Résumés

11 L’environnement

21.1 Gestion et dégradation de la forêt préhistorique méditerranéenne

3Les charbons de bois en contexte archéologique représentent un échantillonnage très souvent élaboré du milieu végétal. En ce sens, l’apport de l’anthracologie à la connaissance de la forêt méditerranéenne est essentiel. Quelques modèles actuels sont pris en considération, notamment ceux concernant le bois d’œuvre et ses usages, le bois de feu et enfin la forêt historique comme témoin des pratiques agricoles. Nous insistons tout particulièrement sur les modèles préhistoriques et sur l’apport de l’anthracologie à la connaissance des modes d’exploitation des milieux passés.

41.2 La transformation du paysage armoricain sous l’influence de l’Homme

5Cet article fait le point sur l’état actuel des recherches environnementales (palynologie, anthracologie, micromorphologie) concernant l’anthropisation de la Bretagne de la fin du Mésolithique au Néolithique final. A la fin de l’Atlantique domine la Chênaie mixte avec cependant sur les côtes, absence de forêt sur une bande plus ou moins large. Au Néolithique moyen, apparaissent les premières landes régressives et la culture de Céréales. Peu avant le Néolithique final, l’anthropisation est mieux avancée sur les côtes, où l’environnement est largement défriché par brûlis. A l’intérieur des terres, l’érosion des sols est moindre, et l’impact humain se fait plus tardivement ressentir. A la fin du Néolithique, une forêt de reconquête se met en place. La lande régressive prend de l’importance.

62 L’habitat

72.1 L’occupation Villeneuve‑Saint‑Germain sur le site de Longueil‑Sainte‑Marie / La Butte de Rhuis (Oise)

8Le site de La Butte de Rhuis II à Longueil‑Sainte‑Marie (Oise) a livré deux fosses datées de la deuxième phase du Villeneuve‑Saint‑Germain. L’excellente conservation de la céramique autorise une étude détaillée des techniques de fabrication et de décoration des récipients. Au sein de l’industrie lithique, on distingue deux productions réalisées sur des silex différents et conduites selon des schémas techniques radicalement distincts. Les types d’outils diffèrent selon la nature des produits qui leur servent de supports et, en conséquence, selon le matériau. L’étude de ce site complète nos informations sur le Néolithique ancien de la moyenne vallée de l’Oise.

92.2 L’habitat des Longues‑Raies à Jablines

10La fouille de sauvetage menée en 1978‑1979 dans une carrière implantée dans la vallée de la Marne à Jablines (Seine‑et‑Marne) a permis l’étude des vestiges d’un grand bâtiment néolithique accompagné de fosses et d’une sépulture. Malgré une très forte érosion, l’analyse sur plan d’ensemble des diverses structures permet d’identifier un habitat de tradition danubienne : une cinquantaine de trous de poteaux dessinent un tracé légèrement trapézoïdal long de 28 m pour une largeur variant de 4,50 m à 6 m, compartimenté par 10 tierces et longé de fosses résiduelles. Bien que pauvre et fragmenté, le mobilier recueilli (industrie lithique, céramique, faune domestique et sauvage) permet une attribution culturelle au Villeneuve‑Saint‑Germain, peut‑être dans une phase tardive si l’on considère une datation radiométrique de 5510 ± 140 ans (GIF 5002). La sépulture est rattachable à ce même groupe, notamment par la nature des parures portées par l’inhumé, d’une remarquable qualité : 4 bracelets dont 2 en calcaire et 2 en roche dure à fracturation sans doute volontaire, coquillages perforés disposés autour de la tête et en pendeloque, grande perle en craie. Malgré des conditions de conservation médiocres, cet ensemble structuré ‑ le premier attribuable au V.S.G. à avoir été découvert en Ile‑de‑France ‑ contribue à l’étude des habitats néolithiques en périphérie de l’importante minière du Haut Château.

