. 1 pars urbana (tiretés) ; 2 emprise de l’état gallo‑romain (pointillés) ; 3 site médiéval (hachures).
59Si une villa semble pouvoir être reconnue pour l’habitat du Haut‑Empire, il est plus difficile de proposer une interprétation pour l’occupation du haut Moyen Âge: proto‑village ou bien domaine de tradition antique ? Cette dernière proposition pourrait se justifierdans la très forte continuité d’occupation, mais il est bien difficile de trancher à propos de ce site, qui mériterait, à notre sens, bien plus qu’une prospection.
- 10 Petit bronze de Marseille, LT 1673, IIe‑Ier s. av. J.‑C. (identification G. Depeyrot).
60Une occupation précoce du site est discernable par la présence d’amphore italique, de céramique campanienne et de sigillée italique (tabl. I). Une monnaie de Marseille semble confirmer la proposition d’une création antérieure au début de notre ère10.
amphores |
nb de fragments |
types |
gauloise |
7 |
|
africaine |
4 |
|
indéterminée |
8 |
|
céramique fine |
||
campanienne |
1 |
|
TS italique |
3 |
|
TSSG |
122 |
|
paroi fine |
2 |
|
DSMA |
2 |
|
DSRB/L |
24 |
|
calcaire engobée |
4 |
|
DSMD |
5 |
|
DS paléochrétienne |
1 |
|
céramique commune |
||
brun/rouge, autre |
72 |
|
noir/gris, autre |
71 |
|
claire, autre |
44 |
|
N/G, type Haut‑Empire |
38 |
|
africaine de cuisine |
152 |
|
B/R à profil triangulaire |
74 |
|
brun orangé |
3 |
type urne à profil sinueux |
B/R à deg. fin |
2 |
|
non tournée |
1 |
|
à pisolithes |
15 |
|
médiévale kaolinitique |
30 |
|
médiévale à nodules blancs |
4 |
|
indéterminée |
14 |
TABL. I – Mas de Lavit : comptage du mobilier significatif (lèvre).
- 11 As de Nîmes coupé, 27 av.‑14 ap. J.‑C. type indéterminable ‑ Dupondius, Rome, 85, Domitien, RIC 263 (...)
61Les séries concernant l’Antiquité et l’Antiquité tardive (tabl. I), maintenant mieux connues pour notre région, sont ici largement représentées. La céramique fine, à elle seule et par une simple énumération, permet la mise en valeur de la continuité d’occupation du site : sigillée sud‑gauloise (TSSG), céramique à paroi fine, claire A (DSMA), claire B/luisante (DSRB/L), claire D (DSMD), mais aussi céramique paléochrétienne (DSP). De même pour le monnayage antique, on signalera cinq émissions du Haut‑Empire et trois bronzes tardifs11.
62La présence de tesselles en pâte de verre laisse penser qu’il existe, comme pour la villa des Prés‑Bas, une pars urbana tardive, particulièrement luxueuse, si l’on admet la généralisation de ce type de pavement pour la fin de l’Antiquité.
- 12 Béziers, Raimond Trencavel (1150‑1167), obole, type Poey d’Avant 3826 pl. LXXXV no 5 – Edouard III, (...)
63La période médiévale n’avait pas été jusqu’à présent individualisée, faute de traceur céramique reconnu. Une occupation longue (tabl. I) est désormais acquise pour cette période, depuis les productions à pisolithes, à cuisson réductrice, jusqu’aux productions kaolinitiques ou à nodules blancs ; ces séries proposent un intervalle chronologique large du vie au xie‑xiie s. La présence d’un numéraire post‑antique, généralement peu fréquent sur les sites prospectés de la microrégion, confirme non seulement cette proposition mais repousse même la fréquentation du secteur jusqu’au début de l’époque moderne12.
12.2 Loupian, de la villa au village
12.2.1 Un modèle d’occupation du sol
64fig. 12
65Le terroir de Loupian s’individualise facilement par ses limites naturelles : l’étang de Thau au sud, le ruisseau du Pallas à l’ouest et une zone de relief marquant le nord et l’est. Il était tentant d’entreprendre l’étude de cet espace, en relation avec et autour de la fouille programmée du site des Prés‑Bas, afin d’expliquer les conditions d’implantation du domaine gallo‑romain, la villa, et d’une autre structure tout aussi classique, le village médiéval. La mise en relation de ces points forts du peuplement local, dans l’étude d’une zone test sur la longue durée, devait permettre de cerner une autre réalité, plus difficile à isoler et moins connue, l’habitat du haut Moyen Âge. Les moyens mis en œuvre n’ont rien d’original : révision de l’inventaire archéologique, prospection systématique et premières approches des sources textuelles. A cela il faut ajouter la volonté de fouiller le plus exhaustivement possible les établissements repérés, programme en cours mais hélas trop dépendant des circonstances et des crédits.

FIG. 12 – Secteur de Loupian : occupation du sol aux époques antique et médiévale. 1 Marinesque, gallo‑romain précoce, établissement rural ; 2 Chemin de Pallas, gallo‑romain précoce, Haut‑Empire et Antiquité tardive, établissement rural ; 3 Sainte‑Cécile/Le Village, gallo‑romain précoce ?, Antiquité tardive, haut Moyen Âge et Moyen Age, édifices chrétiens et probable habitat ; 4 La Condamine/La Rouge, haut Moyen Age, habitat ; 5 Les Canisses, Antiquité tardive, nécropole ? ; 6 Les Prés‑Bas, gallo‑romain précoce, Haut‑Empire et Antiquité tardive, villa : 7 Sainte‑Marguerite, Antiquité tardive et haut Moyen Age, nécropole ; 8 Le Bourbou, Haut‑Empire et Antiquité tardive, établissement portuaire probable ; 9 Le Village, haut Moyen Âge et Moyen Âge, castrum : 10 Sainte‑Cécile 2, haut Moyen Âge et Moyen Âge, habitat ou zone d’épandage privilégié ? ; 11 Le Pallas, haut Moyen Âge et Moyen Âge, édifice chrétien et habitat. Zones tramées : épandages (toutes périodes confondues).
A sites gallo‑romain précoce ;
B habitat Haut‑Empire et Antiquité tardive ;
C mutation médiévale (les cercles noirs indiquent les sites occupés après le VIe s.).
66Si notre propos est d’évoquer l’occupation du sol à partir de la conquête romaine, il est cependant utile de faire une brève introduction sur les formes de l’habitat aux époques antérieures, La Préhistoire récente semble bien documentée, avec au moins huit points d’ampleur inégale, du Néolithique final au Bronze final, qui se localisent sur les zones de relief ou en bordure du rivage. Les âges du Fer ne sont pas représentés, et ce déficit semble courant autour du bassin de Thau où ne sont actuellement perceptibles que les points forts du peuplement, à l’image de Mèze. Pour cette période plus que pour une autre, la prudence doit être de règle avant que soit conclu à un littoral vide d’habitants.
67Sites submergés, zones traditionnellement peu prospectées ou habitat dispersé de faible ampleur sont autant d’alternatives qui ont été apportées, en plusieurs points du Languedoc, à la vision étriquée d’une Protohistoire uniquement liée à l’oppidum,
68C’est donc dans ce cadre encore imprécis qu’il faut situer l’habitat gallo‑romain précoce, tout au moins l’habitat qui se met en place dans les deux derniers siècles avant notre ère. A côté de points relativement bien documentés (la villa des Prés‑Bas par la fouille ou le site de Marinesque, individualisé grâce à une occupation courte), avec des indices tels que l’amphore italique et la céramique campanienne, que penser de ces sites du Haut‑Empire qui ne livrent que quelques rares témoignages céramiques (Chemin de Pallas, Sainte‑Cécile/le Village) ? L’exemple de la villa des Prés‑Bas montre que ces éléments résiduels ont toutes les chances d’être le reflet déformé d’un établissement ancien, largement occulté par les réoccupations successives. L’image obtenue actuellement, tant par la fouille que par la prospection, reste celle d’un habitat d’ampleur modeste où pourraient dominer des techniques propres au milieu indigène (construction en matériaux périssables, silos excavés...). La fouille permettra peut‑être de mettre en valeur des exploitations dont la forme est encore inédite dans nos régions (proche de celle de la ferme indigène des pays plus septentrionaux ?).
69A partir du changement d’ère se mettent en place les trois sites majeurs du territoire de Loupian pour la période gallo‑romaine. La fouille de l’un d’eux montre la romanisation progressive de l’habitat, avec peut‑être un état ancien sans réelle pars urbana jusqu’à la mise en place des éléments constitutifs de la résidence classique : pièces à mosaïque, thermes... Quels sont les liens unissant ces trois établissements antiques ? Il serait confortable de proposer une interprétation qui verrait succéder à la petite propriété du haut Empire un phénomène de concentration foncière pour l’Antiquité tardive. Si un élément de ce modèle paraît pertinent pour l’Antiquité tardive, il n’est pas impossible que ce schéma polynucléaire ait pu fonctionner dès le haut Empire. La dépendance – sous quel statut ? – des trois établissements est nettement sensible dans la corrélation de leurs graphes d’occupation avec des développements complémentaires et diachroniques pour chacun d’entre eux (le Bassin/Bourbou ier‑iie s. ; Chemin de Pallas iie-iiie s ; les Prés‑Bas ive‑ve s.) et un même mouvement d’abandon à partir de la seconde moitié du ve s., confirmé dans le courant du vie s. La spécialisation des sites, spécialisation toujours complémentaire, semble d’abord résider dans la localisation, en bordure de rivage ou près de la via Domitia, Le plus grand établissement est quant à lui au milieu du territoire. Cette tendance à la spécialisation s’accroît à la fin du ive s. avec la création d’un nouveau satellite : Sainte‑Cécile/Le Village avec son édifice paléochrétien. Les prospections futures livreront sûrement de nouveaux sites indispensables au fonctionnement économique de ce secteur de la région de Mèze (sites à vocation artisanale, par exemple).
70Plus qu’à un phénomène de concentration foncière, la réorganisation de l’exploitation du domaine (avec l’apport de capitaux nouveaux ?) expliquerait le développement de la villa des Prés‑Bas à la fin du ive s., avec une pais urbana équipée de plus de 400 m2 de mosaïques. Le phénomène semble ici de courte durée, et le schéma polynucléaire n’est plus actifdans le courant du ve s. et certainement au vie s. Au modèle antique succède un nouvel éclatement dans l’occupation de cet espace, avec un semis de points que l’on a du mal à cerner et dont l’inventaire est loin d’être exhaustif :
– occupation très ponctuelle de la villa des Prés‑Bas, probablement ruinée ;
– le site de Sainte‑Marguerite, qui a livré une nécropole avec un sarcophage monolithe et une plaque‑boucle cloisonnée du vie s. ;
– le site de La Rouge/La Condamine, où de rares éléments du vie s. ont été reconnus.
