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Châteaux et maisons fortes en Lorraine centrale

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Gérard Giuliato

Partie 2. Inventaire des sites fortifiés

Présentation

Texte intégral

Abréviations utilisées dans les généalogies

1archid. : archidiacre
archv. : archevêque
chv. : chevalier
cte. : comte
ctesse. : comtesse
éc. : écuyer
év. : évêque
sg. : seigneur
vctesse. : vicomtesse

2La méthode employée pour la réalisation de cet inventaire découle de celle élaborée par l’Unité de recherche associée au CNRS (URA 1008) et qui a fait ses preuves en Champagne (Bur 1972, 1980, 1986) et en Franche‑Comté (Affolter, Voisin 1986) pour l’étude des vestiges en terre.

3L’enquête sollicite des sources documentaires très différentes mais complémentaires. Le cadastre du xixe s. sert de première approche et livre une foule de toponymes évocateurs et de plans précis. Les textes d’archives originaux permettent d’écarter nombre d’inexactitudes colportées depuis le xviiie s. et fournissent des précisions bien datées sur l’habitat et ses occupants. Les documents iconographiques anciens (cartes, lithographies, sepias, cartes postales) offrent des illustrations souvent irremplaçables de monuments aujourd’hui défigurés ou disparus. Les relevés topographiques et architecturaux créent une nouvelle documentation que vient compléter la photographie. La confrontation de ces multiples documents limite le risque d’interprétations erronées ou de généralisation hâtives inhérentes à l’utilisation d’une source unique. Elle permet la réalisation de monographies rédigées sur un plan uniforme : localisation, analyse des vestiges, datation par les textes.

4Les notices présentent des développements complémentaires concernant des vestiges en pierre souvent importants. Elles se sont efforcées d’exploiter les livres de compte des prévôtés qui livrent une masse considérable d’informations concernant les réparations de bâtiments, les destructions et reconstructions, sans oublier la vie matérielle de la société castra le. Malheureusement, ces documents existant dès le milieu du xive s. pour le Barrois n’apparaissent pas avant la fin du xve s. pour le duché.

5L’enquête consacre une part importante aux familles seigneuriales. La généalogie permet d’identifier les individus qui ont bâti, habité et transformé ces habitations. On réussit parfois à cerner la psychologie de certains personnages et à la voir se refléter dans leur œuvre architecturale. L’exemple le plus frappant nous est fourni par Philippe de Norroy, constructeur de la maison forte de Port‑sur‑Seille entre 1420 et 1431. Connaître le niveau social, les carrières, les succès ou les échecs, les alliances matrimoniales, les ramifications familiales et les réseaux des fidélités vassaliques permet de comprendre la construction, les formes et les partages de bien des châteaux et maisons fortes. De plus, certains lignages sont connus bien avant que leurs demeures n’apparaissent dans la documentation. C’est le cas pour Parroy.

6Malgré les imperfections que les spécialistes y découvriront, il a paru intéressant de présenter le résultat de ces investigations même incomplètes. Les historiens de la société y trouveront peut‑être quelques matériaux utilisables pour leur réflexion. Enfin, ces monographies constituent une documentation qui permettra d’obtenir le classement comme site ou monument historique d’un certain nombre de lieux menacés. Elles pourront aussi répondre aux interrogations des gens qui possèdent des vestiges mais en ignorent l’intérêt culturel et historique. Les multiples contacts noués durant ces années d’enquête sur le terrain permettent de comprendre que la disparition rapide de ce patrimoine est due en grande partie au manque d’information du public. Il y a là un vide profond à combler.

Abaucourt‑sur‑Seille

■ Localisation

7Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny. Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à la Nativité de Notre‑Dame.
Carte IGN 1/25 000 Nomeny, 3414 ouest. CL : 1140,6 x 886,7.
Toponyme : nom germanique Abbo et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

8Abaucourt est situé en bordure de la vallée de la Seille (altitude : 190 m). Aucun vestige d’habitat fortifié ne subsiste. Le cadastre de 1829 (fig. 7) présente un vaste bâtiment quadrangulaire (60 x 30 m), appelé « la cour », à 150 m à l’est de l’église en bordure de la Grande rue en direction de Nomeny : il pourrait correspondre à l’ancienne maison seigneuriale connue dans les textes.

FIG. 7 – Abaucourt‑sur‑Seille – Plan cadastral de 1829 section C.

■ Datation

9Avant 1260 : « Ce sont li acquest que la vouweresse de Nomeny ait fait desquelz mes sires li esvesque dit quelle li fait tort cest assavoir a Abaucourt […] une maison ou li four siet et un jardin et plusieurs chenevières […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 95, fol. 22).

101330 – Isabelle de Faucompierre vend son héritage à Jean de Letricourt et le reste à Liebaud de Nomeny : « Ladite Damoizelle Isabelle ait vendue […] a dit Liebaud […] ladite vouerie et tout lou dit hairitaige fuer les terres acenses Dabocourt, les preis Dabocourt, li awe Dabocourt et fuer la grainge de la maison Dabocourt […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 95, fol. 10 et 11).

111545‑1546 : « Mondit sieur des Armoises est seigneur Dabocourt […] et si a une forte maison avec mon seigneur de Vroncourt séparément de luy et scait chacun seigneur ou est sa part […] Mesdits seigneurs […] ont une rente […] que se paye a la porterie du chasteau au terme Sainct Martin. » (ADMM B 8319, fol. 10v)

121547‑1548 : « Treize francs et demy que le maire Dabocourt a paye a Alexandre le Charpentier […] pour avoir faict […] tout louvraige de charpenterie aussy fourny tout le boys du toit tumbé en la grange du chasteau dudit Abocourt. » (ADMM B 8321, fol. 51v)

131561, 18 avril : « Charles […] (évêque de Metz) savoir faisons que […] Nicolas de Lorraine […] a reprins de nous la ville, chasteau, terres et seigneurie de Nommeny […] comme des villages qui en dépendent savoir est Abocourt […] la forte maison, columbier, grainge et beufverie dudit Abocourt ensembles les rentes provenantes de la forte maison dudit Abocourt que fut Monsieur de Guermange. » (ADMM B 840, no 44)

141562, 31 octobre : « Claude Sauldrey […] confesse avoir vendu […] a Nicolas de Lorraine […] tout ce qu’il a […] au chasteau maison forte, terre et seignoirie d’Abocourt […] prouvenans de Jehan de Lucy […] tout ce […] qu’il a auxdit chasteau […] et maison forte d’Abocourt en granges estables, buefveries, bergeries, colombier et en tout autres édifices, meix, gerdins, chenevières, preys, bois […] terres […] justice haute et basse […] rentes tant au ban de Chatemaigne que au grand ban […] moyennant le somme de 2700 francs de monnaye de Lorraine. » (ADMM B 837, no 31)

■ Historique

15Le village d’Abaucourt dépendait de la vouerie de Nomeny, possession des évêques de Metz. Les sires de Toulon, voués de Nomeny, acquirent au milieu du xiiie s. des biens personnels à Abaucourt et y élevèrent une maison seigneuriale. En 1334, ils vendirent la moitié de cette maison qui fut détenue successivement par Henri de Breues, le lignage messin des Corbé, les Serrières puis les sires de Bioncourt‑Guermange (ADMM B 840, no 1‑18‑29). L’autre moitié resta aux mains des sires de Toulon jusqu’en 1477, puis à leurs héritiers les sires de Lucy (ADMM B 864, no 56‑52 et G 285, Armoire 3 no 11) avant d’être acquise en 1562 par Nicolas de Lorraine, marquis de Nomeny, puis par le duc de Lorraine en 1562 (ADMM B 837, no 31 et Calmet 1973b, 1 : col. 162). Elle subit les ravages de la guerre de Trente Ans. En 1724, le duc Léopold céda les vestiges à Monsieur de Lombillon qui fit édifier une nouvelle maison seigneuriale.

Abaucourt‑sur‑Seille‑Vintremont

■ Localisation

16Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à la Nativité de Notre‑Dame.
Carte IGN 1/25 000 Nomeny, 3414 ouest. CL : 1140,6 x 886,7.
Toponyme : nom germanique Abbo et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

17Il ne subsiste aucun vestige d’habitat fortifié. Sur le cadastre de 1829, on observe à 50 m à l’ouest de l’église, en bordure du village et dominant la dépression où coule la Seille, une construction quadrangulaire (41 x 30 m) entourant une cour centrale flanquée de trois tours rondes (5, 6 et 10 m de diamètre respectivement) et d’une tour rectangulaire (6 x 7 m). Elle est environnée d’un espace non bâti, au‑delà duquel un pigeonnier (7 m de diamètre) et des bâtiments rectangulaires témoignent d’une activité agricole (fig. 7).

18Une gravure de 1842 présente la maison forte vue du nord‑est. Les tours circulaires, non crépies, offrent un appareil régulier, des ouvertures de petite taille et des toitures en très mauvais état (Favier 1898, no 1746) (fig. 8).

FIG. 8 – Abaucourt‑Vintremont – vue de la maison forte en 1842 (Favier 1898 no 1746). Bibliothèque municipale, Nancy.

■ Datation

191178 – La cour de Vintremont, les dîmes et la cure d’Abaucourt appartiennent à l’abbaye de Neuviller en Alsace (Bulle du Pape Alexandre III) (ADMM G 973 ‑ déficit).

201294 : « Ego Johannes Dei gratis metensis episcopus notum facio […] quod cum inter abbatem novillarensis argentorum diocesis et Rolerum de Abocurt quondam questio veteretur super eo videlicet quod pradictus Rolerus in piscatura et silva et ceteris appendiciis curie de Wintermunt se ius habere affirmabat, tandem cum diu inter ipsos fuerit litigatum de bonorum virorum consilio in dominum Garinum de Deloart et Ancherum propositum de Muncione compromiserunt in hoc modum […] » (ADMM B 972).

211238 : « Rolerus miles de Abbocurth […] in predicta domo de Wintremunth, molendino piscatura silva pratis terris et censi‑vis nullum penitus ius habebat […] » (ADMM B 972).

221364, 17 octobre ‑ Contrat de location entre Androuin de Letricourt écuyer et Bertrand dit Bultemel de Metz d’une part, preneurs, et l’abbé de Neuviller d’autre part, d’une durée de vingt ans, portant sur la cour de Vintremont (sauf le droit de patronage sur l’église d’Abaucourt) pour un cens annuel de 20 florins d’or ayant cours à Marsal ; les preneurs construiront à leurs frais dans l’enclos de la cour une maison d’habitation et une bergerie en rapport avec l’importance de ce domaine ou de cette grange, les entretiendront durant la location et à la fin rendront le tout au loueur intégralement : « […] Etiam recognoscimus nos per presentes contractui esse adjectum quod nos et nostri heredes edificare et construere debeamus infra septa continentiam curtis redicte unam domum habitationis et unum ovile ipsi curti sive grangie […] » (ADMM B 973).

231461 : « Les abbé, prieur et religieux de Neuviller vendent à Jean de Fénétrange, maréchal de Lorraine, la métairie de Wintermont avec tous ses membres pourpris et appartenances situées près de Nomeney. » (ADMM B 973)

241560, 24 février : « Jean Philippe comte sauvage du Rhin, Philippe François son frère […] ont vendus […] à Nicolas de Lorraine […] seigneur de Nomeny […] le chasteau au present maizure gaignaiges, circuyctz, pourpris dicelluy ainsy qu’il se peut contenir quondit Wiltremont et ban de Chastemaigne […] pour la somme de 500 francs monnaie coursable de Lorraine. » (ADMM B 387, no 28)

251561, 18 avril : « Charles […] (évêque de Metz) savoir faisons que Nicolas de Lorraine […] a reprins de nous […] les six parsons dont les huitz font le tout du ban quon dit le Ban de Chastemaigne […] Item le vieil chasteau et moitresse de Wiltremont et appartenance dicelle […] les deux parts des dismes dict de Fénétrange […] » (ADMM B 840, no 44).

■ Historique

26L’abbaye alsacienne de Neuviller possédait la métairie de Vintremont avant 1178. Entre 1225 et 1256, une longue querelle opposa les religieux à un lignage seigneurial local au sujet de leurs droits respectifs. Nous connaissons ainsi les premiers sires d’Abaucourt (généal. 1). Le conflit s’apaisa grâce à l’intervention de l’évêque de Metz. En 1256, Helwid vendit à l’abbaye ses derniers droits sur le domaine (ADMM G 972). Le 17 octobre 1364, les religieux louèrent pour vingt ans le domaine à deux laïcs qui devaient construire une maison d’habitation et une bergerie, à l’intérieur de l’enclos.

GÉNÉAL. 1 – Les premiers sires d’Abaucourt.

27L’abbaye conserva la pleine propriété de cette métairie, puisqu’elle la vendit en 1461 à Jean de Fénétrange, dont la veuve et les deux gendres donnèrent les revenus de Vintremont à la collégiale Saint‑Pierre qu’ils fondèrent à Fénétrange en 1475 (ADMM G 973). Barbe de Fénétrange hérita du patrimoine et le transmit à ses héritiers les comtes Rhingrave‑Salm. Le 24 février 1560, Jean‑Philippe Rhingrave et son frère vendirent la métairie et le vieux château de Vintremont à Nicolas de Lorraine, marquis de Nomeny (Poull 1965‑1972, 5 : 40‑50) (généal. 2).

GÉNÉAL. 2 – Les Fénétrange, seigneurs d’Abaucourt.

28Les textes prouvent donc que cette construction fortifiée, œuvre des sires de Fénétrange, est postérieure à 1461, mais fort antérieure à 1560. L’étude architecturale n’infirme pas cette datation relative. Il serait tentant d’attribuer cette réalisation à Jean de Fénétrange, seigneur d’Amance dès 1420, maréchal de Lorraine, qui acheta Vintremont en 1461 et décéda en 1467, mais aucun texte ne confirme cette hypothèse.

29Avant 1561, le domaine agricole qu’exploitait la cour de Vintremont constituait une seigneurie qui relevait du temporel des évêques de Metz, mais non de la vouerie de Nomeny. Il semble que cette seigneurie appartenait au ban de Chatemagne (Lepage 1853, 1 : 35).

Amance

■ Localisation

30Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Jean‑Baptiste.
Carte IGN 1/25 000 Nancy, 3415 ouest. CL : 1124,7 x 889,7.
Toponyme : nom d’homme latin Amantius.

■ Vestiges

31Amance est un village perché à 380 m d’altitude sur une butte témoin du massif du Grand‑Couronné, à 12 km au nord‑est de Nancy. Cette butte se divise en deux parties : le « Petit Mont » (380 m) et le « Grand Mont » (390 m), encore protégés par un chapeau de calcaire dur. Ils sont séparés par un affleurement marneux long de 750 m dont la largeur va en se rétrécissant de l’ouest (100 m) vers l’est (50 m) et dont l’altitude va en décroissant selon la même direction de 386 à 351 m. Le village s’est établi sur la partie la plus élevée de cet affleurement marneux, au contact du « Grand Mont ».

32Le château est situé au centre du village à 30 m au nord‑ouest de l’église. Il jouit d’un point de vue remarquable dans toutes les directions, sauf vers le nord‑est où se dresse le « Grand Mont ». Nous sommes en présence d’un site de butte témoin et d’éperon tout à la fois. L’Amezule coule au sud du site (214 m d’altitude) et le ruisseau des Etangs à l’ouest (240 et 214 m).

33Les vestiges se composent de plusieurs éléments (fig. 9, 10) :
– une motte de forme ovale, irrégulière, contenue à la base par des murs de soutènement ; ses dimensions sont, au sommet, de 103 m (est‑ouest) et 55 m (nord‑sud) – largeur maximum ‑ et, à la base, de 125 m (est‑ouest) et 90 m (nord‑sud) ; le relevé topographique et la photographie aérienne soulignent les dommages subis par la face nord de la motte ; à l’origine, la motte avait une forme beaucoup plus régulière ; les côtés sud et ouest sont bien conservés ; la hauteur du monticule y est de 20 m;
– une base de tour sur la motte ; il s’agit d’un soubassement haut de 2 m, bâti en gros appareil très irrégulier : blocs grossièrement cassés au marteau et assemblés sans chaux ; les dimensions sont très variables : un bloc arraché fait 0,51 x 0,42 x 0,60 m ; dans le mur, on note des blocs de 0,20 x 1,20 m, d’autres de 0,38 x 0,38 m ; l’épaisseur du mur est difficile à mesurer, car l’intérieur de la tour est comblé ; le diamètre extérieur est de 10 m ; on peut la dater du xiie s. ; sa protection est urgente ; des sondages périphériques apporteraient peut‑être des renseignements complémentaires ;
– un terre‑plein à l’est de la motte ; séparé de celle‑ci par un chemin en dos‑d’âne, on y observe un vaste jardin limité au nord par un mur et une route, au sud par l’école et la mairie, à l’ouest par des habitations ; l’ensemble forme un vaste triangle équilatéral d’environ 60 m de côté.

FIG. 9 – Amance – Motte castrale et bourg en 1980.

FIG. 10 – Amance – Plan topographique en 1980.

■ L’iconographie ancienne

34Plan topographique avec commentaire (1776, 5 et 12 août) (fig. 11) :

35« L’an 1776, le 5 août, Charles Louis Montluisant inspecteur des bâtiments, usines et domaines du roi […] nous sommes transporté au village d’Amance […] nous avons lévé le plan cy joint, toisé le terrain […] fait les remarques qui nous ont paru necessaires.

FIG. 11 – Amance – Plan de 1776. (ADMM B 11172).

36Article Premier
Le monticule […] forme une espèce d’ovale dans son plan dont le sommet était occupé par des lignes ponctuées en rouge suivant un ancien plan qui nous a été présenté et dont il ne reste pour tout vestiges que les fondements d’une ancienne tour et un puits qui est comblé de manière qu’aujourd’hui cette partie n’est plus qu’un amas de perrailles et un terrain fouillé de toute part qui ne présente que des creux des décombes mis en tas […]

37Article Deux
L’étendue de cette monticule qui est bornée au nord et au couchant par des jardins et des maisons de particuliers, au devant et au midy par un chemin qui est commun aux rues du village est renfermé entre les lignes tirées en rouge, lavées intérieurement au jaune et désigné sur le plan par les chiffres 1‑2‑3‑4‑5‑6‑7‑8‑9‑10‑11‑12‑13‑14‑15‑16‑17‑18. Contenant suivant des livraisons et calculs que nous avons faits la quantité de 5 jours ou arpents 3 hommees 2 toises, 44 pieds mesure de Lorraine.

38Article Trois à Dix
19 : puits comblé ; 20 : tour où « la veuve Debout s’est procuré un logement […] de son propre mouvement » ; 21 : « une petite baraque et un jardin fait par Catherine Vecret » ; 22 : verger ; 25 : jardins ; 27 : chapelle Saint‑Nicolas interdite à cause de vétusté ; 39 : habitations ; 40 : « lignes ponctuées en rouge qui désignent l’emplacement des murs et tours de l’ancien château ». (ADMM B 11‑172).

39Cadastre de 1833 (fig. 12) :

40une chapelle dédiée à Saint‑Nicolas, un nouveau cimetière, une maison et des jardins sont établis sur le flanc nord de la motte et contribuent à dégrader cette partie ; le bourg est disposé autour de la motte ; si les remparts ont disparu, les deux anciennes portes (Porte d’en haut et Porte d’en bas) sont toujours visibles.

FIG. 12 – Amance – Plan cadastral de 1833 section D.

■ Datation

41Avant 1032 – Thierry Ier, duc de haute Lorraine, donna à la chapelle, construite sous Amance, divers revenus dont les dîmes du château et de la ville d’Amance : « Theodoricus dux, comitissae avus, qui jure hereditario comiti Folmaro in Asmantia successit, mediam partem decimarum sortium ecclesiae Dommi Martini hoc pacto dedit et concessit ut presbyter de Domno Martino in sabbato sancto Pascae oleum et Erisma capellano Beatae Mariae daret et in omnibus Synodis et conciliis per omnia pro ipsa decima ipsum capellanum excusatum haberet […] Preterea munirebus et precibus ipsius Teodoreci ducis interpellatus, laude et assensu Berengarii, illius castri archidiaconi, et concessione sui capituli, in plena synodo constituit (Bertoidus episcopus) ut […] Dedit etiam (Sophya Comitissa) omnes decimes grossas et minutas de Castro et oppido […] « (Lesort 1909, no 39).

421033 – L’empereur Conrad confirme les biens de l’abbaye Saint‑Evre‑de‑Toul : « […] mansum quoque in villa quae dicitur villaris sub Amantio Castro […] « (Calmet 1728 : Preuves, col. 4109).

431076 – Pibon, évêque de Toul, consacre la chapelle Saint‑Marie que la comtesse Sophie a fait réédifier à Laitre‑sous‑Amance : « Ego Pibo […] precibus et gratia comitissae Sophyae […] quamdam ecclesiam in honore beatae Mariae quam ipsa a fundamento construxerat sub Castro Asmantiae dedicando consecravi Noverint igitur omnes ecclesiam BeataeMariae cum sua capella de castra ita liberant a dominis et principibus castri constitutam fuisse quod nec censum nec respectum aliquem ecclesiae Tullensi debeat […] » (Lesort 1909, no 39).

441085 – La comtesse Sophie rappelle l’œuvre du duc Thierry Ier et précise les travaux qu’elle‑même a fait faire à la chapelle Sainte‑Marie : « Ego Sophya, Asmantiae comitissa, notum facio successoribus meis quod Theodoricus dux capellulam sub Asmantia in suo proprio fundo contruxit, quam in honore sancti Sygismundi sacrare volebat et de suis propriis locupletare sed, mortis sorte preventus, mortuus est [...] Post longum vero temporis, ego Sophya comitissa capellulam amplificavi et reedificavi eamque sancto Michaeli devovi et donavi cum capella castri. » (Lesort 1909, no 44).

451085 – Pibon, évêque de Toul, règle un conflit opposant la comtesse Sophie et l’abbesse de Sainte‑Glossinde : « Ego igitur Pibo, Tullensis episcopus, notum facio meis successoribus quoniam inter Sophyam comitissam et Hodiernam, Sanctae Glodesindis abbatissam, controversia diu fuerat, ne capella sub Amantia sacraretur, ideo quod in territoho Domni Martini constructa erat […] Post haec, presente Hermanno, metensi episcopo et abbatissa Hodierna, donum cellae, donum capellae castri in manu abbatis sancti Michaelis Sophia comitissa posuit […] » (Lesort 1909, no 43).

461178, 15 septembre – Henri, comte de Bar, reprend en fief de l’impératrice les châteaux d’Amance, Mousson et Briey. La construction de forteresses dans un rayon de trois milles autour de ces châteaux et en deçà de la route de Metz à Vic est interdite : « Ego Heinricus, Dei Gratia cornes de Barro, presenti scripto testor et notum facio omnibus imperii romani fidelibus, quod dominus imperator Fridericus et consors sua Beatrix, domina mea, imperatrix, concesserunt michi in feodum quidquid habebant apud Emanciam […] et ego cornes Heinricus idem allodium et quicquid deinceps in eodem Castro seu in burgo possum acquirere […] In eodem quoque pacto statutum est ut nulli hominum liceat apud prenominata tria castra scilicet apud Emanciam, Munzum et Brieich in omni circuitu castrorum ipsorum ad tria miliaria, aliquod edificium novi castri seu munitionis struere aut firmare quod non fuerit antequam. Ego cornes Heinricus castrum meum Munzum a comite Burgundie receperim. Et similiter non edificabitur aliqua nova municio infra stratam illam que tendit a Metis usque ad Vi, nisi fiat ex voluntate comitis Barrensis. Sed a quoquam edificium munitionis in prefatis terminis presumptum et inchoatum fuerit cornes Burgendie et dominus imperator jurabunt me et meum heredem id prohibere et destruere. » (Parisse 1972, 1 : no 38).

471202, novembre – Ferry, sire de Bitche, reçoit de son beau‑père, le comte de Bar, Amance, Longwy et Stenay : « Ego Ferricus et Agnes uxor mea ipsius comitis Barrensis filia adquitavimus ei, licet de jure hereditario nobis ex parte uxoris nostre pervenire deberent, Asmanciam, Lonvicum, Sathenayum cum eorum appendiciis et de eis idem cornes suam ad plenum facere posset voluntatem, et ego et uxor mea euntes per dicta castella adquitavimus tam hereditarium quam fideiitates. » (Laplace 1974, 2 : no 41).

481208, 2 novembre – Le comte de Bar pourra retenir trois châteaux si Ferry de Bitche ne respecte pas la paix promise : « […] exceptis tribus castris Lonvvi, Sathenai et Amanciam [...] » (Laplace 1974, 2 : no 62).

491226, 8 juin – Testament d’Agnès de Lorraine : « Legati filio meo Mattueo, duci Lotharingie et marchioni castrum de Longwi et de Amantia que de allodio meo sunt. » (Calmet 1745, col. 8 ; ADM B 256, fol. 282‑283).

501439, 11 octobre : « Fus prins monseigneur Conrard Bayer evesque de Metz on chastel d’Amance, par le consentement des Lorrains et des Barrisiens desquels il ne se gardait mie […] » (Calmet 1752 : Preuves, col. 88).

511535, 4 octobre : « Débat fut meu par devant les prevost et justice d’Amance entre Adrian Lescuier chastellain au chasteau Damance pour […] Anne de Ysambourg vefve de feu […] le conte Jehan Ringraffe en son vivant seigneur de Morhange et dudit chaisteau damance […] et honorable homme Nicolas Willaint tabellion et jadis chastelain audit chaisteau […] » (ADMM B 494, no 23).

521523 : « Despense de demey millier de thuille quil ait fourny pour le recouvraige de la maison de la porterie du chastel Damance » (ADMM B 2097, fol. 67v).

531608 : « […] quarante quatre francs pour deux cens planches moins douze de quatorze pieds de longueur pour employer au chateau damance […] cent vinct six francs […] payes a Jean Vesguard thuillier de la thuillerie Damance pour […] quinze milliers de thuilles plates six cens bousche quatre cens de thuilles à crochet deux milliers de thuilles creuses pour employer audit chasteau Damance deux cens cinquante francs a François et Pierre Lenchope recoutveurs […] a la reparation du corps de logis du chasteau Damance du costé de l’eglise la Tournelle et le pas dasne au bout qui est du costé du puix partie du corps du logis jusque et ouctre la chapelle suyvant ce que luy a esté demandé le tout a neuf tant de thuilles que axins reacourder aussy la couverture qui est necessaire en la Tour couverte de thuilles plattes et recouvrir entierement celle couverte de thuilles creuses en matte comme aussy les toitures des granges et estableries dudit chasteau de thuilles creuses le tout aux dictz ouvriers. » (ADMM B 2183, fol. 108 et 109)

541607, 24 avril : « Ottho comte Saulvage du Rhin et de Salm seigneur de Fenestrange […] ait recognut avoir vendu […] a […] Charles […] duc de Lorraine […] le chasteau et tous les bastiments et ediffices, pourpris, colombiers aysances et commoditez d’iceluy que luy […] doibvent appartenir en l’enclos de ladicte ville d’Amance […] pour […] la somme de dix neuf mille francs. » (ADMM B 494, no 52)

551616, 10 février : « Henry […] duc de Lorraine […] feu notre très honoré sire et père […] ayant depuis plusieurs années […] acquesté le chasteau que souloit appartenir au feu comte Ottho de Rhingraff […] ledit chasteau se voit demeuré inhabité depuis lors et tellement deterioré quil serait du tout impossible de pouvoir y habiter nestoit qu’on y emploie somme fort notable de deniers pour le reparer ainsy quil nous serait apparu par la visite quen esté faiste par commissions de nos […] conseillers les […] surintendent de nos finances president et gens des comptes de Lorraine […] Pour la recompense du bon et laborieux service que depuis quinze ans il (Didier Dattel) a rendu a feu messire et pere et a nous […] il nous a pleust de […] luy donner […] ledit chasteau et colline sur lequel il est basty et a ses descendants en ligne masculine […] pour en jouyr a titre […] d’usage et habitation et qu’en considération de la grande despense quil luy conviendrait employer aux reparations dudit chasteau […] il nous pleut luy pourvoir de quelques autres moyens pour le pouvoir entretenir et aussi luy promettre de prendre le marnage et bois necessaire a l’entretement d’iceluy en bois de notre gruyerie dudit Amance, le tout sans prejudice […] au titre […] de capitaine a dit dudit chasteau que […] nous avons octroye a […] Andre Brigeot prevost moderne dudict Amance […] advenant le deces dudict Brigeot le titre de capitaine a vie […] à cause dudict état du chasteau retourne audict Dattel […] Voulons aussy […] qu’attendu que tours et murailles d’iceluy chasteau sont […] fors vielles et caduques pour avoir […] fort longtemps este negligees, s’il arrivait […] que lesdites tours et murailles qui font l’enceinte dudict chasteau ou partie d’icelle viennent à tumber en ruyne iceluy Dattel ny ses dictz hoirs ne soient […] contraintz a la reparation d’icelles. » (ADMM B 87, fol. 60‑63)

561756 : « Le château dont on ne voit plus que les ruines était pentagonal ayant de grosses et fortes tours à ses cinq angles. » (Calmet 1973b, 1 : 7‑9)

571774, 1er novembre : « Sur la requête présentée au roy en son conseil par André Chappé avocat à la cour souveraine de Lorraine et Barrais. Contenant que dans le milieu de l’ancienne ville d’Amance qui n’est plus à présent qu’un village, il se trouve une petite monticule sur laquelle le château d’Amance a ete autrefois baty, il n’existe plus aucune trace des bâtiments qui étaient construits, ce sont des amas de pierres et de demolition qui en couvrent toute la surface et les revers. On ne peut mettre cette monticule en culture qu’en la faisant defricher et transporter les pierres. Ce qui coûtera considerablement.

58Le suppliant se chargerait de faire ce defrichement et d’ameliorer cette monticule […]. Cependant il faut au moins dix années pour defricher avant de pouvoir retirer aucun profit. Ce defrichement sera aussy utile a la communaute attendu que les pierres s’affaissent et s’ecroulent ainsi que les terres et remplissent les chemins qui avoisinent de façon qu’il est impossible de les pratiquer, enfin l’inutilité de cette monticule a deja ete reconnue le 15 avril 1758 par Monsieur le Chancelier de Lorraine qui a permit au père du suppliant et a Monsieur Drian d’y prendre les pierres qui leurs seront necessaires […] Le roi en son conseil a fait concession au suppliant du terrain […] à titre d’accensement […] a la charge de devoir annuellement un cens de sept livres du plus beau blé froment pour chaque jour de terrain […] payable en argent sur le pied de dix huit sous la livre de blé […] ». Fait en conseil d’Etat du roi tenu à Fontainebleau le 1er novembre 1774 (ADMM B 11163).

■ Essai de reconstitution

Critique des sources

59La rareté des mentions de réparation et les contradictions entre certaines sources rendent difficile la description de l’ancien château. Combien y avait‑il de tours, 1, 2, 5 ou 8 ? Les courtines avaient‑elles un tracé ovoïde ou polygonal ? Le géomètre C.L. Montluisant figura avec prudence (en pointillés) le prétendu tracé du château « suivant un ancien plan qui nous a été présenté ». Par qui ? Nous l’ignorons. Notons que le château n’était plus que ruine depuis 140 ans. D’autres observations renforcent le doute sur la valeur de ce plan. Ainsi, le côté nord n’a que deux tours et le côté sud en a trois, sans raison précise. Les tours de flanquement est, ouest et sud n’ont pas d’intérêt militaire (fig. 11).

60Enfin, le château de Mousson qui présente la même topographie et la même datation ne possède pas de tours de flanquement, mais seulement deux tours contrôlant l’entrée ou porterie. De plus, les tours de flanquement sont rarissimes avant le xiiie s.

61Les travaux de couverture du château en 1608 nous offrent un document beaucoup plus digne de foi. L’importance du matériel utilisé et la somme fort élevée versée aux couvreurs prouvent que le duc fit refaire la totalité des toitures trop longtemps négligées par les comtes Rhingraf‑Salm. Ils mentionnent une tour couverte de tuiles plates (toiture en forte pente), une tour couverte de tuiles rondes et une tournelle (petite tour ?).

Interprétation

Le château

62Deux grosses tours circulaires s’élevaient du côté est, le plus menacé. Elles surveillaient l’entrée ou porterie près de laquelle s’élevait la maison du portier. Avant 1608, on abaissa l’une des deux toitures et on la remplaça par un toit presque plat avec tuiles creuses et mortier. Un corps de logis composé de salles de réception, de chambres et de greniers couverts de tuiles plates occupait le côté sud et s’appuyait sur la courtine. Une construction appelée tournelle lui faisait suite. Plus loin, près du puits, au nord‑ouest, se dressait un bâtiment nommé « le pas d’asne », formé d’un corps de logis (les cuisines, peut‑être) et, au‑delà, s’élevait une chapelle castrale. Ecuries et granges de faible surface occupaient les espaces laissés vides.

La basse cour

63Photographie aérienne et cadastre font bien apparaître un éperon triangulaire large de 70 m à la base et long de 45 à 50 m. II est séparé de la motte par un étroit chemin aux pentes très raides. Son altitude est inférieure de 5 m à celle de la motte. Sur ses côtés est, nord et sud, des constructions se sont établies. Le centre est occupé par un Jardin. Nous pensons qu’il faut y voir les vestiges de la basse‑cour du château. Les limites primitives avaient une plus grande extension et suivaient la courbe de niveau de 380 m. Au sud. la rue Saint‑Jean la bordait. Au nord, c’étaient les maisons bâties au‑delà de la rue Saint‑Joseph. L’entrée était située à l’une des deux extrémités de la rue Saint‑Joseph, c’est‑à‑dire, soit au nord avec un plan incliné fort raide, soit à l’est au niveau de la partie haute du village. Nous penchons pour la première solution qui assure une plus grande sécurité.

■ Historique

Amance jusqu’en 1032 (généal. 3)

64Amance (Collin 1965 : 75‑81 ; Lepage 1850 : 126‑138) se situait dans la partie septentrionale du vaste pagus calvomontensis ou Chaumontois. La région ne fut pas épargnée par les invasions normandes (siège de Toul en 889) (Calmet 1745 : col. 768), puis hongroises (sac de Marsal vers 910, de Toul vers 924) (Calmet 1745 : col. 826‑829 et 893). Le calme revient à partir de 925, quand Henri Ier l’Oiseleur rattacha la Lorraine au royaume de Germanie (Calmet 1745 : col. 843). Ce dernier fortifia son pouvoir en confiant aux évêques les fonctions comtales (Calmet 1745 : col. 887). Le Chaumontois conserva toutefois des comtes laïcs dont seuls les derniers représentants nous sont connus :
– Etienne en 891 (Parisot 1899 : 494) ;
– Hugues en 918‑922 (Vanderkindere 1902, 2 : 460), mort vers 946 ; sa veuve Eve en 937 (Parisse 1976, 1 : 136), décédée avant 959 (Duvernoy 1906 : 281‑290), se disait parente de l’évèque de Metz, Adalberon (Vanderkindere 1902, 2 : 461) ; leurs fils Arnould, assassiné vers 950 (Vanderkindere 1902, 2 : 460), et Udalric, abbé de Bouxières, puis archevêque de Reims de 962 à 969 (Vanderkindere 1902, 2 : 460) ; Eve termina ses jours dans son château de Lay‑Saint‑Christophe.

GÉNÉAL. 3 – Les princes d’Amance.

65Amance apparaît dans les textes à partir de 875, date à laquelle la paroisse faisait déjà partie des biens de l’abbaye Sainte‑Glossinde de Metz (Lepage 1862a : 4), peut‑être à la suite d’un don pieux des comtes du Chaumontois. Ceux‑ci furent incapables de s’opposer aux initiatives de puissants laïcs qui constituèrent de petites unités territoriales plus ou moins autonomes (Vanderkindere 1902, 2 : 462). On peut supposer avec quelque raison que c’est en ce milieu du xe s. que l’abbaye Sainte‑Glossinde, soucieuse d’assurer la protection de sa vaste paroisse composée des villages de Dommartin, Amance, Leyr, Eulmont, Blanzey et Seichamps, fit appel aux comtes de Metz. On peut aussi envisager que le comte du Chaumontois, Hugues, laissa une fille. Celle‑ci aurait épousé Folmar, comte de Metz, et apporté en dot les terres d’Amance et de Lunéville (Vanderkindere 1902, 2 : 461‑463). Un membre de ce lignage se serait alors établi à Amance. C’est lui qui apparaîtrait dès 971 sous le nom de Folcuin d’Amance (Parisse 1976 : 838). En 1012, Folmar IV conclut un échange qui concernait certains biens situés à Amance (Parisot 1899 : 139). Ce qui prouve qu’il y détenait encore quelques propriétés. Vers la même époque, c’est‑à‑dire avant 1024, les comtes de Metz matérialisèrent leur domination sur la vallée du Sanon en édifiant un château à Lunéville (cf. notice sur Lunéville). Firent‑ils de même à Amance qui se trouvait sur le chemin saunier reliant Rosières et Dombasle à Metz par la vallée de la Seille ? Rien ne permet de l’affirmer. Notons toutefois que l’éperon d’Amance constituait un remarquable site de refuge, comme l’atteste son appellation d’oppidum encore au début du xiie s. (Lesort 1909 : no 39, 43, 74, 83).

66L’importance du site se trouve soulignée par la décision de Folmar III de donner Amance à sa fille Richilde à l’occasion du mariage de celle‑ci avec Thierry, héritier du duché de Haute‑Lorraine, qui régna de 978 à 1032 (Parisot 1909 : 369‑370). Thierry Ier aimait à résider quelques mois par an à Amance vers l’an 1000 (Picart 1707 : 343). Au cours des années qui suivirent, il commença la construction d’une chapelle dédiée à saint Sigismond sur le territoire de Laître‑sous‑Amance, après avoir obtenu l’érection de ce lieu en paroisse autonome détachée de l’église‑mère de Dommartin‑sous‑Amance (Lesort 1909 : no 44). Il récompensa l’évêque de Toul de son appui en lui cédant une « maison près de la porte d’Amance » (Lepage 1853. 1 : 531), ce qui laisse à penser que le village était déjà fortifié à cette époque.

67Nous savons d’autre part que « Berenger archidiacre de ce château » accepta que la chapelle castrale d’Amance soit rattachée à celle de Laître‑sous‑Amance (Lesort 1909 : no 39). En 1033, l’empereur Conrad confirma les biens de l’abbaye Saint‑Evre de Toul, parmi lesquels figuraient des manses situés à « Velaines sous le château d’Amance » (Calmet 1728, col. 4109).

68Ces éléments permettent d’affirmer que le château d’Amance est antérieur à la première chapelle de Laître et qu’en 1033 son existence était suffisamment bien établie pour qu’il serve de référence géographique dans une charte impériale. Quelles furent les causes de sa construction ? Nous formulerons à ce propos deux hypothèses.

69Thierry Ier, en fortifiant Amance, matérialisait son autorité au cœur même du duché. Il sacrifiait à la mode de l’époque en édifiant une motte sur un éperon. La signification politique l’emportait sur la valeur proprement militaire. Pour mener à bien cette entreprise, il put bénéficier soit de l’appui de son beau‑frère, Etienne, évêque de Toul de 994 à 996, soit de l’appui de son propre frère, Adalberon II, évêque de Metz de 984 à 1005. Lui‑même fut comte de Metz durant cette dernière période. Ceci nous amènerait à dater la motte aux environs de 995.

70En 1005, l’évêque Adalberon II mourut. Le duc Thierry, soucieux de conserver le siège épiscopal de Metz, nomma, en attendant que son fils soit en âge de l’occuper, Thierry de Luxembourg, un de ses cousins. Ce dernier réussit à conserver le siège et même à récupérer le comté de Metz (Parisot 1909 : 382‑383). Amance devint de ce fait une place‑frontière entre le duché et l’évêché à présent rivaux. N’oublions pas que l’abbaye messine de Sainte‑Glossinde y possédait des droits importants et qu’elle pouvait être tentée de faire appel à la protection du comte de Metz. En y édifiant une motte, le duc Thierry Ier assurait sa domination et établissait un contrôle sur deux axes de circulation vitaux pour la cité messine, à savoir la vallée de la Seille et la route de Vic‑sur‑Seille à Metz. Ceci nous amènerait à dater la motte entre 1005 et 1032.

71Rappelons, à titre de comparaison, que Fains et Bar‑le‑Duc apparurent vers 950‑960, Rorthey entre 996 et 1026, Mureau avant 994 et Brixey‑aux‑Chanoines avant 1005 (Bur 1979 : 3‑15).

Amance et les comtes de Bar (généal. 3)

72A la mort de Thierry Ier en 1032, sa petite‑fille Sophie hérita, entre autres biens, de la terre d’Amance. Son lignage perdit en 1047 la charge ducale au profit d’Adalbert, puis de Gérard d’Alsace. Sophie ne conserva que le titre de comtesse comme épouse de Louis, comte de Montbéliard. Les textes mentionnent « Sophia comitissa Bari » en 1076 (Lesort 1909 : no 39), « Sophiam comitissam apud Montiacum » en 1080 (Lesort 1909 : no 49), « Sophya Amantiae comitissa » en 1085 (Lesort 1909 : no 44). Ce qualificatif montre seulement que Sophie attachait son titre aux différents points fortifiés de la principauté territoriale dont elle avait hérité. Ses héritiers conservaient cette qualification en 1137 (Lesort 1909 : no 83). Aucun indice ne permet de croire à l’existence d’un hypothétique « comté d’Amance » (Vanderkindere 1902, 2 : 464). En 1076, Sophie fit élever une nouvelle chapelle à Laître‑sous‑Amance, dédiée à Sainte‑Marie, en remplacement de celle de Thierry Ier (Lesort 1909 : no 44). Elle la donna à l’abbaye de Saint‑Mihiel avec ses dépendances, c’est‑à‑dire la chapelle castrale d’Amance, après avoir dû dédommager l’abbaye de Sainte‑Glossinde patron du lieu (Lesort 1909, no 43). Elle récompensa l’évêque de Toul, Pibon, en lui confirmant la jouissance d’une maison près de la porte d’Amance, car le prélat avait consacré la nouvelle chapelle (Lesort 1909, no 39).

73Les successeurs de la comtesse Sophie continuèrent à honorer le prieuré. En 1121, son fils Frédéric, comte de Ferrette, fit de nouvelles donations (Lesort 1909, no 62). Etienne de Bar, évêque de Metz, se qualifia en 1137 « dominus et advocatus Amantiae » et para son frère Frédéric du titre de « cornes Amande » (Lesort 1909, no 83). Ces titres étaient purement honorifiques. Ils servaient à rappeler les liens qui unissaient ces personnages à la terre d’Amance sur laquelle ils ne résidaient plus.

74Le château d’Amance revint à leur frère Renaud Ier, comte de Bar et de Mousson, chargé de protéger le prieuré de Laître (Lesort 1909 : no 74). Son petit‑fils Henri Ier récupéra en 1178 les droits que les comtes de Ferrette détenaient sur Amance par héritage. L’impératrice Béatrice servit d’intermédiaire et permit à Henri Ier de reprendre d’elle la totalité de la terre d’Amance en hommage‑lige. L’empereur Frédéric Ier, le comte de Bar et le comte de Bourgogne s’engagèrent à détruire toute fortification nouvelle qui viendrait à surgir dans le « circuit du château d’Amance à moins de trois mille » de celui‑ci et dans l’espace qui le sépare de la route de Vic à Metz (Laplace 1974 : no 38). Ce document laisse penser que les évêques de Metz cherchaient alors à reprendre le contrôle de la route du sel. Il est aussi possible que le comte de Bar redoutait les initiatives du duc de Lorraine dont la capitale, Nancy, se trouvait à 12 km de là. L’appui de l’empereur assurait le maintien d’un statu quo très profitable au comte.

75Les comtes installèrent à Amance une avouerie qu’ils confièrent à une famille de ministériaux (généal. 4). L’avouerie disparut après 1196, remplacée par une prévôté dont le premier représentant, Rodolphe, est cité en 1194.

GÉNÉAL. 4 – Les voués d’Amance.

Les comtes de Bar perdent Amance

76Agnès de Bar, fille du comte Thiébaut Ier, épousa Ferry de Lorraine, neveu du duc de Lorraine, Simon II. Elle lui apporta en dot les châteaux et terres d’Amance, Longwy et Stenay (Laplace 1974, no 41). En 1206, après le décès de Simon II, Ferry devint duc de Lorraine. Une querelle, puis un conflit éclatèrent bientôt entre le gendre et le beau‑père. Le 2 novembre 1208, Ferry s’engagea à soutenir son beau‑père contre tout adversaire ou à perdre la dot de son épouse (Laplace 1974 : no 62).

77Dix ans plus tard, le fils d’Agnès, Thiébaut Ier de Lorraine, se rendit coupable de dévastations en Alsace. L’empereur Frédéric II le poursuivit avec sa cavalerie et mit le siège devant la ville fortifiée et le château d’Amance (Calmet 1748, col. 9) où le duc avait trouvé refuge. L’empereur fit appel à la comtesse de Champagne et au comte de Bar qui incendièrent Nancy sur leur passage. Le duc, vaincu, dut suivre Frédéric et mourut deux ans après. Il est possible que le comte de Bar retrouva un droit de contrôle sur Amance à cette occasion.

78La duchesse Agnès légua en 1226 le château d’Amance à ses fils Matthieu II et Jacques, prince de Metz (ADM B 256, fol. 282‑283). Ce dernier abandonna ses droits à son frère quelques jours après (ADM B 256, fol. 295v). Les comtes de Bar conservaient à Amance et dans les environs des biens personnels et les reprenaient en fief des ducs. Le contrôle qu’ils exerçaient sur une porte de la ville en est la preuve. Le décès d’Agnès mit fin à l’équilibre entre les deux princes. Le duc, soucieux d’affermir son autorité, s’engagea dans une politique de grignotage destinée à évincer son rival. Il utilisa les mêmes méthodes qu’à Rosières‑aux‑Salines et à Lunéville. Il fit creuser des fossés autour de la ville, empiéta sur des terrains appartenant au comte et s’empara de la porte de la ville. Un conflit éclata. Malgré ses promesses et la trêve de Mirecourt, le duc persévéra. Le comte Henri II, furieux, jura au traité de Troyes, signé avant 1230, de ne plus reprendre en fief du duc ses biens sis à Amance. Grâce à l’appui et à la médiation des comtes de Bourgogne et de Champagne, Henri II obtint de nouvelles promesses du duc en 1230, mais en vain. Marguerite de Champagne, devenue duchesse de Lorraine en 1231, fit perdre au comte l’appui champenois. Henri II, sans alliés, dut finalement reconnaître le fait accompli après 1233 (Calmet 1748 : col. 28).

79Ajoutons pour terminer que A. Calmet commit l’erreur d’attribuer à ce château un texte daté de 1234 qui se rapporte en réalité à un autre Amance situé dans le département de l’Aube.

Amance et les ducs de Lorraine

80L’acquisition d’Amance renforçait la position ducale à Nancy. Le château devenait une protection nouvelle face aux possessions des évêques de Metz. La prévôté s’accrut au fil des ans pour s’étendre sur près de quarante villages à la fin du xve s. Nous ignorons les noms des prévôts, sauf celui de Jennins Drouez en 1274 (Wailly 1878 : no 159). Le prévôt ducal résidait dans une maison du bourg, levait les impôts et contrôlait la justice. Les livres de comptes ne sont malheureusement pas conservés avant la fin du xve s.

81Les descendants des avoués d’Amance surent s’attirer les faveurs ducales. Dès 1218, ils portaient le titre de « miles de Amantia » (ADMM H 754 ; Germain 1897). L’un deux, Geoffroy, reçut en fief de l’évêque de Metz la terre de Bioncourt en 1234 et y édifia une maison forte avant 1240 (Marichal 1903‑1908, 1 : 320‑321). Moyennant l’hommage sur cette construction, le duc céda à Geoffroy des fiefs dans les villages de la vallée de la Seille. Une famille seigneuriale prenait naissance (généal. 5).

GÉNÉAL. 5 – Les sires d’Amance.

82A Amance, ce lignage conservait le contrôle du château. Il ne tarda pas à se scinder en deux branches :
– la branche aînée constitua à partir de 1250‑1260 la maison de Bioncourt ;
– la branche cadette, avec Wichard, constitua la maison d’Amance à partir de 1274 (généal. 5).

83Son ascension fut rapide. A la seconde génération, elle entra dans la parenté ducale grâce à Jeannette de Bayon, ce qui lui ouvrit les grands offices du duché, comme le maréchalat. L’absence d’héritier mâle interrompit le processus dans le second quart du xve s. et provoqua un éclatement du patrimoine. La seigneurie d’Amance resta à l’une des héritières, Jacquette, et à ses successeurs, les Fénétrange, puis les Salm‑Rhingrave jusqu’en 1607.

84Durant cette longue période d’inféodation, le château perdit son importance stratégique. Par traité du 15 octobre 1473, Charles le Téméraire obtient le contrôle de plusieurs places fortes en Lorraine. Il réclama d’abord Amance puis lui préféra Preny (Pfister 1902, 1 : 389). Le château, laissé sans entretien par ses seigneurs non résidants tout au long du xvie s., ne cessa de se détériorer. Il menaçait ruine en 1607. Le duc lui‑même renonça à le réparer. L’invasion française lui porta le coup de grâce. Le 1er février 1636, le gouverneur de Nancy, Monsieur des Fossez, le plaça sur la liste des forteresses à détruire (Calmet 1757 : col. 210). A partir de la fin du xviiie s., les ruines servirent de carrière et le site fut converti en jardin.

Athienville

■ Localisation

85Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Arracourt.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Marsal.
Eglise dédiée aux saints Pierre et Paul.
Carte IGN 1/25 000 Arracourt, 3515 ouest. CL : 1122,6 x 904,9.
Toponyme : nom germanique Hatto avec suffixe ‑ ing et latin villa, domaine.

■ Vestiges

86Le cadastre de 1828 conserve le souvenir d’une ancienne construction fortifiée au lieu‑dit « Le Châtelet », à 350 m au nord‑est de l’église, en dehors du village, dans une dépression marécageuse drainée par deux ruisseaux (altitude : 225 m). Les anciens fossés, de forme circulaire, larges de 6 m, étaient encore en eau sur les deux tiers de leurs 340 m de circonférence. Ils délimitaient un espace d’environ 100 m de diamètre. Le parcellaire environnant (La Fontaine, Ville la Jue, Rond Jardin) encadré par les chemins de Lunéville et Vic‑sur‑Seille, pourrait correspondre au site de l’ancien village déserté. Les vestiges au sol se limitent à une levée de terre haute d’environ 0,50 m vers le sud, du côté du ruisseau. Il s’agit d’une modeste enceinte en terre, assez rare dans la région (fig. 13).

FIG. 13 – Athienville – Plan cadastral de 1828 section F.

■ Datation

871303, 24 août : « Simonins de Damele‑viers escuiers […] ait recogneu […] que com il eust on waige ceu que Regnaulz Dateinville escuier avoit au iour quil vivoit a Oheinville et a Courbesaul et es bans sauve la fouwerasce pour son hostel Datenville […] pour sept vingt livres de tournois petits et dix livres de toullois […] » (ADMM B 623, no 15).

881309, juillet : « Je Jennette, feme Ferrion de Vy escuier que fut. Et nos Howars filz Dame Agnel que fut et Reniers de Damelevière escuiers […] menbour de Huart et Isabelet anfans lo dit Ferrion faisons savoir a touz que corn li dit anfant Huars et Isabelez deusset avoir de part lor dit pere acune partie et acune raison en la fort maison Datieville contre Simonin de Damelivere escuier […] avons por lez dis anfans […] fait un tel partage […] c’est assavoir que tel partie tel raison et tel droit com li di dite Jenette et su dit anfant Huairs et Ysabeilz avoient […] en ladite fort mason Datienville et en tout son uzuaire par dedans les fossez et par de suers ez dis fossez tout environ selon ceu que li dis tarraulz se portent ou doit porter tout ceu serait quitement et demoirait […] a dit Simonin […] » (ADMM B 698, no 11).

891320, janvier : « Colins Damelecourt escuiers […] est homs liges devant tous homes […] lou duc de Loherene […] et en tient la moitie de la foir maison Dautienville qui est monseigneur lou duc. » (ADMM B 698, no 12)

901350 ‑ Adhemar de Monteil, évêque de Metz, détruit Athienville « Videns ergo episcopus se deceptum statim cum adiutorio Meten (sium) iterum castrum ducis destruxit cum IIII allis, scilicet duo in Amelicort unum in Ethinvilla et unum in Sancto Apro. » (Anonyme 1898 : 326).

■ Historique

91Athienville relevait du comté de Lunéville. Un premier lignage seigneurial y vivait dès 1126, représenté par deux cadets de la maison de Gerbéviller. En 1135, ils participèrent à la fondation de l’abbaye de Beaupré (Montjauze, Vallette 1970 : no 30, 22, 112, 118 ; Parisse 1978 : no 128, 132 ; ADM B 256, fol. 283r, fol. 26r ; Lemercier de Morière 1893, no 275 : 29 ; ADMM B 698, no 4). Une maison forte fut édifiée avant 1298. Le dernier héritier mâle –Renaud– vendit ses biens et décéda avant 1303 (ADMM B 494, no 2 : 3). Les lignages de Vic et d’Amelecourt acquirent des droits sur Athienville. En 1350, les sires d’Amelecourt ayant participé aux côtés du duc de Lorraine à la destruction du château messin de Beaurepaire près de Château‑Salins, furent châtiés par l’évêque d’Adhemar qui ruina leur forteresse d’Athienville. Celle‑ci ne fut jamais rétablie.

Bauzemont

■ Localisation

92Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Nord.
Diocèse de Metz. Doyenné de Marsal. Eglise dédiée à saint Martin.
Carte IGN 1/25 000 Arracourt, 3515 ouest. CL : 1116,4 x 908,7.
Toponyme : nom germanique Bazo et latin mons, colline

■ Vestiges

93Bauzemont est situé à mi‑pente du coteau dominant le cours du Sanon (altitude 250 m). Les vestiges se trouvent à 100 m au nord de l’église. Ils consistent en une vaste plate‑forme rectangulaire (120 x 78 m) incisant le coteau (fig. 14).

FIG. 14 – Bauzemont – Plan cadastral de 1812 section D.

94La partie centrale, légèrement bombée, occupée par un pâturage, ne conserve comme seuls vestiges que des caves dans la partie ouest. Un escalier mène à un couloir large de 2 m puis à une cave de forme demi‑circulaire, haute de 2,50 m et voûtée en cul‑de‑four. Deux pièces rectangulaires (3,60 x 2 m) communiquent avec cette cave. Les éléments d’architecture encore visibles permettent de dater les vestiges du xvie ou xviie s.

95Des traces de fossés sont encore visibles à l’ouest et à l’est de la plate‑forme. Une source les alimentait. L’ensemble est entouré sur trois côtés par des murs. Au nord et au nord‑ouest, un mur haut de 6 m sert à soutenir les terres de la colline aménagées en terre‑plein où se dresse un petit château résidentiel du xviiie s. Du côté est, on peut observer un puissant rempart qui s’apparente à celui édifié autour du château de Condé‑sur‑Moselle (Custines) vers 1490‑1500. Il se compose d’une masse d’argile contenue par deux murs, hauts de 6 m, larges de 0,50 m, encore bien visibles sur 50 m de long. L’ensemble mesurait 10 m de largeur sur 130 m de longueur (fig. 15).

FIG. 15 – Bauzemont – Plan topographique de 1980.

■ Datation

961460, 14 décembre : « Reprise de Godefroy de Bauzemont pour la Haute Cour de Bauzemont et divers biens sis audit lieu […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : 170).

971555 : « Partage des seigneuries de Gerbeviller, Romont Baulzemont faicts entre Pierre du Chastellet et Jean de Ligneville apres le décès de Olry Wisse de Gerbevil‑ 1er leur oncle […]
– la Maison appelée la Basse court appartenant à messire Jean de Ligneville […] entre Claude Durant […] et la ruelle allant au moulin […]
– les habitants en general de Baulzemont et Romont feront le guet au chasteaux et maisons fortes desdits Baulzemont et Romont, ascavoir ceulx dudict Baulzemont au chasteau dudit lieu […]
– […] la maison […] ou est […] l’escolle […] entre Guillaume masson d’une part et les fosselz du chasteau dautre part […] » (ADMM H 704, fol. 44r, 56v et 104).

981619 : « Despence faicte pour les refections […] au château.
Premierement la menuserie
Au gardemanger dicelle il y a une porte de chesne battante. A l’entrée de la cave au desoub dudit gardemanger une porte de sappin. Deux fenestres qui donnent jour a l’escaillier descendant a ladite cave.
En sortant de la cuisine pour aller aux barbacannes une porte de sappin au dedans de ladite cuisine et au dehors une porte. A la chambre ou logeait Maillard une porte de chesne du costé de la court. A l’entrée de l’escaillier qui est aupres de lescuyrie une porte de sappin et une au hault du grenier regardant sur le toict de ladite escuyrie. Au grenier aupres de la bucherie. Au poille qui est aupres du puix. A la chambre joindant. A la cave aupres dudit puix. Une porte de sappin mise à l’huis qui va desoub le pont. A la chambre du chastellain. A la chambre ou l’on mect la farine. Au four. Au dessus dudit four ou lon metoit le sel. A la chambre au desoub de la tour de la Lanterne. A l’escaillier au pres de ladite chambre. A la chambre du vigneron et a lallee par ou on y va. Au passetemps. A l’entrée de la salle. A la gallerie. A la chambre bigaré auprès de ladite salle ou loge Madame de la Mothe. Au cabinet. A la chambre où logeait M. de Vaubecourt. Au poille joindant. A la garderobe de ladite chambre. A lentrée de la gallerie du costé de la galerie de pierre de taille. A la garderobe de la chambre au desoub de la lucarne où logeait Mg de Bonnitout. A la chapelle. A la chambre aupret de ladite chapelle appelée la chambre de la lucarne. A l’escaillier par ou lon va a la chapelle. La chambre proche de la cuisine. A la porterie du château. A la chambre du portier.
Travaux faits au « collombier et à la porterie dependante du château de Bauzemont » Pour avoir fait la cheminee de la porterye […] et rayé les murailles d’allentour et blanchi la chambre. Pour avoir couvert le puix daxins. Pour avoir recouvert le necessaire des barbacannes. Pour avoir mis bas la cloche et la remis au dessus de l’horloge. Recouvrir la porterie et autre choses tant au deux cors de logis que sur les escuries.
Travaux de charpenterie
A Jean et Pierre Glonville quatorze francs pour avoir couppé et arraché tous les sugnons et bois des fossez du château. Audit Glonville […] 10 francs pour avoir arraché tous ceulx des barbacannes. Refection des chevrons de la tour de la Porte. » (ADMM E 27)

991620 ‑ Réfections au château de Bauzmont : « Le toict de la grande cuisine. Le grand grenier et celuy de l’horloge. Le toict de fa bassecourt. La porte de la grange du chateau. Pour avoir paré de la pierre aux barbacannes […] dix neuf voitures de sable […] pour la muraille des barbacannes […] accomoder les portes des barbacannes. Avoir remis deux pieces de bois a la bascule du pont‑levis. La toicture du pressoir de la basse cour […] » (ADMM E 29).

1001623 : « Despenses soutenues par le comptable : 12 francs 6 gros pour avoir fait boucher […] porte et fenestres de la basse court du chasteau de Bezaumont. 20 francs […] pour avoir rebouché les gouttiers de la basse court et faire un coure a la cheminee du four […] » (ADMM E 18).

1011888 – Tradition : « Il ne reste qu’une partie de l’enceinte fortifiée et un débris de tour percée de meurtrières […]. En 1664, la seigneurie de Bauzemont appartient au comte Charles de Tornielles […], mais le village devait alors être désert et le château n’existait plus. La terre de Bauzemont passa ensuite au seigneur de Parroy qui reconstruit une partie du village, puis céda la seigneurie à M. de Bailly qui en 1710 en rend hommage pour moitié à l’évêque de Metz et pour l’autre moitié de la châtellenie de Vie (?) : car l’ancien château avait cette particularité que bien que situé en terre d’évêché, il avait la moitié de ses fossés en Lorraine. La terre de Bauzemont passa ensuite à Mme Philbert, châtelaine très riche qui a dû construire le nouveau château à côté de l’ancien. On voit ensuite un M. Gormand devenir l’acquéreur du château et de la maison des Dîmes à l’époque révolutionnaire […]. Après M. Gormand, M. le baron de Gellenoncourt père du propriétaire actuel l’acheta. Le château fut restauré et l’ancienne demeure seigneuriale et les remparts ont fait place à un parc élégant où une partie des souterrains existe encore. L’un desservait les dépendances du château. L’autre débouchait à 2 km dans le bois Granval au lieu dit : au Trou du Dragon. Au xiiie s., le château fut assiégé. La garnison de Vic vint au secours du seigneur, pénétra dans le château par l’ancien souterrain et fit lever le siège […] » (MS 820).

■ Historique

102Bauzemont appartenait au temporel des évêques de Metz. Un lignage seigneurial y résidait dès 1130. Ses membres sont connus grâce à des dons faits à l’abbaye de Senones et à Saint‑Georges de Lunéville. Leur descendance se perpétua Jusqu’à la fin du xve s. (Parisse 1978 : no 30, 31 ; Germain 1893 : 185‑191). Un des rameaux devint également vassal des ducs de Lorraine pour certains fiefs (ADM B 256, fol. 86r). Ferry de Bauzemont devint châtelain de St Dié († 1467‑1469) (Poull 1965b : 27). C’est son fils, Claude, qui tua le 7 janvier 1477 Charles le Téméraire devant Nancy « comme il passait à la queue de l’étang (Saint Jean), il se trouva embarrassé dans le bourbier où un nommé Claude de Bauzemont […] châtelain de St Diey, homme vaillant mais sourd, déchargea un grand coup de lance sur la croupe de son cheval » (Calmet 1752, col. 381). La branche aînée resta vassale des évêques de Metz et fit ériger une maison forte (la Haute Cour) bien antérieure à son apparition dans un texte de 1460. Le lignage s’éteignit vers 1470 (ADMM G 874 et B 608, no 11 ; Marichal 1903‑1905 : 179).

103La seigneurie fut acquise en 1473 par Jean Wiss de Gerbéviller, bailli d’Allemagne et bailli de Nancy. C’est à lui ou à son fils Olry (environ 1511‑1540) que l’on doit vraisemblablement la construction du rempart (boulevard) d’artillerie. Cet ouvrage est qualifié de « barbacannes » lors des travaux de réfection en 1619‑1620. Leurs héritiers, les sires du Châtelet puis de Tornielles, assurèrent jusqu’en 1643 l’entretien des bâtiments qui disparurent peu après. Les mentions de réparation permettent d’esquisser une description approximative de l’ancienne maison forte et de ses dépendances :
– la basse‑cour comprenait une grange à foin (la moîtresse), un pressoir, un colombier, des entrepôts ; le mur d’enceinte était percé de fenêtres que l’on obtura en 1643 ;
– les défenses se composaient de fossés sur quatre côtés et de « barbacannes » sur trois côtés ; un pont‑levis à bascule donnait accès à la « grande porte » percée dans la « tour de la porte » ; cette disposition rappelle la tour‑porche du château de Gombervaux (Meuse) édifié entre 1338 et 1357. Un portier occupait le rez‑de‑chaussée avec une chambre à l’étage.

104Un puits couvert faisait face à l’entrée au milieu de la cour qu’entouraient divers bâtiments agricoles (une écurie, une grange, de vastes greniers) et les habitations seigneuriales disposées en deux corps de logis avec une chapelle castrale dédiée à saint François. Parmi les dépendances, nous distinguons « la grande cuisine » au premier étage avec sa réserve, ou garde‑manger, et sa cave. Elle jouxtait la laiterie, la chambre du commun, trois autres chambres, une salle pour la farine et un four à pain surmonté d’une réserve de sel. Repas et réceptions se déroulaient dans la « salle » donnant sur la cour. Les parties résidentielles se composaient de chambres pour le châtelain, la famille seigneuriale et les hôtes. Certaines possédaient cheminée et garderobe. Enfin deux poêles sont mentionnés.

Bayon

■ Localisation

105Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné d’Epinal. Eglise dédiée à saint Martin.
Carte IGN 1/25 000 Arracourt, 3416 est. CL: 1093,9 x 894,1.
Toponyme : nom germanique Baio.

■ Vestiges

106La ville de Bayon occupait le coteau nord du vaste promontoire délimité par la vallée de la Moselle et celle de son affluent l’Euron. Le château se dressait à l’extrémité de ce promontoire, sur un éperon orienté sud‑est/nord‑ouest, large d’à peine 40 m à la gorge, et allant en s’élargissant sans excéder 80 m de large et 210 m de long. Sur trois côtés, il se trouvait protégé par un talus à pente très raide dominant de 11 m au sud et à l’ouest le lit de la Moselle, et de 8 m la ville basse au nord. Toute trace de fortification a disparu. Le cadastre de 1824 (fig. 16) et une gravure de 1830 (fig. 17) nous renseignent sur l’état des vestiges au début du xixe s. En confrontant ces images aux mentions de réparations contenues dans les livres de comptes, il est possible d’esquisser une description du château.

FIG. 16 – Bayon – Plan cadastral de 1824 section D.

FIG. 17 – Bayon : entrée du château côté sud en 1830. (Favier 1898 no 1808). Bibliothèque municipale, Nancy.

L’entrée ou porterie

107Elle se composait d’un ouvrage couvert de tuiles, « le basle », long de 15 m et large de 6 m. Un portier en assurait la garde. Ce bâtiment s’appuyait sur deux tours circulaires. La première avait 9 m de diamètre extérieur ; elle contrôlait la première porte en venant de l’extérieur. La seconde tour (6,50 m de diamètre) était plus haute que la précédente. En 1824, elle avait encore trois étages percés d’ouvertures, mais les toitures avaient disparu. Quelques textes du xvie s. permettent de préciser son allure.

1081568‑1569 : « Payé […] à Didier Maignien charpentier demeurant a Baion onze francs […] pour racouster de neuf la tecture dentre les deux tours de la porterie et entree du chasteau de Bayon […] avoir mis bas la thuille pour racouster ladite tecture […] » (ADMM B 2990).

1091571‑1572 : « Neuf francs trois gros […] a Maître Nicolas Gury recouvreur de hault ouvraiges es ardoises […] pour […] recouvrir les deux tours d’entre les deux portes et entrée du chasteau dudit Bayon […] A Jehan Sermant charpentier […] pour la fasson des recouvertures planches chaulx thuilles […] employées a la tecture du basle dentre les deux tours de lentrée et fermeté du chasteau de Bayon […] » (ADMM B 2994).

L’enceinte

110De hauts murs épousaient les contours de l’éperon. A notre connaissance, ils ne possédaient pas de tours de flanquement.

Les maisons bourgeoises

111Il y en avait plusieurs dans l’enceinte du château. Les Lombards en possédaient une qu’ils vendirent en 1377 aux Hospitaliers de Virecourt. En 1424, le curé de Roville céda celle qu’il possédait : « une maison […] corn elle se contient avec sez usuaires davant et darier sean on chastel de Baon entre la mason que fut messire Jehan de Vaire chivallier d’une part et la mason Jehan Bodon d’aultre part. » (ADMM H 838). Il en existait certainement d’autres.

Les maisons seigneuriales

112Jean de Vaires hérita en 1390 d’une maison qui lui venait de son ancêtre Jacques de Bayon (1235‑1303). En 1424 celle‑ci abritait, semble‑t‑il, une chapelle.

113Le baron de Dompmartin possédait en 1551 une maison seigneuriale au château : « Ledict seigneur baron ait […] la collation et provision de la chapelle castrale estant en sa maison fondée en l’honneur et reverence de la Vierge Marie […] Ledict seigneur […] pourra […] prendre une partie de ladicte fontaine (dudict Bayon estans pres la halle) […] et icelle faire conduire a ses frais jusques en sa maison fort et chasteau dudict Bayon […] Ledict seigneur baron a son affouaige es boys de Vellacourt […] pour sa maison dudict Bayon. » (Quintard 1900 : 66). Il semble que ce corps de logis ait appartenu aux sires d’Amance.

114En 1571, on procéda à des réparations dans la maison des sires de Haraucourt‑Chambley : « Fait despence de 30 francs 3 gros 12 deniers que ledit officier a paye au maire de madame et messieurs de Haraucourt‑Chambley pour une neufve apparais faicte à la chambre de la maison madite Dame de Haraucourt chambre ou reside lofficier […] une portette neufve faicte a lescuyerye et estable […] rhabillé le dessus de lavix allant aux chambres de la maison madite Dame […] A Jehan Mathieu pour deux chasy et deux treillis de bois faictz en la grande salle […] une verriere a la grande salle comme recoustrer celles de la chambre dauprès et ou est lofficier […] » (ADMM B 2992).

115Le 28 octobre 1624, le duc de Croy, qui en avait hérité, les céda aux Tiercelins, mais ceux‑ci ne s’y installèrent pas : « Son excellence accorde ausdicts religieux le vieil corps de logis du chasteau d’Haraucourt situé audit Bayon a commencer au nouveau corps de logis basty par le sire Jacob d’Haraucourt lors seigneur dudit Bayon iusques au suivant joignant la part de Monsieur le Prince de Salm dedans lequel vieil corps de logis et place ilz bastiront leur couvent cloistre et eglise. » (ADMM H 834).

116La « maison de Brandenbourg » appartenait à Gérard III de Haraucourt et à ses héritiers. Elle leur fut confisquée en 1477. En 1529, le duc leur en restitua les deux tiers. Ce bâtiment échut par héritage aux comtes de Salm. En 1625, Othon Ludovic de Salm, chanoine de Cologne, abandonna ses droits sur cet édifice aux Tiercelins : « […] une masure scituée en lenclos du chasteau dudit bayon appeles Brandenbourg entre les‑dicts Reverendz Peres a cause de la maison de Chambley a eulx donnée par feu monseigneur le duc de Croy dune part et un lieu appelé les grandes escuries dautre part ensemble la part d’un petit jardin qui est es coline a loposite du derier de ladite masure. » (ADMM H 835).

Le démantèlement du château

117En 1636, les troupes françaises envisagèrent d’abattre les murailles de la ville. Le château ne fut même pas mentionné, ce qui prouve le peu de cas qu’on en faisait sur le plan militaire. En 1667, un officier du duc de Croy résidait toujours au château et administrait le domaine. Les bâtiments avaient été épargnés pendant la guerre. Ce n’est que vers 1900 qu’on rasa l’entrée et ses tours, ainsi que l’église.

118L’église paroissiale se dressait à l’intérieur de l’enceinte du château et servit de chapelle castrale. Détruite vers 1895, elle fut l’objet d’une étude de L. Quintard. Dédiée à saint Martin, elle était antérieure au château. Son plan révèle de multiples remaniements mais le principal intérêt provient de sa fonction funéraire (fig. 18). La plus ancienne pierre tombale est celle de Jacques de Bayon († 1337). Au xve s., les seigneurs du lieu y firent construire des chapelles sépulcrales.

FIG. 18 – Bayon – Plan de l’église avant 1900. 1 porte principale ; 2 nef ; 3 chapelle Sainte‑Anne ou des fonds baptismaux ; 4 tour ; 5 chapelle d’Amance‑Fénétrange ; 6 sépulcre du XVIe s. ; 7 chapelle de Haraucourt‑Brandenbourg ; 8 sacristie ; 9 chœur ; 10 chapelle de Haraucourt dédiée à l’Assomption.

La chapelle d’Amance‑Fénétrange

119Dédiée à l’Annonciation à Notre‑Dame, elle fut édifiée en 1412 pour Henri d’Amance et son épouse. A la fin du xixe s., on pouvait encore y voir, du côté est, une vaste fenêtre gothique flamboyant garnie de losanges de verre blanc où figuraient les armoiries de la maison d’Amance. Un mausolée de même style occupait le côté sud. Une statue de la sainte Trinité, œuvre du xve s., et une autre représentant Notre Dame de la Pitié complétaient le mobilier. En 1515, on y ajouta une œuvre étrangère, en l’occurrence un sépulcre provenant de l’hôpital de Bayon.

Les chapelles d’Haraucourt

120Ces deux chapelles dédiées à sainte Catherine occupaient les bras du transept. La première fut fondée selon toute vraisemblance par Jacques Ier de Haraucourt († 1476) et resta aux mains de ses descendants. La seconde, œuvre de Gérard II ou de son fils André, avant 1477, prit le titre de chapelle de Brandenbourg en raison du titre de l’épouse d’André. Le chœur de l’église prenait jour par cinq fenêtres de style gothique « formées chacune de deux ogives geminées surmontées d’une rose à quatre lobes ». Les armes des Haraucourt figuraient sur les deux premières fenêtres de gauche.

■ Datation

1211204‑1224 : « Hic enim ex secunda uxore ducis Mathei, quae ex lumbis processerat ducis Poloniae dicto Matheo genitus suit, una cum Theodorico Diaboli, domino castelleti propre abbatiam dictam Lestainche situati, ac domino comite de castris, domino Philippe de Gilleberti‑villa et domino Henrico Lumbardi, qui praedium de Bayon acquirens, inibi fortalitium erexit. » (Calmet 1748, Preuves : col. 150)

1221476, 12 août : « La ville et le château de Bayon tenoient encore pour le duc de Bourgogne […] Les garnisons lorraines des villes voisines […] le 12 août 1476 marchèrent avec une armée de 2500 hommes et attaquèrent Bayon. Ils escaladèrent la place. Fortune entra des premiers avec ses gens. Les seigneurs qui commandaient dans la place furent menés prisonniers à Vaudemont. » (Calmet 1752 : col. 342)

■ Historique (généal. 6)

123Bayon relevait du duché de Lorraine. La seigneurie fut donnée en apanage à l’un des fils de Ferri de Bitche († 1204‑1207), Henri dit « Le Lombard » qui édifia le château avant 1224. La structure du bourg dut s’en trouver modifiée d’autant que les activités économiques prospéraient comme l’atteste la présence d’une « rue des Orfèvres ». Bayon contrôlait le trafic de la vallée de la Moselle (fig. 16).

GÉNÉAL. 6 – Les sires de Bayon.

124La descendance mâle d’Henri s’éteignit au milieu du xive s. (Parisse 1976 : 356). La dernière héritière, Jeannette, fit entrer la seigneurie dans la maison d’Amance. Deux générations plus tard, Bayon fut partagé en deux vers 1422 (ADMM E 238, fol. 39) :
– Jacquette d’Amance transmit sa part à son fils Jean de Fénétrange, puis aux héritiers de celui‑ci, les Dommartin au xvie s. et les Croy au xviie s. ;
– Catherine d’Amance transmit sa part aux sires de Haraucourt en 1422 également.

125Au cours du conflit entre la Bourgogne et la Lorraine, le lignage de Haraucourt se divisa politiquement. André prit le parti de Charles le Téméraire en 1475. Le 12 août 1476, un habile coup de main permit aux partisans de René II d’occuper le château (Calmet 1752 : col. 342) et de capturer le félon dont les biens furent confisqués (ADMM B 702, fol. 95‑96). Sa fille, Anne, ne récupéra en 1529 qu’une partie de l’héritage, qui prit dorénavant le nom de « seigneurie de Brandenbourg » jusqu’à la fin du xviie s. (ADMM B 823, no 19 ; ADMM H 835).

126Jacques, cousin germain d’André, resta fidèle au duc de Lorraine et trouva la mort en 1476 en assiégeant Nancy occupé par les Bourguignons. Il fut inhumé dans la chapelle familiale à Bayon. Ses trois fils, Perrin, Henri et Evrard optèrent pour la Bourgogne ; capturés eux aussi en août 1476, ils perdirent leur héritage. Le duc les gracia en 1478 et leur restitua leurs biens (ADMM B 702, fol. 91‑96) ; les descendants de Perrin, les Haraucourt‑Chambley, conservèrent la part de seigneurie jusqu’à sa vente à la fin du xvie s. aux Dommartin (ADMM H 834).

Bezange‑la‑Grande

■ Localisation

127Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Arracourt.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Marsal.
Eglise dédiée à saint Marien.
Carte IGN 1/25 000 Arracourt, 3515 ouest. CL : 1124,8 x 903,8.
Toponyme : nom germanique Biso et suffixe ingas (propriété de).

■ Vestiges

128Le cadastre de 1828 mentionne un lieudit « La Forte Maison » située à 100 m au nord de l’église, dans une dépression marécageuse, au confluent du ruisseau de Boulinpré et de la Loutre noire. Toute construction avait disparu. Le terrain est occupé de nos jours par des pâturages (fig. 19).

FIG. 19 – Bezange‑la‑Grande – Plan cadastral de 1828 section E.

■ Datation

1291534, 22 juin : « […] Symonet sergent de monseigneur le baillis de levesché (de Metz) […] at recognu et confessé que a la requeste de honoré seigneur Jehan conte de Saulme […] il a esté licencié […] au dit lieu de Bezanges pour mectre […] ledit sieur conte […] en possession reelle […] de la terre et seigneurie […] appartenant et deppendente de la fort maison dudit Besenges ensembles des rentes censes droictures […] dicelle seigneurie tant ce que les chappelains de la chapelle Sainct Claude située en leglise Sainct Marien de Vy y tendent […] comme tous aultres et ce par vertu dung rachapt faict dicelle seigneurie qui ledit seigneur comte ait fait es mains des chappelains […] Ledit Symonet sergent […] accompagné […] de Jehan […] jadis maire de Vy comme procureur dudit sieur conte ait entré on pourpris de ladite fort maison comme représentant le chief dicelle seigneurie. » (ADMM H 1236)

1301540, 7 décembre : « Nous Jehan comte de Salme […] avons vendu à frère Nicolas Aulbertin […] abbé de […] Notre‑Dame‑de‑Sallival […] une place comme elle se contient gisante on ban et finaige de la Grans Bezange appelé la forte maison avec toutes les appendences et dependances d’icelle maison gisant entre le chemin commun d’une part et le ruis d’aultre. » (ADMM H 1225)

■ Historique

131Bezange relevait du temporel de l’évêché de Metz. Le premier représentant d’un lignage noble apparaît en 1110 en la personne de « Hugo nobilis vir de Bisenchez » (Lepage 1853 : 137 ; Lesort 1909 : 226). Au xiiie s., se succédèrent Huon de Bezange en 1266 (Pange 1930 : no 285), Bertrand en 1296 (Bénédictins 1973, 3 : 242‑243), puis Jean († av. 1359) et son fils Lietard (1356) (ADMM B 840, no 87). En 1422, Jean reçut en fief la maison de Montigny (ADMM B 345, fol. 181). Son fils Perrin épousa Perrette Roussel d’une famille de citain messin et décéda avant 1464 (ADMM B 840, no 88‑89). On ne sait comment leur maison de Bezange fut acquise par la collégiale Sainte‑Claude de Vic‑sur‑Seille. Les chanoines la vendirent en 1534 au comte de Salm. La date de sa disparition n’est pas connue.

Bezaumont

■ Localisation

132Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Pont‑à‑Mousson. Bezaumont. Marivaux.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Urbain.
Carte IGN 1/25 000 Pont‑à‑Mousson, 3314 est. CL : 1135,2 x 876,3.
Toponyme : nom germanique Boso et latin mons, colline

■ Vestiges

133Le cadastre de 1827 présente une enceinte extérieure (65 x 80 m) flanquée de deux tours circulaires de 6 m de diamètre. Un vaste corps de dépendances (65 x 5 m) occupait le côté sud. Un plan de 1834 (fig. 20) permet de préciser la structure de la résidence seigneuriale. Il s’agit d’une maison tour, pourvue de deux tours circulaires dans les angles sud‑ouest et nord‑est et de deux contreforts dans les autres angles. L’espace intérieur se divisait en deux pièces dont l’une était en partie occupée par un grand escalier et qui s’ouvrait par une porte vers le sud.

FIG. 20 – Bezaumont‑Marivaux – Plan de 1834. (Grille de Beuzelin 1834).

134Les vestiges se trouvent à l’extérieur du village, à 400 m au nord de l’église au lieu‑dit Marivaux. Ils s’accrochent au flanc oriental de la côte de Moselle, à 330 m d’altitude sur un niveau de marnes liasiques, à côté d’une source, et bénéficient d’un remarquable observatoire sur la vallée. Les bâtiments sont à l’abandon depuis 1914. Une épaisse végétation envahit les abords tandis que les murs s’effondrent davantage chaque année, comme le montre une photographie prise en 1937 (fig. 21). On distingue encore le tracé de l’enceinte extérieure et l’emplacement des tours ouest.

FIG. 21 – Bezaumont‑Marivaux – Vue de la maison forte avec la tour sud‑ouest vers 1937 (cl. coll. privée).

135La maison se compose d’un bâtiment (13 x 12 m) construit en petits moellons calcaires, recouverts d’un crépi. La tour nord‑est (diamètre intérieur 2,50 m ; épaisseur du mur : 0,50 m) s’est conservée sur une hauteur de 4,50 m. La tour sud‑ouest est réduite à 1,50 m de haut et son diamètre intérieur atteint 3 m. Un pan de mur offre encore de belles ouvertures de tir pour arquebuses du xviexviie s. Les murs est et nord se sont effondrés. Le mur ouest ne tardera pas à subir le même sort. On y remarque un bel encadrement de porte et quatre fenêtres qui mériteraient d’être sauvées. A l’intérieur du bâtiment, les vestiges d’un bel escalier en pierre et un mur séparant le logis en deux parties sont encore visibles au milieu des éboulis.

■ Datation

1361244, avril : « Reprise de Brunequin fils Jacques de Pont a levesque de Verdun de la Grange de Meraval. » (BN Coll. Lorraine vol. 717, fol. 312v)

1371260, décembre : « Je Symonins Matons fiz le signor Forque de Deulouard chevalier qui fut fait cognissant à touz que je teng […] ma grange de Meirvial qui siet entre Bussomont et Loisei et quant que i apent vignes preis et terres ligement en fief […] » (BN Coll. Lorraine vol. 716, fol. 35v).

1381263, avril : « Je Burnekins fiz mon soignor Jaque de Pont chevalier de Mes fas quenoissant […] que je suis hons mon soignour Roubert […] evesque de Verdun […] de la grenge de Merauval que siet entre Buzoumont et Loisi et de terres et de prais qui appendent a la devant dite grange. » (BN Coll. Lorraine vol. 716, fol. 64v)

1391328, 21 mars : « Nous Henris […] evesque de Verdun fasons savoir […] à tous que […] Baulduyns de Merevaulz escuiers notre homs […] ait recognui […] que il ait vendu […] a Colart du Pont a Moussons fil Fourkignon dit Ysorey escuier qui fut vingt seix livres de bons petits tournois viez coursables a chainge de Mes […] la maison de Mereivaulz la grainge la bergerie les edifices lou pourpris […] le jardin deleis icelle maison, dous cens jours de terre arauble […] trente huict faulcies de prey […] douze faulcies de pasquis […] trois jours de vigne […] pour le prix de douze vins et quinze livres de bons petits tournois viez. » (ADMM H 67)

1401467, 7 mars : « Damoiselle Cleison vefve de feu Collart de Puixe escuier […] ait […] vendu […] a noble escuier Joffroy de Vergney maistre eschevin du Pont à Mousson […] le tiers entierement de la fortmaison de Mereval on vaut Saincte Marie seant entre Buzomont et Saincte Geneviève […] une grainge seant devant ladite fort‑maison avec les merchalcies joignant a icelle grangette avec les usuaires […] pour le prix de cent et septz francs douze gros messeins […] » (ADMM H 67).

1411485, 3 mars : « Je Joffroy de Vergney […] ad cause de Marguerite ma femme fille de feu Collard Ysorel du Pont, je tien […] et ays reprins de mains et de bouche en fief […] de […] honoré seigneur […] Loys de Haraucourt evesque et comte de Verdun les deux partz entierement de la forte maison de Mereval on ban Saincte Marie et de tous les ediffices menoirs et appartenances d’icelle tant granges bergeries et autres ediffices et pourpris de ladicte maison » (ADMM H 67).

1421658, 20 avril – Déclaration et dénombrement des petits gaignages appartenant aux Révérents Pères Bénédictins anglais du couvent de Saint‑Laurent‑de‑Dieulouard : « A nous appartient le fief terre a prey et seigneurie de Merevaux diocese de Metz par nous acquis de Mademoiselle de La Tour le 20 avril 1658 laquelle terre consiste en une maison champêtre avec basse cour, bergerie colombier et jardins enclos et vergers en cent quatre vingt jours de terre […] dix huit faulchez de preix […] sept arpens de vigne […] cent arpens de boix […] ». (ADMM H 52).

1431792, 9 mai – Don Richard, prieur du monastère Saint‑Laurent, fait procéder à la visite des bâtiments de Marivaux par un expert, Nicolas Luc, charpentier, qui dresse la liste des réparations à effectuer. Nous ne reproduirons pas le détail des travaux nécessaires, mais seulement la liste des pièces, dépendances et portes : « La grande porte dantrée du cotté du Levant ; la petite porte a cotté. Les memes portes du cotté du couchant. » ; « La porte dantrée du corps de logis la porte de la cuisine […] le pavé en vetusté ainsi que le foyer de la cheminée, les deux vitres […] La porte du Poïel […]. La chambre au bout du Poïel qui prend jour du cotté du nord […] le foyer de la cheminée […] Sur le millieu de l’escaillier ou lon monte au chambre haute […] sur le plafond de cet escaillier il y a une fenêtre […] La porte de la chapelle […] les deux vitrages de ladite chapelle […] La porte du grenier au dessus du Poïel […] le planché au dessus dudit grenier est en vetus‑tete. La porte de la chambre haulte […] le foyer de la petite cheminée de cette chambre […] La Porte de landroit appellé la prison […] L’escaillé tournans en bois de chene ou lon monte au grenier au dessus des chambres est bon […] Il y a deux portes sans vollets qui communiquent a la tour qui est du cotté du nord et au bas de lescaillé une porte sans vollet […] Sortant du corps des logis ou appartement qui donne sur la cour le vollet de la porte du grenier a bled […] A la cave […] La cave voisine de la precedante […] La porte de la chambre à four […] La porte du grenier au dessus est ferrée […] Le plancher du grenier et lou grenier au dessus […] A lescury des chevaux […] La vachery […] une gerbiere au grenier au dessu […] A la grange […] Au poullalié voisin de ladite grange […] A la petite bergerie […] a la grande bergerie […] Au pressoir […] La tour au dessou du pressoir et qui est au bas du cotté du nord […] Au grenier de laditte tour il y a une porte sans volet […] Au columbier […] cinq cent nids de pigeons […] une échelle tournante au milieu […] la toiture dudit colombier […] de thuilles plates […] Au jardin potager il y a neuf toise de Lorraine de mur fait à sec qui sont en partyes écroullé […] A la fontaine qui est en la cour […] Sur les murs qui font partie de la cloture de la cour. Entre la bergery et la vachery il y a un hallier […] ». Le charpentier procéda à une visite de contrôle le 10 avril 1793, après que les réparations eurent été réalisées (ADMM H 67).

