3.14 Champagne‑Ardenne, Lorraine et Alsace

Jeanne‑Marie Demarolle et Marie‑Dominique Poncin

p. 206‑216


Texte intégral

1Même si ce bilan provisoire, qui ne comportait au départ que quelques dizaines de figurines, se monte désormais à 273 exemplaires, il reflète au premier chef les conditions dans lesquelles il a été réalisé. Il est en effet très largement tributaire de dépouillements bibliographiques1 puisque les enquêtes dans les musées n’ont pu être complètes qu’en Lorraine2 ; certaines réserves3 en cours de réorganisation nous sont restées inaccessibles4. Le matériel que nous avons pu recenser procède presque toujours de fouilles anciennes5 sans que soient précisés le plus souvent le contexte voire la simple provenance6. Nous avons donc éliminé de cette recension non seulement les terres cuites trop fragmentaires pour être correctement identifiées7 mais aussi celles dont les attestations ne comportent ni un minimum de précisions8 ni les indications numériques indispensables pour que l’inventaire –puisque c’est un des buts de ce travail– soit exploitable statistiquement9. On peut donc penser qu’une partie des disparités évidentes entre les différents départements (68 figurines en Moselle, 14 en Alsace) s’explique de cette façon ; assez complet pour la Lorraine, le bilan n’est qu’un premier jalon pour l’Alsace. Toutefois, dans l’attente de recensions plus complètes, cette explication nous semble devoir être maniée avec prudence, tout comme les argumentations fondées sur le hasard des fouilles. Remarquons seulement qu’à l’intérieur même des quatre départements lorrains où l’enquête a été menée dans les mêmes conditions, les résultats sont fort différents : 68 figurines en Moselle, 34 en Meurthe‑et‑Moselle, 14 en Meuse, 10 dans les Vosges (fig. 81). Sans doute convient‑il de ne pas oublier que les fouilles ont été et restent beaucoup plus nombreuses en Moselle, ce département ayant bénéficié en outre entre 1871 et 1918 d’un travail archéologique de qualité à l’époque de l’annexion allemande sous l’impulsion de plusieurs archéologues de valeur, dont, en particulier J.B. Keune, directeur du musée de Metz. Toutefois, là encore, il convient de rester circonspect ; notre connaissance de la situation à l’époque gallo‑romaine des différentes « cités » qui composaient le territoire soumis à l’enquête et de la hiérarchie d’importance qui pouvait exister entre elles reste insuffisante pour décider si les écarts que nous constatons d’une cité à l’autre relèvent de l’activité des archéologues ou bien du patrimoine archéologique et, au‑delà, des conditions socio‑économiques antiques10.

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FIG. 81 – Champagne/Ardenne/Lorraine/Alsace : a carte de répartition générale des figurines ; b carte de répartition des Vénus et déesses‑mères. 1 Bourgheim ; 2 Brumath‑Stephansfeld ; 3 Ehl ; 4 Haegen ; 5 Koenigshoffen (site antique distinct de la commune de Strasbourg dont il fait partie, camp légionnaire : uicus) ; 6 Rosheim ; 7 Sarre‑Union ; 8 Saverne ; 9 Schaffhouse (ou Seltz) ; 10 Strasbourg ; 11 Biesheim ; 12 Hochstatt ; 13 Ribeauvillé ; 14 Carignan ; 15 Château‑Porcien ; 16 Mézières ; 17 Montcy‑Saint‑Pierre ; 18 Mouzon ; 19 Tannay ; 20 Thin‑le‑Moutier ; 21 Vireux‑Molhain ; 22 Arcis‑sur‑Aube ; 23 Fouchères ; 24 JasSeines ; 25. Lesmont ; 26 Saint‑Lupien ; 27 Troyes ; 28 Villeneuve‑au‑Châtelot ; 29 Reims ; 30 Bourbonne‑les‑Bains ; 31 Langres ; 32 Gourzon ; 33 Cutry ; 34 Deneuvre ; 35 Dieulouard‑Scarponne ; 36 Toul ; 37 Haudiomont ; 38 Lavoye ; 39 Naix‑aux‑Forges ; 40 Pont‑sur‑Meuse ; 41 Sorcy‑Saint‑Martin ; 42 Varennes‑en‑Argonne ; 43 Bliesbrück ; 44 Cocheren‑Hérapel ; 45 Courcelles‑Chausay ; 46 Dabo ; 47 Dolving‑Haut‑Clocher ; 48 Florange ; 49 Folking‑Hérapel ; 50 Fontoy ; 51 Hultehouse ; 52 Koenigsmacker ; 53 Metz ; 54 Montigny‑les‑Metz ; 55 Morsbach ; 56 Rettel ; 57 Rouhling ; 58 Sarraltroff ; 59 Sarrebourg ; 60 Sarrebourg‑Marxberg ; 61 Tarquimpol ; 62 Waldscheld ; 63 Yutz ; 64 Grand ; 65 Camp‑de‑Ia‑Bure ; 66 Liffol‑le‑Grand.

3.14.1 Situation générale

2Région productrice très active aussi bien de céramique gallo‑belge (ateliers de Villeneuve‑au‑Châtelot, de Reims, d’Argonne, de Bourgheim) que de sigillée (officines de l’est de la Gaule en Argonne, en Moselle, à la Madeleine et en Alsace), l’espace que couvre cette étude n’a livré pour l’instant que d’infimes vestiges significatifs de l’existence d’ateliers de production : les seules découvertes concernent une valve antérieure de moule d’une Vénus anadyomène (type II) signée en creux, au revers et avant cuisson du nom de prlscvs 11.Or ce fragment de moule présente la particularité d’être en terre ocre ferrugineuse et paraît’ donc différent de ceux du même coroplathe issus des ateliers de l’Allier. Il faut y ajouter une statuette retrouvée dans un four à Bourgheim, un moule de sanglier en provenance de Strasbourg avec l’inscription vastator. Si les figurines en terre blanche sont attribuées aux ateliers du Centre12, en l’absence toutefois de toute analyse géo‑chimique des pâtes, les signatures et en particulier celles de Pistillus sont cependant peu nombreuses : Langres (3), Reims (1), Metz (1), Domaine de Saint‑Ulrich (1) ; elles concernent toutes des Vénus.

