1L’étude des terres cuites du centre de la Gaule aux Pays‑Bas, au Luxembourg et en Grande‑Bretagne, pose divers problèmes. C’est pourquoi je veux en donner trois exemples. D’abord, on a souvent affaire à de vieilles collections comprenant des terres cuites dont les lieux de découverte n’ont pas été enregistrés. De tels exemplaires pourraient provenir du pays dans lequel se trouvait une collection, ou pourraient avoir été achetés dans un autre pays, et par conséquent, ils sont ici mis à part.

2Une deuxième difficulté réside dans l’évaluation du nombre des statuettes, à partir de fragments de terre cuite découverts sur le sol de grands gisements. Des fragments qui ne s’ajustent pas et pourtant appartiennent à un même type, pourraient provenir ou d’une seule statuette ou de plusieurs exemplaires. Cette question se pose, entre autres, pour les 90 fragments trouvés dans le champ d’une ferme (Ruxox Farm) à Flitwick en Grande‑Bretagne (fig. 110). Dans un tel cas, on ne peut qu’estimer la quantité totale.

3Un troisième problème enfin teint à la différence entre les figurines du centre de la Gaule et les exemplaires des ateliers de la Rhénanie centrale, de Cologne et de la région de la Moselle (ensemble constituant la région Rhin‑Moselle). Pour l’attribution des terres cuites à ces districts de production, on pourrait se baser sur le type, le style et l’analyse scientifique de l’argile. Cette dernière sorte de recherche est encore peu pratiquée sur les terres cuites des ateliers en Allemagne occidentale1. Dans la plupart des cas, on se voit donc obligé, pour l’attribution aux ateliers, de fonder son opinion sur des signes visibles. Les différences en matière de technique, semblent jouer un rôle important. C’est ainsi que les modeleurs des centres de fabrication de la région Rhin‑Moselle faisaient plus souvent des figurines mal finies, ayant de larges sutures et des grains à la surface, indiquant l’utilisation de moules de plâtre. Les pieds sont la plupart du temps entièrement creux et servent donc de trou d’évent. Les modeleurs du centre de la Gaule achevaient, dans beaucoup de cas, leurs produits plus soigneusement. Il ne leur était pas inhabituel, par exemple, de lisser la surface des statuettes. Comme les socles étaient généralement fermés, on perçait des trous d’évent. A ma connaissance, les défauts qui caractérisent l’utilisation de moules de plâtre sont rarement attestés.

4Grâce à ces différences, les terres cuites de Cologne et de la région de la Moselle peuvent bien se différencier des exemplaires du centre de la Gaule. Les figurines de Rhénanie centrale, avec leurs ateliers supposés à Francfort et Mayence, présentent en revanche plus de ressemblances techniques avec leurs parallèles en Gaule centrale : elles ont parfois des trous d’évent et la surface peut en être lissée2. Cependant, on constate que les exemplaires de Rhénanie centrale montrent à la finition des sutures plus larges. Les grains indiquant l’emploi de moules de plâtre sont régulièrement présents. Le plâtre, lui, contenait peu de bulles d’air et elles étaient toutes petites. Il y a également des ressemblances au niveau des types mais les statuettes de Rhénanie centrale sont en général plus typées et sont moins volumineuses que la plupart des exemplaires du centre de la Gaule.

4.4.1 Les statuettes des Pays‑Bas

5Aux Pays‑Bas, 329 figurines en terre cuite provenant de diverses ·régions de production ont été découvertes. Elles furent trouvées sur 49 sites (fig. 105)3. La plupart ont été découvertes au sud du limes, surtout sur des gisements proches de la frontière. de l’empire romain. Il n’y a que quatre sites au nord du limes, où l’on a découvert au total 11 terres cuites. Une d’entre elles, à Oosterlittens, a pour origine le centre de la Gaule. Les sites les plus importants par le nombre des figurines se trouvent à Vechten (Fectio) avec 81 ou 82 exemplaires et Nimègue avec 67 statuettes (dont 8 proviennent de Nimègue ou de ses proches environs). Sur la propriété Arentsburg à Voorburg, on a déterré 35 terres cuites et de 26 à 30 à La Haye. Moins de 10 statuettes proviennent de chacun des autres sites.

Les régions de production

6Les Pays‑Bas romains constituaient le marché principal pour Cologne et la Rhénanie centrale. La période de production de ces ateliers débuta dans le dernier quart du i^er s. pour la Rhénanie centrale et vers 180 ou 190 pour Cologne. Que ces ateliers aient été de grande importance pour les Pays‑Bas s’explique par leur emplacement : le marché était plus facilement accessible depuis Cologne que depuis la Gaule centrale.

