Jablines Le Haut Château (Seine-et-Marne)
| ,Chapitre 6. De la matière première à l’outil
Texte intégral
1Une minière de silex offre des possibilités d’études privilégiées de l’économie de la matière première et de l’économie du débitage. En effet, un territoire d’approvisionnement est un lieu d’activité spécifique avec un système technique spécialisé, à l’opposé d’un site d’habitat où les activités sont multiples. L’extraction du silex constitue le point de départ d’une longue chaîne opératoire qui débute par l’acquisition de la matière première et s’achève avec l’abandon de l’outil. De nombreuses phases technologiques jalonnent cette chaîne ; elles ne sont pas toutes présentes sur un site d’habitat où il s’agit le plus souvent des phases composant la fin de la chaîne (Tixier et al. 1980), alors que sur un site d’extraction, on se situe au départ de celle‑ci, et pour certains types de production, elle est entière.
2La présence sur les sites miniers de quantités importantes de rejets de matière première et de produits de débitage ouvre des perspectives d’études sur les activités liées à un site d’extraction et sur le type de produits qui ont été sélectionnés et prélevés. Il existe toujours une part d’inconnu, puisque certains blocs ont pu être emportés complets, sans laisser de témoins apparents ; cependant, l’existence de matière première non utilisée et rejetée dans le remplissage des puits permet de comprendre les choix qui ont été faits par les mineurs dès l’extraction et les premiers stades de préparation des blocs. L’analyse du débitage et de l’outillage retrouvés dans le comblement permet d’envisager une analyse technologique fondée sur divers aspects : l’étude des éclats (aspect des faces supérieures, talons) et des outils, mais aussi les remontages qui permettront de déterminer les phases technologiques représentées sur le site, et de définir une ou plusieurs productions spécifiques du gisement.
3Ces différents types d’analyses sont d’autant plus intéressants que la superficie étudiée permet, comme pour les autres domaines, une analyse spatiale. Ainsi, une étude comparative du débitage entre les couches d’un même puits, entre deux puits d’un même ensemble, ou entre des puits d’ensembles différents sera possible et pourra donner des images technologiques différentes en fonction de la situation sur la fouille. Compte tenu de la masse de matériel récolté à la fouille (plusieurs tonnes de silex), il n’était pas envisageable de tout étudier dans le temps imparti (6 mois). Diverses orientations ont donc été choisies : après une analyse spatiale générale des rejets et quelques considérations sur le choix de la matière première, nous aborderons la mine par l’étude de trois ensembles : le groupe des puits à chambre, la structure 894 située dans la zone d’exploitation plus systématique du silex, et l’amas de débitage 148. Ces observations seront complétées par l’étude de la totalité de l’outillage et des ébauches retrouvés au cours de la fouille. Il sera possible alors de définir les chaînes opératoires et de fixer la terminologie associée à leurs différentes phases. Dans la mesure où les publications le permettent, des comparaisons seront envisagées avec les autres sites miniers d’Europe.
6.1 Sélection de la matière première
6.1.1 Différences entre les bancs et préférences
4La réalisation de la grande coupe géologique à travers tout le décapage, doublée des sondages ponctuels mais plus profonds, ont permis de mettre en évidence la connaissance de l’existence, par les mineurs néolithiques, d’au moins deux des bancs de silex existant dans la stratigraphie complexe du calcaire de Saint‑Ouen. La confrontation de plusieurs champs d’étude permet comprendre l’attitude des mineurs face aux différentes matières premières et de saisir les critères de sélection de cette matière première. Nous tiendrons compte de diverses orientations de recherches : le degré d’exploitation des bancs de silex par puits, les types de rejets de matière brute, le débitage. L’étude des rejets de matière première brute s’est effectuée sur le terrain ; la totalité des blocs rencontrés dans le remplissage des structures a été gardée et stockée par structure ; pour le cas des deux zones décaissées, une séparation a été faite entre les blocs provenant des puits d’accès et des galeries. Par manque de temps, la totalité des blocs n’a pu être étudiée précisément. Le choix a été fait d’analyser morphologiquement et de peser ceux provenant de trois groupes de puits : les fosses d’extraction, les structures à chambre et les structures situées dans la première zone décaissée.
6.1.1.1 Le banc supérieur
5Le premier banc de silex n’apparaît que dans la moitié sud du gisement, la grande zone vide constituant la limite de son existence en tant que banc. En effet, au nord, il se présente sous forme de blocs épars dans les formations remaniées, et est de très mauvaise qualité (très gélifracté et impropre à la taille). A l’extrémité sud de la minière, par contre, il est totalement inclus dans les blocs calcaires et comporte une gaine envahissante de calcaire partiellement silicifiée de couleur beige clair ; dans les deux cas, il a été traversé sans être exploité. D’ailleurs, ces blocs constituent une grande part des rejets recueillis dans les structures à chambre, et plus de la moitié de ceux des fosses (en poids). On peut signaler simplement, dans la zone nord, quelques cas d’éclats gélifractés portant quelques fines retouches, probablement d’utilisation. L’usage ponctuel de tels éclats est donc possible.
6Seuls les puits de la zone médiane présentent les traces de l’exploitation de ce banc. Sa régularité diminue très rapidement vers le nord : disposé en dalles continues dans la zone 18/19, il apparaît en blocs plus irréguliers dans les carrés 13/15. D’accès plus facile que le second, puisque sa profondeur varie entre 1 met 1,5 m, la forme des puits montre qu’il n’a cependant pas été exploité de façon intensive. Par ailleurs, de nombreux blocs de matière première, provenant de façon certaine de ce banc, ont été retrouvés dans le comblement des puits. Ces blocs ont été parfois testés, mais sont souvent entiers ; dans ce cas, leur poids excède toujours 15 kg. Ils représentent presque toujours la majorité des rejets de ces structures (fig. 124). Signalons enfin qu’aucun bloc de ce banc n’a été retrouvé dans la partie inférieure des puits ou dans les galeries.

FIG. 124 – Part de matière première provenant certainement du premier banc dans les rejets de la première zone décaissée.
7Même si une comparaison peut faire penser que le banc supérieur a été beaucoup utilisé (fig. 125), il faut moduler cette hypothèse par deux faits : tout d’abord, il est probable que les blocs et le débitage rejetés dans les puits ne proviennent pas de plaquettes extraites du même puits ; ceci reste incontrôlable et non estimable. Ensuite, il est préférable de confronter les potentialités des deux bancs entre eux, et comparer la proportion des rejets. Rappelons aussi que le premier banc de silex a été beaucoup moins exploité que le banc inférieur (fig. 57), et que celui‑ci a donc été proportionnellement plus utilisé que le premier. Par ailleurs, l’analyse du débitage indique qu’une grande partie des éclats et des plaquettes aménagées proviennent du banc inférieur. Tous ces éléments convergent et renforcent l’idée d’une faible utilisation du banc supérieur. Ceci s’explique par la nature même du banc.

FIG. 125 – Comparaisons entre les deux bancs de silex. * matière première potentiellement extraite (estimation à 100 % ; les poids sont donnés en kg). Les calculs de poids ont été faits à partir des volumes (fig. 81) ; le premier banc de silex a une épaisseur de 0,15 m, le second de 0,1 m. Il est possible qu’une petite partie de ce qui est considéré comme provenant du second banc appartienne en réalité au premier : seule la première catégorie est en effet certaine.
8Bien que continu (il est aisé de le suivre dans les coupes géologiques) et d’une épaisseur d’environ 0,15 m, il est de très mauvaise qualité. Il présente en surface des fissures qui correspondent à des veines épaisses à l’intérieur ; ces fissures se transforment parfois en crevasses de plusieurs centimètres de profondeur. Les plaquettes sont souvent fragilisées par des phénomènes de gélifraction très intenses. De nombreuses cavités sont présentes à l’intérieur des plaquettes et ne sont pas toujours visibles en surface, ce qui explique que certains blocs aient été testés et rejetés en cours de débitage. Une multitude de fossiles est visible à l’œil nu ; ils ont une longueur de plus d’un centimètre parfois. Si la présence de fossiles n’a, semble‑t‑il, jamais perturbé la taille, les cavités et fissures sont, elles, très dérangeantes. Elles constituent des réseaux complexes d’impuretés sur lesquels, inévitablement, les éclats s’arrêtent ou réfléchissent. Ce silex a un aspect bicolore ; de couleur brun à cœur, il comprend, la plupart du temps, une gaine beige clair plus ou moins épaisse. Celle‑ci annonce déjà le phénomène de phagocytose existant dans l’extrémité sud de la minière. Le grain du silex est assez grossier excepté dans les zones beiges ; cependant, cette gangue a été systématiquement supprimée ; aucun outil n’a été fabriqué dans cette matière, ni même n’en porte trace.
9Cette matière première n’a intéressé les mineurs néolithiques que de façon très marginale en raison de sa mauvaise qualité. Ils ont préféré, sans aucun doute, le second banc.
6.1.1.2 Le banc inférieur
10Il est continu sur tout le site, malgré une flexure au niveau de la grande zone vide (B‑C/8‑10) et quelques variations localisées. Il est le seul à avoir été exploité ou recherché dans l’ensemble des structures. Néanmoins, il n’a pas un aspect identique d’un bout à l’autre de l’exploitation, et la grande zone vide constitue ici aussi une zone de rupture.
11Au sud de celle‑ci, nous avons rarement eu l’occasion de l’observer de façon précise : son degré élevé d’exploitation ne permettait pas de le suivre dans les coupes ; en outre les fronts d’exploitation ne livraient que des extrémités de plaquettes. Mais des empreintes, visibles au plafond de la galerie 1 de la structure 1061, indiquent que les plaquettes étaient de dimensions tout à fait respectables, et certains des négatifs mesuraient plus de 0,70 m de long.
12L’épaisseur moyenne du banc est estimée à 0,10 m. Cependant, son aspect évolue en fonction de sa position et de sa profondeur. Alors que le cortex est mince et que la matière siliceuse est de couleur uniforme (brun) dans les puits de la zone 17 à 20, des plaquettes beige clair apparaissent localement dans les zones 22‑23. Le grain du silex est plus fin que celui du premier banc, mais il conserve toujours un aspect grenu. Nous n’avons pas pu faire d’observations précises sur son état dans les secteurs 12 à 14 du décapage.
13Dans la partie nord du site, les plaquettes ont un aspect différent. Elles se caractérisent par une épaisseur plus faible (moins de 0,10 m) et des dimensions restreintes. Le grain est assez fin et elles ont souvent un aspect luisant et très lisse au toucher. Les plaquettes acquièrent une patine bleutée assez rapidement. Certaines parties du silex sont moins homogènes, plus grenues, mais ces variations ne perturbent pas la taille. Le cortex a perdu son aspect calcaire et est plus irrégulier, souvent de coloration grisâtre. Cet ensemble de paramètres permet de différencier relativement facilement le silex provenant de cette zone de celui du secteur sud. Ainsi, les plaquettes préparées situées dans les amas de débitage conservés au nord proviennent probablement des structures d’extraction localisées à proximité et non des mines de la zone sud.
14Le second banc se dédouble parfois. Nous avons pu observer ce phénomène dans la coupe géologique la plus septentrionale, proche des structures 12, 13, etc. Quantitativement et qualitativement irrégulier, il est situé à 0,20 m sous le banc principal. L’épaisseur des plaquettes n’y excède pas 0,05 m. Par ailleurs, dans les marnes situées sous le banc de calcaire dur dans la partie sud du site, un banc peu dense existe aussi ; il est constitué de fines plaquettes (moins de trois centimètres) aux formes tourmentées. Ces plaquettes n’ont pas été exploitées, et il n’est pas rare de les retrouver dans les plafonds effondrés des galeries.
15Ces différences impliquent aussi une modification de l’attitude des tailleurs face à la matière brute qu’il a été possible de mettre en évidence par l’analyse des rejets de silex. Nous verrons ultérieurement qu’elles influencent le comportement technologique des artisans et la morphologie des produits finis.
6.1.2 Premières interventions sur la matière première
16Dès leur extraction, les plaquettes ont fait l’objet d’une première sélection et d’une première préparation, comme le montre l’analyse des plaquettes rejetées. Dans les fosses d’extraction, la matière première du banc remanié représente une part importante des rejets (fig. 126). Impropre à la taille, ce banc semble avoir été généralement abandonné. Les autres rejets sont constitués de plaquettes trop fines pour présenter un intérêt (épaisseur inférieure à 2 cm, souvent d’1 cm), d’excroissances totalement corticales éliminées dès le départ du travail de taille, enfin de fragments de plaquettes trop gélives. Seuls quelques fragments ou plaquettes se distinguent dans cet ensemble. Ils ont été testés et ne présentent pas à première vue d’indices de mauvaise qualité. Il faut rappeler que ce sont les seuls éléments d’un poids supérieur à un kilogramme qui auraient pu être utilisés. Leur abandon reste inexpliqué.
17Dans le cas des structures à chambre, les rejets sont principalement des excroissances et des extrémités corticales de plaquettes ou des tronçons de plaquettes fracturés à la taille, soit transversalement, soit dans l’épaisseur du bloc, suivant des zones de faiblesse. Un second ensemble est formé par les plaquettes trop fines (moins de 2 cm), qui sont écartées telles quel sans aucun test. Le dernier groupe comprend des plaquettes assez volumineuses ayant un poids toujours supérieur à un kilogramme, mais qui présentent de nombreuses impuretés ou fissures. Elles ont été abandonnées pour ces raisons. Cette analyse indique que la matière première éliminée présente des caractères particuliers et correspond à ce qui ne pouvait être utilisé par les tailleurs pour leurs productions spécifiques (volume et poids trop petits, blocs de mauvaise qualité). Ceci reflète une économie très élaborée de la matière première, dès le départ de la chaîne opératoire.
18La quantité de rejets dans les puits de la première zone décaissée est beaucoup plus importante puisqu’elle varie entre 95 kg et 530 kg. Une grande partie provient du banc supérieur, comme nous l’avons vu précédemment (fig. 125) mais, néanmoins, les rejets sont dix fois plus conséquents (en poids) que dans le cas des structures à chambre. La raison de cette hausse semble due à l’augmentation de la quantité de matière extraite par structure. En effet, on n’a pas relevé de différences notoires entre les types de rejets provenant de ces puits et ceux examinés précédemment. La variation existante est quantitative, mais absolument pas qualitative. Les plaquettes fines (épaisseur inférieure à 3 cm) du banc contenu dans les marnes sont systématiquement abandonnées sans jamais avoir subi le moindre test de qualité. Le reste des rebuts se compose d’extrémités et d’excroissances corticales qui peuvent être interprétées comme les premières entames des blocs, et de fragments qui se sont séparés de la plaquette d’origine lors de chocs liés à la percussion, suivant les fissures inhérentes à la matière.
19A nouveau, une économie raisonnée de la matière première est mise en évidence. Il n’y a pas de gâchis de celle‑ci, malgré sa relative abondance ; la matière non utilisée correspond à ce qui est inutilisable soit pour des raisons de qualité, soit pour des raisons de quantité (insuffisance volumique pour réaliser les productions).
6.2 Répartition spatiale du silex
6.2.1 Dispersion sur le décapage
20Une pesée systématique du débitage par puits a été réalisée pour quantifier les différences très nettes observées à la fouille entre les structures. La figure 127 montre sans conteste une opposition entre la moitié nord et la moitié sud du décapage. Cependant plusieurs seuils sont significatifs. Celui des 50 kg isole les deux groupes précédemment individualisés, la moitié sud correspondant au système d’exploitation régulier. Seul le puits 945 fait exception dans cet ensemble, il ne contient que 42 kg de débitage ; mais son état de conservation exceptionnel (son petit diamètre à l’ouverture) semble pouvoir expliquer ce phénomène. Par contre, les structures 579 et 580 peuvent y être rattachées ; ce sont d’ailleurs les deux seuls puits de ce secteur qui ont des galeries d’exploitation du second banc de silex. Cinq de ces puits ont livré une quantité de matière première particulièrement importante (plus de 400 kg).
21Dans le secteur intermédiaire (puits 608 à 627), le poids moyen de débitage est environ de 20 kg ; ce poids semble constituer un second seuil. Les deux pointes proches de 50 kg correspondent à la présence dans les remplissages de petits amas de débitage.
22Le groupe des puits en cloche est particulièrement pauvre en débitage, moins de 10 kg, ce qui constitue le dernier seuil significatif, et seuls les puits ayant été affectés par des effondrements répétés contiennent une quantité proche de 20 kg ; les vides créés naturellement semblent avoir été utilisés préférentiellement comme dépotoir. Une grande irrégularité dans les quantités de débitage peut être notée dans les puits à chambre : elle varie entre 2 et 40 kg. Dans cet ensemble, les structures 17, 71, 72, 75 s’individualisent par leur pauvreté ; des caractères morphologiques différents et le fait que le banc de silex n’a peut‑être pas été atteint pourraient justifier ces variations. Les fosses d’extraction n’ont livré, elles aussi, que peu de matériel lithique (moins de 10 kg).
23La présence exclusive d’ateliers de débitage dans le secteur nord est un critère à intégrer dans ces observations. En effet, la faible quantité de débitage dans ces puits (les trois types, fosse, à chambre et en cloche, confondus) peut trouver une explication dans le fait que les blocs ont été aménagés à proximité des unités d’extraction ’ouvertes mais dans des zones suffisamment éloignées et déjà exploitées ; ces ateliers laissés sur place n’ont pas été sujets à l’érosion. A l’inverse, dans le secteur sud, la taille a dû être effectuée à la périphérie des entrées de puits non comblés et le débitage a été rejeté ou s’est trouvé piégé dans les puits abandonnés, par suite d’affaissements des bords.
6.2.2 Position du débitage dans les structures
24Les pesées du débitage par puits ont été réalisées par couches archéologiques ; il a donc été possible d’analyser et de comparer la position des rejets dans les structures. Auparavant, les couches archéologiques auraient été regroupées par grandes phases de comblement qui semblaient être plus significatives. Pour les structures de la moitié nord, trois phases ont été individualisées : la zone d’exploitation ; une phase intermédiaire correspondant au début du comblement des structures ; enfin, la phase finale de comblement du puits d’accès.
25Pour les puits de la zone sud, quatre phases principales ont été distinguées : la zone d’exploitation et les galeries ; la phase succédant à l’abandon du puits et aux premiers effondrements ; une phase intermédiaire correspondant au niveau d’exploitation du premier banc de silex ; une phase finale correspondant au comblement postérieur à l’obtention du profil d’équilibre. La troisième phase n’existe pas dans les structures les plus profondes. Les figures 127 et 128 a et b montrent que le débitage ne se trouve pas distribué également sur toute la hauteur des structures et dans toutes les couches. Sa répartition répond même à une certaine constante puisque, pour chaque type de structure, il a été possible d’en schématiser les grandes tendances. Les fosses d’extraction ne figurent pas sur cette planche car le débitage se trouve réparti sur toute la hauteur de façon homogène, et le type même des structures ne se prête pas à ce genre d’étude. Les structures à chambre ou en cloche présentent le même type de schéma (fig. 128b, nos 5 et 6), bien que la faible quantité de débitage contenue dans les structures en cloche nous pousse à émettre cette assertion avec prudence. Deux secteurs ont servi préférentiellement d’espaces de rejets : la zone d’exploitation et le puits d’accès. Celui‑ci contient toujours la majorité du matériel (plus de 65 %). Les unités d’extraction ne présentant pas d’exploitation du banc inférieur contiennent du matériel sur toute la hauteur, avec une proportion légèrement supérieure d’artefacts dans la phase finale de comblement (fig. 128b, no 4).

FIG. 128a – Répartition pondérale du silex taillé dans les différents types de structures en fonction des grandes phases de comblement. Pourcentage de matériel par structure (les zones grisées figurent les phases de comblement n’existant pas dans ces structures).