3Non signées, deux Vénus de Bliesbruck sont de « style PistilIus », comme l’Epona de Saint‑Ulrich. On peut également imputer aux ateliers de Gaule centrale une Vénus avec Eros (site d’Arcis‑sur‑Aube), une Vénus d’Ehl, une Vénus sous édicule d’Hochstatt attribuable au cercle de Iopillo. Mais en Lorraine et en Alsace, l’importance de la diffusion de figurines en terre blanche fabriquées à Cologne ou à Trèves demanderait à être réévaluée. Les produits de Cologne sont bien attestés au Marxberg, à Pont‑sur‑Meuse, ceux de Melausus‑Fidelis à Strasbourg par exemple. Il est encore plus difficile de se prononcer pour les figurines non blanches qui peuvent provenir d’ateliers rhénans (Apollon et Vulcain de Fontoy) ou trévires (cavalier de Metz, couple de Florange). Particulièrement caractéristique est la Mère tenant un petit chien dans le giron13. L’importance des figurines non‑blanches dans ce secteur proche des centres de fabrication rhénans et mosellans est un trait notable14, surtout en Moselle, avec 30 % des figurines de cette catégorie (8 % seulement en Haute‑Marne). La situation en Moselle est donc à comparer avec ce qui a été observé au Luxembourg (à Altrier entre 300 et 500 terres cuites mais seulement 6 originaires du Centre de la Gaule) ou en Belgique. Les caltes de diffusion présentées ici reflètent donc, pour les figurines blanches celtes, mais aussi pour les « non blanches » des importations ; si certaines pièces proviennent d’ateliers rhénans ou de la vallée de la Moselle, les centres de production des pièces les plus frustes, généralement classées comme « production locale », restent à découvrir15.

4Dans l’ensemble de ce bilan régional frappé par sa modicité numérique, beaucoup de sites explorés n’ont pas livré de figurines ; les sites qui en ont livré n’ont fourni qu’un nombre limité d’exemplaires puisque seul celui de Grand dépasse la dizaine de terres cuites découvertes. Pourtant ce secteur nord‑est de la Gaule devait à sa situation en arrière du limes rhénan un développement économique certain et un bon réseau de communications ; il était en effet traversé par l’axe Saône‑Moselle et par plusieurs voies majeures. De Langres partaient les grandes routes vers Trèves, Boulogne, Strasbourg ; les uici routiers étaient particulièrement nombreux et plusieurs centres de consommation représentaient une importante clientèle potentielle : les deux plus gros chefs lieux de ciuitas (Langres chez les Lingons et Metz chez les Médiomatriques), la capitale de la province de Gaule Belgique (Reims) et le camp légionnaire de Strasbourg. Or Metz et Langres sont les deux seules capitales de ciuitas à comporlter de réelles séries : hétérogènes à Metz, homogènes à Langres, tandis que la capitale provinciale, Reims, n’a livré pour l’instant que très peu de matériel, tout comme le camp légionnaire de Strasbourg.

3.14.2 La typologie des sites consommateurs

5Les trouvailles se répartissent de façon sensiblement égale entre les sites cultuels16, les nécropoles, les habitats. Les sites cultuels recensés ici sont soit des fana dont les substructions concentriques emboîtées ont été repérées (fanum des sommets vosgiens à Haegen, fanum de sorcy‑Saint‑Martin par ex.) soit des sanctuaires dont l’organisation architecturale n’est pas toujours bien connue, le terme de fanum étant utilisé de façon abusive (par ex. à Sarrebourg, sur le site du Marxberg, en dehors de l’agglomération). Enfin dans un certain nombre de cas les figurines ont été retrouvées dans un centre religieux, mais pas nécessairement dans le sanctuaire même (à Fouchères, à Grand par ex.). Certains de ces sites cultuels paraissent liés à un culte des eaux salutaires : à Haudiomont les figurines ont été exhumées aux Fontaines‑Saint‑Robert en association avec les offrandes monétaires, à Bourbonne‑les‑Bains on honorait Borvo le dieu des « eaux bouillonnantes » et sa parèdre Damona ; à Deneuve s’était développé le culte d’Hercule guérisseur17 ; enfin à Grand, Apollon Grannus attirait dans un des plus célèbres sanctuaires à incubation de toute la Gaule quantité de pèlerins, des plus modestes aux plus illustres18. Toutefois, en l’absence de source, le temple était vraisemblablement alimenté en eau salutaire par un réseau de puits et de canalisations en cours d’exploration. Bliesbruck est devenu célèbre depuis une dizaine d’années pour ses centaines de fosses et puits rituels ; si des thermes viennent d’y être mis au jour (en 1988) l’état actuel des recherches ne permet pas encore de parler d’un sanctuaire proprement dit. A Biesheim, c’est dans un mithraeum qu’à été retrouvée une terre cuite blanche ; à Fouchères19 enfin, à la limite de la ciuitas des Lingons, était érigé un sanctuaire « frontalier »20. Peut‑être peut‑on également rattacher au sanctuaire de Château‑Porcien sur le site de Nandin (agglomération antique d’un vingtaine d’ha) une statuette de déesse‑mère.

6Toutefois les figurines en te ne cuite font globalement piètre figure dans l’ensemble des offrandes votives : beaucoup de sites cultuels n’en ont livré aucune (sanctuaires des sources de la Marne, de l’Aube, du Valbonne ou encore d’Icouellauna à Metz‑sablon) ; leur nombre est toujours faible comparé à celui des offrandes métalliques (pièces de monnaies par centaines, voire par milliers, milliers de rouelles de plomb au fanum de Flavier‑Mouzon par exemple). Quant au répertoire des sujets, il ne correspond pas nécessairement à la divinité principale attestée dans le lieu de culte : un fragment de Vénus se retrouve dans le fanum de sorcy consacré à Mercure, aucune figurine en terre cuite d’Apollon dans la cité de pèlerinage à Apollon Grannus, aucune représentation semble‑t‑il d’Hercule à Deneuve où, en revanche, des Mercure de terre cuite ont été autrefois retrouvés ‑mais était‑ce bien sur le site du sanctuaire ? Ce répertoire est aussi en discordance avec celui des bronzes, des pierres sculptées, puisque Mercure, Jupiter, Mars, Hercule sont ici bien représentés21.