7Nous avons attribué 30 terres cuites aux ateliers du centre de la Gaule. Cela ne représente pas 10 % du nombre total des terres cuites néerlandaises : pour être plus précise, 9,1 %. La carte de répartition (fig. 105) montre que les statuettes de la Gaule centrale ont été trouvées sur 9 sites aux Pays‑Bas. Nimègue possède, avec 18 exemplaires, la plus grande part des figurines du Centre, soit plus de 50 % de la quantité totale découverte aux Pays‑Bas. On doit remarquer que l’identification d’un petit fragment de relief est contestable. Ce pourrait être un éclat d’édicule mais ce n’est pas certain.

8Trois exemplaires seulement ont été découverts aussi bien à Voorburg qu’à Vechten. L’identification d’un petit éclat inédit de Vechten demeure incertaine. Le fragment pourrait représenter la main droite d’une figurine de Vénus du type anadyomène. D’après la céramique arétine et celle du sud de la Gaule trouvée avec le fragment, la statuette aurait pu ne pas avoir été fabriquée plus tard qu’en 40. La figurine peut donc être considérée comme une statuette du Centre parmi les plus anciennes importée aux Pays‑Bas.

9Une seule statuette de Gaule centrale provient de chacun des autres sites néerlandais. A cet inventaire s’ajoute une découverte remarquable dans le tertre de schrins à orosterlittens (province de Frise), située au nord du limes, donc en Germanie libre. Ce fragment représente une nutrix avec deux nouveau‑nés, du même type que celle de Nimègue. La figurine appartient aux exemplaires exportés le plus loin au nord du continent européen.

L’environnement des figurines

10Les circonstances exactes de la découverte de cette statuette ne sont pas enregistrées. C’est le cas pour beaucoup d’autres figurines néerlandaises. Cependant, il est confirmé que 10 statuettes de Nimègue ont été trouvées dans des sépultures. Parmi ces terres cuites, 2 figurines‑vases ont pour origine la nécropole de Hunerberg, située immédiatement au nord‑ouest du camp militaire4. L’une d’elles est un flacon à onguent en forme de cerf, l’autre est un rhyton en forme de lion. Le lion a un goulot et une ouverture dans le museau.

11L’inhumation fut en usage durant le i^er s. mais la plupart des exemples datent des années 40 à 70. La composition et le genre des objets trouvés indiquent qu’un groupe de population fortement romanisé ensevelissait ici ses morts. La nécropole pourrait appartenir au Valkhof et ses environs, où, selon les nouvelles théories, la capitale de la ciuitas des Bataves aurait pu se situer avant 70.

12On a également découvert des statuettes de la Gaule centrale dans la grande nécropole d’Ulpia Nouiomagus Batauorum, en usage de 70 à environ 270. Une statuette de Vénus y a été trouvée ainsi que la statuette déjà nommée d’une nutrix avec deux nouveau‑nés. Les autres terres cuites de cette nécropole représentent des animaux. Cela n’est pas surprenant puisque les figurines animales étaient par excellence les offrandes aux morts comme le prouvent les nombreux exemplaires trouvés dans les tombes en Europe occidentale. Trois statuettes de la nécropole représentent des chiens assis et deux autres des coqs pratiquement identiques. Le groupe de deux grands chevaux et d’un garçon est remarquable. Le garçon, dont la tête est cassée, se trouve entre les deux chevaux auxquels il est attaché. Un troisième cheval de Nimègue est du même type. Des restes de relief sur le flanc gauche indiquent qu’il a du faire partie d’un groupe similaire. On ne connaît malheureusement rien de plus sur les conditions de découverte de cet animal.

13Il n’y a pas, à ma connaissance, de parallèles exacts connus hors de Nimègue en ce qui concerne ces coqs et ces chevaux. Le style et les marques de fabrication imputent pourtant leur origine à la Gaule centrale. Les figurines possèdent de minces sutures, des trous d’évent placés à des endroits discrets et des membres et socles modelés à part.

14Il est clair que les terres cuites des sépultures d’Ulpia Nouiomagus sont issues d’un contexte civil. Il n’y a pas, par contre, de terres cuites découvertes dans un environnement strictement militaire. Mais dans certains cas, on ne peut opter avec certitude entre l’emploi civil ou militaire des terres cuites. A ce propos, on doit signaler les deux figurines de poules provenant d’un dépotoir dans les canabae legionis à l’ouest du campement militaire à Nimègue. On peut dater ce puits, grâce à son contenu, entre le dernier quart du i^er s. et le premier quart du ii^e s. Une autre statuette, de Vénus, originaire d’Alphen aan den Rijn a été, en fait, trouvée hors du camp. militaire romain mais tout près du fossé sud de ce dernier. On peut dater la figurine, grâce à des données stratigraphiques, du dernier quart du i^er s. On ne peut pas déterminer si les trois terres cuites du centre de la Gaule de Vechten proviennent d’un contexte civil ou militaire. Les statuettes ont été découvertes aux environs du terrain où le camp de l’armée était installé. Elles représentent un chien assis, une noix et peut‑être Vénus, comme indiqué précédemment.

