1.23 La Chapelle-des-Fougeretz (Ille-et-Vilaine)
Atelier (?)
p. 83-84
Texte intégral
1Il s’agit d’une découverte de statuettes le long du ruisseau Moulin-Neuf dans la commune de La Chapelle-des-Fougeretz (Ille-et-Vilaine), située à 11 km au nord-ouest de Rennes.
1.23.1 Circonstances de la découverte
2Une couche de graviers a été bouleversée, en 1979, lors de travaux de rectification du tracé du ruisseau. C’est dans un déblai, long de 6 m et orienté parallèlement au cours d’eau, que des prospecteurs du Centre archéologique du pays de Rennes (A. Provo st) ont recueilli, entre 1979 et 1983, près de 400 fragments de statuettes. Il n’est pas impossible que le ruisseau ait été le dépotoir principal d’un atelier de céramique dont les structures n’ont pu être encore localisées. Si aucun moule n’était associé aux statuettes, un fragment de moule de déesse-mère a été recueilli au-dessus d’une fosse elle-même liée à un fanm, identifié à 100 m au sud du déblai. Pour l’heure, seule l’étude des pâtes a permis de distinguer les figurines de La Chapelle-des-Fougeretz de celles qui proviennent de tous les autres centres de production caractérisés jusqu’alors, qu’ils soient localisés ou non.
3Il est probable que l’atelier d’où provient la majeure partie des statuettes de La Chapelle-des-Fougeretz a eu une activité contemporaine, ou sinon proche dans le temps, de celles de l’atelier de Rextugenos et de l’atelier de la rue Saint-Louis à Rennes. On note en effet la présence de pièces produites sur les deux autres sites artisanaux armoricains. D’autre part, une colombe dont la pâte présente une composition chimique proche de celle du groupe de La Chapelle-des-Fougeretz a été découverte rue Saint-Louis. Il est donc probable que ce groupe a été produit au IIe s. et peut-être même dans la seconde moitié du siècle.
4Une analyse par activation neutronique des figurines a été réalisée, sous l’égide du Laboratoire de recherche des musées de France (c. Lahanier, J.-M. Malfoy), à l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Elle a démontré que ce groupe se dissociait chimiquement de celui des Vénus à gaine signées Rextugenos et de celui de Rennes, en se fondant sur une analyse factorielle conduite sur un nombre restreint d’éléments choisis à partir des diagrammes des concentrations moyennes de chaque atelier (arsenic, baryum, césium, tallium et ytterbium).
1.23.2 Définition générale des figurines
5Toutes les statuettes sont fragmentées et de mauvaise qualité. La pâte, souvent friable sinon savonneuse, est fréquemment craquelée. Sa couleur varie du rouge brique au gris foncé. Tout comme dans l’atelier de Rennes, il s’agit d’une production obtenue par surmoulage, celui-ci entraînant un affaiblissement des détails. D’autre part, on constate la coexistence de formes classiques et de modèles produits à partir des statuettes de Rextugenos. Le répertoire classique comprend des Vénus anadyomènes, des Vénus sous édicule, des déesses-mères et des bustes. Les Vénus à gaine et les déesses-protectrices, figurines du type de Rextugenos, ne composent, tout comme dans l’atelier de Rennes, que 38 % du lot. Il n’est pas improbable que des statuettes aient pu être fabriquées à partir de moules issus de la rue Saint-Louis. Cependant, aucune Vénus à gaine du groupe ne présente un décor semblable à celui d’une figurine de Rennes. Les estampilles recensées (6) sont toutes intra-décoratives et en relief. 5 fragments de Vénus à gaine portent le timbre de Rextugenos : sur 4 d’entre eux la signature est disposée le long de la jambe et sur le dernier, elle est disposée sous les seins de la déesse. Un fragment de Vénus anadyomène porte dans les plis du vêtement le timbre de Melus.
1.23.3 La fabrication
6Un seul moule, celui d’une déesse-mère, a été recueilli. Dans la mesure où il n’était pas associé aux statuettes, ayant été découvert à proximité du fanum, une analyse de la composition de sa pâte sera nécessaire pour l’attribuer à ce groupe.
1.23.4 Les potiers
7Il est probable que ni Rextugenos ni Melus n’ont travaillé dans l’atelier ayant produit ce groupe. Les potiers demeurent donc pour l’heure inconnus. L’étude des figurines a montré que ceux-ci ont eu des contacts avec l’atelier de Rennes. Impossible cependant d’affirmer qu’ils en viennent, bien que leur répertoire soit presque similaire.
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
Joubeaux et al. 1988.
Sanquer 1981 : SANQUER (R.). - Informations archéologiques. Gallia, 39, fasc. 2,1981, p. 299-302.
Sanquer 1983 : SANQUER (R.). - Informations archéologiques. Gallia, 41, fasc. 2, 1983, p. 273-275.
Auteurs
-
François Fichet de Clairfontaine
Conservateur du Patrimoine, service régional de l’Archéologie de Basse-Normandie
-
Hervé Joubeaux
Conservateur du musée d’Etampes
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