4.1 Introduction

1Le département de la Creuse s’étend depuis une série de hauts plateaux au sud jusqu’à la bordure des plaines du Beny. Le climat est influencé par le relief, qui passe de 931 m près de St‑Oradour‑de‑Chirouze (Joanne 1907) à moins de 200 m au nord.

2Le département couvre environ 557 000 ha. Les cours d’eau de la région, à l’exception de ceux d’une douzaine de communes au sud, s’écoulent vers la Loire. La nature du sous‑sol est un facteur essentiel dans l’utilisation de la terre : 380 000 ha ont un sous‑sol en granit ou en granulites et 125 000 ha en schistes et gneiss.

3La Creuse manque de limites naturelles ; les divisions qui la composent sont traditionnellement distinguées en termes d’histoire et de géographie humaine plutôt que par des différences physiques. Le bas Berry, par exemple, comprend des communes de plusieurs cantons du nord du département : Bonnat, Boussac, Chatelus, Dun‑le‑Palestel et La Souterraine. La Creuse présente une mosaïque de cultures, de prés, de landes et de forêts. En 1907, ils occupaient respectivement 270 000 ha, 135 000 ha, 80 000 ha, et 36 000 ha (Joanne 1907), mais ces proportions ont changé à peu près dans les mêmes rapports qu’en Corrèze. Par exemple, en 1972, le reboisement avançait de 1 100 ha par an et la forêt occupait 110 000 ha (ministère de l’Agriculture 1974 : 57). Au milieu du XIX^e s., 250 000 ha environ étaient classés comme landes et friches (Bouttelas‑Desmoulins 1867).

4La littérature du xix^e s. concernant les enceintes de la Creuse a évolué d’une manière différente de celle des deux autres départements qui nous intéressent. Bien que l’on ait inventorié et décrit les sites, l’effort principal a porté sur la description et l’étude des fortifications vitrifiées.

5Parmi les auteurs du xix^e s., Pierre de Cessac est, sans doute, le plus important. Dès le milieu des années 1860, il publiait une série d’articles importants réexaminant une grande partie de la littérature antérieure (par exemple, Joullietton 1814 ; Barailon 1784, 1806), et participant au débat sur les fortifications vitrifiées. Son contradicteur dans ce débat était J.‑B. Thuot, dont les travaux probablement les plus importants ont eu lieu au Puy de Gaudy, près de Guéret. Le Dictionnaire manuscrit de Cessac est une source d’importance primordiale pour toute étude sur l’âge du Fer dans la Creuse ; l’inventaire d’Imbert lui doit beaucoup (Imbert 1894a et b).

6La liste de la CEEPFA (BSPF, 17 : 8‑119, 143‑146) mentionnait des sites dans 29 communes. Très peu de synthèses sur les enceintes fortifiées de la Creuse ont paru pendant la première moitié de ce siècle. Autorde a réexaminé le thème de la vitrification (Autorde 1907a) et le tome du Centenaire de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, en 1932, donnait à Janicaud et à Lacrocq l’occasion de réexaminer la question. Tous deux, et Dayras également, ont donné des renseignements importants sur divers sites.

7Récemment, des recherches sur cette période ont repris (Léger 1980). Des fortifications importantes ont été fouillées par Léger (Camp des Chastres, Aubusson ; Puy des Trois‑Cornes, St‑Vaury) et Dussot (Puy de Gaudy, Ste‑Feyre).

4.2 Inventaire des sites

23 001 Ahun, (Acitodunum)

8Desbordes a réexaminé la possibilité de l’existence d’un site de l’âge du Fer (Desbordes 1976a : 459‑ 475). Les indices sont la toponymie, les trouvailles de petits objets, et un site qui pouvait être défendu. Ce dernier se trouve sur la commune voisine de Moutiers‑d’Ahun et sera étudié sous ce nom.

9Il semble certain qu’Ahun était un centre important de la vallée de la Creuse à l’époque gallo‑romaine. Desbordes a fait le plan de la surface estimée du site à cette époque et a démontré qu’il occupe un immense polygone irrégulier entre Ahun et Moutiers‑d’Ahun où les trouvailles de briques, de tuiles, etc., sont fréquentes (Desbordes 1976a : 462, fig. 2).

10La Table de Peutinger signale une agglomération importante, appelée Acitodunum, sur la route de Lyon à Saintes, entre Clermont et Limoges (Augustoritum). Bien qu’il soit question d’Ahun, ceci ne veut pas dire nécessairement qu’il y ait eu une occupation du site avant la Conquête. Desbordes signale que, même si le nom est d’origine gauloise –signifiant peutêtre « l’enclos sur un sommet à pentes raides »– il pourrait avoir été conféré au site après la Conquête (Desbordes 1976a : 463). En effet, le même cas se présente en Limousin, à Limoges même, où l’on n’a pas trouvé de matériel datant d’avant la Conquête.

11Mise à part la présence de minerai de fer, à Chanteau, et à d’autres endroits de la région, les indications d’une activité à Ahun pendant l’âge du Fer sont assez restreintes. Les trouvailles de petits objets se limitent à un fragment de potin trouvé près de la ville (Cessac, ms).

12Actuellement, il semblerait préférable de dire que l’occupation gallo‑romaine s’est faite ex nihilo.

23 008 Aubusson, Les Chastres/Les Châtres, Le Marchedieu, Le Château, Le Chapitre

13Cette enceinte importante (fig. 27), qui occupe le promontoire du Bois des Chastres au sud‑sud‑ouest d’Aubusson, est bien connue depuis le siècle dernier. Elle a donné lieu à bien des conjectures et à quelques fouilles.

14Plusieurs interprétations de l’importance de la fortification du Bois des Chastres ont évoqué des rapports avec les sites proposés pour d’autres collines aux alentours d’Aubusson. Parmi ceux‑ci, le Marchedieu est le plus fréquemment cité, suivi du site occupé par le château médiéval d’Aubusson. C’est un éperon saillant, d’une hauteur d’environ 560 m, à l’est d’Aubusson, entre la Creuse, le ruisseau de la Ville et le village de La Seiglière. Alors que les auteurs du xix^e s. étaient attirés par le Marchedieu et ses relations possibles avec le Camp des Chastres (Pérathon 1886 : 9), ceux du xx^e semblent s’intéresser exclusivement au château.

Le Camp des Chastres

15Le sommet du promontoire sur lequel se trouve Les Chastres est à 557 m, mais il est à l’extérieur de la ligne défensive principale qui traverse le promontoire de l’ouest‑nord‑ouest à l’est‑sud‑est. Cependant, le plateau est légèrement ondulé et cette exclusion ne présente pas un inconvénient militaire majeur. Le promontoire s’incline doucement vers le nord‑ouest avant de descendre brusquement vers la Creuse qui coule ici à environ 440 m. La ligne de défense principale, qui consiste essentiellement en un rempart, traverse le sommet du plateau en haut de la pente de la vallée de la Bauze, un affluent qui se Jette dans la Creuse à Aubusson, presqu’à la route qui suit la vallée sèche entre le Bois des Chastres et la colline de la Rebeyrette. Cette butte, en bordure de la Creuse, ne semble pas avoir fait partie du système défensif.

16Le rempart, d’une longueur d’environ 450 m, isole donc une surface d’environ 15 ha, mais on ne peut pas la calculer avec exactitude à cause de l’expansion d’Aubusson qui occupe maintenant une partie du site. Au xix^e s. déjà, on savait que le rempart contenait une adjonction de terre et de bois carbonisé (Cessac, ms). Cessac a également signalé l’existence d’un fossé faiblement marqué à l’extérieur du rempart. Aucun mobilier n’avait été trouvé à l’intérieur du site, mais on avait trouvé des tuiles gallo‑romaines en bordure de l’ancienne route d’Aubusson à Felletin, juste à côté.

17Thuot a réexaminé les indices connus trouvés à Aubusson et aux alentours, dans l’espoir de démontrer que les deux légions de César y avaient hiverné en 51 av. J.‑C. (Thuot 1873). Bien que sa thèse soit essentiellement spéculative, et ne soit pas suivie par Cessac et d’autres, il donne quand même des renseignements utiles sur le Bois des Chastres. Thuot signala du matériel gallo‑romain au pied des remparts du château, au Marchedieu, à La Cube, et entre le faubourg St‑Jean et le Bois des Chastres (Thuot 1873 : 64‑65). De tous les sites aux alentours d’Aubusson, il pensait que le plateau des Chastres (ou Bois de Felletin) offrait le meilleur site aux légions de César (Thuot 1873 : 59). Il a une longueur d’environ 750 m et Thuot a noté que le rempart principal, long de 445 m, coupait le promontoire à angle droit. A la base, le rempart avait une largeur de 17 m, et existait encore sur une hauteur de 2,6 à 3,6 m. Il dépassait le bord de la pente sur une longueur d’environ 20 m du côté de la Bauze. Une route qui coupe le rempart a montré qu’il était construit en terre et en pierres entassées sans organisation interne. Thuot a également remarqué un rempart secondaire qui suivait, sur une distance de 260 m, le bord de l’escarpement en haut de la Bauze (Thuot 1873 : 83). Il avait encore une hauteur maximale de 2,4 m. Bien qu’une partie de l’intérieur ait été labourée, on n’y avait trouvé aucun mobilier. Plusieurs sources existent sur le promontoire, qui, d’après Thuot, couvre environ 35 ha (Thuot 1873 : 86). Ce qui semble être une entrée dans le rempart sud correspond à l’ancienne route d’Aubusson à Felletin, qui traversait le site.

18Pérathon signala la découverte de monnaies romaines près de la Levée de César, comme on appelait le rempart principal des Chastres. Il signale également la découverte de « boulets en fer » au début du xix^e s., qu’il attribuait à une réutilisation du site pendant les guerres de Religion (Pérathon 1886 : 6). Par la suite, il nota que la brèche dans le rempart sur l’alignement de la route d’Aubusson à Felletin était indubitablement secondaire. En 1925, Courteau et Dayras réexaminaient les théories de Thuot sur le Camp des Chastres et son rôle éventuel pendant les années suivant la Guerre des Gaules (Courteau 1925) mais ils n’ajoutaient que peu de détails à ceux qu’avaient donnés Thuot et Pérathon. Ils ont, toutefois, proposé de réduire la surface de la fortification à environ 20 ha. Ils ont également proposé d’autres fortifications, entre autres deux remparts en demi‑lune, presque arasés en 1925, protégeant une entrée au nord, et qui sont maintenant introuvables.

19Les rapports suivants furent limités à quelques petites trouvailles aux Chastres. Dayras signala une hache en diorite et, en 1937, le musée de Guéret recevait un aiguisoir perforé trouvé dans le camp.

20Vers 1965, l’Association des Amis d’Aubusson commença de petites fouilles à l’intérieur du Camp des Chastres. A part quelques tegulae, rien ne fut découvert. L’année suivante, Dayras et Champagnat ont réexaminé les indices concernant les divers sites autour d’Aubusson et ont publié des notes sur les sondages de 1965 (Dayras 1967b). A l’est de l’ancienne route d’Aubusson à Felletin, le rempart principal s’était nettement détérioré depuis que Thuot en avait donné les dimensions : la surface enclose par l’enceinte est réduite à environ 13‑15 ha. A l’intérieur du camp, il semble que les fouilles étaient limitées à une citerne en granit d’une longueur de 24,5 m, d’une largeur de 3,25 m et d’une profondeur de plus de 1 m. Elle n’a fourni aucun matériel et ne pourrait être associée que provisoirement aux fortifications (Dayras 1967b). En somme, il semblerait que le Camp des Chastres soit trop ancien pour qu’une utilisation comme quartiers d’hiver à la fin de la Guerre des Gaules soit possible. Depuis, les travaux ont concerné le rempart principal des Chastres, essentiellement pour nettoyer et agrandir une fouille clandestine. Des rapports préliminaires ont été publiés (Léger 1972, 1984 ; Gallia, 31, 2, 1973 : 423 ; Gallia, 33, 2, 1975 : 445) et je suis très reconnaissant à M. Patrick Léger d’avoir discuté avec moi de ses travaux sur le site, bien que je ne sois pas tout à fait d’accord avec lui en ce qui concerne l’histoire du rempart.

21La coupe dans le rempart, actuellement couvert d’une plantation de conifères matures, était faite à l’ouest de l’ancienne route d’Aubusson à Felletin. Large de 1 à 2 m et longue de 20 m, la coupe fut agrandie afin d’examiner les niveaux supérieurs près du sommet du rempart. Comme l’a signalé Dayras, on y a trouvé des tuiles gallo‑romaines.

22On peut diviser la stratification en trois niveaux principaux, numérotés de I à III à partir de la base. Comme la coupe au cœur du rempart avait moins de 1 m de large et que la surface sous le rempart n’a pas été fouillée, on ne peut pas évaluer complètement les éléments de la phase I, et il n’est pas certain que cette phase représente la première construction sur le site.

Phase I

23Elle est représentée par un talus bas en terre et en pierres, mais qui ne constitue pas une structure bâtie, comme un mur de soutènement, par exemple. Un foyer était scellé sous ce talus à l’arrière, mais sa chronologie n’est pas certaine, étant donné que l’on n’a pas trouvé de matériel associé. Au centre de la coupe se trouvait une poutre équarrie verticale qui avait survécu parce qu’elle était carbonisée. Elle était entourée de pierres de blocage incorporées dans les strates de la phase I. Vu l’étroitesse de la coupe, tout ce que l’on peut dire avec certitude est que la poutre ne faisait pas partie d’une palissade continue. On n’a pas établi s’il y avait un trou de poteau dans l’ancien sol ou non. La phase I existait encore sur une profondeur d’environ 1 m et l’interprétation la plus plausible –vu les incertitudes mentionnées ci‑dessus– semble être celle d’une palissade (avec des poteaux verticaux placés à des intervalles inconnus) fixée dans un talus massif avec un glacis de petites pierres sur la face extérieure.

Phase II

24Bien qu’elle ait été décrite comme une série de couches d’une terre argileuse jaunâtre associées à des couches de terre fortement rubéfiée (Léger 1972), on peut décrire cette phase comme un rempart avec une armature de poutres brûlées incorporant quelques pierres non vitrifiées. Il semble qu’il existe encore des poutres transversales et longitudinales, les transversales étant inclinées vers l’intérieur du site. Des pierres de blocage furent également trouvées en association avec les poutres transversales. D’après les renseignements donnés par la coupe, cette deuxième phase semble avoir été construite sur la surface nivelée de la phase I : on peut imaginer que les poutres de base étaient plantées en biais dans de petites tranchées creusées au sommet de la phase I. On n’a pas trouvé de trous de parements associés à cette phase de la construction, qui devrait avoir au moins 6 m de largeur. Bien que le matériel de comblement ait pu venir du creusement du fossé, Léger envisage la possibilité de sa contemporanéité avec la phase I (Léger 1984).