15Deux statuettes fragmentaires de Vénus ont été découvertes sur la propriété Arentsburg, à Voorburg (Forum Hadriani), ainsi que le célèbre tireur d’épine. Ces terres cuites sont probablement originaires d’un contexte civil. De nombreux sigles militaires imprimés sur des tuiles se rencontrent sur la propriété, mais il n’est pas certain qu’une fortification militaire se trouvait à proximité.

16Une seule figurine en terre cuite est connue à Rockanje. On ne sait que peu de choses sur la nature du site car peu de fouilles y ont été effectuées. Le fragment représente la tête d’une nutrix, à l’origine avec deux nouveau‑nés. Le type ne se trouve pas ailleurs aux Pays‑Bas mais il est curieusement connu sur les Galloper sands. Là, juste en dehors des eaux territoriales anglaises, à l’emplacement d’un banc de sable, un pêcheur découvrit en 1971 une figurine de ce type dans ses filets (voir Grande‑Bretagne).

17Un fragment de relief, ayant peut‑être appartenu à un édicule, a été extrait d’un puits situé au dehors, mais tout près, du fossé d’Ulpia Nouiomagus. On peut dater le puits de la deuxième moitié du ii^e s. Cette figurine serait donc issue d’un environnement civil.

18Un tesson d’une couche d’habitat indigène à La Haye fait probablement partie d’un buste représentant un garçon chauve rieur, le type dit du Risus (fouilles à scheveningseweg). Un autre buste, complet, pourrait d’ailleurs avoir été trouvé à Nimègue. Les caractères de la fabrication des deux statuettes font penser à la Gaule centrale. La prudence est cependant de rigueur pour l’attribution des bustes du type du Risus aux ateliers du centre de la Gaule, car des analyses d’argile ont montré que ce type aurait aussi pu être fabriqué à Cologne5.

19On peut donc conclure que les figurines du centre de la Gaule ont été essentiellement découvertes dans la région du limes. L’emploi dans des ensembles civils est démontrable. L’utilisation dans un contexte militaire n’est pas exclue mais ne peut être prouvée.

Datation

20En ce qui concerne la chronologie des statuettes, il est frappant que 14 exemplaires aient été importés tôt aux Pays‑Bas. Elles ont été fabriquées au i^er s. ou dans le premier quart du ii^e s. Les autres figurines ont été faites au ii^e s., dont 6 exemplaires durant la première moitié. La figurine du spinario a été produite entre 70 et 150, ce que l’on peut déduire d’après les figurines de ce type qui ont été datées6. Il semble donc que, très tôt, quelques statuettes du centre de la Gaule aient été importées aux Pays‑Bas mais, qu’à partir de la moitié du ii^e s., la concurrence des ateliers de Cologne soit devenue trop grande.

21La Vénus d’Alphen aan den Rijn, déjà citée, la figurine‑vase et le rhyton de Nimègue appartiennent aux exemplaires du i^er s. La tête d’une caricature, ou d’un mime‑acteur de Nimègue, a été également faite pendant ce siècle. On peut la comparer aux célèbres statuettes de personnes debout et assises provenant d’une tombe à Colchester en Grande‑Bretagne (fig. 108 et 109). La figurine‑vase de Mook, représentant une tête de femme et qui a été découverte en 1888 lors de l’aménagement d’une ligne de chemin de fer, est assez remarquable. Elle a dü vraisemblablement, à l’origine, être couverte de glaçure plombifère. A ma connaissance, aucun parallèle exact n’est encore connu. La coiffure rappelle celle de Livia au début de notre ère. C’est pourquoi l’on peut dater cette terre cuite de la première moitié du i^er s.

22J’ai déjà signalé les deux coqs et les trois chiens assis de Nimègue datés de la dernière moitié du i^er s. ou du premier quart du ii^e s.7. Un quatrième chien provient de Vechten, et une cinquième figurine de ce type a été trouvée avec un coq tout près de Nimègue. Ce chien robuste de Nimègue a une particularité : une queue en tire‑bouchon percée. Les autres chiens assis n’ont en général pas de queue. Cette dernière a dû sans doute disparaître au cours de la production, par exemple lors des finitions et du polissage de la surface. Le chien de Vechten fait partie aussi des rares statuettes du centre de la Gaule qui aient été faites dans des moules de plâtre. Il est remarquable que les chiens assis semblent ne plus apparaître après le début du IIe s. dans la région Rhin‑Moselle. Tout se passe comme s’ils avaient été remplacés par des chiens couchés sur les genoux des déesses‑mères trônant, si populaires dans ces régions.

23En résumé, peu de statuettes du centre de la Gaule ont été découvertes aux Pays‑Bas, mais elles montrent une certaine diversité de sujets et de types ; il semble qu’elles aient été surtout importées au i^er s. et dans la première moitié du ii^e s., alors que Cologne domina ensuite le marché dans cette région.

24Enfin, les figurines se rencontrent surtout près du limes et Nimègue est le site le plus important pour le mobilier de Gaule centrale.