71Dans le modèle que nous proposons, c’est bien évidemment autour du site de Sainte‑Cécile/Le Village, de son édifice religieux, que nous fixons une zone de regroupement, encore lâche, du premier habitat médiéval. Autour du pôle cultuel, des points d’occupation d’ampleur et de chronologie variables, ont pu être repérés. Les céramiques médiévales, maintenant mieux connues, peuvent jouer entre ces différents points un rôle de dénominateur commun. Sur le site de La Rouge/La Condamine, on retiendra la très forte représentation des productions kaolinitiques à décor à la molette et dans le sondage de la place Charles‑de‑Gaulle, dans le village actuel, celle des récipients à décor lissé. Il est encore trop tôt pour comprendre dans le détail les conditions de formation et l’évolution de cette première zone de densité de l’habitat, dans laquelle il faut localiser le castrum du xie s. Une deuxième zone de densité est mise en évidence autour du ruisseau du Pallas avec le développement d’un important site du haut Moyen Âge et du Moyen Âge(Le Castellas/Pallas, commune de Mèze). Installé à faible distance du site antique du Chemin de Pallas, cet établissement fait l’objet de nombreuses mentions dans les sources médiévales. Le site de Sainte‑Marguerite accueillera un ermitage jusqu’au xviiie s., alors que les établissements antiques des Prés‑Bas et du Bassin/Bourbou n’auront aucune continuité remarquable dans la topographie médiévale du terroir.
12.2.2 Sites, description
12.2.2.1 Marinesque
72A 1,5 km au nord du village de Loupian, le site est placé en contrebas d’un chemin de terre, à flanc de colline, qui pourrait être un tracé possible de la voie Domitienne. Il s’agit d’un point de surface réduite (50 m x 20 m environ) mais des problèmes de définition subsistent quant à son extension (friches, parcelles encloses improspectables...). Ce type d’établissement, mal représenté dans la microrégion considérée, fournit, à côté d’un mobilier céramique homogène et d’époque gallo‑romaine précoce (tabl. II), des éléments architecturaux mobilisés somme toute classiques : tuiles, dolium, fragment de canalisation (fig. 13, no 7).

FIG. 13 – Loupian/Marinesque. 2 à 5 amphores italiques à pâte orangée, sauf 1 à pâte rouge ; 6 céramique brun‑rouge ; 7 fragment de conduite en céramique (antique ?).
73La céramique fine n’est représentée que par quelques rares fragments de céramique campanienne à l’exclusion de tout fragment de sigillée. Il y a peu de choses à dire du rare échantillonnage de céramique commune, où semblent dominer les productions calcaires. Pour le mobilier amphorique, il s’agit essentiellement de type italique ou dérivé. Deux groupes de pâtes se dégagent aisément : les exemplaires à pâte rouge et inclusions noires et le groupe à pâte orangée ou jaune. La fig. 13 résume graphiquement les principaux types de lèvres représentés pour les deux groupes. Nous proposons comme datation le ier s. av. n.è. (avant le dernier quart du siècle ?), sous réserve d’une étude plus détaillée.
74Le mobilier amphorique est ici majoritaire ; s’agit‑il d’un problème de conservation différentielle qui aurait favorisé les gros éléments ou faut‑il reconnaître au site une vocation de point de rupture de charge, en relation avec la voie Domitienne, comme nous le verrons pour une autre zone de passage avec les points de rivage ?
12.2.2.2 Le Bassin/Bourbou dit « Port de Loupian »
- 13 – Archives départementales de l’Hérault L5724, lettre du comité de surveillance et révolutionnaire (...)
75Au sud du village et de la villa des Prés‑Bas, cet établissement est installé dans une zone basse au toponyme évocateur de Bassin ou de Bourbou, à proximité immédiate du rivage de l’étang. A la fin du xviiie s., la mention Port de Loupian confirme que cette zone avait une vocation de débarcadère13. Dans l’état actuel du niveau de l’étang, la surface du site est de l’ordre d’un hectare, mais des aménagements aujourd’hui immergés sont sûrement à envisager.
76Le site a été fouillé ponctuellement en 1977 par D. Rouquette (Rouquette 1975 : 115) ; un mur maçonné, long de 9,5 m et large de 0,65 m a été dégagé (fig. 14) ; il est équipé de quatre contreforts. Un retour d’une longueur de 8,5 m a aussi été observé. Ce type de bâtiment n’est pas sans évoquer les bâtiments annexes destinés au stockage des villae de la Gaule septentrionale. Plus proche et plus significative est la comparaison avec la villa de Pardigon 3 (Cavalaire/La Croix Valmer, Var) (Brun 1988 : 40‑ 51), tant pour la structure architecturale que pour sa proximité au rivage. L’identité de fonction (chai) n’est pas ici démontrée. On signalera encore une fois l’abondance des fragments d’amphore gauloise de part et d’autre de la construction.
77L’épandage probable des déblais de la fouille a induit un effet de brouillage qui ne facilite pas toujours la prospection. Malgré l’importante fragmentation des artefacts, on notera parmi les éléments architecturaux mobilisés la présence de la tuile et du dolium ainsi que d’éléments céramiques surcuits (tuile ?). Une des principales caractéristiques de ce type d’établissement est la très forte représentation des amphores. Malgré un ramassage sélectif des éléments significatifs (lèvre, fond, anse), le mobilier amphorique représente dans notre collecte plus de 40 %, alors que sur des sites contemporains de la microrégion il ne représente, en prospection –fragments de panse et éléments significatifs confondus– pas plus de 20 %.
- 14 En ce qui concerne les références typologiques du matériel présenté dans les notices et pour ne pas (...)
78Malgré une plus forte représentation du mobilier gallo‑romain14 ancien, aucun élément antérieur au début de notre ère n’est attesté sur ce site de rivage (tabl. III et fig. 15). Une phase de pleine activité pourrait s’individualiser particulièrement pour les ier s. et iie s. ap. J.‑C. : on retiendra particulièrement ici les amphores gauloises –très abondantes–, la sigillée sud‑gauloise (TSSG) –formes anciennes et récentes–, mais aussi la claire A (DSMA) ou les céramiques africaines de cuisine (CAC), qui pourraient cependant caractériser un iiie s. plus difficile à cerner sur ce site (céramique commune orangée à dégraissant blanc – urne à profil sinueux). La mauvaise conservation du matériel semble avoir particulièrement réduit le corpus des formes de la claire B/luisante (DSRB/L).

FIG. 15 – Loupian/Le Bourbou. 1 et 4 amphores gauloises ; 2, 3 et 7 amphores africaines ; 5 DSMA ; 6, 8 et 9 DSMD ; 10 céramique commune calcaire ; 11 céramique africaine de cuisine ?
79La période tardive est toujours bien documentée avec les amphores africaines. La claire D (DSMD), bien représentée (site de rivage ?), a fourni des formes dites de la première génération (plats Hayes 59, 61A, 67) et un profil de Hayes 61B qui propose sans ambiguïté une occupation dans le courant du ve s. Si des ramassages antérieurs (Rigoir 1972 : 112) ont livré de la céramique paléochrétienne (DSP), le répertoire de la céramique commune à pisolithes ne semble pas cependant pousser cette occupation après le milieu du ve s.
80La faiblesse d’échantillonnage ne permet que de tracer les grandes lignes de l’occupation du site sans pouvoir affirmer avec certitude l’absence de tout hiatus de fonctionnement durant cinq siècles.
81L’évidente vocation portuaire et la très forte représentation du mobilier amphorique montrent que le site du Bourbou est un point de rupture de charge sur le littoral intérieur de la zone lagunaire et que le rejet des containers pourrait provenir d’un nouveau conditionnement des denrées transportées.
12.2.2.3 Chemin de Pallas
82A 1 km à l’ouest du village et à 1,5 km au nord‑ouest de la villa des Prés‑Bas, le site s’est installé sur le sommet d’un plateau bordant le ruisseau du Pallas. La zone de densité des vestiges est de l’ordre de 2 ha au maximum. Les éléments architecturaux mobilisés sont caractéristiques de ce type d’établissement : tuiles et moellons de calcaire froid, mortier de tuileau, enduit peint (fragment de couleur grenat), tubulures. Les fragments de marbre (plaques et moulures) posent le problème du niveau de qualité du secteur résidentiel. Les activités de l’établissement ne sont perceptibles qu’à travers les nombreux fragments de dolium observés sur la surface du site.
83Une occupation primitive du site, dans une fourchette chronologique malaisée à définir dans les deux derniers siècles avant notre ère, doit être retenue : amphore italique, vase de stockage en céramique non tournée, mais aussi plat à engobe rouge pompéien et céramique commune à cuisson mixte, sigillée italique (fin ier s. av. J.‑C. – début ier s. ap. J.‑C.) (tabl. IV et fig. 16).

FIG. 16 – Loupian/Chemin de Pallas. 1 et 3 TSSG ; 2, 8, 9 et 12 céramique commune réductrice ; 4, 13 à 15, 18, 21 à 31 céramique brun‑rouge ; 5, 6 et 10 céramique africaine de cuisine ; 7 céramique non tournée ; 11 céramique du bas Moyen Âge; 16 à 20 céramique claire.
84Le site semble fonctionner pendant près de quatre siècles avec un maximum d’activité qui pourrait être centré sur le iiie s. L’abondance de la claire B/luisante (DSRB/L) avec un répertoire varié, la forte représentation de la céramique africaine de cuisine (CAC) s’accompagnent de la présence de quelques séries de céramique commune que nous considérons, dans la microrégion concernée, comme caractéristique de cette période (céramique brun orangé à dégraissant fin, d’origine biterroise, représentée par des urnes à lèvre triangulaire, iie s. et début du iiie s. –céramique brune, très cuite, iiie s.– céramique orangée à dégraissant blanc, caractérisée par des urnes à profil sinueux, iiie s. et première moitié ive s.).
85L’abandon du site ne semble pas antérieur au début du ve s. (présence de la céramique commune à pisolithes), mais on notera l’absence d’éléments sûrement attribuables à la seconde moitié du ve s. ou au vie s. Quelques rares tessons appartenant à des productions probablement glaçurées de type ancien (xive s‑xve s.) témoignent peut‑être de la pratique de l’épandage dans ce secteur de la commune au bas Moyen Âge.
12.2.2.4 Sainte‑Cécile/Le Village
86Le site antique est localisé dans la périphérie immédiate du village actuel, à 200 m environ du noyau médiéval et à 800 m au nord de la villa des Prés‑Bas ; son ampleur est difficile à cerner, partiellement masquée par l’imposante construction gothique –l’église Sainte‑Cécile– et son cimetière, aujourd’hui aménagé en place. Au nord de l’édifice, le recouvrement sédimentaire des vestiges est tel que les travaux agricoles récents n’ont pas atteint les niveaux antiques. La constitution d’une vaste terrasse mise en culture est ici un phénomène récent d’époque moderne qui prend la suite de probables paléosols médiévaux. La mise en évidence de zones humides aux abords du site antique, semble possible, montrant ainsi la complexité et la mobilité de cette microtopographie, envisagée sur la longue durée.
