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Les figurines en terre cuite gallo-romaines

 | 
Colette Bémont
, 
Micheline Jeanlin
, 
Christian Lahanier

Chapitre 1. Les ateliers

1.17 Vallée de la Saône (Saône‑et‑Loire)

Groupe de production

Hugues Vertet

Texte intégral

1COLLECTIONS PRINCIPALES
Dépôt de fouilles de Chalon-sur-Saône.
Musée de la Verrerie, Le Creusot.

2RESPONSABLES DES COLLECTIONS
Les conservateurs de ces deux musées.

1.17.1 Circonstances de la découverte

3L’hypothèse d’un groupe spécifique provenant d’un atelier local s’est présentée, il y a une dizaine d’années, lors de l’étude que nous avons faite des figurines découvertes dans deux nécropoles de Chalon‑sur‑Saône : Le Petit Creusot et La Citadelle.

4L’origine des figurines de La Citadelle est bien connue par les rapports du fouilleur, M. Augros. Il n’en est pas de même des figurines déposées au musée de la Verrerie, au Creusot. Les collections qui y sont parvenues comportaient, selon les rapports, le produit de découvertes faites lors de l’installation d’une usine Schneider au lieu‑dit Le Petit Creusot, à Chalon‑sur‑Saône. Malheureusement, les origines précises des objets n’ont pas été notées. La collection conserve un lot important de vases, surtout des urnes cinéraires pour ce que j’en ai vu, et un ensemble de figurines originaires de ce site. Mais elle contient aussi des objets de l’époque gréco‑romaine d’autre provenance.

1.17.2 La datation

5Il est certain que les deux nécropoles sont de la même époque, c’est‑à‑dire du ier s. de n.è. En effet, les Vénus sont du type commun de cette période, de même que les oscilla qui portent des bustes en fort relief, au contraire des oscilla de Pistillus, par exemple. D’autre part, sur les visages, les gouttières nasales sont fortement marquées (ex. oscillum no 1) ; on y voit aussi des torques, qui disparaissent au iie s. Par ailleurs, les édicules à trois cornes sont en nombre double des édicules à fronton triangulaire et les nourrices font défaut. En revanche, on note la présence de figurines « de type italique », à pâte rose engobée de blanc, dont il arrive que le dos ne soit pas décoré. Enfin, on a trouvé aussi un nombre notable de figurines à glaçure plombifère, dont la fabrication ne dépasse pas Trajan, dans le centre de la Gaule. Enfin, la vaisselle des tombes ‑dont je ne suis pas chargé ‑me semble correspondre en grande partie au ier s. Dernier argument ; le rite de l’incinération paraît prédominant. La fragmentation des objets a pu être produite par les flammes du bûcher, mais elle pourrait aussi être intentionnelle sur des objets qui ne portent aucune trace de feu (ex. oscillum sur pied no 4).

6Dans ces deux nécropoles, plusieurs types, plusieurs caractéristiques stylistiques, plusieurs aspects de la matière m’ont paru différents de ce que j’avais eu l’occasion d’étudier, en faisant des fouilles d’ateliers ou des catalogues. Aussi l’existence d’un groupe original m’a‑t‑ elle paru possible.

1.17.3 Existence d’un atelier local

7Quatre raisons nous incitent, dans l’état actuel de nos connaissances, à supposer une petite fabrication locale. En premier lieu, il existe ici des sujets méditerranéens, peu représentés en Gaule, sauf dans le Bassin rhodanien, produits avec la technique qui caractérise la première vague d’influence méditerranéenne et qu’on ne retrouve pas dans les fabriques du centre de la Gaule. Mais il existe aussi des sujets arvernes qui paraissent surmoulés et retouchés et même quelques sujets actuellement originaux. Enfin, on relève dans ces ensembles des argiles en apparence différentes et peu répandues, non normalisées. C’est pourquoi nous avons supposé l’existence d’une fabrique du ier s., placée au confluent des influences sud et centre de la Gaule.

8Assurément, seules des analyses physico‑chimiques pourraient faire la part des sujets apportés d’ateliers connus et confirmer l’existence d’éventuels ateliers locaux. On en a peut‑être fait au Laboratoire des musées de France, mais je n’ai pas eu connaissance des résultats.