25Léger, qui souscrit à la théorie que la combustion de ces murs vitrifiés faisait partie des techniques de construction, considère la phase II comme « un raté de construction », une conséquence du matériel employé (Léger 1984 : 46). Desbordes partage cet avis (Desbordes 1985 : 39). Le sujet sera repris au chapitre 6.

Phase III

26Cette phase est composée d’un chargement énorme d’argile Jaune et de pierres qui enveloppait l’ouvrage entier et qui constituait un peu moins de la moitié de l’élévation subsistante du rempart. Il est possible que les pierres d’angle trouvées dans cette troisième phase aient été récupérées pendant la démolition du parement extérieur de la phase II. Le talus de la phase III a été posé sur les surfaces nivelées de la phase II. Vers la face extérieure, l’argile est consolidée par une murette grossière en pierre sèche.

27L’ouvrage est précédé d’un fossé peu profond, qui n’a pas été totalement fouillé, mais qui aurait pu fournir certains des matériaux utilisés dans la construction : d’après Léger, il serait contemporain de la première période de construction.

28Le petit mobilier associé au rempart comprend deux meules dormantes, l’une réemployée dans la phase II et l’autre dans la phase III, environ 40 tessons, la plupart trop petits pour pouvoir être datés, et une fibule en bronze, Il y avait également un matériel antérieur incorporé dans les remblais.

29Très peu de tessons ont été publiés, mais il y en a un qui semble appartenir à la tradition des Champs d’Urnes. Aucun ne semble fait au tour et, bien que quatre types de poteries aient été identifiés, aucun n’est datable de façon certaine. La fibule n’était pas en place et se trouvait sur la pente externe du rempart. L’ardillon manque, l’arc est arrondi, le pied est retourné en arrière et orné d’une sphère, fixée verticalement et gravée de deux lignes horizontales. On en trouve de semblables pendant la période de transition entre le Hallstatt final et La Tène ancienne ; en Aquitaine, celle‑ci correspond à la période IV de la chronologie de Mohen (Mohen 1980 : 74, type 3224).

30En somme, la Levée de César montre tous les signes d’une construction couvrant plusieurs périodes et reconstruite au moins deux fois sur la même ligne. La surface clôturée, entre 13 et 15 ha, est grande pour le Massif central occidental et semble indiquer que le Camp desChastres était d’une importance considérable, du moins localement. D’autres fouilles seront nécessaires pour le confirmer, et même pour confirmer que certains éléments sont vraiment anciens et non simplement les conséquences de la circulation sur le site quand il était traversé par la route d’Aubusson à Felletin.

Le Château

31Bien que situé légèrement plus bas que Les Chastres et Le Marchedieu, le site du Château (lieu‑dit Le Chapitre) occupe une position dominante qui surplombe la jonction de plusieurs vallées (Dayras 1967a : 21, photo aérienne). A cause des constructions postérieures, les possibilités d’examiner le site et de récupérer du matériel ont été très limitées et, depuis le siècle dernier, Le Château a eu ses partisans et ses détracteurs comme site de l’âge du Fer. Thuot, par exemple, pour des raisons topographiques, ne le considérait pas comme une fortification de cette époque (Thuot 1873 : 80, note 1). Pérathon, en reprenant l’étude du site, était moins disposé à le rejeter complètement, à cause d’autres trouvailles faites autour du Château (Pérathon 1886 : 4).

32En 1923, Courteau et Dayras réexaminaient les indices concernant l’existence d’un castellum romain sur le site du Château mais, malgré la position topographique apparemment forte, leurs investigations n’étaient pas concluantes (Courteau 1923 : 280).

33Le site du Château fut, de nouveau, l’objet de travaux vers 1965. Les monnaies furent réexaminées (Dayras 1967a : 16). Il n’y a pas de monnaies gauloises, et la série romaine commence avec un as républicain, un denarius d’Auguste et une monnaie de Nîmes. Les fouilles sont difficiles à cause de la présence d’une couche épaisse de débris épandue sur le site au xviii^e s., mais, à une profondeur d’environ 2 m, on trouva des tessons apparemment de La Tène III (Dayras 1967a : 22). Cependant, quelques vases semblent plus anciens (par exemple, des cordons digités) et rien n’évoque La Tène III (Dayras 1967a : 24, fig.). Le Chapitre (= Le Château), long d’environ 110 m et large de 50 m, dominant la Creuse d’une hauteur de 40 m, pourrait avoir été occupé à une époque préhistorique tardive (Dayras 1967a).

34Récemment, Desbordes a souligné l’importance de la position stratégique du Château (Desbordes 1978c : 36‑3 ; 1983b : 101, 105, note 34) surplombant la vallée de la Creuse à un croisement de routes, et il a suggéré que les fossés visibles au Creux‑du‑Fossé pourraient être préromains et avoir été remodelés au Moyen Age. D’autres fouilles seront nécessaires afin de tester cette hypothèse.

Conclusion

35Parmi les anciens auteurs, Thuot, Pérathon et Dayras étaient tous intéressés par le rôle éventuel des Chastres à la fin de la Guerre des Gaules comme garnison d’hiver « in finlbus Lemovicum non longe ab Arvernis ». Ils ont également essayé de replacer le site dans un grand réseau défensif. Une telle interprétation semble aller au‑delà des renseignements actuellement disponibles sur ce grand site pour lequel –au contraire du Château où Dayras prétend avoir trouvé de la céramique de l’époque concernée– le matériel de La Tène III manque. Comme on l’a si bien dit (Léger 1984), il y a peu de données pour soutenir la datation tardive de 300 av. J.‑C. que l’on a proposée (Desbordes 1983b : 103). Compter sur une seule fibule pour dater le site, comme le fait Léger, est inévitable mais regrettable (Léger 1984). Actuellement, on peut certainement affirmer que le talus parementé de la phase III représente une adjonction à un ouvrage défensif antérieur. Il est évident qu’un contexte historique convenant à un tel procédé pourrait se trouver vers le milieu du i^er s. av. J.‑C., mais les preuves manquent.

23 022 Bétête, Les Terrasses

36La seule référence à ce site est le Dictionnaire manuscrit inédit de P. de Cessac aux archives départementales de la Creuse.

37Il le décrit comme un carré d’environ 100 m de côté et le considérait comme étant soit un camp romain, soit un enclos du xiv^e‑xv^e s. Il pensait que le talus n’avait jamais été très élevé, peut‑être 2,5 m ; à cette période subsistaient encore essentiellement ses angles arrondis. L’enclos se trouvait aux alentours du village de Belair. On ne connaissait pas de petites trouvailles sur le site. Tout comme une enceinte possible à La Celle‑Dunoise à environ 20 km vers l’ouest, cet enclos pourrait être une Viereckschanze.

23 032 Boussac‑Bourg (= Boussac‑les‑Eglises), Camp de Montmoulard

38Quelquefois appelé le « Camp de l’Ennemi » (Cessac, ms), ce camp fut décrit deux fois au XIX^e s., mais depuis, et bien qu’il existe encore, on n’en a parlé qu’incidemment (Cessac 1862 : 329‑330 ; Bonnafoux 1867 : 27 ; Lecler 1902 : 85 ; Desbordes 1978c : 36).

39Le site occupe un plateau au nord‑est du bois de Montmoulard (alt. c. 410 m) et au sud‑est du ruisseau du même nom. Il se trouve à environ 800 m du village de Villeville. Il a une forme légèrement trapézoïdale ; le plus grand axe, orienté nord‑sud, a une longueur d’environ 150 m et l’autre un peu plus de 50 m. Le côté nord est orienté à 70° et consiste en un talus, haut de moins de 1 m et large de 5 à 6 m. Il n’y a pas de fossé. A l’est, le rempart, orienté sensiblement nord‑sud, est large d’environ 4 m pour une hauteur de moins de 1 m. Là aussi il n’y a pas de fossé. Au sud, il n’y a pas de talus mais un chemin de terre, orienté à 250°, occupe peut‑être l’emplacement de l’ancien fossé, car il se trouve environ 1 m plus bas que l’intérieur de l’enclos. C’est à l’ouest que l’on trouve les vestiges les plus importants. Le talus domine l’intérieur du site d’environ 2 m et le fond du fossé, en V, d’environ 4 m.

40Deux entrées sont visibles dans le rempart occidental. La première, à environ 70 m de l’angle nord‑ouest, a environ 4 m de largeur mais il n’y a pas de discontinuité dans le fossé ; la deuxième, à environ 30 m du même angle, est accompagnée par un passage sur le fossé.

41Si on regarde les dimensions données au xix^e s., il semblerait que les terrassements se sont détériorés depuis, mais on a rapproché ce site d’autres, comme celui de la commune de Lourdoueix‑St‑Pierre, par exemple, ce qui laisse supposer que l’on peut le considérer comme une Viereckschanze (Bonnafoux 1867).

42On ne connaît pas de petites trouvailles à l’intérieur du site, mis à part un boulet de canon (Bonnafoux 1867) et des tessons (Cessac, ms). Cependant, il y a trois amphores entières du type Dressel la dans une maison du village de Villeville. Il est possible qu’elles viennent du Camp de Montmoulard ou du Nouvel Etang, qui se trouve à environ 300 m au nord‑ouest (renseignements de P. Léger). D’après Chénon, la route romaine de Châteaumeillant (= Mediolanum) à Ahun traverserait la commune (Chénon 1921 : 434).

23 035 Budelière, Promontoires de St‑Marlen et de Ste‑Radegoiule

43Il est possible que les premiers auteurs qui ont parlé d’une fortification dans cette commune aient pris des traces d’extraction de minerai pour des ouvrages défensifs (Filippini 1931 ; Janicaud 1932 : 110). Cependant, les recherches récentes de Piboule ont identifié deux sites (fig. 28) sur des promontoires près du confluent du Cher et du Tardes (Piboule 1982 : 265‑267). Il est possible que la référence de Janicaud concerne l’un de ces sites.

44Le promontoire de St‑Marlen est un éperon étroit, au sud du confluent des rivières (Piboule 1982 : 265‑267). En se basant sur des petites trouvailles de surface, il propose une occupation à partir de l’âge du Bronze ; certaines poteries qui n’ont pas été faites au tour peuvent être attribuées à l’âge du Fer, mais les tessons d’amphores sont très rares. L’occupation du site a continué pendant l’époque gallo‑romaine.

45La présence de blocs de matériaux vitrifiés et d’autres débris laisse prévoir une utilisation métallurgique du site. En l’absence de fouilles, il est difficile de déterminer l’époque de cette utilisation, bien que la présence de quantités de tuiles à rebord suggère l’époque gallo‑romaine. La description du site ne mentionne pas le type des défenses, mais le plan indique une simple ligne qui traverse l’accès du promontoire.

46Le plateau de Ste‑Radegonde, d’une superficie d’environ 3 ha, à l’ouest du confluent, se situe entre le Tardes et un affluent de la rive ouest. Le plan de Piboule indique une seule ligne défensive, décrite comme « un talus de protection », placée près du plateau (Piboule 1982 : 267). Les trouvailles en surface indiquent une occupation néolithique et un petit établissement gallo‑romain. Par contre, il semblerait que le site ait été occupé d’une façon plus intensive à la fin de La Tène. Piboule parle d’« abondants débris d’amphores, associés à des tessons d’époque gauloise » (Piboule 1982 : 266). On a trouvé des meules dormantes et rotatives sur le site, qui a été occupé jusqu’au xix^e s. Des sondages à l’intérieur semblent être limités à des traces de l’époque médiévale.

47De nouvelles découvertes de ce type soulignent les lacunes dans nos connaissances de l’occupation protohistorique du Limousin.

23 038 Bussière‑Saint‑Georges, Terrier de l’Ennemi

48Léger a signalé la découverte d’un enclos rectangulaire à environ 700 m de Bussière (Léger 1983). Il est presque carré, et long d’environ 82 m. Le talus en terre et dans lequel se trouve une seule entrée, de 6 m de largeur, est plus élevé aux angles. Il domine le fond du fossé d’environ 2 m. Léger dit qu’à l’origine les fossés, maintenant très réduits, étaient larges d’environ 8 m. Si c’était vrai, cette largeur et la surélévation des angles indiqueraient une construction médiévale. Quoi qu’il en soit, le Terrier ne ressemble pas aux Viereckschanzen.

23 039 La Celle‑Dunoise, Camp des Anglais

49Lacrocq signalait un site possible, le Camp des Anglais ou de César, que la tradition situa sur la Petite Brande, un pré communal qui, depuis, a été subdivisé (Lacrocq 1926 : 299). Il ne restait que « des traces extrêmement vagues de remparts » définissant un rectangle long d’environ 100 m. Etant donné l’existence dans cette région d’autres enclos rectangulaires possibles (par exemple à Lourdoueix‑St‑Pierre et à Bétête), une Viereckschanze de plus dans cette zone frontalière semblerait hautement vraisemblable.

23 061 Chénérailles

50Des tessons inédits d’amphores Dressel la, trouvés dans cette commune, sont actuellement au musée de Guéret (Hernandez 1984).

23 065 Colondannes Butte de la Cazine

51Seules des références brèves concernant ce site ont paru (Lauzanne 1971 : 1xxxii ; Bertrand 1974 : 381). Tous deux ne signalent que « des traces d’un oppidum » dans la commune. Ce rapport est donc basé en partie sur un dossier inédit auquel M. Yves de Kisch m’a permis d’avoir accès.

52Le site se trouve près de la bordure septentrionale d’un plateau vallonné d’une altitude de 350 à 400 m, limité par les communes de St‑Agnant‑de‑Versillat, St‑Léger‑Bridereix et Colondannes, et qui domine les terres plus basses vers les plaines du Berry au nord. Il est situé sur le bord d’un plateau au‑dessus de la rive droite du ruisseau de la Cazine qui délimite ici les communes de Colondannes et St‑Léger ; la butte de la Cazine se trouve dans cette dernière, au sud‑est du village de Châtillon.