4.4.2 Les figurines du Grand‑Duché de Luxembourg

25Bien qu’on ait découvert au Luxembourg beaucoup plus de terres cuites qu’aux Pays‑Bas, une toute petite partie seulement d’entre elles provient d’ateliers de la Gaule centrale8 : en effet la plupart des 600 terres cuites ont été fabriquées dans la région de la Moselle et 6 figurines seulement sont imputables au centre de la Gaule. Je peux indiquer provisoirement 17 sites où l’on a trouvé des terres cuites (fig. 106). Parmi eux, Altrier est sans aucun doute le plus important, car de 300 à 500 figurines ont dû y être découvertes9. Je suppose qu’il y avait peut‑être là un sanctuaire où les fidèles offraient des statuettes, principalement des déesses‑mères. A première vue, il est curieux qu’un site d’une telle importance ne fournisse aucune terre cuite du centre de la Gaule. Cependant, je pense que l’on peut d‑ter la plupart des terres cuites d’Altrier à partir de la deuxième moitié du ii^e s. Cela veut dire qu’à Altrier, on a acquis les figurines à un moment où les ateliers proches, de la Moselle, étaient très productifs et constituaient une redoutable concurrence pour les ateliers de la Gaule centrale, situés plus loin.

26Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que ce soient justement les terres cuites du Centre qui arrivèrent les premières au Luxembourg. On en a découvert à Septfontaines, Dalheim et dans la forêt de Marsche1Wald, toutes provenant de tombes10. Une figurine de Vénus a été sortie de la tombe 70 de la nécropole de Septfontaines‑Dëckt qui contenait également deux cruches, un gobelet à la paroi très mince, un petit chandelier et des éclats de poterie commune. La céramique date la tombe entre 80 et 9011. Ce type de figurine ne se rencontre pas beaucoup. Les bras de la déesse pendent le long du corps. Elle tient un balsamaire double12 dans la main droite et une draperie de la main gauche. Ses cheveux sont entièrement défaits ce qui n’est pas commun pour les autres types de cette déesse. La figurine a des granulations superficielles qui indiquent l’emploi d’un moule de plâtre.

27Le mobilier funéraire de plus de 100 tombes, provenant de fouilles effectuées par MM. Mischel et Bisenius, en 1917 à Marsche1Wald, est entré dans les musées de l’Etat en 1929 et en 193013. Trois nécropoles romaines furent fouillées dans cette grande forêt, dont la superficie couvre le territoire de plusieurs villages. Trois tombes ont fourni chacune une terre cuite animale : deux figurines‑vases et un rhyton. Le vase de la tombe 12 a la forme d’un pigeon. La tête et l’anse ont presque entièrement disparu et la glaçure s’est érodée. Néanmoins, il en reste quelques traces, de couleur vert olive. Cet exemplaire est original car il n’a pas de fond plat comme tant d’autres figurines‑vases. Au contraire, l’oiseau repose sur ses pattes pliées, en léger relief. Quatre fragments de verre fondu proviennent aussi de cette tombe et au moins 12 gobelets et plats. Parmi eux, un petit gobelet à dépressions peut dater de la fin de la période flavienne14 : la fosse a donc dü être creusée à la fin du i^er s.

28La tombe 63 contenait un cerf couché dont l’anse est brisée et la glaçure s’est usée (fig. 107, 1). La ramure était constituée de deux bois courbés dont celui de droite a en grande partie disparu. Les pattes sont pliées et une épaisse toison couvre le cou. On a fait une découverte surprenante : l’œil gauche, en verre, avait été incrusté. Le verre est gris foncé et contient de nombreuses bulles d’air. Dans l’autre orbite, également creusée, se trouvent encore de tout petits restes de verre. Il est frappant que le modeleur du flacon se soit donné le mal d’incruster les yeux. Peut‑être son intention était‑elle d’imiter les statuettes en bronze ? En tout cas, cette figurine‑vase a du être considérée comme un objet de valeur. Quatre cruches au moins ont été trouvées en même temps que cet animal, ainsi qu’une fiole en verre du i^er s. et deux miroirs en bronze argenté15. Une des cruches est bien conservée à l’exception de l’anse : elle a une panse ovoïde godronnée, couverte d’une glaçure vert olive et haute de 20 cm16. Comme la production de la céramique et des figurines‑vases à glaçure plombifère dans le centre de la Gaule se limite pour l’essentiel au i^er s., il est évident que la tombe 63 a des chances de dater de cette période.

29La troisième statuette de Marsche1Wald représente un ours accroupi (fig. 107, 2‑3). La datation de la tombe (non numérotée) est donnée par une bouteille en verre fabriquée dans la deuxième moitié du i^er s. ou au ii^e s.17. Le modelé de l’animal est assez grossier, ce que l’on décèle, par exemple, aux gros yeux, aux poils hérissés entre les oreilles et aux pattes de derrière beaucoup trop comtes. La petite anse est brisée et il ne reste que des traces de la glaçure ocre jaune. L’ours avançait ses pattes de devant, aujourd’hui en grande partie disparues. La statuette possède encore, en plus du goulot, un deuxième trou percé dans le ventre. Il semble donc qu’il faille interpréter cette figurine‑vase comme un rhyton. Ce qui frappe également, c’est la taille de l’objet, nettement plus grand que les flacons à onguent zoomorphes. Le rhyton en forme de lion trouvé à Nimègue est aussi assez grand (hauteur 8,7 ; longueur 12,8).

