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Les mines d’argent du duché de Lorraine au XVIe siècle

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Jacques Grandemange

Chapitre 2. Archéologie des techniques minières

L’étude du système de la Fontaine des Chouettes

2. Archäeologische Studie der Bergwerktechniken: das System in La Fontaine des Chouettes

2. Archaeology of mining techniques: a study of the “Fontaine des Chouettes” system

Résumé

L’enquête archéologique s’est portée sur la plus importante mine actuellement connue du premier secteur productif du Val de Lièpvre ducal, celui de St‑Pierremont. S’articulant autour d’un niveau supérieur d’exploitation et d’une galerie inférieure d’écoulement des eaux, ce système minier développe 1225m de travaux. Son étude permet de préciser les différentes techniques employées pour son exploitation: le percement des galeries, les outils utilisés, les repères d’arpentage, l’approche de la valeur de la toise des mines, les systèmes d’aérage, l’acheminement des matériaux par roulage, l’architecture et le boisage des puits. Ce faisceau de techniques complémentaires s’inscrit dans un système fonctionnel dont l’essence réside dans la distribution et l’organisation des ouvrages verticaux et horizontaux dans l’espace. Pièce maîtresse de ce système, la galerie d’écoulement des eaux ou erbstoll modifie profondément les conditions traditionnelles d’exploitation en relayant les principales opérations de manutention et d’entretien: la remontée des cuveaux par les trois puits est abandonnée, la maintenance du système d’aérage est délaissée, l’exhaure par gravité est assurée. Libérée de ses principaux freins techniques et financiers, la mine peut relancer ses activités de production. Cette maîtrise de l’espace souterrain et de ses indissociables techniques caractérise ainsi la conception rationnelle des travaux miniers de la Renaissance.

Dénommée « Fontaine des Chouettes» par un érudit du xixe s., cette exploitation n’a toujours pas retrouvé son nom d’origine, la mine ayant peu produit malgré une relative importance de ses ouvrages. Dans l’état actuel de la recherche, sa correspondance avec la mine Armenrott est l’hypothèse la plus crédible. Contemporaine de la Fontaine des Chouettes, les comptes des receveurs ne lui accordent qu’une faible production d’argent malgré d’importants travaux.

Texte intégral

2.1 Introduction

2.1.1 De l’histoire à la fouille

1Si les comptes des receveurs permettent de reconstituer les différentes phases de l’activité minière avec ses graphiques de dépenses et de productions métalliques, l’étude des vestiges miniers met au jour et décrit les travaux effectivement exécutés ainsi que les techniques utilisées. La corrélation entre ces données pourrait éventuellement permettre de chiffrer et de dater précisément les ouvrages et d’en suivre, malgré quelques lacunes, les grandes lignes d’évolution tant sur le plan économique que technique.

  • 1 Dans cette étude, nous limiterons les corrélations possibles au seul secteur de St‑Pierremont. Prem (...)
  • 2 Lorsque ce n’est pas « à Sainct Piermont » seulement. ADMM B9652(1553), copie A Deg. 3512‑2, p. 1 d (...)
  • 3 ADMM B9666(1572), F°28.
  • 4 «ladicte montagne»: le porche de la mine.

2Une relation aussi fine entre les textes et le terrain n’est pourtant pas évidente. Pour preuve, aucune d’entre elle n’est actuellement établie à St‑Pierremont1, et nous nous contentons toujours de suppositions. La défaillance temporaire des comptes, pour autant qu’elle soit synonyme de rupture, n’est pas la cause principale de cette discordance, La multiplicité des travaux, dont les noms se sont malheureusement perdus, empêche toute corrélation sérieuse avec les sources comptables qui, par ailleurs, n’indiquent pas la localisation précise des ouvrages et se contentent d’un laconique emplacement « en la coste de Saint Pierremont »2. C’est dire que nous ignorons la situation exacte des différentes mines du principal secteur productif à l’exclusion de celle du Samson. Le cadastre de1844 de Ste‑Croix‑aux‑Mines livre le seul nom de lieu‑dit encore conservé : celui de la « Goutte du Samson », située sur le flanc sud‑ouest de St‑Pierremont. Le plan de situation des mines, levé par Adolphe Lesslin à la « Goutte des Pommes » aux environs de1855, confirme la « colline du Samson » avec pas moins de six mines étagées. Seule ombre au tableau « l’entrée de la mine [principale] est inconnue ». La première campagne de fouilles (Grandemange 1985 RFP) consacrée à ce site en1985 a permis de localiser précisément le porche de cet ouvrage‑clé, enfoui à plus de 8 m de profondeur. La mine, totalement noyée, annonce sa fonction complémentaire de galerie d’exhaure des mines sus‑jacentes et confirme son importance technique au sein du vallon. Troisième mine ducale du Val de Lièpvre par sa production d’argent et seconde par celle du cuivre, elle dispose d’un carreau doté en conséquence de la chaîne complète des ateliers d’élaboration et de transformation du minerai. Dans le compte de15723, Pierre Fournier mentionne « la fonderie, charbon et aultres choses qui sont avant main avec la maison et forge estans auprès de la dicte montagne »4. La fouille confirme la présence de la forge et de sa halle à charbon de bois. Elle complète le document en révélant d’exceptionnels bassins de lavage boisés (fig. 15) qui impliquent l’existence en amont d’ateliers de triage, de concassage, voire de boccardage. Ce remarquable ensemble de vestiges miniers et métallurgiques permettra enfin d’établir les premières et réelles corrélations avec les documents comptables, donc avec l’histoire des mines ducales.

FIG.15 – Carreau de la minesanson à St‑Pierremont la forge, la halle à charbon de bois et l’ atelier de lavage des minerais lors de la compagnes 1989

Cliché J.Grandemage.

3Déjà essentielle au sein de St‑Pierremont, la mine Samson semble être également une porte d’accès souterraine aux ouvrages développés par les deux autres mines d’une importance notable, St‑Henry‑l’Empereur / Notre‑Dame‑de‑Pfennigthorne et St‑Guillaume, comme le laisse supposer l’étude comparative de leurs productions d’argent (tabl. XXVIII). Celles‑ci accusent en effet des variations concomitantes entre 1568 et 1574. Livrant aussi du cuivre dans la même période, elles exploitent donc un même et unique filon cuprifère.

TABL. XXVIII – Comparaison des productions d’argent des mines St‑Guillaume, St‑Henry‑l’Empereur‑au‑Don‑de‑Dieu‑Notre‑Dame‑de‑Pfennigthorne et Samson.

  • 5 ADMM B9663(1568), copie A Deg. 3512‑2, p. 16 du compte.
  • 6 Gestanges: voies de roulage.
  • 7 L’aide se monte à200 florins par an pour les trois mines et est accordée de 1568 à 1574. A titre in (...)

4Cette conjonction de travaux dans le même espace filonien est corroborée par les aides qui sont accordées dès 15685 « aux verwesers des trois montagnes Sainct Guillaume, Sampson et Pfennigthorne avec les fertrags et accordtz qu’ils ont en plusieurs endroits dedans les porches, feldortes et au dessous des gestanges [6], lesquels ils labourent partie par ensemble et aussi en particulier en aucun endroitz pour chercher veines et nouvelles gangues... »7. Un dernier document confirme que St‑Guillaume « est très dépilée et taillée depuis le jour vers le bas jusqu’au niveau de la galerie Pfennigthome» (Anonyme 1578 : 89) mais n’indique aucune liaison éventuelle avec Samson.

  • 8 De 1975 à 1978, une vingtaine de mines ont été réouvertes et explorées par les Amis des anciennes m (...)
  • 9 Après une campagne de prospection archéologique effectuée en 1981 par J. Grandemange sur les mines (...)

5Dès lors, on mesure mieux l’importance que revêt ce dernier site, d’autant que les entrées des autres mines ne sont ni parfaitement localisées ni actuellement accessibles. En tout état de cause, la parole reviendra à la fouille. L’ouverture prochaine de cette mine devrait permettre de lever cette hypothèse si toutefois aucun éboulement majeur n’entrave la progression dans les travaux. Au‑delà de cette problématique, les seules données archéologiques du Samson, déjà essentielles par elles‑mêmes, seront replacées dans leur contexte historique précis‑corrélation qui fait toujours défaut pour les autres vestiges miniers qui ont été explorés8 ou fouillés9 jusqu’à présent dans le massif de St‑Pierremont, aucun nom d’origine ne pouvant leur être affecté de manière sûre.

6Nous nous contenterons donc dans cette étude de présenter les principales techniques minières utilisées au milieu du xvie s. par les exploitants des ouvrages de la « Fontaine des Chouettes ». Composé de deux mines superposées qui sont séparées par une dénivellation de 61 m, cet ensemble minier est actuellement le plus complexe et le plus étendu du secteur de St‑Pierremont, avec un développement total de 1225 m. Dénommée « Fontaine des Chouettes » par un érudit du xixe s. (Lesslin 1855), cette exploitation n’a toujours pas retrouvé son nom d’origine, malgré sa relative importance. Quelques hypothèses seront néanmoins proposées en conclusion.

7Les données archéologiques concernant ce site sont issues des rapports de fouilles correspondant aux campagnes de 1982, 1983 et 1984. Dans un souci de synthèse, nous les confrontons avec celles obtenues par R. Maurer et B. Ancel sur les fouilles qu’ils ont effectuées à St‑Pierremont.

2.1.2 Le secteur minier de St‑Pierremont

2.1.2.1 Le cadre géographique

  • 10 1 : 25000 : cartes de St‑Dié 7‑8, feuille 36‑17 et Sélestat 5‑6, feuille 37‑17.

8Situé à l’ouest de Ste‑Croix‑aux‑Mines, ce secteur recouvre le massif montagneux appelé «Forêt domaniale de St‑Pierremont» sur les cartes de l’Institut géographique national10. Compris entre les vallées de la Lièpvrette au sud et du Petit‑Rombach au nord, ce petit massif est limité à l’est par leur intersection et à l’ouest par les vallons de la Goutte des Pommes et de Bougival. Il s’allonge sur environ 3 km, suivant un axe est‑ouest, pour une largeur moyenne de 1 km. Deux petits vallons entaillent cet ensemble suivant l’axe sud‑ouest/nord‑est: le Hénon sur le flanc nord‑est et de la «Goutte du Samson» sur le versant opposé. Dominant la vallée de la Lièpvrette (350 m), le massif de St‑Pierremont culmine à 590m avant de se raccorder, à l’ouest au massif du Haut des Héraux (974 m) (fig. 16).

FIG. 16 – Massif de St‑Pierremont, flanc sud. Sur la gauche, la «Goutte du Samson» entaille le massif du vallon de la Goutte des Pommes jusqu’au sommet, suivant une direction sud‑ouest/nord‑est. La vallée de la Lièpvrette est au premier plan.

Cliché J. Grandemange.

2.1.2.2 Inventaire et distribution des vestiges miniers

9La multiplicité et la répartition des vestiges inventoriés sur l’ensemble du secteur de St‑Pierremont illustrent l’importance de l’activité minière qui, à partir de la découverte des riches filons en 1549, s’est déployée sur tous les flancs et dans tous les vallons du massif sans exception (fig. 17).

FIG. 17 – Extrait de la carte des vestiges miniers du secteur de St‑Pierremont établie par Emile Hausser en1893 (Hausser 1893).

  • 11 ADMM B9673, copie A Deg. 3512‑3, p.6.
  • 12 La mine principale située en contrebas étant la première du groupe Samson. La mine no 2 a été étudi (...)
  • 13 Commencé en1587, le « feldort » est toujours en cours de percement en 1597 «à la montaigne du Sainc (...)
  • 14 Et non pas semblables comme le signale B. Ancel (Ancel, Fluck 1985 RFP : 19). Le poinçon porté sur (...)

10Les sources comptables font état de 34 exploitations mais le terrain en révèle plus de 140 (Ancel, Fluck, Herr 1985 RSA : 2). Cette discordance peut être essentiellement expliquée par l’irrégularité des comptes qui masque ainsi des ouvrages de faible importance et très certainement improductifs, sinon les comptes de Jacques Reynette et de Veltin Kauffman les auraient mentionnés. En outre, plusieurs vestiges appartiennent en fait à une même exploitation. Par exemple, Jacques Reynette III comptabilise en1586 « les billons d’argent faictz aux porches de Sambsson »11. Il convient donc de rattacher à cette exploitation les vestiges de la Goutte du Samson, tous situés au‑dessus du carreau principal et, plus particulièrement, le travers‑banc no212 qui, taillé de la montagne vers le jour, ne peut appartenir qu’à cette mine. Il en est de même pour les deux ouvrages de la Fontaine des Chouettes. La galerie inférieure d’écoulement des eaux appartient très vraisemblablement à la mine supérieure qui se dote d’un ouvrage indispensable afin de poursuivre plus aisément l’exploitation en profondeur. A défaut de confirmer un tel fait à St‑Pierremont, les comptes le font pour la mine St‑Esprit à Lièpvre. En 1587, les deux seigneuries accordèrent aux parsonniers de cette mine une aide pendant trois ans « du quatrième denier des frais qu’il conviendra faire à dresser un feldort » (Cabourdin 1969 : 110)13 pour évacuer les eaux. Corroborant ce fait, les outils d’abattage inventoriés dans les deux ouvrages de la Fontaine des Chouettes portent un poinçon identique caractérisant leur appartenance à une seule et unique exploitation. Encore plus proche (85 m) de la Fontaine des Chouettes supérieure, que celle‑ci ne l’est de sa propre galerie d’écoulement des eaux (150 m), la mine Wurtzelmauerstollen inférieure est pourtant une exploitation distincte, les outils étant marqués de poinçons fort différents14 de celui de la Fontaine des Chouettes. La poursuite de l’étude des comptes, puis de leur corrélation avec les données de terrain permettra, espérons‑le, de différencier, dans la multitude des vestiges existants, les réelles exploitations de leurs ouvrages annexes.

11La morphologie du massif de St‑Pierremont et la distribution des travaux permettent de distinguer sept quartiers répartis sur deux axes filoniens est‑ouest à est‑sud‑est/ ouest‑nord‑ouest.

Le quartier de Bougival

12Sur la rive droite de ce vallon, sur le flanc nord de St‑Pierremont, il se caractérise par de nombreux travaux dispersés et de faible envergure.

Le quartier du Hénon

  • 15 ADMM B9652(1553), copie A Deg. 3512‑2, p.5.

13Situé principalement sur le flanc droit du vallon du même nom, au nord‑est de St‑Pierremont, il recèle de nombreux vestiges dont des exploitations à ciel ouvert (puits et clépilages). Etagés entre 394 m d’altitude et la crête du massif, les ouvrages sont très regroupés sur le faisceau filonien nord, essentiellement cuprifère. La cartographie (Maurer 1984 RFP : 6) illustre bien la concentration des travaux dans ce quartier qui abrite très vraisemblablement les porches des mines St‑Guillaume et St‑Jean «couppée sur la droicture dudict porche de Saint‑Willaume»15.