■ Historique

144La terre de Bezaumont relevait de la châtellenie de Dieulouard, possession des évêques de Verdun. Une exploitation agricole tenue par un lignage de chevaliers existait dès le milieu du xiiie s. à Marivaux. Avant 1328, une « maison » ou logis seigneurial fut édifié à côté des constructions rurales, puis fortifié bien avant 1467 par la famille Ysorey. Au xvie s. le domaine passa aux sires de la Tour en Woëvre qui la vendirent le 20 avril 1658 aux bénédictins anglais de Dieulouard, avant de devenir bien national en 1793.

Blainville‑sur‑l’Eau

■ Localisation

145Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Metz. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Jean‑Baptiste.
Carte IGN 1/25 000 Bayon, 3416 est. CL : 1102,6 x 900.
Toponyme : nom germanique Bladin et latin villa, domaine.

■ Vestiges

146Blainville est situé sur un coteau dominant la vallée de la Meurthe (altitude 228 m). Le cadastre de 1835 conserve le toponyme de « rue du Château » dans la partie nord‑ouest de la ville, peut‑être en souvenir de la maison forte médiévale dont plus rien ne subsiste. La ville présente un plan très régulier depuis sa reconstruction à partir de 1621. Un nouveau château fut alors édifié dans la partie sud‑est.

■ Datation

1471308, 13 novembre : « Je Ferris de Plombieres chevalier […] tout ceu que je avoie et poie avoir à Bleinville depart mon signer le duc Ferri de Lorraine […] toutes telles choses que je ai vendui et eschangie a […] Thiebault […] duc et marchis de Lorraine. Et me ait rendus en bons deniers trois cens livres de toullois et encor vinc et cinq livres de teires […] » (ADMM B 879, no 55).

1481339, 25 mars : Echange entre Burnique de Riste qui cède le château de Lunéville et le duc Raoul qui lui abandonne Blainville : « Et nous Raoul dus […] avons volu […] que […] li dit messire Burniques et dame Jehenne sa femme aient a lours vies tant seulement et au plusc vivant dailz dous la mason fort de Blenville les focez et lou pourpris les masons les greinges et édifices les marechaucies et toutes les appartenances de la dicté fort mason entierement la ville les hommes et femmes de Blenville ceu que nous avons on molin et es appartenances que siet entre Blenville et Dameleviere notre vigne que nos avons outre murt que siet deles lou boix con dit le boix Werri notre prey que siet deles lestant de la mairs et tout ceu entièrement […] que nos […] avons […] en la dicte fort mason en la ville de Blenville on ban et es appartenances […] » (ADMM B 793, no 28).

1491346‑1363 – Le duc Jean fait un échange avec sa tante Marguerite, épouse d’Ulrich de Ribeaupierre : « Mon dit signour li duch Jehan ait miz et assignait en la main de la dite dame Marguerite et de sez noirs et dou dict monsignour Olri […] le chasteil et la ville de Blainville pres de Luneiville. » (ADMM B 575, no 141)

1501423, 20 avril : « Je Albert Dourches escuier […] jay repris […] en fied et en homaige de hault puissant prince […] Charles duc de Lorrainne […] ad cause de Jehenne de Fontenoy ma feme […] leuttyme partie de la forteresse de Blenville et leuttyme partie en la ville […] » (ADMM B 698, no 29).

1511432, 23 août : « René filz de Roy de Jerusalem […] savoir faisons […] le transport et engagement faiz par notre feal messire Aubert Dourches et Jehanne de Fontenoy sa femme a […] Ferry de Domp‑balle notre prevot de Preny et de Comtesse sa femme de tout le droit […] que […] Aubert […] et […] Jehanne […] ont […] en la maison et forteresse de Blainville et en teres ventes et revenues et appartenances dicelle parmi la somme de deus cens francs […] » (ADMM B 881, no 21).

1521455, 24 février : « Jehan seigneur de Darnieulles, bastard de Lorraine et Dame Phelippe de Marche sa femme […] vendent à […] Jean duc de Calabre tous les droits quils ont en la ville et fourteresse et gaignage de Blenville […] » (ADMM B 881, no 21).

1531469, 6 novembre : « […] Jean filz du Roy de Jherusalem […] scavoir faisons nous aux regards aux bons […] services que notre […] bien aymé Philibert de Brexey nous a fait […] nous lui […] donnons et octroions […] tout telle droict cause raison et action […] que nous avons […] en la ville et chasteau et seigneurie de Blainville […] » (ADMM B850, fol. 45v).

1541579, 16 avril : « […] Nicolas de Lorraine, duc de Mercceur […] marquis de Nomeny […] cognaissons […] tenir en titre de gaigiere […] de monseigneur le duc de Calabre les terres et seigneuries de Landecourt, Serainville et Franconville, Blainville le chasteau en gaignaige en deppendance pour la somme de 18500 francs […] pour laquelle il a pleu audit sieur […] laisser retirer lesdites terres […] des mains des hoirs de feu […] Pierre du Chastellet […] » (ADMM B 881, no 88).

1551621 : « Antoine de Lenoncourt primat de Lorraine, abbé de Beaupré, obtint l’érection de Blainville en comté en sa faveur c’est lui qui fit enclore la ville de remparts et construisit un nouveau château. » (MS 820)

■ Historique

156Blainville relevait du Duché de Lorraine. Un lignage seigneurial, connu entre 1135 et 1293, y était possessionné. Certains de ses représentants figurent dans des actes de donation aux abbayes de Beaupré et Belchamp (Montjauze, Vallette 1970, no 22 : 104 ; Dedenon 1933 : 41 ; ADMM H 1281, fol. 5v‑6v ; Wailly de 1878, no 323). Ce lignage disparut à la fin du xiiie s. et le duc récupéra ses biens.

157Le 25 mars 1339, Burnique de Riste reçut la maison forte et la ville de Blainville en échange de ses droits sur Lunéville. Il décéda sans enfant. Le duc racheta la seigneurie dès 1344 (Lepage 1853, 1 : 144). Aux xive et xve s., différents seigneurs se partagèrent certaines parties du domaine, mais l’essentiel resta au duc (ADMM B 881, no 22 ; ADMM B 85, fol. 45v).

Bratte

■ Localisation

158Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Nabor.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3413 ouest. CL : 1130,6 x 885.
Toponyme : mot germanique brùts, bourgeon, ou ancien français brost, gui.

■ Vestiges

159Le village de Bratte est situé à 320 m d’altitude, sur la ligne de crête qui sépare la vallée de la Mauchère et celle de la Natagne, au milieu du massif du Grand‑Couronné.

160A 100 m à l’est de l’église, une exploitation agricole abrite les vestiges d’une habitation fortifiée (fig. 22). Une tour rectangulaire (20 x 16 m), haute de 7 m, aux murs épais de 1,50 m a conservé son allure défensive. Les ouvertures ne sont pas antérieures au XVIIe s. sauf une petite fenêtre de style gothique sur le mur est. A l’intérieur, on rencontre un rez‑de‑chaussée avec cheminée murale, un étage de chambres puis les greniers (fig. 23).

FIG. 22 – Bratte – Plan cadastral de 1828 section C.

FIG. 23 – Bratte – Vue de la maison forte en 1980.

161La basse‑cour se compose d’une étable (35 x 15 m) à l’est, d’un pigeonnier carré du xviie s. au nord, d’un hangar (16 x 7 m) à l’ouest. Elle constitue également une protection supplémentaire. On ne note pas de différence avec le plan du cadastre de 1818.

■ Datation

1621334, 16 octobre : « […] ma dame Ysabeilz de Broites femme jadis monsignor‑Walthier de Serieres chevalier qui fut ; ait recogneu de sa propre et franche volontei, quelle tient et doit tenir elle et sui hoir aprez ley a toujiours en fye et en homaige ligement […] de […] Edduart conte de Bar […] la forte maison de Brote, la grainge, les ediffices, lou pourprix, lou gerdin darriere et toutes les appandises de toutes pars, lesquelles choses […] ladite ma dame Ysabeilz ait repris de notre dit signour lou conte, comme de soin franc aluef […] et pour la somme de cent livres de bons petits tournois, quelle en ait […] receu doudit […] conte […] » (ADMM B 387, fol. 280v).

1631432, 27 juin : « Je Perrin Renquillon citain de Metz […] pour et à cause de dame Hillewys de Wauthiemont ma femme et avant femme de messire Rillon de Sarley chevalier, ay reprins […] la fort maison de Bratte. » (ADMM B 868, no 54)

■ Historique

164Bratte relevait du comté de Bar. Au début du xiiie s., une famille d’alleutiers donna naissance à un lignage seigneurial qui reçut de modestes fiefs des différents princes locaux. Ainsi Arnoul de Bratte en 1238 (Parisse 1976 : 611), Jacques en 1260 (Marichal 1903‑1908, 1 : 364), Guillaume en 1274 (Pange 1930 : no 487), ses deux frères Arnoul et Robin, gardes au château de Condé‑sur‑Moselle (Custines) en 1272 (Marichal 1903, 42 : 311), Jean garde au château de Frouard en 1290 (ADM B 256, fol. 12). Au début du xive s., Isabelle de Bratte hérita de la modeste seigneurie et la fit entrer dans la maison de Serrières. Une maison forte y fut édifiée avant 1334 et reprise en fief du comte de Bar (ADMM B 387, fol. 280v). La terre passa par héritage aux sires de Vatimont au xve s. (ADMM B 387, fol. 280).

165Bratte illustre fort bien le processus qui donna naissance aux modestes seigneuries, lignages et maisons fortes entre 1230 et 1330.

Brémoncourt

■ Localisation

166Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné de Deneuvre.
Eglise dédiée à saint Rémi.
Carte IGN 1/25 000 Bayon, 3416 est. CL : 1095,1 x 897,5.
Toponyme : nom germanique Beremund et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

167La maison forte se dresse dans une dépression marneuse (altitude : 300 m) au pied de la côte qui porte le village. Distante de 400 m de l’église en direction du sud‑est, elle constitue un écart bien individualisé. Un ruisseau prend sa source à 200 m vers l’ouest. La disposition actuelle des vestiges correspond à celle du cadastre de 1834 (fig. 24).

FIG. 24 – Brémoncourt – Plan cadastral de 1834 section D.

168La maison est établie sur une terrasse rectangulaire (30 x 33 m) environnée sur trois côtés par un fossé large de 10 m, profond de 1 m et long de 50 ou 60 m (fig. 25). Le ruisseau qui autrefois l’inondait, le traverse toujours puis s’écoule vers l’est dans une dépression où subsiste la digue d’un ancien étang.

FIG. 25 – Brémoncourt – Vue de la maison forte au centre et des dépendances agricoles à droite, en 1980.

169L’habitation seigneuriale (fig. 26) se compose d’un bâtiment en fer à cheval, juxtaposant deux types de construction. Le corps principal, à l’est, mesure 28 m sur 9. Deux tours circulaires (5 m de diamètre extérieur) protègent les angles sud‑est et nord‑est. Cette dernière conserve une petite meurtrière taillée dans un seul bloc datable du xiiiexive s. Toutes deux ont été tronquées et coiffées de toitures à pans coupés. Les murs laissent apparaître d’inquiétantes lézardes. Le bâtiment se compose de deux niveaux d’habitation surmontés de greniers. Toutes les ouvertures datent des xviiexviiie s. Les ailes nord et sud, en retour d’équerre, n’ont qu’un niveau d’habitation et correspondent aux communs. Tous les murs sont édifiés en petit appareil irrégulier crépi au mortier de chaux.

FIG. 26 – Brémoncourt – Vue de la maison forte côté nord, en 1980.

170A 50 m à l’ouest, on rencontre les dépendances composées de deux bâtiments quadrangulaires et massifs (21 x 21 m) et (21 x 31 m) servant d’étable et de grange.

■ Datation

1711317, 8 juin : « Nous Ferry dus de Loheraine faisons savoir […] que notre amei […] Ferry de Plomieres sires de Bromoncourt chevaliers et Jaiques seiz filz escuiers […] ont vendui […] a […] notre amei frere Maheu de Lohereine […] tout ceu qu’il ont […] a Einvalz et Chamont […] fors ceu que li dis sires Ferri et sui hoir apres lui doient molre au molin Deinvalz senz paier molture a touz iours maiz pour tour hosteil de Bromoncourt. » (ADMM B 670, no 5)

1721319, 19 janvier : « Jaiques et Gerairs freres enfant notre signour Ferri de Plumieres chevalier qui fut […] ont vendu […] a noble damoisiel Maheu de Lorrengne […] la moitié de la ville de Bremoncourt […] exceptées […] la fort maison les fousseis et le gerdin de ladite fort maison ensi com li clos le donet. » (ADMM B 821, no 20)

1731321, 10 juin : « Jaiques de Bremoncourt escuier […] ait vendu […] Maheu de Lorreine […] la greinge de Bremoncourt sceant devant la fort maison de Bremoncourt on leu con dit en la crowée du Reverceil et tout l’usaire de la dite greinge […] sans rien arretenir exceptey suerf la buverie que est appartenans ai la dite greinge […] parmy la some de seize livres de bons petits tournois. » (ADMM B 880, no 73)

1741321, 1er septembre : « Je Jaikes de Bremoncourt escuiers […] ait vendu […] a […] Maheu de Lorreine pour lui et pour ses hoirs les trois pairs de la fort maison de Bremoncourt. des foces. des gerdins et dou sacif de tou lou clou et de tout lusuaire qui appent entierement […] par my le some de sexante et quaitre livres de petits tournois […] » (ADMM B 709, no 9).

■ Historique

175La terre de Bremoncourt relevait du duché de Lorraine. Au XIIe s., la cure fut donnée à l’abbaye de Belchamp et au milieu du xiiie s., les sires de Vandières‑Sorcy reçurent en fief la moitié du domaine.

176En 1291, le duc Ferri III donna cette terre avec celle de Lenoncourt et Plombières à son fils cadet Ferri. Celui‑ci fit aménager des étangs et deux moulins sur le ruisseau voisin (Pange 1930 : no 1371), édifia des bâtiments à usage agricole appelés la « grange » et enfin une maison forte avant 1319. Pressé de dettes, il fut contraint de vendre ses biens entre 1317 et 1321 à son cousin Matthieu de Lorraine. A travers ces actes de vente, on peut remarquer que la topographie des lieux était très voisine de celle d’aujourd’hui (généal. 7).

GÉNÉAL. 7 – La maison de Lorraine, seigneurs de Brémoncourt.

177Au début du xve s., Collignon de Ludres, bailli de Nancy (1406‑1417), entra en possession de Bremoncourt et la transmit à ses descendants, les sires de Deuilly puis ceux de Ville‑sur‑Illon (Lepage 1869 : 90) (généal. 8).

GÉNÉAL. 8 – Les Deuilly, sires de Brémoncourt.

178Aux xvie et xviie s., la seigneurie passa aux Raigecourt (ADMM H 1281, fol. 9 ; d’Hannoncelles 1856, 2 : 210‑214).

Buissoncourt

■ Localisation

179Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Martin.
Carte IGN 1/25 000, Saint‑Nicolas‑de‑Port, 3415 est. CL : 1126 x 894,8.
Toponyme : nom germanique Biso ou Boso et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

180Le village se trouve sur une légère ondulation marneuse (223 m) encadrée par deux ruisseaux. Il ne subsiste aucun vestige fortifié. Le cadastre de 1808 fait apparaître, à 180 m à l’ouest de l’église, un vaste bâtiment appelé la « cour » composé de corps en fer à cheval de 40 m de côté entourant une cour où se dresse un pigeonnier. Le cadastre de 1889 qualifie la construction de « château ».

■ Datation

1811270‑1279 – L’évêque Laurent de Lichtemberg cherche à protéger Buissoncourt : « Hic Bussoncuriam Villam muro cingere incepit sed dimisso opere non perfecit. » (Anonyme 1898 : 314)

1821284, 11 mai : « Nous Bouchars […] esleu de Mes et nous Feris dus de Lehereine faison conaissant […] les acors fais entre nous […] li estains de Bussoncourt demeure au dus […] en teil maniere ke nous dus devons rendre […] as homes del eveschiet de Villeines et de Remereville cheu qui li estans devant dis ait pourpris dou lour prei por prei, terre per terre […] Et est encore acorde ke la neuveville com dit Bussoncourt et la fortereche et ce ke i apent fuers ledit estans et Remereville et ce ke i apent et Vileines et ce ke i appent et cheu que nous eslus de Mes […] avons a Courbessal a Gillerencourt a Aremberviller et a Sourneville et as appendises doient être a nou dous […] » (ADMM B 879, no 17).

1831284, 11 mai : « Jou Ferris, dus de Loherenne […] fais savoir […] ke […] Bouchars […] esluis de Mes, me demandast la vies Bussoncourt pour raison de ce qui dit qu’eile est des appendisses de Remereville et de Vilaines […] » (Marichal 1903‑1908, vol. 1 : 46).

■ Historique

184Buissoncourt appartenait à la châtellenie d’Amance d’abord possession barroise puis lorraine au début du xiiie s. En 1251, Buissoncourt et les villages voisins constituèrent la part d’héritage de Jacques de Lorraine, évêque de Metz qui en fit don à son église en 1260 (Calmet 1748 : 84). L’évêque Laurent de Lichtemberg commença à fortifier le village sans parvenir à empêcher le duc Ferri III de réoccuper ce domaine en 1273. Cette fortification provisoire ne semble pas être un château ou une maison forte mais une enceinte villageoise. Après de multiples tractations, le duc et l’évêque aboutirent à un accord. Une seigneurie indivise qualifiée de « mairie de Buissoncourt » et comprenant les villages de Remereville, Velaines, Courbessaux, Gellenoncourt, Erbeviller et Sorneville fut constituée comme l’atteste la formule « la Neuveville com dit Bussoncourt » (Perrin 1924 : 6).

185Au xvie s., le duc de Lorraine racheta les droits de l’évêque de Metz sur cette terre. Le terme « ville neuve », terme juridiquementionné dans les actes d’accompagnement, est synonyme d’affranchissement. Il ne désigne pas la fondation d’un nouveau village, d’ailleurs Buissoncourt est bien antérieur à 1284.

Clémery

■ Localisation

186Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Doyenné de Nomeny.
Eglise dédiée à saint Loup évêque de Troyes.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 est. CL : 1139,7 x 882,2.
Toponyme : nom gaulois Clamerius et suffixe acum, propriété.

■ Vestiges

187Clémery se situe à 500 m au sud de la Seille, dans une dépression marneuse traversée par le ruisseau de Grave (altitude : 184 m). En 1780, la maison forte conservait son allure médiévale ainsi que le rapporte Durival : « Le château était environné de fossés et de vastes prairies : il en dépendait un domaine considérable. Quatre tours et un pont‑levis en défendaient l’entrée ; les murailles étaient très épaisses. Au pied de ces murailles, se trouvaient des eaux profondes ». Entre 1783 et 1829, on supprima les tours, bâtiments et pont‑levis côté sud et on combla les fossés. Les constructions restantes dessinaient un plan en fer à cheval flanquées de deux tours rondes à toit conique aux angles nord (fig. 27, 28). Un relevé de 1861 en conserve la disposition. L’architecte Prosper Morey le transforma alors en construction au goût du jour –style Second Empire (fig. 29).

FIG. 27 – Clémery – Plan cadastral de 1829 section D.

FIG. 28 – Clémery – Façade nord par P. Morey en 1861

cl. D. Bastien, © 1992, Inventaire général

FIG. 29 – Clémery – Vue aérienne en 1980.

■ Datation

1881248, 29 juin : « Garnier châtelain de Mousson fait amende honorable à l’abbaye de Saint‑Symphorien pour les oppressions qu’il a fait subir à la maison des Bénédictins à Clemery et à leur domaine à leur hostelage (blé ‑ porcs ‑ génisses ‑ four qu’il a enlevés à la dite maison) : il promet de retenir en sa garde, franchement, à l’avenir, tous ces biens […] » (Denaix 1959 : 144).

1891318, 4 août : « Nous Jaiques, […] abbes de Saint‑Simphorien deseurs les murs de mes […] faisons savoir a touz que comme nobles princes Edouwairs cuens de Bar nous ait vendut la vouwerie de Clinerey et de Bugneycourt lou boix et les terres de Salleweiure qui estaient entierement revenues en sa main […] parmey laquest et lou bon achat quil en avoit fait au segnour Odart de Malencourt chevalier et a dame Franke sa fame fille segnour Joffroy jadis chastelain de Monsons […] » (ADMM B 826, no 83 bis).

1901416, 13 mars – L’abbé de Saint‑Symphorien renonce à demander réparation au duc de Lorraine des dommages causés par les troupes de celui‑ci pendant leur occupation de Clemery : « […] depuis certain temps, Charles, duc de Lorraine, pour le temps de la guerre qu’il avait à l’encontre d’Eduart duc de Bar, eust fait prendre et gaingnier leur forteresse de Clemery pour tant principallement que mondit seigneur de Bar ne se boutait dedens pour en icelle meitre garnison de par lui, li faire guerre et l’ait detenue iceluy temps durant […] » (Lepage 1853, 1 : 242).

1911476, 22 juillet : « Liebaut d’Abaucourt s’empara de la maison forte de Clemery. Deux jours après il est attaqué par le châtelain de Nomeny. » (Poull 1965b : 16)

1921488, 26 mars : « Nous, Jehan Notarii […] abbé du monastère Saint‑Simphorien de Mets […] faison savoir […] (que) pour racheter […] la seignorie […] dit le ban de Vexin en Vaul […] pour la somme de mil livres monnoie de Mets et d’aultre part pour à nous rapproprier des mains de certenne personne […] a rachapt de mil livres de messains et pour ce que nous n’avons mie assez argent […] cedons […] a noble homme, Anthonne Warin receveur general de Lorenne […] une place, fort maison et chastel de Clemery avec toutes ses appartenances et appendences. Mandons et ordonnons aus maire, justice, chastellain. habitants et communauté de ladite ville […] (qu’) ils faicent […] sermens et obeyssance audit Anthonne Warin […] » (Bénédictins 1973, 5 : 337).

1931491, janvier – Les Messins protestent auprès du pape, puis de l’empereur, contre l’aliénation de Clemery. Ils accusent l’évêque de Metz, Henri de Lorraine, de soutenir l’abbé de Saint‑Symphorien : « Tres serrein (?) […] seigneur […] la guerre que nous a dernierement inferée Monsieur de Lorraine, que nous a causé dommages […] de la valeur de quatre cens mille florins d’or et plus […] Monseigneur l’Evesque de Metz permis […] laditte guerre durant, nos ennemis estre receptez […] en aucunes villes et places fortes de son eveschié […] En oultre […] ung abbé d’un monastère de Saint Simphorien […] a […] du tout […] aliener une fourteresse ou maison forte nommé Clemery […] ez mains d’ung serviteur de Monsieur deLorraine en intervenant contre les […] ordonnances deceste ditte cité […] par lesquelz est […] défendu […] que nul habitant de quelque degres, estat ou condition qu’il soit ne peut ou doit engagier ne aliener place ou fort maison aucune en main de nul estraingier. » (Bénédictins 1973, 5 : 412).

1941570, 14 mars Anne de Harange et son fils François de Clemery seigneur du lieu rappellent leurs droits : « L’érection du signe patibulaire de la seigneurie de Clemery appartient au seigneur dudit lieu comme ayant seul la haute moyenne et basse justice et que dans son château étaient les prisons pour renfermer les délinquants. » (Lepage 1853, 1 : 243).

1951635 : « Le comptable ne fait recette du droit de centaine […] n’ayant pu […] se transporter auxdits lieux de Clemery et Begnicourt […] à cause de l’incursion des guerres notamment du siège dudit Clemery qui aurait entierement ruiné […] les villages […] » (Lepage 1853, 1 : 130).

■ Historique

196Clémery relevait du temporel de l’évêché de Metz. Le 21 décembre 1233 cette terre fut donnée à l’abbaye de saint Symphorien qui y fit édifier une maison d’exploitation ou « hostelage ». Garnier, châtelain de Mousson, contraignit les religieux à placer leur domaine sous sa protection et prit le titre d’avoué vers 1248. Une maison forte contrôlée par le comte de Bar fut édifiée à une date mal connue mais antérieure à 1406. A cette date, les troupes lorraines occupèrent la « forteresse de Clemery ». La paix revenue, les religieux renoncèrent à réclamer des dédommagements.

197Les armées françaises du comte de Richemont, en marche vers Metz, prirent Clémery en 1444. Durant le conflit Lorraine‑Bourgogne, Clemery fut l’objet d’attaques en 1476. Les religieux, en proie à de graves difficultés financières, vendirent la seigneurie à Antoine Warin, receveur du duché de Lorraine en 1488. La cité de Metz réagit vivement mais en vain contre cette vente qui lui soustrayait une forteresse au profit de l’adversaire. La querelle s’estompa après 1500, quand les relations entre le duché et la cité de Metz perdirent leur animosité.

Croismare

■ Localisation

198Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Sud.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Léger.
Carte IGN 1/25 000, Lunéville, 3516 ouest. CL : 1108 x 912,5.
Toponyme : jusqu’en 1712 le village s’appelait Haudonviller, nom germanique Haldo et latin villare, ferme.

■ Vestiges

199A 250 m au sud‑est de l’église paroissiale, dans la vallée marécageuse de la Vezouze (altitude : 230 m) se trouvent des vestiges d’habitat seigneurial au lieu‑dit « Le Château ». On découvre une plate‑forme légèrement trapézoïdale (52 et 55 m sur 52) dont la partie centrale est surélevée d’environ 1,50 m par rapport aux bords. Un fossé en eau, large de 15 m, entoure complètement la plate‑forme (fig. 30). Les vestiges ne correspondent que de façon très indirecte à la fortification médiévale. Un plan de 1799 montre que la terrasse portait un château résidentiel (fig. 31).

FIG. 30 – Croismare – Plan topographique de 1980.

FIG. 31 – Croismare – Plan du 23 Fructidor An VIII. (Coll, privée).

■ Datation

2001313, 17 septembre : « Je Ferry duc de Lorraine et marchis fais savoir a tous que tous les heritaiges que Aubert de Perroie escuier fil monsignour Aubert de Perroie chevalier qui fut tient en ma terre et en ma duchiet et autre part soient maison fors ou autres heritages soient fies soient censalz soient allues. Cest assavoir a Tentrui et on ban, à Fraice […] a Seres […] a Bernardmesniz […] a Hadonvillers et on ban a Geharmasniz […] je pour moi et pour mes hoirs li ay afranchy et aquitei […] tous les homages quil en avoit fait a moi ne quil men devoit […] » (ADMM B 705, no 135).

2011444, 28 décembre : « Je Jehan de Pulligney chevalier recognoit […] tenir en fied et en homaige de tres hault […] duc […] de Lorraine […] tout ce que jai en la fort maison de Haudonville en homes en femes […] » (ADMM B 704, no 13).

2021518, 26 mars : « Olry Wisse de Gerbeviller et Mayelle de Paroye sa femme, Adam Bayer de Boppoart et Marguerite de Paroye sa femme, George de la Roche, seigneur de Guirbaden et Françoise de Paroye sa femme, reconnaissent avoir fait le partage des châteaux forts de Haudonvillers, Taintru […] leur échus par le décès de Ferry de Paroye père de Mayelle et Marguerite. » (Wurth‑Paquet 1879 : no 2518)

2031519, 10 avril : « George de la Roche et Françoise de Parroye sa femme […] déclarent vendre à Jacquot de Haraucourt ecuyer […] bailli d’Allemagne […] leur part dans la seigneurie de Hauldonvillers […] pour 8000 florins en or. » (Wurth‑Paquet 1879 : no 2525)

2041520, 22 mai : « Sentence du baillage de Nancy dans une affaire entre Jean Bayer, seigneur de Pulligny […] demandeur, contre Jacques et Philippe de Haraucourt, frères, defendeurs, pour le fait de la retraite des maisons fortes de Taintru et Haut Donvillers. » (Wurth‑Paquet 1879 : no 2546)

2051602 : « Travaux aux murailles des barbacanes. » (Choux 1978 : 68)

■ Historique (Poull 1972a)

206Haudonviller relevait du comté de Lunéville que les ducs de Lorraine acquirent en 1243. L’abbaye de Beaupré y reçut des biens importants dès sa fondation en 1135. Dans la seconde moitié du xiiie s., Aubert Ier de Parroy hérita de biens familiaux à Haudonviller (Lepage 1853, 1 : 727). Son fils, Aubert II, bénéficia de libéralités du duc et arrondit sa seigneurie avant 1315 (Lepage 1853, 1 : 256). L’unité du fief fut maintenue jusqu’à la fin du xive s.

207Les enfants de Jean Ier, décédé en 1395, se partagèrent les droits sur la seigneurie. Ainsi Jacquette de Parroy transmit sa part à son fils Jean de Pulligny. Celui‑ci fit ses reprises en 1444 en précisant ses droits sur une partie de la maison forte d’Haudonviller. Ces indications permettent de conclure à l’existence de la maison forte du vivant de Jean Ier (1382‑1395). L’autre partie de la seigneurie et de la maison forte fut divisée à son tour après 1456 puis en 1499. En 1519 et 1520, les divers coseigneurs procédèrent à des regroupements au profit des Bayer de Boppart et des Wiss de Gerbéviller. La maison forte fut entretenue avec soin jusqu’au xviie s. (généal. 9).

GÉNÉAL. 9 – Les sires de Parroy‑Haudonviller.

Custines « château »

■ Localisation

208Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Léger.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny. 3414 ouest. CL : 1128,6 x 878,6.
Toponyme : avant 1719 le village s’appelait Condé, du celte condate, confluent.

■ Vestiges

209A 12 km au nord de Nancy, un lambeau de plateau couronné par une crête de calcaire jurassique fort dure se détache légèrement de la côte (altitude : 251 m). Il domine de 68 m la Moselle et l’oblige à infléchir son cours vers l’ouest. Il a une longueur est‑ouest de 800 m. La partie la plus étroite fut choisie pour recevoir le château. Côté sud, l’abrupt du front de côte constitue la plus remarquable des défenses et permet d’observer tout le confluent. Côté nord, un profil moins marqué, mais suffisamment déblayé dans les marnes, offre un intérêt défensif. Seuls les côtés est et ouest constituent des handicaps sérieux pour la défense.

Le château (fig. 32)

210Il présente la forme d’un quadrilatère rectangle long de 85 m au nord et au sud et large de 56 m sur les deux autres côtés. Le démantèlement du château depuis 1666 n’a laissé subsister que les fondations.

FIG. 32 – Custines (Condé‑sur‑Moselle) – Plan topographique de 1980. 1 épaulement ou levée de terre ; 2 fossé extérieur ; 3 grand rempart ou « boulevard » ; 4 tour du « gros demi rond » ; 5 tour du « grand chauffeur » ; 6 carrières ; 7 barbacane d’entrée ; 8 grand fossé intérieur ; 9 emplacement du pont fixe : 10 pile du pont ; 11 emplacement du pont‑levis ; 12 emplacement de la porterie et tour présumée ; 13 logement du châtelain ; 14 grande chapelle ; 15 tour « L’Evesque » ; 16 grange et écurie ; 17 cave : 18 grande salle de « parement » ; 19 petite salle de parement ; 20 grosse tour du donjon ; 21 cuisines et dépendances (paneterie, saucerie, fruiterie, échansonnerie, garde‑manger) : 22 escalier ; 23 chambres ; 24 citerne ; 25 cour intérieure ; 26 tour du pigeonnier ; 27 épaulements extérieurs ; 28 tour.

211Le corps de logis sud présente la base des murs de courtine et les fondations de pièces sur une largeur de 10 m environ. Le côté nord conserve deux pans de courtine hauts de 8,50 m, épais de 2 m (fig. 33) et une salle basse dont la voûte, composée de pierres plates juxtaposées, s’est en partie effondrée. De récents sondages permettent de penser que les bâtiments avaient environ 2 m de largeur. Des montants d’une cheminée de style gothique tardif ont été dégagés. Les côtés est et ouest sont trop bouleversés et remblayés pour qu’on puisse y discerner quelque chose de cohérent. L’angle nord‑ouest a conservé les fondations d’une tour circulaire ouverte à la gorge. Les autres tours d’angle ont disparu. Ces bâtiments étaient couverts de tuiles et d’ardoises comme le prouvent les nombreux fragments qui parsèment le sol. Ils entouraient une vaste cour dans laquelle est creusée une très belle citerne (6 x 6 m) dont la voûte s’est effondrée.

FIG. 33 – Custines – Vestiges des courtines nord du château.

Les défenses extérieures

212L’approche du château est défendue par une série d’obstacles aux dimensions impressionnantes dont le tracé irrégulier est adapté aux conditions topographiques.

213Le côté sud où le talus abrupt constitue une défense naturelle n’a nécessité que des constructions mineures. Deux murs accrochés à flanc de coteau protègent le pied des courtines. Le premier soutient une terrasse large de 6 à 9 m. Le second, dont il ne subsiste que quelques pans informes, apparaît 8 m plus bas. Ces murs ont retenu une grande quantité de détritus et d’objets jetés par les habitants, puis par les démolisseurs du château. Une prospection a déjà fourni une ample moisson de tessons de poterie, de carreaux de faïence, de fragments de verre, d’objets métalliques et d’os d’animaux.

214Un mur épais de 1,50 m couronne le tracé irrégulier du rebord du plateau sur une longueur de 210 m. La section sud‑ouest s’est bien conservée sur 5 m de hauteur et 47 m de longueur. Ailleurs, la hauteur ne dépasse pas 1 m à 1,50 m. Ce mur est interrompu par deux tours demi‑circulaires de taille et de style différents. La tour sud‑ouest a un diamètre intérieur à 3 m et possède des bouches à feu pour armes individuelles (fig. 34). Elle est bâtie en petit appareil sans soin particulier et enduite d’un crépi à la chaux. La tour sud‑est, par contre, offre un parement soigné de belles pierres de taille et un diamètre intérieur de 5 m. Son style rappelle les constructions encore visibles à Frouard et Mousson, datées du xiiie s.

FIG. 34 – Custines – Tour sud‑ouest du château.

215Sur les côtés ouest, nord et est, se dresse une gigantesque enceinte composée d’une levée de terre large de 9 à 10 m, haute de 8 à 9 m et longue de 295 m au total. Jadis, deux murs de soutènement la contenaient tout le long. Aujourd’hui, l’escarpe a presque entièrement disparu, à l’exception de quelques moignons ; par contre, la contre‑escarpe s’est conservée sur près de 185 m de long au nord et à l’ouest. Le mur est bâti en appareil irrégulier, la base large de 1,50 m et le sommet de 0,70 m. La hauteur est de 8 m. L’angle nord‑est flanqué d’une tour totalement ruinée de forme demi‑circulaire est encore perceptible. Aux alentours, la prospection livre une profusion de morceaux d’ardoises. L’angle nord‑ouest conserve une tour de même style dans un meilleur état de conservation sur une hauteur de 8 m. On y remarque encore une canonnière en pierre de taille de la fin du xve ou du xvie s.

216Entre ces deux tours d’artillerie distantes de 125 m, s’étirait le rempart nord au pied duquel courait un fossé large de 9 m, aujourd’hui en partie comblé et que précède un épaulement long de 150 m et large de 6 m. Un sondage transversal a permis de constater qu’il s’agit d’une simple levée de terre. Cet épaulement correspond à la limite extrême du replat sur lequel est bâti le château. Au delà, le terrain s’abaisse rapidement pour atteindre une pente de 6 %. Les côtés ouest et est ne présentent plus aujourd’hui ni fossé, ni épaulement, mais des carrières aux contours irréguliers d’où furent extraites les pierres nécessaires à la construction du château et aussi des maisons de la ville.

217L’entrée et le fossé intérieur : l’entrée se situe dans l’angle sud‑ouest en bordure du plateau. On y parvient en suivant un chemin qui longe le rempart ouest. Un ouvrage en maçonnerie, long d’une quinzaine de mètres, s’appuie sur ce rempart. Les murs épais de 2,50 m sont encore percés de deux ouvertures de tir pour armes à feu portatives qui tenaient sous leur feu les lices du rempart ouest. Les bouches à feu de l’entrée sont de même style que celle observée dans la tour sud‑ouest, qui appartient elle‑même au système défensif de l’entrée. Cette entrée peut être appelée barbacane. Ses éléments d’architecture permettent de la dater de la fin du xve s. ou du début du xvie s. Dans l’axe de l’entrée, à environ 45 m de la porte, on remarque au milieu du fossé une pile de roche calcaire haute de 2 m, réservée lors du creusement pour porter les ponts. Au terme de cette description archéologique, il apparaît que les vestiges encore existants correspondent à différentes périodes de construction que les documents iconographiques, et surtout les sources manuscrites, nous permettent de dater avec plus de précision.

■ L’architecture du château d’après les textes jusqu’en 1450

218Nous avons conservé treize registres de comptes couvrant la période 1345‑1415. Les mentions de réparations, quoique brèves et fragmentaires, permettent de tirer quelques conclusions.

Les tours

2191413 : « […] payé à Matthieu de Nancy le racouteur qui racouta les toictz dez la Tour l’Evesque jusqu’à la Tour à Prisons […] le toit de la Grande Cuisine de la Tour à Moilin jusqu’à Donjons […] » (ADMM B 4821, fol. 60r).

2201413 : « […] payé a Rambault de Condé et Jehan Pymard pour faire une haie dez la Tour l’Evesque jusqu’au Donjon […] » (ADMM B 4821, fol. 59r).

221Il ressort clairement de ces mentions que le château était flanqué de quatre tours : la « tour l’évêque » occupait l’angle nord‑ouest, le donjon ou « grosse tour » défendait l’angle nord‑est, la « tour à moulin » l’angle sud‑est et la « tour à prisons » l’angle sud‑ouest.

222Le rez‑de‑chaussée du donjon possédait une grosse porte ferrée. Au sommet, on plaçait des hourds en bois en cas de danger (ADMM B 4825, fol. 46v). Les gardes y avaient une chambre avec lit (ADMM B 4821, fol. 123v), un cor (ADMM B 4815, fol. 12v), puis une cloche (ADMM B 4817).

Les corps de logis

223Les murs qui reliaient ces tours étaient appelés les « hauts murs ». Des corps de logis et des dépendances s’appuyaient contre ces murs. En 1427‑1430, le châtelain Wautrin Hazard fit reconstruire les bâtiments d’habitation devenus inhabitables (ADMM B 622, no 87).

224Côté ouest, on rencontrait successivement :
– l’entrée ou « porterie » qui se trouvait dans l’angle sud‑ouest à côté de la tour à prisons ; elle se composait d’un pont‑levis à flèche (ADMM B 4817) qui venait s’appuyer sur une pile rocheuse au milieu du fossé et d’une grosse porte bardée de plaques de fer et munie d’un guichet (ADMM B 4825, fol. 46r) ; l’approche de la porte était défendue par des hourds placés en haut des courtines (ADMM B 4821, fol. 56r) ;
– la chapelle occupait une partie du premier étage (ADMM B 4825, fol. 47v) ;
– le reste se composait de chambres.

225Le côté sud était réservé à des fonctions résidentielles. On y trouvait les chambres et vraisemblablement la « grande salle » et la « salle de parement » (ADMM B 4188, fol. 28r).

226Le côté est abritait la grande cuisine, le garde‑manger et leurs annexes (ADMM B 4821, fol. 56r).

227Le côté nord comprenait une étable pour les chevaux, des caves et des dépendances. Les toitures étaient couvertes de tuiles fréquemment enlevées par le vent. Un système de chanlattes en bois récupérait les eaux et les concentrait dans la citerne (ADMM B 4825, fol. 45v).

Les défenses extérieures

228Les approches du château étaient protégées par une série d’obstacles de différente nature. La première ligne de défense était constituée par des haies d’épines ou de pieux que l’on dressait à la hâte en cas de danger imminent.

2291371 : « […] LV toises de vive haie par de sub les baix murs et pour mettre au point la seche haie […] IIII sous a Marchaul de Mellery pour la façon d’un passers pour planter les pals de haie […] » (ADMM B 4821, fol. 58‑59).

230La seconde ligne de défense se composait de « bas murs » édifiés à flanc de côte au sud et de « faulz murs » ou « braies » sur les autres côtés (ADMM B 4817, fol. 61r).

231L’entrée, dans l’angle sud‑ouest, se composait d’un ouvrage en maçonnerie appelé successivement « la palle » en 1389 (ADMM B 4820, fol. 26r), le « neuf balle devant le châtel » en 1412 (ADMM B 4821, fol. 59r). Il possédait une grosse porte, deux ouvertures de tir munies de volets et une toiture. Une fois cet ouvrage franchi, on devait emprunter un pont dormant, puis le pont‑levis pour entrer au château.

232La garnison disposait d’un armement que les textes nous laissent à peine entrevoir. Des arbaletriers se trouvaient au château en 1360 (ADMM B 4815, fol. 18r). La première mention concernant l’artillerie remonte à 1369, la seconde à 1373 (ADMM B 4817, fol. 57v). Entre 1407 et 1415, on répara « la bombarde », pièce formée de barres de fer soudées entre elles et serties par des anneaux de fer (ADMM B 4821, fol. 58, 59 et 61) et fixée à un affût de bois taillé dans un tronc d’arbre. Les projectiles utilisés étaient des pierres et des balles de plomb (ADMM B 4821, fol. 116, 91v). Ces pièces correspondent à des couleuvrines ou à des crapodeaux.

Conclusion

233Le château était un édifice de plan rectangulaire cantonné de quatre tours, environné d’un fossé à sec et de lignes de défenses extérieures. Il correspond parfaitement aux normes des châteaux du début du xiiie s. élaborées par les ingénieurs d’Ile‑de‑France sous le règne de Philippe Auguste et qui se diffusèrent peu à peu en Europe de l’Ouest.

■ L’architecture du château d’après les textes après 1490

234Les registres de la prévôté sont bien conservés à partir de 1500. Il faut y ajouter le registre de 1491 et celui de 1497 (ADMM B 4826, B 4828, B 4831 et suivants).

Les corps de logis

235Nous disposons de plusieurs inventaires établis en 1550, 1569 et 1589 qui permettent de connaître le mobilier et le nom des pièces, mais pas la répartition architecturale de celles‑ci. Contentons‑nous de les énumérer en les regroupant selon leurs fonctions.

236Les appartements princiers comprenaient six chambres au rez‑de‑chaussée, six autres à l’étage avec accès sur une galerie côté sud, une petite et une grande salle.

237Les bâtiments religieux se composaient d’une grande chapelle et d’une chambre des Aumôniers auxquelles vinrent s’adjoindre, après 1550, une petite chapelle et une chambre des Cordeliers.

238Les appartements du châtelain se trouvaient à côté de la porte principale et consistaient en une cuisine et deux chambres.

239Les cuisines et leurs annexes regroupaient la cuisine de bouche, la cuisine du commun, le grand poêle proche de la grande cuisine, le grande‑manger, la saucerie, la fruiterie, la panneterie, l’échansonnerie, la grande cave et le caveau près de l’échansonnerie, le pressois dans le fossé.

240Les logements des domestiques comprenaient six chambres près des cuisines et une chambre réservée aux lavandières.

241Les dépendances comportaient la chambre des fours, la chambre « Gerardin » au‑dessus de « l’huis », la chambre de la porterie, la tournelle, la petite chambre ou plombière, la chambre au‑dessus de la neuve porterie, la grande grange.

242Les réparations des toitures, des vitres et des tours étaient fréquentes. En 1517, on travailla à la citerne avec des pierres venant de Montenoy (ADMM B 4843, fol. 44r). En 1540, il fallut « rempierrer la tour l’Eveque qui était fendu et demoli et risquer de tomber […] » (ADMM B 4866, fol. 34r). Enfin, en 1587, on dut procéder à la réfection de la plate‑forme et des créneaux de la grosse tour du donjon dont le rez‑de‑chaussée servait alors de prison (ADMM B 4912, fol. 69r).

Les défenses extérieures

243Nous savons que le duc René II, vers 1490, « fit reparer les murs [de Nancy] et y ajouta trois nouveaux boulevarts […] Il entreprit aussi divers édifices dans le Barrois, comme les châteaux et maison de Bar, du Pont‑à‑Mousson, de Condé […] ». Est‑ce à dire qu’ils reçurent aussi des « boulevards » ? Le principal problème est de dater cette formidable enceinte qui subsiste à Condé et qui fait tout l’intérêt du site. Les livres de comptes nous livrent quelques mentions qui permettent de penser que cet ouvrage date des années 1490.

244En 1491, on dépensa 9 livres pour « faire la muraille devant le bailleux » (ADMM B 4826). En 1500, on reconstruisit la « neuve porterie ». A cette occasion, on dépensa 8 francs 4 gros pour « […] le transport de XI toises de pierre de roche depuis la carriere devant le château jusqu’au château […] » et 5 francs 1 gros et demi pour « […] CXXXVIII charrettes de chaux pris au grand chauffour et mené au chateau […] » (ADMM B 4831, fol. 146v). En 1503, il fallut procéder à la « refection d’un pan de mur des barbacanes du chateau qui étaient tombés à l’endroit des cuisines […] », puis à la « refection à neuf de la chambre du grand chauffour qui était toute gâtée […] » (ADMM B 4835, fol. 44r).

245En 1515, on répara les murs et les deux tours de l’enceinte : « […] araser les murs du bailleux et des barbacanes prenant des la porterie du bailleux jusqu’au gros demy rond […] et grand chauffour […] » (ADMM B 4841, fol. 45v). En 1522, on travailla à « reparer deux huis au fosses du demi rond empres de la meix du château […] » (ADMM B 4850, fol. 51v).

246Pourtant, il faut croire que l’entretien fut négligé, car en 1587 il fallut en toute hâte procéder à des travaux importants. Les portes furent renforcées (ADMM B 4912, fol. 7r), les ponts refaits à neuf (ADMM B 4917, fol. 93r). On releva le mur de la grande enceinte qui s’était effondré du côté nord et à l’ouest (ADMM B 4913, fol. 87r). La partie supérieure du mur, au niveau de la terrasse, fut pourvue de 52 ouvertures de tir, « […] cannonieres de pierre de taille façon à gueule de lyon », espacées l’une de l’autre de 6,30 m. Chacune des deux grosses tours d’angle reçut 4 grosses canonnières obstruées par des barreaux de fer.

247En nettoyant le pied du rempart, on découvrit que les fondations étaient hors d’usage (ADMM B 4917, fol. 101r). L’ingénieur envoyé par le duc conclut que cette ruine provenait de « la vieillesse et caducité du mur », de l’emploi de pierre gelive et du mode de construction à sec. Il fallut reconstruire un mur long de 57 m, haut de 8,50 m (ADMM B 4919, fol. 77r et 81r).

248Le côté sud, en raison du puissant talus naturel, conserva de modestes murs dont l’entretien laissait aussi à désirer. En 1587, il fallut défricher les arbustes et les ronces qui avaient envahi les « fausses barbacannes au dessous du chasteau du côté de la rivière […] » (ADMM B 4917, fol. 89r). La documentation manuscrite permet de résoudre la question de la petite tour située sur le tracé du mur, côté sud‑ouest. Elle correspond en fait à un ancien pigeonnier dont le rez‑de‑chaussée reçut au xvie s. des ouvertures de tir pour armes portatives.

2491373 : « Un colombier que le chastellain a fait construire au chasteau […] » (ADMM B 4817).

2501536 : « […] faire […] un huisse en planches de chesne aux barbacanes sous le colombier à l’endroit du pont‑levis. » (ADMM B 4862, fol. 35v)

2511587 : « […] remassonner et relever les murailles des courtines et des tours qui sont au dehors du rempart […] à savoir […] le pan du devant vers le grand bois jusqu’à la tour du colombier […] » (ADMM B 4913, fol. 87r).

■ Documents iconographiques

252Nous possédons deux gravures concernant le château de Condé réalisées en 1842. Elles présentent les vestiges d’un puissant bâtiment rectangulaire qui occupait la partie nord‑est du château.

253Gravure A (fig. 35) : l’artiste a réalisé son dessin depuis le « boulevard » dont nous voyons la contre‑escarpe au premier plan. Une abondante végétation envahit le fossé. Le bâtiment se compose d’un rez‑de‑chaussée dont nous apercevons une fenêtre rectangulaire ; le premier étage prend jour par 6 ouvertures dont aucune n’est au même niveau. Notons 3 fenêtres voûtées en plein cintre, deux rectangulaires et une ouverture de tir. Au‑dessus, apparaît une rangée de trous de boulin qui peuvent avoir servi à porter des hourds. Le second étage a presque entièrement disparu, on y remarque les bases de deux fenêtres. Les deux pans de murs qui restent encore debout sont les vestiges de ce bâtiment : ils correspondent à la partie proche de l’ouverture de tir.

FIG. 35 – Custines – Au premier plan : contrescarpe du rempart nord ; au second plan : courtines nord du château (gravure de 1842 ; Favier 1898 no 1926)

Bibliothèque municipale, Nancy.

254Gravure B (fig. 36) : l’artiste a réalisé son dessin depuis la cour intérieure. A gauche, on remarque l’ouverture de la citerne. Au centre, une bouche d’escalier donnait accès à une cave sous le grand bâtiment. Entre la citerne et l’escalier, un bâtiment fait saillie. Dans l’angle droit, nous observons un mur bas qui constitue le retour du grand bâtiment et un pan de maçonnerie aussi élevé que le bâtiment. Le prolongement de ces deux éléments permet de retrouver l’existence d’une construction carrée ou rectangulaire qui occupait l’angle nord‑est.

FIG. 36 – Custines – Courtines nord du château vues de la cour en 1842 (Favier 1898 no 1926).

Bibliothèque municipale, Nancy.

■ Datation

2551253, 24 décembre ‑ « Je Werris, chiveliers, dis Vogiens, de Danuevre, fas conoissant a toz ke je ai vendu […] ma voerie de Condey et de Faus […] a mon seignor Jakon, per la grace de Deu eveske de Mez, de cui je tenoie la devant dite voerie, por trois cens trente et trois livres et sex solz et oct deniers de meceins […] » (Marichal 1903‑1908, 2, no 32).

2561261‑1263 ‑ Philippe de Florange, évêque de Metz, fit édifier Condé :

257« Philippi nomen gessit qui paesulis omers
Fortifiter augebat pro tempore quando regebat
Amplificaus sedem constructam reddidit eadam
Castrum destruxit Liestemberg, postea struxit
Condé. »
(Meurisse 1634 : 470).

2581268, 1er février : « Nos Robert par la grace de deu evesques de Verdun et nos Henris cuens de Salmes fasons congnoissant a touz que Ferris duz de Lorraine et marchis et Thiebaut cuens de Bar se sunt […] acordei dou chastel de Condei sur Mouzele que li devandiz chastels est mis en noz mains […] et li duz et li cuens de Bar tenroient le devandit chastel de Condei et la chastelerie ausi uisquatant que li devandiz evesque de Mez il ou autres se seront apaisiez a auls […] et est asavoir que li duz et li cuens ne pueent ne ne doient abattre le devandit chastel […] » (ADMM B 621, no 14).

2591271, 27 janvier ‑ Accord entre le duc de Lorraine et l’évêque de Metz Laurent de Lichtemberg : « Nos Lorans, notaires de l’esglise de Rome, par la grace de Deu esliz de Mès et Ferriz dux de Lohorenne et marchis […] nos soumes acordei […] li diz eliz me donne ceinc mille livres de provenisiens fors a paier la moitiei a Noel prochienement venant, et l’autre moitie à l’autre Noel prochienement ansuant, et trois mille livres de fors ausi retaing je an ma grâce […] et rens au davant dit eslit tout ce que je tenoie de l’esglise de Mes […] et nomeement la moitiei de Condei […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : no 224).

2601272, avril : « Nos Lorans, par la graice de Deu eveskes de Metz, faisons cognoissant à tous que nos […] avons promis a dener a Robin de Brotes, l’eicuier, sexante livres de messains, pour les quels il doit faire la warde en notre chastel de Condei an et jour il et sui hoir a tous jours, et pour les LX livres devant dites, li avons assignei et assignons sis livrées de terre a panrre chacun an a lui et a ses hoirs en nos rentes et en nos premieres prises dou Vaul de Faus […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : no 31).

2611288, 9 février : « Je Jehans de Morey, chevaliers, […] je, après mon deceps, ay acquitté […] a honnorable peres Bouchart, par la grace de Dieu evesque de Metz […] dix livres de terre a messains qu’il m’avoit donné toute ma vie chascun an […] en fief et en hommaige […] par ainsi que je l’en devoye toute ma vie chascun an la warde sis sepmaines on chastel de Condey a sa requeste […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : no 125).

2621291, 8 février ‑ Traité de paix entre l’évêque de Metz et le duc de Lorraine : « […] li dux desus nommés rende et delivre le joesdi après les outaves de la Chandellour prochainnement passée […] Castres, le dongon et le bourc, Condet, Deneuvre, le chastel c’om dit Backeret, Ramberviller, le donjon et le bourc et tout ce qui appent aus chasteleries dessus dictes […] et li dis eveskes doit rendre […] Dueze et ce ke y appent […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : no 27).

2631300, 8 juillet : « Renaux de Bar, chenoines de l’eglize de Mès, [...] Nous faison savoir a tous ke […] mes sires Gerars, par la grace de Deu evesques de Mès ait commandeit a son chastelain de Condey k’il nous recoivet a armes, a grant force et a petite, on chastel de Condey, toute nostre vie ; et li ait encor commandait k’il nous facet fealteit de delivreir a nous le chastel de Condey si tost corn li devant dis reverens peires ne serait mais evesques de Mes par mort, par translation ou par resignation ; a savoir est ke nous avons jureit […] ke nous ne meterons […] on dit chastel de Condey, gens ne homes queil k’il soient, a armes ne sans armes, par coi mais […] puisse venir a l’eveschiet de Mes […] » (Marichal 1903‑1908 : 1, no 248).

2641328, 30 novembre : « Nous Ammardz […] evesques de Mes faisons savoir […] que […] nous […] feussions tennu a rendre […] a noble et puissant […] Eddouart conte de Bar la somme de deix et huict mille livres de bons petits tournois viez […] pour plusieurs pertes que li diz cuens fist au pougnis devant Frouart […] et eust en sa main […] lou chastel de Ramberviller et la chatelerie pour […] duze mille livres […] et lou chatel et la chatelerie de Condey sour Mouzelle pour la somme de seix mille livres […] Nous sommes tenus […] audit conte des quarante et un mille livres […] pour lesquelles deux et nuef mille livres […] nous Ammardz […] en avons obligé […] et mectons en wage […] lou chastel et toute la chastelerie de Condey sur Mouzelle […] nous […] pourrons racheter ledit chastel […] toutes es fois que nous voulrons paier […] les deux et nuef mille livres […] en un soul paiement » (ADMM B 621, fol. 1‑3).

2651369, 27 mars : « Arnoulz meires de Millerey. Alixandres maitres escheverins […] et toute la comunalteit des villes de Millerey et Dautreville […] ont recognut quil doient […] a Huyn de Sainte Geneveve chastelain de Condey sour Mozelle chascun an tant corne il serai chastelains […] une certainement some davoine cest assavoir tuit cil qui font vaingnaige es dictes ville […] chascun conduit une quarte et tuit cils qui ne font vaingnaige chascun conduit demee quarte […] lou jour de feste Saint Martin dyver […] Et parmei ceu li dis Huyns chastelain doit aidier warder et deffendre les dis habitons […] eux et lour biens de tout son povoir et les doit maixier […] yssir on chastel de Condey de mestier lou est jusques a tant qui li serait deffendus et contredit de par lou duc de Bar […] » (ADMM B 621, no 39).

2661369, 29 décembre : Accord secret entre la duchesse Marie et Pierre de Bar. Celui‑ci reçoit la promesse de 4000 francs et, comme gage, le château et la châtellenie de Condé‑sur‑Moselle qu’il promet de rendre à la libération ou au décès du duc : « Je Pierres de Bar dessus dis ou mes dis aient cause debvons et sommes tenus de faire vendier le dit chastel et fortresse pour en partir tantost le dit rachat fait […] en laissant en dit chastel et fortresse de Conde toute l’artillerie et aultres biens mables en lestat quil meseront baillie a moy delivrant la dite fortresse et si ie ou mes aient cause mettiens aulcune chose en retennues ou edifices dou dit chastel et fortresse ou y faisions frais ne missions aulcunes nous nen paons aulcune chose demandei […] sauf tant que se aulcun des murs ou edifices dou dit chastel aloient a ruyne qu’il convenist remettre en estat de necessitei […] » (ADMM B 621, no 15).

2671417, 20 août : « Nous […] Cardinal duc de Bar […] comme nous soyons tenus […] a notre ame et fealchevalier et conseiller messire Philippe de Noueroy […] de certaine somme de deniers a lui deuz a cause de feu notre […] frere monseigneur le duc Edouart […] et pour autres somes […] et nous par lui prestees […] comme pour et parmy ce quil nous doit servir […] a routte de cinquante hommes darmes bien montez et armez lespace dun mois entier […] en la somme de deux mil six cens quatre vins dix sept francs huit gros […] Nous […] avons baillie […] en fourme […] de gaigiere […] notre chastel chastellenie et terre de Condey sur Mezelle […] C’est assavoir le dit chastel de Condey […] la ville dessoubs ledit chastel, Maleroy, Faulx Sainct Estene, Faulx Saint Pierre et Montenoy […] et aussi Millery et Autreville et Gendelaincourt y appartenant a cause de garde a vie […] Sans ce que lesdis messire Phelippe […] puissent vendre engaiger […] ne mettre en autre main […] lesdis chastel et chastellenie […] Et aussi [...] icelui [...] Phelippe sesdiz hoirs […] ne pourront recepter […] esdiz chastel aucune personne quelle quelle soit […] » (ADMM B 621, no 31).

2681432, 20 novembre – Le duc René engage divers revenus à Wautrin Hazard pour l’indemniser des dépenses consenties sous le règne de Charles II en 1427‑1430 : « Nous René […] duc de Bar et de Lorraine […] savoir faisons que […] Messire Wautrin Hazard […] gouverneur chastellain et receveur de nostre chastel et chastellenie de Condé sur Mozelle […] ait fait […] la despence tant pour les frais […] de notre dit feu seigneur et peire lui estant audit lieu de Condé comme pour avoir soustenu la despence de certaine tres grosse garnison de gens d’armes et de trait au nombre de trois cens personnes et autretans de chevaulx que a la guerre que notre dit feu […] pere fist […] en son vivant a ceulx de Mets on esté en garnison au dit Condé par lespace denviron deux mois pendant la dicte guerre […] Et avec ce […] ait fait […] rediffier et remaisonner la plus grant partie de la maison et ediffiement de notre dit chastel de Condé lequel estait du tout ou la plus grant part dicelluy inhabitable et a ruyne […] le dit Wautrin nous ait fait remonstrer […] ses comptes […] de environ mil et cinq cens francs. » (ADMM B 622, no 87).

2691439, 11 octobre ‑ L’évêque de Metz Conrad Bayer fut capturé au château d’Amance et détenu pendant dix semaines à Condé. Cet événement inspira une complainte aux Messins :

270« Benedicite Domine
Nostre Eveque est à Condé
Dieu vous garde de Goudart
Et de messire Waultrin Hazard
Et des vilains du Vaulx des Faux
Qui ne nous faicent point de maulx […] »
(ADMM B 881, no 28).

2711478, 3 février : « Rene par la grâce de dieu Roy de Jerusalem de Sicile d’Aragon […] a notre aime et feal conseiler et maistre dostel Philibert de Stainville notre bailli de Bar Salut. Savoir vous faisons que nous voulans et desirans avoir et remectre en notre main les chastel et place de Condey sur Mozelle […] que depresent sont en la main du conte de Campobas […] Et par ces presents comectons […] pour demander […] audit conte de Campobas les dit chastel et place de Condey et icelles prandre et remectre en notre main et a la garde et gouvernement comectre gens de par nous telz et en nombre que bon vous semblera […] » (ADMM B 622, no 47).

2721473, 30 septembre : « Charles par la grace de Dieu duc de Bourgoingne […] A tous ceulx qui ces presentes verront Salut Comme Reverend Pere […] George de Bade evesque de Metz nous ait nouvellement transporte […] le rechapt des chasteaux villes et chastellenies de Conde et Conflans que notre […] cousin le duc de Lorraine tient en gaigiere, soulz condition que ledit rachapt […] ne excede le pris de vins mil florins de Rhin, nous baillerons audit evesque […] la quarte partie desdits chasteaux […] » (ADMM B 622, no 44).

2731685, 8 mars ‑ Contrat passé entre le Prieur de la Chartreuse de Bosseville et Nicolas Gellée, maçon à Condé. : « Ledit pere prieur a vendu audit Nicolas Gellée tous les restes de la taille tant celle qui est defée que celle qui reste en les ruines du château de Condé pour le prix de 600 francs à payer en six ans du terme de la Toussaint de chaque année […] Ledit père prieur reservant par ledit marché toute la taille de roche pirquée de la fontaine qui est au pied dudit château et en outre de pouvoir prendre audit château aultant de pierre et de roches piquées qu’il pourrait et avoir besoin pour le bastiment de Bosserville […] A la fin desdites dix années pourra ledit Nicolas Gellée prendre les pierres qui restront […] » (ADMM H 631).

2741703, 10 décembre : « Léopold a tous ceux qui ces presentes verront. Nostre chère et bien aymee la Demoiselle Anthoinette de Nettancourt fille d’honneur de Madame la Duchesse Royale […] nous ayant supplié très humblement luy […] faire don et octroy […] du viel chasteau ruiné dont les Pères Chartreux de Beau‑serville auraient déjà tiré toutte la pierre de taille [...] ny ayant laissé que le moilon qui pourra servir a quelques reparations des bastimens de la dame de Nettancourt sa mere […] laquelle a un fief considerable audit Condé […] avons […] octroyé […] en toute propriété à ladite Demoiselle […] ledit viel chasteau ruiné de Condé […] » (ADMM B 123, fol. 136‑137).

■ Les habitants du château

Le châtelain

275Il était nommé par le prince pour assurer la garde du château et recrutait à ses frais un portier et commandait la garnison. A partir de la seconde moitié du xive s., il occupa également la charge de prévôt. Quinze d’entre eux nous sont connus :

Le prévôt et le clerc‑juré

276Le prévôt dirigeait l’administration financière de la seigneurie et surveillait la levée des impôts. Il accomplissait aussi des tâches de police en surveillant les foires, en pourchassant les voleurs et se portait défenseur des personnes originaires de la prévôté qui se trouvaient en difficulté à l’extérieur. Vers 1356‑1360, il jouait un rôle militaire. Il devait lever des contingents d’hommes et rassembler du ravitaillement pour les expéditions que le duc menait contre divers adversaires. Il assurait aussi l’intérim des fonctions de châtelain. Après 1367, il exerça simultanément les deux fonctions. Quinze prévôts nous sont connus :

Alart de Silley

1283

Anchiers de Sainte‑Geneviève

1345‑1346

Donas Paillardel

1355‑1363

Huin Boizat de Sainte‑Geneviève

1367‑1380

Jacques de Nancy

1384‑1387

Renaud Paillardel

1387‑1389

Jean de Norroy

1389‑1390

Jehennet de Chauffour

1390‑1401

Renaud Paillardel

1401‑1403

Renaud de Vroncourt dit « Le chesnel»

1403‑1410

Jean Baudelet

1410‑1415

Wirry de Dieue dit Cornepot

1415

Wautrin Hazard

1430

Jacquemin de Flory

1440

Renaud de Condé

1491‑1500

277Le clerc‑juré tenait la comptabilité, rédigeait le registre de la prévôté, passait les contrats avec les artisans et vérifiait la qualité du travail. Trois fois par an, il participait aux séances du tribunal avec le maire et les échevins. Trois noms seulement sont parvenus jusqu’à nous :

Renaud Paillardel

1377‑1387 puis 1389‑1403

Jean de Gerney

1406‑1412

Pierre Vyon

1491‑1500

La garnison

278La seigneurie de Condé était trop restreinte pour chaser de nombreux vassaux. L’évêque de Metz eut recours aux fiefs de bourse. En avril 1273, Robin et Arnaud de Bratte, écuyers, reçurent chacun 60 livres messines pour assurer un an de garde (Marichal 1903‑1908, 1 : no 31 et 126). En 1287, Jean de Morey, chevalier, effectuait six semaines de garde moyennant 10 livres messines (Marichal 1903‑1908, 1 : no 125). En temps ordinaire, trois ou quatre sergents formaient le corps de police de la seigneurie et aidaient le prévôt. Les guetteurs étaient des hommes du commun, originaires de la seigneurie (ADMM B 4821, fol. 31v). En 1367, le châtelain s’engagea à payer à ses frais 6 gardiens et 1 portier (ADMM B 4818, fol. 1). Ces hommes montaient la garde de jour et de nuit sur le donjon (ADMM B 4821, fol. 123v). En période de danger, le châtelain recevait des hommes d’armes originaires des environs. Le receveur pourvoyait à leur entretien et à celui de leurs chevaux (ADMM B 4816). D’autres fois, ces troupes venaient de l’extérieur et restaient sous le commandement de capitaines (ADMM B 4825, fol. 35r). Les effectifs, souvent modestes, pouvaient parfois atteindre près de cent individus et plus (ADMM B 4818).

279Condé servait souvent d’étape au duc ou à ses émissaires entourés de puissantes escortes dans la seconde moitié du xive s. Entre 1377 et 1379, le duc s’y arrêta plusieurs fois avec des troupes comprenant de 60 à 140 cavaliers (ADMM B 4818, fol. 26r, 27 et 28).

280Enfin, les domestiques assuraient le bon fonctionnement du service. Le cellerier achetait son office et devait fournir les nappes, les couverts, les gobelets (ADMM B 4814 et 4821, fol. 130v). Le boulanger, engagé quand la garnison était vraiment importante, disposait de deux fours au château (ADMM B 4821, fol. 58‑ 59). On trouvait encore des cuisiniers et des lavandières (ADMM B 4821, fol. 57v).

■ Historique

281Condé était le chef‑lieu de la vouerie du Val des Faulx composée des villages de Condé, de l’écart de Clevant, de Malleloy, Faulx Saint‑Pierre, Faulx Saint‑Etienne et Montenoy. La terre appartenait au temporel des évêques de Metz. En 1253, l’évêque Jacques de Lorraine racheta les droits et les biens personnels du voué Werry le Vosgien. Quelques années plus tard, entre 1261 et 1263, l’évêque Philippe de Florange édifia le château de Condé pour contrôler l’activité économique de la vallée de la Moselle, pour assurer la protection de la seigneurie, enfin pour interdire à toute armée ennemie l’utilisation de la vallée de la Mauchère, voie d’accès commode aux riches régions du Saulnois.

282Le comte de Bar et le duc de Lorraine réagirent en édifiant le château de l’Avant‑Garde et celui de Frouard, puis en multipliant les coups de force qui leur permirent d’occuper conjointement le château de Condé entre 1268 et 1291. Les comtes de Bar se montrèrent les plus persévérants. En 1314, le comte Edouard obtint que le château lui soit engagé pour 6 000 livres, puis pour 19 000 livres payables en une seule fois en 1328. Jamais les évêques de Metz ne purent rembourser pareille somme et la châtellenie resta aux mains des princes de Bar. Le château renforçait la défense des châteaux de Mousson et de l’Avant‑Garde. Il surveillait le château lorrain de Frouard et la frontière entre les deux principautés. Durant la guerre de Cent Ans, il joua un rôle actif. Les comptes de la prévôté permettent de connaître les passages de troupes au château.

283En 1419, par le traité de Foug, le duc de Lorraine, Charles II, reçut la libre disposition des biens de son gendre René d’Anjou. Le château de Condé servit aux Lorrains dans la guerre qui les opposa à la cité de Metz entre 1427 et 1430. Le châtelain Wautrin Hazard fit procéder à la reconstruction des bâtiments d’habitation du château. Il redouta rapidement que l’évêque de Metz, Conrad Bayer, gouverneur des duchés en l’absence du duc René, ne cherchât à récupérer Condé. Il accusa le prélat de malversations, l’arrêta à Amance, l’emprisonna dix semaines au château de Condé et ne le libéra que contre de solides garanties.

284Condé devint une place défendant les abords de Nancy. Il surveilla la forteresse de Liverdun tenue au milieu du xve s. par les Bourguignons. Il semble que ceux‑ci aient incendié Condé vers 1467. Charles le Téméraire obtint en 1473 que l’évêque de Metz lui cédât ses droits de rachat sur Condé. Le 29 septembre 1475, le duc de Bourgogne réoccupa le château et en confia la garde au comte de Campobasso. Vers 1490, le duc fit adapter les défenses de Condé aux progrès de l’artillerie. Le château devint une résidence appréciée de la famille ducale. Le duc venait y chasser le loup. On élevait des biches et des cerfs. Des garennes, un vivier à truites et une grande vigne avec des plants champenois furent aménagés à proximité. En 1497, Claude de Lorraine, futur duc de Guise, y vit le Jour.

285Le château servit aussi de prison. On y enfermait les malheureux accusés de sorcellerie, les délinquants de la prévôté, mais aussi des détenus politiques. Ainsi, le capitaine Bataille, serviteur du marquis de Chaussin, y fut détenu 31 ans de 1595 à 1626. Charles IV y fit enfermer Melchior La Vallée avant son exécution en 1631.

286Le château n’opposa aucune résistance aux troupes françaises en 1635. Il fut alors la proie de spéculateurs qui en arrachèrent ce qui pouvait être vendu. En 1666, le duc Charles IV renonça à restaurer les ruines et il autorisa les religieux de Bosserville à en utiliser les pierres pour construire leur chartreuse.

Custines « maison des Lombards »

■ Localisation

287Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Léger.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1128,2 x 879,6.
Toponyme : avant 1719 le village s’appelait Condé, du celte condate, confluent.

■ Vestiges

288Les vestiges se situent à 50 m au nord‑est de l’église, en bordure de la ville, à 200 m de l’ancien cours de la Moselle (altitude : 197 m) (fig. 37). La photographie aérienne (fig. 38) permet de souligner le caractère composite des vestiges en partie défigurés. On peut distinguer plusieurs parties.

FIG. 37 – Custines – Pan cadastral de 1833 section F : le « château » correspond à la « maison des Lombards ».

FIG. 38 – Custines – « Maison des Lombards », vue aérienne de 1980.

289Un bâtiment carré (16 x 16 m), haut de 10 m, constitue le noyau central. Il se compose d’un rez‑de‑chaussée légèrement surélevé, surmonté d’un étage. Des greniers occupent l’étage supérieur. La toiture était autrefois plus élevée. Un bel escalier en pierre de taille du xviie s. dessert les différents niveaux. De grandes fenêtres à meneaux éclairent les pièces. Dans l’angle nord‑est du mur de façade, à droite de la porte donnant accès à l’escalier, on remarque des ouvertures obstruées. La plus élevée se compose de deux arcs en plein cintre retombant sur une colonnette centrale. Un des montants a été détruit lors du percement d’une fenêtre à meneaux. Le mur est construit dans un appareil irrégulier sans soin particulier. La construction peut dater du xve ou du xvie s. avec réaménagement intérieur au xviiie s.

290Les constructions adjacentes : un corps de bâtiment vient s’appuyer contre le mur nord de la tour carré. Il est large de 8 m, long de 16 m et comporte aux extrémités deux puissantes tours demi‑circulaires ouvertes vers l’intérieur et de 6 m de rayon. Des caves voûtées occupent le sous‑sol des tours où un gros pilier central soutient le rez‑de‑chaussée. Les murs ont 1,50 m d’épaisseur. On note la présence de bouches à feu datant du xviie s. Les corps de logis ouest et est ont presque complètement disparu. Ils venaient s’appuyer sur les deux tours à présent isolées côté sud et de taille inférieure aux précédentes. Le fossé est assez bien conservé côté sud sur 12 m de large environ.

291Les abords : des constructions récentes se sont développées autour de la maison forte à l’ouest, au sud et à l’est. Un vaste verger occupe toujours le côté nord.

■ Datation

2921345 – Dépenses du prévôt de Condé : « xv s. t. en tenant une journée en contre le prévost Damance le jour de feste Sainct Esteine en août lan (13)45 pour le fait des lombards de Condey […] » (ADMM B 4814, fol. 6v).

2931584 : « Encore despense de la somme de dix francs quil a payé a Symon Quillemin maître recouvreur […] pour avoir recouvert tout a neuf le corps de logis entierement de la maison de la Grand Faulx appellé La maison des Lombards seize a Conde non comprins la Grosse tour […] VIII francs IIII gros.

294A Jehan Didon Thuiller en la thuillerie de Menouvaulx soubz Lavant Garde huit francs trois gros et ce pour avoir fourny ung millier de thuilles creuses a raison de sept francs et ung virlin de chalux a raison de quinze gros quil a fourny pour employer a la couverture de ladite maison de la Grand Faulx […] VII francs. IIII gros.

295A Olry Malgonneur et Anthoine Gegomme charpentiers demeurant a Conde trente gros pour avoir faict une grande porte et deux huix de bois sappin en la grange de la maison de la Grande Faulx […] les vieilles estaient toutes rompues et tombees parterre […] Il francs II gros.

296A Claude Gueneguo demeurant a Faulx Sainct Pierre vingt gros et ce pour avoir faict ung conduict aux pressoirs dudit lieu pour conduire leau qui sarrestoit en Ihux des fosses ou sont les pierres jusques au dehors […] XVII gros XII ST. » (ADMM B 4910, fol. 85v et 86)

2971586 : « Despense faicte pour la refection de la toicture de la grosse tour de la maison dict des Lombards et couverture dicelle et ce de lordonnance et mandement de messieurs les presidents et gens des comptes de Lorraine. Et Premier

298A messire Simon Guillemin recouvreur de la grande église de Toul venu audit lieu paye a la some de cent francs et ce pour avoir recouvert tout a neuf la toicture de la grosse tour quarrée de la maison des lombars scise a Conde appartenant a son Altesse revestir icelle tout alentour a la gouttiere de quatre doeuttes dassings de bois chaisne faire icelluy assing des lattes de chaisne et sappin necessaire a ladite toicture […] C. francs.

299Audit maître Simon Guillemin paye la some de quinze francs et ce pour façon davoir faict une piramide de plomb avec le pieds des traits pesant cent soixante livres quil a mis et posé sur la toicture de ladite grosse tour quarrée a raison de dix huict deniers la livre […] XV francs.

300A Louys des chiens serrurier demeurant a Faye payé cinq francs trois gros et ce pour avoir faict et fourny une grosse et grande broche de fer appelle le marc pour poser ladite piramide et pied dextrait attacher apres y mettre et poser une girouette et aultres choses necessaires au dessus de ladite toicture pour soutenir la devant dite piramide et girouette […] V francs III gros. » (ADMM B 4912, fol. 72v)

3011586 : « Recepte de biens provenant de la succession du feu sieur Francoys de la Grande Faulx acquiq […] a notre souverain seigneur par droit de desherance […] Et premier, la maison des Lombards La Maison anciennement appelée la Maison des Lombards scise et scituée au village de Condé fossoyé tout alentour enlaquelle y a une grosse tour quarree bassecourt coulombier et estables es environs et proche dicelle ung jardin d’arbres fruictiers contenant ung jour trois quarterons deux homees deux verges a prendre depuis le quare de la muraille de la grange […] tirant jusques au bout des jardins qui abolissent sur les terres labourables appartenant audict sieur voué et ce y comprins les tassez […]

302Le coulombier Le coulombier de la Maison des Lombards laissé […] a Claude (estant lung des vignerons audit lieu).

303Le jardin, la grange et jardin derrier

304Ladicte grange ensemble le jardin derrier contenant trois quarterons une homee et demi scise audit Condé derrier leglise […] Le meix scis en la rue des Pescheurs contenant deux jours

305Le Jardin Bonnenze […] contenant deux jours trois homees vingt verges.

306La vigne de la Grand Faulx au lieu dit en Franchelimon contenant six jours trois quarterons deux homees une verge. » (ADMM B 4812, fol. 38r à 40v)

3071670 : « La maison appelee anciennement la Maison des Lombards […] le tout souloit appartenir à son Altesse […] ung jardin derrier lescurie […] il a plu à son Altesse en l’an 1590 la donner […] audit sieur voué et à Dame Claude de la Mothe sa femme comme elle se comporte et contient avec les bastiments pourprietz jardin, tour, collombier, usuaires et fossez que en despend joindant icelle sans aucune chose reserver […] laquelle appartient presentement […] a Messieur de Nettancourt et consors heritiers de feu Monsieur de Contrisson […] elle n’est habite que par un pauvre officier desdits sieurs de Nettancourt […] Le collombier estant en une des petites tours de la maison des Lombards […] est ruine presqu’entierement […] » (ADMM B 5017).

3081703, 10 décembre ‑ Lettre patente du duc Léopold : « Léopold a tous ceux qui ces presentes verront, Salut. Nostre chère et bien aymee la demoiselle Anthoinette de Nettancourt fille d’honneur de Madame la Duchesse Royale […] nous ayant supplie tres humblement luy […] faire don et octroy […] du vieil chasteau ruiné dont les Pères chartreux de Beau‑serville auraient deja tiré toulte la pierre de taille [...] ny ayant laisse que le moilon qui pourra servir a quelques reparations des bastimens de la dame de Nettancourt sa mère gouvernante des filles d’honneur […] laquelle a un fief considerable audit Condé scavoir faisons […] avons […] octroyé […] en toute propriété a ladite Demoiselle […] ledit viel chasteau ruine de Condé avec les dites quatorze jours de terre, la chenevière et environ quatre faulchees de prey […] » (ADMM B 123, fol. 136‑137).

■ Historique

309La toponymie permet de penser qu’au xive s. un établissement de prêteurs lombards existait à cet endroit. Les Lombards furent bannis du Barrais entre 1360 et 1388 (Schneider 1979 : 65‑98). A cet endroit, une maison forte fut édifiée, mais nous ignorons par qui. Au xvie s., les sires de la Grand Faulx entrèrent en possession du domaine. A la mort du dernier d’entre eux, François, en 1584, la propriété revint au duc de Lorraine. Il fit réparer le bâtiment en 1584 et 1586 et le donna en 1590 à Monsieur Contrisson, voué de Condé, et à son épouse, Claude de la Mothe. Après le décès de ceux‑ci, survenu vers 1637, la propriété échut à la famille de Nettancourt. La guerre de Trente Ans, puis l’occupation française ne ruinèrent pas les bâtiments. En 1703, Antoinette de Nettancourt fit procéder à de très importants travaux d’aménagement.

Damelevières « château »

■ Localisation

310Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Lieu‑dit Le Château.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à sainte Libaire.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL 1102,9 x 898,7.
Toponyme : Domna Libaria, sainte Libaire.

■ Vestiges

311Le lieu‑dit Le Château figure sur le cadastre de 1838 à 200 m au nord‑est de l’église, à la sortie du village en direction de Blainville. Il est installé dans un bas fond marécageux drainé par le ruisseau de Xaufontaine, affluent de la Meurthe (altitude : 213 m) (fig. 39).

FIG. 39 – Damelevières – Plan cadastral de 1838 section D.

312Les bâtiments actuels ont la forme d’un U flanqué d’une tour circulaire. Il résultent de plusieurs phases de construction. Les ailes nord et ouest datent de la fin du xviiie et du début du xixe s. Seul le bâtiment sud retiendra notre attention. Il se divise en deux parties (fig. 40).

FIG. 40 – Damelevières – Plan des vestiges de la maison forte en 1980.

313Un bâtiment rectangulaire (9 x 11 m) forme la partie sud‑est. Il donne sur la cour intérieure par une porte en grès sculptée datant du xviie s., puis par une porte en plein cintre obstruée, et sur l’extérieur par une porte cochère. Le bâtiment est haut de 6 m. Il sert toujours de grange.

314Un bâtiment plus étroit (4,5 x 11 m), mais plus élevé (8 m), couvert d’un pan de toiture incliné vers l’extérieur, prolonge la grange. C’est le dernier vestige des courtines médiévales (fig. 41).

FIG. 41 – Damelevières – La maison forte côté sud avec tour d’angle, courtine et entrée en 1980.

315Le rez‑de‑chaussée est occupé par une pièce large de 1,50 m, prenant jour par une fenêtre ébrasée vers l’intérieur à laquelle on accède par trois marches. Elle s’ouvre à 1,70 m du niveau du sol intérieur. Une grille de fer forgé la protège.

316Le premier étage se compose d’une pièce (4 x 2,6 m) éclairée par une fenêtre à meneaux du xviie s., côté cour, et par l’ouverture de l’assommoir, côté extérieur. Un passage large de 0,60 m permet d’accéder à une seconde pièce, réplique du rez‑de‑chaussée. Elle aussi possède une fenêtre ébrasée, mais munie de deux bancs de pierre latéraux, comme à Thézey‑Saint‑Martin et Port‑sur‑Seille, donc datant du début du xve s.

317L’entrée jouxte les deux niveaux décrits ci‑dessus. Elle se compose de deux portes et d’un passage couvert.

318La porte côté cour est voûtée en plein cintre (largeur : 1,25 m ; hauteur : 2,50 m). On remarque les logements des anciens gonds au pied des montants droits. Elle s’encastre de 0,20 m dans le mur. Deux poutres en chêne servent d’arc de décharge. La porte extérieure (largeur : 1,70 m ; hauteur : 2,40 m) a une voûte à trois pans coupés en pierre de taille et un encadrement rectangulaire (1,90 x 3,40 m) obstrué par de gros moellons. La partie supérieure (2 x 3 m) est constituée par un renforcement dans lequel est fixée une bretêche ou assommoir. Les corbeaux sont à 5 m du sol. Ils sortent de 0,42 m du mur et soutiennent deux plaques de grès posées de champ (largeur : 0,10 m ; hauteur : 0,50 m). Une plaque du même matériau, percée de quatre trous circulaires (diamètre : 0,10 m), sculptée dans sa partie inférieure, est soutenue par deux équerres en fer. De part et d’autre, on remarque les encoches (0,30 x 2,90 m) destinées à recevoir les flèches du pont‑levis. Les deux portes sont séparées par un couloir long de 4,20 m et large de 2 m. Dans son état actuel, la porte extérieure présente de nombreux aménagements du xviie s.

319La tour sud‑ouest est bâtie en pierre calcaire de couleur blanche provenant de la carrière du Bois d’Einville. Appareil très irrégulier : blocs variant de 0,33 x 0,27 m à 0,20 x 0,21 m liés par un mortier de chaux riche en sable (fig. 41), hauteur maximale : 8 m ; hauteur minimale : 5,5 m ; épaisseur des murs : 2,30 m. On y distingue trois niveaux.

320Le rez‑de‑chaussée : pièce de plan circulaire (3,5 m de diamètre intérieur). Sans ouverture à l’origine, au xviiie s., on a percé une porte donnant sur le jardin. Précédemment on y accédait depuis le premier étage par une échelle de 4,10 m. Cette salle correspond à un « fond de fosse » servant de réserve à provisions. Des poutres et un plancher de chêne constituent toujours le plafond où s’ouvre la trappe.

321Le premier étage : cette pièce communique avec le premier étage du bâtiment par une porte faisant, avec l’orientation de celle‑ci, un angle de 28°. Cette obliquité est un élément de défense. La porte a 2,30 m de longueur, 1 m de large, 1,80 m de haut. La pièce possédait trois ouvertures de tir. Une seule subsiste dans un état primitif du début du xve s. (fig. 42). Elle protégeait la courtine ouest. La seconde fut détruite en 1944 par une bombe. La troisième, qui protégeait la courtine sud et l’entrée, fut modifiée au xviie s. Elle reçut une embrasure à redans. A droite de l’entrée, un escalier pris dans l’épaisseur du mur menait au second étage. Il en reste cinq marches en chêne larges de 0,60 m.

FIG. 42 – Damelevières – Tour sud‑ouest avec archère canonnière du début du XVe s. en 1980.

322Le second étage : la toiture fut brûlée en août 1914, puis subit un bombardement en 1944. L’étage ne fut pas relevé. La tour reçut une toiture à trois pans couverte de tuiles rondes. Ces vestiges mériteraient une mise en valeur.

323Un fossé de forme rectangulaire entourait le château. Il ne subsiste que les côtés nord et est (60 x 30 m), larges de 6 m, profonds d’environ 4 m.

■ Datation

3241252‑1253, mars : « Je Sire Abers de Damne Liviera […] » (ADMM H 726).

3251261, janvier : « Je, Auberg de Dameleviere chevalier […] ai donnei a l’englise de Moyenmouttier […] tout ce que le ay a Saincte Marie devant Barbonville en boix et en droitures […] tout quant que le ay a Barbonville et on ban et si doig le bruel et la crouvée que jay a Dameleviere […] » (ADMM H 1290).

3261282, 1er mai : Philippe de Gerbeviller reprend du duc Ferry en fief et en hommage sa « fort maison qui siet a Dameleviere et quant que il ait a Dameleviere for le moulin de la ville […] fors la justice et la garde de la maison de Belchamp […] » (ADMM H 1281, fol. 6r).

3271310, 24 septembre : « Ferris de Lenoncourt escuier […] ait […] aquiteit […] a noble demoiseul Maheu fil mon signour le duc de Loregne teil droit […] on molin que siet devant la maison de Dameleviere […] pour raison de fiei […] » (ADMM B 880, no 61).

3281577 : « Au sieur de Bussegnecourt quil a pleu a monseigneur luy donner pour subvenir a la refection de sa maison de Dameleviere qu’avoit esté breuslé par les raistres du duc Casimir […] » (ADMM B 6831, fol. 29r).

