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Sallèles-d’Aude

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Fanette Laubenheimer

Chapitre 2. La stratigraphie des ateliers

Résumé

Le détail de l’analyse stratigraphique des divers bâtiments et cours conduit à dresser une synthèse globale de l’évolution du quartier, des environs du changement d’ère au iiie s. Cinq états sont distingués.

Texte intégral

2.1 Introduction

1La fouille a été orientée, dès le début, vers le quartier artisanal et plus précisément dans la zone où était attestée la production d’amphores et de céramiques communes notamment. Nous y avons exploré huit fours et une grande partie de leurs bâtiments, laissant de côté le secteur sud et ouest du quartier avec six autres fours au moins voués essentiellement aux matériaux de construction, semble‑t‑il d’après les prospections de surface (fig. 15).

Fig. 15 – Plan général des fouilles ; au nord, le quartier de l’habitat, au sud, le quartier artisanal. Les fours sont numérotés.

Dessin S. Eusèbe

2Avant d’exposer l’esquisse d’une stratigraphie globale des ateliers comprenant plusieurs états successifs, il est nécessaire de présenter le détail de la stratigraphie de chaque bâtiment, depuis sa construction jusqu’à l’abandon final.

2.2 Le bâtiment I

3Au sud‑est du quartier, dans le bâtiment I, le très grand four (no 3) visible aujourd’hui (fig. 16) est le dernier d’une série de trois fours au moins qui ont successivement occupé le même emplacement. De la première occupation, nous pouvons restituer le creusement d’une fosse profonde (–2,90 NR) dans le sol naturel. Le fond de la fosse est tapissé d’une couche de cendre gris‑blanc, de 5 à 10 cm d’épaisseur, repérée dans un petit sondage de 0,35 x 1 m à l’entrée du four actuel, sous le pilier qui sépare les deux alandiers (fig. 17). La qualité de la cendre, son importance et surtout sa position portent à croire que la fosse avait été creusée pour construire un four : nous avons la trace de la dernière combustion, de son foyer, mais ne savons rien de plus.

Fig. 16 – Plan général du quartier artisanal.

Dessin S. Eusèbe

Fig. 17 – Restes du dallage de la chambre de chauffe du four 2 pris sous le piedroit central du four 3. Au premier plan, la couche de cendres liée au four 1 s’engage sous l’ensemble.

Photo F. Laubenheimer

4Bien qu’il ait été totalement détruit, nous connaissons du four 2 des fragments d’architecture insérés dans la construction du four 3 ;
– un arc de soutènement de la sole, pris dans la paroi ouest de la salle de chauffe du four 3 (fig. 18) ;
– le dallage de tegulae de la salle de chauffe et de l’alandier, conservé sous le piedroit central du double alandier et de la double salle de chauffe du four 3 ; il est posé sur un remblai de terre marron, épais de 10 cm environ, qui recouvre la couche de cendre associée au four 1 (fig. 17) ;
– la base arasée de la façade du four, encore visible à l’entrée même des deux alandiers du four 3 (fig. 19).

Fig. 18 – Four 2 : dans le mur, au fond, arc de soutènement de la sole pris dans la paroi ouest de la salle de chauffe du four 3.

Photo F. Laubenheimer

Fig. 19 – Vue du four 3.

Photo F. Laubenheimer

5On peut reconstituer un four à alandier unique, d’une longueur supérieure à celle du four 3 (6,80 m), ouvert à l’est‑sud‑est. La chambre de chauffe a une hauteur sous arc de 1,10 m pour une largeur de 1 m. Du bâtiment qui entourait le four 2, on sait peu de choses. La fermeture au sud est attestée par un mur dont certaines parties sont plus anciennes que d’autres, liées au four 3. Bien qu’il n’y ait plus de liaison stratigraphique, on peut, en toute logique, mettre le four 2 en relation avec un remblai antérieur à la construction du four 3, dans la zone nord‑nord‑ouest du bâtiment, en C4 et D4 (couches 2 et 3). Le matériel est abondant (tableau I).