Le quartier de St‑Pierremont‑Est (appellation d’Adolphe Lesslin)

14Il correspond au flanc sud‑est du massif limité par la Lièpvrette. Une dizaine d’ouvrages assez dispersés entre 350 m d’altitude et la crête du Hénon s’inscrivent sur l’axe filonien nord.

Le quartier des Halles ou de St‑Pierremont‑Ouest

15Il n’est que le prolongement du flanc sud‑est du massif vers l’ouest. Les quelques vestiges se trouvent au pied du versant, dont une halde extrêmement importante, d’où le nom du lieu‑dit. D’un diamètre d’une centaine de mètres, elle a été nivelée lors de l’aménagement du tunnel routier de Ste‑Marie‑aux‑Mines. Elle correspond très certainement aux ouvrages des mines St‑Henry‑l’Empereur-au‑Don‑de‑Dieu et de Notre‑Dame‑de‑Pfennigthorne qui, dans un premier temps, ont exploité l’axe filonien sud, se poursuivant dans le quartier du Samson. Situés sous le niveau de la route nationale, les porches de ces deux très grandes mines sont actuellement condamnés.

Le quartier du Samson

16Dans le vallon du même nom, situé au sud‑ouest du massif, il comporte de nombreux ouvrages décalés en altimétrie, dont la mine principale. Précisément localisée, elle constitue la porte d’accès privilégiée pour atteindre les exploitations qui se sont développées dans l’axe filonien sud (fig. 18). Son carreau, doté de la chaîne complète des ateliers d’élaboration et de transformation du minerai, est en cours de fouille.

FIG. 18 – Carte des mines de la Goutte des Pommes d’après un fond de carte établi par Adolphe Lesslin vers 1860 (Lesslin 1860).

Le quartier de la Goutte des Pommes

17Situé à 300 m au nord‑est du quartier du Samson, il s’étend sur le flanc sud‑ouest du massif de St‑Pierremont. Une douzaine de travaux, improductifs et d’assez faible envergure en général, se répartissent au nord‑est du système minier de la Fontaine des Chouettes, seule exploitation productive dans ce quartier. Son importance est déjà reconnue par A. Lesslin qui, vers 1855, commente son plan de la manière suivante: « La mine N est connue sous le nom de mine de la Fontaine des Chouettes. Un ruisseau qui rejoint la petite rivière du vallon en sort. L’étendue de la halde B prouverait que l’exploitation de cette galerie a du être considérable. N2 : juste à mi‑hauteur de la montagne, au‑dessus de la Fontaine des Chouettes, se trouve la plus grande mine de ces environs (fermée) ; sa halde est immense » (Lesslin 1855) (fig. 18).

Le quartier de la Goutte des Pommes sud

18Il consiste en 4 petites recherches stériles situées sur la rive gauche du ruisseau.

2.1.2.3 Le cadre géologique

19Les filons du massif de St‑Pierremont sont encaissés dans la série des gneiss de Ste‑Marie‑aux‑Mines et plus particulièrement dans les leptynites blanches, anciens granités alcalins transformés en gneiss par métamorphisme (fig. 19). Ce sont ces roches qui renferment les deux principaux faisceaux filoniens plombo‑cuprifères de direction est‑ouest à est‑sud‑est/ouest‑nord‑ouest exploités par les mines St‑Guillaume, St‑Henry‑l’Empereur-au‑Don‑de‑Dieu, Notre‑Dame‑de‑Pfennigthorne et Samson. Cet encaissant et ses riches filons sont compris dans un espace rectangulaire de 380 m de large, limité par deux failles de direction N. 45° : au sud la faille des Halles et au nord celle du Hénon. Au nord‑est de cette dernière, les leptynites rouges apparaissent. D’une composition semblable aux blanches, elles ont été, semble‑t‑il, très fortement et intimement broyées par le passage proche de la grande faille de Retournemer/Ste‑Marie‑aux‑Mines. Ces roches, dépourvues de filons, ne révèlent que de minces fractures à minéralisation insignifiante. La mine Hénon III s’inscrit dans cet espace stérile (Maurer 1984 RFP : 20‑21).

FIG. 19 – Carte géologique du district minier de Ste‑Marie‑aux‑Mines.
– A1 : Traugott ; – A2 : Bourgonde ; – N5 : St‑Guillaume ; – N6 : St‑Jacques ; – N7 : St‑Jean.

20La géologie du quartier de la Goutte des Pommes est plus complexe par la diversité des roches et des fractures qu’elle comporte (Ancel, Fluck, Herr 1985 RSA : 3). Du sud‑est au nord‑ouest, les principales roches sont les suivantes :
– les leptynites blanches, déjà évoquées, constituent l’encaissant des filons du Samson et sont limitées au nord par la faille N. 45° du Hénon ainsi que par le corps de durbachite ;
– la durbachite, produits d’accumulation de cristaux formés dans le magma à l’origine du granité des crêtes; peu épaisse, mais allongée sur au moins 600 m, cette lame sépare les leptynites des gneiss injectés; la galerie d’écoulement des eaux de la Fontaine des Chouettes traverse la durbachite sur près de 50 m (fig. 20) ;
– de la durbachite à la zone broyée de la faille de Ste‑Marie‑aux‑Mines, apparaissent les gneiss injectés; il s’agit d’une série de gneiss gris à biotite dont les feuillets sont injectés de flammes granitiques; la mine de la Fontaine des Chouettes ainsi que la partie amont de sa galerie profonde s’y développent ;
– parallèlement au corps durbachitique, une lame très mince (5 à 10 m) et très régulière de microgranite, pentée vers le nord de 55° à 65°, traverse les gneiss injectés sur au moins 500 m; les deux ouvrages de la Fontaine des Chouettes la recoupent ;
– à l’ouest‑nord‑ouest des gneiss injectés, au passage de la faille de Rctournemer/Ste‑Marie‑aux‑Mines correspond une brèche de faille; cette zone broyée, orientée N. 30°, est épaisse de plusieurs dizaines de mètres; elle sépare les gneiss d’un granité leucocrate grossier ;
– inscrite dans les leptynites blanches, une seconde zone broyée accidente ce secteur: le couloir mylonitique de la galerie d’écoulement de la Fontaine des Chouettes; cette faille majeure n’affecte pas le corps de durbachite mais semble se poursuivre dans la mine supérieure de la Fontaine des Chouettes; la galerie profonde s’y inscrit du point de 10 m (l’entrée est dans la leptynite) jusqu’à l’apparition de la durbachite à 130 m environ.

FIG. 20 – La galerie d’écoulement des eaux ou «Erbstoll «de la Fontaine des Chouettes.

Cliché J. Grandemange

21A la différence des filons encaissés dans les leptynites blanches, ceux de la Goutte des Pommes accusent une faible extension tant en direction horizontale que suivant leur pendage, l’hétérogénéité des gneiss injectés de granité ne se prêtant pas à la formation de fractures continues. Des trois filons de Wurtzelmauerstollen et des cinq de la Fontaine des Chouettes, seul le troisième de cette dernière a été productif. De faible envergure, il a été exploité sur 35 m, suivant son extension horizontale N. 123°, sur une cinquantaine de mètres de profondeur où il s’éteint. Si sa puissance actuellement visible n’excède pas 0,15 m, la largeur du dépilage compris entre le niveau 0 et le niveau ‑10 laisse supposer un ancien renflement de l’ordre de 0,4 m. Une tétraédrite très argentifère constituait la minéralisation de ce filon à gangue de barite et de calcite.

22Ces données lithologiques et structurales sont essentielles car elles permettent de mieux comprendre l’échec de la prospection des mineurs du xvie s. dans ce quartier qui, paradoxalement situé à proximité du Samson, était peu propice aux filons minéralisés. La disposition des fractures conditionne, en outre, l’organisation des travaux qui s’y superposent.

2.2 Description générale des ouvrages

2.2.1 La mine supérieure

  • 16 —Coordonnées Lambert I (zone nord) du porche: x =959,88; Y =73,30; Z = 500m.

23Située à 500 m d’altitude, cette mine16 comprend de nombreux ouvrages : travers‑banc, galeries, dépilages, puits et descenderies qui s’inscrivent tous dans le même schéma structural défini auparavant : les travers‑banc se superposent aux failles et les autres travaux se développent dans cinq filons subparallèles. Le développement total des ouvrages atteint 746 m sur une dénivellation de 51 m, un éboulement en ce point masque la jonction avec la galerie d’écoulement des eaux, située 10m en dessous (fig. 21).

FIG. 21 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes.

2.2.1.1 Le travers‑banc d’entrée

24Suivant la faille majeure de direction N. 28°, le travers‑banc, d’une hauteur moyenne de 2,4 m, recoupe à 18,5 m un puits d’aérage qui communique avec la surface par l’intermédiaire d’une courte galerie dont l’entrée est éboulée. A partir de cette intersection, le travers‑banc est surmonté par une exceptionnelle galerie d’aérage de 17,5 m qui communique avec l’ouvrage sous‑jacent au moyen de trois lucarnes. Ces deux ouvrages superposés atteignent le premier filon de direction N. 105° à 33 m du porche. Aucune minéralisation métallique n’apparaissant dans ce filon de barite de 0,15 m de puissance, celui‑ci n’a fait l’objet que d’un court traçage de 6 m vers l’ouest‑nord‑ouest. A partir de son intersection avec le filon 1, le travers‑banc se scinde en deux afin de reconnaître en amont un plus grand espace susceptible de révéler des filons.

2.2.1.2 Le travers‑banc Est

25Cette branche suit une faille de direction N. 39° et recoupe le second filon 24 m plus loin. Tout aussi insignifiant que le premier, l’ouvrage le quitte après l’avoir suivi sur 7 m vers l’est‑sud‑est pour reprendre sa fonction de reconnaissance. Suivant une direction moyenne N. 36°, le travers‑banc atteint le troisième et principal filon situé à 73,4 m du porche.

2.2.1.3 Le travers‑banc Ouest ou sitzort

26Dans le prolongement de la double galerie d’aérage, la branche ouest suit une faille de direction N. 23° sur 36 m et atteint également le filon 3. Cet ouvrage offre une particularité remarquable : son toit est au même niveau que celui des autres, mais son sol est situé à 0,95 m au‑dessus de celui du travers‑banc d’entrée. En conséquence, ce travers‑banc possède une hauteur réduite qui oscille entre 1,21 et 1,31 m. Un tel ouvrage est appelé sitzort. Nous verrons ultérieurement le double intérêt technique qu’il présente dans la conception et l’aménagement de l’exploitation.

27Des deux travers‑banc, seul celui de l’est, très vraisemblablement percé aussi en sitzort, comme en témoigne un vestige de 7 m de longueur, a été surcreusé dans un second temps afin d’offrir l’espace nécessaire au passage des mineurs et des matériaux.

28Avant de décrire les travaux qui se développent en profondeur dans le filon principal à partir du niveau zéro, les autres ouvrages conduits à ce niveau sont les suivants.

2.2.1.4 La poursuite du travers‑banc Est

29Depuis l’axe filonien no3, le travers‑banc suit en permanence la faille principale suivant la direction N. 50° sur 52 m, avec une hauteur moyenne de 2,3 m. fin cet endroit, il coupe le filon 4 sur son parement est, mais afin de reconnaître le secteur amont, il se poursuit encore en direction N. 37 sur 53 m, il est alors abandonné. Du porche jusqu’à ce front de taille, le travers‑banc Est se développe sur 178 m. Le tronçon terminal est ensuite partiellement remblayé sur 26 m par des stériles issus de la galerie menée sur le filon 4, évitant ainsi aux mineurs de longs et fastidieux transports de matériaux.

2.2.1.5 La galerie du filon 4

30Ce filon stérile, de direction générale N. 127°, a pu être suivi sur les 38 premiers mètres, la galerie en ce point ayant été remblayée ultérieurement. Une fracture subparallèle à la faille principale, recoupée à 34 m, a réorienté les travaux de recherche.

2.2.1.6 Le travers‑banc reculé

31Un dernier travers‑banc suit cette fracture de direction N. 47° sur 14 m ; il coupe alors le filon 5. Il se poursuit encore au‑delà, mais l’ouvrage ayant été également remblayé, nous n’avons pu apprécier son développement réel.

2.2.1.7 Les travaux sur le filon 5

32L’essentiel du filon se limite aux abords de la faille N. 47°, deux petits grattages se situent de part et d’autre de l’intersection du travers‑banc et de la galerie : vers le nord‑ouest subsiste un petit puits comblé et vers le sud un dépilage insignifiant remblayé. La trace du filon a néanmoins été suivie vers l’est‑sud‑est par une galerie de 80 m, avant d’être abandonnée.

2.2.1.8 Les ouvrages développés sur le filon principal dit n°3

33Le filon principal, de direction générale N. 123°, a été essentiellement exploité entre le niveau zéro et ‑10 où sa puissance moyenne oscillait autour de 0,4 m. Malgré son appauvrissement en profondeur, il a été recoupé et suivi aux niveaux ‑25 et ‑51 m. Au niveau de la galerie d’écoulement des eaux (‑61 m), il devient insignifiant. Son pendage moyen est de 58° est‑nord‑est.

Les travaux entre le niveau zéro et ‑10 m

34Le filon a été suivi sur au moins 61 m, suivant son axe, ce chiffre représentant le développement compris entre les deux galeries comblées qui existent de part et d’autre des travaux visibles, mais n’a été véritablement productif que dans le secteur dépilé, soit sur une vingtaine de mètres d’extension horizontale pour une dizaine de mètres de profondeur. L’appauvrissement puis l’extinction du filon se manifestent en effet par les ouvrages situés de part et d’autre du dépilage :
– au sud‑est, un petit puits a été foncé à l’intersection du filon et de la faille principale susceptible de l’enrichir quelque peu; cet ouvrage de faible envergure, totalement remblayé, ne semble pas avoir révélé une riche continuité de la minéralisation;
– au nord‑est et au contact du dépilage, un puits rectangulaire (2,6 m x 1 m) a été foncé sur au moins 12 m de profondeur, son fond se trouvant comblé à ce niveau. Noyé, il ne communique pas avec d’éventuels travaux inférieurs qui auraient drainé les eaux vers la galerie d’écoulement. Cet ouvrage est d’une importance particulière puisque l’état d’ennoyage a permis une bonne conservation du boisage. Celui‑ci a fait l’objet d’un relevé précis en 1984 et sera présenté au chapitre du transport vertical. Le dénoyage de ce puits
a révélé l’extinction du filon vers le nord‑ouest et en profondeur.

La descenderie

35A la base actuellement comblée du dépilage, une galerie a été percée suivant la direction du filon vers la faille principale située à 13 m en direction du sud‑est. La galerie suit en profondeur l’intersection des deux fractures en prenant l’allure d’une descenderie entre les niveaux ‑10,2 et ‑25,4 m. D’un développement horizontal de 17,5 m pour 15,2 m de dénivellation, son pendage moyen est de 41° N.‑E. Haut de 1,2 à 1,4 m, la particularité de cet ouvrage réside dans la brusque succession des paliers horizontaux et verticaux. Creusée ainsi afin de demeurer au contact du plan filonien, la descenderie a été abandonnée au niveau ‑25,4 m, en raison des multiples difficultés techniques qui augmentaient de manière considérable avec son approfondissement. Cet ouvrage étroit et tourmenté cumulait en effet les problèmes d’aérage, d’exhaure et d’évacuation des matériaux. Il a donc été délaissé au profit d’une exploitation plus rationnelle composée d’un puits de même profondeur, suivi d’une courte galerie recoupant le front de taille de la descenderie.

