Chapitre 5. La Haute‑Vienne
p. 85‑103
Texte intégral
5.1 Introduction
1Le département de la Haute‑Vienne occupe l’extrémité nord‑ouest du Massif central et s’étend vers les plaines du Berry et du Poitou. Les points les plus élevés, à environ 778 m, se trouvent près des limites de la Corrèze au Signal de Grammont.
2Avec une superficie d’environ 550 500 ha, la Haute‑Vienne est, de très peu, le plus petit des trois départements examinés dans cette étude (ministère de l’Agriculture 1958). Les principales rivières, la Vienne et la Gartempe, traversent le département d’est en ouest, cette dernière isolant la basse Marche, au nord, en direction du Berry. Dans sa plus grande partie (470 000 ha), les cours d’eau s’écoulent vers la Loire ; les autres font partie des bassins de la Garonne (50 000 ha) et de la Charente (30 000 ha) (Joanne 1912). La plupart des terres cultivables se trouvent dans la basse Marche tandis que les landes et les forêts prédominent vers le sud. A la fin des années 1950, environ 10 % du département était boisé (ministère de l’Agriculture 1958 : 45).
3Dernièrement, la Haute‑Vienne a été le sujet d’un nombre considérable de publications, parmi lesquelles on notera surtout les études de July (à partir de 1975). Des fouilles, relativement limitées en surface ont eu lieu récemment dans quelques enceintes. Ces travaux ont abouti à des résultats importants, dus surtout à trois chercheurs, dont deux s’intéressaient principalement à l’époque gallo‑romaine. Perrier a pris les traces indigènes comme un prélude à ses études sur la Haute‑Vienne gallo‑romaine (Perrier 1964, 1972). Couraud, dans ses publications sur le réseau routier gallo‑romain, parle des fortifications potentielles avoisinantes (Couraud 1961‑1968, 1972 : 57‑70). Delage a publié des études importantes, notamment celles qui concernent ses travaux dans les années 1920 sur l’immense site de Villejoubert à St‑Denis‑des‑Murs.
4A cette époque, le CEEPFA signalait 39 sites potentiels dans 28 communes (BSPF, 1922 : 128‑130), ce qui a presque doublé le nombre de sites recensés par Mortillet, mais ce dernier notait des sites à partir de bases plus sélectives (Mortillet 1906). A la fin du xixe s., et pendant les décennies suivantes, le plus important des inventeurs de sites fut l’abbé Lecler mais, dans la Haute‑Vienne, les renseignements signalés dans le BSAHL concernant l’époque qui nous intéresse furent fournis par un nombre de chercheurs plus élevé qu’en Corrèze et que dans la Creuse ; ils sont probablement, quantitativement, plus importants.
5Parmi les pionniers, Allou (1821) et Arbellot (1852, 1854) méritent une mention honoris causa. Cependant, dans la Haute‑Vienne, les fouilles des enceintes fortifiées ne valent pas les recherches sur le terrain : Villejoubert et Jabreilles, aussi bien que la Grande Châtre à St‑Gence, n’ont fait l’objet que de fouilles très limitées, ceci par contraste avec les fouilles de tumulus. Dans ce domaine, le département a été l’objet de beaucoup plus de recherches, par Masfrand et d’autres, que les deux autres départements (Masfrand 1904 ; 1910 : 754‑756). Pour conclure, nous pouvons remarquer que les recherches sur le terrain, les visites de sites et autres activités ont atteint leur apogée, en ce qui concerne la première époque des études sur les enceintes de hauteur, une dizaine d’années après la plupart des autres régions françaises. Le BSASAR et le Dolmen‑Club de Bellac se sont joints au BSAHL comme organes de publication aux alentours de 1900 plutôt que dans les années 1860‑1890.
5.2 Inventaire des sites
87 002 Ambazac, Le Chalard/Le Card ou Le Camp de César
6Ce site (alt. c. 373 m) occupe le promontoire au sud‑ouest du village de Card, à l’ouest de la vallée du ruisseau de Beuvreix, un affluent de la rive droite du Taurion, qu’il domine d’environ 60 m. L’enceinte se trouvait dans une plantation de conifères, abattue en 1983 ; il est séparé du village de Card par une légère dépression. Le site a été abîmé pendant l’abattage, mais la description qui suit avait été préparée avant cette date.
7Dans l’ensemble, July et Cantié ont bien décrit le site (July 1976 : no 3 ; Cantié 1983). La ligne de défense principale barrait l’extrémité sud du promontoire et isolait une surface d’un peu moins de 0,75 ha (fig. 36). Le rempart, légèrement incurvé, était long d’environ 40 m ; il était coupé par un chemin et un sentier modernes. La partie la mieux conservée se trouvait à l’ouest. Il surplombait un fossé d’une largeur maximale de 4 m ; le talus dominait le fond du fossé d’environ 1,5 m. La plus grande partie du périmètre donnait sur une pente qui présentait des signes d’un escarpement artificiel dans les 1 à 1,5 m supérieurs, bien que la différence d’angle entre cette partie et la pente naturelle fût très légère. Un éboulis plus bas dans la pente peut représenter les restes d’un mur en pierre sèche.
8July fixe la longueur du site à 165 m (July 1976 : 46). A environ 135 m au nord du rempart principal se trouvaient des vestiges d’un talus long d’environ 23 m, qui dominait l’extérieur de 1 m au plus et l’intérieur de beaucoup moins. Il n’est pas sûr que ce rempart ait fait partie de la construction originale car il se trouve dans un endroit qui n’a pas d’utilité militaire. Il est à 30 m du sommet escarpé du promontoire, que le rempart périphérique semble entourer. Ceci est plus visible au nord‑est qu’au nord‑ouest. Avant les récents travaux, l’intérieur du site était couvert de broussailles et semblait être sans traits archéologiques distinctifs. Les prospections en surface après nettoyage ont donné 4 tessons d’amphores, avec une lèvre Dressel la (Cantié 1983 : pl. XII). Il y avait également des tessons de poteries de La Tène tardive et de l’époque gallo‑romaine précoce, montées à la main et au tour.
9Les fouilles furent limitées à une coupe dans le rempart sud et son fossé. Ce dernier était creusé en V dans la roche même. Les déblais ont été employés dans le rempart et, en plus, semblent avoir été déposés sur la contrescarpe. D’après l’éboulis dans le fossé, il semble que le rempart comprenait une partie importante en pierre, mais il ne reste aucune trace d’un parement ni de poutrage (Cantié 1983 : 44, fig. 4).
10Le fouilleur a déduit que ces indications laissaient supposer une fortification hâtive avec une occupation limitée à l’horizon défini par les trouvailles. Il semble qu’il n’y ait aucune raison pour discuter ses conclusions. Si le deuxième rempart fait partie de la construction originale, la forme du site suggère des comparaisons. avec les petites enceintes de crête de la Corrèze.
87 003 Arnac‑la‑Poste, Camp de Martineix/Martinet
11Quand l’enclos rectangulaire de Martineix, qui se trouve à environ 500 m au nord‑ouest du village du même nom, a été signalé par Beaufort, l’intérieur du site était déjà cultivé (Beaufort 1851 : 204‑205). Les rapports ultérieurs ont ajouté relativement peu de détails, à part des dimensions légèrement différentes (July 1975 : no 44).
12Il est situé près d’un sommet (alt. c. 345 m) dans une région légèrement vallonnée à 5 km au nord de la vallée de la Brame. Mis à part le côté nord‑est du site, qui est boisé, il est entouré de cultures intensives, tout comme à l’intérieur, mais aucun matériel archéologique n’était visible en 1975 et 1980, bien que des tegulae et des tessons gallo‑romains aient été signalés (P. Picard, comm. pers.).
13L’intérieur est surélevé de 1 m par rapport au terrain environnant, et le site est délimité en partie par un rempart, et en partie par une pente escarpée, qui ont été épargnés à cause de l’existence, autrefois, d’une couverture d’arbres. Le site est orienté nord‑nord‑est/sud‑sud‑ouest ; un chemin moderne pénètre dans l’intérieur à l’angle sud‑est. Un talus bas délimite le côté est sur environ 5/6er de sa longueur, mais il devient plus important dans la partie septentrionale longue d’environ 14 m. Sauf aux deux extrémités, le côté nord, long d’environ 86 m à l’intérieur, est délimité par un talus escarpé. Les bois qui longent l’enceinte à l’extérieur offrent le meilleur endroit pour retrouver un fossé, mais aucune trace n’est visible. Il semble que le rempart, maintenant très boisé, ait été construit avec de la terre végétale prélevée sur le plateau.
14L’angle nord‑ouest est bien conservé, et le côté ouest est bordé d’un rempart imposant, orienté à 198° environ, sur 45 m. Après une interruption d’environ 20 m, où il n’atteint plus qu’1 m de hauteur environ, il reprend ses dimensions originales sur environ 32 m en se dirigeant vers l’angle sud‑ouest. C’est à cet angle que le rempart est le mieux conservé. Il domine l’intérieur d’environ 2 m et l’extérieur d’environ 4 m. Le côté sud, précédé d’un chemin de ferme moderne, est bordé seulement d’un escarpement artificiel.
15July a pensé que l’entrée originale aurait pu se trouver au milieu du côté ouest, ce qui est possible. Il donne une surface totale de 1,45 ha pour le site, ce que fait sa surface interne, légèrement plus réduite (plus près d’1 ha) que celle donnée par d’autres auteurs (July 1979 : no 44).
16Le site, du point de vue de sa situation et de ses dimensions, ressemble aux Viereckschanzen. Par contre, la taille du rempart, en se basant sur l’angle sud‑ouest, est plus importante que la norme pour ce groupe, bien qu’il soit moins imposant que celui de Luant dans l’Indre, par exemple (Buchsenschutz 1981c). Ce dernier site devrait être éliminé de la liste des Viereckschanzen. En l’absence de preuves fournies par des fouilles et de trouvailles, le Camp de Martineix, également connu sous le nom de Camp de César (Drouault 1905, 1906) peut être daté provisoirement vers la fin de l’époque de La Tène.
87 018 Blond
17Le nom de Blond, comme on le trouve, par exemple, sur les monnaies mérovingiennes, semble avoir été, à l’origine, Blatomagus, ce qui suggère un marché (Desbordes 1977a : 59). Cet auteur signala une zone étendue (plus de 10 ha) de débris gallo‑romains, la Ville de Lupe, à environ 1 km au nord de la ville. Il suggère qu’elle aurait pu être un vices spécialisé dans l’extraction et la commercialisation de l’étain, étant donné que le site est entouré de tranchées à ciel ouvert pour l’exploitation d’un quartz stannifère. Vu le nom du site (‑magos/ ‑mages), il est possible que ses origines datent d’avant la Conquête, mais cela n’est pas prouvé.
87 030 Chaillac‑sur‑Vienne, Lesignas
18Le fichier de la DRAH du Limousin signale la trouvaille d’amphores Dressel 1 et de tessons de poterie de La Tène III au nord‑est de Lesignas. Il semble qu’ils étaient hors stratigraphie au moment de la découverte en 1970.
19Le site se trouve sur le plateau (alt. c. 250 m) qui sépare la Vienne et la Gorre, affluent de la rive gauche, à environ 500 m au nord de cette dernière et à environ 3,5 km au sud‑est du confluent. Le hameau de Lesignas occupe le col d’un promontoire autour duquel coule la Gorre.
87 032 Chalus, Bannaud/Les Martres
20Il semble que ce site n’ait pas été connu avant les années 1970 : en 1972, on l’a décrit comme site fortifié occupé depuis l’âge du Bronze tardif (Gallia Préh. 1972 : 484). Il domine la rive gauche de la Tardoire à environ 1 km au nord de Lageyrat, entre Jarosses et Chalard.
21July l’a bien décrit (July 1976 : 50‑52, n° 7). Le sommet d’un promontoire à pentes raides (alt. c. 325 m), dirigé vers la Tardoire au nord, est occupé par une butte de terre importante flanquée d’un fossé du côté du plateau. Cet ensemble composé d’une motte, d’environ 5 m de hauteur, avec une cour attenante, occupe une surface d’environ 0,25 ha. Une autre ligne de fortifications possible, intéressante à cause de la découverte de matériel (non spécifié) du Bronze final, se trouve à 120 m plus au sud, près de la jonction des chemins venant de Jarosses et de Lageyrat, qui convergent au point où le promontoire est presqu’au plus étroit. On peut supposer que le chemin de Jarosses suit l’alignement d’un ancien fossé et, de cette manière, délimite la bordure sud d’une fortification potentielle. On peut également supposer que la bordure ouest correspond a un rideau de culture et à l’escarpement correspondant. Au nord et à l’est, les pentes naturelles vers la Tardoire offriraient une protection suffisante. D’après les prospections en surface, la zone des terrassements semble limitée au sommet du promontoire.
22Cette ligne extérieure éventuelle clôturerait une surface d’environ 0,75 ha, ce qui est petit même pour une fortification du Bronze tardif ; la ligne plutôt rectiligne limitant les cultures à l’ouest est, peutêtre, un facteur qui témoigne contre son antiquité.
87 040 Châteauneuf‑la‑Foret, Le Thouraud/Le Camp de César
23Lecler a publié le premier ce petit camp rectangulaire (Lecler 1873 : 230). Imbert et Mortillet l’ont inventorié ultérieurement (Imbert 1894a : no 14 ; Mortillet 1906). Drouet l’a publié de façon plus détaillée au début du siècle (Drouet 1913a : 470‑473 ; 1913b : 4639‑4640).
24Quand ils l’ont décrit, Le Thouraud (alt. c. 480 m) était déjà abîmé ; au nord‑ouest, le côté le mieux préservé, le site était limité par un talus en terre dominant l’intérieur de 1,50 m et le fond du fossé de 2,50 m ; le fossé lui‑même a environ 0,70 m de profondeur. Le fossé était absent à l’extérieur du rempart ouest, qui était conservé sur une longueur d’environ 80 m avec une entrée au milieu. Une autre entrée, d’une largeur d’environ 3 à 4 m, se trouvait au milieu du côté nord, long de 70 m. Le reste de l’enceinte n’a pas survécu, mais Drouet estimait la surface à 0,56 ha (Drouet 1913b : 4639).
25July a signalé que le site était totalement arasé, dans un champ cultivé (July 1976 : 60, no 14). En 1974, quand je l’ai visité, on ne voyait presque rien en surface. En se fondant sur les photographies aériennes, July identifia provisoirement les restes d’un autre fossé, qui pourrait représenter une deuxième enceinte, ajoutée au nord‑ouest de la première, mais le matériel subsistant semble insuffisant pour l’affirmer de façon catégorique. Les débris dans le champ semblent indiquer que le rempart comportait une adjonction de pierres. July signale également que, de temps en temps, le champ fournit des tessons d’amphores (July 1976 : 60).
26Comme l’ont noté Drouet et July, l’emplacement du site ne témoigne pas d’un souci prioritaire de défense. Il se trouve au nord‑est du sommet du plateau arrondi qui est maintenant couvert par la forêt de Châteauneuf, et juste au bord d’une terrasse. Les défenses de la bordure orientale semblent avoir été limitées à un renforcement artificiel de la pente naturelle qui descend vers une vallée marécageuse. July évalue la surface totale du site à 1,1 ha et l’intérieur de l’enceinte à environ 0,7 ha. Etant donné ces surfaces, la situation et la présence de tessons d’amphores, on peut penser à une datation vers la fin de La Tène.