87En ce qui concerne les sources textuelles sur Sainte‑Cécile, il faut signaler dans la liste des églises dépendant de Psalmodi, depuis une donation de Raymond Ier, marquis de Gothie, pour la fin du xe s., la mention d’une église portant ce vocable (Gallia Chrlstiana VI, 187). Faute d’une étude complète sur la topographie religieuse de Loupian, nous resterons prudents sur la localisation de cet édifice (sous l’actuelle église Sainte‑Cécile ou bien ancien vocable de la chapelle romane intra muros Saint‑Hyppolite ?. [...] in castra Lupiano ecclesiam Sancta Caecilia [...] 1099).
88C’est donc une image très incomplète qui nous est fournie par la prospection (parcelles 166‑167) et les repérages à la pelle mécanique (parcelle 1032) entrepris à la suite d’une découverte fortuite, image d’un site dont nous estimons actuellement la superficie à 1 ha. Ces premiers repérages ont mis en évidence le plan d’un édifice (fig. 17) se composant d’une abside incluse dans un chevet rectangulaire. Le diamètre restitué de l’abside pourrait être compris entre 8,5 et 9 m alors que le bâti rectangulaire aurait une largeur de 11 m. Le chevet s’ouvre sur une nef de même largeur pour une longueur supérieure à 15 m, portant ainsi à plus de 20 m la plus grande dimension de l’édifice.
89La technique de construction, le plan particulier du chevet trouvent des comparaisons immédiates avec les absides de la villa des Prés‑Bas. Cette solution architecturale originale, avec écoinçons non comblés, nous paraît difficilement fortuite et permettrait déjà de proposer une chronologie proche, sinon identique, pour les deux ensembles de l’Antiquité tardive. La fonction religieuse du site est induite par la morphologie spécifique de la construction, son orientation et sa proximité avec un édifice chrétien postérieur.
90Des salles annexes organisent le flanc nord de l’édifice principal en au moins cinq espaces qu’il faudra définir plus précisément. Des sols de mortier de tuileau équipent certaines pièces. Dans l’une d’elles, une structure de tuiles, liée au mortier de tuileau, bassin polygonal très arasé, est un élément déterminant pour la fonction de l’édifice. Chaque côté de cette cuve porte un aménagement semi‑circulaire qui, comme le reste de ce bâti, devait être recouvert de placages (enduit, marbre...). Ce type de construction, avec une découpe identique mais sur un seul côté, se retrouve sur la cuve baptismale du baptistère Saint‑Etienne de Lyon (Reynaud 1986 : 103).
91Nous avons isolé le mobilier provenant des prospections de celui qui est issu des repérages, mais les deux séries se complètent pour définir les grandes phases d’occupation du site (tabl. V et fig, 18).

FIG. 18 – Loupian/Sainte‑Cécile. 1, 2 amphores ; 3 et 4 DSP ; 5 campanienne ? ; 6 à 9 céramique à pisolithes ; 10 céramique brun‑rouge ; 17 céramique calcaire engobée ? ; 12 et 13 céramique médiévale à décor plastique ; 15 à surpeint ; 15, 18 à 21 à cuisson réductrice ; 16 verre.
92Un tesson campanien, encore une fois, pose la question de la présence sur le site ou à proximité immédiate d’un habitat gallo‑romain précoce sans que l’on puisse y répondre de façon satisfaisante. Aucun élément attribuable au Haut‑Empire n’est à signaler, et l’on ne peut encore exclure formellement une occupation dans le courant du iiie s. ap. J.‑C. comme le suggère le graphique d’occupation. Le démarrage du site, confirmé au moins ponctuellement par la fouille, est à placer au ive s. On retrouve ici les traceurs caractéristiques de ce siècle comme le bol Lamb.1/3 –claire B/luisante (DSRB/L)– ou les formes de la première génération de la claire D (DSMD). La fin du ive s. et le ve s. sont bien représentés par la céramique commune à pisolithes (fig. 18, nos 6 à 9) et la céramique paléochrétienne (DSP) (fig. 18, nos 3 et 4). Les formes anciennes de la céramique commune et la chronologie des rares éléments de claire D ne permettent pas de dépasser le milieu du ve s., fixant ainsi la période possible de fonctionnement de l’édifice paléochrétien.
93Les couches de destruction ont livré de la céramique utilitaire à cuisson réductrice : urnes à lèvre en bandeau, à bord coupé (fig. 18, nos 18, 20 et 21), qui permettent de placer l’abandon du bâtiment au plus tôt au vie s., mais la méconnaissance de ces séries, dont il faudra définir les rapports avec les productions à pisolithes de ce siècle, ne permettent pas encore d’affiner cette datation.
94Un fragment de céramique à pâte claire, à surpeint orangé (fig. 18, no 14), n’est pas sans évoquer les céramiques carolingiennes du Bassin parisien, dont des parallèles auraient été isolés récemment en Lunellois (renseignement C. Raynaud). Une continuité d’occupation, est à rechercher dans les productions médiévales à décor plastique (fig. 18, nos 12 et 13), dont il faudra aussi préciser la chronologie. Des céramiques médiévales glaçurées (pâte rouge/rose, glaçures vertes internes et surface extérieure noircie) permettent une transition facile pour évoquer l’occupation du site autour de la construction gothique.
12.2.2.5 Sainte‑Cécile 2
95A 100 m environ du point précédent (fig. 19), une concentration relative de mobilier archéologique (moins de 300 tessons dispersés mais peu érodés) a été individualisée sur une terrasse qui organise le relief dit du Peyrou. Ce phénomène de densité est remarquable, alors que les parcelles environnantes, prospectées finement et systématiquement, n’ont livré qu’un mobilier résiduel (quelques artefacts par parcelles, souvent peu reconnaissables). Ce type de point archéologique pose naturellement un problème d’interprétation et met en évidence la difficulté d’isoler à coup sûr la zone d’épandage, peut‑être privilégiée, d’un habitat modeste. Au‑delà de l’interprétation ponctuelle, il n’en reste pas moins que cette information vient compléter notre schéma d’occupation du sol à proximité du village pour le début du Moyen Âge.

FIG. 19 – Habitat de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge, première concentration. 1 L’édifice paléochrétien ; 2 L’habitat de Sainte‑Cécile ; 3 La Rouge/La Condamine ; 4 Sainte‑Cécile 2.
96Comme pour le site de La Rouge/La Condamine, une faible partie de ce matériel est attribuable à l’Antiquité, et plus précisément à l’Antiquité tardive (claire D, céramique commune à pisolithes, amphore africaine). Le matériel médiéval est largement dominé par les céramiques utilitaires à cuisson réductrice (lèvre en bandeau, lèvre retournée...). La proportion de céramique à pâte kaolinitique est encore modeste. Le bas Moyen Âge est représenté par un faible lot de céramique à pâte rose siliceuse et glaçure verte, parfois décorée à la molette.
12.2.2.6 Sainte‑Marguerite
97Le toponyme Sainte‑Marguerite correspond à un relief marqué qui domine la villa des Prés‑Bas, située à 500 m à l’ouest. La vocation religieuse du site, dont une croix est le dernier souvenir, semble s’achever à l’époque moderne, avant la Révolution, dans la mention d’un ermitage en ruines.
98La nécropole tardive n’est connue qu’à travers deux découvertes fortuites, en 1895 et en 1969 (cf. notice de M. Soulier, Landes 1986 : 51). L’inventaire des structures funéraires est très limité, avec une sépulture en dalles, une tombe en sarcophage monolithe, à cuve trapézoïdale, ainsi que deux tombes sous tuiles, vraisemblablement en batière. L’ampleur du site funéraire et les conditions d’implantation sont difficiles à cerner dans le détail.
99Un tesson de claire D (DSMD) et une plaque‑boucle à décor cloisonné, de type wisigothique, constituent le seul mobilier de ce site dont la datation, si l’on se réfère exclusivement à la pièce de bronze, pourrait être située dans la première moitié du vie s. Cette datation s’accorde assez justement avec la typologie succincte des tombes.
12.2.2.7 Loupian, La Rouge/La Condamine
100A 500 m au sud‑ouest du village actuel et à 400 m de l’église gothique Sainte‑Cécile, le site occupe le sommet d’un relief aujourd’hui cultivé en vignes. La toponymie individualise nettement ce quartier de la commune : La Condamine, La Maladerie. La concentration de matériel qui détermine le site est de l’ordre de ¾ d’ha. Tuiles plates et rondes ont été observées à la surface de ce point qui a fait l’objet de prospections répétées.
101Du mobilier antique, récolté ici en faible quantité, autorise la mise en évidence d’une occupation gallo‑romaine tardive (tabl. VI). Parmi les éléments caractéristiques, rares au demeurant, un manche de récipient –claire B/luisante (DSRB/L)– (fig. 20, no 6) (Orfila 1988 : 245), une lèvre d’amphore africaine Keay LV (fig. 20, no 5) et de la céramique commune à pisolithes constituent sûrement les indices d’une occupation, sinon d’une fréquentation du lieu, à situer aux ve‑vie s. Ces quelques documents représentent l’essentiel de notre information pour cette période de transition entre deux grands moments de l’occupation du territoire communal.

FIG. 20 – Loupian/La Rouge. 1 et 5 amphore africaine ; 2, 7 à 10, 12, 16, 18 et 24 céramique médiévale kaolinitique ; 3, 4, 11, 13, 17 et 29 céramique médiévale oxydante ; 6 DS. R. B/L ; 14 peson pâte calcaire ; 15 céramique glaçurée ; 19, 20 et 30 céramique médiévale à décor plastique ; 21 céramique médiévale à dégraissant fin ; 22, 23, 25 à 28, 31 et 32 à nodules blancs.
102L’essentiel du mobilier collecté appartient à la période médiévale (haut Moyen Âge – xiie s.). Parmi les séries que nous considérons comme les plus anciennes, il faut isoler des récipients d’un même type, à lèvre éversée, à cuisson oxydante, qu’il faut rapprocher de certaines productions à pisolithes et donc encore de tradition antique (fig. 20, nos 3, 4, 11 et 13). Dans les productions médiévales oxydantes, on signalera la présence d’un bec ponté.
103Les séries à pâte kaolinitique ou les céramiques dites à argile détritique, sûrement locales, sont produites sur une longue période, et nous ne sommes pas encore en mesure de fixer une chronologie sur les essais d’évolution typologique. La céramique médiévale à cuisson réductrice est majoritairement représentée et demandera de nouveaux tris et de nouvelles identifications. Nous isolons encore une fois des productions à pâte noire, très cuite et se caractérisant par la présence de nodules blancs (points de chaux ?). Il pourrait s’agir d’un traceur permettant de proposer une datation relativement tardive (xe‑xiie s.), On notera la quasi‑absence des décors lissés, alors que les décors à la molette ont été reconnus sur des vases à pâte kaolinitique. Il faut isoler la céramique à décor plastique, attestée maintenant sur plusieurs points de la commune et du bassin de Thau, qui appartient au bas Moyen Âgesinon au début de l’époque moderne.