53Dans l’état actuel, ce plateau très boisé semble traversé par plusieurs murailles en pierre sèche ; la plus épaisse est large d’environ 2 m, tandis que d’autres sont moins impressionnantes. Elles couvrent une zone d’un diamètre d’environ 300 m ; en certains endroits, elles descendent la pente vers le sud‑ouest afin d’inclure des zones de prés et de marécages près du ruisseau. Le croquis dans le dossier de la DRAH du Limousin ne permet pas de proposer autre chose qu’un système agraire d’une antiquité incertaine.

54Cependant, cette région, qui se situe vers les bords septentrionaux de la Marche et qui englobe certaines des basses terres de la Creuse, mérite une prospection plus poussée. La Cazine est un affluent de la Sedelle, dont le confluent avec la Creuse à Crozant abrite un site important.

23 070 Crozant, Le Château

55Au xix^e s., en décrivant les ruines du château médiéval, on a évoqué la possibilité d’une utilisation protohistorique du site (Mazet 1894 : 70), mais c’est seulement à la suite des fouilles de B. Lasnier qu’un matériel de cette époque a été retrouvé en stratigraphie, bien qu’en partie réemployé.

56Le site (alt. 256 m) occupe un méandre escarpé au confluent de la Creuse et de la Sédelle. L’accès est limité à un étroit isthme au sud, où se trouve le village de Crozant. Bien que le barrage hydroélectrique sur la Creuse, au nord, ait fait monter le niveau des deux rivières, ceci ne diminue en rien la puissance originale du site. Avant la construction du barrage, le promontoire dominait les rivières de 65 m (Dayras 1940). Il semblerait que Rouzier ait été le premier à considérer la possibilité d’une fortification du site à l’époque protohistorique, bien que le matériel qu’il a proposé pour appuyer cette assertion soit sûrement éclectique (Rouzier 1897 : 7). Il signala, quand même, du matériel gallo‑romain, y compris des tessons d’amphores et des monnaies au village même. Il dessina également le principal élément défensif sur le site –un fossé long de 40 m et profond de 8 m, creusé à même la roche– qui traverse l’extrémité sud du promontoire.

57Janicaud a pensé que les surfaces plates disponibles à l’intérieur étaient trop restreintes pour avoir encouragé une occupation préromaine (Dayras 1940 : 500‑513). Il signala que deux haches en pierre polie et trois pointes de flèches en silex avaient été trouvées sur les rives de la Sédelle à l’intérieur du site. Janicaud signale une troisième hache dans le fossé (Dayras 1940 : 51). Pendant les années 1960, Dhéron trouva un atelier néolithique de silex à l’extrémité septentrionale du promontoire (Dhéron 1965 : Ixxv). Une partie de ce matériel a été publiée, ainsi que les trouvailles postérieures (Gallia Préh. 1968 : 440). On a fait des fouilles restreintes, apparemment limitées à une seule tranchée située sur le bord nord‑est du promontoire, près du gisement néolithique (Gallia, 29, 2, 1971 : 315 ; Gallia, 31, 2, 1973 : 423‑ 424 ; Allain 1975 : 50). La tranchée avait 72 m de long et 0,80 m de large ; elle était stérile sauf près de la courtine médiévale du château fort.

58Dans ce secteur ont été reconnus deux autres ouvrages défensifs en pierre (fig. 29). Le petit mobilier associé à la stratigraphie était plutôt mélangé, mais il en reste suffisamment pour proposer une esquisse chronologique. Le Rempart II, immédiatement en aval de la ligne des murs médiévaux, était en stratigraphie juste au‑dessus de quelques petits objets gallo‑romains et date, probablement, de la fin de cette époque. Le Rempart I, également en pierre sèche, d’environ 3 à 4 m de largeur, et situé à environ 10 m en aval, ne fut pas exploré complètement. Cependant, étant donné la stratigraphie, il semblerait qu’il soit protohistorique.

59La pente sur laquelle se trouvent ces trois lignes défensives est telle que l’on n’a pas trouvé une stratigraphie en place ; néanmoins, trois horizons principaux ont été identifiés (Allain 1975 : 50), correspondant à : d’une part, du matériel pré/protohistorique, non contaminé par des adjonctions gallo‑romaines ; d’autre part, du matériel gallo‑romain associé à des objets d’époques antérieures ; et enfin du matériel médiéval associé à des objets d’époques gallo‑romaine ou antérieure.

60Les détails suivants, concernant le petit mobilier, ont été publiés, mais la plus grande partie du matériel est toujours en cours d’étude (il y a plus de 30 000 tessons). Le Néolithique est représenté, non seulement par des haches en pierre polie, mais également par des pièces en silex et par certaines formes d’anses de poteries. Le Néolithique final, ou Chalcolithique, est représenté par une série de pointes de flèches à barbelures et à soies et la pointe d’un poignard en silex du Grand‑Pressigny. Une hache plate en bronze à ailerons légèrement soulevés appartient au Bronze moyen ; elle a été trouvée en surface (Allain 1975 : 51). Une occupation légèrement postérieure est indiquée par une petite collection de tessons à décor excisé (Allain 1975 : 50). Des tessons décorés avec des impressions digitées ou avec des incisions faites à l’ongle, ou avec des cordons digités, sont plus difficiles à situer chronologiquement, mais ils appartiennent, peut‑être, au Bronze ancien ou moyen. On a retrouvé ces poteries en quantités assez importantes.

61Le lot de poteries du premier millénaire av. J.‑C. est caractérisé par des tessons peints (fig. 30). Ces tessons graphités, sur fond noir ou marron foncé, lustrés se trouvent dans les contextes funéraires en Limousin. Cependant, ceux‑ci représentent à la fois la découverte située la plus au nord‑est en Limousin et la première découverte sur un site d’habitat (Allain 1975 : 52, fig. 5). On a trouvé environ 200 tessons, dont quelques‑uns étaient décorés des deux côtés (Gallia, 31, 2, 1973 : 423‑424). A ce même horizon chronologique appartient, peut‑être, un fragment d’une grande fibule en fer, semblable à celles que l’on trouve dans les tumulus limousins, à Glandon (Haute‑Vienne), par exemple.

62Le seul objet trouvé dans la fouille que l’on peut attribuer à la fin de l’époque protohistorique, est une belle fibule en bronze (Allain 1975 : 51). Elle est d’un type qui appartient à la période de transition entre le Hallstatt final et La Tène ancienne et semble être décorée d’une façon plus élaborée que celle du Camp des Chastres à Aubusson. L’arc est légèrement aplati avec un décor incisé et le pied vertical est surmonté d’un petit sphéroïde également incisé. Le ressort est à quatre spires avec une corde extérieure.

63Des objets de La Tène II et de La Tène III, et même ceux des premiers siècles de l’époque gallo‑romaine, manquent sur le promontoire. Les objets datables recommencent avec quatre monnaies romaines tardives et continuent avec des céramiques du haut Moyen Age.

64Il semble donc que le site a été occupé, mais pas nécessairement de façon continue, pendant les deux ou trois derniers millénaires. La datation des premiers ouvrages défensifs en pierre sèche n’est pas claire, bien que l’on ait proposé l’époque hallstattienne mais sans écarter la possibilité d’une date antérieure (Allain 1972 : 54). On peut considérer comme significatif l’absence de matériel de La Tène III et d’époques chronologiquement contiguës, de même que dans plusieurs sites pour lesquels on a signalé une utilisation pendant le premier âge du Fer.

65Une inspection restreinte de l’intérieur du site qui, complètement envahi par la végétation, couvre un à deux hectares, laisse supposer que très peu de matériel existerait in situ. Il semblerait, en effet, que la plupart des couches superficielles aient été décapées jusqu’au granit afin de donner des fondations solides à la courtine du château médiéval. Ceci pourrait également expliquer la quantité de matériel trouvé sur la pente.

23 070 Crozant, La C(h)artrie

66Signalé pour la première fois par Rouzier, à cause du nom du lieu‑dit ; Janicaud proposait le site comme « camp romain » ‑ l’équivalent terminologique d’une Viereckschanze (Rouzier 1897 ; Dayras 1940 : 501). Il citait des « vestiges de retranchements » comme preuves, mais ne donnait aucune précision sur la localisation géographique. Je n’ai pas visité ce site mais il appartient peut‑être à une série de petites enceintes rectangulaires connues près des limites de la Marche et du Berry.

23 083 Fontanières, Site sans toponyme

67Barailon semble être le premier auteur à avoir signalé ce site (Barailon 1806 : 37‑38). D’après lui, il mesure 92 m sur 94 m, est délimité par des fossés de 3 m de large, et présente quatre entrées. Il l’attribuait à l’époque de la guerre de Cent Ans. Presqu’un siècle plus tard, d’autres auteurs l’ont suivi plus ou moins exactement (Valadeau 1892 : 107 ; Tardieu 1894 : 113 ; Lecler 1902). Ils ajoutèrent que des puits, des fragments d’armes, des urnes funéraires et de la céramique avaient été trouvés.

68Je n’ai pas eu la possibilité de visiter ce site, mais un examen de la carte au 1/25 000 laisse supposer que plusieurs des parcelles à l’est de la D 996, près du cimetière à la limite nord du village, présentent une surface de cet ordre. Ce site serait intéressant à retenir comme Viereckschanze possible.

23 095 Le Grand‑Bourg, Camp de César/ Camp romain

69Signalé pour la première fois par Cessac, le site était décrit comme étant situé en face des ruines du château de Salagnac sur l’autre rive de la Gartempe (alt. c. 425 m) (Cessac 1862 : 329). Il l’a classé comme un ouvrage à un seul vallum, englobant une surface en forme de parallélogramme. Dans son Dictionnaire manuscrit, Cessac ajoute que l’enclos avait une superficie d’environ 4 à 5 ha et que l’intérieur était envahi par des broussailles. On n’avait pas trouvé de mobilier.

70Janicaud a fourni d’autres précisions (Janicaud 1929b : 374). La Gartempe coule à la base d’une pente raide au nord et à l’est du site. L’accès le plus facile passe par une langue de terre au sud. De là, un rempart solide, en terre et en pierre, qui domine l’intérieur du site de 1 à 2 m et l’extérieur de 4 à 5 m, s’étire sur les flancs de la colline vers les pentes raides à l’est et au nord. On trouve encore des traces ténues de fossés au sud et à l’ouest. Une deuxième ligne défensive complète la première à l’entrée méridionale, et forçait les attaquants à exposer leur flanc droit en entrant dans le camp. L’enclos formait une ellipse d’environ 250 m sur 80 m, ce qui donne une surface équivalente, à peu près, à la moitié de celle proposée par Cessac. Le seul objet trouvé à l’intérieur est un éclat travaillé en silex du Grand‑Pressigny.

71La localisation la plus probable pour ce camp semble être le promontoire boisé situé au sud‑ouest de Salagnac, entre le Moulin du Pont et le Moulin Sebrot. Vu les découvertes ultérieures dans la commune, ce site mérite d’autres études (Hernandez 1984).

23 095 Le Grand‑Bourg, Petit Cloux ou La Ribbe

72Du matériel, pour la plupart attribuable à La Tène III, était trouvé en 1975 pendant des travaux routiers, à l’ouest de la route au nord‑ouest du château de La Ribbe, sur le plateau vallonné (alt. c. 450 m) au sud‑est du Grand‑Bourg (Hernandez 1984).

73Bien que le matériel n’ait pas de contexte stratigraphique sûr (il est associé à un groupe de fosses détruites par les engins), il est d’une importance considérable. En effet, il représente la première trouvaille importante de matériel de La Tène III dans la Creuse. Comme le site, au‑dessus du ruisseau du Peyroux, un affluent de la Gartempe, n’est pas fortifié, on peut supposer qu’il représente un habitat ouvert de La Tène III.

74Il a livré des fragments d’au moins 11 amphores Dressel 1a, représentées par des lèvres et des pointes. La céramique de La Tène va de tessons noirs lustrés d’assez bonne qualité à des tessons mal cuits. Elle comprend des assiettes plates à rebord et des vases carénés à lèvres légèrement inclinées vers l’extérieur. Plusieurs des tessons, qui représentent 38 pièces, ont été faits au tour ; il y a également une fusaïole en céramique. Sept tessons semblent médiévaux.

75L’absence d’amphores Dressel 1b et les caractéristiques des poteries indigènes indiquent une datation vers le début de La Tène finale.

23 103 Lafat, Camp de La Ligne/Camp romain

76Mises à part quelques références éparses (Imbert 1895 : 16, n^o 2 ; Janicaud 1932 : 110), la source principale pour ce site est Genevoix (Genevoix 1955 : 330‑331). Il est situé en haut d’une pente au sud‑ouest des bâtiments de la ferme de La Ligne (alt. c. 320 m) qui est, elle‑même, située à environ 500 m au sud‑ouest du ruisseau de la Brézentine, un affluent de la Sédelle, qu’il domine d’environ 40 m.

77En 1955, le site avait une superficie d’environ 2 ha ; les fossés n’existaient plus qu’à l’angle nord‑ouest. Le fermier a noté la présence de tegulae et de tessons dans cette partie du champ et également dans un champ voisin, ce qui laisse supposer que la distribution du matériel gallo‑romain n’est pas limitée aux environs immédiats de l’enclos.

78J’ai visité La Ligne deux fois : en 1974 et en 1980. Entre‑temps, le site a été de nouveau érodé par les labours. Cependant, il devrait être assez visible sur des photographies aériennes.

79Le côté le mieux préservé se trouve au nord‑est, où une partie du talus existe encore en bordure des bois, en haut d’une rupture de pente naturelle qui sert, d’ailleurs, à délimiter cette partie du site. Des traces d’un talus, orienté à 60°, sont visibles sur environ 30 m. Après une lacune d’environ 35 m, il continue, avec la même orientation, sur environ 30 m de plus. Il domine l’intérieur d’environ 1,2 à 1,5 m, et la base de la pente externe d’environ 4 à 5 m. A cet endroit, un fossé serait superflu, et, effectivement, il n’y en a pas. A partir de l’angle nord‑est, un talus, très large à la base, suit une orientation 146°/148°, donc presqu’à angle droit par rapport au talus en bordure des bois. On pouvait le suivre sur environ 60 m en 1974.

80La même année, un autre tracé, orienté à 140°, partait de l’angle sud‑ouest du talus en bordure des bois. Il consistait en une ligne de fougères que l’on pouvait suivre sur environ 106 m. Après, elle tournait en angle droit et une partie du côté sud‑est était visible sous forme d’un talus très large à la base ; on ne pouvait pas le voir en 1980. Il n’existe plus de traces de fossés.