7Le matériel recensé provient également de plusieurs nécropoles : nécropole de campagne comme à Cutry (18 attestations), Walscheid, Sarraltroff mais plus souvent encore nécropoles de milieu urbain ou péri‑urbain : Reims, Strasbourg‑Koenigshoffen, Montigny‑les‑Metz, et à proximité de uici : Dieulouard, Scarponne, Le Herapel, Brumath, Château‑Porcien par exemple. Les animaux (en particulier les volatiles) et les animaux en forme de vases, les Risus dominent sur ce type de site où le panthéon n’est que peu représenté (rares exemplaires de Mercure, Vénus, déesse‑mère). Il apparaît nettement que quelques tombes seulement peuvent être considérées avec certitude comme des tombes d’enfants et que l’assimilation de ces terres cuites à des jouets n’est pas suffisante. Des lacunes à souligner : la grande nécropole de Metz n’a livré aucun mobilier de ce type, celle de Strasbourg‑Koenigshoffen fort peu.

8Une dizaine de sites d’habitat se partagent une vingtaine de figurines, autrement dit dans la plupart des cas un témoin unique a été découvert. Les terres cuites sont représentées sur toutes les catégories de sites d’habitat : dans les cités chefs‑lieux (Metz, Langres, Reims, Toul), au camp légionnaire de Strasbourg, mais surtout dans les agglomérations secondaires : Brumath, Ehl, Koenigshof‑ fen, sarre‑Union en Alsace, Bliesbruck, Tarquimpol, le Herapel, Florange, yutz, La Bure en Lorraine, Gourzon‑Le‑Châtelet en Haute‑Marne, peut‑être aussi Vireux‑Molhain dans les Ardennes. Dans certaines bourgades, il pourrait exister une corrélation avec les activités artisanales : l’une des figurines de Bliesbruck provient du quartier artisanal, une déesse‑mère du Herapel, d’un atelier. Deux chevaux attelés de Deneuve ont été découverts dans un dépotoir de potier. En milieu rural des terres cuites ont été répertoriées aussi bien dans des uillae de luxe (Roubling et uilla no 1 du domaine de saint Ulrich) que dans des uillae rusticae (uilla de Maugré à Carignan, uilla d’Urville à Courcelles‑Chaussy, uilla de Liffol‑le‑Grand).

9C’est sur ces sites d’habitat –peut‑être parce que le contexte n’est pas suffisamment connu– que le répertoire iconographique apparaît le plus diversifié : divinités féminines (Vénus, 1natres, Minerve) masculin (Apollon), couple, animaux. Et c’est également sur ces sites que la fonction même des terres cuites, qui n’est pas nécessairement univoque, apparaît la plus difficile à cerner. Une telle dispersion ne peut qu’inciter à ne pas limiter l’utilisation de ces statuettes à certaines couches sociales et ne pas assimiler trop rapidement statuettes de terre cuite et dévotion populaire.

3.14.3 La typologie iconographique

10Sur les 273 figurines inventoriées dont 183 blanches, la diversité des genres est grande puisqu’apparaissent 45 types identifiés avec certitude : 15 de dieux et déesses (8 divinités féminines et 7 divinités masculines), 7 de personnages, 6 de bustes, 8 d’animaux et 5 d’oiseaux, enfin 4 d’objets divers. Les productions en terre blanche et en terre non‑blanche sont le plus souvent mêlées, à l’exception de trois départements (Aube, Haute‑Marne et Vosges) dont les fouilles ont jusqu’alors livré essentiellement des figurines en terre blanche. Toutefois au niveau de la typologie, les différences semblent inexistantes, du moins au vu d’objets en médiocre état de conservation. Pour cette raison nous n’avons donc pas à distinguer les productions22.

11Les représentations des dieux et déesses sont logiquement les plus nombreuses et les plus intéressantes, car elles illustrent la typologie établie à partir des collections du musée des Antiquités nationales. Malheureusement beaucoup ne peuvent pas entrer dans cette classification, faute de description précise dans les textes anciens ou d’avoir eu accès aux objets.

12Sans considération de contexte les divinités féminines (Vénus, Nutrices, divinités protectrices) ont été le sujet de prédilection de la clientèle (32 % de l’ensemble) (fig. 81b). Bien que Vénus vienne en tête des sujets retenus, elle ne représente ici que 15 % de l’ensemble des types iconographiques. Vénus apparaît en effet dans les trois régions étudiées (Alsace, Lorraine et Champagne‑Ardenne)23. 6 figurines ont été recueillies dans des fana, 2 dans un habitat, 1 en nécropole. Sur les 42 Vénus, la typologie de 25 seulement, qui se répartissent à peu près également entre les trois types, est connue. 7 statuettes blanches présentent la déesse debout, nue, tenant de la main droite une mèche de cheveux, tandis que la main gauche s’étale sur une draperie passant sous le poignet (type 1). Grâce à l’étude précise de H. Veltet, nous pouvons rattacher une statuette du musée de Langres au groupe AG : la déesse porte une chevelure en bandeaux et les mèches suivent le mouvement des épaules : une seconde au groupe H : la mèche sinueuse descend sur l’épaule droite. La déesse24 apparaît également debout, nue, posant la main gauche sur la draperie alors que la droite tient une mèche de cheveux (type II). Elle ne figure sous un édicule qu’à Bliesbruck (fig. 82, 1), se pressant le sein droit de la main droite (groupe B). Trois édicules fragmentaires et vides (en provenance de Grand, d’Hochstatt, le troisième étant conservé au musée de Langres) sont à rapprocher des représentations de Vénus ; un couple original, formé de la déesse et du jeune dieu Eros (trouvé à Arcis‑sur‑Aube) complète cette série. Remarquons que le type de la Vénus à gaine est absent dans la région. Proches de Vénus dans la vénération que leur portaient les Gallo‑romains sont les divinités protectrices et les nutrices. Les premières25 proviennent de la Moselle, à l’exception d’une trouvée à Haegen (Bas‑Rhin) ; elles sont représentées assises, sans enfant (fig. 82, 2). Dans les régions étudiées, les déesses‑mères sont en nombre26. Elles ont connu une faveur comparable à celle dont a joui Vénus mais leur diffusion est beaucoup plus disparate27.