FIG. 128b – Répartition pondérale du silex taillé dans les différents types de structures en fonction des grandes phases de comblement. Représentation graphique par grands types de structures : : 1 à 3 structures à galeries ; 4 structures exploitant essentiellement le banc inférieur de silex ; 5 structures en cloche ; 6 structures à chambre.
26Les mines à galeries sont très semblables dans le mode de répartition du débitage ; la grande majorité (pratiquement toujours plus de 70 %) provient de la phase finale du comblement, qui correspond toujours au remplissage du puits après l’obtention de son profil d’équilibre (fig. 128b, nos 1 et 2). Dans cette phase, une couche unique contient souvent plus de la moitié du matériel. Une autre partie provient des galeries d’exploitation ; elle est proportionnellement plus importante dans les puits les plus profonds (entre 20 et 25 %). Ces derniers se distinguent aussi par l’absence de matériel dans le remplissage du puits d’accès ; dans les structures à galeries moins profondes, une zone de rejets supplémentaire existe immédiatement après l’abandon de la structure. Deux structures font exception au schéma général : la structure 945 dont la majorité du matériel provient de la zone médiane et non du comblement supérieur du puits (fig. 128b, no 3), ce qui peut s’expliquer par le fait que le puits d’accès de cette structure n’a pas été sujet à une érosion importante comme dans les autres cas ; le puits 778 qui a fourni une quantité très importante de matériel sur toute la hauteur du remplissage postérieur aux premiers effondrements, 300 kg de débitage environ ayant été recueillis dans la moitié fouillée.
27Néanmoins, toutes proportions gardées, il semble que la plus grande quantité de matériel se rencontre toujours dans la partie supérieure des structures, quel que soit leur type. Les zones d’exploitation contiennent systématiquement une quantité non négligeable de produits de débitage.
6.2.3 Répartition et technologie
28L’étude de la provenance du matériel lithique en structure a été confrontée à une analyse technologique rapide (excepté dans le cas des puits tests choisis pour une étude plus poussée) permettant d’avoir une idée du type de matériel provenant de chaque secteur. Ce complément d’information apporte, en effet, des éléments de compréhension sur la gestion de la matière brute après son extraction mais aussi, plus généralement, sur le fonctionnement et l’organisation du travail au sein de la mine.
29Dans le cas des structures à galeries de la zone sud, les différences sont tout à fait remarquables. En effet, le matériel provenant des galeries est très particulier ; il est composé de trois types principaux de produits : des fragments corticaux de plaquettes ; des gros éclats corticaux ou semi‑corticaux, dont les spécimens provenant des puits les plus profonds sont de couleur beige clair (silex sous‑cortical), les autres étant de couleur brun foncé ; ils correspondent à une première phase d’épannelage des plaquettes ; quelques remontages partiels ont pu être faits dans certains cas ; enfin, des petits cassons provenant du déchaussement des blocs de silex. Parfois quelques éclats non corticaux de dimensions réduites et peu épais s’individualisent dans ces séries, mais ils restent très anecdotiques. La proportion de débitage plus importante dans le fond des structures 1061 et 1111 pourrait être interprétée comme le résultat de l’accroissement du nombre de blocs préparés avant d’être remontés à la surface, la zone d’approvisionnement étant plus étendue.
30Cette augmentation n’est pas proportionnelle à celle de la quantité de matière première extraite, mais la fouille a montré que les rejets de matière première brute venaient presque exclusivement des galeries dans ces puits, alors que, dans le cas des autres structures moins profondes, ils étaient retrouvés principalement dans les niveaux de comblement. On peut alors émettre l’hypothèse que, la profondeur du puits d’accès étant multipliée par deux, les mineurs ont modifié leur comportement face au silex : au lieu de remonter des blocs légèrement aménagés, ils ont préféré avancer l’épannelage et laisser au fond ce qui ne leur serait pas directement utile, en particulier les extrémités de plaquettes corticales et les gros éclats en silex beige sous‑cortical constituant la gaine non utilisée. Ceci n’implique pas néanmoins que tout le travail de préparation des plaquettes ait été réalisé au fond des puits, puisque des éclats caractéristiques de cette phase technologique existent dans les autres zones de concentrations de silex. D’ailleurs, on y trouve une grande diversité de produits de débitage, depuis les grands éclats corticaux jusqu’aux esquilles. La structure 894, étudiée ci‑après, reflète tout à fait cette situation.
31Le cas des structures en cloche est plus délicat à traiter dans la mesure où la quantité de matériel archéologique est vraiment minime, voire inexistante comme en est témoin la structure 263. Le matériel archéologique est composé de fragments de plaquettes, d’éclats de débitage et de petits cassons provenant de l’extraction ; ces derniers sont plus représentés sur le sol d’exploitation. Cependant, il n’apparaît pas de différences flagrantes entre les types de rejets d’une couche à l’autre. Dans le cas des structures très pauvres (250, 1063, 246), la proportion la plus importante (en poids) est constituée par des fragments de plaquettes ; pour les puits les plus riches (145, 247), elle se compose de débitage provenant de la production de haches.
32Dans les puits à chambre, les différences de type de rejet sont plus marquées ; quelques éclats corticaux ou semi‑corticaux (cortex + de 50 %), fragments de plaquettes et petits cassons ont été abandonnés sur le sol des chambres d’exploitation, le reste du comblement des chambres est le plus souvent stérile ; par contre, le puits a été comblé par des produits de fabrication de haches (éclats corticaux, semi‑corticaux ou non corticaux, souvent peu épais, esquilles).
33Dans le cas de ces deux types de structures d’extraction, il est à peu près certain qu’un travail de taille minimum a été éffectué au fond (simple test de certaines plaquettes). L’aménagement devait se faire dans les zones d’ateliers spécifiques, en retrait par rapport à la zone d’extraction proprement dite.
6.3 Remontages et technologie
6.3.1 Méthodologie les choix de l’étude
34Les artefacts lithiques sont constitués d’une part de matériel de débitage représentant les différentes phases d’avancement de la transformation d’une plaquette (épannelage, façonnage, etc.) et, d’autre part, de plaquettes transformées à différents stades de cette préparation. Le résultat des étapes de débitage, produit préparé ou déchet, est situé en grande partie en situation verticale dans le cadre d’un puits d’accès de mine, ou d’une galerie. L’amas révèle, lui, une répartition horizontale plus traditionnelle. Le type de produits lithiques est identique à la précédente catégorie. Même si la quantité d’artefacts mise au jour est moindre proportionnellement au volume de silex exploitable, la matière première extraite de la minière semble avoir été taillée sur place, au moins en partie. Comme dans 90 % des mines néolithiques connues (Guillaume et al. 1987), les ateliers de taille sont établis autour ou sur les structures d’extraction, voire dans celles‑ci.
35Plusieurs questions sont soulevées par la coexistence d’unités anthropiques spatialement proches. Une ou éventuellement plusieurs chaînes opératoires préférentielles aboutissent à la réalisation de chaque catégorie d’outils finis ou en phase de régularisation. Elles peuvent se transformer d’une structure verticale (puits) en une structure horizontale (amas de débitage). Après une première analyse des produits de débitage, des classes génériques d’éclats similaires semblent présentes à la fois dans les mines et dans les zones aériennes de taille. Cependant, leur quantité peut varier selon la destination spécifique du lieu dans lequel se déroule l’étape de production (zone d’extraction en cours d’activité ou zone de débitage si celle‑ci est différente du puits d’extraction). Une autre interrogation concerne la contemporanéité des objets taillés près ou dans les structures d’extraction réparties indifféremment sur le site. Une telle question induit l’enregistrement de faits et de données multiples (dispersion du débitage dans l’axe horizontal ou dans l’axe vertical, enregistrement de tous les éclats, mise en relation systématique des débitages, etc. ; ces éléments demandent un temps d’analyse très long) qui débouchent sur des hypothèses relativement fiables concernant à la fois le rôle productif des structures et leur remplissage. Outre le comptage et l’analyse typologique des artefacts lithiques, une autre approche a été préférée qui pouvait se révéler efficace : les raccords ou remontages au sein d’une série de structures choisies tant par leur emplacement que par la qualité technologique des objets mis au jour.
36Les remontages permettent une reconstitution chronologique du débitage. Sans raccord avec la plaquette dont ils sont issus, les éclats sont les témoins d’une étape technologique ponctuelle. Mis en relation avec leur support d’origine, ils permettent d’appréhender la chaîne opératoire utilisée par les techniciens en vue de l’obtention d’un objet spécifique. Chaque raccord établit une relation spatiale entre des fragments de silex taillé et fournit une lecture des objets depuis le choix de la matière première jusqu’à son abandon ; enfin, il permet de mettre en relation des déchets provenant de structures plus ou moins éloignées, sans relation apparente.
37Notre but était de réaliser un ensemble de remontages pour chaque type générique de support existant sur le site (plaquette aménagée, hache en cours de réalisation, produit fini, nucléus, etc.). Nous n’avons pu tenir cette gageure, car seules les plaquettes aménagées à divers stade de leur réalisation ont permis des raccords aptes à nous renseigner sur les procédés techniques. D’autres étapes plus avancées, telle la régularisation d’un objet, sont illustrées par quelques remontages entre éclats, technologiquement attribués à une phase spécifique. Une grande partie des objets taillés est aménagée sur un bloc brut et les stades successifs de débitage correspondent à des transformations de la plaquette en vue d’aliéner sa forme, de la rendre utilisable pour un certain type de manipulation.
38Le plus souvent cependant, l’artisan semble tirer parti du support originel, moyennant une préparation plus ou moins avancée. L’épaisseur de celui‑ci joue un rôle important dans le choix des retouches destinées à la création d’une arête périphérique (l’allure de l’arête reste, lors de l’étude, un bon indice du degré de finition d’un objet). La régularisation du profil de celle‑ci requiert un débitage moindre si le support est mince. De même, la disparition ou la subsistance de surfaces corticales est une conséquence de la morphologie des éclats, de la qualité de la percussion et de l’épaisseur du bloc. Enfin, une plaquette brute peut servir de support à plusieurs objets. Cette hypothèse vient de l’observation du module moyen des outils contenus dans les puits. Aucun remontage n’est venu confirmer ou infirmer cette assertion. Ces divers paramètres ont été analysés et pour certains une explication a été fournie par les remontages.
39Les chaînes opératoires utilisées sur le site ont été mises en évidence par l’utilisation combinée des analyses typo‑morphologiques et des raccords.
6.3.2 Analyse de l’amas de débitage 148
6.3.2.1 Situation géographique
40De forme ellipsoïdale allongée, la concentration de matériel lithique 148 est orientée N.‑E./S.‑O. Sa longueur maximale est de 6 m, sa largeur de 3,50 m ou 4 m (fig. 129). L’amas est arrêté au sud‑ouest par un ensemble de blocs de calcaire de 10 à 15 cm de long disposés en arc de cercle. Il s’étend sur une superficie de 24 m2.
41L’amas se situe à proximité des structures 164 et 1055 qu’il recouvre partiellement. La structure 1055 était totalement comblée lorsque les tailleurs se sont installés, le débitage était posé à plat et le remplissage supérieur du puits était totalement stérile. Les relations avec la structure 164 sont plus lointaines, le recouvrement étant très partiel. Par contre, dans sa partie sud, l’amas plonge dans le remplissage supérieur de la structure 424 qui n’était donc pas totalement comblée (fig. 130). Une petite cuvette de 0,20 m de profondeur subsistait dans laquelle le débitage s’est trouvé piégé.

FIG. 130 – Coupe dans l’amas de débitage 148 montrant le glissement du débitage dans la structure 424
photo F. Bostyn/AFAN
42Le carroyage de l’amas a été réalisé dans l’axe du carroyage général ; le carré B7 a été divisé en mètres carrés numérotés de A à T dans l’axe transversal et de 1 à 20 dans l’axe longitudinal. Cette maille basée sur le mètre carré a été elle‑même subdivisée en 25 sous‑carrés numérotés de 1 à 25 ; cette disposition permet de positionner l’ensemble des artefacts lithiques collectés. Aucun relevé pièce à pièce n’a été effectué, mais une couverture photo verticale systématique a été réalisée pour le premier niveau de décapage. Trois niveaux de décapage d’une épaisseur totale de 15 cm environ ont en effet été différenciés à la fouille. Une petite zone (O‑N/4‑5) a malheureusement été perturbée par l’intervention indélicate de clandestins quelques jours après le décapage, mais celle‑ci ne s’est pas révélée catastrophique pour l’étude de la structure. Lors du remontage, une couche unique de débitage a été déterminée. Les outils sont concentrés dans le carré N5 (fig. 131d) et, à partir de cet épicentre, leur présence s’amenuise régulièrement en donnant des limites relativement claires à l’unité anthropique.

FIG. 131 – Amas de débitage 148. A zones de concentration du matériel lithique (noir> 10 kg ; grisé 5‑10 kg ; blanc < 5 kg) ; B remontages d’éclats à éclats, répartition spatiale ; C répartition spatiale du débitage brûlé (noir : brûlé ; blanc : non brûlé) ; D répartition de l’outillage lithique (à l’exception des fragments de plaquettes).
6.3.2.2 Répartition pondérale du débitage
43Près de 276,50 kg de silex taillés sont répartis sur l’amas. Ce poids est divisé en débitage (64,5 %, soit 178,35 kg) et esquilles (35,5 %, soit 97,97 kg).
44Les éclats et les esquilles brûlés (altération de la couleur de la matière première, cupules thermiques, etc.) représentent 17,07 % (soit 47,200 kg) des produits présents et sont positionnés de manière identique au matériel non brûlé (fig. 131‑C). La zone de plus forte concentration du matériel (N6, fig. 131‑A) regroupe à elle seule 19, 8 % du matériel débité et près de 38 % des esquilles brûlées ou non brûlées.
6.3.2.3 La matière première
Silex endogène
45Il provient des structures d’approvisionnement alentour. Un seul banc de silex y est exploitable, les plaquettes sont minces, leur épaisseur n’excède pas 2 ou 3 cm. De nombreuses tablettes sont fracturées dans l’axe longitudinal du support (gélifraction). Les fractures sont reprises comme plan de frappe. Le cortex est mince. La patine des objets débités est bleutée à blanchâtre, très reconnaissable. Elle permet d’isoler les artefacts et de les attribuer à cette zone particulière d’exploitation.
Silex exogène
46On en dénombre quelques exemplaires. Les surfaces patinées sont blanches. L’origine de ce silex pose problème. L’existence d’une patine différentielle est une hypothèse à prendre en compte, mais rien ne vient confirmer ou infirmer cette assertion. Le débitage relevant de cette matière première est constitué de huit lames/lamelles, de deux petits nucléus bipolaires et d’un grattoir latéral convexe. Les objets aménagés et le débitage spécifique réalisé sur ce type de matière première représente 22,2 % des pièces aménagées de façon spécifique (nucléus, ébauches, haches, grattoirs, etc.). On peut rajouter à cet ensemble quelques fragments de plaquettes et de rares cassons présentant les mêmes états de surface. La totalité du matériel représente 0,2 % du poids total du débitage. Le matériel exogène est rejeté en périphérie de l’amas, au nord et surtout au sud de celui‑ci. Enfin, nous n’avons enregistré aucun succès dans les raccords de lames et de lamelles.
6.3.2.4 Les remontages
47Les remontages représentent 20 kg des éclats, c’est‑à‑dire 11,2 % du poids des éclats de débitage prélevé sur l’amas. Ce poids prend seulement en compte les produits de débitage. Les plaquettes et fragments de plaquettes aménagés sur lesquels des raccords ont pu être effectués (éclats semi‑abrupts à rasants, corticaux ou non corticaux à talon lisse, épais ou mince, parfois à talon facetté) ne sont pas comptabilisés dans ce total.
48Une zone très nette de concentration d’éclats, située dans le carré N6 a permis de réaliser de multiples remontages. Ce sont les raccords les plus importants numériquement et ils retracent une ou plusieurs étapes technologiques sur un même support. Les autres remontages (d’éclat à éclat), plus ponctuels, sont la traduction d’instants techniques éparpillés sur la chaîne opératoire.
49Dans un premier temps, l’aspect de la matière première (coloration, grain) a entraîné la classification du matériel débité en grandes catégories dans lesquelles nous avons établi des sous‑catégories morphologiques (éclats allongés, réfléchis, outrepassés, éclats courts, etc.). Celles‑ci nous ont permis de travailler plus rapidement et de privilégier certains remontages au détriment d’autres, plus longs. Ce choix s’est opéré au niveau de la quantité d’informations potentielles visualisées grâce à tel outil ou tel remontage. Une plaquette aménagée, sur laquelle deux générations au moins d’éclats sont raccordables en restituant la forme du nodule de base, nous fournit plusieurs paramètres indispensables à la reconstitution de la chaîne opératoire : plan de frappe, percussion, aménagement formel.
Les plaquettes
50Exemple 1 (fig. 132)
51L’opération de remontage a été facilitée par la forme de la plaquette et la nature même de la matière première. Il s’agit de silex beige à grain grossier dans lequel de multiples fossiles dépassant 1 cm de long sont visibles. 32 éclats, concentrés dans la zone la plus dense de l’amas (N6), permettent de reconstituer, en partie, la plaquette d’origine. Les surfaces de fracture latérales du bloc ont servi comme plan de frappe naturel. Deux générations successives d’éclats au moins ont permis de dégager une plaquette aménagée de façon bifaciale et bilatérale. La première série d’enlèvements pour la première phase d’aménagement unilatéral et unifacial était constituée d’éclats larges et épais à talon naturel, la seconde donne jour à des éclats à dos non cortical et à talon naturel. Elle concerne encore le débitage unifacial de la plaquette. La chaîne opératoire a été interrompue après la fracturation en deux, dans la largeur du bloc, de l’objet en cours d’aménagement. Cette fracturation a révélé une zone centrale vide tapissée de calcaire. Une seule moitié de la plaquette a été retrouvée dans la même zone que celle de la concentration des éclats. Le remontage de cette plaquette a contribué à la reconstitution de la chaîne opératoire, au moins des premières étapes de celle‑ci.
252Exemple 2 (fig. 133)
53L’opération de remontage a été facilitée par la forme de la plaquette et par l’aspect de la matière première. Celle‑ci est très particulière. Il s’agit d’un silex au grain grossier, de couleur grise, zoné de bandes bleutées plus ou moins sombres. Les raccords, s’ils ne permettent pas d’appréhender l’ensemble du débitage, mettent en valeur quelques éléments de chaque étape de l’aménagement. A une série d’éclats minces et allongés succèdent des enlèvements grossiers, non corticaux. En outre, nous possédons un fragment de la plaquette aménagée sur les deux faces en périphérie, par petites retouches écailleuses. Il s’agit, en fait, d’un gros éclat, situé dans l’épaisseur de la plaquette et s’insérant dans la chaîne opératoire, à la suite des éclats décrits précédemment. Cette plaquette est de mauvaise qualité et s’est débitée en de multiples fragments. Au cours de son aménagement, l’éclat a été fracturé en deux parties localisées dans deux zones opposées de l’amas. D’autres remontages restituent plusieurs stades technologiques de l’aménagement d’un support qui n’a pas été retrouvé. Celui‑ci a été emporté puis utilisé ou abandonné, tel qu’il était après la phase de débitage, laissé sur place ou transformé plus loin.

FIG. 133 – Remontage d’un fragment de plaquette. Les zones grisées mettent en évidence des groupes d’éclats débités successivement, selon un même plan de frappe. Le support de ce remontage est une plaquette fracturée épaisse. L’ensemble 3 est un éclat aménagé par retouches bifaciales périphériques, fracturé dans sa largeur en cours de débitage. Le plan de l’amas donne la répartition des éclats dans chaque m2.
54Exemple 3 (fig. 134)
55Issu d’une plaquette à cortex fin, dont la matière est aisément identifiable (silex beige à grain grossier possédant une zone sous‑corticale marron), l’ensemble des éclats remontés correspond à la première phase d’aménagement d’un support : l’épannelage unifacial et unilatéral de celui‑ci. Pour la première série d’enlèvements, les talons sont épais et corticaux. Les éclats sont couvrants et déjetés. Ils ont emmené une large plage corticale. Ce type d’éclats semble être rattaché le plus souvent à des plaquettes de faible épaisseur sur lesquelles un débitage rasant à semi‑abrupt enlève des grandes surfaces corticales sans toutefois libérer totalement le support. Le raccord d’un distal d’éclat cortical, débité à partir du plan de frappe opposé à celui attesté par les premiers remontages, nous fait entrevoir l’amorce du débitage de l’autre latéral de la plaquette. Après l’aménagement unifacial et unilatéral du support, le second latéral est débité à son tour.

FIG. 134 – Remontages d’éclats de décorticage d’une plaquette de silex. Les éclats grisés mettent en évidence la succession de ces enlèvements. Les flèches indiquent l’orientation des débitages. Le plan de l’amas donne la répartition des éclats dans chaque m2.
56Exemple 4 (fig. 135)
57Issus d’une plaquette à cortex épais et de coloration brune homogène, les éclats mis en rapport par ce remontage sont concentrés dans le quart nord du carré N. Quatre éclats corticaux et semi‑corticaux se situaient plus au sud de cette concentration. L’ensemble correspond à la phase d’épannelage d’un support en vue de l’obtention d’une plaquette aménagée. Aux premières générations d’éclats grossiers à talon cortical épais succède une génération de petits éclats rasants, non corticaux, à talon mince, obtenus sans doute au percuteur tendre. L’ensemble est débité à partir de plusieurs plans de frappe.

FIG. 135 – Remontage d’éclats de décorticage et de débitage sous‑cortical spécifiques de l’aménagement d’une plaquette de silex. Les zones grisées indiquent les étapes successives du débitage. Les flèches précisent l’orientation des plans de frappe utilisés. Le plan de l’amas donne la répartition des éclats dans chaque m2.
58Dans tous les cas énoncés, les éclats restent groupés dans la même zone et sont peu éparpillés sur l’aire de débitage. Les éclats concentrés sur l’amas sont morphologiquement attribuables aux différentes phases de la chaîne opératoire mise en évidence sur la totalité du site. Ce sont des produits caractéristiques à la fois de l’épannelage, du façonnage et de la régularisation des plaquettes. Aucune spécialisation du débitage n’est identifiable.
Les plaquettes aménagées et les haches
59Les produits finis ou objets en fin de mise en forme se divisent en deux groupes distincts. D’une part, les plaquettes aménagées par retouches semi‑abruptes ou abruptes, où une plage corticale d’importance variable subsiste au centre de l’objet. Cette catégorie est représentée par 21 artefacts. D’autre part, les outils finis, typologiquement attribuables à la catégorie des haches. Ils portent le plus souvent une plage corticale centrale. On en dénombre 12 C7 haches entières, 5 fragments).
60Sur quelques fragments de plaquettes aménagées, de rares éclats ont pu très ponctuellement être remontés. Il s’agit essentiellement d’éclats semi‑abrupts ou abrupts, à talon lisse voire facetté, sans trace de cortex. Les plaquettes sont attribuables à une phase relativement avancée du débitage (préparation bilatérale, bifaciale). Cependant, ces supports ont été abandonnés après leur fracturation. L’accident le plus fréquent est une fracture transversale de la plaquette dont l’origine reste difficilement déterminable. En effet, il peut s’agir soit d’une fracturation en cours de taille, soit d’une fragmentation due à une utilisation spécifique. Celle‑ci reste à déterminer. Les éclats se raccordant avec les plaquettes aménagées sont dispersés indifféremment sur l’ensemble de l’amas.
61La catégorie des haches représente 24 % des outils décomptés sur l’amas (fig. 136). Ce sont des pièces dont le module n’excède pas 166 mm de longueur (moyenne : 117,8 mm). Elles sont toutes réalisées sur des plaquettes minces (moyenne : 22,7 mm). Des retouches semi‑abruptes à rasantes ont permis d’en régulariser le contour. Elles conservent toutes cependant une zone corticale centrale que les générations successives d’éclats n’ont pu faire disparaître en raison de la morphologie même du support. Les tranchants sont convexes et ne dépassent pas 60 mm. Trois haches complètes ont un talon cortical. Aucun raccord n’a été réalisé sur ces pièces présentant une patine bleutée plus accentuée que le reste du matériel. Cependant, l’aspect de la matière est identique à celle des autres produits de débitage. Actuellement, nous ne pouvons dire si ces haches ont été utilisées et pour quel type d’activité elles l’ont été. Elles sont réparties indifféremment sur l’amas, avec cependant une plus forte concentration dans le carré N6.