81Les côtés les plus longs, au nord‑est et au sud‑ouest, sont éloignés l’un de l’autre d’environ 135 m. En se basant sur la ligne sud‑ouest, longue de 106 m, on peut estimer la surface totale du site à environ 1,4 ha.

82A part une petite tranchée creusée par des chasseurs de blaireau, le site n’a pas été fouillé (Genevoix 1955 : 331). Etant donné le matériel gallo‑romain signalé dans la littérature (le site était en pâturage en 1974 et 1980 ; il était donc impossible de vérifier), l’identification de La Ligne avec une Viereckschanze ne peut être que provisoire.

23 112 Lourdoueix‑Saint‑Pierre, Camp de César à Lignaud

83Depuis sa description au siècle dernier, ce site paraît de temps en temps dans la littérature et c’est l’une des Viereckschanzen les mieux connues du centre de la France (Buchsenschutz 1968 : 70).

84Le Camp de César est situé sur un plateau (alt. c. 330 m) en pente douce vers le sud‑est, à environ 100 m à l’est de la route entre Lignaud et la RN 151 bis. Le site ne fut pas choisi pour des raisons de défense. Duval indique qu’en 1859 l’enclos était défini par un rempart d’une hauteur moyenne de 2,5 m et bordé d’un fossé, en partie comblé, qui avait encore 8 m de largeur (Duval 1881).

85Il a noté qu’un casque en fer et une arme médiévale avaient été trouvés à l’intérieur du camp et il a comparé ces trouvailles à celle d’un boulet de canon au Camp de Montmoulard à Boussac. Il a cité un document qui laisse supposer que le Camp était occupé en 1569, mais doutait que ce fût sa première utilisation (Duval 1881 : 295).

86Thuot a noté la découverte de souterrains aux alentours du Camp ; à son avis, les poteries associées à ces souterrains indiqueraient une origine « celtique ». Comme détails supplémentaires concernant le Camp, il se borne à mentionner une tradition selon laquelle il existait une fosse ou un puits à eau dans l’angle sud‑ouest du site (il y remarquait un creux), et à signaler que le fossé était très peu profond. Il rappelle également que l’on a trouvé des tegulae et des tessons aux alentours (Thuot 1886 : 69‑72). Dans l’ensemble, Imbert le suit (Imbert 1894 : n^o 3).

87Hors tout, le Camp mesure environ 112 m sur 92 m ; la surface clôturée est de 1,17 ha. Le site a été partiellement détruit par bulldozer en 1966 et, ensuite, rétabli. La bordure sud‑ouest est entourée d’un chemin creux : sur environ 40 m à l’angle sud‑ouest, il y a quelques signes d’un fossé à côté du chemin. Il n’y a pas de rempart de ce côté, mais l’intérieur du site domine le chemin d’environ 1,5 m. L’entrée moderne du champ (l’intérieur était en pâturage en 1980) est à l’angle sud. Une haie en bas d’une rupture de pente forme la limite moderne de la parcelle au sud‑est. Ici aussi, il n’existe plus de fossé, ce qui est également vrai au nord‑est. Il semblerait que l’angle nord et le côté ouest soient les mieux préservés, mais ils sont couverts d’une haie épaisse.

23 137 Mourioux, Dolmen de Mourioux

88Le matériel trouvé pendant la fouille de cette tombe incluait 77 tessons qui pourraient être de La Tène ou de l’époque gallo‑romaine (Gallia Préh., 1977 : 493).

23 138 Moutiers‑d’Ahun, Camp de César dans le bois de la Combe‑aux‑Moines

89Barailon a été le premier à décrire ce site comme un camp romain (Barailon 1784). Il occupe le sommet d’une colline arrondie et boisée en bordure de la vallée de la Creuse à l’ouest de Moutiers. Quand Janicaud l’a décrit, des ouvrages en terre étaient, apparemment, visibles sur tous les côtés sauf au nord (Janicaud 1935a : 46‑47). Il semble que l’entrée se trouvait au sud‑ouest. Des fossés, apparemment doubles à l’ouest, étaient visibles presque partout, mais Barailon notait qu’une partie, au moins, du système était composée de chemins creux.

90D’après le plan cadastral de 1809, publié par Desbordes, le bois occupe une petite parcelle triangulaire (alt. c. 400 m) de moins de 100 m de longueur maximum dans le sens est‑ouest (Desbordes 1976a : 465, fig. 3).

91Le matériel fut d’abord signalé comme étant exclusivement gallo‑romain. Janicaud a signalé des briques et des tegulae, ces dernières étant particulièrement mal cuites, ce qui laisse supposer une datation assez tardive (Janicaud 1935a : 46‑47). Malgré tout, il pensait pouvoir proposer le site comme celui d’Acitodunum, un nom qui fut plus tard transféré à Ahun.

92Desbordes, tout en acceptant une utilisation gallo‑romaine du site, alla plus loin en suggérant que ce n’était pas une réoccupation du site, mais la première occupation (Desbordes 1976a : 464). Un rapport sommaire des sondages sur le site semble confirmer cette assertion (Bugeaud 1976 : 475‑476).

93Bugeaud signala que la stratigraphie avait été bouleversée par des labours, à un point tel que la surface du granit sous‑jacent, à une profondeur de 0,40 m, était marquée par le soc. Des quantités de tessons de tuiles, d’amphores et de céramique furent trouvées dans les 0,20 m inférieurs de la stratigraphie mais, à cause de la faible épaisseur de la terre, cette couche est altérée par les racines des broussailles et des petits chênes qui couvrent le site.

94Le rapport ne donne aucune indication ni sur la surface du sondage, ni sur les dates du matériel gallo‑romain retrouvé. Néanmoins, Bugeaud, en se fondant sur la quantité de tessons d’amphores retrouvés, a pensé que la fonction principale de cet enclos était commerciale plutôt que défensive (Bugeaud 1976 : 482). Tout le petit mobilier indique une utilisation limitée à l’époque gallo‑romaine. Récemment, Desbordes a publié ce site de 3 ha comme étant un éperon barré datant de La Tène tardive (Desbordes 1985 : 31). Il a donc modifié son opinion antérieure mais sans signaler de nouvelles trouvailles sur le site.

23 154 Pionnat, Châteauvieux/ Château/Ville de Ribandelle

95Le Châteauvieux de Pionnat se trouve sur un petit sommet (alt. 581 m) sur le côté sud‑ouest duquel se trouve le hameau actuel de Châteauvieux. Il est situé entre la Creuse et la Petite Creuse. Les sources principales le concernant sont : Thuot 1868, 1883 ; Autorde 1907a ; Cessac 1867a ; Mayaud 1881, 1883 ; Prou 1909 ; Janicaud 1945 : 348‑351, mais il y en a beaucoup d’autres. Déchelette mentionna le site comme étant une enceinte vitrifiée et Youngblood ef al. l’ont pris en compte dans une publication sur ces sites (Déchelette 1913 : 706 ; Youngblood 1978 : 109, fig. 5a). Une grande partie de la littérature concerne les origines de la vitrification.

96Le site se trouve à environ 100 m du village, sur un sommet peu marqué. En 1975, bien que visible par endroits, la ligne défensive ne pouvait pas être suivie en détail dans le bois à cause des broussailles que l’on était en train de nettoyer à ce moment‑là. En 1980, une masse de broussailles épineuses et de branches coupées a également empêché une étude approfondie. Le seul plan publié reste celui préparé par Mayaud mais il est, à coup sûr, inexact (fig. 31) (Mayaud 1883). Son estimation de la surface –3,20 ha– est sûrement excessive, peut‑être de 50 %. De plus, il semble que les ouvrages défensifs ne sont pas aussi rectilignes que le plan de Mayaud le laisse supposer.

97Thuot, Cessac, et, plus tard, Autorde ont tous fouillé à Châteauvieux, mais surtout dans les ouvrages défensifs (Autorde 1907a : 726‑729). Sur un point, les tranchées d’Autorde ont mis au jour « une muraille en maçonnerie de mortier de chaux », large de 1,9 m à la base et de 1,7 m au sommet, qui était incluse dans un rempart de terre et de pierres comprenant des blocs vitrifiés (Autorde 1907a : 728). Une deuxième tranchée a donné des indices moins nets d’incendie dans un rempart essentiellement en terre avec une adjonction de bois carbonisé, de pierres noircies et‑de quelques débris vitrifiés. Autorde affirme avoir trouvé deux petits tessons de « céramique samienne » associés à cette construction. D’autres tranchées ont donné la même stratigraphie dans l’ensemble, avec un mur en pierre sèche près du sommet du rempart.

98Il ne parle plus alors des tessons » samiens », mais il semble intéressant de noter qu’une des roches comprises dans le mur est de couleur orangée et qu’elle se désagrège par exfoliation. Il est possible que des éclats érodés de cette roche aient été pris pour des tessons usés de poteries « samiennes ». Ceci est peut‑être vrai aussi pour les tegulae que Janicaud aurait vues dans le mur (Janicaud 1945 : 350).

99A part ces tessons douteux, Autorde n’a pu signaler à Châteauvieux qu’une petite hache « gauloise » et une pointe de flèche (Autorde 1907 : 742, note 3). Mayaud, par contre, a fouillé à l’intérieur (Mayaud 1883). Il a signalé que, contrairement au Puy de Gaudy, à Ste‑Feyre, les petites trouvailles en surface manquent. Une tranchée, près du mur vitrifié, a révélé l’existence d’un foyer mais, à part cela, les trouvailles de Mayaud sont dans l’ensemble peu convaincantes.

100Janicaud parle d’un souterrain et des fonds de cabanes arrondis qui existeraient à l’intérieur du site, mais rien ne fut visible ni pendant la visite de Janicaud, ni en 1975 et 1980 (Janicaud 1945 : 351). Un agriculteur de la commune ne les connaissait pas, mais il m’a dit que, malgré les buttes granitiques qui affleurent sur le site, la terre est quelquefois épaisse de 3 m.

101Les ouvrages défensifs restent, quand même, la partie la plus évidente du site, malgré tous les problèmes propres à leur étude. On pense que l’entrée originale se trouve sur le côté oriental de la fortification, mais ceci n’est pas prouvé car la brèche a été agrandie depuis. Les chemins que Mayaud signala à l’intérieur ne sont plus visibles car ils sont cachés sous des arbres coupés. D’autres brèches, plus étroites, ont été signalées en plusieurs endroits.

102Néanmoins, il existe de nombreuses indications de pierres vitrifiées, y compris au moins un tronçon de mur vitrifié long d’environ 4 m. Les fouilles antérieures avaient révélé des débris vitrifiés dans le noyau du mur et l’on pouvait en observer en 1980 dans les trous laissés par des arbres déracinés. Au nord, on a pu discerner un talus important, d’une hauteur actuelle de 2 à 2,50 m pour une largeur d’environ 7 m. Parmi les débris, dans les coupes les mieux préservées, des pierres vitrifiées avec des traces d’empreintes ligneuses étaient visibles.

103Les murs, moins rectilignes que ne le dit Mayaud, s’appuient par endroits contre des buttes granitiques, ce qui renforce leur solidité. Je n’ai nulle part vu les murs hauts de 4 m que signale Janicaud dans la partie est (Janicaud 1945 : 349). Par endroits, des parements en pierre sèche sont en place. Le plan approximatif du site ne donne qu’une indication de sa forme ; l’auteur ne fait pas confiance à l’échelle indiquée. Un seul vestige fragmentaire du mur transversal indiqué par Mayaud a été vu ; il ne figure pas sur ce plan.

104Mayaud a signalé un fossé à l’extérieur de l’enceinte sur le côté oriental (Mayaud 1883). Janicaud, qui ne l’a pas vu, le suit, mais il suggère que ce fossé représente un enclos externe sur le côté le plus facilement accessible du plateau (Janicaud 1945 : 351).

105Les pierres montrant le plus de traces de vitrification semblent être des granits à deux micas (muscovite et biotite). Ce granit est la pierre prédominante dans la construction du mur. D’après Youngblood, la roche mère à Châteauvieux est un gneiss (Youngblood 1978 : 115). Dans cette étude, on démontre qu’un échantillon, pris dans le mur à Châteauvieux et qui porte une empreinte ligneuse de chêne, a été cuit à une température dépassant 1 000 °C.

106Pour résumer, Châteauvieux est une petite fortification construite sur un sommet peu marqué, qui bénéficie d’affleurements rocheux naturels. Il présente des traces importantes de vitrification. A part quelques références peu convaincantes sur l’existence de matériel romain, et des rapprochements folkloriques avec la présence des Wisigoths en Limousin, il reste, en fait, non daté. Cependant, Déchelette et Janicaud ont, tous deux, pensé qu’une construction à l’époque de Hallstatt était possible (Déchelette 1913 : 706 ; Janicaud 1945 : 351).

23 176 La Souterraine, Camp de Malouze/Malonze

107La description principale de ce site est due à Beaufort, suivi par Ledain et Imbert (Beaufort 1851 : 206, pl. VI ; Ledain 1884 ; Imbert 1894 : n^o 5). Il est situé sur un plateau (alt. c. 380 m) légèrement ondulé au sud‑sud‑est de La Souterraine et à l’est de la D 10. Beaufort a dit que l’enclos était rectangulaire et entouré d’un talus en terre qui dominait l’intérieur d’environ 1 m et qui, vers l’extérieur, pouvait atteindre 4 m. Il n’y avait pas de signe d’un fossé. Les longueurs des côtés étaient de 54 m au nord‑est, 46 m au sud‑est, 54 m au sud‑ouest et 45 m au nord‑ouest, ce qui donne une surface d’environ 0,27 ha. Le rempart, large d’environ 6 m, était coupé à l’angle sud par une brèche de 16 m de long, ce qui laisse supposer que la fortification n’était pas terminée, et par une entrée, large de 4 m, au milieu du côté nord‑est. D’après Fesneau, on a trouvé une dague, un fragment de meule et des balles en plomb à l’intérieur (Fesneau 1862 : 211). Il semblerait que ce matériel ait disparu. Le site se trouve près de la route romaine vers Limoges, tout comme un autre site qui pourrait être un camp rectangulaire à Petit‑Nuit dans la même commune à environ 3 km plus au sud (Fesneau 1862 : 212 ; P. Léger : comm. pers.).