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FIG. 82 – Lorraine : 1 Vénus sous édicule (Bliesbrück) ; 2 Nutrix (Musée de Lorraine) ; 3 déesse assise à l’épi (Musée de Metz, no 3120,) ; 4 Abondance (Musée de Lorraine,).

1 cliché communiqué par J.‑P. Petit, 2 cliché M.‑O. Poncin, 3 cliché du musée, cliché M.‑O. Poncin

13Nous avons répertorié des nutrices allaitant deux bébés (type I)28 : l’une trouvée à Grand a des plis de robe « secs et rectilignes, verticaux pour la majorité » (groupe A), une autre conservée au musée de Langres a des jambes légèrement modelées et porte une robe dont les plis en forme de V sont emboîtés (groupe B). Deux déesses provenant de La Bure (Vosges) et Bliesbruck (Moselle) ont des plis de robe qui s’assouplissent et se disloquent pour s’imbriquer29. Des statuettes30 représentent une Nutrix allaitant un seul bébé au sein droit (type II) (fig. 82, 3). H. Vertet signale à Langres et au musée de Langres les types 1 et 4 de Pistillus. Les déesses trouvées à Grand et à Haudiomont sont à rattacher au groupe B. Enfin 3 déesses‑mères31, découvertes à Cocheren et Tarquimpol (Moselle), allaitent l’enfant au sein gauche (type III).

14Nous pouvons joindre à ces divinités de la fertilité et de la fécondité la déesse de l’Abondance32. Nos recherches limitées ne permettent pas d’affirmer qu’elle ait été moins vénérée dans l’Est, d’autant que le lieu précis de la trouvaille est connu seulement pour l’une d’elles : le fanum (hypothétique) de Sarrebourg‑Marxberg. La déesse, dans deux cas, est dite représentée debout (type 1). La figurine trouvée à Grand (fig. 82, 4) a la corne d’abondance placée à gauche du personnage (groupe B) ; celle de Sarrebourg‑Marxberg présente au contraire une corne figurée dans le bras de la divinité (groupe Ba). Ces trois groupes de divinités (Vénus, Nutrix, déesse de l’Abondance) constituent la série la plus importante. Rien de surprenant à cela, puisque les sites les mieux connus sont cultuels. Les figurines recueillies ont pu être des ex‑voto déposés par les pèlerins.

15Parmi les autres divinités féminines, citons Minerve33 qui apparaît deux fois dans un site d’habitat, à Bliesbruck et Rouhling en Moselle. Elle est représentée debout (type I) à Grand (Vosges), Pont‑sur‑Meuse (Meuse) et Bliesbruck ; assise, le bras appuyé sur un bouclier rond (type II groupe Ad) à Rouhling. Mentionnons avec beaucoup de prudence les anciennes identifications de Cybèle34. Deux statuettes, l’une en terre rouge provenant de Sarraltroff (Moselle), l’autre en terre ocre découverte à Hultehouse (Moselle) (fig. 85) ‑dans les deux cas il s’agit d’une nécropole– représentent en effet une déesse portant un chien dans les bras, type propre à l’espace mosello‑rhénan. Enfin un unique exemplaire d’Epona, mais fragmentaire, mis au jour dans un site d’habitat à la uilla de Saint‑Ulrich (Moselle), montre la déesse vêtue d’une tunique, assise sur le côté droit du cheval, tenant de la main droite une patère et dans le bras gauche une corne d’abondance.

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FIG. 85 – Moselle : déesse assise un petit chien dans le giron. On remarque un lourd collier orné de 3 boucles en relief et un pendentif rond sur la poitrine ; découverte dans la nécropole du Limmersberg à Hultehouse ; il manque toute la partie postérieure (H : 136 mm)

cliché musée du Pays de Strasbourg.

16Les divinités masculines, même si elles ne sont pas absentes, sont loin d’avoir connu la même faveur auprès du public. Ainsi Mercure, le grand dieu gaulois selon César et objet d’une très forte dévotion en Gaule de l’Est, principalement chez les Médiomatriques, se rencontre seulement 5 fois35 ; de plus pour la seule statuette de Koenigshoffen (Bas‑Rhin), le site est connu : un habitat. Nous ne pouvons donc pas formuler la moindre hypothèse. Le dieu est représenté debout et nu (type II), son caducée repose sur le bras (groupe A). A Langres la statuette est signée Pistillus.

17Jupiter36 debout (type II) apparaît à Grand et au musée de Bar‑le‑Duc (Meuse). Cette dernière représentation est intéressante, car le dieu porte sur l’épaule une roue et tire un petit personnage (groupe BD). Sucellus37 est signalé de façon sûre à Reims (Marne), Vulcain38, à Langres (Haute‑Marne) et Hercule39, à Bourbonne‑les‑Bains (Haute‑Marne) et au musée de Langres : nous n’avons pu retenir une figurine blanche trouvée à Deneuvre (Meurthe‑et‑Moselle)40. Reste Apollon dont la représentation en terre blanche n’apparaît jamais. Il faut peut‑être le reconnaître dans une figurine en terre beige rosé trouvée dans un laraire (?) à Fontoy (Moselle) (fig. 83, 2). Nous voyons donc combien les représentations figurées de divinités masculines sont en nombre infime : cela n’autorise aucune hypothèse relative à leur typologie et à leur répartition.

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FIG. 83 – Lorraine : 1 chien modelé de Chémery (Musée de Metz, no 13316,) ; 2 dieu au maillet et au bouclier de Fontoy (Musée de Metz, no 2011) ; 3 jambe provenant de la «uilla » 10 de Rouhling (Musée de Sarreguemines, no 6110) ; 4 autel peint trouvé à Metz (Musée de Metz, no 3124).

1 cliché du musée 3 cliché du musée 4 cliché du musée

18Notre corpus révèle la présence d’un grand nombre de personnages ou fragments de personnages. Mais cela est trompeur, car les têtes féminines, par exemple, recueillies ici ou là peuvent avoir appartenu ou à une déesse ou à un buste féminin. Par conséquent seuls les personnages archéologiquement complets peuvent être retenus. Nous avons ainsi 3 couples41 représentés debout (type 1) dont les personnages sont vêtus (groupe A) : le sexe est indéterminable pour deux d’entre eux (a) ; dans celui de Florange (Moselle) qui provient d’un site d’habitat, la femme est placée à droite de l’homme (b).