FIG. 136 – Répartition numérique de l’outillage lithique par catégories typologiques. 1 lames ; 2 haches ; 3 nucléus ; 4 plaquettes ; 5 percutés ; 6 grattoirs ; 7 plaquettes brûlées.
Les autres outils
Les grattoirs
62Nous avons décompté quelques grattoirs latéraux convexes. Il s’agit de trois outils sur éclat épais. Un des grattoirs fait partie du groupe de matériel exogène présent sur cette structure de débitage. L’éclat épais sur lequel il a été aménagé par retouches fines et écailleuses est non cortical. Les deux autres grattoirs sont réalisés sur des éclats de décorticage. Là encore, la retouche est latérale et écailleuse. La catégorie des grattoirs représente 5,5 % des objets aménagés prélevés sur l’amas. Ils sont situés en périphérie du carré N6.
Les outils portant des traces de percussions
63Deux plaquettes en cours d’aménagement portent des traces de percussions répétées à l’extrémité et sur les latéraux. Cette catégorie représente 3,7 % des objets aménagés prélevés sur la structure.
Les nucléus
64Réalisés sur une matière première exogène à patine, blanchâtre, il s’agit de deux petits nucléus à lamelles, respectivement de 58,5 mm et 60 mm de longueur. Ce sont des pièces bipolaires, à dos cortical. Ils sont situés à l’extrémité nord‑est de l’amas, en périphérie de celui‑ci. Aucun remontage avec les lamelles débitées sur le même type de silex n’a pu être effectué. Cette catégorie représente 3,7 % des objets aménagés décomptés sur l’amas.
Les lames et les lamelles
65Elles sont au nombre de 12. Sur cet ensemble, 8 sont débitées sur un silex exogène. Ce sont des lamelles entières à talon mince. Elles sont distribuées en périphérie de l’amas, au nord‑est de celui‑ci. Les lames attribuables à des supports originaires du Haut Château sont essentiellement constituées de proximaux, à talon dièdre ou mince. Elles se trouvent à proximité de la zone de forte concentration de matériel (N5). Cette catégorie regroupe 22,2 % du matériel spécifique débité sur l’amas. Ces objets sont débités à la fois sur du silex du Haut Château et sur un silex exogène à patine blanchâtre.
66La répartition de ces différentes classes d’artefacts lithiques varie peu. Ils sont disposés uniformément sur l’amas, à partir d’un épicentre, ou zone de forte concentration. Puis ils s’amenuisent rapidement pour disparaître totalement aux extrémités de la zone de taille. Mais le matériel que nous qualifions d’exogène, tant par la facture technologique des objets que par l’aspect et la patine de la matière première, est disposé dans une zone de faible densité du matériel de débitage. Il constitue un groupe distinct qui semble rejeté sur l’amas à un moment de son utilisation.
6.3.2.5 Le matériel lithique brûlé
67Le matériel lithique brûlé est réparti sur l’ensemble de l’amas, sans zone préférentielle (fig. 131c). Aucune structure de combustion n’a été enregistrée en cours de démontage. Seuls deux fragments de plaquettes aménagées ont été mis au jour. L’ensemble de ce matériel a été exposé directement au feu. La coloration des éclats varie d’un gris très foncé au noir. De multiples cupules thermiques ainsi que de nombreuses fissurations des surfaces sont visibles. Les quelques raccords réalisés l’ont été entre fragments d’éclats. Tous les raccords sont rendus très difficiles par l’état du matériel constitué en majorité de fragments ne dépassant pas 20 mm.
6.3.2.6 Rôle de la structure 148
68La répartition du matériel délimite nettement une surface oblongue dans laquelle le débitage est distribué concentriquement à partir d’une zone très dense en matériel. La distribution verticale des éclats ne fait ressortir aucune succession d’occupation technique. En effet, les remontages ont été indifféremment réalisés entre les trois niveaux hypothétiques retenus au démontage. La distribution horizontale fait ressortir une forte concentration dans le cané N6. Elle est confirmée par les raccords réalisés à la fois dans ce cané et dans ceux situés autour de celui‑ci. La forte proportion d’esquilles (esquilles non brûlées : 25,1 % du poids total de matériel mis au jour), tout comme la diversité technologique des éclats, ainsi que l’état de fraîcheur de ceux‑ci et leur distribution, font penser à une zone de taille en périphérie d’une ou de plusieurs structures d’extraction éventuellement en cours d’activité.
69Le matériel brûlé, quant à lui, pose problème. Il n’est lié à aucune structure de combustion. Sa répartition est relativement comparable à celle de l’ensemble du débitage malgré ses faibles proportions. Sa mauvaise conservation n’a pas permis de mettre en relation les éclats. Mais cette absence d’information ne présuppose en rien des possibilités de raccords qui n’ont pu être mis en évidence. En fait, il pourrait s’agir de matériel rejeté dans cette zone de débitage après abandon de l’aire de taille. Les fragments de haches ou même les haches entières n’ont pas fait l’objet de remontages, bien que dans cette zone existent des éclats de régularisation qui représentent près de 6 % du matériel débité. Il est possible, là encore, de considérer les fragments d’outils comme des déchets abandonnés. La présence de haches entières, sans fracturation, ne trouve pas d’explication.
70L’hypothèse la plus vraisemblable est le fonctionnement de l’amas en deux étapes successives. Dans un premier temps, il aurait servi d’aire de débitage préférentielle pour la mise en forme de plaquettes aménagées. Les autres étapes technologiques ne sont attestées que par la présence de produits spécifiques des phases suivantes. Puis, abandonné comme zone de travail, il aurait servi de lieu de rejet, à la fois pour des éclats brûlés et non blûlés et des produits manufacturés inutilisables ou inutilisés pour diverses raisons. Cette hypothèse n’a que valeur de présomption et n’est pas confirmée ou infirmée par tous les faits collectés lors de la fouille.
71La phase de remontage aura permis de mettre en évidence une partie de la répartition spatiale des artefacts ainsi que diverses étapes technologiques que nous retrouvons systématiquement sur le site.
6.3.3 Analyse des structures d’extraction
6.3.3.1 Les problèmes liés aux remontages en puits
72Le matériel est réparti en stratigraphie dans les structures d’extraction. Le débitage a été testé par la technique des remontages. Celle‑ci devait permettre de mettre en relation à la fois les différentes zones de remplissage d’une même structure (galeries, puits d’accès, bouchon terminal) et les diverses structures d’une même zone. Outre la distribution spatiale du matériel de puits à puits, nous voulions mettre en évidence la chaîne opératoire permettant d’obtenir les outils trouvés dans les remplissages des structures. Enfin, l’éventualité d’une spécialisation d’une zone minière particulière (débitage spécifique en galerie ou chambre, dans le puits d’accès ou autour de la structure) nous intéressait tout particulièrement.
6.3.3.2 Les structures testées
73Ces diverses questions, conjuguées avec un calendrier d’étude limité, nous ont fait choisir une série de structures situées tant dans le nord que dans le sud du site. Certaines d’entre elles exploitent le banc inférieur de silex de façon préférentielle. Dans d’autres structures, au contraire, voisinent des plaquettes aménagées provenant des deux bancs de matière première. Au nord du site, un seul banc de silex semble exploité. Le premier banc est remanié et rejeté le plus souvent. Les plaquettes sont peu épaisses (20 mm à 50 mm). Les puits 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 71, 72, 75 et 520 ont fait l’objet de remontages plus ou moins nombreux selon les structures. Dans le sud du site, les deux bancs de silex ont été utilisés. Les plaquettes y sont plus épaisses dans le second banc (80 à 100 mm). Quant au premier banc, les supports atteignent une épaisseur de 150 mm. Seul le puits 894 a été testé en relation cependant avec la structure 944.
6.3.3.3 Le groupe des structures à chambre
74Ce sont des structures d’extraction peu profondes. Elles présentent un puits d’accès et une chambre d’exploitation (str. 12 à 18, 71, 72, 75 et 520) à l’exception de la structure 18 qui n’a probablement pas été achevée.
La structure 12
75Sa profondeur est de 1,70 m, elle possède une chambre d’extraction à l’ouest et le banc inférieur, visible, est localement dédoublé.
76Le poids du débitage est de 35,765 kg. Quelques éclats brûlés étaient situés dans la partie supérieure du remplissage. Le débitage se répartit de façon préférentielle en fond de puits et dans le bouchon terminal (fig. 137 et 138). Le poids des rejets est de 39,315 kg. Trois fragments de plaquettes à différents stades d’aménagement ont été découverts en fond d’exploitation. Le matériel de débitage est composé d’éclats corticaux et semi‑corticaux larges, à talon cortical ou lisse. Ils correspondent à la phase de décorticage des plaquettes. Ils représentent 70 % du matériel présent dans le puits. La seconde catégorie d’éclats est constituée par du débitage de régularisation : non cortical, à talon mince lisse ou facetté, faisant apparaître le plus souvent un changement de type de percussion entre la phase de décorticage des nodules et celle de régularisation des plaquettes aménagées.

FIG. 137 – Répartition pondérale du matériel lithique dans les structures d’extraction à chambre, et raccords d’éclats à éclats mis en évidence.

FIG. 138 – Répartition pondérale du matériel lithique dans les structures d’extraction à chambre, et raccords d’éclats à éclats mis en évidence.
77Les remontages se divisent en deux catégories.
78● Les remontages d’éclat à éclat. Ils sont très nombreux et se situent soit dans le bouchon terminal du puits d’accès, soit en fond de structure. Trois raccords d’éclats semi‑corticaux entre la base de la mine et la surface ont été mis en évidence (fig. 139). Ils font référence à des instants techniques spécifiques, très limités.
79● Les remontages comportant une plaquette en voie d’aménagement et le débitage. En fond de structure, à la limite des couches III et VI (fig. 140), une plaquette aménagée unilatéralement, mais de façon bifaciale, a pu être complètement reconstituée.

FIG. 139 – Structure 12 – Remontages d’éclats semi‑corticaux provenant de la phase de préparation bifaciale de la plaquette aménagée et remontage de deux fragments d’une plaquette fracturée, dont l’un a été aménagé par une série d’enlèvements multidirectionnels. Les flèches indiquent la direction des enlèvements.

FIG. 140 – Structure 12 – Remontage d’une plaquette aménagée et localisation spatiale des éclats dans le remplissage du puits. Le débitage provient de l’aménagement bifacial et unilatéral de la plaquette. Les flèches indiquent la direction des enlèvements.
80La matière première était aisément identifiable. Il s’agissait d’un silex brun foncé, de bonne qualité. L’ensemble du débitage (éclats corticaux et semi‑corticaux) était d’une grande fraîcheur et la quasi‑totalité des éclats (ainsi qu’une forte proportion d’esquilles) était déposée dans cette zone. La réalisation sur place, en fond de puits, de la plaquette est à considérer comme une hypothèse éventuelle.
81La plaquette a d’abord été aménagée sur une face et sur un côté unique par une série d’enlèvements courts et semi‑abrupts. Une seconde génération d’enlèvements a emporté des éclats semi‑corticaux à non corticaux, possédant un talon cortical à semi‑cortical. La plaquette a ensuite été retournée et, sur le latéral déjà entamé, une série d’éclats semi‑abrupts puis rasants a enlevé une large plage corticale et ménagé un tranchant sinueux. Le support a été abandonné ainsi, sans raison apparente. La qualité de la matière première ne semblait pas nuire à la mise en forme de cet objet.
82Deux fragments de fines plaquettes, situés dans la couche VI, ont été raccordés. Il s’agit d’un fragment vierge de débitage remontant avec un autre fragment (25 mm) aménagé par retouches abruptes. Celles‑ci sont débitées à partir des plans de frappe naturels provoqués par les multiples fracturations du bloc.
La structure 13
83Il s’agit d’une structure peu profonde possédant une chambre au sud, en liaison avec la structure 15 (fig. 137).
84Le poids total de débitage contenu dans le puits est de 2,275 kg. Il se répartit dans le bouchon terminal du puits d’accès et en fond de structure (chambre et fond de la mine). Il est composé de 50 % d’éclats de décorticage. Ils semblent provenir de la mise en f01me et de la préparation des blocs. Ils se situent surtout dans la chambre d’exploitation. Les éclats semi‑corticaux (cortex < 50 %) représentent 49 % du matériel. Enfin, les éclats non corticaux constituent 1 % du matériel décompté. Ces deux dernières catégories se situent préférentiellement dans la partie supérieure du puits (couches I, II, III). La totalité des éclats se caractérise par des bulbes très marqués, et des talons larges, corticaux ou lisses. Une grande quantité d’éclats est fracturée, sans doute en cours de taille. Le silex est homogène et semble de bonne qualité. Différents nodules sont facilement identifiables : plaquette de silex caramel, zoné de bandes plus foncées ; plaquette de silex marron foncé, très homogène. Le grain de la matière première est très fin et se différencie beaucoup de plaquettes que l’on pouvait trouver sur l’amas 148 et dans les autres structures adjacentes.
85Des raccords ponctuels ont été réalisés entre la zone supérieure de la structure et la chambre d’exploitation. Ce sont des éclats de décorticage débités à partir d’un plan de frappe unique. De nombreux remontages proviennent de la chambre. Il s’agit de la préparation d’une plaquette de silex caramel de très bonne qualité. Après la fracturation d’une extrémité de plaquette, le technicien a profité du plan de frappe ainsi aménagé pour tirer une série d’éclats couvrants, corticaux à semi‑corticaux, à talon lisse. Aucun remontage n’atteste d’une relation entre les structures 13 et 15 communiquant par le fond de la chambre sud du puits 13.
La structure 14
86Cette structure d’une profondeur de 2,50 m contient un poids total de débitage de 24,630 kg réparti essentiellement dans le bouchon terminal du puits d’accès (fig. 137). Elle possède une chambre à l’ouest et trois chambres d’extraction. Un seul banc de silex est visible. Deux connexions existent avec les structures 16 et 520. Cependant, aucun remontage ne prouve l’exploitation simultanée ou contemporaine de ces différents puits. Le matériel de débitage est composé en grande partie d’éclats de décorticage. Les éclats sous‑corticaux ne représentent que 20 % des éclats. Quelques remontages entre éclats ont été réalisés. Ils attestent ponctuellement la phase d’aménagement des plaquettes. Le matériel contenu dans les couches l, II, III, N, V correspond vraisemblablement aux rejets de zones de débitage.
La structure 15
87D’une profondeur de 1,70 m, cette structure d’extraction comporte deux chambres. Deux bancs de silex y sont visibles. Le poids du débitage est de 8,470 kg. Il se répartit à la fois dans la zone supérieure du remplissage et en fond de puits. La matière première est de qualité très variable. Le silex zoné, de couleur marron, est de bonne qualité ; mais certains nodules sont médiocres : ils sont chargés de fossiles dépassant 10 mm et leur grain est grossier. Le matériel de débitage est composé de 46,2 % d’éclats corticaux larges à talon cortical ou non cortical lisse. Les éclats semi‑corticaux représentent 10,6 % du débitage. Le matériel est constitué à 17,5 % d’éclats corticaux ou semi‑corticaux fracturés (distaux ou latéraux d’éclats). Enfin le débitage non cortical représente 25,5 % des éclats. Ce sont soit des éclats à talon lisse et épais, vraisemblablement débités au percuteur dur, soit des éclats à talons linéaires, voire punctiformes.
88La majorité des remontages a été réalisée à partir du matériel contenu dans les chambres d’exploitation. Ce sont des raccords entre éclats des différentes catégories décrites ci‑dessus. Les remontages fixent quelques instants techniques de débitages divers. Ils présentent les mêmes caractéristiques que celles énoncées dans les puits précédents.
La structure 16
89Profond de 2,20 m, c’est un puits à une alvéole et à une chambre d’exploitation. Un seul banc de silex y est visible. Il est en relation avec la structure 14. Le poids total du débitage est de 8,940 kg, réparti dans l’ensemble du remplissage, avec cependant une plus forte concentration du matériel dans le puits d’accès. La totalité des remontages se situe dans la partie supérieure du remplissage (fig. 137), à l’exception d’un remontage en fond de structure. Les remontages sont très ponctuels et peu significatifs de l’ensemble de la chaîne opératoire. Ils s’inscrivent dans le processus normal de celle mise en évidence dans les autres structures.
La structure 17
90Le poids total du débitage est de 1,805 kg, répa1ti dans l’ensemble de la structure profonde de 1,60 m (fig. 137). La plus forte concentration de matériel se situe en milieu du puits d’accès. La matière première est de bonne qualité et le débitage semble correspondre à l’aménagement d’une ou de deux plaquettes.
91Toutes les phases de la chaîne opératoire amenant à la production d’un objet (type hache) sont représentées, depuis l’épannelage (éclats corticaux) jusqu’aux éclats de mise en forme de l’outil. Les éclats corticaux représentent la catégorie la plus importante. A talon lisse ou cortical, leur bulbe est très proéminent. Beaucoup sont fracturés, et on note une grande fréquence de fragments mésiaux ou distaux d’éclats. Les éclats semi‑corticaux sont fréquemment fracturés. Les talons sont corticaux, lisses ou punctiformes. Quant aux éclats non corticaux, ils sont minces et les talons sont le plus souvent préparés. Quelques éclats laminaires très fins ont été décomptés. Ils correspondent à la phase de mise en forme d’une hache. Ils sont plats et incurvés. Les talons sont préparés et abrasés, parfois lisses mais le plus souvent punctiformes ou facettés. La face supérieure des éclats présente des traces d’enlèvements multidirectionnels. Un changement de percussion est observable entre la catégorie des éclats semi‑corticaux et celle des éclats non corticaux.
92Les remontages sont, là encore, très ponctuels. Ils rassemblent quelques éclats typiques des différentes phases de débitage de la chaîne opératoire. Ils se situent généralement dans la zone médiane du puits d’accès.
La structure 18
93Il s’agit d’une fosse circulaire peu profonde regroupant 28,370 kg de débitage (fig. 137). Elle rassemble de nombreux déchets de taille provenant de multiples débitages. Une plaquette aménagée fracturée en deux a été remontée. Quelques éclats corticaux ont été raccordés, ils attestent la phase de décorticage des plaquettes de silex.
La structure 71
94C’est une petite structure de 1,30 m de profondeur, à une chambre et une alvéole. Le débitage est rare (2 230 kg) et distribué dans l’ensemble du remplissage sans zone de concentration préférentielle (fig. 138). Un seul banc de silex est visible. La matière première est de qualité relativement bonne. Deux types de silex au moins sont présents. Il s’agit, d’une part, d’un silex marron foncé, très homogène et, d’autre part, d’une matière première zonée. Toutes les catégories d’éclats sont représentées. De nombreux produits de débitage sont fracturés. Les éclats corticaux et semi‑corticaux à talon lisse se trouvent dans tous les niveaux du remplissage. Les éclats non corticaux sont à talon soit lisse soit facetté, mais toujours préparé. Sur les surfaces supérieures de ces éclats, on observe un débitage multi‑directionnel. Une plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement, présentant une plage corticale unique, a été fracturée en cours d’aménagement. Deux enlèvements laminaires ont été débités à partir du tranchant de la pièce.
95Une partie du débitage mis au jour provient vraisemblablement de ce support. Malheureusement, de nombreux éclats manquent et peu de remontages ont été réalisés.
La structure 72
96C’est une structure de 1,60 m de profondeur avec une chambre d’exploitation. 2,435 kg de débitage se concentraient à la fois dans le bouchon terminal du puits d’accès et au fond de l’alvéole (fig. 138). La matière première est homogène et de bonne qualité. Les différentes catégories d’éclats se trouvent dans l’ensemble du remplissage. On note la présence abondante de matériel débité inférieur à 20 mm, à talon fin linéaire ou punctiforme. Le débitage de cette structure présente les mêmes caractéristiques que la structure 71. Les remontages sont peu nombreux. Ils concernent essentiellement des éclats semi‑corticaux, caractéristiques d’une phase avancée de la mise en forme d’une plaquette aménagée. Aucune relation n’a été mise en évidence entre le matériel du puits d’accès et celui situé en fond d’alvéole.
La structure 75
97Il s’agit d’un puits à alvéole profond de 1,50 m et dans lequel 3,310 kg de débitage est présent, concentré dans la zone supérieure du remplissage et en fond de structure (fig. 138). La matière première est de qualité médiocre, quelques éclats présentent une patine bleutée très prononcée. De nombreux produits de taille sont cassés, une grande quantité de fragments distaux d’éclats est décomptée. Seuls des éclats corticaux ou semi‑corticaux ont été identifiés. Ce sont des éclats rasants, voires semi‑abrupts. Les éclats corticaux ont des talons lisses, et les talons préparés sont spécifiques des éclats semi‑corticaux. Les remontages sont peu nombreux. En fait, comme dans la plupart des structures précédemment décrites, les éclats déposés dans le remplissage peuvent être attribués à une phase de rejet de matériel ou à l’effondrement d’une zone ayant supporté une activité de débitage en périphérie du puits d’accès. C’est en partie seulement que le matériel a été piégé dans le comblement de la structure.
La structure 520
98C’est une structure à chambres de 2,15 m de profondeur contenant 27,250 kg de débitage (fig. 138). Les éclats sont répartis dans l’ensemble du remplissage avec cependant deux zones de forte concentration : la première située dans le bouchon terminal du puits d’accès, la seconde en fond de structure. Deux bancs de silex sont visibles. De nombreux remontages ont été réalisés. Les éclats proviennent de la couche II du puits. Il s’agit de matériel semi‑cortical à talon lisse et épais, typique des deux phases les plus avancées de la mise en forme d’une plaquette aménagée (fig. 141).