3291667 : « Au dit lieu y a deux maisons seigneurialles l’une appartenante a monsieur de la Chaussee seigneur hault justicier moyen et bas pour les deux tiers en laditte seigneurie, lautre thier a madame la marquise de Blainville. Au chasteau dudit sieur de la Chaussee il y reside une demoiselle niefce dudit sieur qui tient le mesnage avec un valet sa femme et une servante encor un jeune homme et sa femme servant de vigneron […] une femme vefve sa mere et deux petits garcons qui servent de bergers […] Ledit sieur a un petit moulin proche le chasteau ou reside un mulnier, sa femme son beau père […] » (ADMM B 8601, fol. 35r et v).

3301888 : « Deux châteaux ont existé à Damelevières. De l’un de ces deux châteaux on voit encore une partie du fossé qui l’entourait ; le ruisseau dit de Haute‑fontaine et une source abondante à côté du chemin de Blainville fournissaient l’eau nécessaire à ce fossé. Une vieille tour aux murs très épais est encore en partie debout. On y remarque aussi des creneaux, des machicoulis, des meutrières […] » (MS 820).

■ Historique

331La terre de Damelevières relevait du duché de Lorraine. Otton (1142 † av. 1163), Wiard et Olry (1163‑1183), puis Aubert (1252‑1265) appartenaient à un premier lignage seigneurial (ADMM H 1151, H 726, H 474, H 832 ; Montjauze 1970 : no 57, 65 , Parisse 1978 : no 128).

332Philippe de Gerbéviller (1243‑1295), fils du comte de Lunéville Hughes II, entra en possession de cette terre et la reprit en fief avec la maison forte en 1282. Il n’est pas possible de savoir si cette fortification fut l’œuvre de Philippe ou du lignage précédent. Ses fils, Jean, Simonin et Renier disparurent sans laisser d’héritier au début du xive s. (Marichal 1903‑1908, 1 : 508 ; ADMM B 880, no 62).

333En 1410, Didier de Saint‑Dié devint seigneur en partie de Damelevières (Poull 1977, 7 : 21 ; Calmet 1973b, 1 : col. 299). Lui ou un de ses descendants reconstruisit la maison forte en l’adaptant aux exigences de l’artillerie légère. Les vestiges permettent de dater ces travaux des années 1430 (généal. 10).

GÉNÉAL. 10 – Les sires de Saint‑Dié, seigneurs de Damelevières.

Damelevières « tour »

■ Localisation

334Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Lieu‑dit Le Château.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à sainte Libaire.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL 1102,96 x 898,7.
Toponyme : Domna Libaria, sainte Libaire.

■ Vestiges

335Une tour rectangulaire (6 x 12 m), haute de 13 m se dresse au centre du village à 40 m au nord‑est de l’église (fig. 39). L’intérieur se répartit sur trois niveaux d’habitation et une cave communiquant par un escalier à vis. Une archère‑canonnière, identique à celle existant dans le château voisin, permet de dater la construction de la première moitié du xve s. (fig. 43).

FIG. 43 – Damelevières – La « maison tour » (XVe s.) près de l’église en 1980.

■ Datation

3361668 : « Au dit lieu y a deux maisons seigneurialles l’une appartenante à Monsieur de la Chaussée […] A l’autre maison seigneurialle appartenant à la marquise de Blainville, il y réside Nicolas Perin censier qui fait deux charues […] et le berger dudit chasteau […] Ladite Dame a encor une maison vis à vis de son chasteau […] » (ADMM B 8601, fol. 35 r et v).

3371888 : « A l’autre château dudit Haut Toit aujourd’hui maison de ferme au centre du village à l’angle de la route de Nancy à Rambervillers et de celle de Blainville à Bayon on remarque une très belle cave dont les murs ont 2 m d’épaisseur et une tour avec un escalier tournant de 56 marches en pierre dure. Les anciens parlent d’un souterrain qui faisait communiquer les deux châteaux […] » (MS 820).

■ Historique

338En 1667, la justice de Damelevières relevait pour un tiers de cette seigneurie appartenant à la marquise de Blainville. Il n’a pas été possible de relier cette famille avec l’un des lignages vivant à Damelevières dans la première moitié du xve s. L’identité exacte du constructeur reste problématique.

Deuxville, Saint‑Epvre

■ Localisation

339Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Nord.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Epvre.
Carte IGN 1/25 000, Saint‑Nicolas‑de‑Port, 3415 est. CL 1109,3 x 904,1.
Toponyme : Sanctus Aper, évêque de Toul au vie s.

■ Vestiges

340Le cadastre de 1813 présente au lieu‑dit Saint‑Epvre, à 1 km au sud de l’église, les bâtiments quadrangulaires (36 x 38 m) d’une exploitation agricole installée au flanc du coteau marneux du Léomont, à 320 m d’altitude. On ne remarque plus de trace de construction fortifiée.

■ Datation

3411310, 14 juillet : « Je Simon sires de Par roie […] ai vendu […] a noble home […]Hanry seignour de Blamont lou fief et l’omaige que me sire Karles de Luneville chevalier tient de moy […] en la ville de Sainct Epvre et en la ville de Wehuviler […] » (ADMM B 345, fol. 26v ; ADMM B 574, no 70).

3421320, mai : « Je Hanris sires de Blanmont faix savoir a tous que corn Gerardins de Leneville escuiers soit mes homs et meis fealz et teingne de mi en fief et en homaige tout ceu quil ait a Saint Euvre desout Leneville entièrement a savoir est quil est bien mes greis et ma voluteis que une fort maison quil fait a leu quil la repreingne de mon signour lou duc de Lohereigne […] » (ADMM B 574, no 71).

343v. 1348 ‑ L’évêque de Metz Adhemar de Monteil détruit Saint‑Epvre : « Videns ergo episcopus se deceptum statim cum adiutorio Metensium iterum castrum ducis destruxit cum IIII aliis, scilicet duo in Amelicort unum in Ethinvilla et unum in Sancto Apro. » (Anonyme 1270‑1376 : 326).

3441464, 16 octobre : « Je Jaquemin de Nancey escuier chastellain de Luneville jay reprins en fief et en homaige de […] Jehan duc de Calabre de Lorraine […] ung waingnaige nommé Sainct Eyvre pres de Luneville scituee es bailliaige et prévosté de Nancy avec toutes les appartenances et deppendances appartenant audit weignaige lesquelles appartenances sensuivent, premirement, la tour de la fort maison les barbecannes et fossés de ladite fort maison. Item la maison dudit waingnaige la grainge et la bergerie avec toutez les appartenances. Item nuef vingt journaulx de terres arrables […] seans tant au ban de Sainct Eyvre comme es bans joingnans. Item vincg faulciees de prey seans audit ban de Saint Eyvre […] Item ung petit bouxat de bois contenant environ vincgs journalz tout lequel waignaige avec les choses dessusdites furent a Aubert de Chastel ecuyer […] » (ADMM B 704, no 22).

345XVIIe s. : « […] Monsieur de Pullenoy acheta aussi le fief de Saint Evre […] Les biens du sieur de Pullenoy furent après sa mort partagés en 1631 […] Le troisième lot tomba à dame Barbe de Pullenoy veuve de M. de Haraucourt, comprenant […] le fief de Saint Evre. La maison de ce fief étoit ruinée depuis longtemps. Le fermier résidoit à Deuxville. Ce fief passa à un de Haraucourt, qui le donna aux pères Jésuites du noviciat de Nanci, en entrant dans la compagnie […] Les pères Jésuites l’échangèrent le 25 novembre 1670 avec le sieur Dollot […] Le sieur Dollot avait épousé en secondes noces la demoiselle Jean‑Marie tante de M. de Lombillon. Le fief de Saint Evre fut décrété sur la succession abandonnée du sieur Dollot en 1699. Il fut ajugé à M. de Lombillon le 16 juin 1703. La maison forte étoit pour lors totalement detruite […] Comme S.A.R. Leopold 1er s’arretoit quelque fois, en allant ou revenant de la chasse, dans la maison de M. de Lombillon à Saint Evre, M. Le Baron de Schalz en prit occasion de demander à M. de Lombillon de lui vendre ce fief. Il y consentit et reçut en contr’échange la seigneurie d’Abocourt auprès de Nomeny. Le contrat d’échange est de 1724. » (Calmet 1973b, 1, supplément : 123)

3461703, 20 août : « Charles‑Joseph de Lombillon, conseiller au bailliage de Nancy, déclare posseder les places et ruines ou étaient autrefois la tour de la forte maison avec des barbequanes et fossés, la maison du moitrier dudit fief, la grange et la bergerie. M. de Lombillon fit construire de nouveaux bâtiments. » (Lepage 1853, 2 : 459)

■ Historique

347La terre de Saint‑Epvre relevait du comté de Lunéville. Les sires de Blâmont acquirent le fief en 1310 et autorisèrent leur vassal, l’écuyer Gérardin de Lunéville, à construire en 1320 une maison forte à côté du logis et des bâtiments agricoles préexistants. Cette demeure fortifiée appartenait à la catégorie des modestes maisons‑tours. En 1348, l’évêque de Metz la fit détruire pour se venger des pertes infligées par les Lorrains à son château de Beaurepaire près de Château‑Salins. Elle fut rapidement restaurée et ne fut ruinée qu’au xviie s.

Dombasle

■ Localisation

348Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Basle.
Carte IGN 1/25000, Saint‑Nicolas‑de‑Port, 3415 est. CL : 1110,6 x 896.
Toponyme : Domnus Basolus, moine à l’abbaye Saint‑Martin‑de‑Verzy, mort en 620

■ Vestiges

349Dombasle se trouve au confluent de la Meurthe et du Sanon, sur une modeste terrasse alluviale (altitude : 213 m) dominant de 2 m le cours du Sanon. Un jardin public occupe l’ancien site castral à 80 m au nord de l’église. Les derniers vestiges furent rasés en 1956 pour redresser la route allant à Sommerviller.

350Il faut recourir à des documents iconographiques du xixe s. pour retrouver la disposition de l’ancienne demeure fortifiée. Le cadastre de 1808 (fig. 44), une gravure de 1830 (fig. 45), un plan détaillé (fig. 46) et des gravures de 1861 (fig. 47) permettent de distinguer les différentes parties de cet ensemble composite.

FIG. 44 – Dombasle – Plan cadastral de 1808 section D.

FIG. 45 – Dombasle – Vue de la maison forte en 1830 (Favier 1898, no 2402). Bibliothèque municipale, Nancy.

FIG. 46 – Dombasle – Plan de 1860 (Lepage 1862).

FIG. 47 – Dombasle – Gravures de 1861 (Lepage 1862 : 194‑219).

351Le château de la Motte, de forme circulaire, faisait face au village. Un fossé large de 6 à 7 m constituait une première protection. La motte, peu élevée, se composait d’une terrasse large de 10 m, contenue par un mur de tracé polygonal épais de 1 m, long de 147 m et d’une plate forme sommitale ovoïde (30 x 24 m). L’accès se faisait du côté est en franchissant le fossé par un pont dormant en pierre, puis une porterie flanquée de deux tours demi‑circulaires (5 m de diamètre).

352En 1808, la porterie se composait de ces deux tours venant s’appuyer sur un bâtiment rectangulaire (15 x 4 m). En 1830 ne subsistaient que ces deux tours coiffées d’une même toiture. Des bouches à feu et des fenêtres en plein cintre du xviexviie s. s’y remarquaient encore. En longeant la partie nord‑est de la terrasse, on atteignait une puissante tour rectangulaire (15 x 11 m) qualifiée d’« ancien donjon ». Il s’agit de l’ancien logis seigneurial. Le rez‑de‑chaussée légèrement surélevé consistait en une vaste pièce communiquant avec une cave. Des pièces munies de grandes fenêtres rectangulaires occupaient le premier étage couronné par des greniers sous les combles.

353Le cadastre de 1907 montrait que l’ensemble était encore en état au début du xxe s. malgré quelques constructions parasites dans le fossé. Une photographie datée de 1956 souligne l’état de délabrement des tours et des murs de la terrasse, peu de temps avant leur démolition. Au milieu du vaste parc qui s’étendait à l’est, on remarquait un très long bâtiment rectangulaire (85 x 20 m) se prolongeant par des annexes jusqu’au pied de la porterie de la Motte.

■ Datation

3541346 : « Jehains de Donbaille sire de la Motte. » (Lepage 1862a : 96)

3551420‑1456 : « Je Maheu de Lecey escuier seigneur dudit lieu et de Dombasle en partie […] je tiens […] en fied de treshaut […] prince le […] duc de Lorraine […] tout le chastellet et forte maison de Dompbasle appele la Mothe et avecque les fosselz et pourpris d’iceluy tant les bayle les bœufveries granges et aultres edifices et maisonnement ensemble les gaignaiges prez terres bois ripvieres haves et aultres choses appartenant a ladite forte maison, la prison ferme estant en icelle forte maison tant pour toute ladicte maison de Dompbasle comme pour tout le ban de Crevy. Item le tiers corne des fuers tout le chalcheu Delamont scitué audit Dombasle. Item toutes les terres appellees nonaulx de ladicte seigneurie de Dombasle. Item la moictie de la ville de Dombasle icelle moitie appelee le ban de la Mont […] partable icelle moictye alencontre de mes parconniers de Savigney Montjoye […] Item la vouerie du ban de Crevy […] Item la moictie du moulin de Sommerviller. Item la vouerie de Rozieres et la maison d’icelle vouerie seant audit Rozieres entre la chapelle des Innocents d’une part et les fosselz du chastel dautre part […] Item tout ce que je ay […] en la ville et seigneurie de Champenoux. Item la moictie de la place et forte maison de Belmont franche partant a lencontre de Henry de Lecey mon cousin […] on prevoste de Chastenoy […] Item tout ce […] que iay […] es ville […] de Serrieres […] » (ADMM B 826, no 83 ; ADMM B 378, fol. 39).

3561481, 9 octobre ‑ Les sires de Thuillières cédèrent leur part du « grand château » au sire de Savigny contre la part de celui‑ci dans le petit château : « Estienne de Thieulliere escuier seigneur de Montjoye en partie aussi Nicolas et Jehan Loys escuiers tous trois freres […] ont vendus […] a […]Ferry de Savegny escuier seigneur dudit Dombasle en partie et portion […] comme ils avoient […] en toute la place et forte maison du Grand Chasteau tout en admaisonnement ediffices usuaires et appartenances quelsques hault et bas par tout ledit chasteau comme aussi on gerdin darrier appartenant a icellui on baisle ez barbaquaines ez fosselz cintres curies et allees dedens et dehors seantes audit chasteau seulement ainsi et en la maniere que les lettre de partaige auparavant faites a lencontre de feu […] Andreu de Savegny pere dicellui Ferry le contremettent saulf et resue que lesdit transporteurs ont retenus pour eulx et pour leurs hoirs leur allee et venue parmy ledit baisle davant pour aller et venir en leurs gerdin darrier par une sente amenans mal […] pour entrer en une graige que ledit Ferry a fait faire nouvellement pres des fossels dudit chasteau et lesdits fosselz. Item encor ont avec ce lesdits de Montjoye quictes […] audit Ferry de Savegny et a ses hoirs […] tout tel droit […] quilz disoient avoir touchant une retraicte dun certain vandaige que Liebault de Thieullers avoit pry davant fait audit Ferry de Savegny de certaines parçons quil avoit esdits deux chasteaux tant ad cause de lui comme ad cause des‑chainge fait alecontre de Thiebault de Thieulliers son frere selond le contenu des lettres sures faictes sans jamais y pouvoir rien demander ne reclamer en quelque maniere que ce soit. Et pour et moyennant cedit transport […] ledit Ferry de Savegny en faisant fort de […] Cathin sa femme a recogneu […] cedé […] aux dessusdits Estienne Nicolas et Jehan Loys de Thieulliers […] toute telle partie comme il avoit […] a quelque tiltre cause ou raison que ce fut […] tant ad cause dacquest quil a fait audit Liebault de Thieulliers comme aulcune en quelque façon que ce soit en toute laultre place et forte maison quondit le petit chasteaujoindant audit grant chasteau dudit Domp‑bale comme aussi on basle ez barbiquaines ez fosselz cintres curies et autres admaisonnements et usuaires qui appartiennent au corps dudit petit chasteau seulement pres la tuicion et deffence dicellui dedens et dehors et des mur railles aussi halt et bas jusques aux gros murs qui font dessoyure entre lesdits deux chasteaulx sans excepter aucune choze audit petit chasteau ne de sesdites sesdites usuaires alentour et alendroit dicellui. Item ont encor lesdits de Montjoye et averont dudit Ferry de Savegny ad cause que dessus le gerdin darrier appartenant audit petit chasteau ainsi comme il se contient et comme il a esté party […] seant entre messire Warry de Lessy dune part et le gerdin dudit grant chasteau daultre part et parmy cedit traité et appointement lesdits de Montjoye ont recognuz avoir ehuz et receuz desdits Ferry de Savegny et de sa dite femme la somme de cent francs monnoye coursable pour ad cause de mieux vallisance dont ilz seu sont tenus […] contans. » (ADMM H 2070).

3571551, 2 février : « Je Jehan de Tulliere […] fais scavoir a tous que je […] cree […] Perrin de Haraucourt […] pour en mon nom se presenter en la court de Lorrayne […] faire reprinse […] de monseigneur le duc de Lorrayne des biens […] que je […] tiens […] en fief assavoir le chaisteaul de Dombale, les villaiges dudit Dombale, Sommerviller, le ban de Crevy […] » (ADMM B 704, no 57).

3581572, 24 mai : « Jean Baptiste de la Faulx chastelain à Dombasle a presente ce compte devant Barbe de Lutzelbourg épouse de Jean de Ludres chevalier seigneur de Richardmenil en partie et de Dombasle, Humbert de Bilstein, Anne de Lutzelbourg veuve de Robert de Boullant, Claude de Beauvau, Jean seigneur de Pierrefort nous tous faisant pour les quatre parts les cinq faisant le tout en un tiers de la succession […] delaissee par feu Wary de Lucy en son vivant sieur de Dombasle […] Mes seigneurs […] de Wattronville et Montjoie sont par indivis seigneurs hauts moyens et bas justiciers en la seigneurie de Dombasle au Ban de Lamont […] » (ADMM H 2685).

3591649 : « 25 francs pour poudre, plomb, meche et sac […] un resal de blé pour la munition des fantassins qui étaient logés au château. »

3601650 : « Six livres à M. Anthoine pour avoir fait la broche d’alentour du château et d’autres ferrailles à la barrière […] 18 gros pour avoir raccomoder la chaîne du chateau […] 33 livres pour reparation au puits […] ».

3611652 : « […] 5 livres à un maçon pour avoir blanchi la porte du vieux chateau […] » (MS 820).

3621662 : « Comptes de la seigneurie de Dombasle appartenant à Madame Henriette de Haraucourt […] marquise de Bassompierre, vicomtesse de Dombasle. Desclarations des maisons appartenant a madicte Dame le chastaux de la Mothe avec la bas cour le petit chastaux tenu de Madame de Florainville avec la bas cour d’iceluy, le pavillon tenu de monsieur de Remycourt, une petite maison scise devant le chasteau de la Mothe. » (ADMM H 239, fol. 10)

363« […] une cheneviere derier le chasteau […] une cheneviere devant la Mothe […] ». (ADMM H 239, fol. 33).

364« […] deux maisons devant la Mothe […] » (ADMM H 239, fol. 34).

365« […] un resal de plaistre qui aurait esté employé a racomoder le cabinet au dessus du peron du chasteau de la Mothe un millier de thuille […] employé a recouvrir le toit au dessus de la chambre du suisse de celle de Saint Jean et du desgat qui aurait este causé sur le toit du petit chasteau en secourant le feu qui brulloit dans la cheminee dudit suisse et du grenier […] huict francs à Nicolas laise charpentier a Dombasle pour avoir racomode les deux grand porte de la Bas cour du chasteau de la Mothe […] Item avoir payé trante et un francs six gros a Jean Barisien de Dombasle pour avoir araché cinquante quatre char de piere a raison de sept gros l’une esquels sont esté mesnee pour reparer les murailles du chasteau de la Mothe et du partere de Madame

366Plus avoir payé […] six pieces de boys qui seraient esté abattu audit boys pour servira tant a la fontaine qu’au pont du chastaux de la Mothe

367Sept francs huict gros a Nicolas Biaise charpentier […] pour avoir racomodé la grande Porte de la bas cour du chasteau de la Mothe proche de la Croix. » (ADMM H 239, fol. 42 r et v)

3681671 : « 13 livres 6 gros pour 6 livres de poudre et trois livres et demi de plomb mis au chateau pendant l’alarme qui courait le pays […] » (MS 820).

369XVIe s. : « A Dombasle […] diocese de Toul y a deux bans lung appellé le Ban des seigneurs de Lamont et laultre le Ban de Laval. Sur le ban des seigneurs le sieur curé […] emporte le dismaige après les laboureurs labourant et residant sur ledit ban mais sur le ban de Laval il prent le rapportaige après ses paroissiens scavoir de huicts gerbes de disme trois, de cinq deux et de trois une et le sieur prieur de Warengeville le surplus […] » (ADMM G 1042 cote no 33).

3701676, 11 janvier : « L’église du village […] renfermait trois chapelles […] la deuxième était dédiée à Notre Dame de Pitié érigée en 1520 par François de Savigny et Valence de Thiaucourt. Le service en fut transféré dans la chapelle du château par décret du 11 janvier 1674 […] » (Lepage 1853, 1 : 300).

3711677 : « […] deux livres pour celui qui a apporte l’ordre de faire charroyer le blé aux deux châteaux. » (MS 820)

3721756 : « L’on voyait à Dombasle deux châteaux l’un nommé Lamotte et l’autre Florainville […] » (Calmet 1973b, 1 : col. 354).

3731888 : « Le château féodal de la Mothe […] semble avoir été construit sur un ancien tumulus. L’alentour de la construction c’est le sol plat et la motte s’aperçoit très bien. Avant d’être déformée par des constructions nouvelles, elle a dû avoir une forme quelque peu conique et légèrement ovale. Dimensions : 150 m sur 100 m. Le château était entouré de fossés. On prétend qu’il a existé un souterrain partant de ce château et allant au bois de la Mothe à près de deux km de là. Il n’est pas possible d’admettre l’existence de ce souterrain. Dombasle possède l’ancien château féodal de la Motte. Il en reste la plus grande partie de l’enceinte avec ses meurtrières, le donjon de forme rectangulaire, les deux tours rondes de la porte d’entrée, une oubliette. Les fossés ont été comblés. Depuis 1813, le château est converti en brasserie […] » (MS 820).

3741966 : « […] La porte donnait accès à une terrasse entourant le château proprement dit. Il s’élevait au milieu du terre plein actuel et était flanqué, à la partie septentrionale, par un donjon, grosse masse carrée, qui, bien que lézardée, existait encore récemment, en partie tout au moins. Un petit bâtiment à usage d’habitation et de ferme qui lui avait été adossé à une époque récente a été tout dernièrement démoli et j’avais alors demandé, à titre de maire, à Monsieur le directeur de la Brasserie de Saint‑Nicolas‑de‑Port, qui en était propriétaire, de vouloir bien conserver toute la partie ancienne des bâtiments et du mur d’enceinte. Depuis que cette causerie a été faite, le « vieux château » a été cédé à la ville. Les tours et bâtiments qui restaient ont été abattus et ont plus ou moins servi de carrière. La motte elle même est en train de disparaître ; il n’en restera bientôt plus, provisoirement peut‑être, que le nom de la « rue de la Mothe » donné à la portion de chemin qui traverse l’ancienne basse cour du château […] Le tout était protégé par un fossé profond qui fut comblé et converti en houblonnière, puis en jardin. D’après les anciens, il y aurait eu de longs souterrains donnant issue entre Sommerviller et Dombasle, au milieu de la côte des vignes, à environ 1 km et demi. D’aucuns disent qu’il y en aurait eu également du côté de Lunéville. Au château se rattachaient des dépendances. Le cadastre de 1808 montre encore, au nord, un large enclos circonscrit par le « chemin sous le Parterre » et au sud […] un très vaste parc dessiné en jardin anglais […] » (Humbert 1966 : 33) ; « J’avais espéré autrefois que l’on pourrait sauver ce qui restait des ruines, mais un redressement de la route fit abattre les deux tourelles d’entrée ; c’était alors tout ce qui restait du château […] » (Humbert 1966 : 412).

3751966 : « Dom Calmet et Durival signalent un deuxième château dit de Florainville. Mais où est‑il ? Etait‑ce même un véritable château ou simplement une construction plus importante que les voisines ? […] Lors de la construction de l’école des filles en 1884, on trouva à une certaine profondeur les vestiges d’une construction vraisemblablement incendiée et que l’on peut supposer être notre deuxième château. D’ailleurs, le nom de « rue de Florainville » avait été donné à une voie longeant ces écoles et reliant l’église au cimetière actuel à travers les dépendances du château […] » (Humbert 1966 : 37).

■ Historique

376Plusieurs seigneuries y existaient conjointement au Moyen Age. Le prieuré Saint‑Gorgon de Varangéville, dépendant de Gorze, détenait la seigneurie de Lavaul ou Laval. Le prieuré Saint‑Don en possédait une autre beaucoup plus modeste. La seigneurie laïque, relevant à partir de 1048 du duché de Lorraine, portait le nom de « Ban de Lamont » et plus tard de « Ban des seigneurs Plusieurs lignages seigneuriaux s’y succédèrent.

377Dès 1070, un lignage d’alleutiers prit le nom de Dombasle. Ses représentants apparaissent dans des actes de donation aux abbayes de Beaupré, Senones, Clairlieu (Calmet 1973a, 2 : Preuves, col. 261, 268 ; Calmet 1973a, 6 ; Preuves, col. 21 ; Parisse 1982 : 411) (généal. 12). La filiation entre ces personnages et Jeanne de Dombasle, héritière unique de la seigneurie, n’a pu être établie clairement (généal. 11).

GÉNÉAL. 11 – Les sires de Dombasle.

GÉNÉAL. 12 – Les premiers sires de Dombasle.

378Jeanne épousa, avant octobre 1225, Henri de Salm, fils cadet du comte Henri II, et fut la souche d’un second lignage. Une maison forte ne tarda pas à apparaître. Elle fut vraisemblablement l’œuvre d’Henri († 1240). Quoi qu’il en soit, elle est antérieure à 1293, date du décès de son fils prénommé aussi Henri puisque son épitaphe dans l’église de Dombasle le qualifiait de « seigneur seul de la Moutte et de Dombaille ». La lignée directe s’interrompit avec Jean de Dombasle († 1395) dont les deux filles se partagèrent les biens familiaux.

379Marguerite fit passer une partie de la seigneurie dont la Motte, entre les mains des sires de Lucy. Le décès de Vary II de Lucy, en 1568, provoqua une nouvelle division au bénéfice de ses sœurs. Par Eve, les sires de Haraucourt‑Chambley héritèrent de l’essentiel. Un tiers échut à la famille de Lutzelbourg‑Fléville. Au xviie s. les Haraucourt possédaient toujours le château de la Motte.

380Odette reçut le reste de la seigneurie et transmit ses droits aux sires de Thuillières. Ceux‑ci, après 1400, se scindèrent vraisemblablement en deux branches qui édifièrent un grand château et un petit château au pied de la Motte.

381Avant 1450, les deux frères Thiebaut et Liebaut de Thuillières vendirent leurs droits sur ces édifices à Ferry de Savigny (généal. 13). En 1481, les autres co‑seigneurs, Etienne, Nicolas et Jean‑Louis de Thuillières acquirent la part de Ferry II de Savigny sur le petit château et en devinrent seigneurs seuls. En échange, ils permirent à Ferry II de détenir à lui seul le grand château.

GÉNÉAL. 13 – Les Savigny, seigneurs de Dombasle en partie.

382Au milieu xviie s., le petit château devint la propriété d’une certaine Madame de Florainville dont la parenté avec les précédents seigneurs reste obscure. Cet anthroponyme ne tarda pas à désigner l’ensemble formé par le petit et le grand château. En 1756, A. Calmet ne signale plus que deux châteaux, celui de Florainville et celui de la Motte. A la Révolution, le château de Florainville disparut. Celui de la Motte fut transformé en brasserie et, vers 1950, la brasserie de Saint‑Nicolas‑de‑Port céda les vestiges à la commune.

Einville‑au‑Jard

■ Localisation

383Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Nord.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Laurent.
Carte IGN 1/25 000, Arracourt, 3515 ouest. CL : 1114,3 x 906.
Toponyme : nom germanique Odowin et latin villa, domaine.

■ Vestiges

384Einville se trouve dans la vallée du Sanon. Le château s’élevait à 30 m au nord‑ouest de l’église. Les constructions médiévales ont totalement disparu lors de la construction d’un château du xviie s., rasé en 1824.

■ Datation

3851243, Ier juillet : « Je, Hues cuens de Linievile, faz connoissant […] que […] Matheus, dux de Lothoringie […] a eschangie a moi son chatail Espicenberc, Seint Die, Moienmonstier, Estivai […] et par cest eschange […] ai je eschangie a mon segnor le duc mon chateil de Linievile […] et quandque j’ai a Linievile et an toittes les appendises de Linieville an fiez et an homages […] » (ADMM B 902, no 1).

3861243, 12 juillet : Hugues de Lunéville engage Einville au banquier messin Aubert de Champel pour la somme de 240 livres messines payables par le duc de Lorraine (ADM B 256, fol. 256/7).

3871287, 21 janvier : Wautrin de Creve‑champs, écuyer, devient homme lige du duc après Henri, comte de Vaudémont ; il reprend en fief du duc ce qu’il avait à Crepey et Dommartin‑les‑Charmes et doit « demi‑an de garde à Einville » (ADM B 256, fol. 45).

3881289, 26 mai : Le duc Ferry signe à Einville une alliance avec Henri de Blamont contre l’évêque de Metz (Pange 1930 : no 900)

3891294, 26 juin : « Orris de Bazemont escuiers […] et Marie sa feme […] ont escheinge a […] Ferri duc de Loherene […] quan qil avoient […] en la ville de HadonvilIer […] lor eit donné li devant dit duc […] tous les homes […] les femes et leurs hoirs et lors tenons qil avoit à Bauzemont […] et doit […] li dis Orris et Marie […] six semeines de warde a Einville. Et quant cil Orris et Marie […] feront la warde a Einville il dolent avoir los foeresse nor lor hostel deinville ou il seraient a hostel ez boix deinville […] tant com la warde durerait […] » (ADM B 256, fol. 86v).

3901312, 2 mai : « Thiebaut II mentionne dans son testament que ses exécuteurs testamentaires choisissent un homme vaillant et qu’ils l’envoient à sa place et à celle de son défunt père Ferry faire le service d’outremer et qu’on lui donne pour son entretien 400 livres de petits tournois […] apres qu’on aura payé les arrerages de terrain qu’il a enfermé dans son parc de Nancy et dans celui d’Einville. […] » (Calmet 1973a, 3 : col. 248).

3911339, 2 décembre : « Thomas de Bourlemont évêque de Toul autorise le duc Raoul à transférer le chapitre du château d’Einville dans la nouvelle collégiale de Nancy » (Calmet 1973a, 3 : col. 350).

3921343, 30 novembre : « Et doit encour li dis chapellains (de Luneville)aler a Einville chascun an le jour con feront de la feste de la chapelle dou chasteil d’Enville. » (Lepage 1853, 1 : 625)

3931351 : « […] Et apres furent ceulx de Metz en la duchie […] tout devant le Jay le duc de Lorenne et le brixont et y jeuront deux nuits et deux jours. » (Calmet 1973a, 5 : col. 12)

3941431 : « La duchesse Marguerite de Bavière […] apres la mort du duc Charles Il son mari, […] erigea un hopital à Einville au Jars qui était de son douaire et y passa le reste de ses jours dans l’exercice de la charité. » (Calmet 1973a, 3 : col. 520)

3951447‑1448, octobre : « Baldone chastellain et cellerier d’Einville […] Regnaldum portier de lostel [...] delivré auz moitrier, recouveteur, fontenier, pourtier et maréchal de lostel. » (ADMM B 5658, fol. 1, fol. 39‑40)

3961471‑1472 – Compte de Jean Phelippin receveur général de Lorraine : « D’Einville et de la chastellenie neant reçu par ledit receveur par le temps de ceste presente recepte pourtant que mondit seigneur l’a donné sa vie durant au comte de Camp‑bas pour tenir son mesnaige et estat avec tout le revenu et emolument que mondit seigneur prenoit et avoit audit lieu d’Enville, rzservé tant seulement la Gruerie dudit Enville que mondit seigneur a retenu pour le soustenement du Jay. » (Lepage 1853, 1 : 321)

3971475, 21‑24 octobre : « Einville se rendit [aux officiers du duc de Bourgogne] n’étant pas en état de résister » (Calmet 1973a, 5 : col. 323).

3981476, 15 ou 16 août : « Ceux d’Einville‑aux‑Jars […] vinrent en même temps apporter leurs clefs [aux Lorrains] » (Calmet 1973a, 1 : col. 344).

39914771478 – Importants travaux de réfection intérieure au château : « 96 losenges es fenetres de vaires du chastel […] rompues par le temps les guerres les bourguignon. » (ADMM B 5659, fol. 19r à 42r ; ADMM B 5660, fol. 13r à 30v)

4001565, 18 mai : « Charles […] duc de […] Lorraine […] pour ayder a subvenir a aulcun noz tres urgens affaires, […] avons vendu […] a notre tres cher et fealPierre Oxe gentilhomme et chambellan […] notre chasteau maison forte terre seigneurie et prevosté d’Einville […] pour la somme de 20.000 écus d’or au soleil […] » (ADMM B 670, no 31).

4011625 : « Avoir remassoné et faict des portes a plusieurs murailles au dedans du chateau rompues au temps du passage du sieur comte de Mansfeld […] » (ADMM B 5801, fol. 50v).

4021637 : « Le present compte pour le domaine ordinaire des chastellenie et recepte d’Einville dressé au plus pres de sa science qu’il a peu ne luy ayant restezpar le pillage de la ville et chasteau d’Einville […] aucun compte titre servant a leclaircissement du present non plus que d’aucune affaires de loffice, les logements des armees, ceux des Suedois Allemands et Cravattes avec les courses journallieres y faictes ont entierement ruyné le peuple […] » (ADMM B 5820, fol. 1).

4031657, 7 octobre : « Pour humblement satisfaire a l’ordonnance de Monseigneur l’Intendant […] les soubsignés Récepteur Contrôleur d’Enville ont faict convenir par devant eulx au chateau dudit lieu Denis Comte et Claude Barchat […] maitres massons et recouvreur ensemble Jean Maurin aussi maitre charpentier expres par eulx choisir et appellez a ce de recognaistre et visiter ledit chateau, les ruynes d’icelluy les reparations les plus pressantes et necessaires a y faire les matériaux qui s’y peuvent prendre pour y travailler et de faire l’estimation de ce que pourront couster les ouvrages conformement a ladite ordonnance […]

404Premier La Toiture descailles couverture et charpenterie […] Au quartier du derier du château ou sont les escuyries pour la charpenterie […] Charpenterie a la Basse‑court […] » (ADMM B 5838, fol. 1r à 9r).

4051704 : « Despense a cause des demolitions des basse cours du chateau d’Einville par un detachement des gardes à pied de sa Majesté […] 612 I. 19 s. 6 d. » (ADMM B 5857, fol. 39)

■ Essai de reconstitution

406Nous avons collationné les mentions de réparations faites au château entre 1477 et 1701, contenues dans environ 150 registres de la châtellenie ou prévôté d’Einville. Leur classement nous a permisde tenter une description des anciens bâtiments et de proposer un croquis de localisation des principales parties du château. Cet essai reste entaché de nombreuses incertitudes, mais il nous a semblé préférable à l’ignorance totale (fig. 48).

FIG. 48 – Einville‑au‑Jard – Essai de reconstitution.  basse‑cour : 1 pont ; 2 cuisines ; 3 fontaines ; 4 tour de la cuisine ; 5 corps de logis ; 6 tour « Cratesselin » ; 7 écuries ; 8 appartements.  château : 9 tour de la chapelle ; 10 « Pâlie » ; 11 poterne ; 12 pont ; 13 moulin ; 14 pieux ; 15 chambre du châtelain ; 16 tour « Bralart » ; 17 chambres.

Les dépendances

407Le jardin, ou jard, s’étendait au nord et à l’ouest du château en bordure du Sanon (ADMM B 5666, fol. 48v). Il était en relation directe avec la cour du château par une poterne et un pont de bois (ADMM B 5661, fol. 30v). Un mur long d’au moins 710 m l’entourait (ADMM B 5664, fol. 53v). A l’intérieur, se trouvait une fontaine (ADMM B 5664, fol. 49v). Ce jardin d’agrément possédait toutefois un petit potager (ADMM B 5770, fol. 85v). Des canaux, ou biefs, drainaient cet espace (ADMM B 5683, fol. 16r). De temps à autre, on procédait à l’arrachage des ronces et des épines.

408Le parc : ce vaste espace lui aussi clos était parfois appelé la « plaine du parc » (ADMM B 5709, fol. 78v). Situé dans la vallée inondable, il fournissait le foin nécessaire et se composait d’au moins deux pièces : « la grande et la petite meixière » (ADMM B 5695, fol. 49v). Au milieu, une grange (ADMM B 5659, fol. 19r). Les foins amenés au château par deux chars étaient entreposés dans la grange de la basse‑cour (ADMM B 5681, fol. 50v). On y laissait parfois les animaux y paître.

409Les fossés et la rivière : le Sanon longe le côté ouest du château. C’est là que l’on a établi le moulin banal ; à proximité une cressonnière. Une palissade plantée dans le fossé constituait une défense supplémentaire (ADMM B 5682, fol. 49v et 50r ; B 5664, fol. 48r ; B 5692, fol. 48v).

410La basse‑cour : on y accédait par une porte donnant vers Einville. On en sortait par une seconde porte ouvrant sur le pont du château ; celle‑ci était gardée par une maisonnette, « la porterie », où logeait le portier.

411Il est fort difficile de localiser avec précision les autres bâtiments. On rencontrait d’abord deux petites écuries, puis deux grandes, réservées toutes quatre aux chevaux et aux poulains du duc, d’où leur nom de « maréchaussées » (ADMM B 5659, fol. 37r ; B 5661, fol. 17v). Un troisième ensemble regroupait une maison abritant le « moitrier », puis les sergents du domaine (ADMM B 5661, fol. 16r ; B 5666, fol. 50r ; B 5763, fol. 76r), la grange du « moitrier », où s’entassaient le foin et les graines (ADMM B 5716, fol. 76v et B 5666, fol. 48r), la grange aux dîmes où étaient entreposées les gerbes avant que le grain n’aille dans les greniers (ADMM B 5660, fol. 41r et B 5690, fol. 58r), une étable à vaches (ADMM B 5659, fol. 36r), une porcherie (ADMM B 5717, fol. 81v), une bergerie (ADMM B 5747, fol. 82v), un colombier (ADMM B 5770, fol. 85v) et un poulailler (ADMM B 5661, fol. 13r).

412Ces divers bâtiments s’appuyaient sur des murs de courtine qui entouraient la basse‑cour. Celle‑ci venait s’appuyer sur les murs de la ville (ADMM B 5662, fol. 17r).

Le château

413C’était un quadrilatère rectangle cantonné de quatre tours circulaires reliées par des corps de bâtiments entourant une cour centrale.

414Les textes nous permettent de connaître les noms des tours entre 1477 et 1513 : la tour Cablot (ADMM B 5665, fol. 48v), puis tour de la Chapelle ; la tour Cratesselin (ADMM B 5660, fol. 24v) ; la tour de la Cuisine (ADMM B 5666, fol. 48v) qui s’effondra de vieillesse avant 1621 (ADMM B 5790, fol. 66v) ; la tour Bralart (ADMM B 5666, fol. 48v) effondrée en 1574 (ADMM B 5698, fol. 69v). Les deux tours effondrées ne furent pas relevées. On se contenta de remonter des murs à angle droit sur lesquels furent installées des guérites en 1621.

415Le corps de logis devant le château : après avoir franchi la porterie de la basse cour, on s’avançait sur un pont dormant (ADMM B 5683, fol. 15r), puis sur un pont piétonnier ou « planchette » ; chevaux et véhicules empruntaient le pont‑levis (ADMM B 5695, fol. 49r) et franchissaient la porte d’entrée (ADMM B 5763, fol. 76r) au‑dessus de laquelle s’ouvrait une ouverture de tir (ADMM B 5790, fol. 67r) proche de greniers (ADMM B 5690, fol. 60r).

416A droite de l’entrée, le bâtiment comprenait un garde‑manger (ADMM B 5659, fol. 23r), une grande cuisine (ADMM B 5659, fol. 22v et 28r ; B 5665, fol. 51v) alimentée en eau par un conduit venant de la fontaine située dans la cour (ADMM B 5790, fol. 64v ; B 5666, fol. 48r) ; un escalier au bout de la cuisine menant à une chambre haute (ADMM B 5750, fol. 91r) ; un four (ADMM B 5659, fol. 24r et 26r) pour cuire le pain ; une fruiterie (ADMM B 5660, fol. 20v et 21r), et enfin, une grande et une petite cave sous la cuisine (ADMM B 5768, fol. 76r). La tour d’angle portait le nom de « tour de la cuisine » (ADMM B 5666, fol. 48r). Dans le fossé, devant la cuisine, se trouvait le vivier.

417A gauche de l’entrée, des chambres basses et hautes composaient le bâtiment jusqu’à la tour d’angle. Nous possédons un croquis des charpentes de ce bâtiment (ADMM B 5774).

418Le corps de logis vers le moulin : on y trouvait des chambres dont celle du receveur (ADMM B 5750, fol. 87r), puis une poterne qui permettait d’accéder à la porte du jardin après avoir franchi le Sanon par un pont en bois fixe (ADMM B 5680, fol. 50v), enfin une vaste pièce appelée le « grand palle » au rez‑de‑chaussée, servant de remise et de grenier (ADMM B 5660, fol. 20v ; B 5666, fol. 50r).

419Le corps de logis derrière le château : ses deux tours subsistèrent jusqu’au début du XVIIIe s. Son caractère résidentiel est nettement souligné par les pièces que l’on y trouvait. Le rez‑de‑chaussée était occupé par une salle basse (ADMM B 5659, fol. 27r, 28v et 36r), le premier étage par la « grande salle haute » près de la chapelle (ADMM B 5690, fol. 58r). Cette salle avait une toiture (ADMM B 5660, fol. 80r) que dominait le beffroi de la tour (ADMM B 5659, fol. 34v). Un escalier extérieur ou « vix », couvert lui aussi (ADMM B 5664, fol. 48r), permettait d’y accéder depuis la cour et desservait également une galerie (ADMM B 5668, fol. 21r), la chambre de la duchesse (ADMM B 5660, fol. 21r) pourvue d’une garde robe (ADMM B 5659, fol. 26r) et d’un oratoire (ADMM B 5660, fol. 21r) et la chambre du duc (ADMM B 5660, fol. 22v). Au‑delà, on rencontrait une écurie, puis un bâtiment composé d’une chambre au rez‑de‑chaussée et de deux chambres à l’étage, le tout couvert d’un grenier (ADMM B 5838, fol. 4v).

420Nous ignorons la disposition intérieure du quatrième corps de logis.

■ Historique

421Einville relevait du comté de Lunéville. La ville bénéficiait d’une excellente situation, car elle contrôlait le trafic de batellerie sur le Sanon et l’ancienne voie romaine de Lunéville à Vic‑sur‑Seille.

422En 1220, Hughes Ier de Lunéville mourut. Son fils aîné Hughes II hérita entre autres biens de la majeure partie d’Einville qu’il céda par échange au duc de Lorraine en 1243. Le cadet, Conrad, conserva ses droits qui tombèrent dans le domaine ducal en 1343 à la mort du dernier héritier. Le duc édifia un château avant 1287. La garde était assurée par les vassaux des environs comme ceux de Bauzemont. Les princes durent trouver de l’agrément en ces lieux puisqu’ils y multiplièrent les séjours. Thiebaut II créa, comme à Nancy, un vaste parc ‑ le jard ‑ clos de murs, à côté du château.

423Avant 1334, une collégiale placée sous l’invocation de saint Georges fut fondée au château mais pour peu de temps, car le duc Raoul la fit transférer à Nancy le 2 décembre 1339. Einville ne conserva qu’une chapelle dépendant de celle du château de Lunéville.

424Les troupes de l’évêché de Metz lancèrent une attaque contre Einville en 1350, ravagèrent le parc et peut‑être le château pendant deux jours. Au début du xve s., Marguerite de Bavière, veuve de Charles II, se retira à Einville.

425L’importance d’Einville se traduit par son rang de centre de prévôté comprenant près de vingt villages. Les premiers registres ne datent que de 1447 et fourmillent de précisions qui permettent de comprendre la disposition des bâtiments.

426René Ier donna les revenus de cette prévôté au comte de Campobasso pour l’année 1471‑1472, celui‑ci même qui trahit Charles le Téméraire en 1477. Einville fut occupé par les Bourguignons en octobre 1475, puis repris par les Lorrains en août 1476.

427Jeanne d’Harcourt, première épouse de René II, fut reléguée à Einville de 1475 à 1485 avant que son mariage ne fut annulé pour cause de stérilité. Le rétablissement de la paix dans le duché redonna à Einville son caractère résidentiel. Renée de Bourbon, épouse du duc Antoine, y fit de fréquents séjours au début du xvie s. Le château subit de très graves dégâts durant la guerre de Trente Ans. C’est une ruine que le duc Léopold fit raser en 1701.

Essey‑lès‑Nancy « Haut Château »

■ Localisation

428Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Tout Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Georges.
Carte IGN 1/25 000, Nancy, 3415 ouest. CL : 1119,7 x 885,8.
Toponyme : nom latin Accius et suffixe acum, propriété.

■ Vestiges

429Le lieu‑dit Haut Château se trouve à 240 m d’altitude sur les premiers contreforts marneux de la butte Sainte‑Geneviève, extrémité orientale du plateau de Malzéville. Les constructions actuelles, voisines de l’église, ne sont pas antérieures au xviiie s. Le cadastre de 1832 montre l’imbrication des bâtiments seigneuriaux et de l’église. Il subsistait alors une cour rectangulaire (30 x 20 m) entourée, sauf au nord, de corps de logis larges de 10 m et une tour circulaire côté est (fig. 49).

FIG. 49 – Essey‑lès‑Nancy, Haut Château – Plan cadastral de 1837 section B.

■ Datation

4301263, 16 juillet : « Je Miles de Vandieres, sires de Aci […] ai repris de mon signour Ferri dus de Loheregne […] Aci qui siet delez Nancei, Mar, Dommartemont et Tombelaines quant que je i ai en tous us et en toutes autres choses antierement avecque la moitie dou moulin de Tombelaines […] et sui ge homs liges ai devant di duc en apres le comte de Bar […] » (ADMM B 644, no 55).

4311265, août : Miles d’Essey reçoit du duc Ferry III une rente de cinq muids de sel sur les salines de Rosières (Poull 1962‑ 1964, 2 : 20).

4321337, 2 décembre : « Phillipins d’Essey escuyer filz monseigneur Philippe d’Essey chevalier qui fut dune part Jehan de Nancey escuyer filz monseigneur Jaique de Nancey chevalier que fut Demoizelle Parette femme dudit Jehan et fille Millat d’Escey escuyer qui fut daultre part ont recognu […] quil ont fait partage […] des choses cy apres escriptes.

433Ledit Philippins en pourtoit pour lui […] premiers la maison que fust monseigneur Mille d’Essey chevalier son oncle avec les appendizes en tours en fousses enwiron de ladite maison et les autres foussies devant et de coste de ladite maison le gerdin devant ladite maison le gerdin a serezie le maix de coste et tout l’usuaire ensi comme messire Milles le tenoit […] et li dis Jehans et damoizelle Paratte sa femme en pourte […] premiers la gran maison que fut monseigneur Philippe et les appandizes toutes en tours, en murs en tousses avec la grange et buverie et le saint gerdin con dit le Haut meix qui siet ladite maison et le meix con dit le meix goubeire devant ladicte grange […] » (ADMM B 832, no 37).

4341351, 31 mai : Ogier de Saint‑Cheron, seigneur d’Anglure, réclame une indemnité de 10 000 francs à l’évêque de Metz dont les soldats alliés à ceux de Yolande de Bar ont tenté vainement de s’emparer du château d’Essey à plusieurs reprises et ont ravagé la région (Poull 1962‑1964, 2 : 21).

4351367, 10 juillet : « Odenars de Laweline escuiers filz monsigneur Albert de Laweline chevalier qui fuit […] ait vendut […] a monseigneur Albert le bastard de Lorraine chevalier a madame Aalix sa femme […] la moictie de la fort maison d’Assey laquelle moictie de formaison siet par devers Sainct Marc darriers la fortmaison dez diz achaitour et tout ceu entierement qui appartient et paet appartenir a ladicte moitie de forte maison dessus dite cest ascavoir la moitie de lantret et de lissue de la porte a la moitie de granges et des usuaires devant et darriers et toutes les barbequeines par darriers Jusques a ladite porte et des fousseis a l’allee et lou venir au puix tout aussi un coté meistres Jehan de Laweline et encore toutes autres choses appartenant a ladite moictie de fort maison. Encors […] tout ceu quil ait […] en hommes en femmes en rentes […] en justice haulte moyenne et basses […] et encors dix baixelz de sal corn li dovoit chacun an sur les salines de Rozieres a cause de ladite moitie de formaison […] Duquel vendaige dessus nommei ledis Odenars […] estoit […] en bonne possession par la succession de Symonin qui fuit filz de Dame Bietrix feme de Monseigneur Brun de Rozieres chevalier […] a li sont estees venues en sa partie encontre Monsigneur Jean de Laweline chevalier et encontre Walterin Laweline escuiers ses freres lesquelz meistre Jehans de Laweline en ait pourteir pour cause de contrerpartie contre lesditz Walterin et Odenors laultre moictie de ladicte fortmaison que siet par devant Sainct George […] et est fait cilz ven‑daiges pour la somme de 700 petits florins de florence de bons or […] » (ADMM B 832, no 37).

4361375, 2 juillet : « […] Jehan dux de Lohereigne […] considérant les bons et loialz services que notre amez chevalier messire Albert Bestards de Lohereigne nous ait fait […] avons donner […] affouaige en tous nos boix de notre ville d’Amance pour tout au quil lour plairiat pour lour propre hostel Dassey pres de Nancey on quel hostel le dis messire Albert ou ses hoirs tenroient leur demorance ou pour plusours hostelz se li dis monseigneur Albert ou ses hoirs tenroient leur propre demorance en plusieurs hostelz de ladite ville Descey pour eulx proprement ou lour propre masnie […] » (ADMM B 494, no 8).

4371379, 3 avril : « Les dis monseigneur Aubert et Dame Aulix […] ont de nous (Jehan duc de Loherenne) tout le fied de totes les choses que noble homme monseigneur Jehan de Laweline chevalier tient […] de nous […] Cest assavoir en la moitie de la fort maison et des appartenances dicelie maison sceant à Escey par devans leuglise parochial de monseigneur Sainct George de ladite ville Descey […] Toutes lesquelz choses sont venues et escheues de droite ligne au dit […] Jehan de Laweline par le trepassement de feu Symon escuier fil de feuz monseigneur Brun de Rosières chevalier et de dame Bietrix Descey sa femme […] » (ADMM B 822, no 119).

4381414, 21 février : « Je Gaulchier Danglure chevalier […] je ay reprins de […] monseigneur le duc de Loherenne […] tout ce […] que je ay […] en la ville […] Descey con dit la Tour des Seigneurs Danglure […] » (ADMM B 821, no 31).

4391478, 11 mai : « Cest assavoir que ledit […] Balthasar (de Haussonville) et Dame Anne d’Anglure sa femme ont tout ce que ledit Jehant d’Anglure (voué d’Epinal) et dame Marguerite de ville sa femme pouroient avoir es villes bans et finages d’Essey les Nancy, Sainct Marc, Dommartemont et Tombelaine […] » (ADMM B 838, no 37).

4401525, 9 mai : Jean d’Haussonville, chevalier seigneur d’Essey (Calmet 1973a, 5 : col. 498).

4411533 : « Compte de la seigneurie d’Essey fait par […] chapelain de monseigneur […] Jehan de Hassonville chevalier seigneur dudit lieu d’Essey. » (ADMM B 832, no 37)

4421837 : « Aupres de l’église se trouvent quelques fragments de murailles du vieux château […] » (Grille de Beuzelin 1837 : 39).

4431888 : « Le Haut‑Château qui n’a plus rien d’une construction féodale est actuellement occupé par Madame la Comtesse Vollone. La tradition rapporte que les deux châteaux d’Essey‑les‑Nancy étaient reliés par un souterrain. » (MS 820)

■ Historique

444Plusieurs lignages seigneuriaux se succédèrent à Essey à partir du xiie s. (généal. 14).

GÉNÉAL. 14 – Les sires d’Esscy‑lès‑Narœy.

445Wary d’Essey abandonna des droits sur les salines de Moyenvic en 1151. Un siècle plus tard, Dame Aleidis, Gérard et Ponce d’Essey vendirent des biens fonciers à l’abbaye de Sainte‑Marie‑aux‑Bois.

446Le duc de Lorraine donna le fief d’Essey avant 1263 à un de ses vassaux, Milon de Sorcy‑sur‑Meuse qui fonda un nouveau lignage. Dans l’acte d’hommage de 1263, il n’y a pas trace de maison forte. Milon reçut également en août 1265 une rente de cinq muids de sel sur Rosières, rente que détenait toujours un de ses lointains successeurs, maître du Haut Château en 1367.

447En 1337, les arrière‑petits enfants de Milon, Philippin et Parette, se partagèrent la seigneurie et procédèrent à un échange dont les termes confirment qu’avant cette date, leurs parents respectifs, Philippe et Millat (Mille II), vivaient chacun dans une maison forte différente à Essey. Philippin reçut la maison forte de son oncle Millat, c’est‑à‑dire le Bas Château comme nous le montrerons dans la notice suivante. Parette reçut la maison forte de son oncle Philippe, c’est‑à‑dire le Haut Château avec une pièce de terre proche de l’église Saint‑Georges qualifiée de « saint Gerdin con dit le Haut meix ». Le texte de 1337 évoque « le Gran Gerdin con dit le Haut Meix qui siet ladite maison ». Or, l’espace situé au nord du Haut Château a une altitude supérieure à celui‑ci du fait de la pente, il mérite bien le qualificatif de haut.

448En 1265, Milon reçut une rente sur Rosières. Or, en 1367, ses héritiers détenaient toujours ce revenu « dix baixelz de sal corn li dovoit […] on cause de ladite moitié de fortmaison ». Cette précision laisse entrevoir un rapport entre la rente et la fondation de la maison. Il n’est pas impossible que le duc ait octroyé cette rente pour aider son vassal Milon à édifier l’ouvrage vers 1263‑1265.

449Béatrice d’Essey hérita après 1337 de la seigneurie et la maison forte qui furent partagés à sa mort vers 1355 entre ses deux fils. Simonin d’Essey en reçut l’essentiel qui passa (on ne sait par quelle alliance matrimoniale) à la famille de Laveline. Le 10 juillet 1367, l’un des cohéritiers, Odenar, en vendit la moitié à Aubert de Lorraine. L’autre moitié resta à ses frères. L’un d’eux, Jean, céda sa part (un quart) en 1379 au même Aubert. On ne sait pas ce qu’il advint de la part du dernier frère prénommé Wautrin. Ogier d’Anglure reçut une part difficile à évaluer. Le 30 mai 1351 il réclama des indemnités à l’évêque de Metz dont les soldats avaient attaqué la forteresse, certainement à la suite de la querelle sur Château‑Salins. En 1414, son petit‑fils, Gaucher, tenait du duc de Lorraine un fief appelé « la tour des seigneurs d’Anglure », ce qui confirme la modestie de leur seigneurie.

450A la fin du xve s., Anne d’Anglure apporta le domaine à une des branches de la famille d’Haussonville. Jean III, sénéchal de Lorraine, fut inhumé dans l’église Saint‑Georges en 1545. Sa pierre tombale y est toujours visible. Après lui, ses biens passèrent aux Marcossey, aux Haraucourt et aux Beauvau. Aucun document ne permet d’affirmer que ces lignages aient détenu la totalité du Haut Château car la dévolution des biens d’Aubert de Lorraine reste imprécise.

451Finalement, deux hypothèses restent possibles à propos de l’origine de cette maison forte. Elle pourrait être l’œuvre du premier lignage d’Essey avant 1259 puis reprise par Milon après 1263, ou elle pourrait avoir été édifiée par Milon en 1265. Dans les deux cas, son fils Philippe l’occupa durant le premier tiers du xive s.

Essey‑lès‑Nancy « Bas Château »

■ Localisation

452Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Georges.
Carte IGN 1/25 000, Nancy, 3415 ouest. CL : 1119,7 x 885,8.
Toponyme : nom latin Accius et suffixe acum, propriété.

■ Vestiges

453Le Bas Château est placé sur un modeste replat naturel excavé dans les marnes vers le bas de la côte Sainte‑Geneviève, au pied de l’éminence qui porte le Haut Château et l’église Saint‑Georges distante de 250 m. Un petit ruisseau traverse le site.

454Le cadastre de 1832 et une carte postale datant de 1880 environ, permettent de connaître la disposition des bâtiments (fig. 50). Ceux‑ci se composaient de trois corps de logis disposés en fer à cheval autour d’une cour qui s’ouvrait vers l’ouest.

FIG. 50 – Essey‑lès‑Nancy, Bas Château – Plan cadastral de 1832 section A.

455L’aile nord (40 x 9 m) servait de grange et d’étable. Une tour circulaire (diamètre 5 m) en décrochement, transformée en pigeonnier et couverte d’une toiture à pan coupé, protégeait l’angle nord‑ouest.

456L’aile est (33 x 8 m) abritait des caves au sous‑sol, un logis pour les fermiers à l’entresol et des greniers.

457L’aile sud gardait la trace d’importants remaniements. La partie sud‑est (12 x 5 m) appartenait à la même construction que les ailes nord et est. Par contre le reste, long de 40 m et large de 7 à 12 m, constituait un ensemble plus récent prenant jour par de grandes fenêtres et abritant le porche d’entrée. L’ensemble peut être daté du xviexviie s.

458Les toponymes environnants, Pré de la Cour au nord, Grand Jardin au sud, correspondent à la disposition des lieux cités par les textes de 1337.

■ Datation

4591337, 2 décembre ‑ Echange de biens entre Philippin d’Essey et sa cousine Perette : « Philippins d’Essey escuyer filz monseigneur Philippe d’Essey chevalier qui fut dune part Jehan de Nancey escuer […] demoizelle Parette femme dudit Jehan et fille Millat d’Essey escuyer qui fut daultre part ont recongnu […] quil ont fiat partaige […] des choses cy apres escriptes […] Li dis Philippins en pourtoit pour lui […] premiers la maison que fust monseigneur Mille d’Essey chevalier son oncle avec les appendizes en tours, en foussés environ de ladite maison le gerdin devant ladite maison, le gerdin a serezie […] le maix de costé et tout l’usuaire ensi comme messire Milles le toint. Encore an pourte ledis Philippins les hommes et les femmes ci apres escripts […] et li dis Jehan et damoiselle Paratte sa femme en pourte […] premiers la gran maison que fut monseigneur Phelippe et les appandizes toutes en tours, en murs en foussés avec la grange et buverie et le saint gerdin con dit le Haut meix qui siet ladite maison et le meix con dit le meix goubeire devant ledicte grange […] » (ADMM B 832, no 37).

4601353, 13 juin : « Reglement du different opposant Albert le Beystard de Loherrene chevalier d’une part et Brun de Rozieres escuier ayant cause de dame Bietrix sa femme fille de Jehan de Nancy chevalier daultre part sur l’eschoitte et succession des biens heritages de Phillipin d’Essey escuier qui fuit […] Cest assavoir que ledis monseigneur Albert ait et doit avoir […] sa maison d’Escey qui fuit lidit Phillipins tenoit quant il vivoit en ladite ville d’Escey et en ville vizines […] Si lidis messire Abers trespaissé de vie avant ses hoirs de son corps loyalz et naturelz ledit heritage deveront appartenir a ladite dame Betrix […] » (ADMM B 837, no 37).

4611356, 3 juin : « Conventions de mariage entre Albert le bastard de Lorraine, chevalier et damoiselle Alix, fille de sire Jehan de Haraucourt chevalier seigneur de Parroye […] » (Wurth‑Paquet 1879, no 453).

4621367, 10 juillet ‑ Aubert de Lorraine, habitant le Bas Château, achète à Odenet, de Laveline la moitié du Haut‑Château : « Odenars de Laweline escuiers […] ait vendut […] a monseigneur Albert le bastard de Lorraine chevalier a madame Aalix sa femme […] la moitié de la formaison d’Assey laquelle moictie de fortmaison siet par devers Sainct Marc darriers la fortmaison dez diz achaitour […] » (ADMM B 832, no 37).

4631375, 2 juillet : « Jehan dux de Lohereigne […] considérant les bons et loyalz services que notre amez chevalier messire Albert Bestards de Lohereigne nous ait fait […] avons donner […] affouaige en tous nos boix de notre ville d’Amance pour tout ou quil lour plairait pour lour propre hostel Dassey pres de Nancey on quel hostel le dis messire Albert ou ses hoirs tenroient leur demorance ou pour plusours hostelz se li dis monseigneur Albert ou ses hoirs tenroient leur propre demorance en plusieurs hostelz de ladite ville Descey pour euls proprement ou lour propre masnie. » (ADMM B 494, no 8)

4641448, 25 janvier : « Gerard Dessey et Dame Claude sa femme d’une part et noble homme […] Colard des Hermoises escuyer d’autre part […] ont faictz […] les partions et convenances qui cy apres sensuyvent. Cest assavoir ledit Girard et ladite dame Claude […] ont vendu audit Collard des Hermoises […] tout tel droit […] quilz ont […] a cause de ladite dame Claude es villes qui sensuivent […] Cest assavoir en la ville d’Essey devant Nancy en la forteresse de ladite vile, a Sainct Marc a Dompmartemont et a Tombellaine […] pour […] le prix de 200 florins d’or du Rhin. » (ADMM B 832, no 37)

4651470, 23 mai : « Didier des Armoyses escuier […] a vendu […] a […] Symon des Armoyses escuier son frere […] pour la moitie diceluy vendaige et a […] Jacques des Armoyses escuier son aultre frère pour l’aultre moitie […] tout se entierement quil a […] en tout le ban terre et seigneurie Dessey prez de Nancey tant en chastel et fort maison dudit Essey et aux appartenances et deppendances dicelluy comme es villes bans finaiges et confinaiges […] pour le prix […] de 600 francs 12 gros monnaie coursable on duché de Lorraine. » (ADMM B 832, no 37)

4661529, 10 mars‑1544, 24 janvier : « […] Notre tres cher et fealconseiller […] Claude de Riviere […] nous a faict exposer que feu […] Jehan de Lorraine […] ait octroyé a […] Aulbert Bestard de Lorraine qui avoit et tenoit le chastel et la part de la seigneurie dudit Essey que tient a présent ledit Claude de Rivière […] affouaige en tous nos boix de notre ville d’Amance […] Nous Anthoine […] duc de Lorraine […] confirmons […] audit Claude de Rivière […] ledit affouage. » (ADMM B 494, no 8 bis)

■ Historique

467L’origine exacte du Bas Château reste obscure. La date de 1243 que l’on aurait lue sur une poutre est sujette à caution. La maison forte fut‑elle édifiée par le premier lignage d’Essey, avant 1260, ou par le second durant la deuxième moitié du xiiie s. ? Seule certitude, elle fut habitée par Mile II au cours du premier tiers du xive s. (généal. 14). En 1337, Parette, fille de Mile, céda cette demeure fortifiée à son cousin Philippe qui mourut sans enfant vers 1353. La duchesse Marie de Blois reprit ce bien et en investit Aubert de Lorraine, chevalier, fils bâtard de feu le duc Ferri IV (Poull 1965‑1972, 5 : 6‑8) (généal. 15).

GÉNÉAL. 15 – Les sires du Bas Château d’Essey‑lès‑Nancy.

468Aubert II, dit le « Bâtard » et le « Petit » parvient à accroître ses biens puisqu’il acheta en 1367 la moitié du Haut Château et une autre part en 1379. En récompense de ses services, il reçut en 1375 le droit d’affouage dans les bois de la châtellenie d’Amance pour les besoins de ses deux résidences. Son héritier, Jean, fonda vers 1393 une chapelle Saint‑Césaire dans l’église paroissiale. Au milieu du xve s. les biens du lignage furent partagés entre deux héritières. Claude d’Essey vendit ses droits sur le Bas Château, semble‑t‑il, à sa sœur Catherine. Les fils de cette dernière, mariée à Collard des Armoises, procédèrent à un nouveau partage vers 1464. L’un d’eux, Jacques, reconstitua l’unité du patrimoine en rachetant une part en 1470 et en héritant de l’autre en 1504. Au xvie s., il resta aux mains des sires de Rivière.

Eulmont

■ Localisation

469Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Rémy.
Carte IGN 1/25 000, Nancy 3415 ouest. CL : 1126,06 x 886,250.
Toponyme : nom germanique Othal‑Mund.

■ Vestiges

470A l’est du village, le ruisseau de Gencey coule dans un thalweg qui échancre profondément la côte. Au fond de ce vallon, à proximité de la source, à 320 m d’altitude, se dresse la tour de Crany. Tout autour, on observe de nombreuses terrasses, autrefois cultivées et aujourd’hui envahies par la forêt. Plus loin, la fontaine des Pestiférés. Un chemin mène à l’ancien prieuré roman de Blanzey.

471La tour du Crany se dresse à 1,9 km au nord‑est de l’église d’Eulmont. Il s’agit d’une tour circulaire haute de 10 m, aux murs épais de 0,55 m et de 3 m de diamètre intérieur. Une porte (0,80 x 1,80 m) donne accès au rez‑de‑chaussée sur le Côté ouest. Elle est surmontée d’un linteau de style gothique décoré d’un arc trilobé. La tour présente un appareil régulier et soigné et un léger ressaut à la base. On peut la dater du xve ou du xvie s. Sa destination précise nous reste inconnue.

Fléville

■ Localisation

472Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Pancrace.
Carte IGN 1/25 000, Nancy 3415 ouest. CL : 1110,3 x 884,8.
Toponyme : nom germanique Fladbod et latin villa, domaine.

■ Vestiges

473Fléville, à l’extrémité nord du Vermois, occupe une dépression marneuse drainée par le ruisseau de l’Etang, affluent de la Meurthe. Les constructions se trouvent à quelques mètres au nord de l’église. On distingue d’abord une basse‑cour entourée de communs de forme trapézoïdale (fig. 51).

FIG. 51 – Fléville‑devant‑Nancy ‑ Plan cadastral de 1808 section G.

474Le château proprement dit forme un quadrilatère rectangle légèrement irrégulier (35 x 55 m) flanqué de trois tours hémicirculaires de 6 m de diamètre. Au milieu de la courtine nord, on observe une tour carrée de 6 m de côté où se trouve la chapelle. Tous ces bâtiments datent de 1530‑1547 (Poull 1988 : 61‑62).

475Une puissante tour rectangulaire (7 x 6 m) occupe l’angle sud‑ouest (fig. 52). Ses murs épais de 2 m ont encore 25 m de haut. Ils présentent un appareil irrégulier recouvert en partie de crépi à la chaux. Les chaînages d’angle sont réalisés en belles pierres calcaires soigneusement appareillées. L’édifice comprend un sous‑sol surmonté de trois niveaux éclairés par de petites ouvertures, sans style caractéristique. Les combles forment le quatrième niveau. La tour présente sur chacun des quatre côtés trois ouvertures, munies chacune de deux gonds en pierre. De plus, on remarque un trou de boulin à chaque extrémité de la tour. Ces détails correspondent exactement à la description des créneaux sous comble des tours couvertes que donne Viollet‑le‑Duc et dont nous reproduisons le texte :

FIG. 52 – Fléville – Façade ouest en 1844 (Favier 1898 no 2023). Bibliothèque municipale, Nancy.

476« Les murs ayant 0,90 m d’épaisseur : les créneaux ont une allège (A), afin de permettre aux défenseurs de voir en dehors, ces créneaux sont munis, à l’extérieur, de deux volets à crémaillères tombant en feuillures, comme les parties supérieures des sabords des vaisseaux de guerre ; le volet inférieur roule au moyen d’un pivot horizontal dans deux colliers de fer non fermés (B), de manière à ce qu’il soit facile de l’enlever en temps de guerre lorsqu’on pose les hourds ; car alors les défenseurs passent par les créneaux comme par des portes pour se ranger sur les hourds. Le volet supérieur est maintenu par deux gonds (C) scellés dans la feuillure et se regardant ; ces volets sont à demeure. Si deux volets ont été placés en dehors de ces créneaux au lieu d’un seul, c’est afin de rendre plus facile la dépose du volet inférieur, qu’un homme peut enlever du dedans, ainsi que nous l’avons expérimenté ; c’est afin, encore, en cas d’attaque, et les hourds n’étant pas posés, de garantir les défenseurs contre les projectiles lancés du dehors de bas en haut, ce qui ne les empêche pas, en laissant entrebâillé le volet supérieur, d’avoir de l’air et du jour. Si même on laisse seulement le volet inférieur entrebâillé, on peut tirer sur des gens placés en bas des tours sans se démasquer. »

477L’auteur date ces systèmes de la fin du xiiie s. La tour ne présente aucune ouverture caractéristique. Peut‑être en existait‑il à l’origine. Les principaux atouts de cette tour sont sa massivité et sa hauteur. Un escalier inclus dans la maçonnerie dessert les étages. Ces éléments permettent de la dater du xive s.

478Le côté nord ne possède pas de courtine. Il est précédé par les vestiges du fossé large de 22 m. Un pont de pierre enjambe à présent ce fossé. Les autres fossés ont été remblayés.

479Israël Sylvestre nous a conservé l’image de la maison forte au milieu du xviie s. (fig. 53). On y remarque l’importance des fossés entourés d’une palissade et la toiture de la grosse tour surmontée d’un clocheton et cantonnée de quatre tourelles. L’ensemble correspond bien au bâtiment partagé en 1563. Une gravure de 1844, représentant le côté ouest, présente une tour sans toiture, ceinte de créneaux et des fossés comblés (fig. 52).

FIG. 53 – Fléville – Le château côté sud, gravure d’Israël Sylvestre, milieu du XVIIe s. (Sylvestre 1645).

■ Datation

4801298, 27 août : « Werrion, Ferri, Simonin et Jean fils de Guillaume d’Ormes cèdent au duc Ferri ce qu’ils avaient à Xirocourt et reçoivent en échange Fléville sauf les bois banaux appartenant à Jean du Châtelet écuyer et la garde des prêtres clercs et des maison des ordres religieux réservée au duc. Il devront six mois de garde à Nancy. » (Pange 1930 : no 1327)

4811469 : « Les Estangs du bailliage de Nancy

482Et premier lestangs le comte près de Lenoncourt. A Pasques mil 1469 fut faicte le pesche dudit estang et tantôt après ladite pesche y a esté remis pour le repeuplement dicelluy VIIC et demy dallevins venus des fossez du chastel de Fleville […] » (ADMM B 970 fol. 504r).

■ Le château d’après les textes

483Le document le plus complet concernant le château appartient à un fonds privé et vient d’être partiellement publié par G. Poull. II se rapporte au partage des biens de Nicolas de Lutzelbourg en date du 22 décembre 1563 et énumère avec force détails les différents lots qui composaient ce « grand château » ou « nouveau château » ou « donjon et logis neuf « :
– Louise reçut la moitié orientale de la façade sud (à droite de l’entrée principale) ;
– Anne obtint la moitié orientale de l’aile nord, la moitié méridionale allant à Renée ; la chapelle, l’escalier et la prison restant commune aux deux comparsonières (Poull 1988 : 64, 68) ;
– les héritiers de Nicole entrèrent en possession de la moitié ouest de la façade sud (à gauche de l’entrée principale) et de toute l’aile occidentale (Poull 1988 : 66, 67) ; dans ce lot figurait bien entendu la « Grant Tour ancienne du grand chasteau de Fléville ».

484Le château était environné d’un fossé en eau et précédé, côté sud, par une vaste basse cour, elle aussi lotie. On y trouvait deux étables, un colombier, une grande grange, un puits et des espaces non bâtis.

■ Historique

485En 1298, Ferri III céda la terre de Fléville aux fils de Guillaume de Chavigny, dit d’Ormes, en échange de leurs biens sis à Xirocourt et de six mois de garde par an à Nancy (généal. 16).

GÉNÉAL. 16 – Les sires de Fléville.

486La rareté des documents écrits conduit à envisager deux hypothèses à propos de l’origine de cette « grande tour ». On peut supposer qu’elle représente le dernier vestige d’une maison forte quadrangulaire édifiée par Warry de Fléville après 1298 et avant 1348 (Wurth‑Paquet 1879, no 378) et qui servit de résidence à la branche ainée du lignage. En 1390, elle revint à la branche cadette dont un lointain héritier, Nicolas de Lutzelbourg, rasa les corps de logis pour les remplacer par une résidence Renaissance entre 1533 et 1547 (Poull 1988 : 15, 45).

487On peut tout aussi bien penser qu’il s’agit d’une tour d’habitation Wohnturm comparable à celles de Damelevières, de Thezey, de Mousson ou des Turmburgen des régions rhénanes (Lutz 1986 : 137, 172), sans corps de logis attenant et construite par la branche cadette de Fléville dans la seconde moitié du xive s. Elle s’élevait à quelques mètres à l’est de la maison forte dite « vieux château » en 1563. Aucun fossé ne les séparait. Qui plus est, des galeries permettaient de passer de l’une à l’autre. Dans cette hypothèse, on comprend mieux pourquoi on la conserva au xvie s. On se contenta alors d’appuyer contre elle les nouveaux corps du « logis neuf » sans avoir à détruire quoi que ce soit.

Fléville « le vieux château »

■ Localisation

488Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Église dédiée à saint Pancrace.
Carte IGN 1/25 000, Nancy 3415 ouest. CL : 1110,3 x 884,8.
Toponyme : nom germanique Fladbod et latin villa, domaine.

■ Vestiges

489Aucune trace ne subsiste de cette seconde maison forte qui se dressait à quelques mètres à l’ouest de l’actuel château.

■ Datation

4901563, 22 décembre : « Jean de Ludres et Barbe de Lutzelbourg sa femme déclarent ensuite qu’ils ont prins et accepté, et a eulx, leurs hoirs demeure et appartient en propre et treffond, Scavoir le Vieulx chasteau prés et hors du donjon et logis neuf, ainsy que ledit vieulx chasteau se comporte et contient en assiete et territoire, grosses murailles, barbacannes, fossez, portes et pontz et aultres commoditez en la fermeté dudit chasteau. Iceulx fossez à prendre du coste de devant le quarre de la Grant tour du grant chasteau et tirant à l’entour du vieil chasteau jusque à la diggue du derier diceluy, a condition quil ne pourra oster leaue daller au fossez du grant chasteau quant ad ce. Et comme aussy lesdits seigneurs du grant chasteau ne pourront oster leaue des fossez dudit vieil chasteau, si ce n’est que les uns et les aultres. Scavoir ceulx du grant chasteau ensembles et ledit sieur de Ludres veullent pescher leur fosselz à la saison ou quil soit nécessaire vuider et curer iceulx fossez pour bastir et refectionner les murailles diceulx, et sans préjudicier au droict prétendu par les habitants de Fléville d’abreuver leurs bestialz en tous temps au fossé dudit vieulx chasteau, aux charges des charroys de pieres et sable aux refections des murailles dudit fossé quant mestier faict. Sera tenu ledit Sieur de Ludres faire abbatre et oster deux vielles sallettes ou galleries qui sont entre les grosses murailles des deux chasteaulx. Et ne pourra bastir cy après aucune chose entre les dites grosses murailles, sy ce nest quil y fasse fossez ou bien ung meix ou parterre seulement, pour sa commodité, sans pouvoir oster ou occupper le jour des fenestres du bastiment neuf du grand chasteau, du costé dudit vieil chasteau, ny couvrir ou empescher le pied de la grant tour susdite ».

491Dans la basse‑cour Jean de Ludres et son épouse obtiennent « la grange du devant dudit vieu chasteau a main dextre de la sortye diceluy et qui est tourné sur l’entrée du fossé et abravoir en icelluy, regnant jusques au quarre devant le pressoir, ensembles les petites estables et bastiments du costé de devant […] » (Poull 1988 : 65).

■ Historique

492La rareté des textes conduit de nouveau à envisager deux hypothèses concernant l’origine de cette maison forte.

493On peut supposer qu’elle fut édifiée par la branche cadette du lignage représentée par Warry puis son fils Jean, entre 1348 et 1389 (Poull 1988 : 20‑22) (généal. 16).

494Toutefois, la description de 1563 permet de penser que ce « vieux château » constituait l’édifice primitif édifié par le fondateur du lignage de Fléville, Warry, après 1298 et avant 1348 (Wurth‑Paquet 1879, no 378). Il présentait les caractéristiques des maisons fortes de cette époque, c’est‑à‑dire une enceinte quadrangulaire (fermeté) composée de hauts murs (grosses murailles) précédés de bas murs protecteurs (barbacanes) donnant dans les fossés en eau. Un pont‑levis lui permettait de communiquer avec la basse‑cour au sud où l’on trouvait de petites étables, divers bâtiments, un pressoir et un abreuvoir. Au nord, une dérivation du ruisseau permettait d’inonder les fossés qui servaient aussi à abreuver les troupeaux du village. Les fossés de cette maison forte semblent donc être antérieurs à ceux du « grand chasteau ».

495Par ailleurs, il est peu vraisemblable que dès le xive s., deux maisons fortes de même plan et de même taille aient coexisté si près l’une de l’autre. Dans tous les cas connus de dédoublement, comme à Essey‑les‑Nancy ou Richardménil, une centaine de mètres au moins sépare les bâtiments. L’absence de fossés entre ce « vieux château » et la « grande tour » nous semble être un indice supplémentaire pour affirmer l’antécédence du « vieux château », à côté duquel un cadet de Fléville aurait reçu l’autorisation d’élever une tour d’habitation dans la seconde moitié du xive s.

496La réunification du lignage à partir de 1390 permit de relier par des galeries et constructions annexes la « grande tour » et le « vieux château ». A partir de 1533, Nicolas de Lutzelbourg, seul maître des lieux, put faire édifier le château actuel en l’adossant à la « grande tour » sans se soucier des nuisances que cela entraînerait pour le « vieux château » qui fut peu à peu délaissé. Cette perte de prestige est manifeste en 1563 puisqu’à lui seul, le vieux château constitue un lot, alors que le nouveau château est loti en trois parts. C’est Barbe de Lutzelbourg, épouse de Jean de Ludres, qui en hérita en 1563 avec obligation de faire disparaître les communications avec la « grande tour ».

497Leur fils, Henri de Ludres, le possédait en 1601 (Poull 1988 : 53). Le fit‑il détruire en 1613, comme le « château des Armoises » à Richardménil, pour se procurer les matériaux nécessaires à la reconstruction du « bas château » de Richardménil ? La destruction peut aussi bien être l’œuvre de Henri de Beauvau qui racheta vers 1629 (Poull 1988 : 85) la part des sires de Ludres. La disparition du vieux château permit de compléter les défenses du « grand château » en creusant un fossé du côté ouest, comme le montre la gravure d’Israël Sylvestre au milieu du xviie s. Il est vraisemblable que des prospections archéologiques révéleraient l’emplacement des fondations de cette ancienne maison forte et livreraient des témoignages de la vie domestique.

Froville

■ Localisation

498Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné de Deneuvre.
Eglise dédiée à la Vierge. Prieuré fondé en 1091, ordre de Cluny.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL : 1193,42 x 896,95.
Toponyme : nom germanique Friso et latin villa, domaine.

■ Vestiges

499Froville occupe une dépression marneuse drainée par l’Euron, affluent de la Moselle (altitude : 225 m). Le « château » actuel, reconstruit au xviie s., dessine un U flanqué de tours bastionnées, à 80 m à l’ouest de l’église.

■ Datation

5001482, 4 août : « Je Pierres Doriocourt escuier […] jay tiens en fied et en homage de […] monseigneur le duc de Lorraine […] tous les heritages […] appartenons a damoiselle Marguerite Daboncourt ma femme fille de feu Liebaut Daboncourt […] la moitie de la garde Froville la moitie du gagnage dudit Froville ensemble tous les drois et privileges qui me appartiennent […] audit lieu de Froville […] » (ADMM B 704, no 32).

5011499, 4 décembre : « Je Anthoine de Bilistein escuyer […] Je teins en foy et hommaige de mon tres redouté seigneur le […] duc de Lorraine une maison faisant guaingnage en laquelle il y a ung colombier deux granges leurs usuaires les meiz et jardins darrier le tout citué et assis au lieu de Froville tenant d’une part au prioré dudit Froville et dautrepart a Jehan Tournier. Item 21 jours de terre arable en la saison de Malrepos. Item 28 jours de terre arable en la saison dessoulz la vigne […] Envaron cinq faulcees en prees darier ladite maison […] » (ADMM B 698, no 39).

5021667 : « Le chasteau et maison de Monsieur le Baron de Froville ou il reside avec sa famille et valets. » (ADMM B 8601, fol. 53v)

5031888 – Le Prieur de Froville était seigneur haut moyen et bas foncier et justicier de Froville. Le seigneur laïc qui possédait le château n’était seigneur que dans sa maison et sur les vassaux habitant la rue derrière, de concert le seigneur de Bayon. Il y avait aussi une maison dite « la maison de fer ». Il y avait à Froville un ancien château aujourd’hui détruit et dont il ne reste aucune trace. Il a été remplacé par un château moderne (MS 820).

■ Historique

504La terre de Froville relevait du duché de Lorraine. Les sires de Parroy la tenaient en alleu puis en fief (Poull 1972a : 9‑15). En 1497, Antoine de Bildstein, écuyer, acheta le domaine à Pierre d’Oriocourt. Lui ou ses proches héritiers y édifièrent un château résidentiel (Poull 1965‑1972, 7).

Gerbéviller

■ Localisation

505Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Gerbéviller.
Diocèse de Toul. Doyenné de Deneuvre.
Eglise dédiée à saint Pierre et saint Urbain.
Carte IGN 1/25 000, Lunéville, 3516 ouest. CL : 1096,8 x 908,6.
Toponyme : nom d’homme germanique Gislebert et latin villare, ferme.

■ Vestiges

506Gerbéviller occupe le rebord de plateau (altitude : 235 m) qui domine la vallée de la Natagne. Le château médiéval, détruit au xviiie s., occupait le même emplacement que le château actuel, reconstruit en 1925. Il se dressait au nord de la ville qui se concentrait devant lui selon un plan régulier (200 x 120 m). L’enceinte urbaine était percée de deux portes fortifiées (« porte d’en haut » et « porte de l’eau ») au sud et à l’est. Au centre de la ville vieille se trouvait l’ancienne chapelle castrale transformée en couvent de Carmes. L’essor urbain avait engendré un faubourg, la Vacherie, dans la vallée et sur la rive droite. Un second faubourg, Saint‑Pierre, se développa sur le bord du plateau de la rive gauche jusqu’au prieuré Saint‑Urbain. Au nord et à l’ouest du château s’étendaient de vastes parcs et jardins (fig. 54).

FIG. 54 – Gerbéviller – Plan de 1851. 1 église ; 2 ancien prieuré ; 3 ancien four banal ; 4 hospice ; 5 porte du Haut ; 6 chapelle castrale ; 7 château ; 8 ancien four banal ; 9 porte de l’Eau ; 10 ancien moulin banal ; 11 colombier ; 12 ermitage.

■ Datation

5071128 – Henri de Lorraine évêque de Toul confirme les donations d’églises faites par lui et ses prédécesseurs à l’abbaye de Saint‑Urbain : « Confirmamus […] altare sancti Petri. Gillebertiville et capellam sancte Trinitatis […] pro remedio anime mea et predecessorum meorum contuli eidem ecclesie altare sancti Remigii de Flammereycourt […] et capellam de castello Gislebertiville […] » (ADHM 9H 47).

5081179 – Traité de Ribemont : « Ego Philippus Flandriae […] cornes […] pacem composui inter Simonem Ducem Lotharingiae […] et Fredericum fratrem suum in hunc modum : quod ipse Dux Simon per manum meam dedit fratri suo Frederico allodium de Ulmis, cum omnibus pertinentiis et castrum allodii de Gillebertivilla‑rio pro centum libris quas debebat ei in terra assignat. » (Calmet 1973a, 5 : col. 36)

5091186 : « Fridericus dus de Bythes […] notum facio […] quod Nicholaus de Muriviler et uxor illius Mathildis cum in Castro nostro de Gylleberviler mansionem sibi elegissent, guerimonia […] Testes : Herman de Romonavilla […] Walterys prepositus de Gilleberviller […] » (ADMM H 341).

5101202, novembre – Ferri de Bitche consent que son beau‑père Thiébaut de Bar occupe Gerbéviller : « Pro his autem conventionibus firmius observandis memoratus cornes Barrensis in turribus et munitionibus de Ulmis et de Gilbervillari custodes suos si voluerit reponet per creantum nostrum […] « (Laplace 1974 : no 41).

5111243, 1er juillet : « Je, Hues, cuens de Linieville, faz connaissant a touz […] que me sire Maheus, dux de Lothoringié a eschangié a moi son chasteil Espicenberc, Saint‑Die, Moienmoustier, Estivai […] Et por cest eschange devant noumé ai je eschangie a mon segnor le duc mon chastiel de Linieville […] et le chastiel de Gileberviler et quanque il i apent, an fiez et an homages et an toutes autres choses, et le chastiel de Wallefroicourt. » (ADMM B 902, no 1)

5121251, 7 juin : « Nos, Jaikes […] eveskes de Mez et Rénaux […] sires de Bites […] avons trovei ke [...] li sires Filippes de Gelibertvileirs ki fut […] avoit donei au moustier et aus freires de Belprei son molin de Gilebertvileir et son bois con apelle waquenei et touz ses boiz ke sont entre Watiermanil et Gilebertvileir […] tout l’alieut Ferri, lou chevalier, de Hadonville ki fut, ou ke il serait troveis et les homes de leur alieut de Doncourt ou ke il seraient manant ou a Franconville ou a Landecort […] nos […] avons randut lou molin et les boiz et l’alieut et les homes devant diz au mostier […] et disons ke tuit cil ke manant on chestel de Gilebertvileir, soit duz, soit duchesse ou sires ou dame de la terre […] que verront morre au molin paient entierement la mouture […] » (ADMM H 376).