Le puits de 25,4m de profondeur dit P 25,4 (fig. 22)

36Huit mètres après l’intersection du travers‑banc Est avec le filon principal, un large puits rectangulaire (3,45 m x 1,2 m) a été foncé sur la faille principale N. 50°, sur une profondeur de 25,4 m, suivant un pendage moyen de 83° N.‑W. Le puits recoupe la descenderie au niveau ‑10,2 m, en épargnant son parement nord‑ouest qu’il intègre à sa paroi. Une large salle de manutention (bornstatt) est aménagée à son sommet. Six encoches (0,3 x 0,3 m) destinées à supporter les poutres du boisage du puits sont parfaitement taillées dans la roche mais aucun vestige de cet aménagement ne subsiste. Nous verrons que la disposition de ces encoches correspond à un compartimentage fonctionnel similaire à celui du puits noyé, boisé, foncé au nord‑ouest du filon principal.

FIG. 22 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes : plan du puits P 25, 4.

Les ouvrages du niveau ‑25,4 m

37Depuis le parement nord‑ouest, situé à la base du puits de ‑25,4 m, un travers‑banc percé en direction N. 61° sur 18 m, recoupe en cet endroit la partie terminale de l’ancienne descenderie, qui devient alors un ouvrage particulièrement précieux en assurant le circuit d’aérage jusqu’à cette profondeur. A 9 m du puits, le travers‑banc croise le filon principal alors stérile qui est suivi vers le nord‑ouest sur 26 m et vers le sud‑est sur près de 14 m. Cette dernière galerie a été ultérieurement remblayée. Depuis cette intersection avec l’axe filonien, le travers‑banc se poursuit sans résultat sur 26 m, suivant la direction de la faille majeure.

Le puits de 21 m de profondeur dit P 21,1 (fig. 23)

  • 17 —Musée minéralogique et des traditions locales des Amis des anciennes mines, 70, rue Wilson, 68160, (...)

38Afin de reconnaître l’allure du filon en profondeur, un second puits a été foncé à partir du travers‑banc du niveau ‑25,4 m à 18 m de la base du puits précédent. Utilisant la faille principale, sa profondeur est de 21,1 m suivant un pendage moyen de 85° N.‑W. La conception architecturale de ce puits est similaire à celle du puits décrit précédemment : rectangulaire (3,15 m x 1,2 m), une large salle de manutention et de passage est également aménagée à son sommet. A défaut de boisage, seule l’infrastructure supérieure de poutres supportant le chevalement du treuil muni de sa chaîne de fer était encore installé en1976, lors des premières visites effectuées par l’association locale des Amis des anciennes mines. Déposé, il est exposé depuis au Musée minéralogique et des traditions locales de Ste‑Marie‑aux‑Mines17. Sur le parement nord‑est du puits, à 13,2 m de son sommet, s’ouvre une courte galerie de 2 m qui donne accès à une étroite descenderie de 2 m, vraisemblablement destinée à reconnaître le comportement du filon à ce niveau. A la base du puits, une reconnaissance similaire complète l’ouvrage comme en témoigne la lucarne de jonction qui, par son étroitesse (0,3 m), interdit tout passage humain. Cette cheminée satellite, même partielle, a dû ensuite être utilisée à des fins d’aérage avant la jonction entre la mine et sa galerie d’écoulement des eaux. Le puits débouche sur le plafond d’une grande salle d’effondrement de 7 sur 5,5 m. Haute de 4 m, son sol n’est plus qu’un amoncellement de blocs énormes. Vers l’est‑sud‑est de cette salle, un passage vertical exigu, de 4 m de hauteur, subsiste entre les blocs et donne accès à une galerie sous‑jacente (fig. 24).

FIG. 23 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes: plan du puits P 21,1.

FIG. 24 – Mine de la Fontaine des Chouettes: coupe des puits, galerie allant vers le sud‑est, galerie allant vers le nord‑ouest, → sens de creusement.

La galerie du niveau ‑51,3 m

39Cette galerie suit le filon principal suivant sa direction N. 127° sur une longueur de 54 m où elle est abandonnée, faute de découvrir une minéralisation quelconque. Elle était dotée d’un faux‑plafond en bois lié à l’argile pour l’aérage comme en témoignent les traces qui subsistent sur les parements à 0,3 m du toit.

L’accès au niveau ‑61m; jonction avec la galerie d’écoulement des eaux (fig. 24)

40Au nord‑est de la salle effondrée, un troisième puits rectangulaire (3,2 x 1,2 m) a été foncé sur l’axe filonien principal N. 127°. Totalement comblé par l’éboulement du plafond de la salle, cet ouvrage donnait accès à la galerie d’écoulement des eaux située à 10 m en contrebas. Le comblement se poursuivant jusqu’à la galerie empêche d’appréhender un éventuel approfondissement du puits sous le niveau de la galerie profonde, ainsi que d’hypothétiques ouvrages annexes. L’actuel écoulement des eaux à travers l’éboulement confirme la jonction des travaux mais ne peut lever le voile sur l’existence possible d’ouvrages inférieurs... noyés.

2.2.2 La mine inférieure

  • 18 —Coordonnées Lambert I (zone nord) du porche: x =959,80; Y =73,18; Z = 439m.

41Située à 61m en dessous du niveau du porche de l’exploitation supérieure, la mine inférieure18 se développe sur un seul niveau et n’est qu’un long travers‑banc de 355,5 m, tracé sur la faille principale de direction générale N. 28°. Quelques courtes galeries secondaires totalisant 122,5 m ont été creusées sur des fractures transversales stériles. La mine atteint ainsi un développement total de 478 m (fig. 25).

FIG. 25 – Mine inférieure de la Fontaine des Chouettes.

42A 36,5 m du porche, s’élève dans le faîte du travers‑banc un montage de 15 m de hauteur relié à une galerie de 9 m dont l’entrée est comblée. Cette prise d’air supérieure, composée de deux ouvrages, est semblable à celle de la mine supérieure. La galerie est creusée de l’extérieur, le montage de l’intérieur et la jonction des travaux se fait par une lucarne étroite (0,25 m) interdisant tout passage humain. Nous reviendrons sur le principe de la circulation de l’air au chapitre de l’aérage.

43A 288,6 m du porche, le travers‑banc fait jonction avec les travaux de la mine supérieure à l’intersection de la faille majeure et de l’axe filonien principal. Il se poursuit au‑delà sur 66m, mais faute de filon, son front de taille est abandonné.

44Ajoutons que les ouvrages ont une hauteur importante (2,5 m en moyenne) et sont admirablement taillés. Ces deux paramètres architecturaux se retrouvent dans la mine supérieure et révèlent en partie la technique de percement utilisée.

2.3 « L’Erbstoll » et le système minier

45Lorsque le travers‑banc de la mine inférieure fait jonction avec les travaux profonds de la mine supérieure, ses fonctions essentielles pour lesquelles il était activement poursuivi se concrétisent. Le travers‑banc devient un ouvrage vital qui élimine les eaux d’infiltration, apporte l’air indispensable et achemine les matériaux. Il modifie profondément l’organisation de l’exploitation en relayant les principales opérations de manutention et d’entretien : la remontée des cuveaux de minerai, de stériles ou d’eau par les trois puits est abandonnée, la maintenance du système sophistiqué d’aérage est délaissée. Cet ouvrage donne une nouvelle dimension à l’exploitation en créant un système technique différent dont la distribution des travaux dans l’espace s’appuie sur une solide connaissance de l’environnement structural dans lequel ils évoluent constamment. Ce relais fonctionnel permet de relancer la production en la libérant de ses principaux freins techniques et financiers. Dans cette optique, il reflète la conception d’une exploitation moderne (Benoit 1982 : 81) et dynamique en accord avec les représentations graphiques d’Heinrich Gross et les textes (fig. 26 et 27).

FIG. 26 – Système minier de la Fontaine des Chouettes: coupe des travaux.

FIG .27 – Système minier de la Fontaine des Chouettes.

  • 19 ADMM B421, F°30. Les ordonnances du 4 juillet 1486 et du 22 juin 1508 n’abordent pas le statut de « (...)
  • 20 ADMM B421, F°31.
  • 21 ADMM B421, F°31et32.

46Pièce maîtresse du système minier, cette galerie d’écoulement des eaux, dénommée « erbstoll » clans l’ordonnance ducale du 12 octobre 1557, « est dit ung porche perpetuel »19. Son importance est telle « qu’ung chacun erbstoll se doit mener et estre labouré à toute diligence et iceluy erbstoll demeuroit trois schicht ou trois jours ouvriers sans estre mené ny labouré sans licence de nostre justicier, ou cas légitime et raisonnable, nostredit justicier a plain pouvoir de le relaisser a autre »20. A titre de comparaison, les autres ouvrages ont la faculté d’être suspendus pendant un mois sans que leurs concessionnaires en perdent le droit d’exploitation : « Et si cas estoit qu’iceulx ne fussent maintenus en bon labeur et ouvrage, et on les laissast ung mois sans besogner, iceulx nous seront acquis, si n’estoient doneques pour cas raisonnable et empeschement, comme de inundation d’eaue, faulte d’air ».21

  • 22 Les erbstollen « Tiefstollen » et « St‑Oriel » desservent les mines du Rauenthal et de la Petite Li (...)

47L’ordonnance entérine l’assujettissement de l’essor des exploitations à la présence des erbstollen qui se sont d’ailleurs généralisés depuis une vingtaine d’années dans l’ensemble du Val de Lièpvre, région propice par son climat, ses nombreux vallons et filons subverticaux. Si ces erbstollen atteignent des proportions démesurées sur le côté alsacien en desservant plusieurs mines d’un même versant ou d’un même massif22, il convient de noter que celui de la Fontaine des Chouettes n’est « le porche perpétuel » que d’une seule exploitation.

2.4 Architecture et percement des galeries

  • 23 En roche très dure, l’usage du feu permettait de fracturer la roche par échauffement puis par brusq (...)

48Utilisant le jeu des fractures, les mineurs n’ont jamais rencontré de roche très dure au cours du percement des ouvrages effectué avec les outils traditionnels, dont le marteau et la pointerolle. Aucune autre technique d’abattage n’a été relevée dans l’ensemble des travaux, que ce soit celle du feu ou celle du bois gorgé d’eau23.

49Remarquablement taillées, les galeries accusent une hauteur élevée comprise entre 2,22 et 2,78 m, leur moyenne calculée oscillant autour de 2,5 m (2,46 m) pour une largeur de 0,6 m. La hauteur du porche de l’erbstollen atteint 3,06 m, mais sa section montre une taille défigurée par les agents climatiques. Ceux‑ci n’affectent plus l’architecture au bout de quelques mètres et son observation a révélé une méthode de percement qui s’articule en deux phases:
– un premier mineur perce une galerie de 1,40m de hauteur seulement ;
– en retrait de quelques mètres, un second l’approfondit de 1,10m environ (fig. 28).

FIG. 28 – Illustration de la méthode de perceme en deux phases. Dessin extrait de Heinrich Gross (Gross 1530 : 27).

50Le léger renflement convexe qui affecte les parements désigne l’ancien niveau du sol très régulier de la première galerie (fig. 29). Réorientée à plusieurs reprises afin de rejoindre les travaux de la mine supérieure, celle‑ci a abandonné sept fois son front de taille. Ces vestiges corroborent la méthode exposée et nous renseignent sur la technique de percement : à partir d’une entaille supérieure, le mineur abattait par paliers successifs le front de taille qui offrait alors l’image d’un escalier (fig. 30).

FIG. 29 – Profils architecturaux types des galeries du système minier de la Fontaine des Chouettes. – a : S12, mine supérieure ; – b : S17, erbstollen ; la flèche indique la hauteur du sol de la galerie exécutée par le premier ouvrier de martel ; – c : S18, erbstollen, partie haute abandonnée.

FIG. 30 – Erbstollen: front de taille en escalier abandonné illustrant la technique et la méthode du percement en deux phases. Le renflement convexe sur le parement droit retrace l’ancien niveau du sol de la première galerie.

Cliché J. Grandemange.

  • 24 ADMM B421(1557), F°31.

51A la différence du percement simple utilisant un seul mineur pour un unique front de taille, cette méthode est plus rapide car elle emploie deux ouvriers de martel. En outre, la perte de temps causée par la réorientation de la galerie est moindre puisque seul l’ouvrage de la première phase est abandonné. Ce procédé reflète la volonté de « labourer à toute diligence iceluy erbstoll »24 mais il est également utilisé dans la mine supérieure.

  • 25 Une planchette a été retrouvée dans un ouvrage similaire de la mine de «la Filature» à la Croix‑aux (...)
  • 26 A partir des hauteurs d’eau.
  • 27 « On fait habituellement monter d’une toise les galeries toutes les cent toises ». (Prechter 1602 : (...)

52Les conditions de travail étaient différentes entre les deux ouvriers de martel. Le premier devait avancer son ouvrage dans une position pénible, ses genoux s’appuyant vraisemblablement sur une planchette25 afin qu’ils ne soient pas trop meurtris par le rocher et les éclats de l’abattage. Le second, par contre, avait toute latitude pour travailler debout et devait utiliser d’ailleurs, outre le marteau et la pointerolle, des outils plus lourds tels que masse et coins pour abattre la marche qui était devant lui. L’utilisation de tels outils accélérait la progression du front de taille inférieur. Cet ouvrier de martel avait aussi la responsabilité de respecter une légère pente au sol de la galerie afin que les eaux s’écoulent par gravité dès que l’erbstollen entrerait en fonction. Les mesures26 révèlent une déclivité moyenne de 0,86 % entre les points 4,5 et 113,7 m, alors que G. Agricola et W. Prechter27 considéraient comme excellente une pente de 1 %.

  • 28 Ces deux exemples de contrats concernent les mines Tous‑les‑Saints à La Croix‑aux‑Mines, pour l’ann (...)

53La spécificité des tâches entre les deux ouvriers de martel accélérait l’avancement de l’ouvrage, mais rien ne permet de penser que les postes étaient fixes. Les contrats de percement se rapportant aux mines de La Croix‑aux‑Mines semblent correspondre à l’utilisation de cette méthode car ils concernent toujours deux individus : « Welsch Hanns et Philippe Bucker ont marchandé de percer une toise au fond pour cinq florins, ce qu’ils ont fait [et] Didier Navel et Thiebault Belmont ont parachever de percer les deux toises sur le felclort qu’ilz avoyent marchandé de percer pour douze florins ».28

54Ces contrats appellent deux remarques qu’il conviendrait de préciser ultérieurement :
– la méthode de percement semble provenir du Val de St‑Dié, berceau minier ducal remis en exploitation depuis 1480 ; la mine dite de « la Filature » porte déjà les traces de l’utilisation de ce procédé ;
– le coût du seul percement de l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes aurait atteint, à 6 florins la toise, 1593 florins en1513 ; pour autant qu’elle soit encore crédible au milieu du xvie s., malgré la stagnation de la majorité des salaires relevée sans conteste dans les comptes des receveurs, cette dépense ne comprend pas celle des outils, du suif et de la voie de roulage.