FIG. 141 – Structure 520 – Remontage d’une série d’éclats provenant de la phase d’aménagement bifacial d’une plaquette. Les flèches indiquent la direction des enlèvements.
6.3.3.4 Résultats généraux des remontages sur l’ensemble des structures à Chambre
99La série de raccords réalisée dans les structures situées au nord du site révèle plusieurs types d’informations. Dans l’ensemble des puits, aucune zone préférentielle de débitage n’a été mise en évidence. Les couches contenant le matériel lithique présentent une série d’éclats appartenant aux différentes phases de débitage. Cependant, la distribution verticale des artefacts suit une disposition particulière que l’on retrouve dans de nombreuses structures. Les éclats se concentrent de façon préférentielle dans la zone supérieure du remplissage du puits d’accès et en fond de mine. Dans quelques cas on observe une densité plus importante du matériel dans la zone médiane du comblement.
100Toutes les phases de débitage d’une plaquette, depuis le décorticage jusqu’à la régularisation de l’outil, sont mises en évidence. La fréquence des remontages est plus importante pour le matériel cortical ou semi‑cortical que pour les éclats de régularisation d’outils. Il faut interpréter ce paramètre non comme un fait lié à la diversité du matériel dans les puits mais plutôt comme la difficulté, dans un laps de temps ralativement court, de mettre en évidence des remontages souvent plus ardus. Enfin, il faut souligner la possibilité de débitage dans le puits en cours de remplissage (str. 12). Les éclats analysés dans l’ensemble de ces structures présentent certains caractères techno‑morphologiques remarquables. La phase de débitage attribuable à la régularisation des supports (éclats sous‑corticaux, minces et rasants) est identifiable grâce à la préparation de certains talons, ainsi qu’à la présence, en négatif, d’enlèvements multidirectionnels sur le dos de ces produits de taille. Si on peut penser que, durant les premières phases de débitage, le percuteur dur a été utilisé, cette ultime étape a sans doute été réalisée à l’aide d’un percuteur tendre. Dans chacun de ces puits, on observe la présence, en quantité réduite, d’éclats corticaux ou non corticaux, retouchés latéralement, parfois ponctuellement, par des enlèvements fins. Cet aménagement peut être le résultat d’une utilisation sans que l’on en ait actuellement la preuve.
101Enfin, la faible quantité de matériel lithique répartie dans chaque structure pose le problème de l’extraction de plaquettes (justification de l’extension des chambres et du creusement même des puits) et de leur débitage hors de la proche périphérie des mines dont elles proviennent. Le rôle d’une structure d’approvisionnement n’est pas de se muer systématiquement en lieu de transformation de la matière première. L’utilisation sur place d’une partie du matériel, en vue de produire des objets utilitaires à l’extraction ou au creusement, peut être une hypothèse concernant la présence d’éclats dans le remplissage des puits d’accès. L’envoi à l’extérieur de la minière de la plus grande partie des plaquettes prélevées viendrait étayer la présence en quantité moindre de matériel de débitage.
6.3.3.5 La structure 894
102Profonde de 4,20 m, cette structure contient 456,500 kg de débitage, concentré dans deux zones principales : le bouchon terminal du puits d’accès et la zone médiane de celui‑ci (fig. 142). La zone d’extraction comprend cinq galeries. Un lien existe entre les puits 894 et 944. Celui‑ci a pu très ponctuellement être mis en évidence par les remontages. Deux bancs de silex sont visibles. La matière première est de qualité variable, les plaquettes aménagées sont de qualité médiocre, veinées et fragiles. Le débitage provient d’un support de qualité plus homogène. Divers aspects de surface sont identifiables : soit brun, soit zoné. Les diverses classes technologiques d’éclats sont représentées dans chaque couche. Nous avons tout particulièrement testé les couches V (182,400 kg de débitage) et XIa, XIb (27,200 kg de débitage).

FIG. 142 – Structure 894 – Remontage d’une plaquette aménagée de façon bifaciale et localisation spatiale du débitage dans le puits d’accès de la structure. La densité de matériel débité est figurée dans le comblement.
La couche V
103Les éclats corticaux représentent 65 % du débitage décompté. Ce sont des éclats larges et épais à talon cortical ou lisse, vraisemblablement débités au percuteur dur. Ces éclats très longs ont emporté de larges plages corticales et laissent supposer l’existence de plaquettes relativement épaisses et de grandes dimensions.
104Les éclats semi‑corticaux constituent 30 % des produits de taille. Ce sont des éclats épais et larges à talon cortical, semi‑cortical ou lisse. Ces éclats ne présentent pas de traces de préparation. Ils sont couvrants et, là encore, laissent supposer la présence de supports de grandes dimensions. Enfin, les éclats non corticaux, rasants, à talon mince souvent préparé, constituent 5 % du matériel. Ils sont technologiquement attribuables à la phase de régularisation des objets en fin d’aménagement. Le débitage semi‑cortical ou sous‑cortical porte les traces, sur le dos des éclats, d’enlèvements multidirectionnels. 16 % du poids du matériel lithique débité est constitué par des esquilles.
105Les plaquettes aménagées mises au jour dans cette couche sont réalisées sur des supports épais (150 mm d’épaisseur) de qualité médiocre et de grandes dimensions (module moyen : 350 x 200 mm). Elles proviennent vraisemblablement du premier banc de silex. Elles sont largement veinées et sont débitées par retouches abruptes ou semi‑abruptes. Elles sont abandonnées en cours d’aménagement. De nombreux remontages ont été réalisés sur ces supports. Le technicien a profité de plans de frappe naturels pour entamer les nodules qui présentent sur leur surface corticale toutes les traces de leur qualité médiocre (présence de veines et de fissures). Puis, par retouches abruptes corticales, un premier latéral de plaquette est aménagé. De nombreux éclats réfléchissent et laissent une surface décortiquée très irrégulière. Les plaquettes sont débitées sur leurs deux faces puis abandonnées après l’enlèvement d’une seconde génération d’éclats semi‑corticaux, voire non corticaux. Une large plage corticale subsiste sur les faces de la plaquette. Un remontage a été réalisé entre un éclat sous‑cortical à talon dièdre et une plaquette aménagée provenant de la couche VII du puits 944. C’est l’un des deux remontages qui attestent une relation entre ces deux structures. La plaquette est veinée dans sa partie centrale, mais cette zone ne semble pas avoir gêné le débitage du support peu épais et dont la forme obtenue est triangulaire et présente déjà des tranchants réguliers. Le remontage réalisé appartient à la dernière phase technologique ayant affecté la plaquette avant son abandon. D’autres éclats de la couche V présentent des aspects de surface et une morphologie rappelant des formes que l’on possède en négatif sur des ébauches provenant de la couche VII du puits 944. Cependant, les tests réalisés ne donnent aucun résultat.
106Tous les éclats de cette couche, et de celles qui la précèdent dans le bouchon terminal, sont très mélangés et semblent provenir soit de rejets en cours de comblement du puits (remontage de structure à structure), soit de l’effondrement de la partie supérieure de la structure abritant des zones de taille.
Les couches XIa et XIb
107Situées dans la zone médiane du puits d’accès (fig. 142), elles contiennent 27,200 kg de débitage. Des plaquettes aménagées au même stade de transformation que celles précédement décrites ont été mises au jour dans ces niveaux. Les différentes catégories technologiques d’éclats sont présentes dans des proportions identiques à la couche V. En fait, la quasi‑totalité du matériel contenu dans ces niveaux a pu être remontée sur les plaquettes en cours d’aménagement et abandonnées ; celles‑ci proviennent sans doute du premier banc de silex. La fraîcheur du débitage et la concentration du matériel font supposer une mise en forme sur place grâce à un percuteur dur. Les premières phases technologiques de la chaîne opératoire (aménagement bifacial et bilatéral de la plaquette grâce à des retouches abruptes puis semi‑abruptes couvrantes) sont attestées. L’abandon de la taille est éventuellement dû à la qualité très médiocre du silex employé. Les veines sont nombreuses et fragilisent la matière première. Le débitage a produit de multiples éclats réfléchis.
108Les tests effectués parmi le matériel contenu dans les galeries n’ont donné aucun résultat. Le débitage y est peu abondant et constitué à 75 % d’éclats corticaux ou de fragments d’éclats d’épannelage. D’autres remontages très ponctuels, d’éclat à éclat, proviennent d’autres couches. Ils sont des témoins très limités d’instants techniques. Néanmoins, ils prouvent la continuité de la chaîne opératoire sur la minière, au moins pour certains blocs.
6.3.3.6 Résultats généraux des remontages réalisés sur la structure 894
109Les remontages les plus nombreux ont été réalisés sur des plaquettes aménagées épaisses, trouvées à proximité des éclats. Si les supports sont de mauvaise qualité et identifiables comme tels dès le début du débitage, le technicien a néanmoins décidé de tailler la plaquette en périphérie et de façon bifaciale. L’épaisseur des supports entraîne systématiquement une retouche abrupte qui présente souvent des distaux réfléchis, laissant des surfaces très irrégulières. Les plaquettes sont abandonnées après une ou deux générations d’enlèvements et laissées sur place, là où elles ont été débitées, dans le remplissage terminal du puits d’accès : c’est le cas dans les structures 894 et 12. La fraîcheur du débitage tout comme la répartition du matériel dans un ensemble clos viennent étayer cette hypothèse. De nombreux éclats rasants, à talon préparé et présentant des traces d’enlèvements multidirectionnels, attestent la dernière étape de régularisation des supports avant la mise en forme « définitive » d’un objet. Cependant, dans le cadre de cette structure, aucune forme spécifique achevée n’a été mise au jour. Il s’agit donc de témoins, ou plus sûrement de déchets de taille témoignant de cette étape. Les outils ainsi transformés ont été soit utilisés dans d’autres puits non excavés, soit emportés à l’extérieur de la zone d’extraction en vue d’une utilisation particulière.
6.4 Approche typo‑technologique · la production de haches
110La première analyse technologique faite à travers les remontages a été complétée par une étude de l’ensemble de l’outillage et des pièces présentant une mise en forme plus ou moins élaborée. La confrontation de toutes ces données a permis de mettre en évidence l’existence sur le site de différents types de productions, en particulier celle de haches taillées (de deux modules différents). Cette production a été réalisée sur place, la présence de nombreuses pièces dispersées le long de la chaîne opératoire permet de l’affirmer. Par ailleurs, les raccords et remontages présentés préalablement l’ont aussi démontré ; d’autres raccords ont été faits sur les fragments de plaquettes aménagées ou d’ébauches. Ceux‑ci, testés systématiquement, n’ont pourtant permis de rassembler que 17 fragments reconstituant 7 pièces entières (soit environ 10 % des pièces fragmentées).
111Le fait de trouver des raccords entre fragments d’outils provenant de couches différentes, situées à tous les niveaux du remplissage, conforte l’hypothèse que certaines de ces couches se sont mises en place à la suite d’effondrements des bords ou d’un comblement volontaire, et celle que les activités principales de taille avaient lieu en surface, à proximité immédiate des puits en cours de fonctionnement. Les raccords entre quatre fragments d’ébauche de hache de la structure 929 constituent l’exemple le plus intéressant : deux fragments proviennent de l’entrée d’une galerie, un d’une couche située au fond du puits d’accès (couche XX) et le dernier de la phase finale du remplissage (couche IX).
112Si les pièces provenant d’une phase de production des haches de grandes dimensions étaient facilement identifiables, il n’en a pas été de même pour les haches de petit module. En effet, séparer des nucleus présentant un débitage bifacial d’une plaquette sommairement aménagée a posé un certain nombre de problèmes. Aussi, dès le début de l’étude, il s’est révélé indispensable de définir la terminologie employée afin de mieux caractériser les différentes phases des productions. Ces définitions étaient d’autant plus nécessaires que la littérature n’offrait pas d’exemples directement comparables.
6.4.1 Terminologie
113La différenciation entre un outil fini et un outil en cours de préparation est parfois difficile à effectuer. Plusieurs critères ont donc été retenus afin de classifier les pièces ; le profil de l’arête pour chaque catégorie d’objet définie est un bon indice du degré de finition de l’outil. La présence de cortex peut aussi, dans certains cas, être significative. Les sections donnent des indications sur l’état d’avancement d’une pièce. L’angle de la retouche est le dernier critère que nous avons retenu dans cette classification. Selon ces critères, des haches taillées ont été considérées comme des produits finis : nous n’avons pas tenu compte d’une éventuelle phase de polissage, qui n’est qu’exceptionnellement présente sur le site (deux pièces seulement, dont un seul outil biface). Nous avons préféré considérer ce qui était réellement attesté sur le site, le reste n’étant que suppositions ; nous ne pouvions notamment pas vérifier la position de G. Bailloud, qui considère la hache taillée comme un produit non fini : "une hache taillée n’est pas un outil en soi mais une pièce non finie qui n’était normalement utilisée qu’après avoir été polie » (Bailloud 1974 : 8) ; à notre connaissance, le polissage en série n’a jamais été attesté sur les sites même d’extraction.
114Bien que des témoins de ces productions aient été retrouvés dans tous les types de structures, des différences ont été observées entre le nord et le sud du décapage ; cette opposition revenant souvent dans le texte, il nous a semblé préférable aussi de délimiter ces ensembles et de préciser quelles structures appartenaient à chaque groupe.
115Suivent les définitions des termes auxquels nous ferons référence par la suite.
116Plaquette : support de débitage entier.
117Fragment intentionnel de plaquette : support de débitage obtenu intentionnellement. Les cassures sont perpendiculaires à l’axe longitudinal de la plaquette.
118Fragment accidentel de plaquette : support de débitage obtenu accidentellement. Les fractures sont situées sur les lignes de faiblesse des plaquettes. Elles sont dans un des plans du support.
119Remarque : les fragments intentionnels ou accidentels de plaquette sont des produits semblables.
120Plaquette aménagée : support ayant subi tous les stades de préparation, depuis le débitage unilatéral unifacial jusqu’au débitage périphérique bifacial, et présentant une plage corticale. Celle‑ci évolue et diminue au cours de chaque étape jusqu’à représenter 50 % de la surface de la plaquette. Le débitage est rasant à abrupt selon l’épaisseur du support. L’arête est sinueuse ; elle résulte du débitage de grands éclats.
121Ebauche d’outil : plaquette aménagée présentant un façonnage bifacial avancé. La surface corticale diminue jusqu’à devenir résiduelle. Dans le cas de plaquettes minces, une plage corticale centrale étendue subsiste. Les proportions des produits de débitage varient selon l’épaisseur des supports.
122Remarque : sur une partie du matériel, le tranchant actif est constitué par l’enlèvement d’un ou deux éclats laminaires sur l’une des faces de l’ébauche. L’arête est sinueuse à rectiligne.
1230util bifacial : ébauche d’outil présentant une régularisation des bords et du tranchant actif par une série de fines retouches rasantes. La surface corticale résiduelle n’est pas affectée par cette phase de débitage.
124Remarque : typologiquement, ces outils n’entrent pas tous dans la catégorie des haches. L’arête est rectiligne ; elle résulte du débitage de retouches de régularisation (retouches rasantes).
Zone nord
125Structures concernées : 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 520, 71, 72, 75, 148, 161, 164, 165, 168, 169, 223, 224, 226, 145, 246, 247, 248, 250, 1063, 263. Un seul banc de silex est exploité. Le premier banc est remanié et rejeté le plus souvent. Les plaquettes sont peu épaisses.
Zone sud
126Structures concernées : 608, 614, 619, 620, 623, 626, 627, 564, 573, 574, 579, 580, 735, 737, 929, 930, 944, 945, 894, 947, 952, 953, 955, 776, 778, 754, 1080, 1081, 1061, 1110, 1111. Les deux bancs de silex sont exploités. Les plaquettes sont plus épaisses ; épaisseur moyenne du deuxième banc : 10 cm et du premier banc : 15 cm.
6.4.2 Les phases des chaînes opératoires
127Deux modules sont facilement identifiables dans cette production : un grand module dont les produits font en moyenne 0,30 m de long et un petit module regroupant des haches de 0,10 à 0,17 m. L’existence d’un hiatus dans la longueur des produits finis (entre 0,17 m et 0,25 m) a motivé cette séparation en deux groupes distincts (fig. 143a). Par ailleurs, les calculs des modules (rapport de la longueur sur la largeur) permettent aussi d’individualiser ces deux groupes (fig. 143b). Le dernier élément qui est venu conforter cette bipartition vient du travail réalisé par H. Roche (Roche 1973) sur des collections de surface de la minière et dont les graphiques de longueurs présentent ce même hiatus ; nous l’avons reporté en parallèle sur la figure 143a (en blanc).

FIG. 143 – A histogramme des longueurs des haches entières ; en blanc : les produits venant de surface (d’après Roche 1973) ; en noir : les produits issus de la fouille 1989‑1990. B histogramme des modules (rapport longueur/ largeur) des haches provenant de la fouille. Dans les deux cas, deux groupes de produits s’individualisent.
6.4.2.1 La production de grandes haches
128Il n’a pas été difficile d’identifier ce type de production dans l’ensemble lithique dans la mesure où les dimensions des produits étaient significatives. Les haches ont une longueur d’environ 30 cm, et les plaquettes aménagées de plus de 35 cm. L’échantillon sur lequel nous avons travaillé est constitué de 81 pièces réparties ainsi : 3 haches entières, 8 ébauches de haches entières et 29 fragments, 8 plaquettes aménagées entières et 33 fragments. Le nombre de haches finies est peu important et les exemplaires proviennent principalement de la surface ; le travail a donc été effectué plutôt sur les rebuts de production que sur la production elle‑même. Ceux‑ci sont constitués soit de pièces fracturées au débitage, soit de pièces façonnées sur des blocs de matière première de mauvaise qualité. Les quelques problèmes facilement repérables (réfléchissement, mauvais angle) ont été systématiquement repris avec plus ou moins de succès, mais tous ces gestes indiquent, une fois de plus, une économie raisonnée et une absence de gâchis de la matière.
129Cette production est représentée par toutes les phases de la chaîne opératoire. Des produits ont été abandonnés à tous les stades de fabrication ; il a ainsi été possible de comprendre toutes les phases et de les ordonner chronologiquement. La production a été réalisée en plusieurs étapes facilement identifiables :
– attaque des plaquettes par quelques grands enlèvements couvrants sur un côté et sur une face ;
– le débitage bifacial sur ce même côté permet de créer une première arête ; les enlèvements sont corticaux, souvent épais et peu couvrants (fig. 144 et 145) ;
– la poursuite de la préparation se fait par l’attaque d’une extrémité qui sera le plus souvent le tranchant de la future hache ; cette phase de débitage est également bifaciale ; dès ce stade, dans certains cas, le tranchant est aménagé par de grands enlèvements laminaires ;
– le second côté est aménagé à la suite du tranchant, de manière identique au premier côté : une série de grands enlèvements sur une face ; reprise de la seconde face (fig. 146) ;
– l’autre extrémité est alors débitée, permettant la liaison avec le premier côté ;
– la pièce est ensuite reprise pour une première phase de régularisation ; les enlèvements sont alors couvrants, faisant disparaître les plages corticales subsistant au centre des plaquettes aménagées, et très souvent déjetés (fig. 147) ; cette phase vise à faire disparaître toutes les grosses irrégularités des plaquettes, comme les surfaces de fractures ; le tranchant est le plus souvent aménagé par une série d’enlèvements laminaires sur une face (fig. 148) ; il est difficile d’estimer le nombre de phases de régularisation successives permettant d’aboutir à la hache préformée ;
– l’ultime phase correspond à une dernière régularisation du profil par de petits enlèvements plats, donnant aux arêtes un aspect rectiligne, les sections sont alors régulièrement convexes (fig. 152, 153 et 154).

FIG. 144 – Structure 894, couche XIa ‑Aménagement bilatéral et bifacial d’une plaquette provenant du banc supérieur. Une large réserve corticale subsiste sur une extrémité de la plaquette.

FIG. 145 – Structure 894, couche VI ‑Aménagement bifacial et unilatéral d’une plaquette présentant une large réserve corticale bifaciale.

FIG. 146 – Jablines Le Haut Château ‑Surface (musée de Lagny), plaquette aménagée de façon bifaciale et bilatérale, présentant une grande réserve corticale centrale sur chacune de ses faces.