Tableau I – Matériel du remblai autour du four 2. * : typologie de C. Goudineau, 1968. ** : typologie de F. Mayet, 1975.

6Toutes les formes de céramique sigillée présentes sont créées avant le milieu du siècle et il n’y en a pas de plus récentes. Un timbre secvndus est daté entre Claude et Vespasien à La Graufesenque (Oswald 1931 : 287). Les céramiques à paroi fine appartiennent essentiellement à la période augustéenne et à la première moitié du siècle ; les céramiques arétines évoquent une occupation plus ancienne encore, comme les rares fragments de céramique modelée. Les seules amphores présentes sont des importations du début du siècle en général, P. 1 ou D.2/4 ; les G.4 locales n’existent pas encore. Le matériel, caractéristique de la première moitié du Ier s. de notre ère, attribuerait une date assez haute à ce très grand four. La phase d’utilisation est marquée par une couche de cendre encore présente sur le dallage dans la chambre de chauffe et l’alandier.

7Précédée par la destruction du four 2, la construction du four 3 impose d’abord d’élargir la fosse pour ménager l’espace nécessaire à la double chambre de chauffe. Pour élever le mur circulaire du laboratoire, une tranchée de fondation est creusée dans le remblai périphérique. Le matériel qu’elle contient, dans les parties explorées en C2 et C4, n’est pas abondant : deux sigillées gauloises –un fond d’assiette et une forme Drag. 18 fabriquée depuis les années 35 jusqu’au iie s.–, une protosigillée noire augustéenne et une pointe d’amphore P. 1 ou D.2/4 fréquente au ier s. Il suggère une construction vers le milieu du ier s. ou postérieure.

8Le four est installé dans une sorte de hangar couvert d’une toiture de tuiles supportée par des piliers à l’ouest et au nord, par un mur au sud. Autour du four et notamment à l’ouest dans l’axe du seuil ménagé dans le mur sud, un sol de circulation en terre battue est parfaitement conservé.

9Dans la fosse, la couche de cendre correspondant à l’utilisation du four 3 est bien repérée. Elle contient un peu de matériel qui accuse un fonctionnement dans la 2e moitié du ier s. et après : cinq fragments de céramique sigillée sud‑gauloise avec une forme Drag. 37 (postérieure à 60) et un tesson timbré carvs (Tibère‑Néron) ; un fragment d’amphore G.4.

10Durant son utilisation, le four est entretenu : on refait notamment le lutage de torchis des parois internes, dont on distingue encore les couches superposées. Mais certains arcs supportant la sole se dégradent : les plus proches du foyer, soumis à de très fortes températures, se délitent, et deux d’entre eux s’effondrent, finalement, sur la couche de cendre de la dernière cuisson, entraînant une partie de la sole. Devenu inutilisable, le four est abandonné. La fosse est d’abord comblée en plusieurs étapes : les couches stratifiées s’inclinent des bords vers le centre et pénètrent dans les alandiers et les chambres de chauffe dont elles ne comblent que la partie orientale, le fond restant vide. Plus tard, avec l’effondrement du laboratoire et de la toiture du bâtiment, le fond des chambres de chauffe se remplit totalement par le haut : essentiellement par le trou ménagé au niveau de l’arc effondré et par les trous de la sole (fig. 20). Le comblement de la fosse est constitué pour l’essentiel de couches très épaisses, peu nombreuses, composées de terre beige ou marron avec un matériel très abondant dont la densité croît du haut vers le bas. Le remplissage a été rapide, voire organisé : les couches sont peu tassées, le matériel est identique du haut jusqu’en bas, à plusieurs reprises des tessons d’un même vase sont répartis des couches supérieures aux couches inférieures. Nous considérons donc tout le comblement de la fosse comme un ensemble (tableau II).

Fig. 20 – Coupe no 1. Stratifications du comblement de la fosse et du four 3 : après l’effondrement d’une partie de la voûte de l’alandier, la fosse est comblée avant la salle de chauffe.