2.5 Repères d’arpentage et toise des mines

  • 29 ADMM B9656(1557), copie A Deg. 3512‑2, p.31du compte.

55Vingt‑deux croix grecques et six croix de Lorraine gravées ont été inventoriées essentiellement sur le parement ouest (gauche) de l’erbstollen. Si les croix de Lorraine sont le signe de l’appartenance à la juridiction ducale, les croix grecques peuvent avoir deux significations :
– soit elles indiquent les limites de contrats de percement similaires à ceux cités précédemment ;
– soit elles marquent les indispensables repères d’arpentage effectués par le « juré tireur et arpenteur de montaingnes »29 au fur et à mesure de l’avancement de l’erbstollen afin de diriger et de contrôler sa bonne direction vers le troisième puits de la mine supérieure.

  • 30 ADMM B9659(1564), copie A Deg. 3512‑2, p.20du compte.
  • 31 ADMM B9656(1556), copie A Deg. 3512‑2, p.25du compte.
  • 32 ADMM B9656(1557), copie A Deg. 3512‑2, p.31du compte.

56Cette seconde hypothèse semble plus crédible car les mesures prises entre les croix ne correspondent que deux fois à un nombre entier de toises. De plus, l’orientation d’un « porche perpétuel », capitale pour l’avenir de l’exploitation, ne peut être dirigée que par un spécialiste « aiant l’art de tirer icelles »30. Celui‑ci n’apparaît qu’en 1556 dans les comptes de Jacques Reynette31, date à laquelle la spectaculaire production des mines de St‑Pierremont engendre une multiplication des travaux. La compétence d’un arpenteur pour « tout les mynnes de nostre dict Souverain Seigneur au dict Val de Lièpvre »32 devient indispensable. Cet expert s’appelle Galle Gartner.

  • 33 ADMM B8853(1557), F°2.
  • 34 ADMM B9658(1561), copie A Deg. 3512, p. 24 du compte.
  • 35 Nous ne pouvons suivre la stagnation des salaires que pendant 77 ans, car seuls les comptes des sup (...)
  • 36 L’éprouveur juré reçoit 50 florins jusqu’en 1591 puis 60 florins à partir de 1593 (absence de compt (...)

57Sa première année de travail lui rapporte 12 florins, mais jugeant cela insuffisant au regard de sa spécialité, il dépose une requête auprès des commissaires le 20 août 1557: « Gallé Gartner tireur des montagnes desdictes mynes remonstre aussi par une requeste que parce desiat il a pleu à monseigneur de luy donner douze florins de gages, qui ne sont suffisant pour s’entretenir, d’autant qu’ordinairement il est occupé à tirer montagnes qui s’augmentent de jour a autre. Il supplie (considéré qu’il ne peut en ce faisant vacquer a autre practique) qu’il plaise a mondict seigneur luy assigner estat suffisant par lequel il puisse s’entretenir, et afin qu’il ait occasion de continuer de bien en mieulx »33 (fig. 31). C’est ainsi qu’il obtient 18 florins la seconde année et conserve cette rémunération jusqu’en 1560. Il reçoit 24 florins en 1561 « à cause de son dict art »34, doublant ainsi ses gages en l’espace de cinq ans. Ceci est exceptionnel au regard de la stagnation des autres salaires35 à l’exception de celui de l’éprouveur juré36 qui est lui aussi augmenté, ce qui souligne la prépondérance de ces techniciens.

FIG. 31 – Requête de Galle Gartner à propos de ses gages. Extrait du folio 2, 20 août 1557 (ADMM B 8853).

  • 37 ADMM B9661(1567), copie A Deg. 3512‑2, p. 26 du compte.
  • 38 ADMM B9665(1571), copie A Deg. 3512‑2, p. 14 du compte.

58Conservant cette rétribution, trois arpenteurs vont se succéder entre 1562 et 1574 : Jos Gartner remplace son père décédé en octobre 1562, Hans Baugartner « vouloit servir en cest art »37 en 1567 mais meurt « au commencement de l’an », Christian Burguer le sera de 1568 à 1574 « tant aux mynnes de mon dit seigneur à La Croix qu’à Val de Lièpvre et là où on l’a voulu employer »38. En 1578, l’arpenteur des mines disparaît définitivement des comptes du superintendant, la récession des travaux ne justifiant sans doute plus sa présence.

  • 39 Voire jusqu’en1575, compte tenu de l’absence des comptes pour les années1575à1577.
  • 40 Les arpenteurs sont aussi sollicités pour dresser des plans de mines lorsque leurs concessionnaires (...)
  • 41 —Les analyses dendrochronologiques ont été effectuées par J. Lambert au Laboratoire de chrono‑écolo (...)

59Ainsi les mines ducales se dotent‑elles d’un expert entre 1556 et 157739 dont la fonction principale40 consiste à diriger le percement d’ouvrages qui ont une destination précise. L’erbstollen de la Fontaine des Chouettes s’inscrit dans ce double cadre technique et chronologique, en accord avec la période de développement des travaux dans le massif de St‑Pierremont, ainsi qu’avec les datations effectuées sur des éléments de sa voie de roulage, laquelle comporte des bois coupés en 156941. Cette date doit être proposée avec précaution : le bois ayant pu être utilisé après le percement de l’erbstollen afin de changer quelques pièces de jonction défaillantes ou indiquer au contraire que l’ouvrage était en cours de creusement, sa voie de roulage étant installée au fur et à mesure de sa progression. En tout état de cause, cette corrélation est essentielle car elle permet de cerner la période d’exploitation des mines de la Fontaine des Chouettes dont les ouvrages supérieurs sont contemporains de leur « porche perpétuel » exécuté entre 1556 et 1576.

6017 croix se répartissent dans la galerie principale entre les points 24,7 m et 331,2 m, 5 dans le petit ouvrage secondaire entre les points 140,6 et 159,3 m (fig. 32). L’espace entre les croix varie considérablement puisqu’il est compris entre 1,8 et 51,4 m, pour une moyenne de 19,16 m.

FIG. 32 – Erbstollen de la Fontaine des Chouettes. Première croix de Lorraine et seconde croix grecque gravées sur le parement.

Cliché J. Grandemange.

  • 42 Prechter signale que le «Bergklafter a sept pieds». Dans ce cas, le pied vaut 0,257 m (Prechter 160 (...)

61L’arpenteur relevant ces distances en toise des mines, nous avons tenté de définir sa valeur dans le système métrique en utilisant comme base de calcul la plus petite distance relevée entre deux croix susceptible d’être équivalente à la toise : 1,80 m (écart entre les croix 4 et 5). En appliquant cette unité, deux mesures correspondent à un nombre entier de toises : 30,6 m = 17 toises (écart entre les croix 6 et 7) et 331,2 m = 184 toises (distance entre le porche et la dernière croix), huit autres correspondent à des fractions justes de toise (tabl. XXIX), La toise utilisée se diviserait donc en 12 pieds42, chaque pied valant 0,15 m (espace entre 5/6 et 3/4 de toise). Appliquant cette règle, nous avons divisé le pied en 12 pouces, chaque pouce valant ainsi 0,0125 m. Les équivalences obtenues sur les mesures restantes correspondent à un nombre juste de pouces qui n’est jamais inférieur à 4 (soit 0,005 m). Cette limite indique vraisemblablement la précision avec laquelle l’arpenteur travaillait.

TABL. XXIX – Ecarts entre les croix grecques gravées correspondant à une fraction juste de toise de mines.

  • 43 Dans le cadre de l’arpentage, nous assimilons les croix de Lorraine 4 et 5 superposées.

62Le tableau XXX récapitule les positions topographiques des 22 croix grecques, leurs écarts et leur équivalence en toise des mines. Ces repères, gravés au cours des arpentages successifs destinés à orienter l’erbstollen, ne correspondent pourtant pas tous à des changements de direction. 12 d’entre eux s’inscrivent dans des portions relativement rectilignes de l’ouvrage, 9 témoignent d’une réorientation et 1 marque le départ du puits d’aérage. Au‑delà du symbole ducal, 3 des 543 croix de Lorraine indiquent également une nette rupture d’orientation avec, par deux fois, abandon de l’ouvrage du premier ouvrier de martel. Semblant avoir été utilisées pour compléter les premiers repères d’arpentage, elles figurent dans ce même tableau.

TABL. XXX – Tableau de situation des repères d’arpentage dans l’Erbstollen et d’équivalence en toise des mines de leurs écarts mesurés.

63La valeur de la toise utilisée entre 1556 et 1576 dans l’erbstollen demande maintenant à être vérifiée. Elle devait être en vigueur dans l’ensemble du Val de Lièpvre et du Val de St‑Dié puisque les arpenteurs étaient appelés à y travailler indistinctement. Comme ils y étaient essentiellement employés pour diriger des convergences d’ouvrages ou établir le plan de mines dont les concessionnaires étaient en conflit, les corrélations sont rares. Une comparaison entre le plan des mines Porte de Fer, Notre‑Dame, St‑Michel et le Chêne, levé par Gallé Gartner en 1560 et celui des vestiges actuels amène B. Ancel et P. Fluck à proposer une toise des mines de 1,756 m (Ancel, Fluck 1988 : 20). Cette équivalence portant sur une seule comparaison (119 toises = 209 m), la valeur proposée est aléatoire et n’offre pas un nombre susceptible d’être divisé en pieds et pouces entiers, pour ne citer que ces principales subdivisions. La corrélation précise entre les 31 stations d’arpentage indiquées par Gallé Gartner sur son plan et la galerie du Chêne devrait pouvoir affiner considérablement la valeur de la toise des mines.

  • 44 Trois croix grecques ont été inventoriées dans cet erbstollen. L’écart (98,88 m) entre les deux pre (...)

64Cette étude pourra ensuite s’élargir tant dans l’espace que dans le temps afin de voir si la valeur du «Bergklafter» (Anonyme 1556) se modifie ou se conserve. Dans cette optique, l’équivalence de la distance (73,8 m) mesurée entre les deux croix grecques44 gravées sur le parement sud de la galerie du Vernay à Pampailly correspond à 41 toises de 1,8 m. A moins d’une coïncidence pour le moins troublante, cette toise aurait donc été en vigueur un siècle plus tôt dans les mines des monts du Lyonnais...

2.6 Les outils d’abattage

  • 45 Cette opération est réalisée après la fouille des structures boisées au sol (voies de roulage).

65Avec 59 outils d’abattage inventoriés, les ouvrages de la Fontaine des Chouettes détiennent le plus grand nombre d’outils dénombré dans une mine du Val de Lièpvre. Essentiellement trouvés par prospection électromagnétique45, ils se répartissent de la manière suivante (tabl, XXXI, ci‑dessous).

Mine supérieure

Erbstollen

Total

Pointerolle

21

37

58

Marteau

1

0

1

Total

22

37

59

  • 46 Le Ritzeisen et le Sumpfeisen sont de longues pointerolles de30à40 cm. La première, plus fine, est (...)

66Cette répartition montre l’utilisation prépondérante de la pointerolle, mais d’autres outils complémentaires étaient employés dans des circonstances particulières telles l’abattage en roche dure ou le percement des puits. Correspondant aux descriptions de G. Agricola (fig. 33), quelques rares spécimens de cet outillage spécifique ont été retrouvés sur d’autres sites au Val de Lièpvre dont trois variétés de pointerolle, Ritzeisen, Sumpfeisen, Fimmel46, des coins, des cales, des pics et plusieurs sortes de marteaux et masses.

FIG. 33 – Outils à percussion posée (Agricola 1556 : 115).

  • 47 Deux semaines après son dénoyage, le puits avait retrouvé son niveau d’eau (campagne 1984).

67Plus rarement utilisés, ces outils spéciaux et plus coûteux faisaient l’objet d’une attention particulière de la part des mineurs, ce qui peut expliquer leur absence dans cette série. La présence du marteau confirme l’exception : le manche brisé, il est tombé dans le puits qui devait être déjà noyé47, empêchant le mineur de le récupérer. Le marteau et les pointerolles retrouvés reflètent l’outillage quotidien des mineurs de la Fontaine des Chouettes (fig. 34 et 35). Les traces laissées sur les parements et le toit des ouvrages par les pointerolles confirment l’utilisation d’outils à percussion posée (fig. 36).

FIG. 34 – Pointerolles inventoriées dans l’erbstollen. – a : intacte (n° 82‑37) ; – b : rupture au niveau de la soudure en bout de l’insert en acier (n° 82‑86) ; – c : fracture de la tête (n° 82‑84). Le poinçon caractérise leur appartenance à la concession de la Fontaine des Chouettes.

FIG. 35 – a : pointerolle (n° 82‑83) ; – b : marteau (n° 84‑282).

FIG. 36 – Traces laissées par les pointerolles sur les parements de l’erbstollen.

Cliché J. Grandemange.

6856 pointerolles portent un même et unique poinçon constitué de trois points disposés en triangle devant la douille ou trou d’emmanchement, 2 seulement n’ont aucune marque. A défaut de pouvoir préciser la signification de cette estampille, celle‑ci indique que l’outillage provient d’une même forge et est destiné à une seule concession. La régulière dispersion des outils dans l’ensemble des ouvrages atteste une même phase d’exploitation dont la période est par ailleurs bien circonscrite. La mine supérieure et erbslollen ne doivent donc faire qu’un dans les comptes des receveurs. Enfin, l’absence d’outils différemment poinçonnés dénote que les travaux n’ont pas été repris ultérieurement.

693 pointerolles et le marteau ont fait l’objet d’une étude paléométallurgique à l’université de technologie de Compiègne et de Sévenans sous la direction d’I. Guillot et de P. Fluzin. Ces analyses révèlent que ces outils sont composés :
– d’un corps ferritique généralement obtenu par le soudage de trois bandes de fer et/ou d’acier; nécessitant un corroyage énergique au martinet hydraulique, ces barres de fer devaient être élaborées dans des forges différentes de celles qui équipaient les carreaux miniers importants ;
– d’un insert en acier (pointe pour la pointerolle, table pour le marteau) qui était soudé sur le corps ferritique afin d’obtenir un outil plus résistant; les analyses montrent deux types de soudure: en bout ou en gueule de loup; dans ce dernier cas, le corps ferritique de la pointerolle était ouvert à l’aide d’une tranche à chaud; les soudures nécessitaient une adjonction de sable afin d’épurer les surfaces à souder en transformant l’oxyde de fer nuisible en silicate de fer (fayalite) qui était ensuite éliminé par martelage.

70La mise en forme des outils se poursuivait par le poinçonnage de l’œil ou trou d’emmanchement. Ce trou pouvait être réalisé en deux étapes à partir des faces opposées de l’outil soit à partir d’une seule face. Enfin, ces analyses montrent que la pointe aciérée des outils faisait l’objet d’une trempe afin de les durcir encore (Guillot, Fluzin 1987 : 248‑256).