19Notre inventaire nous permet de signaler parmi les figurines en terre blanche 2 gladiateurs exposés au musée de Langres, 1 tireuse d’épine trouvée à Mézières (Ardennes) (pourquoi pas un tireur d’épine ?), 1 personnage tenant un globe surmonté d’une Victoire provenant de Vireux‑Molhain (Ardennes), 1 personnage faisant une offrande conservé au musée de Strasbourg et provenant d’une nécropole sise à Schaffhouse ou à Seltz (Bas‑Rhin). Il conviendrait d’y ajouter un cavalier à califourchon réalisé en terre rouge à englobe blanc, trouvé à Metz.

20Le seul personnage significatif par son nombre est le cucutlatus42. Le musée de Langres en conserve 12, hasard des découvertes ou fruit du travail d’H. Vertet qui a reconnu un exemplaire du type 1 de Pistillus et un du type 6. Malheureusement la typologie est connue pour un peu moins de la moitié des objets inventoriés. Le type II est le plus souvent représenté43 : l’enfant tient un objet dans la main gauche. Dans un cas il a le capuchon sur sa tête et porte une courte cape en plus du manteau (groupe Ab), dans trois autres le capuchon est rabattu dans le dos (groupe B) (fig. 84, 1). Une seule figurine se rattache au type III : l’enfant tient alors l’objet de la main droite. Une statuette trouvée en 1964, à Grand (Vosges), dans le cloaque traversant le théâtre est surprenante, car le personnage vêtu du cucullus (groupe B) est barbu. Il ne s’agit donc pas de la statuette traditionnelle figurant un enfant. Ses bras sont pendants, le droit étant plus haut que le gauche ; la main droite dont le pouce est écarté est à plat, tandis que les doigts de la main gauche sont recroquevillés44.

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Fig. 84 – Alsace : musée archéologique de Strasbourg : 1 Cucullatus appartenant au type IIB (no 49/455) a face, b revers : le personnage porte le capuchon rabattu dans le dos ; 2 soldat de haute époque (?) ; dimensions non communiquées (no 26881).

1 clichés MAS, 2 cliché du musée

21Parmi les bustes, seul l’enfant souriant appelé Risus mérite notre attention45, même si la nature du site est connue une seule fois avec certitude, un habitat à sane‑Union (Bas‑Rhin). A Cocheron (Moselle), à Langres et au musée de cette ville (Haute‑Marne), l’enfant est chauve (type I), le buste est nu et sans bras (type II groupe A). A Sarre‑Union le Risus porte des cheveux (type III) qui sont souples (groupe B).

22Les représentations d’animaux sont importantes par leur nombre46 et par leur variété, mais les animaux domestiques dominent. Les chevaux47 sont nombreux : debout et nus (type I) au Musée lonain de Nancy, ils ont une crinière à poils raides descendant sur l’encolure à la uilla de Saint‑Ulrich (groupe A), une crinière à poils souples descendant sur l’encolure à Scarponne (Meurthe‑et‑Moselle) (groupe C). La statuette de Montigny montre un cheval debout, bridé (type II) dont la crinière est à poils raides en brosse (groupe B). Nous avons relevé d’autres types en terre blanche qui n’apparaissent pas au musée des Antiquités nationales : un cheval au galop provenant de Scarponne48, deux attelages de chevaux bridés qui paraissent de facture différente (l’un venant de Fouchères dans l’Aube conservé au musée de Troyes et l’autre trouvé et conservé à Deneuvre en Meurthe‑et‑Moselle)49.

23Les chiens de garde assis (type I) (fig. 83, 1) ont tous été mis au jour dans des nécropoles50 : ceux qui proviennent de Koenigsmacker et Cocheron en Moselle, de stephansfeld dans le Bas‑Rhin sont en terre blanche. Leur répartition laisse supposer qu’ils avaient peut‑être la charge de veiller sur le défunt. S’y ajoutent des béliers51 dont deux proviennent d’une nécropole à Montigny‑les‑Metz et Cutry (Meurthe‑et‑Moselle). La figurine conservée au musée de Langres représente un bélier couché (type II). Nous ne devons pas oublier deux taureaux en terre blanche debout (type I) : l’un a été trouvé en site d’habitat à Cocheron, l’autre dans la nécropole de Cutry (l’animal est tricornu)52.

24Les animaux de la basse‑cour sont très nombreux53, leur mauvais état n’a guère permis d’analyser leur typologie. Nous avons reconnu des coqs54 : l’état de conservation d’une statuette trouvée à Scarponne permet de voir le coq dressé avec une queue en panache soulignée à la base (type I), laquelle est formée de plumes (groupe B)55. La répartition des poules56 n’est pas significative, puisque la provenance d’une seule volaille est connue, la nécropole de Folkling‑Hérapel (Moselle). Elles sont représentées avec une queue verticale presque carrée (type I) : la statuette de Hérapel a une queue ornée de deux bandes d’arêtes séparées par une bande lisse (groupe B), une de celles conservées au Musée lorrain de Nancy a une queue ornée de bandes d’arêtes (groupe C). A ces poules s’ajoutent les pigeons57 ayant une queue en forme d’éventail horizontal (type I), provenant des nécropoles de Koenigsmacker et Montigny en Moselle : dans cette dernière un pigeon a une queue nue (groupe A). Il ne faut pas oublier deux colombes en terre blanche à la queue longue et sinueuse (type II), l’une vient de la nécropole de Rettel, l’autre au collier incisé (groupe A) est conservée au musée de Langres. Il nous paraît intéressant de préciser que les figurines d’oiseaux réalisées en pâte de couleur ont été retrouvées en site d’habitat ou de nécropole et présentent la même typologie que leurs équivalents en pâte blanche, comme nous l’avons déjà signalé pour les autres types.

25Une dernière catégorie reste à mentionner, ce sont les animaux‑vases58 qui semblent illustrer une production locale. 9 ont été recueillis dans une nécropole, à Reims, Château‑Porcien (Ardennes), Cutry, à Morsbach et Waldscheid en Moselle, et Stephansfeld (Bas‑Rhin) et sur un site d’habitat à Toul (Meurthe‑et‑Moselle). Nous avons dénombré des celvidés : des cerfs‑vases59 à Ehl (Bas‑Rhin), Morsbach et Waldscheid, 1 biche‑vase de couleur non connue à Cutry ; 1 lion‑vase blanc à Toul ; 2 lièvres‑vases60 à Stephansfeld (fig. 86) et Château‑Porcien (Ardennes) ; enfin 4 singes‑vases de couleur rouge trouvés dans une nécropole à Reims.

