1COLLECTIONS PRINCIPALES ET LIEUX DE CONSERVATION
La plupart des objets provenant de fouilles anciennes ont été déposés au musée de Moulins. Les moules de figurines découverts récemment sont déposés actuellement à Varennes, chez M. Bergeron.

2RESPONSABLE DU SITE
Service régional de l'Archéologie d'Auvergne.

3La ville de Varennes‑sur‑Allier est le chef‑lieu d’un canton qui dépend de l’arrondissement de Vichy. Elle se trouve sur la RN 7. Le bourg antique est situé sur la deuxième terrasse de l’Allier, à une altitude de 242 m environ. Le sol est constitué dl alluvions anciennes (argile, sables grossiers, galets). Deux ateliers pourraient avoir existé : La Brunette et Vouroux.

1.6.1 Circonstances de la découverte

4Les premières découvertes archéologiques signalées dans le Bulletin de la Société d’émulation de l’Allier (BSEA) remontent à 1857. L’attention des chercheurs a été attirée sur le site et ils ont fréquemment informé cette société des documents découverts. Des prospections aériennes, infructueuses, ont été effectuées par le bureau technique pour l’étude de la céramique antique du centre de la Gaule. J’ai recueilli quelques tessons dans les tranchées de travaux sur la place de Vouroux et signalé des découvertes diverses (Vertet 1960a). Grâce à l’obligeance de M. Bergeron, pharmacien à Varennes, j’ai fouillé deux fours de potiers, cuisant de la céramique commune, une fosse et une partie d’habitat sur un terrain lui appartenant, rue de la Brunette. Par la suite, M. Bergeron a assuré une très sérieuse surveillance des travaux effectués dans le bourg et sauvé de nombreux objets antiques, dont plusieurs moules de figurines. Actuellement, un groupe archéologique très actif s’est constitué à son initiative.

5Il me paraît très probable que des fours et ateliers de potiers existent encore sur des terrains qu’il serait important de protéger, notamment rue de la Brunette, c’est‑à‑dire sur la pente de la terrasse ancienne sur laquelle avait été construit le bourg. Le dépotoir avec moules fouillé par M. Bergeron se situe sur le méplat de la terrasse, square de Vouroux, ce qui peut faire supposer deux ateliers, peut‑être situés de part et d’autre de la voie antique qui partait du bourg vers le Nord. Les potiers semblent s’être installés sur le pourtour du bourg antique.

1.6.2 Contexte historico‑géographique

6Varennes‑sur‑Allier se trouvait sur le territoire arverne. On l’identifie habituellement avec le Vorogium de la table de Peutinger en raison notamment du nom de Vouroux que porte un ancien quartier de la ville (Fanaud 1960). Une inscription sur un anneau de bronze découvert à Vichy, dédié à un Mars « Vorogio » il est considérée comme preuve de l’existence d’un culte de Mars dans ce bourg.

7C’était une agglomération installée sur un nœud de routes antiques qui aurait notamment comporté, écrit Fanaud, le croisement des voies de Bourges à Lyon, de Clermont à Lyon, de Clermont à Autun, de Varennes à Nevers... Une longue suite de pilotis a été mise à découvert dans le lit de l’Allier. Ce sont des pieux enfoncés si profondément que l’administration du balisage fut obligée de les faire scier vers 1850. La sécheresse de l’hiver 1988‑89 a permis à M. Bergeron d’en prélever des échantillons. Ils sont considérés comme les vestiges d’un pont de l’époque romaine qui pouvait permettre de franchir l’Allier en face de Varennes. Cependant, « des titres établissent que l’on circulait encore sur ce pont au xvi^e s., circonstance peu favorable à la tradition qui le fait remonter à César » (Tudot 1854‑1855). Un cimetière antique, situé sur un plateau plus élevé que l’agglomération, a été fouillé au siècle dernier et des travaux modernes, heureusement surveillés par le groupe archéologique local, montrent qu’il y a encore de belles découvertes à effectuer ; les tombes sont particulièrement riches en céramiques du i^er s.

8L’argile n’est pas rare à Varennes. L’eau est accessible par des puits, l’un d’eux a été retrouvé et fouillé. Le plateau, assez pauvre, devait être boisé et fournir du combustible.