104L’intérêt de ce site pour comprendre la dynamique de l’habitat groupé médiéval semble indiscutable, mais le modèle proposé est encore lourdement grevé par les problèmes de chronologie des principales séries céramiques reconnues.
12.2.2.8 Le Castellas/Pallas (commune de Mèze)
105– Traité de Bernard, écolâtre de l’église d’Angers sur les miracles de Sainte‑Foy de Conques, Lib. I, Cat XII : « [...] curtis quem nommant Palatium cum salmis. [...]» (vers 960) (HGL 1876 : V, c. 13).
106– Testament de Guillaume, vicomte d’Agde et de Béziers : « [...] villa Palas [...] » (990) (HGL 1876 : V, c. 319).
107– Chartes en faveur de l’abbaye de Conques : « [...] alode meo de Palais [...] cum campas, cum vineas, cum boscos, cum piscatorta, cum satinas, cum terras cultas e incultas » (1002) (HGL : V, c. 163).
108A 2 km au nord‑ouest du village de Loupian, sur un relief très marqué, dominant le ruisseau du Pallas, le site, bien que pratiquement en limite de commune, appartient administrativement au territoire de Mèze. Le secteur du Castellas est organisé suivant un réseau de terrasses, destinées à la vigne, aujourd’hui incultes en grande majorité. Le site est bien marqué par la présence d’une imposante maçonnerie, en élévation sur quelques mètres, qui a fait l’objet de nombreuses interprétations. Le bâtiment en petit appareil et blocage est équipé d’une abside, mais l’orientation de la construction, nord‑sud, n’incite pas à voir là les restes de l’église dédiée à Sainte‑Foy, au début du xie s. (Soutou 1985). Seule une fouille permettrait de trancher sur ce délicat problème d’interprétation.
109L’extension du site est actuellement estimée à 1 ha bien que sa limite sud reste à préciser. La qualité de l’architecture, les sondages menés par D. Rouquette (Rouquette 1969 : 25), la densité du mobilier confirment bien l’importance de ce point pour le premier Moyen Âge.
110Parmi l’abondant mobilier collecté (fig. 20 et 21), quelques rares tessons gallo‑romains, de la sigillée sud gauloise ne témoignent vraisemblablement pas d’une occupation antique mais de la proximité d’établissements comme celui du Chemin de Pallas ou de la Font du Perdigal, en bordure immédiate de la voie Domitienne. L’essentiel du matériel est composé de céramique médiévale, majoritairement à cuisson réductrice avec des séries maintenant attestées autour du bassin de Thau : céramique kaolinitique, à pâte noire et nodules blancs, à dégraissant fin... L’absence de matériel de tradition antique, proche de la céramique à pisolithes à cuisson oxydante, comme il en a été signalé sur le site de La Rouge, nous paraît ici significatif d’un point de vue chronologique. Si l’on peut noter cependant quelques grandes similitudes entre ces deux points (par exemple, la lèvre en bandeau, céramique kaolinitique fig. 21, no 1 avec les exemplaires de la fig. 20, nos 2 et 7, ou alors les anses à décor lissé de la fig. 21 nos 19 et 20 avec l’exemplaire de la fig. 20 no 27), une évolution du faciès céramique nous paraît perceptible pour Le Castellas, avec des productions à cuisson réductrice présentant des profils plus affinés (fig. 21, nos 13 et 18) et l’apparition de cuisson oxydante ou mixte (fig. 21, nos 8, 16 et 17).

FIG. 21 – Mèze/Castellas. 1, 4 à 6 céramique médiévale kaolinitique ; 2, 7, 12 à 14, 19 à 22 céramique médiévale noir‑gris ; 3, 8, 16 à 18 céramique médiévale oxydante ; 9, 10 et 15 à dégraissant fin ; 11 à nodules blancs.
111On semble pouvoir ébaucher une chronologie relative sans trop d’arguments contraires en définissant une tendance d’évolution de ce mobilier utilitaire, à l’image de ce qui est perceptible sur un site comme Rougier (Démians d’Archimbaud 1980 : 292‑297). Il n’en est pas de même pour une datation absolue et il ne paraît guère possible de dépasser le stade de la simple proposition. La continuité des sources textuelles, même jusqu’à l’époque moderne, pour le site du Castellas/Pallas tend à accréditer la possibilité d’une occupation plus longue et d’un faciès céramique plus récent (xe‑xiiie s.), alors que le site de La Rouge/La Condamine semble participer à l’origine du regroupement villageois sans se pérenniser d’aucune manière, et son occupation pourrait ne pas trop dépasser le xie s.
12.2.2.9 Loupian, Le Village
112– Testament de Raymond Ier, comte de Rouergue et marquis de Gothie : « Illo alode de lupiano cum ipsa ecclesia [...], leneat Berta dummodo vivit ; post suum discessum Sancti Juliani Psalmodio remeneal » (961) (HGL 1876, V. c. 242) donation qui montre l’existence d’un alleu avec son église, sans indication topographique.
113– Testament de Guillaume, vicomte de Béziers et d’Agde : « Et ordinavit a Sancto Severo, in villa Lupiano, manso uno [...] » (990) (HGL1876 : V, c. 317). Il s’agit de la donation d’un manse à l’église Saint‑Sauveur, qui est dite dans le territoire de Loupian, alors que cette église est signalée dans plusieurs textes comme dépendant de Pallas. Il est possible que le terme in villa désigne une unité territoriale qui englobe d’autres unités. Dans le même texte, Guillaume donne plusieurs lieux d’habitat fortifiés qu’il décrit assez précisément et qu’il nomme aussi villae (par exemple : « [...] et dono Garsindis villa Porciano cum ipsa turre et cum ipsa fortitia [...] »). Pour Loupian, aucune mention ne permet de savoir s’il existe un établissement fortifié à la fin du xe s.
114– Traité sur les Miracles de Sainte‑Foy, livre III (XXI) : « [...] Huic predicto Palatio Castrum ex nomine Lupianum imminet [...] » (1010).
Dans ce texte, très descriptif, les moines relatent l’expédition de Bernard le Velu qui, avec mille hommes à cheval et autant d’hommes à pied, assiégea Loupian en l’isolant par un fossé ou une palissade ([...] vallo obsedit [...]) et fit piller les alentours. Il semble alors que le point fortifié ait été d’une certaine importance pour justifier un tel événement militaire.
115– Extraits de divers actes touchant le vicomte Bernard‑Aton : « [...] de toto ipso castello de Lupiano et de tota ipsa villa et de lotis ejus terminiis [...] » (1116) (HGL 1876 : V, c. 851).
116Guillaume de Margon donne à Bernard‑Aton le château de Loupian ainsi que la villa, qui semble dans ce cas être un lieu d’exploitation, voire d’habitat, et qui est complété par le tenninium. Ce terme a en général le sens de territoire, composé de terres cultivées, de champs... (Parodi 1987 : 24).
117– Actes de l’engagement fait par Bernard‑Aton, vicomte d’Agde, d’une partie de son domaine à Guillaume, seigneur de Montpellier :
« [...] Totum castrum de Lupiano [..] » (1189) ;
« [...] Totum castrum de Lupiano, intus et extra... in Castro vel in terminio castri [...] » (1191) ;
« [..;] Totum castrum de Lupiano, cum suis omnibus pertenentis [...] » (1195) (HGL 1876 : V, c. 397,398)
118Ces exemples montrent bien l’évolution de la terminologie de l’habitat au xiie s., qui correspond à l’aboutissement et la structuration de l’habitat villageois.
119Dans la synthèse sur le peuplement du territoire communal, nous avons fixé le principe d’un premier regroupement de l’habitat, encore lâche, autour d’un lieu de culte dont l’origine paléochrétienne est montrée, par la fouille. Par le croisement des sources textuelles, de la microtopographie villageoise et dans l’avenir, nous l’espérons, d’un programme de fouille, on peut tenter d’apprécier la formation de ce nouveau temps fort dans l’occupation du territoire envisagé.
120La mention villa Lupiano se rencontre à partir du xe s. avec une signification nettement territoriale. En 1116, dans la mention « [...] de toto ipso castello de Lupiano et de tota ipsa villa et de totis ejus terminiis [...], villa est un élément de l’entité Loupian, complémentaire de l’élément castellum (qui serait l’habitat fortifié seigneurial) et de leurs territoires.
- 15 Sur des vues aériennes de 1961, quelques pans de mur en ruine se distinguent et ne sont pas sans év (...)
121D’après l’étude du cadastre, le village médiéval s’est probablement développé autour d’un noyau central situé sur le point le plus élevé du village actuel (fig. 22, no 1). L’occupation d’origine pourrait être restituée dans une surface de trente mètres de côté environ dont la trace est visible, en négatif, dans le cadastre actuel. Ce lieu se nomme encore le Castel Vieil dans les compoix et cadastres anciens15.

FIG. 22 – Topographie villageoise, Loupian. A église Saint‑Hyppolite ; B château (xiiie s. ?) ; 1 Le Castel‑Viel ; 2 Le Cafarot ; 3 Fort Antic ; 4 enceinte du xiie s.
122Il est difficile de savoir si ce château était fossoyé. On signalera que le toponyme donné à la rue qui borde le château au sud‑est le « caffarot », en languedocien la cave, l’antre ; cette appellation pourrait être aussi synonyme de fossé. Un sondage pratiqué dans ce secteur, sur l’actuelle place Charles de Gaulle, a livré des céramiques médiévales à décor lissé (xe‑xie s. ?), mais l’exiguïté du sondage n’a pas permis de mettre en valeur un telle structure. La date de création du castrum est incertaine, antérieure à 1010.
123L’habitat s’est‑il aggloméré autour du point fort entre le xie et le xiie s. ? Proto‑village et château ont‑ils coexisté, comme deux éléments distincts ([..] de toto ipso castello et de tota ipsa villa. [...] 1116). Jusqu’à la création de la première enceinte collective, il n’est pas encore possible de répondre.
- 16 Sous l’état de construction attribuable au XIVe s., on distingue un appareillage qui pourrait être (...)
124A la fin du xiie s., le terme de villa disparaît. Pour se référer au lieu d’habitat fortifié, on emploie désormais le terme de castrum, alors que pour le territoire on utilisera in terminio castri. Il est évident que l’habitat de Loupian a subi à la fin du siècle une importante mutation. Nous plaçons à cette époque une première enceinte collective (fig. 22, no 2), dont il pourrait rester des traces dans la partie sud/sud‑est du village16. Le tracé de la muraille est largement lacunaire, mais la toponymie permet de cerner, dans ses grandes lignes, les limites du vieux village. En effet, le quartier qui s’est développé au sud du vieux château s’appelait à l’époque moderne « le fort antic ». Le toponyme fort, qui ne serait pas antérieur au bas Moyen Âge, selon D. Baudreu, dans le cas du bas Razès, désigne la forteresse villageoise, l’ensemble clos par le fossé collectif (Baudreu 1986 : 59). Il semble que l’on pénétrait dans le village par des portes qui devaient se situer à l’est, à l’ouest et au nord. Ainsi les rues principales se croisaient‑elles en angle droit presque au milieu de ce possible village primitif.