30La quatrième statuette animale, représentant un chien assis, provient d’une tombe de Dalheim. Le chien fut trouvé lors de la construction d’une citerne. La figurine doit avoir constitué, avec une douzaine de poteries, le mobilier funéraire de quelques tombes. M.G. Thill a fait une publication des trouvailles en remarquant qu’il s’agissait peut‑être de trois sépultures de la fin du i^er ou du début du ii^e s. Une autre tombe doit dater du iv^e s., ce qu’implique la présence d’un gobelet « vernissé » noir, de forme élancée18. Ce gobelet se trouvait dans la terre très probablement plus haut que les autres objets et pouvait donc provenir d’une sépulture plus récente. Le chien peut donc être attribué à l’une des trois tombes les plus anciennes. La datation qu’on lui impute s’accorde avec celle des autres figurines du même type, datées grâce aux circonstances des fouilles. L’animal a de gros yeux globuleux et de grossières pattes de devant, entièrement conservées ; il porte un collier double avec une clochette.

31Pour finir, je veux traiter ici d’une figurine de Vénus anadyomène découverte dans le Grand‑Duché de Luxembourg, mais dont le site de trouvaille est inconnu. sa tête, son dos et le socle manquent. La main gauche repose sur une draperie tombant le long du flanc ; le poignet est dénudé. La statuette est originale, car la pâte est orange. En outre, elle est couverte d’un engobe blanc visible aussi sur le revers de la paroi. Pourtant, le plus remarquable, c’est l’engobe rouge (faisant penser à la terre sigillée) dont les traces sont visibles sur les pieds, les bras et la tresse droite. Ces restes prouvent‑ils que la figurine fut faite dans une poterie où l’on produisait de la terre sigillée ?

32En résumé, peu de figurines de la Gaule centrale proviennent du Luxembourg. Cependant, toutes, sauf une, proviennent de tombes. Deux figurines représentent Vénus, les autres sont des animaux. Ce fait est remarquable, car les statuettes zoomorphes ne représentent qu’une faible proportion des terres cuites du Luxembourg provenant d’autres ateliers et datées plus tardivement, c’est‑à‑dire d’une époque où l’on préférait les statuettes des déesses‑mères.

4.4.3 Les figurines de la Grande‑Bretagne

33La Bretagne constituait un marché assez important pour les ateliers de Gaule centrale. Au moins 90 % des 400 terres cuites de la Grande‑Bretagne proviennent de ces fabriques. Il est donc impossible de traiter ici de chaque terre cuite. C’est pourquoi j’ai retenu un certain nombre des caractères de ces figurines pour en faire un commentaire détaillé. Les chiffres que je cite ici sont toujours approximatifs. Une étude approfondie des statuettes de Grande‑Bretagne nécessiterait beaucoup plus de temps que je n’en avais. En outre, à partir de beaucoup d’éclats trouvés ensemble sur certains sites, il n’est plus possible de déterminer le nombre originel de figurines entières. En 1977, on connaissait environ 350 terres cuites qui furent alors inventoriées par F. Jenkins19. Depuis, au moins 50 échantillons se sont ajoutés à cette liste, surtout à l’occasion des fouilles à Londres, Canterbury et Colchester.

34Les statuettes britanniques représentent, ce qui est frappant, de nombreux sujets et types du répertoire de la Gaule centrale. On rencontre parmi eux différents dieux du panthéon romain comme Apollon, Minerve et Vénus. Mais les statuettes de Vénus et des nourrices étaient de loin les plus populaires, ces dernières aussi bien avec un que deux nouveau‑nés. Il est évident que l’élément féminin domine, comme c’est également le cas pour les bustes. Ce groupe contient aussi, cependant, des représentations d’un garçon chauve rieur, appelé généralement Risus. Un fragment de Chesterholm (Vindolanda) est remarquable, car beaucoup de restes de peinture noire ont été conservés sur le visage20. C’est pourquoi il semble que ce Risus représente un type négroïde. Alors qu’on ne sait si de tels bustes figuraient une divinité ou un m01tel, il est certain en tout cas que d’autres figurines de Grande‑Bretagne représentent des mortels. Comme exemple, citons ici les célèbres mimes‑acteurs de Colchester (fig. 108, 1) et le fragment d’un gladiateur trouvé à Londres21. La figurine, nettement détaillée, vient à mon avis de Gaule centrale. Enfin, une quarantaine de figurines du centre de la Gaule représentent des animaux autochtones et exotiques. On rencontre exclusivement les animaux exotiques sous forme de figurines‑vases à Colchester (fig. 108, 2) et Londres22.