108Les dimensions de ce camp sembleraient le différencier de la série des camps rectangulaires d’un hectare dont on connaît plusieurs exemples aux limites de la Creuse et de l’Indre.

23 176 La Souterraine, Bridiers/Ville de Brède

109D’après Janicaud, toutes les autres variantes de l’orthographe du nom, y compris Breith, sont fausses (Janicaud 1953 : XXXV).

110Ce site est souvent signalé dans la littérature du xix^e s. comme un oppidum gaulois auquel a succédé une ville romaine. Le site occupe une petite éminence (alt. c. 412 m) au nord‑ouest du croisement des RN 142 et 151bis à environ 3 km à l’est de La Souterraine. Nash a attiré l’attention sur le site (Nash 1978a : 274‑275), mais elle s’est limitée à une étude de la trouvaille monétaire de 1862 –un trésor d’au moins 36 (et peut-être plus de 40) monnaies en argent trouvées dans un vase à engobe noir (Nash 1978a : 303‑304). Elles ont été identifiées comme appartenant aux groupes I ‑ III de Bridiers, pour lesquels on a proposé une date d’émission antérieure à 200 av. J.‑C. Dans ce cas, elles seraient les monnaies en argent les plus anciennes de la région septentrionale du Massif central. Récemment, on a également fouillé au lieu‑dit Les Chastres, après la découverte d’un fragment de statue en calcaire représentant une partie d’un torse humain portant un torque.

111Parmi les affirmations les plus grandioses concernant « Breith », on trouve celles de Fesneau, qui étudia le site sur les instructions de Prosper Mérimée (Fesneau 1862). Texier et Fesneau lui‑même ont fait les premières fouilles (Fesneau 1862 : 206). Elles ont clairement démontré une occupation romaine, qui, d’après Fesneau, couvrait une surface de 4 km² –quatre fois plus grande que ce que l’on avait proposé auparavant. Le nombre de sépultures laisse supposer que la villeromaine a joui d’une importance considérable. Déjà, l’attention se concentrait sur la signification des mottes situées près du cimetière, et l’on a essayé de les présenter comme des constructions antérieures. Cessac a concentré son attention sur elles dans son Dictionnaire manuscrit.

112Les 36 monnaies, décrites et représentées pour la première fois par Fillioux, sont signalées comme provenant d’un trésor (Fillioux 1862b : 457‑467 ; 1881). Un deuxième trésor, de plus de 200 pièces, fut vendu sans avoir été étudié (Buisson de Mavergnier 1863a : 51). Dans une publication fantaisiste, intitulée « La Juridiction druidique de la ville ruinée de Breth », Mavergnier signalait, en se fondant sur les monnaies, d’une part que la ville a dû avoir des origines gauloises, et d’autre part qu’elle était potentiellement très riche (Buisson de Mavergnier 1863a : 49‑59). Vincent a accepté les affirmations de Fesneau et a signalé la découverte d’autres monnaies gauloises sur le site (Vincent 1885 : 368). Cependant, il y a peut‑être confusion avec les monnaies trouvées à Pionsat (Puy‑de‑Dôme), dont Fillioux a également parlé (Fillioux 1881). Par la suite, Bridiers est souvent mentionné dans la littérature comme « la cité gauloise de Breith » (Joanne 1907 ; Imbert 1894 : n° 4 ; DAG, Il : 650).

113Jouhanneaud a été plus prudent en notant que les trouvailles du xix^e s. venaient de fouilles sommaires (Jouhanneaud 1890 : 406). Valadeau l’a suivi sur cette voie (Valadeau 1912). Il évalue la surface de la ville gallo‑romaine à environ 40 ha, mais pense qu’une agglomération celtique aurait pu se trouver au nord‑ouest. Il était, quand même, disposé à accepter l’existence de « deux camps immenses » aux alentours des mottes mais n’a pas cru à un autre site entre Quéroy et La Chéronnade. Les fouilles sur ce dernier site l’ont persuadé que les éléments principaux étaient naturels. Valadeau n’a vu aucune indication de fortifications à Bridiers, à l’exception des mottes.

114Plus récemment, Janicaud a été le principal avocat d’un oppidum sur le site (Janicaud 1937 : 637 ; 1948 : 243). En 1937, il a avancé deux suppositions bien précises. D’abord, comme les ruines de la ville gallo‑romaine, qui occupe une surface de 1 500 m sur 500 m, étaient entourées des traces d’un mur, on pouvait supposer que l’agglomération gallo‑romaine avait été précédée d’un oppidum de La Tène ; ensuite, il suggère que les mottes, qui ont livré des inhumations gallo‑romaines, avaient été à l’origine des tumulus hallstattiens.

115En 1948, il signala que l’enceinte n’existait plus que dans un état très fragmentaire (Janicaud 1948 : 243). En se basant sur quelques traces transversales irrégulières visibles dans la maçonnerie, preuves qu’il a lui‑même reconnues comme insuffisantes, il s’est demandé si le mur n’était pas un murus gallicus. Bien qu’aucune confirmation ne soit visible sur le terrain, il est intéressant de noter que Caillat a signalé la découverte « d’alvéoles, les unes encore apparentes dans le talus, les autres détruites lors des terrassements effectués en vue de l’édification d’une maison » (Caillat 1968 : Ivii). Cette découverte n’a peut-être rien à voir avec un rempart, mais la description est, néanmoins, extrêmement suggestive.

116D’autres prospections en surface ont fourni une collection de tuiles à rebord, de céramiques et le fragment de statue mentionné ci‑dessus (MSSNAC 1974 : Ivii). Une fouille à l’endroit où ce dernier a été trouvé a donné du matériel gallo‑romain et une monnaie en bronze attribuée aux Pétrocores (La Tour, Atlas, pl. XII, BN 4326). Malheureusement, la stratigraphie avait été bouleversée par une fouille antérieure, et des tuiles ont été trouvées à la base de l’ensemble (Gallia, 33, 2, 1975 : 444 ; P. Léger, comm. pers.).

117En somme, en ce qui concerne une occupation antérieure à la Conquête, les découvertes de Bridiers sont peu concluantes. L’agglomération gallo‑romaine, dont on ignore le nom, semble avoir été abandonnée vers la fin du iii^e s. ap. J.‑C. (Janicaud 1948 : 261 ; 1949a : 9 ; Desbordes 1978c : 38‑39). On a trouvé, quand même, à l’occasion, une monnaie du iv^e s. (MSSNAC, 1961 : xxxiii, xxxix ; Galiia, 21, 2, 1963 : 490).

118Fesneau a fouillé à Bridiers pendant plus de quatre décennies à partir de 1835, mais à sa mort sa collection était mélangée à d’autre matériel (y compris des haches en bronze bretonnes) ou perdue. Les monnaies offrent les meilleures preuves d’une occupation ancienne du site. D’après Janicaud, le trésor de 1862, consistant en 36 (ou 40 ?) monnaies en argent, a été trouvé « au pied d’une haie longeant des vestiges du mur d’enceinte gaulois » (Janicaud 1948 : 260). Le deuxième trésor fut trouvé dans une construction que Fesneau appelle « La Maison du Gaburos » (Janicaud 1948 : 260). Le fait qu’une pièce était, peut‑être, marquée « Vergasillaunus » (Buisson de Mavergnier 1863 ; Janicaud 1948 : 260) laisse supposer qu’une monnaie de VERCA était présente (Nash 1978a : 168).

119Les données archéologiques sont énigmatiques et laissent Bridiers dans la catégorie des « possibles » pour une occupation continue avant la Conquête, mais il est certain que, plus tard, Bridiers fut un centre administratif important en tant que fief des vicomtes de Bridiers (Desbordes 1978c : 38‑39). Seule l’importance des découvertes monétaires Justifie cette analyse du site.

23 191 Saint‑Éloi, Camp de César, Montpigeaud

120Avant 1910, plusieurs auteurs ont fait des références très vagues à la possibilité d’une enceinte de contour (alt. c. 670 m) à cet endroit (Vincent 1885 ; Valadeau 1892 ; Imbert 1894). Il semble que tous ces auteurs fondent leur description uniquement sur le Dictionnaire manuscrit de Cessac.

121Il a décrit trois lignes de fortifications. La première, située à peu près au tiers d’une butte conique, était décrite comme étant un rempart solide en terre avec un fossé extérieur. Ce dernier était large d’environ 2 m au milieu du siècle dernier mais déjà presque entièrement comblé. Il y avait de grosses pierres granitiques empilées au sommet du rempart avec des cavités importantes (appelées « grottes ») entre les pierres. Ces défenses manquent, cependant, sur le côté le plus facilement accessible. Un deuxième rempart était construit en terre avec de grosses pierres, mais il semble qu’il n’y avait pas de fossé. Du côté le moins raide de la colline, un talus en terre traversait la pente pour relier les deux premiers remparts. Près du sommet se trouvait une troisième ligne de défense, entourant une surface d’environ 175 m de diamètre. Son fossé est décrit comme étant le plus important de la butte, avec 8 m de largeur et 5 m de profondeur. La seule trouvaille faite sur le site semble être une hache en pierre polie (MSSNAC, 1964 : Iiii). Ce site, que je n’ai pas visité, est néanmoins une fortification possible.

23 193 Sainte‑Feyre, Puy de Gaudy/ Ville de Ribandelle

122Cette enceinte importante (fig. 32) a depuis longtemps attiré l’attention d’antiquaires et d’archéologues et, de ce fait, il existe une bibliographie régionale et nationale très riche. Elle se trouve sur le sommet d’une colline proéminente (alt. c. 651 m) à environ 3,5 km au sud de Guéret.

Description

123Le Puy de Gaudy est une butte isolée d’une chaîne de collines granitiques orientée sud‑ouest/nord‑est, à l’ouest de la vallée de la Creuse. La chaîne continue vers le nord jusqu’aux environs de La Bussière‑Dunoise. Les traits principaux du relief sont des sommets arrondis dont l’altitude se situe entre 600 et 700 m. Le Puy de Gaudy est très escarpé, sauf au nord‑ouest où il descend en pente plus douce vers Pissarate. La région est très boisée, tout comme les pentes supérieures et une partie du sommet du Puy de Gaudy.

Chronologie des recherches

124La Lande fut parmi les premiers à examiner le Puy de Gaudy (La Lande 1837). Il remarqua les ouvrages défensifs, surtout du côté ouest du sommet, qu’il a considérés comme gaulois. A l’intérieur, en plus de la chapelle et d’une structure rectangulaire en pierre sèche, qu’il a pris pour un « sanctuaire gaulois », il nota deux sarcophages, des fragments de tuiles à rebord et un puits. Coudert‑La Villatte a fourni d’autres détails (Coudert‑La Villatte 1847). Il a daté le mobilier des sarcophages de l’époque mérovingienne et a décrit les ouvrages défensifs, situés dans une zone de 56 ha de landes, en leur attribuant une circonférence de 950 m avec des dimensions maximales de 360 m nord‑sud et 168 m est‑ouest. Aucune fortification artificielle n’était visible du côté sud, bien protégé naturellement. Par contre, du côté occidental, moins raide, on pouvait distinguer une suite de fortifications. Trois entrées étaient visibles au nord‑est, au nord‑ouest et au milieu du côté qui domine le village des Bains. Les deux auteurs ont proposé une chronologie du site allant de l’âge du Fer jusqu’aux siècles post‑romains.

125Thuot a étudié et fouillé le site (Thuot 1868). D’après lui, les fortifications ont 1 285 m de longueur, dont environ 520 m concentrés essentiellement dans les secteurs nord‑ouest peuvent être considérés comme vitrifiés, à l’exclusion des parties rentrantes de l’entrée nord‑ouest. Il semblerait que ses fouilles aient été limitées à la partie supérieure du rempart, qui consistait en des parements intérieur et extérieur en pierre sèche, épais de 0,70 m chacun, et préservés sur une hauteur de deux assises au plus. Chaque parement était séparé du noyau vitrifié du mur, large d’environ 1,6 m, par une bande étroite de terre et de petits cailloux.

126Thuot a également suggéré que l’enclos sur le côté sud de la colline clôturait une partie de la pente autour de la source dont il est question ci‑dessous. Dans ce cas, la surface clôturée aurait été d’environ 15,5 ha, mais il a signalé que le pillage important du mur rendait impossible un calcul précis. Les petites trouvailles semblent concerner surtout des céramiques et des balles de fronde. Ces dernières sont souvent signalées par la suite.

127En 1872, Marion a dressé un inventaire des objets trouvés par Thuot sur le Puy de Gaudy et envoyés à Paris (Marion 1872 : 314‑315). Ils comprenaient des silex, sans doute néolithiques, et trois fragments de ce qu’il a appelé des « bracelets en bois » mais qui étaient probablement en schiste ou en jais (Marion 1872). Un de ces derniers était décoré d’une rangée de triangles sur chaque bord et pourrait indiquer la même époque que ceux de Chalucet à St‑Jean‑Ligoure (Haute‑Vienne). Une monnaie celtique en argent et deux bronzes romains étaient également signalés (Marion 1872). D’autres objets étaient décrits comme étant romains ou médiévaux ; parmi les premiers, il y avait une meule (probablement rotative) et des poteries. A cette époque, on savait déjà que le rempart principal présentait des signes de vitrification. Cependant, il semble que les fouilles furent concentrées à l’intérieur du site. Pour ses fouilles dans le cimetière post‑romain près de la chapelle, Thuot fut aidé par les soldats de la garnison de Guéret.

128Cessac fut le premier à réexaminer les données (Cessac 1878). Il remarqua les caractéristiques variées des fortifications, situées légèrement en contrebas du sommet. Au nord, à l’est et sur la plus grande partie du côté sud, l’escarpement naturel était complété par un terre‑plein artificiel, parfois maçonné. Il y avait une pierre vitrifiée. Par contre, les côtés nord‑ouest et ouest étaient protégés par un rempart massif en terre, large d’environ 11 m, et qui dominait l’intérieur du site d’environ 2 à 3 m et l’extérieur d’environ 3 à 7 m. Une maçonnerie associée donnait des signes de vitrification. Il dit qu’une source à l’extérieur de l’enclos, canalisée vers le village des Bains, naissait à l’origine à environ 40 à 50 m plus haut, à l’intérieur de l’enclos du côté sud. Il signala plusieurs murs à l’intérieur qu’il pensait être contemporains du rempart principal. Contrairement à Coudert‑Lavillatte et à Thuot, il considérait que seule la porte rentrante au nord‑ouest (cf. ci‑dessous) était d’origine (Coudert‑Lavillatte 1847 : 16 ; Thuot 1868). Elle était flanquée d’un ouvrage défensif extérieur long d’environ 52 m et dont la technique de construction reste indéterminée.