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FIG. 86 – Alsace : musée archéologique de Strasbourg : vase en forme de lièvre couché, à l’œil en amande, trouvé dans la nécropole de Brumath Stephansfeld en 1940 (H : 85 mm, L : 85 mm, terre blanche)

cliché du musée

26Alors que, dans l’ensemble, la typologie de la plupart de ces figurines ne sort pas des sentiers battus, quelques‑unes méritent cependant une attention particulière : un petit autel, une jambe (fig. 83, 3), une divinité à l’enfant et des plaques circulaires ornées de pattes d’oiseau (pièces inédites).

27Le petit autel en argile blanche peinte61 provient de Metz même (fig. 83, 4) ; en bon état il appartient à une catégorie assez peu fournie62 mais qui semble se situer dans la deuxième moitié du ier s. La jambe chaussée d’une sandale, en terre cuite ocre, a été découverte dans une grande uilla de luxe du territoire médiomatrique ; nous ne lui connaissons pas de parallèle et elle est d’autant plus intéressante que la représentation de membres humains dans ce type de matériau semble être restée exceptionnelle. Mais cet objet qui pourrait être interprété· comme un ex‑voto n’a pas été retrouvé sur un site cultuel. La femme à l’enfant63, en revanche, provient du site du Marxberg de Sarrebourg dans lequel on a proposé de voir un sanctuaire pour y avoir retrouvé plusieurs figurines de divinités féminines (Vénus, déesse‑mère allaitant, divinité à la corne d’Abondance). Debout, peut‑être en marche, elle présente un enfant nu ; des rubans qui partent de ses épaules semblent former un nœud (nœud isiaque ?). C’est le type 419 de la collection du musée des Antiquités nationales qui représente une fabrication des ateliers de Cologne64. Les plaques circulaires ornées de pattes portent des trous : s’agit‑il de bases ou bien étaient‑elles destinées à être accrochées ?65. Bien que déjà publié, l’officier faisant le salut militaire66 (fig. 84, 2) représente lui aussi une pièce fort originale.

28Au terme de cette étude typologique des sites et de l’iconographie des figurines moulées, il ne semble guère possible d’établir une relation solide entre type de contexte et type de sujet, deux cas exceptés : Vénus / site cultuel, animaux / nécropoles. Les Nutrices se retrouvent quasiment à égalité dans les habitats et les fana. Il est vrai que, si la région concernée est vaste, la diffusion des terres cuites ne semble pas y avoir pris une grande importance, sauf chez les Lingons qui appartiennent à une aire culturelle sensiblement différente de celle des cités nord‑est ; les limites de cette étude ne permettent cependant pas de voir s’il s’agit là d’une caractéristique régionale signifiante.

3.14.4 Problèmes de diffusion

29Plus généralement, ces cartes de répartition laissent en suspens deux problèmes : celui de la chronologie, celui d’une géographie commerciale. Tributaires de fouilles récentes les éléments stratigraphiques de datation sont peu nombreux ; ils proviennent des fouilles de Montigny‑les‑Metz, de l’Usspann et surtout de Bliesbruck. Dans la nécropole de Montigny‑les‑Metz, figurines en terre blanche et en terre ocre étaient associées à un mobilier céramique du iie s. A l’Usspann (relais antique du col de Saverne) un fragment de Vénus a été retrouvé dans un contexte fin ier ‑première moitié du iie s. (c’est l’attestation stratigraphique la plus ancienne), 1 dans une fosse de 80‑110, 1 dans un contexte de la première moitié du iie s. et 4 dans des contextes de la fin iie ‑première moitié du iiie s., ce qui traduit vraisemblablement non pas seulement une utilisation mais aussi une production « tardive ». En se fondant sur des critères typologiques, la région fournit le légionnaire daté par J.‑J. Hatt de l’époque tibérienne ; le petit autel de Metz, la Minerve guerrière dateraient de la fin du ier s., ainsi que la Vénus se pressant le sein de Bliesbruck. Mais il faut rappeler que celle‑ci a pourtant été retrouvée dans une fosse cultuelle dont le comblement est archéologiquement daté de la fin du iie S.67. Ces quelques indications éparses apportent cependant des renseignements sur les époques initiale et finale de diffusion.

30Si Pistillus doit être placé à l’époque sévèrienne68, la présence de terres cuites sinon signées du moins du style de ce coroplathe s’inscrirait bien dans une période où la région du nord‑est a connu un dynamisme certain69. A Grand les figurines de ce style sont nombreuses, or plusieurs beaux échantillons de la statuaire, en particulier une tête de Géta de l’atelier de sculpture de Strasbourg ont été attribués à cette époque où l’empereur Caracalla aurait peut‑être même visité le sanctuaire70.

31L’approvisionnement et la distribution des sites consommateurs recensés obligent aussi à s’interroger : en effet les centres cultuels conséquents semblent achalandés en figurines blanches exclusivement (Haudiomont, Grand, Bliesbruck). Lorsque les lieux de production (Allier, Bourgogne) sont effectivement éloignés, les commerçants ont pu privilégier de tels sites dans leur réseau de distribution, assurés qu’ils étaient d’y trouver la clientèle régulière des pèlerins. Langres apparaît aussi, au carrefour des itinéraires routiers vers Trèves, Strasbourg, Besançon, Boulogne, comme un lieu d’importations venant de Gaule centrale beaucoup plus important que Metz, cependant grand carrefour. Or les sigillées des ateliers de Gaule méridionale et de Gaule centrale ont elles aussi beaucoup mieux pénétré chez les Lingons que chez les Médiomatriques. Concernant deux types de production céramique, cette disparité pourrait être un indice révélateur de circuits de vente. Les départements d’Alsace et de Moselle semblent seuls assez largement touchés par les produits des ateliers rhénans et mosellans.