Tableau II – Matériel du comblement de la fosse du four 3. * : le matériel des alandiers n’est pas comptabilisé ici

11La masse de matériaux de construction est impressionnante, près de 6 tonnes pour un volume qui correspond à la moitié de la fosse actuellement fouillée. Tegulae et imbrices sont en proportion quasi égale, l’équivalent de 241 pour les unes, 233 pour les autres, ce qui permettrait de couvrir une toiture de 60 m2. On sait en l’occurrence qu’elles ne correspondent pas à la toiture du bâtiment, tombée plus tard, mais simplement à du matériel de rejet, comme les vases qui, sauf exception, ne sont pas entiers. En réalité les tonnes de matériel que l’on rencontre avec la même abondance dans le comblement des fours de Sallèles sont le reflet de l’activité ordinaire d’une telle officine où des objets sont fabriqués par milliers.

  • 1 Par ordre d’importance : Drag. 37, 37 ex. ; Drag. 29,13 ex. ; Drag. 24/25, 4 ex. ; Drag. 30, 3 ex.  (...)

12Tout naturellement, céramiques communes et amphores G.4 locales dominent de très loin en quantité l’ensemble des céramiques, mais la part des autres fournit des indications chronologiques. Globalement, les produits du début du ier s., voire augustéens (sigillée arétine ou noire, parois fines), comme ceux des iie s./iiie s. (sigillée claire et métallescente), sont rares en comparaison des céramiques sigillées sud‑gauloises. 70 des 141 tessons recensés appartiennent à des formes identifiables1, produites entre le début du ier s. et les premières décennies du iie ; mais la majorité d’entre elles (54 %) se classe parmi les vases fabriqués après 60 et jusqu’en 150 (Drag. 37 surtout et Drag. 35/36).

13Les sigillées claires A, 11 tessons, ne laissent définir qu’une forme 1A (Lamboglia 1958), dont la production commence à partir de 90. Dans le fond de l’alandier nord, un tesson à couverte orangée (fig. 21, no 1), se rapproche des sigillées claires B du iie s. de la vallée du Rhône, où cependant la forme n’est pas connue (Desbat 1980). Les vases striés de microsillons, suivant les auteurs classés ou non dans la sigillée claire, sont également présents avec deux types (fig. 21, nos 2, 3 et 4) : les formes 23 et 197 de Hayes (Hayes 1972), bien connues par ailleurs : Hayes 23 = Lamboglia 10 = Vegas 3 ; Hayes 197 = Vegas 5. La première est typique du iie s., tandis que la seconde dure du ier au iiie s. Les céramiques luisantes sont rares : un fond de vase à couverte brun orangé de type non défini et un vase entier à une anse avec une panse globulaire lisse et un vernis noir luisant (fig. 21, no 5), une forme connue à Lyon et dans le Midi, entre 130/140 et 180/200 (Desbat 1980 : 398, type 66).

Fig. 21 – Céramiques sigillées claires (1, 2, 3, 4) et luisante (5) du comblement du four 3. Echelle 1/4.

14Dans son ensemble, et compte tenu des proportions présentes, ce matériel s’accorde à placer le remplissage de la fosse vers le milieu du iie s., ou peut‑être dans la deuxième moitié, au moment où la production des sigillées Drag. 37, abondante jusque‑là, va cesser, tandis que commencent à se diffuser les céramiques métallescentes de forme 66.

  • 2 La datation a été obtenue par la mesure de la direction de l’aimantation rémanente de six échantill (...)

15Nous ne sommes pas très loin de la datation magnétique de la dernière utilisation du four 3 : +100 +20, proposée à partir des échantillons prélevés sur le four même2.

