Introduction
p. 13‑14
Texte intégral
1Le processus de la conquête militaire romaine, suivie d’une réorganisation politique et socio‑économique, met un terme au développement indépendant, si tant est qu’il le fût, des communautés de l’âge du Fer en Europe tempérée. Cette conquête offre un terminus pour une série d’études qui ont suscité un intérêt grandissant ces dernières années.
2Dans cette séquence complexe et discontinue, l’implantation de la première présence romaine dans l’Europe extra méditerranéenne –et plus précisément la conquête militaire de la Gaule par César et sa consolidation administrative à partir du règne d’Auguste– fut une étape importante. Le moule qui, auparavant, avait limité l’essor méditerranéen (avec quelques exceptions, comme, par exemple, le commerce) au bassin de cette mer, fut cassé (Hawkes 1977 : cartes). Le cadre des contacts culturels entre le monde civilisé des Etats méditerranéens et les sociétés barbares de l’Europe tempérée changea, avec des implications profondes pour l’essor culturel et économique de l’Europe. Cependant, ces développements au ier s. av. J.‑C. ne représentaient que le point culminant d’un ensemble de contacts étalés sur plusieurs siècles. On peut citer, entre autres, la colonisation celtique de l’Italie du Nord (Barfield 1971 : 146‑159 ; Peyre 1979) et son expansion vers l’est jusqu’en Galicie ; le mercenariat dans les armées du monde méditerranéen (Piggott 1968b) ; les contacts commerciaux via les cols alpins et les comptoirs grecs de la côte méditerranéenne de la Gaule, Ceux‑ci s’étaient développés dès 600 av. J.‑C. avec la fondation de Massilia (Hawkes 1963).
3Dans ce contexte, il est étonnant que les sites de la Gaule extra méditerranéenne des derniers siècles av. J.‑C., grâce auxquels on pourrait espérer avoir des renseignements sur certains développements, restent si mal connus. Cet ouvrage espère contribuer à résoudre ce problème et, pour cela, ne propose que peu de nouveautés méthodologiques. Il offre une critique des approches macroscopiques antérieures qui, à mon avis, cachent la diversité manifeste des données archéologiques recueillies sur les habitats de cette époque et qui tendent à proposer des supermodèles simplistes qui embrouillent plutôt qu’ils n’éclairent.
4J’ai déjà traité de ce problème (Buchsenschutz 1981c : 45) et je suis conscient du fait que, par rapport à certains auteurs récents, ce que je semble proposer est beaucoup moins une archéologie théorique, beaucoup moins une tentative de découvrir la Weltanschauung de la Gaule celtique à la veille de la conquête romaine, que l’examen du dossier des habitats, mal étudiés jusqu’à maintenant. Les progrès les plus sérieux de ces dernières années dans nos connaissances de l’Europe tempérée pendant l’âge du Fer ont pour origine une étude approfondie des habitats, soit au niveau d’un site (Clarke 1972 ; Haarnagel 1979), soit au niveau régional. En attendant la publication des études à cette échelle, actuellement en cours en France, il est hasardeux de produire un modèle général qui paraîtrait expliquer les transformations dans ce pays de façon satisfaisante et d’intégrer sans précautions ce modèle dans un système plus large des développements socio‑économiques de l’âge du Fer.
5Les études régionales n’ont jamais été démodées en France. L’organisation administrative créée dans les années 40 a perpétué cette idée par la création des circonscriptions archéologiques. De nombreuses études se sont fixé des limites géographiques précises (Millotte 1963a et b, 1965 ; Bretz‑Mahler 1971 ; Pautreau 1980), mais je crois que les perspectives plus larges offertes par des études interrégionales n’ont pas été exploitées pleinement dans la recherche d’une compréhension plus complète des communautés de l’âge du Fer de la France préromaine. C’est pour cette raison que la thèse qui était à l’origine de cet ouvrage s’est limitée à une seule circonscription, le Limousin, qui offre de profonds contrastes avec la région du Berry sur laquelle j’avais travaillé auparavant (Ralston 1972, 1975). Il serait néanmoins indéfendable de discuter les études plus générales concernant la société de l’âge du Fer en France (Nash 1976a, 1978a et b) sans essayer d’intégrer certains aspects des données concernant le Berry et le Limousin à ceux d’autres régions françaises, ce que j’ai, en effet, tenté de faire, quoique de façon très générale. Même dans les périodiques nationaux, la partialité envers le Berry et le Limousin est visible, et les dangers inhérents à une généralisation fondée sur une littérature partiale sont bien connus. La France possède quand même un nombre de publications locales beaucoup plus important que la Grande‑Bretagne par exemple. Cette recherche bibliographique a été complétée par quelques visites sur des sites à l’extérieur du Limousin.
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