1.17.4 Définition archéologique des figurines

Aspect extérieur

9Couleur des argiles : blanche (bustes 1, 2, 3, 4, 7, 8, 9, 15) ; blanche, surface devenue rose‑noire (17, 18, 19, 20, cucullatus 3, 4, 6, 7...) ; très blanche (bustes 10f, 11f, 12f, 16, 14f, 23f ; cucullatus 2) ; grise, probablement jaune pâle à l’origine, peut‑être avec des traces d’engobe blanc (couple avec enfant, dos lisse...) ; grise à surface blanc‑noir (Vénus 13...) ; grise en surface, rose à l’intérieur, engobe blanc (buste 23) ; rose engobée de blanc (bustes 27, 26, 25 ; groupe de personnages 1 ; Vénus 5...) ; rougeâtre (oscilllum 16...) ; ocre (coq 2) ; devenue noire à l’extérieur et à l’intérieur (feu ?) (Vénus 10, 11, 11a, 11b...).

10Lissage : il arrive assez souvent (8 fois sur 13) que la surface de l’argile soit lissée comme celle des figurines de Saint‑Bonnet (Yzeure) (Vénus 2, 7 [sur la cuisse, non sur la draperie], 8, 11, 11a, 11b, 12, 13 ; oscilla 1, 3, 8...).

11Peinture : il y a des traces de peinture sur la terre blanche de plusieurs figurines (Vénus 3 [chevelure], 6 [pieds probablement ocre]... ; oscilla 1, 2, 3, 6, 7, 8...).

12Retouches : on observe un renforcement de détails (Vénus 7 [plis draperie] ; oscilla : chevelure 2, 8, 10, 10a, 13...).

Répertoire iconographique (tabl. ii)

TABL. Il – Vallée de la Saône : répertoire iconographique.

13Les copies de productions méditerranéennes se présentent sous la forme de sujets au modelé très affaibli par les surmoulages. En voici les deux types les plus nets : le couple avec enfant, dont la pâte, rose ou jaune, est engobée de blanc, avec des traces de peintures géométriques sur le visage ; le dos de la figurine est lisse et percé d’un gros trou, ce qui ne se rencontre point dans les séries gallo‑romaines, mais sur les sujets des provinces méditerranéennes ; un lit sur lequel est allongé un personnage et dont le soubassement porte une frise très empâtée, dont le sens reste obscur (objet analogue à Salzbourg). La terre en est blanc‑rosé et la surface, blanche. Ces sujets, le trou d’évent, la terre rougeâtre engobée de blanc, n’ont pas encore été retrouvés, à ma connaissance, dans les fouilles des ateliers de la vallée de l’Arroux, de la Loire, de l’Allier ni de leurs affluents. Ont‑ils été apportés d’ateliers situés plus au sud que Chalon ? La vallée de la Saône prolonge celle du Rhône, et le pott antique du Petit Creusot a une importance toute particulière dans le courant commercial qui monte de la Méditerranée vers l’est de la Gaule. Donc on pourrait supposer que des originaux sont arrivés par cette voie.

14Les sujets gaulois retouchés sont caractérisés par des détails indigènes, par exemple un torque autour du cou, et représentés par des sujets communs dans les répertoires du centre de la Gaule. Mais comme dans le cas des sujets italiques, une partie de ces figurines ont été reproduites à partir de modèles déjà. effacés qui ont été retouchés : par exemple le torque a ’été transformé en collier ; sur des mèches de cheveux, de petits cercles juxtaposés ont été imprimés.

15Parmi les sujets notables, signalons un type de médaillon avec buste dans une niche (coquille ?), et les deux adultes avec enfant, le lit avec personnage, un personnage les bras levés, mains réunies au‑dessus de la tête... Une évolution du répertoire est marquée, par exemple, par le passage du torque au collier et par la modification de la chevelure par impression de cercles.

Bibliographie

Bibliographie

Déchelette 1913 : DÉCHELETTE (J.). — La Collection Mollion. Antiquités préhistoriques et gallo‑romaines, Paris 1913, p. 184‑188.

Déchelette 1927 : DÉCHELETTE (J.).— Manuel d’archéologie, 1927, V, p. 899, fig. 62.

Table des illustrations

Légende TABL. Il – Vallée de la Saône : répertoire iconographique.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37830/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 67k

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