16Des trois fours successifs que le bâtiment I a abrités, nous ne pouvons pas dater le premier ; le second a toutes chances d’avoir fonctionné au cours de la première moitié du ier s. L’activité du troisième four est plus nette : construit après le milieu du ier s., il a été détruit vers le milieu du second. Les traces d’une longue utilisation, de l’ordre de trois quarts de siècle, se lisent dans les parois usées de la chambre de chauffe et les marques multiples d’entretien et de réparations. Après l’abandon du four 3, il n’y a plus trace d’occupation dans le secteur.

2.3 Le bâtiment II. (Fig. 16 et 22)

17Le bâtiment II et le four 4 sont érigés lors d’une même phase de construction suivant une orientation N./N.‑E., S./S.‑O. L’ensemble de la surface est d’abord excavée jusqu’au niveau du poudingue en place, sur lequel sont fondés les quatre murs du bâtiment (M02 à M05) et le sol de circulation intérieur, à 15 cm plus bas que le sol extérieur. Deux ouvertures sont ménagées dans la façade nord : un seuil en terre battue avec marche d’escalier et une large ouverture mettant en relation la fosse du four et la cour V. A l’est, dans le mur 02, un seuil à soubassement de galets donne un accès direct à la fosse du four 4, dans laquelle on descendait vraisemblablement par une échelle ou un escalier de bois. Le tiers est du bâtiment est entièrement occupé par le four et sa fosse, creusés sur une profondeur de 1,5 m environ dans le poudingue.

Fig. 22 – Vue d’ensemble du bâtiment II avec les fours 4 et 5.

Photo : F. Laubenheimer

18L’ensemble de la construction se laisse aisément dater par les céramiques de la tranchée de fondation du mur 05 –sigillée arétine Goud. 27, parois fines, amphores P. 1 et D.20 (tableau III)– et par une monnaie de Nîmes prise dans une brique crue du mur du laboratoire du four (Latour 1892 : n° 2778, frappée de – 28 à ‑ 9), qui forment un ensemble cohérent, datable dans une fourchette comprise entre – 10 et +10.

Tableau III – Bâtiment II et four 4 : céramiques des phases de construction, d’occupation et de destruction. En nombre de fragments, + indique la présence de plusieurs fragments.

19A l’intérieur du bâtiment, la couche d’occupation comprend, notamment, une pellicule de cendre de 2 cm d’épaisseur en moyenne, bien développée le long du four 4, plus discontinue ailleurs. Le matériel, très fragmenté, comporte surtout des matériaux de construction et de la céramique commune. La vaisselle à pâte claire est plus abondante (75 %) que la céramique sableuse (25 %). De nombreux fragments de vases destinés à la construction des voûtes et utilisés pour couvrir le laboratoire du four 4 ont été retrouvés mal cuits, voire crus. La couche d’occupation livre en outre un matériel typique du début du ier s. : sigillées sud‑gauloises, parois fines et lampes (tableau III).

20Au cours de cette phase, on construit le petit four 5 contre le mur ouest de la pièce (M04). Son édification est postérieure à celle du bâtiment II, sans qu’il soit possible d’évaluer le laps de temps qui les sépare. Le four 5 est en activité jusqu’au moment de la destruction de l’ensemble. La couche de cendres due à sa dernière utilisation contient deux fragments de sigillée gauloise, dont une assiette Drag. 18/31.

21La période de fonctionnement du four 4 se caractérise par une couche de cendre et charbons de bois incorporant de nombreux petits tessons, dans la fosse ; la cendre se prolonge dans l’alandier et la salle de chauffe, où elle est plus homogène. Le matériel est essentiellement constitué de céramique commune, avec, en particulier, une lampe à huile en pâte calcaire, neuve et sans doute locale. Il y a également des sigillées arétines (Goud. 27) et gauloises (Drag. 29), des parois fines et des tessons de lampes à couverte flammée.

22Pendant son activité, le four a nécessité divers travaux d’entretien : les parois internes ont été enduites à plusieurs reprises de torchis, la façade de l’alandier a été restaurée et un trou dans la sole a été bouché à l’aide d’un fragment de tegula. Toutefois, aucune détérioration importante n’est visible.