125Il est difficile de dire si l’église romane Sainte‑Hyppolite (xiie s.) était comprise dans cette première enceinte, mais on retiendra sa proximité immédiate, qui permet de dater approximativement cette première strate villageoise. C’est contre elle à l’ouest qu’un nouveau château sera construit (xiiie‑xive s.). La création d’une nouvelle enceinte a englobé ou suscité à l’ouest et au nord de nouveaux quartiers. D’autres encore sont venues s’appuyer contre le rempart du xive s. (fig. 22, no 3). De nombreux restes de cette dernière muraille (portes, archères, mâchicoulis...), et notamment sur l’élévation crénelée de l’église Sainte‑Hyppolite, sont encore visibles.
- 17 — Sondage Marie‑Hélène Bou, ArchéÖfactory.
126Le mobilier découvert lors d’un sondage réalisé place Charles de Gaulle (tabl. VIII et fig. 23) correspond à trois ensembles archéologiques17, mais l’exiguïté de la fouille pratiquée ne permet pas de retenir ces distinctions comme trop significatives ; ce mobilier sera donc présenté comme un même lot. Il s’agit principalement de matériel à cuisson réductrice avec des productions courantes sur les sites médiévaux de la microrégion, avec par exemple des productions à décor lissé (fig. 23, nos 5 et 10). Le tesson no 6 de la fig. 23, de très petite taille, à pâte rouge, doit être à notre sens considéré comme une intrusion. A partir des quelques profils, dont un à bec ponté et des décors, peut‑on retenir une datation relativement haute, dans le courant du xe‑xie s. (CATHMA 1986 : 47‑50) ? Le grand vase no 2 de la fig. 23, à pâte rouge et dégraissant blanc, probablement non tourné, est quant à lui largement inédit, avec son décor lissé, sur une surface lissée, associé à un cordon appliqué, impressionné. Ce dernier type de décor est connu en Provence (Démians d’Archimbaud 1980 : 317) sur des productions du xiiie s. On signalera aussi la présence d’une forme ouverte, type peu courant, sinon exceptionnel, pour la période du haut Moyen Âge(fig. 23, no 1).

FIG. 23 – Loupian/place Charles de Gaulle. 1, 4 et 8 céramique médiévale à nodules blancs ; 3, 9 à 11 céramique médiévale à dégraissant fin ; 5 et 7 céramique médiévale réductrice ; céramique médiévale non tournée, 2 à cuisson oxydante ; céramique à pâte rouge, 6 fine.
127Les rares références languedociennes publiées ne permettent pas dépasser ce constat de difficulté de datation, mais nous retiendrons tout de même une chronologie ancienne pour ce contexte probablement antérieur au xiiie s.
12.3 La villa de Mas de Lavit et son territoire
12.3.1 Une forme de continuité ?
128fig. 24
129L’étude détaillée du territoire de Loupian, la mise en évidence des rythmes et des variations de l’occupation de cet espace ne pourront prendre valeur de généralisation que par la comparaison. Dans cette recherche de symétrie ou de fausse symétrie, ici avec le secteur de Mas de Lavit, pouvait apparaître un modèle complexe, révélateur d’une réalité complexe par la diversité des situations à l’intérieur d’un même territoire.
130Le site de Mas de Lavit s’individualise par son importante superficie, la présence d’éléments luxueux (marbre, tesselatum...), qui constituent un réel reflet de l’établissement des Prés‑Bas de Loupian. Cependant, la première discordance manifeste est la longévité de l’occupation depuis les premiers témoins céramiques antérieurs au début de notre ère jusqu’aux séries médiévales des xiie‑xiiie s. L’évolution de l’occupation de cet espace se fera dans la mouvance et autour d’un site principal. La dépendance trop forte au site majeur est peut‑être la cause d’une deuxième rupture d’importance, celle du devenir à l’époque moderne, avec l’absence du village tel que nous le connaissons à Loupian.

FIG. 24 – Secteur de Mèze/Mas de Lavit : occupation du sol aux époques antique et médiévale : 1 Saint‑Jean des Sources – haut Moyen Âge probable : nécropole ; 2 Mas de la Donne – Haut‑Empire, Antiquité tardive, haut Moyen Âge et Moyen Âge : habitat ; 3 Mas de Lavit – gallo‑romain précoce, Haut‑Empire, Antiquité tardive, haut Moyen Âge et Moyen Âge : villa ? : 4 Piboulas – Antiquité tardive : nécropole ; 5 Saint‑Martin – haut Moyen Âge et Moyen Âge: chapelle et point fortifié ? ; 6 Les Yeuses – gallo‑romain précoce, Haut‑Empire : habitat ; 7 Le Mourre Blanc – Haut‑Empire, Antiquité tardive : établissement portuaire probable.
131Avant d’évoquer le terme de cette évolution, il nous faut tenter de reconnaître les conditions d’implantation de cet habitat. Sur le tissu discontinu mais présent de l’habitat protohistorique (La Grand Grange, Saint‑Jean des Sources...) se mettent en place les points qui vont se développer au cours de la période gallo‑romaine. Des éléments diffus mais caractéristiques (amphore italique, céramique campanienne...) sont signalés sûrement à Mas de Lavit, à Mas de la Donne, aux Yeuses.
132Les établissements gallo‑romains, situés en périphérie, sont occupés eux aussi sur une longue durée mais, toujours comme à Loupian, s’individualisent chronologiquement, avec des périodes de développement spécifique. S’il est impossible de démontrer la réalité d’une dépendance par rapport au site majeur, une hiérarchie entre ces points est tout de même sensible : leur surface est généralement de l’ordre d’1 ha pour au moins 6 ha pour la villa de Mas de Lavit. Une spécialisation d’activité n’est discernable que pour le site de rivage du Mourre Blanc, où le mobilier amphorique est très largement majoritaire. Le site des Yeuses a livré, au cours de nos travaux et plus anciennement, des matériaux luxueux, jusqu’à de la ronde‑bosse, alors que l’établissement du Mas de la Donne semble en être totalement dépourvu et se limiter à un établissement à vocation agricole.
133Chronologiquement, le Haut‑Empire est représenté sur les trois points principaux. Le site des Yeuses se développe au cours de cette période et au iiie s. Mas de la Donne et Le Mourre Blanc connaissent quant à eux une forte occupation au cours de l’Antiquité tardive. Il n’est cependant pas toujours facile de distinguer les réelles ruptures de l’occupation d’un site lorsque le mobilier des périodes de ralentissement est oblitéré par l’abondant matériel d’une importante reprise de l’habitat.
134Le processus de médiévalisation s’appuie ici sur la continuité d’occupation des lieux sinon sur la continuité des établissements. Le site majeur de Mas de Lavit est associé à l’habitat du Mas de la Donne, comme pour les périodes antérieures, et au site de Saint‑Martin, avec son relief aujourd’hui encore marqué par une chapelle, qui est un point de création médiévale venant surcharger la trame antique. La mention d’un lieu fortifié antérieur au début du xiie s., la probable localisation de l’église Saint‑Martin permettent de fixer dans cet espace les nouveaux pouvoirs de ce premier Moyen Âge.
- 18 Il est remarquable de noter que sur la carte de Cassini (1774‑1775) les deux points Loupian et Sain (...)
135La très forte maintenance du réseau éclaté de l’habitat, qui semble encore effective au xiie s., causera la disparition de ce point fort du peuplement de la région de Mèze18.
12.3.2 Sites, description
12.3.2.1 Les Yeuses
- 19 L’auteur des observations, l’abbé Despetit, décrit les intéressantes découvertes faites sur ses pro (...)
136Dans la plaine côtière du bassin de Thau, le domaine moderne des Yeuses se trouve à environ 3 km à l’ouest de Mèze et à 1,5 km à l’est de Mas de Lavit. Le dépouillement bibliographique a montré que le site antique était connu depuis le début du xixe s. et avait déjà révélé de nombreuses traces d’habitat (Despetit 1914 : XXIV et XLLV)19. Les prospections récentes tant de la part de D. Rouquette que de notre équipe confirment la longue séquence d’occupation du site, débutant avec la Préhistoire récente (hache polie, céramique et rares silex). Un très probable habitat de l’âge du Fer est suggéré par la mention de graffites grecs sur céramique campanienne mais reste mal cerné sur le terrain. Pour l’époque gallo‑romaine, on peut restituer un établissement d’un minimum d’1 ha et peut‑être de la taille de celui des Prés‑Bas de Loupian. Les activités agricoles sont induites par la présence de nombreux fragments de dolium et de restes de meule en basalte. A l’exception d’un fragment de statuaire (tête de divinité, couronnée de lierres), aucun élément luxueux ne suggère un habitat résidentiel. Un problème de conservation des artefacts en est peut‑être la cause, et l’hypothèse d’une villa doit cependant être proposée.
- 20 A titre de comparaison, le matériel du site du Chemin de Pallas, (fig. 28, nos 13 et 14 ainsi que m (...)
137La présence d’amphore italique et de céramique campanienne, en petite quantité, confirme les découvertes anciennes sans préciser pour autant la chronologie d’occupation (tabl. IX). L’établissement gallo‑romain semble fonctionner sans discontinuité pendant les quatre premiers siècles après J.‑C. Sigillée sud‑gauloise, céramique commune à cuisson réductrice sont caractéristiques d’un faciès ier s., alors que la sigillée italique semble absente. La période iie‑iiie s. est bien représentée tant par les céramiques fines (formes anciennes de la claire B, de la claire A) que par les productions de céramique commune (céramique brun orange à lèvre triangulaire, céramique brune du iiie s.)20.
- 21 Voir fig. 14, nos 18, 23, 25 et 27.
138Le terminus de l’occupation peut être fixé au début du ive s., représenté par le bol Lamb 1/3 de la céramique luisante et la céramique commune orangée à dégraissant blanc, caractérisée par ses urnes à profil sinueux21.
12.3.2.2 Le Mourre Blanc
139Le rivage de l’étang de Thau est surplombé par le petit plateau de Saint‑Marcel, bordé au N.‑E. par le ruisseau de Nègue Vacques et au S.‑O. par la dépression de Bellevue. Le secteur envisagé ici est localisé à proximité immédiate du village de pêcheurs du Mourre Blanc, situé à environ 3 km au S./S.‑O. de l’agglomération de Mèze et à 2,5 km au S.‑E. du site de Mas de Lavit.