129Cessac a détaillé la structure du rempart, qu’il a réexaminé. Il consistait en deux murs de pierre sèche ; le vide, large d’environ 8 m, était comblé de pierres plus petites. La  chaleur avait déformé ces parements de manière telle que les parties supérieures s’inclinaient au point de n’être plus séparées que de 4 m. Les indications de cuisson étaient plus évidentes au bas du rempart et au milieu, et étaient beaucoup moins nettes vers le haut où ni l’un ni l’autre des parements n’avait été très touché par le feu. Cessac a également signalé que le mur avait été modifié car deux parements en pierre sèche avaient été construits sur le sommet du mur vitrifié et parallèlement aux parements originaux. Il a soutenu que ces adjonctions devaient être postérieures à l’époque romaine, car un éboulement avait enfoui des tessons de tuiles et de céramiques romaines. Cependant, Cessac a signalé deux tessons de tuiles incorporés dans des granits vitrifiés, l’un au côté nord‑ouest près de l’entrée du site, et l’autre au nord. En se fondant sur ces éléments, et sur d’autres indices, il conclua que la destruction du mur datait du début de l’époque romaine. Il accepta les parements secondaires du mur comme une refortification de l’époque gallo‑romaine ou de la période des Invasions au contraire de Thuot qui considérait la phase originale comme étant wisigothique (Thuot 1873).

130A l’intérieur, et au sud de la chapelle plus tardive, il a trouvé des structures, surtout rectangulaires, en pierre sèche. Elles mesuraient 6 m sur 6 m et étaient alignées en deux rangées parallèlement aux courbes de niveau. Bien que peu d’objets y aient été trouvés en stratigraphie sûre, il semblerait qu’elles appartiennent à une utilisation plus tardive du site car une fouille a donné des tessons de céramiques « samiennes ». Cessac a comparé les fondations en pierre à celles des maisons du Mont‑Beuvray.

131Il était à ce moment‑là évident que l’utilisation de la colline commençait à l’époque néolithique. Il y avait un polissoir et au moins trois haches. On a également trouvé des balles de fronde, des meules et des tessons (dont certains n’étaient pas faits au tour).

132En 1879, Thuot prétendit avoir trouvé des preuves supplémentaires montrant que l’incendie du rempart principal était tardif (Thuot 1879). Il y avait un fragment de ce que Thuot a décrit comme une colonne en granit avec des traces d’incendie, ce qui lui a permis de dire qu’elle faisait partie à l’origine du rempart incendié, bien qu’on l’ait retrouvée près du village des Bains. Des pierres grossièrement équarries que les paysans avaient extraites du rempart étaient avancées comme preuve d’une date tardive, et pour soutenir une séquence dans laquelle une première implantation celtique était remplacée par un site gallo‑romain agrandi qui était, à son tour, remplacé par une occupation fortifiée wisigothique encore plus grande. Deux années après, Thuot décrivit une fouille dans le rempart (Thuot 1881 : 273‑278). Sa conclusion principale fut que le matériel gallo‑romain était couvert par le rempart à cet endroit (Thuot 1881 : 274‑275).

133Pendant les dernières années du siècle, il semble qu’on a bien peu travaillé sur le site même, bien que le débat au sujet du mur vitrifié ait continué (Manouvrier 1884 ; Daubrée 1881, 1882 ; Autorde 1907a). Vincent, par exemple, a simplement résumé la description antérieure et a attribué la fortification aux Bituriges (Vincent 1885). Imbert et Déchelette l’ont signalé dans leurs inventaires (Imbert 1894 ; Déchelette 1913 : 706). Autorde, en suivant les tranchées de Thuot et de Cessac, les a refouillées mais n’a ajouté que peu de détails, sauf pour proposer une datation gallo‑romaine du mur vitrifié en se fondant sur deux petits tessons trouvés dans le matériel vitrifié. Il soutenait l’opinion que la vitrification était un sous‑produit fortuit résultant d’un travail de métallurgie près du mur. Janicaud a décrit quelques petites trouvailles comprenant du minerai de fer, des scories et un morceau de granit vitrifié collé à un fragment de ce qu’on a appelé une « tuyère en fer » (sic) (Janicaud 1927 : 728‑730). Il en concluait que le rempart était construit avec des scories, au moins en partie. Pendant cette même décennie, le Dictionnaire archéologique a estimé que les ouvrages défensifs dataient de deux époques différentes (DAG, II, 1923 : 421).

134Janicaud notait six haches en pierre polie sur le site et, en plus, une hache à douille en bronze (Janicaud 1943 : 1‑7). Un matériel préhistorique plus tardif prédominait, et il a encore affirmé que les fondations des maisons signalées par Thuot et Cessac étaient gauloises, en se basant sur des analogies avec celles d’Alésia (Thuot 1868 ; Cessac 1878). Trois enclos successifs, dont le plus grand aurait clôturé 15 ha, et les deux autres respectivement 3 et 4 ha , furent à nouveau proposés comme configuration défensive du site. Il envisagea une occupation gauloise suivie de l’établissement d’un temple (dont les débris d’une statuette en argile de Jupiter à la roue sont une indication) pendant le Haut‑Empire, avec un déplacement du site vers le village des Bains au sud, et la réutilisation de l’enceinte après les invasions de la deuxième partie du III^e s. Une monnaie de Tétricus (270‑273) associée à un remploi des matériaux du temple apparemment trouvés dans le rempart, semble confirmer cette hypothèse (Janicaud 1943 : 6). Il semble que l’on en est resté là jusqu’aux années 1960 quand des fouilles clandestines eurent lieu sur le site (MSSNAC, 1964 : XXXV).

135Les fouilles officielles ont repris en 1970 sous la direction de R.‑P. Bordier (Bordier 1971a : Ixxii‑lxxiii). Le matériel trouvé sur une surface de 16 m² semble limité pour l’essentiel à l’époque gallo‑romaine pour autant que l’on puisse le dater. On a trouvé 1 900 tessons, y compris des tessons de terra sigillata, du verre, des clous, des scories, des balles de fronde et un crochet en bronze. Un tesson de terra sigillata, avec marque, date de la fin du i^er ou du début du ii^e s. ap. J.‑C. et semble confirmer une utilisation continue du site pendant le Haut‑Empire, bien qu’avec une densité inconnue (Drouhot 1971 : 588, n^o 25). Ceci mis à part, il semblerait que Bordier se soit limité à quelques petits sondages à l’intérieur du site (Bordier 1971b : 652‑654 ; 1973 : 41‑45). Il suggère que cette zone a eu une utilisation, au moins intermittente (associée à une chapelle), jusqu’au milieu du xvii^e s. Bordier semble avoir trouvé très peu de matériel datable à l’âge du Fer préromain (Bordier 1973 : 42).

136D’autres fouilles, sous l’autorité de la DAHL et conduites par Dussot, ont eu lieu depuis 1979. Pour l’instant, seuls des rapports provisoires sont disponibles (Bourbigou 1980 : 26‑28 ; Allain 1982 : 7‑13). Deux coupes partielles, d’une largeur d’environ 1,50 m, ont été ouvertes dans le rempart occidental qui avait été étudié auparavant par Thuot, Cessac et Autorde (BSAHL, 1981 : 11). Elles ont confirmé les deux étapes principales de l’ouvrage, identifiées par les fouilleurs précédents, mais un blocage sous‑jacent en gros cailloux, associé à des fragments de charbon de bois, a été également identifié dans une coupe qui n’a peut‑être pas atteint le sol vierge.

137Les deux phases principales de l’ouvrage seront décrites en ordre chronologique. La première, construite directement sur le granit sous‑jacent, consistait en « couches alternées de sédiments, de pierres et de bois carbonisé » (Allain 1982 : fig. 2). Appelé « un rempart stratifié » par Desbordes et considéré comme une technique de construction intentionnelle (Desbordes 1985 : 31, 39), on peut également imaginer une destruction par le feu d’un mur à poutrage interne. La deuxième phase consiste en un mur en pierre sèche plus étroit (largeur 2,50 m environ) surmontant le premier ouvrage. La face externe de ce deuxième ouvrage semble avoir été assez imposante mais la face intérieure l’était moins. Une datation est fournie par le matériel et des analyses isotopiques. La poterie, remployée dans le premier rempart, a été attribuée pour des raisons typologiques à La Tène II et La Tène III ; les décors, quand ils existaient, étaient incisés. Un petit bracelet en bronze, une clé en fer et plusieurs balles de fronde étaient associés à ces poteries non tournées (Allain 1982 : fig. 3 et 4). La présence de ce matériel indique clairement l’existence d’une occupation dans les environs d’où viennent, probablement, les matériaux remployés dans la construction du rempart, car aucun fossé n’a été signalé. Les datations par le ¹⁴C du charbon de bois trouvé dans le premier rempart ont été interprétées comme des indications d’une construction pendant l’époque de La Tène II. Elles concernent des poutres en chêne pédonculé et en hêtre :
Ny‑759 : 200 ± 105 av. J.‑C.
Ny‑760 : 285 ± 165 av. J.‑C.

138Etant donné l’utilisation possible de bois ancien, la valeur élevée de l’écart statistique moyen et les difficultés de calibration pour cette époque, une attribution à La Tène II est peut‑être hasardeuse.

139La deuxième phase du rempart, matérialisée par le mur supérieur, moins épais, ne présentait pas de signes de vitrification ; elle était archéologiquement stérile. Le remblai contenait des tessons de tegulae, de poteries et d’amphores. Deux autres datations par le ¹⁴C permettent de suggérer qu’il y avait une adjonction supplémentaire, aujourd’hui totalement délabrée, à une époque post‑romaine :
Ny‑756 : 780 ± 100 ap. J.‑C.
Ny‑757 : 510 ± 100 ap. J.‑C.

140Il existe donc des indications montrant que les deux phases principales de la fortification ne représentent peut‑être ni sa première ni sa dernière configuration.

141Un des talus à l’intérieur de l’enclos fut également étudié. Comme la stratigraphie a révélé que les objets les plus récents (tuiles médiévales et modernes) se trouvaient en bas de la coupe, il semble évident qu’il fait partie soit de l’enclos du cimetière postérieur, soit de la clôture d’un champ (Bourbigou 1980 : 28). On a également retrouvé d’autres sarcophages. Le remblai contenait des tessons, sans doute déplacés, décrits comme étant « protohistoriques » (Bourbigou 1980).

142En somme, il semblerait que l’occupation de la colline ait commencé au Néolithique : la hache à douille en bronze indique le début du premier millénaire av. J.‑C., suivie peut‑être par les bracelets en schiste (cf. ci‑dessus) et des tessons de poteries graphitées (Bourbigou 1980 : 26‑28). Un complément d’information est nécessaire sur la fiabilité des échantillons au ¹⁴C et sur le contexte et l’état des tessons provenant du premier mur avant de se prononcer définitivement, mais, en se fondant sur les rapports actuellement disponibles, une datation aux alentours de 100 ± 50 av. J.‑C. ne semble pas impossible. Une refortification a eu lieu pendant l’époque gallo‑romaine, au plus tôt, qui, dans l’ensemble, suivait la même ligne. Une utilisation cultuelle et une occupation du site semblent être démontrées à cette époque et la première a continué pendant les siècles suivants. Bien que l’on ait décrit des structures internes au cours du xix^e s., les datations ne sont pas sûres et ne semblent pas antérieures à l’époque gallo‑romaine. La présence de matériel dans ce premier talus, cependant, indique une occupation antérieure. La datation, et même l’existence, d’autres enceintes à l’intérieur de l’enclos principal, de 14 à 15 ha, restent à prouver par des fouilles.

Observations sur le terrain

143La surface est envahie par la végétation sur sa plus grande partie et les notes suivantes sont basées sur des inspections superficielles du site, la plus récente datant de mai 1980.

144Une coupe dans le talus principal, contiguë au nouveau parking sur le côté nord‑ouest de la colline, montre à la fois le parement externe en pierre et des traces de poutres carbonisées à l’intérieur du rempart, dont le remblayage semble, à cet endroit, être composé surtout de terre (bien que ceci puisse être attribué à un affaissement). Près de là, le parement externe secondaire, qui est fait de gros blocs de granit, est également visible. Une partie, couverte de lierre, à environ 10 m vers l’est, montre le parement interne secondaire, ce qui laisse penser que le rempart secondaire est épais d’un peu plus de 2 m à cet endroit.

145A l’est du parking, le rempart principal est très en évidence ; il domine l’extérieur du site d’environ 5,5 m et l’intérieur de 1,5 à 2 m. La porte rentrante, indiquée sur le plan, existe de façon certaine, avec des retours du rempart longs de plus de 30 m, mais elle se distingue sensiblement des Zangentor classiques de la fin de La Tène parce qu’elle incorpore de nombreux blocs erratiques glaciaires et des affleurements rocheux (Dehn 1961 ; Collis 1976b ; Allain 1982 : 11). Le Fort du bois de l’Enfer, mentionné sur le plan de Thuot, existe de façon certaine, mais il ne semble pas être une adjonction au plan original. Il est actuellement envahi par la végétation. A l’est, le rempart s’efface graduellement puis est remplacé par une pente raide naturelle avec quelques rochers qui dépassent la couche de débris végétaux à l’interruption de la pente.

146Une étude détaillée du côté nord‑est de la fortification est gênée par une plantation de conifères, mais on peut observer certains détails. Par endroits, la ligne du rempart se trouve à environ 30 m de la crête naturelle, qui est ici figurée par le bord du plateau. Ailleurs dans ce secteur, surtout à l’est de la plantation de conifères, on peut penser que le parement extérieur du mur était construit en escalier à l’origine ; une ligne de pierres est en retrait d’environ 1,2 m par rapport à l’autre. Cependant, et bien qu’il y ait des traces intermittentes de murailles sur ce côté nord‑est qui bénéficie de panoramas très étendus sur la Marche septentrionale, l’interruption de pente très prononcée au bord du plateau forme la défense principale ; il est possible que cette pente ait été accentuée artificiellement. Des constructions internes dans ce secteur comprennent une section isolée de talus, longue de 30 m, à environ 40 m au sud du rempart. Il semble trop insignifiant pour avoir une importance militaire.