23Dans le laboratoire du four 4, quelques objets appartenant à la dernière cuisson ont été abandonnés sur la sole (fig. 23). Les imbrices, au moins 16 exemplaires, sont disposées dans des positions variées. Certaines sont verticales, adossées les unes aux autres, d’autres sont empilées horizontalement ou bien placées sur chant contre la paroi. Elles sont regroupées dans un angle du laboratoire. Il restait également 59 pesons trapézoïdaux, répartis sur la sole en deux groupes sans ordre apparent. Les tegulae trouvées à cet endroit sont désorganisées ; elles font peut‑être partie du chargement, mais peuvent également provenir des structures détruites.

Fig. 23 – Sur la sole du four 4, les restes du chargement de la dernière cuisson et de la voûte du laboratoire (1), imbrices empilées de chant (2), ou à plat (3), ou placées verticalement à côté de pesons (4).

Photos F. Laubenheimer

24La destruction du bâtiment II se fait en plusieurs étapes. Dans un premier temps, le solin en galets du mur M03 s’effondre partiellement. Ensuite, c’est la toiture qui cède, comme en témoignent les tuiles retrouvées en lit continu au‑dessus de la couche d’occupation. Au centre du bâtiment, les objets sont le plus souvent horizontaux, alors que, le long des murs, ils accusent un fort pendage. La voûte du laboratoire du four 4 s’écrase sur la sole et les objets de la dernière cuisson restés en place.

  • 3 Datation faite par J.‑F. Saliège au Laboratoire d’hydrologie et géochimie isotopique à Orsay, sous (...)

25Au fond de la fosse du four 4, on retrouve également un niveau de tuiles correspondant à l’effondrement de la toiture. Ces tuiles sont accompagnées de grands fragments de céramique commune, en particulier trois vases de la voûte et deux lampes à huile neuves à pâte calcaire (type I de Leibundgut, ier s. av. J.‑C.). Au‑dessus de cette couche de destruction, le comblement de la fosse est complètement différent. Une dizaine de couches de nature très contrastée, argiles diverses, tuiles complètes, cendres, poudingue remanié, s’inclinent vers l’entrée du four qu’elles bouchent. Il s’agit d’un remblai organisé et volontaire, sans doute assez rapide. Les cendres d’un de ces niveaux ont fait l’objet d’une datation au 14C qui donne la fourchette +30 ±40 ans3. La salle de chauffe, protégée par la sole, reste vide, mise à part la fine couche de terre d’infiltration déposée sur le sol.

26Sur la toiture effondrée et la fosse comblée se répand une épaisse couche d’argile crue, hétérogène, qui correspond à la dégradation des murs de terre du bâtiment et du four. On trouve, associés à cette couche, des fragments de matériaux de construction cuits, de la céramique commune, de la sigillée sud‑gauloise, des vases à parois fines, des lampes à couverte flammée et des amphores importées.

27Le matériel des couches d’occupation et de destruction du bâtiment II est, dans l’ensemble, assez homogène et ne laisse pas voir une franche coupure chronologique entre l’une et l’autre phases. Une nouveauté par rapport à la phase de construction : l’apparition de la sigillée sud‑gauloise. Assez importante, elle comprend exclusivement des formes créées avant le milieu du ier s. Le reste du matériel : parois fines, lampes, amphores importées, se classe sans difficulté dans le ier s. Au total, il apparaît que le bâtiment II, construit au tout début du ier s. (–10/+10), est utilisé pendant une quarantaine d’années, sa destruction devant être placée vers le milieu du siècle. Sur le bâtiment détruit et arasé, on établit un remblai qui supporte un sol de circulation. Le matériel du remblai est pauvre : matériaux de construction essentiellement accompagnés de céramiques communes et de fragments d’amphores G.4, qui apparaissent pour la première fois dans ce secteur. Le nouveau sol de circulation est en relation stratigraphique avec le bâtiment I et le four 3 (fig. 24). Lorsque ce très grand four à double alandier fonctionne, le bâtiment II a disparu et le niveau de circulation du bâtiment I se développe sur la totalité de la surface de l’ancien bâtiment II. La couche arable vient ensuite recouvrir le tout.