140Un point à quelques mètres du rivage, caractérisé par une concentration de fragments de tuiles, d’amphores et de morceaux de meule, a été interprété comme un mouillage antique (Rouquette 1977 : 118).
- 22 Le calcul à partir des fragments de lèvre a été réalisé pour cette série afin de permettre une comp (...)
141Sur la plage et dans les premiers centimètres d’eau, on signalera la très grande quantité de fragments d’amphore, qui a entraîné un ramassage sélectif de ces artefacts et qui permet de rapprocher sans hésitation ce site de celui du Bourbou/Port de Loupian. Les fragments de lèvre d’amphore représentent à eux seuls environ 36 % du matériel collecté22.
142Les observations faites dans la coupe du talus dominant le rivage montrent la présence d’une très forte quantité de matériel, parfois peu fragmenté. Un fond de dolium semble en place, témoignant de l’importance de l’érosion du relief par l’eau. Le mobilier immergé est aussi la conséquence de ce phénomène associé à de probables mouvements de subsidence de l’étang.
143La prospection sur le plateau permet de fixer une surface minimale d’un hectare à cet établissement où les éléments architecturaux mobilisés restent peu fréquents (tuiles essentiellement, rares fragments de marbre et un pavé du type opus spicatum).
144Une longue séquence d’occupation peut être déduite de la typologie du mobilier collecté, principalement des amphores (tabl. X). La détermination d’une fondation précoce est encore dépendante d’un modeste fragment de céramique campanienne. Aucun fragment d’amphore italique n’a pu être formellement reconnu. Une occupation Haut‑Empire est sensible à travers la sigillée sud gauloise (TSSG) et l’amphore gauloise; La faible représentation de l’une et le caractère atypique de l’autre ne permettent pas réellement d’affiner cette proposition. Une continuité jusque dans le courant du ve s. paraît probable mais reste à argumenter. Nous placerions l’abandon du site dans la première moitié du ve s. avec la présence de la céramique paléochrétienne (DSP) et de la céramique commune à pisolithes. Le répertoire des amphores africaines est dominé par le type Keay XXV et ses nombreuses variantes.
12.3.2.3 Le Piboulas
145Deux parcelles incultes, isolées au milieu de l’espace agricole, définissent une des nécropoles du site de Mas de Lavit, à 100 m environ à l’est du gisement. Le site signalé anciennement (Ros 1942 : 112) a été fouillé plus exhaustivement par D. Rouquette (Rouquette 1969 ; 25, Rouquette 1970 : 47). Un ensemble d’une trentaine de tombes a ainsi été dégagé. Un couvercle de sarcophage pourrait provenir des premières reconnaissances. Les inhumations en cercueil de bois sont le type dominant, mais on retiendra la présence de quelques tombes à entourage mixte (tuiles, pierres), de deux coffres en tuiles et d’un cercueil en plomb ; l’orientation générale est N.‑O./S.‑E.
146L’essentiel du mobilier appartient au iiie s. ap. J.‑C. : lampes, claire B/luisante (olpé), claire C (DSMC) (Hayes 50 ?), céramique en terre noire lustrée au graffite (céramique modelée), une clé en bronze et des monnaies (dans une même sépulture, une émission d’Alexandre Sèvère et d’Herrenius Etruscus, vers le milieu du iiie s.). Au moins une sépulture serait plus tardive car elle contenait une boucle datable du ve s., selon le fouilleur.
147On retiendra le faciès particulier de cette nécropole, avec un monnayage du iiie s. et la présence de lampes, objets pratiquement absents des nécropoles languedociennes plus récentes.
12.3.2.4 Mas de la Donne (commune de Pomerols)
148Signalé une première fois sur la commune de Pinet (Rouquette 1975 : 114), ce site appartient en fait à une enclave de la commune de Pomerols dans le territoire de la première. Il est localisé à 800 m au S.‑O. de Mas de Lavit, dans la plaine agricole et en bordure du ruisseau du Mayroual.
149La surface de l’établissement est encore difficile à fixer à cause des mauvaises conditions de prospection. Nous lui attribuons provisoirement une extension d’un ha. Sol de mortier de tuileau, fragments de dolium, tuiles caractérisent un établissement agricole relativement modeste. Aucun élément architectonique luxueux, à l’exception de plaquettes de schiste, n’est actuellement connu. Une érosion importante a mis en évidence ponctuellement deux murs maçonnés et un sol en dur, montrant le faible enfouissement de ces structures. Des tombes qualifiées de wisigothiques, sur le domaine voisin de Saint‑Jean des Sources, complètent la carte archéologique du secteur.
150Les différentes collectes de mobilier proposent au moins deux grands moments dans l’occupation du site (tabl. XI). Quelques éléments diffus ‑ rares tessons en céramique non tournée, un fragment d’amphore de Marseille et de la céramique campanienne ‑ permettent de localiser, sinon de compléter, une information ancienne qui décrivait la découverte d’un petit dolium préromain, dans le secteur immédiat (Rouquette 1972 : 59).
151L’état Haut‑Empire est largement documenté par la sigillée sud‑gauloise (Drag. 16, 18/31, 37, timbres PRIMI FE, OF CN SEN) et le cortège habituel pour ce premier‑siècle : Céramique à paroi fine, amphores Dressel 2/4 et 30. Un hiatus d’occupation, tout au moins un ralentissement d’activité, est nettement sensible peut‑être jusqu’au ive s. ap. J.‑C., si l’on se fie à la faible quantité d’éléments céramiques caractéristiques. L’état le plus tardif semble se poursuivre jusque dans le courant du haut Moyen Âge et reste quantitativement le plus important. Pour les séries les plus anciennes, nous isolons les productions de claire B/luisante, avec la forte représentation du bol Lamb. 1/3. La céramique commune à pisolithes ainsi que les nombreux fragments de céramique paléochrétienne (DSP) nous poussent à placer au plus tôt ce mobilier dans le dernier quart du ive s. ou au début du ve s. Un faciès vie s. est très sensible tant dans la céramique commune à pisolithes (production à cuisson réductrice, urne à profil en bandeau) qu’au niveau des amphores africaines (Keay LV, IXff) et que pour la claire D (Hayes 104 ou 105). La continuité de l’occupation pendant le premier Moyen Âge est marquée par des éléments tels que les productions kaolinitiques (bandeau ancien, bandeau plat et bandeau complexe), la céramique à dégraissant fin (bec ponté ?) et la céramique à nodules blancs. Malgré la très forte quantité de céramique à cuisson réductrice, on notera l’absence de décors lissés et de décors à la molette.
12.3.2.5 Saint‑Martin
152– Donation faite à la cathédrale d’Uzès –cartulaire de Gellone– (824) : « in comitatu agathensis villam quae vocanl caucos cuin ipsa ecclesia sancti martini [...] » (HGL
1876 : II, c. 145). Cette mention confirme l’ancienneté de la fondation de l’église dédiée à saint Martin.
153– Testament de Raymond Ier, comte de Rouergue et marquis de Gothie (961) : » [...] illo alode de caucos. [...] » (HGL 1876 : V, c. 240).
154– Cartulaire de Gellone (1111) : « ecclesia S. Martin cm omnibus pertenenciis suis et villam quam vocant caucos et locum in quo antiquitus castrum fuit » (Hamlin 1983). Le domaine de Saint‑Martin est localisé à 500 m au nord‑est du site antique de Mas de Lavit. La toponymie, avec les formes modernes et récentes « Caux » et « Encaux », confirment l’attribution des sources textuelles à ce secteur de la région de Mèze. Sur un relief marqué, véritable motte naturelle, une chapelle, très restaurée aujourd’hui, est encore en élévation. Sur le pourtour du relief, quelques tronçons de mur, massifs, sont visibles. Des travaux de réfection de la route située au pied de la chapelle ont détruit, il y a une quarantaine d’années, un certain nombre d’inhumations (Ros 1942 : 112). Le dossier archéologique reste très limité, mais l’occupation ancienne du site ne semble pas antérieure à l’époque médiévale.
155Les croisements entre l’étude des sources textuelles et celle de la microtopographie du domaine actuel de Saint‑Martin proposent naturellement de reconnaître dans l’édifice encore en élévation l’église médiévale ou tout au moins son emplacement. Le relief marqué accueillerait tout aussi bien le castrum, dont on aimerait que des fouilles confirment la localisation. On retiendra particulièrement ce texte du début du xiie s. qui reflète encore cette notion d’organisation polynucléaire, peut‑être héritée de l’Antiquité, avec comme éléments principaux : l’église et le castrum d’une part et l’habitat d’autre part, la villa de caucos pouvant recouvrir ici l’occupation médiévale du site de Mas de Lavit.
12.4 Première synthèse sur l’occupation antique et médiévale de Mèze et sa région
156fig. 25
157L’image du peuplement antique et médiéval que nous obtenons à l’issue de cette étude est naturellement incomplète, et les causes de cette non‑exhaustivité sont diverses. Des articles méthodologiques sur les études de terroir et la prospection ont tenté, en d’autres lieux, d’en fixer les raisons (Ferdière 1986) ; l’autre carence est inhérente à ce type de discours. En effet, il faut tenter d’interpréter une succession de modèles complexes qui se stratifient ou se juxtaposent. A la complexité du réseau parcellaire, de la morphologie agraire avec ses continuités et ses ruptures répond celle du réseau de l’habitat et ses calques successifs.
158Le premier niveau d’interprétation concerne les points forts de l’habitat microrégional : cette trame se met en place dès l’âge du Fer et va structurer parfois, jusqu’à l’époque actuelle, le peuplement de ce secteur du littoral languedocien. Agde, Mèze, Balaruc‑le‑Vieux, Maguelone sont les éléments de ce squelette, de ce premier calque. Ces points de fixation vont créer, proportionnellement à leur importance, des zones de densité de l’habitat favorisant des regroupements, la mise en place de véritables systèmes à l’échelle de chaque région. Ce schéma exclut tout autre modèle d’occupation du sol : au lieu de la mise en évidence d’une densité homogène de l’habitat, nous chercherons des concentrations ; à l’idée d’un isolement des sites majeurs nous substituerons l’image de sites qui, tout au contraire, favorisent le développement d’un habitat intercalaire.
159L’analyse quantitative montre clairement que la romanisation va entraîner la densification des points d’habitat de l’espace rural. Dans les deux derniers siècles avant notre ère, des petits habitats, aux traceurs caractéristiques en prospection, se mettent en place. Les conditions d’implantation sont encore mal comprises, de même que l’ampleur de ce phénomène. Ce type d’établissement est‑il réellement discernable en dehors des sites à occupation longue qui les recouvrent ? Faut‑il voir dans ces sites un renforcement, un développement de l’habitat de plaine protohistorique dont on suppose l’existence à partir de quelques exemples encore trop isolés ? S’agit‑il simplement d’une première vague de colonisation en profondeur du territoire de la civitas ?