1.6.3 Activité céramique

9Plusieurs découvertes attestent la fabrication de figurines à Varennes.

101886 : « A Varennes [...] j’ai recueilli un fragment de moule en terre grossière, comme la tuile, donnant au moulage, le nez, la joue et l’œil d’un visage moulé sur nature, ce qui confirme l’existence d’officines de potiers modeleurs que j’y avais reconnues il y a bien des années » (Bertrand 1886a). "Près du chemin de la Brunette dans un clos attenant à l’habitation de M. Barbe, [j’ai trouvé] un fragment de moule de Vénus, en terre blanche et un four en forme de cuvier, de terre pétrie à la main, ainsi que de nombreux fragments de poteries de toutes sortes dont quelques‑unes vernies au plomb, des débris de lampes [...] » (Bertrand 1886b). M. Bergeron a découvert dans un puits de fondation de la nouvelle gendarmerie, square de Vouroux, une valve entière produisant la partie supérieure d’un pigeon, la tête tournée vers la droite, signée cviv et cinq morceaux de moules. L’un représente un oiseau (un dessus de paon dont l’aigrette est cassée ?) avec quelques traits très serrés au dos (signature ?) un morceau appartenant à la valve antérieure d’un chien assis ithyphallique (signé qviivi...) et trois autres morceaux qui restent à identifier.

11La sigillée découverte dans la fosse qui a donné les moules est de La Graufesenque et datable de la deuxième moitié du i^er s. Des fours avec des productions de céramiques communes sont signalés par des rapports anciens. J’ai moi‑même fouillé deux fours chez M. Bergeron et celui‑ci en a fouillé deux autres dans lesquels il a découvert des vases reconstituables. Une fabrication de céramique sigillée semble avoir existé à Varennes, d’après le rapport de M. Bertrand, qui connaissait bien la question, par ses fouilles des ateliers de Vichy notamment. Il écrit qu’il a découvert à Varennes des vases sigillés : « [...] la plupart provenaient des officines de Vichy et de Lezoux, bien que j’aie trouvé quelques fragments de moules et un four qui indiquaient deux fabriques de poteries ».

12Par ailleurs, le morceau de moule de visage d’homme mentionné plus haut, découvert par Bertrand et analogue à d’autres découverts à Lezoux, pourrait être considéré comme attestant une fabrication d’éléments architecturaux décoratifs moulés. D’autres éléments architecturaux –des fragments de grandes statuettes en terre rougeâtre engobée de blanc (environ 0,60 m de hauteur)– ont été recueillis dans les fouilles anciennes de Varennes et déposés au musée de Moulins. Il faudrait faire des analyses d’argile pour savoir si ces objets ont été fabriqués sur place.

13Dans l’état actuel de nos connaissances, la fabrication des céramiques communes semble avoir été plus importante que celle des figurines, de la sigillée et d’autres céramiques fines. Varennes, qui se trouvait à mi‑chemin de deux ateliers où les figurines étaient produites en grande quantité : Vichy et Toulon‑sur‑Allier, avait peut‑être seulement adjoint une petite fabrication de figurines à ses autres productions ; la suite des découvertes pourra le dire. L’examen des moules me paraît montrer qu’il s’agit de surmoulages.

14Pour ce qui est des analyses d’argile, trois des moules ont été communiqués au laboratoire du Louvre. Il serait intéressant de comparer la composition des moules avec celle des fabriques voisines, et avec celle des figurines que M. Bergeron a découvertes lors de ses sauvetages.

1.6.4 Définition archéologique des figurines

15L’argile des moules est très blanche. Les signatures sont tracées avec une pointe au dos. Il n’y a aucune signature intérieure. Les sujets des moules se répartissent en divinités : Vénus et animaux : chiens, colombe, paon ?

16S’il y avait diffusion des produits, elle était facile. La production pouvait s’ajouter à celle des ateliers implantés en amont de Varennes (Les Martres‑de‑Veyre, Lezoux, Vichy, Saint‑Rémy‑en‑Rollat...) qui partait par bateaux sur l’Allier ; d’autre part, elle pouvait partir par les axes routiers dont Varennes était le centre.