FIG. 148 – 1 str. 945, couche X, ébauche de hache : le tranchant actif a subi une série d’enlèvements laminaires sur une seule face ; 2 str. 930, couche XI, plaquette aménagée bilatéralement et bifacialement : une zone corticale subsiste cependant sur une extrémité de la plaquette.
130Deux remarques peuvent d’ores et déjà être faites sur les produits finis découlant de cette préparation. Tout d’abord, une plage corticale subsiste très souvent dans la partie proximale d’outils finis (fig. 154) ; cette réserve résulte du type de préparation. En effet, le débitage rayonne autour de la plaquette ; quand la morphologie semble adaptée au besoin, le tailleur n’a pas estimé nécessaire de supprimer la zone corticale. Ensuite, les sections des produits finis, ou même ébauchés, sont le plus souvent dissymétriques. Ceci est également une conséquence du type de préparation. L’entame des plaquettes par de grands enlèvements couvrants sur un côté, repris sur l’autre face par des enlèvements plus abrupts, provoque dès le départ un déséquilibre dans la préparation, qu’il semble difficile de faire disparaître totalement (fig. 146, 147, 152 et 154).
131Toutes les phases de cette chaîne opératoire sont également identifiables dans les produits de débitage. Les éclats corticaux sont nombreux, les éclats semi‑corticaux également ; les éclats de régularisation présentant un débitage multidirectionnel sur la face supérieure sont également présents. Les petits éclats et les esquilles sont également abondants. Le test réalisé sur la structure 894 (cf. supra) semble indiquer une forte proportion d’éclats corticaux dans la série. Ceci pourrait refléter une prédominance des premières phases de préparation des blocs ; on pourrait alors envisager que la préparation des haches n’a pas été totalement réalisée sur place, au moins pour une partie des produits. Ceci, pour pouvoir être affirmé, serait à compléter avec une analyse systématique du débitage provenant des autres structures fouillées, qui permettrait de savoir si cette forte proportion n’a pas un caractère exceptionnel. Le passage du percuteur dur au percuteur tendre peut être appréhendé entre les éclats corticaux d’épannelage et les éclats sous‑corticaux ou non corticaux, dont les talons plus minces sont soit lisses, soit facettés. Les faces supérieures de ces derniers présentent un débitage multidirectionnel, les éclats sont peu épais, couvrants, et ont un profil arqué. L’utilisation de la percussion indirecte n’est attestée que par la présence de talons minces de forme concave.
132Cette production semble être assez stéréotypée (il reste difficile de l’affirmer sans reprendre les collections anciennes riches en produits finis) ; en effet, le dessin de deux haches, l’une provenant d’une structure (fig. 153) et l’autre provenant de ramassage de surface (fig. 154) à quelques kilomètres de là, a montré qu’elles étaient quasiment identiques ; les deux dessins sont superposables. Il n’a pas été possible de distinguer des zones sur le décapage ; des témoins de cette production ont été retrouvés sur l’ensemble du décapage et dans toutes les structures fouillées. La zone sud a fourni proportionnellement plus de pièces, comme pour tous les autres matériaux ; il semble qu’une certaine unité existe sur tout le décapage. Cependant, après une étude fine des produits, plusieurs différences apparaissent : dans le type de support utilisé, et entre les productions réalisées sur la matière première du premier banc et du second banc. Ceci permet de distinguer à l’intérieur d’un même schéma de débitage deux chaînes opératoires légèrement différentes, représentées dans les figures 159 et 160.
133Le support le plus courant est la plaquette brute. Un tri est effectué dès le départ pour choisir la forme la mieux adaptée et la dimension la plus proche de celle requise. Lorsque les plaquettes sont trop importantes, elles sont fracturées ; le support est alors un fragment de plaquette. Cette fracturation peut être volontaire ou accidentelle. Elle peut s’effectuer de deux manières : soit dans un sens transversal, la fracture est alors perpendiculaire aux surfaces corticales (fig. 149), soit dans un sens longitudinal, dans ce cas la fracture est parallèle aux surfaces corticales (fig 151) Les fracturations se sont toujours effectuées le long de surfaces gélives. Ce cas est relativement rare puisque seuls trois exemplaires ont pu être identifiés dans la série. La perte d’épaisseur est un handicap et les pièces sont beaucoup moins préparées, les éclats sont beaucoup moins couvrants, la retouche localisée. Notons aussi que ces pièces proviennent toutes de la zone nord du site. Le cas précédent est plus fréquent, et de nombreuses zones de fractures sont visibles sur les produits (fig. 145, 147 et 148, no 1). Ces surfaces de fracture ont posé parfois des problèmes aux tailleurs en raison de l’angle (trop proche de 90°). Ceci peut expliquer leur subsistence sur une grande partie des produits.

FIG. 149 – 1 str. 1080, fragment de plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement : une réserve corticale subsiste au centre de la plaquette et à l’extrémité ; 2 str. 930, couche X, fragment d’ébauche ; 3 str. 18, couche Il, fragment de plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement, réalisée sur un fragment gélif dans l’épaisseur de la plaquette : une large réserve corticale unifaciale subsiste dans la zone centrale et distale.

FIG. 150 – Plaquette aménagée bifacialement sur un côté, l’autre côté a subi un début d’aménagement similaire. Une large réserve corticale bifaciale et unilatérale subsiste (str. 12, couche IV).

FIG. 151 – Plaquette aménagée bilatéralement et bifacialement, réalisée sur un fragment gélif dans l’épaisseur de la plaquette. Une large zone corticale centrale et unifaciale n’a pu être enlevée par des retouches périphériques abruptes à semi‑abruptes (str. 72, couche VI).

FIG. 152 – Hache ‑Les bords de la pièce ont été régularisés par de fines retouches rasantes. Le tranchant actif a été aménagé sur une face par un ou deux enlèvements laminaires. Le talon présente une zone corticale résiduelle (Haut Château, surface).

FIG. 153 – Hache – Les bords de la pièce ont été régularisés par de fines retouches rasantes. Le tranchant actif a été aménagé sur une face par deux enlèvements laminaires au moins (str. 224, couche lIa).

FIG. 154 – Hache ‑ Les bords de la pièce ont été régularisés. Quelques zones résiduelles de cortex subsistent (Jablines « Platry », musée de Lagny).

FIG. 156 – Dans la zone nord du site, le premier banc de silex n’a pas été exploité ; seuls, quelques blocs ramassés lors du creusement des puits ont parfois été testés, et quelques rares éclats – gélifractés portent des retouches irrégulières.

FIG. 157 – Dans la zone sud, le premier banc de silex, exploité partiellement, a été utilisé pour la préparation de haches. Mais sa mauvaise qualité n’a Jamais permis l’achèvement des outils ; la chaîne opératoire s’arrête au stade de l’ébauche.

FIG. 158 – Dans le cas du second banc de silex, exploité sur tout le site, la chaîne opératoire est complète jusqu’à l’outil (hache taillée). La phase polissage, si elle a existé, n’est pas présente sur le site.

FIG. 159 – Principales phases technologiques identifiées dans la préparation des haches façonnées dans le second banc de silex (zone sud). Le tranchant est constitué par une série d’enlèvements laminaires sur une face.

FIG. 160 – Principales phases technologiques identifiées dans la préparation des haches façonnées dans le second banc de silex (zone nord). Des plages corticales subsistent souvent sur les faces des outils du fait de la faible épaisseur des plaquettes ; contrairement à la zone sud, il n’existe pas de tranchants aménagés par enlèvements laminaires.
134Des distinctions peuvent être faites dans l’utilisation des deux bancs de silex. Dans la zone nord, le banc supérieur n’a pas été exploité, mais seulement traversé lors du forage des puits. Les quelques blocs recueillis à cette occasion ont parfois été testés mais n’ont pas été utilisés pour cette production (fig. 156). Dans la partie sud, là où il a été exploité, le banc supérieur a aussi été utilisé pour cette production. Néanmoins, la matière première étant de très mauvaise qualité, la taille s’est arrêtée en cours de production. Dans cette matière, on retrouve ainsi presque exclusivement des plaquettes aménagées, plus rarement des ébauches de haches. La chaîne opératoire est ici incomplète et ne dépasse pas le stade de l’ébauche (fig. 157). Cette chaîne a été bien appréhendée par l’analyse du débitage et des remontages de la structure 894 (cf. supra).
135Dans le cas du banc inférieur, la chaîne opératoire est complète, et elle est représentée dans toutes les zones du décapage (fig. 158). Néanmoins, la différence d’épaisseur du banc entre le nord et le sud implique quelques variations dans la morphologie des produits. Dans la zone nord, où l’épaisseur des plaquettes est moindre, le nombre de phases de débitage est plus restreint, car leur multiplication entraînerait une trop grande perte dans l’épaisseur (l’épaisseur moyenne des haches étant de 3,7 cm), et provoquerait une fragilisation trop importante des pièces (au débitage et à l’utilisation). Par conséquent, les zones corticales qui n’ont pas été emportées par les premières générations d’éclats subsistent au centre des objets façonnés ; il est très commun de trouver ces plages corticales sur l’une ou les deux faces des outils (fig. 154).
136La diminution de la largeur moyenne des produits entiers constitue un autre indice intéressant (on n’a pas pris en compte les fragments, dont les mesures ne sont bien évidemment qu’indicatives). La division de l’échantillon en fonction de la provenance sur le décapage indique que, globalement, la diminution de la largeur des pièces est plus importante dans la zone sud que dans la zone nord. On passe en effet de 14,6 cm de largeur moyenne pour les plaquettes aménagées à 10,1 cm pour les ébauches de la zone sud, alors que la différence n’est que de 10,4 cm pour les plaquettes aménagées à 10,1 cm pour les ébauches dans la zone nord. Un phénomène similaire a été constaté dans l’étude des variations d’épaisseur. Pour obtenir des produits de mêmes dimensions, les tailleurs ont donc supprimé moins de matière première sur les blocs provenant de la zone nord.
137D’autre part, la phase de préparation du tranchant, caractérisée par des enlèvements laminaires, n’existe pas de façon aussi systématique et les éclats sont plus petits et lamellaires. Enfin, le débitage sur support mince entraîne systématiquement un débitage par retouches semi‑abruptes pour la première génération d’éclats, puis, très rapidement, des éclats rasants régularisent les surfaces débarrassées ou non du cortex.
138Les deux chaînes opératoires, au sein d’un même schéma de débitage, sont donc légèrement différentes. Elles indiquent l’importance du choix de la matière première, et son influence capitale sur la poursuite et l’achèvement d’une production.
139Il serait nécessaire de reprendre les collections anciennes afin de faire une analyse statistique fiable sur les produits finis. On peut cependant en donner quelques caractéristiques typo‑morphologiques : à l’issue des chaînes opératoires, les haches ont un indice d’allongement de 3,6 en moyenne (avec une longueur moyenne de 30 cm et une largeur moyenne de 8 cm). Les tranchants sont régulièrement convexes, l’angle de la partie active varie entre 40° et 50°. Les haches ont enfin une forme légèrement trapézoïdale.
6.4.2.2 La production des petites haches
140L’échantillon étudié ici est plus important que le précédent. Il est constitué de 216 pièces réparties entre les grandes phases de la chaîne opératoire de la façon suivante : 9 plaquettes aménagées et 45 fragments, 72 ébauches et 63 fragments, 13 haches et 14 fragments (ceci après raccords). Les témoins de cette production se trouvent également dans toutes les structures fouillées du nord au sud.
141Il faut remarquer, tout d’abord, que le processus de fabrication de ces produits est identique à celui de la fabrication des grandes haches. On retrouve les mêmes grandes phases dans la production :
– débitage unilatéral unifacial puis bifacial ; la première face est attaquée par quelques grands enlèvements (fig. 161) ;
– préparation du tranchant, bifacialement ;
– aménagement bifacial du second côté, toujours en deux temps, sur une face puis sur l’autre (fig. 162) ;
– préparation de la seconde extrémité ;
– le cycle recommence pour la première régularisation ;
– la dernière phase correspond à l’ultime régularisation faite par une série de petits enlèvements.

FIG. 161 – Plaquettes aménagées sur un côté et une extrémité. 1 str. 148‑N5 (15) ; 2 str. 737 XVIII.

FIG. 162 – Plaquette aménagée ; débitage bifacial et bilatéral. On remarquera les grands enlèvements sur une face, caractérisant la première phase de débitage (str. 12‑VI)
142Si les processus de fabrication sont les mêmes, plusieurs différences ont pu être notées qui individualisent cette production.
143Tout d’abord, le choix dans la matière première est beaucoup plus diversifié. En effet, le volume de matière première nécessaire à la réalisation de ce type de hache est beaucoup moins important que celui nécessaire à la production des grandes haches. De ce fait, les tailleurs ont utilisé des supports plus variés. En plus des plaquettes et des fragments de plaquettes (fig. 163 ; fig. 164, no 2 ; fig. 166 et fig. 170), des petits rognons, existant de façon sporadique dans le banc de silex (fig. 164, no 1, et fig. 168) ont été utilisés. Ceux‑ci étant souvent peu épais, il en résulte qu’une plage corticale subsiste sur les pièces soit sur une face (fig. 171, no 1 ; fig. 176) soit sur les deux (fig. 175), La différenciation que nous avions faite précédemment entre la zone nord et la zone sud n’a plus ici de signification. De grands éclats suffisamment épais pour permettre la réalisation d’une pièce bifaciale (fig. 167) ont aussi été sélectionnés. Dans la série, vingt‑deux pièces au moins ont été façonnées sur éclats (celles où il est encore possible de distinguer une ou plusieurs caractéristiques d’un éclat : talon, bulbe, face inférieure), ce qui représente environ 10 %.

FIG. 163 – Ebauches de haches (1. str. 573‑VI ; 2 str. 735‑1) ; débitage bifacial et bilatéral. Le tranchant de la première a été aménagé sur une face par de petits aménagements lamellaires.

FIG. 164 – 1 rognon avec aménagement bifacial et bilatéral (str. 1111‑11) ; on notera les grands enlèvements sur une face ; 2 fragment de plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement ; le support est un fragment accidentel, dans l’épaisseur de plaquette (str. 161‑V).
144Ensuite, les tranchants sont moins systématiquement constitués par des enlèvements laminaires. Ceux‑ci sont généralement plus petits, plus lamellaires (fig. 163, no 1 ; fig. 165, no 2 ; fig. 169, no 1). Ceci s’explique sans doute par la moindre épaisseur des supports de départ ; l’enlèvement de ces éclats laminaires entraînerait une perte trop importante dans l’épaisseur et provoquerait une fragilisation des pièces. Dans certains cas d’ailleurs, il a été possible d’observer une fracturation des ébauches provoquée par ces enlèvements (fig. 165, no 1).

FIG. 165 – Ebauches de haches avec aménagement bifacial et bilatéral (1 str. 71‑11 ; 2 str. 776‑VII) ; les tranchants sont constitués par des enlèvements laminaires ; dans le premier cas, l’un d’entre eux a provoqué une fracturation de la pièce.

FIG. 168 – Aménagements bilatéraux et bifaciaux sur petits rognons (1 str. 947‑IV ; 2 str. 929‑XIX ; 3 str. 944‑IV)

FIG. 169 – Ebauches (1 str. 947, couche IV ; 2 str. 614, couche XVI) : l’extrémité de la seconde est fracturée. Les arêtes des pièces sont aménagées par des retouches semi‑abruptes à abruptes.

FIG. 171 – Ebauches de haches (1 str. 944‑lb ; 2 str. 929‑IV) ; sur la première, on notera la présence de cortex sur une des faces.

FIG. 172 – Ebauches de haches – Les arêtes des pièces sont aménagées par des retouches semi‑abruptes. Une zone corticale résiduelle subsiste sur le talon de la première (1 str. 945, couche VIII ; 2 str. 929, gal. 3).
145Cependant la répétition des chaînes opératoires aboutit à la répétition de caractéristiques identiques : présence de cortex sur l’extrémité opposée au tranchant (fig. 175 ; fig. 177 ; fig. 178, nos 1 et 2), et dissymétrie dans les sections (fig. 178, no 3 ; fig. 179, no 2). Dans ce cas également, le rejet et l’abandon définitif semblent être motivés par des problèmes technologiques : réfléchissements non récupérables (fig. 172, no 1), fracturation lors de la fabrication (fig. 173, no 2).

FIG. 173 – Ebauches de haches – 1 str. 894, couche Il ; une zone corticale résiduelle subsiste sur le talon de cette pièce ; 2 str. 620, couche Il ; cette pièce est fracturée à l’une de ses extrémités.
146La différence importante avec les productions de grandes haches réside plutôt dans la plus grande diversité des produits finis, tant au niveau des formes que des dimensions. Les haches ont indifféremment 9 cm ou 16 cm de longueur, toute la gamme intermédiaire étant représentée (fig. 175 à 179). La morphologie n’est plus seulement ovale, mais dans certains cas trapézoïdale, voire plus rectangulaire. Les sections, en particulier au niveau du tranchant, sont parfois très plates (fig. 175).

FIG. 175 – Structure 175, hache – Les bords de la pièces sont régularisés par de petites retouches rasantes. Une petite zone corticale subsiste dans la partie centrale.

FIG. 176 – Haches – Les bords des deux pièces sont régularisés par de petites retouches rasantes. On notera la présence de plages corticales résiduelles sur une face. 1 str. 574, couche X ; le tranchant actif est aménagé sur une face par quelques retouches laminaires ; 2 str. 332, couche XX.

FIG. 177 – Structure 148 N6 (21), hache – Des zones corticales résiduelles subsistent sur une face et sur le talon. Les bords de la pièce sont régularisés par des retouches périphériques semi‑abruptes à rasantes.

FIG. 178 – Haches – 1 str. 148 N6 (21) : une plage corticale bifaciale subsiste ; 2 str. 148 N4 (25) : présence de cortex à une extrémité ; 3 str. 1061 : le tranchant est aménagé par quelques retouches laminaires.

FIG. 179 – Haches – Les tranchants actifs sont aménagés par quelques retouches laminaires. Les bords des pièces sont régularisés par de petites retouches rasantes (1 Dampmart, « le Champ Breton », sépulture du Néolithique moyen, musée de Lagny ; 2 str. 574, couche X).
147Un certain nombre de pièces se distinguent dans cet ensemble (fig. 180 et 181). En effet, pour un mode de fabrication identique, bifacial bilatéral, les produits finis sont très différents des haches précédemment décrites. Des différences notoires sont visibles dans les sections, certaines étant plutôt triangulaires (fig. 180, no 1), d’autres plus losangiques (fig. 181, no 3). La morphologie des pièces est également différente, parfois nettement triangulaire (fig. 180, no 1 ; fig. 181, no 1), parfois rectangulaire (fig. 180, no 2 ; fig. 181, no 3), Ces pièces sont généralement plus épaisses et leur aspect plus trapu (le rapport longueur/largeur varie entre 1,6 et 2,1 cm, alors que celui des haches se situe entre 2,5 et 2,7 cm). Enfin, la position de la plus grande largeur n’est pas forcément située au niveau de la partie active. D’autres aspects permettent de penser que nous ne sommes pas en présence de pièces rejetées à un moment de la chaîne opératoire (ébauche de hache en particulier) : la présence de petits enlèvements caractéristiques de la régularisation des bords, et surtout l’aspect usé et esquillé de certains bords ou tranchants pouvant indiquer une utilisation (rappelons aussi qu’une grande partie de ces pièces vient du fond de puits ou de galeries : fig. 180, no 1 ; fig. 181, nos 2 et 3).
148Le problème de l’utilisation d’une partie de la production à des fins extractives se pose ici de façon cruciale. S’agit‑il de produits voués à une « exportation » ou à une utilisation sur place ? Si la question peut paraître erronée dans le cas de la production des haches de grand module, elle reste posée pour les haches de petit module. S’agit‑il de produits rejetés lors de la fabrication, et repris par la suite pour servir au travail d’extraction ? S’agit‑il donc d’une production spécifique ou d’une utilisation opportuniste de certains rebuts de production ? Peut‑on alors encore parler de hache pour cet outillage ? Existe‑t‑il un rapport entre ces pièces et le reste des outils étudiés dans le paragraphe 6.4.3.3 ? Des chaînes opératoires identiques aboutissent à des produits différents ; l’analyse technologique ne peut pas ici répondre à ce problème. L’analyse typologique, si elle permet une identification, ne résoud pas non plus le problème posé. Seule une étude tracéologique permettrait de séparer les produits utilisés de ceux simplement abandonnés, vierges de toute utilisation.
149C’est pour essayer de comprendre ces phénomènes qu’ont été mis sur pied deux programmes complémentaires, l’un d’expérimentation, l’autre de tracéologie (cf. infra).
6.4.3 Les autres productions et l’outillage
150La collecte de matière première brute reste l’objectif premier d’un site d’extraction. Si ce fait peut paraître une évidence, il n’en reste pas moins très important. Il nous a semblé en effet intéressant de comparer la quantité de silex (rejets et produits de débitage) recueillie dans le remplissage de chaque structure à la quantité estimée de silex extrait dans la même structure (fig. 182). Il est aisé de constater que le poids estimé de silex extrait (produit du volume de silex extrait par la densité du silex, mesurée expérimentalement par J.‑F. Pastre : 2,42) est très largement supérieur à celui recueilli au cours de la fouille. S’il faut prendre en compte les phénomènes d’érosion qui ont dû faire disparaître en partie la couche archéologique (les abondants ramassages de surface l’attestent), il est difficile d’envisager la disparition ou la destruction d’une telle masse de matière première (5 tonnes au minimum pour la str. 894 par exemple). Il faut donc considérer qu’une part importante du silex a été emportée hors du site ; il est par contre difficile de savoir si elle était ou non transformée.
151Vouloir affiner l’analyse serait dangereux, car rien ne prouve que les objets rejetés dans le sédiment à différents stades du comblement d’une structure proviennent de rognons de silex précisément issus de cette structure‑là. De fait, la quantité de rejets et de produits de débitage n’est que médiocrement corrélée au poids de silex extrait dans la même structure. S’il s’agit d’une preuve par la négative, il n’en reste pas moins que ce fait modifie obligatoirement notre vision du fonctionnement d’un tel site. Hormis l’extraction de matière première brute et la fabrication de haches, deux autres productions, celles d’éclats et de lames, sont présentes sur le site, mais de manière beaucoup plus anecdotique.
6.4.3.1 La production d’éclats
152Si la fabrication de haches est elle‑même productrice d’éclats, qui sont des supports potentiels et prêts pour une transformation ultérieure, quelques nucleus ont pu être isolés dans cet ensemble lithique (25 au total). Il s’agit principalement de nucleus de petites dimensions comportant principalement un plan de frappe (fig. 183, nos 2 et 3). Occasionnellement, les plans de frappe sont multidirectionnels (fig. 183, no 1). Un seul exemplaire est très volumineux (poids : 6 270 g) ; réalisé sur une plaquette provenant du premier banc de silex, sa qualité est très médiocre et les deux tentatives de débitage se sont heurtées aux déficiences de sa qualité (fig. 184). Certaines pièces portent quelques enlèvements bifaciaux à une extrémité du rognon (fig. 185) ; s’il reste difficile de comprendre la finalité de telles préparations, le type d’entame ne permet pas de les classer dans les plaquettes aménagées. Aucune concentration n’a pu être mise en évidence. Les nucleus ont été recueillis sur toute la surface décapée.
6.4.3.2 La production de lames
153Elle est représentée par deux nucléus présentant des enlèvements laminaires (fig. 186). Néanmoins, dans les deux cas, le débitage s’est arrêté très rapidement, et seules deux ou trois lames ont été extraites. Dans l’un des cas, la matière première vient du banc supérieur ; elle est de très mauvaise qualité. Le refléchissement systématique des lames a provoqué son abandon. On peut se demander pourquoi le tailleur a choisi un bloc de mauvaise qualité pour réaliser une telle production qui nécessite, pour être menée à bien, certaines conditions, dont une bonne qualité de matière première et une bonne préparation.
15434 lames et fragments de lames ont été individualisés (fig. 187), après un tri technologique strict. En effet, certains produits provenant de la fabrication des haches ont un aspect laminaire. Ont donc été exclus tous les produits présentant un débitage multidirectionnel sur la face supérieure et ceux présentant, au niveau du talon, des zones concaves, contre‑bulbes, caractéristiques du débitage sur une arête. Ce tri réalisé, plusieurs remarques peuvent être faites. Trois des produits ne sont ni en silex du Haut Château, ni en silex tertiaire. Les lames en silex du Haut Château, de facture assez régulière, sont patinées blanc‑bleuté, parfois assez profondément. Cette patine n’apparaît pas sur les nucléus. Leur état de fragmentation est particulièrement important puisque seules sept d’entre elles sont entières. Les talons sont majoritairement lisses mais ont toujours subi une abrasion assez intense du bord. Ces produits sont concentrés dans un secteur de la zone décapée : 29 des 34 pièces proviennent des structures de la zone décaissée 1 et des puits à proximité immédiate de celle‑ci. Leur nombre est réduit par rapport à la quantité de produits de débitage retrouvés dans les structures.