87 040 Châteauneuf‑la‑Forêt, Le Chalard
27Le plateau du Chalard (alt. c. 400 m) se trouve à l’ouest de Châteauneuf et domine le pays avoisinant. Les fouilles au début des années 1970 ont montré la présence d’installations balnéaires gallo‑romaines au sommet (Gallia, 31, 2, 1975 : 448‑449).
28A moins de 50 m vers l’est, des labours ont déplacé une grande pierre qui couvrait partiellement une fosse (Lintz 1979c : fig. 1). La fouille a révélé une ouverture de 2 m sur 1 m, profonde de 0,5 m, orientée nord‑sud.
29On a trouvé directement sous la pierre une grande quantité de poteries et de ferrailles ; en dessous, le comblement de la fosse était constitué d’une couche de terre brûlée stérile. Les fouilleurs proposent d’y voir une tombe, la disparition des os ayant été provoquée par l’acidité du sol.
30Bien que ceci soit possible, Lintz fait remarquer que beaucoup de poteries sont dans un état très fragmentaire, certains des 28 vases étant représentés par un seul tesson (Lintz 1979c : 65). Le bris intentionnel des poteries est signalé dans les sépultures gallo‑romaines en Limousin, mais, par ailleurs, les sépultures de La Tène sont inconnues. Il semblerait cependant opportun de retenir la possibilité que cette fosse isolée indique une occupation de cette partie du plateau, mais aucune trouvaille en surface n’a été signalée dans le voisinage. Le site se trouve à environ 2,5 km au nord‑est du Thouraud, dans la même commune.
31Lintz a étudié l’ensemble en détail (Lintz 1979c : 65‑72). Les objets en fer reconnaissables se bornaient à une plaque ovale (0,2 m de longueur) et une barre quadrangulaire (0,7 m de longueur environ). Les céramiques ont été trouvées en poches sur le périmètre de la fosse. Les seules importations méditerranéennes étaient des tessons d’amphores Dressel la (Lintz 1979c : 71). A l’exception d’un vase, les poteries indigènes n’ont pas été faites au tour. En général, les formes ressemblent à celles qui ont été identifiées par Buchsensohutz comme étant prédominantes au village des Arènes à Levroux (Buchsenschutz 1981b). Mais il faut remarquer l’absence, au Chalard, des grands vases sinueux du type balustre (= variantes du type 3 de Périchon). Les formes représentées comprennent entre autres les écuelles à rebord rentrant (type 1), les ovoïdes (type 2), les urnes grossières (type 4 = Buchsensohutz « le pot à cuire à fond plat » = Kochentopf) et des formes diverses de jattes carénées (type 5) (Périchon 1977 :18).
32En plus, on a trouvé au Chalard : une large écuelle à rebord carénée, un gobelet à profil concave et un fragment de passoire (Lintz 1979c : 69, fig. IV, 11 ; fig. V, 26 ; fig. V, 21). On a trouvé des objets analogues à ce matériel dans les fouilles de Bombal au Puy du Tour. Dans l’ensemble, ce matériel suggère une datation du début de La Tène tardive. En se fondant sur la chronologie tardive de Fouet, cependant, les poteries ressemblant au gobelet semblent être augustéennes et du ier s. ap. J.‑C. dans la région de Toulouse (Fouet 1970 : 27, fig. 13G‑J). Il est donc possible que leur inclusion dans le matériel du Chalard indique une datation plus tardive, mais on peut penser que la chronologie de Fouet est trop basse. En plus, le gobelet du Chalard n’est pas fait au tour, à la différence de la série de Toulouse, et cette différence technique pourrait indiquer une datation plus ancienne, comme pour le reste du matériel.
33Dans le Limousin, Lintz (1979c) pense qu’une comparaison avec une partie des trouvailles de St‑Gence (qui comprenaient des amphores Dressel la aussi) est plus indiquée qu’avec celles, plus tardives, d’Espagne, Eygurande, en Corrèze, par exemple, qui contiennent une proportion plus élevée de vases faits au tour et des poteries à engobe noir, peut‑être des imitations de campanienne.
34L’ensemble date probablement d’avant la Conquête, peut‑être même de la fin du iie s. av. J.‑C. Que la fosse soit une tombe ou non, il y a une réelle possibilité d’un habitat sur le plateau. Vu les comparaisons avec Levroux‑les‑Arènes et Aulnat, il n’est pas nécessaire d’imaginer une défense, bien que sa situation, et des comparaisons avec le matériel du Puy du Tour, autorisent cette possibilité.
87 041 Chateauponsac, Chégurat/ Camp de César
35Le Camp de César est une fortification mentionnée dans la littérature régionale depuis le XIXe s. (cf. bibliographie in July 1975 : no 16). Il a été inventorié par Imbert et par Mortillet (Imbert 1894a et b ; Mortillet 1906). Vu sur plan (fig. 37), il ressemble étrangement à une version miniaturisée de l’enceinte en pierre de White Caterthun en Angus, Ecosse (Hogg 1975 : fig. 101). Le site occupe le sommet escarpé d’un promontoire (alt. c. 330 m) qui fait saillie vers le sud à partir du plateau, une pénéplaine étendue et légèrement vallonnée, sur laquelle se trouve le village actuel de Chégurat. L’enceinte est couverte de bruyères, tout comme le plateau au nord. A l’ouest et à l’est, le terrain descend brusquement vers des vallées marécageuses ; l’extrémité sud, où se trouvent quelques petites carrières de granit, tombe aussi brusquement vers le Moulin d’Hervaud et le fond de la vallée de la Semme.
36Jusqu’à ces derniers temps, les publications de Delage étaient les plus importantes (Delage 1923a : 201‑211 ; 1924 : 1‑4 ; 1933 : 488‑497). Il remarqua que, bien que le site soit un éperon barré, des ouvrages défensifs étaient visibles sur tout le périmètre. Un mur double existait sur le côté nord et sur une partie du côté occidental. Ils semblaient être construits entièrement en pierre. Sa deuxième publication, en 1924, ajouta d’autres détails : la longueur maximale de la surface clôturée était de 85 m environ et on n’avait pas connaissance de trouvailles à l’intérieur. Un deuxième rempart était visible sur la pente ouest en aval de l’ouvrage principal. Au nord, la plus importante des défenses consistait, du nord au sud, en un fossé, large de 3 m, un petit rempart empierré, large de 4 m, un deuxième fossé, large de 7 m, creusé jusqu’au soubassement, et un deuxième rempart, beaucoup plus impressionnant, large de 5 à 6 m et dominant le fond du fossé intérieur de 3,5 m. Delage a suggéré que l’entrée originale aurait pu se trouver à l’extrémité nord‑ouest car les défenses extérieures semblaient se prolonger légèrement vers l’ouest afin de la protéger.
37La publication de 1933, accompagnée d’un plan annoté, représente une modification supplémentaire de ses idées. Il pensait que l’emplacement de l’entrée originale de l’enclos intérieur n’était pas fixé de façon certaine et il donne d’autres mesures qui laissent supposer que la surface totale du site était de 1,12 ha environ. Ce plan suggère à tort que l’état de conservation des ouvrages est partout semblable, alors qu’en réalité il est très variable (Delage 1933 : 491). Par exemple, au sud‑ouest, près de la pointe du site, le rempart semble être totalement éboulé. Delage aboutit à la conclusion que, par sa forme et à cause de l’utilisation importante de la pierre, Chégurat était très différente des autres fortifications de la Haute‑Vienne (Delage 1933 : 496). A cause du manque de petit matériel, une datation sûre est impossible, mais on pourrait proposer les époques « celtique » ou « pré‑celtique ».
38Une autre description du site (July 1979 : no 16), des recherches sur le terrain en 1975 et 1980, et les premiers rapports de fouille de Picard en 1977‑79 (Gallia, 37, 2, 1979 : 487‑488 ; Desbordes 1980 : comm. pers.) permettent d’élucider d’autres détails. Cependant, la chronologie du site n’est pas très nette et, dans l’ensemble, le mobilier manque.
39Du côté nord, le rempart extérieur a été tranché et la coupe semble montrer un noyau primitif derrière un parement extérieur grossier. Une levée de terre secondaire semble avoir été ajoutée derrière ce rempart empierré. Le rempart, long d’environ 68 m, est coupé par un chemin moderne à environ 6 m de l’extrémité occidentale. A partir de là, il s’infléchit vers le sud et, après quelques mètres, se perd dans l’interruption de pente que suit le reste du circuit. Le fossé devant le rempart a été étudié (Gallia, 37, 2, 1979 : 487, fig. 16). Il est comblé par l’éboulis du rempart ; en dessous se trouvait un tesson post‑romain. Large d’environ 4 m, le fossé était creusé dans le soubassement de granit pourri jusqu’à une profondeur de 1,3 m. La face externe du mur, légèrement en retrait du fossé, existe encore sur une hauteur de 0,8 m.
40A partir de l’endroit où le rempart s’infléchit vers le sud, un rempart secondaire, d’âge indéterminé, descend vers le ruisseau. Couvert de bruyères, et précédé d’un fossé peu profond, il semble plus important que les murs de clôture du parcellaire habituel dans la région. Il n’est pas impossible que ce soit une construction secondaire presque contemporaine de la construction originale. Il y a un rempart un peu semblable sur la pente boisée orientale en dessous du plateau.
41Derrière le rempart extérieur court une berme, large d’environ 15 m, délimitée à sa bordure sud par un fossé qui précède le rempart intérieur, le plus imposant des deux. La face interne du rempart a été nettoyée et on peut constater qu’il présente, peut‑être, des traces de deux étapes de construction : la partie basse est d’une facture soignée avec de grosses pierres à la base, mais la partie supérieure est nettement moins soignée et pourrait indiquer une réfection secondaire. Cet ouvrage, qui entoure complètement l’extrémité sud de l’éperon, a une forme qui ressemble à la proue d’un navire. La longueur du site (nord‑sud), mesurée derrière le rempart intérieur, est d’environ 86 m ; à l’est et à l’ouest, les défenses se rapprochent peu à peu sur environ 60 m avant de s’infléchir de façon plus marquée. A cet endroit, elles sont encore à 41 m l’une de l’autre. Sur une grande partie du périmètre, le rempart ressemble plus à une terrasse parementée de pierres qu’à un mur et, par endroits (surtout au sud‑ouest, cf. ci‑dessus), il est très abîmé.
42Sur le côté est, surtout, mais également dans la partie septentrionale du côté ouest, entre ce rempart‑terrasse et le bord du plateau, se trouve une berme, large d’environ 5 m, que Delage a appelée sur son plan « un chemin de ronde » (Delage 1933 : 489). Cette largeur est extraordinaire et dépasse ce qui était nécessaire pour empêcher la face extérieure du rempart de glisser dans la pente. Comme l’a dit Delage, il manque des preuves nettes de l’existence d’une entrée dans cet enclos intérieur. Il y a une ouverture, large d’environ 2 m, au milieu du côté nord mais, bien qu’elle corresponde à une chaussée sur le fossé intérieur, ce n’est pas nécessairement un élément original. July a provisoirement identifié une rampe d’accès à l’angle nord‑est (July 1977 : 28), mais Je ne suis pas convaincu de son importance. Il y a un chemin qui traverse la pente occidentale du plateau en direction du sud, mais il est probablement plus tardif.
43A l’intérieur, un petit sondage de 25 m2 ne semble pas avoir donné de résultats, car on a retrouvé un sous‑sol pierreux directement au‑dessous de la bruyère. Il semble donc que les éléments de datation sont limités au tesson dont il était question ci‑dessus, et qui n’offre qu’un terminus post quem pour l’éboulement de ce rempart, et une datation 14C pour du bois carbonisé, trouvé vers le haut du rempart extérieur, et qui donnait une date à l’époque médiévale : Ny‑692 1185 ± 85 ap. J.‑C. (Desbordes : comm. pers. ; Desbordes 1980 : note 17 ; 1985 : note 18).
44Pour conclure, il semble que tous les éléments de datation peuvent s’expliquer par une réutilisation ou une modification secondaire de cet enclos. Pour revenir à la comparaison avec le White Caterthun, avec les indices de vitrification, la forme régulière pourrait s’expliquer par l’utilisation de poutres rectilignes pendant la construction, mais la nature des défenses au Chégurat semble indiquer le contraire. Néanmoins, malgré la surface restreinte délimitée par le rempart intérieur, estimée par July à 0,42 ha (July 1977 : 28), je pencherais pour une attribution au Bronze final ou au premier âge du Fer, bien qu’il soit possible que cet ouvrage soit purement médiéval, comme le pense Desbordes (1985 : 28).
87 060 Dournazac, Chez Mourillou/ Les Landiers‑du‑Loup
45Signalée pour la première fois par Lecler, qui l’a décrite comme « ouvrage stratégique », la butte qui porte ce nom traverse le plateau qui va du sud‑est de Pinelou au nord‑ouest de Chez Mourillou (Lecler 1883 : 32 ; July 1976 : 38, n° 52). Elle consiste en deux levées de terre, longues de 30 m chacune, coupées par un chemin, et orientées 40°/220°. L’ouvrage ne semble pas fini et, d’un point de vue militaire, n’est pas situé sur une position forte. Une excavation au sommet de la partie sud‑ouest montre qu’il est bâti partiellement en pierre (micaschistes et quartz) plutôt qu’uniquement en terre, comme le propose Lecler. On a démontré que ces deux buttes sont des tumulus longs néolithiques (Gallia Préh., 28, 1985 : 301, fig. 25, 26), les premières reconnues en Limousin.
87 076 Jabreilles‑les‑Bordes, Puy du Châtelard/Camp de César
46Le Puy du Châtelard occupe un sommet (alt. 565 m) qui domine le col de la Roche, un passage important entre la basse Marche et le Limousin, à 100 m en contrebas vers l’ouest.
47Le site se trouve à la limite nord de la commune, à moins de 200 m de la commune de St‑Sulpice‑Laurière dans laquelle il est quelquefois situé. Cette enceinte se trouve à la limite des zones métamorphiques aurifères et stannifères qui entourent les granulites dans cette région (Musée municipal de Limoges 1967 : carte en face de la p. 80). Des gisements aurifères ont été exploités à Millemilange, à environ 1 km à l’est du Grand‑Vaux, un autre enclos dans la commune de Jabreilles.
48Le site est mentionné pour la première fois en 1867 (July 1975 : no 19 ; on peut ajouter Coulaud 1878 : 404 ; DAG, II, 1, 1878 : 48 ; Delage 1933 : 497). Contrairement à de nombreux autres sites dans la région, on a beaucoup écrit au sujet du Puy du Châtelard depuis la fin de la dernière guerre, notamment Penicaud, July et Desbordes, ce dernier à propos de quelques sondages au sommet et d’une fouille du rempart principal (Penicaud 1964 ; July 1977 : n° 19 ; Desbordes 1980). L’exposé suivant est basé sur ces sources et sur des visites en 1974 et 1980.