112.3 L’organisation spatiale de la station de Charavines‑les‑Baigneurs (Isère)

12L’analyse spatiale quantitative menée de façon globale et approfondie est une approche peu fréquente dans le cadre des stations littorales. Pourtant, à Charavines, cet aspect de la recherche archéologique s’est révélé particulièrement probant. Cette étude ne portait que sur la couche inférieure d’occupation et sur une partie des vestiges. Toutefois, cette première approche a permis d’enrichir nos connaissances sur l’organisation interne du village selon deux axes, synchronique et diachronique, confirmant et précisant les hypothèses de terrain et les interprétations des analyses dendrochronologiques. L’objectif principal est d’étudier la répartition des déchets par rapport aux structures d’habitat, dans le but d’identifier les différenciations fonctionnelles éventuelles dans et entre chaque bâtiment tels qu’ils sont définis par la dendrochronologie, et de cerner la répartition des activités de production et de consommation. Les éléments d’information concernent entre autres la structure I : sa partition en deux est suggérée; la structure I posséderait une seule pièce, abritant un foyer central et prolongée d’un auvent à l’est; une porte s’ouvre au nord‑ouest. Les aires de rejet sont de plusieurs types : vastes dépotoirs à rejets répétés et divers, dépotoirs domestiques et aires de rejets diffuses. Pour ce qui concerne l’aspect diachronique, il est possible d’apporter quelques précisions. Ainsi, on sait que la structure 3 a été abandonnée au plus tard en l’an 17 de l’histoire du village. Dans l’état actuel, les résultats sont partiels mais très encourageants, mettant ainsi en relief tout l’intérêt d’une analyse spatiale appliquée à une station de bord de lac.

132.4 L’habitat de plein air en Provence : recherches récentes

14La fouille d’habitats de plein air n’est pas nouvelle dans le sud‑est, mais Jusque vers 1970 ces sites n’ont fait l’objet que d’opérations ponctuelles. Ces dernières années, les recherches se sont développées dans trois directions : fouilles programmées d’habitats perchés du Néolithique final et du Chalcolithique; fouilles de sauvetage de sites du Néolithique ancien et moyen en Provence orientale; fouilles de sauvetage d’habitats de plaine et de terrasses du Néolithique final et d’établissements du Néolithique moyen mis au jour à l’occasion de grands travaux. Ces différentes directions de recherche permettent un réel progrès des connaissances en particulier pour la fin du Néolithique; mais elles ne couvrent cependant ni toute la chronologie du Néolithique ni toute l’étendue géographique de la Provence.

153 Les groupes culturels et leur évolution

163.1 Rubané et groupe de Blicquy à Vaux‑et‑Borset / Gibour (Hesbaye liégeoise)

17Le site de Vaux‑et‑Borset a livré des installations rubanées (fosses, silos, bâtiment ainsi qu’un fossé de grande taille) qui présentent entre elles des relations stratigraphiques. A proximité, mais disjointes de ces installations, ont été découvertes 18 fosses du groupe de Blicquy, parmi lesquelles des fosses de construction. Elles ont livré la panoplie complète d’un matériel issu d’un habitat permanent d’agriculteurs de cette culture en Hesbaye. L’extrême faiblesse des mélanges de matériel entre les deux occupations et des éléments de stratigraphie dans le remplissage du fossé d’enceinte constituent des arguments en faveur de la diachronie entre Rubané et groupe de Blicquy.

183.2 La transition Néolithique ancien / moyen dans la vallée de la Petite‑Seine

19L’analyse des données lithiques, fauniques et palynologiques collectées sur les sites néolithiques de la vallée de la Petite‑Seine (Seine‑et‑Marne et Aube) font apparaître de profondes mutations techno‑économiques lors de la transition Néolithique moyen VSG/Cerny : dans le domaine de la technologie lithique, on constate l’abandon de la composante laminaire par percussion indirecte et une simplification des méthodes de débitage orientées vers la production de grattoirs sur éclat dans un silex local; dans le domaine de l’approvisionnement carné, une augmentation du taux d’animaux chassés (notamment le Cerf) s’amorce; on note également une importante régression de l’élevage des Caprinés; en ce qui concerne le cadre végétal, les séquences palynologiques de Noyen révèlent un impact anthropique important au Néolithique moyen. Ces modifications, qui semblent s’opérer rapidement, témoignent de la dislocation de l’identité culturelle danubienne. Elles sont probablement liées à une réorganisation des systèmes de production et de gestion des ressources.

