1COLLECTIONS PRINCIPALES ET LIEUX DE CONSERVATION

2■ ATELIER DE LA GARE
Les trouvailles ont été déposées au musée d'Art et d'Archéologie de Moulins et au MAN (collection Esmonnot ; l'origine vichyssoise de la collection Rambert est douteuse).

3■ ATELIER DE L'AVENUE VICTORIA
Le musée de Moulins détient de ce site 2 moules de gladiateurs, 1 de Vénus, 1 torse drapé.

4■ ATELIER DE LA RUE BEAUPARLANT
La plupart des vestiges sont conservés au musée d'Art et d'Archéologie de Moulins.

5RESPONSABLE DU SITE
Actuellement, le site est surveillé par J. Corrocher et le Centre de recherches archéologiques de Vichy et sa région, sous la responsabilité du service régional de l'Archéologie d'Auvergne.

6Le site de Vichy (Allier), installé sur une assiette d’alluvions quaternaires de la rive droite de l’Allier, est celui d’un uicus de la cité des Arvernes, dont les origines, dans l’état actuel des connaissances, ne remontent pas au‑delà du règne de Tibère.

7Jusqu’à environ 270 (trésor monétaire de la me Callou), les activités s’y sont diversifiées en bordure de la rivière Elaver (embarcation coulée avec un chargement de sigillée) et de la voie romaine Lyon‑Clermont par Varennes‑sur‑Allier, dont une restauration est attestée par la borne milliaire de Vichy dédiée aux Philippe (244‑249). Les diagrammes des monnaies en circulation et des importations de céramique sigillée de La Graufesenque, puis de Lezoux (et de la production locale) montrent deux périodes particulièrement prospères : le règne des Flaviens d’une part, ceux d’Antonin et de Marc‑Aurèle d’autre part.

8Parallèlement, le captage d’au moins trois sources thermales renforça cet essor. La ville se développa autour d’un réseau voyer orthogonal (cardo, decumanus, avec nécropoles suburbaines et zones artisanales, soit suburbaines, soit intégrées dans le tissu urbain. Outre les métallurgistes (forgerons, argentiers, bronziers) et les tabletiers, une corporation a fait aussi la célébrité de la ville, celle des potiers modeleurs, mouleurs et coroplathes.

1.4.1 Atelier de la gare SNCF

Circonstances de la découverte

9Situé à l’altitude de 263 m, sur une pente douce descendant vers la rive droite de l’Allier, l’atelier fut découvert en 1862‑1863 par A. Bertrand et G. Esmonnot, lors de la construction de la ligne de chemin de fer de Saint‑Germain‑des‑Fossés à Vichy, avec 14 fours, dont 7 circulaires (de 70 à 120 cm de diamètre), 3 carrés, 2 rectangulaires, 2 trapézoïdaux ; 9 avaient conservé leur alandier en pierre calcaire.

10Le site est actuellement recouvert par la gare et ses dépendances, sans doute en grande partie détruit, sur les 11,5 ha de son étendue présumée.

Contexte historico‑géographique

11L’atelier était installé sur la bordure orientale des Aquae Calidae, vicus arverne à 30 km de la frontière biturige et à 40 km de la frontière éduenne. Il était desservi par la voie décumane qui traversait la ville antique, tronçon de la voie Clermont – Vichy – Varennes‑sur‑Allier – Roanne Lyon, et par la voie fluviale de l’Elaver (Allier) qui permettait de gagner la Loire et le Bassin parisien.

12Les matières premières accessibles aux potiers étaient l’argile du val d’Allier, notamment sur la rive gauche jusqu’aux abords de la Limagne, l’eau des sources provenant des côtes du Vernet à l’est qui alimentaient vraisemblablement la bourgade ; quant au bois, il était abondant dans l’arrière‑pays cussétois (vallée du Sichée) et sur les collines voisines.

Activité céramique

13Dès lors fonctionnèrent, durant la seconde moitié du i^er s. (céramique à engobe blanc, à glaçure plombifère) et tout le ii^e s. (sigillée), des fours de potiers, dans la mouvance desquels furent dégagées des estampilles sur sigillée de Cinnamus, Aduocisus, Quintilianus, Luppa, seuerus, Paulianus, Decmanus, Cocillus, Jullinus, Vitalis, sanuillus, Paternus, Martius. On y élaborait de la sigillée moulée et tournée, des manches de patères (2 moules découverts), de la céramique à engobe blanc, des masques scéniques (1 moule), des lampes à huile (un demi‑moule signé siicvnds), des appliques et des figurines en terre blanche. Cet atelier s’éteignit à la fin du ii^e s., victime de la crise qui secoua l’Empire.

