1COLLECTIONS PRINCIPALES ET LIEUX DE CONSERVATION
Musée des Antiquités nationales.
Musée de Moulins.
Musée de l'évêché de Moulins, collection Bailleau.
Collection de la Société d'émulation du Bourbonnais.
Collections privées de la famille Bailleau.

2RESPONSABLE DU SITE
Service régional de l'Archéologie d'Auvergne.

3Le centre de Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre occupe un champ qui dépend du domaine agricole du château de Beauvoir, (Dompierre‑sur‑Besbre, Allier) ; ce champ est situé en contrebas du château, à une altitude d’environ 250 m, près du ruisseau du Charray qui se jette dans la Besbre.

1.11.1 Circonstances de la découverte

4Plusieurs sources écrites nous renseignent. C’est d’abord un extrait de procès‑verbaux de la société d’émulation de l’Allier (Esmonnot 1866‑69a : 137‑139) du 5 juin 1868 : « Quelques élèves du Petit séminaire, en excursion dans le canton de Dompierre, remarquèrent, épars sur le sol, dans une propriété dépendante du château de Beauvoir, [...], de nombreux fragments de tuiles romaines, de vases à reliefs à couverture rouge et de statuettes en terre blanche. [...] Présumant qu’il pouvait exister, sur ce point, ou une villa importante ou des ateliers de fabrication, [Mgr de Conny, membre de la société d’émulation] s’assura de l’autorisation du propriétaire pour faire quelques fouilles et voulut bien m’inviter à les diriger. L’emplacement est celui d’un ancien étang desséché, traversé par un petit ruisseau dont les eaux l’alimentaient autrefois. « Ce sont ensuite des extraits de lettres qui existent actuellement dans le tenier du château de Beauvoir (Seulliet 1971 : 14‑15) : » Fouilles romaines –Direction du Dr. Bailleau : M. de Conny a affermé à Advenier 20 ares de champ pour faire des fouilles à 50 F par an –société d’émulation– Rivalité entre Conny et Bailleau –ce dernier fouillant pour le compte de Saint‑Germain‑en‑Laye– très nombreuses statuettes. " (4 septembre 1868).

5Les fouilles furent poursuivies pendant deux années consécutives, 1868 et 1869, par le Dr Bailleau seul ou accompagné de A. Bertrand, conservateur au musée des Antiquités nationales, et, dès mai 1868, la preuve fut apportée qu’il s’agissait bien d’un centre de production : « J’ai rencontré ces jours‑ci à Beauvoir [...] plusieurs fours [...] J’en ai rapporté plus de 150 objets." (Bailleau 1868‑1869). Le lieu des fouilles, recouvert et actuellement devenu une prairie d’élevage, sans doute non juridiquement protégé, n’a plus été fouillé depuis 1869.

1.11.2 Contexte historico‑géographique

6Comme tous les centres de la vallée de l’Allier, celui de Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre était situé à la frontière des territoires des Eduens, des Arvernes et des Bituriges. Aucun vestige urbain n’y a été découvert et le centre urbain le plus proche était Bourbon‑Lancy dont les thermes étaient renommés et qui possédait également des ateliers de céramique (vases, figurines). Une voie longeait la Besbre, de Lapalisse à Diou, et la liaison Saint‑Pourçain/Bourbon‑Lancy ne pouvait s’effectuer que par le pont de Diou, sur la Loire, donc par la route d’Autun à Bourbon‑L’Archambault, ville distante de 24 km. Tout était réuni sur place pour procéder à la fabrication des figurines, depuis la kaolinite (d’après Esmonnot on constate « dans les environs un gisement d’argile que l’on dit avoir la propliété de conserver la couleur blanche à la cuisson »), l’eau fournie en abondance par le ruisseau du Chanay, jusqu’au bois des forêts avoisinantes (et plantation probable de « vergner » ou aulnes pour bois de charbonnettes).

7Par référence à l’atelier de Bourbon‑Lancy et à des sites consommateurs, la fabrication des figurines à Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre à dü débuter vers 50 et se poursuivre jusqu’à 250 environ. Le Dr Bailleau signalait comme possibles éléments de datation un moyen‑bronze de Commode (180‑192) et des fragments de sigillée signés natti M, cantomili M et sacrilli M. Pour cette dernière signature s’agit‑il de celle de sacrillus, contemporain de Doeccus I (160‑180) ?

1.11.3 Activité céramique

8Le Dr Bailleau, dans son journal, signale avoir surtout trouvé des figurines et des moules, mais aussi « de beaux vases rouges, des urnettes charmantes avec décoration en barbotine et côtes, d’autres urnettes à bossage et une foule de poteries [...], un ou deux poinçons de potier pour vases ». Dans un four « il n’y avait qu’une seule espèce de vase, espèce de mortier à large bord ».