FIG. 24 – Coupe N.‑S. no 2, bâtiments I et II : le sol de l’état IV s’établit au‑dessus du four 4 ruiné. Croisillons = couche de cendre.

2.4 Le bâtiment III. (Fig. 16 et 25)

28Ce vaste édifice rectangulaire (22,5 x 14,5 m) est construit d’un seul bloc, suivant une orientation N./N.‑E., S./S.‑O., la même que celle du bâtiment II. Il a été presque entièrement fouillé ; seule la zone sud n’est qu’en partie explorée. La partie ouest du bâtiment est oblitérée par la superposition d’un édifice plus récent (VI). Une petite pièce (IIIa) a été aménagée dès la construction dans l’angle N.‑E. Il n’est pas exclu qu’une autre subdivision limite au sud le vaste volume de la pièce IIIb.

FIG. 25 – Vue aérienne d’une partie du quartier artisanal, au centre, le bâtiment III.

Photo F. Laubenheimer

29Dans une première période, un sol de terre battue, aménagé au‑dessus du sol naturel, est reconnu en divers points de la pièce IIIb par des sondages ponctuels, mais n’apparaît pas dans la pièce IIIa. Il n’a pu être daté.

  • 4 Identification J.‑C. Richard et G. Depeyrot que nous remercions.
  • 5 Datation magnétique réalisée par le Dr. lan Hedley, comme celle du four 3.

30Dans une deuxième période, on le remblaye par une couche de limon orangé pour établir un nouveau sol de terne battue (no 23.) qui se développe dans la totalité du bâtiment. La fouille de la pièce IIIa, menée jusqu’au sol naturel, permet de dater ce remblai du début du ier s., vers la deuxième décennie, par la présence d’un matériel caractéristique : céramique à vernis rouge pompéien, parois fines, fragments d’amphores P. 1, céramiques sigillées de formes précoces Drag. 19, 2 ex., Drag. 24/25, 2 ex., Ritt. 5, 3 ex., un demi‑as de Nîmes, probablement du premier type, avec contremarque DD au revers, daté de 28‑27/9 av. J.‑C. et un as de Nîmes entier, émis entre 8 et 3 av. J.‑C.4. Avec l’aménagement du sol 23, intervient la construction du four 6, dont la fosse est creusée dans le sol naturel (fig. 26), La période d’activité de cette phase fournit peu de documents chronologiques : un tesson de céramique sigillée Drag. 24/25 dans la couche d’occupation du sol 23 et un tesson de céramique arétine dans la couche de cendre déposée au fond de l’alandier 6. S’y ajoute la datation magnétique de la dernière utilisation du four, proposée par l’analyse de 6 échantillons prélevés sur les arcs et sur la sole : +70 ±305. On peut estimer par la datation des couches supérieures que le four 6 a duré entre 30 et 50 ans, ce qui entre bien dans la fourchette proposée.

Fig. 26 – Coupe no 3 dans l’axe N.‑S. du bâtiment III et du four 6. Croisillons = couche de cendre.

31La destruction partielle du four est le signal d’une nouvelle période d’aménagement : la voûte de l’alandier s’effondre sur la cendre de la dernière cuisson ; le mur du laboratoire s’écroule à son tour et toute la façade bascule au fond de la fosse (fig. 27). Le comblement de la chambre de chauffe par le haut, au travers d’une partie de la sole effondrée, comporte essentiellement des tuiles. La fosse est totalement remplie par des couches stratifiées, riches en fragments de tuiles (fig. 26). Achevant de faire disparaître le four, un vaste remblai (c. 35) est déposé dans tout le bâtiment pour servir d’assise à un nouveau sol en terre battue (sol 33). Il contient une imitation d’as de Claude. On modifie également l’architecture : le passage entre les pièces IIIa et IIIb est élargi ; on abat une partie du mur O13 pour mettre en place un vaste seuil de 3,5 m de long, séparé en deux parties par un pilier central. Le bâtiment a perdu sa fonction d’espace à cuire les céramiques pour la pièce IIIb, tandis que la pièce IIIa se voit attribuer une fonction très particulière : elle est transformée en nécropole de nouveau‑nés et nourrissons.