Les sites de consommation

35Les terres cuites britanniques sont dispersées entre 120 gisements ou plus (fig. 110). Les sites les plus importants sont Londres, avec au moins 100 figurines, Colchester, avec environ 45 exemplaires et le champ d’une ferme nommée Ruxox (Ruxox Farm) tout près de Flitwick, avec un minimum de 28 terres cuites. Chaque site restant a fourni moins de 10 figurines, à l’exception, toutefois, de Canterbury, avec une quinzaine de terres cuites, silchester et Wroxeter, avec tous les deux 10 terres cuites. Les autres sites fournissent le plus souvent d’une à quatre statuettes.

36Suivant l’exemple de F. Jenkins, j’ai présenté la calte de diffusion des terres cuites en respectant dans la mesure du possible la division en ciuitates23. De plus, le pays peut être partagé en trois zones conformément à l’administration romaine de cette province. La première zone, au sud‑est, avait une gestion civile. Elle se composait de Londres et des ciuitates des Cantiaci, Catuuellauni, Trinouantes, ! ceni, Regnenses et Atrebates. La seconde zone avait aussi une administration civile et couvrait les autres ciuitates indiquées sur la calte. De plus, elle comprenait aussi la partie du territoire des Brigantes qui ne se trouvait pas sous le régime militaire, ainsi que les îles Scilly. La troisième zone, enfin, englobe la partie nord de la Grande‑Bretagne et les montagnes de Galles qui ressortissent de l’autorité militaire. Les statuettes des uici associés aux campements militaires de Caerleon, Chester et York, sont ici aussi rangées dans la zone civile, en conformité avec les analyses de F. Jenkins. Ces agglomérations avaient probablement un caractère civil. Caerleon et Chester n’étaient pas, en outre, situés dans une région militaire, mais à la frontière des zones militaire et civile.

37Les terres cuites que l’on peut dater des environs de 50, ou juste après, n’ont pas été prises en compte pour le calcul de la dispersion du mobilier entre zones et ciuitates. Les figurines datées de la sorte proviennent de Colchester (fig. 108 et 109), Londres, Preston et Usk24 et elles appartiennent à une phase ancienne et bien distincte des importations de terres cuites en Bretagne. C’est plus tard, à partir de la fin du règne des Flaviens, que des arrivages plus ou moins réguliers de terres cuites commencent à parvenir dans cette province.

38Pour le calcul de dispersion du matériel, on doit naturellement tenir compte du fait que les frontières des ciuitates sont hypothétiques, que la densité de la population n’était pas la même dans chaque ciuitas et qu’une recherche archéologique approfondie a été conduite dans certaines régions plus que dans d’autres. Les pourcentages que j’indique ici ont été calculés par F. Jenkins en 1977 et concernent 324 statuettes (non compris les exemplaires anciens). Les terres cuites qui ne proviennent pas du centre de la Gaule y sont comptées aussi, ce qui représente une faible quantité. L’analyse montre que 72,6 % sont originaires de la première zone et 19,7 % de la seconde zone. La région qui tombait sous l’autorité militaire a fourni les 7,7 % restants. Londres constitue, dans la première zone, avec les territoires des Cantiaci et des Catuuellauni, la région la plus riche (respectivement 80, 54 et 49 terres cuites en 1977). Le grand nombre des statuettes ne peut être que la conséquence de la présence de ports au sud‑est, entre autres à Londres où toutes sortes de figurines ont été acheminées depuis le continent25. Il est possible qu’elles aient été transportées d’abord de France jusqu’à la côte, avec des céramiques sigillées fabriquées dans les ateliers du centre de la Gaule et dont on trouve beaucoup de vestiges en Grande‑Bretagne. Il est probable que certaines figurines, surtout à partir de Londres, furent diffusées dans les régions limitrophes, en utilisant l’excellent réseau routier romain. Les autres régions des zones civiles et militaires étaient plus éloignées du principal axe commercial. Ce peut être une raison de la rareté relative des terres cuites dans ces secteurs. Cependant, il est remarquable que l’on rencontre encore des terres cuites très loin dans le nord, par exemple sur le mur d’Hadlien et même celui d’Antonin, où une statuette de Vénus du Centre a été trouvée à Murruills26. La découverte la plus septentrionale a cependant été faite sur l’île de Skye (donc dans une région située hors de la province romaine), où l’on découvrit une figurine de terre cuite ayant la forme d’une pelote de laine27.

