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Les figurines en terre cuite gallo-romaines

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Colette Bémont
, 
Micheline Jeanlin
, 
Christian Lahanier

Chapitre 1. Les ateliers

1.12 Coulanges / Mortillon (Allier)

Centre de production

Hugues Vertet

Texte intégral

1LIEU DE CONSERVATION
Dépôt de fouilles d'Yzeure.

2RESPONSABLE DU SITE
Service régional de l'Archéologie d'Auvergne.

3Le site est dans la commune de Coulanges, (Allier), canton de Chevagnes, près du château de Mortillon, au lieu‑dit La Fotine ; nous l’avons appelé « Mortillon » ; l’altitude moyenne est de 269 m. La fabrique a été installée sur les terrasses inférieures de l’Allier, non inondables, au bas des collines qui bordent la Loire, sur des sables et des cailloutis pulvérisés, avec des poches argileuses. Ce sont les bords de la Sologne bourbonnaise.

1.12.1 Circonstances de la découverte

4Une partie de l’atelier a été détruite par le creusement du canal latéral à la Loire. Les découvertes n’ont pas alors été signalées mais, lorsque celui‑ci a été vidé, des morceaux de vases antiques ont été trouvés dans le fond. Les membres de la société d’émulation ont localisé un atelier de jattes en terre blanche (pehtes, estampillées sur la lèvre en 1886. Nous avons repris des fouilles en 1964, à la suite de prospections, puis de découvertes fortuites du propriétaire du terrain, H. Villette.

5Des prospections archéomagnétiques effectuées par l’Institut de physique du globe ont situé de nombreux fours. Nous les avons fouillés ainsi qu’une cabane de potiers. Nous avons repéré près de la Loire un hangar, et des piles de jattes entières ont été retrouvées par le cultivateur voisin. Il y avait là vraisemblablement un entrepôt destiné à l’embarquement des productions. Les jattes intactes, que l’on a cm provenir des ateliers modernes de Digoin, ont servi pour les poules et le bétail et ont été brisées et jetées. Une partie du site a été détruite par la DDE de l’Allier au cours de la rectification d’une route. La promesse de déplacer et de conserver un four n’a pas été tenue. Actuellement la surface comportant des fours intacts est protégée par un classement des Monuments historiques, demandé par le Conseil général de l’Allier, mais elle est menacée par le projet de construction d’une voie rapide.

6L’atelier semble s’étendre sur une surface bien plus grande que celle que nous avons pu explorer (plusieurs hectares). Des fours ont été fouillés clandestinement sur la pente de la colline ces dernières années, mais nous n’avons eu aucun écho du· matériel découvert et emporté.

1.12.2 Contexte historico‑géographique

7Les fabriques se trouvaient‑elles sur le territoire des Arvernes ou des Eduens ? Il est difficile de le dire. La Loire a pu servir de frontière aux deux peuples, au moins un temps. On notera qu’aucune monnaie éduenne n’a été signalée au sud de la Loire. Aucune autre implantation antique n’a été repérée aux alentours immédiats des ateliers, qui apparaissent comme installés ex nihilo. Mais le Dr Bailleau dans son journal manuscrit mentionne au Domaine des Vesvres, sur Coulanges, un site de 4 ha donnant des tuiles à rebord et des fragments de céramique gallo‑romaine. Bertrand et Esmonnot signalent, sur la même commune au hameau des Guillots, de nombreux vases en sigillée, lisses et décorés, une tête en grès grandeur nature et d’autres débris de statues : des implantations (habitats ?) se trouvaient donc à quelques kilomètres.

8Le fleuve a été utilisé jusqu’au siècle dernier pour le transport des marchandises. Il s’y ajoute la présence possible d’une voie antique qui longeait le cours d’eau, et celle, assurée, d’un gué peu éloigné qui provoqua l’installation d’un marché très ancien (lieu‑dit Talenne) et longtemps très actif qui réunissait les habitants des deux rives. Argiles et sables, eau et bois se trouvaient à portée de main des artisans.

1.12.3 Activité céramique

9Nous avons pu identifier quatre périodes d’activité : début du ier s. avec des productions de copies de sigillée lisse et décorée ; fin du ier s. avec des céramiques communes ; deuxième partie du iie s. avec surtout des jattes en terre blanche ; Moyen Age (date à préciser) avec une petite activité céramique.

10De rares fragments de figurines (morceaux de bustes) ont été découverts dans des fosses de fours du iie s., remplies de déchets. Un demi‑moule de Mercure a été trouvé dans les fondations d’une cabane de l’atelier du ii s. Les argiles blanches de Coulanges ont été utilisées à fabriquer des vases au ier et au iie s. Elles auraient très bien convenu à la fabrication des figurines (examen du laboratoire du CIVRS, Lyon). Nous avions supposé ce genre de production à Mortillon. Pour confirmer cette hypothèse, des analyses de figurines ont été entreprises par le Laboratoire des musées de France.

11Cependant, en raison du petit nombre de figurines et de moules découverts actuellement, une autre hypothèse est possible : ce pourraient être les apports d’un autre atelier, soit Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre peu éloigné, soit Toulon‑sur‑Allier. De ce dernier atelier proviennent notamment un certain nombre de vases en sigillée moulée. Comme le moule a été trouvé dans les fondations d’une cabane, j’ai supposé qu’il a pu être utilisé, non comme instrument de fabrication, mais comme dépôt votif : le moule est symbole de production et Mercure favorise le commerce.

1.12.4 Définition archéologique des figurines

12Un moule de Mercure, une Vénus et des bustes constituent actuellement l’ensemble des découvertes.

Bibliographie

Bibliographie

Bertrand 1886a : BERTRAND (A.). — Les Découvertes romaines et gallo‑romaines de l’Allier. Revue bourbonnaise, 3, 1886, p. 73 et 173‑174.

Esmonnot 1887 : ESMONNOT (L.). — Vases sigillés trouvés aux Martres‑de‑Veyre, à Coulanges et dans la vallée de l’Allier. BCTH, 1887, p. 327‑328.

Fanaud 1860 : 80.

Fournier 1961 : FOURNIER (P.‑F.). — Informations archéologiques, Auvergne. Gallia, XIX, 1961, p. 356.

Fournier 1963 : FOURNIER (P.‑F.). — Id. Gallia, XXI, 1963, p. 486.

Fournier 1965 : FOURNIER (P.‑F.). — Id. Gallia, XXIII, 1965, p. 389.

Vertet 1980a : 25, carte no 9.

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