Situation et topographie
49La situation de l’enceinte par rapport au col de la Roche, le passage principal entre les monts de la Marche à l’est et les monts d’Ambazac à l’ouest et qui relie le bassin supérieur de la Gartempe à celui de la Vienne et du Thaurion, le place sur la ligne de partage des eaux entre le Limousin proprement dit au sud et la Marche au nord. L’accès le plus facile se trouve à l’ouest, à partir des Combes. Malgré la hauteur importante du Puy du Châtelard, et le fait qu’il est maintenant très boisé, le site a été cultivé par intermittences jusqu’à la fin de là dernière guerre, ce qui a altéré l’enclos (Penicaud 1964 : 433).
Nature du site
50Desbordes a souligné le fait que le site (fig. 38) devrait être inclus parmi les éperons barrés (Desbordes 1980 : 79), et si on considère qu’un secteur des défenses, celui qui est tourné vers le plateau des Combes, est plus solidement fortifié que le reste, cette opinion peut se justifier. La défense principale (lieu‑dit Le Puy du Château), formée d’un rempart massif précédé d’un fossé, est à l’ouest. La configuration complète n’est visible que sur 75 m environ. Le rempart domine l’intérieur d’environ 2,2 m et le fond du fossé d’un peu plus de 5 m ; le sommet arrondi est large de 2,8 m, mais la hauteur varie considérablement (7 m maximum ; Desbordes donne une moyenne de 3 à 4 m). Le bord extérieur du fossé est délimité par une contrescarpe, actuellement large d’environ 6 m, dont la crête domine l’extérieur d’environ 1 m et le fond du fossé d’environ 1,7 m. A cause de l’affaissement du matériau du rempart et de la contrescarpe, le profil original du fossé n’est pas tout à fait évident, mais il comprend une partie plate, large d’environ 3 à 4 m, qui semble pouvoir être significative. Si on prend la crête de la contrescarpe comme sa limite extérieure, la largeur du fossé est de l’ordre de 10 à 12 m. La longueur totale de ce secteur est d’environ 200 m. Il est légèrement courbé et suit, plus ou moins, la courbe des 540 m.
51Le reste du circuit est moins bien défendu. Il est délimité par une ou deux terrasses (fig. 39) et le secteur le plus important se trouve au nord‑est, surplombant le col de la Roche. Dans cette zone, la plate‑forme entre les deux terrasses montre quelques signes de cultures ‑ des tas d’épierrement qui, ici, comme ailleurs sur le site, semblent être les traces d’un ancien parcellaire. Les terrasses suivent de près les contours du sommet convexe de la colline, à tel point que la terrasse intérieure contourne une vallée sèche sur le côté sud de la colline. Sur une courte distance (environ 20 m), la face nord du talus intérieur, haut d’environ 5 m à cet endroit, est précédée d’un petit fossé avec une contrescarpe bien marquée, qui occupe à peu près la moitié de la largeur de la terrasse extérieure. La netteté du fossé et de la contrescarpe semblent indiquer que ce ne sont pas des éléments anciens, mais il est difficile d’imaginer une utilisation liée à l’exploitation agricole de la colline. L’entrée principale, modifiée afin de permettre un accès à l’intérieur, est à l’ouest et ne présente aucune particularité.
52La surface close est d’environ 8,5 ha (July 1977 : 34). Mis à part les murs signalés ci‑dessus, il n’y a aucune structure archéologique à l’intérieur, bien que quelques accidents du terrain sur la face intérieure du rempart puissent être significatifs.
Les fouilles
53(Gallia, 37, 2, 1979 : 489‑491 ; BSAHL 1979 : 17‑19 ; Desbordes 1980, 1985 : 29).
A l’intérieur
54Il semblerait qu’on ait très peu travaillé à l’intérieur du site, en tout cas pas assez pour se prononcer aussi catégoriquement que Desbordes sur son utilisation. En 1980, il semble que les fouilles se limitaient à quelques sondages très réduits et l’essentiel des renseignements semble être d’ordre stratigraphique. Vers le centre du site, au sommet, la terre arable, peu profonde, était archéologiquement stérile. Par contre, elle était plus profonde (jusqu’à 1 m‑1,5 m) près du rempart, mais également dépourvue de matériel (Desbordes 1980 : 82).
Le rempart
55Cette description est basée sur deux coupes pratiquées dans le rempart occidental. L’une des deux concernait la face externe du mur et la partie contiguë du fossé ; l’autre consistait en une coupe entre la face interne du rempart et la crête. A partir de ces coupes, on a proposé des reconstitutions, mais elles semblent poser des problèmes considérables. Pour la construction, Desbordes proposait la séquence suivante : d’abord, le site fut décapé jusqu’à la roche mère saine, les irrégularités résultantes étant nivelées par une recharge de granit pourri provenant probablement du fossé. La construction originale comprenait une façade externe en pierre sèche et une façade interne en bois, apparemment construite avec des chênes ébranchés mais non écorces. L’espace entre les deux était ensuite rempli d’un blocage de grosses pierres à la base et de granit pourri dans la partie supérieure. Le granit était fortement tassé vers le haut. Desbordes pense qu’il y avait une plate‑forme sur le sommet, conservée sous la forme d’une couche boueuse sur le granit tassé.
56Les modifications ultérieures semblent être les conséquences d’un incendie qui détruisit la face interne en bois sur toute sa longueur. Cette combustion suffit pour persuader Desbordes qu’il ne se trouvait pas en présence d’un murus gallicus, car, pour lui, ce type de mur était indestructible par le feu (Gallia, 37, 2 1979 : 479).
57Les travaux secondaires consistaient en un amoncellement de blocs de granit de tailles diverses contre la face intérieure du mur. Desbordes y voit un élément de construction plutôt que le résultat d’un effondrement de la partie supérieure du mur : il était destiné à stabiliser la face interne après la destruction de la palissade en bois (Desbordes 1980 : fig. 4 ; Gallia, 37, 2, 1979 : fig. 20).
58La face externe du mur était séparée du fossé par une berme étroite, large de 0,80 m. Les travaux agricoles récents ont bouleversé le comblement du fossé, mais il est peu probable que le remblayage initial, d’après son pendage, dessiné par Desbordes, se soit constitué rapidement (Desbordes 1980 : fig. 6). Il consiste en une terre fine de couleur sombre avec des morceaux de charbon de bois.
59Le rempart a été daté par le 14C, par le matériel et par une évaluation de ses comparanda architecturales. En ce qui concerne le matériel, il est peu utilisable. Rien n’a été trouvé dans le noyau du mur et aucun dessin n’a été publié. Il semble venir des couches supérieures du fossé, de l’arrière du rempart et de l’extérieur du rempart sur le côté sud. On a dit que la quantité était limitée (pot, tegulae, clous en fer) et d’époque augustéenne. Desbordes a également discerné une influence romaine dans divers éléments de l’architecture de l’ouvrage et il le compare, du point de vue de la structure, au mur antonin d’Ecosse (Desbordes 1980 : 86). D’autres indications d’un modèle romain sont : d’une part l’entrée, qui coupe le rempart à angle droit ; Desbordes la compare à des entrées en oblique qu’il croit caractéristiques des ouvrages protohistoriques (Desbordes 1980 : 86) ; d’autre part le tracé quasi rectiligne du rempart occidental, bien que, d’après nous, ce tracé soit imposé par le terrain.
60Trois datations par le 14C sont disponibles :
61Ny‑672 bois carbonisé « base du rempart sud » 60 ± 90 ap. J.‑C. ;
Ny‑556 bois carbonisé « destruction du rempart ouest » 150 ± 90 ap. J.‑C. ;
Ny‑482 bois carbonisé « fond du fossé » 1030 ± 90 ap. J.‑C.
62En se basant sur ces éléments, Desbordes propose, pour la construction de la fortification, une datation postérieure à la Conquête, même s’il ne rejette pas la possibilité d’une utilisation protohistorique du site, vu qu’on a trouvé des poteries dans la tradition de La Tène déposées à la base de la défense. Il a également proposé une réutilisation à l’époque carolingienne à proximité d’une curtis qui aurait pu exister au hameau avoisinant de La Cour.
63Bien que je ne voie pas d’objections à l’idée de fortifications postérieures à la Conquête, il me semble que le matériel présenté ne date pas cette défense de façon sûre. Même Ny‑672, ramassé avec des poteries « augustéennes », consiste en « éléments détritiques, collectés sur place ou à proximité immédiate, puis déversés à la base du rempart, peut‑être bien longtemps après leur usage domestique » (Desbordes 1980 : 87). Ceci n’inspire guère confiance dans la date comme terminus pour la construction du rempart, sauf dans un sens très large. Une mention de tegulae (bien qu’accompagnées de tessons campaniens) dans ce contexte pourrait également servir à ramener la date dans l’époque romaine (Desbordes 1985 : 29).
64En plus, Je n’accepte ni la comparaison avec le mur antonin, avec ses fondations en pierre et une superstructure en mottes de gazon, ni la restitution proposée pour la défense primaire (fig. 40) ; l’essentiel des problèmes concerne la face intérieure en bois. Pour rendre crédible la proposition de Desbordes, il aurait fallu construire le mur par petits tronçons, sinon le remblayage du mur aurait été long et difficile. J’ai également quelques difficultés à accepter qu’une palissade aussi peu enfoncée que le montre la reconstitution de Desbordes ait pu retenir le matériel de blocage et soutenir un chemin de ronde sans être attaché au mur. Desbordes parle d’« alvéoles » dans le matériel de blocage, juste au‑dessus du remblayage initial en pierre, mais le contexte suggère des trous d’aération plutôt que des trous laissés par d’anciennes constructions en bois. Si les travaux ont été vraiment faits en deux temps, la construction du glacis en pierre contre la palissade intérieure a dû suivre de très près la destruction des ouvrages de la première phase, avant qu’ils ne s’effondrent. Même en acceptant la coupe et la réfection avancées par Desbordes, la logique semble suggérer qu’une construction unitaire serait plus indiquée du point de vue d’un ingénieur. Desbordes suggère qu’une occupation intensive du site pendant une longue période est peu probable. Mises à part ses trouvailles, on ne connaît quetrès peu de matériel provenant de l’intérieur. Penicaud signale la découverte dans un tas de pierres, au lieu‑dit Le Trésor, d’un bronze de Nîmes au crocodile (Penicaud 1964 : 423, 428). Une fois de plus, nous avons là une datation postérieure à la Conquête.
65Récemment, on a reparlé de la possibilité d’identifier ce site avec le Praetorium de la Table de Peutinger, entre Ahun et Limoges (Couraud 1962b : 204‑206). Bien que Desbordes n’accepte pas l’idée de rattacher ce nom au Châtelard, il a néanmoins envisagé que le site pourrait être une fortification postérieure à la Conquête, destinée à protéger un croisement des routes allant à Poitiers, Argentan, Bourges, Clermont, Limoges, Périgueux et Bordeaux. Ceci me semble peu probable pour un site au sommet d’une colline, mais son utilisation après la Conquête est incontestable.
87 076 Jabreilles‑les‑Bordes, Grand Vaux/Vaud
66Le site fut inventorié par Mortillet, et July a donné une description complète (Mortillet 1906 ; July 1977 : no 20). Il est placé sur un plateau (alt. c. 450 m), en pente douce vers le sud‑est, entre le ruisseau des Egaux à l’ouest et une vallée sèche à l’est. Entouré de bois, de prés et de champs abandonnés, il se situe à environ 9,5 km au sud‑est du Châtelard, dans la même commune.
67Le côté le mieux préservé se trouve au nord, surtout vers l’est, où le rempart domine l’extérieur d’environ 2 m et l’intérieur d’un peu moins. Le rempart y est très éboulé. Ce côté est orienté presque exactement est‑ouest et il semble qu’il n’y ait pas de fossé, bien qu’un chemin creux, à environ 5 m au nord du bord extérieur du rempart, occupe peut‑être le tracé. Le rempart, long d’environ 97 m, s’efface pour laisser la place à un talus, qui a encore environ 2 m de hauteur, coupé en oblique par un chemin qui traverse l’intérieur du site. L’angle nord‑ouest est largement obtus ; le côté occidental est long de 76 m à l’extérieur et ce qui devrait être le fossé est, ici encore, occupé par un chemin. L’angle sud‑ouest est en angle droit et le côté sud est visible sur environ 18 m ; après, il a été détruit. A l’est du chemin qui traverse le site, ce côté est de nouveau visible mais sur un alignement légèrement différent ; il se dirige, sur environ 50 m, vers l’angle sud‑est. Ici aussi, un chemin creux au pied du rempart cache, peut‑être, l’ancien fossé. Un léger monticule sur le sommet de ce rempart domine l’intérieur d’environ 0,30 m. A l’extérieur de l’angle sud‑est se trouve un fossé de drainage d’un champ abandonné et, de nouveau, le côté oriental est défini surtout par un rempart haut de 2 à3m.
68La surface clôturée, un peu plus de 0,5 ha, est, pour autant qu’on puisse en juger, archéologiquement vide. L’essentiel de l’ouvrage consiste en un seul talus ou rempart rectiligne, précédé peut‑être d’un fossé. On ne peut pas affirmerqu’une des deux entrées actuelles soit l’originale, mais celle qui se trouve vers le milieu du côté sud est l’hypothèse la plus plausible. Couraud signale le tracé d’une voie romaine orientée nord‑est/sud‑ouest à environ 500 m au nord‑ouest de cet enclos, qu’il appelle « un camp romain » (Couraud 1965 : 42‑43, pl. SG5). Malgré les traces anciennes d’exploitations minières aux Fossés de Millemilange à environ 500 m au nord‑ouest du site, les parallèles les plus proches de ce site et sa situation, pour l’essentiel non défensive, se trouvent parmi les Viereckschanzen.
87 078 Javerdat, Le Grand Champ, Laplaud
69Ce site, signalé en premier lieu par Couraud, se trouve sur le sommet d’un plateau (alt. c. 280 m), en pente douce entre les ruisseaux de Javerdat et de Vergogne, deux affluents de la rive droite de la Glane, à environ 1 km au sud‑sud‑est de Javerdat (Couraud 1966 : 209). Au début des années 1960, le site avait été déjà détruit en grande partie par des labours. Seuls, l’angle sud‑est et le rempart nord, en bordure du chemin de Laplaud, étaient dans un état de conservation relativement bon. En 1975, le tracé de l’ouvrage était visible dans les différences de couleur du sol, surtout à l’ouest. Le côté nord, en bordure du chemin de Laplaud, est long d’environ 90 m ; son angle nord‑est, presqu’en angle droit et couvert de broussailles, est le mieux conservé. Ici, la levée qui dominait l’intérieur surélevé du site d’environ 0,5 m était précédée d’un large fossé peu profond. La superficie totale de l’enclos rectangulaire est de l’ordre de 1 ha.
70Couraud signala des tuiles provenant du site et Loustaud et Couraud ont publié un four de tuilier gallo‑romain construit dans le rempart ouest (Couraud 1966 : 209 ; Loustaud 1979 : 39‑41). Bien que l’on ne puisse pas le dater avec précision, Loustaud, en se basant sur des analogies avec des structures du Puy‑de‑Dôme, propose l’époque libérienne et donne ainsi un terminus ante quem pour la construction de la levée. Le seul autre objet associé au site est un torse masculin en calcaire, trouvé près du rempart au siècle dernier (Perrier 1964 : 95, no 91).