FIG. 187 – Lames et fragments de lames ‑1 str. 952, couche Il ; 2 str. 1081, couche IVa ; 3 str. 952, couche III ; 4 str. 930, couche X ; 5 str. 952, couche III ; 6 str. 778, couche XI ; 7 str. 1081, couche III ; 8 str. 952, couche III ; 9 str. 952, couche III ; 10 str. 1111, couche 1 ; 11 str. 580.
155Ces faits renforcent l’idée d’une production non réalisée sur place, et que les quelques produits laminaires ont été amenés sous forme de produits finis destinés à être utilisés directement. En tout état de cause, même si elle est réalisée sur place, cette production doit être considérée comme très anecdotique dans la série lithique.
6.4.3.3 L’outillage
156Un ensemble important d’outils a été récolté dans le remplissage des structures. Pour ces pièces, il n’est pas possible de connaître les phases de la ou des chaînes opératoires conduisant à la transformation de supports en outils, contrairement à la production des haches. Les types de supports sont diversifiés, mais il n’est pas possible de différencier les supports, résidus de la production de haches, de ceux réalisés à cet effet. Les remontages n’ont pas pu être suffisamment poussés pour atteindre ce niveau de précision. Il n’est donc pas possible d’étudier toutes les phases de production en amont de l’outil ; nous nous contenterons d’une analyse typologique.
157Dans le cadre de cette étude, l’objectif n’était pas de réaliser une étude détaillée de cet outillage, qui ne présente pas un caractère exceptionnel ; mais il était important de le signaler pour diverses raisons. D’une part, la présence sur un site d’extraction d’un outillage en silex dit « domestique » pour une grande partie semblait digne d’intérêt. D’autre part, l’outillage retrouvé traditionnellement sur les sites d’extraction, en particulier les pics, n’existe pas à Jablines ; par contre, un certain nombre de pièces, de mauvaise facture, paraissaient avoir joué un rôle dans le travail d’extraction, éventuellement dans le creusement lui‑même ; certaines de ces pièces se trouvaient principalement dans les galeries : elles ont pu servir directement à l’extraction des blocs. D’autres, retrouvées à tous les niveaux de comblement, pourraient être plutôt associées aux travaux liés à l’extraction (préparation et réparation des bois de cerf, des étais, d’outils en bois, etc.).
158Dans le cas de certaines pièces bifaciales, il a parfois été difficile de distinguer une ébauche de hache non régularisée d’un outil présentant une forme peu soignée. Différents critères ont donc été retenus afin de définir les catégories : la forme du tranchant, rectiligne ou concave, la position de la plus grande largeur, la morphologie des sections. Par contre, pour certaines pièces, la question ne se posait pas dans la mesure où la fabrication de haches nécessite un certain niveau de technicité ; certaines pièces ne peuvent pas être des ratés de fabrication de hache dans la mesure où certains types d’enlèvements n’auraient pas été réalisés (sauf si on considère que cette production est l’œuvre de personnes n’ayant pas d’expérience de taille, ce qui nous semble peu probable (Guillaume et al. 1987).
159La diversité morphologique de cet outillage a posé immédiatement le problème de la typologie, et par là même celui de la définition d’une terminologie adaptée à cet outillage. Les limites de la typologie classique sont rapidement mises en évidence ; une forme correspond‑elle à un type d’utilisation ? un type de travail est‑il toujours fait avec les mêmes outils ? Certains des outils n’ont pas été nommés, dans la mesure où leur fonction reste inconnue ; seul l’aspect et le type des retouches nous a incité à effectuer certains regroupements. La typologie ne répond pas non plus au problème d’outils ayant des utilisations ou des fonctions multiples qu’une seule analyse morphologique ne peut résoudre. Il se pose enfin le problème de l’existence d’un outillage tout à fait opportuniste, adapté à une utilisation ponctuelle, et qui dès lors n’entre plus dans les classifications puisqu’aucune chaîne opératoire n’existe : il n’y a pas de prédétermination, et le choix d’un éclat ou d’un bloc de matière première est totalement aléatoire.
160Pour tenter de résoudre certains de ces problèmes, un programme d’expérimentation a été envisagé et réalisé partiellement ; une analyse tracéologique a été conjointement menée (cf. infra). Si ce programme n’a pu être terminé, faute de temps, il nous semble primordial de le reprendre et de l’achever, ce type de données étant le plus porteur d’éléments nouveaux.
161Précisons enfin que la localisation spatiale de l’outillage ne sera pas précisemment traitée. En effet, aucune concentration particulière n’a été relevée, la totalité des structures ayant livré un tel outillage. Les structures de la zone sud sont, bien sûr, beaucoup plus riches : cette richesse relève du contraste général et global entre les deux secteurs du décapage.
Les pièces en silex exogène
162Elles sont très rares sur le site ; trois types de matière première sont représentées : un silex de couleur noire, lisse ; dans cette matière, ont été trouvés un grattoir (fig. 188, no 1), un éclat retouché et deux éclats ; des galets de rivière (un éclat et un grattoir) et enfin un silex beige translucide connu par un petit nucléus, un fragment de lame et un grattoir (fig. 188, no 2).

FIG. 188 – Grattoirs sur silex exogène – 1 str. 737, couche IV, grattoir sur silex noir ; 2 str. 894, couche IV, grattoir sur silex beige translucide.
Les grattoirs (38 pièces)
163Elles sont réalisées sur éclats épais ou mince ; un seul grattoir provenant de l’amas de débitage a été fait sur lame. Ceux réalisés sur éclats épais ont des fronts très abrupts (fig. 189, nos 1 et 3 ; fig. 190, no 5) ; la retouche reste assez irrégulière. Les fronts ont parfois un aspect denticulé (fig. 190, nos 2 et 4). Par contre, les fronts des grattoirs sur éclats minces sont beaucoup plus réguliers (fig. 189, no 2) et la retouche est rasante. Certaines pièces retrouvées dans les galeries ou en fond de puits ont un aspect plus usé, souvent esquillé, pouvant également indiquer une utilisation. On peut supposer que ces outils réalisés sur support différent n’ont pas été utilisés de la même façon.

FIG. 189 – Grattoirs sur éclats épais – 1 str. 164, couche 1 ; 2 str. 778, couche VIII ; 3 str. 623, couche XVI.

FIG. 190 – Grattoirs sur éclat – 1 str. 894, couche Il ; 2 surface ; 3 str. 1111, couche IV ; 4 str. 1186, surface ; 5 str. 627, couche IX. Les pièces 2, 3 et 4 présentent une faible denticulation de la zone retouchée. Des traces de percussions sont visibles dans la zone proximale de la pièce 5.
Les racloirs
164Ils sont réalisés sur des supports très différents. Ce sont soit des racloirs transversaux sur éclats larges (fig. 191, nos 1, 2 et 3), soit des racloirs sur éclats déjetés (fig. 191, no 4), soit sur éclats épais. Parfois, ils présentent des retouches bifaciales. Une grande partie est réalisée sur des éclats laminaires (15 sur 30).

FIG. 191 – Racloirs transversaux sur éclats larges (1 str. 12, couche III ; 2 str. 955, couche V ; 3 str. 1110, couche Va) ; racloir sur éclat déjeté (4 str. 930, couche IX) ; racloirs sur éclats épais (5 str. 944, couche IV ; 6 str. 929, alvéole Est).
Les pièces apointées (10 pièces)
165Elles sont réalisées principalement sur des éclats corticaux épais, voire sur des fragments de plaquettes (fig. 192). Elles sont caractérisées par un aménagement très sommaire qui a permis de dégager une pointe (fig. 193). Seule une pièce, façonnée sur un éclat assez fin, peut être assimilée à un perçoir : la pointe a été soigneusement dégagée par une série de retouches fines.

FIG. 193 – Fragments de plaquette apointés par petites retouches semi‑abruptes – 1 str. 620 ; 2 str. 614, couche XVI.
Les pièces à tranchant actif
166Elles sont réalisées le plus souvent sur éclats (fig. 194, nos 1 et 2 ; fig. 195), parfois sur fragment de plaquette (fig. 194, no 3), Un tranchant rectiligne est dégagé par une retouche bifaciale sur les deux côtés. Le tranchant est soit retouché, soit laissé brut. Les pièces ont des formes globalement rectangulaires. Certaines pièces sont plus élaborées et ont été façonnées bifacialement (fig. 196, no 1). Quelques outils s’individualisent par leurs critères morphologiques ; le support est toujours un fragment de plaquette ; il est difficile de dire si ces fragments proviennent d’un accident lors du débitage ou s’il s’agit de résidus de préparation de plaquettes plus imposantes. La fracturation a été systématiquement reprise sur les deux faces par une série d’enlèvements parallèles (fig. 198, no 1). Dans certains cas, le tranchant a été repris et régularisé ; il n’est plus rectiligne comme précédemment et il porte parfois de nombreux esquillements résultant sans doute d’une utilisation (fig. 197).

FIG. 194 – Outils présentant un tranchant actif – 1 (str. 735, couche 1) et 2 (str. 776, couche III) sont réalisés sur des éclats ; 3 (str. 161, couche VII) est réalisé sur un fragment de plaquette.

FIG. 195 – Outils sur éclats présentant une retouche bifaciale ou latérale – 1 str. 930, couche lb ; 2 str. 778, couche IV ; 3 str. 1111, couche II.

FIG. 197 – Pièce à tranchant actif sur fragment de plaquette (250 Via) – On remarquera l’important esquillement du tranchant pouvant provenir d’une utilisation intense.
Les éclats retouchés (110 pièces)
167Cette catégorie regroupe un ensemble important d’outils ; cependant, ce décompte ne reflète sûrement pas la réalité ; les retouches étant le plus souvent marginales, elles ne sont pas toujours facilement visibles. Etant donné que la totalité du débitage n’a pas été étudié, il est probable que des éclats retouchés soient encore mélangés au reste du débitage. Les retouches sont marginales, irrégulières et discontinues (fig. 199 et 200), le plus souvent provoquées par une utilisation. Peut‑être sont‑elles, dans certains cas, accidentelles (fig. 200, no 1). Dans cet ensemble, on peut distinguer des éclats laminaires corticaux ayant une retouche sur le côté cortical (fig. 200, no 3). Dans certains cas, on peut se demander si la forme naturelle de l’éclat n’a pas été utilisée et accentuée (fig. 199, no 5, fig. 201). Ces outils semblent être totalement occasionnels et répondent sans doute à des besoins très ponctuels. Cette constatation est confortée par la présence, dans la zone nord, d’éclats retouchés réalisés sur éclats gélifractés provenant du premier banc de silex.

FIG. 199 – Eclats retouchés – 1 str. 947, couche VII ; 2 str. 952, couche XIII ; 3 str. 173 ; 4 str. 580, couche XIV ; 5 str. 894, couche VI.

FIG. 200 – Eclats retouchés – 1 str. 944, couche V ; 2 str. 573, couche VI ; 3 str. 776, couche XI. De nombreux éclats retouchés sont allongés et présentent une face supérieure en grande partie corticale.

FIG. 201 – Eclat gélifracté retouché, str. 18, couche IV – L’éclat présente naturellement deux encoches latérales.
Les outils polis
168Deux outils portent sur le tranchant (fig. 202, no 3) ou sur toute la surface (fig. 202, no 2) des traces d’un polissage assez développé. Ils ont été trouvés tous les deux dans les galeries d’une structure de la première zone décaissée et d’une autre à proximité. Certains outils, non polis, présentent néanmoins des convergences morphologiques qui pourraient être interprétées comme des phases de préparation de ces outils polis ; ils sont réalisés sur éclats (fig. 202, no 1 ; fig. 203, nos 1 et 2).

FIG. 202 – 1 outil à retouches bifaciales, str. 930 XII (petite hache destinée à être polie 7) ; 2 petite hache polie, str. 894, gal. 2 ; 3 outil à tranchant poli, str. 929, gal. 3.

FIG. 203 – Ebauches de petites haches ? (1 str. 947 VIII ; 2 776 X) et outils à retouches bifaciales (3 str. 894 V ; 4 str. 778 X).
Les « rabots »
169Deux outils peuvent être regroupés sous la dénomination de rabot. Bien qu’ils aient des dimensions différentes, ils présentent une morphologie comparable (fig. 204 et 205). Le tranchant a été aminci par des enlèvements laminaires, axiaux ou transversaux. La partie centrale de l’outil est restée très épaisse. Celui provenant de la galerie 3 de la structure 1061 a été utilisé à un moment donné comme percuteur. Les bords présentent des esquillements très importants indiquant certainement une utilisation.

FIG. 204 – « Rabot » (str. 1061, gal. 3 bis) – On remarquera la forte épaisseur de l’outil dans la section médiane, et les nombreuses traces de percussion sur la face supérieure.
L’armature
170Une armature réalisée sur un éclat de hache polie a été retrouvée dans le remplissage terminal de la structure 564 (fig. 206, no 2). De forme triangulaire, les deux bords ont été abattus par des retouches abruptes. Le tranchant ne porte pas de traces d’utilisation.

FIG. 206 – 1 str. 1081, couche III, fragment de lame retouché bifacialement ; 2 str. 564, couche l, armature tranchante réalisée sur fragment de hache polie.
Les outils percutés
171La catégorie regroupe divers types de pièces. Il s’agit tout d’abord de percuteurs. Ils ont été réalisés soit sur des fragments de plaquettes bruts (fig. 207), soit sur des nucléus réutilisés après épuisement, soit sur des plaquettes aménagées ou des ébauches de haches fracturées ou ratées (fig. 208). Certaines pièces sont un peu particulières : il s’agit d’éclats présentant des zones concaves totalement écrasées, parfois légèrement polies par un frottement répété (fig. 209). Une étude tracéologique a été réalisée sur ces pièces (cf. § 6.5.2). Les classifications typologiques restent, comme nous avons pu le voir, assez floues, et il semble que seule une analyse tracéologique plus complète permettrait réellement d’affiner une typologie sur ce type d’outillage assez spécialisé.

FIG. 207 – Outils percutés réalisés sur fragment de plaquette – 1 str. 579, couche 1 ; 2 str. 894, couche VI.

FIG. 208 – Outils percutés réalisés sur plaquette aménagée reprise après rejet de fabrication – 1 str. 930, couche III ; 2 str. 929, couche X.

FIG. 209 – Eclats présentant des traces de bouchardage – 1 str. 1080, couche II ; 2 str. 944, couche IV.
6.5 Expérimentation et tracéologie
6.5.1 L’expérimentation
172Un programme d’expérimentation élaboré lors de la fouille prévoyait le creusement d’une structure d’extraction du type « structure à chambre » dans la partie nord du site. A partir des éléments recueillis lors de cette expérience, il était envisagé de forer partiellement un autre puits, dans la zone sud, afin de cerner les problèmes posés par le percement du banc de calcaire dur. Cette expérimentation avait un double objectif.
173● D’abord, essayer de comprendre le mode de creusement de ces structures, de tester différents types d’outils (en silex, en bois de cerf, en bois, etc.) et de voir lesquels étaient les mieux adaptés à un type de travail ou à un type de sédiment. Nous n’avons repéré, en cours de fouille, aucune trace d’outils en silex sur les parois des chambres ou des galeries. Ceci peut paraître contradictoire avec la présence d’un outillage en silex dans le remplissage des puits et plus particulièrement dans les galeries ; le matériel retrouvé dans ces dernières étant très peu abondant, il était légitime d’envisager une utilisation de ces pièces pour l’extraction. Par contre, le caractère « frais » de la grande majorité des pièces lithiques retrouvées dans les remplissages (absence d’esquillement sur les bords et les parties supposées actives) pouvait faire douter d’une telle utilisation. Le problème restait donc entier, dans la mesure où la typologie ne pouvait pas apporter d’éléments significatifs.
174● Le second volet de cette expérimentation concernait plutôt les structures elles‑mêmes et des problèmes que la fouille ne pouvait pas résoudre : problème de l’augmentation de volume des matériaux extraits et donc de la gestion des déblais, problème de mise en place des remplissages, volume de matière première fournie par une structure et mode de prélèvement, estimation d’un temps de creusement de telles structures.
175Il n’a malheureusement pas été possible de tenir cette gageure, dans la mesure où quatre jours seulement ont pu être consacrés à cette expérimentation. Seul le premier puits a été commencé et non fini ; ceci signifie que la seconde partie de la problématique n’a pas pu être abordée. Seules quelques indications nous ont été fournies sur les problèmes de l’outillage.
176Le puits a été creusé à proximité de la structure 12, dans une zone déjà décapée à la pelle mécanique. Cet espace est resté à l’air libre pendant plus d’un an et le creusement n’a donc pas été effectué à partir de la terre végétale. Le sédiment est à cet endroit constitué de calcaire. Le début du creusement a été effectué avec trois « pics » en bois de cerf (gracieusement fournis par B. Madsen, directeur du centre de recherche de Lejre au Danemark, et préparés par J. Pélegrin), des pics en bois ainsi que des pièces bifaciales en silex du Haut Château, non emmanchées. En une heure, un trou de 20 cm de profondeur sur un diamètre de 1,45 m avait été creusé. Trois personnes travaillaient à cette expérimentation ; la première creusait, la seconde évacuait les déblais, la dernière s’occupait de réaviver les outils en bois principalement. Si le creusement s’est effectué sans trop de problèmes, les outils en bois de cerf avaient beaucoup souffert de cette utilisation dans un sédiment compact. Les pics en bois, bien que durcis au feu, se sont fracturés très rapidement. Les outils en silex utilisés dans un premier temps pour racler les côtés étaient très efficaces, même non emmanchés. Dans un second temps, il a été décidé d’humidifier le sol pour économiser les outils, et les pieux en bois ont été abandonnés au profit d’outils ayant une extrémité en forme de spatule d’une largeur de 10 cm environ. Ceux‑ci ont été utilisés comme levier, après avoir été enfoncés en force avec un bloc de silex. Il était nécessaire de ne pas trop enfoncer l’outil en bois afin qu’il résiste à la pression au moment où il était utilisé en tant que levier. En une heure également, la profondeur du puits s’était accrue de 20 cm. Les outils en bois se sont usés très vite et il était nécessaire de les réaffûter constamment, ce qui mobilisait une personne en permanence. Le creusement du puits a été poursuivi jusqu’à une profondeur de 60 cm, dans les mêmes conditions. Dans un dernier temps, une pièce bifaciale en silex du Haut Château a été emmanchée sur un manche en bois, à l’aide de liens en cuir. Cet outil a été utilisé pendant 20 minutes comme herminette, dans un lieu malheureusement différent du premier dans la mesure où, entre temps, la SNCF avait fait niveler le terrain au bulldozer. Il a permis la réalisation d’un trou d’environ 15 cm de profondeur sur une surface de moins d’un mètre carré. L’outil en silex, après cette utilisation, avait subi quelques modifications au niveau de la partie active : un esquillement important du tranchant était visible, en particulier sur la face supérieure.
177Cette expérience restreinte a néanmoins permis la constatation d’une série de faits.
178● Le pic en bois de cerf, utilisé comme piochon, est un outil relativement fragile dans ce type particulier de terrain (les couches calcaires destructurées des niveaux supérieurs).
179● Le temps de creusement d’une telle structure ne doit pas être excessivement long, surtout avec un outillage adapté et un peu d’expérience.
180● Le silex de Jablines se modifie rapidement lors d’une utilisation en percussion lancée, ce qui pourrait indiquer que les pièces présentant un aspect frais n’ont pas été utilisées dans ces conditions et de cette façon.
181● D’une façon générale, les outils pointus se sont révélés peu efficaces ; cette constatation est sans doute à rapprocher de l’absence totale de pics en silex sur le site, comme de l’utilisation particulière des outils en bois de cerf, y compris les « pics)} (cf. § 4‑4).
182Cette expérimentation, même inachevée, aura montré l’intérêt de ce type d’études ; nous espérons qu’il sera possible dans un avenir proche de reprendre et de mener à son terme une nouvelle expérience.
6.5.2 Analyse tracéologique
6.5.2.1 Introduction
183L’étude tracéologique réalisée ici consiste en une analyse microscopique des changements de la surface des artefacts lithiques provoqués par l’utilisation. Une série de caractères, comme par exemple des polis, des stries, des bords émoussés, peut être vue et interprétée. L’interprétation de ces traces est facilitée par l’expérimentation qui livre des bases de comparaisons (Plisson 1989 : 44).
184Lorsqu’un outil permet une analyse tracéologique, celle‑ci peut être faite à différents niveaux : elle permet de dire si une pièce est utilisée ou non ; elle permet de reconstituer certains modes d’utilisation des outils ; elle peut mettre en évidence une relation entre un type d’outil et une utilisation particulière et enfin, une analyse sur un ensemble lithique peut apporter des informations sur l’organisation spatiale.
185La méthode présente l’inconvénient de demander beaucoup de temps pour parfois peu de résultats. Il faut considérer alors l’analyse tracéologique comme un supplément de l’étude lithique et appliquer ce travail dans un cadre général pour répondre à certaines questions ou pour résoudre certains problèmes (Grace 1990 : 9).
6.5.2.2 Choix et méthode d’analyse
186Un total de 28 pièces, provenant des puits et des galeries, a été soumis à l’analyse microscopique, travail réalisé sur deux mois. Il s’agit de 11 lames, d’1 armature, de 2 éclats, de 8 haches taillées, de 2 haches partiellement polies, d’1 ébauche/percuteur et d’1 plaquette aménagée. Les lames, qui portaient parfois des retouches fines, sont faiblement représentées et n’existent que sous forme de produit fini sur le site. En ce qui concerne les haches, l’objectif était de découvrir si elles avaient été utilisées sur le site même (comme outil d’extraction) ou s’il s’agissait d’un stade de fabrication. Les pièces à encoche ont attiré notre attention par leur particularité typologique et morphologique. Ces pièces sont presque toutes réalisées dans le silex de Jablines. D’un point de vue granulométrique, il est classé parmi des grains moyens à gros (fig. 210, photo 1).