5131240, 11 novembre : « Ego Hugo cornes Lunaris ville notum facio [...] pro Gileberviler et pro Walefroicourt castris meis ego eidem signori obligant pro toto faciendo […] » (ADM B 256 fol. 257).

5141255, 10 juillet – Contrat de mariage de Ferri III et de Marguerite de Champagne : « Et sil avenait choze que li dis Ferris morut sans hoir de son cors de sa feme Marguerite notre fille […] panroit les 12 000 livres […] en 1 000 livres de terre que siet en tel lieu . Cest assavoir a Lineville a Gilebertville et es chastelleries et es appartenances de ces deux chasteaux […] » (ADM B 256, fol. 178v).

5151592, 13 mars : « Declaration du partage de la maison seigneurialle qui appartenait a fue Monsieur de Dueilly au lieu de Gerbeviller partagee en deux parts par les experts et est icy la premiere part et portion mise sur la lettre de A le treizieme jour de mars 1592 come s’ensuyt :

516Premierement celluy auquel appartiendra ceste part et portion aura la grande cuysine de ladite maison qui prend jour du coste de la Ripviere et sur la rue du Moulin avec les deux petitz garde manger soub la chambre du cuysenier ensemble tout aultre bastiment sur lesdits cuysine et chambre de bas en hault et ainsy que le tout se comporte et contient.

517Et aura ladite cuysine son entree et sortie par la porte de la montee et avis, laquelle sera retiree au dedans dudit avis en byais de deux piedz suyvant les marques y faictes au dessus de ladite porte et si sera la fenestre et ladite montee accomodee pour donner jour a ladite sortie et entree, comme il sera trouve bon de faire aux frais et despens de celluy qui aura ceste portion.

518Et sera aussy faite une petite muraille d’un pied d’espesseur qui se prendra des langlee du garde manger appartenant a lautre cuysine en allant ausdits marques pour faire separation de l’entree et sortie de ladite grande cuysine contre laultre cuysine, laquelle muraille ser fera dés le bas jusques a la traveure aux despens decelluy qui aura lautre portion.

519Et a celluy de ceste part appartiendra ladite montee et avis avec le celier d’embas chambres dessus qui sont au derier dudit avis prenant leur jour du coste de la ripviere le tout cy dessus de bas en hault comme lesditz lieux s’extendent et comportent, reservée l’allée d’embas qui demeure commune avec le pont qu’est sur ladite ripviere pour aller et venir au parterre et aultres commoditez de l’une et l’aultre des parties sans qu’elles se puissent empescher sinon de leurs piedz levez et si sera tenu celluy qui aura ceste portion de parachever le corps de plomb pour le cours des eaues jusques au dedans du pave de la court a ses frais par ce que ledit corps luy appartiendra.

520Les deux offices estant soub le hault poille avec ledit poille selon que lesditz offices et poille se contiennent tant en haulteur que longueur et largeur et sera l’huis par lequel on va au petit avis estouppé de massonnerie aux frais de celluy qui aura la presente part, lequel aussy sera tenu d’entretenir la traveure dudit poille de sommiers travets et premier planché et celluy qui aura la chambre dessus de faire un plâtre sur ledit planché et de l’entretenir tellement qu’il ne puisse tomber de l’eaue ou aultres choses audit poille.

521Aura aussy les deux chambres et garderobbes avec les greniers dessus qui sont sur laultre petite cuysine et poille y joindant prenant leur jour sur la cour du milieu de ladite maison ainsy que lesdits chambres‑garderobbes et greniers se comportent des le planché desdits cuysine et poille jusques en hault et sera tenu celluy de la presente portion d’entretenir le toict et couverture a ses frais et despens et de permettre a celluy de dessoub de faire et passer le tuyau d’une cheminee parmy sa portion en remettant le tout en bon estat.

522A luy demeurera le petit corps de logis proche de la porterie ou le portier demeure prenant ses jours du coste de la halle consistant en une cave, la chambre du portier et aultres petites chambres qui sont suyvantes une montee et avis et au dessus desdites chambres une grande chambre vulgairement appelee la chambre des tailleurs et les greniers dessu, et sera estoupper de massonerie l’huis d’entre ladite chambre des tailleurs et l’autre chambre y joindant a ses frais.

523Et demeurera neantmoins la chambre basse dudit corps de logis ou le portier a accoustume faire sa résidence pour y demeurer un portier qui y sera nourry et entretenu pour avoir la garde et les clefz pour fermer et ouvrir les huis et portes des entrées et sorties communes de ladite maison seigneurialle aux frais et despens des deux parties a charge toutes fois que sy celluy auquel appartiendra ledit corps de logis ne veult que ledit portier y reside pourra faire a ses despens une chambre raisonnable pour ledit portier de l’autre coste de l’entree de ladite maison seigneuriale a prendre des le jambage de la grande porte allant vers le puys a condition que le dessus de ladite chambre ne surpassera la haulteur de la muraille qui y est presentement et ce faisant luy demeurera ledit corps de logis libre.

524Et si aura encores un petit cabinet qui est basty proche de l’entree de la cave dudit petit corps de logis ou y a un huys a l’endroit de la gallerie d’entre la chambre d’aupres de la chappelle et le petit corps de logis des fours qui sera estouppé de massonnerie aux depens de celluy qui aura ceste part.

525La Bucherie qui est fermee de murailles proche de la porte d’embas comme elle se contient de bas en hault et de sa longueur et largeur luy appartiendra.

526Chacun pourra bastir, hausser et lever ses murailles toictz et couvertures comme bon luy semblera moiennant que les fondements et murailles soient bons et suffisant pour ce faire et encores de faire porter et conduyre les caves en leurs anciens cours et si sera tenu d’entretenir les murailles chacun en son endroit a ses frais et despens.

527Toutes entrées et sorties avec les courts de ladite maison seigneuriale seront communes et s’entretiendront aux frais et despens des deux parties ensemblement tant en pierre, bois, ferrementz que aultres choses necessaires comme au semblable le pavé de pierre de taille et de roche et encores celluy de la Rue sans aulcun empeschement.

528Le puys et la fontaine demeureront et seront entretenus a frais communs et pour ce que la fonteine n’a point de cours presentement elle sera remise en bonne nature a la premiere requise de l’une ou l’aultre des parties.

529La Gallerie d’entre les deux ripvieres

530La Gallerie appellee communement la Gallerye des Cerfs demeurera a celluy de ceste part commençant dés l’entrée de l’arbre du Tillot qui est au devant jusques a la deuxieme fenestre qui prend son aspect vers ladite maison contenant en longueur quatre toizes sept piedz et demy a l’endroict des marques qui y sont faict en par dedans ou sera faicte une muraille de bas en hault au frais de celluy qui aura lautre part et en laquelle muraille celluy auquel appartiendra ceste portion y pourra faire une cheminee a ses despens et si luy demeurera la montee comme elle est a present pour aller au gallatas dessus ladite portion de gallerie et commodites d’icelle.

531La Volliere

532Semblablement aura une partie de la volliere a prendre des la chambre derrier de ladite gallerie de trente et ung piedz de longueur jusques proche de la deuxième fenestre de ladite volliere allant vers la porterye de la ville de Gerbeviller a l’endroit des marques y faict ou l’on fera une muraille d’un pied d’espesseur pour faire separation de lautre part de ladite volliere appartenant au seigneur comparsonnier a frais communs au premier requerrant.

533Le Parterre

534La moitie du parterre d’entre les deux ripvieres qui est ferme de murailles et palissades partage de travers contenat huict toises de longueur et trois toises et trois quars de largeur a prendre des la muraille d’embas et bout dudit parterre jusques a deux pierres bornes plantees faisant séparation contre le seigneur comparsonnier qui aura l’aultre moictie suyvant lesdits bornes.

535Les Alles d’entre les deux ripvièeres

536En premier lieu l’allee qui ha son commencement des la porterie de la ville dudit Gerbeviller allant du long desdits volliere et gallerye avec le lieu ou est ledit arbre de tillot et la cage dessus ensemble la fonteine au dessoub entre lesdits gallerye et parterre seront et demeureront communs.

537Aussy l’allee qui est entre ledit parterre et la muraille de la ripviere du coste du faubourg de la vacherie commençant des le lieu commun desdits arbre et fonteine jusques en fin dudit parterre de la largeur de onze pieds trois quars comme elle est presentement aborne de trois bornes en sa longueur et encores la tourre et prive qui y son demeureront communs au deux parties.

538Item la grande allee sera commune laquelle commence des la muraille dudit parterre jusques proche du village de Hauldonville contenant cent soixante neuf toises et demy de longueur et trois toizes de largeur pour se y pourmener alller et venir et encores pour entrer et sortir chacun en sa part des jardins et autres lieux appellez Rebuttes que sont entre les deux ripvieres de part et daultre de ladite allee suyvant le partage faict desdits jardins et rebuttes comme s’ensuyt. Scavoir la présente portion aura deux parts desdits jardinages rebuttes et lieu qui sont hors de ladite grande allee presentement du coste de la ripviere vers le faubourg et prayrie et se prendra la premiere pars depuis deux petites bornes plantees audit lieu en allant jusques e lendroict dune cabanne qui est en ladite allee icelle part de la longueur de quinze toise et demy et selon sa largeur et l’autre deuxieme part se prendra depuis les deux dernieres pierres bornes d’embas plantees dudit coste jusques en fin de ladite allee qui contient audit endroict soixante et six toises de longeur.

539Et de lautre coste de ladite grande allee vers la ripviere du molin, un jardin a arbres entre le sieur comparsonnier par dessus dune part et la ripviere par dessous daultre part aboutissant sur lesdits ripviere et allee de part et daultre contenant un jour et demy suyvant les pierres bornees et plantees.

540Lesquelles allees et lieux communs et aussy tout ce qu’est entre lesdits deux ripvieres de ladite gallerye jusques en fin de ladite grande allee seront entretenus en bonne nature tant de murailles que autres choses y necessaires a frais communs et au premier requerant sur peine de tous despens dommages et interests.

541Chacun sera aussy tenu d’entretenir ases despens les murailles desdits ripvieres a son endroict des gallerye et vollieres sans y rien laisser desmolir au préjudice de son comparsonnier à la peine susdite et le surplus a frais communs à la premiere requise de l’une ou l’aultre des parties.

542La Grande escurye proche de la halle et au devant du Jeu de Paulme avec huict piedz en largeur oultre la muraille qui la separe du coste de la maison de la grande cave suyvant les marques y faictes appartiendra a ceste portion et se fera une muraille de deux pieds d’espesseur a l’endroict desdits marques du long desdites escurye et maison le tout de bas en hault pour faire separation desditz maison et escurye a frais communs au priemer requerant.

543Le Jeu de Paulme qu’est derrier ladite escurye avec son allee ancienne qui est au dessus et entre ladite grande escurye dune part et la maison appelee la maison l’Allemand dautre part demeurera commun entre lesditz deux seigneurs […].

544Plus une partie de la place dite le Hault de lescolle en ce qu’est presentement en nature de meix a prendre en l’endroict de la prison selon les pierres bornes y platees pour separation de lautre part du sieur comparsonnier scavoir la premiere borne en distance de langlee de la muraille au dessus de la petite escurye a main droicte de quinze pieds de longueur et des ladite borne traversant jusques a une aultre qui est distante de deux toises sept piedz trois quars faisant ladite seconde borne le long et travers desdits portions de meix et des ladite borne alant vers la muraille ruynee du coste de ladite prison ou est a present un petit noyer plante y a distance de huict pieds pour entrer et sortir en ceste portion de meiz demeurant le reste de ladite place non aborne commun avec ladite prison ensemble la montee et allee qui est présentement au long de la maison de la grande cave pour y aller et venir et se mettra ladite en bonne nature et si s’entretiendra a frais communs.

545La maison du gagnage vulgairement appelee la moitresse au dessus de la halle et les estables y joindans entre la maison des Vuisses dune part et la grange contre lesdites estables daultrepart appartiendront a ceste portion et pour separation d’icelle, la muraille qui est entre lesdites estables et grange sera eslevee et continuee de la longueur et largeur jusques au toict aux frais communs des deux parties et au premier requerrant le tout cy dessus declaire de bas en hault et de longueur et largeur jusques contre la muraille de la ville avec les aysances et commodites du devant sans pouvoir empescher son comparsonnier de passer et repasser par devant lesdits maison et estables pour aller et venir en sa grange et estable qui sont oultre cette portion le seigneur de laquelle sera tenu de faire porter et conduyre ses eaves tant devant que derrier sur sa presente part.

546Le pressoir et la forge avec la place qu’est entre la maison des Vuisses dune part et la Maison de daultre part demeurant commune ausdits deux seigneurs […] » (ADMM E 18).

■ Evolution architecturale du château : essai de reconstitution

547Plusieurs résidences fortifiées se succédèrent sur le même site.

548Le premier château apparut avant 1128. Il se juxtaposa à un habitat préexistant groupé autour de l’église paroissiale dédiée à saint Pierre. Le château possédait lui‑même une chapelle dédiée, semble‑t‑il, à la sainte Trinité. Le maître du lieu fonda, à proximité, un prieuré desservi par l’abbaye bénédictine de Saint‑Urbain en Champagne, selon un procédé fréquent à l’époque.

549Il est vraisemblable qu’au xiiie s. et notamment après 1243, les ducs adaptèrent le château aux impératifs militaires de l’époque. Ils développèrent aussi, comme à Einville‑au‑Jard, la fonction résidentielle où un parc fut créé vers 1300. Le château et le parc de Gerbéviller protégeaient la ville du côté nord‑ouest et s’appuyaient sur les défenses urbaines avec lesquelles ils formaient un ensemble solidaire. Au milieu du xve s., Gerbéviller contribua à surveiller le château de Moyen, bastion des évêques de Metz. Les Bourguignons, alliés de l’évêque de Metz Georges de Bade, ruinèrent le château de Gerbéviller.

550La maison seigneuriale au xvie s. : Jean Wiss, après 1485, et son fils Olry, avant 1540, firent procéder à des travaux dont nous ignorons l’ampleur. En 1592, dans la partie correspondant aux dépendances, subsistait un bâtiment appelé « la maison des Vuisses » qui existait encore en 1851 et servait de logement. Tout caractère militaire avait disparu de la construction que nous révèle le partage de 1592. Le caractère résidentiel est affirmé par les dépendances proches de la rivière et du canal (galerie des cerfs et volière) et les jardins traversés par de grandes allées auxquelles il faut ajouter le jeu de paume.

551On pénétrait dans la maison seigneuriale du côté est par une grande porte donnant sur la place de la Halle (place du Marché au xixe s.), où l’on trouvait aussi la chapelle castrale jusqu’en 1618. Elle était gardée par un portier qui occupait un petit bâtiment composé d’une cave, d’une pièce de garde et de plusieurs petites chambres, d’une grande chambre au premier étage et des greniers au‑dessus.

552A proximité, on trouvait un « petit cabinet », une galerie faisant communiquer une chambre et le « corps de logis des fours », ainsi que la chapelle, un corps de bâtiment qui occupait le côté nord et dominait la Mortagne. On y trouvait un cellier, un grand escalier donnant accès à une grande cuisine associée à deux garde‑manger, la chambre du cuisinier, un « haut Poille avec une chambre au‑dessus et deux offices en‑dessous ».

553Un autre corps de bâtiment occupait la partie ouest. Il semble qu’on y trouvait une petite cuisine, un garde‑manger et un poille surmontés de deux chambres avec garde‑robe et greniers. L’angle sud‑est, à gauche de l’entrée, comprenait une grande écurie et un jeu de paume. Les bâtiments se raccordaient à l’enceinte urbaine. On y trouvait la « maison l’Allemand, la maison de la grande cave, la maison des Wiss, la maison de la Moî‑tresse », une grange, un pressoir et une forge. La fonction agricole de cette partie s’oppose à la fonction résidentielle des côtés ouest et nord. On peut y voir les vestiges tardifs de ce qui fut la basse cour primitive. Devant elle, s’étendaient de riches terrains agricoles bien exposés.

554Son état de conservation, en 1592, prouve que la maison seigneuriale n’eut pas à souffrir des troupes protestantes qui mirent à mal bien d’autres châteaux de la région, comme Moyen ou Damelevières en 1587. On a confondu Gerbévil‑ 1er avec Ogéviller à cette occasion.

555Gerbéviller figura dans la liste des fortifications à détruire en 1636. Il s’agissait vraisemblablement des fortifications urbaines. L’ordre ne fut pas exécuté. Les murailles de la ville ne disparurent qu’en 1681. Le château, dont la valeur militaire était nulle, fut ainsi épargné. Le marquis de Tornielles y revint dès 1648. Les troupes françaises du maréchal de Turenne stationnèrent à Gerbéviller du mois de décembre 1644 à mars 1645.

556C’est entre 1746 et 1770 que le nouveau maître des lieux, Camille de Lambertye, fit édifier un nouveau château résidentiel sur les ruines de l’ancien.

■ Historique

557Plusieurs résidences fortifiées se succédèrent sur le même site, œuvres de différents lignages seigneuriaux (généal. 17 et 18).

558Otto de Gislebertvillers, cité en 1092, ne peut être rattaché avec certitude à Gauthier de Gerbéviller et ses successeurs, connus au milieu du xiie s. Ceux‑ci édifièrent un château, une chapelle castrale dédiée, semble‑t‑il, à la sainte Trinité (ADHM 9H 47) et un prieuré desservi par l’abbaye bénédictine de Saint‑Urbain en Champagne, tout cela avant 1128. A l’extinction de la lignée mâle, au milieu du xiie s., Gerbéviller fut récupéré par les ducs de Lorraine. Gerbéviller servit d’apanage après 1150. Le duc Simon II, par le traité de Ribemont en 1179, céda à son frère et rival Ferri de Bitche, les châteaux et seigneuries de Gerbéviller et Ormes. Un prévôt assurait la gestion du domaine (ADMM H 341). Ferri II autorisa son beau‑père Thiébaut de Bar à occuper le château en 1202.

GÉNÉAL. 17 – Les premiers sires de Gerbéviller.

GÉNÉAL. 18 – Les ducs de Lorraine, seigneurs de Gerbéviller.

559En 1207, Gerbéviller fut donné à Philippe de Lorraine, un cadet de la maison ducale. Son unique héritière, Joatte, apporta la seigneurie à son mari Hughes, comte de Lunéville, vers 1236. Ce dernier abandonna ses droits sur Gerbéviller, Lunéville et Valfroicourt en 1243, contre Spitzemberg et la vouerie de Saint‑Dié, au duc de Lorraine.

560Le duc Ferri III donna Gerbéviller en domaine à sa future épouse Marguerite de Champagne en 1255, et le 2 avril 1265, il affranchit la ville selon la loi de Beaumont (ADMM 3F 427, fol. 309 ; ADHM 9H 47). Gerbéviller constitua également la dot d’Isabelle fille du duc Thiébaut II (1303‑1312).

561Au début du xve s., la seigneurie passa aux sires de Linange‑Réchicourt. On admet sans preuve décisive qu’Elisabeth de la Petite‑Pierre l’apporta à son époux vers 1414 (généal. 19), sans savoir comment elle était entrée en possession de ce bien (Toussaint 1977). En 1518, ses héritiers détenaient toujours la moitié du fief.

GÉNÉAL. 19 – Les sires de Linange, seigneurs de Gerbéviller.

562Un troisième lignage s’implanta à Gerbéviller au détriment du précédent (généal. 20). Les Wiss, originaires de la région de Château‑Salins, en la personne de Jean Wiss, bailli de la Lorraine allemande, acquirent le 31 juillet 1470 le quart de Gerbéviller. Le 10 novembre 1485, au lendemain des guerres avec la Bourgogne, Jean devenu bailli de Nancy acquit les trois quarts de Gerbéviller rachetables pour 9 000 florins. C’est ainsi qu’il prit le titre de Wiss de Gerbéviller. Les membres de cette famille restèrent de fidèles agents du pouvoir ducal jusqu’en 1540 avec le dernier représentant du lignage, Olry. Ses biens passèrent à la famille du Châtelet, puis aux Tornielles.

GÉNÉAL. 20 – Les Wiss de Gerbéviller.

Haraucourt

■ Localisation

563Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Epvre.Carte IGN 1/25 000, Saint‑Nicolas‑de‑Port, 3415 est. CL : 1115,1 x 897.
Toponyme : nom germanique Harald et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

564La maison forte s’élevait au centre du village, devant l’église. Aucun relief ne renforçait les faibles aptitudes du site, placé au milieu d’un plateau (altitude : 260 m). Il ne subsiste aucun vestige depuis la guerre de 1914‑1918.

565Le cadastre de 1808 faisait apparaître, au lieu dit « le château » un bâtiment en forme de L. La partie est (30 x 8 m) conservait deux tours d’angle circulaires (diamètre 7 m), tandis que le côté nord se caractérisait par un aspect massif (25 x 20 m). Les autres corps de bâtiments, qui dessinaient vraisemblablement un plan en U autour d’une cour centrale, avaient déjà disparu (fig. 55).

FIG. 55 – Haraucourt – Plan cadastral de 1808 section J.

566Une peinture de 1886 permet de connaître l’élévation de ces bâtiments remodelés au xviiexviiie s. (fig. 56).

FIG. 56 – Haraucourt ‑ Peinture du château en 1886.

cl. J. Guillaume, © 1992, Inventaire général

■ Datation

5671502, 8 mars : « Je Everard de Hauracourt seigneur de Germeney et bailli de Nancy […] je tien en fié […] de […] duc de Lorraine […] les pieces titres seigneurie rentes et revenus que sensuit et premier tous ceu que je puis et doit avoir en la forte maison de Hauracourt et en despendisses dicelle […] » (ADMM B 823, no 2).

5681604 : « Despence de […] seize francs dix gros douze deniers […] a quoy le pont levy du chasteau dudit Hauracourt, tant pour bois que pour charpenterie et ferrure diceluy refectionné en la presente annee, ensemble la porterie dudit chasteau et deux planchers faict en deux chambres dudit chasteau pour achapter planches […] pour gisse fourny pour raccomoder les esparoirs de ladite porterie […] » (ADMM B 5750, fol. 96r).

5691853 : « Le château, autrefois chef‑lieu d’une belle terre, est converti en brasserie et maison d’exploitation ; il ne reste de ses anciennes fortifications que deux tours rondes couvertes d’un toit et terminant les angles de la façade extérieure. » (Lepage 1843 : 238)

5701886 (tradition populaire) : « Il existeencore diverses parties de l’ancien château. Des chemins ruraux ont été établis sur remplacement des anciens remparts. Mais on remarque surtout un vaste bâtiment carré flanqué de tours rondes qui en était le donjon. Les murs de ce bâtiment ont près de deux mètres d’épaisseur. L’une des fenêtres du château qui regarde Romemont est murée : cela vient de ce qu’une châtelaine ayant perdu au jeu cette propriété voulut s’épargner les regrets qu’aurait pu causer la vue éternelle de cette ancienne possession […] Il y a eu au château une chapelle dédiée à Sainte‑Anne et remarquable par la décoration (fondée en 1635). Elle existait encore il y a une cinquantaine d’années. Malheureusement elle a été supprimée. » (MS 820)

■ Historique

571Ici, comme ailleurs, l’étude du lignage seigneurial permet de mieux cerner les origines de la maison forte (généal. 21).

GÉNÉAL. 21 – Les sires de Haraucourt.

572Exceptée la mention isolée d’un certain Ludovicus de Haracuria en 1187 (Lepage 1862a), il faut attendre la seconde moitié du xiiie s. pour voir apparaître le lignage de Haraucourt dont le premier représentant fut Gauthier, un cadet de la maison de Jussy près de Metz (Parisse 1976 : 377‑378) devenu vassal du duc et chasé par celui‑ci avant 1273 (ADMM H 2673). C’est à Gauthier, ou à son fils Pierre, que l’on doit la création d’une demeure fortifiée à l’instar de ce qui se passait aux alentours.

573D’heureuses alliances matrimoniales avec les principales familles locales permirent l’ascension du lignage. Le mariage de Jean II avec Catherine de Bayon fit entrer le lignage dans la parenté ducale et lui ouvrit l’accès aux grands offices à la génération suivante, ainsi la régence des duchés, le bailliage d’Allemagne, l’évêché de Verdun. Le lignage se divisa entre Lorrains et Bourguignons pendant les années sombres de 1476‑1477 mais la faveur ducale ne tarde guère à en effacer les séquelles (Quintard 1900).

574Dans la seconde moitié du xve s., les quatre fils de Gérard III épousèrent de riches héritières et fondèrent de nouveaux lignages qui gardèrent leur patronyme d’origine. Chacun conserva néanmoins une portion sans cesse plus réduite sur la seigneurie et la maison forte ancestrale.

Haussonville

■ Localisation

575Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Georges.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL : 1109,6 x 894.
Toponyme : nom germanique Hesso et latin villa, domaine.

■ Vestiges

576Haussonville s’accroche au flanc ouest d’un vallon creusé dans les marnes triasiques du plateau lorrain et drainé par le ruisseau des Prés, affluent de la Moselle (altitude : 270 m).

577La maison forte se situe dans la partie la plus élevée du village, à 120 m au nord‑est de l’église (fig. 57, 58). C’est un édifice en forme de U s’ouvrant du côté sud. La partie est, reconstruite après 1878, et l’aile ouest flanquée de multiples bâtiments parasites, présentent un intérêt très secondaire comparée au bâtiment nord. Celui‑ci (29 x 9 m) possède trois niveaux d’habitation prenant jour par de belles fenêtres à meneaux, protégées parfois par des grilles en fer forgé. A l’intérieur, on observe des cheminées de facture très sobre et des poutres soigneusement décorées. L’accès aux étages se fait par un escalier logé dans une tour à deux pans, placés dans l’angle intérieur nord‑ouest. De petites fenêtres rectangulaires éclairent les greniers. Les toitures actuelles résultent de multiples transformations et ont perdu leur élévation d’origine (fig. 59). La façade donnant sur la cour a conservé trois portes au rez‑de‑chaussée. L’une donne accès à la tour d’escalier, les deux autres, dont l’une est murée, donnent accès au logis. Toutes trois sont surmontées d’un linteau portant un élégant arc en accolade de style gothique flamboyant. Le second étage, occupé par des chambres, a perdu ses fenêtres d’origine. Il sert à présent d’entrepôt. Le retour d’angle nord‑ouest (19 x 8 m) offre la même disposition que le corps principal. Une cage d’escalier (3 x 3 m) vient s’appuyer sur la façade extérieure. Entre cette tourelle et le corps de logis, trois ouvertures superposées ayant pu servir de bouches à feu rappellent les préoccupations militaires d’un édifice construit à l’extrême fin du xve ou au tout début du xvie s.

FIG. 57 – Haussonville – Plan cadastral de 1834 section D.

FIG. 58 – Haussonville – Vue aérienne du château et des bâtiments adjacents en 1980.

FIG. 59 – Haussonville – Côté nord en 1980.

578Le cadastre de 1834 met en valeur la forme trapue de l’ensemble (52 x 45 m), sans tour et isolé des constructions villageoises par un espace large de 16 m, entouré par un mur et faisant office de barbacane. Les dépendances s’étendaient à l’ouest et au sud et constituaient une défense supplémentaire du côté le plus vulnérable. Une gravure du xixe s. offre une vue intéressante des anciennes toitures (Favier 1898 : no 2091).

■ Datation

5791435, 13 avril : « Au nom de à l’honneur et reverence de la benoîte Trinité du Père, du Fils et du Saint‑Esprit, sachent tous que noble homme messire Jehan, seigneur de Hassonville, de Chatillon et de Turquestain, chevalier seneschal de Lorraine et dame Irmenson d’Autel sa femme […] par le consentement exprès de discrette personne messire Demange curé de l’église paroissiale de Dom Etienne et Hassonville, ont […] fait faire et construire à leurs frais, missions et depends, et sur le leur c’est à sçavoir assé pres du chateau du dit lieu de Hassonville, à la rue, et sur le chemin qui tend et par lui va à Rosières aux Salines […] un hôpital et hôtel‑Dieu, une chapelle et un cimetier […] sous le nom du glorieux Saint Claude […] Pour aussi célébrer en ladite chapelle chacun jour messe […] les dits messire Jehan et dame Irmenson […] ont ordonné et ordonnent cinq chapelains pretres […] desquels l’un sera recteur et gouverneur dudit hopital […] » (Paquatte 1895 : 70‑73).

5801438, 9 septembre : « […] vint le comte de Vaudemont boutté les feus sur la terre de messire Jehan de Haussonville […] et par especiale en ladite Haussonville […] » (Calmet 1973a, 5 : Col. 84).

5811456, 30 août : « Jacques de Haracourt chevalier bailli de Sancy […] par devant moi […] et plusieurs autres tenans journee d’assise vinrent et comparurent nobles homes Jacquet filz Jacquet de Savigney bailli de Vosges Jaspart de Raville acteurs d’une part Jaspart et Balthasar de Haussonville freres deffendeurs d’autre part pour le fait de la succession, eucheute des heritages terres et seigneuries du chastel et ville d’Haussonville de ses appartenances delaissees par feu […] Jacques de Haussonville chevalier […] » (ADMM B 821, no 52).

5821886 : « Le manoir d’Haussonville qu’on voit encore s’élever au centre du village est une vaste construction surmontée d’une haute toiture. A l’intérieur, on voit encore une ceinture de mâchicoulis tout autour du bâtiment. Il y a aussi de vastes salles voûtées, un large escalier en spirale et des prisons qui témoignent du rang élevé qu’occupaient les seigneurs du lieu. Les portes du rez‑de‑chaussée sont ogivales, les fenêtres sont ornées à l’intérieur de la cour de cordon de pierre d’une exécution bizarre. » (MS 820)

■ Historique

583Le lignage d’Haussonville est issu de trois puissantes familles seigneuriales de la seconde moitié du xiie s. : les Nancy‑Pagny, les avoués de Preny et les Neuviller (généal. 22). Une première branche, avec Simon et Henri, s’éteignit dès 1250 (Parisse 1982 : 415 ; Marichal 1903‑1908 : 49,116). Le second rameau, avec Gautier seigneur d’Haussonville, eut une postérité remarquable, dès 1225 (Parisse 1976 : 497) (Lepage 1886 ; Ambroise 1914 ; Germain 1923). Simone de Neuviller lui apporta la terre de Tonnoy. Il n’est pas possible, faute de texte, de dater avec précision l’apparition de la maison forte d’Haussonville. Toutefois, elle dut suivre rapidement l’installation du nouveau lignage, ce qui conduit à la situer entre 1220‑1225 et la fin du xiiie s. au plus tard. Le lignage eut une existence modeste, sans alliances matrimoniales éclatantes ni fonctions remarquables jusqu’au début du xve s.

GÉNÉAL. 22 – Les sires d’Haussonville.

584Tout changea avec Jean III (1409‑1445). Son second mariage avec Ermenson d’Autel, apparentée aux sires d’Apremont, lui ouvrit les plus hautes fonctions dans le duché : maréchal en 1422, sénéchal de 1425 à 1435, membre du Conseil des duchés entre 1432 et 1442 durant l’absence de René I et d’Isabelle (Lepage 1869 : 20, 62, 69). Il participa activement aux opérations militaires qui agitèrent cette période troublée : bataille de Bulgnéville en 1431 (Poull 1965b : 12, 26), attaque du château de Vaudémont en 1438. C’est par représailles qu’Antoine de Vaudémont se vengea contre la maison forte d’Haussonville où Jean venait de fonder en 1435 un hôpital et une chapelle dédiée à saint Claude. L’évêque de Metz, Conrad Bayer, lui confia le château de Turquestein en 1433 (Amboise 1914 : 15‑29). A sa mort, il fut inhumé dans l’église d’Haussonville (Prinet 1925 : 44). Ses neufs héritiers devinrent coseigneurs du lieu, source de multiples querelles. L’ancienne maison forte fut reconstruite après les guerres contre la Bourgogne vraisemblablement par Balthazar Ier ou l’un de ses fils. Le décor est encore celui du Moyen Age. Il diffère profondément de ce que les sires de Lutzelbourg feront construire à Fléville en 1533‑1547.

Hénaménil

■ Localisation

585Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Sud.
Diocèse de Tout Archidiaconé de Marsal.
Eglise dédiée à l’Assomption de la Vierge.
Carte IGN 1/25 000, Einville‑au‑Jard, 3515 ouest. CL : 1116,5 x 910,7.
Toponyme : nom germanique Huni et latin mansionile, ferme.

■ Vestiges

586Hénaménil se situe dans la vallée du Sanon (altitude 224 m). Il ne subsiste aucun vestige du château construit à l’ouest du village. Derrière l’école, au lieudit « Les Fossés du Château », on remarque encore un fossé large de 3 à 4 m, long de 35 à 40 m, en cours de comblement. Est‑ce un vestige de défense villageoise ou d’une ancienne fortification seigneuriale ? Sur le cadastre de 1818, le « chemin du château » permet de localiser la résidence seigneuriale d’époque moderne, détruite au xxe s. A 30 m, nord‑ouest de l’église, on remarque une vaste parcelle polygonale qui pourrait rappeler l’emplacement de la « motte » médiévale.

■ Datation

5871199 : « Olrycum castellanum de Henamesnil […] » (ADMM H 3043, fol. 27r).

5881314 ‑ jour des Saints Innocents : « Ferri, duc de Lorraine et marquis, déclara que pour les bons services rendus par Arnoulz dit le Sauvage, ecuyer, fils de feu Renault dit le Sauvage, chevalier, il lui a donné la moitié de la maison de Henalmasny et ses dependances. » (Wurth‑Paquet 1879, no 160)

5891318, 22 septembre : « Nos Ferris de Henalmesnil chevaliers dis lis Truans et Jehans de Henamesnil escuiers sez filz faisons savoir a tous que come werre et descoirs ait esté entre nos dune part et treshault et noble prince notre aimei prince notre aimei signour Ferri duc de Loherene et marchis daultre part for ceus que nos regriens et demandiens plusours heritaiges a Henalmesnil et on ban […] notre amez sires li dus desuz dis. Nos on donege […] la moitié de Henamesnil et dou ban […] et encor nos ait octrier […] toutes les vignes les prez le waingnaige lez maisons lez maisieres les mezes la grainge et les gerdins qe nos i soliens avoir davant ceu que la werre et li discoirs suit. El pourrons encor nos ou notre hoir faire fort maison en Henalmesnil ou on ban suz notre heritaige ou quil nos plairait soit suz la mote ou elle fuit aultre fois ou ailleurs ou que nos plairait on ban de Henalmesnil par ensi et par teil condition que nos et notre hoir la tanrons a tous iours maix dou dit mon signor le duc et de ses hoirs rendable et receptable à tous lous bezons […] » (ADMM B 705, no 145).

5901334, 8 octobre (vidimus du 17 juillet 1335) : « Thiebautz, abbé de Gorze vidime une lettre de Raoul duc de Lorraine, déclarant que messire Jehan de Marley, chevalier, a reconnu avoir donné à son fils Ferri sa forte maison à Hanamanin et vingt livres de terre. » (Wurth‑Paquet 1879 : no 230)

5911346, 17 avril : « Isabelle d’Autriche, duchesse de Lorraine […] fait savoir que Jehans de Marley, chevalier, est entré en son hommage pour sa terre de Henauk‑mains et ses dépendances. » (Wurth‑Paquet 1879 : no 339)

592vers 1390 : « C’est ceu que Husson dit Chaudiren Darches sires de Henalmeynin tient de monseigneur lou duc de Loher renne et marchis tant de part son peire Warnequez Darches comme de part sa meire damesoille Guyante de Henalmeynin qui fuit […] Item la fourteresse de Henalmeynin et toutes les apartenances et tous ceu entierement que ma meire et ses anseitrez il pooient et doient havoir en ladite ville de Henalmeynin et en tout lou ban et finaigez […] » (ADMM B 709, no 26).

■ Historique

593La terre d’Hénaménil était aux mains des sires de Neuviller à la fin du xiie s. (généal. 23). L’un d’eux, Olri y détenait une forteresse en 1199. Il fonda un lignage dont le dernier mâle mourut vers 1261 (Parisse 1982 : 347, 416). L’emplacement de cette fortification n’est pas connu, mais on sait qu’elle se dressait sur une motte et qu’elle fut ruinée avant 1318 : « faire fort maison en Hénal‑mesnil […] soit sur la mote ou elle fuit aultre fois […] » (ADMM B 705, no 145).

GÉNÉAL. 23 – Les sires de Neuviller, seigneurs d’Hénaménil.

594Un lignage messin, en la personne de Poinsignon le Truand (généal. 24), acquit des biens à Hénaménil et refusa de les céder au duc Ferri III en 1283 (ADMM B 705, no 145). Un long conflit opposa les deux partis avant d’être résolu en 1318. Le paraige messin reprit ses biens accrus de nouveaux fiefs du duc et put rebâtir la maison forte avant 1334. L’un de ses représentants, Jean le Truand ou Jean de Marley, fut châtelain de Condé‑sur‑Moselle (Custines) de 1345 à 1361 (ADMM B 4814). L’héritage échut par suite de mariage à des chevaliers d’Arches à la fin du xive s. (Poull 1972a : 3‑15).

GÉN ÉAL. 24 – Les Le Truand, seigneurs d’Hénaménil.

Jeandelaincourt

■ Localisation

595Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à sainte Lucie.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1133,9 x 887.
Toponyme : nom germanique Gantelo et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

596Le village se situe au pied du Grand‑Couronné, au contact avec le plateau du Saulnois, sur un affleurement marneux.

597Les vestiges se remarquent au lieu‑dit la Horgne, à 150 m au nord de l’église, dans une dépression humide séparée du village et drainée par le ruisseau de la Crollière (fig. 60). Ils sont aujourd’hui accolés à des bâtiments agricoles récents et se composent d’un bâtiment rectangulaire (9 x 5 m) couvert d’un toit à deux pans et flanqué d’une tour d’angle circulaire (hauteur : 6 m ; diamètre : 3 m) au sommet tronqué. Une légère dépression rappelle l’existence d’un fossé à cet endroit (fig. 61). Un second bâtiment, plus élevé, prend appui sur l’angle sud‑est du précédent. L’ensemble est construit en petit appareil irrégulier masqué par un crépi. On peut rapprocher cette construction de celle de Bezaumont et la classer parmi les maisons tours.

FIG. 60 – Jeandelaincourt – Plan cadastral de 1830 section C.

FIG. 61 – Jeandelaincourt – Côté ouest en 1980.

598Le 30 avril 1768, Pierre Collin, maître charpentier, et Georges Harelaire, maître maçon dressèrent un procès‑verbal de l’état du « château de la Horgne ». Ce document conservé sous la cote ADMM E 46 permet de comprendre la disposition des bâtiments et leur structure interne. Nous présentons ici le résumé de ce long document.

Le logis seigneurial

599Une cave.

600Le rez‑de‑chaussée comprenait : un couloir central pavé ; une « chambre du devant » avec cheminée et une fenêtre à meneaux munie de barreaux de fer ; une cuisine où « il ny a ny planches ny pavés par terre […] une petite pierre d’eau de pierre noir avec son support et une gargouille […] la même cuisine est éclairée d’une croisée double fait en pierre de taille […] garnie de six barreaux par le bas et autant par le haut » ; un garde‑manger ; une pièce appelée « le cabinet » par où on allait au jardin ; un escalier en pierre de taille avec une rampe en chêne donnait accès aux étages supérieurs.

601Le premier étage était entièrement occupé par un appartement.

602Le second étage se composait d’un grand grenier communiquant avec la « chambre de la grosse tour » et d’un petit grenier communiquant avec la petite tour.

603Le troisième étage, ou « faux grenier », communiquait avec les deux tours.

604Des tuiles plates couvraient l’ensemble du bâtiment.

Les cours et les dépendances

605La cour était pavée et entourée d’une muraille. On y pénétrait par une grande et une petite porte juxtaposées. Divers bâtiments s’appuyaient contre les murs d’enceinte : l’appartement du « marcaire » ; la « marcairie » ; une écurie pour chevaux ; un pressoir ; une grange ; une petite écurie ; une bergerie ; un colombier de 500 nids ; un four à pain ; un puits. L’ensemble était couvert de tuiles creuses. Il existait une autre cour appelée « la petite cour ».

Les extérieurs

606« Les fossés qui font le contour du château se trouvent remplis et en très mauvais état et nécessaire de les récurés. » (ADMM E 46)

607A proximité, on trouvait des vergers et des potagers entourés de haies. Citons le « Grand Jardin, le Jardin du Marcaire, le Jardin d’Enfer, le Jardin devant le château ». Plus loin, une chènevière, un moulin avec étang et des prés.

■ Datation

6081396, 10 avril : « Nous, Lowis de Jandelaincourt […] recognissons […] que par lesdis de Mes, lors aidans, servans, confortans et complices nous avoient esteis fais et pourteis plusours grans et griefs dapmaiges, pour le temps que lesdis de Mes tenient la forteresse de Jandelaincourt sy comme d’avoir abattu une maison par terre, plusours grainges, maisons et autres menoirs appartenons ad nous ad cause dou dessusdit Symonin de Jandelaincourt, peire a moy Lowy […] les‑queilx n’en feyrent onques restitution […] et pour ce, je Lowis […] acompagnies de plusours de mes amis […] aix […] pris plusours prisonniers et aultres biens sur lesdits de Mets, lesqueilz je ayx detenu prisonniers […] » (Bénédictins 1973, 4 : 471).

■ Historique

609Jeandelaincourt relevait de l’évêché de Metz. Le modeste lignage qui le tenait en fief entra à maintes reprises dans la mouvance du comté de Bar et du duché de Lorraine, tout proches. Hugo de Jeandelaincourt, cité en 1165, n’est connu que par une seule mention (Parisse 1978 : no 132). Albert (1243‑1256) (Arveiler‑Ferry 1957 : no 113), Renaud (1257‑1265) (Arveiler‑Ferry 1957 : no 279 ; Denaix 1959 : 146), Louis (1277‑1333) (Marichal 1903‑1908 : 306), Simonin (1350‑† av. 1396) (ADMM B 840, no 5 et 23), et Thierri (1433) (Bénédictins 1973, 4 : 471), apparaissent plus fréquemment dans la documentation.

610La maison forte, citée très tardivement en 1396, est antérieure à cette date. Elle appartenait déjà à Simonin, assez riche pour avoir acquis en 1350 la moitié de la vouerie de Nomeny (BN Coll. Lorraine, vol. 95, fol. 17), mais il n’est pas possible de la dater avec plus de précision.

Lanfroicourt

■ Localisation

611Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Gengoult.
Carte IGN 1/25 000, Delme, 3414 est. CL : 11131,4 x 892,9.
Toponyme : nom germanique Landfrid et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

612A 500 m au nord‑ouest de l’église, en dehors du village, au lieu‑dit « les Mazerulles », une légère ondulation marneuse (altitude : 219 m) correspond au lieu dit « haut de la tour » sur le cadastre de 1830 – section H. Aucun vestige n’est visible.

■ Datation

613984‑1005 : Adalberon II, évêque de Metz, « faisoit la guerre aux seigneurs qui vexaient ses sujets, d’autres fois il ruinoit leurs châteaux et leurs forteresses et faisoit le dégat sur leurs terres. Ainsi il ruina Autrey […] et Lanfrecourt ou la cour de Lanfroi où étoit la tour du méchant Evere‑lin […] » (Calmet 1973a, 2 : Col. 3).

614Il est tentant de rapprocher le lieu‑dit et la mention, mais seuls des sondages archéologiques permettraient de confirmer l’identification des lieux.

Lay‑Saint‑Christophe

■ Localisation

615Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nancy Est.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Christophe.
Carte IGN 1/25 000, Nancy, 3415 ouest. CL : 1123,3 x 883,8.
Toponyme : nom latin, Laius.

■ Vestiges

616Lay occupe l’extrémité occidentale de la vallée de l’Amezule, au contact avec celle de la Meurthe. Il ne subsiste aucun vestige de fortification médiévale, l’emplacement a vraisemblablement été réoccupé par le prieuré.

■ Datation

617950, 16 août : « La comtesse Eve, veuve de Hugues, comte de Chaumontois, donna à l’abbaye de Saint‑Arnoud son château de Lay et ce qui en dépendait […] feu son époux […] lui ayant donné pour douaire le château de Lay […] elle a jugé de concert avec son fils Udalric […] de le donner au monastère de Saint‑Arnoud […] à condition qu’elle et son fils en conservent l’usufruit leur vie durant, en payant chaque année une livre d’argent à Saint‑Arnoud. » (Bénédictins 1973, 3 : 45)

6181014 : « Le château de Lay est cité dans un acte de 1014. » (Parisse 1976 : 136)

6191049 – Le pape Léon IX confirme les biens du prieuré de Lay : « Laium castrum quod quoedam Eva comitissa contulit, cum silva quoe vocatur Heis et cum omni utilitate […] cum ponte etiam et piscatione circa Murt fluvium. « (Lepage 1853, 1 : 563).

■ Historique

620Les comtes de Chaumontois possédèrent une résidence fortifiée au milieu du xe s. en ce lieu. Elle disparut au xie s.

Lenoncourt

■ Localisation

621Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Tomblaine.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Église dédiée à la Vierge.
Carte IGN 1/25 000, Saint‑Nicolas‑de‑Port, 3415 est. CL : 1114,9 x 892,7.
Toponyme : nom germanique Leno et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

622Lenoncourt se situe dans une légère dépression marneuse du plateau lorrain, drainée par le ruisseau de Bronze, affluent de la Roanne. La maison forte s’élève à 200 m au sud‑est de l’église, en bordure du village (fig. 62).

FIG. 62 – Lenoncourt – Plan cadastral de 1808 section G.

623Le vaste corps de bâtiment (52 x 12 m) n’est pas antérieur au xviiie s., mais s’appuie à l’est sur une courtine plus ancienne qui relie deux tours aux murs épais de 2,50 m et au diamètre intérieur atteignant 4,50 m. Le seul vestige médiéval se réduit à une tour haute de 12 m et de 9 m de diamètre se dressant, isolée, au milieu du parc (fig. 63, 64). L’ensemble est construit en moellons marno‑calcaires de couleur bleutée, crépis à la chaux. Les anciens fossés comblés au xixe s. sont aujourd’hui rétablis.

FIG. 63 – Lenoncourt ‑ Tour du XIVe s. en 1980.

FIG. 64 – Lenoncourt ‑ Plan et coupe de la tour du XIVe s. en 1980 

dessin B. Willaime

Une tour

624Cette tour de 9 m de diamètre, haute de 12 m, est isolée au nord‑ouest du bâtiment précédent. La base présente un léger fruit. Elle est construite elle aussi en petits moellons (0,10 x 0,30 m) disposés en assises régulières, retenant un blocage de cailloux liés par un mortier de chaux. Le parement n’est pas crépi. Il s’est effondré par endroits. Les différents niveaux de cette tour nécessitent une étude détaillée.

625Le rez‑de‑chaussée : on y pénètre par une porte voûtée en plein centre (hauteur : 1,60 m ; largeur : 0,80 m), dont la clef de voûte est ornée d’une pierre sculptée portant un blason aux armoiries martelées (hauteur : 0,17 m ; largeur : 0,14 m). Les murs ont 2 m d’épaisseur. Le diamètre intérieur est de 4,5 m. La salle prend jour par trois embrasures intérieures terminées par d’étroites fentes de tir. Chaque embrasure est surélevée de 0,30 m par rapport au sol. La hauteur varie entre 2 m et 2,20 m et la largeur va en se rétrécissant de 1,75 m à 0,20 m. Le tympan est soutenu par deux coussinets en quart de rond. Les ouvertures offrent des dimensions modestes (0,17 x 0,40 m). Dans la partie ouest, on observe un renfoncement muré dont la fonction reste énigmatique.

626Le premier étage : on y accédait par un escalier en bois. Il possède, comme le rez‑de‑chaussée, trois embrasures intérieures avec fentes de tir.

627Le second et le troisième étage ont été transformés en pigeonnier. Les niches sont encore visibles.

628Le sommet de la tour est muni de corbeaux en pierre calcaire de couleur ocre, profondément encastrés dans la maçonnerie comme permet de le constater un pan de mur écroulé. Au xixe s., on installa un mâchicoulis en briques rouges.

Conclusion

629La tour isolée peut être datée de l’extrême fin du xiiie s. ou du début xive s. Au xvie s., ou après, on perça la porte du rez‑de‑chaussée. Le corps du bâtiment et ses deux tours semblent dater du xvie s., avec un réaménagement intérieur complet au xviiie s. Le cadastre de 1808 permet de constater que le château se composait alors de trois corps de bâtiments, ouverts au sud et flanqués de quatre tours circulaires aux angles. Aucune des ailes n’avait la même largeur et mesurait respectivement 15, 12 et 8 m. De larges fossés (25 m) enveloppaient encore ces trois ailes. Les dépendances agricoles se situaient plus loin vers le sud.

■ Datation

6301294, novembre : « Ferris de Rozieres escuiers fis notre seigneur Joffroi de Rozieres chevalier qe fut […] eit fait marchie et escheinge a […] Ferri duc de Lorreigne […] le dis duc II ai donei […] la ville de Lenoncourt et lou ban […] en toutes seignories […] com cil dus la tenoit quant il la donai a seignor Ferri de Plomieres son fils chevalier fors lestanc qui est desoulz la ville entre ladite ville et lestanc de Buissoncourt qui demore a devant dit duc […] Et est li greis lou dit duc que Ferris de Rozieres desus dis et seu hoir ou sa mesnie aient lours foeresce et lour usuaire ez boix […] por ceu que besons li serait por son ostel a Lenoncourt tant com il serait demorant il ou sa mesnie […] » (ADMM B 879, no 38).

6311317, 21 avril : « Nous Ferry duc de Lorraine […] en recompensation des services et des aydes que […] Gérard de Nancy chevalier fils monsignour Thierry chevalier qui fut nous a faict et peult faire on temps a advenir nous […] luy avons donne […] en fied et en hommaige lige […] son usuaire et son detruit en toutes nos foirestz haultes et basses […] entour Amance […] pour toutes les necessitez et pour toutes les aysances de sa maison fort de Lenoncourt et des appendices dicelle que sont et seront dedans la forteresse soit pour affowaige soit pour aultres necessitez et ouvraiges […] pour luy pour ses maignies et pour tous les habitants en ladite maison […] » (MS 1376).

6321343, 20 février : « Je Gerars de Nancy chevalier sire de Lenoncourt […] je teng de […] Raoul duc de Lohereine […] mai maison fort de Lenoncourt la ville et le ban […] aidauble et receptauble a tous ses besoins en bon foy […] » (ADMM B 821, no 24).

6331392 (copie du 19 mai 1580) : « Ensemble la copie d’un autre denombrement de la maison tour et seigneurie de Lenoncourt donné par Girard de Nancy chevalier sieur dudict Lenoncourt l’an 1392 […] » (ADMM B 704, no 40).

6341509, 20 janvier : « Je Thierry seigneur de Vignory et de Harouel en partie chevalier bailly de Vitry […] jay reprins de main et de bouche […] en fief et homaige de hault et puissant prince […] duc de Calabre de Lorraine […] premier tout ce entierement que jay puis et dois avoir on chastel forte maison et ville de Lenoncourt on barbacammes foussez justice haulte moyenne et basse […] » (ADMM B 704, no 40).

6351534‑1535 : « Item delivres a messieurs de Lenoncourt pour faire plusieurs ouvraiges tant pour le pont que pour les barriers et aultres ouvrages la quarte de dix huit pièces de bois […] » (ADMM B 2234).

6361853 : « L’ancienne maison forte de Lenoncourt a disparu et a été remplacée par un château moderne que le propriétaire actuel a embelli et dont il a fait une charmante résidence. On y remarque encore une tour qui a été récemment crénelée de manière à présenter l’aspect d’un vieux donjon. » (Lepage 1853, 1 : 579)

■ Historique

637La terre de Lenoncourt relevait du duché de Lorraine. Ferri III y établit un grand étang vers 1275, en direction de Cercueil. Il la donna pendant quelques années à l’un de ses cadets, prénommé aussi Ferri, puis la lui reprit en échange de Bremoncourt et Plombières. Le duc céda le domaine en 1294 à un écuyer, Ferri de Rosières, contre les droits de celui‑ci sur la saline de Rosières. Dans l’acte d’échange, Ferri reçut le droit de prendre dans les forêts ducales le bois « por ceu que besons il seroit por son ostel à Lenoncourt ».

638Cet « ostel » peut être antérieur à 1294 et attribuable à Ferri de Lorraine. D’ailleurs ce seigneur fit construire à Bremoncourt une maison forte peu de temps après, certainement pour compenser la perte de Lenoncourt. Dans l’autre hypothèse, c’est Ferri de Rosières qui édifia cette résidence seigneuriale. Il abandonna son premier patronyme pour porter celui de Lenoncourt, et résida sur son domaine jusqu’à sa mort avec son épouse Colette de Baccarat (Levallois 1901 : 202). Ils ne laissèrent aucun héritier.

639En 1313, Thierry, châtelain de Frouard (BN Coll. Lorraine, 89bis, pièce 16L) et ancien bailli de Nancy (1283‑1300) (Fray 1986 : 314) acheta la terre de Lenoncourt pour 1200 livres de tournois (ADMO H 262) et décéda peu après. Son fils, Gérard, hérita de la seigneurie et fut à l’origine d’un lignage célèbre (Wargnies 1974 ; Aubert de la Chesnaye 1863, 11 : article Lenoncourt ; Pierron 1969) (généal. 25). En 1317, le duc l’autorisa à se fournir en bois dans la forêt de la châtellenie d’Amance pour les besoins de la « maison fort de Lenoncourt » qui devait aider et recevoir les troupes ducales en cas de besoin. Ce droit fut confirmé en 1442 (MS 1376). Le lignage acquit de nombreux biens autour de Nancy et contracta des alliances avec les familles voisines de même rang. Il ne renoua avec les hautes charges administratives qu’à partir du milieu du xve s., et se divisa alors en plusieurs branches qui conservèrent leurs droits en co‑seigneurie sur Lenoncourt : Thierry III (1425‑1483) devint bailli de Vitry‑en‑Perthois, au service des rois de France, et transmit cette charge à ses héritiers ; Philippe I (1425 – av. 1482) fut bailli des Vosges en 1441‑1442 ; son fils Bernardin accéda aux fonctions de bailli de Saint‑Mihiel, chambellan du duc et maître de l’artillerie au début du xvie s. ; ses héritiers conservèrent la charge de bailli.

GÉNÉAL. 25 – Les sires de Lenoncourt.

Lesménils

■ Localisation

640Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Pont‑à‑Mousson.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Denis.
Carte IGN 1/25 000, Pont‑à‑Mousson, 3314 est. CL : 1144,15 x 875,55.
Toponyme : du latin mansionile, maison paysanne.

■ Vestiges

641Il ne subsiste aucun vestige d’habitat seigneurial dans ce village qui fut déplacé après 1918. Le cadastre de 1827 montre un grand bâtiment avec cour centrale et une tour carrée ainsi que les toponymes « au Pigeon » et « chemin du Clos » qui pourraient rappeler l’existence d’une résidence noble dans le hameau de Norroy, au pied de la côte de Mousson.

■ Datation

6421334, 17 octobre : « Jehan de Morey chevalier […] reprens de […] Edduart comte de Bar […] lou fye que Messire Jacques de Maignies chevalier tient de moy cest assavoir la ville de Maignies, la tour seant en ladite ville, lou ban et la justice […] » (ADMM B 387, fol. 286v).

■ Historique

643Les hameaux de Mesnil et de Norroy relevaient de la châtellenie de Mousson. Un lignage de modestes chevaliers y tenait un fief et une tour au début du xive s. Ils devaient la garde au château de Mousson.

Létricourt

■ Localisation

644Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Rémi.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1138,1 x 890,2.
Toponyme : nom latin Litterius et suffixe court, domaine.

■ Vestiges

645Létricourt se trouve sur le plateau marneux du Saulnois (altitude : 215 m), à 2 km de la Seille, et ne bénéficie d’aucun relief particulier. Il ne reste qu’un vaste parc boisé pour rappeler remplacement d’un habitat seigneurial que le cadastre de 1829 permet de situer à 100 m au sud de l’église, en bordure du village vers Chenicourt (fig. 65).

FIG. 65 – Létricourt – Plan cadastral de 1829 section D.

■ Datation

6461334, 28 octobre : « […] Colins d’Otenges […] ait vendu […] à […] Eddoard conte de Bar […] tout le fyé […] que Jehan de Letrie‑court escuyer qui fuit tengnait de moi cest a savoir la maison de Letercourt et toutes les appendizes devant et derier ensi comme elle se comporte […] pour quatre vingt livres de petits tournois vies […] » (ADMM B 865, no 104).

6471335, 11 novembre : « Jehans de Letricourt escuiers filz Jehan de Letricourt escuyer qui fut […] ie seux homes liges a […] Eddoard conte de Bar […] douquel […] je teing en fieg et en homaige, tout ce que mes peires avait à Letreicourt et especialement la forte maison tous les aultres ediffices de la maison de Letreicourt, les homes, femes […] lou ban, la justice haulte et basses, rentes, censes […] vignes […] » (ADMM B 865, no 110).

6481338, 30 juin : « Jehans Renauls et Androuins seigneurs de Letreicourt freres, deviennent homme lige monsignour le conte […] et Colins lor freres homes liges apres la ligey levesque de Mes, et reprent uns chacuns deuls des quaitre la maison de Letreycourt que jay mouvoit doudit conte en laquelle messire li comtes et ses gens serait recepteis jusques a vingt hommes d’armeis de fer a ses despens contre tous, toutes foix quil li plairait […] lidis Colins et Renaulz doient lou warde à Monsons on chastel chacun an chacuns quinze jours, lidis Jehans et Androuins deveront et payeront la warde à Toulon chacun an chacun quinze jours, li conte, lor doit […] paier […] à la Sainct Remy 1338. […] 350 livres tournois […] lesquelles convenances […] ledit Jehan […] doit faire tenir à ses freires […] » (ADMM B 872, no 18).

6491338, 16 juillet : « Nous Jehan, Colins, Renalz et Andruyns […] reprenons […] dou […] conte de Bar […] en fiey et homaige ligement […] la devant dite forte maison lou reciege et la pourcinte dicelle […] » (ADMM B 387, fol. 96).

6501371 : « Yvain le Gall, chef d’une bande de routiers parcourt le Saulnois et s’empare de Letricourt. » (Bénédictins 1973, 2 : 137)

6511473, 3 novembre : « Je Jehan de Guermange seigneur de Bioncourt et seigneur de Letricourt en partie […] jay repris […] de monsignor le roy de Sicile la moitié de la forte maison de Letricourt avec ses appartenances […] la moitié des bois, de lestang du bois, de la theulerie […] » (ADMM B 387, fol. 97‑98).

6521495, 25 mai : « Je Robert de Craincourt dit de Watiemont seigneur de Letricourt en partie […] tiens […] de […] le duc de Bar et de Lorraine la moitie de la forte maison et forteresse dudict Letricourt avec toutes ses appartenances, partisant avec Jehan de Watiemont et Jehan Wisse de Gerbeviller […] » (ADMM B 387, fol. 98v).

6531497, 3 mars : « Je Jehan Wisse de Gerbeviller escuyer […] jay reprins […] pour et au nom de Ysabel de Craincourt ditte de Wathiemont ma femme le quart de la forte maison de Letricourt avec toutes ses appartenances […] » (ADMM B 387, fol. 98v).

6541573, 7 mai : « Claude de Ripviere seigneur de Letricourt, Essey les Nancy faisant fort de Marguerite de Mercy sa femme […] a recognu […] avoir vendu […] à Bonaventure Rennel chancellier et tresorier de Mercœur […] tout ce […] que lesdits seigneurs de Ripviere […] peuvent […] avoir du chasteau et maison forte de Letricourt ses appartenances et dépendances bassecourt, fosselz, granges, estables, beufveries, bergeries, collombiers, fours, molins, pressoirs […] pour la somme de cinquante deux mille francs monnaie Lorraine […] » (ADMM B 840, no 52).

6551573, 7 mai : Bonnaventure Rennel fait don de ses biens au comte de Vaudémont : « Icelluy seigneur avoit fait convoquer les maires et gens de justice dudit Letricourt au devant du chasteau […] et apres ce ledit seigneur tenant en ses mains les clefs dudit chasteau y entra. » (ADMM B 840, no 52).

6561888 : « A l’entrée du village, du côté sud, à gauche, il y eut un château fort dont les derniers vestiges ont été enlevés y a huit ans. Ces restes consistaient en quelques pans de vieux murs. On voit encore sur place le lieu des constructions et les fossés profonds qui les entouraient. Ce château a été détruit par les Suédois pendant la Guerre de Trente Ans. En 1708, le seigneur de Letricourt a obtenu du duc de Lorraine l’autorisation d’enlever tous les débris, pierres de taille, pierres et fer pour aider à la construction de celui qui existe aujourd’hui et qui appartient à Monsieur le comte de Mahuet. Ce château […] ne montre extérieurement qu’une maison de campagne bâtie sur une terrasse qui permet de jouir de la vue d’un beau parc contenant II hectares. » (MS 820)

■ Historique

657Un modeste lignage d’écuyers fut à l’origine de la maison forte du lieu, avant 1334. Le comte de Bar racheta alors le fief pour consolider ses positions dans le Saulnois au détriment de l’évêque de Metz. Létricourt fut ainsi rattaché à Mousson ou à Toulon, selon le cas. Au début du xve s. le domaine entra dans la maison de Serrières puis dans celle de Craincourt. Au xvie s. leurs droits furent partagés entre plusieurs héritiers dont les Lucy et les Wiss.

Leyr

■ Localisation

658Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nancy.
Eglise dédiée à saint Georges.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1129,4 x 888,6.
Toponyme : mot germanique lar ou laer, clairière.

■ Vestiges

659Leyr s’accroche au flanc oriental du massif du Grand‑Couronné, sur le seuil marneux séparant la vallée de la Mauchère et le plateau du Saulnois (altitude : 235 m). Il ne subsiste aucun vestige mais le cadastre de 1829 situe, à l’ouest de l’église, un lieu dit « derrière le château » et le « haut château » à 100 m au sud‑ouest (fig. 66).

FIG. 66 – Leyr ‑ Plan cadastral de 1829 section F.

■ Datation

6601421, 15 novembre : « Terres, cens et droits appartenant au chapitre de Sainct‑George, lesquels droits sont deus aux termes de Sainct‑Jean‑Sainct‑Martin et à Noël à cause du gagnage de la tour que tenoit les Wisses tant en la ville de Layer a Ermacourt et autre part […] Item le bois de la tour comme il se contient d’ancienneté […] Jehan Governier doit […] huicts gros sur la maison et sur le gerdin derriere le toit la tour le droy chemin du Rull d’une part et Jean Hulla d’autre part. » (ADMM G 285, Armoire 3, liasse 39, no 2)

6611482, 23 août : « […] Jean Wiss de Gerbeviller et Catherine de Lenoncourt son épouse cèdent au chapitre Saint‑Georges « tout ce qu’avoient au paravant ceux de la ligne des Visses es villes bans et finages de Leyr et d’Armacourt […] tant en la tour dudit Leyr en maison maisiere grange buefverie meix cheneviere preis fourieres jardins vignes bois […] terre […] en franc alleu. » (ADMM G 285)

6621579, 20 juin : « Messires les Venerables Prevost chanoines et chapitre de l’église collégiale Sainct George […] comme seigneurs vouez pour la moictié au lieu de Layer ont recongnus […] avoir laissé […] à Jean Gabriel […] ung gaignaige […] audit ban de Leyr […] deppendant de leur tour […] ont reservé […] a eulx toutes les terres appelées […] les terres du boys dela tour […] Lesquels venerables ont accordez et consenty que la tour a eulx appartenant estant audit Layer sera et demeurera ausdits preneurs […] en l’entretenant par lesdits preneurs de couverture et bon estat pour l’espace de six années […] » (ADMM G 371).

6631681, 1er juin : « Ledit chapitre possèdeaudit Leyr une tour dite la tour seigneuriale d’Amelecourt laquelle était de plusieurs étages de hauteur et dont la plus grande partie était ruinée par les guerres et à cause de laquelle chaque feu dudit Leyr doit deux bichets d’avoine […] appelée l’avoine de la tour » (ADMM B 285, Armoire 3, liasse 39, p. 202).

6641728, 6 juin : « […] il depend de la seigneurie vouée tant dudit Leyr que d’Amelecourt dont lesdits sieurs du chapitre sont seigneurs voueez pour la moitie une tour située audit Leyr proche l’église et au devant de la maison seigneuriale dudit lieu laqielle étoit ruinée par le malheur des guerres ne restant plus que deux pands de muraille de la haucteur de trente pieds ou environ sur vingt à vingt deux pieds de face construite en rondeur et dont les murailles avoient trois pieds et demy a quatre pieds d’epaisseur. Lesdits sieurs du chapitre ont ete surpris d’apprendre que plusieurs communaulté des villages circonvoisins qui étoient chargées de faire une levée dans celui dudit Leyr par ordre de S.A.R. se sont avisez de sapper ladite tour et d’entendre les pierres de taille et moilons jusqu’aux fondations de même que toutes les decombres qu’elles ont emploies ausdictes chaussées. Et comme cette entreprise cause un […] prejudice […] nous nous sommes […] transporte sur le terrain ou estait cy devant deux pends de murailles de ladite tour et qui avoient environ trente pieds de haulteur et que nous avons vu subsister en notre dernier voyage a Layer sur la fin de l’année 1726 » (ADMM G 371, Armoire 3, no 10).

■ Historique

665Leyr relevait de l’abbaye Sainte‑Glossinde de Metz. Un lignage de vassaux en détenait l’avouerie entre 1222 et 1350 (généal. 26). Dans la seconde moitié du xive s., les Wiss acquirent cette charge.

GÉNÉAL. 26 – Les sires de Leyr.

666Les voués firent construire une tour ronde avant 1421 pour protéger leurs biens. Celle‑ci, haute de plusieurs étages, se dressait à proximité de l’église et du ruisseau, ce qui correspond bien à la localisation cadastrale. Ruinée par les guerres avant 1681, elle fut laissée à l’abandon par les chanoines de Saint‑Georges de Nancy, seigneurs du lieu. En 1726, il subsistait des pans de murs hauts de 8,5 m, épais de 0,80 m et longs de 6,30 m. Les paysans les firent disparaître en 1727 et 1728 pour empierrer la chaussée construite sur ordre du duc.

Lunéville

■ Localisation

667Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Jacques.
Carte IGN 1/25 000, Lunéville, 3515 ouest. CL : 1107,6 x 906,3.
Toponyme : hydronyme celtique, luna et latin villa, domaine.

■ Vestiges

668Le château s’élevait sur une terrasse alluviale dominant de quelques mètres la Vezouze (altitude 235 m). Il contrôlait les ponts qui franchissaient cette rivière en s’appuyant sur l’île Saint‑André (fig. 67). La protection était assurée par des fossés communiquant avec le cours d’eau. En 1702, on rasa les anciennes constructions pour bâtir le château actuel. Quelques illustrations du site antérieures au xviiie s. permettent d’en connaître la disposition. Par ailleurs, les textes permettent une approche complémentaire du château.

FIG. 67 – Lunéville à la fin du Moyen Age (d’après Beaulieu 1640). Château : 1 cour du château ; 2 grosse tour ; 3 entrée et fossé du château ; 4 jardin, parc ; 5 basse‑cour ; 6 moulin. Ville : A porte Saint‑Nicolas ou du Pont ; B tour Blanche ; C tour d’Epinal ; D porte Saint‑Georges ou Joly ; E tour Blanpain ; F tours et portes Saint‑Jacques ou d’Allemagne ; G faubourg ; H tour du château ; I couvent de religieuses ; J ancienne paroisse Saint‑Jacques ; K monastère Saint‑Rémy ; L grand‑rue ; M couvent des Minimes.

■ L’architecture du château d’après les textes

669Nous ignorons tout de l’architecture du château aux xiie et xiiie s. Nous savons seulement qu’il se trouvait juste à côté du pont qui enjambait la Vezouze (Calmet 1748 : col. 265).

Au xive s.

670Les textes de 1317 et 1339 sont assez précis pour permettre d’entrevoir la disposition de l’ensemble au xive s. (ADMM B 705, no 140 et B 793, no 24) :
– le château était entouré de fossés ;
– un espace, ceint de murs, constituait une première ligne de défense et s’étendait devant le château ; il s’agissait d’une basse‑cour appelée « lou pourpris des faulz murs », abritant une grange, des maisons, un colombier et divers édifices ;
– en contrebas du château, au niveau de la rivière, on trouvait un jardin, un verger, des prés et un moulin avec une vanne et un canal de dérivation ;
– le pont sur la Vezouze était en pierre dès 1338 ;
– en 1343, le duc Raoul fonda une chapelle dédiée à sainte Marie et à saint Antoine.

Au xve s.

671Les premiers livres de comptes de la prévôté de Lunéville ne sont pas antérieurs à 1462. Nous avons conservé seulement dix registres couvrant la période 1462‑ 1499 (ADMM B 969, B 970, B 983 et B 6632 à 6639). Ils fournissent des informations fragmentaires sur différentes parties du château et de son environnement.

Les extérieurs

672Le verger, entouré de murs, se trouvait à l’est du château dont il était séparé par un fossé, comme l’indique ce texte : « […] relever les murs du Haut Meix derrière la grosse tour du chastel qui estaient cheuz es fossés […] » (ADMM B 6639, fol. 73r). Le grand pré existait déjà en 1338 (ADMM B 793, no 28). Pour favoriser l’écoulement des eaux, on y creusait des rigoles ou « biez » (ADMM B 938, fol. 548r). La production de foin était engrangée au château (ADMM B 969, fol. 612). Une palissade en bois empêchait les animaux d’y pénétrer (ADMM B 6632, fol. 14v).

673Les fossés étaient alimentés, en partie au moins, par une fontaine (ADMM B 6638, fol. 71r). La rivière ou le canal du moulin servaient de protection au nord. Nous avons des mentions du fossé au sud et à l’est (ADMM B 6639, fol. 73r). Il se prolongeait vers l’ouest. On élevait du poisson dans une partie des fossés (ADMM B 6642, fol. 26r). Ces fossés délimitaient une terrasse castrale rectangulaire.

674Les murs de courtines, ou murailles, étaient relativement épais (ADMM B 6635, fol. 58v). Un chemin de ronde les couronnait (ADMM B 6637, fol. 77v).

Les tours

675La « grosse tour », dont nous ignorons la forme, se trouvait soit dans l’angle nord‑est, soit au milieu de la courtine est (ADMM B 6639, fol. 73r). Elle protégeait l’angle le plus menacé du château. En effet, le terrain présente une déclivité d’est en ouest, ce qui place le château légèrement en contrebas du lieu dit « le haut Meix ».

676La petite tour était située dans l’angle nord‑ouest puisqu’elle regardait le moulin. Le duc y fit installer une pièce appelée « escriptoire ». Sa chambre se trouvait à côté (ADMM B 6635, fol. 58r).

La cour

677On y trouvait un puits (ADMM B 983, fol. 548r). En 1499, René II y fit installer un ouvrage couvert pour tirer à l’arbalète (ADMM B 6639, fol. 79r).

Les salles

678Sont mentionnés : une grande salle percée de fenêtres (ADMM B 6637, fol. 73v) ; un « grand palle » et son fournel, ou fourneau, ou poêle, à carreaux émaillés (ADMM B 6632, fol. 14r) ; un « petit palle » avec son fournel (ADMM B 6637, fol. 74r, 78r) ; une « cuisine de bouche » construite en 1493 (ADMM B 6636, fol. 50r) ; les offices : panneterie, échansonnerie, fruiterie, saucerie (ADMM B 6632, fol. 14v) ; un écritoire à côté du « petit palle » (ADMM B 6638, fol. 71v) ; une cave à vin (ADMM B 6637, fol. 77v).

Les chambres

679La chambre de l’écuyer (ADMM B 6637, fol. 76v) ; la petite chambre du roi (ADMM B 6637, fol. 77v) ; deux chambres près de la porte du château (ADMM B 6639, fol. 73v) ; la chambre des filles (ADMM B 6639, fol. 74r) ; les deux chambres de « Monseigneur de Calabre » (ADMM B 6639, fol. 76r).

Au xvie s. et au début du xviie s.

680Les registres de comptes couvrant les années 1500 à 1649 sont au nombre de 140. L’étude systématique des dépenses pour travaux nous permet d’affiner l’énumération qui précède et de suivre les principales transformations du château médiéval jusqu’à sa disparition au profit d’un bâtiment moderne.

La basse cour

681Elle s’étendait au sud‑ouest du château (ADMM B 6739, fol. 103v). Une porte à deux vantaux y donnait accès (ADMM B 6725, fol. 32v). A l’intérieur de l’enceinte, on trouvait : une vaste grange (ADMM B 6643, fol. 73v), puis une seconde ; l’une des deux s’appelait « la fourrière » : on y entreposait les fagots de bois (ADMM B 6660, fol. 84v), on y abritait les poules de la recette dans une « gelinière » (ADMM B 6637, fol. 77r) ; une petite écurie pour les mulets (ADMM B 6646, fol. 56r) ; une grande écurie (ADMM B 6643, fol. 73v) ; l’habitation du châtelain, composée d’une cuisine et d’une salle basse au rez‑de‑chaussée et de deux chambres à l’étage (ADMM B 6737, fol. 106v) ; la chapelle construite en 1343 (ADMM B 6632, fol. 14v), démolie en 1606 (ADMM B 6729, fol. 7).

Les entrées du château

682Une poterne munie d’un pont‑levis donnait accès au pré du château, au nord (ADMM B 6647, fol. 70v). L’entrée principale se trouvait côté sud, vers la ville. Elle se composait d’une première porte gardée par un portier qui logeait dans un appartement « la porterie » comprenant une salle basse et une chambre à l’étage (ADMM B 6624, fol. 5v). On s’engageait ensuite dans une « allée », couverte et bordée de parapets (ADMM B 6624, fol. 6r), qui franchissait le fossé. On atteignait alors la seconde porte (ADMM B 6639, fol. 73r). Ce système rappelle celui de Bayon.

Les tours

683La grosse tour couverte de tuiles plates, ou « écailles », fut abattue en 1607 (ADMM B 6732, fol. 115r). Sa ruine fit peser des menaces sur la grande cuisine qui se trouvait à côté (ADMM B 6737, fol. 106r). Les textes ne mentionnent pas les tours d’angle sud‑ouest et sud‑est, ni celles de la porte, que l’on remarque sur le plan de 1638. A partir de 1596 seulement, le mot « donjon » apparaît dans les textes. Il désigne le vieux corps de bâtiment nord ou est dont la grosse tour n’est qu’un élément (ADMM B 6706, fol. 98r).

Les salles

684La grande salle communiquait avec les cuisines (ADMM B 6643, fol. 78r). Au‑dessus d’elle, on trouvait la « salle haute » surmontée d’un grenier couvert en ardoise. Cette toiture était appelée le « hault toit » (ADMM B 6654, fol. 4v). Ces pièces étaient éclairées de grandes fenêtres à meneaux donnant au nord sur la rivière et au sud sur la cour en face de l’entrée (ADMM B 6676, fol. 101V). Depuis la grande salle, ou salle basse, on pouvait accéder à une galerie en bois qui surplombait la Vezouze (ADMM B 6706, fol. 99v). Au bout de cette salle, se trouvait une pièce dite « la sallette » (ADMM B 6706, fol. 98r). Un escalier couvert faisait communiquer la salle haute et la salle basse (ADMM B 6741, fol. 107r). Le « grand palle » était à proximité (ADMM B 6643, fol. 75r). En 1630, la toiture était en très mauvais état (ADMM B 6771, fol. 45v).

Les communs

685Les communs se composaient de : la petite cuisine ou cuisine de bouche ; la grande cuisine, à côté, disposait d’un garde‑manger (ADMM B 6643, fol. 75r), elle communiquait avec la grande salle (ADMM B 6643, fol. 78r) et s’appuyait contre la grande tour (ADMM B 6737, fol. 106r) ; les quatre offices : échansonnerie, saucerie, panneterie, fruiterie, chacun pourvu d’un âtre (ADMM B 6732, fol. 115r).

Les chambres

686Les appartements du duc se trouvaient à côté de la petite tour de l’angle nord‑ouest. Ils se composaient d’une petite salle, d’une garde‑robe, d’une chambre et d’un cabinet ou écritoire (ADMM B 6680, fol.1‑3). A côté, se trouvait la chambre du maître d’hôtel (ADMM B 6650). Les appartements de la duchesse se composaient d’une chambre, d’une garde‑robe, d’une salle (ADMM B 6643, fol. 75‑76, 80v). Les chambres prenaient jour sur la cour (ADMM B 6646, fol. 59v).

687A partir de 1592, le duc fit envelopper la ville de Lunéville d’une enceinte bastionnée. Le rôle du château et la topographie environnante furent profondément bouleversés. En 1592, le château fut isolé de la ville par une ligne de défense (ADMM B 6697, fol. 98v). Du côté de la rivière, on procéda également à d’importants travaux (ADMM B 6722, fol. 97r). En 1607, on installa la chapelle dans la grande salle basse du château (ADMM B 6729, fol. 7r). On ruina la grosse tour (ADMM B 6729, fol. 115v). En 1609 (ADMM B 6735, fol. 100r) et en 1611 (ADMM B 6739, fol. 100r), l’architecte Nicolas Marchai et le mathématicien Jean Laprisi vinrent dresser les plans d’un pavillon. En 1612, Nicolas la Hière fit un nouveau plan (ADMM B 6741, fol. 97v). La construction commença immédiatement (ADMM B 6743, fol. 96r). De 1613 à 1624, deux pavillons et un corps de logis furent édifiés. On renforça le mur qui soutenait la terrasse du côté de la Vezouze (ADMM B 6759). En 1620, Hector Harent traça un nouveau jardin à côté du château (ADMM B 6755). En 1630, il ne restait du château médiéval qu’un « vieux corps de logis », avec la petite tour nord‑ouest, dominant la rivière. Un rapport de Jean la Hière souligne sa vétusté et conclut par ces mots : « […] il est nécessaire de donner ordre de ce que lon veult faire des dits vieulx bastiments ou les ruyner du tout ou les mieulx assurer » (ADMM B 6771). Dès l’année suivante, la guerre s’abattit sur la ville. Les soldats saccagèrent le château (ADMM B 6780). L’armée française assiégea la ville et s’en empara en 1636.

Conclusion

688Le château que les textes nous présentent, entre 1317 et 1630, est un bâtiment quadrangulaire flanqué d’une petite tour ronde et d’une grosse tour sur le côté nord, vers la rivière. Le plan de 1638 révèle l’existence de deux tours circulaires dans les angles sud. Un fossé en eau enveloppait le château sur trois côtés. L’approche était défendue à l’est par un jardin‑verger, au sud et à l’ouest par la basse cour. Les bâtiments abritaient des pièces et des salles que l’on rencontre dans tous les autres châteaux. Comme à Einville‑au‑Jard ou à Nomeny, le système défensif du château s’intégrait à l’enceinte urbaine. Ce plan correspond au plan classique des châteaux élaborés par les ingénieurs français sous le règne de Philippe Auguste († 1223). Nous serions tenté d’attribuer la construction de ce second château au comte Hugues Ier (1186‑1220), ou à son fils Hugues II (1213‑1243). Ils matérialisaient ainsi la naissance d’une nouvelle lignée seigneuriale et adaptaient leur demeure aux progrès de l’architecture militaire de l’époque.

■ Datation

6891034 : « […] notre père ayant fait construire à Luneville un monastère en l’honneur de saint Remy, il y a placé des moines […] ayant remarqué que ces moines étaient des violateurs […] nous les avons chassés […] nous l’avons concédé à l’abbesse Adélaïde […] dotant ce lieu sur notre patrimoine, nous lui avons donné deux manses situés à Luneville, deux moulins, l’autel de Saint‑Remy […] le pont de Luneville et celui d’Einville […] » (ADMM H 1053).

6901052‑1072 – Fondation de l’hospice Saint‑Georges par l’abbesse de Saint‑Remy, Uda de Luxembourg : « […] consilio cognatae suae Ode, abbatissae Sancti‑Remigii de Castro Lunarisville […] » (ADMM H 3043, no 20, fol. 21).

691av. 1100 – Fondation et transfert de l’hospice Saint‑Georges. L’abbesse Uda, conseillée par Adalberon, évêque de Metz, son frère, fonda un hôpital sous le pont près du château afin d’y recevoir les hôtes, mais comme cette maison était souvent infestée par les soldats du château, elle éloigna cet hôpital : « Domina nomine Uda [...] soror domini Alberonis Metensis Episcopi […] locus autem ille hospitali domo carebat, hospites enim supervenientes quam saepe eas infesta‑bant ; cum consilio fratris sui, sub ponte juxta castrum hospitalem domum instituit, ut inibi supervenientes hospites certis et incertis horis reciperentur etipsa pro posse necessaria ministrabat : sed cum ipsa domus graviter infestaretur a militibus castri, sepe ante ipsam abbatissam querele perveniebant […] » (Calmet 1748 : 265).

692vers 1100 : « Theodoricus de Sancto Hilario, ejusdem castri Lunaris ville advocatus […] » (ADMM H 3043, no 20, fol. 21).

6931135 ‑ Témoins de la fondation de l’abbaye de Beaupré pour le comte Folmar : « Herno, Ebalus, Alardus, Albertus, et Arembertus de Lunarisvilla […] » (Calmet 1752 : Col. 366).

6941224 : « Je, Hugues seigneur de Luneville, donne à mon frère le château de Pierrepont avec ses dépendances […], une part dans l’intérieur des murs de Luneville à savoir ce qui est depuis le fossé derrière la maison de T(heodoric) chevalier d’Athienville jusqu’à la cour de Saint‑Remy à droite à l’exception de ce qui appartient à cette abbaye […]. J’aurai la moitié de moulin qui est situé sous le château et mon frère l’autre moitié […]. J’aurai sous ma garde l’abbaye de Saint‑Remy et la maison de Saint‑Georges […] » (Lepage 1853, 1 : 624).

6951243, 1er juillet : « Je, Hues, cuens de Linieville, faz connaissant […] que […] Maheus duc de Lotharingie […] a eschangié a moi son chateil Espicenberc, Seint Die, Moienmonster, Estivai et quanque il a antre la Bergonce et Espicenberc et quanque il a antre le ban de Bruieres et Espicenberc […] et por cet eschange devant noumé ai je eschangie a mon segnor le duc mon chasteil de Linieville, par le los et par l’octroi de ma femme Jovette et de mes anfanz Huellon, Phelipin, Ferri et de touz mes autres oirs et quanque j’ai a Linieville et an tottes les appendises de Linieville an fiez et an homages et an tottes autres choses […] et se Huellons et Jakemins an volaient aler an arriers moi a Petite Pierre dedanz cest anz, il i porroient anler et venderoient a mon segnor le duc quanque il ont a Linieville et an appendises, an toutes choses au dit le chancelier et le segnor Aubert, mon chapelain […] » (ADMM B 902, no 1).

6961225, 10 juillet – Marguerite de Champagne reçoit son douaire du duc Ferri III : « Cest assavoir à Lineville a Gilebertville et es chastelleries et es appartenances de ces deux chasteaus. » (ADM B 256, fol. 178v).

6971315, 9 juillet : « Nos Ferris dus de Loherene faisons savoir à tous que […] mes sires Burnikes […] ait repris de nos en fiei lige davant tous homes […] le chesteil de Luneville et tout ceu quil ait et tient en la ville de Luneville et on ban et ceu quil ait a Mons a Montane a Xermamesnil a la Maix a Rehenviller et es bans des dites villes […] pour raison du signoraige de la voerie dou ban de Mourtene et ceu quil ait a Enville a Veterimont et es bans […] Et encor […] tient li dis mez sires Burnikes de nos en fié et en homaige a notre vie le chesteil de Ristes corn dit suz Feste. Et est assavoir que se moirt avenoit dou dit signour Burnike et de dame Jehenne sa feme senz hoirs de leur corps nos raneriens teil droit on chesteil de Luneville corne nos i deveriens avoir […] » (ADMM B 705, no 140).

6981318, 1er janvier : « Nous Burniques sires de Ristes suz Feiste chevalier et dame Jehenne de Blanmont sai femme faisons savoir a tous que nous pour nous et pair nous hoirs […] confessons que apres lou decez de nous dous ensemble ou de celuide nous qui viverait li cheistelz de Leneville li pourpris et li fossez dou dit chaisteil et li gremge et lez maisons qui sont dedans les faulz murs davant lou chaisteil doient paisiblement […] revenir a […] Ferri duc de Lohereine […] » (ADMM B 793, no 24).

6991339, 25 mars : « Nous Raoulz duc de Loheraine […] et nous Burniques sires de Ristes chevalier et dame Jehenne de Blamont […] avons fait […] les convenances que sensuent. Premiers nous Burniques et Jehenne […] avons volui […] que li dus ait dez meintenant […] tout ceu que nos […] avons […] on chasteil de Luneville es focez dou dit chasteil ez masons et edifices et on columbier que fuit dedens lou pourpris des faulz murs devant le dit chasteil. Et avec ceu tout ceu que nos […] avons […] on molin dessous le dit chasteil on meis on jardin on prey et on faulcis que nous avons […] dessous le dit chasteil entre lez dous eawez et la riviere ausi entour le dis meis et jardin dez la venne dou dit molin ensi corn li viez cours de la riviere dou dit molin se porte jusque a molin dessus dit par d’une part et par dautre de la dicte venne jusque a pont de pierre sauf […] le prey con dit le Grant prey […] que siet entre les neises que funt darriers aveirne et lou dit viez cours dou dit molin. Encor […] Burnique et dame Jehenne […] pourront molre on dit molin pour lour hosteil de Luneville […] toutes les fois quil en averont besoing. » (ADMM B 793, no 28)

7001342, 4 novembre – Le duc Raoul prend sous sa protection les habitants de Saint‑Clement, Martincroix, Chenevieres, la Ronxe, qui relevaient de Saint‑Paul‑de‑Metz moyennant une redevance et la garde aux portes de la ville : « […] et doient encor li homes des villes dessus dicte la wairde es portes de Luneville [...] toutefois que li baniere de Luneville seirait fuers de lou ville […] » (ADMM B 795, no 9).