9Les relations avec les ateliers de Toulon‑sur‑Allier et de Vichy sont probables puisqu’on y trouve les mêmes signatures : priscvs, sacrillos, abvdinos, natti. m. Il en va de même avec les centres de production de Saint‑Rémy (Allier) (moules de sextus) et de Bourbon‑Lancy, mais avec certitude pour ce dernier puisque des moules identiques et les signatures de sextus et de Piso ont été retrouvés sur chacun de ces deux sites. D’après A. Bertrand (1906 : 297), Saint‑Pourçain rivalisait, par son importance, avec Toulon‑sur‑Allier et Vichy : "il s’y fabriquait beaucoup moins de poteries que dans celles‑ci, mais bien plus de statuettes blanches et les moules étaient signés d’un plus petit nombre d’artistes qui avaient transporté leur industrie dans la cité thermale de Bourbon‑Lancy ». Les fouilles de Bourbon‑Lancy en 1986 et les analyses physico‑chimiques du Laboratoire de recherches des musées de France ont confirmé les liens étroits entre ces deux centres. Mais lequel jouait le rôle de métropole ?

1.11.4 Définition archéologique des figurines

10La majeure partie des figurines et des moules a été fabriquée avec une argile qui reste très blanche à la cuisson : la pâte est tendre, laissant une fine poussière sur les doigts et elle accroche au toucher comme de la craie. Toutefois le Dr Bailleau note dans son journal qu’il a trouvé deux exemplaires d’un moule en "terre ferrugineuse rosée » estampillé cocilio.

11Parmi plus de 700 figurines répertoriées (y compris les fragments), plus de 100 représentent Vénus, plus de 70 des déesses‑mères ; on dénombre 7 déesses‑protectrices, 9 Abondance, 11 Minerve, 6 Epona, 30 Mercure, 10 Taranis, 3 dieux « à la chaîne » ou « aux tonnelets », 3 Apollon, 5 Hercule, 10 cavaliers, 12 tireurs d’épine, 17 cucullati, 12 bustes de Risus, 9 Nubiens, 11 bovidés, 14 ovinés, 9 singes, 10 lions, 5 sangliers, 7 chiens, 10 paons, 1 poule, 11 coqs, 38 oiseaux divers. Les signatures, incisées, directes (une seule est rétrograde) sont situées au milieu du revers des valves. Dans son journal, le 3 septembre 1868, le Dr Bailleau écrit : « [...] un fragment de moule contenant un nom dans son creux, c’est sans doute iopillo. Je ne puis voir là qu’un surmoulage d’une statuette de cet artiste puisque sur le dos du moule il y a une lettre, probablement ant. Ce nom d’iopillo a été trouvé déjà au Champ‑Lary, près de Moulins. Il est figuré dans Tudot sur un moule de Vénus et c’est aussi, d’après mon fragment, sur une Vénus qu’il est gravé. » sur le moule dessiné par Tudot (1860 : pl. 3), iopillo semble être estampillé et, au revers sur le côté, est incisé atilano en entier.

1.11.5 La fabrication

12Le Dr Bailleau, parmi les objets qu’il a trouvés, signale « une molette avec inscription pour rouler et imprimer une devise, un ou deux poinçons de potier pour vases, une petite pierre à polir ». Quelques archétypes, beaucoup de moules, une grande quantité de figurines ont été retrouvés. Aucun archétype n’est signé, seuls des moules le sont. Plusieurs fours (sans autre précision) ont été retrouvés par le Dr Bailleau. Il écrit le 31 août 1868 : « [...] j’ai parcouru le champ du Miez où sont les fours des statuettes. » Le 1^er septembre 1868 : « J’ai repris mes fouilles de Beauvoir [...] près des premiers fours. » Le 8 septembre 1868 : "J’ai continué mes fouilles à Beauvoir, M. Esmonnot et Mgr de Conny, fouilleurs, à gauche, moi je reste où je suis, à droite, le long du ruisseau. J’ai trouvé pas mal de choses autour d’un petit fourneau en terre, comme celui que j’ai déjà trouvé dans le haut du champ : moules, statuettes, etc. » Le 6 octobre 1868 : « J’ai repris hier avec Bertrand les fouilles de Beauvoir. Nous avons fait quelques sondages dans le haut du champ de Miez et nous avons, comme je le supposais, trouvé d’autres fours. » « [...] Le four est au‑dessous de terre, les côtés en sont fortement vitrifiés. » Le 25 août 1869 : "J’ai repris avec l’ami Bertrand les fouilles de Beauvoir dans le champ du haut [...] nous avons trouvé l’emplacement de plusieurs fours, d’un diamètre d’un mètre environ ; deux surtout sont à peu près conservés : l’un a conservé toute son aire brûlée et cuite, l’autre possède en outre une partie de la muraille, avec l’un des côtés de l’entrée faite en grandes tuiles posées sur le champ. »

1.11.6 Les potiers

13Parmi les différentes signatures de moules on relève, citées dans le journal du Dr Bailleau : ... bvd... ; ant. ; ant. avot (une douzaine de fois dans sa collection : sur deux moules de Vénus, sur un de corne d’abondance, sur un de personnage vêtu de la toge romaine, sur un de gladiateur, sur un de soldat, sur un de buste d’enfant, sur deux de Nubiens, sur deux de tête humaine) ; ama. ; anaogeino ; belinio ; certino ; cocilio (moules d’oiseau et de cheval) ; iopillor ; livd ; marcellvs ; mart. ; pacatim ; priscinvs ; priscvs ; riov ; triov ; sacinos ; sacns ; sicrilianit ; vegeti.