147En continuant vers le sud‑est, la pente du talus devient moins raide et semble se séparer, par endroits, du bord du plateau. A la fin, on ne peut plus la suivre à cause de la végétation. La ligne n’était pas suivie au‑dessus des Bains d’en Haut et le changement de direction très marqué près de la source indiquée sur le plan de Thuot ne peut pas être confirmé. Plus à l’ouest, on retrouve la ligne du mur en‑dessous du sommet occidental à l’intérieur de la fortification. Il semble descendre vers le village des Bains en coupant les contours. Une coupe partielle dans ce secteur montre que le mur, qui incorpore des affleurements granitiques, est construit de gros blocs. Je ne peux pas confirmer l’existence de l’enclos E signalé sur le plan de Thuot.

Conclusion

148La ligne suivie par la défense principale, dans la mesure où on peut la suivre, semble confirmer une datation vers la fin de l’époque de La Tène. Le fait qu’elle s’écarte de ce qu’on peut considérer comme la ligne optimale (comme c’est le cas dans quelques oppida bien connus) est peut‑être significatif à cet égard. La datation relativement tardive du mur incendié ne devrait pas surprendre (Ralston 1981 ; cf. ci‑dessous). Plusieurs facteurs distinguent ce site d’autres oppida plus complexes. Entre autres, on peut remarquer sa situation à l’écart des axes fluviaux. La présence d’une mince couche de terre arable et des affleurements de la roche mère à l’intérieur du site sont également à signaler. En somme, ce site, d’après les critères du Limousin, est une fortification importante de la fin de l’âge du Fer, avec une occupation antérieure probable (peut‑être clôturée), mais il semble se distinguer nettement, par exemple, des sites du Berry, au nord.

23 198 Saint‑Georges‑Nigremont, Le Muraut/Murand

149Le Muraut est situé sur un promontoire boisé (alt. c. 721 m) surplombant la vallée de la Rozeille à environ 500 m au nord‑nord‑est de St‑Georges‑Nigremont. La description la plus détaillée est celle de Cessac (Cessac 1867b : 152‑154).

150Le site se trouve vers le bord nord‑ouest d’une région vallonnée d’une altitude d’environ 700 à 800 m. Le promontoire (alt. 721 m) est très escarpé sur tous les côtés sauf au sud‑ouest et le seul ouvrage défensif construit par l’homme est un talus bas et pierreux, large de 2 m à la base, qui suit le contour autour du promontoire. Il ne semble pas, cependant, traverser l’isthme de l’éperon. Cessac dit que deux chemins, bordés par endroits de grands rochers erratiques, donnent accès au promontoire : un seul a pu être localisé pendant les recherches sur le terrain et il pourrait facilement être un vieux chemin d’exploitation.

151Cessac a signalé, à l’intérieur du site, un deuxième enclos, moins bien défini, d’environ 220 m sud‑ouest/nord‑est et 100 m sud‑est/nord‑ouest. Il dit qu’il est composé en partie de fonds de cabanes circulaires mais aucune trace n’était visible en 1974 dans l’intérieur boisé. Cessac a attiré l’attention sur une série de rochers erratiques et des affleurements de granit, surtout à l’extrémité nord‑est du site où l’un d’entre eux présente plusieurs bassins ou écuelles (fig. 33). Un affleurement important limite considérablement l’accès au promontoire au sud‑est.

152En bordure de la face intérieure du talus, parementé par intervalles, qui délimite actuellement le site, se trouve une terrasse presque plate et large de 10 à 15 m. La plupart des petits objets trouvés sur le site semblent venir d’ici, ils incluent des haches, des pointes de flèches en silex et des poteries grossières. Le Dictionnaire archéologique de la Gaule ajoute qu’il y avait des pointes barbelées et foliacées (DAG, II : 512). Pour Janicaud, les déchets de silex indiquaient un atelier de la fin du néolithique (Janicaud 1929a : 340‑341). On remarqua des quantités de terre riche en charbon de bois à l’arrière du talus extérieur. Les caractéristiques de l’enclos et les petites trouvailles semblent renforcer l’hypothèse d’un site néolithique.

153Guébhard ne remarqua rien de plus récent et il semble que ceci est toujours valable (Guébhard 1907 : 149).

154Desbordes a suggéré que les Fines de la Table de Peutinger dans l’est du territoire des Lémovices étaient, peut‑être, près de St‑Georges‑Nigremont (Desbordes 1978c : 44‑45). De plus, il pense qu’une bataille du vi^e s. aux alentours de St‑Georges, mentionnée par Grégoire de Tours, peut être expliquée par l’existence d’un centre politique près de la frontière de la civitas. En tout cas, il semblerait que Le Muraut soit mal adapté à une telle fonction, à la fois par sa situation et du point de vue architectural.

23 200 Saint‑Goussaud, Puy ou Mont de Jouer

155Ce site a figuré récemment dans une étude des sites potentiels de La Tène III (Nash 1978a : 275). La plupart des travaux jusqu’à aujourd’hui ont essayé de l’identifier avec le Praetorium de la Table de Peutinger qui se trouvait sur la route de Clermont‑Ferrand (Augustonemetum) à Saintes (Médiolanum). On a très peu cherché d’indications d’une activité préromaine.

156Le Puy de Jouer est un sommet proéminent (alt. 694 m) sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Taurion au sud et de la Gartempe au nord. Il est en partie déboisé à la suite d’un incendie. La colline se trouve dans une région élevée avec des sommets de 600 à 700 m, à l’ouest du col de la Roche ; elle est flanquée du côté septentrional par la vallée du ruisseau du Rivalier, qui coule environ 100 m plus bas. La géologie est dominée par des granits.

157L’étude la plus récente du site (Bost 1977 : 686‑700) est basée sur les fouilles de Buisson de Mavergnier, qui examina au moins une structure, et celles de l’abbé Dercier qui a fouillé une vingtaine de bâtiments au début de ce siècle (Buisson de Mavergnier 1863b : 219). Bost en a conclu que les structures principales sont un petit théâtre et un sanctuaire à mur d’enceinte double. Les monnaies suggèrent que le site était déjà utilisé pendant la deuxième décennie du i^er s. ap. J.‑C., et que cette utilisation avait continué jusqu’à la fin du ii^e s. au moins. Il est peu probable que ce site de haute altitude fut habité de façon permanente et Bost l’envisage comme un centre cultuel établi pendant l’époque romaine dans un endroit utilisé antérieurement par la population indigène dans des buts religieux : « l’originalité de ces centres est d’offrir, en rase campagne, des monuments dont, habituellement, seules les villes se parent » (Bost 1977 : 696).

158Les preuves d’une utilisation avant la première partie du i^er s. ap. J.‑C. sont, actuellement, très maigres : une monnaie des Bituriges Cubi, un denier de César et un as de Nîmes datant d’avant la réforme d’Auguste. En plus, une fibule, censée dater de La Tène III, est en réalité beaucoup plus récente (Bost 1977 : note 44).

159La monnaie attribuée aux Bituriges Cubi (tête grossière à dr., avec rinceau devant la bouche ; cheval galopant à dr., avec oiseau à bec long sur la croupe), a amené Laborderie à proposer un « oppidum celtique » comme origine du site (Laborderie 1921: 520‑523).

160D’autres études récentes ont traité d’autres aspects du site. Dayras, Louradour et Penicaud, par exemple, l’ont considéré surtout en fonction du réseau routier romain. Ils ont constaté que le Mont de Jouer se trouve près du croisement de la route est‑ouest mentionnée ci‑dessus et de celle, nord‑sud, de Burdigala à Avaricum (Dayras 1964 : 402‑403). Par contre, Laporte a préféré y voir, du moins à l’époque romaine, une prison avec des esclaves et des « bagnards » employés dans les mines (Laporte 1966 : 69‑76). Pour renforcer cette hypothèse, il fait allusion à l’emplacement du site à la périphérie de deux zones aurifères que l’on croit avoir été exploitées de façon intensive pendant l’Antiquité : à l’ouest, la bordure orientale des monts d’Ambazac et, à l’est, la zone entre Bénévent‑l’Abbaye et St‑Dizier‑Leyrenne. Laporte a envisagé le Mont de Jouer comme élément d’un réseau de sites semblables qui comprendrait, également, le Châtelard à Jabreilles (Haute‑Vienne) à quelque 6 km vers l’ouest. Il a pensé que le manque de « signes extérieurs de richesse » dans le matériel trouvé au Mont de Jouer pourrait être important à cet égard.

161Actuellement, il semble que ce soit l’interprétation de Bost qui réponde le mieux aux données. Une origine préromaine comme lieu de culte est possible mais n’est sûrement pas prouvée. En somme, l’importance et la topographie de la colline, aussi bien que l’absence apparente d’enceinte fournissent des arguments contre la possibilité d’un oppidum classique sur ce site.

23 212 Saint‑Marc‑à‑Loubaud, Lavaud‑Gelade

162Les recherches d’Urien autour du lac artificiel créé par un barrage sur le Taurion à l’ouest de St‑Marc ont révélé une série de sites mésolithiques, néolithiques et gallo‑romains. Un fragment de lèvre, apparemment hallstattien et décoré d’incisions, fut retrouvé pendant ces recherches sur la bordure sud du lac (alt. c. 660 m) à l’est de l’ancien lit du Taurion (Urien 1967 : 269, pl. III).

163Etant donné le manque relatif d’indices dans ce secteur du plateau de Millevaches, et les fortifications possibles dans la commune voisine de Royère‑de‑Vassivière, ce tesson isolé, bien que trouvé hors stratigraphie, mérite d’être signalé.

23 219 Saint‑Maurice‑la‑Souterraine, Grotte de la Croisière

164Crédot et Dominique ont signalé qu’un matériel néolithique très pauvre constituait l’horizon principal de cette grotte (alt. c. 380 m) (Crédot 1967 : 279‑285). Au‑dessus ils ont trouvé quelques tessons. Ils considèrent que l’ensemble ne peut pas être daté, mais pourrait inclure des éléments protohistoriques, car ils ont remarqué quelques tessons montés au colombin.

23 245 Saint‑Sulpice‑le‑Guérétois, Mazaudoueix

165La seule référence à un site près de Mazaudoueix mentionne « des terrassements » (Autorde 1907b : 148‑149). La nouvelle carte au 1/25 000 indique des murettes en pierre entourant partiellement une colline boisée (alt. c. 580 m) appelée Chavanon au nord‑est de Mazaudoueix, et il est possible qu’il y ait là une fortification.

23 247 Saint‑Vaury, Puy des Trois‑Cornes/Mont Bernage

166Deux sites, dont un connu sous le nom du Berceau de St‑Valérie/Jardin de St‑Vaury.

167Le Puy des Trois‑Cornes est une montagne boisée imposante dont l’axe principal est orienté nord‑ouest/sud‑est sur une distance d’environ 1,5 km et qui culmine au sud‑est par une butte rocheuse à 635 m. Il y a deux autres sommets, moins importants : celui du nord‑ouest atteint 626 m et le pic central un peu plus de 600 m. Le site domine le pays alentour de plus de 100 m mais, malgré son apparence impressionnante, le Puy n’a attiré que relativement peu d’attention avant les recherches récentes de P. Léger.

168Dans son manuscrit, Cessac attira l’attention sur le site et fit remarquer l’existence de deux fortifications possibles. Il signala les nombreux affleurements granitiques sur la colline et semblait être sûr de l’existence d’un petit enclos, peut‑être gaulois, entouré d’un rempart en terre et d’un fossé sur le sommet central, le Jardin de St‑Vaury. Le sommet sud‑est était couronné d’une butte en train de se désagréger et il semble que Cessac était le premier à suggérer que les ruines d’une enceinte existaient dans cet éboulis.

169Il a été suivi par Vincent, qui attribua les deux enceintes aux Bituriges (Vincent 1885 : 368). Le Dictionnaire accepta la fortification en pierre sèche, dit qu’elle était construite de « quarts de rochers posés de chant », et signala que le site avait été dégradé par la construction d’un chemin (DAG, II : 595). Plusieurs haches en pierre et une en bronze avaient été trouvées aux alentours et, depuis, on en a signalé d’autres en bronze (par exemple MSSNAC 1967 : xxxxviii ; trouvées à Roches).

170Janicaud signala l’absence de fossés sur le sommet sud‑est et prétendit qu’il y avait un tumulus à l’intérieur. Lui aussi a remarqué l’absence de matériel de l’âge du Fer aux alentours du site et a comparé ce manque avec la quantité d’objets néolithiques et de l’âge du Bronze qui avaient été trouvés.

171Ma dernière visite aux sites remonte à mai 1980, avant les fouilles de P. Léger. Le sommet sud‑est montrait des traces de terrasses et de vestiges de murs parmi les grands rochers granitiques qui couvrent le sommet. Il semble qu’il y avait plus d’une seule ligne de défense. Les traces de deux fossés étaient visibles à l’ouest ; celui de l’accès le plus facile longe l’arête de la colline. Le site était envahi par la végétation. Néanmoins, par ses dimensions et ses caractéristiques, sa ressemblance avec les enceintes multiples de la période des migrations en Ecosse, comme, par exemple, Dunadd (Argyll) (Alcock 1981) est frappante, bien qu’il manque les enclos subsidiaires qui caractérisent cette série de sites. Avancer une date pour une enceinte comme celle du sommet sud‑est du Puy des Trois‑Cornes est hasardeux, mais sa haute altitude, la surface restreinte à l’intérieur et l’utilisation des affleurements de la roche mère me conduisent à proposer une datation dans le Bronze tardif ou, même, si les objets trouvés à St‑Georges‑Nigremont sont contemporains de l’enceinte, vers la fin du Néolithique.

172Par contre, les caractéristiques du Berceau de St‑Valérie, qui couronne le sommet central, moins bien marqué, laisse prévoir une datation beaucoup plus tardive. Ce petit enclos subrectangulaire sur le bord septentrional du plateau étroit qui forme le sommet et qui est donc très bien protégé de ce côté, a l’air d’un tertre naturel qui a été modifié afin de le fortifier. Les trois autres côtés ont été taillés pour construire un rempart et un fossé et la petite surface à l’intérieur est nettement plus élevée que les alentours. Cette technique semble étrangère aux traditions de l’âge du Fer et le site ressemble à d’autres fortifications supposées médiévales, comme à Oradour‑sur‑Glane dans la Haute‑Vienne.