32Complété, ce premier inventaire régional aidera à mieux connaître la diffusion des produits des coroplathes et les pratiques cultuelles de leurs clients. Il pourrait aussi se révéler riche d’enseignements pour étudier non pas produit par produit mais plus globalement la commercialisation de toute une gamme de céramiques gallo‑romaines, souvent fabriquées conjointement.

Bibliographie

Bibliographie

Nous ne reprenons ici que les ouvrages d’une certaine importance ou qui nous ont été utiles pour des comparaisons. Les références aux études plus ponctuelles sont mentionnées dans les notes. Les Informations archéologiques de Gallia ont été systématiquement dépouillées pour les trois régions concernées, ainsi que les principales revues régionales et locales : Bulletin de la Société archéologique champenoise, Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Langres, Cahiers lorrains, Cahiers d’archéologie, d’art et d’histoire d’Alsace, Le Pays lorrain, Bulletin de la Société philomatique vosgienne, Annales de la Société d’émulation d’Epinal, Revue historique ardennaise, Revue archéologique de l’Est...

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N.B.

Nous n’avons pas mentionné les études d’A. Blanchet et celles de M. Rouvier‑Jeanlin car elles figurent dans la bibliographie générale.

Notes de bas de page

1 Nous savons gré à F. Warin de nous avoir aidées dans ces dépouillements pour la région Champagne‑Ardenne.

2 Nous tenons à assurer de notre reconnaissance pour l’accueil qu’ils nous ont réservé ou les renseignements et les clichés qu’ils nous ont fournis Mmes et MM. Les conservateurs des musées d’Epinal, Metz, Mulhouse, Nancy (Musée lorrain), Sarrebourg, Sarreguemines.

3 Musée des Unterlinden à Colmar, Maison de l’Archéologie à Niederbronn‑les‑Bains.

4 Nous sommes redevables à X. Lafon des renseignements recueillis au musée archéologique de Strasbourg et nous l’en remercions vivement.

5 Un questionnaire envoyé par l’intermédiaire de la DRAH de Lorraine ne nous a malheureusement fourni qu’un petit nombre de réponses, très peu précises ; nous sommes d’autant plus reconnaissantes à J.‑P. Petit archéologue départemental des renseignements détaillés qu’il nous a communiqués sur du matériel inédit de Bliesbruck.

6 Ainsi, bien que le catalogue des figurines du musée de Langres réalisé par H. Vertet et M.‑T. Zeyer comporte 52 numéros, la provenance n’est assurée que dans 20 cas.

7 Bien que nous en possédions une description précise –mais sans illustration– nous avons éliminé de cette recension 443 figurines en terre blanche qui avaient été acquises par la Société philomatique vosgienne et la ville de Saint‑Dié en 1886. En effet elle ne provenaient pas de fouilles locales mais avaient appartenu à la collection de Louis Esmonnot (fouilles de Toulon‑sur‑Allier, Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre et Vichy principalement). L’autre partie de cette collection se trouve, on le sait, au musée des Antiquités nationales (cf. M. Rouvier‑Jeanlin p. 37). Malheureusement ces figurines ont toutes été détruites lors de l’incendie du musée de Saint‑Dié en 1944.

8 Du type « divinité féminine ».

9 Comme « statuette en terre rougeâtre représentant Mercure » sur le site de Deneuve : cf. M. Toussaint, Répertoire archéologique du département de Meurthe‑et‑Moselle, Nancy, 1947 p. 85. Toutefois, de telles mentions n’ont pas été négligées pour essayer de comprendre les rapports entre les sites et la typologie iconographique.

10 Un certain nombre de différences structurelles entre deux cités gallo‑romaines de Lorraine ont cependant déjà été soulignées ; voir BURNAND (Y.). — Les Deux peuples antiques de la Lorraine actuelle : similitudes et dissemblances. Annales de l’Est, 35, 1983, p. 3‑19.

11 En provenance de la Tombelle d’Aulnay (Aube) cette découverte est présentée par Julien Gréau (Rapport sur les fouilles de la tombelle d’Aulnay. Mémoires de la Société académique d’agriculture, des sciences arts et belles‑lettres du département de l’Aube, XXXVIII, 1873, p. 239‑264). Les lettres sont tracées en creux d’une écriture ferme mais les deux S, le C et surtout le V diffèrent sensiblement de la signature no 395 de l’ouvrage de M. Rouvier‑Jeanlin. Dans le supplément à son Etude sur les figurines de la Gaule romaine, A. Blanchet mentionne (p. 267), conservées au Musée lorrain à Nancy « seize figurines blanches, trouvées à Vichy, dont une signée Pestika ». Ces figurines ont disparu.

12 Cf. Schauerte 1985, no 783 : mère assise (v. post.) un bébé dans le giron, une fleur dans la main gauche, un rameau dans la droite ; datée du iie‑début iiie s.

13 Trois exemplaires retrouvés l’un à Strasbourg, les autres à Hultehouse et à Sarraltroff en Moselle. Mais, dans les deux derniers cas, nous serions tentées d’identifier l’animal plutôt avec un chien et de retrouver ici la déesse au chien assise dans un fauteuil d’osier présente en Rhénanie et sur certains sites de Belgique comme Liberchies (cf. infra fig. 102).

14 On constate une grande variété dans les couleurs des pâtes : brique, jaune, grise, avec ou sans engobe.

15 La similitude des répertoires iconographiques, quelle que soit en général la couleur de la pâte incite évidemment à envisager des procédés de surmoulage des figurines en terre blanche.

16 Cette appellation englobe non seulement les sanctuaires (dont, en l’absence de vestiges de fondations l’existence n’est souvent posée qu’à partir de la présence de figurines) mais aussi les puits et fosses de Bliesbruck, attestation d’un type de rituel qui reste à découvrir.

17 Il est intéressant de noter qu’à Bourbonne‑les‑Bains on a précisément retrouvé une statuette d’Hercule.

18 Il aurait été visité par Caracalla et un siècle plus tard Constantin y aurait eu une vision d’Apollon.

19 Canton de Bar‑sur‑Aube, importantes substructions gallo‑romaines ; malheureusement le site exact de la découverte de deux chevaux attelés et bridés en terre blanche n’est pas connu.