Définition archéologique des figurines

14La production des figurines semble aussi importante que celle de la sigillée et les relations avec les ateliers de Toulon‑sur‑Allier (à 44 km au nord) et de Saint‑Pourçain‑sur Besbre (à 42 km au nord‑est) ne sont pas encore établies.

15Les produits à pâte blanche sont façonnés dans une argile très fine, rayable à l’ongle, à la surface extérieure savonneuse. On a relevé au dos de certains moules les signatures, en cursive latine, priscvs, (corne d’abondance, tête casquée), sacrillos avot formi (oiseau), abvdinos (colombe) ; sur un positif à nouveau celle de priscvs (buste).

16En outre, un demi‑moule de noix, des moules de bustes et d’animaux (chevaux, oiseaux), de Vénus et de nourrice, côtoyaient des épreuves entières ou fragmentaires : tireur d’épine, Vénus, nourrice, buste de femme, cerf, bœuf, oiseau, serpent enroulé en 8, vases en forme de pomme de pin, char à timon ; mais aussi un poinçon‑matrice (oves), de la sigillée (mortier Drag. 43 à cannelures horizontales), des lampes, des appliques (mascaron, Mercure, combat d’Ajax contre Hector signé deiphobvs).

La fabrication

17Des outils ont été dégagés : calibre en bronze pour les vases, broyeurs en marbre, creuset, cuilleron, 2 lissoirs en marbre, un « outil en os formé d’un morceau d’omoplate d’animal de grosse taille ». Il ne semble pas que des archétypes aient été mis au jour.

1.4.2 Atelier de l’avenue Victoria

18Situé à 350 m à l’ouest de la grande officine (NGF 261, 10), il fut découvert vers 1861, lors de travaux de construction. Un puits antique et ses remblais annexes furent fouillés par A. Bertrand. L’« atelier » était installé sur le bord de la voie décumane déjà évoquée, mais plus à l’intérieur de la bourgade. Si aucun four ne fut découvert, par contre on trouve dans une fosse de 1,50 m de diamètre « beaucoup de moules de Vénus ou de statuettes », un moule de cheval dans le remblai ancien et des fragments de figurines.

19Le musée de Moulins détient de ce site 2 moules de gladiateurs, 1 de Vénus, 1 torse drapé.

1.4.3 Atelier (?) de la rue Beauparlant

20A une centaine de mètres au sud de 1’« atelier » présumé de l’avenue Victoria, à la cote IVGF 261, s’ouvrait une structure sans doute proche d’un atelier. Fouillée par A. Bertrand en 1863‑1864, à la faveur de travaux de construction, elle ne révéla ni fours ni moules, mais une grande quantité de positifs en terre blanche.

21Implanté contre la voie décumane de la bourgade antique, ce magasin‑dépôt (?) recélait plus de 20 bustes, des fragments de beaucoup d’autres, quelques oiseaux, des vases en forme de pomme de pin, une Minerve, plusieurs Vénus, une nourrice assise, un magister caricaturé. Dans son journal, A. Bertrand parle même « d’environ 60 bustes ». Il remarqua la signature de pistillvs sur plusieurs exemplaires, tracée à la pointe (un style en bronze fut découvert). Cette concentration était toute proche d’un atelier (?), découvert en 1924 au 30 de la rue Desbrest, spécialisé dans la vaisselle à glaçure plombifère.

22A 20 m de là, un puits antique avait fait aussi l’objet d’une investigation en mai 1858 ; là encore, l’abondance de figurines avait fait penser à E. Tudot qu’un laraire avait été déversé, composé de 23 figurines dont 11 en pied (2 Minerve casquée, 2 Abondance, 1 Vénus anadyomène, 1 couple, 1 femme debout et drapée, 1 Epona tourelée, des déesses‑nourrices), 4 bustes (enfant chauve rieur, enfant à chevelure bouclée), 4 oiseaux (pigeons), 3 vases (pomme de pin) et le célèbre enfant divinisé monté sur tronc monétaire. L’environnement immédiat comportait un vase en marbre (H. 26 cm), une tête féminine et une déesse‑mère en pierre, un lézard recouvert de glaçure plombifère, de la sigillée, deux fragments de bois de cerf et des tuiles.