160Le Haut‑Empire systématise et accroît le développement du réseau d’habitats. Des zones de concentration autour de, ou en relation avec, un site majeur peuvent être mises en évidence. Notre approche est encore sommaire et ne permet que la mise en évidence de quelques grands phénomènes. Pour saisir plus exhaustivement ces zones, nous comptons individualiser un certain nombre d’unités territoriales tant par leur morphologie, parfois très originale dans cette microrégion, que par l’étude régressive des unités foncières (villa ou alleux) du haut Moyen Âge. De telles approches permettront d’introduire dans notre étude la question de l’habitat intercalaire d’importance réduite et/ou d’occupation courte, qui est encore très méconnu.
161La fouille montre le poids progressif de la romanisation dans l’habitat, avec le développement de l’architecture maçonnée, des aménagements luxueux du type thermes ou même l’ampleur et le type de plan de ces établissements ruraux. Si l’habitat du Haut‑Empire est très présent sur la région, la qualité des établissements est loin d’être toujours uniforme. Chronologiquement, il n’est pas certain qu’il existe, avant le milieu du ier s. de n.è., des établissements ruraux que l’on puisse qualifier de villae avec un secteur résidentiel, écho de la domus urbaine, et un secteur agricole. L’apparition de ce type d’établissement n’est‑il pas dépendant d’une première concentration foncière ? Autour du bassin de Thau, on ne peut que regretter le ralentissement des fouilles sur l’habitat groupé, avec l’exemple de Balaruc‑les‑Bains, qui auraient permis d’associer l’étude de cet élément dynamique dans l’espace rural antique, dans notre modèle, avec la précocité d’un ensemble monumental lié au culte des eaux et au thermalisme, la mise en place de la voirie, l’intégration dans une maille cadastrale... De même se pose avec acuité le problème de Mèze antique pour laquelle nous avons conscience de n’avoir fait qu’effleurer le sujet et dont la continuité d’occupation depuis l’âge du Fer en fait un élément majeur dans cette approche du bassin de Thau.
162L’évolution de l’organisation polynucléaire de chaque territoire est largement dépendante des développements non synchrones, de l’histoire de chaque unité du modèle (fig. 25). Il est difficile de parler de rupture, dans les deux cas observés, avant les ve‑vie s. A Loupian, la trame antique semble s’estomper brutalement et précocement. A partir du vie s., on notera l’attraction des différents points le long d’un axe de circulation, depuis le site du Pallas/Castellas jusqu’à La Rouge/La Condamine. A Mas de Lavit, aucune rupture n’est vraiment sensible sur le site même, et c’est bien à partir de la trame antique, partiellement renouvelée pour un seul site d’importance (lieu fortifié/église), que va se constituer la concentration des points du haut Moyen Âge. A Loupian, un réseau lâche (castellum à l’emplacement du village actuel, lieu de culte autour de Sainte‑Cécile et habitat sur le relief de La Rouge/La Condamine) est peut‑être aussi la règle jusqu’à la formation de l’enceinte collective qui regroupera définitivement tous ces éléments constitutifs. Il est intéressant de noter encore une fois que l’évolution sémantique du terme villa, du territoire vers l’habitat localisé, peut être mise en parallèle avec l’évolution de l’habitat rural tel que le révèle la prospection. A l’organisation polynucléaire antique succède celle du haut Moyen Âge, avec souvent l’irruption de nouvelles composantes liées aux nouveaux pouvoirs. Le terme de cette évolution sera au xiie s. la concentration de toutes ces formes dans le village, qui devient le centre de gravité du territoire.

FIG. 25 – Graphes d’occupation des sites de Loupian et de Mèze/Mas de Lavit : essai de classement chronologique (le site de Saint‑Martin est affecté des pourcentages théoriques, reflétant au mieux sa principale période d’occupation).
163A l’issue de cette contribution, nous sommes conscients de n’avoir fait que décrire grossièrement une réalité complexe que nous avons tenté de décrire à travers une approche simple, quelques études de cas. Il nous reste à nous équiper d’outils d’analyse plus puissants, à décrire les unités structurelles de la microrégion afin de dépasser ces premières données. Le champ de notre enquête sera en outre étendu par la prospection de nouveaux rivages, ceux de l’étang de Vic et de l’Arnel ou bien des terres de la basse vallée de l’Hérault, autour d’Agde et de Maguelone, limites orientale et occidentale du territoire étudié.
Notes
1 Place Charles De Gaulle, 34140 Loupian.
2 Balaruc‑les‑Bains, Balaruc‑le‑Vieux, Bouzigues, Florensac, Loupian, Marseillan, Mèze, Pinet, Pomerols, Poussan et Sète.
3 Parmi une douzaine de sites exploités, nous retiendrons les plus importants et ceux dont l’étude de terrain est la plus avancée : villa de Sète/Le Barrou (1975‑1988), habitat groupé de Balaruc‑les‑Bains/site du groupe scolaire (1980‑ 1985), villa de Loupian/Prés‑Bas (1983‑1988), édifice paléochrétien de Sainte‑Cécile/Loupian (1987‑1989).
4 J. Laforgue (cadastrations antiques), F. Brien‑Poitevin (conchyliologie), L. Chabal (anthracologie), M. Sternberg (ichtyofaune), P. Poupet (pédologie).
5 L’étude préalable du monument a été confiée à Dominique Larpin, architecte en chef des Monuments historiques. La fouille programmée était sous la responsabilité de C. Pellecuer avec la collaboration de M. Lugand, M.‑H. Bou, J. Laforgue, I. Bermond, H. Pomaredes, S. Monsegu et P. Pons. La dépose des pavements a été réalisée par ArchéOfactory, plus particulièrement par M. Rogliano et M. Compan.
6 Nous remercions Claude Raynaud qui nous a communiqué le manuscrit, à paraître, sur les fouilles du quartier ouest de Lunel‑Viel. Pour les oppida du Languedoc oriental, nous renvoyons aux classiques (Py 1978 ; Fiches 1986).
7 Un numéraire de l’empereur Julien, rapidement démonétisé, découvert sous ce sol permettrait de proposer une date très ponctuelle pour la mise en place de cette structure (renseignement G. Depeyrot).
8 Urnes à rebord en bandeau de type ancien, céramique commune à pisolithes, cuisson réductrice. Nous remercions monsieur Daniel Rouquette d’avoir bien voulu nous remettre pour étude ce mobilier.
9 Une étude détaillée sur ce site, avec un fort contenu méthodologique, est à paraître dans les Actes des Journées sur la prospection, organisées par la Fédération archéologique de l’Hérault à Loupian en 1988. L’analyse statistique a été réalisée par I. Bermond.
10 Petit bronze de Marseille, LT 1673, IIe‑Ier s. av. J.‑C. (identification G. Depeyrot).
11 As de Nîmes coupé, 27 av.‑14 ap. J.‑C. type indéterminable ‑ Dupondius, Rome, 85, Domitien, RIC 263 ‑ Denier d’Hadrien, type indéterminé ‑ Denier (?) défourré, illisible, Haut‑Empire – Denier, illisible, Haut‑Empire ‑ Antoninien, Gallien, 253‑259 RIC 404‑ Bronze illisible du IVe s. – Bronze 341‑348, Constance (?) type Victoriae DDAVGGQ NN (identification G. Depeyrot).
12 Béziers, Raimond Trencavel (1150‑1167), obole, type Poey d’Avant 3826 pl. LXXXV no 5 – Edouard III, Aquitaine, double au léopard sous couronne (vers 1355) Elias 92 c‑d – Denier tournois XVe‑XVIe s. ; type utilisé de 1436 à 1540 (identification M. Bonpaire).
13 – Archives départementales de l’Hérault L5724, lettre du comité de surveillance et révolutionnaire du canton de Mèze à celui de Loupian, 1793.
14 En ce qui concerne les références typologiques du matériel présenté dans les notices et pour ne pas alourdir cette contribution, nous renvoyons au cadre de référence proposé dans l’étude sur l’occupation des sols en Vaunage (Parodi 1987 : 7 note 4). Dans les graphiques d’occupation des sites (fig. 23), sont cumulés par périodes les effectifs des principaux traceurs céramiques (telle forme ou telle production est présente selon l’écart chronologique suivant ; son effectif est reporté dans chaque intervalle chronologique autant de fois) puis réduits en pourcentages. Cette méthode approximative permet de décrire, dans l’état de nos connaissances, les principales phases de la vie du site.
15 Sur des vues aériennes de 1961, quelques pans de mur en ruine se distinguent et ne sont pas sans évoquer une tour. Des sondages sont prévus dans ce secteur de l’agglomération pour préciser cet essai de topographie.
16 Sous l’état de construction attribuable au XIVe s., on distingue un appareillage qui pourrait être plus ancien.
17 — Sondage Marie‑Hélène Bou, ArchéÖfactory.
18 Il est remarquable de noter que sur la carte de Cassini (1774‑1775) les deux points Loupian et Saint‑Martin sont représentés avec le même type de vignette, encadrant très symétriquement l’agglomération de Mèze. Il ne semble pas pourtant qu’à cette époque il y ait eu à Saint‑Martin autre chose qu’un domaine et une modeste chapelle. Le découpage communal actuel est le résultat de révolution distincte de ces deux points : Loupian est une commune à part entière alors que Saint‑Martin/ Mas de Lavit est englobé dans le territoire communal de Mèze, donnant à ce dernier son aspect dissymétrique par rapport à l’agglomération mézoise (fig. 26).
19 L’auteur des observations, l’abbé Despetit, décrit les intéressantes découvertes faites sur ses propriétés des Yeuses à la suite des travaux agricoles. Nous avons compulsé la matrice cadastrale 1900 afin de retrouver le patrimoine foncier de cet érudit et orienter ainsi notre prospection.
20 A titre de comparaison, le matériel du site du Chemin de Pallas, (fig. 28, nos 13 et 14 ainsi que même figure, nos 24, 26, 29).
21 Voir fig. 14, nos 18, 23, 25 et 27.
22 Le calcul à partir des fragments de lèvre a été réalisé pour cette série afin de permettre une comparaison avec le site du Bourbou/port de Loupian. Si l’on tient compte des éléments significatifs comme les fragments de fonds et d’anse, le mobilier amphorique représente 90 % de la collecte, montrant ainsi la très grande spécialisation de ce site de rivage.