71Les meilleures analogies sont fournies par les Viereckschanzen. Le site choisi pour cette construction n’est guère indicatif d’un souci défensif. A moins de 10 km de là, vers le nord‑ouest, en bordure de la forêt de Brigueuil, près de Montrollet, en Charente, se trouvent deux autres Viereckschanzen connues sous le toponyme de « Camp de César ».
87 085 Limoges, Puy St‑Etienne
72Nash a dit que le matériel de La Tène III à Limoges est « mal documenté » (Nash 1978a : 272). En réalité, pour autant que je puisse en juger, il manque presque totalement, malgré des recherches assez approfondies sur la ville gallo‑romaine pendant ces dernières années (par exemple, Chevil lot 1977).
73Le site est manifestement attrayant : Limoges occupe un endroit apparemment guéable sur la rive nord de la Vienne, en aval du confluent du Taurion. La ville se trouve au centre d’un bassin, bordé au nord par les monts de Blond et d’Ambazac et le massif de St‑Goussaud, à l’est par la Montagne et au sud‑ouest par les monts de Chalus (Verynaud 1973 : 3, fig. 1). Elle est située entre la vallée de la Vienne au sud‑est et l’Aurence au nord‑ouest.
74S’il y avait une agglomération antérieure à la Conquête, elle était probablement au Puy St‑Etienne, là où se trouve actuellement la cathédrale. Elle était fortifiée aux xe et xiie s. (Rouger s.d. : plan hors texte). Le Puy est un promontoire qui avance vers la vallée et bénéficie d’un panorama étendu vers le sud. Cependant, ce n’est pas le seul candidat : on a également proposé le quartier entre l’Hôtel de Ville et l’église de St‑Michel‑des‑Lions (Levet 1970 : 296). Depuis le xviiie s., il existe une tradition qui place le site original près du gué de la Roche, légèrement en amont de l’endroit où la ligne du chemin de fer franchit la rivière. De tous ces sites, la colline de la cathédrale est la plus avantagée. A l’origine, elle était entourée de deux affluents de la rive droite de la Vienne : l’Aigueperse au nord et l’Enjoumard au sud. Tous les deux sont actuellement canalisés sous terre.
75On a trouvé des bols du type Roanne C (fig. 41) sur deux sites à Limoges (boulevard Gambetta et rue des Sœurs‑de‑la‑Rivière), mais leur contexte les place au milieu du ier s. ap. J.‑C. (Loustaud 1978 : 95). La forme (Périchon 16A), qui n’est pas connue avant l’époque augustéenne, est plus fréquente par la suite (Périchon 1974 : 26, type 16A). On a proposé un autre ensemble légèrement postérieur à la Conquête, en provenance du Centre équestre de Texonnièras, mais le contexte n’est pas sûr. Ce matériel mis à part, il semble qu’il n’y ait rien qui indique une occupation pendant La Tène III à Limoges même. Comme on le verra ci‑après, il y a d’autres capitales de civitates gallo‑romaines qui ne fournissent pas de matériel antérieur à la Conquête.
87 111 Oradour‑sur‑Vayres, Les Chalards
76Connue depuis la fin du xixe s., ce site est inclus dans les inventaires d’Imbert et de Mortillet (Vandermarcq 1891a : 432‑433 ; Imbert 1894a et b ; Mortillet 1906 ; Delage 1933 : 497). July en a donné une description complète (July 1978 : no 29). Il se trouve sur la pente nord de la colline immédiatement au sud des Chalards, au‑dessus du ruisseau de Brie, un affluent de la rive gauche de la Tardoire.
77L’enclos (alt. c. 370 m) bénéficie de défenses naturelles au nord‑est où la pente du terrain, boisée, est très raide. Le côté occidental a été très endommagé par la construction des maisons du village. Les fortifications les mieux conservées se trouvent au sud. Elles consistent en un rempart en croissant, long d’environ 75 m, coupé par une entrée moderne large de 3 m. L’érosion montre que le rempart, qui domine le fond du fossé de 2,5 m et l’intérieur du site de 1,5 m, est construit en terre et en blocs de schiste. Le fossé, large de 8 m, est bordé d’une contrescarpe très marquée à son extrémité nord‑est. Le rempart est très érodé et le fossé externe manque. Il tourne à l’angle sud‑ouest avant de disparaître sous les bâtiments modernes. Il y a quelques traces d’un mur étroit en pierre sèche au sommet, mais c’est probablement une construction secondaire.
78L’intérieur du site descend en pente vers le nord‑ouest avant de plonger brusquement à environ 90 m au‑delà du rempart. Ailleurs, il est bordé de murs en pierre sèche qu’on ne peut pas dater. Actuellement, l’intérieur est occupé par des jardins et des potagers. D’après July, la surface utilisable est d’environ 0,6 ha (July 1978 : 62). La situation et la surface interne peuvent suggérer une construction médiévale, mais l’absence de mobilier interdit de se prononcer avec certitude.
79Vandermarcq signale que, pendant les prélèvements de terre dans le rempart, près du village, les ouvriers ont trouvé du bois carbonisé (Vandermarcq 1891a : 432‑433). On ignore si ces débris représentent une structure interne en bois ou les restes d’une palissade. Il n’est même pas certain qu’ils soient en rapport avec le rempart. Imbert signale que la tradition locale attribue le site à la guerre de Cent Ans (Imbert 1894a : no 4).
87 115 Pensol, Redoute de l’Amiral Coligny/Aux Eaux Joignantes
80Ce promontoire se trouve dans la forêt de l’Epinasse à environ 500 m au sud‑ouest de Pensol et à l’ouest de la ferme de Maziéras. Son nom vient du chef huguenot ; la tradition locale veut que son armée ait occupé le site en 1586 (Lecler 1883 : 69).
81Imbert et Mortillet l’ont inclus dans leurs études et, déjà en 1883, Lecler suggéra que ce pourrait être un oppidum gaulois (Lecler 1883 ; Imbert 1894 ; Mortillet 1906). L’intérieur, cultivé en 1840, était envahi par les broussailles à la fin du siècle (Boissot 1901).
82L’enceinte occupe l’angle occidental d’un promontoire légèrement vallonné (alt. c. 300 m). Il est entouré, sur deux côtés, du Bandiat, à son confluent avec le ruisseau de la Bourarias à l’est du barrage de l’étang de l’Epinasse. A environ 60 m de son sommet, escarpé naturellement, le promontoire est barré par un rempart en croissant, long d’environ 85 m, qui le traverse complètement. Au nord, et sur environ 30 m, le rempart est précédé d’un fossé peu profond (fig. 42).
83Aux endroits les mieux conservés, le rempart est large de 2 m au sommet et domine la terre sablonneuse de l’intérieur d’environ 2 m et le fond du fossé de presque 3 m. Le fossé est large d’environ 3 m au fond, qui se trouve à environ 1,4 m au‑dessous de la surface extérieure. Le rempart est couvert de pierres de granit plutôt petites (longueur maximale 0,3 m environ), mais les endroits qui ont été remués révèlent une construction en terre et en pierre sans revêtement de pierre. L’entrée semble être représentée par une terrasse, large d’environ 2 m, à la rupture de pente au‑dessous de l’extrémité nord du rempart. L’intérieur, qui semble archéologiquement vierge, est actuellement envahi de broussailles.
84D’après des recherches sur le site (1974, 1980) et des commentaires des anciens auteurs, il est probable que les dimensions citées par July sont très sous‑estimées (Berret 1927 : xxxi ; July 1979 : no 43). Néanmoins, la surface clôturée, d’environ 0,4 ha, est petite pour un site protohistorique.
87 119 Pierre‑Buffière, Villa d’Antone
85Desbordes (1978d) a signalé l’importance du site de Pierre‑Buffière et a indiqué que les éperons rocheux, comme ici, entre la Briance et le Ligoure, furent souvent choisis comme emplacements pour des fortifications à partir du xe s. Ses comparanda (Chalucet, St‑Jean‑Ligoure [87], Uzerche [19], Crozant [23]) présentent, tous, des indices pour une utilisation antérieure. Pierre‑Buffière est à environ 12 km de sites aurifères ou plombifères et la littérature a retenu la possibilité d’un site de l’âge du Fer aux alentours.
86Le plus souvent, on propose le site de la Villa d’Antone qui se trouve à l’extrémité nord du plateau entre la Petite et la Grande Briance (Perrier 1964). En se fondant sur cinq monnaies celtiques trouvées sur le site, Delage a dit que la villa gallo‑romaine aurait pu être précédée d’une occupation gauloise (Delage 1952 : 3). Les monnaies semblent dater d’après la Conquête : quatre bronzes (deux attribués aux Arvernes, un aux Bituriges et le dernier aux Lémovices) et une imitation en argent d’une monnaie d’Ampurias. Il semble que, malgré Nash, un horizon de La Tène III manque (Nash 1978a : 272). L’affirmation de Couraud concernant une fortification possible est très circonspecte (Couraud 1965 : 22‑ 23, pl. M3), et on peut penser qu’une collection de monnaies plus ou moins tardives ne constitue pas une preuve suffisante pour affirmer l’occupation du site pendant La Tène III.
87Cependant, un peu plus bas et vers l’ouest, sur le tracé de la déviation de Pierre‑Buffière sur la N 20, on a trouvé des amphores Dressel 1 (Lintz comm. pers. 1980), ce qui pourrait renforcer la possibilité d’une fortification aux alentours.
87 124 Rilhac‑Lastours, Tuquet du Petit Arbre/ Puy Château
88Deux sites, à environ 100 m l’un de l’autre, occupent le sommet de la colline au sud de Lastours, mais ils ont été très endommagés par des travaux de remembrement. Imbert y a pratiqué des sondages en 1883 et 1887, et récemment July en a publié une description (July 1977 : 40‑43).
Le Puy Château
89A la fin du siècle dernier, le site (alt. c. 496 m) était conservé d’une façon très inégale. Seulement quelques tronçons d’un rempart et d’un fossé entourant une zone à peu près circulaire étaient visibles (Imbert 1894a). L’intérieur semblait avoir été nivelé artificiellement et le rempart construit avec de la terre ramassée sur place. L’enceinte s’appuie sur la pente nord au bord du plateau du Tuquet et, au sud‑est, le rempart domine les alentours d’environ 13 m. En 1975, le côté nord‑ouest était très faiblement visible dans les champs. Au sud, le profil montrait une petite contrescarpe en terre et pierre qui dominait le fond du fossé d’un peu plus de 1,7 m. En 1975, le fossé était large d’environ 4 m au fond, à peu près plat. Sur sa paroi intérieure se dresse un talus au sommet plat, large d’environ 2 m, qui domine le fond d’environ 5 à 6 m et l’intérieur du site d’environ 1,7 m. Au nord‑est, le fossé s’élargit pour se terminer en demi‑cercle. Le diamètre du site, entre les deux crêtes, est d’environ 95 m est‑ouest, ce qui donne une surface d’environ 0,6 ha, un peu plus de deux fois celle qui est proposée par July (July 1977 : 43).
90Gandillot pense que le site pouvait être un enclos de l’âge du Bronze (Gandillot 1960). D’autres auteurs ont envisagé la possibilité d’un site lié à l’exploitation de l’or dans le sud de la Haute‑Vienne. Il semble que les sondages d’Imbert n’ont pas donné de matériel et il est très possible que cet enclos soit postérieur à l’époque qui nous intéresse.
Les Combes
91Depuis la description d’Imbert, ce site, à 100 m à l’ouest du Puy Château, s’est dégradé encore plus et les broussailles qui aidaient à le protéger ont été nettoyées. Il en reste cependant assez pour reconnaître un ouvrage de terre rectangulaire (alt. c. 480 m) d’environ 125 m (nord‑est/sud‑ouest) sur 70 m. La surface est donc d’un peu moins 1 ha. Un talus, haut d’environ 1 m, entoure le côté nord‑ouest. Un autre, haut d’environ 0,5 m, se trouve au sud‑est ; il est mieux marqué à son extrémité orientale. Il semble qu’au moment de la visite d’Imbert, le rempart oriental était précédé d’un fossé mais il n’est plus très visible. Ce rempart est insolite en ce sens qu’il domine l’intérieur du site de 1,8 à 2 m, mais l’extérieur de 1,3 m seulement. Imbert a fouillé le rempart en terre et en pierre au nord‑est, mais n’a pas trouvé de mobilier datable (Imbert 1894a : no 6).
92Topographiquement, le site même est insolite pour un camp rectangulaire de 1 ha, car il se trouve sur un sommet mais, par d’autres aspects, il ressemble beaucoup aux Viereckschanzen. On ne sait pas s’il est contemporain de l’enclos du Puy Château ou non.
87 135 Saint‑Auvent, Le Bourg
93Couraud a décrit ce site comme étant « incontestablement le site de la Haute‑Vienne le plus prédestiné à devenir un oppidum » (Couraud 1962a : 24). July signala le site comme un éperon fortifié, mais ensuite devint beaucoup plus circonspect (July 1975 : n° 37 ; 1978 : 71). Dans l’ensemble, le problème est celui d’un site qui, topographiquement, convient parfaitement à une habitation et à une position défensive, mais pour lequel les preuves manquent absolument. La description suivante est basée sur les publications de Couraud et de July et des visites en 1975 et 1980 (Couraud 1962a ; July 1978).
94Le village de St‑Auvent (alt. c. 300 m) se trouve dans une zone de schistes et de gneiss métamorphisés en bordure du Massif central. Directement au sud‑ouest de la forêt de Rochechouart, la Gorre et le Gorret coulent parallèlement sur environ 1,5 km dans les vallées à pentes raides avant de converger à l’extrémité nord‑ouest du promontoire qui constitue l’interfluve sur lequel se trouve le village de St‑Auvent. Le bord rocheux de ce promontoire à pentes raides a été modifié par endroits par une série de murettes formant des terrasses qui servent de jardins. On peut en voir des exemples au‑dessous de l’usine Lagarnaudie au sud du cimetière. Couraud a dit que ces installations pourraient se trouver aussi bien sur la ligne d’une fortification préhistorique que sur l’enceinte médiévale. Ceci est possible, mais on ne peut pas l’affirmer sans fouilles.
95Une difficulté plus grave est l’absence de toute ligne de défense cohérente protégeant le côté sud, le plus facile d’accès. On en a proposé deux. La première est une légère dénivellation au sud du cimetière, vers le hameau de La Pouge, que Couraud a décrit comme étant « peut‑être naturelle » (Couraud 1962a : 24). Je n’ai rien noté qui suggère autre chose qu’un phénomène géomorphologique. La deuxième ligne se trouve au sud de La Pouge où il y a un fossé, profond d’environ 10 m et d’une largeur identique et actuellement rempli d’ordures, creusé dans la roche. Il semble, cependant, qu’il ait servi à relier l’étang de Laycuras à la Gorre. A proximité, près de la borne kilométrique à 1 km de St‑Auvent et à l’ouest de la route, il y a des traces éventuelles d’un talus dans une plantation de conifères, qui domine les maisons de La Pouge de plusieurs mètres. Elles existent également de l’autre côté de la chaussée de la route, mais elles sont moins importantes et ont été abîmées par une exploitation de carrière.
96Couraud a également dit que certains des chemins menant au château à l’extrémité nord du promontoire ont un air ancien (Couraud 1962a : 23‑24, pl. 5), mais de telles affirmations ne sont guère concluantes.