7011343, 30 novembre : « Nous Raoulz […] avons fait une chapellenie en nostre hostel de Luneville en l’onnour de Dieu et de la Vierge Saincte Marie et de Monseigneur Sainct Anthoine […] et pour lou vivre […] dou dit chapellain nous ly avons donney […] six livres de terre […] chascun an […] sur notre passaige de Luneville […] encour quarante livres pour acheteir une maison […] » (Lepage 1853, 1 : 625).

7021344, 16 février : « […] Alysons et Jehans enfant Thomassin […] qui fuit ont […] vendu […] au chapellain de la chapellerie Saint Anthoine dou chaisteil de Luneville douze sous toullois de cens […] » (ADMM B 795, no 10)

7031475, 21‑24 octobre : Lunéville se rendit (aux officiers du duc de Bourgogne) n’étant pas en état de résister.

7041476, 14 août : « Les Lorrains étaient au nombre de 4 000 […] Il y avoit environ 400 hommes dans la place […] et les assiegans (Lorrains) n’avaient point d’artillerie comptant de l’emporter […] en montant […] par escalade. Ils avaient occupé tout le terrain qui est entre la porte Chanteheu et la porte Joly. On donna l’assaut […] A la fin, ils gagnèrent la première porte de Chanteheu […] Ils se fortifièrent seulement dans deux tours […] » (Calmet 1752 : col. 343‑344).

7051488 : « René (II) […] entreprit aussi divers édifices […] dans la Lorraine ceux de Neufchâteau, de Luneville et de Gondreville […] » (Calmet 1752 : col. 419).

7061499, 18 avril : « François de Savigny escuier seigneur de Dombasle […] et Ferry de Savigny escuier son frere […] ont vendu […] au roy de Sicile […] toute telle part […] quilz avoient […] on molin et foulant situé dessoub le chasteil de Luneville. » (ADMM B 793, no 95)

■ Historique

707Dès 970, la terre de Lunéville était aux mains des Folmar, comtes épiscopaux de Metz, puis comtes du Bliesgau et du Saargau après 982, enfin comtes du Pays messin à partir de 1026 (généal. 27). Ce puissant lignage possédait un important patrimoine familial autour de Vic‑sur‑Seille, Einville‑au‑Jard et du confluent de la Meurthe et la Vezouze. La voie saunière unissait leurs possessions. On leur doit la fondation du monastère de Saint‑Remy à Lunéville entre 999 et 1026, la fondation de l’hospice Saint‑Georges vers 1100, enfin celle de l’abbaye de Beaupré en 1135. Les importantes donations pieuses affaiblirent la puissance foncière du lignage. Les partages successoraux vinrent, à leur tour, scinder les possessions et les charges trop dispersées. Vers 1075, Godefroid hérita du comté de Bliesgau. En 1142, Hugues hérita du comté de Metz et de Hombourg que les évêques de Metz finirent par acquérir. Son frère cadet, Folmar, hérita de la terre de Lunéville vers 1160, mais il mourut sans enfant et ses biens passèrent à son neveu Hugues de Bliescastel (Gérard 1970 ; Parisse 1982 : 105, 425 ; Herrmann 1977). Celui‑ci prit le titre de Hugues Ier, comte de Lunéville (1186‑ 1220). Il épousa Cunégonde de Kirbourg et eut quatre garçons : Hugues II, qui suit ; Henri, clerc ; Folmar et Conrad, sires de Riste. Hugues II hérita de la majeure partie du comté de Lunéville qu’il céda le 1er juillet 1243 au duc de Lorraine en échange de divers biens. Il épousa Joatte de Gerbeviller. Leurs héritiers prirent le titre de comtes de la Petite Pierre.

GÉNÉAL. 27 – Les comtes de Lunéville.

Magnières

■ Localisation

708Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Gerbéviller.
Diocèse de Toul. Doyenné de Deneuvre.
Eglise dédiée à saint Laurent.
Carte IGN 1/25 000, Gerbéviller, 3516 ouest. CL : 1091,2 x 913.
Toponyme : du latin mansionaria, habitations.

■ Vestiges

709Magnières se situe sur une terrasse alluviale de la rive droite de la Mortagne, affluent de la Meurthe (altitude : 260 m). Il ne subsiste qu’un corps de logis datant du xviie s. et quelques dépendances, à 50 m au sud‑ouest de l’église. Le cadastre de 1838 conserve la trace d’une tour d’angle de près de 10 m de diamètre et des bâtiments correspondant à l’ancien château de forme quadrangulaire (fig. 68).

FIG. 68 – Magnières – Plan cadastral de 1838 section H.

■ Datation

7101311, 12 juin – Testament de Henri Ier de Blamont : « [ …] et vuel aussi que ma fille, madame Jehanne soit save de la terre que elle tient à Meignires et à Mazilley […] laquelle terre Emekin pourai rachepter à ma fille Jehanne, se mari avoit […], fuers la maison fort de Meignieres et fuers l’acquest que je ai fait de Bertrang d’Anservillers […] et de Arnol wowé d’Espinaulx ; Hanris ou sui hoirs pourraient rachetei […] à ma fille Jehanne, se mari avoit […] la maison fort de Meignieres […] et en recompensation de la ditte maison fort […] Emekin aurait lou fied que Nicolas d’Amance tient de moy à Moveron. » (Martimprey de Romécourt 1890 : 115).

7111312, 17 septembre : « Je Hanris chivaliers sires de Blanmont […] je ai fermer une maison fort a Meignieres lai quelle mason li dis dus disoit et affarmoit que je la devaie tenir de lui en fie pour ceu qui desoit que li heritaiges sus quoi elle estoit farmee estait tant avant de son fie que repanre lan devoie et je entendoie le contraire toute voie par consoil de bonnes gens je et meis sires li dus dessus dis nous sommes acourder entre nous que jeHenris dessus dis ai repris enfies de monsignour le duc dessus dit lai dicte fort‑mason et leis fousseis et tout le porpris de lai dicte fort mason dessuer et dedans entierement ligement ai doublement et receptaublement a lui et a sai gent a lour besoing […] et encor repris de lui […] auvec leis autres fies que je tieng jai de lui tous leis aleus entierement et leis heritaiges que je avoie […] en ladicte Mengnieres et on ban en acroixance deis autres dis fiez […] je doie faire monsignour Eames mon fil si tost corn il sera on paix devenir home liges davant tous homes a monsignour le duc […] et repanroit en fie dou dit duc la maison fort de Meignieres et le pourpris dessuers et dedans entierement et lai ville et le ban […] tout ensi corne je et mai fille Jehenne tenons les heritaiges dessus dits. Cest assavoir que en apres mon deces meis sires Eames meis filz […] tanroit en fie dou dit duc ligement davant tous homes lai dicte fort mason de Meignieres et la ville et le ban entierement et auvec ceu tous les fiez que je tieng de monseigneur le duc […] » (ADMM B 700, no 7).

7121317, 23 décembre : « […] descort fuit entre […] Ferri duc de Loherenne et […] Hanride Blanmont […] messire li duc disoit que mes sire de Blanmont devoit faire repanre de monsignour Elme son fils la maison forte de Maignieres mais messire Elme […] ne le velt faire […] » (ADMM B 345, fol. 35r).

7131323, 22 mai : « Jeu Brenykes sires de Ristes chevaliers et ie Dame Jehenne de Blanmont sa femme faisons savoir a tous qe corne notre ameis sires et peires a moi Dame Jehenne dessus dite messires Hanris sires de Blanmont ait assignei a moi Jehenne dessus dicte et a moi Bre‑nyke […] en waige pour cause de mariage la maison fort de Megnieres la ville de Megnieres […] nos Brenykes et Jehenne […] avons promis et promettons a dit notre amei signour et peire que nos lou recepterons en la dite mason de Megnieres lui seiz hoirs et seiz gens toute sa vie toutes fois quil lou requerront a tous lors besoings encontre toutes menieres de gens et sensuit estait que nos ne leiz voucessiens recepteit par aucune aventure en la dite mazon nos li renderienz la dite mazon pour lui adier bonnement salt ceu quil ne la pourrait vendre aliener enwaigier ne metre fuers de sels mains ains la nos doveroit rendre et delivrer tantost corn il sen averoit aidie et aides leu devons nos enci faire faire ceulz qui en la dite mazon demoiront pour nos toute notre vie toutes leiz foiz quil en aivront besoing […] » (ADMM B 754, no 72).

7141323, 29 juin : « Je Burnikes sires de Riste chevalier et je Dame Jehenne […] fille lou signour de Blamont […] nous avons promis […] a […] Hanry signour de Blanmont […] que nous li rendissions la maison fort de Mengnieres […] avec […] les chozes cy apres escriptes […] lesquelles mes dis sires de Blamont avoit laixiei dedens la maison quand il la nous delivrait, cest assavoir seize abellestres a dous pies, une abellestre a tour, dous abellestres dix trois espingolles, trois bessins a lavei, dous bassins a barbier, dous petits bessins a eawe, un eschasselet, seix andiers, dous grands pous de couvre, quatre petits pous de couvre, cinc pelles que petites que grandes, cinc chauldrons, vint et quatre pous destrein de pinte dous pous de quarte destein, une pelle a oye, sexante escuelles destein et trois escuelles destein, lou harmoix dun chevaul a un tumerel, une douzaine de dars, dous torches de cire et dous cierges dix ent que cussins que chavessueltz vint et quatre quarrez dix teppis de poil de chien, un couverteu de berbix pour covrir pain, ung viez coutre de sendeil, seix bacons, dous molins a bras quatre tours dabelestres pis paulfers, foussuelz besses, une haiche, un boige pour balleir vin, dous paires de harneix dengins, dous engins, douze huges que petites que grandes quinze quartes de froment douz quartes davoine dous cherres de vin, douze neffes taublieres, dous piesces de neppes de quarante et trois aulnes, douze que touhailles que daventieres, seize linsuelz, seix milliers de qaireilz despingolles, trois feirs de prison, sept poirs, dous muees de seil. Et sont toutes ces chozes prisees oct vint livres de petits tournois […] » (ADMM B 345, fol. 82v).

7151351, 9 février : Thiebaut de Blamont cède à Henri de Faucogney et son épouse Jeanne de Blamont ses droits sur le château de Magnieres avec ses pourpris et dépendances ainsi que les fiefs de Maixe et Mortagne (Lepage 1853,1 : 681).

7161408, 3 février : « Je Eyge conte de Quibour […] jay repris de […] monsignour le duc de Lorrene tout ce que Jehanne de Ribaupierre dame de dit Magniers […] ma chere compangne […] doit tenir […] en fie […] et nomeement le chastel et forteresse de Magniers tell part et portion que la dite Jehanne […] tient et possede ensamble la moytie de ladite ville de dit Magniers […] » (ADMM B 700, no 14).

7171412 : « Nous Charles duc de Lorenne […] considerent plusieurs bons loyaulx et aggreables services que […] monsignour Thiedrich Beyer de Boperte chevalier sire de Magniere nous ait fait [...] considerant que […] il ait reprins de nous […] toute la terre […] et seignorie quil ait ad cause de Dame Blanchefleur sa femme en la ville et seignorie de Marches pres Deinville, ad cause de la seignorie de ladite Magniere […] nous ouctrions […] pour aulz et pour leur hors que seront seigneurs de Magnieres […] (le droit de) […] nomer […] banwars et messiers de ladite ville […] » (ADMM B 698, no 25).

7181667 : « Le chasteau appartenant à Madame la Baronne de Bildstein dedans lequel elle réside. Jean Meurette […] demeurant audit chasteau qui faict sa charue franc. Anthoine de la halle portier audit chasteau franc. Un autre chasteau dit le chasteau de Haraucourt qui appartient a Madame de Senlis dans lequel reside Pierre Vuillaume admoniateur […] qui fait une charue lequel est franc. Thoussaint Gibard portier audit chasteau et charon de sa professoin franc. » (ADMM B 8601, fol. 54v)

■ Historique

719La terre de Magnières relevait du duché de Lorraine. Au XIIIe s., elle était divisée en plusieurs fiefs. Henri Ier sire de Blamont (Martimprey de Romécourt 1890) acheta en 1289 celui des voués d’Epinal puis les biens des Beaumont en 1303 (Marichal 1903‑1908 : 413). Par échange, il obtint ce que le duc y possédait en 1309 (ADMM B 575, no 164, fol. 1), réussissant ainsi à constituer une seigneurie couvrant le ban de Magnières et possédant des droits sur Saint‑Clément, Chenevières, Martincroix et la Ronce. Il entreprit immédiatement la construction d’une maison forte, achevée avant juin 1311 (généal. 28). Dès septembre 1312, il la reprit en fief du duché de Lorraine et promit de convaincre son fils cadet, Elme, de faire de même, chose que ce dernier refusait toujours de faire en 1317.

GÉNÉAL. 28 – Les sires de Magnières.

720Henri confia Magnières en 1323 à sa fille, Jeanne, épouse de Burnike de Riste, en prenant de multiples précautions qui nous valent un inventaire détaillé du mobilier de la maison forte. L’absence d’héritiers mâles fut à l’origine de multiples partages. L’essentiel de la seigneurie entra ainsi, au milieu du xive s., dans la famille de Fenetrange puis dans celle des Bayer de Boppart, avant d’être divisée entre deux branches de la maison de Haraucourt dont plusieurs membres furent inhumés dans l’église de Magnières (Joly 1867 ; Germain 1886 ; Aubert de la Chesnaye 17 : 275‑277).

721Un second « château » fut construit à Magnières par les Bildstein dans la seconde moitié du xvie s. et au début du xviie s. Il disparut totalement vers 1868‑ 1870.

Mailly

■ Localisation

722Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Rémi.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1132,1 x 886,6.
Toponyme : nom latin Mallins et suffixe acum.

■ Vestiges

723Mailly est établi sur le coteau marneux dominant la vallée de la Seille (altitude : 200 m). La maison forte se trouve à 50 m au sud de l’église (fig. 69). Le cadastre de 1829 dessine un bâtiment composite, ouvert au nord du côté du plateau et flanqué de trois tours circulaires de 8 m de diamètre. L’aile sud, longue de 32 m, a reçu des adjonctions qui font varier sa largeur de 7 à 11 m. Les ailes est et ouest, longues de 25 m et larges de 9 m, sont prolongées du côté nord par des constructions parasites à usage de dépendances. Depuis cette époque de nombreuses destructions sont intervenues. Il ne subsiste que la tour sud‑ouest et le corps de logis oriental (25 x 9 m), bâti en petit appareil marno‑calcaire régulier. Les façades sont percées de fenêtres à meneaux du xviie s. Les tours, coiffées en poivrière, présentent à la base un léger empâtement. Toute trace de fossé a disparu. Seule l’allure générale rappelle la maison forte médiévale (fig. 70).

FIG. 69 – Mailly – Plan cadastral de 1829 section B.

FIG. 70 – Mailly – Côté sud en 1980.

■ Datation

7241252, 27 juin : « Je, Thiebaus, cuens de Bar, faz conissant a touz que Forquignons de Maille a reconu et repris sa maizon de Mailie ligement de moi, et […] vint livrées de terre a fors, a Maillie et on ban de Mail lie, et je II ai donees dix livres de terre a fors on marchie de Maidieres a paier chaucun an lou jor de teste Seint Lorent […] et m‑en doit sis senmaines de warde chaucun an a Monsons […] » (ADMM B 532, no 79).

7251333, 2 décembre : « Jan dit Patiney de Mailly pour la maison forte de Mailly […] » (ADMM B 328, fol. 38v).

7261376 : « Reconnaissance d’hommage lige de Rollon de Baxey, écuyer pour sa forteresse et maison forte de Mailly en retour du paiement par Thierry Bayer évêque de Metz d’une somme de cent bons vieux petits tournois de bon or pour convertir en la perfection de la maison forte de Mailly » (Marichal 1903‑1908, 2 : 152).

7271473, 3 novembre : « Je Jehans de Guermange seigneur de Bioncourt et de Letricourt en partie […] jay repris […] de monsignour le duc de Lorraine […] la moitié de la forte maison de Mailly qui fuit a Patenel dudict Mailly […] » (ADMM B 387, fol. 98v).

7281497, 13 mars : « Je Jehan Wisse de Gerbeviller escuyer […] jay reprins […] au nom de Ysabel de Craincourt ditte de Wathiemont ma femme […] le quart du vies chasteau de Melly que fut jadis a feu Patenel de Melly partisant avec les hoirs de feu Gillette de Vaxey » (ADMM B 387, fol. 99).

7291536, 25 septembre : « Je Robert de Craincourt seigneur de Letricourt […] ay repris […] le quart de la forte maison de Mailly avec ces appartenances quondit la tour Patenel de Mailley […] » (ADMM B 387, fol. 103).

■ Historique

730Mailly relevait de la châtellenie de Mousson et du comté de Bar. On trouve trace de vassaux dès le milieu du xiiie s., sans pouvoir établir leur généalogie. Une maison forte existait dès 1252. Elle fut renforcée vers 1376 avec le concours financier de l’évêque de Metz. A partir de 1473, la seigneurie se trouva divisée entre les sires de Guermange et ceux de Craincourt et perdit toute fonction militaire au siècle suivant.

Méhoncourt‑Montreuil

■ Localisation

731Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Méhoncourt. Lieu‑dit : Montreuil.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Pierre.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL : 1096,7 x 898,8.
Toponyme : du latin monasterium ou monasteriolum, monastère ou petit monastère.

■ Vestiges

732Sur un éperon marneux orienté NE‑SO, à 750 m au sud de l’église, au lieu‑dit « Haut du Rond » on découvre un dispositif comportant trois parties (fig. 71) :
– un espace large de 80 m, long de 200 m, passant doucement de 325 à 330 m et se terminant à l’ouest par un talus raide ;
– un second espace large de 50 m environ, long de 240 m et de surface plane (altitude 335 à 337 m), se terminant à l’ouest par un fossé large de 5 m, en partie comblé ;
– un tertre ovoïde de 65 sur 45 m au sommet, avec une face nord très raide (6,5 m de dénivelé) et des faces sud et ouest fort adoucies ; cette extrémité de l’éperon présente incontestablement des traces d’aménagement à but défensif (altitude 339 m).

FIG. 71 – Méhoncourt‑Montreuil ‑ Relevé topographique de 1980.

733L’ensemble peut être assimilé à une motte avec basse cour.

■ Datation

7341133 (confirmation en 1157) – Fondation de l’abbaye de Belchamp : « […] Tous les biens […] que sont este donnés […] par l’archevêque Alberon notre venerable predecesseur ou par noble homme Pierre son frere germain et Bietrix leur niepce et Seguin et Gerard ses filz ou bien par aucuns de leur famille […] Tout ce que le predit archevesque Alberon vous a donné en mesme droict et pareille liberté quil le possedoit en l’aloued de Monsteruel, en tous biens, en terres cultivees, en bois, en vignes, en preis, en ban en destroict en servans et servantes, l’autel parochial dudit Monsteruel et tout ce qu’appartenoit au curé que par sa persuasion notre venerable frère Henri évêque de Toul […] vous a octroye en retenons le cens de six deniers toullois payables à l’archidiacre de Toul, l’aloued de Zincourt […] de Wassoncourt […] de Villers […] de Hassay […] et tout ce que ledit Pierre […] a concédé à votre église, l’aloued de Malenviller […], de Nolferes […], de Bullinville […], de Haigneville […] de Bassomport […] de Roselieures, l’aloeuf de Baronville que vous donna noble homme Pierre estans en Jherusalem […] » (ADMM H 1282, copie et traduction).

7351209, 7 octobre : « Le Prieur de Thicourt cède à l’abbé de Belchamp tout ce dont il avait droit dans la disme de Montreuil (decimis de Mosteruel) moyennant un cens annuel de 50 quartelles de grains […] » (ADMM H 1346).

7361354, novembre : « Transaction entre Henri abbé de Belchamp et Villaume prieur de Thieicourt pour la disme de Montreuil mère église de Mehoncourt […] ». Le cens est réduit à treize reseaux et demi mesure de Port payable à la Saint‑André (ADMM H 1346).

7371373 : L’abbé de Belchamp se charge de l’entretien de l’autel dit de Saint‑Pierre dans l’église de Belchamp pour la paroisse de Méhoncourt moyennant quatre sous toullois par conduit. Aucune mention de Montreuil (ADMM H 1346).

7381569, 8 février : « Reverend père […] Antoine Thiery […] abbé de Belchamp […] accense […] a François filz du maire Claudon de Moriviller demeurant à Mehoncourt et a Bellot sa femme […] une piece de terre contenant quatorze journaulx seant on ban dudit Mehoncourt on lieux on Hault de Montureul entre les hoirs George Willermin dune part, lheritage desdits seigneurs religieux, les hoirs Jehan Donenin et le chemin daultrepart […] seront tenus en payer […] quatorze bichets de bled froment […] » (ADMM H 1350‑1580).

7391569, 19 novembre : « Honoré seigneur Claude Buffegnecourt […] a congnu avoir laissé […] a Demenge François […] une piece dheritaige contenant sept jours tant en vignes advignee et non advignee a ban dudit Mehoncourt lieudit on Hault de Montreux […] » (ADMM H 1350).

7401888 : « Montreuil est le nom d’une colline distante de 600 m du village actuel ; on y voit les traces de l’existence d’un château féodal. Selon toute probabilité, le village de Montreuil situé au pied du château sur le versant méridional a été détruit avant le château ; les habitants ont du rétablir leurs chaumières par la suite et créer à quelque distance ou agrandir le village de Mehoncourt […] Le voyageur qui va de Lunéville à Bayon étant arrivé au sommet du village de Mehoncourt aperçoit à sa gauche une colline dont le sommet est couronné d’un tertre ; le sol bossué est entouré de ravins, de vergers ; un chemin circulaire, bordé de haies, aboutit au sommet et l’on se demande aussitôt si la main de l’homme n’a pas transformé ce site anormal dont la vue trahit une célébrité disparue. Ce tertre, sorte de tombe sous laquelle repose quelque géant des fables, c’est l’emplacement du château féodal de Montreuil ruiné à une époque postérieure au xiie s. […] La plate forme supérieure mesure environ 600 m. Superficiellement, elle porte le nom de « Montreuil » […] Le « clos de la côte » rappelle les constructions et les murs d’enceinte, « le sentier des Pellerins » quelque ermitage ou chapelle de l’église de Montreuil […] Le « Pâtis du Semelong » l’emplacement des masures, des chaumières des vilains disparues, emportées par les guerres féodales comme la paille sous le vent.

741Un talus planté de sapins formant une ligne droite marque peut‑être encore la trace de la sombre avenue qui aboutissait à la chapelle du château. On a retrouvé récemment encore les pierres noircies et calcinées des foyers, des laboureurs ont exhumé des tombes, des squelettes, des armes anciennes, au sommet de la côte et sur le revers. Trois flèches et fers de lance et une épée ont été découverts près d’un squelette au lieu dit « le Semelong ». Les trois flèches sont entre les mains de M. Mailliot qui a donné l’épée pour être déposée au Musée de Nancy. Des fouilles pratiquées à travers le mamelon, une simple tranchée de 2 ou 3 mètres de profondeur produiraient sans doute quelque découverte intéressante. Suivant les traditions locales, les matériaux provenant des ruines de Montreuil ont servi à la reconstruction et à l’agrandissement de Belchamp […] » (MS 820).

742Le cadastre de 1835 conservait des toponymes évocateurs comme « haut de Montreuil », « vignes de Montreuil ».

■ Historique

743L’ancien chef‑lieu du Chaumontois n’est distant que de 1 500 m de Montreuil. A la fin du xie s., Montreuil était une terre allodiale appartenant au lignage des Thicourt (Parisse 1982 : 388, 411) (généal. 29). Le toponyme désigne une fondation religieuse modeste près de laquelle le village se serait développé.

GÉNÉAL. 29 – Les sires de Montreuil.

744En 1133, les seigneurs Pierre, Adalberon –archevêque de Trèves– et Béatrice de Montreuil fondèrent, à 1 600 m à l’ouest de ce lieu, une abbaye de chanoines réguliers baptisée Belchamp qu’ils dotèrent de la terre de Montreuil. L’acte de donation mentionne bien l’existence d’un village et d’une église qui périclitèrent ensuite pour disparaître au plus tard vers le milieu du xive s., tandis que se développait le site de Méhoncourt.

745L’emplacement de cet habitat n’est pas connu. Se trouvait‑il sur l’éperon marneux ou au pied de celui‑ci ? Le tertre ovoïde correspond‑il au site de l’ancienne église ou à un habitat fortifié non mentionné dans les textes ? Il est impossible de trancher ces questions sans recourir à une fouille archéologique.

Morey

■ Localisation

746Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de
Nomeny. Eglise dédiée à saint Pierre.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1131,9 x 881,4.
Toponyme : nom germanique Maur et suffixe acum.

■ Vestiges

747Morey est un village perché à 305 m d’altitude au flanc de la vallée de la Natagne, qui traverse d’est en ouest le revers de la côte de Moselle dans le massif du Grand‑Couronné. A 40 m au sud de l’église subsiste un édifice composite (fig. 72, 73).

FIG. 72 – Morey – Plan cadastral de 1830 section C.

FIG. 73 – Morey – Vue aérienne de 1980.

748Un bâtiment rectangulaire (15 x 25 m) est flanqué de plusieurs constructions. Deux tours circulaires (diamètre 8 m), bâties en petit appareil calcaire irrégulier crépi à la chaux, coiffées de toitures en poivrière avec tuiles en écaille, protègent les angles sud. Elles présentent les mêmes caractéristiques que celles de la maison forte de Mailly et datent du XIVe s. Une tour carrée (4 x 4 m) greffée sur la courtine sud est une construction de date postérieure, de même que les deux ailes en retour d’équerre sur les côtés est et ouest.

749A l’extérieur, on remarque la tour de l’ancien pigeonnier à l’est, un fossé au sud et des dépendances agricoles à l’ouest, face à la petite église romane du xiie s.

750Morey présente un ensemble cohérent associant une maison forte, une basse cour et une petite église.

■ Datation

7511454 : « Jehan de Toullon donne ce qu’il possède en la fort maison de Morey on val Sainte Marie en la ville, moulins estans columbiers […] suppliant monsignor levesque et comte de Verdun et tenus en fied que cest […] eschainge veule ratifier. » (BN Coll. Lorraine, vol. 89, fol. 82)

7521461, 5 novembre : « Jehan de Toullon seigneur de Morey et voué de Nomeny […] ay repris […] de monseigneur le duc de Bourgogne et de Brabant a cause de sa duchie de Luccembourg la moitie pour a indivis du donjon fort maison et seignorie et de toutes les appartenances de Morey […] » (ADMM B 881, no 34).

7531888 : « L’église de Morey est très ancienne. C’était autrefois la chapelle du château. On remarque encore dans le mur qui entoure l’église et le cimetière une porte de communication avec le château […] Dans la chapelle de la Sainte‑Vierge sont enterrés sans pour cela qu’il y ait un caveau des membres de la famille des anciens seigneurs de Morey.

754Le château de Morey tel qu’il existe aujourd’hui date de la fin du 16e siècle. Il a l’apparence d’un château‑fort avec ses murailles épaisses dont les angles sont flanquées de tours massives. Devant, se trouve un vaste jardin qui a été aplani par un énorme remblai soutenu par une muraille de plus de 5 m de hauteur. Le machicoulis même est là, au‑dessus de la porte, mais l’ouverture qui le faisait communiquer avec l’intérieur a été maçonné. Une tour qui se trouvait enclavée dans le mur de remblai a été démolie il y a cent ans environ, peut‑être à l’époque de la Grande Révolution. Il y a 4 ans, les propriétaires […] M. Mme Joly de Morey ont fait déblayer la partie souterraine de cette tour, mais rien de remarquable n’a été découvert. Une légende raconte qu’une forte somme d’argent serait enfouie dans cette propriété depuis fort longtemps. Le château aurait été reconstruit sur les ruines d’un couvent des Templiers suivant certains récits. Dans la forêt qui touche Morey se trouvent des sortes d’excavations désignées dans le pays sous le nom de trous des fées. Quelques gens prétendent que ce sont autant d’entrées de souterrains ayant correspondu avec le château. Ce sont tout simplement des crevasses de rochers. » (MS 820)

■ Historique

755Morey relevait de la châtellenie verdunoise de Dieulouard. Richard de Morey est cité en 1115 (Lesort 1909, no 63) mais le lignage ne peut être reconstitué qu’à partir du milieu du xiiie s. (généal. 30). Les chevaliers étaient aussi vassaux des comtes de Bar pour des fiefs à Atton, Lesmenils, Belleau (ADMM B 873, no 125 et B 874, no 35) et devaient plusieurs mois de garde à Mousson.

GÉNÉAL. 30 – Les sires de Morey.

756Le plus célèbre fut Bertremin de Morey, connu entre 1343 et 1389, qui occupa les charges de bailli de Saint‑Mihiel (1372–1384) puis châtelain de Condé et enfin de Toulon (ADMM B 874, fol. 36v ; Lepage 1869 : 107). Habile gestionnaire, il détenait à sa mort onze créances sur des personnages comme les évêques de Toul et Metz, les sires de Linange, Bayon et Pierrefort. On lui doit peut‑être la transformation de la maison seigneuriale en une forteresse adaptée aux incertitudes de l’époque. Il laissa deux filles qui se partagèrent l’héritage. L’aînée, Jeanne, en épousant le voué de Nomeny, transmit ses droits à son fils Jean IV. Ce dernier s’engagea très tôt du côté de la Bourgogne et reprit de ce duc la moitié de Morey en fief en 1461. Il fut l’un des très rares seigneurs lorrains à n’être pas gracié par René II qui lui confisqua tous ses biens de 1477 à 1511 au profit de Jean de Bauldre.

Mousson

■ Localisation

757Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Pont‑à‑Mousson.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Mousson. Eglise dédiée à l’Assomption de la Vierge.
Carte IGN 1/25 000, Pont‑à‑Mousson, 3314 est. CL : 1140,7 x 874,3.
Toponyme : nom latin Montius et suffixe onem ou mot latin mons, montagne, mont et suffixe ionem.

■ Vestiges

758Mousson offre un remarquable exemple de butte prédisposée à une fonction militaire. Isolée de l’avant côte de Moselle, elle se compose d’un empilement de marnes liasiques culminant à 382 m, surmontée d’une couche de calcaire jurassique qui fait d’elle une butte témoin. De ces hauteurs la vue s’étend sur tout le Saulnois jusqu’à Metz et sur la vallée de la Moselle.

759Le sommet de la butte peut être qualifié de motte semi‑naturelle. La plate‑forme en forme d’amande s’étire, dans ses dimensions maximales, sur 105 m de long et 67 m de large, tandis que les flancs, retaillés par l’homme, offrent des profils abrupts (fig. 74). Le niveau actuel résulte de multiples apports depuis l’époque gallo‑romaine mais a subi de nombreux bouleversements lors du creusement de galeries souterraines durant les deux guerres mondiales. L’accès se fait par une route tracée sur la face nord. Les vestiges actuels de Mousson mériteraient un meilleur sort que l’abandon dans lequel ils se trouvent.

FIG. 74 – Mousson – Plan topographique en 1980.

760Au lendemain des bombardements de 1944, une chapelle de verre et de béton fut édifiée à l’extrémité nord‑ouest de la butte, faisant disparaître les fondations du donjon. L’ancienne église détruite ne fut pas relevée. Une fenêtre romane et un reste de statue en fer de Jeanne d’Arc en conservaient le souvenir du côté nord. Le projet de construction d’un château d’eau à cet emplacement a donné lieu à une fouille de sauvetage sous la direction de P. Cuvelier en 1987.

761L’ancienne entrée du château a été dénaturée par la route et une aire de stationnement. On retrouve encore un mur long de 27 m, large de 1 m, et l’amorce d’une tour sur le côté nord de la route, sous une épaisse végétation. Une grande partie de l’enceinte castrale ou –chemise–couronne toujours la périphérie de la motte, dessinant une figure polygonale longue de 236 m auxquels il faut ajouter 14 m disparus sous la chapelle de béton. Du côté nord‑ouest ne subsistent que des fondations sur 2 à 3 m de haut. Vers le sud au contraire, le mur atteint près de 7 m de hauteur. L’étude de ces murs permet de distinguer deux types d’appareils d’époque différente :
– au sud et à l’ouest, sur près de 160 m de long, on rencontre un parement très soigné en moyen appareil de blocs calcaire (fig. 75), identique à celui de l’enceinte du bourg que l’on peut dater de la première moitié du xiiie s. (fig. 76) ;
– au nord et à l’est, le mur n’est plus parementé ; un fruit peu prononcé et trois contreforts lui assurent une relative stabilité ; côté cour, un conduit de cheminée se dessine encore sur ce mur dont la datation reste hypothétique.

FIG. 75 – Mousson – Mur de courtine sud.

FIG. 76 – Mousson – Plan cadastral de 1857 section C.

762La chapelle formait un ensemble composite, résultat de multiples transformations (fig. 77) :
– le clocher (2,50 m x 2,80 m) de style roman, séparé de la nef, s’appuyait contre le mur d’enceinte ;
– quatre travées (4,20 m de côté), voûtées sur croisées d’arête retombant sur des colonnettes sculptées de style roman, constituaient la partie la plus ancienne de l’église avec le chœur (1,80 x 4,20 m) ; des carreaux vernissés avec motifs floraux et animaux couvraient le sol ;
– de remarquables fonds baptismaux datés du xiie s. se trouvaient dans une extension de la nef, longue de 13 m et large de 5,25 m puis 7 m ; cette extension pourrait dater du xviiie s., quand la chapelle castrale dédiée à saint Cyriaque devint église paroissiale à la suite de l’abandon de l’église située dans le prieuré Saint‑Michel, en dehors du bourg (Boyé 1892 ; Collin 1981‑1986 : 3 ; Cuvelier 1988).

FIG. 77 – Mousson – La chapelle castrale, état au XIXe s. (Boyé 1892).

763Les fouilles de 1987 ont permis de retrouver la citerne contre le mur nord de la chapelle. Dans son dernier état, elle se présente comme une citerne filtrante comparable à celles du château d’Epinal et à celle, restaurée, du Daubenschlagfelsen près de Saverne. Les parois de la cuve primitive (6 x 6 x 8 m) sont rendues étanches grâce à un revêtement d’argile bleutée, contenu lui‑même par un assemblage peu soigné de pierres de réemploi. L’espace intérieur est rempli de galets et de graviers filtrant les eaux de pluie amenées par des canalisations en pierre de taille. Au centre, un puits circulaire, soigneusement appareillé, permet d’obtenir l’eau potable (Cuvelier 1988)

■ Les gravures anciennes et les textes

764Une gravure de Beaulieu illustre bien la topographie des environs de Pont‑à‑Mousson au début du xviie s. Deux grosses tours dominent l’ensemble fortifié de Mousson (Beaulieu 1640).

765Une gravure du xixe s. reconstitue avec beaucoup de vraisemblance la topographie du château et du bourg de Mousson vus de l’est avant les destructions de la guerre de Trente Ans (fig. 78). L’entrée était protégée par deux tours circulaires couronnées de mâchicoulis sur arcs et d’un chemin de ronde crénelé qui courait également sur le mur d’enceinte. A l’intérieur les bâtiments prenaient appui contre le mur d’enceinte. On distingue au premier plan le clocher de la chapelle puis la toiture d’une habitation avec sa cheminée. Au second plan :
– à droite (nord‑ouest) : la « grosse tour carrée » avec son rez‑de‑chaussée aveugle, ses deux étages éclairés par de grandes fenêtres gothiques, ses défenses sommitales dont une échauguette et sa toiture en dôme ;
– au centre : la « maison des officiers » composée d’un rez‑de‑chaussée et d’un étage et contre laquelle s’appuyait la petite tour ronde du colombier au toit conique ;
– à gauche : la « tour du conseil » de même style que la « grosse tour » mais avec un seul étage.

FIG. 78 – Mousson – Le bourg et le château, gravure du XIXe s. (coll. privée).

766Le cadastre de 1827 permet de mesurer l’ampleur des destructions. On distingue encore les deux tours demi‑circulaires (diamètre 7 m) de l’entrée, la chapelle castrale devenue église paroissiale entourée d’un cimetière, et le mur d’enceinte plus épais à l’ouest.

767Ces documents iconographiques révèlent également l’importance des fortifications urbaines flanquées de sept tours et percées de trois portes.

768Les livres de comptes de la prévôté de Mousson, puis de Pont‑à‑Mousson, sont mal conservés pour la période médiévale. Nous possédons quatre registres pour la seconde moitié du XIVe s. (ADMM B 8093‑ 8096) et quatorze registres pour le xve s. (ADMM B 8097‑8110 et ADM B 979). Par contre, la période allant de 1500 à 1620 est mieux représentée avec environ 60 registres (ADMM B 8111‑8163 et ADM 990). Les mentions de réparations sont souvent laconiques et fort dispersées. Leur étude permet de rectifier certaines affirmations de P. Boyé et d’apporter un complément aux documents iconographiques et archéologiques étudiés précédemment.

■ L’architecture du château

Les défenses extérieures

769En période de grave danger on élevait des haies autour du château. En 1418, « Ancor deniers paiez pour […] faire les hayes autour dudit chastel […] Payez pour Il paulz ferrez pour plante la haye […] VII sous (messains) à Jehan Begette pour le ferrage desdits paulz et XII sous (messains) au charpentier pour la faccon desdis Il paulz […] a Perrin Baraudel pour son hernois qui charria […] deux jours entiers paulz et espines […] Pour faire ladite haye du coustel du bourch de la porte ver le Pont […] Ancor ouvriers paiez pour faire la seconde haye au tour dudit chastel […] et premier à la porte vers la priorel […] » (ADMM B 8097, fol. 166‑167).

L’entrée

770Jusqu’en 1419, les textes ne mentionnent qu’une porte munie d’un guichet et gardée par un seul portier : « XL s. tournois pour lou louier de Jehan Lorsonoirs Portier dou Doion de Mousson » (ADMM B 8093, fol. 42r) ; « […] au Portier qui garde la Porte du chastel […] » (ADMM B 8094, fol. 54r) ; « […] pour remettre un piet en la Porte du Donion de Mouson pour le rebatet et cheviller et pour un contre litel et aussi pour faire un guichet en ladite Porte […] » (ADMM B 8094, fol. 69) ; « […] pour remettre a point la serre de la porte du Donjon de Mousson […] » (ADMM B 8097, fol. 171).

771A partir de 1441 (ADMM B 8101, fol. 500r), nous trouvons de fréquentes mentions de deux portes : la « première porte » ou « porte basse » et la « deuxième porte » ou « porte haute », gardées chacune par un portier et dominées par deux tours : « A. Guille Noillon et Jaquemin Symon Datton portiers deux deux portes du chastel de Mousson […] » (ADMM B 8102, fol. 132v) ; « […] pour avoir recoutry […] les deux maisons des portiers […] » (ADMM B 8119, fol. 138) ; « Ouvrage fait on chastel de Mousson (assavoir) en la Grosse Tour et es deux Tours estans sur la Porte dudit chastel […] dishuitz milliers de landres […] pour mettre et couvrer les toitz de dessus icelles tours […] » (ADMM B 8121, fol. 139).

La porte basse

772« A Marchai le Serier […] pour avoir fait un double angon on guichellet de la première porte […] » (ADM B 976, fol. 161v) ; « A maistre Hause le masson […] pour avoir faict a l’abitation et logis des portiers dudit chastel à la première porte un manteau de chemynée de pierre de taille de longueur de VI piedz et II de hault […] » (ADMM B 8130, fol. 180v).

La porte haute

773« Paie a maistre Hause le masson […] pour avoir fait en la seconde porte aulcuns fondement pour poser grosses pierres de taille et sur lesdites pierres pour mettre […] les deux vollants de la dite porte […] » ; « A Marchai le Serier […] pour avoir fait la serure de la Porte Hault […] » (ADM B 976, fol. 161v). Ces portes en chêne étaient renforcées de plaques en fer clouées. En 1553, on appliqua sur l’une d’elles 200 livres de bandes de métal et 252 livres de clous, broches, clavettes, gonds. Entre ces deux portes s’étendait un espace clos : « […] paie a […] Chappellier masson pour onze toises de murailles quil a faict entre les deux portes du château de Monson […] » (ADMM B 9168, fol. 121r). Il semble que cet espace portait au xvie s. le nom de barbacane (ADMM B 8137, fol. 176v).

La poterne

774En 1358‑1359, on perça une poterne dans le mur d’enceinte : « XII livres tournois a Jehan et Gerardin freires massons […] pour faire une posterne on donjon de Moussons pour yssir et pour entreir par devers lou jardin desous lou dit donjon » (ADMM B 8093, fol. 14r).

Les murailles

775Un chemin de ronde courait au sommet de ces murs. Au xve s., on y plaçait des hourds : « […] à Perrin le charpentier pour refaire les rattelz qui sont par dessus lez murs du chastel de Mousson […] » (ADMM B 8097, fol. 176v). Pour adoucir les rigueurs de la garde, on installait des beffrois couverts et des guérites : « […] a Perrin de Moussons charpentier […] pour […] avoir fait […] ung baffroy tout neuf pour gesir de nuyt les gaites sur les murs du chastel […] un millier de thieulles rondes pour couvrir ledit baffroy […] » (ADMM B 8101, fol. 500v) ; « […] a Didier Brahault charpentier […] pour reffaire tout nuef une chambrette de boix quon appelle lestune ou aucuns des gardes se tiennent de nuyt […] » (ADMM B 8106, fol. 164r).

776Il fallait entretenir ces murs et les adapter à l’artillerie : « […] a maistre Haut Maçon pour avoir […] racoustrer et retoupper trouz de murailles estant audit chastel […] et avoir fait le moyneau dudit chastel tout neuf de pierre de roches et avoir fait plusieurs cannonieres a tirer artillerie […] » (ADMM B 9137, fol. 176r).

777Les textes désignent cette enceinte et les constructions qu’elle renferme par plusieurs termes : « le donjon […] » (ADMM B 8093, fol. 41), « le chastel […] » (ADMM B 8094, fol. 54), « […] la maison seant on doion dou chastel de Moussons […] » (ADMM B 864, no 98), « […] ma maison seant on chastel de Monssons […] » (ADMM B 387, fol. 215r), « […] une maison […] assise dedens le donion fort et fermeté dudit Mousson […] » (ADMM B 868, no 59).

Les tours

778Nous avons déjà évoqué les deux tours qui défendaient l’entrée du château. Aucun texte ne leur donne un nom précis, contrairement à la gravure du xvie s. qui les qualifie de « tour Mandeguerre » et « tour des Loups ». Il existait aussi une tour de la « grande salle » citée dans un texte de 1534 : « […] A Richard Rouxe charpentier […] pour avoir mis au bas toutes les thieulles de la Tour de la Grande Salle et les avoir remis sur ledit toit […] et avoir faict […] IIII cent de lattes pour ladite toiture […] » (ADMM B 8130, fol. 181r).

La « grosse tour »

779Cette construction était de plan carré : « […] la Grosse Tour caree dudit chastel lavoir descouvert de thuilles en thuilles et recouvert et relatté et lavoir ragrainé de mathe a chaux et sable a lencontre des quatre pans de murailles de ladite tour ». Au xvie s., on accédait à l’entrée de cette tour par un escalier en bois : « […] a Joseph […] charpentier pour avoir faictz une montée de desgrez pour monter en la Tour Caree […] et au dessus une toicture […] cheuvronnée et lattée et au bout de ladite montee un tripet pour entrer en ladite tour […] » (ADMM B 8138, fol. 184v).

780Cette entrée devait se situer au niveau du premier étage.

781L’intérieur de la tour était éclairé par au moins trois fenêtres : « […] Paie a Jehan Durant charpentier […] pour avoir saintré et contrelaté trois grandes fenestres » (ADM B 990, fol. 165v). Des escaliers en bois reliaient les trois étages (ADMM B 8125, fol. 174v) constitués par des planchers (ADMM B 8189, fol. 60r). Au niveau supérieur, on trouvait un chemin de ronde garni de merlons hauts de 2 m : « […] remurez six grant creneaulx de VII pied de hault […] » dans lesquels on plaça des bouches à feu de 1,50 m de profondeur : « […] trois grosses cannonieres trois pied de hault quatre de large et six depesseur […] » (ADM, B990, fol. 185v). Les gardes pouvaient s’abriter dans une guérite couverte de tuiles : « […] a Arnoud Gautier recouvateur auquel a ete marchande de recouvrir la grosse tour et le guet de costé joindant » (ADMM B 8115, fol. 154v). Ils disposaient aussi dans la tour d’une chambre munie d’une cheminée : « […] a Gillet et Lietart charpentier […] pour une traveure en lune des parties de la Grosse Tour que fust brullee pour faire une chambre pour tenir de nuyt les gardes du chastel […] » (ADMM B 8112, fol. 167v) et en 1525 : « […] pour faire la toicture toute neufve de la Grosse Tour de Mousson laquelle tout avoit etée breulle a laquelle y a IIII sommiers et IIII pennes de la longueur de XXXIII piedz et fournir de latte et de chevron […] » (ADMM B 8125, fol. 174r).

782La toiture était un ouvrage imposant avec ces poutres de 9,40 m de long, sa couverture de 24 000 tuiles plates clouées sur lattes et ses pommeaux de plomb protégeant la faîtière : « […] XXIIII milliers de plates thieulles pour la tour de Mousson […] » (ADMM B 8109, fol. 158v) et « […] LXX livres de plomb […] pour faire les pomelletz de dessus lesditz tours […] IV livres destain […] pour soulder iceulx pomeletz […] » (ADMM B 8121, fol. 138v).

La maison du châtelain

783Elle se trouvait dans l’enceinte castrale. Une exploitation agricole située dans le bourg dépendait d’elle.

7841344, 4 décembre : » Je Jaiques, chevalier, châtelain de Moussons […] je teng en fie […] de Eddouart conte de Bar […] ma maison seant on chastel de Monssons que l’on dit la maison le chatelain, ma grange ma bergerie et ma beverie seans en bourc de Monssons […] et pour les diz heritaiges […] doie je faire résidence je et mui hoir ou mettre personne on mon hosteil demorant […] » (ADMM B 387, fol. 215r).

7851469, 31 mai : « Je Rene Cottignon chatelain de Mousson […] je tiens une maison, les edifices pourpris appartenances et appendises d’icelle comme se tient située et assise dedens le donion fort et fermetté dudit Mousson item un gagnaige grange maison bergerie […] seant la fermetté des faulbourgs dudit Mousson […] » (ADMM B 868, no 59 87).

786Elle abritait certainement la « salle des comptes » (ADMM B 8189, fol. 60). On peut penser que cette maison correspond à la « maison des officiers et colombier » qui apparaît sous le numéro 5 à côté de la grosse tour sur la gravure de Mousson au xvie s.

La grande salle

787Nous la connaissons grâce à des travaux de couverture : « […] pour deux muidz de chaulcine que sont estes mis […] sur le toict de la grant saule dudit Mousson […] pour quinze cent de thieulles de haut ouvraiges mises […] sur le toict de ladite grant saule […] » (ADMM B 8106, fol. 164r).

Les maisons des vassaux

788Certains vassaux détenaient des habitations dans l’enceinte castrale.

7891332, 3 mai : « […] Jehan sires de Saint Sanne chevalier […] tieng […] en fie de mon tres chier […] signour […] le conte de Bar […] la moitie de la maison seant on doion dou chastel de Moussons […] » (ADMM B 864, no 98).

7901584 : « Mandement et ordonnance d’informer sy monseigneur le comte de Salm a une maison franche au chasteaux fors de Mousson avec ses usuaires […] quil dit souloir estre assize proche de la porterie dudit fors maintenant ruynée et en maiziere […] Damoiselle Barbe de Cottignon vefve […] de feu Jean de Mouau‑court […] declare avoir entendu de feu […] sa mere que la place où presentement elle est entre la Grosse Tour que lon faict la garde des la maison du portier de la premiere porte dudit chasteaus fors apartenoit a messeigneurs les comtes de Salm. » (ADMM B 965, no 107)

La citerne

791Cette citerne, creusée dans la cour, recueillait les eaux de pluie grâce à un système de chanlattes et de canalisations en bois (ADMM B 8109, fol. 157r).

■ Datation

7921080 – La comtesse Sophie règlemente l’avouerie de Houecourt et Jainvillotte : « Quod me Sophiam comitissam apud Montiacum adiit Sygifridus, abbas Sancti Machaelis, querimoniam faciens super injuria et prejudiciis quae faciebat Boso de Wiocort rusticis suae advocationis scilicet Wahericurtis et Janiville […] Testes autem hi fuerunt tam nobiles quam etiam de familia ejusdem comitissae […] Tiebertus Montiacensis cum Warino filio sus […] » (Lesort 1909 : no 41).

7931090 – La comtesse Sophie règlemente les droits du châtelain de Saint‑Mihiel où elle vient d’édifier un château sur les domaines cédés par l’abbaye : « Insuper etiam castellanus obsides dedit Rogerum de Sipincourt et Bosonem de Maderia qui juraverunt si castellanus preter supradicta valens X solidos de abbatia surripuerit et infra 40 dies post ammonitionem abbatis non persolverit se ipsos apud Montiacum incarcerent et donec abbati redditum fuerit non exeant. « (Lesort 1909 : no 49).

7941091‑1092 – La comtesse Sophie, tombée malade à Mousson, donne à l’abbaye de Saint‑Mihiel les églises Saint‑Pian et Saint‑Martin situées à Thirey écart de Po nt‑à‑Mousson : « Denique, cum egrotarem apud Montiacum usque ad mortem, ad augmentum retributionis aeternae pro salute mea omniumque parentum meorum duas aecclesias quae sunt apud Thyriacum, unam in honore sancti Pigentii edificatam et ab omni debito liberam alteramque in honore sancti Martini annuales census episcopo Metensi solventes per omnem integritatem […] » (Lesort 1909, no 45).

7951105‑1147 – Donations faites par le comte Renaud de Mousson à l’occasion de la fondation du prieuré de Saint‑Mihiel à Mousson : la chapelle dédiée à saint Cyriaque avec sa dot et les dîmes du château, le droit de patûre sur le ban, l’usage de la forêt, la pêche dans la Moselle, la terre allant jusqu’à la maison‑Dieu du pont sous Mousson, quinze journaux de terre, une vigne : « Quando comiti Rainaldo placuit ut ab abbate et monachis Sancti Michaelis sub Castro Montione cella construeretur, fecit ad eamdem cellam bas donationes. Dedit in primis capellam que infra castrum in honore Sancti Cyrici constructa est, ea dignitate et libertate in perpetuum ab eis possidendam qua ipse vel antecessores ejus hactenus eam possederant, scilicet ut abbas ad placitum suum cum laude comitis capellanum ibi constitueret, quali compositione inter ipsum abbatem et capellanum conveniret. Dédit sane ipsam capellam cum omni integritate cum dote et decimis grossis et minutis ejusdem castri et oppidi […] » (Lesort 1909 : no 92).

7961113 – L’empereur Henri V assiège le château : « Post haec quidam Reginoldus, provinciae Burgundiae cornes, et ut aiunt imperatoris consanguineus, tyrannidem juvenili actus insolentia contrarem publicam orditur, qui tamen superveniente sibi cum manu valida Heinrico augusto, munitionem in qua maxime confidebat, Monzum ipse captus, amisit. « (MGH, SS, VIII : 247).

7971113 – La comtesse de Bar, Gisèle de Vaudémont, réfugiée au château de Mousson assiégé par les troupes impériales, met au monde un fils : « Cum (Heinricus) […] castrum Barum contra opinionem multarum assultu cepisset, ibique comitem Reinaldum comprehensum captivum abduxisset, juxta ejusdem comitis arcem Munzum dictum, castrum posuit […] patibulum erigi proecepit, dicens quod nisi velociter castrum redderetur, comitem ipsum suspendio perimet […] Itaque oppidani convenientes, infantulo recenter genito sacramento fidelitatis astringuntur […] Ipsi responderunt se propter mortem illius (Reinaldi) castrum reddere nolle, praesertim cum novum dominum […] haberent. » (MGH SS XX : 358).

7981128 – Renaud, comte de Mousson, renonce à tout ce qu’il avait usurpé à Maidières sur les biens de l’abbaye de Saint‑Lambert de Liège : « Actum est publica Mozons in palatio meo. » (Parisse 1972, no 10).

7991145, 13 décembre – Le pape Eugène III confirme les possessions de l’abbaye de Saint‑Mihiel : « […] aecclesiam de Tyreio […] cellam Montiacensem cum capella castri et reliquis appendiciis […] » (Lesort 1909 : no 91).

8001145 – Le comte Renaud confirme une donation du chevalier Bernaicre à l’abbaye de Saint‑Mihiel : « […] Bernacrius, vir militaris de Castro Montiensi, dedit […] Auctum […] apud Montiacum in curia publica a Raynaudo comite […] » (Lesort 1909 : no 90).

8011178, 15 septembre – Henri, comte de Bar, notifie que l’empereur Frédéric et son épouse Béatrice lui ont cédé ce qu’ils avaient à Amance ; lui‑même a repris en fief de l’impératrice ce qu’il tenait à Amance, ses châteaux de Mousson et de Briey, a prêté l’hommage lige, publié la décision d’interdire toute construction de forteresse autour de ces trois châteaux à moins de trois milles, ni en deçà de la route de Metz à Vie : « Ego Heinricus, Dei gratia cornes de Barro […] Ego autem cornes Heinricus castrum meum Munzum et totum allodium quod habeo et in omni castellaria ejus, dedi in proprietate domine mee imperatrici et recepi illud ab ea nomine feodali et tenebo ab ea et herede ipsius qui comitatum Burgundie tenebit […] Ego autem cornes Heinricus pro me et pro meis heredibus, juravi domine mee impera(trici) et filio ejus comiti Burgundie fidelitatem et legem hominii de omnibus supradictis beneficiisperpetuo conservare et si quando occasions guerrarum necesse fuerit eum diligenter juvare et predicta castra ei aperire ac ipsum comitem et suos in eisdem castris ad faciendam inde hostibus guerram et ad honorem suum twendum receptare. In eodem quoque pacto statutum est ut nulli hominum liceat apud prenominata tria castra, scilicet apud Emanciam, Munzum et Brieich in omni circuitu castrorum ipsorum ad tria milaria, aliquod edificium novi castri seu munitionis struere aut firmare quod non fuerit antequam ego cornes Heinricus castrum meum Munzum a comite Burgundie receperim. Et similiter non edificabitur aliqua nova municio infra stratam illam que tendit a Metis usque ad Vi, nisi fiat ex voluntate comitis Barrensis. Sed a quoquam edificium munitionis in prefatis terminis presumptum et inchoatum fuerit, cornes Burgundie et dominas imperator juvabunt me et meum heredem id prohibere et destruere. Hujus rei testes sunt […] Gaufridus et Ysembar‑dus de Munzum […] » (Parisse 1972, no 38).

8021201 : « […] Theodericus, miles de Moncons […] Preterea Remondus miles de Moncons advocatiam alodii usurpare sibi volens idque ad nostro perveniens, convocatis partibus, per castellanum, prepositum castrique nostri milites decisalite judicatum est abbati in suo Jure permanere et jam dictum alodium cum advocatis et omni custodia cum illic pertinentibus libere et sine calumpnia deinceps possidere […] Hujus rei testes sunt : Pondus castellanus […] Albricus prepositus. « (Laplace 1974, no 37)

8031230, 12 décembre : « Le duc Matthieu […] alla brûler la petite ville du Pont qu’on bâtissait […] au couchant de la Moselle vis à vis le château de Monçon […] Quant au Pont et à la forteresse de Monçon les arbitres nommeraient quatre experts pour juger des dommages et estimer ce que la chose coûterait à rétablir en son premier état comme elle était quand le duc y vint mettre le siège […] » (Calmet 1973a, 3 : col. 28‑29).

8041261, 20 avril : « Je Thiebaus, cuens de Bar, fas savoir à tous que je ai mis à franchise as droit de Sathenai tout ce que je ai à Thyrei et on ban et on parrochage, et à Monsons […] et on Pont […] et à Eston […] et a Blainnou […] et a Madieres et […] à Rue […] sauf mes bois bannels […] et mes iaues et mes fours et mes moulins et mes pressoirs bannels et mes domaines […] » (ADMM B 873, no 74).

8051322‑1323 – Compte d’Ancherin prévôt et cellerier de Mousson : « […] il despend deniers pour son dit compt as sergens et auz waitez de Mosons […] des l’ascension lan 13 (22) et jusques a la Sainct‑Martin lan 13 (23) cest pour un an et demi.
– XIII livres et X sous tournois a Erart
– XIII livres et X sous tournois a Vion Magnin
– XIII livres et X sous tournois a Vion Marowin
– XIII livres et X sous tournois a Jehan Guillot
– XIII livres et X sous tournois a Aubert
– XV livres tournois au Portier dou chastel
– XII livres tournois au Portier dou Bourc et est Aymers
– XXIXX livres tournois VIII sous tournois as VIII waites de Mosons. » (ADM B 972, fol. 25r).

8061358 : « XV sous tournois pour lou louier de Jehan Loisonoirs portier dou Doion de Moussons avec un setier wayn que chacuns des dis sergens dou chastel prennent chascune sepmaine au molin […] XV sous tournois a Jehan Mouillon sergent dou dit chastel

807XV sous tournois a Pierresson Gombault sergent […] et a Pinchon de Blenou qui fut fas sergent apres ce que li dis Gombault fust excecutes pour la traison de ceu que il avec plusieurs aultres des dis sergens debvrant rendre lou dit chastel à ceulz dou Pont XV sous tournois a Jehans Coraubel sergent […] et à Vinet qui fut fas sergent apres ceu que li dis Jehans fut execute

808XV sous tournois a Jehan Frouardel et a Pieron Darey fas sergent apres l’excecution dou dit Jehan […] et pour tout que li dis Pieron ne poult faire son annee il y fust mix sergens Jehans dit li Nowes

809XV sous tournois a Jehan asnier et Portier dou Bouse de Mousson. » (ADMM B 8093, fol. 42r.)

8101365, 27 juillet – Le duc Robert accroit les franchises des habitants de Mousson pour y maintenir la population attirée par la ville de Pont : « Nous Robert, duc de Bar, marquis du Pont, faisons savoir à tous que comme nostre bourgoiz et noz bourgoizes de nostre chaistel et de nostre bourch de Mousson heussent franchise teile comme nostre aultre bourgoiz et bourgoises de nostre ville du Pont a Mousson en toutes choses, nous ladicte franchise loons, gréons et confermons […] desirans la retenue et l’acroissement de nostre dit chaistel et bourch, avons, d’abondant […] donné et ottroyé aus dis bourgoiz et bourgoizes menans et residens en nostre chaistel et bourch […] franchise entiere a tous joursmaix de toutes droitures et redevances, de tailles, de prises, de prieres, de tous gerbaiges, de tous lour heritaiges […] de bleif, de vins, de deniers, de tous charrois, de wais, de oes, de chevaulchiees et de toutes aultres servitudes queilles qu’elles soient, dont nous et nostre hoir lour pour‑riens et deveriens rien demandeir voul lons encor […] qu’ilz ensamble puissent faire et eslire justices pour eulx gouverneir, s’est assavoir maiour et eschevins, le jour de Penthecouste […] et poulront li dis bourgoiz et bourgoises et residens en nostre dit chaistel et bourt acquesteir heritaiges où qu’il leur plarait […] maix ils ne dolent ne ne puellent vendre nulz de lours heritaiges, fors seullement a ciaulz et à celles qui en nostre dit chaistel et bourch seront resident et demorans […] Et c’est assavoir qu’ilz doient et deveront toutes fois que mestier serait, gardeir et waitier loudit bourch et issir et saillir à tous nos cris et hahais […] Et n’est mie nostre intention que nulz desdis bourgoiz […] soient quittes desdis gerbaiges se il n’ait fait résidence continuelle en nostre dit chaisté ou bourch par ung an entier et ung jour […] » (ADMM B 858, no 47).

8111367 ou 1369, 31 octobre :

812« Soixante et sept mil trois cent, Pierre de Bar fort et puissant Print guerre contre la cite […] En celui temps devant la Toussaincts Par les Lorrains et les Messains Fut le chasteau de Belleville Gagné, detruit et mis en exil En cette année mesmement Allarent messains seurement Gagner le neuf bourg de Briey Et tout detruict, ars et bruslé Et par cherpentiers et massons Fut detruict le bourg de Mousson […] » (Calmet 1973a, 3 : col. CCXCI).

8131421, 28 juin – Yolande, reine de Sicile, tutrice de ses enfants, assigne à Isabelle de Lorraine, femme de son fils René duc de Bar, le « chastel de Mousson » et la châtellenie de Pont‑à‑Mousson (ADMM B 858, no 58).

8141425, 6 septembre : « Pierceon Froway l’escripvain fut excecuté et mis en pilloris et trainés et coppes la teste et puis mis sur une roue, dessoublz le gibbet de Metz pour tant qu’il avoit voulu trahyr le chastel de Monsson cy comme on disait » (Calmet 1973a, 5 : col. XL).

8151445, 21 octobre – René, roi de Sicile, donne à Jean de Calabre, son fils, le château et la châtellenie de Mousson : « René […] duc de Bar et de Lorraine […] considerant que notre dit fils […] n’a pas à present la joyssement de son dit duchie de Calabre […] par la teneur de cette présente luy donnons […] notre marquise du Pont à Mousson, notre ville et cite du Pont et la Prevoté, le bourg chastel et donjon de Mousson et la chatellerie […] » (ADMM B 386, fol. 2v).

8161476, 19 octobre : « Le duc de Bourgogne vint à Etton et de là se rendit maître du haut de Mousson toujours en ordre de bataille. » (Calmet 1973a, 5 : col. 354)

8171492, 10 mai ‑ Guerre de Metz contre le duc René II, siège de Mousson : « Item , le Xème jour de may ensuiant, le chais‑teaulx de Mousson fut brûllé par un batton à feu qui fut tirés, par lequelle baitton le feu ce bouttait en la pouldre de léans. » (Vigneulles 1932, 3 : 278).

■ Les habitants du château

Le prince

818La comtesse Sophie résidait très souvent à Mousson. En 1091, elle y tomba malade (Lesort 1909, no 41). Ses descendants Renaud Ier (1105‑1149) et Renaud II (1149‑1170) continuèrent à porter le titre de comte de Mousson et à habiter le château. L’essor de la ville de Pont‑à‑Mousson entraîna, à partir de 1230, le lent déclin du château. Le prince et sa famille perdirent l’habitude d’y loger, à tel point qu’en 1494 il fallut faire bâtir entièrement une chambre pour y loger le prince de Calabre (ADM B 979, fol. 146r).

L’avoué, le châtelain

819Ce personnage était chargé d’assurer la sécurité du château et de ses habitants.

820Entre 1190 (Laplace 1974, no 8) et 1194 (ADMM H 1108), un personnage nommé Poince portait le titre d’avoué de Mousson (généal. 31). En 1201, un personnage du même nom avait la qualité de châtelain (Laplace 1974, no 37). Il est fort possible que ce soit le même homme. Notons qu’à Amance nous observons à partir de 1196 la même disparition du titre d’avoué au profit de celui de châtelain. Poince et ses descendants ont fait l’objet d’une savante étude de J. Denaix (Denaix 1959), complétée par celle de M. Parisse (Parisse 1982 : 412), qui renouvellent celle de P. Boyé (Boyé 1892 : 60‑64). Ce lignage possédait des biens fonciers importants à Gezainville, à Morville‑sur‑Seille, à Port‑sur‑Seille, et dans la vallée de la Moselle. Son plus illustre représentant fut Garnier qui, en 1231, mit Morville à la loi de Beaumont, fonda dix ans plus tard l’hôpital de Gezainville et maria sa fille à un patricien messin.

GÉNÉAL. 31 – Les avoués, châtelains de Mousson.

821De 1330 à 1445 la fonction de châtelain fut assurée par des agents de moindre envergure sociale. Citons Jacques (1334‑1346), Kault (1361), Raoul du Pont (1370‑1382), Georges dit d’Epinal (1382‑1397), Ferri de Ludres (1441) et Roger Paixel (1441‑1445).

822De 1444 à 1632, la charge de capitaine‑châtelain resta entre les mains de la famille Cottignon (ADMM B 868, no 59 et B 387, fol. 141‑143 ; ADM B 979, fol. 139v) (généal. 32).

GÉNÉAL. 32 – Les Cottignon, châtelains de Mousson.

Le prévôt

823Il avait la responsabilité des questions financières et judiciaires de la châtellenie. Les livres de comptes matérialisent ses activités. Plusieurs prévôts nous sont connus : Boemond en 1194 (ADMM H 1108) ; Albricus en 1201 (Laplace 1974, no 47) ; Ancherus en 1224 (ADMM B 972) ; Ancherin, prévôt et cellerier en 1323 (ADM B 972, fol. 25v) ; Jean de Triconville en 1345‑1346 (Boyé 1892 : 64).

Les portiers

824Jusqu’en 1419, les textes ne mentionnent qu’un seul portier au château (ADMM B 8093, fol. 42r). Après cette date, il y en eut deux. Ils logeaient dans de petites habitations à côté des portes : « A Jehan le Tabourin et Jehannay pour‑tiers des deux portes du chastel de Mousson qui […] prennent […] chacun trente solz […] par chacune sepmaine […] ung setier de bled wayn mesure dudit Pont […] » (ADM B 979, fol. 139v).

Les sergents

825Aux xive et xve s., on en comptait cinq. Ils recevaient 15 livres tournois par an et 7,45 litres de blé par semaine chacun. Ils assuraient la garde sur la grosse tour du château (ADMM B 8094, fol. 54r). En 1358, trois d’entre eux furent exécutés pour avoir voulu livrer le château aux bourgeois de Pont‑à‑Mousson, révoltés contre le duc de Bar (ADMM B 8093, fol. 42r). Des guetteurs (les waites) assuraient avec les sergents les services de garde (ADM B 972, fol. 25r).

Les vassaux

826Au cours du Moyen Age, la condition des vassaux évolua. Il convient de distinguer deux périodes.

827Aux xie et xiie s., les milites logeaient en permanence au château. Leurs noms figurent parmi les témoins de nombreux actes comtaux. Certains ne sont pour nous que des noms isolés : « Bernacrius, vir militaris de Castro Montiensi […] » cité en 1145 (Lesort 1909, no 90) ; « Hugo de Moncons, qui dicitur de Turre […] » cité en 1165 (Parisse 1978, no 17) ; « Theodoricus […] (et) Remondus miles de Moncons » en 1201 (Laplace 1974, no 37).

828D’autres semblent appartenir à un même lignage (généal. 33) : Tibert et son fils Warin en 1080 ; Warin et son neveu Joffroi en 1145 ; Geoffroi, Ysembard, Pierre et Warin, tous fils de Warin, en 1174 ; Geoffroi et Ysembard en 1178 (Lesort 1909, no 41, 45, 90).

GÉNÉAL. 33 – Les chevaliers de Mousson.

829Nous sommes tentés de voir en ces personnages les ancêtres des sires de Nonsard (Parisse 1982 : 412, 418).

830Nous retrouvons l’évolution désormais bien connue qui conduit les chevaliers des châteaux à s’établir –se chaser– sur des fiefs plus ou moins éloignés.

831Aux xiiie et xive s., les vassaux devaient un service de garde au château. Un document de 1311 énumère 62 fieffés relevant de Mousson sans indication des fiefs et des services (Levallois 1901 : 202‑205). 85 % des vassaux résidaient dans un rayon de moins de 20 km de Mousson. Une seconde liste de 1334‑1338 énumère 43 vassaux avec l’importance du fief et la durée de la garde au château. Ce précieux document a été publié en partie par P. Boyé (Boyé 1892). Il énumère cinq maisons fortes dont les détenteurs étaient astreints à des temps de garde fort variables : 15 jours pour Letricourt, trois semaines pour Ville‑au‑Val, six semaines pour Mailly et Phlin, six mois pour Tremblecourt. Il apparaît clairement que la maison forte ne déterminait pas une durée de garde précise. Tout dépendait de l’importance du fief.

■ Conclusion

832Les recherches archéologiques en cours attestent que la butte de Mousson fut occupée depuis l’époque néolithique et qu’une première église y apparut dès le viie s. Mousson appartenait au pagus du Scarponois qui fut démembré à la fin du xe s. au profit des temporels des évêchés de Metz et de Verdun. L’absence de documents écrits antérieurs à 1080 rend problématique l’étude du site à la période charnière de l’an mil.

833L’évêque de Verdun, Heimon (988‑1024), édifia un château à proximité de l’ancienne Scarpone ruinée par les invasions hongroises, qui devint Dieulouard. Cette construction était‑elle destinée à neutraliser un château laïc à Mousson ou provoqua‑t‑elle l’apparition de celui‑ci ? Nous sommes réduits à avancer des hypothèses que seules des fouilles archéologiques permettront d’écarter ou de confirmer.

834Les ducs de haute Lorraine auraient recueilli les droits des comtes de Scarponois et bâti au xie s., un château pour stopper l’essor des temporels messins et verdunois. Rappelons que le château d’Amance, création ducale vers 1005, était tourné lui aussi contre la puissance messine. Sur le plan archéologique les deux châteaux appartiennent à la même famille, celle des mottes perchées dont on connaît bien des exemples en Lorraine vers l’an mil : Fains (950‑960), Brixey‑aux‑Chanoines (1005), Mureau (996–1019), Rorthey (1019–1026).

835Les comtes laïcs du Scarponois auraient transmis leurs droits aux comtes de Montbéliard dont le représentant, Louis, au milieu du xie s., épousa Sophie, héritière des ducs de haute Lorraine. Mousson serait ainsi venu grossir le patrimoine foncier de ce qui devenait la principauté de Bar‑Mousson. Le château serait apparu dans ce cas durant le règne conjoint de Sophie et de Louis, c’est‑à‑dire entre 1040 et 1073. Ajoutons que Sophie édifia le château de Saint‑Mihiel vers 1080, dans une région où son pouvoir n’était pourtant contesté par aucun autre prince.

836Dans les deux hypothèses, les princes laïcs bâtirent le château de Mousson sur un domaine privé, sur une terre devenue allodiale comme à Amance. En 1178, le comte Henri Ier rappelait cette réalité : « Ego autem cornes Henricus castrum meum Munzum et totum allodium quod habeo et in omnis castellaria ejus […] ».

837Une troisième hypothèse a été envisagée (Choux 1978 : 169). Les comtes de Bar, profitant de leur fonction d’avoués du temporel de l’évêché de Verdun, auraient usurpé et fortifié illégalement Mousson pour neutraliser Dieulouard. Dans ce cas, il est certain que les évêques, spoliés, auraient multiplié les protestations. Or il n’y eut jamais la moindre revendication verdunoise sur Mousson.

838On peut donc situer le réaménagement de la butte de Mousson en château à motte bien avant 1080, date de son apparition dans les textes.

839Les comtes de Bar, Renaud Ier et Renaud II, continuèrent à porter le titre de comte de Mousson. Renaud Ier fonda, au pied du château, un prieuré dédié à saint Michel qu’il dota généreusement. Sa politique territoriale agressive provoqua l’intervention de l’empereur Henri V qui assiégea le château en 1113. Mousson fut sa résidence principale qu’il qualifia de « palais » en 1128. Son importance ne fit que croître quand le duc de Lorraine édifia vers 1130 le château rival de Preny. A l’abri du château, un bourg actif se développa (fig. 76), mais l’intensification des échanges favorisa de plus en plus un second bourg, dans la vallée, autour du pont sur la Moselle. En 1261, le comte Thiébaut accorda une charte de franchise calquée sur celle de Beaumont‑en‑Argonne, aux habitants de Mousson et des villages environnants. Inquiet de voir le bourg se dépeupler, le duc Robert octroya en 1365 de nouvelles libertés fiscales et judiciaires en échange d’une participation active à la défense : « ils […] deveront […] gardeir et waitier loudit bourch et issir et saillir à tous nos cris et hahais ». Quelques années plus tard, Lorrains et Messins associés ravagèrent le bourg de Mousson.

840Le château lui‑même perdit de son importance avec les fortifications urbaines de Pont et le nouveau château qu’on y édifia à partir de 1359. Il fut néanmoins régulièrement entretenu jusqu’à l’occupation française de 1633 qui le ruina.

Moyen

■ Localisation

841Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Gerbéviller.
Diocèse de Toul. Doyenné de Deneuvre.
Eglise dédiée à saint Martin.
Carte IGN 1/25 000, Gerbéviller, 3516 ouest. CL : 1095,1 x 913,3.
Toponyme : nom latin Modinnus (fundum sous entendu) ou nom germanique, Mod‑ino.

■ Vestiges

842Le château de Moyen se dresse sur le bord du plateau (altitude 270 m) qui domine un méandre de la Mortagne (altitude : 244 m). Planté sur un affleurement de calcaire coquillier, il bénéficie d’une bonne protection naturelle du côté sud (fig. 79). Les vestiges impressionnants rappellent sa puissance passée : le château quadrangulaire est entouré d’une fausse braie, d’un large fossé et d’une enceinte extérieure (fig. 80).

FIG. 79 – Moyen – Plan cadastral de 1838 section 12.

FIG. 80 – Moyen – Plan du château en 1980.

L’enceinte extérieure

843La partie nord‑est a disparu devant l’extension du village. Elle reste visible ailleurs sur les deux tiers de son tracé. Côté est, un vallon élargi par l’homme l’isole du plateau. Au sud et à l’ouest, la déclivité naturelle n’a pas nécessité ces travaux de terrassement. L’enceinte se compose d’un mur large de 2 m, au tracé rectiligne. Dans l’angle nord subsiste un vestige de la porte cochère qui débouche sur une première cour occupée maintenant par un jardin et des habitations. Le côté ouest conserve intégralement son mur (hauteur : de 6 à 7,5 m) servant de soutènement. Le changement d’orientation du mur qui épouse le rebord de côte, est protégé par un bâtiment encore en bon état servant de poterne (fig. 81). Le mur sud, long de 125 m, est flanqué en son milieu par une tour demi circulaire (fig. 82), ouverte à la gorge (diamètre 5 m ; hauteur : 5,20 m), munie d’une canonnière.

FIG. 81 – Moyen – Poterne nord‑ouest et logement du portier.

FIG. 82 – Moyen – Tour sud de l’enceinte extérieure.

Cl. D. Bastien, © 1992, Inventaire général

844Les angles sud‑ouest et sud‑est, bien conservés (hauteur : 7,40 et 10,20 m), comportent des traces d’ouvertures de tir et d’encoches pour les poutres qui assuraient la fermeture des volets en bois (sorte de sabords). Un escalier pris dans l’épaisseur du mur sud‑est permet encore d’atteindre un vestige de chemin de ronde. L’enceinte fut construite d’un seul jet comme le montre sa structure faite d’un appareil régulier en calcaire local. Un chaînage de gros blocs taillés renforce les angles. Contre ce mur, vient s’appuyer une levée de terre large de 9 m, haute de 1 à 2 m, par rapport au fossé intérieur. Celui‑ci présente un profil en U et une largeur de 15 m.

Le château

845La terrasse naturelle où se dresse le château est enveloppée par un mur d’escarpe bastionné, haut de 2 m par rapport au fossé, qui soutient une terrasse large de 6 à 8 m côtés sud et est : l’ensemble constitue une fausse braie efficace contre les travaux de sape. Le château proprement dit est un quadrilatère (61 x 57 m) cantonné de tours circulaires (fig. 80).

L’entrée (fig. 83)

846Située dans l’angle nord, elle n’a conservé qu’un modeste pan de mur (hauteur : 2,50 m ; largeur : 1,50 m) appartenant à une des tours de l’ancienne porterie. A droite en entrant dans la cour, se trouve l’ancien puits obstrué par sa margelle en grès (diamètre 2 m).

FIG. 83 – Moyen – Entrée de l’enceinte extérieure côté nord vers 1830. De gauche à droite : un vestige de tour, la loge du portier, la porte piétonne et la porte cochère (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.

Le bâtiment nord (fig. 84)

847Un incendie, en 1956, provoqua l’abandon du bâtiment. Depuis 1984, l’Association des amis de Moyen restaure l’édifice. La diversité des styles est un élément de datation de cette façade. La porte et les baies avec linteau en arc brisé trilobé peuvent être attribuées au milieu du xve s., les baies avec linteau en accolade seraient légèrement postérieures ; enfin, les baies sans linteau correspondent aux xviexviie s.

FIG. 84 – Moyen – Façade du corps de logis nord ou « maison seigneuriale » avant restauration en 1980.

848Ce corps de logis (longueur : 26 m ; largeur : 7,25 m ; hauteur : 10 m) est celui qui attire le plus l’attention du visiteur par la qualité de la décoration de ses ouvertures en grès rouge. Il s’appuie sur le mur de courtine nord, épais de 2,25 m. Ses propres murs donnant sur la cour ont 1 m de large. Côté est, il a conservé son mur d’origine, épais de 1,50 m. Côté ouest, vers l’entrée, une partie du bâtiment a disparu, laissant voir les vestiges d’une ancienne cage d’escalier dont le diamètre approchait 2,20 m.

849Le sous‑sol a quatre caves. Trois d’entre elles communiquent avec la cour par des escaliers. Elles sont voûtées en anse de panier. La plus étroite de ces pièces (3 x 6,25 m) sert en fait de passage puisqu’elle donne accès à un escalier en pierre qui communique avec le rez‑de‑chaussée.

850Le rez‑de‑chaussée est accessible depuis la cour par une belle porte en arc brisé mouluré, surmonté d’un gâble décoré de deux culots (fig. 85). Le linteau présente un arc trilobé muni d’un écu aux armoiries piquetées. On y voit encore une croix pommetêe dans la partie supérieure du troisième quartier. La clef du gâble est surmontée d’une croix latine fichée sur un pied. Au‑dessus de celle‑ci, un second ensemble de décorations se détache avec plus de netteté. On distingue une croix potencée sculptée sur un ove enveloppé de trois plis, lui‑même surmonté d’une croix pattée. Ces documents doivent être rapprochés de la clef de voûte trouvée au château de Moyen (Choux 1956). On remarque sur le second quartier trois croix pommelées. C’est bien l’une de ces croix qui subsiste sur l’écu décrit ci‑dessus. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit là des armoiries des Bayer de Boppart, dont J. Choux nous donne une description complète d’après le revers d’une pièce d’argent : « Une croix pattée cantonnée au premier et au quatrième d’argent au lion de sable armé, lampassé et couronné d’or ; au deuxième et au troisième, de gueules à un bras dextre de femme vêtu à l’antique, demi plié, d’argent, mouvant de senestre, orné de deux bracelets d’or, la main au naturel ouvrant le pouce et l’index et y tenant un anneau d’or, accosté de trois croix pommelées et fichées d’or. » (Choux 1956 : 151).

FIG. 85 – Moyen – Porte principale du logis nord avec des éléments sculptés (XVe s.).

851Un couloir (1,40 x 6,10 m) donne accès à un escalier aux marches en chêne qui conduit au premier étage. A gauche, en entrant, on trouve deux pièces (3 x 6,10 m et 3,85 x 6,10 m) prenant jour chacune par deux belles fenêtres doubles du même style que la porte. Cette disposition est le résultat d’un remaniement. Entre ces deux fenêtres, il y en a une troisième, mais murée. A l’origine, ces deux pièces n’en formaient qu’une, éclairée par trois baies (fig. 86).

FIG. 86 – Moyen ‑ Fenêtre du rez‑de‑chaussée du logis nord (XVe s.).

852A droite de l’escalier, on franchit une porte dont le linteau est décoré d’un élégant réseau d’arcs en accolade (fig. 87) puis l’on pénètre dans une pièce (6,10 x 5,80 m) qui servait de cuisine. On y remarque, en effet, une cheminée large de 2,85 m et le haut de l’escalier qui mène au sous‑sol. Cette pièce possédait à l’origine une seule fenêtre double de même style que les précédentes et une poterne large de 1 m qui débouche dans la fausse braie nord. Ultérieurement, on ajouta une petite fenêtre rectangulaire à présent obstruée.

FIG. 87 – Moyen – Décor d’un linteau de porte du logis nord.

853La dernière pièce du rez‑de‑chaussée (7,30 x 6,10 m) n’est coupée en deux que par une mince cloison rajoutée. Ses fenêtres n’ont aucun ornement.

854Au premier étage, les planchers se sont effondrés. Il présente la même disposition que le rez‑de‑chaussée. Nous y observons trois belles cheminées de facture classique du xviie s. et, sur le linteau d’une porte, les armoiries de la Maison de Lorraine‑Anjou, entourées d’un rameau d’olivier. Les fenêtres éclairant cet étage présentent un aspect fort hétéroclite. La plus ancienne est une fenêtre avec double arc en accolade à présent obturée (fig. 88). Ajoutons trois fenêtres à meneau et croisillon, deux fenêtres à traverse et une ouverture sans caractère (fig. 84).

FIG. 88 – Moyen – Fenêtre du 1er étage du logis nord.

855Au second étage, le style des fenêtres est très divers. Nous remarquons une fenêtre avec meneaux et croisillons surmontés de deux arcs trilobés, une fenêtre à traverse surmontée d’un arc trilobé, une fenêtre à traverse et deux fenêtres à meneaux.

Les bâtiments est (fig. 89, 90)

856Ils s’appuient sur une courtine haute de 10 m aux murs épais de 2,50 m et que renforcent trois tours. L’ensemble dégage une impression de puissance. On distingue plusieurs parties :
– la tour nord‑est a disparu ; il n’en subsiste que l’amorce ;
– le rez‑de‑chaussée et le premier étage communiquent avec un bâtiment intérieur lui aussi disparu comme en témoignent encore deux portes ;
– une petite maison sert de remise (6,15 x 13 m) ;
– un couloir large de 2,80 m se termine par un passage dans la courtine et correspond peut‑être à une poterne ;
– une vaste grange (13,85 x 12,30 m) toujours utilisée s’appuie sur une très puissante tour ; un couloir (hauteur : 2,50 m ; largeur : 0,80 m) donne accès à une salle voûtée en coupole ou en cul‑de‑four haute de 7,20 m ; à l’origine, le diamètre intérieur de cette tour était de 4,60 m et les murs avaient 2,10 m de large avant que les agriculteurs ne creusent une partie des murs pour agrandir la surface disponible ; une petite ouverture circulaire laisse pénétrer un peu de lumière ; il faut une échelle pour l’atteindre ; cette tour a malheureusement perdu ses étages supérieurs ; sa base est pourvue d’un talus (fig. 91) ;
– une chapelle (fig. 92) : cette partie a subi de multiples remaniements et sert encore d’habitation ; une cour occupait l’angle sud‑est ; depuis celle‑ci, on pénétrait dans le bâtiment par une porte qui subsiste encore ; à gauche, un couloir aboutit au rez‑de‑chaussée dans une pièce où existait une niche murale de décor flamboyant ; à droite, on s’engage dans un bel escalier en colimaçon de 2,20 m de diamètre ; il conserve dix‑sept marches, mais la partie supérieure a disparu ; il desservait un premier étage de vastes dimensions (7,70 x 6,15 m) servant aujourd’hui de grenier, puis, au second étage, une petite chapelle (5 x 5,25 m) appuyée contre la courtine est ; une grande fenêtre à deux niveaux éclairait, du côté sud‑est, cette chapelle ; la partie supérieure, obstruée, est assez bien conservée ; on y observe un remplage gothique flamboyant inscrit dans un arc brisé souligné par une moulure ; la hauteur totale est de 3,65 m, la largeur de 1,30 m ; le réseau a 1 m de diamètre ; une seconde fenêtre de même style prenait jour du côté nord‑est ; il ne reste qu’une partie de l’encadrement haut de 2,50 m ; cette disposition implique que le toit de la grange ne dépassait pas le pied de cette fenêtre ;
– la tour sud‑est a un diamètre intérieur de 2,70 m et des murs de 2,50 m d’épaisseur ; il ne subsiste qu’une partie du rez‑de‑chaussée, fort endommagée.

FIG. 89 – Moyen – Côté nord‑est en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.

FIG. 90 – Moyen – Côté est en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.

FIG. 91 – Moyen – Tour demi‑circulaire appelée « Tour de la prison », côté est.

FIG. 92 – Moyen – L’ancienne chapelle aux fenêtres obturées apparaît entre la courtine est à droite et un bâtiment plus récent à gauche.

857Il faut comparer ces documents aux gravures anciennes du xviie et du xixe s. pour mesurer l’ampleur des destructions subies par le château (fig. 93, 94).

FIG. 93 – Moyen – Gravure de Beaulieu (1640). L’auteur transforme à tort les échauguettes des angles sud de l’enceinte extérieure en tours ; il invente une tour au milieu du côté est de cette enceinte.

FIG. 94 – Moyen – Gravure de Collignon (1639). Siège du château par les Français. BN, Cabinet des estampes.

Les bâtiments sud (fig. 95, 96, 97)

858La courtine sud n’est conservée qu’au niveau des fondations sur une longueur de 33 m. On ne voit aucune trace de tour au milieu de cette courtine. Un vaste bâtiment (15,5 x 18 m) occupe encore l’angle sud‑ouest. Son état de délabrement va en s’accentuant au fil des ans. Ce bâtiment se compose en fait de deux constructions accolées.

FIG. 95 – Moyen – Côté sud‑est en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.

FIG. 96 – Moyen – Côté sud‑ouest en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.

FIG. 97 – Moyen – Côté sud en 1830. Au premier plan : le village avec le pont et le moulin sur la Mortagne. Au second plan : tour d’artillerie et angles de l’enceinte extérieure. A l’arrière plan : courtine du château, au milieu de celle‑ci, on observe une grande tour aujourd’hui disparue (Favier 1898), Bibliothèque municipale, Nancy.