  • 48 L’inventaire des pointerolles recueillies dans la mine Wurtzelmauerstollen révèle 10 outils. 2 ont (...)

71Les tableaux XXXII et XXXIII récapitulent les caractéristiques des 58 pointerolles inventoriées tant dans la mine supérieure que dans son erbstollen. Accidentés ou à la limite de leur utilisation, la très grande majorité de ces outils (91,38 %) a été abandonnée, 5 seulement ont été perdus48. Ce faible nombre confirme la grande attention qui était portée à l’ensemble de l’outillage dont nous ignorons malheureusement les prix, les comptes des receveurs n’en faisant pas état.

TABL. XXXII – Tableau descriptif des outils d’abattage inventoriés dans la mine de la Fontaine des Chouettes.

TABL. XXXIII – Tableau descriptif des outils d’abattage inventoriés dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes.

2.7 L’aérage

  • 49 Mine Haus Rappoltstein.

72« Souvent il arrive qu’en avançant, en s’enfonçant ou en s’élevant les airs stagnent, de sorte que l’on ne peut plus poursuivre. C’est pourquoi les galeries que l’on creuse au début d’une exploitation sont habituellement hautes, afin que, pour le cas où l’aération vienne à manquer, on puisse y établir une séparation boisée étanche dans le faîte, qui est poursuivie vers l’intérieur de la montagne, de sorte que l’air puisse se renouveler, c’est‑à‑dire pénétrer dans la montagne par un étage de la galerie, et à nouveau ressortir par l’autre [...] Le plus sûr est cependant de creuser dans la montagne des galeries doubles [...] » (Prechter 1602 : 26‑27). C’est ce que firent les exploitants de la Fontaine des Chouettes dans la mine supérieure (fig. 37). Aucune mine actuellement connue sur le versant ducal ne présente cette technique rarissime. Seule une exploitation sur le filon Chrétien au Neuenberg est dotée d’une galerie supérieure d’aérage similaire49.

FIG. 37 – Double galerie d’aérage de la mine supérieure de la Fontaine des Chouettes.

Cliché J. Grandemange.

2.7.1 Le système technique général

73A 18,5 m du porche, un montage d’aérage d’une douzaine de mètres de hauteur a été réalisé au toit du travers‑banc d’entrée. Une courte galerie percée de l’extérieur rejoint le haut du montage. La jonction des deux ouvrages n’est qu’une lucarne étroite de 0,3 m de diamètre.

FIG. 38 – Nature des ouvrages supérieurs de canalisation d’air dans la mine de la Fontaine des Chouettes. – a : galerie supérieure ; – b : galerie surélevée ; – c : faux‑plafond ; – d : coupe des ouvrages dans un plan nord‑est/sud‑ouest. Les flèches correspondent à la circulation de l’air en été.

74Par ce système, la mine se dote de deux prises d’air altimétriquement décalées. Le principe de la circulation de l’air dans un tel système s’appuie sur la différence de température entre l’air extérieur et celui de la mine qui est généralement constant et correspond à la température moyenne annuelle de la région, soit 9°C. Le volume d’air souterrain représente donc une masse gazeuse en déséquilibre thermique avec l’extérieur, tout au moins en hiver et en été où l’écart de température est important. En été, le volume gazeux souterrain est plus froid, donc plus lourd. On assiste alors à une circulation descendante produisant une aspiration de l’air au niveau de l’orifice supérieur et une circulation soufflante au niveau du porche. Si le mouvement s’inverse en hiver, il passe d’abord par une phase de turbulence, voire de stagnation en automne où les températures peuvent être voisines ou égales. Le même phénomène se produit au printemps, mais cette période pendant laquelle « l’air subit de nombreux changements » (Agricola 1556 : 86) n’excède pas deux semaines.

75Ce courant d’air créé, les mineurs se sont attachés à le canaliser au fur et à mesure de la progression de leurs travaux. Du niveau zéro à la jonction avec l’erbstollen, ils y sont remarquablement parvenus.

2.7.2 La galerie d ’aérage supérieure

76Elle surmonte le travers‑banc d’entrée à partir de son intersection avec le puits d’aérage, soit à 18,5 m du porche. Située à 0,4 m au‑dessus du toit du travers‑banc, cette galerie, longue de 17,5 m, communique par trois lucarnes avec l’ouvrage sous‑jacent. Sa hauteur diminue régulièrement de 1,39 à 0,99 m (fig. 38a, 38d). La canalisation de l’air entre le puits et la galerie supérieure d’aérage était assurée par un faux‑plafond en bois. Les lucarnes étaient percées au fur et à mesure de l’avancement du travers‑banc. A chaque lucarne ouverte, la précédente était obturée par des planches afin d’envoyer l’air le plus loin possible.

2.7.3 Le sitzort: galerie d’aérage surélevée

77La troisième lucarne débouche dans le plafond d’un nouvel ouvrage qui, situé dans le prolongement direct de la galerie supérieure, est surélevé de 0,95m par rapport au sol du travers‑banc qui, en ce lieu, quitte cet axe pour atteindre en 39m le filon. De son côté, la galerie surélevée l’atteint en 36m (fig. 38a, 38d). Peut‑être ouvrage de recherche à l’origine, il est devenu ouvrage d’aérage dès que les travaux ont fait jonction. Canalisé par près de 54m de galerie supérieure puis surélevée, l’air a ainsi pu balayer 93m d’ouvrages de circulation et d’exploitation (fig. 39). Pour être efficace, ce système devait comporter des portes comme on peut le voir dans de nombreux textes ou représentations iconographiques. Aujourd’hui disparue, une porte devait fermer l’entrée de la galerie surélevée afin de renvoyer l’air vers l’axe filonien.

FIG. 39 – Plan du système d’aérage par doubles galeries dans la mine de la Fontaine des Chouettes. Les flèches correspondent à la circulation de l’air en été.

78Avec l’approfondissement des travaux, les concessionnaires de cette mine ont encore réalisé de remarquables aménagements pour se donner les meilleures conditions possibles d’aérage. Du sitzort, l’air s’écoule directement, dans le dépilage principal puis emprunte les cheminées qui équipent les deux puits successifs de 25 et 21 m de profondeur (fig. 40). Au niveau ‑51, l’air était encore canalisé dans une galerie de 54 m de longueur comme en témoignent les traces résiduelles d’un faux‑plafond en bois lié à l’argile (fig. 38c).

FIG. 40 – Circulation de l’air dans le système des puits de la Fontaine des Chouettes, galerie allant vers le sud‑est; galerie allant vers le nord‑ouest. Les flèches correspondent à la circulation de l’air en été.

79Enfin, la Fontaine des Chouettes a développé une galerie d’écoulement des eaux qui, en entrant en jonction au niveau ‑61 avec ses travaux profonds, apporta une nouvelle et puissante circulation d’air dans l’ensemble des ouvrages. L’aérage général de l’exploitation était dès lors maîtrisé.

  • 50 Soit depuis le1er novembre 1581 environ.
  • 51 ADMM B9670, copie A Deg. 3512‑6, p.5.

80Captage supérieur par une courte galerie débouchant, par une lucarne dans le puits d’aérage, galerie supérieure, lucarnes, galerie surélevée, cheminées satellites équipant les puits, faux‑plafonds, conduits et enfin galerie d’écoulement des eaux... et de l’air, la mine de la Fontaine des Chouettes a déployé un rare faisceau d’ouvrages de circulation d’air, Rares sont celles qui sont parvenues à ce résultat. Trop souvent freinées par une pénurie d’air, certaines exploitations ont été contraintes d’abandonner quelques quartiers quand ce n’était pas la mine elle‑même. C’est ainsi, par exemple, que la mine Ste‑Barbe « en la coste de Saint Pierremont, n’a estée labourée par les parceonniers depuis le cinquiesme compte50 de l’année passée quatre vingtz et ung, et finallement quictée et abandonnée des parceonniers par defallance d’aer »51.

2.8 L’acheminement des matériaux: le roulage

81Afin d’acheminer les matériaux, la mine de la Fontaine des Chouettes a été dotée d’une voie de roulage. Celle‑ci n’est plus visible dans la mine supérieure : démontée à la fin de l’exploitation ou décomposée depuis, seule la présence du mobilier métallique la signale. Immergée, elle s’est bien conservée dans l’erbstollen, du porche jusqu’à quelques mètres du front de taille. Le principe général de ce moyen de transport est simple même si sa mise en œuvre est plus délicate : « Sur le sol des galeries et strekes on installe des rails (Gestänges) en hêtre, longs chacun de deux toises et larges d’un demi‑pied, que l’on place en deux rangées sur d’épaisses planches ou ais (Blätter), de sorte qu’il subsiste au centre un espace constant de deux pouces, et on les fixe avec des chevilles en bois. Ceci est une voie de roulage (Bolz ou Pflaster). On circule la‑dessus vers l’extérieur ou l’intérieur ; avant tout cependant on y achemine vers l’extérieur les minerais et stériles avec les chariots (Truben) [...] Les rails sont placés à une certaine distance l’un de l’autre, de façon à ce que les quatre roues du chariot puissent y reposer. Celui‑ci est muni au milieu, entre les roues avant, d’une cheville qui reste dans l’espace médian de cette voie de roulage et empêche que le chariot n’en descende » (Prechter 1602 : 43).

82Si la voie de roulage de l’erbstollen correspond à la description générale donnée le 1er octobre 1602 par W. Prechter, son étude archéologique la complète en livrant de nouveaux renseignements sur les techniques de pose et d’assemblage.

  • 52 ADMM B9663(1568), copte A Deg 3512‑2, p.16du compte. L’expression gestenge ou gestange est emprunté (...)
  • 53 Moyenne calculée sur17 mesures prises à0,6 m de sol.

83En fonction de la sinuosité de la galerie, la longueur des gestenges52 varie de 1,15 à 4,3 m pour une largeur et une épaisseur moyenne de 0,12 et 0,06 m respectivement. Ces gestenges parallèles étant séparées par un intervalle de 4 à 7 cm, la largeur totale de la voie de roulage n’excède pas 0,32 m, s’adaptant ainsi à celle des galeries dont la moyenne oscille autour de 0,6 m53.

84Les extrémités des gestenges sont chevillées sur les pièces de jonction qui établissent la liaison entre les tronçons de la voie. Systématiquement employées, les chevilles de bois assurent une excellente fixation, localement renforcée par des clous dans les virages. Lorsque les gestenges sont longues dans les parties rectilignes de la galerie, des cales transversales maintiennent leur écartement et limitent leur flèche longitudinale.

  • 54 —Le réemploi des pièces de Jonction est en effet très courant lors des réparations. Une pièce de la (...)

85Les pièces de jonction et les cales ont une forme parallélépipédique commune : leur longueur varie de 30 à 40 cm, leur largeur de 19 à 30 cm et leur épaisseur de 5 à 9 cm (fig. 41). Une grande majorité des pièces présente les dimensions moyennes : 35 x 24 x 7 cm (L x l x e), révélant une coupe en série standardisée. Seul le nombre de trous de cheville permet de différencier les cales des pièces de jonction : les premières en portent deux, les secondes quatre. Une seule, parmi les 36 pièces étudiées est percée de 5 trous. L’absence de trous supplémentaires indique qu’aucune réparation n’a été effectuée54.

FIG. 41 – Traverse de Jonction de voie de roulage provenant de l’erbstollen.

86L’état de la voie suggère une utilisation relativement courte en accord avec les constatations découlant de l’étude des outils d’abattage. Les pièces de jonction et les cales reposent directement sur le sol de la mine où elles ont été partiellement mais rapidement enrobées par les terres et graviers charriés par les eaux d’écoulement. Ces matériaux consolident la fixation générale de l’appareil en faisant office de ballast.

  • 55 8 à 10 tonnes de gravats recouvrant la bifurcation ont été évacués.

87A 131,5 m du porche, une galerie secondaire de 37 m se greffe sur le parement droit de l’erbstollen suivant un angle de 36°. La fouille de ce carrefour dont les parements s’étaient partiellement éboulés55 a permis de mettre au jour une bifurcation de la voie de roulage dont l’agencement est très simple puisque la voie secondaire bute simplement sur la voie principale. A ce niveau, la pièce de jonction a disparu, seules les gestenges subsistent. Celle de gauche de la voie secondaire a été sciée pour épouser la gestenge droite sur la voie principale (fig. 42 et 43).

FIG. 42 – Bifurcation de la voie de roulage dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes à la cote 131,5, d’après Y. Grandemange et C. Lefrançois.

FIG. 43 – Erbstollen de la Fontaine des Chouettes : bifurcation de la voie de roulage.

Cliché J. Grandemange.

  • 56 Der Hund: le chien de mine (Agricola 1556: 120).
  • 57 Lesslin mentionne une forêt de châtaigniers entre les mines du Samson et celles de la Fontaine des (...)
  • 58 A titre comparatif, la voie de roulage de la mine St‑Martin (Altenberg) utilise principalement le c (...)

88Malgré cet accolement précis, pour bifurquer d’une voie à l’autre, le mineur devait soulever l’avant de son chariot pour éviter que le clou de guidage heurte la gestange centrale de la bifurcation. En dépit des précautions, quelques chocs durent se produire puisqu’une rondelle et une clavette de maintien de la roue du chien56 ainsi qu’un fragment de clou de guidage ont été retrouvés. Plus particulièrement soumises aux chocs par le passage du chien de mine à la bifurcation, les gestenges de la voie secondaire ont été bridées afin de prolonger leur longévité en durcissant le bois. D’une bonne résistance à l’eau et plus dur que les résineux, le châtaignier57 est la principale essence utilisée pour cette voie de roulage58.

89Les autres voies de roulage du xvie s. actuellement étudiées au Val de Lièpvre sont sensiblement similaires à celle de l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes dans leur agencement général et les dimensions de leurs éléments. Deux voies seulement possèdent une particularité importante qui dénote une installation artisanale, laquelle est très vraisemblablement antérieure à notre chronologie :
– deux virages de la mine Rimpy (Altenberg) sont équipés de gestenges courbes; les pièces extérieures au virage ont une longueur comprise entre 1,95 et 2,1 m, suivant la courbe, les pièces intérieures entre 1,6 et 1,65 m (Ancel, Fluck 1985 RFP: 86);
– les pièces de jonction de la voie de roulage de la mine St‑Martin (Altenberg) sont parfaitement ajustées et calées entre les parements de la galerie, assurant ainsi une stabilité latérale exceptionnelle à la voie; sciées sur place, leur longueur s’accorde à l’étroitesse de la galerie : 0,47 m; leur largeur moyenne n’excède pas 11 cm (Grandemange 1981 APA: 6) (fig. 44).

FIG. 44 – Pièces de Jonction ajustées et calées dans la mine St‑Martin (Val St‑Philippe, Altenberg, Ste‑Marie‑aux‑Mines).

  • 59 Longueur x largeur x épaisseur 34 x 23 x 7 cm (moyenne sur 35 pièces de jonction) (Ancel, Fluck, He (...)
  • 60 Dans la mine Hénon III (Maurer 1984 RFP : 21).

