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Les amphores de Bibracte

 | 
Fanette Laubenheimer

Introduction

Résumé

Les amphores des fouilles anciennes du Mont‑Beuvray représentent un matériel qui exerce un attrait puissant. D’une part, en raison de l’importance de Bibracte, l’un des plus grands oppida de la Gaule Chevelue, bien connu des lecteurs de César ; d’autre part, du fait des fouilles qui ont été conduites avec une grande persévérance pendant quatre ans, entre 1867 et 1907. La collection exceptionnellement riche d’amphores timbrées, 195 estampilles, n’avait reçu à l’époque qu’une publication partielle et sommaire. Une vision globale et renouvelée d’un tel matériel s’imposait pour en tirer tous les enseignements et établir une documentation de référence.

Texte intégral

1Les amphores des fouilles anciennes du Mont‑Beuvray représentent un matériel qui exerce un attrait puissant. D’une part en raison de l’importance de Bibracte, l’un des plus grands oppida de la Gaule Chevelue, bien connu des lecteurs de César. D’autre part du fait des fouilles qui ont été conduites avec une grande persévérance pendant quarante ans, entre 1867 et 1907.

2Cependant, le matériel amphorique n’a reçu à l’époque qu’une publication sommaire et reste très mal connu, quasiment un siècle plus tard, ce qui n’a pas empêché qu’il serve, de façon abusive, de point de référence, voire d’indicateur chronologique. Or, il n’a pas été observé en stratigraphie, ce dont on ne s’étonne pas de fouilles de la fin du xixe s. et du début du xxe s., et personne n’a jamais vu l’ensemble de la collection, ni étudié sa typologie, ni proposé une lecture rénovée et complète des timbres.

3La collection des amphores timbrées, dont on peut penser qu’elles ont été systématiquement conservées lors de la fouille, contrairement au reste du matériel, est exceptionnellement importante : 195 estampilles, en très large majorité sur des amphores vinaires italiques D.1. Par lui‑même, ce chiffre ne veut rien dire, mais il est signifiant lorsque, comparé aux autres collections de timbres sur D.1 publiées en Gaule, il apparaît, et de très loin, comme le plus important aujourd’hui encore. Très significative aussi est la comparaison avec l’Italie où ce sont seulement 67 amphores D.1 timbrées qui ont été publiées entre 1945 et 1984, comme on le verra. Au reste, à Rome, sur les 199 marques publiées par Dressel (en dehors de celles du Testaccio où il y a surtout des D.20) apparaissent seulement cinq ou six D.1. Ces quelques chiffres marquent la pauvreté globale de la documentation et le retard dans les publications.

4Pour Bibracte, il va sans dire combien une vision renouvelée du matériel amphorique s’imposait, aussi difficile, voire poussiéreuse que fût la recherche d’objets exhumés il y a un siècle. L’enquête était d’autant plus motivante qu’elle trouvait une raison complémentaire avec la reprise, depuis 1985, d’un large programme de fouilles auquel elle pouvait apporter l’acquis de quarante ans d’exploitations antérieures.

5La recherche s’est organisée à partir des publications anciennes d’une part et du matériel conservé aujourd’hui d’autre part. Parmi les très nombreux écrits relatifs au Beuvray (Guillaumet à paraître), cinq seulement sont en partie consacrés à l’étude des amphores. C’est d’abord l’ouvrage fondamental de J.‑G. Bulliot, Fouilles du Mont‑Beuvray (ancienne Bibracte) de 1867 à 1895, tomes I et II, paru à Autun en 1899, illustré par un Album de planches exécuté sous la direction de F. et N. Thiollier, sorti la même année. Le tome I de Bulliot regroupe une série d’articles antérieurs dans les Mémoires de la Société Eduenne, qui sont les recensions des successives campagnes de fouilles qu’il a menées durant cette période. Il y fournit non pas un travail de synthèse, mais une mosaïque de renseignements et d’observations, à tel point que, plutôt que de donner une table des matières, il dresse une « Table méthodique de lecture » qui fait référence aux structures et à un certain type de matériel, mais pas aux amphores. Il y a donc une véritable difficulté pour accéder aux renseignements qui nous intéressent ; c’est pourquoi nous avons dû constituer l’index du mot « amphore » que nous donnons en annexe. Ce premier volume offre la quasi‑totalité des indications sur les amphores, très rares dans le second tome qui fait le point sur les principaux centres d’intérêt du site.

6Les fouilles reprises par Déchelette de 1897 à 1901 ont donné lieu à un article très développé (Déchelette 1904) qui signale quelques amphores. Ses derniers travaux en 1907 consignés dans un bref rapport (Déchelette 1908) en donnent d’autres. L’étude d’une partie du matériel conservé au musée de Roanne a été complétée (Caboste, Périchon 1963).

7Comprendre dans une première partie l’analyse des amphores que Bulliot, puis Déchelette ont faite est indispensable pour interpréter les données globales qu’ils fournissent et celles, partielles, dont nous disposons aujourd’hui avec le matériel conservé. Il n’est pas indifférent de savoir, au reste, que, lorsqu’il a entrepris ses recherches, Bulliot avait une problématique simple : montrer que l’oppidum du Mont‑Beuvray était l’antique Bibracte de César, capitale des Eduens. La découverte inattendue des amphores, matériel fort peu connu à l’époque, fut pour lui une surprise qui l’a conduit à faire dans ce domaine une œuvre de pionnier, admirable à bien des égards.

8Les amphores conservées appartiennent pour les fouilles de Bulliot aux collections du Musée Rolin à Autun, du musée de Saint‑Léger‑sous‑Beuvray et du musée des Antiquités nationales à Saint‑Germain‑en‑Laye ; celles des fouilles de Déchelette sont à Autun et au Musée Déchelette à Roanne. Il s’agit en grande partie d’objets timbrés.

9Je n’aurais pas entrepris ce long travail si je n’avais pas été incitée et encouragée par l’équipe de l’URA 33 chargée des fouilles du Mont‑Beuvray et par son directeur C. Peyre. J.‑P. Guillaumet m’a apporté sur place, à Autun et à la base archéologique du Beuvray, une aide considérable en maintes occasions.

10Ma gratitude va aux conservateurs du Musée Rolin à Autun, du Musée Déchelette à Roanne et du musée des Antiquités nationales de Saint‑Germain‑en‑Laye pour leur accueil et les facilités de travail qu’ils m’ont procurées, et aux propriétaires des collections privées qui m’ont donné généreusement accès à un matériel inédit.

11C. Rodriguez a participé à la recherche et aux premières analyses du matériel ancien, dont elle a tiré un mémoire de maîtrise (université de Paris I,1986).

12J’ai pu consulter les fichiers de timbres amphoriques constitués en France et en Italie. Je reviendrai sur cette documentation qui m’a été précieuse, mais ce m’est un vif plaisir que de remercier déjà ici les collègues qui n’ont pas hésité à m’apporter aussi leur aide.

13Dans la réalisation de mon travail, j’ai trouvé un grand secours dans l’aide technique qui m’a été donnée au sein de l’UA 338 de Besançon et du CSNSM d’Orsay.

14Paris, avril 1987

15N.B.

16Les profils d’amphores ont été dessinés par C. Rodriguez et F. Laubenheimer qui ont aussi mis au point ensemble les cartes de répartition. Les dessins des marques sur amphores et l’ensemble des photographies ont été réalisés par F. Laubenheimer (sauf indication contraire).

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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