Table des illustrations
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Légende | FIG. 1 – Bassin de Thau, localisation sur le littoral languedocien. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 20k |
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Légende | FIG. 2 – Zone orientale du bassin de Thau. Les trois fenêtres correspondent aux secteurs d’étude, repris à plus grande échelle dans les fig. 4, 13 et 32 : A Mèze/Mas de Lavit ; B Mèze/agglomération ; C Loupian. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 41k |
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Légende | FIG. 3 – Agglomération de Mèze, extrait du plan d’assemblage du compoix de 1768. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 43k |
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Légende | FIG. 4 – Agglomération de Mèze et ses environs (A). Les cercles représentent les sites approximativement localisés. La trame correspond à l’extension actuelle de l’agglomération : 1 Font Candelière ; 2 Mont Joyeux : habitats (?) Haut‑Empire ; 3 La Gare/HLM, nécropoles et habitat (Protohistoire, Haut‑Empire et Antiquité tardive) ; 4 la ville, agglomération antique ; 5 Les Pénitents, secteur d’habitat protohistorique et gallo‑romain ; 6 Le Castillou, vestiges antiques immergés (mouillage ?) ; 7 Le Moulin, habitat gallo‑romain (Haut‑Empire et Antiquité tardive). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 43k |
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Légende | FIG. 5 – Villa des Prés‑Bas, phase primitive de l’établissement : en noir, les structures excavées les plus anciennes (IIe‑Ier s. av. J.‑C.). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 145k |
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Légende | FIG. 6 – Villa des Prés‑Bas, établissement ancien. 1 architectures à liant et élévation d’argile (Ier s. ap. J.‑C.) ; 2 architectures liées à la chaux et individualisation certaine d’une pars urbana (fin Ier s.‑IIe s. ap. J.‑C.). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 32k |
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Légende | FIG. 7 – Villa des Prés‑Bas, établissement du Haut‑Empire et restructuration tardive. 1 développement de la pars urbana, apparition d’un plan linéaire organisé autour d’une cour à péristyle (IIe‑IIIe s. ap. J.‑C.) ; 2 aménagement et réutilisation de l’espace résidentiel ancien (IVe s.). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 42k |
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Légende | FIG, 8 – Processus de comblement de la terrasse inférieure délimitée par les architectures 72 et 567 ; une stratification complexe depuis les premiers niveaux d’utilisation (334, 293), les apports de remblais (278, 193) ou les paléosols (55,163). La pièce à mosaïque 344, appartenant à la grande villa tardive, vient recouvrir partiellement le puissant remblai qui a totalement nivelé l’ancien dispositif en terrasses. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 36k |
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Légende | FIG. 9 – Villa des Prés‑Bas, établissement tardif. 1 pars urbana de l’Antiquité tardive (fin IVe‑Ve s.) ; 2 aménagements et perdurations (haut Moyen Âge) ; en tiretés : chemin empierré du Ve s. ; cercles hachurés : point de découverte céramique VIe s. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 55k |
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Légende | FIG. 10 – Mas de Lavit : graphique de corrélation des principaux caractères mobiliers, recueillis en prospection systématique. Le test statistique a permis d’isoler deux grands ensembles de caractères correspondant d’une part à la villa gallo‑romaine et d’autre part à l’établissement médiéval. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 57k |
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Légende | FIG. 11 – Mas de Lavit : localisation de la villa gallo‑romaine et de l’établissement médiéval. 1 pars urbana (tiretés) ; 2 emprise de l’état gallo‑romain (pointillés) ; 3 site médiéval (hachures). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 73k |
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Légende | FIG. 12 – Secteur de Loupian : occupation du sol aux époques antique et médiévale. 1 Marinesque, gallo‑romain précoce, établissement rural ; 2 Chemin de Pallas, gallo‑romain précoce, Haut‑Empire et Antiquité tardive, établissement rural ; 3 Sainte‑Cécile/Le Village, gallo‑romain précoce ?, Antiquité tardive, haut Moyen Âge et Moyen Age, édifices chrétiens et probable habitat ; 4 La Condamine/La Rouge, haut Moyen Age, habitat ; 5 Les Canisses, Antiquité tardive, nécropole ? ; 6 Les Prés‑Bas, gallo‑romain précoce, Haut‑Empire et Antiquité tardive, villa : 7 Sainte‑Marguerite, Antiquité tardive et haut Moyen Age, nécropole ; 8 Le Bourbou, Haut‑Empire et Antiquité tardive, établissement portuaire probable ; 9 Le Village, haut Moyen Âge et Moyen Âge, castrum : 10 Sainte‑Cécile 2, haut Moyen Âge et Moyen Âge, habitat ou zone d’épandage privilégié ? ; 11 Le Pallas, haut Moyen Âge et Moyen Âge, édifice chrétien et habitat. Zones tramées : épandages (toutes périodes confondues). A sites gallo‑romain précoce ; B habitat Haut‑Empire et Antiquité tardive ; C mutation médiévale (les cercles noirs indiquent les sites occupés après le VIe s.). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 185k |
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Légende | TABL. II – Loupian/Marinesque : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 19k |
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Légende | FIG. 13 – Loupian/Marinesque. 2 à 5 amphores italiques à pâte orangée, sauf 1 à pâte rouge ; 6 céramique brun‑rouge ; 7 fragment de conduite en céramique (antique ?). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 24k |
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Légende | FIG. 14 – Loupian/Le Bourbou (d’après Rouquette 1977 : 116). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 12k |
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Légende | TABL. III – Loupian/Le Bourbou : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-16.jpg |
Fichier | image/jpeg, 44k |
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Légende | FIG. 15 – Loupian/Le Bourbou. 1 et 4 amphores gauloises ; 2, 3 et 7 amphores africaines ; 5 DSMA ; 6, 8 et 9 DSMD ; 10 céramique commune calcaire ; 11 céramique africaine de cuisine ? |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-17.jpg |
Fichier | image/jpeg, 25k |
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Légende | TABL. IV – Loupian/Chemin de Pallas : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-18.jpg |
Fichier | image/jpeg, 67k |
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Légende | FIG. 16 – Loupian/Chemin de Pallas. 1 et 3 TSSG ; 2, 8, 9 et 12 céramique commune réductrice ; 4, 13 à 15, 18, 21 à 31 céramique brun‑rouge ; 5, 6 et 10 céramique africaine de cuisine ; 7 céramique non tournée ; 11 céramique du bas Moyen Âge; 16 à 20 céramique claire. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-19.jpg |
Fichier | image/jpeg, 79k |
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Légende | FIG. 17 – Loupian/Sainte‑Cécile : plan provisoire de l’édifice paléochrétien et de son baptistère. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-20.jpg |
Fichier | image/jpeg, 17k |
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Légende | TABL. V – Loupian/Sainte‑Cécile : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-21.jpg |
Fichier | image/jpeg, 43k |
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Légende | FIG. 18 – Loupian/Sainte‑Cécile. 1, 2 amphores ; 3 et 4 DSP ; 5 campanienne ? ; 6 à 9 céramique à pisolithes ; 10 céramique brun‑rouge ; 17 céramique calcaire engobée ? ; 12 et 13 céramique médiévale à décor plastique ; 15 à surpeint ; 15, 18 à 21 à cuisson réductrice ; 16 verre. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-22.jpg |
Fichier | image/jpeg, 66k |
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Légende | FIG. 19 – Habitat de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge, première concentration. 1 L’édifice paléochrétien ; 2 L’habitat de Sainte‑Cécile ; 3 La Rouge/La Condamine ; 4 Sainte‑Cécile 2. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-23.jpg |
Fichier | image/jpeg, 42k |
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Légende | TABL. VI – Loupian/La Rouge : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-24.jpg |
Fichier | image/jpeg, 194k |
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Légende | FIG. 20 – Loupian/La Rouge. 1 et 5 amphore africaine ; 2, 7 à 10, 12, 16, 18 et 24 céramique médiévale kaolinitique ; 3, 4, 11, 13, 17 et 29 céramique médiévale oxydante ; 6 DS. R. B/L ; 14 peson pâte calcaire ; 15 céramique glaçurée ; 19, 20 et 30 céramique médiévale à décor plastique ; 21 céramique médiévale à dégraissant fin ; 22, 23, 25 à 28, 31 et 32 à nodules blancs. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-25.jpg |
Fichier | image/jpeg, 76k |
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Légende | FIG. 21 – Mèze/Castellas. 1, 4 à 6 céramique médiévale kaolinitique ; 2, 7, 12 à 14, 19 à 22 céramique médiévale noir‑gris ; 3, 8, 16 à 18 céramique médiévale oxydante ; 9, 10 et 15 à dégraissant fin ; 11 à nodules blancs. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-26.jpg |
Fichier | image/jpeg, 41k |
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Légende | TABL. VII – Mèze/Castellas : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-27.jpg |
Fichier | image/jpeg, 126k |
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Légende | FIG. 22 – Topographie villageoise, Loupian. A église Saint‑Hyppolite ; B château (xiiie s. ?) ; 1 Le Castel‑Viel ; 2 Le Cafarot ; 3 Fort Antic ; 4 enceinte du xiie s. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-28.jpg |
Fichier | image/jpeg, 70k |
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Légende | TABL. VIII – Loupian/place Charles de Gaulle : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-29.jpg |
Fichier | image/jpeg, 39k |
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Légende | FIG. 23 – Loupian/place Charles de Gaulle. 1, 4 et 8 céramique médiévale à nodules blancs ; 3, 9 à 11 céramique médiévale à dégraissant fin ; 5 et 7 céramique médiévale réductrice ; céramique médiévale non tournée, 2 à cuisson oxydante ; céramique à pâte rouge, 6 fine. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-30.jpg |
Fichier | image/jpeg, 60k |
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Légende | FIG. 24 – Secteur de Mèze/Mas de Lavit : occupation du sol aux époques antique et médiévale : 1 Saint‑Jean des Sources – haut Moyen Âge probable : nécropole ; 2 Mas de la Donne – Haut‑Empire, Antiquité tardive, haut Moyen Âge et Moyen Âge : habitat ; 3 Mas de Lavit – gallo‑romain précoce, Haut‑Empire, Antiquité tardive, haut Moyen Âge et Moyen Âge : villa ? : 4 Piboulas – Antiquité tardive : nécropole ; 5 Saint‑Martin – haut Moyen Âge et Moyen Âge: chapelle et point fortifié ? ; 6 Les Yeuses – gallo‑romain précoce, Haut‑Empire : habitat ; 7 Le Mourre Blanc – Haut‑Empire, Antiquité tardive : établissement portuaire probable. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-31.jpg |
Fichier | image/jpeg, 30k |
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Légende | TABL. IX – Mèze/Les Yeuses : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-32.jpg |
Fichier | image/jpeg, 56k |
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Légende | TABL. X – Mèze/Le Mourre Blanc : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-33.jpg |
Fichier | image/jpeg, 54k |
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Légende | TABL. XI – Pomerols/Mas de la Donne : comptage du mobilier. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-34.jpg |
Fichier | image/jpeg, 104k |
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Légende | FIG. 25 – Graphes d’occupation des sites de Loupian et de Mèze/Mas de Lavit : essai de classement chronologique (le site de Saint‑Martin est affecté des pourcentages théoriques, reflétant au mieux sa principale période d’occupation). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-35.jpg |
Fichier | image/jpeg, 120k |
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Légende | FIG. 26 – Extrait de la carte de Cassini et les trois secteurs d’étude. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/39413/img-36.jpg |
Fichier | image/jpeg, 122k |
© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1994