90Outre ces deux anciennes voies de roulage pour lesquelles les datations restent à préciser, toutes les autres caractérisent une période où la technique, largement diffusée est acquise. La standardisation des éléments le prouve. Dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes, les pièces de jonction provenant de bois coupés en 1569 ont un gabarit identique à celles de la mine Samson 2 qui a pourtant utilisé des bois abattus en 1554 (Lambert et al. 1988 : 8). Les pièces de la mine Wurtzelmauerstollen possèdent les mêmes dimensions moyennes à 1cm près59. Nous ne pouvons malheureusement pas étendre les corrélations sur le versant nord‑est : de St‑Pierremont où, malgré des caractéristiques semblables, une seule pièce de jonction a été relevée60.

  • 61 (Ancel, Fluck, Herr RSA 1985 : 24). Encore rarement utilisées au xvie s., les ferrures sont beaucou (...)

91Au‑delà de la similitude des éléments employés, une bifurcation de la voie de roulage de la mine Wurtzelmauerstollen montre le même agencement que celle de l’erbstollen : la voie secondaire vient buter sur la voie principale sans liaison particulière (Ancel, Fluck 1985 REP : 23). Cette voie présente par contre des ferrures ou reibeisen destinées à renforcer les liaisons longitudinales des gestenges dans les virages. 8 plaques métalliques coudées, longues de 0,75 à 1 m, larges de 27 à 39 mm, épaisses de 2 à 3 mm, équipent 5 virages dont les angles sont compris entre 20 et 47°. 6 à 9 clous à tête plate fixent chaque ferrure sur l’extrémité de deux gestenges61.

  • 62 A titre comparatif, sur les 246objets inventoriés dans la mine Sapin Vert, 234 (95,12 %) concernent (...)
  • 63 Selon Agricola 1556, la largeur du chien était de « two and half feet », soit 0,7 m selon les équiv (...)
  • 64 Mesure prise dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes. La mine Wurtzelmauerstollen livre le m (...)

92Complétant les informations livrées par les structures en bois de la voie de roulage, 86 objets métalliques62 ont été inventoriés dans l’ensemble des ouvrages de la Fontaine des Chouettes: 59 clous, 15 plaques, 4 rondelles, 6 clavettes et 2 demi‑cylindres. Si les plaques et les clous peuvent appartenir indistinctement à des renforts ponctuels de la voie ou au bardage du chien de mine (fig. 45a, b, c), les autres objets se rapportent à ce dernier. Aucun chariot n’ayant été retrouvé jusqu’à présent, seuls les textes et les représentations iconographiques permettent d’en dresser une description. Il se compose d’une caisse de bois renforcé de fer, montée sur quatre petites roues en bois, celles placées à l’avant étant plus petites (fig. 46). D’une forme parallélépipédique générale, sa face avant est généralement moins haute que celle de l’arrière. Les dimensions données au chien de mine par les textes du xvie s. sont contradictoires surtout en ce qui concerne sa largeur63. La mesure de l’écartement minimum entre les parements des galeries au niveau du passage du chien permet cependant de préciser la largeur maximale de celui‑ci : 0,45 m64.

FIG. 45 – Erbstollen: clous destinés à renforcer la voie de roulage ou ses chiens de mine. – a : clous à demi‑tête triangulaire (nos 82‑36, 82‑40, 82‑71) ; – b : fragment de voie de roulage cloutée (type à demi‑tête triangulaire) (n° 82‑33) ; – c : clous à tête plate (nos 82‑7, 82‑35, 82‑72).

FIG. 46 – Chien de mine (Agricola 1556:120).

93Particulièrement exposées aux chocs provenant des manœuvres et même du roulage, les fragiles roues en bois ont souvent perdu leurs pièces annexes :
– les rondelles métalliques qui, placées de part et d’autre de la roue, facilitaient leur rotation en limitant les frottements; si 4 exemplaires ont été récupérés dans la Fontaine des Chouettes (fig. 47), les 35 inventoriés dans le seul travers‑banc de Sapin Vert (Grandemange 1984 : 22) démontrent leur vulnérabilité; ces pièces ont un diamètre moyen extérieur de 6,4 cm, et intérieur de 3,4cm ;
– les clavettes métalliques, placées en bout de l’axe, maintenaient les roues et leurs rondelles; 6 exemplaires ont été retrouvés dans la mine de la Fontaine des Chouettes dont 4 dans son erbstollen; leur longueur dépasse 6cm (fig. 47 b).

FIG.47 – Rondelle (a : no 82‑92) et clavette (: no 82‑93) de chien de mine. Erbstollen de la Fontaine des Chouettes.

  • 65 « Wenn man keinen Leitnagel in der Truhe bat, kann sie nicht gebraucht und auf dem Gestänge gehalte (...)
  • 66 Ring (Anonyme 1556 : 137).
  • 67 « Le clou de conduite qui sort du fond entre les deux rouleaux du devant, consiste en un fer long e (...)
  • 68 Le travers‑banc d’accès est occupé pendant 139 ans: 1525‑1629 puis 1730‑1765 (Grandemange 1984 : 22 (...)

94Le chien de mine était enfin doté d’une pièce indispensable à son utilisation : le clou de guidage ou « Leitnagel »65. Fiché entre les deux roues avant, il passait entre les gestenges, maintenant sur la voie le chariot dont les roues risquaient de glisser latéralement. Il provoquait sur les pièces de jonction, cales et gestenges une usure très nettement marquée s’amplifiant particulièrement dans les courbes. Afin de limiter les frottements, les clous de guidage étaient équipés d’un cylindre de fer, « ring »66 soit un anneau tournant autour de l’axe du clou et roulant sur les faces intérieures des gestenges67(fig. 48a). Si l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes a livré en 1982 les deux premiers exemplaires de « ring », le travers‑banc de Sapin Vert livra, en 1984, 12 pièces supplémentaires et surtout 10 clous de guidage (Grandemange 1984 : 27). Cette mine ayant été reprise entre 1730 et 1765, ces objets peuvent appartenir à cette phase d’exploitation. Tous les leitnagel de Sapin Vert sont cassés au niveau de la pointe fichée dans le bois du chien de mine, en raison des multiples chocs reçus (fig. 48b). Vu le faible nombre d’individus trouvés dans d’autres mines, ces accidents étaient pourtant rares. La mine Sapin Vert semble généreuse, mais il faut rappeler qu’elle a été exploitée pendant près de 140 ans...68.

FIG. 48 – a : « ring » de clou de guidage, erbstollen de la Fontaine des Chouettes (n° 82‑30) ; – b : clou de guidage, mine de Sapin Vert (Val St‑Philippe, Altenberg, Ste‑Marie‑aux‑Mines) (n° 84‑120).

95Plus exposés, les ring se perdaient plus souvent, mais étaient interchangeables. Leur diamètre est compris entre 1,35 et 2,4 cm, leur longueur entre 2,45 et 3,9 cm. Les clous de guidage mesurent de 8,5 à 13,4 cm.

96Au terme de cette esquisse, il apparaît que le roulage est devenu, au milieu du xvie s. un système courant et indispensable à l’exploitation minière : la standardisation de ses éléments le caractérise. Sa fonction est essentielle dans une mine comme celle de la Fontaine des Chouettes, dont les travaux se développent rationnellement sur quatre niveaux, erbstollen compris. Cette extension dans l’espace se développe grâce à un faisceau de techniques complémentaires, celle du roulage étant primordiale. La chronologie de sa diffusion, de ses améliorations puis de son industrialisation doit être précisée en multipliant les relevés et les analyses dendrochronologiques. La confrontation entre ces approches archéologiques et les données fournies par les comptes de gruerie et des receveurs sera essentielle, tant pour les corrélations générales que pour évaluer le coût du roulage.

FIG. 49 – « Charreurs de myne hors de la montagne » (Heinrich Gross, extrait du folio 29).

Cliché Ecole des Beaux‑arts de Paris.

2.9 L’extension verticale : architecture et boisage des puits

97En accord avec la conception générale d’une distribution fonctionnelle et complémentaire des ouvrages, la mine de la Fontaine des Chouettes a été dotée de quatre puits afin de reconnaître le champ filonien en profondeur. Trois d’entre eux constituent un système vertical en cascade qui, du niveau zéro aboutit 61 m plus bas à l’erbstollen. A chaque niveau, des extensions ont été poussées sur le filon. Les puits donnent une nouvelle dimension à la mine, mais créent des difficultés techniques qui, sans être toujours nouvelles, sont amplifiées par la subverticalité. Ces ouvrages cumulent en effet les problèmes d’aérage, d’exhaure, d’acheminement des matériaux et de circulation des mineurs. Le gabarit et l’aménagement des puits doivent répondre à toutes ces préoccupations.

  • 69 Longueur x largeur: P 25,4 = 3,45 x 1,2m; P 21,1 = 3,15 x 1,2m; P comblé = 3,2 x 1,2m. Les 6 puits (...)
  • 70 Longueur x largeur : 3 x 0,6 m.

98Les quatre puits présentent la même section rectangulaire. Les trois puits du système vertical ont une largeur identique de 1,2 m pour une longueur variant entre 3,15 et 3,45 m69. Seul le second a conservé une partie de son boisage sommital composé d’un madrier longitudinal reposant sur les deux poutres transversales supportant les montants du treuil. Ces vestiges font partie de ce que W. Prechter désigne sous le terme de « Hängebank »: «Au sommet des puits qui servent à l’extraction des minerais et du stérile, à l’acheminement du bois, de l’eau et de tout ce qui est nécessaire à l’activité de la mine, on établit un treuil muni d’une ou deux manivelles, et fixé dans les boisements du sommet du puits; on nomme l’ensemble Hängebank.» (Prechter 1602 : 42). Une salle de manutention (Hornstatt) est aménagée au sommet des quatre puits. Celle qui surplombe le quatrième puits a des dimensions assez réduites70, mais les autres atteignent une longueur de 5,8 m pour une largeur de 1,6 m. Cet espace permettait de transporter les matériaux provenant du puits dans la galerie et réciproquement.

  • 71 Le trop‑plein s’écoule dans le dépilage adjacent, la galerie du niveau ‑10,2 m, le système des troi (...)
  • 72 Les 24 000 litres d’eau ont été rejetés aussi dans l’erbstollen via le système des puits.

99Foncé sur l’axe filonien principal au nord‑ouest du dépilage du niveau zéro, le quatrième puits, noyé à partir du niveau ‑2,5 m71, livre une grande partie de son boisage d’origine, mais il ne reste rien de sa partie supérieure. Hors d’eau, elle s’est lentement désagrégée au fil des siècles pour s’abîmer finalement dans le puits. Par contre, les bois immergés sont remarquablement conservés : ils apparaissent au niveau ‑3,9 m, confirmant la stabilité du niveau d’eau. Le puits a été dénoyé72 jusqu’à la profondeur de 11,6 m, un comblement important masquant à ce niveau son véritable fond (fig. 50 a, b, c).

FIG. 50 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes : le puits boisé. – a : stéréogramme ; – b : coupe développée dans le plan nord‑est/sud‑ouest ; – G : coupe développée dans le plan sud‑est/nord‑ouest.

100La section rectangulaire de ce puits au sommet mesure 2,6 m de longueur pour une largeur moyenne de 1 m, qui se réduit vers le bas. Son pendage moyen est de 67° N.‑F. mais évolue entre 65° et 72°. Les parements en roche saine sont marqués par les traces des outils d’abattage. Adapté à ces dernières caractéristiques, l’agencement général du boisage répond aux préoccupations techniques évoquées ci‑dessus : un ensemble d’étais supporte des madriers sur lesquels sont fixées les échelles et les planches servant de glissières. Le puits est divisé en deux compartiments distincts : celui de la circulation des mineurs et celui de l’acheminement des matériaux et du levage des eaux.

101Destinés à supporter l’ensemble du boisage, les étais transversaux de soutien sont installés en premier ; deux pièces écartées de 1,6 m équipent chaque niveau. Elles sont espacées d’une  hauteur variant entre 1,4 et 2,3 m. Une extrémité de l’étai est encastrée dans une encoche préalablement taillée dans le parement du mur (sud‑ouest), l’autre est bloquée sur le parement opposé du toit avec très souvent l’aide d’une cale, de telle façon qu’il soit perpendiculaire aux parements. Les mesures indiquent qu’ils le sont à plus ou moins 9,5° et en moyenne à 95°. Ces étais sont de simples troncs d’arbres sciés dont les caractéristiques (longueur, diamètre, pendage) sont récapitulées dans le tableau XXXIV. Très régulier, leur diamètre moyen de 17 cm autorisait des charges d’autant plus lourdes qu’elles s’appliquaient à une extrémité emboîtée dans le rocher.

TABL. XXXIV – Caractéristiques techniques de la charpente du puits.

102Un madrier était ensuite posé sur ces deux étais de soutien et plaqué contre le parement du mur par deux étais de compression : une extrémité calée sur le madrier, l’autre ajustée en force et sans cale sur le parement opposé. Ces étais se superposent aux précédents et forment donc le même angle perpendiculaire aux parements. Très régulier aussi, le diamètre moyen de 12,4 cm de ces troncs d’arbres sciés montre leur fonction différente, Chaque madrier est ainsi tenu et calé par deux jeux d’étais. Le premier est placé au plus près du parement nord du puits afin de ne pas perdre de place, le second est implanté à quelque distance du parement opposé afin de laisser un compartiment de 0,54 m de largeur destiné à la circulation des mineurs. L’espace résiduel utile entre les étais oscille autour de 1,6 m: il détermine le compartiment dans lequel circulent les matériaux. L’implantation des étais est donc fondamentale car c’est elle qui crée les espaces fonctionnels (fig. 51).

FIG. 51 – Plan et coupe du puits au niveau du premier boisage.

  • 73 « Afin maintenant que ces planches soient fixées et puissent être clouées, on y passe dessous des t (...)

103Les madriers sont des troncs d’arbres sciés à une mesure légèrement inférieure à la longueur du parement sur lequel ils s’appliquent. Ils ne sont donc pas calés en force entre les parements nord et sud du puits. Suivant leur rôle dans la fixation des glissières, deux types de madriers peuvent être distingués :
– les madriers désignés « A » et « C » sur le tableau descriptif ont été équarris sur une face et seulement sur les longueurs utiles des deux compartiments; le tronc a été laissé intact au niveau des étais de compression afin de garder le maximum de solidité; la face plane permettait une meilleure tenue de l’appui (non tangentiel) et du cloutage des planches de la glissière ainsi que des montants d’échelle; ces madriers sont les Diempfhölzer73 ;
– le madrier désigné « B », sur lequel aucun cloutage intermédiaire des planches n’a été observé, réduisait le phénomène de flèche que celles‑ci subissaient au passage des charges lourdes et servait de relais aux montants de l’échelle qui s’encastraient dans deux encoches taillées; en outre, ce madrier n’a fait l’objet d’aucun aménagement complémentaire.