1.4.4 Les découvertes éparses

23Depuis le milieu du xix^e s., on a noté l’abondance de moules et de figurines à Vichy. A l’heure actuelle, on dénombre 68 moules identifiables, regroupés dans les collections du musée de Moulins, de la Compagnie fermière de Vichy, du Centre de recherches archéologiques de Vichy et du musée des Antiquités nationales (coll. Esmonnot, Oppermann et peut‑être Rambert) ; 35 signatures dont 31 sur moules parmi lesquels on en connaît 25 à coup sür vichyssois : ceux d’Abvdinvs, balbvs (2 ex.), biiuari, illiorlv1aail, libii(raris), liiivtvli (2 ex.), ma, miidillvs (2 ex.), piso, priscvs (5 ex.), sabinos, sacrillos (2 ex.), severianvs (2 ex.), siinillvs (2 ex.), silxtvs ; les 6 autres font partie de la collection Rambelt au MAN (abvdiivvs, ivs, priscvs en 3 ex., ... mab).

24On compte également 247 positifs identifiables dont une part fut découverte au fur et à mesure des recherches sous la ville, aussi bien en zone funéraire qu’en zone d’habitat. Les bustes (62) viennent en tête, essentiellement de femmes et d’adolescents, peut‑être à mettre en rapport avec les installations thermales du lieu, suivis des Vénus (32 + 4 édicules), les vases‑pommes de pin (11) et les déesses‑nourrices (6).

25Dans cet ensemble on relève quelques types remarquables : enfant divinisé sur tronc monétaire (Tu dot 1860 : pl. 48) ; homme au bras en écharpe ; Pandore ; maître d’école simiesque ; tireur d’épine ; grotesque (personnage assis, coupes à visage humain) à tête caricaturée, dont un atelier vichyssois pourrait s’être fait une spécialité ; chariot à timon monté par un enfant ; Vénus pudique de grand format ; triade divine sous édicule (Mars, Hercule, Vénus) ; Vénus à gaine, en terre rougeâtre recouverte d’engobe blanc (3 exemplaires dont 1 signé PESTIKA).

26E. Tudot avait remarqué ce qu’il considéra comme une particularité des ateliers de Vichy : la présence d’une peinture brune sur la chevelure ou les vêtements, sur le socle en simples filets, sur les ailes des oiseaux. Mais les découvertes ultérieures n’ont pas confirmé cette hypothèse.

1.4.5 Un nouvel atelier ?

27Tout récemment fut dégagé à 650 m à l’ouest du grand atelier de la gare, sur la basse terrasse de l’Allier (NGF 256,70), toujours le long de la voie décumane, un lot de moules qui mérite une mention. A proximité immédiate furent trouvés deux petits creusets de fondeurs en terre réfractaire, une forge (scories) et un atelier de tabletier. Anciennement déjà, plusieurs fragments de moules, dont un de Vénus anadyomène signé SABINOS, avaient été signalés dans les jardins de l’hôpital thermal des armées.

28Une fosse dépotoir comportait un abondant matériel de la fin du i^er s. (terra nigra, glaçure plombifère, bol peint, sigillée de La Graufesenque), avec quelques infiltrations du début du ii^e s. (amphore Dressel 20, tèle à pâte claire). Plusieurs fragments de figurines (piédestal de Vénus anadyomène, chien assis) y côtoyaient plus de vingt moules entiers ou fragmentaires : personnages assis, mains sur les genoux, tête à l’envers (v.a. signée à l’arrière biiliari) ; gladiateur casqué en tunique courte (v.g.) ; v. trapézoïdale décorée sur le flanc gauche d’un personnage couché (?) ; Vénus anadyomène (3 v.a., 2 v.p. dont une de type l, GR. A. M3. M3. Z de Rouvier‑Jeanlin.) ; Minerve (v.p. de type l, GR. Z. AC de Rouvier‑Jeanlin) ; personnage debout fruste à la base (v.p.) ; femme debout (v.a.) ; personnage vêtu d’une tunique, avec un serpent ? (= Esculape ?, v.a.) ; moule profond semi‑circulaire couvert de hachures, avec une arête médiane (= utérus ?) ; pigeons (v.s. proche de Rouvier‑Jeanlin 1213 ; proches de Rouvier‑Jeanlin 1146 : 1 v.d. et 2 v.g. avec piédouches) ; coq (v.d.) ; cheval nu à crinière en brosse (v.g.) ; chien assis ithyphallique, clochette au cou (v.a.) ; 1 fragment de pigeon ? 8 fragments non identifiables.

29Cet ensemble façonné dans une pâte très dure, à âme gris clair, craquelée pour la plupart des exemplaires, parfois mal lissée, voire déformée, nous fait penser à des rebuts ou des essais. Le moule semi‑circulaire est rare, trois des moules de pigeons se singularisent par la présence du piédouche, habituellement moulé à part.