20 Drioux (G.) : Equaranda. Revue des Etudes Anciennes, 1929, p. 358.

21 Le fait a été plusieurs fois souligné par H. Vertet ; cf. par exemple : VERTET (H.). — Recherches sur les traumatismes historiques de la conquête de la Gaule et de la romanisation. In : Vile Rencontres internationales d’archéologie et d’histoire d’Antibes, 1987, p. 319‑339 ; VERTET (H.). — Recherches sur le sens des figurines en terre blanche du centre de la Gaule. In : Le Monde des images en Gaule et dans les provinces voisines. Caesarodunum XXIII, 1988 p. 229‑242.

22 Mais les cucullati et les chevaux sont exclusivement en terre blanche, les Vénus, largement majoritaires dans ce matériau ; pour les autres animaux les deux catégories s’équilibrent.

23 35 Vénus blanches et 7 non blanches.

24 7 blanches et 1 à engobe blanc.

25 6 blanches et 1 ocre.

26 22 blanches et 10 non blanches.

27 Les unes ont été dégagées dans un site d’habitat (Cocheren, Sarrebourg et Yutz en Moselle, La Bure dans les Vosges et Montcy‑Saint‑Pierre dans les Ardennes) ou dans un quartier artisanal (Bliesbruck en Moselle), d’autres dans un fanum (Villeneuve‑au‑Châtelot dans l’Aube, Haudiomont dans la Meuse et Sarrebourg en Moselle), une seule dans une nécropole (Dabo en Moselle).

28 4 blanches et 1 ocre.

29 A La Bure le tressage de l’osier du fauteuil est à bords enroulés et dossier partagé en trois par deux bandes horizontales à chevrons.

30 3 blanches et 1 de couleur non connue.

31 2 blanches et 1 blanc gris.

32 3 blanches et 1 de couleur non connue.

33 4 blanches, 1 rosée, 1 jaunâtre.

34 Nous n’avons pas inclus dans notre inventaire 2 figurines blanches aujourd’hui perdues, trouvées à Géromont, mentionnées par F. Liénard et par ses successeurs en Meuse, car le site est en Belgique.

35 3 blanches, 1 jaunâtre et 1 de couleur non connue.

36 2 blanches.

37 1 blanche et 1 beige rosé.

38 1 blanche.

39 2 blanches.

40 Cette pièce a été trouvée au cours des fouilles programmées de 1978‑79 effectuées au Premier Silorit ; elle est conservée actuellement dans le musée de cette localité. Reconstituée à partir de 5 fragments, elle se réduit au bassin et aux membres inférieurs cassés au niveau de la cheville. Les inventeurs proposent d’y reconnaître Hercule et Bacchus enfant. Mais vu l’état de la figurine ce n’est qu’une hypothèse ; la présence de la partie inférieure d’un vêtement et la pose peuvent aussi inciter à y voir une Vénus.

41 2 blanches et 1 rosée.

42 14 blanches et 1 de couleur non connue.

43 4 à Langres et 1 à Grand.

44 Musée d’Epinal n° 4150.

45 9 blanches, 2 rouges, 1 orange, 1 claire et 1 de couleur non connue.

46 41 blanches et 38 non blanches. Sont comptabilisés les animaux‑vases.

47 14 blanches, 1 grise et 1 de couleur non connue.

48 Musée lorrain de Nancy CG 2606. Un tel type de représentation semble peu répandu.

49 Musée de Deneuve : les chevaux sont en très mauvais état, ils semblent appartenir au type II groupe B. Le harnais est composé d’une seule muserolle et d’une sorte de collier passant au niveau de l’encolure.

50 3 blanches et 1 grisâtre. Nous ignorons malheureusement la couleur des 9 chiens trouvés à Cutry.

51 2 blanches et 1 de couleur non connue.

52 L’animal a « les yeux cernés d’un trait creux en forme d’amande en relief. Il porte une sorte de ceinture entourant le ventre ».

53 17 blanches et 15 non blanches.

54 6 blanches, 1 grise et 4 de couleur non connue.

55 Signalons une particularité technique d’un coq en terre cuite découvert à Thin‑le‑Moutier (Ardennes) : les yeux et le bec étaient en verre bleu (un autre animal avait lui les yeux et la gueule en verre bleu). Mais cette figurine est perdue et seulement connue par une mention bibliographique ; cf. M. Toussaint, Répert. arch. des Ardennes, p. 40. Un sifflet en terre cuite rouge, du même site tout comme le « coucou » d’Argonne, entre dans la catégorie des « oiseaux sans pattes » du musée des Antiquités nationales nos 1232 à 1235).

56 5 blanches et 1 beige rosé, 2 de couleur non connue.

57 3 blanches et 1 ocre.

58 3 blanches, 4 rouges, 1 grisâtre, 1 avec un engobe gris cendré, 1 avec un engobe verdâtre et 1 de couleur non connue.

59 1 blanche, 1 blanche à engobe verdâtre et 1 grisâtre à engobe rosé.

60 1 blanche et 1 à engobe gris cendré.

61 Musée de Metz no 3124. Il comporte un décor en relief de guirlandes et des losanges peints en brun. Il semble comparable à un monument du même type trouvé à Chalon‑sur‑Saône (fouilles de la Citadelle).

62 C’est en effet simplement un petit fragment qui a été retrouvé en Suisse.

63 Musées de Metz no 3121.

64 Cf. Schauerte 1985, no 829 : type 0.7.1.1.18 autres exemplaires ont été retrouvés. Le site d’origine n’est pas toujours connu, mais 5 au moins proviennent de la cité des Trévires.

65 Elles sont comparables aux nos 1229 et 1230 du musée de l’Inventaire de M. Rouvier‑Jeanlin mais en terre ocre.

66 Musée archéologique de Strasbourg no 26861.

67 PETIT (I.‑P.). ‑Puits et fosses rituels en Gaule d’après l’exemple de Bliesbruck. vol. 1, p. 36.

68 Voir ici même les contributions d’H. Lange et d’A. Rebourg (§ 1.6 et 2.3).

69 Marqué par l’importance des inscriptions et de la statuaire par exemple.

70 Bien qu’il n’ait pas été répertorié car il n’entre pas dans la catégorie des figurines moulées nous présentons, dans l’illustration, un petit chien façonné à la main, en terre ocre, retrouvé sur le site de l’atelier de Chémery (Moselle) lors des fouilles de 1934‑36 (Musée de Metz no 13316).


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