104« Contre l’une des parois latérales [Sloss], ou au milieu, on établit des Fabrten, c’est‑à‑dire des échelles au moyen desquelles on peut monter ou descendre », (Prechter 1602 : 41), Situé au sud‑est du puits, le compartiment de circulation des mineurs a un espace utile de 0,54 m de largeur pour 1 m de longueur. Une seule échelle n’ayant plus qu’un barreau était encore en place au bas du puits. Plus fins que les madriers ou les étais, ces bois ont moins bien résisté à l’usure du temps. L’échelle a les caractéristiques suivantes : hauteur minimum de 2,84 m (pieds enfouis), penchée suivant un angle de 69° par rapport à l’horizontale ; l’écartement de ses montants détermine la largeur utile de ses barreaux : 22 cm. Chaque montant a une largeur de 7 cm pour une épaisseur de 4 cm. Les barreaux sont enfin espacés de 29 cm. Des crochets de fer plantés dans les madriers maintenaient l’échelle par ses montants.

105Le compartiment de circulation des matériaux, long de 1,6 m et large de 1m, est équipé de fortes planches de 4m de longueur entre les madriers « A » et « C », Nous ne connaissons pas la longueur de celles qui, du madrier « C », plongent dans le comblement noyé. Afin d’épouser le pendage général du puits, ces planches devaient être sciées à la longueur adéquate. D’une épaisseur moyenne de 3,5 cm, leur largeur évolue de 29,5 à 41,5 cm. Elles sont seulement clouées à leurs extrémités malgré leur poids important. Gorgées d’eau, elles tiennent par quelques longs clous à tête triangulaire, très espacés (14 cm en moyenne entre 2 clous). « Lorsqu’un puits est équipé de planches à son mur pour faciliter l’extraction, afin que l’on puisse sans obstacle faire descendre ou remonter quelque chose, on parle d’une Tonlage » (Prechter 1602 : 42) (fig. 52) ; les côtés du compartiment devaient être boisés afin que les cuveaux ne heurtent pas les étais. Une planche de 34 cm de largeur et de 2 cm d’épaisseur subsiste sur le flanc nord de la glissière. Dépassant les 3 m de longueur, elle plonge dans le comblement noyé. Les dimensions de ce compartiment permettaient très vraisemblablement la montée et la descente simultanée de deux cuveaux même si aucune séparation de leur couloir respectif n’a été établie.

FIG. 52 – « Tonlage » ou compartiment de circulation des matériaux vu du bas du puits.

Cliché J. Grandemange

106Ces lattes de guidage, nommés « Scheidlallen » par W. Prechter équipent par contre le puits noyé boisé de la mine voisine (Ancel, Fluck 1985 RFP : 35) : « Au milieu du puits on superpose de minces troncs équarris qui empêchent que les cuveaux que l’on fait descendre et monter ne se heurtent » (Prechter 1602 : 42). Ces lattes ont une section rectangulaire de 8 cm de largeur pour 6 d’épaisseur. Remplaçant les planches latérales, deux longerons similaires de 10 cm de côté bordent les glissières, limitant ainsi à 0,73 m environ la largeur de chaque couloir de transport vertical.

  • 74 Longueur x largeur.

107Ce second puits noyé fouillé au Val de Lièpvre a un gabarit presque identique à celui de la Fontaine des Chouettes: rectangulaire, il est long de 2,5 m et large de 0,80 à 1 m. Son boisage similaire confirme l’aménagement des ouvrages verticaux en deux compartiments fonctionnels distincts, même si quelques différences apparaissent dans la forme des madriers et des étais. En effet, ils sont équarris sur toutes leurs faces, dénotant un façonnage préalable, mais non standardisé puisque les étais ont une section variant entre 8 x 6 cm et 16 x 13 cm74. Dans un puits de 70° de pendage, l’absence d’étais de compression dénote une déficience importante dans la tenue de l’armature générale du boisage, le maintien des glissières et des échelles contre le parement du mur étant relativement précaire (Ancel, Fluck 1988 : 93, fig. 62).

  • 75 « Le reste du treuil gît sans doute au fond du puits » (Ancel, Fluck 1985 RFP : 35). Leur bloc‑diag (...)
  • 76 Longueur x largeur x épaisseur : 138 x 18 x 16 cm et 114 x 20 x 14 cm.

108A défaut d’être encore équipé de son treuil75, ce puits a conservé son infrastructure boisée composée de deux grosses poutres76. Celles‑ci sont percées d’un trou rectangulaire de 20,5 cm de longueur et de 8,5 cm de largeur en moyenne. Ces mortaises fixaient les montants supportant le tambour du treuil.

109Illustrant l’étroite liaison entre l’acheminement vertical et horizontal des matériaux, la voie de roulage s’encastre dans des encoches ménagées à l’extrémité des poutres. Un tel agencement facilitait et accélérait considérablement les manœuvres de transbordement du cuveau au chien: « or les ouvriers sont là tout prestz pour recevoir tout ce qu’on tire de ces fosses, soit des pierres ou de la terre, ilz ont des tombereaux sur quatre petites roues de fer »(Munster 1552: 480).

110Les trois puits du système vertical de la mine de la Fontaine des Chouettes devaient présenter un aménagement similaire comme l’indique l’emplacement de leurs encoches, celles‑ci délimitent en effet les deux compartiments « typiques » de circulation. Dans le premier puits, le P 25,4 m, la largeur utile des glissières est de 1,9 m, celle du passage des mineurs de 0,8 m.

  • 77 Longueur x largeur : 2,4 x 1 m.

111Malgré l’effondrement total ou partiel de leurs boisages, d’autres puits du xvie s. au Val de Lièpvre offrent quelques différences importantes. D’un gabarit pourtant semblable77, le puits de la mine Glückauf au Neuenberg, présente un aménagement fort différent : l’adjonction d’un compartiment d’aérage de 0,9 m de largeur réduit considérablement l’espace de circulation des mineurs et des matériaux. La largeur de ce dernier n’excédant pas 1 m, il ne pouvait être équipé que d’un seul cuveau. Le puits noyé boisé de la galerie méridionale du Complexe d’Œdipe de la mine de Plomb inférieure réunit dans un même espace utile de 1,35 m de longueur pour 0,5 m de largeur, les glissières et l’échelle des mineurs. Là aussi un seul cuveau pouvait circuler (Ancel, Fluck 1984 : 78).

112L’aménagement des puits est donc lié à leur gabarit, lequel varie avec la fonction de l’ouvrage. Le dénoyage et la fouille d’autres puits boisés permettront de préciser les relations qui existent entre les ouvrages verticaux et leurs équipements boisés. D’ores et déjà, une organisation de l’espace vertical se dégage pour un grand nombre de puits de même gabarit. La technique de boisage en deux compartiments fonctionnels distincts est, là aussi, largement acquise au xvie s. Représentée sur les planches de H. Gross, S. Munster ou G. Agricola, elle se perpétue dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert qui, deux siècles après, ne fait pas état de nouveauté (fig. 53).

FIG. 53 – Diderot et D’Alembert. L’Encyclopédie : Minéralogie, filons et travaux des mines (planche IV, fig. 1).

Notes

1 Dans cette étude, nous limiterons les corrélations possibles au seul secteur de St‑Pierremont. Premier centre productif ducal, ses principales mines présentent l’avantage de ne pas avoir été ultérieurement remaniées, ce qui n’est pas le cas des ouvrages de Musloch et Stimbach qui ont fait l’objet d’importants travaux entre le xviiie et le début du xxe s., même si ceux‑ci n’ont pas été continus. La mine St‑Jacques à Ste‑Marie, quant à elle, a été partiellement aménagée en abri antiaérien au cours de la dernière guerre.

2 Lorsque ce n’est pas « à Sainct Piermont » seulement. ADMM B9652(1553), copie A Deg. 3512‑2, p. 1 du compte par exemple.

3 ADMM B9666(1572), F°28.

4 «ladicte montagne»: le porche de la mine.

5 ADMM B9663(1568), copie A Deg. 3512‑2, p. 16 du compte.

6 Gestanges: voies de roulage.

7 L’aide se monte à200 florins par an pour les trois mines et est accordée de 1568 à 1574. A titre indicatif, la dépense « des dicts ouvrages monte à la somme générale de1555florins17gros 4 deniers » pour la seule année 1571. ADMM B9665, copie A Deg. 3512‑2, p. 11 du compte. Dans cette même livraison, Jacques Reynette II signale que «la visitation des montagnes a été faicte par les auwald et les schichmeister au contenu de leur rapport faict sur le premier jour de décembre 1571par lequel est narré bien amplement l’estat des conduyts, en quoi les dicts labourages et mynières consistent, lequel a été envoyé à Monseigneur le Président & au Conseil de notre Souverain Seigneur ». Ce rapport descriptif qui aurait pu étayer notre hypothèse fait malheureusement défaut. Les comptes de 1573 et 1574 précisent cependant que ces aides sont destinées à « poursuivre les nouveaulx ouvrages au desoub des gestanges des feldort et à chercher nouvelles veines [...] qui se pourchassent et la proffonditez des dicts lieux [...] ensemble à labourer au plus nécessaire d’icelles [...] ». ADMM B9667, copie A Deg. 3512‑2, p. 14 du compte de 1573 et p. 12 du compte de 1574.

8 De 1975 à 1978, une vingtaine de mines ont été réouvertes et explorées par les Amis des anciennes mines de Ste‑Marie‑aux‑Mines et surtout par le Club de spéléologie minière de la MJC de Villé. De brefs comptes rendus de ces explorations ont été publiés dans la revue Pierres et terre, nos 6 et 7 de 1976, nos 9 à 14 de 1977 et nos 15‑16 de 1978.

9 Après une campagne de prospection archéologique effectuée en 1981 par J. Grandemange sur les mines du Samson et de la Fontaine des Chouettes, le secteur de St‑Pierremont fait l’objet de fouilles programmées depuis 1982 (Grandemange 1981, 1982, 1983a, 1984, 1985, 1986, 1987, 1988, 1989, 1990 : rapports de fouille ; Maurer1982, 1984 : rapports de fouille ; Ancel, Fluck, Herr 1985 : rapport de fouille).

10 1 : 25000 : cartes de St‑Dié 7‑8, feuille 36‑17 et Sélestat 5‑6, feuille 37‑17.

11 ADMM B9673, copie A Deg. 3512‑3, p.6.

12 La mine principale située en contrebas étant la première du groupe Samson. La mine no 2 a été étudiée en 1981 (Grandemange 1981 RFP : 1‑3).

13 Commencé en1587, le « feldort » est toujours en cours de percement en 1597 «à la montaigne du Sainct Esprit». ADMM B9678, copie A Deg. 3512‑4, p.14.

14 Et non pas semblables comme le signale B. Ancel (Ancel, Fluck 1985 RFP : 19). Le poinçon porté sur les outils du système de la Fontaine des Chouettes consiste en trois points disposés en triangle (༜), celui des outils de la mine « Wurtzelmauerstollen » inférieure, en trois traits : un longitudinal et deux transversaux dont l’un est de moitié moins long que l’autre (ou )

15 ADMM B9652(1553), copie A Deg. 3512‑2, p.5.

16 —Coordonnées Lambert I (zone nord) du porche: x =959,88; Y =73,30; Z = 500m.

17 —Musée minéralogique et des traditions locales des Amis des anciennes mines, 70, rue Wilson, 68160, Ste‑Marie‑aux‑Mines.

18 —Coordonnées Lambert I (zone nord) du porche: x =959,80; Y =73,18; Z = 439m.

19 ADMM B421, F°30. Les ordonnances du 4 juillet 1486 et du 22 juin 1508 n’abordent pas le statut de «l’erbstoll». Par contre le règlement du22 juillet 1527 pour les mines alsaciennes lui consacre six articles. ADHR, E1979, traduction de J. Degermann, copie A Deg 3492‑2, articles 14 à 19, p. 2‑3.

20 ADMM B421, F°31.

21 ADMM B421, F°31et32.

22 Les erbstollen « Tiefstollen » et « St‑Oriel » desservent les mines du Rauenthal et de la Petite Lièpvre au Neuenberg, celui de St‑Guillaume le massif de l’Altenberg. Ce dernier est le plus important du Val de Lièpvre : après une galerie principale creusée entre 1537 et 1547 qui occasionne une dépense de 20 000 florins, il se divise en trois branches. Celle menée sous la mine de St‑Philippe dépasse les 2 km. Plus de 60 ans auront été nécessaires pour la creuser (Haubinsack 1570 : 13‑14).

23 En roche très dure, l’usage du feu permettait de fracturer la roche par échauffement puis par brusque refroidissement. L’usage du bois visait le même but pour les mines dans lesquelles le feu était proscrit (vapeurs d’arsenic par exemple) : des baguettes très sèches de bois étaient introduites dans des mortaises préalablement faites à la pointerolle. L’adjonction d’eau faisait ensuite gonfler le bois, fracturant ainsi le rocher. L’abattage traditionnel reprenait ensuite.

24 ADMM B421(1557), F°31.

25 Une planchette a été retrouvée dans un ouvrage similaire de la mine de «la Filature» à la Croix‑aux‑Mines (Val de St‑Dié, Vosges). Cette mine illustre la méthode de percement décrite ici.

26 A partir des hauteurs d’eau.

27 « On fait habituellement monter d’une toise les galeries toutes les cent toises ». (Prechter 1602 : 26).

28 Ces deux exemples de contrats concernent les mines Tous‑les‑Saints à La Croix‑aux‑Mines, pour l’année 1513. ADMM B8836, Informations communiquées par J. Laurent.

29 ADMM B9656(1557), copie A Deg. 3512‑2, p.31du compte.

30 ADMM B9659(1564), copie A Deg. 3512‑2, p.20du compte.

31 ADMM B9656(1556), copie A Deg. 3512‑2, p.25du compte.

32 ADMM B9656(1557), copie A Deg. 3512‑2, p.31du compte.

33 ADMM B8853(1557), F°2.

34 ADMM B9658(1561), copie A Deg. 3512, p. 24 du compte.

35 Nous ne pouvons suivre la stagnation des salaires que pendant 77 ans, car seuls les comptes des superintendants les livrent. C’est ainsi que de 1533 à 1610, le superintendant reçoit annuellement 100 florins, le doyen 26 florins et le lieutenant 15 florins.

36 L’éprouveur juré reçoit 50 florins jusqu’en 1591 puis 60 florins à partir de 1593 (absence de compte en 1594).

37 ADMM B9661(1567), copie A Deg. 3512‑2, p. 26 du compte.

38 ADMM B9665(1571), copie A Deg. 3512‑2, p. 14 du compte.

39 Voire jusqu’en1575, compte tenu de l’absence des comptes pour les années1575à1577.

40 Les arpenteurs sont aussi sollicités pour dresser des plans de mines lorsque leurs concessionnaires sont en conflit. C’est ainsi que Gallé Gartner est appelé en1560pour établir le plan des mines Porte de Fer, Notre‑Dame, St‑Michel, le Chêne au Neuenberg sous la juridiction des Ribeaupierre. Ce plan, conservé aux Archives départementales du Haut‑Rhin, est le seul à être parvenu jusqu’à nous. Il révèle la grande compétence du «juré tireur et arpenteur».

41 —Les analyses dendrochronologiques ont été effectuées par J. Lambert au Laboratoire de chrono‑écologie de Besançon. Six pièces de jonction présentent les mêmes séquences. Une section plus pertinente présentant 184 cernes couvre toutes les séquences et est datée de 1569. D’autres échantillons sont encore en cours d’analyse (Lambert, Lavier, Perrier, Vincenot1988).