97Si on acceptait la ligne de La Pouge, mais personnellement je ne l’accepte pas, ce promontoire plat serait extrêmement fort et, avec une longueur d’environ 1 600 m, de dimensions importantes. Malheureusement, les petites trouvailles, qui semblent limitées à une monnaie, deux vases gallo‑romains et un cippe funéraire, n’aident pas à clarifier la situation.
87 142 Saint‑Denis‑des‑Murs, Camp de la Monte/des Anglais/Prassaud
98Ce site fut découvert, il y a 20 ans et, depuis, a été décrit par July (BSAHL, 94, 1967 : 290 ; July 1978 : 71‑72, no 38). Bien que les trouvailles à l’intérieur ne soient pas très nombreuses –quelques tessons atypiques et une hache en silex– il est très tentant de voir le site en relation avec l’oppidum immense de Villejoubert dans la même commune (Dupuy 1965 in DAHL ; BSAHL, 99, 1972 : 327).
99Le Camp de la Monte (fig. 43) se trouve sur un sommet arrondi (alt. c. 407 m) dans un terrain vallonné en marge de la vallée de la Vienne et à environ 4 km au sud‑ouest de Villejoubert. Le site couvre trois parcelles cadastrales ; par endroits le rempart est mal conservé et on peut le prendre pour une banquette de culture. Le grand axe est orienté nord‑est/sud‑ouest et la partie la mieux conservée se trouve au sud. Ici, une levée de terre, sise en haut d’une pente escarpée et longue d’environ 70 m, domine l’extérieur de 4 à 5 m et l’intérieur d’environ 1,5 m. Une petite coupe dans l’angle sud‑est, le mieux préservé, montre qu’elle comprend beaucoup de pierres. On peut la suivre sur environ 30 m avant qu’elle soit remplacée par la bordure d’un champ. Plus à l’ouest, il disparaît et le côté nord‑ouest est défini seulement par une pente escarpée correspondant à une limite parcellaire, haute de 5 m maximum. Le côté nord‑est est le plus difficile à définir à cause de la végétation, mais on aperçoit des traces d’un talus et d’un rempart à environ 10 m vers l’intérieur de la parcelle avoisinante (envahie par les broussailles en 1975), ce qui donne des dimensions hors tout d’environ 105 m nord‑est/sud‑ouest sur 70 m nord‑ouest/sud‑est et une surface interne utilisable d’environ 0,6 ha. L’intérieur du site, qui est archéologiquement vide, est en pente douce vers l’ouest, tout comme la pente de la colline.
100Ce site peut probablement être rattaché aux Viereckschanzen du centre de la France.
87 142 Saint‑Denis‑des‑Murs, Camp de Villejoubert/de César
101Bien qu’il semble être le plus grand site de France datant de la fin de La Tène, avec une surface à peu près deux fois et demie plus grande que le Mont‑Beuvray, Villejoubert (fig. 44) n’a suscité que très peu d’intérêt archéologique. Ses dimensions mêmes étaient, sans doute, décourageantes. Signalé par Allou, il semble avoir été ignoré jusqu’aux inventaires d’Imbert et de Mortillet (Allou 1821 : 278 ; Imbert 1894a et b ; Mortillet 1906). Il occupe un promontoire à pentes raides, orienté sud‑est/nord‑ouest, entre la Vienne et la Maulde, un confluent de la rive droite, qui a été rehaussée artificiellement par un barrage hydroélectrique. La Maulde fait un méandre vers le sud‑ouest au nord de l’Artige pour se jeter dans la Vienne, entourant de ce fait le promontoire, long d’un peu moins de 4 km Jusqu’au rempart externe. Le plateau, en gneiss, est très légèrement vallonné et couvert d’une mince couche de terre qui est sous culture intensive. Au nord du Bois Vert, il est légèrement plus haut que l’intérieur de l’enceinte, mais bien au‑delà du point où il pourrait présenter un danger militaire. Les nombreux chemins de ce côté de la colline prouvent que l’accès était un peu plus facile à partir de la Vienne par le flanc sud‑ouest qu’à partir de la Maulde. Le plateau peut être considéré comme un segment détaché de terrain vallonné dont l’altitude varie de 350 à 400 m. Vers l’est, la vue s’étend jusqu’au plateau de Millevaches et aux Monédières, l’origine des deux rivières qui entourent Villejoubert. L’eau sur le plateau même est rare (Delage 1923a : 211). Les rivières coulent à environ 80 m plus bas.
102La façon la plus utile de présenter ce site‑clé est, probablement, d’examiner la littérature parue au cours de ce siècle. Beaucoup des rapports plus anciens appartiennent aux travaux de la Commission de la Société préhistorique française (CEEPFA).
103Drouet semble avoir été le premier à chiffrer la surface clôturée par le rempart principal : au moins 300 ha (Drouet 1914 : 208‑209). Il nota une profondeur d’environ 2 à 3 m pour le fossé externe, mais la valeur de ce chiffre est annulée par ses références à l’existence antérieure de poteaux verticaux dans le fond du fossé qui furent signalés par les vieux habitants de la région (Drouet 1914 : 208). La présence de fossés sur d’autres points des bords du plateau, où les défenses naturelles étaient insuffisantes, fut également notée. Il semble que les petites trouvailles connues à cette époque se limitaient à des tessons non identifiés, des monnaies romaines et des petites meules.
104La décennie suivante a vu l’apparition d’une série de publications qui concernaient les principaux travaux poursuivis à Villejoubert (Delage 1922 : 268, 1923b, 1927 ; Gorceix 1926). En 1923, Delage a détaillé les découvertes faites pendant des travaux de terrassement au cours de l’année précédente. Il a trouvé un mobilier assez abondant sur la ligne défensive extérieure pour suggérer que celle‑ci, au moins, date de La Tène III. Elle consiste en un mur en pierre sèche, dont la face extérieure est très soignée, et qui se dresse sur une surface aplanie en dessous de la crête du rempart derrière le mur. La face externe conserve des traces d’un ancien poutrage en bois : deux rangées de trous, séparés l’un de l’autre par 0,8 m verticalement et par 0,4 m horizontalement. A l’intérieur on a trouvé les éléments caractéristiques d’un murus gallicus : des fiches en fer de section quadrangulaire, sans tête et longues de 0,16 à 0,39 m. Certaines étaient tordues et cassées.
105Le premier ensemble de trouvailles provenant du site fut décrit en 1923. Il vient d’un promontoire surplombant la Vienne, mais à l’extérieur des fortifications. Un site correspondant à cette description se trouve à environ 700 m à l’ouest‑nord‑ouest du Bois Vert. Le matériel, trouvé à une profondeur de 1,5 m, était attribué, dans l’ensemble, à l’époque hallstattienne (Delage 1927 : 137‑141, fig. 5). Il semble, cependant, appartenir à la fin de La Tène III. Il y avait des « restes charbonneux » associés aux objets suivants :
106– une hache à douille en fer, endommagée ;
– « un massicot d’étain qui semble provenir d’une fonte au creuset » (Delage) ;
– du fil de cuivre –suivant Delage (1927)– de section carrée ou rectangulaire ;
– un fragment d’anneau en bronze ;
– un ensemble de tessons ; quelques poteries grossières semblables à des exemplaires du Néolithique ; d’autres étaient à engobe noir, faites au tour, mais aux formes ressemblant aux productions hallstattiennes ; cette description pourrait correspondre à des poteries de La Tène III dans la tradition dite « du Hallstatt prolongé » ;
– des tessons d’amphores gallo‑romaines.
107En 1923, Delage et Gorceix ont réexaminé le site et ont ajouté des détails supplémentaires sur les ouvrages défensifs (Delage 1923b : 213‑255). Le rempart principal (fig. 45) avait été coupé en 1890, lors de la construction d’une route sur le promontoire. Bien que le matériel ait été perdu, il a été décrit comme des « armes » (Delage 1923b : 214), ce qui permet de suggérer que le murus gallicus existait également dans ce secteur central des défenses. Cette défense extérieure est longue d’environ 350 m et coupe le promontoire. Elle commence à l’interruption de la pente vers la Maulde et continue vers le sud‑ouest Jusqu’à la pente vers la Vienne où elle tourne avant de continuer à suivre la pente sur 50 m environ. Exception faite de la route moderne mentionnée ci‑dessus, le rempart est ininterrompu. Il est installé sur le côté sud‑est d’un des quatre mamelons, insignifiants dans ce secteur du plateau, et domine de très peu l’intérieur. Des recherches sur le terrain en 1975 laissent supposer une hauteur de l’ordre de 2 m maximum, mais sur la plus grande partie du tracé, on est loin de ce chiffre.
108Derrière le rempart se trouve un creux très large que Delage et Gorceix considéraient comme étant, au moins partiellement, creusé par l’homme pour trouver la terre nécessaire à la construction du rempart (Delage 1923b : 214). Cependant, deux facteurs semblent indiquer qu’il est en grande partie naturel. D’abord, les cultures actuelles continuent jusqu’à l’arrière du rempart, ce qui laisse supposer qu’on n’a enlevé que peu de terre dans cette zone. Deuxièmement, l’ampleur du creux, large d’environ 50 à 60 m, semble excessive pour une activité humaine, surtout si on considère que le produit du fossé externe (cf. ci‑dessous) était également disponible pour la construction des défenses. De plus, on peut noter que l’échelle et la configuration de ce creux sont du même ordre de grandeur que ceux d’autres parties caractéristiques du plateau pour lesquelles aucune modification humaine n’a été proposée.
109Dans les années 1920, la partie sud‑ouest du fossé externe n’était déjà que très faiblement marquée, bien que large d’environ 15 m. Ce profil peu profond, qui rappelle les fossés de type Fécamp, pourrait bien résulter de la présence du soubassement en gneiss près de la surface. Plus à l’est, sur une longueur d’environ 60 m au‑dessus de la Maulde, le fossé est plus étroit avec un profil en V, et précédé d’une contrescarpe impressionnante qui ressemble à celles décrites par Wheeler et Richardson à La Cheppe et à Wheathampstead (Wheeler 1957 : 13‑14).
110Quelques détails furent ajoutés aux travaux antérieurs, faits par quelques ouvriers, dans le secteur ouest du murus gallicus. La partie la mieux préservée de la face externe était haute de 3 m mais, même ici, il semble que seulement deux rangées de poutres furent observées. Seules des poutres transversales entrant dans le noyau du mur en terre et en pierre furent mentionnées ; elles étaient larges d’environ 0,3 m, mais leur longueur n’était pas donnée. Des clous ne se trouvaient que sur deux niveaux : à 0,5 m et à 1,3 m au‑dessus du niveau de base.
111Les trouvailles à l’intérieur, non fouillé, du site étaient peu nombreuses, mais Delage et Gorceix ont pu signaler le matériel suivant, en plus des clous en fer provenant du mur (Delage 1923b : 224‑ 226) :
112– la moitié d’une hache en silex, trouvée au fond d’une tranchée creusée dans le rempart ;
– des tessons d’amphores et de tegulae sur divers points du plateau : à l’ouest du hameau de Villejoubert ; près de la pente entre Villejoubert et Courieux ; près de La Boulade ; le plus souvent, entre Le Taret et La Clautre ;
– 5 meules rotatives, dont 4 – 3 provenant du plateau et 1 du lit de la Maulde ‑ comprenaient 1 meule supérieure et 3 meules dormantes ;
– la mention de « fragments de poteries et d’armes » trouvés 20 ans auparavant aux alentours de la source sise juste à l’extérieur de l’angle sud‑ouest du rempart principal, près d’une ferme abandonnée.
113En 1926, Gorceix et Delage n’ont ajouté que peu de détails, en dehors du fait qu’ils avaient trouvé des tessons « d’amphores ou de grandes jattes » dans l’éboulis de la face externe du rempart (Gorceix 1926 : 14). Ils ont confirmé certaines mesures, que nous croyons très importantes, concernant la position du murus gallicus par rapport à la configuration des défenses :
114– sommet de la contrescarpe : 343,5 m ;
– hauteur de la plate‑forme de base : 347 m ;
– crête actuelle du rempart : 353,5 m.
115En 1927, Delage situait le sommet du rempart à 349,8 m (Delage 1927 : 128, fig. 3).
116En 1923, Gorceix et Delage ont fait d’autres fouilles dans le rempart vers son extrémité nord‑est (Delage 1927). Bien que le mur fût très endommagé à cet endroit, il en restait assez pour voir qu’il avait deux revêtements en pierre sèche et un noyau en petites pierres. La face externe était construite sur une plate‑forme en aval du revêtement interne. La largeur hors‑tout du mur était de 2 à 3 m. Aucun clou n’a été retrouvé dans une tranchée large de 2 m, ce qui suggère que l’ouvrage dans ce secteur (qui était précédé d’un fossé plus important) était fait de façon différente.
117A la fin des années 1920, les trouvailles sur le plateau ne comprenaient pas, dans l’ensemble, de types nouveaux, mais on avait trouvé 6 meules rotatives sur le plateau même. En ce qui concerne les clous du murus gallicus, la mention de leur découverte dès 1868 constituait le seul ajout à la documentation sur le site. Le résumé de Cotton est acceptable sauf en ce qui concerne certains chiffres qu’elle cite, surtout quand elle dit que le rempart transversal ramène la surface du site à 120 ha au lieu de le réduire de 120 ha ; Cotton et Frere reprennent ce chiffre (Cotton in Wheeler 1957 : 189‑ 190 ; Cotton 1961b).
118Jusqu’à une époque récente, le seul objet nouveau trouvé à l’intérieur de l’enceinte était une urne funéraire gallo‑romaine en granit trouvée à 100 m au sud de la ferme de La Boulade sur la pente sud du plateau. Perrier l’a attribuée aux époques flavienne ou antonine (Perrier 1968a : 37‑40) et elle se rattache à d’autres exemples provenant du plateau (Perrier 1964 ; July 1978).
Défenses secondaires sur les bords du plateau
119July a réexaminé les fortifications sur le plateau qui seront comparées aux ouvrages secondaires décrits par Delage et Gorceix (July 1978 : no 39 ; Delage 1923b : 219‑223) :
120No 1 – un fossé précédant un léger creux se trouve à 400 m au nord‑est du rempart principal, sur la pente vers la Maulde au‑dessus du Moulin de Villejoubert, le site d’un gué ; il indique, peut‑être, le bord d’un ancien rempart ;
121No 2 – un talus haut de 6 m, précédé d’un fossé large de 3 à 4 m, sur la bordure est d’un des ravins qui découpent les bords du promontoire ; cet avant‑poste était supposé protéger l’accès au plateau à partir du confluent de la Vienne et de la Combade ; j’ai cherché cet ouvrage en 1975, mais en vain ;
122No 3 – le rempart interne principal est encore bien visible sur le promontoire entre les rivières ; il se trouve au sud du village de Courieux, couvert d’une plantation ; comme le rempart principal, il fait une courbe vers le nord‑ouest à son extrémité occidentale ; il est également situé sur le flanc d’une des buttes sur le sommet du plateau ; ce rempart domine l’extérieur de 3 à 4 m, exceptionnellement de 5 m, mais il a été détruit par des labours vers son extrémité orientale au‑dessus de la Maulde, où un rempart, haut d’environ 1 m, continue vers le sommet de la pente abrupte au‑dessus de la rivière ; il n’existe aucune trace d’un fossé ;
123No 4 – sur le côté occidental, au‑dessus du gué donnant accès à La Boulade, se trouve un fossé et un rempart à environ 3 à 4 m du bord du plateau ; Delage et Gorceix ont proposé une datation plus récente que celle du rempart principal (Delage 1923b : 223) ;
124No 5 – entre le Taret et la pente raide au‑dessus de la Maulde, se trouve une levée de terre dont l’antiquité n’est pas certaine ; bien que Delage et Gorceix aient été prêts à ne pas en tenir compte, le fait qu’un fermier y ait trouvé deux amphores complètes a provoqué quelques doutes (Delage 1923b : 223) ;
125No 6 – une pente artificiellement escarpée, au nord du domaine de La Claustre, était attribuée à l’époque médiévale.