203.3 Les enceintes du Néolithique récent et final de Diconche à Saintes (Charente‑Maritime)

21Diconche, une enceinte à fossés en forme d’éperon barré, participe au cortège des sites classiques de ce type du Néolithique récent/final dans la vallée de la Charente et de ses affluents. Trois années de sauvetage ont permis d’intervenir avant la destruction sur trois structures différentes. Une première enceinte peu‑richardienne formée d’un fossé unique; après abandon du site, une fosse dépotoir fut creusée dans son comblement par un ensemble culturel inconnu daté de 4500 B.P. ; aux alentours de 4200 B.P., une deuxième enceinte, artenacienne cette fois, de fossés segmentés, parfois doubles, fut établie au même endroit (chantier 3). Une fosse circulaire, probablement une carrière en cours de fouille, a été ouverte par les Peu‑Richardiens puis réutilisée comme dépotoir par les Artenaciens (chantier 4). De nouvelles enceintes artenaciennes (chantier 5 et 7) ont considérablement agrandi le site avec deux entrées en « pince de crabe » complétées par des palissades; un fragment de pierre gravée permet d’évoquer d’éventuelle stèles.

224 L’alimentation

234.1 Données récentes sur l’agriculture et la cueillette au Néolithique ancien et moyen dans le nord de la France

24L’agriculture du Néolithique dans la moitié nord de la France demeure mal connue. Aussi, l’acquisition de quelques données supplémentaires représente‑t‑elle une aubaine. A cette occasion un nouveau tableau de l’exploitation des végétaux cultivés est brossé.

254.2 Fonction de la céramique et régime alimentaire

26L’approche ethnoarchéologique de la céramique permet peut‑être de mieux comprendre qu’avant d’être tesson, la poterie a eu une fonction. La corrélation des indices fonctionnels basés sur la morphologie des récipients, des indices technologiques, des modèles ethnoarchéologiques et des traces internes et externes, aboutit à la définition de catégories fonctionnelles. Le raisonnement en fréquence sous forme de tendances évolutives met en évidence que les catégories ne sont pas stables : la disparition des unes au profit des autres, l’évolution technologique, la modification des structures de combustion, permettent de s’interroger sur les changements de régimes alimentaires.

274.3 Restes osseux d’animaux du Rubané du nord‑est de la France

28Cette étude a pour objet de contribuer à la connaissance de l’économie alimentaire du Néolithique ancien dans le nord‑est de la France. Elle se fonde sur l’analyse des ensembles de restes osseux d’animaux recueillis sur des sites du Rubané d’Alsace et de Champagne et permet de préciser le rôle des différentes espèces animales ainsi que leur mode d’exploitation dans le système d’approvisionnement carné des premières communautés agro‑pastorales dans cette région. Elle met en évidence le rôle marginal de la prédation et permet de dégager certains traits de son évolution au cours du Rubané. Elle permet par ailleurs d’établir que l’alimentation carnée est essentiellement assurée par l’exploitation du cheptel domestique. Le Bœuf représente la principale ressource. L’élevage du Porc connaît sur la plupart des sites un développement plus important que celui des Caprinés et constitue la seconde base de l’approvisionnement carné. L’évolution du rôle des différentes espèces domestiques au cours du Rubané est marquée par une exploitation plus diversifiée des différentes ressources du cheptel domestique. Elle est caractérisée par le recul de la place du Bœuf au profit du Porc et des Caprinés. La gestion des troupeaux est régie par la sélection presque exclusive des jeunes animaux de boucherie et la préservation de quelques animaux âgés destinés à la reproduction. Les comparaisons avec les données de sites d’Europe occidentale et centrale permettent de dégager différents traits originaux de l’économie alimentaire des premières communautés villageoises de cette région et tendent plus particulièrement à souligner l’importance des influences d’origine rhénane.

294.4 Les poids à pêche du Néolithique de la Loire

30Les poids à pêche (galets à encoches) semblent peu fréquents. Dans le département de la Loire, seuls deux gisements en ont livré : Rives, commune d’Amions et l’habitat chasséen des Marais à Cleppé. Ils ont pu servir à lester des filets fixes pour la pêche en rivière ou en étang. Aux Marais, il y a une douzaine de galets à encoches. Trois proviennent d’une zone d’activité artisanale au sud d’un bâtiment et trois autres ont été trouvés à l’intérieur de celui‑ci, parmi la vaisselle.