859La partie primitive se compose de plusieurs niveaux :
– la cave (14 x 12,5 m), on y descend par un escalier de 14 marches bien conservées (fig. 98) ; elle est couverte de deux voûtes en berceau plein cintre reposant sur trois piliers rectangulaires (1 x 0,50 m) reliés par deux arcs en anse de panier en grès rouge ; la hauteur des arcs est de 3,10 m, celle de la voûte de 5,30 m ; dans l’angle sud‑ouest, on remarque une ouverture large de 0,90 m en partie obstruée par les éboulis, qui communiquait avec la tour d’angle aujourd’hui disparue ; cette cave est éclairée par quatre soupiraux donnant dans la cour ; le sommet de cette cave s’élève à 2,30 m au‑dessus du niveau du sol ;
– le rez‑de‑chaussée se compose d’une grande pièce (10 x 14,25 m) haute de 3,50 m, prenant jour du côté nord sur la cour par quatre grandes fenêtres (1 x 2 m) en grande partie obturées ;
– le premier étage présente la même disposition ; il s’éclairait par trois fenêtres du xvie s. qui ont conservé leurs meneaux et traverses ; à droite de ces baies, c’est‑à‑dire dans l’angle nord‑est, on remarque deux montants verticaux et l’amorce d’une voûte sur croisée d’ogive dont J. Choux a retrouvé la clef de voûte aux armes des Bayer de Boppart ; ces éléments correspondent à une belle fenêtre ogivale en arc brisé dont le remplage existe toujours ; sur le mur extérieur, au niveau supérieur de cette fenêtre, il reste un cul‑de‑lampe mouluré de style classique ; il supportait une chaire à prêcher en pierre, comme le montre la gravure de 1830 (fig. 99) ; la toiture du bâtiment s’est effondrée ; si des travaux de dégagement ne sont pas entrepris rapidement, la voûte de la cave, sur laquelle reposent tous les gravats, finira par s’effondrer.

FIG. 98 – Moyen ‑ Cave du bâtiment sud.

FIG. 99 – Moyen – Côté ouest en 1830. On remarque au premier plan la basse‑cour puis le fossé intérieur envahi par la végétation. A gauche, vestiges de la porterie flanquée de deux tours ruinées. A droite, corps de logis sud‑ouest avec sa chaire à prêcher (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.

L’avant‑corps

860Ce bâtiment, édifié au xviexviie s., prend appui sur le précédent, mais n’en respecte pas l’orientation. Il est percé de nombreuses baies à meneaux tournées vers le nord au niveau du premier étage. Ce double bâtiment communiquait avec la cour de la chapelle, voire la chapelle elle‑même, par un couloir parallèle à la courtine sud.

■ Datation

8611296, 29 juin : « Je Ferris dus de Lorreigne fas savoir à tous que […] mes sires Symons chevaliers de Parroe ait cogneu que le fief que Perrins dis Sancerons de Vy escuiers tenoit de lui en la ville de Moiens on ban et on finaige dicelui en quelque menière que ce fust en la voerie de Moiens […] li dis Symons chevaliers la done […] à noble home […] Hanri signour de Blanmont […] por raison des bienfaits et des aides que il li ait fait plusours fois […] » (ADMM B 380, no 15).

8621323 – Henry Dauphin, évêque de Metz se plaint auprès de Ferry IV duc de Lorraine car « les bourgeois de Luneville et ceux des villages voisins firent une course sur les terres de la châtellenie de Moyen » (Bénédictins 1973, 2 : 521).

8631325, 15 mai – Henri Dauphin évêque de Metz engage à Simon de Parroy le château et la châtellenie de Moyen ainsi que la ville de Vathimenil pour la somme de 2 000 livres tournois (Marichal 1903‑ 1908, 1 : 143).

8641326, 13 juin : « Je Symons de Marchenville, sires de Parroies, chevalier fais savoir […] ke com reverend pere en Dieu me sires Lowis de Poitiers […] evesques de Metz fut tenu à moy par raison de […] Renault de Bar, evesques de Mets, que fut et de seignour Henric Dalphin jadis esleüs confermei de Mets, devanteriens mondit seignour Lowy, en la somme de 6 700 livres de bon petits tournois […] pour quelles sommes d’argent je en avoie en main et en waige […] le chastel de Moien, les villes de Moien et de Wauthie‑mesnil et toutes les appartenances Remereville Busoncourt et tout ce qui y appent et cent livres de terre que j’avoie aussi en salines de Marsaul et de Moïenvy, de toutes lesquelles choses je avoie bonnes lettres […] lesquelles lettres chastel, ville bans et appartenances […] et les lettres aussi que avoie de 12 000 livres […] je ay rendues et delivrees à […] Lowy, evesques de Mets […] c’est assavoir […] que l’en ay acquiteit et acquite 320 livres de boins petits tournoiz, ensi demoure qui me doit encor 4 400 livres […] pour lesquelles il m’ait assigneit 440 livres de terre […] a panre […] chascun an […] en deniers, en salines de Marsaul et de Moïenvy […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : 73‑74).

8651332 – Adhemar de Monteil, évêque de Metz, engage à Liebault, voué d’Epinal, divers biens en paiement de 400 livres de petits tournois qu’il lui doit : « […] pour avoir gardé son chastel de Moyen […] » (Choux 1956 : 141‑151).

8661342 – Adhemar de Monteil, évêque de Metz, engage à Raoul Ier, duc de Lorraine, les châteaux, villes et châtellenies de Ramberviller et de Moyen (MS 820).

8671344, 23 août – Traité de paix entre le duc de Lorraine et l’évêque de Metz : « Raoul reçoit 10.000 livres et qu’au lieu de Moyen et Ramberviller qui avaient été cédés à Raoul, Adhemar lui laisserait […] Turquestein avec tout ce qu’il possédait dans le diocèse de Metz. » (Bénédictins 1973, 2 : 541)

8681392 : « Ce sont les droits des seigneurs et les usages des prud’hommes de la ville de Moyen, rapportés […] par devant Jean Cornet châtelain. » (MS 820, p. 31)

8691393, 31 mars – Acte par lequel Enguerrand de Coucy reconnaît que les châtellenies de Ramberviller et de Moyen qui lui avaient été engagées par Raoul de Coucy, évêque de Metz son cousin, peuvent être rachetées par celui‑ci et ses successeurs (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8701393, 5 octobre : « Nous, Raoul de Coucy, […] evesque de Metz faisons scavoir à tous que comme pour le temps de nos predecessours evesques de Metz […] plusieurs membres eu parties de la terre de nostre eglise et evesché de Metz ensy comme le chastel de Moyen pres de Gerbeviller, ensemble ses appartenances […] ayant esté engagiez […] auxy le chastel, la ville et la chastellenie de Hombourg […] nous […] avens prie […] la citey de Mets quils nous voulxissent prester […] seix mille francs d’or du coing du roi de France de laquelle somme nous avons arecouvrey aucune pièce de nostredit terre engagee et voulons encor recovrer […] une autre piece […] » (Bénédictins 1973, 4 : 434).

8711396, 4 mars – Transport fait par Jacques d’Amance à Jean Wiss de Gerbeviller du quart du château et des terres de Moyen que Raoul de Coucy, évêque de Metz, lui avait engagé, ainsi qu’à Henri d’Ogeviller (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8721420, 22 février – Henri de Fenetrange et Jean de Haraucourt cèdent à Conrad Bayer de Boppart, évêque de Metz, leur droit de retirer des mains de Jean Wiss le quart du château et des terres de Moyen que lui avait engagé Jacques d’Amance leur beau‑père (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8731420, 7 octobre – Traité d’alliance entre Conrad Bayer, évêque de Metz, et Henri d’Ogeviller touchant la forteresse de Moyen (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8741421, 3 avril – La veuve et les héritiers de Jean Wiss acceptent le traité qui précède (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8751425, 27 juin – Retrait fait par Conrad Bayer évêque de Metz des mains d’Henri d’Ogeviller de la moitié de la forteresse de Moyen (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8761429, 13 janvier : « […] les gens du dict evesque nommé Jehan de Bart Jehan Henrion et plusieurs aultres vindrent coure devant Epinal et prinrent deux bourgeois du dict lieu, nommé Jehan Malotte et l’autre le bon Richart, trois jeunes enffans avec eulx, V chevaulx et quatre asnes, les emmenèrent on chastel de Moyen qui est au dict evesque et ilec les detinrent prisonniers par long temps. » (Choux 1956 : 142)

8771429, 8 mars – Les gens de l’évêque de Metz lancèrent une nouvelle opération contre Epinal et en rapportèrent « XII vingt grosses bêtes que buefz, que chevaulx, que vasches et aussi plusieurs corps d’ommes et enffans qu’ils emmenèrent prisonniers audict lieu de Moyen » (Choux 1956 : 142).

878vers 1444 : « Conrad Bayer de Boppart, évêque de Metz, commença à bâtir le château de Moyen vers l’an 1444. Le bourg de Moyen était alors entre les mains du seigneur d’Ogeviller. Conrad de Bayer l’en retira et y fit bâtir tout à neuf un château sur une hauteur, vis‑à‑vis le village de Moyen. On remarque que les bourgeois d’Epinal, qui appartenaient alors à l’évêque de Metz, y étaient commandés et y venaient travailler par corvée. Les seigneurs des environs en murmurèrent. L’évêque ne s’en mit pas en peine et nomma ce château « qui qu’en grogne », pour marquer le mépris qu’il faisoit de leurs discours. Il unit à la châtellenie de Moyen le ban de Saint‑Clement, qu’il avait acheté du chapitre de sa cathédrale […] » (Calmet 1973a, 1 : col. 926‑927).

879vers 1440‑1450 : « Depuis que l’évêque Conrad se vit déchargé du soin des affaires de la Lorraine, il s’appliqua tout entier à celles de son diocèse. Il fit faire beaucoup de logements dans son château de Vic‑sur‑Seille, commença le château de Baccarat, répara celui de Ramberviller, retira des mains de Rodolphe de Morsberg la forteresse d’Albestroff, (celle) de Moyen, racheta la Garde […] ; comme avant lui les maisons fortes de l’évêché n’étoient pas meublées et que les gens de la campagne étoient obligés d’y transporter des meubles lorsque les évêques y alloient, il para à cet inconvénient en les faisant meubler […] » (Bénédictins 1973, 2 : 653).

8801453, 30 novembre – Retrait fait par Conrad Bayer évêque de Metz des mains de Jean Wiss de Gerbeviller de la huitième partie de la forteresse de Moyen (Marichal 1903‑1908, 1 : CXVI).

8811484, 5 février – Lettre de Georges de Bade : « George, par la grâce de Dieu evesque de Mets […] Escript en notre chastel de Moyen. » (Bénédictins 1973, 6 : 289).

8821484, 11 octobre : « George de Bade, évêque de Metz, mourut au château de Moyen le II octobre 1484 d’où son corps fut rapporté à Metz et enseveli dans sa cathédrale. » (Calmet 1973b, 1 : col. 927)

8831496 : « […] les habitants dudit Moyen avaient […] comme appert par un compte de l’an 1496, grand nombre de loges au dedans dudit ceint et clos, arrentées à un chapon l’une […] » (MS 820, p. 41).

8841587 – Supplique des habitants de Moyen au duc de Lorraine : « Les manans et habitants du bourg de Moyen très humbles et très obeissans a Monseigneur de Metz vous font en toute humilite remonstrer comme en ceste année […] ils ont supporté une perte inextimable en leurs biens […] en premier lieu par une gresle et tempête […] qui leur aurait desgaté tous leur bledz orze avoine et aultres semence […] secondement ils auraient reveu les gens de guerre armee a plusieurs fois et qui ont faict seivices a leur villaige et dans ce chasteau ou ilz avoient mis le principal de leur meuble de peur destre robé et pillé par lennemy qui estait prest a passer par lesquelz gens de guerre ils ont esté pillez, robez en leur meubles tant ceulx quilz avoient laissé en leur maison que ceulx quilz avoient sauvé audit chasteau oultre leur bestail pris et emmené. Finallement les gens de guerre […] auraient bruslé une grande partie de leur dit bourg de sorte quilz sont reduitz en une grande pouvrete […] lesquelles pertes […] ilz ont faict entendre a Monseigneur de Metz […] en consideration dicelles il luy a pleu leur quicter […] les redevances […] pour ladite année […] Et pour ce que lesdits remonstrans sont redevables a votredite Altesse […] a votre recepte de Luneville pour cause de garde hereditaire […] ils supplient […] votre Altesse […] de leur vouloir quicter pour ceste fois ladite avoine et poulle […] » (ADMM B 6689).

8851605 – Rapport de droits des habitants de Moyen : « Monseigneur a son château audit Moyen auquel echeant quelques reparations ou refections, les sujets de Moyen, Vathimenil et Mervaville sont obligé des faire les charrois des materiaux necessaires sans qu’il leur soit dû par mondit seigneur aucune chose pour lesdits charrois. Et doivent de plus entretenir et reparer de tous entretments, ouvrages et choses necessaires, à leurs frais et depens tant la porterie dudit château comme les murailles et tours de dernier ceint qui environne la basse cour et ce en consideration qu’en temps de trouble, ils peuvent refugier leurs biens et bestiaux audit ceint pour y être gardés et conservés. Et à cet effet, les habitants dudit Moyen avaient anciennement, comme appert par un compte de l’an 1496 grand nombre de loges au dedans dudit ceint et clos arrentées à un chapon l’une ; et y en restent encore à present deux vieilles. Lesdits habitants de Moyen, Vathimenil et Mervaville sont tenus à la garde dudit château, toutes fois et quantes que metier fait besoin est et qu’ils en sont interpellés ; et d’ordinaire doivent fournir deux hommes pour, par chacune nuit, y faire le guet, et sont obligés de payer au portier dudit château 18 francs par chacun an, savoir : ceux dudit Moyen 12 francs par chacun an, et ceux de Vathimenil 6 francs […] Les habitants du dit Moyen et Voithimenil sont tenus de faire les charrois du gros bois et des fagots necessaires pour l’affouage dudit château soit que Monseigneur y reside ou qu’il y ait seulement son officier, et doivent faire lesdits charrois toutes les fois qui leur sont commandés en recevant pour toute reconnaissance, pour un chacun laboureur, pour chacun charroi qu’il fait, deux miches de pain du poids de demi livre. » (MS 820).

8861635, 15‑19 septembre – En 1635, le duc de Lorraine, Charles IV, occupa Rambervillers et Moyen. Le Maréchal de la Force reçut l’ordre de l’en chasser. La Gazette de France du 3 octobre 1635 relate les évènements survenus à cette occasion : « Le XV septembre se tint conseil de guerre où furent trois propositions, d’aller attaquer le retranchement des ennemis (Rambervillers), de prendre un poste plus avancé d’une heure de chemin, ou d’assiéger le château de Moyen. La dernière fut resolue, afin de ne rien laisser derrière l’armée qui pût empêcher les vivres lesquels viennent par Nanci. La commission en fut donnée à deux heures apres midi […] au marquis de Sourdis qui partit […] avec les forces […] deux canons et deux bombardes seulement […] Il fit faire les apporches à l’entrée de la nuit en sorte que les enfants perdus se logèrent à dix pas de la porte et des murailles de la basse cour […] le reste de la nuit se passa à mettre les pieces de canon en batterie aux lieux les plus proches, si bien que le lendemain, XVI, au point du jour les guerites et defenses de la basse cour furent abattues par les bastardes et les deux gros canons firent brèche à la muraille de la dite basse cour bien qu’elle eut six à sept pieds d’épaisseur. Ce que voyant les ennemis mirent le feu par toute la basse cour et se retirèrent dans le château. Le reste du jour se passa à esteindre le feu. La nuit, les français se logèrent dans cette basse cour, et les deux canons de batterie furent placés à six pas de la brèche de la muraille. Le XVII, on battit la fausse braye, où l’on fit une grande brèche puis on tira à la muraille du château, qui fut trouvée si bonne que l’on resolut d’y aller par tranchées et y faire des mines ; ce qui fut fait la nuit suivante, qu’on s’alla attacher dans le fossé, au pied de la muraille de la fausse braye, où les pionniers commencèrent à travailler. Il y avait dans ce château plusieurs personnes qui s’y étoient retirez, les uns pour l’apprehension ou des cruautes qu’exerçoient les Croates […] et les autres faits prisonniers, entre lesquels estoit la fille du châtelain de l’evesque de Metz, preste d’accoucher dont la mère […] escrivit au sergent‑major du regiment de Lambertie pour essayer de la faire sortir, ce que les ennemis accordèrent et demandèrent à parler au marquis de Sourdis qui leur permit et apres quelques discours de capitulation le prièrent de les traiter en gens de guerre, ce qu’il leur accorda et ayant receu d’eux les clefs du chasteau, y fit entrer 150 soldats qu’il logea dans les tours et à la porte puis fit mettre en une chambre toutes les armes qui se trouvèrent dans le chasteau. Le lendemain XIX septembre furent ostées les terrasses de derrière les portes et les ponts raccomodés, en sorte qu’à deux heures apres midi, les ennemis en sortirent au nombre de 120 soldats (qui prirent presque tous parti dans les trouppes du Roy) et plusieurs paysans des villages d’alentour qui se retirèrent chacun chez eux. Le marquis de Sourdis, ayant laissé bonne garnison dans ce chasteau (contre lequel ont ete tirez 406 volees de canon durant le siège) retourna au camp de Magnieres avec les trouppes et le canon. » (MS 820, p. 17 à 20).

8871636, 1er février – Délibéré par lesconseillers députés par le roi pour le rasement et démolition des places et châteaux de Lorraine en la présence de Monsieur des Fossez gouverneur de Nancy. Departement de M. Fremin Gerbeviller, Moyen, […] (Calmet 1973a, 6, Col. 210).

8881639, 1er au 6 août – Les troupes françaises assiègent à nouveau le château de Moyen qu’une garnison lorraine avait réoccupé. La Gazette de France du 4 septembre 1639 en donne le récit : » Le Sieur du Hallier […] assiegea cette place il y a cinq semaines, laquelle se trouva forte d’assiette estant bâtie sur une haute roche […] environnee de quatre bastions royaux et de huit grandes tours avec ses dehors. La maçonnerie de ses murailles estoit telle que cinq cent coups de canon tirez contre elles ne les avoient fait que blanchier […] Le sieur du Hallier […] fit faire […] un fourneau sous la muraille qui faisait la clôture de la basse cour de ce château et devant le glacis d’icelui, auquel fourneau il fit mettre le feu le six du courant […] L’effet fut tel qu’il fit brèche à passer plus de trente hommes de front. Le sieur du Hallier […] commanda […] de sommer le sieur Thouvenin, capitaine […] dans ce château de Moyen […] de le remettre entre les mains du roi […] Le sieur du Hallier […] a accordé au sieur Thouvenin […] qu’il sortira, lui, son lieutenant ses officiers et soldats en liberte […] les femmes et enfants ensembles et ce dans demain septième de ce mois à dix heures du matin à condition que dès aujourd’hui sixième, sur les quatre heures du soir il remettra entre les mains du sieur du Hallier le donjon et la tour de la lanterne afin d’y recevoir des troupes du roi […] » (MS 820).

8891639 – Seconde version du siège de Moyen : « Duhallier, Gouverneur de Nanci, Maréchal de France […] alla assieger le château de Moyen. Thouvenin, capitaine du régiment de Saint‑Baslemont y estoit enfermé avec seulement cent hommes. Le siège commença le premier août 1639 et le château ne fut pris que le quinze septembre de la même année : on y tira plus de quatre mille coups de canon ; il y avoit déjà deux brèches de faites et on étoit prêt à donner l’assaut, lorsqu’on donna avis à Duhallier qu’il avoit un côté où il étoit plus aisé de faire breche. Il tourna sa batterie de ce côté‑là et en vingt quatre heures on fit une nouvelle breche de quarante pas. Comme on se disposait à donner l’assaut, Duhallier, par le conseil de Lenoncourt, fait une nouvelle sommation à Thouvenin ; il l’accepte et obtient telle capitulation qu’il avoit demandée quelque temps apres cette forteresse demolie […] » (Calmet 1973b, 1 : col. 927).

■ Historique

890Au xiie s., les principales abbayes lorraines possédaient des biens à Moyen. L’essentiel appartenait à l’abbaye de Senones. Celle‑ci céda ses possessions en 1224 à l’évêque de Metz, Jean d’Apremont. Elle ne conserva que la présentation à la cure et les dîmes. Avant 1296, il existait une avouerie à Moyen, mais nous ne pouvons préciser son importance. Les sires de Parroy y tenaient un fief qu’ils cédèrent à Henri de Blamont. Les évêques de Metz édifièrent un château et organisèrent une châtellenie à Moyen avant 1323. Ils furent amenés à engager ce château à plusieurs reprises au cours du xive s. Simon de Parroy‑Maxéville en fut le bénéficiaire en 1325 et 1326, puis le duc Raoul Ier de 1342 à 1344, suivi d’Enguerrand de Coucy avant 1393. Les évêques purent récupérer ces gages. Par contre, ils engagèrent un quart du château et de la seigneurie à Jacques d’Amance et Henri d’Ogeviller avant 1396 et eurent des difficultés à le reprendre. Il est vraisemblable que le château se composait alors d’une enceinte quadrangulaire flanquée de quatre tours circulaires.

891Conrad Bayer de Boppart, évêque de Metz (1415–1459), ajouta le ban de Saint‑Clement à la châtellenie de Moyen. Il racheta en 1420 le gage de Jacques d’Amance et en 1425 la moitié du château détenue par Henri d’Ogeviller. En 1429‑1430, il se rendit à Rome et prit résolument le parti de René Ier et d’Isabelle de Lorraine contre le comte Antoine de Vaudemont soutenu par les Bourguignons. Conrad fut capturé le 2 juillet 1431 à la bataille de Bulgnéville. En 1438, René Ier le nomma membre du Conseil qui administra les duchés durant l’expédition du duc en Italie. Le 13 octobre 1440, l’évêque fut arrêté par surprise par un groupe de Lorrains et emprisonné à Condé‑sur‑Moselle (Custines). Il renonça alors à participer au gouvernement des duchés. Le temporel de l’évêque de Metz en Lorraine du sud était alors l’objet de graves menaces. Depuis 1425, un grave conflit opposait la ville d’Epinal à Conrad. En 1429, les bourgeois se placèrent sous la protection de René Ier, puis sous celle de son fils, Louis, en 1441, pour se donner en 1444 au roi de France, Charles VII. Les Bourguignons développaient depuis 1431 leur influence à partir de leur bastion de Chatel‑sur‑Moselle. Dans ce contexte, Conrad renforça le château de Baccarat en 1433, celui de Rambervillers avant 1459 et reconstruisit celui de Nomeny vers 1440. Il est tout à fait vraisemblable que Moyen, qui contrôlait la vallée de la Mortagne vers Rambervillers et la vallée de la Meurthe vers Baccarat, ait été l’objet de l’attention de l’évêque.

892Plusieurs points de la tradition rapportée par Dom Calmet doivent être reconsidérés :
– le château de Moyen n’est pas une construction ex‑nihilo du xve s. ; il prend la suite d’une forteresse édifiée après 1224 et avant 1323 ;
– l’évêque de Metz récupéra Moyen dès 1425, engagé à Henri d’Ogeviller, et n’attendit pas 1444 ;
– il est peu vraisemblable que les bourgeois d’Epinal, qui dépendaient du roi de France à partir de 1444, aient participé par corvées à la construction du château.

893Si nous admettons que les travaux de l’évêque Conrad furent réalisés entre 1425 et 1444, les deux dernières objections disparaissent. L’évêque aurait commencé les travaux de reconstruction du château dès que l’ancienne forteresse fut désengagée. Le duc de Lorraine, conscient de l’intérêt de ces travaux pour la protection du sud de la Lorraine contre les Bourguignons, obligea peut‑être ses protégés, les bourgeois d’Epinal, à y participer après 1429.

894L’étude des vestiges architecturaux nécessite plusieurs observations :
– les baies surmontées d’un tympan trilobé et la porte principale que l’on trouve au rez‑de‑chaussée du bâtiment nord sont de style gothique datable du xive s. ; il en est de même pour la baie obstruée du bâtiment sud‑ouest ; il est possible que ce style se soit maintenu durant le premier tiers du xve s. ;
– les baies de style gothique flamboyant de la chapelle datent du xve s. ;
– les courtines, les tours et la fausse braie du château sons des constructions du xve s. ; nous avons vu que les textes permettent de les dater des années 1425‑1444 ; leur style n’infirme pas cette datation ;
– les baies à croisées et traverses sont de l’extrême fin du xvie‑début xviie s. ; il en est de même du cul‑de‑lampe qui supportait une chaire, et du bâtiment qui futaccolé à celui qui occupe l’angle sud‑ouest ; ces éléments traduisent l’importance des réparations qui furent effectuées au château après les destructions occasionnées par les troupes protestantes du duc Casimir en 1587.

895La dernière interrogation concerne la date exacte de construction de la grande enceinte extérieure. Le texte de Dom Calmet n’en parle pas. Nous savons qu’elle existait en 1496. Si elle est l’œuvre de l’évêque Conrad Bayer, donc antérieure à 1459, elle constitue une importante innovation dans l’architecture militaire en Lorraine médiévale. Nous ne connaissons aucun exemple de ce type dans notre région pour cette période. Il est possible qu’elle ait servi de modèle pour la construction du rempart de Condé‑sur‑Moselle (Custines) édifié en 1490‑1492.

Nomeny « le château »

■ Localisation

896Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Etienne.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1139,9 x 885.
Toponyme : nom latin Numerius et suffixe acum.

■ Vestiges

897Le château est situé entre 210 et 215 m dans la partie inférieure du coteau très raide qui domine la rive droite concave de la Seille coulant à 184 m d’altitude. La ville de Nomeny s’étage entre le château et la rivière. Elle est à l’abri des crues fréquentes de ce cours d’eau. La rive gauche a aussi une assez forte pente. La vallée n’est large que de 250 m à cet endroit, ce qui empêche la formation d’une plaine alluviale marécageuse comme on en rencontre tout au long de la Seille, en amont et en aval de Nomeny. Cet élément est déterminant pour expliquer la fondation d’un pont dès l’Antiquité. Au Moyen Age, l’important chemin saunier qui reliait la région de Dombasle, Einville et Vic‑sur‑Seille à Metz empruntait ce pont.

898Revenons au site castral proprement dit. Il jouit d’une vaste vue sur la vallée et sur le pont, à l’est et au sud. Vers le nord et l’ouest, la vue est au contraire fort réduite en raison du sommet du coteau qui culmine à 218 et 221 m. Le château ne bénéficie d’une protection importante que du côté sud avec la pente et la ville (fig 100). Il est, par contre, vulnérable sur les côtés nord et ouest. On est en mesure de se demander pourquoi les constructeurs ne l’ont pas installé au sommet du coteau.

FIG. 100 – Nomeny ‑ Plan cadastral de 1820 section F1.

899Le château de Nomeny ne bénéficie d’aucun entretien et se dégrade rapidement. Il est pourtant un des rares vestiges antérieurs à la Première Guerre mondiale dans cette ville ruinée par le conflit mondial. Installé dans le haut de la ville, il est isolé du coteau marneux au flanc duquel il s’accroche, par de profonds fossés encore visibles au nord. Côté sud, une vaste terrasse rappelle l’emplacement d’une basse‑cour. Le château se présente comme un quadrilatère irrégulier (50 x 40 m) avec entrée à l’est, du côté de la ville (fig. 101,102)

FIG. 101 – Nomeny – Plan du château en 1980.

FIG. 102 – Nomeny – Vue aérienne en 1960.

900Deux vestiges de tours circulaires apparaissent encore aux angles nord‑est et sud‑ouest et une curieuse tour polygonale au nord‑ouest. L’ensemble est soigneusement appareillé en petits blocs de calcaire marneux hauts de 0,15 m.

901Le côté sud vers la ville est coupé en deux par l’entrée. A l’ouest de celle‑ci, on remarque un mur épais d’un mètre, fort abîmé. Il est impossible de dire si une tour a existé dans l’angle sud. A l’est de l’entrée, nous retrouvons un mur de même type. Son sommet ne dépasse que de 0,50 m du niveau actuel de la cour du château. Par contre, la hauteur extérieure de ce mur est encore d’environ 4 m. L’entrée a la forme d’une nasse, large d’abord de 10 m, puis se rétrécissant jusqu’à 5 m. Sa longueur est de 15 m. Son niveau est de 3 m en‑dessous de celui de la cour. Une épaisse végétation l’a envahi. Cette dénivellation correspond au remblai très important que l’on a effectué dans la cour du château au xviiie s. pour en faire un jardin.

902De la tour est (fig. 103) qui a encore fière allure, il ne subsiste qu’un peu plus de la moitié. Elle a un diamètre extérieur de 11 m, des murs épais de 2 m et possède quatre niveaux. Le rez‑de‑chaussée possède encore un soupirail bien conservé, une haute porte qui débouchait autrefois dans la cour intérieure, et la moitié d’une ouverture ébrasée (peut‑être une bouche à feu) ouvrant vers le fossé extérieur. A un mètre au‑dessus du sol, on remarque des trous de poutres qui supportaient un plancher. Le premier étage conserve deux ouvertures dont les encadrements ont été arrachés. Le second étage a trois ouvertures dont une murée. Le troisième étage est en grande partie ruiné. Il ne reste qu’une seule ouverture.

FIG. 103 – Nomeny – Tour nord‑est en 1980.

903Le côté nord‑est est précédé par un fossé large d’environ 10 m. Le mur de courtine haut de 7 m, a une épaisseur de 2,20 m. On note remplacement d’une fenêtre.

904La tour nord est un très puissant massif de maçonnerie qui protège l’angle le plus menacé du château. La face qui donne dans la cour du château est assez bien conservée (fig. 104). Les bâtiments qui longeaient les murs de courtine nord‑ouest et est prenaient appui sur cette tour : les traces de départ de leurs murs sont encore visibles.

FIG. 104 – Nomeny – Tour nord‑ouest, vue de la cour en 1980.

905Des galeries étroites, aujourd’hui obstruées, donnaient accès à de petites salles. La tour a perdu son angle extérieur (fig. 105), ce qui laisse entrevoir la structure intérieure. Remarquons un vestige de petite salle, ou casemate, dont il ne reste que le fond. Il y en avait une autre en‑dessous, mais elle a été bouchée. Ces vestiges mesurent 7 m de haut depuis le niveau du square actuel. Si l’on y ajoute les 5 m du fossé et si l’on considère que le sommet de la tour a disparu, on devrait approcher des 15 m de haut.

FIG. 105 – Nomeny – Tour nord‑ouest, vue de l’extérieur. Les anciens fossés sont occupés par un jardin public.

906Du côté nord‑ouest, le mur de courtine est long de 33 m, large de 2 m et encore haut par endroits de 5 m. Le fossé qui le précède a été en partie comblé. Le parement est en mauvais état. On remarque une large brèche dont la partie supérieure semble avoir été voûtée.

907De la tour ouest il ne subsiste qu’une pile de maçonnerie (12 x 4 m). Au rez‑de‑chaussée, on note l’amorce de la forme circulaire de la tour et une embrasure haute de 1,20 m. Au milieu de ce massif, on remarque une autre partie d’embrasure ou de salle voûtée.

908Du côté ouest, le mur est long de 33 m. Le parement a disparu. La largeur n’excède plus 1,50 m. Il a pratiquement disparu du côté nord‑ouest. Puis sa hauteur passe de 1 à 3,5 m et enfin à 5 m vers l’angle sud‑ouest, là où le fossé est encore bien apparent.

■ L’apport des gravures anciennes

Cadastre de 1820

909Il restitue la topographie de la ville de Nomeny (fig. 100).

910Les remparts urbains sont très visibles côté est. Un fossé (no 504) transformé en verger les précède. La « porte haute » (no 540) s’ouvre sur le chemin de Rouves et Metz. Côté sud, ils longent la Seille où est établi un ancien moulin. Une poterne permet d’accéder à la rivière (no 466). Au xviiie s., on éleva un grand corps de casernes (no 463). Dans l’angle sud, la « porte basse » débouchait sur le grand pont enjambant la Seille. A côté, la berge était aménagée en port. On distingue encore assez bien le tracé ouest des remparts où il n’y avait pas de porte. Ces remparts se raccordaient aux fortifications castrales.

911Le château : ce plan nous révèle l’existence certaine de la tour sud dont une base arrondie apparaît. Les trois autres tours sont bien visibles. L’angle nord‑est possède encore des vestiges de constructions. Dans la cour intérieure, nous voyons un puits. Des fossés entourent le château et prolongent ceux de la ville.

912La basse‑cour occupait la vaste parcelle à l’ouest du château. On y accédait certainement par une petite entrée située dans l’angle sud, dans le prolongement de la « rue des Ecuries ». Les remparts et les fossés de la ville entouraient cette basse cour. On peut penser qu’elle s’étendait devant l’entrée du château et que la porte principale s’ouvrait dans l’axe de la rue du château.

913Les « grands jardins » occupaient le sommet du coteau au nord‑ouest du château. La parcelle no 14 correspond au nouveau cimetière établi au xviiie s. en remplacement de l’ancien qui se trouvait au centre de la ville. On peut penser que c’est là que les voués de Nomeny édifièrent en 1281 leur chapelle.

Lithographie du xixe s. (fig. 106)

914L’artiste nous offre une vue du château dessinée depuis le sommet du coteau, au lieu‑dit « les grands jardins ». A droite, la tour ouest se compose d’un rez‑de‑chaussée surmonté par trois étages. Au centre, la grande tour polygonale nord présente une série de voûtes s’ouvrant sur une pièce occupant le centre de la tour. Au fond à gauche, apparaît la grande tour ronde est.

FIG. 106 – Nomeny – Lithographie du XIXe s. représentant le château vu du nord‑ouest

Favier 1898 no 2768). Bibliothèque municipale, Nancy.

Photographie de la tour nord‑ouest (Anonyme 1919)

915On remarque l’intérieur de la tour et les départs de murs en biais qui constituaient un éperon à pan coupé (fig. 107).

FIG. 107 – Nomeny – Tour nord‑ouest en 1919. (Anonyme 1919).

■ L’architecture du château d’après les textes

916Nous disposons d’un inventaire en date du 30 juin 1613 qui énumère le mobilier du château dispersé dans une série de pièces. D’autre part, les registres de compte du marquisat nous sont parvenus pour une période tardive. Ils ne commencent qu’en 1612 et se poursuivent de façon régulière jusqu’en 1634, soit 26 registres. Nous possédons les registres de 1642 et 1643, puis de 1661, enfin ceux de 1661 à 1669. Ils contiennent des mentions de réparations. En recueillant, puis en confrontant ces indices souvent ténus, il est possible d’énumérer les principales parties du château. Malheureusement, il n’est pas toujours possible de situer précisément les pièces et les bâtiments les uns par rapport aux autres, ni de les situer sur le plan du château.

Les extérieurs

917La basse‑cour se trouvait devant le côté est du château ; elle était entourée d’un mur qui allait s’appuyer sur les remparts de la ville. C’est ainsi que nous interprétons le texte suivant datant de 1620 :

918« […] payé […] au sieur Claude Rollin [...] vingt deux francs monnoye de Lorraine pour fasson et fourniture des matériaux […] employés a rehausser et relever la muraille qui défend la bassecourt du chasteau dudit Nommeny et icelle porjetter en dehors reignant icelle muraille depuis la grosse tour qu’est proche du pont‑levis jusques a une autre petite tour qu’est au devant et a l’endroit de la porterye. » (ADMM B 8015, fol. 27v).

919A l’intérieur, se trouvaient la grange aux dîmes (ADMM B 8013, fol. 32r), deux grandes écuries dont l’une était surmontée par la chambre des palefreniers (ADMM B 8013, fol. 32r), une petite écurie (ADMM B 8013, fol. 29) et un puits à balancier (ADMM B 8006, fol. 28v). L’issue de la basse cour était protégée par une barrière en bois (ADMM B 8004, fol. 18r).

920Les jardins : il existait un grand et un petit jardin entourés de murs (ADMM B 8013, fol. 29) et situés à l’ouest du château (ADMM B 11747, fol. 1784).

921Les fossés : le château était entouré d’un fossé en avant duquel on élevait une palissade en cas de danger, comme nous l’apprend un document de 1621 :

922[…] à Girard maître charpentier pour […] avoir abattu et mis en charroi vingt quatre pièces de bois de marnaige ostées du bois appelé l’Alouette […] icelles scier et mettre en estat de faire palissade sur le bord des fossés dudit chasteau du costé de la ville qu’avoit fait icelles palissades de sept pieds et demy de hauteur […] » (ADMM B 8016, fol. 27v).

Le château

Les entrées

923La porterie se situait en avant de l’entrée principale du château, côté est. Une grande porte (ADMM B 8006, fol. 28v) donnait accès à une cour intérieure où prenaient jour une chambre basse et une chambre haute (ADMM B 8006, fol. 32v). Au sous‑sol, une cave (ADMM B 8013, fol. 27v). Un escalier donnait accès à deux petites tours surplombant la porte (ADMM B 8004, fol. 22v ; B 8010, fol. 33v). Le portier logeait dans cette construction (ADMM B 8000, fol. 26r ; B 8043, fol. 110r).

924L’entrée se composait de plusieurs parties : le grand pont‑levis à bascule enjambait un fossé (ADMM B 8016, fol. 25) ; le petit pont‑levis à bascule se trouvait à côté (ADMM B 8002, non folié), puis, la grande porte bardée de fer, surmontée de deux petites tours (ADMM B 8004, fol. 19v). La fosse où logeait la bascule du pont‑levis était couverte par un plancher en chêne (ADMM B 8006, fol. 29r). Cette entrée traversait le corps de bâtiment est. Au‑dessus, il y avait la « chambre de la Reine » avec une garde‑robe et enfin un grenier servant de remise (ADMM B 840, no 75).

925La cour intérieure était pavée (ADMM B 8002, non folié). On y trouvait un puits (ADMM B 8020, fol. 22). Son niveau était inférieur au niveau actuel. Ce n’est qu’au xviiie s. qu’on combla l’intérieur pour le transformer en jardin.

926La poterne se trouvait sur le côté ouest du château et permettait d’y entrer sans être remarqué des gens de la ville (ADMM B 8004, fol. 16v). Elle se composait d’une porte à deux battants (ADMM B 8004, fol. 16r) s’ouvrant sur un étroit pont‑levis ou planchette à bascule (ADMM B 8006, fol. 24v). Elle était protégée par une « petite fenêtre en forme de canonnière laquelle n’est point éloignée de terre » (ADMM B 8006, fol. 33r). Ces vestiges sont encore visibles et ont été décrits dans le précédent chapitre. Au‑dessus de la poterne, il y avait une galerie (ADMM B 8015, fol. 30v) faisant office de hourd et une chambre avec un petit cabinet (ADMM B 840, no 75). Au xviie s., les textes la désignent sous le nom de « fausse porte » (Lepage 1853, 2 : 240).

Les tours

927Les textes mentionnent quatre tours. Malheureusement, elles sont désignées d’une façon peu explicite, voire confuse, ce qui rend difficile leur identification avec les vestiges actuels.

928La grosse tour possédait une « plate‑forme » pourvue d’artillerie, et une ou deux chambres à l’intérieur (ADMM B 840, no 75). Le toit était muni d’une lanterne en verre (ADMM B 8008, fol. 24). En période de danger, on y installait une cloche pour donner l’alerte (ADMM B 840, no 75). A l’intérieur de la tour, il y avait un escalier de dix‑sept marches en bois. Un second escalier était nécessaire pour accéder à la lanterne. Elle semble correspondre à l’actuelle tour nord.

929La tour « qui regarde vers la ville, du costé de la porte dudit château » ou encore « tour qui donne dans la rue du Bon Puy » : elle possédait une chambre haute munie d’un fauconneau sur affût en 1613. C’est la tour sud à présent totalement disparue. La tour « auprès de la porte dudit château » : elle avait une chambre dite « des vieux meubles » où étaient déposés en 1613 des moules pour balles de fauconneau et, dans un petit cabinet attenant, quatre tonnelets de poudre (ADMM B 840, no 75).

930La tour « qui regarde vers la Porte ault » : elle possédait une chambre haute et une chambre basse. C’est la tour est.

931Les tours étaient adaptées à l’artillerie et possédaient au moins deux niveaux sur rez‑de‑chaussée.

Les salles d’apparat

932La grande salle se trouvait au premier étage puisqu’on y accédait par un grand escalier depuis la cour (ADMM B 8012, fol. 33 ; B 8004, fol. 21). Elle possédait une cheminée, peut‑être deux (ADMM B 8006. fol. 25v) et une grande porte (ADMM B 8020, fol. 22). Au‑dessus, il y avait un grenier (ADMM B 8048, fol. 112r). Un mur la séparait de la chambre du duc (ADMM B 8014, liasse non foliée). Elle était située du « costé des champs » (ADMM B 8000, fol. 32r), c’est‑à‑dire côté nord‑est. En 1613, elle renfermait une table et un banc de noyer, une crédence, six tableaux et un jeu de billard.

933Le « cabinet des armes » possédait, en 1613, une quantité impressionnante d’armes à feu et d’armes blanches. On y trouvait une cheminée. Ses fenêtres donnaient sur la cour et sur la ville. Il se trouvait côté sud. A côté de l’entrée, il y avait un escalier (ADMM B 8006, fol. 24r).

Les chambres

934Nous ne reviendrons pas sur les chambres situées dans les tours. En plus de celles‑ci, nous connaissons en 1613 : la chambre de M. de Mercœur et le « cabinet des livres » attenant ; la chambre et le cabinet de M. de Vaudemont ; la chambre et le cabinet proches de la précédente et situés au‑dessus de la « sallette » ; la chambre et le petit cabinet au‑dessus de la poterne ; la « chambre des enfants » avec une garde‑robe au‑dessus des offices ; la chambre près de la « sallette » (ADMM B 840, no 75) ; la « chambre du châtelain » (ADMM B 8006, fol. 27r) ; la chambre derrière la salle du commun (ADMM B 8006, fol. 27r). Chacune possédait une cheminée. Certaines mentions de travaux évoquent, sans les nommer avec précision, les » chambres du costé de la grande porte du château » (ADMM B 8002, non folié), ou « chambres qui regardent vers le petit jardin » (ADMM B 8002, non folié), ou encore « la chambre qui regarde sur le pont‑levis du costé de la ville » (ADMM B 840, no 75).

Les offices

935Ils se trouvaient au rez‑de‑chaussée et se composaient de larges pièces attenantes (ADMM B 840, no 75) : la « sallette » ou petite salle à manger (en 1613, elle possédait du mobilier en noyer, ce qui veut dire qu’elle servait ordinairement à la famille princière) ; « l’échansonnerie » où l’on mettait les verres ; la « saucerie » ; la « panneterie » où le pain était conservé dans un grand coffre de chêne à trois compartiments ; les cuisines composées d’une grande cuisine et d’une petite cuisine, en‑dessous, on trouvait une cave accessible depuis la cour ; le garde‑manger situé au rez‑de‑chaussée d’une tour ; la salle des communs, où les domestiques prenaient leur repas. Toutes ces pièces possédaient des fenêtres et des cheminées.

Les caves

936Nous en connaissons deux. On y descendait par des escaliers depuis la cour : la cave sous la grande cuisine (ADMM B 8013, fol. 32v), et celle sous la chapelle. Cette dernière possédait un réduit ou bouge de salpêtre (ADMM B 8004, fol. 18r).

Les greniers

937Ils couvraient l’ensemble des bâtiments du château. Nous connaissons : le grand grenier du côté du grand jardin (nord‑ouest) (ADMM B 8002, non folié) ; le grenier au‑dessus de la porte du château (sud) (ADMM B 840, no 75) ; le grenier au‑dessus de la grande salle (nord‑est) (ADMM B 8048, fol. 114r) ; le grand grenier sur la sallette (ADMM B 8002, non folioté).

La chapelle

938On y accédait depuis la cour par un escalier (ADMM B 8006, fol. 26v).

■ Datation

939Les textes nous permettent de préciser et de mieux comprendre les ruines actuelles du château.

9401242 – Texte douteux dont l’original n’a pas été retrouvé dans les références données par le chanoine Rolin qui le rapporte : « Jehan de Toullon seigneur voué de Nomeny s’est trouvé en guerre contre l’évêque de Metz Jacques de Lorraine « lequel était armé et en puissance d’armes devant son chastel et ville du dit Nomeny, pour le gagner et le détruire ». Toullon fait appel au comte de Bar, Thiebaut II, comte de Mousson, pour l’aider à lever le siège : « Ce que le dit comte lui octroîe et promet de faire moîennant que pour le remboursement des frais qu’il pourrait faire, à lever le dit siège, il recevrait pour lui et ses hoirs la moitié du chastel de Tollon, du côté ou il est assis. » (Rolin 1938 : 55‑56).

9411243, 6 janvier : « Avec une convention pour conserver la porte de Nomeny commune entre le comte de Bar et ledit de Toulon du 6 février 1243. » (ADMM B 847, no 5 ‑ déficit ‑ Analyse de l’inventaire Lancelot)

9421281, 7 novembre : « Nous Jehans et Renaus de Nomeney freres enfans Thiebaut chevalier voué de Nomeney qui fut […] avons edifice une chapelle en la ville de Nomeney en notre treffons […] en leu con dist au Muretel en la souveraine et première partie de la dite ville de Nomeney […] » (ADMM B 841, no 39).

9431308, 29 avril – Liste des griefs du clergé de la ville de Metz contre l’évêque de Bar : « Item, predictus Episcopus multitudinem hominum armatorum qui erant vassali et fideles Metensis ecclesiae de villa de Nommeney et circumvicinis partibus, apud castrum suum de Vico congrerari mandavit […] » (Bénédictins 1973, 3 : 295).

9441310‑1323 – Pierre de Raigecourt, chevalier, puis son fils Jean, écuyer, sont châtelains de Nomeny pour l’évêque de Metz (Bénédictins 1973, 2 : 501, 522).

9451331, 19 décembre : « […] Ademar […] evesque de Mes faisons savoir […] que comme […] notre predecesseur l’evesque Dalphin et nous essions […] plusieurs fois remonstré a […] Johan et Tiebalz de Nomeney seigneurs voués que pour surté de la ville […] ils se vocissent consentier et aggreer de fermer et enforcier ladite ville […] ce qu’ilz nont voulu consentir […] comme ils disoient que se la ville senforcait de fermete […] par notre force […] ne leur fut donne empêchement […] à leur haulteur seigneurie […] Toutefois […] se sont nos dessus ditz amez consentis a aggreer a icelle fermete faire […] Nous leur avons octroyé […] toute justice […], faire ung jugleur […] ung chaulcheur et colombier en leur demourance […] et […] toutes portes, yssues et entrées de ladite Nomeny leur seront ouvertes de nuyt et de jour pour entrer a toutes les heures quilz leur plaira a grant force ou a petite a armes et sans armes et en feront et poront fair guerre pour leur fait ou pour leurs amis et y recepter ce quil leur plaira. » (ADMM B 837, no 68)

9461365‑1384 : « Thierry Bayer, évêque de Metz, fit faire quantité de bâtiments. Il construisit le château de Nomeny […] » (Picart 1707).

9471395, 12 mai : « Nous Charles, duc de Loherenne […] avons receu […] de […] Raoul de Coucy […] evesque de Mets […] par […] leal wagiere […] son chastel et ville ferme de Nominey en Salnois. » (Marichal 1903 : 211‑218)

9481395, 13 mai : « […] comme reverend […] Raoul de Coucy […] fut tenu à […] monseigneur le conte de Liney et de Saint Pol en la somme de 900 francs d’or […] Ycellui eveque heust bailli et mis […] en gaige a notre dit signour le conte le chastel ville et chastellerie de Nomeny avec le ban de Delmes [...] Et y soit ensi que par certain accord fait entre ledit evesque et […] le duc de Loherenne […] le duc an rachetei […] ycelle Nomeny et paier ladite somme au dit […] conte […] » (ADMM B 840, no 78).

9491396, 14 février : « Nous Charles, duc de Loherenne […] avec […] l’evesque de Metz […] avon eschangiet […] certaines choses […] Nous, Charles […] avoir debvons […] la moitie on chastel, on bourg, en la ville de Baccarat […] et […] l’evesque de Mets […] avra, en contres‑change la tierce partie du chastel, ville et chastellerie de Nominey et du ban de Delme […] » (Marichal 1903‑1908, 1 : 185‑189).

9501421, décembre : « Willaume de Lucey chaistellain de Nomeny. » (ADMM B 8098, fol. 156r)

9511433, 8 avril : « […] René […] duc de Bar et de Lorrainne […] recongnaissons […] que messire Conrad, […] evesque de Metz, a aujourd huy rachete et retrait de nos mains […] assavoir le tiers de la forteresse et ville ferme de Nommeney, le tiers des villages appartenant à la dicte Nommeney […] Nous avons retenu et retenons […] un tiers de la forteresse et ville ferme de Nommeney. » (Marichal 1904 : 449)

9521432 : « Androuin d’Oriocourt, écuyer, châtelain de Nomeny pour l’esvesque de Metz. » (Bénédictins 1973, 5 : 246)

9531439, 13 octobre : « […] fut prins […] Conrard Bayer evesque de Metz on chastel d’Amance par le consentement des Loorains et des Barrisiens et furent prinsavec ledit evesque […] Androuin d’Oriocourt, escuyer, chastellain de Nommey qui fut blaissies […] » (Calmet 1973a : col. LXXXVIII).

9541439, décembre : « […] et on temps qu’il estait en prison on ly fist faire plusieurs crantz pour les salines, comme pour Condey et pour plusieurs autre certaines places […] cest assavoir Nommeney, Rambervaller, Baccarat et La garde […] mais tantost que ledit evesque fut fuers, il s’en vint a Nommeney et y fit tout boutter fuer ses ennemis desdites forteresses et mandait tantost aux VII de la guerre et seigneurs de Metz qu’il lours plaisit à envoyer aucuns de lours souldoyours […] lesquels seignours […] y allerent […] accompaignes de lours […] souldoyours, en la quantité de C.C. testes couvertes jusques a ladite Nommeney […] et fut ledit evesque des la minuict de Noël à matines […] » (Calmet 1973a, 5 : col. LXXXVIII et XIX).

9551442, 6 août – Accord de bourgfried entre l’évêque de Metz Conrad Bayer et Isabelle, duchesse de Lorraine : « […] Nous evesques de Mets […] avons […] mis en gaige en la main de la dite rayne […] certaine part et portions des chasteaulx villes et forteresses de Nomeney, Ramberviller, Baccarat et Fribourg […] gouverner ensemble en plus grant seurete paix tranquilite esdis chasteaulx villes et forteresses […] Et par la teneur de ces presentes faisons […] une certaine paix appelee vulgalement bourgfride en nos dessus dits chazsteaulx […] chacun de nous […] sommes tenus garder […] et deffendre […] par nous et noz gens chacun endroit […] envers tous […] ne devons […] faire aucun deplaisir lun de nous a l’autre […] de faire force de clore portes, lever pons a force […] dessaisir l’autre […] des devants dites forteresses […] si corne de brisier et rompre huisseries, huges, estums, greniers, celliers […] Et metterons […] en chacun desdits lieux portiers, gardes qui feront serment ennos mains et aussi metterons […] châtelains […] » (ADMM B 837, fol. 3).

9561442 : « [...] debats poursuites et différons estans entre noble homme Jehan de Toulon et voué de Nomeny […] et messire Conrard evesque de Metz […] l’evesque et le vouez sont limitez et abonnez l’un contre l’autre en ladite seigneurie que l’un ne si peut acccroistre plus que l’autre nonobstant quoy l’evesque a fait plusieurs entreprises au prejudice dudit voué, il a fait faire un moulin pres de la porte et joignant les murs de ladite ville, sans le consentement dudit voué et sans l’appeler et sans en avoir voulu faire part audit voué a commencé a faire une tres notable forteresse sur l’heritage et hauteur commune dudit voué par le moyen de laquelle il peut entrer et sortir de la ville quant bon luy semble a telle puissance qu’il luy plaira et soumettra a luy ladite ville ce qu’est au grand prejudice dudit voué et pour faire ladite forteresse a rançonné les habitants de ladite ville et es environs ledit evesque a estably un tribut en passage qu’il faut lever sur tous les passans estrangers sans le consentement dudit voué[…] » (ADMM KK 1124, no 17 ; ADMM B 837 no 2).

9571452, 12 avril – Le duc de Lorraine engage la part qu’il possède à Nomeny à Jean de Toulon : « […] pour les deux mille autres florins luy assignasmes […] la tierce partie du chastel ville et chastellerie mairie de Nominey et ban de Delme […] » (ADMM B 387, fol. no 7).

9581471, 15 février – Lettres de René I, duc de Lorraine : « […] Avons a icelluy Jehan de Toulon, […] assignons ladite tierce partie de Nommeny […] Iceluy de Toulon et ses hoirs […] pourrons mettre et instituer chastellain maieur et officier […] » (ADMM B 387, no 7).

9591472, 24 juillet – L’évêque de Metz accepte que la chapelle fondée en 1281 par les voués de Nomeny soit transférée dans l’église paroissiale : « […] Jehan et Regnal de Nomeney freres […] ont autref fois edifie une chapelle située au lieu quon dit au Muretel pres et darier le chastel de notre dite ville de Nomeney en l’honneur de Saint‑Jean‑Baptiste […] laquelle chapelle […] a esté depuis au temps de Raoul de Coucy […] pour le temps des guerres […] pour ce quelle estait situee trop pres de notredit chastel abatue et a ruinee comme de present est […] » (ADMM B 841, no 42).

9601490, 14 février – Lettre de René II aux Messins : « [...] pour […] obvier aux entreprises courses et pilleries que […] Peter Kappeler et ses complices lesquels se disent en guerre a nous nous ont fait en […] divers lieu sur nous et nos subgets et continuent a chacun jour avons envoyé de nos gens en garnison à Nomeny et ailleurs. » (ADMM B 840, no 28).

9611544, 8 avril : « Nous Nicolas […] evesque de Metz […] savoir faisons que […] notre […] oncle […] le Cardinal de Lorraine administrateur de l’evesché de Metz ayt […] le Ier avril 1537 avant Pasques ceddé […] a titre gagière […] à Guillaume de Fürstenberg tout droit […] ez villes et chasteau de Nommeney […] a charge et condition quil estoyt tenu et chargé […] de mettre et employer en reparations et édifices pour les commoditez dudit chasteau jusques à la somme de mille ecus soleil, lequel sieur conte […] eut transporte son droit dicelle gagiere ez mains de […] Jehan de Halsonville chevalier sieur dudict lieu […] en partie […] senechal de Lorraine, notre bailly de notre evesché. Notre dit […] oncle a aggrer [...] ledit transport […] Il charge notre dit bailly de mettre et emploier audit chasteau jusques a la somme de trois mil francs monnoye de Lorraine et oultre par dessus les dits mille escus soleil dautant qui ceulx mil escus nestoient suffisants pour satisfaire audites reparations pour ce que notredit chasteau sen alloyt a grande demolition et ruyne […] que monte le tout desdites reparations a la somme de 6375 francs monnoye susdites […] » (ADMM B 837, no 12).

9621661 – Compte du receveur de la prévôté : « Louage de deux greniers chez la demoiselle Rollin pour y loger les grains du domaine […] ny ayant point de lieu propre ny qui ferme dans le chasteau. » (ADMM B 8043, fol. 118v).

9631666 : « quatre cadenats […] acheptés à Nancy […] pour attacher aux portes de la grande salle du chasteau et es greniers de dessus icelle là où sont presentement logés les grains de la recolte […] accomoder une chambre aux chasteau pour y loger les poulles et chappons de la recette […] » (ADMM B 8048, fol. 115r).

9641669 : « […] recouvrir la tour du chasteau du costé de la ville laquelle estoit en ruyne […] avoir recouvert tout à neuf la toicture du chasteau depuis la chappelle jusques a la tour qui regarde la ville sans quoy tout ce quartier aurait été ruyné […] » (ADMM B 8054, fol. 127‑128).

9651670 : « Le roi étant maître de la Lorraine fit démolir les châteaux de Preny, Pont‑à‑Mousson et de Nommeney […] » (Calmet 1973a, 6 : col. 608).

9661730, 5 mai : « Les Presidents, conseillers et maîtres en la chambre des comptes de Lorraine […] laissent et affirment à perpetuité audit Christophe Malbert […] le terrain qui est depuis la tour qui donne dans la rue du « Bon Puy » jusqu’à celle qui est au derrière de sa maison, consistant a environ 86 toises […] et au cas que l’on restablirait le château de Nomeny il sera obligé d’abandonner ledit terrain sans pretendre aucune indemnité. » (ADMM B 11 061 ; ADMM B 8014, liasse non foliotée)

9671741 ‑ Le roi Stanislas décide la construction de casernes à Nomeny. Le conseil municipal demande « la permission d’achever la démolition du vieux château qui dépérit journellement […] » (ADMM B 12 270).

9681756, 11 août : « La chambre des comptes de Lorraine […] a laissé et assencé […] à Sebastien Thierry […] l’emplacement de l’ancien château de Nommeny a l’exception […] de la partie dont les demoiselles de Silly jouissent en exécution de leur contrat d’accensement du 1er août 1728 sans qu’il soit loisible audit Thierry de deteriorer et ourvrir les murs qui formaient l’enceinte du même château à charge par le même Thierry de convertir l’emplacement a lui ascensé en jardin potager, de l’entretenir en bon état, de payer un cens annuel de 30 livres […] » (ADMM B 11 086).

9691843 : « Le château, qui avait été bâti par Thierry Bayer de Boppart, est détruit et sert de carrière de pierres à tous les environs : ses débris ont déjà servi à bâtir le pont et plus de la moitié des habitations particulières ; des quatre grosses tours, il ne reste que les débris de trois ; l’une était circulaire, les autres à angles rentrant à l’intérieur et semi‑circulaires à l’extérieur ; des escaliers paraissent partout dans l’épaisseur des murs sur la face interne. Les embrasures sont grandes et on voit qu’elles ont toutes été destinées dès l’origine au service des bombardes et autres gros engins de guerre. » (Lepage 1843 : 441)

9701888 : « Le château était rectangulaire avec une tour demi‑circulaire à chaque angle. On remarque encore la base de deux, on devine l’emplacement de la 3ème et la 4ème subsiste encore en partie. L’épaisseur des murs, la disposition des ouvertures, les escaliers tournants que l’on peut examiner, indiquent à première vue que cette construction était destinée au service des bombardes. Plusieurs personnes encore existantes sont descendues dans les souterrains qui ne sont plus praticables par suite des éboulements ; un chien que l’on y aurait conduit a rapporté une coiffure de soldat. Ils communiquent avec plusieurs maisons de la ville et avec la campagne. On ne connaît plus d’ouvertures (la maison de M. Mayeau sur la place avait dans sa cave l’entrée d’un souterrain qui, dit‑on, passait deux fois sous la Seille ; l’entrée est fermée depuis peu). Une partie des fossés du château existe encore à demi‑comblés. » (MS 820)

■ Historique

971La ville était un lieu d’échange où se tenaient foires et marchés (Bénédictins 1973, 3 : 97). Nomeny relevait du temporel des évêques de Metz qui la confièrent à des voués dès 1075. Une documentation lacunaire n’a conservé que les noms du chevalier Rembauld en 1190 (Bénédictins 1973, 3 : 150) et du voué Foulque en 1224 (ADMM G 972). Sous l’épiscopat de Jacques de Lorraine (1239‑1260), le voué Jean, sire de Toulon, aurait cherché à s’émanciper. Un texte sujet à caution, évoque le sort du voué, assiégé par l’évêque dans le château de Nomeny en 1242 (Rollin 1938 : 55‑56) et trouvant son salut auprès du comte de Bar qui exigea de « conserver la porte de Nommeny commune entre le comte de Bar et ledit de Toulon » (ADMM B 387, no 5). Ces indications rendent probable mais non certaine l’existence d’un château à Nomeny à cette époque.

972L’évêque conserva la suzeraineté sur Nomeny et fit reconstruire en pierre le pont sur la Seille vers 1262 (Arveiler‑Ferry 1957, no 237). La ville fut l’objet d’agressions vers 1265 (BN Coll. Lorraine, col. 95, fol. 22). Les voués, Jean et Renaud, édifièrent en 1281 une chapelle dans la partie haute de la ville (ADMM B 841, no 39). Le texte ne la localise pas près du château comme ce sera le cas en 1472 (ADMM B 841, no 42). La documentation se multiplie et autorise des conclusions plus nettes pour le xive s. Vers 1310, Pierre de Raigecourt, chevalier messin, était châtelain de Nomeny pour l’évêque de Metz et fut tué à la bataille de Frouard en 1313 (Bénédictins 1973, 3 : 501). Son fils Jean occupait la même fonction en 1323 (Bénédictins 1973, 3 : 522). Le château existait donc dans le premier quart du xive s. Les voués n’y avaient aucune responsabilité.

973L’évêque Henri Dauphin (1318‑1327) demanda aux voués de fortifier la ville, mais en vain. Adhemar de Monteil (1327‑ 1361) leur arracha la décision au prix de lourdes concessions en décembre 1331 (ADMM B 837, no 68).

974Le temporel de l’évêché de Metz et le Saulnois, tout particulièrement, subirent des agressions continuelles, de toutes parts, durant l’épiscopat de Thierry Bayer de Boppart (1365‑1383) qui répara les châteaux de Vie, Sarrebourg et Hombourg (Calmet 1973a, 3 : col. 444 à 454). P. Meurisse affirme qu’il construisit celui de Nomeny (Meurisse 1643 : 526), ce qui est contredit par les documents précédents. On peut par contre admettre qu’il le répara. D’autre part, nous savons que le château est antérieur à 1395, date à laquelle il commença d’être engagé au duc de Lorraine (Marichal 1903‑1908, 1 : 211‑218). Durant l’épiscopat de Raoul de Coucy (1387‑1415), des combats se déroulèrent sous les murs du château et ruinèrent la chapelle des voués située trop près de celui‑ci (ADMM B 837, no 68).

975Les évêques de Metz ne conservèrent qu’un tiers du château de Nomeny de 1396 à 1433. Mais, en 1433, l’actif prélat Conrad Bayer (1415‑1459) racheta un autre tiers à la duchesse Isabelle. A partir de 1439, il renforça la protection de ses domaines en édifiant de nouvelles forteresses, dont celles de Baccarat et de Moyen (Calmet 1973a, 5 : col. 232). Vers 1440, il entreprit à Nomeny une « notable forteresse » située dans la partie haute de la ville afin de ne plus dépendre des voués qui contrôlaient les portes de la ville (ADMM KK 1124, no 17). Une telle description ne peut correspondre qu’à la reconstruction du château de Nomeny. L’étude archéologique nous a en effet appris que le château possédait une poterne qui le rendait indépendant des portes urbaines. Cette même étude a montré l’adaptation du château à l’artillerie lourde du milieu du xve s. L’évêque paya une partie des frais de construction en levant un impôt sur les habitants de Nomeny et un péage sur les gens de passage. Il ne se laissa pas fléchir par le voué qui dut quitter momentanément la ville avant d’accepter le fait accompli, moyennant quelques compensations financières, en 1442. D’ailleurs, à partir de 1452, le voué acquit un tiers du château (ADMM B 387, no 12). Nous pensons que P. Meurisse a commis une confusion et attribué à Thierry Bayer l’œuvre de Conrad Bayer. La confusion était d’autant plus facile à faire que les deux prélats œuvrèrent souvent dans les mêmes châteaux.

976Les textes et les vestiges nous amènent donc à dater l’actuel château de Nomeny des années 1440‑1442.

977En 1537, les bâtiments d’habitation du château étaient dans un état de délabrement avancé. L’unité des duchés de Bar et de Lorraine et le contrôle lorrain sur le temporel de l’évêché de Metz firent perdre au château de Nomeny une part importante de son intérêt stratégique. Il servait à l’occasion de poste de surveillance contre la cité de Metz. Les habitations furent restaurées à grands frais et mises au goût du jour entre 1540 et 1547 par le bailli de l’évêché de Metz (ADMM B 840, no 37). Le château attira Nicolas de Vaudémont qui y vécut entre 1548 et 1569. Le duc de Lorraine l’entretint avec soin de 1612 à 1632. Il servit ensuite d’entrepôt et de logement pour les officiers français jusqu’en 1661. Faute de soins, il se dégrada lentement. En 1669, les troupes du maréchal de Crequi démantelèrent les tours circulaires, les toits et le haut des courtines. Les pierres servirent aux habitants de la ville. La cour intérieure et les fossés furent convertis en potagers.

Nomeny « la cour de Toulon et la cour de Serrières »

■ Localisation

978Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Etienne.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1139,9 x 885.
Toponyme : nom latin Numerius et suffixe acum.

■ Vestiges

979Le cadastre de 1820 (fig. 100) ne désigne pas avec précision la maison dite des voués. Il faut le confronter avec les cartes postales anciennes.

980Une vue antérieure à 1914 montre au premier plan un parc et au second, une tour ronde coiffée d’un toit conique. Elle correspond aux parcelles no 503 (parc) et 502 (maison et tour). La matrice cadastrale précise que cette maison possédait une porte cochère et vingt‑six fenêtres et portes ordinaires. Deux cartes de 1919 confirment l’importance de cette construction seigneuriale (fig. 108).

FIG. 108 – Nomeny – Maison seigneuriale des sires de Toulon, état en 1914.

■ Datation

9811308, 13 novembre : « […] mez sires lebaut de Nomeney […] en son hosteil […] » (ADMM B 793, no 14).

9821325, 27 août : « […] ait mis li dis Liebaus en contrewaige a dit signor Thiebaut kan kil ait dairitaige a Nomeney et on ban cest assavoir son four a Nomeney sai maxon de coste lou dit four […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 95, fol. 7).

9831331, 19 décembre : « […] Nous Eymard […] evesque de Metz recongnoissons […] a noz amez (Johan et Thiebalz de Nomeney seigneurs voués au ban de Nomeney) et a leurs hoirs a toujour maix tout ce que cy apres sensuit […] pourront faire ung jugleur, ung chaulceur et colombier en leur demourance sil leur plait sans debat. Et au sourplus la ville fermee comme elle sera se Dieu plait toutes portes, yssues et entrées de ladite Nomeny leur seront ouvertes de nuyt et de jour […] » (ADMM B 387, no 68).

9841343 : « [...] Hanris et Symonins fils […] Hanris de Brues […] doient quarante solz […] de cens a Liebaut de Nomeney escuier a panre […] sur lai plaisse de la laine ke ciet en la court Renal de Nomeney […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 95, fol. 15).

9851367 : « Je Thiebaulz vouez de Nomeny […] fais […] mon testament […] a Hawys ma demoiselle […] lui donne tout ce quelle vouloit des biens moibles quelle appartoit en ma maison quand elle vint demorei avec moi […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 95, fol. 32).

9861367 : « […] Jacomin de Fays escuiers fil Richard de Fays escuiers que fut vouez de Nomeny […] en porte toutes les maisons et habitations que sient a Nomeny que on dit la court la voueresse […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 385, fol. 13).

9871438‑1442 : « […] débats poursuites et differens estans entre noble homme Jehan de Toulon et woué de Nomeny […] et messire Conrard evesque de Metz […] ledit Toillon propose que luy et ses predecesseurs ont tousjours esté vouez de Nomeny […] il lui appartient une maison notable et seigneurialle appelée la cours de ceux de Toulon vouez ou il y a tour batillee gentee et baffroys […] ledit voué […] a este oblige de sortir de ladite ville par les oppressions qui luy en a este refuser […] les officiers de l’evesque sont entres avec force et violence en l’hostel dudit voué et emporté plusieurs titres et papiers […] » (ADMM KK 1124, no 17).

9881446, 7 janvier : « Symonnat le Rowier […] est tenus a noble home Jehan de Toullon escuyer voue de Nomeny […] la debte de 15 deniers messins […] de cens annuel a paier […] en son hostel à Nomeny […] » (ADMM B 841, no 16).

9891455, 11 juin : « Jean de Toulon ecuyer voué de Nomeny ordonne à Colesson de cesser d’extraire des pierres et de bâtir au lieu dit la Roche, place de son heritage près du four de l’évêque de Metz. » (ADMM B 841, no 18)

■ Historique

990Les sires de Toulon (généal. 44), voués de Nomeny, n’habitaient pas au château mais possédaient leur propre « hostel » que nous proposons de situer au no 502 du cadastre de 1820. Cette résidence ne doit pas être confondue avec un autre hôtel seigneurial situé près de l’église paroissiale et qualifié de « Cour de Serrières ».

991En effet, en 1334, Thiébaut de Toulon dut vendre la moitié de ses droits sur la vouerie de Nomeny à Henri de Breue (ADMM B 840, no 9) qui la transmit aux sires de Fay. Ceux‑ci y édifièrent une nouvelle résidence vers 1357 (ADMM B 840, no 4). En 1439, elle était aux mains du lignage messin des Corbé puis des Serrières (BN Coll. Lorraine, vol. 385, fol. 13 ; ADMM B 841, no 12, 18 et 23).

9921372, 15 novembre : « Joffroy de Serrieres chevalier ait rachetaeit à Jehan Baudoche 50 sols de petits tournois […] a prendre tous les ans sur la maison et sur la tour et sur tous les usaiges qui appendent devant et darier [...] que ciet en la ville de Nomeny […] » (ADMM B 841, no 12).

9931439, 16 juin : « […] Perrin de Serriere escuier voué de Nomeny citain de Metz […] ad cause de Marguerite sa femme […] fille de feu […] Jehan Corbé chevalier […] se preiroffrit prest de reprandre de la dite dame Jaiques (dame de Bioncourt) en fief et en homaige […] la moitie de toute la vouerie de Nomeny […] ensemble tout leritaige et menandiez quil y tient qui sont de son propre treffon cest a savoir la court et le propris la maison la grainge et tous les menoirs […] qui appandent et appartiennent à laditte court que tous tient en laditte ville de Nomeney près de leglyse paroichale dicelle […] » (ADMM B 840, no 18).

9941613, 15 avril : « Le sieur de Savigny reprend en fief du duc de Lorraine la maison de la vouerie et cour de Serriere size en notre ville de Nomeny, de toute l’ancienne basse cour, escuerie logement du maytre, grange, courelle et partere de tous les heritages du gaignage qui despend de ladite maison seigneuriale. » (ADMM B 841, no 23)

Parroy « haut château »

■ Localisation

995Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Sud.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Pierre aux Liens.
Carte IGN 1/25 000, Einville‑au‑Jard, 3515 ouest. CL : 1118,3 x 914,3.
Toponyme : du latin parietum, clôture.

■ Vestiges

996Parroy est installé sur le bord du plateau marneux (altitude : 250 m) qui domine le cours du Sanon. Il ne subsiste aucun vestige depuis la destruction du village durant la Première Guerre mondiale.

997Sur le cadastre de 1818, le « haut château » ne présentait déjà plus que des bâtiments fortement remaniés, à 100 m à l’est de l’église (fig. 109).

FIG. 109 – Parroy – Plan cadastral de 1818 section D1.

■ Datation

9981234, 12 novembre – Simon III de Parroy et son épouse Alix cèdent aux Templiers de Lunéville le tiers de leurs droits d’usage à La Neuveville aux Bois située près de leur château de Parroy. L’original est fort peu lisible : « […] castra meo de parroya […] » (ADMM H 3134, no 2).

9991326, 13 juin : « Je Symons de Marchenville, sires de Parroies, chevalier, fais savoir […] ke […] Lowis de Poitiers […] evesques de Mets […] me doit encor quatre milles livres et IIII cens livres de boins petits tournoiz, pour lesquelles […] il m’ait assigneit quatre cens et quarante livres de terre a petits tournois, a panre […] chascun an […] en salines de Marsaul et de Moïenvy, jusc’a tant que mes dis sires Lowys, evesques de Mets, ou suy successours […] averoient paies […] les dites quatre mille livres et quatre cens livres de petits tournois, entierement et a une fois […] les quelles […] li dis reverens peires, ou suy successour les doient conduire et faire conduire […] jusques on chastel de Perroies […] » (Marichal 1903‑ 1908, 1 : no 58).

10001344, 17 janvier : « Je Jehans de Haraucourt chevaliers et je Jehenne feme dou dit […] Jehan […] nous tenont […] ligement […] de Raoul dux de Loheraine […] lou chastel de Paroyes les villes de Paroyes et de Serres et toutes les autres villes et appartenances au dit chasteil de Paroyes […] et cognaissons que nous tenons et devons tenir lou dit chastel de Paroyes rendaubles et receptable au dit […] duc […] » (ADMM B 822, no 112).

10011571 : « Georges de Crehange reprend le tiers et un cinquième de la seigneurie du Haut château de Parroy. » (Lepage 1853, 2 : 268)

10021605 : « Le ban de Parroy se divisait en deux seigneuries, celle du Haut château en sont seigneurs le duc, Messieurs de Château Brehain, de Ludres, de Parroy, de Holvesse, Galiot et Aviller. Les étangs et moulin en dépendent […] » (Lepage 1853, 2 : 268).

10031636, 1er février : « Deliberé […] pour le rasement et demolition des places et châteaux de Lorraine […] Departement de Monsieur de Fremin […] Bioncourt, Vahlé, Paroye [...] » (Calmet 1973a, 6 : col. 210).

10041888 : « Dans l’ancien château, le Haut, logent une vingtaine de ménages. Le presbytère et la poste y ont une large place. » (MS 820)

■ Historique

1005La généalogie des sires de Parroy est bien connue depuis la magistrale étude de G. Poull (généal. 34). Ils y édifièrent un château cité pour la première fois en 1234 mais certainement antérieur. La branche aînée le contrôla jusqu’au milieu du xive s. Jeanne de Parroy‑Maxéville le transmit vers 1356 à son fils Jean de Haraucourt. Au xvie s., le domaine était partagé en une multitude de coseigneurs. Les troupes françaises ruinèrent le château vers 1636, à tel point que rien ne rappelle la construction médiévale dans les bâtiments qui furent reconstruits au xviiie s. Le terme de « château » et non de maison forte qui désigna Parroy tout au long du Moyen Age, souligne le rang des sires de Parroy que l’on ne peut assimiler à de simples vassaux.

GÉNÉAL. 34 – Les sires du haut château de Parroy.

Parroy « bas château »

■ Localisation

1006Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Sud.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Pierre aux Liens.
Carte IGN 1/25 000, Einville‑au‑Jard, 3515 ouest. CL : 1118,3 x 914,3.
Toponyme : du latin parietum, clôture.

■ Vestiges

1007Le « bas château » se trouvait au pied du coteau, dans la vallée du Sanon (altitude : 230 m). Aucun vestige ne subsiste à l’endroit que le cadastre de 1818 qualifie de « rue Comédienne » à 250 m à l’est de l’église (fig. 109).

■ Datation

10081414, 12 février : « Je Ferry de Parole escuier […] jaie ordonei de faire affaire ung chaule fourx on ban de Queicourt de soub messire le chaippitre de Saint Diey pour la refection de notre fourteresse de Paroie [...] ».

10091511, 4 décembre : « Olry Wisse de Gerbevillers seigneur de ce lieu bailli de Nancy et Mayelle de Paroye, sa femme ; Adam Beyer de Boppart ecuyer seigneur de Chatelbrehain bailli de l’évéché de Metz et Marguerite de Paroye sa feme, Bernard de Haracourt, écuyer seigneur de ce lieu et d’Ormes ; Gerard et Pierre de Heracourt et d’Ormes tous seigneurs du bas chastel de Parroye et dépendances font le partage de ce lieu […] » (Wurth‑Paquet 1879, no 2499).

10101605 : « Le ban de Parroy se divisait en deux seigneuries […] celle du Bas château, qu’on dit la Cour en sont seigneurs le duc, monsieur de Parroy et Monsieur de Château Brehain […] » (Lepage 1853, 2 : 268).

■ Historique (généal. 9)

1011Aubert Ier (1254‑† av. 1300), fils cadet de Simon III de Parroy, reçut en héritage les terres de Taintrux, Haudonville (Croismare) et une partie de celle de Parroy. Lui, ou un de ses descendants, fit édifier sur cette portion une maison forte avant 1414. En 1511, la seigneurie fut finalement partagée entre les nombreux héritiers de Ferri III de Parroy, dernier représentant mâle du lignage.

Phlin

■ Localisation

1012Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à l’Assomption de la sainte Vierge.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1142,3 x 888,5.
Toponyme : nom latin Félix.

■ Vestiges

1013Phlin se blottit dans une dépression argileuse (altitude 192 m) du plateau lorrain, à 750 m au nord du cours de la Seille (fig. 110).

FIG. 110 – Phlin – Plan cadastral de 1829 section C.

1014A 80 m à l’est de la modeste chapelle, s’élèvent les vestiges de l’ancienne maison forte. Sur une terrasse quadrangulaire (50 x 60 m) entourée de fossés larges de 5 m et alimentés par une source, on remarque deux tours circulaires (diamètre : 6,5 m) isolées côté sud et un corps de logis récent en briques rouges. On mesure les dégradations subies par cette construction en observant le cadastre de 1829.

1015La maison forte s’ordonnait selon un plan quadrangulaire (côté nord : 46 m ; sud : 42 m ; ouest : 33 m ; est : 28 m) flanqué de quatre tours d’angle circulaire. Les courtines avaient disparu sauf dans la partie nord‑est (30 x 10 m). L’entrée était défendue par une tour porche flanquée de deux tourelles et se prolongeait par un bâtiment en L au milieu de la plate‑forme. Le côté ouest de ce bâtiment comportait également une tourelle. Une carte postale de 1900 confirme exactement cette disposition que la Première Guerre mondiale bouleversa en faisant disparaître le bâtiment central (fig. 111).

FIG. 111 – Phlin vers 1900.

Cl. G. Coing, © 1992, Inventaire général

■ Datation

10161311 : « Li mulle de Felix, lige apres les‑vesque de Mes et sa maison rendable. » (Pour Mousson) (Levallois 1901: 203)

10171332, 27 mai : « Damoiselle Jennaite femme Jehan de Felix escuyer qui fuit, ait recogneu […] quelle […] pour ses enfants […] tient en fiey […] du comte de Bar […] la forte maison de Felix et les appendices etcinquante sous de petits tournois […] chacun an […] sur les issues du Pont à Mousons […] et pour ledit fiey […] en dolent chacun an pour trois semaines de warde à Mousons […] » (ADMM B 864, no 97).

10181334, 25 janvier : « […] Symon de Felyn en Saulnois escuyers, filz Jehan dit la mule excuyer qui fuit, ait reconnu […] quil tient […] en fyes, en homaige […] (du) […] conte de Bar […] sa fort maison quil ait a ladicte Felin, les usuaires et les appendises tout environ dedens la clozeure des fousseiz et les fousseiz aussive, et cinquante solz de petits tournois […] chacun an en la ville dou Pont à Moussons […] pour lesquelles choses […] en doit la warde a Moussons trois sepmaines chacun an […] » (ADMM B 387, fol. 144v).

10191401, 16 mai : « […] Henris de Charisey escuiers, ait recogneu quil tient en foy et hommaige de notre dit signour le duc de Bar […] la forteresse de Felin, les fosseiz et la […] taire ensy comme elle se contient de toutes parts, pour laquelle forteresse il coneut davoir chacun an une foix a ses propres despens, la garde on chaistel de Mousson, lespaice de quinze jours entiers […] » (ADMM B 387, fol. 145v et 146r).

10201463, 29 novembre : « Claude de Villers le Prudhon et Jean de Blamont escuyers […] ont recongnu […] qu’ils ont partagé […] tout ce qu’ils avaient en la forte maison de Felain, en bourbequenne d’icelle et manoirs situes en la ditte ville, qui leur sont venus et eschus de la part de Bertrand de Charexey que Dieu pardonne […] Ledit Claude ait eu sa part […] de la ditte maison forte de Felain tout le mainsonnement qui fut à Bertrand de Charexey comme il se contient sauf et réservé la petite tour qui est joindant à la ditte maison forte et qui est derrière la porte en oultre que ledit Jehan ait à l’encontre la haulte tour ditte Mallatourt avec la cuisine joindant et le palle de mesme de hault en hault du costé de Guillaume de Liocourt et la petite ruellette avec la petite tour devant laditte pour laquelle le dit Jehan aura son allee pour venir et aller au dessus de l’allee qui est audit Claude et sans qu’iceluy puisse y contredire. Item ont encore partagé et fait portion des bourbequennes d’icelle maison, en telle maniere que ledit Jehan de Blanmont ait eu sa part depuis la borne qui est entre eulx et les hoirs de Liocourt jusqu’à une aultre borne que lesdits Jehan et Claude ont mis ensemble par commun accord.

1021Item ait encor le dit Jehan […] la tour qui est à servir et à parfaire, laquelle gist derriere la fontaine de la ditte forte maison et ledit Claude ait eu sa part par contre portion, depuis la ditte borne quils ont plantée par commun accord jusqu’à l’angle qui est a Jehan de Blanmont […] » (Lepage 1853, 2 : 287).

10221487, 8 octobre : « Je Claude de Villers le Preudom, escuyer […] fais savoir que je tiens […] en foy et hommaige de le duc de Lorraine, de Bar […] le quart du chasteau et forteresse et maison de Phelin […] » (ADMM B 387, fol. 147v).

10231507, 19 mai : « Je Jehan de Blanmont, escuyer […] je tiens […] (du) duc de Lorraine et de Bar le quart de la forte maison dudit Phlin, jardin derrier grange estables court et de tout le pourprins dicelle, fermez de murailles et de fossez alentour […] un petit meix seant au devant de la dicte forte maison […] les deux parts par indivis en un quart de la seigneurie dudit Felin tant en justice haute moyenne et basse […] en hommes en femmes, four, molin, ripviere, bois, estang, censes […] partant contre (Ernolf de Hunolstein) escuyer qui a la moitie on totage de ladicte seigneurie, a cause de damoiselle Marguerite des Hermoises sa femme, François Preudom pour un quart et Renault de la Tour ad cause de sa femme pour un tiers […] ad cause de ladicte seigneurie et place de Felin […] sommes tenus faire la garde a Moussons par trois sepmaines entieres […] » (ADMM B 387, fol. 146‑147).

10241574, 9 juillet 1604, 21 avril : « Je Henry Hellot […] chatelain et receveur au marquisat de Nomeny […] tient en fief un quart entierement du chateau et maison forte dudit Phellin des barbicaines et fosses meix jardin et pourpris dudict chateau […] auquel chasteau […] les sujetz mannans et habitants […] sont tenus de faire le guet et garde ordinaire combien que à present ils ne payent que trois gros par an chacun conduict […] » (ADMM B 387, fol. 330v).

10251612, 21 mars : « Je Nicolas de Gennes […] tient en fief […] les trois pars entierement du chasteau et maison forte dudit Phelin, des barbiquanes, fossez, pourpris […]» (ADMM B 874, no 48).

10261888 : « […] l’ancien château […] a été vendu vers 1770 à la famille de Domgermain jusqu’en 1859 puis à Monsieur de la Salle dont la veuve l’habite encore […] il a subi au commencement de ce siècle et surtout en 1860 une telle transformation qu’il ne lui reste plus rien de son ancien aspect […] » (MS 820).

■ Historique

1027La terre de Phlin relevait du comte de Bar, châtellenie de Mousson et se trouvait au contact du temporel messin. Un lignage local, vassal des comtes et que l’on peut reconstituer à partir du milieu du xiiie s., édifia une maison forte avant 1311 en ce lieu (généal. 35).

GÉNÉAL. 35 – Les sires de Phlin.

Port‑sur‑Seille

■ Localisation

1028Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à l’Assomption de la Vierge.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1140,7 x 880,7.
Toponyme : du latin portus, port.

■ Vestiges

1029La maison forte se dresse à 10 m de la Seille, dans la zone marécageuse, à 200 m à l’est de l’église et contrôle le pont (altitude : 180 m) (fig. 112).

FIG. 112 – Port‑sur‑Seille – Plan cadastral de 1829 section D.

1030Les combats de 1914‑1918 ont laissé peu de choses, sinon une grosse tour carrée et quelques bases de courtines au nord et à l’ouest masquées par des constructions récentes.

1031La tour mérite une analyse détaillée, car elle se dégrade rapidement et nul ne sait ce qu’il en restera dans quelques années (fig. 113).

FIG. 113 – Port‑sur‑Seille – La « grosse tour carrée » en 1980.

1032Cette puissante construction (16,8 x 15,8 m), haute de 14 m, a des murs épais de 3,40 m. L’étage supérieur a disparu en 1914–1918. Une masse considérable de décombres jonche l’intérieur et l’extérieur. Elle est construite en pierre calcaire couleur bleutée (marno‑calcaire). Les parements sont très soigneusement appareillés avec des moellons hauts de 0,15 m, longs de 0,30 à 0,40 m. Les chaînages d’angle sont réalisés avec une autre variété de calcaire (hauteur : 0,15 m ; longueur : 0,40 à 0,50 m ; largeur : 0,40 à 0,50 m). Les assises et le blocage intérieur sont liés par un mortier de chaux. Les façades sont percées de rares ouvertures. Nous remarquons des fenêtres (0,80 x 0,30 m) munies de puissantes grilles en fer forgé. Le rez‑de‑chaussée en possédait deux, le premier étage et le second étage en avaient trois chacun.

1033Dans la maçonnerie de l’angle nord‑ouest, un escalier en colimaçon mettait en relation les quatre niveaux. Il ne subsiste que les quinze marches inférieures sur les 78 à l’origine. La cage d’escalier apparaît comme un immense cylindre vide. Dans cette cage, subsistent au rez‑de‑chaussée, une ouverture de tir ou « arquebu sière » ; au premier étage, une petite fenêtre (0,15 x 0,40 m) avec barreaux en fer et, au niveau du second étage, il ne reste que la partie inférieure de la fenêtre. Nous procéderons à l’étude de l tour niveau par niveau.

Les niveaux inférieurs

1034L’entrée principale se trouve côté nord L’encadrement est constitué de belles pierres de taille soigneusement appareillées avec une voûte en berceau (hauteur ; 2,50 m ; largeur : 1,70 m). Au niveau de la voûte, on remarque deux encoches servant à recevoir les poutre d’un avant‑toit. L’emplacement des gond est encore visible, ainsi que les logements (0,16 x 0,16 x 2,17 m) des poutres placées derrière la porte. Une fois cette première porte franchie, on s’engageait sur un plancher escamotable long de 1,80 m, et on rencontrait une seconde porte qui débouchait dans l salle du rez‑de‑chaussée. Sous le plan cher, aujourd’hui disparu, il y avait, et il y a encore, un escalier de sept marches en pierres qui descend au sous‑sol.