42 Prechter signale que le «Bergklafter a sept pieds». Dans ce cas, le pied vaut 0,257 m (Prechter 1602 : 45).

43 Dans le cadre de l’arpentage, nous assimilons les croix de Lorraine 4 et 5 superposées.

44 Trois croix grecques ont été inventoriées dans cet erbstollen. L’écart (98,88 m) entre les deux premières ne correspond pas à un nombre entier de toises, pieds et pouces. L’équivalence concerne l’écart entre la seconde et la troisième croix respectivement situées aux points 208,22 et 282,02 m (Benoit, Grandemange1983 : 202).

45 Cette opération est réalisée après la fouille des structures boisées au sol (voies de roulage).

46 Le Ritzeisen et le Sumpfeisen sont de longues pointerolles de30à40 cm. La première, plus fine, est utilisée en roche dure; la seconde, plus épaisse, à creuser le fond des puits qui accumule un peu d’eau. Le Fimmel est une pointerolle sans manche qui relaye le Ritzeisen en roche dure. Chaque outil a un marteau adapté (Agricola1556:114).

47 Deux semaines après son dénoyage, le puits avait retrouvé son niveau d’eau (campagne 1984).

48 L’inventaire des pointerolles recueillies dans la mine Wurtzelmauerstollen révèle 10 outils. 2 ont visiblement été perdus (20,5 cm et 21,7 cm), 8 autres ont une longueur moyenne de 11,07 cm (Ancel, Fluck, Herr 1985 RFA : 22). Sur les 28 pointerolles inventoriées dans les mines du filon St‑Louis, 6 mesurent entre 14,1 et 20,3 cm ; la longueur moyenne des 22 autres est de 10,76 cm (Ancel, Fluck 1988 : 79).

49 Mine Haus Rappoltstein.

50 Soit depuis le1er novembre 1581 environ.

51 ADMM B9670, copie A Deg. 3512‑6, p.5.

52 ADMM B9663(1568), copte A Deg 3512‑2, p.16du compte. L’expression gestenge ou gestange est empruntée au vocabulaire allemand (Anonyme 1556 : 114) comme la plupart des termes techniques miniers, le pluriel est francisé dans le texte français original. Au xviiie s., les ingénieurs des mines lui préféreront le mot « limande ».

53 Moyenne calculée sur17 mesures prises à0,6 m de sol.

54 —Le réemploi des pièces de Jonction est en effet très courant lors des réparations. Une pièce de la voie de roulage de la mine St‑Martin (Altenberg) porte11trous de chevillage (Grandemange1983b RFP : 55). 16 pièces de la voie de la mine Rimpy (Altenberg) portent entre 5et12trous (Ancel, Fluck1985: 87).

55 8 à 10 tonnes de gravats recouvrant la bifurcation ont été évacués.

56 Der Hund: le chien de mine (Agricola 1556: 120).

57 Lesslin mentionne une forêt de châtaigniers entre les mines du Samson et celles de la Fontaine des Chouettes (Lesslin 1855).

58 A titre comparatif, la voie de roulage de la mine St‑Martin (Altenberg) utilise principalement le chêne, celle de Sapin Vert (Altenberg) et de Samson 2 (St‑Pierremont) les résineux (Grandemange 1981 RPA : 26 ; Grandemange 1983a RFP : 27). Les voies de Rimpy (Altenberg) et de Wurtzelmauerstollen (St‑Pierremont) utilisent aussi des résineux (Ancel, Fluck RFP 1985 : 86; Ancel, Fluck, Herr RSA 1985 : 24),

59 Longueur x largeur x épaisseur 34 x 23 x 7 cm (moyenne sur 35 pièces de jonction) (Ancel, Fluck, Herr RSA 1985 : 25).

60 Dans la mine Hénon III (Maurer 1984 RFP : 21).

61 (Ancel, Fluck, Herr RSA 1985 : 24). Encore rarement utilisées au xvie s., les ferrures sont beaucoup plus généralisées au xviiie s. De nombreux exemplaires ont été inventoriés Sur les voies de roulage de la dernière phase d’exploitation de la galerie du Vernay à Pampailly et de la mine Sapin Vert à l’Altenberg (Benoit, Grandemange1983 : 204 ; Grandemange1985 : 55).

62 A titre comparatif, sur les 246objets inventoriés dans la mine Sapin Vert, 234 (95,12 %) concernent le roulage (Grandemange 1984 : 27).

63 Selon Agricola 1556, la largeur du chien était de « two and half feet », soit 0,7 m selon les équivalences données par Hoover. A l’opposé de cette largeur excessive, le Schwazerbergbuch (Anonyme 1556) donne 0,26 m. Cité par Benoit 1988 « Le Roulage dans les mines européennes », op. cit., p. 9.

64 Mesure prise dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes. La mine Wurtzelmauerstollen livre le même chiffre.

65 « Wenn man keinen Leitnagel in der Truhe bat, kann sie nicht gebraucht und auf dem Gestänge gehalten warden » (Anonyme 1556 : 137).

66 Ring (Anonyme 1556 : 137).

67 « Le clou de conduite qui sort du fond entre les deux rouleaux du devant, consiste en un fer long et arrondi, autour duquel Il y a une boite cylindrique et mobile pour éviter les frottements causés par le choc » (Schreiber 1778 : 9).

68 Le travers‑banc d’accès est occupé pendant 139 ans: 1525‑1629 puis 1730‑1765 (Grandemange 1984 : 22, 40).

69 Longueur x largeur: P 25,4 = 3,45 x 1,2m; P 21,1 = 3,15 x 1,2m; P comblé = 3,2 x 1,2m. Les 6 puits de la seconde moitié du xvie s. du réseau St‑Louis, foncés sur une faille ont une section plus élevée : 3,8 x 1,5 m (Ancel, Fluck 1988 : 78).

70 Longueur x largeur : 3 x 0,6 m.

71 Le trop‑plein s’écoule dans le dépilage adjacent, la galerie du niveau ‑10,2 m, le système des trois puits et dans l’erbstollen.

72 Les 24 000 litres d’eau ont été rejetés aussi dans l’erbstollen via le système des puits.

73 « Afin maintenant que ces planches soient fixées et puissent être clouées, on y passe dessous des traverses, les Diempfhölzer » (Prechter 1602 : 42).

74 Longueur x largeur.

75 « Le reste du treuil gît sans doute au fond du puits » (Ancel, Fluck 1985 RFP : 35). Leur bloc‑diagramme est une reconstitution, il ne reflète pas la réalité archéologique.

76 Longueur x largeur x épaisseur : 138 x 18 x 16 cm et 114 x 20 x 14 cm.

77 Longueur x largeur : 2,4 x 1 m.

Table des illustrations

Légende FIG.15 – Carreau de la minesanson à St‑Pierremont la forge, la halle à charbon de bois et l’ atelier de lavage des minerais lors de la compagnes 1989
Crédits Cliché J.Grandemage.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 228k
Légende TABL. XXVIII – Comparaison des productions d’argent des mines St‑Guillaume, St‑Henry‑l’Empereur‑au‑Don‑de‑Dieu‑Notre‑Dame‑de‑Pfennigthorne et Samson.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-2.jpg
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Légende FIG. 16 – Massif de St‑Pierremont, flanc sud. Sur la gauche, la «Goutte du Samson» entaille le massif du vallon de la Goutte des Pommes jusqu’au sommet, suivant une direction sud‑ouest/nord‑est. La vallée de la Lièpvrette est au premier plan.
Crédits Cliché J. Grandemange.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-3.jpg
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Légende FIG. 17 – Extrait de la carte des vestiges miniers du secteur de St‑Pierremont établie par Emile Hausser en1893 (Hausser 1893).
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Légende FIG. 18 – Carte des mines de la Goutte des Pommes d’après un fond de carte établi par Adolphe Lesslin vers 1860 (Lesslin 1860).
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Légende FIG. 19 – Carte géologique du district minier de Ste‑Marie‑aux‑Mines.– A1 : Traugott ; – A2 : Bourgonde ; – N5 : St‑Guillaume ; – N6 : St‑Jacques ; – N7 : St‑Jean.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-6.jpg
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Légende FIG. 20 – La galerie d’écoulement des eaux ou «Erbstoll «de la Fontaine des Chouettes.
Crédits Cliché J. Grandemange
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-7.jpg
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Légende FIG. 21 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes.
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Légende FIG. 22 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes : plan du puits P 25, 4.
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Légende FIG. 23 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes: plan du puits P 21,1.
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Légende FIG. 24 – Mine de la Fontaine des Chouettes: coupe des puits, galerie allant vers le sud‑est, galerie allant vers le nord‑ouest, → sens de creusement.
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Légende FIG. 25 – Mine inférieure de la Fontaine des Chouettes.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-12.jpg
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Légende FIG. 26 – Système minier de la Fontaine des Chouettes: coupe des travaux.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-13.jpg
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Légende FIG .27 – Système minier de la Fontaine des Chouettes.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-14.jpg
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Légende FIG. 28 – Illustration de la méthode de perceme en deux phases. Dessin extrait de Heinrich Gross (Gross 1530 : 27).
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Légende FIG. 29 – Profils architecturaux types des galeries du système minier de la Fontaine des Chouettes. – a : S12, mine supérieure ; – b : S17, erbstollen ; la flèche indique la hauteur du sol de la galerie exécutée par le premier ouvrier de martel ; – c : S18, erbstollen, partie haute abandonnée.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-16.jpg
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Légende FIG. 30 – Erbstollen: front de taille en escalier abandonné illustrant la technique et la méthode du percement en deux phases. Le renflement convexe sur le parement droit retrace l’ancien niveau du sol de la première galerie.
Crédits Cliché J. Grandemange.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-17.jpg
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Légende FIG. 31 – Requête de Galle Gartner à propos de ses gages. Extrait du folio 2, 20 août 1557 (ADMM B 8853).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-18.jpg
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Légende FIG. 32 – Erbstollen de la Fontaine des Chouettes. Première croix de Lorraine et seconde croix grecque gravées sur le parement.
Crédits Cliché J. Grandemange.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-19.jpg
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Légende TABL. XXIX – Ecarts entre les croix grecques gravées correspondant à une fraction juste de toise de mines.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-20.jpg
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Légende TABL. XXX – Tableau de situation des repères d’arpentage dans l’Erbstollen et d’équivalence en toise des mines de leurs écarts mesurés.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 104k
Légende FIG. 33 – Outils à percussion posée (Agricola 1556 : 115).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-22.jpg
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Légende FIG. 34 – Pointerolles inventoriées dans l’erbstollen. – a : intacte (n° 82‑37) ; – b : rupture au niveau de la soudure en bout de l’insert en acier (n° 82‑86) ; – c : fracture de la tête (n° 82‑84). Le poinçon caractérise leur appartenance à la concession de la Fontaine des Chouettes.
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Légende FIG. 35 – a : pointerolle (n° 82‑83) ; – b : marteau (n° 84‑282).
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Légende FIG. 36 – Traces laissées par les pointerolles sur les parements de l’erbstollen.
Crédits Cliché J. Grandemange.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-25.jpg
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Légende TABL. XXXII – Tableau descriptif des outils d’abattage inventoriés dans la mine de la Fontaine des Chouettes.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-26.jpg
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Légende TABL. XXXIII – Tableau descriptif des outils d’abattage inventoriés dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-27.jpg
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Légende FIG. 37 – Double galerie d’aérage de la mine supérieure de la Fontaine des Chouettes.
Crédits Cliché J. Grandemange.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-28.jpg
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Légende FIG. 38 – Nature des ouvrages supérieurs de canalisation d’air dans la mine de la Fontaine des Chouettes. – a : galerie supérieure ; – b : galerie surélevée ; – c : faux‑plafond ; – d : coupe des ouvrages dans un plan nord‑est/sud‑ouest. Les flèches correspondent à la circulation de l’air en été.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-29.jpg
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Légende FIG. 39 – Plan du système d’aérage par doubles galeries dans la mine de la Fontaine des Chouettes. Les flèches correspondent à la circulation de l’air en été.
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Légende FIG. 40 – Circulation de l’air dans le système des puits de la Fontaine des Chouettes, galerie allant vers le sud‑est; galerie allant vers le nord‑ouest. Les flèches correspondent à la circulation de l’air en été.
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Légende FIG. 41 – Traverse de Jonction de voie de roulage provenant de l’erbstollen.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-32.jpg
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Légende FIG. 42 – Bifurcation de la voie de roulage dans l’erbstollen de la Fontaine des Chouettes à la cote 131,5, d’après Y. Grandemange et C. Lefrançois.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-33.jpg
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Légende FIG. 43 – Erbstollen de la Fontaine des Chouettes : bifurcation de la voie de roulage.
Crédits Cliché J. Grandemange.
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Légende FIG. 44 – Pièces de Jonction ajustées et calées dans la mine St‑Martin (Val St‑Philippe, Altenberg, Ste‑Marie‑aux‑Mines).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-35.jpg
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Légende FIG. 45 – Erbstollen: clous destinés à renforcer la voie de roulage ou ses chiens de mine. – a : clous à demi‑tête triangulaire (nos 82‑36, 82‑40, 82‑71) ; – b : fragment de voie de roulage cloutée (type à demi‑tête triangulaire) (n° 82‑33) ; – c : clous à tête plate (nos 82‑7, 82‑35, 82‑72).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-36.jpg
Fichier image/jpeg, 82k
Légende FIG. 46 – Chien de mine (Agricola 1556:120).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-37.jpg
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Légende FIG.47 – Rondelle (a : no 82‑92) et clavette (: no 82‑93) de chien de mine. Erbstollen de la Fontaine des Chouettes.
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Légende FIG. 48 – a : « ring » de clou de guidage, erbstollen de la Fontaine des Chouettes (n° 82‑30) ; – b : clou de guidage, mine de Sapin Vert (Val St‑Philippe, Altenberg, Ste‑Marie‑aux‑Mines) (n° 84‑120).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-39.jpg
Fichier image/jpeg, 33k
Légende FIG. 49 – « Charreurs de myne hors de la montagne » (Heinrich Gross, extrait du folio 29).
Crédits Cliché Ecole des Beaux‑arts de Paris.
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Fichier image/jpeg, 182k
Légende FIG. 50 – Mine supérieure de la Fontaine des Chouettes : le puits boisé. – a : stéréogramme ; – b : coupe développée dans le plan nord‑est/sud‑ouest ; – G : coupe développée dans le plan sud‑est/nord‑ouest.
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Légende TABL. XXXIV – Caractéristiques techniques de la charpente du puits.
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Légende FIG. 51 – Plan et coupe du puits au niveau du premier boisage.
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Légende FIG. 52 – « Tonlage » ou compartiment de circulation des matériaux vu du bas du puits.
Crédits Cliché J. Grandemange
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-44.jpg
Fichier image/jpeg, 207k
Légende FIG. 53 – Diderot et D’Alembert. L’Encyclopédie : Minéralogie, filons et travaux des mines (planche IV, fig. 1).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/36493/img-45.jpg
Fichier image/jpeg, 280k

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1991

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