315 Acquisition et traitement des matières premières

325.1 Le rôle de l’os dans les activités de l’Homme néolithique et de l’âge des Métaux

33Au Néolithique et à l’âge des Métaux, les techniques s’enrichissent : percussion, obtention de baguettes par double rainurage, raclage, polissage, abrasion, sciage à la ficelle sablée, évidage, lustrage, décorticage sur bois de cerf. Bipointes, harpons, hameçons servaient à la chasse et la pêche. A l’âge du Bronze, les éléments de mors sont liés à la domestication du cheval. Haches, pioches et houes sont souvent interprétées comme instruments aratoires. Pics et leviers servaient à l’extraction des rognons de silex, les chasse‑lame à la fabrication des outils en silex. Les poinçons très variés pouvaient être utilisés par les vanniers et les cordonniers. Aiguilles à bélière et baguettes en bois de cerf étaient destinées à la fabrication et à la réfection des filets. Sérançoirs, fusaïoles et aiguilles se rattachent à l’industrie textile. Le découpage pouvait se faire avec des objets tranchants, quelquefois insérés dans des gaines de haches de types variés, en bois de cerf. Si l’usage des gobelets en bois de cerf reste énigmatique, les cuillers en os sont apparues avec le développement des bouillies de céréales. Les objets de parure se diversifient.

345.2 Etude préliminaire du site minier de Serbonnes / Le Revers de Brossard (Yonne)

35C’est sur le chantier de l’autoroute A5, que se situe la mine de Serbonnes. Localisée sur le plateau crayeux du Sénonais, à proximité de la vallée de l’Yonne, elle s’étend sur une superficie d’au moins 2 ha, et comprendrait au minimum 400 puits. Trois puits ont été sondés. Ils sont de morphologie variée et présentent des remplissages complexes, il semble qu’un banc de silex ou éventuellement deux aient été exploités. Les rognons proviennent des craies du Campanien Inférieur (C4‑6h) que les néolithiques ont atteint après avoir creusé des dépôts de pente. Le mobilier archéologique est constitué de quelques produits de débitage, de petits tessons et d’outils en bois de cervidés. Les fouilles en cours sur Serbonnes et sur d’autres sites miniers menacés par l’autoroute devraient permettre une étude détaillée de la gestion de la matière première par les populations néolithiques du Sénonais.

365.3 Le Pinacle à Jersey : une fabrique de haches polies dans les îles Anglo‑normandes

37Le site du Pinacle se trouve sur la côte nord‑ouest de l’île de Jersey. Les fouilles entreprises de 1930 à 1936 ont révélé des traces appartenant à plusieurs phases préhistoriques et protohistoriques, telles que Néolithique, Chalcolithique, âge du Bronze, âge du Fer et la période gallo‑romaine. Les résultats des recherches récentes suggèrent que le site fonctionnait comme fabrique de haches polies pendant la première moitié du V^e millénaire avant J.‑C. Les analyses pétrographiques faites sur des haches polies des îles Anglo‑Normandes nous ont permis de distinguer une dolérite particulière, que nous avons appelé « Type P », et dont l’origine est presque certainement le site du Pinacle. Des haches en dolérite « Type P » ont été identifiées dans les collections provenant de Guernesey, Aurigny et Serq, en plus de celles de Jersey, et elles comprennent plus de 20 % des haches polies trouvées dans les îles Anglo‑Normandes.

385.4 Les industries lithiques du Néolithique danubien dans la vallée de l’Aisne

39Cet article a pour but de mesurer la qualité d’un corpus lithique dans un contexte d’habitat sans sol archéologique préservé. Une évaluation des contraintes quantitatives et qualitatives est établie sur le matériel contenu dans les fosses néolithiques des habitats rubanés et du groupe de Villeneuve‑Saint‑Germain de la vallée de l’Aisne. Des méthodes d’étude sont proposées pour tenter de quantifier et de définir la production lithique réelle.