1035Le sous‑sol se compose de deux caves rectangulaires (4,40 x 10,20 m) séparées par un mur qui soutient les deux voûtes en berceau continu. Une porte les relie. Dans la cave du fond, on trouve le fût d’un puits qui débouche au rez‑de‑chaussée. Chacune des caves prend jour par un étroit soupirail (0,40 x 0,10 m). Dans l’angle nord‑ouest de la première cave, un escalier en colimaçon dont les premières marches sont conservées sous les gravats permettait de monter aux étages supérieurs. Les deux caves sont aujourd’hui inondées.

1036Le rez‑de‑chaussée (fig. 114) est une immense pièce de 10,10 x 9,20 m, haute de 5 m. On y accédait par le sous‑sol ou par l’entrée principale. A gauche de celle‑ci, dans l’angle nord‑est, une niche voûtée en plein cintre (largeur : 1,20 m ; hauteur : 2,20 m) se termine par une ouverture de tir fort détériorée que nous appellerons « arquebusière ». Le côté est prend jour par une grande niche voûtée en cul‑de‑four. Elle se termine par une fenêtre privée de ses barreaux, à laquelle on accède par des marches en mauvais état. Sur l’encadrement extérieur de cette fenêtre, on remarque une croix gravée. Le côté sud (fig. 115) montre les vestiges d’une grande cheminée large de 3 m. Les montants, le manteau et la hotte ont été arrachés. Dans l’angle sud‑ouest, un escalier fort dégradé donne accès à une niche voûtée en quart de cercle et qui se termine par une ouverture fortement dénaturée. Vue de l’extérieur, cette niche semble montrer que nous sommes en présence d’une fenêtre. Enfin, le côté ouest prend jour par une niche de mêmes dimensions que celle du côté est. Un panneau de bois la masque à l’intérieur. La porte basse surmontée d’un linteau triangulaire donne accès à l’escalier dans l’angle nord‑ouest. Ce rez‑de‑chaussée possède aussi, dans l’angle sud‑ouest, un très beau puits dont la margelle a disparu, mais dont la base est conservée dans la cave. Cette description doit être rapprochée du texte de 1610 qui mentionne « le puits de la cuisine » situé dans « la grosse tour carrée ». Nous pouvons conclure que le rez‑de‑chaussée, avec son immense cheminée, son puits, son accès au sous‑sol et ses ouvertures de tir, servait de salle de cuisine au château.

FIG. 114 – Port‑sur‑Seille – Plan de la « grosse tour » en 1980.

FIG. 115 – Port‑sur‑Seille – Le rez‑de‑chaussée côté sud en 1980.

Les niveaux supérieurs

1037On accédait au premier étage par une porte desservie par l’escalier (fig. 114, 116). Les dimensions étaient les mêmes que celles du rez‑de‑chaussée. On remarque encore les énormes trous où se logeaient les poutres du plancher. Côté nord, on remarque une belle cheminée abîmée (fig. 117). Côté est, une fenêtre dont l’ouverture est obstruée et, dans l’angle, un petit réduit. Il mesure 1,10 m sur 2,20 m et possède un trou de 0,60 x 1 m qui communique avec le sous‑sol. Sa fonction reste problématique. Il s’agit de latrines selon toute vraisemblance. Les côtés sud et ouest sont percés chacun de grandes niches avec fenêtres.

FIG. 116 – Port‑sur‑Seille – Vue du premier étage côté ouest, avec fenêtre au centre et cage d’escalier à droite.

FIG. 117 – Port‑sur‑Seille – Vue du premier étage côté nord, avec cage d’escalier à gauche, cheminée monumentale au centre. A l’étage supérieur, il subsiste une porte donnant accès aux latrines.

1038Le second étage possède une cheminée dont il ne reste que les pieds droits côté ouest. Le côté est conserve une grande niche avec fenêtre. Dans l’angle nord‑est, on remarque un réduit à usage de latrines. La partie supérieure de cet étage a disparu. Il n’est plus possible d’y accéder (fig. 118).

FIG. 118 – Port‑sur‑Seille – Vue du premier étage côté est, avec fenêtre et porte des latrines. La fenêtre supérieure appartient au second étage.

(Cl. G. Coing, © 1992, Inventaire général).

1039Cette tour présente une parfaite unité architecturale et date du début du XVe s. L’ensemble était fort bien conservé au début de ce siècle (fig. 119). Le cadastre de 1829 permet de distinguer deux périodes de constructions (fig. 112) : au nord, deux corps de bâtiments (22 x 10 m ; 28 x 10 m), se coupant à angle droit flanqué d’une petite tour (diamètre : 5 m), correspondent aux vestiges de la première maison forte édifiée au xiiie s. ; à l’est, au sud et à l’ouest, une enceinte polygonale, appuyée sur la grosse tour carrée et trois tours demi‑circulaires, correspond à la seconde construction édifiée vers 1420‑1430.

FIG. 119 – Port‑sur‑Seille – La maison forte vers 1900.

■ Datation

10401431, 14 août : « Philippe de Norroy, chevalier, fait prisonnier à Bulgneville, ordonne à son cousin, Jean de Cherisey, d’engager aux Messins le tiers par indivis des châteaux et forteresses de Port sur Seille pour obtenir l’argent de sa rançon. » (Lepage 1843 : 473)

10411440, 29 avril : « C’est au vieux château de Port‑sur‑Seille, dont les tours dominent la vallée, que fut signé par toute la chevalerie lorraine le traité du 29 avril 1440 entre le roi de Sicile, duc de Lorraine, l’évêque Conrad Bayer de Boppart. » (Lepage 1843 : 473)

10421444‑1445 : « Paiet à Didier le Sognet chastellain de Port‑sur‑Seille, pour la citeit pour ses gages de VII esteies c’est assavoir, pour l’estaie de la Saint‑Jean, de la Saint‑Remey et de la Noiel l’an XLIIII et pour l’estaie de Paicque, de la Saint‑Jehans, de la Saint‑Remey et de la Noiel l’an XLV dairien passé, dez XXXII livres que li citeit li ait ordonneit de paier pour chascun ans à XXXX esteies, et dont les VII esteis valent LVI livres. » (Bénédictins 1973, 5 : 536)

10431446, 15 décembre – Lettre de Philippe de Norroy aux Messins pour protester contre l’arrestation de ses hommes à Metz : « chiers seigneurs et amis […] m’avez pris mes hommes et les vostres de la gaigière que terres de moy […] laquelle chose par […] droit […] ne porries, ne ceveries faire mais toute voye […] l’aves fait […] vous prie […] adfin de nous tenir les parties en amiableté et en seureté, […] qui vous plaise à faire et à jurer la bourgfrit de la ville et maison de Port […] » (Bénédictins 1973, 5 : 484).

10441447, 6 janvier : « Le maistre eschevin et les Trezes Jurez de Metz à […] messire Philippe de Noeroy, chevallier […] Nous aviens arrestez en nostre cite, trois des hommes de Port, en nos faires, vous semblait estré chose contre droit […] et que autretant de tous les autres hommes appartenant à vous et à nous […] en pouriens nous faire, entendu qu’avons ouverture et de ville et de maison toutes fois qu’il nous plaist et bon nous semble […] les lettres scellées, sermens et promesses que nous avons de vous, aucunes font mention que laditte maison de Port ne delvez ou povez mettre en aultrui main, ne en ycelle recepter seigneurs cappitaines, ne aultres gens, de quel estat quilz soient, se se n’étoit pa par nostre gré ou voulenté ; mais pour vostre fait en chief, vous en porriez bien […] y mettre gens envers tous que bon vous sembleroit, exceptei contre nous nos terres, pays et subjetz, aux quelx vous, ne ceulx que vous y metteriez ne pouroient, ne debveroient meffaire aucunement. Et que nonobstant ycelles, aviez bouttei hors nostre chastellain et y receptei […] de nos ennemis et les souffrir, yssant et rentrant, dommagier sur nous […] Et quant à vous descherrer et nommey le chastellain […] que vous avez bouttez dehors, c’est Didier le Soingnet, que encores à present est nostre chastellain audit Port […] » (Bénédictins 1973 : 489‑514).

10451454 : « Jehan de Tollon donne ce qu’il posséda en la fort maison de Morey on val Sainte Marie en la ville moulins estans columbiers […] suppliant […] monseigneur levesque et comte de Verdun de qui […] les choses dessus dites sont mouvans et tenus en fied que cest […] eschainge […] veule ratifier […] Regnault de Nourroy, escuyer, donne […] la quarte partie de la fort maison et de la ville de Port sur Seille […] a lui escheutes par […] le trepas de feu messire Philippe de Nourroy chevalier […] et père audit Regnault […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 89, fol. 82r).

10461454, 5 mai : « […] Je Jehan (de Tollon) reconnais […] ung enschainge et contre enschainge de ma fort maison de Mory contre la quarte partie de la plesse tour et fort maison de Port‑sur‑Seille […] le chastellain de ceulx de Metz et ma cosine feme de feu George (lire Philippe) de Nouveroy firent difficultez et refus a lofficier […] jusquez a notre retour que ne suis transportés avec le seigneur de Fenestrange comis a ceu de part ledit sire Roy en ladite citeit [...] les septs de la guerre […] adressent a leur dit chastellain que […] ne me fit aucuns empeschemens. » (BN Coll. Lorraine, vol. 89, fol. 74)

10471462 : « Les septs de la guerre […] mandons a toy Simon Rouses chastellain pour ladite cité au lieu de Port‑sur‑Seille que aujourd’hui […] Jehan de Toullon a […] fait promesses […] a ladicte cité touchant sa part quil pretend davoir en la forteresse […] de Port‑sur‑Seille, pourquoy doresnavant ne vucilliez donner empeschement a lencontre de ladicte forteresse. » (BN Coll. Lorraine, vol. 89, fol. 90)

10481471 : « Les soldats de Metz reprirent le château de Port‑sur‑Seille que le « seigneur de la Romaine chevalier de Rhodes » avait pris furtivement sur ceux de Metz et sur les enfants de Georges de Norroy. » (Circourt 1,26 : 245)

10491593, 6 février – Testament de Georges de Norroy, seigneur de Port‑sur‑Seille : « […] je lis ma sepulture en l’église dudit Port‑sur‑Seille dedans la chapelle […] Saint Michiel aupres de mes predecesseurs, mon épouse Marguerite de Jussy […] (je) veut quelle tienne […] sa vie durant […] le chasteau et maison fort dudit Port‑sur‑Seille, pourprix, bassecourt, grange, estableries, aysances et deppendances colombier, meix jardin et chenevieres anciennenment appelez le Beurat […] a condition quelle ne se remarie. Et au cas que madame vint a contracter mariage […] s’entend […] que ladicte maison forte de Port‑sur‑Seille […] vienne […] a mon filz ayné Nicolas Marc de Norroy (lequel) pourra […] tenir son mesnage et se losger a la moictie de ladite maison forte […] avec ladicte Marguerite […] » (BN Coll. Lorraine, vol. 89 bis, fol. 61).

10501610 – Nicolas Marc de Nourroy reproche à sa mère Marguerite de Jussy, douairière de Port‑sur‑Seille, de laisser le château à l’abandon. Il fait procéder à une visite des bâtiments. Nous avons conservé un procès‑verbal décousu : « Un avant toict […] manque a lentree de la grosse tour carée. Cette tour estoit couverte mais en telle sorte que l’impectuosité des vents […] a transporté les tuiles […] au milieu de la court. Ledit seigneur (George de Nourroy, décédé en 1593) fit oter ladite couverture et en faire une aultre qui couvre seuelement le creu de ladite tour et point ladite muraille qui en haut a despaisseur dix sept à dix huitp pieds et fait faire quelques parapets (en la maniere de platte‑forme) […] laissant ladite muraille descouvert à l’injure du temps sans faire aucun ciment ny planchiet de briques […] Il estoit seigneur fort travaillé de goutte […] fort peu soucieux de faire bastir reparer […] comme il se remarque en un corps de losgis couvert vis à vis de ladite tour quil neust jamais le couraige de faire parachever moing de faire nettoyer les fossez. Les gelees ont provoqué des escorchasses […] au dedans et la ruyne et pourriture des travures et plancher. Quant au moulin à bras […] il n’est en son état […] à cause desdites eaux distillantes sur les boys qui sont pourry [...] Les parapets et vedettes ou sentinelles se sont ruynees faulte quelles ne sont couvertes que de planchets pourris […] aultre que lesdits parapets nestoient […] faiz a la hate du temps de guerre. Quant a lautre quartier auquel est la boulangerie elle n’estoit point en aultre meilleur état. Pour les filets de chasse […] ils sont là en un grenier. Quant à leur tour ronde qui flanque a la porterie du donjon […] il n’y a aucun bois ainsi sont toutes les versures de pierres mesmes la testure est versée […] La marzelle ou anneau du puys de la cuysine este usé a cause quil ny ayant point de polye […] Ion tirait leau a force de corde. La contrescarpe du fossé tend a ruine de même ce pan descorchasse desdites aultres murailles du donjon des estables et basse‑cour. Lestable aux chevaux est en fort bon estat. Quant a la grande salle au dessus desdites estables, elle estoit deja en cet estat […] et pour la couverture on la fait se couvrir treize fois en moins de quinze ou seize ans […] ».

1051Le procès‑verbal énumère ensuite les dépendances du château : « Le pressoir au devant dudit chasteau. Les bordures du jardin se perdisent par les grandes gelees de Ihyver 1608. La maison de la métairie ou demeure le maire. Le four bannal. Le pressoir au dessus de l’eglise. La bergerie. Le moulin. » (BN Coll. Lorraine, vol. 89 bis, fol. 6‑9). « quant a lavant toit et a une premiere ou contreporte de cave, les vestiges restés aux murailles et les angons en la taille font assez paraître qu’il y en a heu du passé […] les dégradations de ladite tour ne vient […] que pour avor esté mal entretenue tesmoing la mousse epesse et les grandes herbes quon a laissé croistre […] au dessus de la platte forme […] le moulin a bras est un piece autant affectee et necessaire à la forteresse que le canon […] pendant les dernieres guerres […] on s’en servait […] la contrescarpe du fossé commençait pour restre a se ruyner […] de même que le pied et aultres endroits des murailles monstrés des le dessus du pont du donjon […] la grande salle qui est dessus desdites estables […] menace a ruine […] a lendroit de la cheminee lien plus necessaire en hyver […] ceste ruine provenant par les gouttières du toict […] se mesme […] la petite galerie et du degré joinct a icelle au bout de ladicte salle […] Elle me parlait du dessus de la porterie et la basse cour beaucoup plus malade encore. Au demeurant n’as este faite mention de l’entredeux des fossez qui se visita apres la salle et la porterie […] le tout estoit plain de fort buissons […] Les jardins et parterre sont en tres mauvais estat plein d’espines et de ruynes. » (BN Coll. Lorraine, fol. 39, 44, 45) Réponse de Marguerite de Jussy au jugement rendu contre elle. Elle minimise l’état de ruine en reprenant point par point la visite des lieux. Retenons les mentions suivantes : « Quand elle eut son douaire il n’y avait pas de avant toit et contreporte de la cave […] En la principale chambre basse il y a manque de ventilions […] Son mari a fait descouvrir cette tour qui est carrée […] c’est dommage de laisser ruyner cette tour le moyen de la conserver serait de la faire coiffer d’une bonne tecture […] Encor fauldroit il couvrir la vys que est descouverte tellement que par les degres les eaux et neiges fondues tombent des premiers den hault jusques en bas […] Pour celle tecture de la ronde tour à la porterie ledit seigneur scait bien qu’on ne peut trouver recouvreur qui la vueillent entreprendre […] de rompre la voulte pour y aller par le dedans, il ne peut se faire, par le dehors il est bien difficile et dangereux. » (BN Coll. Lorraine, fol. 65).

10521635, 4 octobre : « Monsieur de Turenne reprend Clemery et Port‑sur‑Seille […] » (Des Roberts 1883‑1899 : 201).

10531636, 1er février : « Délibéré par les conseillers députés par le roi pour le rasement et demolition des places et châteaux de Lorraine […] » Département de Monsieur Fremin, Viviers, Nommeny, Port‑sur‑Seille (Calmet 1973a, 6 : col. 210)

10541888 : « L’ancien château de Port‑sur‑Seille existe encore et offre une specimen convenablement conservé du moins en ce qui concerne la défense de ce que pouvait être la demeure féodale. On voit des tours et leurs meurtrières, son donjon aux murs anciennement baignés par la Seille, de 3 m et plus d’épaisseur. L’épaisseur de sa porte renforcée d’un revetement metalique épais, la forme de son escalier aux 78 marches pour arriver au chemin de ronde, aux créneaux et au reduit […] » (MS 820).

10551896 : « Ce donjon est très curieux avec son escalier à vis encor en bon état, ses grandes salles qui servent aujourd’hui de dépôts de blé et d’avoine, mais où l’on remarque encore des vestiges d’anciennes cheminées ; le chemin de ronde qui regne à la partie supérieure fait penser que sans doute la toiture n’était pas autrefois disposée comme nous la voyons maintenant. Le reste du château est plus modeste d’allure ; tous les bâtiments sont encore intacts, bien que fort délabrés : pavillons de diverses époques, tours rondes et courtines formant l’enceinte, fossé où poussent de grands roseaux, petit parterre et jardin au bord de la Seille […] » (Guyot 1896 : 92).

■ Historique (généal. 36)

1056La terre de Port‑sur‑Seille relevait du comté de Bar. Les châtelains de Mousson la tenaient en fief. L’un deux, Simon, en 1261, portait le titre de « seigneur de Port » (Denaix 1959 : 141‑145) et en 1265 celui de « Simon de Nouroy, chevalier, seigneur de Port‑sur‑Seille » (Cayon 1850 : 148). Ses biens passèrent à son neveu Garnier, connu entre 1277 et 1311 (ADM B 256, fol. 20v), dont les héritiers perdirent la fonction de châtelain de Mousson et constituèrent alors le lignage des Norroy apparenté aux Cherisey. Il est tout à fait vraisemblable que ce premier lignage édifia à Port une maison forte de plan quadrangulaire, à l’instar de ce que firent les châtelains d’Amance installés à Bioncourt au milieu du xiiie s.

GÉNÉAL. 36 – Les sires de Port‑sur‑Seille / Norroy.

1057Les premiers sires de Norroy, Henri et Philippe, qui vécurent entre 1320 et 1380, nous sont peu connus (Bénédictins 1973, 5 : 192‑193).

1058Tout change avec Philippe II, homme de guerre infatigable, mêlé à tous les conflits qui déchirèrent la région durant la première moitié du xve s. Entre 1402 et 1426, il fit fortune au service des ducs de Bar contre les Messins. Le duc, lui, engagea les seigneuries de Norroy‑le‑Veneur, Condé‑sur‑Moselle et Balleicourt (ADMM B 621, no 31, 32 ; Calmet 1973b, 1 : 91). Cette fortune lui permit d’entreprendre la construction d’une nouvelle forteresse à Port. Il ne conserva que la moitié de la maison forte quadrangulaire et la prolongea par une construction polygonale inspirée des derniers perfectionnements de l’architecture militaire adaptée à l’artillerie légère. Sa brillante ascension fut brisée le 2 juillet 1431. Capturé par le capitaine anglais Jean de Dahm à la bataille de Bulgnéville, il fut contraint de verser une rançon de 3500 saluts d’or (Poull 1965b ; 22‑23). Il demanda, par lettre datée du 14 août, à son cousin Jean de Cherisey d’engager un tiers du château de Port aux Messins pour prix de sa rançon. Ces derniers, trop heureux de neutraliser une place forte redoutable pour leurs intérêts, acceptèrent et installèrent à Port un châtelain et une petite garnison. Philippe profita de l’attaque franco‑angevine de 1445 contre Metz pour expulser la garnison. Il fut néanmoins contraint de signer avec ses adversaires une paix de type bourgfried en 1447. Ces revers de fortune ne lui permirent pas d’achever la construction de la forteresse, ce qui explique le plan composite de l’ensemble. Ses héritiers n’apportèrent aucune modification importante à l’édifice. Plusieurs d’entre eux furent inhumés dans l’église de Port reconstruite en 1500 (Germain 1896a : 242).

Raucourt

■ Localisation

1059Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Toul. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Martin .
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1144 x 884,2.
Toponyme : nom germanique Radulf et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

1060Le village de Raucourt se situe sur le plateau marneux du Saulnois et ne bénéficie d’aucun relief particulier (altitude : 247 m).

1061A 100 m du nord‑est de l’église, en retrait du village, subsiste une terrasse quadrangulaire d’environ 25 m de côté entourée d’un fossé en partie comblé (fig. 120).

FIG. 120 – Raucourt – Plan cadastral de 1830 section D.

1062Le cadastre de 1830 permet de retrouver le plan précis de la résidence seigneuriale : trois corps de logis (23 x 6 m) ouverts à l’ouest avec 4 tours d’angle circulaires (diamètre : 5 m).

■ Datation

10631484 : « Jean Notaire (alias Henzelin ou Stevenin), abbé de Saint‑Symphorien en 1484, prieur de Lay, conseiller de René II en 1488, fit faire à Ralcourt le chaistiaulx de fon en fon. » (Choux 1978 : 192)

10641635, décembre : « Bernard de Saxe‑Weimar se logea avec sa suite au château de Raucourt, dépendance de l’abbaye de Saint‑Symphorien. Les Suédois mirent tout à sac. Pour s’emparer du château, ils avaient fait avancer contre la porte des chariots chargés de foin et y avaient mis le feu afin de brûler la dite porte dépourvue de pont‑levis. » (Des Roberts 1883–1899 : 208‑209)

10651888 : « Il y a à Raucourt un château […] Un fossé de 3 m de large et de 2,50 m de hauteur entoure ce château, partie ouest. Ce fossé tenait lieu de fortification. Pour arriver au château, il y a une avenue bien empierrée et un pont est pratiqué sur ce fossé de fortification. A l’entrée du château, il y a une porte grillée haute de 4 m. A chaque coin, il se trouve une tourelle plate par le haut et recouverte de tuiles ordinaires. La tourelle qui se trouve à l’extrémité droite du château est terminée par des créneaux. Il existe aussi quelques petites lucarnes au‑dessous des creneaux. D’apres la tradition, la tourelle à droite du château servait de prison pour les assiégeants vaincus. Car avant la Révolution, ce château était habité par un seigneur du nom de Goviller et pendant la Révolution ce château a été assiégé et le propriétaire vaincu a été emmené à Paris où il fut exécuté […] Les assiégeants étaient les habitants du village. Huit pièces de canons en défendaient l’entrée, elles étaient placées en haut de la porte de l’avenue. On ne connaît ploint d’excavation dans ce château. Deux hectares de terre entourent ce château et son limités par un mur haut de 2 m. Une grande porte grillée est pratiquée […] dans le mur d’entourage […] nord. Une porte ordinaire est pratiquée aussi à l’extrémité est. Il n’y a qu’un étage dans ce château et les murs sont tapissés et des ouvertures secrètes y sont pratiquées. » (MS 820)

■ Historique

1066La seigneurie de Raucourt était partagée entre l’évêque de Metz et l’abbaye de Saint‑Symphorien (Arveiler‑Ferry 1959, no 173). Une fortification semble avoir existé dès le début du xve s. (Bénédictins 1973, 5 : 188). L’abbé de Saint‑Symphorien édifia vers 1484‑1488 un petit château résidentiel saccagé puis réparé au xviie s. et finalement détruit durant la Première Guerre mondiale.

Richardménil « château de Ludres »

■ Localisation

1067Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Georges.
Carte IGN 1/25 000, Flavigny‑sur‑Moselle, 3416 ouest. CL : 1150,7 x 882,52.
Toponyme : nom germanique Ric‑hard et latin mansionle, ferme.

■ Vestiges

1068Le lieu‑dit « le bas château » se trouve dans la vallée alluviale de la Moselle en bordure de l’ancien cours, au pied de la côte (altitude : 230 m) et à 300 m au sud de l’église paroissiale. Les bâtiments actuels résultent de multiples transformations. La maison forte médiévale fut rasée en 1613 au profit d’un château résidentiel précédé, à l’est, d’une exploitation agricole. Le cadastre de 1808 conserve le plan de cet ensemble entouré d’un vaste parc. Vers 1845, le comte de Ludres édifia l’actuel bâtiment. La propriété fut coupée en deux à la fin du xixe s. par le creusement du canal appelé « rigole des eaux ». Dans la partie occupée par l’exploitation agricole on peut observer un vestige de tour polygonale datant du xviiexviiie s.

1069Grâce à un croquis de 1608, il est possible de connaître la disposition primitive de ce « château de M. de Ludres ». On y observe une construction rectangulaire, s’ouvrant par deux portails du côté nord, se prolongeant au sud par un grand parc, le tout entouré d’un large fossé (fig. 121).

FIG. 121 – Richardménil d’après un croquis de 1608 (ADMM, H 123).

■ Datation

1070« […] Ferri II de Ludres […] avait épousé en secondes noces Agnès de Lenoncourt. C’était le frère d’Agnès qui possédait le château bas à Richardménil. Le frère et la sœur avaient à se partager l’héritage paternel […] Ferry […] commença par acheter à Walterins de Richardménil et à sa femme les terres qu’ils possédaient encore et qui avaient jadis constitué le domaine de cette famille, dont ce château était passé par héritage aux Lenoncourt. Il fit cette acquisition au prix de quatorze cents florins d’or (23 juin 1354). Ainsi en possession des terres, il lui manquait encore la maison forte, qu’il acquit de son beau‑frère de Lenoncourt, moyennant sept cents florins d’or […] » (Ludres 1893 : 66‑67).

10711379, 3 avril – Aubert, bâtard de Lorraine, reçoit la moitié du château d’Essey‑les‑Nancy des mains du duc Jean 1er. En échange, il lui cède ses droits sur Richardmenil : « […] le duc de Loherenne […] et ses hoirs […] averont des mentenant […] de nous Aubert bestard de Loherenne et Aulix sa femme […] tout le fied […] que nobles homes […] Jehan de Ludes chevalier […] dolent tenir de nous […] en la fort maison de Rechaimesnil et es appartenances dicelle fort maison e ladite ville même de Rechaimesnil en tous les bans et fineges d’icelle […] et […] joindans […] toutes lesquelz choses sont venues […] au dit […] Jehan de Ludes et aux altres anfans […] par le trespassement dudit […] Ferry meisme lour pere et de Daime Agnel de Lenoncourt […] lour mere […] » (ADMM B 822, no 119).

10721500, 30 novembre : « Ferri de Ludres, écuyer, seigneur de Richardménil en partie et Colard de Ludres, aussi écuyer, frère germain dudit Ferry […] sur les conseils de leur oncle et cousin Evrard de Haraucourt, bailly de Nancy […] ont partagé les héritages […] échus par le trépas de […] Didier de Ludres en son vivant aussi écuyer et de demoiselle de Lenoncourt, leur père et mère […] Ferri emporte pour sa part du chastel, place et forte maison de Richardménil, depuis le grand mur qui est entre la Grand’chambre et les salles, d’icelle place du chastel, par devant Flavigny jusqu’à la part de messire de Haraucourt […] et la porte du chastel du haut en bas, tant en salles, chapelle, qu’en chambres, granges, étables. Colard emporte pour sa part dudit chastel et forte maison, depuis ledit mur qui est entre la grande chambre et les salles de devant la maison du sire des Armoises […] » (Ludres 1893 : 210‑211).

10731502, 8 mars : « Je Everard de Haraucourt seigneur de Germeney et bailli de Nancy […] je tien en fie […] de monseigneur le duc de Lorraine […] les pieces titres seigneuries rentes revenus que sensuit […] Item ung sixième en ung quart en la plaice et fort maison de Richardmesnil et en appendisses d’icelle ville […] » (ADMM B 823, no 2).

10741513, 22 janvier : « Monseigneur de Ludres (Ferry IV) chevalier seigneur du dit Ludres, Richardmenil en partie, comme tuteur paternel de ses enfants mineurs et messire Guyot de Fresnel, chevalier […] se faisant fort de dame Jeanne de Sampigny sa femme d’une part et Jacob de Haraucourt se faisant fort de ses freres ont échangé des heritages. Ferri de Ludres emporte tout ce que les seigneurs de Haraucourt ont en la seigneurie de Richarmenil, maison forte, justice haute moyenne et basse. Et ce même jour, Guyot de Fresnel abandonne a Ferri de Ludres tout ce qu’il possède en la seigneurie de Richardménil. » (Ludres 1893 : 211)

10751519, 26 octobre – Contrat de mariage entre Jean de Ludres, écuyer, et Claire de Saulx : « […] Item est promis et accordé que le cas advenant que le dit seigneur Jean de Ludres aille de vie à trepas avant la ditte damoiselle Claire sa future epousse, en ce cas elle aura et tiendra en douaire pour sa vie durant tout et telle part et portion que ledit sieur Jean de Ludres a eu au castel et forte maison de Richardmenil, basse cour, maisonnements, granges […] pourpris d’icelle avec les dits jardins […] terres labourables, affouages des bois et autres appartenances de la dite maison ou telle part que le dit seigneur de Ludres a au chateau de Parroy [...] laquelle des deux qui mieux plaira pour sa demeurance avec la somme de quatre cents francs […] par chaque an […] » (Ludres 1893 : 236‑237).

10761622 – Henri Ier de Ludres est en conflit avec les paysans de la seigneurie des Armoises acquise en 1613 : « Le seigneur de Richardmenil pretendait obliger les habitants du village à faire le guet, jour et nuit à leurs frais […] Le seigneur repondait que les deux seigneuries qui existaient autrefois au dit Richardmenil étaient confuses en lui et qu’ayant une maison forte, laquelle pouvait servir de refuge, il était juste qu’ils la gardent […] et en cette occasion, voulant y fortifier son château et maison forte, il y avait employé les matériaux du dit château des Armoises […] » (Ludres 1893 : 330‑331).

10771663 : « Le duc Charles IV […] prit de l’amour pour une jeune chanoinesse nommee Isabelle Comtesse de Ludre […] La mère de la demoiselle […] retira sa fille de Poussay et la fit venir toute malade qu’elle était à son château de Richardmenil. » (Calmet 1973a, 6 : col. 538)

10781888 : « Le château de Ludres ne conserve plus aucune trace ni de fortification ni de souterrain. Vendu en 1793 à Monsieur Grandjean Bouzanville il a été racheté en 1845 par monsieur le Comte de Ludres qui l’a complètement restauré ; inhabité depuis plus de vingt ans, il ne présente rien de remarquable. » (MS 820)

■ Historique (généal. 37)

1079Il faut attendre la première moitié du xive s. pour identifier des vassaux installés à Richardménil sans pour autant pouvoir établir de généalogie. Outre Fourquignon en 1303 (ADM B 256, fol. 68v) et Giles en 1311 (Levallois 1901 : 212), Wautrin semble être le dernier de la lignée en 1354. Si l’on en croit le comte de Ludres qui utilisa des archives privées, une maison forte exista à Richardménil avant 1354, et une partie de celle‑ci et de la seigneurie passèrent par héritage ou par achat aux Nancy‑Lenoncourt. Quoi qu’il en soit, la forteresse est antérieure à 1379.

GÉNÉAL. 37 – Les sires de Richardménil‑Ludres.

1080En 1354, Ferri de Ludres acheta les droits de Wautrin pour 1 400 florins d’or et ceux des Lenoncourt pour 700 florins, rassemblant ainsi entre ses mains l’essentiel du ban de Richardménil qui resta à ses descendants jusqu’à la Révolution. En 1613, Henri Ier de Ludres acquit la seigneurie dite des « Armoises » et fit reconstruire complètement sa résidence.

Richardménil « château des Armoises »

■ Localisation

1081Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Georges.
Carte IGN 1/25 000, Flavigny‑sur‑Moselle, 3416 ouest. CL : 1105,8 X 882,28.
Toponyme : nom germanique Ric‑hard et latin mansionle, ferme.

■ Vestiges

1082Une plate‑forme quadrangulaire (20 x 20 m au sommet ; 30 x 30 m à la base), entourée d’un fossé profond de 1,50 m apparaît à 100 m au nord‑ouest du « bas‑château », en bordure de la « rigole des eaux » creusée à la fin du xixe s. (fig. 122, 123). Le croquis de 1608 permet d’identifier le site du « petit château de M. des Armoises » édifié lui aussi à proximité de l’ancien cours de la Moselle. L’entrée se faisait au nord. Un jardin clos de murs occupait la partie sud et un « parterre » la partie ouest (fig. 121) (ADMM H 123).

FIG. 122 – Richardménil – Plate‑forme quadrangulaire correspondant au site du « château des Armoises » en 1980.

FIG. 123 – Richardménil, le « château des Armoises » – Plan topographique de 1984.

1083Les fouilles archéologiques menées de 1984 à 1988 ont permis de mettre au jour les fondations d’une maison forte flanquée de quatre tours d’angle circulaires et un très abondant mobilier du xvie‑début xviie s.

■ Datation

10841442‑1444 : « Petrement de Metz avec environ sept soldoiours de quoi Jehan de Chaalon estoit capitaine et allont panre une forteresse en Loheraine que s’appeloit Richardmesnil et l’ardont tout portant qu’elle estoit à Collard de Fleville qui estoit en guerre aux seigneurs de Metz […] » (Calmet 1973a, 5 : col. C 111).

10851447, 2 août : « […] noble homme Collard des Hermoises escuier seigneur de Fleville (pres de Briey) et damoiselle Katherine Dessey sa femme dudit Collard dautrepart […] ont eschaingé […] les choses cy apres escriptes […] Cest assavoir que lesdits Collard […] et Katherine […] en pourteront […] tout ce que ledit Thiedrit des Hermoises avoit […] es villes terres et signoiries de Fleville Lixieres Abeyville Jaulney la vallée de Burey Nuefville sur Ournain Sevrey desoubz Toullon Lupy Aumetz Crune Arronville on sart de Trieux [...] et en lencontre […] ledit Thiedry des Hermoises a et en porte […] la maison forteresse et seigneurie de Richarmesny et le tiers de la ville Descrowe et du Mamillet le moulin de Parpeil le tiers de la ville de Savigney sur Mueze les harraiges de Berizey au Plain et huitz francs de cens que Jehan de Savigney seigneur de Tournoy debvoit chacun an […] desquelles terres maison et seigneiries lesdit Collard et […] Katherine en tendent […] la moitie en gaigier de Dame Claude Dessey suer a ladite damoiselle Katherine pour la somme de 427 francs […] par certaines lettres sur ce faites […] pour certaines refections que lesdit Collard et […] Katherine […] y sont faites […] » (ADMM H 2665).

10861476, novembre : « Un renfort de trois cents hommes venant de Bourgogne […] se logea à Tonnoy‑sur‑Moselle se croyant en sureté en ce lieu parceque tous les châteaux voisins, Bayon, Neuviller Richardménil étoient occupés par les bourguignons. » (Calmet 1973a, 5 : col. 359)

10871545‑1546 : « Monseigneur des Armoises est seigneur dudit Richardmesnil avec Monseigneur de Ludres ou Monseigneur des Armoises a son chateau forteresse maison grange chaulcheu homme et femes a lui subgetz […] La theullerie de Richardmesnil est a monseigneur seul […] » (ADMM B 8319, fol. 13‑14).

10881547‑1548 : « […] douze francs avec six bichetz froment […] delivrez a Henry Pelletier […] pour avoir faict […] ung foussel et biez a lentour saines du jardin dudit sieur des Armoises audit Richardmenil prenant dès les fossez audit chasteau et allant jusques a la ripviere de Mozelle pour wider et couvrir lesdits fossez. Vingt trois francs avec deux bichetz de bledz […] delivre a Guerard le Gisseur masson […] pour avoir crappi de gisse et matte, aussy […] remestre deux huisses de pierre de taille en les‑table que ledit recepveur a faict dedans le chasteau […] audit Richardmenil. Six vingt onze francs huit gros deux blancs avec dix resaulx de bledz […] a Nicolas Woirin et à ses compaignons tarellons pour avoir wuider et my hors la terre et pierre des trois panelz des fossez au chasteau dudit Richardmesnil assavoir le pane en costé dever le jardin ung aultre devers la maison monseigneur de Ludres et laultres en darrier vers le columbier […] Cing francs […] a Jehan Laicques thuileur audit Richardmesnil pour deux milliers de thuilles courbes quil ait [...] fourny pour aider a recouvrir les toictz de la basse court du chasteau dudit sieur des Armoises […] » (ADMM B 8321, fol. 50‑52).

10891548‑1549 : « Pour neuf cens et demy de fagots d’espines quil a fourny pour la closture du Jardin dudit des Armoises […] et le petit meix qui est au devant du chasteau […] cinquante huit resaulx de chaulx et trois douzaines et demi de cairaulx de terre pour les chemynees du chasteau […] Cinquante quatre francs avec trois resaulx de bledz […] payés à Opuron et Didier Piquart et a Jehan et Henry Pelletier […] pour avoir wide et refaire le pane de devant les fossez dudit chasteau six pieds plus bas quil nestoit et de la largeur de trente piedz […] Vingt trois francs dix gros […] a Nicolas clouetier […] pour avoir fourny […] pour les tours et petitz toictz vingt deux milliers de cloux a lettes […] plus mille cinq cens de clous de grenier […] et quatre cens de gros cloux renforcez pour les desdistes tours […] Quinze francs et neuf gros a Guerard Mesgnien masson […] pour avoir faict […] la hotte et les deux fours avec la chesmynee le tout de gisse audit chasteau […] dix huit francs six gros […] pour avoir faict le biedz et assis les cors de la fontaine dudit chasteau […] pour […] trente milliers de thuilles plates […] pour la couverture des deux tours et petitz toictz d’allentour dudit chasteau que ledit sieur y a faict dresser et bastir. Trente francs […] pour tous lestablement et couverture de pierre de taille estant dessus la muraille de premier pain des fossez du devant deux boutz dudit pain. Remestre fournyr de craineaulx au dessus et autres choses […] pour avoir faict […] les coiffes et toictures entierement des deux tours dudit chasteau de mesmes carures haulteurs et rondeurs que sont les deux aultres dudit chasteau, aussy les quatre petitz toictz de dessus les murailles estans a lentour desdites quatre tours […] » (ADMM B 8323, fol. 47‑53).

10901613 – Henri Ier de Ludres acheta pour la somme de 7500 francs barrois la seigneurie et le château des Armoises à Richardmenil à la dernière héritière de cette famille. La seigneurie comprenait 4 ha de prés, 20 de champs et 66 de bois (Ludres 1893 : 330‑331).

10911622 – Henry Ier de Ludres est en conflit avec les habitants de Richardmenil. « Le seigneur de Richardmenil pretendait obliger les habitants du village à faire le guet jour et nuit à leurs frais […] Les demandeurs […] repondaient qu’il y avait deux seigneuries à Richardmenil, celle dite des Armoises et celle de Richardmenil. Ils ne niaient pas que les prédécesseurs du seigneur des Armoises aient pu les contraindre au guet car ils étaients de condition serve, mais ils ont été affanchis en 1551. Du reste, la maison seigneuriale dite des Armoises est ruinée de fond en comble, les fondements rasés, et on ne peut les obliger à faire le guet à une autre maison qu’à celle des Armoises ; le seigneur répondait que les deux seigneuries qui existaient entrefois au dit Richarmenil étaient confuses en lui […] et qu’ayant une maison forte, laquelle pouvait servir de refuge à tous les habitants du dit lieu, il était juste qu’ils la gardent […] et en cette occasion voulant y fortifier son château et maison forte, il y avait employé les matériaux du dit château des Armoises. » (Ludres 1893 : 331).

■ Historique

1092Une petite partie du ban de Richardménil échappait aux Ludres (généal. 38). A l’extrême fin du xive s., une nouvelle seigneurie fut constituée par Renaud de Nancy et son épouse, Catherine de Tonnoy. L’un et l’autre appartenait à des lignages installés dans le Vermois. Renaud descendait de la famille La Tartre de Nancy et Rosières (ADMM B 881, no 16). Le fils aîné de Jacquemin La Tartre, Renier, fut prévôt de Nancy entre 1296 et 1305 (Fray 1986 : 44, 318). Il décéda avant mai 1317, laissant un fils, Renaud, qui reprit le fief de Ferrières. On le retrouve en juillet 1320 (ADMM B 881, no 17). Il laissa trois enfants dont l’aîné, Renaud II, continua la lignée (Pierron 1969 : 11‑13). Son successeur, Renaud II, nous est mieux connu entre 1383 et 1413 (ADMM B 611, no 1 ; H 2665), tandis que Catherine était issue des Savigny‑Herbeviller‑Tonnoy.

GÉNÉAL. 38 – Les sires de Nancy‑Rosières‑Richardménil.

1093Une modeste maison forte quadrangulaire avec deux tours d’angle fut construite vers 1400 sur le plan des maisons‑tours, comme à Marivaux‑Bezaumont. Renaud décéda vers 1413, Catherine vers 1435, leur héritière, Jacquette, fit entrer la seigneurie dans la lignée des sires d’Essey‑lès‑Nancy, descendant d’Aubert, bâtard du duc Ferri IV. Dès 1440, le domaine devint une coseigneurie entre les deux filles de Jacquette. Collard des Armoises, écuyer, seigneur de Fléville‑Lixières près de Briey, ayant épousé Catherine, entra en possession de la moitié de Richardménil. Or Collard se rendit coupable d’agressions contre des marchands messins dans le Pays‑Haut. La cité se vengea en envoyant un groupe de soudoyers brûler la maison forte de Richardménil vers 1442‑1444. Catherine assuma les préparations et reçut en gage l’autre moitié de la seigneurie appartenant à sa sœur Claude. Le 2 août 1447, Catherine et Collard cédèrent Richardménil à Thierri des Armoises, frère de Collard, souche d’une nouvelle lignée.

1094Au milieu du xvie s., la maison fut l’objet d’importants travaux. Les pièces comptables évoquent les activités rurales de la demeure au travers de l’étable, du colombier, de la basse‑cour et du jardin. Les fossés furent curés ainsi que les biefs qui les reliaient à la Moselle. Les défenses furent améliorées par la construction de deux petites tours rondes, aux angles qui n’en possédaient pas, et par le renforcement des parties supérieures (créneaux) du mur placé dans le fossé devant la maison, c’est‑à‑dire au nord. Le détail de ces travaux a été confirmé par les découvertes archéologiques qui ont par ailleurs révélé un dédoublement des murs extérieurs de la maison forte et une seconde enceinte à la périphérie du fossé.

1095Les seigneurs ne résidaient guère à Richardménil, préférant leur château de Barisey‑au‑Plain près de Toul. En 1613, ils finirent par vendre cette seigneurie à leur voisin, Henri de Ludres, qui rasa les bâtiments et récupéra les matériaux au profit de son propre château alors en pleine reconstruction. Aucune réoccupation n’est venue perturber le site depuis cette époque.

Rosières‑aux‑Salines « le château »

■ Localisation

1096Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Pierre.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL : 1107,3 x 894,8.
Toponyme : mot germanique raus, roseau et suffixe aria.

■ Vestiges

1097Rosières se situe dans la vallée inondable de la Meurthe (altitude : 215 m). La rivière a été repoussée au nord de la ville au xixe s. alors qu’auparavant elle s’associait étroitement à celle‑ci. Le cadastre de 1810 illustre très bien cette ancienne topographie tripartite de Rosières tout comme une carte du xviiie s. (fig. 124).

FIG. 124 – Rosières‑aux‑Salines – Carte Naudin (XVIIIe s.). Le château et la saline se trouvent au nord de la ville. L’hospice et les vestiges clôturés du « Châtel Brun » se trouvent au sud.

Cl. A. Tagorn, © 1992, Inventaire général

1098La ville proprement dite était traversée par le « canal du Moulin », dérivation de la Meurthe. Au sud de ce canal, les habitations avaient proliféré le long de la « Grande rue », donnant à l’ensemble l’aspect d’un faubourg où se trouvait l’église paroissiale. Entre le canal et la Meurthe, dans un site de confluent, se pressait un quartier fortifié. Au nord‑est de la Meurthe, au‑delà du « grand pont », un second ensemble se composait de la saline du château et d’habitations enveloppées par une enceinte que l’on franchissait par une porte fortifiée dite « porte la Brûle ».

1099Les vestiges du château se trouvent à 550 m au nord‑est de l’église, à proximité de l’ancienne saline devenue haras national, au no 19 de la rue Bocheron (fig. 125, 126). Ils consistent en un pan de courtine (longueur : 14,70 m ; largeur : 1,50 ; hauteur : 3 m) et une tour circulaire, correspondant au côté sud‑ouest du château, construits en moellons marno‑calcaires. Cette tour est un ouvrage haut de 8 m, aux murs épais de 2 m, d’un diamètre extérieur de 8 m. Le rez‑de‑chaussée est accessible par une porte percée après coup dans le mur. Dans la partie sud, une ouverture (1,80 x 1 m) permettait jadis de communiquer avec l’extérieur. Depuis cette niche, qui a conservé son plafond en poutre de chêne, on peut s’engager dans une cage d’escalier (largeur : 0,65 m) prise dans l’épaisseur de la maçonnerie qui dessert une archère simple (hauteur : 1,10 m ; largeur à la gueule : 1 m et 0,05 m à la fente de tir ; profondeur : 1 m), puis le premier étage. Celui‑ci conserve son encadrement de porte taillé dans un beau calcaire coquillier soigneusement appareillé (1,75 x 0,80 m). Le plancher se compose de six grosses poutres (0,34 x 0,30 m) espacées de 0,60 m, entre lesquelles subsiste un blocage de moellons plats avec chaux. La pièce prenait jour par une petite fenêtre (0,88 x à 0,48 m) encore garnie de barreaux de fer. Il ne subsiste rien de l’étage supérieur. La toiture laissée à l’abandon s’est effondrée.

FIG. 125 – Rosières‑aux‑Salines – Plan et coupe de la tour

dessin B. Willaime

FIG. 126 – Rosières‑aux‑Salines – Courtine et tour du château.

1100Un plan de 1765 (ADMM B 10994) permet fort heureusement de connaître en détail le plan du château en forme de quadrilatère irrégulier (fig. 127). Deux tours rondes flanquaient encore les angles nord et sud (8 m de diamètre). On accédait à la cour intérieure par une porterie occupant l’angle ouest. Le côté nord‑ouest se réduisait à un simple mur de courtine (35 x 1 m). Le côté sud‑ouest présentait une allure similaire (51 x 3 m). Par contre, les corps de bâtiments sud‑est (30 x 15,80 m) et nord‑est (53 x 12,50 m) existaient encore. Des parterres occupaient l’emplacement des fossés tout autour du château. Au nord de celui‑ci, on rencontrait une puissante porte fortifiée : la « porte la Brûle » appartenait à l’enceinte du bourg qui s’étendait devant le château. Au sud, la saline s’organisait sur un plan triangulaire (159,5 x 159, 5 x 195 m). Une tour de 8 m de diamètre subsistait en bordure de la Meurthe. Il faut souligner combien les systèmes défensifs de la saline, du château et du bourg, sont étroitement associés et donnent une forte cohésion à cette partie de la ville.

■ Le château d’après les mentions de réparations

1101Les mentions de réparations se trouvent dispersées dans près de 128 registres et sont insuffisamment explicites pour permettre de situer, même avec approximation, les différents bâtiments les uns par rapport aux autres. Ils permettent néanmoins de connaître l’existence des différentes parties du château.

FIG. 127 – Rosières‑aux‑Salines – Le château et la saline, d’après le plan de 1765 (ADMM, B 10994). « Plan d’un terrain Domanial que l’on propose d’assencer à Rozieres dans l’emplacement et dépendances du Bâtiment de graduation demoly. Le lavis rouge désigne le château et ses dépendances le tout susceptible de grosses réparations et d’un grand entretien marqué des chiffres 11, 12, 13, 14, 15, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29 juin 1765. (ADMM B 11703).

Entrée(s)

1102En 1516 : « A Jehan Jaiquemin et […] Labaille charpentiers […] pour vingt quatres journees quilz sont estez […] audit chastel au reffaire le bauffroy que est dessus la porte devers le molin à la Croix. » (ADMM B 8475, fol. 45)

1103« Au Grant Pierre le masson et a son serviteur pour onze journees quilz sont estez au reffaire une partie de la muraille qui soustenoit le bauffroy davant dit aussi recrappy les murailles sur les fosselz […] item pour avoir remure plusieurs craneaulx qui estoient rompus. » (ADMM B 8475, fol. 46)

1104« […] l’une des portes dudit chastel. » (ADMM B 8475, fol. 45v)

Cour

11051516 : « item faire une porte neufve sur la Court on darriere. » (ADMM B 8469)

11061658 : « la grande muraille du corps de logis dudit chasteau a gauche en entrant faisant face sur la Cour. » (ADMM B 8595)

Tours

11071492‑1494 : « la grosse tour du chastel de Rozieres quondit la Motte […] ».

1108Le receveur général de Lorraine Georges des Moines chargea Didier Howat, maçon de Nancy, et Menget Travolet, maître des œuvres du Comté de Vaudemont, de visiter la tour et de faire un devis. Les maçons de Saint‑Etienne de Toul, puis ceux de Vic, se rendirent aussi sur les lieux. On dut la reconstruire complètement (ADMM B 8467, fol. 126r).

11091497‑1498 : « A Jehan Collette masson […] pour avoir radoubé […] le pied de la petitte tour dudit chastel et pour avoir creppy les murs alentour de ladite tour […] » (ADMM B 8469).

11101499‑1500 : « Au petit Jehan Lymosin masson […] pour […] ung pertuys qui estait au pied de la tourrelle ou est une petitte chambre […] » (ADMM B 8469).

11111576‑1577 : « […] une neufve serrure a une des portes de la première tour du chasteau […] ». (ADMM B 8504, fol. 75v)

11121642 : « […] faire reparer la bresche qu’estoit a la tour rompue du château dudit Rosieres […] » (ADMM B 8592, 6e liasse, fol. 12v).

11131662 : « Les toictures des deux tours qui restent couvertes audit chasteau […] » (ADMM B 8595, fol. 19r).

Les dépendances

La grange

11141470‑1471 : « Paie par ledit receveur pour mectre dedans les foings on chastel dudit Rozieres […] » (ADMM B 970, fol. 843r).

11151472‑1494 : « […] pour trois journees de Didier Rencellet recouvesteur […] davoir recouvert la grainge que on mect le foing de mondit seigneur […] » (ADMM B 8467, fol. 73v).

11161499‑1500 : « […] les toictz […] de dessus la grant grainge ou est le foing. » (ADMM B 8471)

11171521‑1522 : « […] avoir radoubbé les piedz des portes de la grant grainge au foing. » (ADMM B 8479)

Les étables

11181471 : « […] reffection […] es ratelz des merechacees. » (ADMM B 970, fol. 843r)

11191494 : « […] une petite chambre pres de lestauble des pollains ou demeure ledit Petit Jehan […] une barriere […] en lestauble des poullains devers le fossés aupres de la Porte la Breulée. » (ADMM B 8468, fol. 40v et 42v)

11201517‑1518 : « Paie à Claude de Pourtes‑seulx pour avoir wuyde les deux grandes estaubles du chastel. » (ADMM B 8477)

11211521‑1522 : « […] deux petittes portes pres de la grant estable » (ADMM B 8479).

11221566‑1567 : « […] cinq brancquars de chaulx […] pour fournir […] au rempietement des tours et murailles du costé de la beufverie […] » (ADMM B 8496, fol. 68r).

Les greniers

11231521‑1522 : « […] reffaire les degreiz de bois par où on voit ez greniers. » (ADMM B 8479)

11241516‑1517 : « […] recouvrer les toitz des greniers […] reffaire une partie des toitz desdits greniers […] » (ADMM B 8475, fol. 45v).

11251566‑1567 : « la grande muraille des greniers de coste du jardin […] » (ADMM B 8496, fol. 68v).

11261576‑1577 : « Pour une neufve clefz aux greniers ou est les grains de monseigneur […] » (ADMM B 8504, fol. 70r).

Les communs

11271576‑1577 : » […] deux chassy de bois de chesne aux deux garde manger proches de la cuysine dudit chasteau […] » (ADMM B 8504, fol. 75r).

Les logis seigneuriaux

La grande salle

11281499 : « […] visiter et recercler le toict de la grant salle […] » (ADMM B 8471).

11291576‑1577 : « […] avoir refaict les fenestres du château tant celles de la salle que des chambres. * (ADMM B 8504, fol. 76r)

La chapelle

11301516‑1577 : « […] sommes payées au chapelain de la chappelle du chasteau pour le luminaire de ladite chappelle […] ». ; « rabiller les varrieres de la chappelle dudit chastel. » (ADMM B 8476)

Les chambres

1131« Faire un aistre en la chambre hault dedens la chambre du roy […] ung aultre aistre en la petite chambre de la tournyaille […] et l’aultre en la grant chambre bas dudit chastel […] reffaire la paulle dudit chastel et le fornet » (ADMM B 8468, fol. 44v) ; « […] le contrefeu de la chambre où se tient le chastellain » (ADMM B 8469) ; « […] avoir radoubbé la cheminee de la chambre Baussant […] » (ADMM B 8469).

11321498‑1499 : « […] une petitte chaminee appellee chauffedos de clocques en une petitte chambre de la Tournaille qui est davant la grant chambre dudit chastel. » (ADMM B 8470)

11331499‑1500 : « […] les toictz des chambres dudit chastel. » (ADMM B 8471)

11341516‑1517 : « […] rabiller les varrieres de la grant chambre de monseigneur le duc. » (ADMM B 8475, fol. 46v)

1135Cet ensemble de documents archéologiques, iconographiques et archivistiques concerne surtout l’état du château entre la fin du xive et le milieu du xvie s. D’autres sources permettent de s’interroger sur la configuration du château et de son environnement, sans oublier ses habitants, entre le xiie s. et le xve s.

■ Datation

11361194, 2 avril – L’empereur Henri VI reçoit de Frédéric de Bliesbrück, doyen de Toul, et du frère de celui‑ci, Brunon, la moitié du château de Rosières et le puits à sel de ce lieu, et les leur rend en fief : « Heinricus Dei Gratis Romanorum imperator et semper augustus […] Unde, cum fideles nostri Fridericus de Brucke, decanus Tullensis, et frater ejus Bruno proprietatem medietatis castri Rosirs nobis tradiderint, notum facimus universis presentem paginam intuentibus, tam presentibus quam futuris, quod nos eandem castri medietatem eis in feodo a nobis tenendam concessimus, eo tenore quod, dum ambo vivent, illam tenebunt ; altero eorum mortuo, illi qui superstes fuerit remanebit. Si autem idem fratres ambo moriantur, vivente Alberico filio alterius fratrum videlicet Brunonis, ad illum devolvetur ; sed si accident dictum Albericum casu aliquo sine herede mori, heredibus Walteri, fratris predictorum decani et Brunonis, sepe‑dicta medietas castri de Rosirs remanebit. Idem fiet per omnia de puteo salis in eodem loco, cujus etiam proprietatem prememorati fratres nobis contulerunt, et a nobis in feodo tenenda receperunt [...] » (Pfister 1906 : 52‑53).

11371196, 26 juin : « Otton, par la Grâce de Dieu, comte palatin de Bourgogne […] faisons savoir […] que, comme Frédéric de Brück, doyen de Toul, et Bruno, son frère, ont remis la moitié du château de Rosières à notre seigneur et père Frédéric, Empereur des Romains, et l’ont ensuite reprise de lui en fief, nous l’avons reçue en fief de notre seigneur et frère et donné au dit Frédéric et à son neveu Alberic, fils dudit Bruno, pour la tenir de nous en fief, à telle condition que, tant qu’ils vivront tous les deux, ils la tiendront ; l’un des deux étant mort, le survivant l’aura, que si tous deux étaient décédés et qu’Alberic n’eût pas laissé d’héritier, cet héritage serait dévolu aux hoirs de Gautier de Bruck, frère desdits Frédéric et Bruno, qui semblablement le tiendraient de nous en fief. Il en sera de même des sources salées trouvées ou à trouver en cet endroit […] » (Lemercier de Morière 1884 ; 167‑168).

11381197 – Aubry de Rosières confirme les dons faits par son père Brunon à la commanderie de Cuite‑Fève : « […] apud Rosieras molendinum juxta castellum […] » (ADMM H 3043, fol. 45r).

11391229, mai : « Ego Henhcus cornes geminus pontis notum facio universis quod Albricus dominus de Rozeriis tenet de me in feodum apud Rozerias tam modo solam motam de Rozeriis […] » (ADM B 256, fol. 19r).

11401232, 2 février : « Je Aubris sires de Rozieres fais cognoissant a touz que de toutes les entresses que mes sires Maheus avoit entrepris envers mi […] somes nos accordei […] mes sires li dus […] ne ses hoirs ne puet retenir a Rozieres entre le Grand pont et le chastel fors que trois maisnies domes […] en teil meniere que ie li ai recognu et repris de lui quanque ie ai et teig a Rozieres et on ban fors que la mote soulement que ie teing dou conte de dous pons […] » (ADM B 256, fol. 191v).

11411292, 2 février : « Nous, Ferry duc de Loherenne, faisons savoir […] que comme Jehan de Roziere chevalier filz Geoffroy de Roziere qui fut ait eschangé […] a nous tout ce quil avoit […] en la ville de Roziere en ban et justices en hommes et femmes en forteresses et salines […] la grange de Portesuel et douze vingt sols toullois […] » (ADMM B879, no 31).

11421318, 7 août : « Je Jaiques de Nancey chevalier fait savoir que […] Ferris duc de Loherenne mait donei […] son chasteil de Rozieres et lai tour con dit lai monte et toutes les aipartenancez que il avoit dedans les foussez et les murs do dit chastel et […] son meix que fuit monsignour Joffroy de Rozieres chevalier qui fut lequel dit chasteil lai tour con dit lai monte les masons lez murs et les fousseis il velt que ie les puisse hauscier alargier et amender a mai volluntei et par […] ceu je dois faire quaitre tours on dit chasteil et lever lai tour que y est jai soffeisamment et les murs dou dit chaisteil lever et les tousses alargier et wendier dedans le termine si apres ensuivant : cest assavoir de lai teste Sainct Remy […] venant on chief doctembre en trois ans continuelment ensuivans et mui hoir se de moy deffeloit et se je prenoie aucun heritaige on masons pour eslargier les tousses ie renderoie le domaige à cela cui on le deveroit rendre a dit de prodemes […] Lesquels heritaiges […] ie et muy hoir […] tanrons dou […] duc […] en fie et en homaige devant tous homes et randables et receptables a luy et a ses hoirs […] a tous lour bezoiges […] et mai encor octroier messire li dus […] que ie ou mui hoir puissions panre pierre a plux pres que nous lou porriers trouer et faire toutes aisances pour ledit chasteil et lai dite tour con dit lou monte enfforcier et amander par mei le damaige rendant a dit predomes […] et encors mait octroie li dis […] dus tous que ie ay muy hoir puissions aiquester les maisons et les heritaiges que avont dedans le dit chasteil de Rozieres ensi que nos les auriens et devoiens tenir de luy […] en fie et en homaige. » (ADMM B 880, no 68)

11431370 : « En celle annee ceux de Metz orent en lour aide Jean Rollant et Biaulx Ruis à tout C.C. glaives et C. archiers, lesquelz avec ceux de Metz ardont toute Lorrene […] et la moitie de Rozieres et y furent l’espace de XII jours sans rien perdre. » (Calmet 1973a, 5 : col. XI)

11441390, 23 octobre : « Jehan de Geroncourt escuier […] ait vendu […] a Charles duc de Lohereine […] la moitié de tous le chestel et fourteresse ensemble la moitié de tous le cintre clos pourpris fossez usuaires et appartenances que ledit Jehan avoit en la ville de Rosières […] laquelle moitié dudit chasteil parte a Hanri de Geroncourt escuier frere apres la mort […] de Jehan de Nancey chevalier que fuit pere aus dessus dis dous freres et apres le deces de Huairt de Geroncourt […] frere aus dis Jehan et Hanry. Et lai vendu […] pour […] 300 petits florins viez […] » (ADMM B 880, no 123).

11451404 : « Mangin dit Drowin de Rosières chastellain de lai dite Rosieres […] » (ADMM B 2670).

11461462, 21‑24 octobre : « Rosieres […] se rendit aux officiers du duc de Bourgogne […] n’étant pas en état de resister. » (Calmet 1973a, 5 : col. 323)

11471476, octobre : « Le duc de Bourgogne vint mettre le siège devant Nancy le 25 octobre et en même temps le duc René partit pour la Suisse et laissa des garnisons dans toutes ses places : à Rosières Malhortie avec plusieurs allemands […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 356).

11481476, novembre : « Malhortie et Donenstein l’un commandant à Rosières et l’autre à Luneville entrèrent au milieu de la nuit dans Saint‑Nicolas et firent main basse sur tous les Bourguignons […] enlevèrent leurs chevaux […] au nombre de dix huit cens et emportèrent leurs bagages, leurs armes […] Le duc […] résolut de se venger […] il marcha vers Rosières qu’on lui avoit dit être un lieu de peu de resistance. Il s’arreta sur la hauteur pres de la justice et envoya une troupe de ses gens contre la ville mais Malhortie et les siens les repoussèrent […] Le duc considerant le bourg de Rosières qui a assez d’apparence et les eaux qui l’environnent surtout pendant l’hiver crut que c’était une grande ville et que l’eau qu’il voyait était celle des fosses. Il jugea donc à propos de retourner au siège de Nancy. » (Calmet 1973a, 5 : col. 360)

11491484 –Abandon de la saline : « Très haute […] princesse Christine […] de Dannemarc […] l’an 1563 le premier jour de février a fait eriger de fond en comble cette presente saline […] laquelle avoit ete desertee soixante dix neuf ans auparavant […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 734).

11501492‑1494 : « Aultre despence […] pour remettre en point et en en estat la grosse tour du chastel de Rozieres quondit la Motte laquelle estoit toute fendue et derompue de tous cousté et en alloit a ruyne. » On utilisa 170 voitures de pierres et 167 réseaux de chaux amenés par chariot depuis Damelevières et Coyviller (ADMM B 8487, fol. 126‑131).

115115?? : « Je Maheu de Lecey escuier seigneur dudit lieu et de Dompbasle en partie […] je tiens […] la vouerie de Rozieres et la maison dicelle vouerie seant audit Rozieres entre la chapelle des Innocents dunepart et les fossez du chastel d’aultre part […] » (ADMM B 826, no 83).

11521642, 2 janvier : « Despence de la somme de 202 francs […] scavoir 175 francs à François Thery […] charpentier pour la construction d’une palissade faicte et posee à la tour rompue du château […] et les 27 francs le surplus […] bailles à Claude Chevillon et ses compagnons massons sur l’enchère a eux faicte a qui moins de la muraille qu’il y convient faire avec chaulx et sable pour laquelle bastir attendant le temps propre et comode ilz en ont levé une a sec […] » (ADMM B 8592, fol. 5‑6).

11531658 : « Le comptable fait despence de […] 464 francs 6 gros […] paie a Demenge Jacquemin maitre serurier […] pour […] 970 livres de fer […] façonné et mis en liens y comprins 40 francs pour voyager à Rosières pour y reconaistre ce quil y convenait faire poser et attacher proprement lesdits liens pour ralier la grande muraille du corps du losgis dudit chasteau a gauche en entrant faisant face sur la cour laqelle est separee d’un pied et demy ; une autre grande muraille qui la joint au travers et qui panche tellement que si elle n’avoit esté lice et arrestee par lesdits liens de fer il y avoit grand danger de sa cheutte. » (ADMM B 8595)

11541661 : « Despence de […] 80 francs […] a Nicolas Fiacre et Didier Lorier recouvreur pour avoir fait les ouvrages tant pour la couverture de la toiture du vieux bastiment du chasteau au quartier ou losge […] ledit gouverneur Gautier […] » (ADMM B 8595, fol. 9r).

11551662 : « Par la visitte faicte par Claude Thiry, Nicolas Gauthier charpentiers et recouvreurs […] à la requeste du sieur des Marais gouverneur capitaine et prevost dudit Rosieres, […] les toictures des deux tours qui restent couvertes audit chasteau sont en sy mauvais estat que sil ny est bientost remedie elles tomberont en ruyne […] » (ADMM B 8595, fol. 19).

11561709, 8 mai : « Ils laissent et accensent […] le canton de fossez dudit Rosières lieu dit à la porte la brusle […] comme le tout se contient entre ladite tour maison et muraille de la ville d’une part et les murailles dudit château d’autre part […] » (ADMM B 11044, no 106).

■ Historique (généal. 39)

1157Entre 1130 et 1150, le chevalier Gauthier de Bliesbrück entra en possession de la terre de Rosières et s’agrégea à la noblesse locale en épousant une des filles de Gauthier de Gerbéviller (Wargnies 1974). Une saline comprenant un puits et plusieurs poêles apparut à cette époque en même temps qu’un château à motte sur cette terre allodiale, suscitant rapidement les convoitises du duc de Lorraine privé de cette importante source de revenus (Hiegel 1981 : 3‑48). Brunon Ier (1185‑† ap. 1194) et son frère Frédéric cherchèrent à se protéger du duc en donnant leur part du château et de la saline à l’empereur Henri VI et en la reprenant en fief de lui seul. Cette protection se révéla, à l’usage, bien lointaine.

GÉNÉAL. 39 – Les sires de Nancy.

1158Aubry de Rosières (1194‑† av. 1294) lui substitua celle du comte de Deux Ponts, en reprenant de ce dernier la motte en 1229. Il parvint également à contenir la poussée ducale dirigée vers le bourg devant le château, puisqu’en 1232 le duc reconnut ne tenir « entre le Grand Pont et le chastel fors que trois maisnies domes ». Aubry fut néanmoins contraint de reprendre ses autres biens, dont la saline, en fief du duc. La politique ducale consista alors à acquérir par achat ou par échange les droits des nombreux héritiers d’Aubry sur le château et la saline : Brunon Il en 1267 (ADMM B 883, no 78), Jean en 1292 (ADMM B 879, no 31), Ferri en 1294 (ADMM B 879, fol. no 37 et 38), Agnès veuve de Geoffroy II en 1296 (ADM B 256, fol. 58v) et Richard en 1301 (ADM B 256, fol. 72v). Au début du xive s., le duc était le seul maître de Rosières.

1159La gestion de la saline fut confiée à des officiers membres de la famille bourgeoise La Tartre de Nancy : Jacques, de 1304 à 1315, puis ses frères Thiriat « Waistels » et Barneffroy en 1316 (Fray 1986 : 44).

1160Jacques sut se faire apprécier puisqu’il reçut le titre de chevalier. Le 7 août 1318, le duc lui donna en fief le château de Rosières, qui se composait alors d’une motte couronnée d’une tour et une basse cour abritant des maisons protégées par une enceinte et des fossés. Il présentait l’allure caractéristique des châteaux du xiie s. Jacques fut chargé d’adapter cet édifice aux nouveaux impératifs de l’art militaire en renforçant la tour existante, et surtout en construisant un château quadrangulaire flanqué de quatre tours et précédé de fossés larges et profonds. Les travaux devaient être achevés dans un délai de 3 ans à compter de novembre 1318. Cette description correspond parfaitement aux vestiges figurant sur le plan de 1765. De plus, la tour qui subsiste correspond assez bien à cette date en raison du type d’archère simple (Mesqui 1979) que l’on y observe. La faveur ducale ne se démentit pas, puisqu’en 1320 Jacques et son épouse reçurent leur vie durant le domaine de Portieux moyennant une redevance annuelle (ADMM B 880, no 2).

1161Leur fils Jean (1359‑1364) épousa Y de Gironcourt et laissa la moitié du château et des dépendances attenantes à ses trois héritiers, qui le revendirent au duc en 1390 (ADMM B 880, no 123). Le second fils, Renier, abandonna bien plus tôt, vers 1345, l’autre moitié. Le duc renonça définitivement à la pratique de l’inféodation. Dès 1404 la garde fut confiée à un châtelain salarié et l’entretien releva du prévôt mentionné dès 1437 (ADMM H 508).

1162Le château ne semble pas avoir souffert des attaques messines en 1351 (Calmet 1973a, 5 : col. XI) et 1370. Il fut occupé par les Bourguignons en 1475, mais leur tint tête en 1476. Son importance déclina avec l’abandon de la saline entre 1484 et 1563. La guerre de Trente Ans l’endommagea sans le ruiner, à la différence d’autres châteaux. En 1765 on l’estima « susceptible de grosses réparations ». Les dégradations s’accélèrent tout au long du xxe s. Il est à souhaiter que les derniers vestiges puissent être préservés, en témoignage de cette longue histoire.

Rosières‑aux‑Salines « Châtel Brun »

1163Deux chroniques messines évoquent la destruction de maisons fortes à Rosières en 1351 par les troupes de la cité. L’une mentionne « de fortes maisons » et l’autre « deux fort maisons ». La formule est ambiguë et l’imprécision des textes rend difficile un jugement catégorique.

■ Localisation et vestiges

1164Un lieu‑dit « Châtel Brun » existait à 400 m au sud‑est de l’église, à l’extrémité de la ville, en face de l’ancien hôpital et du cimetière (altitude : 211 m). Aucun vestige ne subsiste. CL : 1106,6 x 895

1165En 1810, on y rencontrait un bâtiment fort irrégulier entouré d’une vaste parcelle. La carte, dressée par les frères Naudin au milieu du xviiie s., montrait avec précision un édifice rectangulaire avec cour centrale et, au sud, un très grand parc ceint de murs sur trois côtés (fig. 124, 128). La tradition locale et les textes permettent d’y localiser une des maisons fortes de Rosières.

FIG. 128 – Rosières‑aux‑Salines – Plan cadastral de 1835 section U.

■ Datation

11661285, 8 mars : « Nous Symonins dis de Rozieres escuiers filz notre seigneur Brun que fut […] nostres sires li dus […] nos ait donei […] sa fort mason de Rozieres et quant quil ait en la ville de Rozieres et on ban […] et la grainge de Xourdailles […] » (ADM B 256, fol. 74v).

11671351 : « Les Messains ne furent pas lasches […] Assaillirent Frouard et Rosiere. De fortes maisons firent maisiere. Et furent en joie et en deduict. Malgré eulx un jour et deux nuicts […] » (Calmet 1973a, 2 : col. 290).

11681351 : « Ceulx de Metz rissirent fuers à ost et furent devant Nancy, ardont le pays alentour […] et furent à Rosières et l’ardont toute, et le pays alentour, et les deux fort maisons furent vaignie a forces et arses et destruites […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 11).

11691370 : « En celle annee ceux de Metz orent en lour aide Jean Rollant et Biaulx Ruis a tout C.C. glaives et C. archiers lesquelz avec ceux de Metz ardent toute Lorrene […] et la moictié de Rozieres et y furent l’espace de XII jours sans rien perdre […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 23).

11701417, 20 avril : « Il y a certainz héritages situés au ban dudit Rosières sous la seigneurie de Brun […] » (Lepage 1853, 2 : 430).

11711432, 9 septembre : « René filz de Roy de Jerusalem […] avons octroie (à Jehan de Barisey) […] trois cens francs douze gros […] pour laquelle some […] avons mis […] en waige […] ez mains dudit Jehan de Barizey […] le clos dessuer notre ville de Rouzieres dit et appellé la Maison messire Brun ainsi comme ledit clos se contient entre mures tant en ediffices en maizes gerdins […] » (ADMM B 881, no 35).

11721566, 12 octobre : « Guilaume de Thuillier et […] Claude de Barizey sa femme ont […] cédé […] au duc de Lorraine […] leurs droits (sur la maison messire Brun) moyennant 210 francs […] » (ADMM B 881, no 36).

11731597 : « Le receveur fait icy recepte de 3 francs 11 gros 4 deniers quil a receu de plusieurs particuliers de Rosieres quilz doibvent sur certains heritages enclavés et deppendances dudit chastel Brun. » (ADMM B 8526, fol. 36r)

11741630 : « Fait avec recepte de dix huit chappons pour l’assencement faict à ce comptable […] d’une place maisiere fossoyee et appellee le « chastel Brun » proche Rosiere ensemble le contenu d’icelle place. » (ADMM B 8583, fol. 87r)

11751467 : « 19 francs 6 gros pour le nouveau assensement faict à Didier Poirel et Jehan Thiery […] pour une place maziere appellee le chastel Brun […] » (ADMM B 8601, fol. 2r).

11761888 : « Il a été parlé de l’ancien château dit de Brun sur son emplacement s’élève une maison reconstruite il y a quelques années ; en creusant les fondations, on a découvert des souterrains en partie obstrués. » (MS 820)

■ Historique

1177Ces documents prouvent que, dès 1432, il n’existait plus de fortification à cet endroit, mais seulement une propriété close de murs, qui correspond à la gravure de Naudin. Claude de Barisey la reçut en gage. Ses héritiers la conservèrent jusqu’en 1566 et y édifièrent, semble‑t‑il, une résidence. En 1630, celle‑ci n’était plus que ruine.

1178Il convient à présent de s’interroger sur les origines de ce lieu‑dit (généal. 40). Les lignages de Rosières contiennent trois personnes ayant porté un prénom pouvant être à l’origine de ce toponyme : Brunon Ier (1185‑† av. 1196), Brunon II (1250‑† av. 1284) et Brun dit « le petit » (1341‑1353). Ecartons le premier, maître du château et souche de la lignée de Rosières, qui n’avait nul besoin d’une maison forte, à une époque ou ce type de résidence n’existait d’ailleurs pas. Brunon II fut à l’origine d’une branche cadette. En 1267 il vendit une partie de ses droits sur la saline au duc. Outre ses biens à Rosières, il tenait des fiefs à Bezange et Chambrey et fut un homme de guerre actif (Arveiler‑Ferry 1957, no 186 ; ADMM B 864, no 74 ; B872, no 12 ; B 883, no 78). Il réunissait les conditions pour ériger une maison forte avec la protection ducale et des revenus suffisants, ce qu’il fit selon toute vraisemblance puisqu’après son décès, l’un de ses fils, Simonin, fut investi par le duc de « sa fort maison » le 8 mars 1285 (ADM B 256, fol. 74v, 108v ; ADMM B 879, no 57). Son petit‑fils, prénommé également Brun, reçut le surnom de « petit ». Second époux de Béatrice d’Essey, avec laquelle il vivait en 1353 (ADMM B 880, no 30 ; B 832, no 37 ; BN Coll. Lorraine, vol. 92, fol. 14), il semble être le dernier occupant de cette maison forte de Rosières qui n’aurait pas été reconstruite après sa destruction en 1351.

GÉNÉAL. 40 – Les sires de Rosières.

Rosières‑aux‑Salines « seconde maison forte »

1179Deux chroniques messines évoquent la destruction de maisons fortes à Rosières en 1351 par les troupes de la cité. L’une mentionne « de fortes maisons » et l’autre « deux fort maisons ». La formule est ambiguë et l’imprécision des textes rend difficile un jugement catégorique.

■ Datation

11801345, 26 juin : « Nous Raoulz dus de Loheraine […] et je Regniers de Nancy chevalier filz monsignour Jaque de Nancey chevalier qui fuit […] avons fait eschainge ensemble des heritaiges ci apres escrips […] Cest assavoir que nous dus dessus diz avons eschaingié et ecquitei […] au dit monsignour Regnier […] tou ceu entierement que nous avons […] en dous Farrieres ez bans et appartenances dycelles et on ban de Beteinvilleir […] et je Regniers […] ai eschaingie […] encontre eschainge […] mai maison fort que ie ai a Rosières mai grainge et mes meizes que sunt devant la dicte maison et tous les usuaires appartenant a la dicte maison et a lai dicte grainge […] » (ADMM B 881, no 19).

11811346, 12 août : « […] mon signor Raoulz duc de Lohereine et marchis cui deux pardoine dovait et assignait pendant il vivoit anous Marguerite de Lohereine […] une deiz pelles deiz salines de Rozieres avec ses appartenances […] sa fort maison de Rozieres et cinq cens livres de terre a tournois avec la dite maison a panre en la dite ville de Rozieres […] » (ADMM B 575, no 141).

11821351 : « Les Messains ne furent pas lasches […] Assaillirent Frouard et Rosiere. De fortes maisons firent maisière. Et furent en joie et en deduict. Malgré eulx un jour et deux nuicts […] » (Calmet 1973a, 2 : col. 290).

11831351 : « Ceulx de Metz rissirent fuers à ost et furent devant Nancy, ardont le pays alentour […] et furent à Rozieres et l’ardon toute, et le pays alentour, et les deux fort maisons furent vaignie a forces et arses et destruites […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 11).

11841370 : « En celle annee ceux de Metz orent en lour aide Jean Rollant et Biaulx Ruis a tout C.C. glaives et C. archiers lesquelz avec ceux de Metz ardont toute Lorrene […] et la moicité de Rozieres et y furent l’espace de XII jours sans rien perdre […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 23).

■ Historique

1185Ces documents peu explicites autorisent à conclure qu’une maison forte, possédée par Renier II de Nancy, fut cédée au duc en 1345. Deux hypothèses pourraient expliquer l’origine de cette construction :
– Renier II, son père ou l’un de ses oncles, l’aurait édifiée dans la première moitié du xive s. soulignant ainsi une ascension sociale et une intégration à la noblesse ;
– Renier II, ou son père, aurait acquis bien avant 1345 la maison forte que tenait Simonin de Rosières en 1285 et qui fut qualifiée bien plus tard de « châtel Brun » après sa destruction en 1351 ; dans ce cas, une seule maison forte aurait existé à Rosières ; quant à la seconde, dont parle avec ambiguité la chronique messine, pourquoi ne pas admettre qu’elle correspondait en fait au château récemment reconstruit ; cette hypothèse pourrait être confirmée par l’inscription figurant au dos de l’acte du 26 juin 1345 : « Lettres comment messire li dus ait aicquester par eschainge lai moitié dou chasteil messire Jaique de Nancey en la ville de Rozières – lai partie messire Regnier son fil. »

Saint‑Germain

■ Localisation

1186Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné d’Epinal. Eglise dédiée à saint Germain.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL : 1118,5 x 904,1.
Toponyme : nom de saint.

■ Vestiges

1187Saint‑Germain se trouve au sommet d’une colline marneuse (altitude : 360 m), à 3 km à l’est de la vallée de la Moselle. Le lieu‑dit « Le Château » se situe au centre du village à 150 m au nord de l’église. Les constructions actuelles datent du xviiie s. Sur le cadastre de 1835, l’emplacement du « château » correspond bien aux indications données par un texte de 1509 (fig. 129).

FIG. 129 – Saint‑Germain – Plan cadastral de 1835 section E.

■ Datation

11881390, 20 janvier : « Noble homes Jehans de Bouxey escuier et damoiselle Marie de Saint‑Germain sa femme […] ont repris […] de […] Thiebaut de Nuefchastel segnour de Chastellat sur Doubs et de Chastel sur Muzelle la fort mason de Saint Germain et toutes les appartenances dicele rendauble a mon dit signour et a sez hoirs et haans cause de lui a besoing, sen besoing et par la manieres que lors ancessours lont tenue et reprise on temps passei des signours de la dite Chastel laquelle dite mason de Saint Germain ensemble toutes les appartenances dicelle lor est venue et eucheue a cause de Harmans et Tirion de Saint‑Germain escuers qui furent et oncle de la dite damoiselle Marie […] » (ADMM B 608, no 33).

11891403, 20 juillet : « A tous ceulx qui ces presentes lettre veiront et orront Jehan de Bousey escuier segneur de Saint Germain en partie salut. Sachent tuit que a cause de Marie de dit Saint Germain ma femme […] je tien en foy et homage de noble et puissant dame ma dame Aelix de Waudemont […] a cause de son chastel et chastellerie dudit Chastel sur Meselle la fort mason du dit Saint Germain siege et aspartenant dicelle avec tout ce que […] je puis avoir en icelle ville […] Item cognaix […] tenir en homage mon afouage et mairenage tant pour ma dite fort mason dudit Saint Germain et autres ediffices delles […] et […] en promet a faire tel service qui au fied appartient et que mes predecesseurs en ont fait on temps passé. » (ADMM B 611, no 2)

11901481, 9 mars : « Henry seigneur de Neufchastel sur Mezelle […] et Jehan de Bouzei seigneur de Saint Germain savoir faisons a tous que comme question et différant feust […] entre nous a cause de ladite seigneurie de Saint Germain laquelle […] ait esté […] saisie et mise en notre main […] par certain espace de temps pendant lequel tres hault et tres puissant prince feu monseigneur le duc de Bourgoigne […] se trouva au pays de Lorraine ou il prist et conquist la place et chastel dudit Saint Germain et comme place conquise la voule donner ensemble ladite seigneurie a ung gentil homme de sa compaigne, ce que fut par nous Henry […] empesché a cause de ce quelle estoit de noz fiedz, et par ce moyen demoura […] en notre main jusques a present […] Nous Henry seigneur dessus dit avons levé et levons notre dite main mise […] sur ladite seugneurie de Saint Germain. » (ADMM B 611, no 9)

11911509 : « […] Francoy de Bouzey escuier seigneur de Saint Germain fait savoir que je tient […] en fief foy et hommage de […] Phelix de Vertemberg seigneur de Neufchastel et de Chastel sur mezelle […] la place ou souloit estre le chasteau et fort mason ensemble le coulombier […] et appartenances, les fosses terres et heritages […] seant env(ers) la vile dudit Saint Germain entre le chemin de Vellacourt […] la ruelle de la Neufve Rue en allant au moustier au long de la maison […] nommée Jehan Bouzey a moi advenue et escheu par la mort […] de […] feu monseigneur et père Jehan de Bouzey […] le quelle chastel soit ars et bruller par les guerres dentre le feu roy de Sicile et le duc Charles […] Item ung presoyr situez devant mon jardin de mondit chasteaulx, item la moitie du four bannal, item un jardin devant mondit chasteau contenant deux jours de près […] encore la sente des bugues du coulombier enc partie en la meiz de mondit chasteau, […] item une cheneviere, item lestang audit Saint Germain desoulz la fontaine […] ce que je tient et possédé en villes de Roselieures Saint Germain Loro Montzey et Villaucourt par ce que com dist est madite fort maison fus prises bruller rasser pillier […] » (ADMM B 611, no 14).

11921564 : « Audit Saint Germain y a […] quatre seigneuries la seigneurie du sieur chevallier autrement du Croisier de Wirecourt la seigneurie du Prieur de Froville la seigneurie de Bouzey ou du chastel de Saint Germain de laquelle en y a une distraite appelee la seigneurie du quart de Dombrot la seigneurie Ferry de chastel à cause de Flavaulcourt Le seigneur de la seigneurie de Bouzey quest monsieur de Savigny […] Encore que la cure dudit Saint Germain soit tenu de la collation du sieur du chasteau dudit lieu […] » (ADMM B 606, no 33, pièce 16).

■ Historique

1193Un premier lignage seigneurial est connu à Saint‑Germain au xiie s. (généal. 41) (Calmet 1973a, 1 : col. 513 ; Parisse 1978, no 36 ; Montjauze‑Vallette 1970, no 71 et 164 ; ADMM H 341). On ne connaît pas son lien de parenté avec Gautier, chevalier en 1219. Dès cette époque, la terre de Saint‑Germain relevait de Châtel‑sur‑Moselle et des comtes de Vaudemont.

GÉNÉAL. 41 –  Les premiers sires de Saint‑Germain.

1194Au début du xive s. apparut un second lignage fondé, semble‑t‑il, par Jean du Bugnot (ADMM B 608, no 33, 56 ; Germain 1890 : 8 ; Marichal 1903‑1908, 1 : 169) (généal. 42). Une maison forte tenue en fief du comte de Vaudemont y fut construite avant 1390. Jean II (ADMM B 611, no 9 ; B 623, no 43) entra en conflit avec son seigneur qui lui confisqua le fief. Le duc y plaça une garnison de Suisses en 1468. En octobre 1475, Charles le Téméraire, ne pouvant tolérer ce nid de résistance à proximité de son principal axe de communication de la vallée de la Moselle, s’empara de la place et la détruisit pour faire un exemple. La seigneurie fut partagée entre plusieurs cohéritiers en 1514 (ADMM B 608, no 33) avant d’être réunifiée par les Savigny‑Monthureux en 1564.

GÉNÉAL. 42 – Second lignage de Saint‑Germain.

Saint‑Rémy

■ Localisation

1195Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné d’Epinal. Eglise dédiée à saint Rémy.
Carte IGN 1/25 000, Châtel‑sur‑Moselle. 3417 est. CL : 1088,2 x 900.
Toponyme : nom de saint.

■ Vestiges

1196Le cadastre de 1835 situe deux lieux‑dits « Au château » et « Au meix de la Cour », dans une dépression drainée par le ruisseau du Breuil, à 150 m à l’ouest de l’église, en dehors du village (fig. 130). Sur le terrain, on peut observer de faibles reliefs semblant dessiner une terrasse d’environ 25 m de côté et ne dépassant pas 0,50 m de haut.

FIG. 130 – Saint‑Rémy‑aux‑Bois – Plan cadastral de 1835 section F.

■ Datation

11971399, 8 février – Matthieu de Saint‑Remy donne son denombrement à Alix, comtesse de Vaudemont, pour ce qu’il possède à Saint‑Remy. (Nous n’avons pas pu retrouver l’acte d’origine – Lepage 1853, 2 : 503).

11981713, 4 juillet – Georges, conseiller au bailliage de Nancy, fait ses foi et hommage pour la seigneurie du fief de Saint‑Remy‑aux‑Bois « consistant en la place du château presentement ruiné duquel depend un gagnage. » (Lepage 1853, 2 : 503).

■ Historique

1199Saint‑Rémy relevait de Châtel‑sur‑Moselle. Un modeste lignage de vassaux y contrôla une maison seigneuriale peut‑être fortifiée au xive s.

Saulxures

■ Localisation

1200Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Tomblaine.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Martin.Carte IGN 1/25 000, Nancy, 3415 ouest. CL : 1117,3 x 888.
Toponyme : du latin salsura, petite source salée.

■ Vestiges

1201Saulxures se trouve sur un plateau marneux (altitude 225 m) en bordure de la dépression drainée par un ruisseau. Il ne subsiste aucun vestige d’une construction médiévale.

■ Datation

12021325, 7 novembre – Isabeau, veuve de Thomas de Saulxures, et Gerard de Saulxures, son fils, vendent à Thiriat de Nancy, dit Wauteil, la maison de souveraineté dite Bazin (Lepage 1853, 2 : 115).