FIG. 210 – Macrophotographies de la surface naturelle du silex, et de polis d’utilisation – 1 surface naturelle ; 2 poli végétal sur lame ; 3 poli d’emmanchement sur hache polie ; 4 polissage de hache polie
photos Andos
187Une pièce expérimentale utilisée lors de l’expérimentation a aussi fait l’objet d’une analyse tracéologique dans le but de mettre en évidence l’existence d’un poli typique relatif à l’utilisation dans le calcaire. Les pièces ont été lavées dans un bain d’eau froide mélangée à de l’acide dilué à 10 %, certaines dans de l’eau chaude. Elles ont été rincées dans de l’eau froide et des traces de doigts ont été supprimées à l’acétone. Le matériel utilisé pour l’analyse est un microscope binoculaire métallographique (Leitz wetzlar metallux) ayant un taux d’agrandissement de 200x, suivant la méthode de Keeley (Keeley 1980). Nous tenons à remercier le professeur Dilewijns du Laboratoire de métallographie de l’université de l’Etat de Gand et M. Blondia pour les clichés photographiques. Cette méthode a influencé largement le choix des pièces à étudier ; en effet, des pièces trop grandes ou trop épaisses ne sont pas manipulables sous le microscope. Nous avons donc été limités à des artefacts de tailles moyennes. Il n’a pas été possible de réaliser des empreintes au latex par manque de temps.
6.5.2.3 Résultats de l’analyse
La hache expérimentale
188Cette hache a été utilisée emmanchée sur un manche en bois à la manière d’une herminette pendant 20 minutes. Pendant l’utilisation, on a pu constater des enlèvements (esquilles parfois de plus d’un centimètre) sur la partie active de la hache, mais préférentiellement sur la face supérieure, la formation d’un faible poli aussi sur la face supérieure et l’aspect arrondi et émoussé des nervures. A l’œil nu, la pièce a donc subi des transformations, en particulier dans sa longueur. Dans un premier temps, la pièce n’a été lavée qu’à l’eau froide. Il a été possible d’observer au microscope des zones lustrées et brillantes témoignant d’une action abrasive ayant poli la surface et nivelé la microtopographie. De nombreuses stries, parallèles les unes aux autres mais perpendiculaires au tranchant actif, caractérisent le plus l’impact de utilisation Par la suite, la pièce a été trempée dans un bain d’eau froide mélangée à de l’acide chlorhydrique pendant trois minutes. L’aspect poli précédemment décrit a disparu ; par ailleurs, au microscope, seules subsistaient quelques taches lustrées sur les parties hautes de la microtopographie. Ceci semble indiquer que l’action abrasive était moins importante qu’il ne paraissait au départ et qu’il s’agit plutôt d’un dépôt de calcaire qui s’est dissous dans l’acide. Par contre les stries parallèles ont survécu.
Les lames
189Elles proviennent des structures d’extraction. Deux d’entre elles ne semblent pas être faites dans le silex de Jablines. La plupart d’entre elles portent une patine blanche bleutée, localisée surtout le long des bords et des nervures et parfois sur une des deux faces. Trois lames (776 VIIe, 1111‑I et 580) n’ont pas livré de traces. Les lames des structures 1081 III, 930 X, 952 III étaient trop patinées. Ce type d’altération se manifeste à l’œil nu par une décoloration blanchâtre et au microscope par un brouillard ayant l’aspect d’une voie lactée. Une troisième série de lames provenant des structures 952 III et 1081 Na présente une utilisation sur les deux bords dans le cas de la lame 952 III et sur un bord pour les autres. Dans trois cas, les traces d’usure sont trop peu développées et ne permettent pas une identification de la matière travaillée. La seule lame portant des traces interprétables est la pièce de la structure 952 III. Il s’agit d’un poli (fig. 210, photo 2) très brillant, couvrant et lisse le long du bord de la face dorsale. Celui‑ci est probablement le reste d’un poli végétal, l’outil ayant été utilisé pour couper d’une façon oblique.
La lame à bords abattus
190Un fragment de lame à bords abattus (str. 1081 III) a été analysé mais n’a pas livré de résultats. D’un point de vue typologique, et par comparaison (Fischer et al. 1984), ce genre de pièce est utilisé comme pointe de flèche.
Les éclats
191Deux éclats retouchés ont été étudiés. Celui de la structure 173 en silex de Jablines est patiné sur la face ventrale et porte des inclusions plus granuleuses visibles sur la face dorsale. Ni le bord retouché, ni l’autre ne montrent de traces d’usure. L’autre pièce (str. 778 XI), de forme très irrégulière, est sur un silex exogène et est couverte par un lustre de « cire ».
Les haches taillées
192Les résultats de la recherche concernant les sept haches entières et un fragment de talon sont décevants. En effet, en dehors des traces d’emmanchement sur deux pièces, aucune trace d’utilisation n’a pu être observée, ni à l’œil nu, ni au microscope. Les traces d’emmanchement les plus nettes et les plus développées ont été observées sur le fragment proximal provenant de la structure 175 (fig. 211, no 2). Le reste de cet outil n’a pas été retrouvé. A l’œil nu, on peut voir que les bords retouchés sont aussi émoussés et arrondis. Avec un agrandissement de 200x, il est possible d’observer, le long des bords et sur les deux faces, de larges zones présentant un poli mat bien développé contenant des micro‑cratères non atteints par le poli. Celui‑ci a arrondi les dômes de la microtopographie, ainsi que les crêtes et les nervures. De nombreuses stries parallèles à l’axe du talon, courtes et larges, sont également visibles. L’extrémité du talon présente un poli brillant et lisse ; par contre, la cassure est vierge de toutes traces.