39Dans le district militaire, quelques terres cuites ont été trouvées dans les uici liés aux fortifications. Cependant, on ne peut pas attribuer toutes ces statuettes uniquement aux civils, car on a trouvé des terres cuites notamment dans des camps militaires ou leurs environs immédiats. Ces découvertes prouvent que les figurines étaient importantes pour les pratiques religieuses des militaires. C’est ainsi que l’on a trouvé la statuette de Risus, déjà citée, dans un fossé du camp à Chesterholm (Vindolanda) datant du règne de Dioclétien. Un baraquement du iv^e s., à Birdoswald, a fourni une figurine de Vénus28. Voilà pour les camps du mur d’Hadrien, mais on doit mentionner aussi la découverte d’une nutrix dans la base navale de la Classis Britannica à Douvres29. On a déterré la statuette dans une pièce contiguë à une baraque dans laquelle l’équipage d’un navire avait dû être hébergé. F. Jenkins a émis l’hypothèse que la figurine se trouvait à l’origine dans un petit sanctuaire domestique destiné à cet équipage. La figurine d’une Vénus pudique provient aussi du secteur sud‑est de la base navale. Mais il s’agit d’une production de Cologne, qui ne doit donc pas nous intéresser outre mesure. Il semble que les terres cuites britanniques étaient importantes aussi bien pour les civils que pour les militaires, bien que les figurines en contexte civil soient les plus nombreuses.

Répartition des sujets

40Les Vénus et les nourrices, qui étaient les plus populaires, proviennent surtout des zones civiles. On les rencontre davantage dans la première zone, donc à Londres et dans les ciuitates limitrophes. A ma connaissance, environ 60 exemplaires de nourrices sont originaires de Bretagne. Parmi celles‑ci, trois statuettes seulement ont été trouvées dans la zone militaire (Chesterholm, Piercebridge, Binchester)30. Les Vénus de Grande‑Bretagne comprennent maintenant environ 190 échantillons. Au moins 20 d’entre elles, y compris deux statuettes de Cologne (Lancaster et Brougham), ont été découvertes31. Les figurines de la déesse de l’amour et de la fécondité, avaient donc la préférence dans le district militaire.

41Comme il est impossible dans ce Court exposé de traiter toutes les figurines de Vénus et les nourrices, je m’attacherai seulement à quelques exemples. Ainsi on doit noter l’intérêt que présente une nourrice déterrée il y a quelques années à Canterbury et signée de Pistillus, comme F. Jenkins me l’a aimablement signalée. Les lettres pist apparaissent en creux sur la figurine32.

42Un autre exemplaire de même provenance, et disparu aujourd’hui, porte une signature que F. Haverfield a lu SILI33. Quelques figurines de nourrices ont été entièrement conservées : des exemplaires provenant de Canterbury et des Galloper sands dans la mer du Nord34. Sur ce banc de sable, situé juste en dehors des eaux territoriales de Grande‑Bretagne, un pêcheur néerlandais prit dans ses filets en 1971, une figurine de nourrice avec deux nouveau‑nés.

43Des nombreuses figurines de Vénus de Grande‑Bretagne je ne peux ici mentionner que quelques exemples. Ainsi une Vénus anadyomène de Saint‑Albans est intéressante car le nom de Iopillo est inscrit en creux dans la draperie35. Une tombe, contenant trois figurines de Vénus, récemment découverte à Londres mérite une mention particulière. Deux d’entre elles sont identiques et semblent issues du même moule. La tombe a été trouvée dans Mansell Street, hors des ouvrages de défense romains, à l’est de l’agglomération romaine (Department of Urban Archaeology, Museum of London). Mentionnons aussi neuf fragments d’édicules qui ont sans doute hébergé des statuettes de Vénus, et dont quatre proviennent de Londres36.

44Les statuettes en terre cuite de nourrices et de Vénus font également partie des quelques découvertes que l’on a faites dans ·les îles Britanniques. Remarquable est, par exemple, une trouvaille comportant au minimum deux figurines de déesses‑mères et au moins deux statuettes de Vénus sur l’île maintenant inhabitée de Nor’nour, appartenant au groupe est des îles Scilly37. Lors des fouilles, autour de 60, on retrouva des structures de l’âge du Bronze. Beaucoup plus tard, à l’époque romaine, une production de bijoux s’y organisa. On découvrit les statuettes dans un cercle de pierre qui faisait sans doute partie d’une hutte. Il est probable que celle‑ci était utilisée comme sanctuaire. Dans ce cas on aurait donc une remarquable adaptation d’une structure pré‑romaine.

45Autre site archéologique important : le champ dépendant de la ferme appelée Ruxox (Ruxox Farm), à l’est de Flitwick. On découvrit, dispersés dans ce champ, 90 tessons de terres cuites38. F. Jenkins estime le nombre de figurines à 28 ou plus. Au moins 21 exemplaires, parmi elles, appartiennent au groupe des Vénus. Les autres statuettes représentent Minerve, Bacchus et une nourrice. La statuette de Bacchus fournit une indication pour la datation de la découverte, car je l’attribue au modeleur de Cologne, Seruandus, qui était en tout cas en activité vers 160. A mon avis, on peut déduire de cette concentration de terres cuites la présence d’un sanctuaire où un culte aurait été célébré pour une déesse ou plus.

