Avant‑propos

Jean‑Michel Poisson

p. 9


Texte intégral

1« C’est le recours habituel aux sources écrites qui donne, à coup sûr, à l’archéologie médiévale son originalité majeure » écrivait Michel de Boüard dans l’introduction de son Manuel paru en 1975.

2Ajoutons à cette affirmation, qui caractérise le domaine médiéval dans l’ensemble du champ d’application de la méthode archéologique, qu’elle pourrait définir plus particulièrement encore la castellologie au sein de la discipline. On constate en effet une abondance, relative, de textes concernant les châteaux, à partir du xiie s., qui s’explique d’ailleurs aisément par le fait qu’il s’agit des principaux centres du pouvoir au Moyen Age.

3Parallèlement, les sites de châteaux forts sont nombreux sur notre sol, quel que soit l’état dans lequel ils se présentent aujourd’hui : conservés, modifiés, mutilés, ruinés ou enfouis. Voilà donc un domaine privilégié pour l’étude du passé : un type d’établissement représentatif de la société médiévale, abondamment documenté textuellement et matériellement. Ici bien sûr, l’archéologue doit être historien : non seulement il connaîtra les textes, mais il saura les interpréter avec la même perspicacité que lorsqu’il établit des faits archéologiques.

4Aussi, l’apport des sources textuelles à la connaissance d’un élément aussi matériel que le château fort enrichit‑il notablement la reconstitution qu’on peut en proposer. De même que l’archéologie, en mettant en évidence l’importance du phénomène des mottes castrales (châteaux de terre et de bois), avait fourni une réalité matérielle inédite à la notion de château aux xie et xiie s., de même les textes nous offrent ici l’image inattendue d’un château de pierre des xiiie et xive s., somme toute assez peu habité.

5Mettre en pratique une telle stratégie, qui ne soit pas limitée au rôle de « principes fondamentaux que l’on professe ou que l’on brandit comme un étendard, mais que l’on met assez rarement en pratique » mais soit « fondée sur de véritables exercices d’application grandeur nature de cette méthode de recherche », ainsi que l’indiquait Jacques Lasfargues au début du colloque, supposait un regroupement de personnes et de moyens. L’équipe qui s’est constituée dans la région Rhône‑Alpes rassemble des chercheurs d’origines différentes : archives, université, culture, associations. Elle a offert à tous les moyens d’une réflexion commune et permis de dynamiser les expériences individuelles. Dans le cadre du programme pluriannuel en sciences humaines de la région Rhône‑Alpes, l’équipe a bénéficié en 1987 et 1988 d’un contrat de recherche dont ce colloque représente un premier aboutissement. Les études publiées ici sont en effet en bonne part le fruit de travaux exécutés dans le cadre de ce programme. Depuis, l’enquête se poursuit sous la forme d’un projet collectif de recherche, mis en place par le Conseil supérieur de la recherche archéologique.

6Si le domaine géographique défini de l’enquête est la région Rhône‑Alpes, il va de soi que son objet dépasse largement le cadre de l’histoire régionale. En premier lieu parce qu’une partie des régions historiques qui composent cette division administrative la déborde : Dauphiné, Forez, Bresse ; en second lieu parce qu’il s’agit d’un phénomène dont les caractères spécifiquement régionaux n’apparaissent pas de façon évidente. C’est pourquoi, à côté d’une majorité d’études se rapportant à Rhône‑Alpes, et effectuées par des membres de l’équipe, on a choisi de présenter quelques éléments de comparaisons situés hors de la région. Cette mise en perspective est indispensable à une recherche qui n’en est qu’à ses débuts.

7L’enquête sur le château de pierre médiéval a bénéficié dès son origine, et continue de bénéficier, du soutien actif et de la collaboration de la circonscription des Antiquités historiques Rhône‑Alpes. Je voudrais remercier ici J. Lasfargues, ancien directeur, pour l’intérêt qu’il a pris à cette recherche à laquelle il n’a pas ménagé son appui. Ce colloque, organisé conjointement avec la circonscription des Antiquités historiques, présente les résultats d’enquêtes menées avec son concours et celui des conseils généraux de l’Ain, de l’Isère, de la Loire et du Rhône.

8Je tiens à remercier également M.‑T. Lorcin qui a bien voulu accepter la direction du programme jusqu’au colloque, et nous a tous fait bénéficier de ses conseils ; H. Jacot, vice‑président de l’université Lumière‑Lyon II et M. Botlan, conservateur régional des Monuments historiques pour l’appui qu’ils apportent à la recherche ; C. Mazard et M. Fixot pour l’intérêt qu’ils ont porté à cet ouvrage.

Organisation du colloque

9Le colloque a été organisé par :
– le Centre interuniversitaire d’histoire et d’archéologie médiévales (université Lumière‑Lyon II et Ecole des hautes études en sciences sociales) ;
– la circonscription des Antiquités historiques de la région Rhône‑Alpes ;
– le Centre rhône‑alpin de documentation sur le château médiéval ;

avec l’aide de l’université Lumière‑Lyon II, des conseils généraux de la Loire, du Rhône et de la Drôme et avec le concours de l’Association lyonnaise de sauvetage des sites archéologiques médiévaux et de la bibliothèque municipale de Lyon.

Crédit photographique

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