12031362, 2 mai : « Jehan dis bailli filz le bailli Harmant de Nancey que fuit […] ait vendu […] au peti Albert bestard de Loherenne et a Comtesse sa femme […] tout ceu […] que li dis Jehan avoit […] ez villes bans et finaige de Sausure de Purneroy et de Tombelainne. Cest assavoir la maison que fuit monseigneur Thomas de Saulsures et toutes les terres araubles et aultres heritaiges […] » (ADMM H 2901).

12041366, 22 mars : « Jehan de Nancey filz Harman de Rozieres jadis bailli de la duchié de Loherenne ait vendu […] à Aubert le petit bastart de Loherenne a Comtesse sa femme et a leur hoirs tel partie corne il ait puet et doit avoir on columbier de Saussures seant en la maison com dit de Bazey […] » (ADMM H 2901).

12051572, 19 décembre : « Au lieu de Saulxures, lesdits sieurs et dame de Bassompierre ont et leur appartient la maison forte appelee anciennement la maison de Bazin que de present est en ruyne et n’y a aultre apparence que la maison où se tiennent les moitriers, les murailles de closture des jardins et d’un colombier en ruyne, qui est fief Monseigneur le duc […] » (Lepage 1853, 2 : 115).

■ Historique

1206Dès le xiie s., des chevaliers vivaient à Saulxures, Theodoric en 1176 (Lepage 1862a : 126), et surtout Gérard Basui apparenté aux voués d’Amance en 1194 (Laplace 1974, no 11). Un siècle plus tard, un autre lignage était représenté par Gauthier, ses neveux Henri et surtout Thomas qui y posséda une maison seigneuriale avant 1325 (ADMM B 705, no 120 ; H 2901). Leur héritier, Jean, vendit tous ses biens à un personnage fort connu, Thiriat « Weistel », ancien receveur de la saline de Rosières et bailli de Nancy de 1323 à 1327. Le petit‑fils de ce dernier, Jean, céda à son tour le domaine en 1362 à Aubert II seigneur d’Essey‑lès‑Nancy. Par tradition, la maison seigneuriale conserva le nom de Bazin, porté par l’un des seigneurs à la fin du xiie s. Il n’a pas été possible de la localiser avec certitude. En 1572, elle était ruinée depuis longtemps.

Serres

■ Localisation

1207Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Nord.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à sainte Libaire.
Carte IGN 1/25 000, Saint‑Nicolas, 3415 est. CL : 1118,200 x 903,600.
Toponyme : mot pré latin serra, colline allongée.

■ Vestiges

1208Serres se trouve sur un plateau marneux sans relief particulier (altitude : 280 m). Ilne subsiste aucun vestige d’habitat fortifié. Le cadastre de 1813 a heureusement conservé le plan de cette construction située en bordure du village, à 250 m à l’ouest de l’église (fig. 131). Elle se composait de plusieurs parties :
– une défense extérieure, rempart ou « boulevard » de plan carré (76 m de côté), large de 10 m au nord et au sud et de 15 m ailleurs, avec une ouverture à l’est vers le village ; ce système s’apparente à celui de Condé‑sur‑Moselle (Custines) et correspond à un type de protection contre l’artillerie fréquente au xvie s ;
– un fossé intérieur (55 x 45 m) large de 5 à 8m;
– une construction quadrangulaire (40 x 34 m), flanquée de quatre tours d’angle bastionnées (7 x 7 m) et déjà à l’état de ruine.

FIG. 131 – Serres – Plan cadastral de 1813 section G.

■ Datation

12091477, juillet : « Item paié a Thierry chastellain de Serres pour un tonneau de vin rouge […] » (ADMM B 5659).

12101888 : « Le château seigneurial s’élevait à l’ouest du village à l’extrémité de la rue appelée pour cette raison rue du château. Il fut vendu avec le parc attenant dont les murs à moitié démolis existent encore comme bien national pour la somme de 3000 fr […] au sieur Voirin […] qui […] le laissa tomber en ruines, puis le démolit en partie en 1824. Les matériaux […] servirent à bâtir le presbytère. L’emplacement fut converti en jardin et le parc cultivé. Seul le colombier reste à quelque distance du château […] Un souterrain allait de ce château au couvent des Minimes ; on prétend même qu’il se rendait de là au village de Lenoncourt appartenant aux mêmes seigneurs. Ce souterrain maçonné et presque au niveau du sol existe encore mais on ne peut y pénétrer qu’en rempant à cause de sa faible hauteur ; en outre, sur bien des points, des éboulements l’ont obstrué. Au dire des habitants de la commune, il exista aussi un autre château disparu depuis un temps inconnu non loin de la forêt de Ranzey au sommet du coteau sur le flanc duquel poussent des vignes qui ont conservé le nom de « Vignes du château ».

1211Le lieu‑dit « Au Grand Jardin » situé au nord de ces vignes était sans doute une dépendance de ce château qu’on appelait « Château de l’Avrimont ».

1212On trouve aussi en cet endroit des débris de construction qui font supposer qu’un bâtiment de ce genre y avait été construit. Une voie romaine passait près de là. » (MS 820)

■ Historique

1213Dès le milieu du xiie s., Simon Ier de Parroy exerça une autorité à Serres comme voué des biens de l’abbaye de Moyenmoutier (Calmet 1973b, 2 : col. 487‑488 ; ADMM B 475, no 2 ; Poull 1972a : 40). Le domaine passa, au début du xive s., à la branche de Parroy‑Maxéville. Dans une reprise en fief de 1344, on ne mentionne aucune demeure fortifiée (ADMM B 822, no 112). L’héritière, Catherine de Haraucourt, fit entrer cette terre au milieu du xive s. dans le patrimoine de la maison de Lenoncourt, dont un des membres édifia une maison forte avant 1477. Dans la seconde moitié du xvie s., Serres fut donné à Jean de Lenoncourt, bailli de Saint Mihiel, qui fut souche d’un nouveau lignage : les Lenoncourt‑Serres. Il est vraisemblablement à l’origine de la reconstitution de la demeure et du « boulevard » extérieur.

Serrières

■ Localisation

1214Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidlaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Sulpice.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1133,8 x 883.
Toponyme : latin ceresia, cerise et suffixe, aria.

■ Vestiges

1215Le village de Serrières est établi au flanc de l’arrière côte de Moselle (altitude : 280 m), dans le massif du Grand Couronné, au pied de la butte du Mont Toulon (374 m). Il contrôle le débouché de la Mortagne qui permet de passer du Saulnois à la vallée de la Moselle.

1216La maison forte se dressait à 150 m au nord‑est de l’église, en bordure d’un vallon encaissé. Il ne subsiste aucun vestige de la maison forte dont l’emplacement est converti en verger et à côté duquel on trouve une maison seigneuriale du xviiie s., restaurée en 1920.

■ Datation

12171335, 25 février : « Je, Henris de Serieres escuyer filz monsignour Maheul de Serieres que fuit […] tiens en fief ligement de […] Edouard comte de Bar ma maison tout le pourpris dycelle que ie ai a Serieres […] je dois la garde au chastel de Tourons chacun an […] par six semaines. » (ADMM B 387, fol. 287)

12181334, 15 juillet : « […] Huars de Serieres escuyer fils monsignour Wautier de Serieres chevalier qui fuit […] ai eu et receu doudit conte […] trois cenc livres de petits tournois […] Je ai promis […] a […] lou conte que je […] meterai en ledifiement de ma maison que je ai commande en la ville de Serrieres bonnement et leament a dit terminer dedans seix ans prochiens venant et ensuant, cest assavoir chacun an des dis seix ans cinquante livres de ladicte monnoye, laquele mason je et mi hoirs […] devons tenir ligement en fié et en homaige du […] conte […] et en serai ses homs liges devant tous autres […] et la doit reprendre […] en alued dudit conte […] Et se je deffaillois de mettre les trois cens livres dedans lesdits temps en louvraige et en ledifiement de ladicte maison […] je serais tenus de rendre […] les trois cens livres. » (ADMM B 387, fol. 285 ; ADMM B 864, no 18)

12191340, 4 janvier : « Huars de Cirieres chevalier […] ay repris […] de Henry conte de Bar dix livrées a tournois […] sur la moitie des grosses dismes de Sivery et en sui entreiz en soin homaige avec lomaige de ma fort maison de Sirieres dedans les fossez que je tiens jay doudit monsignour le conte pour laquelle reprise des dix livrées de terre, je en ai eu et receu doudit monsignour cens livres de bons petits tournois. » (ADMM B 387, fol. 300 ; ADMM B 865, no 116)

12201505, 23 octobre : « Girard de Serieres écuyer seigneur de Belleville en partie […] tiens […] du duc de Lorraine et de Bar le châtel de Belleville […] une part de la seigneurie de Serriere, […] item la moitié du grant gerdin seant en la ville de Serieres ou estoit une vielle maison partant a l’encontre de monsignor de Port sur Saille, la moitie du petit jardin, la moitie du petit gaingnaige. » (ADMM B 387, fol. 8r)

12211532, 12 juin : « Mathelin Alaix ecuyer pour sa femme Bietrix de Condey […] tient en fiey du marquisat de Pont […] la moitie du grant jardin seant en la ville de Serriere ou estoit une vieille maison et fossez. » (ADMM B 387, fol. 11)

12221560, 25 mai : « Je George de Nourroy seigneur de Port sur Seille Venemont Serriere et Thaizey en partie […] reprends la maison forte et chasteau dudit Serrieres estant au bout du village fermé de faulses brayes et barbycanes, fossez [...] les meys, jardins vinies chenevieres et prey estant dedans le cloz et fermeture […] Item je peux faire un colombier […] » (ADMM B 869, no 88).

12231593, 6 février : « George de Nourroy, seigneur de Port sur Seille […] je veult et entend que ledict Nicolas Marc (mon filz ayné) […] renoncera au droit […] de la maison et chasteau de Seriere et des appartenances […] » (BN Coll. Lorraine vol. 89 bis, fol. 65).

12241888 – Les hommes les plus âgés de la commune ont vu les ruines de l’ancien château (MS 820).

■ Historique

1225Un lignage vassal des comtes de Bar tenait Serrières en fief dès le début du xiiie s. (ADMM B 866, no 48 ; ADM B 256, fol. 5r). Au début du xive s., il essaima en trois branches. La première, représentée par Henri, tenait une maison (fortifiée ?) en 1335 (ADMM B 387, fol. 287) et disparut au xve s. (ADMM B 494, no 7 ; Germain 1890 : 8‑13). La seconde, fondée par Wauthier, capta l’héritage des sires de Bratte (ADMM B 387, fol. 280v). L’écuyer Huard reçut en 1334 trois cents livres tournois des mains du comte pour édifier une maison forte à Serrières (ADMM B 684, no 18). Son épouse, Helvide de Bioncourt, apparentée aux sires d’Amance, lui apporta divers biens dans la vallée de la Seille (Germain 1897b : 270‑274). Leur fils, Georges, devint bailli de Saint‑Mihiel de 1384 à 1401 (Lepage 1869), puis châtelain de Condé‑sur‑Moselle en 1401‑1403 (ADMM B 4814). Son fils et son petit‑fils, prénommés Antoine, dirigèrent le prieuré de Flavigny entre 1439 et 1475 (Dedenon 1936 : 66), ce qui fit passer la maison forte aux héritiers de la troisième branche.

1226Pierre fut souche de la troisième branche. S’il conserva quelques droits à Serrières, c’est ailleurs qu’il assura sa fortune. Le comte de Bar lui céda la terre de Belleville en 1318 (ADMM B 864, no 92). Ses héritiers firent fructifier le patrimoine et l’un d’eux, prénommé également Pierre, épousa avant 1404 Marguerite Corbé, héritière d’un riche lignage messin implanté à Metz, Nomeny et Corny (Bénédictins 1973, 5 : 76). Une de leurs descendantes, Claude de Serrières, épousa après 1478, Antoine de Norroy, seigneur de Port‑sur‑Seille (Hannoncelles 1856, 2 : 245) à qui elle apporta la terre et la maison forte de Serrières, à elle échues du fait de l’extinction de la seconde branche. Les Norroy conservèrent ce bien jusqu’au xviie s. (BN Coll. Lorraine vol. 89 bis, fol. 85).

Thézey‑Saint‑Martin

■ Localisation

1227Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Nomeny.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny. Eglise dédiée à saint Martin d’Avio.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1141,2 x 889,7.
Toponyme : nom latin Tatius et suffixe acum.

■ Vestiges

1228La maison forte se situe à 250 m au nord‑est de l’église, en bordure du village, dans une dépression marécageuse (altitude : 200 m) drainée par le ruisseau de Vallière (fig. 132). Des vestiges imposants, laissés dans le plus complet état d’abandon, se composent de deux parties bien distinctes : un logis rectangulaire donnant sur une cour, le tout enveloppé par une enceinte trapézoïdale, cantonné de quatre tours et précédé par un fossé dont la largeur initiale voisinait les 10 m, mais que des comblements successifs font disparaître peu à peu (fig. 133, 134).

FIG. 132 – Thézey‑Saint‑Martin – Plan cadastral de 1829 section E.

FIG. 133 – Thézey‑Saint‑Martin – Vue aérienne du site en 1980.

FIG. 134 – Thézey‑Saint‑Martin – Plan topographique en 1989 

C. Voignier

La courtine est (fig. 135)

1229Elle a une longueur de 40 m et se compose de plusieurs parties.

FIG. 135 – Thézey‑Saint‑Martin – On remarque au premier plan l’entrée fortifiée et un vestige de courtine : au second plan, la grosse tour rectangulaire aux murs doubles.

La porte

1230Au milieu de la courtine, s’ouvre la porte principale (hauteur : 4,20 m ; largeur : 2,85 m), voûtée en arc segmentaire inscrit dans un encadrement rectangulaire en pierres de taille soigneusement appareillées. On observe encore les logements des gonds des deux vantaux de la porte. Au‑dessus de cette porte, apparaissent deux rainures rebouchées où venaient se loger les flèches du pont‑levis. Une bretêche reposant sur trois consoles assure la défense de l’entrée à environ 9 m au‑dessus du sol actuel. L’ensemble rappelle ce que nous avions observé dans la maison forte de Damelevières. Il s’agit d’un remaniement datable du xviexviie s. Le fossé qui précède la porte est en partie comblé. Il avait environ 12 m de large.

Le corps de logis sud‑est

1231En 1980 ne subsistent que le rez‑de‑chaussée en partie comblé et une fenêtre du premier étage. Depuis la cour intérieure on constate que ce premier étage surmontait aussi la porte d’entrée. Cette partie a été rasée en 1986.

Le corps de logis nord‑est

1232Il se compose de trois parties.

1233Une chapelle (5,5 x 5 m) voûtée sur croisée d’ogive. La clef de voûte porte un blason aux armoiries martelées. Les quatre côtés de la chapelle étaient assez bien conservés jusqu’en 1989 (fig. 136). Le mur ouest donne sur la cour intérieure. Il prenait jour par une porte au linteau orné de feuilles de chêne et par deux fenêtres de style gothique. La plus grande a conservé son remplage. Toutes deux sont murées pour soutenir deux consoles à ressauts sculptés qui portaient autrefois une galerie. A l’intérieur, dans l’angle sud‑ouest, on remarque une petite niche avec dépression circulaire et arc brisé. Le mur sud prenait jour par une fenêtre haute, à présent bouchée, et un oculus polylobé. Sous la fenêtre se trouvent les montants droits de ce qui fut peut‑être l’autel. A une date postérieure, on y a installé un four à pain en pisé encore visible. Pour évacuer la fumée, on boucha la fenêtre et on perça la voûte. Le mur est possède une embrasure avec fenêtre, protégée par des barreaux de fer forgé et regardant dans le fossé. De part et d’autre de l’allège, on note deux coussièges abîmés. L’embrasure est couverte d’une voûte en arc écrasé. Le côté nord offre une petite niche et une porte basse qui donne accès à la pièce suivante.

FIG. 136 – Thézey‑Saint‑Martin – Façade de la chapelle en 1980. Ce bâtiment fut démoli volontairement par le propriétaire en 1989.

1234La pièce du rez‑de‑chaussée (6 x 5 m) est remplie de décombres ; une fenêtre prend jour côté est ; une petite porte communique avec la tour nord‑est.

1235Les étages : on y accédait par un escalier depuis la pièce précédente ; il y avait un premier étage qui courait au‑dessus de la chapelle, il en reste une fenêtre double surmontée d’une décoration de style gothique.

La tour nord‑est

1236Elle se composait de trois étages d’une hauteur totale d’environ 12 m et de 9 m de diamètre intérieur (fig. 137). Au rez‑de‑chaussée, la voûte se compose de pierres plates placées de champ et liées par un mortier de chaux. Au centre de la pièce, la hauteur est de 3,50 m. Deux ouvertures de tir transformées en fenêtres prennent jour à l’est et au nord. L’épaisseur des murs est de 1,50 m. Une étroite galerie voûtée qui dessert la pièce précédente aboutit à une fenêtre de tir (0,45 x 0,20 m) donnant sur le fossé nord. A côté de cette ouverture, un renfoncement profond de 1 m et large de 0,50 m contenait une échelle permettant d’accéder au premier étage de la tour. Le premier étage possède le même type de voûte bloquée au mortier que le rez‑de‑chaussée. La hauteur de la pièce varie de 1,50 à 2,50 m. Il a conservé quatre embrasures adaptées à l’artillerie sur affût. Les ouvertures de tir sont encore en bon état. L’ensemble date de la seconde moitié du xve s. Le second étage n’est plus que ruine. La toiture a disparu. Le mur ne s’est conservé que dans l’angle nord‑ouest. On remarque encore les vestiges d’une fenêtre tournée vers l’est.

FIG. 137 – Thézey‑Saint‑Martin – La maison forte vue du nord‑est en 1980. Les fossés sont aujourd’hui en cours de comblement.

La courtine nord

1237Le mur extérieur, épais de 1 m, est bien conservé. Il nous permet de connaître la disposition des étages. Par contre, le murintérieur donnant sur la cour s’est effondré. Le rez‑de‑chaussée conserve une belle cheminée du xviie s. côté ouest. Côté nord, on observe une fenêtre bouchée surmontée d’un blason bien conservé. Dans l’angle nord‑est, on remarque une canalisation en pierre servant à évacuer les eaux usées dans le fossé. Le puits se trouvait dans la cour, à côté de cette salle. Ces divers éléments permettent de penser que nous sommes là en présence des cuisines.

1238Au premier étage, le plancher s’est effondré. Deux grandes fenêtres à croisées (xviie s.) s’ouvraient côté nord. C’était la salle de réception. On y accédait par un couloir éclairé par une fenête voûtée en plein cintre. Le second étage, éclairé par de petites fenêtres rectangulaires, s’est aussi effondré. De la tour nord‑ouest, il subsiste une partie du rez‑de‑chaussée. Le reste s’est effondré. Elle présente le même plan que la tour nord‑est.

La courtine ouest

1239A côté de la tour nord‑ouest, on remarque encore une poterne voûtée en plein cintre et surmontée de quatre consoles à ressauts en quart de rond. Depuis le fond du fossé, le mur a une hauteur de 9,30 m. Des bâtiments aujourd’hui disparus ont pris appui sur le mur et ont laissé des traces. La tour sud‑ouest est assez bien conservée. Sa forme demi‑circulaire ouverte à la gueule est moins imposante que la tour nord‑est, mais de conception identique. Sa hauteur est de 10 m depuis le fond du fossé, le diamètre intérieur de 3,5 m et l’épaisseur des murs de 1 m. Le rez‑de‑chaussée conserve trois ouvertures de tir ; le premier étage, une seule ouverture ; le second étage, une fenêtre.

La courtine sud

1240Elle a totalement disparu. La tour sud est ruinée. Ses dimensions correspondent à la tour sud‑ouest.

Le donjon

1241Ce vaste bâtiment rectangulaire (12,5 x 20 m) occupa la partie sud. D’après l’actuel propriétaire, M. Cerutti, il était intact jusqu’en 1914. Pendant la guerre, les soldats allemands enlevèrent tous les éléments en bois.

Les extérieurs (fig. 138)

1242Les côtés sud, est et ouest ne possédaient à l’origine que de très petites ouvertures. On peut parler de murs aveugles. A une date plus récente, on perça des trous pour loger des poutres et une porte basse.

FIG. 138 – Thézey‑Saint‑Martln – La « Grosse tour » d’habitation ou donjon vue du sud‑ouest.

1243Le côté nord s’est effondré (fig. 139). Il ne subsiste que l’angle nord‑ouest avec une embrasure de fenêtre haute de 3 m, profonde de 2 m, soigneusement appareillée en pierre de taille de dimensions irrégulières. On remarque l’amorce d’un croisillon et une moulure décorant la partie supérieure du linteau. Au‑dessous, on observe que le mur se compose en fait de deux murs juxtaposés, épais d’un mètre chacun. Cette structure particulière explique l’existence des angles arrondis du donjon. Le second mur doit être contemporain de la fenêtre datable de la fin du xve ou du début du xvie s.

A l’intérieur

1244La disposition se lit aisément sur les murs.

1245Le rez‑de‑chaussée se composait de deux caves, larges respectivement de 4,50 et 3.50 m, séparées par un mur épais de 1.50 m. Elles étaient couvertes par des voûtes en berceau composées de pierres plates mises de champ et bloquées au mortier. On retrouve ce mode de voûtement dans la grosse tour nord‑est datée de la seconde moitié du xve s. Il subsiste un espace large de 5 m, autrefois recouvert d’un plancher, comme l’attestent les trous de poutre dans le mur. Il s’agissait du couloir d’entrée et de la cage d’escalier.

1246Le premier étage (16 x 8,5 m) était haut de 4,5 m, entre les deux planchers. Le côté ouest porte les traces d’une baie voûtée en plein cintre, obturée, et d’une embrasure voûtée en berceau en partie rebouchée par un conduit de cheminée. A l’évidence, il y eut plusieurs phases d’aménagement. Les pièces prenaient jour par des fenêtres à meneaux donnant sur la cour intérieure, au nord.

1247Au second étage, les combles, aménagés en greniers sous un toit à deux pans, ne présentaient aucune ouverture.

1248La physionomie générale de la maison forte est connue par une carte postale des années 1900 et une photographie de 1915 (fig. 140). L’ensemble était encore bien conservé. Seules les tours d’angle avaient perdu leur coiffe d’origine. L’étude architecturale révèle deux phases de construction : de la première ne subsiste que le mur intérieur du donjon de plan rectangulaire. La construction appartenait au type maison‑tour. La seconde phase, au milieu du xve s., consista à doubler le mur du donjon et à édifier l’enceinte quadrangulaire flanquée de quatre tours d’angle circulaires, adaptées aux progrès de l’artillerie.

FIG. 139 – Thézey‑Saint‑Martin – Face nord du donjon en 1980. Les caves voûtées ont disparu en 1983.

■ Datation

12491277, 7 mai : « Je Hanris de Saumes […] je tang de mon signor le conte de Bar, Vivier et la chastellerie toute, […] le Val de Waxei, Fremere, Puzeuz, Venemont, Tazei, Oriocourt. » (ADM B 231, fol. 234r)

12501422, février : « Collignon le messaigier allant […] à Taizey porter lettres de monsignour de Salmes […] à Jehan de Charizey estant audit lieu. » (ADMM B 8098, fol. 160v)

12511453, 19 août : « Christophe de Cherisey vend à Jean de Toullon les maison, terre et seigneurie de Taisey, ses appartenances et dépendances avec une rente annuelle de vingt six gros sur le ban d’Alaincourt le tout pour 133 francs. » (Lepage 1853, 2 : 544)

12521476 : « Liebaut d’Abaucourt prend le château de Thezey alors possédé par Jean de Toulon chevalier réfugié à Metz. » (Poull 1965b : 16)

12531477, 12 septembre : « Jean de Baulde chevalier, seigneur de Taisey conseiller, premier chambelan […] a recognu que […] le Roy de Sicile […] luy a donnier […] les villes les chastels places terres et seigneuries dudit Taisey […] et autres biens […] que […] messire Jehan de Toullon avoit […] » (ADMM B 387, fol. 8r).

12541495, 10 octobre : « Le duc René II autorise Jean de Baude à faire ériger une garenne en sa seigneurie de Thezey. » (ADMM B 5)

12551505, 18 août ‑ Henri comte de Salm reprend du duc de Lorraine Viviers et la châtellenie et en particulier « […] tout le chastel, ville et appartenances et tout le confin de Taizey que je tien en partie avec ce que tiennent au present messire Jehan de Bauldre […], Jehan Wisse, Robert et Jehan de Craincourt, François Proudom .» (ADMM B 387, fol. 326).

12561524, 18 novembre : « Je Henry de Lucey escuyer […] fais savoir que comme il ait plu à mondit souverain seigneur me donner […] a la priere […] de ma souveraine dame son épouse pour moy et damoiselle Nicolle de Thourotte ma femme […] tout tel droit […] quil avoit […] en la place forteresse de Taixey […] que tenoit […] en usufruit feu messire Jehan de Bauldre […] Et encore […] me donner 1130 francs 4 gros monnaie barrois […] Pour ce est il en consideration de ce fay […] rendu […] toutes lettres tant obligatiosn que autres par lesquelles feu […] le Roy de Sicile et mondit seigneur pouvoient estre tenu envers feu messire Jehan de Thoulon et ses heritiers […] » (ADMM B 494, no 27).

12571576, 9 juillet : « Je Loys de Lucy escuier seigneur dudict lieu […] je tiens […] de […] Jean comte de Salm […] ad cause de sa seigneurie dudit Vivier […] au lieu de Taizey une maison forte ainsy quelle est close et fermer de muraille emparee de quatre grosses tour circuyte et environner des fossez les meix et cheneviere devans joindans au ruysseau du moulin dunepart et au grand chemin daultre part, icelle place et maison forte et ses appartenances dancienneté liege et rendable et receptable audit seigneur comte […] » (ADMM B 964, no 98).

12581888 : « La commune possède un vieux château dont les ruines sont assez bien conservées. Le bâtiment se tient debout, il est restauré depuis peu et toutes les parties sont louées à divers individus comme greniers […] En 1793, il est devenu propriété de la famille André jusqu’en 1886. Il fut alors acheté par M. Colin qui le loue en détail. Les quatre tours sont encore debout ; on y voit de petits trous, ainsi que dans les murs du château ; ces trous étaient destinés à tirer sur l’ennemi ; il y a aussi divers écussons ; la chapelle est bien conservée, l’autel a disparu, mais de larges dalles forment le pavement. Je suis sûr qu’en faisant des recherches sous les dalles, on trouverait des tombeaux. Il y a aussi un souterrain qui sort de l’intérieur du château et qui va aboutir à 5 km plus loin ; les entrées en sont bouchées. La prison est encore telle ; elle n’est pas détériorée du tout ; à côté, on voit des oubliettes, étroit espace en briques où un homme peut se tenir debout. Dans la cuisine, il y d’énormes anneaux de fer au plafond. On voit aussi deux cheminées gigantesques. » (MS 820)

■ Historique

1259Thézey était une possession des comtes de Salm. Dès 1276, les sires de Chérisey le tenaient en fief et y édifièrent une maison forte peut‑être avant 1420, mais certainement avant 1453, date à laquelle Christophe Chérisey la vendit à Jean de Toulon.

1260Comme l’analyse architecturale a permis de dater l’édifice du milieu du xve s., on peut se demander qui en fut le commanditaire. Est‑ce le sire de Cherisey qui cherchait à imiter l’œuvre de son cousin Philippe de Port‑sur‑Seille et qui présuma de ses ressources financières ? Est‑ce Jean de Toulon, soucieux d’affirmer sa puissance en édifiant une forteresse adaptée à l’artillerie légère ? Quoi qu’il en soit, le voué de Nomeny ayant pris parti pour le duc de Bourgogne fut chassé de Thézey en 1476 et perdit tous ses biens, par confiscation ordonnée par René II en 1477 au profit de Jean de Bauldre. Au décès de ce dernier, le petit neveu de Jean de Toulon, Henry de Lucy, réclama le fief et fut rétabli dans ses droits en 1524. Aux xviie et xviiie s., l’austère maison forte, tombée en coseigneurie, subit des transformations destinées à la rendre plus résidentielle. Restaurée vers 1870‑1880, elle fut saccagée durant la Première Guerre mondiale, et risque de disparaître dans un avenir proche en raison des destructions systématiques effectuées par le propriétaire.

FIG. 140 – Thézey‑Saint‑Martin – Façade nord du château vers 1915

cl. coll. privée

Tonnoy

■ Localisation

1261Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Saint‑Nicolas‑de‑Port.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à saint Clément.
Carte IGN 1/25 000, Haroué, 3416 ouest. CL : 1102 x 888,7.
Toponyme : nom celte Turnus ou mot pré latin turno, éminence avec suffixe acum.

■ Vestiges

1262Le « château de Tonnoy » se trouve à 300 m au sud‑ouest de l’église, dans la zone inondable de la Moselle (altitude : 237 m). Une plate‑forme (55 x 51 m), obtenue par creusement des fossés larges de 18 à 23 m, porte des constructions d’époques différentes (fig. 141, 142). Les bâtiments résidentiels ont un plan en U (35 x 32 m) et une largeur de 10 m. L’angle sud conserve une tour circulaire ouverte à la gorge (diamètre : 8 m) et couverte d’une toiture à un pan : elle constitue la partie la plus ancienne du monument et date des xvie et xviie s. ainsi que l’enceinte bastionnée ou fausse braie qui entoure la plate‑forme. L’ensemble est dans un bon état de conservation (fig, 143).

FIG. 141 – Tonnoy – Plan cadastral de 1809, section E.

FIG. 142 – Tonnoy – Le château et son environnement en 1795. ADMM Q 491 (2).

FIG. 143 – Tonnoy – Le château en 1980.

■ Datation

12631322, 22 avril : « Je Gerairs de Tournoi escuiers et je Beatrix sai feme savoir faison […] que […] nous auviens […] quatre deniers toullois et une maille sur chacun feu de ladite ville de Tournoi exceptées lai maison lou curei lai maison lou signour de ladite ville et lai notre maison a panre chacun an a toujours. » (ADMM B 822, no 106)

12641393, septembre : « Cy gist dame Isabel de Thonnoys, fille à Burnequin dit de Haulsonville, et plusieurs enfans, et fonda ladite dame la forte maison de « lamas » (lains‑léans) qui trespassa l’an mil trois cens quatre vingts et treze au mois de septembre. » (Prinet 1925 : 39‑40)

12651476, novembre : « Un renfort de 300 hommes venant de Bourgogne […] se logea à Tonnoy se croyant bien en sureté […] tous les chateaux voisins, Bayon, Neuviller, Richardmenil, étaient occupés par les Bourguignons […] Malhortie commandant de la garnison de Rosières […] entra dans Tonnoy […] mit à mort tout ce qu’il trouva de Bourguignons logés dans le bourg. Il n’était pas en état d’attaquer le château de Tonnoy ; ceux qui s’y trouvèrent furent garantis […] » (Calmet 1973a, 5 : col. 359).

12661650 : « La Ferte […] envoya le sieur de Bereau avec quelque infanterie pour prendre le château de Tonnoy. Un paysan de fortune, tailleur de profession, nommé Jean le Borgne, s’en était emparé avec seize compagnons […] trois jours auparavant. De Bereau n’y avait fait mener pour la battre qu’une seule pièce de canon dont l’affut se rompit après avoir fait un petit trou au château à l’endroit d’une fenêtre. La Ferté impatient […] accorda au soldat […] tout ce qu’il voulut pour sa retraite. Les partisans du maréchal firent imprimer à Paris une relation de ce fameux siège, « La prise du fort château de Tonnoy en Lorraine par le marquis de La Ferté. » (Calmet 1973a, 6 : col. 349)

12671667 : « Il y a audit lieu de Thonnoy le château de Monsieur le Comte Destogé. » (ADMM B 8601, fol. 37v)

■ Historique

1268La terre de Tonnoy appartenait aux sires de Neuviller‑sur‑Moselle (Lepage 1853, 2 : 555‑556) (généal. 43). Simone de Neuviler, dame de Tonnoy, fit entrer le domaine dans le patrimoine des seigneurs d’Haussonville au début du xiiie s. (Parisse 1976 : 497 ; Parisse 1982 : 416). Un cadet de ce lignage, Burnique, reçut cette seigneurie dont il prit le nom à partir de 1322, et fut inhumé dans la chapelle Notre‑Dame de Pitié après 1344 (Germain 1890 ; Prinet 1925). Il possédait une maison à Tonnoy sans que l’on puisse prouver qu’elle était fortifiée (ADMM B 822, no 106). Il laissa, semble‑t‑il, une fille, Isabelle, dont la pierre tombale laisse penser qu’elle fut à l’origine de la construction de la maison forte, avant 1393. Elle fut souche du lignage des Savigny‑Tonnoy, représenté par Joffroy puis Warry, tué en 1431 à Bulgnéville. Un autre rameau, Haussonville‑Savigny, récupéra une partie du fief (ADMM H 2665) placé sous le régime de la coseigneurie.

GÉNÉAL. 43 – Les sires de Tonnoy.

Toulon

■ Localisation

1269Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Commune de Sivry.
Diocèse de Metz. Archidiaconé de Nomeny.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3414 ouest. CL : 1133,8 x 884,15.
Toponyme : mot pré latin tol, source.

■ Vestiges

1270Le mont Toulon est une butte témoin (altitude : 376 m) de l’avant côte de Moselle couronnée par un chapeau de calcaire jurassique. De nombreux ruisseaux entaillent ses pentes marneuses. Il offre un remarquable observatoire sur la vallée de la Mortagne à l’ouest et sur le Saulnois à l’est.

1271Le sommet, retaillé par l’homme, a la forme d’une motte ovoïde (longueur : 125 ; largeur : de 40 à 48 m) ; les flancs, très raides, laissent apparaître la roche calcaire. Six mètres plus bas, un fossé en V précédé d’un épaulement entoure complètement le tertre (fig. 144).

FIG. 144 – Toulon – Relevé topographique en 1988.

Dessin C. Kraemer

1272A l’est, un long plan incliné semble correspondre à l’ancienne rampe d’accès. Au sud, une carrière est encore bien visible. De 1914 à 1918, le mont Toulon servit de poste d’observation à l’armée française comme le rappelle la présente de casemates, d’amorces de cagnas effondrées, de réseaux de tranchées et de trous d’obus. Sur la plate‑forme, des bases de murs affleurent sous une mince couche d’humus. Une épaisse végétation recouvre l’ensemble du site distant de 1350 m de l’église de Sivry. Le cadastre de 1829 reflète assez bien la topographie du site. On y accédait depuis Sivry par le « chemin des marchands » à l’est et par le « chemin de Toulon » à l’ouest. Ce dernier longeait le flanc sud du tertre et aboutissait au lieu‑dit « la porte de Toulon » d’où on montait vers le « haut de Toulon » (fig. 145).

FIG. 145 – Toulon – Assemblage de plans cadastraux de 1829 (Sivry et Serrières).

■ Datation

12731242, 12 février – Jean, voué de Nomeny, en guerre contre l’évêque de Metz qui assiège Nomeny, fait appel à Thiebaut II, comte de Bar : « […] ce que ledit comte lui octroie et promet de faire moïennant que pour le remboursement des frais qu’il pourrait faire à lever le dit siège, il recevrait pour lui et ses hoirs la moitié du chastel de Toullon du coté où il est assis. » (Rolin 1938 : 55‑56).

1274Après 1260 – Un des successeurs de l’évêque de Metz, Jacques de Lorraine (1238‑1260), adresse des reproches à la veuve et au fils de Jean de Nomeny. Nous possédons la réponse de celle‑ci malheureusement sans date précise : « […] A cez monstre […] Il evesques que li bergerie la vowerie et li ostelz quelle tint à Toulon […] on ne sait comment […] a ceu respondent ma dame […] et sui enfant que de son Hostel de Tolon ne velt elle rien respondre pour ceu que an quelque leu que taingne lou chief de son hostel ou a Tolon ou a Mes ou a Monsons at elle […] et sui devancet […] usei des laignes au bois devandis et an a demorei an paix uisque iour dui. Et fait meneir an sun ostel an son chief lieu tant comme pour celui ostel et bien lont usei ladite voxeresse et sui devancet rien dou temps levesque Jaique et de devant tant et loin il puet home souvenir. » (BN Coll. Lorraine vol. 95, fol. 22).

12751264, mars : « Je Hanris cuens de Salmes fiaz cognoisance a tous que mes sires Buenes de Foussue ay repris en fie et en homaigne ligement de […] Thiebaut conte de Bar, sa maon de Foussue et quanquil ait en laville […] li devant dit Buenes […] est devenus homes liges au devant dit conte de Bar contre tous homes fors que contre levesque de Mez et contre nous et doit […] la warde quatre mois en lan en chastel de Toulon. » (ADM B 231, fol. 226v)

12761271, 10 juin : « […] Messire Jehans de Morey ai reconnu […] que il et sui hoir doient tous cas mais la garde a Thoron demi an par la queil garde li nobles homs […] Thiebaut cuens de Bar ai assenei au devant dit mon signor Jehan et a ses hoirs cens solz de fors a panre chascun an au peaige dou Pont a Monconz et les ai asquitei li diz cuens les six semaines de garde que li diz messire Jehans li devoit a Moncons. Et doit faire li diz messire Jehans maison a Thoron. Et se il avenoit que li davant diz cuens de Bar vousist faire et fermet bure davant Thoron et il pras aucune chose de la chose le davant dit mon signor Jehan il le porroit faire et li rendroit la vaillance a lesgarc de prodomes. Et se li diz cuens volait avoir la maison que li diz messire Jehans aurait faire a Thoron li lairont parmi les costanges paiant a lesgarc douvriers. Et referait li diz messire Jehans maison on burc davant et li diz cuens li seideroit place […] » (ADMM B 858, no 6).

12771279, septembre : « Je Henris cuens de Wadeimont […] ai fait escheinge a noble baron Ferri duc de Lorreigne […] de tous les fiez dou ban Daizeraule […] encontre lou fie que Henris de Serrières tient dou devant dit duc à Toullon en ban et en justice […] » (ADM B 256, fol. 5r).

12781318 : « Je Jehans de Morey, chevalier, fils monsignour Fourques chevalier qui fuit […] je sai hom lige […] a Edouart comte de Bar […] et en toigne […] une maison en chasteil […] de Tollon […] » (ADMM B 873, no 126).

12791323 : « Compte de Ancherins prevôt et cellerier de Mousson. Auz sergens et waitez de Toullons

1280XV livres a Thonenet des lascension lan (13)23 et jusques a la Sainct Martin lan (13)23. Cest par un an et demi
XV livres tournois a Remion
XV livres tournois a Jehan Conpeil
XV livres tournois a Thiriet Loisey
XV livres tournoies au portier dou chasteil
XII livres tournois a deux waites dou dit chasteil ». (ADM B 972, fol. 25v)

1281« XVI mus de wain vendus as sergens et waites de Moson et de Toullons par lou mandement de monsignour […] de Bar. » (ADM B 972, fol. 33r)

12821325, 26 août – Aubert de Nomeny vend à son frère Liebaud l’héritage qu’il possédait au finage de Franc et de Toulon : « Aubert de Nomeney chevalier ait recognut […] quil ait vandut pour lespaice de treses ans […] audit Liebaut tout l’heritaige […] quil ait […] on finaige de Frans de soulz Toullon […] et tous les menoit que lidis sires Aubert ait et puet avoir a Thoullon que li sont veunus en parson encontre lidit Liebaulz et que li sont eschut par anaige […] pour 500 livres de bons petits tournois […] » (ADMM B 840, no 2, p. 7).

12831325, 26 août : « […] Liebaus de Nomeney escuiers […] ait vendu a […] Thiebaut de Nomeney chanoine de Mes son oncle douze livres a petits tournois […] a panre chacun an a Nomeney […] et […] ait mis lidis Liebaus en contrewaige a dit signor Thiebaut kant kil ait dairitaige a Nomeney […] a la bergerie de Franc et encor tout laritaige ke li dis Liebaus ait aquasteit a […] Albert son frere et especialement tous les menoirs kil ait on chasteil de Toullon. » (BN Coll. Lorraine vol. 95, fol. 7r)

12841326, septembre : « Saichent tuit que messire Aubert de Facompierre chevaliers […] ait en waigiei […] en lai main de Liebaut son frere escuier […] teil droit […] teil partie […] con li dis messire Aubert ait […] en lai maison en usuaires et en appandizes de Tollon et tout lou waingnaige que a lai dite maison […] en boix en terres en preis en champs […] pour lai some de 80 livres de bons messains […] ». (BN Coll. Lorraine vol. 95, fol. 6r)

12851334, 15 août : « […] madame Isabelle de Brotes, femme de mon signour Waultier de Serrieres chevalier que fut, ait recogneu quelle est femme lige à […] Edduar conte de Bar […] et […] tient […] en fie et homaige sexante et douze journaulx de terre arauble seix faulcies de prei, un journaul de vigne […] une quarte de wain et une de tramois, un chapon, un service d’une maison […] et une maison quelle ait fait faire on chasteil de Toulon pour lesqueilz heritages […] la dicte ma dame Isabeilz doit […] la warde chacun an a Toullon treize semaine […] » (ADMM B 387, fol. 280v).

12861347 : « XXV livres tournois a Richart Dancelle chastellain de Toullon pour le terme de la Sainct Jehan l’an 1347. » (ADM B 973, fol. 20r)

12871353, 9 novembre – Conférence à propos du château de Toulon pris par les troupes de Brocard de Fenetrange, gouverneur de Lorraine : « Item VII livres tournois viez […] pour […] monsignour Henri de Bar et lou bailly de Saint Mihiel qui fut a Thiaucourt lan de L III le sabmedi au digneit devant teste Sainct Martin aveuc eaulz monsignour Thiebault de Xorbey pour avoir consoil dou chasteil de Toulon qui estait embleiz […] » (Servais 1865 : 365).

12881353, 14 novembre : « Item XX livres XI sous III deniers tournois viez […] lan de LIII le jeudy a soir apres teste Sainct Martin pour les despens monsignor Thiebaut de Xorbey Lambert bailli de Bar et plusieurs aultres aveuc eulz a XXXII chevaulz de lour route qui furent à la chaulce en revenant dou pont pour le mandement que cestoit fais de Toullon que Bourquars avoit prins et lou diemenge ensevant vint messire de Grancey dou Pont ou il avoit pris treves au dit Bourquart. » (ADM B 1628, fol. 26r)

12891364, 1er septembre : « […] Jehan de Warnepet et si complices avoient pris et menet […] les bêtes monsignor Jehan vouez de Nomeny chevalier en sa bergerie qui siet dezous Tollon. » (ADMM B 840, no 2)

12901375, 14 avril : « Il frans delivreiz aus massons qui faisoient louvraige de Toulon […] » (ADM B 974, fol. 3r).

12911377‑1385 : « IIm de tieulle qui fu envoies a Toulon. » (ADMM B 8094, fol. 64r)

12921379 : « III sous a un message alant a Toulon porter lettres de monsignor pour yaux adviser quil fussent sur leur warde de ceulx de Metz. III sous a messagé alant a Condey et a Toulon porter lettres pour aviser le pais car on disoit q[ue] les allemans avoient bien CCCC lances. » (ADMM B 8094, fol. 83r)

12931384 : « L sous tournois paiez a plusieurs charpentiers pour le maient de Morey pour refaire les barres devant chastel de Toulon. » (ADMM B 8094, fol. 69v)

12941391 : « LXV tournois […] paie et delivre e Jehan de Maisnilz pour les Sainct Remey lan 1394, 1395, 1396 pour la paie de ses gaiges de la chaistellerie de Toullon lequel enportet chacun an par le dit prevost XXV florins. »

12951397, février : « XVI sous tournois […] pour les frais et despens du Prevost de Maistre Jennin maistre masson de Bauldet et Henry sergens du Pont pour alleir a Toullon pour visiter ceu quil covenoit reffaire on chaistel du dit Toullon. » (ADMM B 8096, fol. 24r)

12961397, mai : « XXX sous tournois […] paie a Jaquemin Lermitte pour refaire un painel des murs de Toullon a seche. » (ADMM B 8096, fol. 70r)

12971397 : « XXV livres tournois […] paie a Symon des Hermoises pour la partie de ses gaiges de la chastellerie du dit Toullon pour l’an […] » (ADMM B 8096, fol. 47r).

12981399,14 décembre : « […] Robert duc de Bar, marquis du Pont […] donnons […] a notre dis filz Eddouart, la […] seigneirie […] de notre marquise du Pont […] la ville chastel et chastellerie de Toullon […] » (ADM B 230, fol. 1v).

12991442, 12 avril : « Lettres du roi René qui indemnise Jean de Toullon voué de Nomeny son écuyer, des pertes que lui et son père Jacquemin de Toullon avaient subi de la demolition de la moitié du chasteau de Toullon. Le roi lui donne tout le droit et ce qui lui appartient en la moitié du chasteau de Toullon avec la moitié de la coste pour estre quitte de toutes choses avec ledit de Toullon. » (ADMM B 387, no 5 ‑deficit)

13001888 : « On voit […] quelques vestiges de l’ancien château et Toulon et une citerne qui se trouvait dans l’enceinte de ce donjon. » (MS 820).

■ Historique

1301Toulon ne releva jamais du temporel des évêques de Metz ou de la vouerie de Nomeny, pas plus que du duché de Lorraine ou de la châtellenie de Dieulouard. Les documents cités précédemment permettent de penser que la terre de Toulon était un alleu appartenant à un lignage seigneurial qui en prit le nom (généal. 44). Durant la première moitié du xiiie s., une maison seigneuriale, ou hôtel, y existait. Elle possédait des dépendances dont une bergerie. Jean de Toulon devint voué de Nomeny après 1224. Un conflit l’opposa à l’évêque de Metz, Jacques de Lorraine, vers 1242. Le comte de Bar et de Mousson, Thiebaut II, vint au secours du voué et exigea en retour la moitie de la maison et de la butte de Toulon. Une nouvelle histoire commençait. Nous distinguerons la seigneurie des sires de Toulon et celle des comtes de Bar.

GÉNÉAL. 44 – Les sires de Toulon.

1302La seigneurie des sires de Toulon se composait d’une maison d’exploitation dont dépendait un domaine comprenant des champs, des bois, des prés et une bergerie. En 1326, Liebaut réussit à réunifier le patrimoine familial divisé à la suite de partages successoraux. Les sires de Toulon ne prêtaient d’hommage à personne pour cette seigneurie. Ils ne devaient aucun service de garde. Qui plus est, ils possédaient la moitié du château de Toulon. Les Lorrains démantelèrent le château avant 1426. Les sires de Toulon attendirent jusqu’en 1442 pour être indemnisés. Ils redevinrent alors seuls et uniques détenteurs de la terre de Toulon et du château ruiné.

1303La maîtrise de Toulon par le comte Thiebaut II fut un élément important dans la politique territoriale de ce dernier et de ses successeurs. Par sa situation, Toulon constituait un élément avancé de la forteresse de Mousson. Il assurait le contrôle du comte sur la châtellenie verdunoise du Val Sainte‑Marie, sur les voueries de Nomeny et de Condé Val des Faulx, possessions de l’évêque de Metz. Il constituait une étape entre Mousson et les seigneuries pour lesquelles le comte de Salm, Henri le Jeune, avait prêté hommage en 1221 au comte de Bar. Ces seigneuries, situées dans le Saulnois, se composaient de la châtellenie de Viviers, de Vaxy, Fremery, Puzieurx, Thezey et Oriocourt. Dans cette région du Saulnois, le comte cherchait à développer son influence au détriment de l’évêque de Metz. Il multipliait les efforts pour s’opposer à la poussée lorraine qui s’exerçait depuis Amance, acquis par les ducs en 1196. Toulon possédait une grande valeur stratégique au milieu du xiiie s. et la conserva jusqu’à la fin du xive s.

1304A partir de 1264, la documentation nous permet de comprendre la politique du comte de Bar à Toulon. Il améliora certainement les défenses du château. Malheureusement, il faut attendre 1375 pour disposer de quelques mentions de réparations au château. L’approche du château était défendue par des barrières de pieux ou « barres ». L’accès à la terrasse devait se faire au moyen d’un plan incliné en bois. La terrasse était entourée par une enceinte en maçonnerie. Nous ignorons si elle possédait des tours. A l’intérieur, se disposaient divers bâtiments. Certains vassaux, comme les sires de Bratte et ceux de Morey, y édifièrent des habitations pour se loger durant leur temps de garde. Le châtelain, le portier, les sergents et les guetteurs disposaient de logements distincts auxquels s’ajoutaient des écuries, des granges et des caves. Un système de canalisation conduisait les eaux pluviales dans une citerne. Les mentions de réparations figurent dans les livres de comptes de la prévôté de Mousson. Nous ignorons si une partie des frais incombait aux sires de Toulon. Les comptes ne mentionnent plus aucun travail après 1397 et nous savons que la destruction du château eut lieu du vivant de Jacquemin de Toulon décédé en 1426.

1305Le comte de Bar confiait le château à un châtelain qui recevait 25 livres tournois par an. Parmi les différents titulaires de cette charge, nous trouvons Richart Dancelle en 1347, Jean de Menil en 1394‑1396, Simon des Armoises en 1397. Cet officier avait sous ses ordres un portier, quatre sergents et des guetteurs. Il faut y ajouter les vassaux venant accomplir leur temps de garde. Le comte de Bar envoyait à Toulon des vassaux qui devaient la garde à Mousson. Ces petits chevaliers étaient par ailleurs vassaux d’autres princes, comme l’évêque de Verdun ou le duc de Lorraine. Le comte s’efforçait de les attirer dans sa mouvance. Le tableau LI permet de juger de la zone d’influence de Toulon.

TABL. LI – Service de garde à Toulon.

1306En 1399, Toulon fut qualifié de châtellenie. En fait, il n’y eut ni prévôt, ni clerc juré et aucun village ne dépendait de Toulon. Toulon relevait de la châtellenie de Mousson. II présente un bel exemple d’une création avortée de châtellenie. Son abandon définitif au début du xve s. souligne cet échec. Le site mériterait une fouille malgré les perturbations de la Première Guerre mondiale.

Valhey

■ Localisation

1307Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Lunéville Nord.
Diocèse de Toul. Doyenné de Saint‑Nicolas‑de‑Port. Eglise dédiée à sainte Marie Madeleine.
Carte IGN 1/25 000, Elnville‑au‑Jard, 3515 ouest. CL : 1117,250 x 906,3.
Toponyme : nom germanique Walo et suffixe latin, iacum.

■ Vestiges

1308Le village de Valhey est situé sur la rive droite du Sanon, à mi‑pente du côteau marneux (altitude : 240 m). Le « château » se trouvait en bordure de la route Lunéville/Vic‑sur‑Seille, dans une légère dépression drainée par un ruisseau, à 100 m à l’est de l’église. Il ne subsiste aucun vestige médiéval. Le cadastre de 1813 présentait déjà un ensemble de bâtiments très remaniés d’époque moderne (fig. 146).

FIG. 146 – Valhey ‑ Plan cadastral de 1813 section D.

■ Datation

13091254, 7 Janvier : » Nous Regnaux conte de Castres […] et frere Remeyner dou Temple commandeur de la maison Sainct George de Luneville [...] nous avons faict et jurée une nueve vile à Valehey deles Liniville […] » (ADMM H 3043, fol. 36v).

13101450 : « Jean de Calabre, fils de René d’Anjou et son lieutenant dans le gouvernement du duché de Lorraine autorise Henri Didier d’Einville à bâtir une maison forte à Valhey avec tours, fossés et pont‑levis. » (Choux 1978 : 227)

13111636, 1er février : « Délibéré […] pour le rasement et démolition des places et châteaux de Lorraine […] Departement de Monsieur de Fremin […] Bioncourt, Vahlé, Paroye [...] » (Calmet 1973a, 6 : col. 210).

■ Historique

1312Valhey relevait du comté de Lunéville puis du duché de Lorraine. Les sires d’Athienville détenaient cette terre au début du xve s. Elle passa à leurs héritiers les sires d’Einville. L’un d’eux, Henri Didier, édifia tardivement, vers 1450 une maison forte. Un siècle plus tard, Catherine d’Einville fit passer le domaine à la famille des Porcelets de Maillane qui substituèrent à l’ancienne forteresse un château résidentiel à la fin du xvie s., dont nous possédons une description datée de 1634 (Choux 1978).

Villacourt

■ Localisation

1313Meurthe‑et‑Moselle. Lunéville. Bayon.
Diocèse de Toul. Doyenné d’Epinal. Eglise dédiée à saint Martin.
Carte IGN 1/25 000, Bayon, 3416 est. CL : 1091,9 x 896,5.
Toponyme : nom germanique Wilhaus et latin cortem, domaine.

■ Vestiges

1314Villacourt est située dans une légère dépression drainée par le ruisseau du Breuil (altitude : 275 m). Il ne reste aucun vestige.

■ Datation

13151267, 5 mai : « Je Henris cuens de Wadeimont fais assavoir a tous que […] Ferris dus de Lorraine […] eit donei a moi et a Henris no(tre) fil […] lou fié de Velacourt entierement […] et sil avenoit q(ue) ie ou Henris miez fils ou seu hoir […] ne feissient faire fort mason ne autre mason […] a Velacourt […] elle serait et devrait estre rendauble, aidauble et receptable a duc devant dit et a ses hoirs et a lour gens a tous lor besons de grande force et de petite. » (ADM B 256, fol. 2r)

13161469 : « Apres la prise de Chaligny, les Lorrains […] prirent aussi Bainville dont ils ruinèrent la tour et le château […] On usa de même envers […] toutes les autres forteresses […] où les Bourguignons avoient des garnisons, ou dans lesquelles on craignait qu’ils n’en missent. Romont, Clezentaines, Velacourt ne furent pas épargnés. » (Calmet 1973a, 5 : col. 614)

13171532, 24 septembre : « Anthoine […] duc de Calabre de Lorraine […] savoir faisons que […] Anthoine et Sallatin frères seigneurs Dysembourg […] ad cause et en vertu des biens cession transport […] a eulx faict par […] Dame Elisabeth du Neufschastel sur Moselle […] nous ont […] faict les foy et homaiges quilz estoient tenus nous faire tant de la tour de Velacourt que de tout ce quilz […] peullent […] avoir au village […] dudit Velacourt […] » (ADMM B 608, no 42, pièce 1).

■ Historique

1318Un lignage des chevaliers résidait à Villacourt dès le milieu du xiie s. : Gérard Ier et son frère (1115‑1163), Gérard II (1208‑ 1226), étaient vassaux du duc de Lorraine (Montjauze‑Vallette 1970, no 62‑71 ; Parisse 1978, no 128 ; Lemercier de Morière 1893, no 61). En 1267, la terre fut donnée en fief au comte de Vaudémont et une maison forte ne tarda pas à apparaître. Elle fut endommagée au cours des guerres entre Lorrains et Bourguignons en 1469.

Ville‑au‑Val

■ Localisation

1319Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Pont‑à‑Mousson.
Diocèse de Metz. Doyenné de Mousson. Eglise dédiée à saint Pierre aux Liens.
Carte IGN 1/25 000, Nomeny, 3314 ouest. CL : 1134,4 x 878,2.
Toponyme : du latin villa, domaine.

■ Vestiges

1320Ville‑au‑Val est situé au flanc du côteau nord (altitude : 225 m) qui domine la vallée de la Natagne, creusée dans des marnes liasiques. Le « château » n’est qu’à 30 m au sud‑est de l’église et dessine un losange de 47 m de côté (fig. 147, 148).

FIG. 147 – Ville‑au‑Val – Plan cadastral de 1827 section C.

FIG. 148 – Ville‑au‑Val – Vue aérienne en 1980.

1321Le côté nord, tourné vers le village, sert de dépendance et de hangar. Large de 9 m, il est flanqué de deux tours massives. La tour nord‑ouest (diamètre extérieur : 8 m ; murs épais de 2 m) n’a pas d’ouverture. La tour nord‑est est plus petite (diamètre : 6 m). L’ensemble date du xvie s. Le côté ouest, large de 10 m, abrite les communs. Le côté sud, large de 11 m, se compose d’un sous‑sol haut de 4 m fortement taluté, dont le rôle est de compenser la déclivité du terrain et de supporter deux étage résidentiels reconstruits au xviie s. Les deux tours d’angle (6 m de diamètre) datent de la même époque. Le côté est, à caractère également résidentiel, abrite la porte cochère et le passage qui permettent de quitter la cour intérieure (35 x 32 m) et d’accéder à l’ancienne basse‑cour, après avoir franchi l’ancien fossé par un pont en pierre. Les fossés sont en partie comblés. Sur les côtés est et ouest, leur largeur était d’environ 20 m et au nord 15 m. Au sud, la déclivité du terrain constituait une défense suffisante. La basse‑cour se situe devant l’entrée du château, côté est. Les bâtiments se disposent selon un plan qui fut trapézoïdal avec l’entrée principale côté nord. Il faut passer dans la basse‑cour pour accéder au château. Le plan d’ensemble est caractéristique du xiiiexive s. La plupart des constructions ont été rebâties entre le xvie et le xviiie s.

■ Datation

13221334, 26 octobre : « […] je Huars de Baifromont chevalier […] suis hom liges a […] Eddouart conte de Bar […] douquel je taig ceu que jay a Deulouart […] Belleville […] Lixières […] ma fort maison que je ay a Ville et lou tiers entierement de tout ce que je ay a Ville on bain et on fenaige […] ce que je ay a Moussons […] pour lesquelles choses je […] doit la warde a Moussons la moitie de trois semaines […] » (ADMM B 387, fol. 210r).

13231536, janvier : « Je Theodore de Sauls ecuyer seigneur d’Art sur Thille, de Prangey et d’Arouey en partie on duché de Bourgogne, de Ville on Vaux Saincte Marix, Lexures, Belleville en partie on marquisat du Pont a Mousson […] confessa tenir en fief […] de monseigneur le duc de Calabre, Lorraine […] les dix douziemes et un autre douzième et les deux tiers desditz villaiges de Ville et de Lixures en haute justice moienne et basse partissable de l’autre douzième et de l’autre tiers aus seigneurs de Lendres […] item le chastel dudit Ville les fosses et jardinaiges a lenviron contenant six journaux […] item […] le moulin desoub la ville scitué soubs la chaulcee de lestang […] » (ADM B 231, fol. 248r et v).

13241559, 22 mars – Catherine de Haraucourt obtient l’autorisation de construire une chapelle castrale dédiée à saint Georges. C’est en 1765 qu’elle est désignée sous le nom de Saint‑Louis (Dorvaux 1902 : 559).

■ Historique

1325La terre de Ville‑au‑Val, comme toute la rive gauche de la Natagne, relevait du Barrois et plus particulièrement de Mousson. Les sires de Beaufremont (Parisse 1982 : 357) y édifièrent une maison forte avant 1334 pour surveiller l’autre rive de la Natagne qui dépendait de la châtellenie de Dieulouard, possession des évêques de Verdun.

Villers‑les‑Prud’hommes

■ Localisation

1326Meurthe‑et‑Moselle. Nancy. Pont‑à‑Mousson. Commune de Ville‑au‑Val.
Diocèse de Metz. Doyenné de Mousson.
Chapelle dédiée à sainte Marie‑Madeleine.
Toponyme : du latin villare, écart, hameau.

■ Vestiges

1327La ferme de Villers se blottit au pied du coteau marneux qui domine du côté sud la vallée de la Natagne (altitude : 230 m). Un hameau aujourd’hui disparu s’étirait à l’ouest de la maison forte (fig. 149).

FIG. 149 – Ville‑au‑Val, Villers‑les‑Prud’hommes – Plan cadastral de 1827 section A.

1328Le château se compose d’un bâtiment de forme trapézoïdale flanqué de 4 tours circulaires (fig. 150, 151). Les parties les plus anciennes datent du xvie s. Elles occupent la partie sud‑ouest (16 x 5 m) à gauche du portail d’entrée et toute la partie sud (42 x 9 m). Cette dernière conserve de belles fenêtres Renaissance. La tour nord‑ouest est pourvue d’ouvertures de tir pour arme à feu. Elle a servi de pigeonnier et a une hauteur supérieure aux trois autres. La partie est a disparu au profit de granges et remises. La toiture de la tour nord‑est est fort abîmée. La cour du château n’est pas séparée de la basse‑cour autour de laquelle s’articulent des bâtiments d’exploitation en forme de U (25 x 45 m).

FIG. 150 – Ville‑au‑Val, Villers‑les‑Prud’hommes – Vue du site en 1980.

FIG. 151 – Ville‑au‑Val, Villers‑les‑Prud’hommes – La maison forte côté est.

1329La chapelle se trouve au nord‑est du château. Quatre mètres seulement la séparent de la basse‑cour. Elle se compose d’un clocher carré (3 x 3 m) haut de 9 m, de style roman, soutenu par trois énormes contreforts rajoutés postérieurement. Le chœur est lui aussi roman mais la nef, de style gothique, a été elle aussi ajoutée vers le xve s. Cette chapelle est entourée d’un petit cimetière envahi par la végétation que limite un mur de soutènement.

■ Datation

13301486, 18 août : « […] Guillaume de Haracourt […] evesque et conte deVerdun […] à cause de notre dit evesché, nous compete et appartiengne toute la seigneurie haulte, moyenne et basse de la ville Villers le Preudhomme en la mayerie du Vaulx Saincte Marie […] audit lieu de Villers nostre ami et fealClaude de Villers le Preudhomme ait la moictié en une place, forte maison et pourpris d’icelles assises et situées audit Villers qui est de son heritaige de ligne et de franc allieuf, laquelle place est lieu fort où les hommes […] de nostre eveschié […] ont eu du passé leur recours et receps […] Ayant regard […] aux grans […] services que ledit Claude […] a fait continuelment à nous […] et aussi moyennant […] ce que la dicte moictie de place et forte maison de Villers il nous a presentement fait foy et hommaige lige […] nous […] donnons […] tout le droit et seigneurie haulte, moyenne et basse justice, ensemble les hommaiges que nous avons […] en ladite ville […] avec povoir […] de mettre […] mayeur, eschevins, doyen et autres officiers […] en outre […] ung signe patibulaire […] Et avons […] donné […] son affouaige pour le deffruict de sa maison […] en noz boix de Mangeseille […] » (Gouy 1887 : 67‑69).

13311488, février : « […] comme venerable et circunspecte personnne Monseigneur le vicaire en l’espirituel de reverend père en Dieu et seigneur monseigneur Henry de Lorraine evesque de Metz, à l’instance requête […] dudit Claude de Villers le Proudom ait donné consentement […] de eriger […] de nouvel les fonts baptismalz en l’église dudit lieu de Villers, laquelle eglise est fille alternativement des église paroissiales […] de Morey et de Ville […] » (Gouy 1887 : 71).

13321501, 25 juin : « […] Noble et honoré seigneur Claude de Villers le Proudom […] escuier […] ait fondé […] tant en son nom comme on nom de […] dame Alix de Chardel sa femme […] deux messes chacune sepmaine de l’annee […] en l’église dudit Villers, en une chapelle et autel que ledit seigneur Claude ait l’intention de faire edifier […] en ladicte eglise de Villers […] on diocèse de Metz ou en sa forte maison dudit Villers. » (Gouy 1887 : 73)

13331624 : « L’enceinte du château était séparée de la cour des écuries par un mur qu’on a abattu depuis. Le terrain de cette basse cour fut acheté au sieur de Rarecourt par Bernard de Saintignon qui y construisit des granges en 1624 comme l’indique le chiffre gravé au‑dessus des portes. » (Gouy 1887 : 62)

■ Historique

1334Villers relevait comme toute la rive gauche de la Natagne de la châtellenie de Dieulouard, possession des évêques de Verdun. C’était, au xve s., un alleu appartenant à un lignage local qui avait conservé le surnom d’un de ses membres vivant au début du xive s. (Gouy 1887 : 53‑85). Une maison forte y apparut bien avant 1486 et servit à protéger la famille seigneuriale mais aussi les paysans au cours des troubles intérieurs. En récompense, l’évêque lui octroya le droit de justice et d’affouage. La paix revenue, le hameau prospéra sans pouvoir devenir un village en raison de l’exiguïté du ban.

Table des illustrations

Légende FIG. 7 – Abaucourt‑sur‑Seille – Plan cadastral de 1829 section C.
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Légende FIG. 8 – Abaucourt‑Vintremont – vue de la maison forte en 1842 (Favier 1898 no 1746). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende GÉNÉAL. 1 – Les premiers sires d’Abaucourt.
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Légende GÉNÉAL. 2 – Les Fénétrange, seigneurs d’Abaucourt.
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Légende FIG. 9 – Amance – Motte castrale et bourg en 1980.
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Légende FIG. 10 – Amance – Plan topographique en 1980.
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Légende FIG. 11 – Amance – Plan de 1776. (ADMM B 11172).
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Légende FIG. 12 – Amance – Plan cadastral de 1833 section D.
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Légende GÉNÉAL. 3 – Les princes d’Amance.
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Légende GÉNÉAL. 4 – Les voués d’Amance.
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Légende GÉNÉAL. 5 – Les sires d’Amance.
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Légende FIG. 13 – Athienville – Plan cadastral de 1828 section F.
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Légende FIG. 14 – Bauzemont – Plan cadastral de 1812 section D.
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Légende FIG. 15 – Bauzemont – Plan topographique de 1980.
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Légende FIG. 16 – Bayon – Plan cadastral de 1824 section D.
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Légende FIG. 17 – Bayon : entrée du château côté sud en 1830. (Favier 1898 no 1808). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 18 – Bayon – Plan de l’église avant 1900. 1 porte principale ; 2 nef ; 3 chapelle Sainte‑Anne ou des fonds baptismaux ; 4 tour ; 5 chapelle d’Amance‑Fénétrange ; 6 sépulcre du XVIe s. ; 7 chapelle de Haraucourt‑Brandenbourg ; 8 sacristie ; 9 chœur ; 10 chapelle de Haraucourt dédiée à l’Assomption.
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Légende GÉNÉAL. 6 – Les sires de Bayon.
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Légende FIG. 19 – Bezange‑la‑Grande – Plan cadastral de 1828 section E.
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Légende FIG. 20 – Bezaumont‑Marivaux – Plan de 1834. (Grille de Beuzelin 1834).
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Légende FIG. 21 – Bezaumont‑Marivaux – Vue de la maison forte avec la tour sud‑ouest vers 1937 (cl. coll. privée).
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Légende FIG. 22 – Bratte – Plan cadastral de 1828 section C.
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Légende FIG. 23 – Bratte – Vue de la maison forte en 1980.
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Légende FIG. 24 – Brémoncourt – Plan cadastral de 1834 section D.
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Légende FIG. 25 – Brémoncourt – Vue de la maison forte au centre et des dépendances agricoles à droite, en 1980.
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Légende FIG. 26 – Brémoncourt – Vue de la maison forte côté nord, en 1980.
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Légende GÉNÉAL. 7 – La maison de Lorraine, seigneurs de Brémoncourt.
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Légende GÉNÉAL. 8 – Les Deuilly, sires de Brémoncourt.
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Légende FIG. 27 – Clémery – Plan cadastral de 1829 section D.
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Légende FIG. 28 – Clémery – Façade nord par P. Morey en 1861
Crédits cl. D. Bastien, © 1992, Inventaire général
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Légende FIG. 29 – Clémery – Vue aérienne en 1980.
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Légende FIG. 30 – Croismare – Plan topographique de 1980.
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Légende FIG. 31 – Croismare – Plan du 23 Fructidor An VIII. (Coll, privée).
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Légende GÉNÉAL. 9 – Les sires de Parroy‑Haudonviller.
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Légende FIG. 32 – Custines (Condé‑sur‑Moselle) – Plan topographique de 1980. 1 épaulement ou levée de terre ; 2 fossé extérieur ; 3 grand rempart ou « boulevard » ; 4 tour du « gros demi rond » ; 5 tour du « grand chauffeur » ; 6 carrières ; 7 barbacane d’entrée ; 8 grand fossé intérieur ; 9 emplacement du pont fixe : 10 pile du pont ; 11 emplacement du pont‑levis ; 12 emplacement de la porterie et tour présumée ; 13 logement du châtelain ; 14 grande chapelle ; 15 tour « L’Evesque » ; 16 grange et écurie ; 17 cave : 18 grande salle de « parement » ; 19 petite salle de parement ; 20 grosse tour du donjon ; 21 cuisines et dépendances (paneterie, saucerie, fruiterie, échansonnerie, garde‑manger) : 22 escalier ; 23 chambres ; 24 citerne ; 25 cour intérieure ; 26 tour du pigeonnier ; 27 épaulements extérieurs ; 28 tour.
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Légende FIG. 33 – Custines – Vestiges des courtines nord du château.
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Légende FIG. 34 – Custines – Tour sud‑ouest du château.
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Légende FIG. 35 – Custines – Au premier plan : contrescarpe du rempart nord ; au second plan : courtines nord du château (gravure de 1842 ; Favier 1898 no 1926)
Crédits Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 36 – Custines – Courtines nord du château vues de la cour en 1842 (Favier 1898 no 1926).
Crédits Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 37 – Custines – Pan cadastral de 1833 section F : le « château » correspond à la « maison des Lombards ».
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Légende FIG. 38 – Custines – « Maison des Lombards », vue aérienne de 1980.
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Légende FIG. 39 – Damelevières – Plan cadastral de 1838 section D.
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Légende FIG. 40 – Damelevières – Plan des vestiges de la maison forte en 1980.
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Légende FIG. 41 – Damelevières – La maison forte côté sud avec tour d’angle, courtine et entrée en 1980.
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Légende FIG. 42 – Damelevières – Tour sud‑ouest avec archère canonnière du début du XVe s. en 1980.
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Légende GÉNÉAL. 10 – Les sires de Saint‑Dié, seigneurs de Damelevières.
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Légende FIG. 43 – Damelevières – La « maison tour » (XVe s.) près de l’église en 1980.
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Légende FIG. 44 – Dombasle – Plan cadastral de 1808 section D.
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Légende FIG. 45 – Dombasle – Vue de la maison forte en 1830 (Favier 1898, no 2402). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 46 – Dombasle – Plan de 1860 (Lepage 1862).
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Légende FIG. 47 – Dombasle – Gravures de 1861 (Lepage 1862 : 194‑219).
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Légende GÉNÉAL. 11 – Les sires de Dombasle.
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Légende GÉNÉAL. 12 – Les premiers sires de Dombasle.
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Légende GÉNÉAL. 13 – Les Savigny, seigneurs de Dombasle en partie.
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Légende FIG. 48 – Einville‑au‑Jard – Essai de reconstitution.  basse‑cour : 1 pont ; 2 cuisines ; 3 fontaines ; 4 tour de la cuisine ; 5 corps de logis ; 6 tour « Cratesselin » ; 7 écuries ; 8 appartements.  château : 9 tour de la chapelle ; 10 « Pâlie » ; 11 poterne ; 12 pont ; 13 moulin ; 14 pieux ; 15 chambre du châtelain ; 16 tour « Bralart » ; 17 chambres.
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Légende FIG. 49 – Essey‑lès‑Nancy, Haut Château – Plan cadastral de 1837 section B.
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Légende GÉNÉAL. 14 – Les sires d’Esscy‑lès‑Narœy.
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Légende FIG. 50 – Essey‑lès‑Nancy, Bas Château – Plan cadastral de 1832 section A.
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Légende GÉNÉAL. 15 – Les sires du Bas Château d’Essey‑lès‑Nancy.
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Légende FIG. 51 – Fléville‑devant‑Nancy ‑ Plan cadastral de 1808 section G.
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Légende FIG. 52 – Fléville – Façade ouest en 1844 (Favier 1898 no 2023). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 53 – Fléville – Le château côté sud, gravure d’Israël Sylvestre, milieu du XVIIe s. (Sylvestre 1645).
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Légende GÉNÉAL. 16 – Les sires de Fléville.
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Légende FIG. 54 – Gerbéviller – Plan de 1851. 1 église ; 2 ancien prieuré ; 3 ancien four banal ; 4 hospice ; 5 porte du Haut ; 6 chapelle castrale ; 7 château ; 8 ancien four banal ; 9 porte de l’Eau ; 10 ancien moulin banal ; 11 colombier ; 12 ermitage.
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Légende GÉNÉAL. 17 – Les premiers sires de Gerbéviller.
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Légende GÉNÉAL. 18 – Les ducs de Lorraine, seigneurs de Gerbéviller.
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Légende GÉNÉAL. 19 – Les sires de Linange, seigneurs de Gerbéviller.
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Légende GÉNÉAL. 20 – Les Wiss de Gerbéviller.
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Légende FIG. 55 – Haraucourt – Plan cadastral de 1808 section J.
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Légende FIG. 56 – Haraucourt ‑ Peinture du château en 1886.
Crédits cl. J. Guillaume, © 1992, Inventaire général
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Légende GÉNÉAL. 21 – Les sires de Haraucourt.
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Légende FIG. 57 – Haussonville – Plan cadastral de 1834 section D.
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Légende FIG. 58 – Haussonville – Vue aérienne du château et des bâtiments adjacents en 1980.
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Légende FIG. 59 – Haussonville – Côté nord en 1980.
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Légende GÉNÉAL. 22 – Les sires d’Haussonville.
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Légende GÉNÉAL. 23 – Les sires de Neuviller, seigneurs d’Hénaménil.
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Légende GÉN ÉAL. 24 – Les Le Truand, seigneurs d’Hénaménil.
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Légende FIG. 60 – Jeandelaincourt – Plan cadastral de 1830 section C.
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Légende FIG. 61 – Jeandelaincourt – Côté ouest en 1980.
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Légende FIG. 62 – Lenoncourt – Plan cadastral de 1808 section G.
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Légende FIG. 63 – Lenoncourt ‑ Tour du XIVe s. en 1980.
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Légende FIG. 64 – Lenoncourt ‑ Plan et coupe de la tour du XIVe s. en 1980 
Crédits dessin B. Willaime
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Légende GÉNÉAL. 25 – Les sires de Lenoncourt.
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Légende FIG. 65 – Létricourt – Plan cadastral de 1829 section D.
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Légende FIG. 66 – Leyr ‑ Plan cadastral de 1829 section F.
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Légende GÉNÉAL. 26 – Les sires de Leyr.
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Légende FIG. 67 – Lunéville à la fin du Moyen Age (d’après Beaulieu 1640). Château : 1 cour du château ; 2 grosse tour ; 3 entrée et fossé du château ; 4 jardin, parc ; 5 basse‑cour ; 6 moulin. Ville : A porte Saint‑Nicolas ou du Pont ; B tour Blanche ; C tour d’Epinal ; D porte Saint‑Georges ou Joly ; E tour Blanpain ; F tours et portes Saint‑Jacques ou d’Allemagne ; G faubourg ; H tour du château ; I couvent de religieuses ; J ancienne paroisse Saint‑Jacques ; K monastère Saint‑Rémy ; L grand‑rue ; M couvent des Minimes.
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Légende GÉNÉAL. 27 – Les comtes de Lunéville.
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Légende FIG. 68 – Magnières – Plan cadastral de 1838 section H.
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Légende GÉNÉAL. 28 – Les sires de Magnières.
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Légende FIG. 69 – Mailly – Plan cadastral de 1829 section B.
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Légende FIG. 70 – Mailly – Côté sud en 1980.
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Légende FIG. 71 – Méhoncourt‑Montreuil ‑ Relevé topographique de 1980.
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Légende GÉNÉAL. 29 – Les sires de Montreuil.
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Légende FIG. 72 – Morey – Plan cadastral de 1830 section C.
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Légende FIG. 73 – Morey – Vue aérienne de 1980.
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Légende GÉNÉAL. 30 – Les sires de Morey.
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Légende FIG. 74 – Mousson – Plan topographique en 1980.
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Légende FIG. 75 – Mousson – Mur de courtine sud.
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Légende FIG. 76 – Mousson – Plan cadastral de 1857 section C.
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Légende FIG. 77 – Mousson – La chapelle castrale, état au XIXe s. (Boyé 1892).
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Légende FIG. 78 – Mousson – Le bourg et le château, gravure du XIXe s. (coll. privée).
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Légende GÉNÉAL. 31 – Les avoués, châtelains de Mousson.
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Légende GÉNÉAL. 32 – Les Cottignon, châtelains de Mousson.
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Légende GÉNÉAL. 33 – Les chevaliers de Mousson.
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Légende FIG. 79 – Moyen – Plan cadastral de 1838 section 12.
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Légende FIG. 80 – Moyen – Plan du château en 1980.
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Légende FIG. 81 – Moyen – Poterne nord‑ouest et logement du portier.
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Légende FIG. 82 – Moyen – Tour sud de l’enceinte extérieure.
Crédits Cl. D. Bastien, © 1992, Inventaire général
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Légende FIG. 83 – Moyen – Entrée de l’enceinte extérieure côté nord vers 1830. De gauche à droite : un vestige de tour, la loge du portier, la porte piétonne et la porte cochère (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 84 – Moyen – Façade du corps de logis nord ou « maison seigneuriale » avant restauration en 1980.
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Légende FIG. 85 – Moyen – Porte principale du logis nord avec des éléments sculptés (XVe s.).
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Légende FIG. 86 – Moyen ‑ Fenêtre du rez‑de‑chaussée du logis nord (XVe s.).
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Légende FIG. 87 – Moyen – Décor d’un linteau de porte du logis nord.
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Légende FIG. 88 – Moyen – Fenêtre du 1er étage du logis nord.
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Légende FIG. 89 – Moyen – Côté nord‑est en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 90 – Moyen – Côté est en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 91 – Moyen – Tour demi‑circulaire appelée « Tour de la prison », côté est.
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Légende FIG. 92 – Moyen – L’ancienne chapelle aux fenêtres obturées apparaît entre la courtine est à droite et un bâtiment plus récent à gauche.
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Légende FIG. 93 – Moyen – Gravure de Beaulieu (1640). L’auteur transforme à tort les échauguettes des angles sud de l’enceinte extérieure en tours ; il invente une tour au milieu du côté est de cette enceinte.
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Légende FIG. 94 – Moyen – Gravure de Collignon (1639). Siège du château par les Français. BN, Cabinet des estampes.
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Légende FIG. 95 – Moyen – Côté sud‑est en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 96 – Moyen – Côté sud‑ouest en 1830 (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 97 – Moyen – Côté sud en 1830. Au premier plan : le village avec le pont et le moulin sur la Mortagne. Au second plan : tour d’artillerie et angles de l’enceinte extérieure. A l’arrière plan : courtine du château, au milieu de celle‑ci, on observe une grande tour aujourd’hui disparue (Favier 1898), Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 98 – Moyen ‑ Cave du bâtiment sud.
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Légende FIG. 99 – Moyen – Côté ouest en 1830. On remarque au premier plan la basse‑cour puis le fossé intérieur envahi par la végétation. A gauche, vestiges de la porterie flanquée de deux tours ruinées. A droite, corps de logis sud‑ouest avec sa chaire à prêcher (Favier 1898). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 100 – Nomeny ‑ Plan cadastral de 1820 section F1.
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Légende FIG. 101 – Nomeny – Plan du château en 1980.
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Légende FIG. 102 – Nomeny – Vue aérienne en 1960.
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Légende FIG. 103 – Nomeny – Tour nord‑est en 1980.
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Légende FIG. 104 – Nomeny – Tour nord‑ouest, vue de la cour en 1980.
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Légende FIG. 105 – Nomeny – Tour nord‑ouest, vue de l’extérieur. Les anciens fossés sont occupés par un jardin public.
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Légende FIG. 106 – Nomeny – Lithographie du XIXe s. représentant le château vu du nord‑ouest
Crédits Favier 1898 no 2768). Bibliothèque municipale, Nancy.
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Légende FIG. 107 – Nomeny – Tour nord‑ouest en 1919. (Anonyme 1919).
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Légende FIG. 108 – Nomeny – Maison seigneuriale des sires de Toulon, état en 1914.
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Légende FIG. 109 – Parroy – Plan cadastral de 1818 section D1.
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Légende GÉNÉAL. 34 – Les sires du haut château de Parroy.
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Légende FIG. 110 – Phlin – Plan cadastral de 1829 section C.
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Légende FIG. 111 – Phlin vers 1900.
Crédits Cl. G. Coing, © 1992, Inventaire général
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Légende GÉNÉAL. 35 – Les sires de Phlin.
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Légende FIG. 112 – Port‑sur‑Seille – Plan cadastral de 1829 section D.
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Légende FIG. 113 – Port‑sur‑Seille – La « grosse tour carrée » en 1980.
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Légende FIG. 114 – Port‑sur‑Seille – Plan de la « grosse tour » en 1980.
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Légende FIG. 115 – Port‑sur‑Seille – Le rez‑de‑chaussée côté sud en 1980.
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Légende FIG. 116 – Port‑sur‑Seille – Vue du premier étage côté ouest, avec fenêtre au centre et cage d’escalier à droite.
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Légende FIG. 117 – Port‑sur‑Seille – Vue du premier étage côté nord, avec cage d’escalier à gauche, cheminée monumentale au centre. A l’étage supérieur, il subsiste une porte donnant accès aux latrines.
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Légende FIG. 118 – Port‑sur‑Seille – Vue du premier étage côté est, avec fenêtre et porte des latrines. La fenêtre supérieure appartient au second étage.
Crédits (Cl. G. Coing, © 1992, Inventaire général).
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Légende FIG. 119 – Port‑sur‑Seille – La maison forte vers 1900.
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Légende GÉNÉAL. 36 – Les sires de Port‑sur‑Seille / Norroy.
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Légende FIG. 120 – Raucourt – Plan cadastral de 1830 section D.
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Légende FIG. 121 – Richardménil d’après un croquis de 1608 (ADMM, H 123).
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Légende GÉNÉAL. 37 – Les sires de Richardménil‑Ludres.
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Légende FIG. 122 – Richardménil – Plate‑forme quadrangulaire correspondant au site du « château des Armoises » en 1980.
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Légende FIG. 123 – Richardménil, le « château des Armoises » – Plan topographique de 1984.
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Légende GÉNÉAL. 38 – Les sires de Nancy‑Rosières‑Richardménil.
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Légende FIG. 124 – Rosières‑aux‑Salines – Carte Naudin (XVIIIe s.). Le château et la saline se trouvent au nord de la ville. L’hospice et les vestiges clôturés du « Châtel Brun » se trouvent au sud.
Crédits Cl. A. Tagorn, © 1992, Inventaire général
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Légende FIG. 125 – Rosières‑aux‑Salines – Plan et coupe de la tour
Crédits dessin B. Willaime
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Légende FIG. 126 – Rosières‑aux‑Salines – Courtine et tour du château.
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Légende FIG. 127 – Rosières‑aux‑Salines – Le château et la saline, d’après le plan de 1765 (ADMM, B 10994). « Plan d’un terrain Domanial que l’on propose d’assencer à Rozieres dans l’emplacement et dépendances du Bâtiment de graduation demoly. Le lavis rouge désigne le château et ses dépendances le tout susceptible de grosses réparations et d’un grand entretien marqué des chiffres 11, 12, 13, 14, 15, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29 juin 1765. (ADMM B 11703).
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Légende GÉNÉAL. 39 – Les sires de Nancy.
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Légende FIG. 128 – Rosières‑aux‑Salines – Plan cadastral de 1835 section U.
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Légende GÉNÉAL. 40 – Les sires de Rosières.
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Légende FIG. 129 – Saint‑Germain – Plan cadastral de 1835 section E.
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Légende GÉNÉAL. 41 –  Les premiers sires de Saint‑Germain.
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Légende GÉNÉAL. 42 – Second lignage de Saint‑Germain.
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Légende FIG. 130 – Saint‑Rémy‑aux‑Bois – Plan cadastral de 1835 section F.
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Légende FIG. 131 – Serres – Plan cadastral de 1813 section G.
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Légende FIG. 132 – Thézey‑Saint‑Martin – Plan cadastral de 1829 section E.
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Légende FIG. 133 – Thézey‑Saint‑Martin – Vue aérienne du site en 1980.
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Légende FIG. 134 – Thézey‑Saint‑Martin – Plan topographique en 1989 
Crédits C. Voignier
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Légende FIG. 135 – Thézey‑Saint‑Martin – On remarque au premier plan l’entrée fortifiée et un vestige de courtine : au second plan, la grosse tour rectangulaire aux murs doubles.
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Légende FIG. 136 – Thézey‑Saint‑Martin – Façade de la chapelle en 1980. Ce bâtiment fut démoli volontairement par le propriétaire en 1989.
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Légende FIG. 137 – Thézey‑Saint‑Martin – La maison forte vue du nord‑est en 1980. Les fossés sont aujourd’hui en cours de comblement.
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Légende FIG. 138 – Thézey‑Saint‑Martln – La « Grosse tour » d’habitation ou donjon vue du sud‑ouest.
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Légende FIG. 139 – Thézey‑Saint‑Martin – Face nord du donjon en 1980. Les caves voûtées ont disparu en 1983.
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Légende FIG. 140 – Thézey‑Saint‑Martin – Façade nord du château vers 1915
Crédits cl. coll. privée
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Légende FIG. 141 – Tonnoy – Plan cadastral de 1809, section E.
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Légende FIG. 142 – Tonnoy – Le château et son environnement en 1795. ADMM Q 491 (2).
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Légende FIG. 143 – Tonnoy – Le château en 1980.
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Légende GÉNÉAL. 43 – Les sires de Tonnoy.
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Légende FIG. 144 – Toulon – Relevé topographique en 1988.
Crédits Dessin C. Kraemer
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Légende FIG. 145 – Toulon – Assemblage de plans cadastraux de 1829 (Sivry et Serrières).
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Légende GÉNÉAL. 44 – Les sires de Toulon.
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Légende TABL. LI – Service de garde à Toulon.
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Légende FIG. 146 – Valhey ‑ Plan cadastral de 1813 section D.
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Légende FIG. 147 – Ville‑au‑Val – Plan cadastral de 1827 section C.
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Légende FIG. 148 – Ville‑au‑Val – Vue aérienne en 1980.
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Légende FIG. 149 – Ville‑au‑Val, Villers‑les‑Prud’hommes – Plan cadastral de 1827 section A.
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Légende FIG. 150 – Ville‑au‑Val, Villers‑les‑Prud’hommes – Vue du site en 1980.
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Légende FIG. 151 – Ville‑au‑Val, Villers‑les‑Prud’hommes – La maison forte côté est.
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