126Mise à part l’adjonction des ouvrages défensifs associés au château des Murauds, le compte rendu de July s’accorde assez bien avec ces versions antérieures (July 1978 : 3, no 39). Le no 6 ci‑dessus appartient à l’enceinte rectangulaire qui entoure le domaine de La Claustre et qui a été en partie détruite par les bâtiments. La surface clôturée est d’environ 1,5 ha sur le sommet de la colline. La ligne de l’enceinte du Courieux, longue de 300 m, correspond au n° 3 ci‑dessus (July 1978 : 39c).
127C’est par rapport au rempart principal que July propose le changement le plus radical (fig. 46). Il considère que son extrémité nord‑ouest est prolongée par une suite de terrasses au‑dessus de la Vienne, et prend le fossé au‑dessus du Moulin de Villejoubert (le no 1 ci‑dessus correspond à July 1978 : Moulin de chez Nina) comme son équivalent sur le côté de la Maulde. En 1980, j’ai eu l’occasion de visiter les terrasses boisées au‑dessus de la Vienne et, dans l’ensemble, je n’étais pas convaincu de leur destination défensive, bien qu’une partie puisse correspondre au no 2 de Delage et Gorceix (Delage 1923b : 221). Malgré l’absence d’un tracé équivalent à l’extrémité nord‑ouest, July propose de voir dans ces ouvrages une enceinte de contour qui inclut la petite colline (qui couvre 44 ha environ) entourant le plateau où se trouve le village de Villejoubert.
128Bien que cette idée soit très ingénieuse, je la trouve peu convaincante pour plusieurs raisons. Celles‑ci incluent : la diversité et la discontinuité des défenses de l’enceinte envisagée, qui pourraient bien, maigre leur configuration, correspondre aux ouvrages de flanc proposés par Delage et Gorceix (Delage 1923b : 219‑223) ; une construction vers l’extrémité nord‑ouest du plateau aurait donné un enclos plus fort avec une surface identique ; il reste le fort de 230 ha clôturé par le rempart transversal au nord du Courieux ; et, finalement, je ne connais pas d’autres cas parmi les fortifications du type murus gallicus d’une enceinte de contour sur un promontoire.
129July donne un plan très utile des lieux de trouvaille du petit matériel trouvé sur le promontoire (July 1978 : 75). Bien que probablement très incomplet, il indique que l’occupation était plus dense à l’intérieur de l’enclos défini par le rempart du Courieux. Dans l’état actuel de nos connaissances, il semble qu’on revient toujours au fait que le plateau de Villejoubert représente « le grand oppidum de tribu » par excellence (Cotton 1961b).
130Deux observations, ou hypothèses, s’imposent. D’abord, il existe des ressources métallifères près du plateau : la mine du Puy des Vignes, dans la commune avoisinante de St‑Léonard‑de‑Noblat, qui fournissait de la cassitérite, se trouve à moins de 3 km au nord de Lartige à l’extrémité nord du plateau. Deuxièmement, dans sa partie la plus impressionnante (à l’extrémité nord‑est), la pente externe du rempart principal domine le fond du fossé d’environ 13 m. Bien que cette hauteur soit due, en grande partie, à un escarpement artificiel de la pente naturelle du Puy du Font, on a l’impression d’un rempart et d’un fossé immenses, à côté desquels le mur en pierre sèche trouvé par Delage et Gorceix en 1923 semble très faible. Comme l’a dit Viré, il y a des précédents pour la construction d’un murus gallicus en contrebas du sommet d’une pente et également dans les fortifications avec murs en pierre sèche (Viré in Delage 1923b : 227‑228). Le Puy d’Issolud, Murcens et le Camp de César près de Périgueux en sont des exemples. Cependant, deux autres possibilités méritent réflexion. Premièrement, il est possible que cet ouvrage majeur représente une construction hybride. La deuxième possibilité, bien qu’elle ne soit pas très nette, est que la construction englobe au moins deux phases ; pendant la deuxième, on aurait recouvert le murus gallicus, ce qui expliquerait la découverte de quantités importantes de matériel au‑dessus de l’emplacement du mur (cf. ci‑dessus). Une telle hypothèse, avec ses implications de nouvelles fortifications, pourrait également avoir des conséquences chronologiques.
131Les fouilles ont récemment recommencé à Villejoubert, grâce à la DRAH du Limousin (Desbordes 1983c, 1985 ; Perrier 1983 : 29‑40). Un nouveau plan montre les résultats des travaux sur ce site immense (Desbordes 1983c : 25). Ils ont permis d’identifier, sur le promontoire et à l’intérieur des défenses, trois concentrations principales de matériel laténien couvrant environ 10 ha. Toutes les trois se trouvent au nord‑ouest du rempart secondaire –le petit rempart (cf. ci‑dessous). De plus, une quatrième a été identifiée au sud de l’extrémité sud‑ouest du rempart principal dans une zone où Delage avait déjà trouvé du matériel. Les trouvailles incluent d’autres meules rotatives, des poteries laténiennes, et des tessons d’amphores gréco‑italiques et italiques (Desbordes 1983c : 25, 28). Les premières pourraient indiquer une occupation pendant le iie s. av. J.‑C. Une autre initiative majeure a été la définition d’un mur en pierre sèche entourant tout le périmètre du promontoire au‑dessus de la Vienne et de la Maulde. Long d’environ 8 km, cet ouvrage est renforcé aux endroits topographiquement faibles (cf. ci‑dessus). A quelque 300 m au sud du château du Muraud, le côté d’une porte rentrante, caractéristique de la fin de La Tène, a été reconnu, mais l’identification des autres entrées reste problématique.
132La fouille du rempart transversal « secondaire » a commencé (Perrier 1983). La coupe no 1 a profité d’un chemin à travers le rempart. A cet endroit, l’ouvrage consiste en une levée de terre avec quelques grosses pierres, haut de 2,8 m et large d’environ 12 m, avec peut‑être un parement externe en pierre. Sur la surface entre la levée et une couche rougeâtre durcie, qui repose sur la roche mère, ont été trouvés quelques tessons d’amphores et de poteries suggérant une occupation avant le rempart (Perrier 1983 : fig. 3, 1‑3). La deuxième coupe, dans la partie du « petit rempart » donnant sur l’ouest, fut plus instructive (Perrier 1983 : fig. 6). Ici, encore, se trouve une surface préparée (2), couverte de pierres (3) posées horizontalement mais de façon irrégulière avec des vides entre elles. Cette disposition, qui existe encore sur une hauteur maximale de 1,5 m, était surmontée de gros blocs qui, de l’avis du fouilleur, avaient glissé sur les deux faces à partir de l’axe du rempart en pierre. Contre le bord intérieur de ce rempart, et, apparemment, après ce glissement, une rampe en terre (4) fut construite sur la couche rougeâtre identifiée dans la coupe no 1. Elle est, ici, plus complexe (5, 6, 7). La présence de « cendres », provenant d’un poteau vertical au‑dessous de la couche sableuse sur laquelle est bâti le rempart, fournit une indication d’une utilisation de ce secteur du site avant la construction du rempart.
133On a trouvé 5 fiches du type de celles qu’on trouve dans les muri gallici dans l’éboulis extérieur du rempart et dans le talus en terre qui se dresse en arrière (Perrier 1983 : fig. 6). En plus, on a trouvé 9 clous en fer plus courts. Un fragment d’une meule rotative se trouvait dans le noyau du talus en pierre sèche. Le rapport préliminaire signale la présence de tessons d’amphores Dressel la (Perrier 1983 : fig. 10, n° 82), des poteries faites à la main et au tour, des fragments de deux fibules en bronze, une perle en verre et des fragments de creuset avec scories. Ce matériel semble limité à une période chronologique étroite (Perrier 1983 : 36). Les contextes vont d’une occupation avant la construction du rempart (sous les horizons sableux 5, 6, 7 au‑dessous du rempart en terre) à l’éboulis externe du mur. La coupe 3 a également démontré une utilisation au‑dessous des niveaux sableux, avec, de nouveau, des tessons d’amphores Dressel la (Perrier 1983 : fig. 15). Le rempart, haut d’environ 3,3 m, était en grande partie en terre avec des couches de petites pierres près de la base. Contre la face nord‑est de la coupe, on a signalé un horizon incliné de pierres plus grosses, peut‑être en relation avec une ancienne structure interne en bois (Perrier 1983 : fig. 13). Des 9 clous retrouvés, 5 étaient localisés avec précision dans le talus. Tous étaient verticaux et semblent indiquer deux niveaux principaux de poutrage (Perrier 1983 : fig. 13,14).
134Le petit rempart fut donc érigé dans un secteur déjà utilisé pendant La Tène III. Sa construction, comme celle du rempart principal plus au sud, semble très variée d’un point de vue architectural, mais comprend par endroits des éléments compatibles avec la construction d’un murus gallicus. Il serait imprudent d’aller plus loin avant la publication définitive, mais il y a, quand même, des indications d’une construction en au moins deux phases, même si Perrier a raison quand il propose une durée relativement courte pour ces travaux avant la Conquête.
135En proposant une date pendant La Tène pour le petit rempart, Perrier a rendu insoutenable l’hypothèse de July (cf. ci‑dessus) d’une fortification de contour importante à l’extrémité sud de cet éperon‑interfluve, bien que Desbordes cite July pour épauler l’idée traditionnelle d’un oppidum embrassant tout le promontoire (Desbordes 1983c : note 33). Quant à la chronologie relative du petit rempart et de celui qu’a étudié Delage, il existe plusieurs possibilités. Le rempart principal n’a pas fourni de petites trouvailles, à la différence de celui qu’a étudié Perrier. Il est possible que ceci soit un reflet de la chronologie relative des deux remparts (le petit étant plus tardif, à cause des indications très nettes d’une occupation antérieure), mais on peut également soutenir le contraire où, même, la contemporanéité des deux. Dans ce cas, il faut ignorer la présence ou l’absence de trouvailles datant d’avant le rempart parce que celles‑ci ne sont pas abondantes dans la zone intra‑muros (Desbordes 1983c : carte). Seules d’autres recherches, et peut‑être des datations au 14C extrêmement précises – si on trouve des échantillons de bois appropriés – peuvent régler la question. Quels que soient les résultats des travaux en cours, les deux remparts à clous de Villejoubert (et les indications d’une construction en au moins deux phases) délimitent un ensemble de problèmes passionnants quant aux variations de la superficie de ce site‑clé pendant le ier s. av. J.‑C.
136A la différence d’un autre grand oppidum potentiel –celui qui est placé sur le promontoire entre le Maine et la Loire à Ste‑Gemmes‑sur‑Loire, dans le Maine‑et‑Loire (Gailia, 38, 1980 : 400)– il n’y a pas de constructions romaines importantes à l’intérieur du site de Villejoubert. Sur les 360 ha de Ste‑Gemmes, clôturés par un rempart visible par endroits, se trouvent un théâtre et des thermes. Villejoubert, et ceci est peut‑être significatif, semble redevenir un site rural insignifiant après la Conquête.
87 143 Saint‑Gence, La Grande Châtre/ Camp de César/ Camp romain
137Signalé pour la première fois vers la fin du siècle dernier (Lecler 1894b : 112), ce site a fait depuis l’objet de plusieurs rapports, les plus récents étant ceux de July et de Nash, cette dernière insistant surtout sur le rôle du site dans le commerce du vin (July 1975 : no 28 ; 1978 : no 28 ; Nash 1978a : 271‑272). C’est un des rares sites du Limousin qu’on peut dater avec une quasicertitude et qui donne des signes d’une occupation externe.
Situation topographique
138La Grande Châtre occupe un plateau arrondi et légèrement élevé (alt. c. 290 m) à l’est du village de St‑Gence et au sud de la Glane. Bien que des endroits plus élevés se trouvent à proximité du site, notamment au nord de La Châtre Plane, La Grande Châtre en est séparée par une vallée occupée par la route de Vauzelle. Il faut peut‑être insister sur le fait qu’ici la Glane est une rivière mineure et ne représente ni un obstacle militaire, ni une voie commerciale importante. Le paysage avoisinant, dominé par des collines arrondies et basses, des pâtures et des forêts, descend doucement du sud‑est vers le nord‑ouest. Il est découpé par des vallées mineures occupées par des affluents de la Glane et c’est entre deux ruisseaux de ce type que se situe La Grande Châtre.
Le site
139Sur la plus grande partie de la circonférence, les pentes naturelles au‑dessus de la Glane offrent une protection suffisante et ne sont complétées que par un revêtement de pierres sur la bordure en terrasse du plateau qui forme l’intérieur du site (fig. 47). Ce revêtement ressemble beaucoup à celui qu’on observe en bordure des secteurs difficiles d’accès du périmètre de La Groutte dans le Cher.
140Cependant, il n’est pas certain que cette construction soit antique, car des murs de soutènement semblables existent ailleurs dans le voisinage. C’est seulement dans le secteur sud, où le site touche au plateau, qu’une défense plus importante est nécessaire. Elle prend la forme d’un rempart imposant en croissant, long d’environ 180 m et lié aux pentes naturellement escarpées à l’est et à l’ouest. Cet ouvrage impressionnant domine l’intérieur d’environ 7 m et l’extérieur de 11 à 12 m, mais il est beaucoup plus bas vers l’extrémité occidentale. Il est précédé d’un terrain marécageux, large d’environ 20 m, et bordé vers l’extérieur d’une contrescarpe, légère mais suffisante pour suggérer qu’elle ait été modifiée par l’homme. Vers l’extrémité occidentale, le rempart est coupé par un accès moderne à un champ. Un chemin, qui traverse en oblique le fossé marécageux et le rempart externe, pourrait représenter l’accès original. July a décrit une deuxième entrée à l’extrémité nord du site : elle donne sur un chemin qui traverse le creux marécageux et qui relie St‑Gence à un gué en aval du moulin du Rabaud. Ce chemin n’est sûrement pas ancien.
141L’intérieur du site est légèrement convexe et, en 1980, il était en pâture. On ne connaît aucune structure archéologique en surface.
Trouvailles et structures
142L’intérieur est cultivé depuis de nombreuses années et l’accès moderne coupe le rempart ; il en résulte qu’il existe plusieurs mentions de trouvailles sur le site. Winckler signala des poteries de la fin de La Tène et du début de l’époque gallo‑romaine, y compris des tessons d’amphore à l’intérieur (Drouet 1912 : 4252‑ 4255). Cependant, il avait l’impression que les céramiques provenant du rempart, trouvées pendant les travaux de 1905 quand le propriétaire a aménagé l’accès actuel, devraient être plus anciennes (Winckler 1912, 1916 : 132‑135). Vers 1909, on a trouvé des poteries gallo‑romaines (Brisset 1939 : 67).