173Il est évident que cette colline imposante, située sur la bordure septentrionale de la courbe de niveau des 600 m, et avec une vue étendue, a pu avoir une importance militaire à plusieurs époques, mais nous avons le sentiment que cela n’était pas le cas à l’époque de La Tène III.

23 253 Thauron, Oppidum de Thauron/ Emplacement du bourg

174Le site de Thauron était suffisamment connu pour être inclus dans la liste des fortifications vitrifiées de la France établie par Déchelette (Déchelette 1913 : 706). Il est situé sur le sommet (alt. 525 m) actuellement occupé par le village de Thauron directement au nord de la vallée du Taurion à environ 6 km à l’est de Pontarion. Sur le site, les roches prédominantes sont des leptynites à deux micas. Elles renferment des filons de minerai de fer, dont un, situé du côté rivière du site, était, semble‑t‑il, exploité dans l’Antiquité (Janicaud 1945). Le site, largement envahi par la végétation et partiellement inclus dans le village, était déjà dans les dernières phases de son existence à la fin de la dernière guerre (Janicaud 1945 : 341). Je n’ai rien vu au cours d’une visite superficielle et, en fait, il était déjà très dégradé en 1868 (Thuot 1868 : 412).

175Des interprétations relativement récentes ont été proposées par Janicaud et Laborde, qui ont, tous les deux, réexaminé la littérature concernant le site depuis qu’il attira l’attention de Pierre Benoît, seigneur de Compreignac, au xvii^e s. (Janicaud 1945 : 341‑347 ; Laborde 1958 : 426‑433). Laborde signala qu’environ un quart du périmètre, long de 700 m, montrait des traces de vitrification et que le mur semblait avoir eu 5 m de hauteur et 2 m de largeur (Laborde 1958 : 427). On peut, cependant, se demander si ces dimensions n’ont pas été interverties.

176Janicaud donne la description la plus complète parue au cours de ce siècle (Janicaud 1945 : 338‑363). Il décrit deux systèmes défensifs ; l’enclos interne semble avoir été difficilement discernable, même à son époque. Le mur d’enceinte externe semble avoir été à peu près rectangulaire avec des angles arrondis et seul le côté nord‑est présentait des signes de vitrification. Il n’y avait pas de trace de fossé. Le talus semble être composé d’un blocage de pierre et de terre avec des parements en pierre sèche. Le côté vitrifié semble avoir renfermé des « amas de cendres » qui pourraient correspondre à un poutrage interne ancien. Le degré de vitrification observé dans ce mur semble inégal : Thuot y aurait vu cinq fragments de tegulae. Le mur a été partiellement démonté pour construire des murs de clôture des champs des environs. L’entrée au nord‑est pourrait être d’origine, peut‑être en rapport avec une source d’eau externe. A l’extérieur de ce mur, près de l’angle sud‑ouest, on a observé une vingtaine de tranchées, longues de 3 à 4 m et séparées l’une de l’autre d’un peu plus d’un mètre. Leur fonction et leur datation ne sont pas évidentes. Janicaud donne les dimensions hors tout suivantes pour le site : longueur 180 m, largeur 160 m, mesure interne la plus grande 250 m (diagonale nord‑ouest/sud‑est).

177L’enclos interne, nettement plus petit, est entouré d’un talus en pierre moins important et sans traces de vitrification. Le seul caractère diagnostique de ce petit enclos (diamètre 100 m environ) semble être une porte rentrante que Janicaud compare à celle du Puy de Gaudy. Trois souterrains furent découverts à l’intérieur de l’enclos au siècle dernier ou au début de celui‑ci. Il semble que les trois étaient près de l’église et on peut supposer qu’ils dataient de l’époque médiévale. Un silo qui se trouvait à côté datait peut‑être, également, de cette époque.

178Parmi le matériel trouvé sur le site, il y avait des cendres, et un foyer en pierre, attribué à un travail de métallurgie, fut découvert en 1868 ; en plus on a trouvé au moins deux cippes funéraires romains et des monnaies impériales. Un aqueduc en brique était apparemment encore visible dans le cimetière au début du siècle. Le matériel préhistorique semble limité à quelques haches en pierre polie et un éclat de silex signalés par Cessac dans son manuscrit.

179Les seules recherches à Thauron semblent avoir été celles de Cancalon dans les années 1840 (Cancalon 1843 :107). Elles ne semblent pas avoir dépassé le niveau de fouilles plus ou moins superficielles dans quelques sections du mur vitrifié qui était, selon lui, d’une disposition voûtée à ces endroits. La voûte était comblée de charbon de bois, d’ossements brûlés, de poteries, et de tuiles. La structure de ce mur me rappelle l’état actuel du côté sud du fort vitrifié de Dunnideer (Aberdeen‑shire, Ecosse) où les restes tordus et déformés du mur vitrifié comportent des creux qui auraient pu être comblés ultérieurement avec un matériel plus tardif.

180Dans les publications de Cessac et de Thuot sur les forts vitrifiés de la Creuse, il est évident que celui de Thauron (quelquefois orthographié Thoron) posa le plus de problèmes. La plupart des auteurs postérieurs ont suivi ces rapports qui sont à leur tour basés, au moins en partie, sur les comptes rendus de Cancalon. Ce site potentiellement important, peutêtre intimement lié à la métallurgie, mérite un levé complet, basé sur le cadastre, afin de vérifier ce qui en reste. Il est possible que la destruction du site ait commencé très tôt ; on dit qu’au xviii^e s. le site aurait fourni des matériaux pour des constructions à Pontarion.

23 254 Toulx‑Sainte‑Croix, Montagne de Toulx‑Sainte‑Croix

181Barailon fut l’auteur de la première description in extenso de ce site (Barailon 1806). D’après Janicaud, il était doté « d’une imagination exubérante et une absence totale de sens critique » (Janicaud 1949c : 397‑398). De plus, il semble qu’il ne dédaignait pas la contrefaçon. Le village de Toulx (Toull) (alt. 655 m) attira son attention. Il prétendait y avoir vu, à la fois des structures à l’intérieur du site et une suite de murs en pierre autour. On peut résumer comme suit ses dires.

Les ouvrages défensifs

182Il y avait trois murs en pierre (fig. 34). Le mur interne avait une épaisseur maximale de 5,5 m. Le mur central, large de 3 m au plus, était partiellement en pierre sèche et partiellement jointoyé au mortier. Le rempart extérieur était le moins épais, n’ayant que 2 m de largeur. A cause de l’absence d’éboulis à cet endroit, Barailon disait que ce mur n’avait jamais été très haut. Un fossé associé à ce mur était presque complètement comblé. Les deux remparts extérieurs étaient construits avec de grandes pierres, mais le mur interne était bâti avec des moellons équarris « à la romaine » et jointoyé avec une argile jaune. A partir de là, le récit de Barailon devient de plus en plus bizarre. Il prétend qu’il y avait six portes d’entrée, dont une au moins était flanquée de tours. Le rempart extérieur avait 1 200 m de diamètre.

Les structures à l’intérieur

183Il prétend avoir vu des structures rondes et rectangulaires en pierre sèche, dont l’entrée pour certaines était flanquée de pierres plus grandes. Le fait que les fouilles n’avaient pas fourni de tuiles l’a convaincu de l’antiquité de ces structures, qui étaient, pour l’essentiel, confinées aux limites de l’enceinte interne. Il y avait également des souterrains et au moins un puits.

Petit matériel

184Comme d’habitude, Barailon mentionne un fatras du « peut‑être ancien » et de « l’ancien très douteux » : des débris de vitrages en verre vert épais, une coupe en « terra campana » (de la céramique sigillée à cette époque ?), des tessons de poteries grossières, une épée avec une poignée en fer, un as de Nîmes et des scories.

185Est‑ce qu’on peut en retenir quelque chose ? Cessac, comme on pouvait le prévoir, fut moins enthousiaste (Cessac, Dictionnaire). Il ne vit que deux silex et une hache en pierre polie en provenance du site. Il décrivit la colline comme « une espèce d’océan de pierre » et n’accepta qu’une seule des trois enceintes, qu’il dit être très abîmée. Il attribua les deux autres à l’épierrement du site. Pour l’essentiel, le Dictionnaire archéologique de la Gaule propose un résumé des idées de Barailon (DAG, II : 690).

186L’étude principale du xx^e s. est celle de Janicaud (Janicaud 1949c : 397‑414). En 1935, il signala qu’on avait démonté 100 m du talus et qu’on y avait trouvé un matériel mérovingien et médiéval, ce qui laisse planer des doutes sur l’antiquité de ce site (Janicaud 1935b : lxiii).

187Un facteur important qu’il ne faut pas perdre de vue est la façon dont s’effritent les granulites à muscovite qui constituent la colline. Cette roche ressemble aux schistes et se clive facilement à angle droit avec les joints. Ceci est à l’origine des quantités de pierres sur la colline et de la possibilité de voir des alignements défensifs. Barailon avait remarqué que les deux murs extérieurs, au moins, semblaient construits avec des pierres tombées ; ceci pourrait correspondre à ce phénomène d’effritement naturel. Etant donné qu’on a retrouvé sous l’alignement intérieur, qui jusqu’à présent apparaissait comme le mur le plus plausible, un matériel incluant un sarcophage mérovingien et des monnaies du xvii^e s., il faut le rejeter, lui aussi, comme fortification ancienne.

188En 1949, seules restaient des traces atrophiées des cabanes en pierre sèche. D’après la description de Janicaud, quelques‑unes étaient nettement postérieures à l’enceinte intérieure et dataient donc d’une époque postérieure au xvii^e s. Avec des diamètres internes minimaux de 3 m, elles appartiennent peut‑être à une infrastructure de transhumance. Environ 26 sont visibles sur le plan cadastral de 1830 et il se peut que Barailon ait exagéré leur nombre.

189Bien que d’autres trouvailles néolithiques, y compris quatre haches en pierre, aient été faites sur la montagne de Toulx‑Sainte‑Croix depuis l’époque de Cessac, il semble que du matériel des âges des métaux manque totalement. Même des trouvailles gallo‑romaines semblent peu fréquentes ; un petit enclos rectangulaire de 5 m sur 17 m à deux enceintes en pierre, décrit par Barailon, était probablement un petit temple rural de cette époque.

190La publication la plus récente sur Toulx rejette la possibilité d’une fortification préhistorique sur la colline (Desbordes 1978c : 44). A son avis, sa fonction la plus plausible à l’époque romaine se trouverait dans le domaine religieux. Néanmoins, il accepte la possibilité d’un castrum ou d’un castellum pendant le Bas‑Empire. Cette idée reflète le fait que la montagne, avec une vue étendue sur la Marche et vers l’est jusqu’aux monts d’Auvergne et avec une surface au sommet facilement défendable, d’environ 350 m sur 250 m, semble apte à recevoir une fortification de l’âge du Fer tardif, ou à défaut, une fortification romaine. Cependant, il faut, pour l’instant, se contenter d’un « constat de non‑lieu », même en ce qui concerne une fortification gallo‑romaine.

191NOTA BENE

192L’étude ci‑dessus comprend tous les sites connus dans le département de la Creuse au moment de la rédaction des données rassemblées pour la thèse, pour lesquels une utilisation comme habitat ou comme fortification pendant la Protohistoire semblait très probable. Même parmi ces sites, certains sont à rejeter au moins provisoirement faute de mobilier ou de tracés sûrs d’enclos ou autres structures attribuables à l’âge du Fer. La carte (fig. 35) montre la répartition par commune des sites actuellement retenus.

193Depuis le xix^e s. beaucoup d’autres gisements ont été proposés comme habitats ou enceintes de l’âge du Fer. Les sites suivants ont été considérés dans la thèse (Ralston 1983), mais ont été exclus de cette étude soit en l’absence de données, soit parce que le mobilier décrit ou les structures évidentes ne sont pas protohistoriques. Certains de ces sites représentent des traces d’exploitation de ressources métallifères.

19423 009 Auge, Commaud
23 012 Auriat, Dourdanas
23 018 Bazelat, Les Redoutes
23 023 Bonnat, Camp de César
23 031 Boussac, Le Château
23 035 Budelière, Camp d’Entraigues
23 039 La Celle‑Dunoise, Les Chastelas
23 044 Chambon‑Sainte‑Croix, Le Châtelard
23 045 Chambon‑sur‑Voueize, sites divers
23 048 Champagnat, Le Champ
23 055 Chatelard, motte
23 067 La Courtine‑le‑Trucq, Puy des Potences
23 067 La Courtine‑le‑Trucq, Le Cros Charpeaud
23 068 Cressat
23 090 Gentioux‑Pigerolles, Puy de l’Arfouillat
23 092 Glénic
23 095 Grand‑Bourg‑de‑Salagnac, Puy de Savennes
23 109 Linard, Château‑Gaillard
23 113 Lupersat, Puy du Bais
23 116 Mainsat, Puy du Château
23 137 Mourioux, Les Redoutes
23 137 Mourioux, Le Camp
23 140 Moutier‑Rozeille, le bois du Couret
23 163 La Rochette, Puy Mourier
23 165 Royère‑de‑Vassivière, Camp du Puy Charvaud
23 165 Royère‑de‑Vassivière, Retranchement des Chapelles
23 165 Royère‑de‑Vassivière, Camp de Vergnolas
23 171 Sermur, Le Château
23 173 Soubrebost, Nadapéyras
23 174 Soumans, Montebras, sites divers
23 181 Saint‑Amand‑Jartoudeix, voisinage de Beauvais
23 184 Saint‑Bard, Puy de la Sagne
23 187 Saint‑Dizier‑la‑Tour, La Tour Saint‑Austrille
23 189 Saint‑Dizier‑Leyrenne, les Camps de César
23 197 Saint‑Georges‑la‑Pouge, Camp de César
23 200 Saint‑Goussaud, Millemilanges
23 211 Saint‑Marc‑à‑Frongier, La Tente de César
23 211 Saint‑Marc‑à‑Frongier, Villescot, Camp Romain
23 219 Saint‑Maurice‑la‑Souterraine, sites divers
23 220 Saint‑Médard, Boueix, Camp Romain
23 230 Saint‑Pierre‑Chérignant
23 233 Saint‑Pierre‑le‑Bost
23 244 Saint‑Sulpice‑le‑Dunois, Châtelus
23 246 Saint‑Sulpice‑les‑Champs, La Gruyère
23 250 Saint‑Yrieix‑les‑Bois, Châté de las Fadas
23 257 Vallières, sites divers
23 261 Vidaillat, Motte du Château