46On peut déterminer les périodes où les différentes terres cuites du centre de la Gaule sont arrivées en Bretagne39. D’une part, on dispose d’informations sur les circonstances des fouilles, d’autre part on peut déduire ces datations des recherches typologiques. Pour ce petit aperçu, je me limiterai principalement aux exemples relevant de la première catégorie.

Datation

47Dès le i^er s., au moins 29 figurines‑vases et statuettes d’acteurs ont été transportées du continent en Bretagne. Comme rien ne montre que les terres cuites de cette province aient été acheminées avant la conquête, les statuettes britanniques ont dû être importées après 43. La découverte la plus importante pour cette période eut lieu à Colchester (fig. 108). C’est là que G. Joslin découvrit, en juillet 1866, des terres cuites, des figurines‑vases, de la poterie et des pièces de monnaie dans son jardin, situé à l’emplacement de la nécropole romaine ouest. I. Parish, artiste réputé comme dessinateur précis, dessina les trouvailles plus ou moins comme elles avaient été découvertes (fig. 109)40. Après la mort de G. Joslin, la collection fut vendue à un autre collectionneur et entra finalement au musée Colchester and Essex. On ne dressa une liste des découvertes qu’après le décès de G. Joslin. On avait toujours cru que 10 figurines‑vases et 13 terres cuites appartenaient toutes au contenu de la tombe 3. Or le dessin de Parish reproduit tous les vases zoomorphes mais seulement 8 statuettes. Les figurines manquantes sont l’Hercule, un acteur assis et un debout, et deux personnages allongés (qui diffèrent du type commun). Se pose donc la question de savoir si les 4 statuettes manquantes appartenaient véritablement au contenu de la tombe 3 ou si elles ont été trouvées après que le dessin a été fait. Néanmoins, la liste accompagnant la publication du dessin en 1868 cite les 13 terres cuites. On a trouvé, entre autres, dans la tombe, de la poterie à glaçure plombifère et 36 monnaies d’Agrippa et de Claude très usées. Les pièces ne sont pas non plus représentées sur le dessin de Parish. Celles de Claude sont vraisemblablement des imitations militaires locales. C’est pourquoi on peut dater la tombe de la période Claude‑Néron.

48Quelques terres cuites arrivèrent à nouveau à la fin du i^er s. en Bretagne. C’est ainsi qu’une statuette d’une Vénus anadyomène fut déterrée à Londres dans une couche d’habitation que l’on peut dater, grâce à la présence de terre sigillée, entre 70 et 9041. Un fragment d’une statuette de Wroxeter représentant Vénus avec un aigle et une chouette, peut être daté de la fin de la période flavienne ou du début du ii^e s. La figurine est du même type qu’un fragment d’Autun daté de cette période grâce aux circonstances des fouilles42. Deux bustes de Chichester et silchester montrent une femme avec une coiffure flavienne43. Ils ont dû être faits à la fin de l’époque flavienne, ce qu’indique la poterie de cette période trouvée près du buste de Chichester.

49On peut les diviser, d’après la chronologie des figurines restantes, en deux groupes. Le premier contient des terres cuites qui arrivèrent en Bretagne entre environ 90 et 200 ; le second groupe comprend des exemplaires conservés dans des couches d’habitation et des dépôts qui contenaient des objets allant principalement du iii^e au iv^e s. Beaucoup de figurines de ce type doivent cependant avoir été faites à une période plus ancienne.

50Le motif célèbre d’un garçon assis, enlevant une épine de son pied, se rencontre aussi44. Les quatre statuettes connues de ce type proviennent toutes de Londres. Deux d’entre elles ont été trouvées avec de la terre sigillée brûlée, vraisemblablement dans une couche de destruction que l’on peut associer au deuxième incendie de Londinium, entre 120 et 130. Les deux terres cuites sont couve1tes d’une couche de pigment rouge. Un exemplaire a le genou gauche creux. A l’origine, la jambe rappottée y était apparemment attachée. Un autre tireur d’épine de Londres conserve des restes de peinture gris brun. Une double ligne de fioritures va obliquement de la poitrine au dos et de longues feuilles de lierre couvrent le corps. Les feuilles indiquent clairement que le tireur d’épine appartenait à la suite de Bacchus.

51D’autres terres cuites britanniques peuvent être datées, d’après le contexte des fouilles, de la deuxième moitié du ii^e s. Je citerai ici seulement une figurine d’Apollon de Hacheston et quatre bustes de déesses ou de femmes45. Seuls les bustes proviennent de tombes et appartiennent à des types représentés chacun par un exemplaire d’une tombe de Brighton. Les cheveux des deux femmes sont relevés mais, sur une seule statuette, de hautes boucles ornent la tête. L’autre buste de Brighton a peut‑être été fait à l’aide du même moule que l’exemplaire trouvé dans une sépulture à Welwyn. La statuette de Welwyn portait un collier de bronze dont les traces étaient encore visibles lors de la découverte.

52Ainsi les terres cuites de Grande‑Bretagne peuvent nous fournir des informations importantes concernant entre autres la typologie, la datation et l’utilisation des figurines46.