143En 1958, des monnaies romaines en bronze étaient réexaminées (BSAHL, 87, 1958 : 122). Elles avaient été trouvées en 1857 par le Dr Thouvenet et, d’après les descriptions, aucune ne semble dater d’avant la Conquête. Cependant, Nash prétend y voir des monnaies du iie s. av. J.‑C. (Nash 1978a : 272). Mitard les date entre le début du ier s. ap. J.‑C. et la fin du iie ap. J.‑C. (Mitard in Juge 1969 : 35‑36). Une utilisation plus tardive du site fut suggérée par la découverte fortuite à l’intérieur du camp de deux fusaïoles de tisserand ; l’une était en plomb et l’autre, peut‑être, en étain. Berlaud et Dominique les ont attribuées aux époques franque ou mérovingienne (Berlaud 1966 : nos 3, 4).
144Plus récemment, on a fait d’autres trouvailles à l’intérieur du site. On compte parmi celles‑ci des tessons d’amphores Dressel 1, une perle en verre et des poteries montées au colombin (Gallia, 35, 1977 : 446‑447). De la coupe faite ou agrandie en 1905 provenait un fragment de bracelet en verre bleu décoré d’une ligne jaune (Gallia, 35, 1977 : fig. 22). En 1980, l’érosion avait révélé un revêtement externe en pierre vers le haut de la coupe, appuyé sur les gravats et le sable formant le rempart. Malheureusement, il semble que beaucoup de trouvailles anciennes ont été perdues (Delage 1926 : 610‑611).
Occupation externe
145De nombreux tessons d’amphores ont été trouvés aux alentours de La Grande Châtre depuis le siècle dernier (Lecler 1894b : 112). Il semble qu’on ne les a pas conservés. Cependant, la découverte d’amphores en 1967, pendant le creusement d’un fossé au nord de la route entre La Grande Châtre et le village, fut l’occasion de fouilles limitées et d’une nouvelle étude du site (Perrier 1968b : 278‑279 ; Juge 1969). La carte qui en résulta montre des tessons d’amphores largement répandus au sud de la Glane aux alentours de La Grande Châtre surtout vers le sud‑est, jusqu’au cimetière au sud du village à environ 1 km de l’enceinte à vol d’oiseau (Juge 1969 : 25 ; Buchsenschutz 1981c : fig. 11).
146Les fouilles se limitaient à deux fosses au lieu‑dit La Côte, à l’est de La Grande Châtre. La fosse no 1, qui avait déjà donné trois amphores entières, était longue de 2,8 m et profonde de 0,6 m maximum. Les trouvailles supplémentaires furent limitées à quelques tessons d’amphores et un ensemble de tessons –des lèvres– de la fin de La Tène. La fosse no 2, à 0,5 m au nord‑est de la no 1, ne fut que partiellement fouillée. Elle était longue de 4 m et profonde de 0,6 m. Le matériel est limité à des poteries grossières réparties en deux couches au‑dessus et au‑dessous d’un niveau d’amphores, dont certaines étaient presque complètes, mais écrasées sur place. D’autres n’étaient représentées que par quelques fragments. Juge estime que ces débris représentent environ 15 amphores. Mises à part les amphores, un seul tesson (no 101) est considéré comme une importation. Parmi les amphores, les Dressel la semblent être les plus anciennes, mais Juge et Dupuy pensent que, à l’extérieur, l’occupation a continué pendant l’époque gallo‑romaine.
147Il semble donc que l’enceinte et le site extérieur furent utilisés pendant le ier s. av. J.‑C., bien qu’il soit actuellement difficile de se prononcer sur une utilisation contemporaine. La fouille morcelée de la zone extérieure rend difficile une estimation crédible de sa superficie, mais la surface utilisable à l’intérieur de l’enceinte – 2,36 ha – est nettement plus restreinte que celle proposée par Nash (July 1978 : 60 ; Nash 1978a : 271‑272).
148A la lumière de ces commentaires, mon interprétation de ce site diffère assez radicalement de celle de Nash, et il faut maintenant examiner le fondement de sa position (Nash 1978a : 271‑272). Les remarques suivantes sont à lire en conjonction avec le résumé de Nash sur ce site.
149– La surface clôturée est de 2,36 ha et non 6 ha ; sauf pour les travaux de 1905, la plupart des trouvailles ont été faites en surface.
150– Juge et Dupuy suivent Gouraud dans leurs observations sur le réseau routier et ne prennent pas en considération les communications d’avant la Conquête (Couraud 1961 : 31‑33).
151– Contrairement à Nash, Juge constate l’absence de poteries autres que les tessons d’amphores (Juge 1969 : 26).
152– Quand elle parle des types d’amphores (fig. 48), Nash est difficilement compréhensible parce qu’elle emploie la terminologie non standardisée de Juge et ses collaborateurs ; ils décrivent l’amphore no 114 comme étant, à la fois, « gréco‑italique » et » italique » et ils l’attribuent à la deuxième moitié du ier s. av. J.‑C., mais ce type est certainement antérieur. Il se trouve avec des Dressel 1 à Châteaumeillant (Chénon 1884 : pl. III ; Gourvest 1957), bien que les associations des exemples trouvés par Chénon ne soient pas claires (Hugoniot 1963). Il semble avoir été fabriqué entre le iiie et le début du ier s. av. J.‑C. La taille des exemplaires de St‑Gence et de Châteaumeillant semble les dater vers la fin de la série (h = 0,8 m environ). Les deux autres tessons d’amphore qui ont été publiés sont des Dressel 1, les « amphores républicaines • (Juge 1969 : pl. III, nos 113, 201). D’après les lèvres, ils datent du début de la production (Berger 1981 : fig. 8). Une datation aux alentours de 100 av. J.‑C. ne serait donc pas inacceptable pour ces deux fosses qui auraient renfermé davantage d’amphores que les 15 signalées par Nash. Cette chronologie est basée sur l’hypothèse que l’amphore no 114 est une des premières du type gréco‑italique et non pas une Dressel 2/4. Elle semble, cependant, présenter l’anse bifide, mais pas la forme angulaire de cette dernière série. Des travaux récents en Italie semblent indiquer une datation beaucoup plus tardive pour les Dressel 2/4. A cause du matériel trouvé dans les fours italiens, on a proposé une « date de lancement » entre 70 et 50 av. J.‑C. (Rathbone : comm. pers.). Ceci rajeunirait les trouvailles de St‑Gence. Perrier et Couraud décrivent les amphores trouvées en 1967 comme étant « gréco‑italiques de transition ».
153Les poteries associées, décrites dans le rapport de Juge et Dupuy comme étant de « la fin de La Tène », et acceptables en tant que telles, deviennent, sans raison, « post‑hallstattiennes » chez Nash.
154La monnaie celtique signalée par Mitard n’a rien a voir avec la fouille dans laquelle la situe Nash (Mitard in Juge 1969 : no 9).
155En citant Juge et ses collaborateurs de façon inexacte, Nash exagère l’importance de St‑Gence dans le commerce du vin (Juge 1969 : 33‑34). Ils se sont demandé s’il n’était pas mis en tonneaux à St‑Gence afin de faciliter le transport. Ils proposent trois routes par lesquelles le vin aurait pu y arriver : de Toulouse (où les amphores Dressel 1 et 4 sont connues à St‑Roch) ; de Clermont‑Ferrand ; ou bien, étant donné la position de St‑Gence, du Poitou en utilisant la route de l’Océan. Ils ne portent aucun jugement sur l’importance de St‑Gence à cet égard ; l’évaluation d’« étape importante » est de Nash. Par contre, ils sont d’avis que « cet habitat devait être assez important pour être un centre commercial (soit de distribution, soit de transit) ...» (Juge 1969 : 33).
156Ils suggèrent que Limoges était moins important que St‑Gence et soulignent le manque de matériel celtique significatif sur ce premier site. Ils signalent également qu’il y a « d’autres oppida plus importants en Haute‑Vienne » (Juge 1969 : 34). L’idée que St‑Gence « était nettement plus important [que Limoges] » vient de Nash. Il faut noter que les « beaucoup d’amphores » de Nash ne sont pas quantifiables au‑delà de la vingtaine trouvée et signalée en 1969. Que le nombre soit « exceptionnel » (peut‑être pour le Limousin, mais sûrement pas par rapport à Châteaumeillant ou à Toulouse) est, donc, discutable.
157La chronologie de Nash pour les monnaies romaines semble suspecte.
158Dans l’ensemble, les efforts de Nash pour mettre le jumelage St‑Gence/Limoges sur le même pied que Mont‑Beuvray/Autun et Gergovie/Clermont‑Ferrand semblent mal fondés. Nash ne rend pas justice à Juge et ses collaborateurs en disant que l’essentiel de son propre raisonnement se trouve dans leur rapport. Pour l’instant, il semble préférable de considérer St‑Gence comme une petite enceinte de hauteur, avec une occupation externe, dans une riche zone de pâturages qui avait des liens avec l’extérieur permettant aux habitants de se procurer du vin, mais pas seulement dans des amphores Dressel 1.
87 147 Saint‑Gilles‑les‑Forets, le Mont Gargan
159Le Mont Gargan est le point le plus élevé (alt. 730 m) d’une chaîne de collines boisées en forme de croissant qui, à partir de Châteauneuf‑la‑Forêt, s’étale vers le sud‑est. Elles forment la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Combade et de la Briance. Le site ressemble beaucoup au Montceix dans la commune de Chamberet (Corrèze) qui se trouve à environ 8 km vers l’est.
160Le Mont Gargan a une importance symbolique car au sommet se trouve la chapelle de Notre‑Dame‑de‑Bon‑Secours, qui est encore un lieu de pèlerinage. Malgré les fouilles à la fin du siècle dernier, il n’y a aucune indication d’une occupation antérieure à la Conquête, ni d’une fortification comme l’a proposé Imbert (Imbert 1894 : no 15). Le matériel provenant des fouilles de l’abbé Joyeux et des trouvailles isolées ne semble pas antérieur à l’époque romaine (Joudoux 1964a : 163‑168 ; 1964b : 51‑56 ; Lecler 1873 : 237‑238). Les fouilles de Joyeux, contrairement à ses travaux sur le Puy‑Château avoisinant, ne semblent pas avoir été très fructueuses. Il est certain qu’au sommet du Puy il y avait des bâtiments de style romain que Joudoux a interprétés comme un « sanctuaire de hauteur de tradition celtique », une opinion qui n’est pas en contradiction avec les éléments disponibles actuellement. L’échelle et la configuration topographique du Mont Gargan ne semblent pas favoriser son utilisation comme un oppidum et il n’est donc pas pris en compte.
87 151 Saint‑Jean‑Ligoure, Plateau de Chalucet/Chalusset
161Le sommet plat (alt. c. 260 m), et actuellement cultivé, qui domine la rive droite de la Ligoure au sud de son confluent avec la Briance, est bien connu à cause du château impressionnant qui occupe son extrémité nord. L’immense fossé, creusé dans les micaschistes devant ce château des xiie et xiiie s. sur cet éperon qui surplombe la rivière, aurait détruit toute fortification antérieure.
162L’existence d’une occupation protohistorique, à plusieurs centaines de mètres au sud du château (fig. 49), fut signalée pour la première fois en 1968, quand on nota la présence de 29 concentrations de tessons en surface (Fitte 1968). Ces céramiques étaient souvent associées à des accumulations de charbon de bois et quelques ossements calcinés. On a également trouvé des bracelets en schiste, des débris de cuivre et des silex travaillés, dont plusieurs calcinés. En 1970, à partir de la fouille d’un fossé par Chevillot, le site fut provisoirement daté à l’époque hallstattienn (Chevillot 1970 : 292). Le matériel avait été brûlé à côté du fossé et incluait des silex paléolithiques et néolithiques qui avaient été déplacés pendant le premier âge du Fer. Ultérieurement, on a identifié un centre d’occupation néolithique (Fitte 1971 : 195‑196).
163Les premiers résultats de la fouille concernaient un sondage de 4 m2 à l’intérieur d’une concentration de trouvailles en surface (Chevillot 1975a ; no 9). Elle correspond à une fosse de forme ovale irrégulière, profonde de moins de 1 m, creusée dans les micaschistes pourris. Le remblai était riche en petites trouvailles, surtout des céramiques et du charbon de bois. Ce dernier semble s’être accumulé pendant un certain temps, une lentille de sable indiquant une période d’abandon. Le matériel comprend :
– 3 fragments de bracelets lisses en lignite ;
– 1 perle en verre bleu avec une perforation centrale ;
– 1 épingle, probablement faisant partie d’une fibule, et des scories de bronze ;
– environ 30 fragments d’objets en fer et suffisamment de scories métalliques pour prouver qu’on travaillait le fer et le bronze sur le site ; le remblai contenait les vestiges d’un foyer en argile.
164L’échantillonnage de céramique est riche et inclut des éléments du Bronze final IIIb et de l’époque hallstattienne, sauf peut‑être le Hallstatt ancien (Chevillot 1975a : 13). On trouve des parallèles, par exemple, au Camp Allaric dans la Vienne. Le matériel plus tardif, parmi les 5 000 tessons provenant de ce fossé, est dominé, du point de vue stylistique, par des tessons graphités. On a également trouvé quelques tessons peints. L’ensemble a été examiné en détail par Chevillot. Les vases graphités furent probablement fabriqués sur place et on peut les classer en deux sous‑groupes basés sur la qualité de la cuisson. Trois blocs de graphite furent récoltés pendant le tamisage des remblais et on en trouve dans la région. D’après Chevillot, la source la plus proche se trouve à Gilardeix, dans la commune de Boisseuil, à environ 2 km à l’est de Chalucet (Chevillot 1975a : 21). Les décors sur les vases graphités trouvent leur parallèle sur neuf tessons de vase peint, dont un est graphité sur la face interne.
165Il semble que ces débris viennent d’un habitat car ils incluent des fragments de clayonnage. L’utilisation originale de la fosse n’est pas claire, mais Chevillot propose soit un silo, soit une carrière d’argile (Chevillot 1975a : 26). Dans l’ensemble, la fouille et les trouvailles en surface à cet endroit indiquent une utilisation pendant le Bronze final IIIb, le Hallstatt moyen (fibule à pied long) et final (fibule hispanique et poteries graphitées).
166Des travaux postérieurs ont prolongé la période d’utilisation du site jusqu’au début du deuxième âge du Fer et ont confirmé une occupation principale entre le Bronze final IIIb et le Hallstatt final. Ils ont également confirmé que la zone principale d’occupation avait été sérieusement endommagée par les labours profonds et que même sur les bords du plateau (sondage 3) l’état de préservation n’est quelquefois pas meilleur.