FIG. 211 – Analyse tracéologique de quelques outils – a stigmates transversaux ; b stigmates longitudinaux ; c arrêt brusque des traces ; d traces d’emmanchement ou de préhension ; e poli d’emmanchement ; f prise de cliché macrophotographique ; g encoches ébouchardées et patinées.
193Ces traces sont le résultat de la préparation de l’outil pour l’emmanchement et de la friction lors de l’utilisation. En effet, pour bien fixer la hache dans son manche, elle a été polie avec un morceau de peau sèche (peut‑être associée à un abrasif, terre ou sable) pour émousser les irrégularités des bords. Par ailleurs, les traces sont très développées dans les parties creuses ; il est possible d’envisager un emmanchement où l’outil, entouré dans une peau faisant office de gaine, serait fixé ensuite dans le manche. Les quelques traces plus brillantes en bout sont probablement liées au contact direct entre l’outil de pierre et son manche en bois ou en os. Les haches des structures 778 X, 776 X, 332, 1061 VIII et 776 III n’ont pas été utilisées. Aucune trace n’est visible, ni à l’œil nu ni au microscope. Certaines haches sont même très fraîches (776 III et X).
194Le tranchant de l’outil 894 V porte sur la face la plus plate de faibles traces, sous forme d’un lustre gras, et présente un front légèrement arrondi. Différents éléments sont observables (fig. 211, no 3) : des bords très retouchés, voire denticulés, des petites taches brillantes et polies, ainsi qu’une partie de la surface portant un lustre peu brillant qui masque la texture d’origine. Certaines zones sont vierges de traces. Nous proposons l’interprétation suivante : les traces sur le front indiquent une utilisation comme grattoir dans une direction axiale (Stordeur 1987 : 23) sur de la peau fraîche ou mouillée ; l’outil devait être enrobé dans une gaine rigide ou dans une peau comme protection des mains (plisson 1987 : 83).
195L’outil provenant de la galerie 1 de la structure 1061 a posé des problèmes pour le fixer sous le microscope. Seules quelques traces sur les deux bords bouchardés ont pu être observées. Il s’agit soit d’une préparation préalable à un emmanchement (mais aucune autre trace typique de l’emmanchement n’a pu être observée), soit d’une utilisation comme marteau. Le front n’a pas pu être analysé au microscope ; seuls les résultats de la hache expérimentale nous servent de comparaison et laissent supposer une utilisation pour briser le calcaire.
Les haches polies
196Les deux haches partiellement polies, provenant des galeries 3 des structures 894 et 929 sont intéressantes sur plusieurs plans, notamment ceux du polissage, des traces d’emmanchement et, dans un cas, des traces d’usure. Sur la pièce de la structure 929 on peut distinguer à l’œil nu différentes traces du polissage : un poli typique pour les haches polies (Harding 1987) et ce même poli pourvu d’une coloration blanchâtre. Sur les deux faces (fig. 211, no 4) on retrouve des petites zones (de quelques millimètres) lustrées et brillantes ainsi que des nervures émoussées. L’étude microscopique nous permet de reconnaître cinq polis différents. Les traces sur les faces de l’outil sont constituées d’une part (fig. 210, photo 3) d’un poli mat, troué de cratères et de dômes arrondis, et d’autre part d’un lustre brillant, plat, pourvu de nombreuses stries groupées. Les crêtes des retouches, situées le long des bords, sont émoussées. Le tranchant, légèrement esquillé et poli d’une façon intentionnelle, montre des zones plates lustrées qui contrastent avec des stries larges et profondes d’un aspect plus granuleux (fig. 210, photo 4). Par endroits, ce poli présente une coloration blanchâtre. Les retouches le long du tranchant, présentes sur les deux faces, interrompent les traces de polissage. Certaines de ces retouches portent des lustres dus à un usage intentionnel. La partie proximale, cassée, montre quelques enlèvements mais pas de lustre. Un coup de burin situé à droite (fig. 211) a des bords légèrement arrondis. Il est possible qu’après la cassure, la hache ait été ré‑emmanchée à l’aide de ce coup de burin pour mieux la fixer (Büller 1983 : 109‑110).
197Comme reconstitution d’utilisation de cet outil, nous proposons l’hypothèse suivante : la hache était emmanchée et utilisée comme herminette, fixée dans une gaine en os ou en bois, ou posée sur un support en bois éventuellement à l’aide d’une peau et renforcée par des cordes. Les quelques traces dans les retouches peuvent correspondre au travail du bois mais aussi au travail du calcaire. Ce dernier explique la présence d’un polissage blanchâtre (dû à des inclusions microscopiques de calcaire capturées lors de la formation des traces et non dissoutes après rinçage). Le polissage plus brillant peut indiquer un réavivage (polissage secondaire) du tranchant.
198La hache du puits 894 montre les mêmes types de polis et traces d’emmanchement que la pièce précédente. La seule exception consiste dans des bords polis d’une façon intentionnelle probablement pour faciliter l’emmanchement (Ricq de Bouard, Buret 1987 : 178‑179). Le tranchant est entièrement retouché sur une face mais ne porte aucun lustre. Il nous paraît impossible de préciser si l’outil a été utilisé comme hache ou herminette.
Les ébauches à encoche
199Deux ébauches des structures 944 et 1081 II portent un même type d’encoche sur le bord (fig. 211, nos 5 et 6). Il s’agit d’une surface bouchardée et en même temps égalisée (les cônes de percussion sont aplatis). Les limites de ces encoches sont plus esquillées sur la face dorsale que sur la face ventrale. L’angle de contact est en moyenne de 60°. Le reste du bord est retouché artificiellement. Les quelques traces d’usure consistent en un poli très brillant, localisé sur les points hauts de la microtopographie. Après une comparaison entre la dimension de ces encoches et les pics en bois de cervidé, nous avons opté pour l’hypothèse suivante : ces outils peuvent être utilisés pour affûter des pics. En effet, les stigmates de la surface bouchardée/égalisée, ainsi que les lustres microscopiques indiquent que la matière à travailler avait un aspect dur. L’outil qui se rapproche le plus, d’un point de vue morphologique, est la pièce bicorne (bihorned pieces) trouvée en Pologne (Lech 1980 : 44). Celle‑ci, par contre, a été utilisée pour raboter les branches.
Le percuteur et la plaquette aménagée
200Une ébauche de la structure 929 X, bouchardée sur plusieurs endroits, a été sûrement utilisée comme percuteur ou marteau pour casser les blocs de silex. La plaquette 164 II porte des traces sous forme de stries brillantes dans les creux des enlèvements. Celles‑ci sont les témoins de l’activité de taille.
6.5.2.4 Conclusion
201Notre étude n’a pas apporté d’éléments fondamentalement nouveaux, en dehors de la description des traces d’usures dues au contact avec le calcaire et le problème de dissolution des traces après rinçage à l’acide chlorhydrique. Le type analysé de hache taillée semble être une phase de la production. Les lames, malgré les faibles données tracéologiques, ont été utilisées sur le site pour des tâches multiples.
6.6 Perspectives d’une étude comparative avec d’autres minières
202Ce travail a été rendu difficile par le manque d’études de référence et de comparaison. En effet, il existe peu de publications concernant l’utilisation des outils provenant des mines de silex ; celles liées plus particulièrement à l’analyse tracéologique sont quasiment absentes. Citons le travail polonais de E. Krakowska (Krakowska 1989) concernant les outils pour creuser des puits dans un terrain plus limoneux (communication personnelle de Andrej Bogusewski). Rudebeck (Rudebeck 1987 : 153) mentionne que les haches sur éclats sont utilisées sur le site contrairement aux grandes haches et aux poignards. Malgré les hypothèses sur l’exploitation des mines et la fonction des outils (Lech 1980 : 40‑43), et la constatation de faits réels (pics en bois de cervidé ou en pierre et leurs négatifs sur les parois), il nous est actuellement impossible de reconstituer précisément le système du creusement des puits.
203La comparaison de l’outillage et des productions entre différents sites d’extraction devrait constituer le premier niveau d’une analyse comparative ; mais le problème de la typologie et de la définition de la terminologie utilisée se pose à nouveau de façon aiguë. En effet, si le plus souvent les auteurs font plus ou moins implicitement référence au lexique de Brézillon (Brézillon 1971), il n’en reste pas moins qu’un terme regroupe souvent une diversité de morphologies qu’il est difficile d’apprécier, dans la mesure où l’iconographie des publications est trop souvent peu abondante. Nous citerons, par exemple, quelques pièces publiées dans l’ouvrage de F. Gosselin (Gosselin 1986) qui sont présentées comme étant des pics (fig. 16, 17, 19) ; au vu du dessin présenté, nous les aurions plutôt rattaché à la catégorie des haches ou ébauches, en raison principalement de la morphologie des sections et profils. Par ailleurs, ce serait un leurre de vouloir comparer, par exemple, la production laminaire de Jablines avec celle de Spiennes ou des gisements polonais du jurassic Cracow flint (Lech 1975), qui n’ont en commun, ni leur qualité, ni leur technologie, ni leur abondance, ni même leur appartenance culturelle.
204Certaines comparaisons sont néanmoins possibles à réaliser, en particulier avec des gisements proches géographiquement. La première confrontation qu’il nous a semblé intéressant de faire est celle avec les travaux de H. Roche (Roche 1973) et de R. Daniel (Daniel 1969) sur les collections de surface provenant de Jablines. Il était question, à l’époque, de deux zones d’atelier distinctes, l’une appelée La Remise du Haut Château et l’autre Le Haut Château. On sait aujourd’hui qu’il s’agit de deux zones de la minière. Ces auteurs étaient cependant arrivés à la conclusion que rien ne justifiait de différencier les deux « ateliers ». Il est notoire de constater que les données de surface peuvent être rapprochées de celle de la fouille ; R. Daniel notait déjà la rareté des pics dans sa série (un seul exemplaire, p. 185), La présence d’un outillage courant (grattoirs, racloirs, etc.) était déjà souligné.
205C’est cependant, comme nous en avons déjà fait mention auparavant, avec l’étude des haches faite par H. Roche que les comparaisons sont les plus marquantes. Son travail n’avait porté que sur des ramassages de surface, donc sur des pièces sélectionnées, et il n’était pas possible, par conséquent, de comprendre les modes de fabrication de ces pièces. Mais la différence entre deux groupes de pièces de tailles différentes (en particulier la longueur) apparaissait déjà dans les graphiques. Il sera donc intéressant de reprendre ces collections pour affiner les premiers résultats de notre analyse typo‑technologique.
206Les confrontations avec d’autres gisements de la même région ou micro‑région seraient également fructueuses. Elles permettraient de mettre en évidence une éventuelle spécificité d’un gisement par rapport à un autre. Dans le cas présent, le site de Coupvray/Les Chauds Soleils, situé à quelques kilomètres de Jablines, offrirait cette possiblité. La publication ancienne des ramassages de surface (Giraux, Reynier 1911) indique, en effet, que des productions (haches) et des outillages (grattoirs, racloirs, etc.) très semblables à ceux que nous avons étudiés ont été retrouvés dans ce secteur.
207La production de haches peut plus facilement faire l’objet d’analyse comparative, en particulier avec le site de Hardivilliers/Les Plantis (Agache 1960) et celui de Spiennes (Hubert 1969). R. Agache a mis en évidence différents stades de production des haches taillées ; le support étant également tabulaire, il semble que le mode de fabrication est globalement identique. Une étude plus fine permettrait peut‑être de trouver quelques différences importantes, pouvant refléter soit des contraintes de la matière première, soit des traditions de taille différentes, soit des périodes chronologiques distinctes. Un travail semblable pourrait être envisagé avec le site de Spiennes.
208D’un autre point de vue, une étude comparative avec un site comme celui de Bretteville‑le‑Rabet (Desloges 1986), serait tout à fait passionnante. Elle situe l’analyse à un autre niveau. En effet, il est remarquable de constater que les pics sont les uniques outils qui ont été retrouvés sur ce gisement, en dehors de tout autre outillage. Ceci peut être le reflet d’une gestion très différente du gîte à silex. La quasi‑absence de débitage et celle d’autres types de production peut indiquer que la matière première n’a pas été transformée sur place mais plutôt emp01tée brute juste après l’extraction. On peut envisager que le site était fréquenté uniquement pendant le temps de l’extraction, ce qui pourrait expliquer aussi l’absence d’outillage courant (grattoir, racloir, etc.). Le caractère ancien de l’exploitation (dates 14C : Ly 3680 = 5560 ± 190 BP) peut être ici un critère significatif et explicatif d’un mode de fréquentation original du gîte.
209Le dernier niveau d’analyse consisterait à comparer un outillage et une production d’un site d’extraction du silex et d’un site d’habitat. Dans ce cas, on aborde un domaine d’étude qui est plus celui de la diffusion de la matière première et des produits que celle d’une stricte comparaison. Il est toujours délicat de comparer des gisements ayant une vocation différente (habitat/zone d’activité spécialisée). Cette analyse, bien que très passionnante et porteuse de champs d’études diversifiés que nous développerons par la suite (cf. § 7.3), est actuellement irréalisable dans la mesure où les sites d’habitat fouillés dans un périmètre proche de la minière sont rares, mais pourra être envisagée par la suite.
Table des illustrations
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Légende | FIG. 124 – Part de matière première provenant certainement du premier banc dans les rejets de la première zone décaissée. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-1.jpg |
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Légende | FIG. 125 – Comparaisons entre les deux bancs de silex. * matière première potentiellement extraite (estimation à 100 % ; les poids sont donnés en kg). Les calculs de poids ont été faits à partir des volumes (fig. 81) ; le premier banc de silex a une épaisseur de 0,15 m, le second de 0,1 m. Il est possible qu’une petite partie de ce qui est considéré comme provenant du second banc appartienne en réalité au premier : seule la première catégorie est en effet certaine. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-2.jpg |
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Légende | FIG. 126 – Part du premier banc de silex dans les rejets des fosses d’extraction. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 12k |
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Légende | FIG. 127 – Répartition pondérale des rejets et du silex débité par structure. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 116k |
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Légende | FIG. 128a – Répartition pondérale du silex taillé dans les différents types de structures en fonction des grandes phases de comblement. Pourcentage de matériel par structure (les zones grisées figurent les phases de comblement n’existant pas dans ces structures). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 62k |
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Légende | FIG. 128b – Répartition pondérale du silex taillé dans les différents types de structures en fonction des grandes phases de comblement. Représentation graphique par grands types de structures : : 1 à 3 structures à galeries ; 4 structures exploitant essentiellement le banc inférieur de silex ; 5 structures en cloche ; 6 structures à chambre. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-6.jpg |
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Légende | FIG. 129 – L’amas de débitage 148 en cours de démontage |
Crédits | photo L. Laporte/AFAN |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-7.jpg |
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Légende | FIG. 130 – Coupe dans l’amas de débitage 148 montrant le glissement du débitage dans la structure 424 |
Crédits | photo F. Bostyn/AFAN |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 92k |
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Légende | FIG. 131 – Amas de débitage 148. A zones de concentration du matériel lithique (noir> 10 kg ; grisé 5‑10 kg ; blanc < 5 kg) ; B remontages d’éclats à éclats, répartition spatiale ; C répartition spatiale du débitage brûlé (noir : brûlé ; blanc : non brûlé) ; D répartition de l’outillage lithique (à l’exception des fragments de plaquettes). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-9.jpg |
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URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-10.jpg |
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Légende | FIG. 133 – Remontage d’un fragment de plaquette. Les zones grisées mettent en évidence des groupes d’éclats débités successivement, selon un même plan de frappe. Le support de ce remontage est une plaquette fracturée épaisse. L’ensemble 3 est un éclat aménagé par retouches bifaciales périphériques, fracturé dans sa largeur en cours de débitage. Le plan de l’amas donne la répartition des éclats dans chaque m2. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 24k |
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Légende | FIG. 134 – Remontages d’éclats de décorticage d’une plaquette de silex. Les éclats grisés mettent en évidence la succession de ces enlèvements. Les flèches indiquent l’orientation des débitages. Le plan de l’amas donne la répartition des éclats dans chaque m2. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 17k |
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Légende | FIG. 135 – Remontage d’éclats de décorticage et de débitage sous‑cortical spécifiques de l’aménagement d’une plaquette de silex. Les zones grisées indiquent les étapes successives du débitage. Les flèches précisent l’orientation des plans de frappe utilisés. Le plan de l’amas donne la répartition des éclats dans chaque m2. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 25k |
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Légende | FIG. 136 – Répartition numérique de l’outillage lithique par catégories typologiques. 1 lames ; 2 haches ; 3 nucléus ; 4 plaquettes ; 5 percutés ; 6 grattoirs ; 7 plaquettes brûlées. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-14.jpg |
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Légende | FIG. 137 – Répartition pondérale du matériel lithique dans les structures d’extraction à chambre, et raccords d’éclats à éclats mis en évidence. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 62k |
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Légende | FIG. 138 – Répartition pondérale du matériel lithique dans les structures d’extraction à chambre, et raccords d’éclats à éclats mis en évidence. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-16.jpg |
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Légende | FIG. 139 – Structure 12 – Remontages d’éclats semi‑corticaux provenant de la phase de préparation bifaciale de la plaquette aménagée et remontage de deux fragments d’une plaquette fracturée, dont l’un a été aménagé par une série d’enlèvements multidirectionnels. Les flèches indiquent la direction des enlèvements. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-17.jpg |
Fichier | image/jpeg, 53k |
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Légende | FIG. 140 – Structure 12 – Remontage d’une plaquette aménagée et localisation spatiale des éclats dans le remplissage du puits. Le débitage provient de l’aménagement bifacial et unilatéral de la plaquette. Les flèches indiquent la direction des enlèvements. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-18.jpg |
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Légende | FIG. 141 – Structure 520 – Remontage d’une série d’éclats provenant de la phase d’aménagement bifacial d’une plaquette. Les flèches indiquent la direction des enlèvements. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-19.jpg |
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Légende | FIG. 142 – Structure 894 – Remontage d’une plaquette aménagée de façon bifaciale et localisation spatiale du débitage dans le puits d’accès de la structure. La densité de matériel débité est figurée dans le comblement. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-20.jpg |
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Légende | FIG. 143 – A histogramme des longueurs des haches entières ; en blanc : les produits venant de surface (d’après Roche 1973) ; en noir : les produits issus de la fouille 1989‑1990. B histogramme des modules (rapport longueur/ largeur) des haches provenant de la fouille. Dans les deux cas, deux groupes de produits s’individualisent. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-21.jpg |
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Légende | FIG. 144 – Structure 894, couche XIa ‑Aménagement bilatéral et bifacial d’une plaquette provenant du banc supérieur. Une large réserve corticale subsiste sur une extrémité de la plaquette. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-22.jpg |
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Légende | FIG. 145 – Structure 894, couche VI ‑Aménagement bifacial et unilatéral d’une plaquette présentant une large réserve corticale bifaciale. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-23.jpg |
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Légende | FIG. 146 – Jablines Le Haut Château ‑Surface (musée de Lagny), plaquette aménagée de façon bifaciale et bilatérale, présentant une grande réserve corticale centrale sur chacune de ses faces. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-24.jpg |
Fichier | image/jpeg, 342k |
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Légende | FIG. 147 – Structure 929 – Surface, ébauche de hache. Une petite zone corticale bifaciale subsiste. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-25.jpg |
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Légende | FIG. 148 – 1 str. 945, couche X, ébauche de hache : le tranchant actif a subi une série d’enlèvements laminaires sur une seule face ; 2 str. 930, couche XI, plaquette aménagée bilatéralement et bifacialement : une zone corticale subsiste cependant sur une extrémité de la plaquette. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-26.jpg |
Fichier | image/jpeg, 292k |
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Légende | FIG. 149 – 1 str. 1080, fragment de plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement : une réserve corticale subsiste au centre de la plaquette et à l’extrémité ; 2 str. 930, couche X, fragment d’ébauche ; 3 str. 18, couche Il, fragment de plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement, réalisée sur un fragment gélif dans l’épaisseur de la plaquette : une large réserve corticale unifaciale subsiste dans la zone centrale et distale. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-27.jpg |
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Légende | FIG. 150 – Plaquette aménagée bifacialement sur un côté, l’autre côté a subi un début d’aménagement similaire. Une large réserve corticale bifaciale et unilatérale subsiste (str. 12, couche IV). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-28.jpg |
Fichier | image/jpeg, 164k |
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Légende | FIG. 151 – Plaquette aménagée bilatéralement et bifacialement, réalisée sur un fragment gélif dans l’épaisseur de la plaquette. Une large zone corticale centrale et unifaciale n’a pu être enlevée par des retouches périphériques abruptes à semi‑abruptes (str. 72, couche VI). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-29.jpg |
Fichier | image/jpeg, 170k |
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Légende | FIG. 152 – Hache ‑Les bords de la pièce ont été régularisés par de fines retouches rasantes. Le tranchant actif a été aménagé sur une face par un ou deux enlèvements laminaires. Le talon présente une zone corticale résiduelle (Haut Château, surface). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-30.jpg |
Fichier | image/jpeg, 149k |
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Légende | FIG. 153 – Hache – Les bords de la pièce ont été régularisés par de fines retouches rasantes. Le tranchant actif a été aménagé sur une face par deux enlèvements laminaires au moins (str. 224, couche lIa). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-31.jpg |
Fichier | image/jpeg, 191k |
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Légende | FIG. 154 – Hache ‑ Les bords de la pièce ont été régularisés. Quelques zones résiduelles de cortex subsistent (Jablines « Platry », musée de Lagny). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-32.jpg |
Fichier | image/jpeg, 195k |
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Légende | FIG. 155 – Evolution de la plaquette aménagée à la hache finie. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-33.jpg |
Fichier | image/jpeg, 47k |
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Légende | FIG. 156 – Dans la zone nord du site, le premier banc de silex n’a pas été exploité ; seuls, quelques blocs ramassés lors du creusement des puits ont parfois été testés, et quelques rares éclats – gélifractés portent des retouches irrégulières. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-34.jpg |
Fichier | image/jpeg, 16k |
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Légende | FIG. 157 – Dans la zone sud, le premier banc de silex, exploité partiellement, a été utilisé pour la préparation de haches. Mais sa mauvaise qualité n’a Jamais permis l’achèvement des outils ; la chaîne opératoire s’arrête au stade de l’ébauche. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-35.jpg |
Fichier | image/jpeg, 39k |
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Légende | FIG. 158 – Dans le cas du second banc de silex, exploité sur tout le site, la chaîne opératoire est complète jusqu’à l’outil (hache taillée). La phase polissage, si elle a existé, n’est pas présente sur le site. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-36.jpg |
Fichier | image/jpeg, 41k |
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Légende | FIG. 159 – Principales phases technologiques identifiées dans la préparation des haches façonnées dans le second banc de silex (zone sud). Le tranchant est constitué par une série d’enlèvements laminaires sur une face. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-37.jpg |
Fichier | image/jpeg, 107k |
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Légende | FIG. 160 – Principales phases technologiques identifiées dans la préparation des haches façonnées dans le second banc de silex (zone nord). Des plages corticales subsistent souvent sur les faces des outils du fait de la faible épaisseur des plaquettes ; contrairement à la zone sud, il n’existe pas de tranchants aménagés par enlèvements laminaires. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-38.jpg |
Fichier | image/jpeg, 95k |
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Légende | FIG. 161 – Plaquettes aménagées sur un côté et une extrémité. 1 str. 148‑N5 (15) ; 2 str. 737 XVIII. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-39.jpg |
Fichier | image/jpeg, 134k |
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Légende | FIG. 162 – Plaquette aménagée ; débitage bifacial et bilatéral. On remarquera les grands enlèvements sur une face, caractérisant la première phase de débitage (str. 12‑VI) |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-40.jpg |
Fichier | image/jpeg, 196k |
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Légende | FIG. 163 – Ebauches de haches (1. str. 573‑VI ; 2 str. 735‑1) ; débitage bifacial et bilatéral. Le tranchant de la première a été aménagé sur une face par de petits aménagements lamellaires. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-41.jpg |
Fichier | image/jpeg, 58k |
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Légende | FIG. 164 – 1 rognon avec aménagement bifacial et bilatéral (str. 1111‑11) ; on notera les grands enlèvements sur une face ; 2 fragment de plaquette aménagée bifacialement et bilatéralement ; le support est un fragment accidentel, dans l’épaisseur de plaquette (str. 161‑V). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-42.jpg |
Fichier | image/jpeg, 146k |
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Légende | FIG. 165 – Ebauches de haches avec aménagement bifacial et bilatéral (1 str. 71‑11 ; 2 str. 776‑VII) ; les tranchants sont constitués par des enlèvements laminaires ; dans le premier cas, l’un d’entre eux a provoqué une fracturation de la pièce. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-43.jpg |
Fichier | image/jpeg, 152k |
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Légende | FIG.166 – Ebauche de hache (str. 18‑11). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-44.jpg |
Fichier | image/jpeg, 101k |
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Légende | FIG. 167 – Ebauche bifaciale réalisée sur éclat épais (str. 930‑X) |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-45.jpg |
Fichier | image/jpeg, 109k |
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Légende | FIG. 168 – Aménagements bilatéraux et bifaciaux sur petits rognons (1 str. 947‑IV ; 2 str. 929‑XIX ; 3 str. 944‑IV) |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-46.jpg |
Fichier | image/jpeg, 140k |
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Légende | FIG. 169 – Ebauches (1 str. 947, couche IV ; 2 str. 614, couche XVI) : l’extrémité de la seconde est fracturée. Les arêtes des pièces sont aménagées par des retouches semi‑abruptes à abruptes. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-47.jpg |
Fichier | image/jpeg, 109k |
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Légende | FIG. 170 – Ebauches bifaciales de hache (1 str. 580 ; 2 str. 737, gal. A |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-48.jpg |
Fichier | image/jpeg, 136k |
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Légende | FIG. 171 – Ebauches de haches (1 str. 944‑lb ; 2 str. 929‑IV) ; sur la première, on notera la présence de cortex sur une des faces. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-49.jpg |
Fichier | image/jpeg, 85k |
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Légende | FIG. 172 – Ebauches de haches – Les arêtes des pièces sont aménagées par des retouches semi‑abruptes. Une zone corticale résiduelle subsiste sur le talon de la première (1 str. 945, couche VIII ; 2 str. 929, gal. 3). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-50.jpg |
Fichier | image/jpeg, 115k |
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Légende | FIG. 173 – Ebauches de haches – 1 str. 894, couche Il ; une zone corticale résiduelle subsiste sur le talon de cette pièce ; 2 str. 620, couche Il ; cette pièce est fracturée à l’une de ses extrémités. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-51.jpg |
Fichier | image/jpeg, 93k |
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Légende | FIG. 174 – Ebauches de haches – 1 str. 955‑V ; 2 str. 955‑XII ; 3 str. 1080‑11. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-52.jpg |
Fichier | image/jpeg, 108k |
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Légende | FIG. 175 – Structure 175, hache – Les bords de la pièces sont régularisés par de petites retouches rasantes. Une petite zone corticale subsiste dans la partie centrale. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-53.jpg |
Fichier | image/jpeg, 104k |
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Légende | FIG. 176 – Haches – Les bords des deux pièces sont régularisés par de petites retouches rasantes. On notera la présence de plages corticales résiduelles sur une face. 1 str. 574, couche X ; le tranchant actif est aménagé sur une face par quelques retouches laminaires ; 2 str. 332, couche XX. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-54.jpg |
Fichier | image/jpeg, 118k |
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Légende | FIG. 177 – Structure 148 N6 (21), hache – Des zones corticales résiduelles subsistent sur une face et sur le talon. Les bords de la pièce sont régularisés par des retouches périphériques semi‑abruptes à rasantes. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-55.jpg |
Fichier | image/jpeg, 96k |
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Légende | FIG. 178 – Haches – 1 str. 148 N6 (21) : une plage corticale bifaciale subsiste ; 2 str. 148 N4 (25) : présence de cortex à une extrémité ; 3 str. 1061 : le tranchant est aménagé par quelques retouches laminaires. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-56.jpg |
Fichier | image/jpeg, 124k |
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Légende | FIG. 179 – Haches – Les tranchants actifs sont aménagés par quelques retouches laminaires. Les bords des pièces sont régularisés par de petites retouches rasantes (1 Dampmart, « le Champ Breton », sépulture du Néolithique moyen, musée de Lagny ; 2 str. 574, couche X). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-57.jpg |
Fichier | image/jpeg, 108k |
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Légende | FIG. 180 – Pièces bifaciales – 1 str. 620, couche 1 ; 2 str. 944, gal. 4. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-58.jpg |
Fichier | image/jpeg, 82k |
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Légende | FIG. 181 – Pièces bifaciales – 1 str. 148 M6 (25) ; 2 str. 250 VIa ; 3 str. 623 VI. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-59.jpg |
Fichier | image/jpeg, 113k |
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Légende | FIG. 182 – Poids de silex potentiellement extrait et poids de silex recueilli à la fouille. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-60.jpg |
Fichier | image/jpeg, 27k |
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Légende | FIG. 183 – Nucleus à éclats – 1 str. 623, couche X ; 2 str. 955, couche V ; 3 str. 1111, couche I |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-61.jpg |
Fichier | image/jpeg, 109k |
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Légende | FIG. 184 – Nucleus – Str. 930, couche XI. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-62.jpg |
Fichier | image/jpeg, 249k |
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Légende | FIG. 185 – Nucleus – Str. 623, couche III. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-63.jpg |
Fichier | image/jpeg, 69k |
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Légende | FIG. 186 – Nucleus à « lames » – Str. 623, couche X. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-64.jpg |
Fichier | image/jpeg, 61k |
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Légende | FIG. 187 – Lames et fragments de lames ‑1 str. 952, couche Il ; 2 str. 1081, couche IVa ; 3 str. 952, couche III ; 4 str. 930, couche X ; 5 str. 952, couche III ; 6 str. 778, couche XI ; 7 str. 1081, couche III ; 8 str. 952, couche III ; 9 str. 952, couche III ; 10 str. 1111, couche 1 ; 11 str. 580. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-65.jpg |
Fichier | image/jpeg, 113k |
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Légende | FIG. 188 – Grattoirs sur silex exogène – 1 str. 737, couche IV, grattoir sur silex noir ; 2 str. 894, couche IV, grattoir sur silex beige translucide. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-66.jpg |
Fichier | image/jpeg, 20k |
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Légende | FIG. 189 – Grattoirs sur éclats épais – 1 str. 164, couche 1 ; 2 str. 778, couche VIII ; 3 str. 623, couche XVI. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-67.jpg |
Fichier | image/jpeg, 95k |
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Légende | FIG. 190 – Grattoirs sur éclat – 1 str. 894, couche Il ; 2 surface ; 3 str. 1111, couche IV ; 4 str. 1186, surface ; 5 str. 627, couche IX. Les pièces 2, 3 et 4 présentent une faible denticulation de la zone retouchée. Des traces de percussions sont visibles dans la zone proximale de la pièce 5. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-68.jpg |
Fichier | image/jpeg, 111k |
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Légende | FIG. 191 – Racloirs transversaux sur éclats larges (1 str. 12, couche III ; 2 str. 955, couche V ; 3 str. 1110, couche Va) ; racloir sur éclat déjeté (4 str. 930, couche IX) ; racloirs sur éclats épais (5 str. 944, couche IV ; 6 str. 929, alvéole Est). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-69.jpg |
Fichier | image/jpeg, 157k |
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Légende | FIG. 192 – Fragment de plaquette apointé par retouches couvrantes continues (str. 947, couche XII). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-70.jpg |
Fichier | image/jpeg, 89k |
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Légende | FIG. 193 – Fragments de plaquette apointés par petites retouches semi‑abruptes – 1 str. 620 ; 2 str. 614, couche XVI. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-71.jpg |
Fichier | image/jpeg, 68k |
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Légende | FIG. 194 – Outils présentant un tranchant actif – 1 (str. 735, couche 1) et 2 (str. 776, couche III) sont réalisés sur des éclats ; 3 (str. 161, couche VII) est réalisé sur un fragment de plaquette. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-72.jpg |
Fichier | image/jpeg, 107k |
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Légende | FIG. 195 – Outils sur éclats présentant une retouche bifaciale ou latérale – 1 str. 930, couche lb ; 2 str. 778, couche IV ; 3 str. 1111, couche II. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-73.jpg |
Fichier | image/jpeg, 98k |
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Légende | FIG. 196 – Pièces à tranchant actif sur fragment de plaquette – 1 894 II ; 2 953 V. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-74.jpg |
Fichier | image/jpeg, 106k |
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Légende | FIG. 197 – Pièce à tranchant actif sur fragment de plaquette (250 Via) – On remarquera l’important esquillement du tranchant pouvant provenir d’une utilisation intense. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-75.jpg |
Fichier | image/jpeg, 121k |
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Légende | FIG. 198 – Pièces à tranchant actif sur fragment de plaquette – 1 str. 1111 » ; 2 str. 1110 X. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-76.jpg |
Fichier | image/jpeg, 129k |
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Légende | FIG. 199 – Eclats retouchés – 1 str. 947, couche VII ; 2 str. 952, couche XIII ; 3 str. 173 ; 4 str. 580, couche XIV ; 5 str. 894, couche VI. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-77.jpg |
Fichier | image/jpeg, 113k |
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Légende | FIG. 200 – Eclats retouchés – 1 str. 944, couche V ; 2 str. 573, couche VI ; 3 str. 776, couche XI. De nombreux éclats retouchés sont allongés et présentent une face supérieure en grande partie corticale. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-78.jpg |
Fichier | image/jpeg, 105k |
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Légende | FIG. 201 – Eclat gélifracté retouché, str. 18, couche IV – L’éclat présente naturellement deux encoches latérales. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-79.jpg |
Fichier | image/jpeg, 104k |
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Légende | FIG. 202 – 1 outil à retouches bifaciales, str. 930 XII (petite hache destinée à être polie 7) ; 2 petite hache polie, str. 894, gal. 2 ; 3 outil à tranchant poli, str. 929, gal. 3. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-80.jpg |
Fichier | image/jpeg, 89k |
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Légende | FIG. 203 – Ebauches de petites haches ? (1 str. 947 VIII ; 2 776 X) et outils à retouches bifaciales (3 str. 894 V ; 4 str. 778 X). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-81.jpg |
Fichier | image/jpeg, 111k |
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Légende | FIG. 204 – « Rabot » (str. 1061, gal. 3 bis) – On remarquera la forte épaisseur de l’outil dans la section médiane, et les nombreuses traces de percussion sur la face supérieure. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-82.jpg |
Fichier | image/jpeg, 172k |
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Légende | FIG. 205 – « Rabot) (str. 580) – Outil de même morphologie que le précédent, aux dimensions près. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-83.jpg |
Fichier | image/jpeg, 65k |
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Légende | FIG. 206 – 1 str. 1081, couche III, fragment de lame retouché bifacialement ; 2 str. 564, couche l, armature tranchante réalisée sur fragment de hache polie. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-84.jpg |
Fichier | image/jpeg, 12k |
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Légende | FIG. 207 – Outils percutés réalisés sur fragment de plaquette – 1 str. 579, couche 1 ; 2 str. 894, couche VI. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-85.jpg |
Fichier | image/jpeg, 90k |
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Légende | FIG. 208 – Outils percutés réalisés sur plaquette aménagée reprise après rejet de fabrication – 1 str. 930, couche III ; 2 str. 929, couche X. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-86.jpg |
Fichier | image/jpeg, 129k |
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Légende | FIG. 209 – Eclats présentant des traces de bouchardage – 1 str. 1080, couche II ; 2 str. 944, couche IV. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-87.jpg |
Fichier | image/jpeg, 79k |
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Légende | FIG. 210 – Macrophotographies de la surface naturelle du silex, et de polis d’utilisation – 1 surface naturelle ; 2 poli végétal sur lame ; 3 poli d’emmanchement sur hache polie ; 4 polissage de hache polie |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-88.jpg |
Fichier | image/jpeg, 169k |
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Légende | FIG. 211 – Analyse tracéologique de quelques outils – a stigmates transversaux ; b stigmates longitudinaux ; c arrêt brusque des traces ; d traces d’emmanchement ou de préhension ; e poli d’emmanchement ; f prise de cliché macrophotographique ; g encoches ébouchardées et patinées. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/37298/img-89.jpg |
Fichier | image/jpeg, 67k |
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