1COLLECTIONS PRINCIPALES ET LIEUX DE CONSERVATION
Musée des Antiquités nationales.
Musée Saint‑Nazaire à Bourbon‑Lancy.
Société d'émulation de Bourbon‑Lancy (trouvailles anciennes).
Société d'émulation du Bourbonnais.
Service régional de l'Archéologie de Bourgogne.

2RESPONSABLES DU SITE
Directeur des fouilles : J.‑C. Notet.
Service régional de l'Archéologie de Bourgogne.

3Les nombreux archétypes et moules ayant servi à la fabrication de figurines en terre cuite et qui permettent d’envisager l’existence d’un atelier ont été trouvés sur la commune de Bourbon‑Lancy (Saône‑et‑Loire), arrondissement de Charolles, canton de Bourbon‑Lancy, au lieu‑dit Le Breuil, à une altitude de 226 m.

1.13.1 Circonstances de la découverte

4C’est en 1984 que des travaux de terrassement entrepris pour l’aménagement d’un plan d’eau municipal permirent la découverte de substructions ainsi que d’un important matériel composé de moules et de figurines en terre cuite blanche d’époque gallo‑romaine. Ces vestiges motivèrent l’ouverture en urgence d’une fouille de sauvetage qui se déroula de juillet à novembre 1986.

5Bien que les substructions retrouvées correspondent à celles de bâtiments d’habitation, les nouvelles découvertes en fouille de moules, de prototypes et surtout d’archétypes, permettent de mieux accréditer encore l’hypothèse de l’existence sur place d’un atelier de fabrication de figurines. Cependant, les structures de l’atelier, ainsi que sa situation exacte, restent à déterminer. Aussitôt la fouille terminée, le site a été recouvert d’eau.

1.13.2 Contexte historico‑géographique

6La bourgade à laquelle appartient l’atelier est située en Gaule lyonnaise, dans la cité des Eduens et la table de Peutinger fait mention d’un établissement thermal appelé Aquae Boruonis qui pourrait être l’actuel Bourbon‑Lancy ; sa prospérité était liée à l’exploitation des eaux thermales.

7Plusieurs voies de communication terrestres ont été repérées : une conduisant à Autun, une autre se dirigeant vers Saint‑Seine ou Toulon‑sur‑Arroux et une troisième longeant la Loire. Cette dernière jouait probablement un rôle important pour la diffusion des produits de l’atelier.

8La période d’activité de l’atelier, comprise entre 50 ap. et 150 ap. J.‑C. environ, peut être cernée grâce aux moules et figurines trouvés en stratigraphie, associés à de la céramique et à du mobilier métallique datés : les sites consommateurs (nécropoles suisses et allemandes en particulier) permettent de confirmer et d’affiner cette chronologie.

1.13.3 Activité céramique

9Les débuts de l’activité de l’atelier semblent remonter aux environs de 50 ap. J.‑C. La fabrication de vases à vernis plombifère zoomorphes est attestée, à côté de celles des figurines, qui constituaient visiblement la part essentielle de la production.

10Des liens étroits ont été établis avec l’atelier de Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre et il est difficile de déterminer lequel des deux ateliers jouait le rôle de métropole. Cependant, la présence de nombreux archétypes à Bourbon‑Lancy qui était une ville plus importante que Saint‑Pourçain dans l’Antiquité, permet d’envisager, soit l’importance égale des deux ateliers, soit la prééminence de Bourbon‑Lancy. Des analyses ont été effectuées par le Laboratoire de recherche des musées de France (Lahanier 1990 : 117‑131).

1.13.4 Définition archéologique des figurines

11La pâte est blanche, avec des nuances variées et des consistances diverses (tendre à dure). Les figurines ne portent pas de signature. Le trou d’évent rond, d’un diamètre de 0,5 cm maximum, se situe le plus souvent dans le dos des personnages et en dessous des animaux.

12Le répertoire iconographique comprend des divinités : Vénus en majorité (fig. 15) (Vénus anadyomènes, Vénus à gaine, Vénus pour édicule, Vénus avec aigle ?), Minerve (relativement nombreuses), un exemplaire d’Epona et un de Mercure, mais aucune déesse‑mère ; des personnages : personnages debout (fig. 15, 6) ou assis (soldats, tireurs d’épine, couples, cucullati, grotesques) et bustes, féminins en majorité (fig. 14) ; des animaux : chiens, chevaux, taureaux, lézard, oiseaux divers (fig. 16) (paons, poules, coqs, aigles, indéterminés) et vases zoomorphes (biches, cerfs, lions) ; des fruits : pomme ou grenade ; et des œufs.

13Le répertoire a évolué au cours du temps et on peut mettre en évidence deux types de changements, l’un technique et l’autre stylistique. Le changement technique se traduit par une diminution du nombre des éléments de moules utilisés : par exemple, les bras et les jambes ne sont plus moulés à part. Des évolutions stylistiques apparaissent : vers 50, les yeux sont exorbités, en forme d’amande cernée d’un trait creux, avec une pupille centrale concave ; ils cesseront par la suite, au cours du ii^e s., d’être exorbités et le trait creux sera remplacé par des paupières en forme de bourrelet. Chez les Vénus, cette évolution est illustrée par le passage du type 1 au type 2, qui correspond donc, dans la majorité des cas, à une différence chronologique.

14Plusieurs traitements des détails semblent spécifiques de l’atelier de Bourbon‑Lancy, tel celui des anglaises des Vénus qui diffèrent de celles des ateliers du Centre (type 1 [fig. 15, 1] de Bourbon‑Lancy), ou encore celui de la Vénus type 9 qui porte un collier et présente une coiffure particulière. Celtains types sont propres à cet atelier : Vénus (types 15 et 16 de Bourbon), Minerve (type 3 de Bourbon), Epona, chevaux (type 1 de Bourbon peut‑être et type 2 très certainement) et oiseaux (archétypes). De rares traces de peinture subsistent sur quelques figurines.

1.13.5 La fabrication

15Le site a livré des archétypes, des prototypes (Vénus type 1 par exemple) et des moules. Quelques moules portent au revers des signatures directes, en creux, réalisées avant cuisson, en capitales ou en cursives, parfois réduites à une seule lettre. La fouille n’a révélé aucun four, mais plusieurs ont été reconnus lors de fouilles ou de terrassements pratiqués depuis la fin du xix^e s.

1.13.6 Les potiers

16Plusieurs potiers sont identifiés par leur signature : piso, priscvs ?, sextvs, ant[- - -], également connus à Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre ; bodva, gen... et tirbirv connus seulement à Bourbon. Des migrations de certains potiers apparaissent avec plus ou moins de certitude : c’est le cas de Piso, Priscus et sextus. En outre, les analyses indiquent qu’un moule signé qvqvi trouvé à Saint‑Pourçain, a été fabriqué avec une terre de Bourbon. Par ailleurs (Rouvier‑Jeanlin 1972 : n^o 391 ; Lahanier 1990 : 123), on trouve les mêmes types de moules et de signatures dans ces deux ateliers.

1.13.7 La diffusion

17L’aire de diffusion s’étend en gros de la Bourgogne (Saône‑et‑Loire) à l’Autriche, en passant par la suisse (Riddes, Berne) Salzbourg, et l’Allemagne (Worms). L’essentiel des découvertes provient de nécropoles.