167Le sondage no 3 était situé sur la pente du plateau (concentration no 6). Une fosse, longue de 6,5 m et large de 0,2 m à 2 m fut étudiée. Comme le sondage no 1, elle était peu profonde (profondeur maximale 0,6 m). Il semble qu’elle fut remblayée en une seule fois, bien que les tessons, qui formaient la plus grande partie du matériel, puissent être typologiquement subdivisés, tout comme pour le sondage no 1. Les deux tiers sont attribuables au Bronze final III. En plus des ressemblances avec le matériel des principales zones des Champs d’Urnes vers l’est, il y a également des similarités avec des horizons Mailhac I en Languedoc (Chevillot 1978 : 207).
168L’identification du matériel du premier âge du Fer est, en plus, compliquée par le fait que plusieurs formes et décors ne montrent que peu de changements par rapport à l’époque précédente comme on peut le voir sur des sites en stratigraphie tel le Camp Allaric. De ce fait, il ne se prête pas à une typologie précise. Parmi les céramiques de bonne qualité, celles qui portent un engobe graphité ont encore de l’importance. En plus des fouilles de tumulus en Limousin, une partie de ce matériel trouve des parallèles dans un site fortifié (Ecornebœuf, commune de Coulounieix, Dordogne) et dans une grotte (Igues de Magnague, Lot) (Chevillot 1978 : 210).
169D’autres travaux sur le promontoire, et ailleurs dans la commune, ont augmenté le nombre de sites de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer dans la région (Chevillot 1979 : 5, fig. 1). Sur le promontoire, on a démontré que le locus 20 est dominé par un matériel qui est typologiquement du Bronze final IIIb, tout comme le locus 3, du moins en ce qui concerne les trouvailles en surface (Chevillot 1981a). La fouille du locus 25 a révélé une fosse rectangulaire. D’après le rapport préliminaire, le matériel daterait du début du deuxième âge du Fer.
1702 km plus loin au sud, mais toujours dans la même commune, Chevillot a identifié un autre site qui, en surface, a donné un matériel pauvre mais qui ressemble à celui qui a été trouvé à Chalucet (Chevillot 1976a : 9‑11). Il a suggéré que ce matériel venait du cimetière de Chalucet, mais il n’est pas impossible que ce plateau surplombant la rive droite de la Ligoure représente une zone habitée. Chevillot et Sazerat ont publié un site à Vigeries dans la même commune (Chevillot 1976c). Au domaine d’Envaud, au nord de l’Aurance dans la commune de l’Isle‑sur‑Vienne, on a trouvé, parmi d’autres objets, deux perles en verre et un bracelet en lignite décoré qu’on peut dater de la fin de la période hallstattienne (Chevillot 1975b : 5, fig. 2). Le bracelet ressemble beaucoup à d’autres exemplaires trouvés à Chalucet, et il est possible qu’il vienne de ce site. Chevillot a pensé que ce matériel provenait d’une sépulture, mais un habitat n’est pas impossible.
171Il est évident que l’on dispose seulement d’observations préliminaires en ce qui concerne ce site‑clé. Pour l’instant, il semble qu’il peut être décrit comme un « habitat de hauteur », car il n’y a pas de preuves de l’existence d’un enclos, mais le plateau peut être fortifié. Son importance vient non seulement des indices d’un travail de métallurgie sur le site et de la fabrication de poteries et de bracelets en lignite, mais également du fait qu’il représente le site le plus important du premier âge du Fer connu en Limousin.
172L’ensemble inclut des éléments qui trouvent des parallèles à l’Est, dans le Midi et dans les tumulus du Limousin de la fin de l’époque hallstattienne dont on ne connaît aucun exemplaire dans les environs. Ailleurs en Limousin, un matériel semblable provenant des habitats est assez limité, bien que Crozant (Creuse) et le Puy de Gaudy, qui a livré des bracelets en lignite, soient des sites potentiels. D’un autre côté, grâce au matériel de Chalucet, on peut comparer le Limousin à d’autres secteurs du bord occidental du Massif central tels que le Lot, les Charentes, la Dordogne et la Vienne, où on a trouvé un matériel semblable dans les habitats et les grottes.
87 160 Saint‑Léger‑Magnazeix, Au Grand Fa/Camp de César
173Depuis le milieu du siècle dernier, ce site a été souvent signalé et il est inventorié par Imbert et Mortillet (Imbert 1894 ; Mortillet 1906).
174Beaufort avait déjà publié une bonne description et un plan montrant que le site avait déjà été abîmé (Beaufort 1851 : 202‑204, pl. VI). Il n’a jamais été fouillé, et il est actuellement très dégradé.
175L’enceinte est située sur un plateau (alt. c. 294 m) à l’ouest du ruisseau de l’Asse et au sud‑ouest du Bois de Bouéry, dans un bois de bouleaux à l’est de la route entre Le Chêne Vert et La Roussellerie. Les alentours sont couverts de bois et de pâturages et il semble que le site n’a pas été cultivé pendant ce siècle (Néraud 1943 : 45). Le sous‑sol, argileux avec de petits cailloux, est plutôt imperméable. Il y avait de l’eau dans le fossé en mars 1975 et avril 1980, ce qui avait été signalé par les auteurs antérieurs (Beaufort 1851 : 202‑204 ; Couronnel 1884 : 7 ; July 1977 : no 22).
176Le rempart clôture une surface d’environ 0,7 ha dont les dimensions internes sont d’environ 80 m nord‑est/sud‑ouest et 85 m nord‑ouest/sud‑est. Le rempart nord‑est qui est conservé sur environ 30 m, est précédé d’un fossé, large de 3 à 4 m, rempli d’eau et précédé lui‑même d’un talus avec une contrescarpe haute de moins de 1 m et large de 2 à 3 m. Le côté le mieux conservé se trouve au nord‑ouest et domine le fond du fossé d’environ 5 m et l’intérieur de 1,2 m ; la pente interne est très douce. Bien que les angles du rempart soient arrondis, ceux du bord extérieur du fossé sont à angle droit. L’extrémité sud du fossé au sud‑ouest est sèche et, aux deux tiers de ce côté, le fossé est coupé par une chaussée moderne qui semble avoir été employée pour extraire du matériel du rempart, qui est surtout dégradé à l’angle nord‑ouest.
177L’angle sud‑ouest est coupé par la route qui a également détruit le talus ; un chemin moderne donne accès à l’intérieur du site à cet endroit. Le côté sud est signalé seulement par un léger talus qui montre que l’intérieur est plus haut que l’extérieur, mais il est de moins en moins marqué vers l’est. La position de l’entrée originale est donc incertaine. L’intérieur semble vide de toute structure. Une rigole moderne coupe le rempart nord‑ouest et indique que l’intérieur est très humide. A la bergerie du Camp de César, on m’a dit que des pierres avaient été trouvées à l’intérieur du site.
178Etant donné que la surface totale du site est de 1,03 ha (July 1977 : no 21), et vu son emplacement sur des terres d’une importance marginale pour l’agriculture, on peut rapprocher ce site des Viereckschanzen. Par contre, si on laisse de côté l’eau du fossé (qui pourrait être due à la nature du sous‑sol), l’apparence et l’échelle du rempart et, peut‑être, la mention de pierres retrouvées à l’intérieur, suggèrent une origine plus récente.
87 187 Saint‑Yrieix‑la‑Perche, Le Tuquet du Château
179Décrit en premier par Basse de Ménorval et vu d’avion par Gandillot, ce site est considéré par Couraud comme préhistorique (Basse de Ménorval 1956 : 144 ; Gandillot 1960 : 72 ; Couraud 1964 : 11, pl. 2). July a fourni une description plus complète (July 1979 : no 46).
180Il occupe le sommet d’une colline boisée au nord du hameau de La Condamine. L’enclos est plus ou moins rectiligne avec des angles arrondis, ce qui donne un parallélogramme irrégulier. Les côtés ouest et sud sont constitués par un rempart et un fossé avec un talus flanqué d’une contrescarpe vers l’extérieur. Le rempart domine l’intérieur du site d’environ 0,8 m et le fossé, large de 3,5 m, d’environ 4 m. Le talus est très étalé et sa hauteur maximale est d’environ 1 m. Au nord et à l’est, l’élément principal de l’enceinte est une pente naturellement escarpée. Des trois entrées, seulement celle au nord‑ouest semble être d’origine ; les deux autres (au sud et au sud‑ouest) semblent liées à des exploitations de carrières à l’intérieur.
181L’enceinte couvre une surface de 1,83 ha (July 1979 : 72) et, vu l’absence de petites trouvailles, une occupation protohistorique n’est pas impossible, bien que la théorie de Basse de Ménorval sur une datation antérieure à l’âge du Fer ne puisse pas être soutenue. D’autres auteurs ont signalé la proximité du site avec la zone métallifère autour de St‑Yrieix.
87 199 Vayres, Chalat/Le Chalard lieu‑dit Les Puis
182Vandermarcq semble avoir été le premier à signaler ce site (Vandermarcq 1891b : 27‑28). Il décrit « la butte de Chalat », au nord du village de ce nom, comme étant fortifiée par un « mur romain ». Il est possible que cette description concerne la motte et les fossés de Chez Beyjard à environ 200 m de là (July 1978 : 38). Vandermarcq prétendait y avoir trouvé des tegulae, des briques et un assortiment de vases. Il a également signalé un matériel néolithique sur les pentes sud de cette même colline, comprenant 11 fragments de haches en silex, une hache non terminée et une collection de silex.
183Des travaux plus récents étaient centrés sur les vestiges néolithiques, mais ils ont indiqué un enclos en pierre sèche sur le promontoire où on a trouvé le matériel (Piel‑Desruisseaux 1971 : 57‑63). Au sud de la Tardoire, en Dordogne, on a dit que de tels enclos, incorporant des granits orthostatiques et précédés de fossés, étaient des « villages clos » datant de l’âge du Bronze. Même si l’on admet que ces enclos puissent exister sur les hautes terres limousines, ces levées ne diffèrent pas beaucoup de celles du parcellaire secondaire de Chez Beyjard, distant de quelques centaines de mètres. La face érodée d’une carrière près des murs a donné un matériel néolithique ou du début de l’âge du Bronze (Piel‑Desruisseaux 1971 : 62). Il y avait également quelques poteries gallo‑romaines, avec un décor de feuilles de fougères, qui peuvent indiquer une datation vers le début de l’époque gallo‑romaine. Cependant, je suis d’accord avec July quand il dit qu’il n’y a rien pour indiquer que ces levées soient antiques (July 1978 : 30).
87 201 Verneuil‑sur‑Vienne, La Place d’Orsay/Viallebost
184Signalé en premier lieu par Lecler et inventorié par Mortillet, ce site a été abîmé par les labours et, récemment, par les lotissements (Lecler 1883 : 325‑326 ; 1887 : 135). En 1975, la petite éminence (alt. c. 340 m) occupée par le site était encore visible et un léger amoncellement de terre, traversé par une tranchée de drainage, indiquait la trace d’un des remparts. En 1980, même ces vestiges avaient disparu. D’après July, la surface intérieure surélevée était bordée de quatre talus qui définissaient un quadrilatère aux angles arrondis d’environ 0,92 ha (July 1976 : no 1). Lecler situa l’entrée au sud (Lecler 1883). Le fossé, coupé à la pelle mécanique, était à l’origine large d’environ 2 m et profond de 1 m.
185Bien que le site ne se trouve qu’à 1 km au nord de la voie romaine de Limoges à Chassenon et que Couraud considère que les deux sont en rapport, il semble qu’on puisse le classer parmi les Viereckschanzen (Couraud 1962a : 16‑18, pl. II). L’emplacement sur un plateau quasiment plat (le terrain s’élève doucement vers le nord‑ouest dans la direction des Quatre‑Vents) entre les ruisseaux du Pré‑Vieux et de Tranchepie, deux confluents mineurs de la Vienne, n’est guère significatif d’un souci défensif et l’échelle de l’enceinte indique que ce n’était pas un facteur décisif. Malheureusement, aucune trouvaille n’est signalée sur le site.
186La Place d’Orsay se trouve à moins de 10 km au nord‑nord‑ouest de la cathédrale de Limoges, ce qui en ferait l’enclos rectangulaire le plus proche pour une occupation vers la fin de l’âge du Fer.
187NOTA BENE
188Les sites de la Haute‑Vienne considérés ci‑dessus comprennent tous les exemples connus par l’auteur au moment de la rédaction de la thèse pour lesquels une utilisation comme habitat ou comme fortification pendant la Protohistoire semblait très probable. Mêmes parmi les sites étudiés, certains sont à rejeter, au moins provisoirement, faute d’objet ou d’indication sûres de structures (y compris les remparts) attribuables au dernier millénaire avant notre ère. La carte (fig. 50) présente la répartition par commune des sites actuellement retenus.
189Au siècle dernier surtout, mais aussi plus récemment, beaucoup d’autre sites ont été proposés comme fortification ou habitat de l’âge du Fer. Les sites inclus dans la liste suivante ont été pris en considération dans la thèse, mais ont été rejetés soit en l’absence de donnés, soit parce que le mobilier décrit ou les structures évidentes ne sont probablement pas protohistoriques. Parmi ces sites, certains correspondent à des traces d’exploitation de ressources métallifères.
19087 016 Les Billanges, Camp de César
87 020 Bonnac‑la‑Côte, Lechoisier
87 026 Busslère‑Boffy, voisinage de la Boucherie
87 029 Les Cars, le Bourg
87 031 Le Chalard, le Bourg
87 031 Le Chalard, Camp de César
87 031 Le Chalard, sites divers
87 032 Chalus, Le Château
87 035 Champagnac‑la‑Rivière, La Bétoule
87 041 Châteauponsac, Le Peu‑Buy
87 042 Le Châtenet‑en‑Dognon, Les Châteaux
87 047 Compreignac, Croix de Daumart
87 051 La Croisille‑sur‑Briance, sites divers
87 053 Cromac, le Bourg
87 058 Domps, Moulin du Roc
87 059 Le Dorat, Porte Saint‑Louis
87 060 Dournazac, Grand Puy Counieux
87 060 Dournazac, Montbrun
87 060 Dournazac, Pieu de Got
87 060 Dournazac, Camp des Rudelles
87 060 Dournazac, Camp de la Rue
87 064 Eymoutiers, paroisse de Saint‑Pierre‑Château
87 079 La Jonchère‑Saint‑Maurice, Le Traspont
87 082 Ladignac‑le‑Long
87 092 Marval, Vansannaud
87 110 Oradour‑sur‑Glane, Le Répaire
87 112 Pageas, plateau de Valette
87 120 La Porcherie, le Bourg
87 122 Razès, L’Age
87 127 La Roche‑l’Abeille, Le Cros de Marot
87 127 La Roche‑l’Abeille, voisinage du cimetière
87 146 Saint‑Germain‑les‑Belles, Camp de César
87 152 Saint‑Jouvent
87 153 Saint‑Julien‑le‑Petit, Rochein
87 156 Saint‑Just‑le‑Martel, Pierrefitte
87 157 Saint‑Laurent‑les‑Eglises, Traspont
87 171 Saint‑Nicolas‑Courbefy, Courbefy
87 181 Saint‑Sulpice‑Laurière, Gaudeix
87 182 Saint‑Sulpice‑les‑Feuilles, Cheuger
87 191 Sereilhac, La Rénaudie
87 192 Solignac, Chalucet
87 199 Vayres, Chez Beyjard
87 203 Vicq‑sur‑Breuilh, sites divers
87 204 Videix, Camp Romain
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