Fig. 27 – Vue du mur d’adobe du laboratoire du four 6, effondré dans la fosse.

Photo F. Laubenheimer

  • 6 La fouille, menée en collaboration avec l’équipe du Laboratoire d’anthropologie de l’université de (...)
  • 7 Les découvertes récentes se multiplient en Languedoc. La comparaison la plus proche est l’oppidum d (...)

32Douze sujets inhumés le long des murs6 sont d’âge périnatal ou au mieux de quelques mois (6 à 8 au maximum). L’inhumation se fait dans une fosse creusée dans le remblai 35 qui est recouverte ensuite d’une tuile. On observe des rites différents suivant l’âge : les tombes des plus jeunes enfants sont recouvertes d’un fragment de tegula ; pour les plus âgés, on utilise des morceaux de tuiles plus importants, voire des tuiles entières ; une tombe est même construite avec un coffrage de tuiles. La pratique extraordinaire qui associe les nourrissons et nouveau‑nés défunts au cadre de la maison n’est pas étrangère à la région : elle se constate sur la longue durée, depuis le vie s. av. J.‑C. jusqu’au ier s. ap. J.‑C. D’autres cas, plus anciens que le nôtre, sont signalés en Languedoc et en Catalogne7 ; ils inscrivent la nécropole de Sallèles dans le cadre d’un usage funéraire qui peu à peu se révèle comme assez développé dans le Midi celtibérique. Pour la première fois cependant, à Sallèles, la nécropole est associée non à un habitat, mais à un lieu de travail, à un quartier artisanal où des fours fonctionnent alentour. Pour la première fois aussi, il s’agit véritablement d’une nécropole organisée, et non de sépultures exceptionnelles.

33Seuls les nourrissons les plus âgés bénéficient d’offrandes, qui fournissent des indications chronologiques précises. Dans un cas, c’est une fibule du type 3b1 de M. Feugère (Feugère 1985 : 196) fabriquée à partir des années 10/15 de notre ère et jusqu’au règne de Vespasien : elle retenait le lange ou le linceul de l’enfant. Dans un autre, une offrande alimentaire était contenue dans une petite coupe à paroi fine et décor moulé, de forme Hermet 9, fabriquée à La Graufesenque ou à Montans entre Tibère et Néron. Elle est accompagnée d’une lampe à huile du type Firmalampen (Deneauve IXA). Elle est signée MYRO in planta pedis et appartient très vraisemblablement au début de la production, vers 60‑70 de notre ère, comme une lampe similaire trouvée dans le matériel d’Herculanum et de Pompéi (Pavolini 1977).

34Etabli à l’époque de Claude, ou peu après, ce troisième état du bâtiment III fonctionne au milieu et dans la seconde moitié du ier s. Le bâtiment III est ensuite détruit, les murs de terre s’effondrent, noyant fondations et sols d’une épaisse couche de limon orangé. Le matériel, assez rare (amphores G.4, céramique commune et sigillée...), est caractéristique de la fin du ier s. et du début du iie s. Dans les années 60, la nouvelle organisation du quartier commandée par le grand four 3 fait disparaître l’ensemble solidaire que constitue le bâtiment II, la cour IV et vraisemblablement le bâtiment IIIb. La pièce Ilia, avec la nécropole, est conservée plus longtemps.

35Lors d’une quatrième étape, dans le terrain vague qu’est en quelque sorte devenu le bâtiment III, on enterre encore trois nouveau‑nés au‑dessus de la pièce Ilia, la mémoire du lieu de la nécropole étant encore très nette, cependant que, dans le même espace, on creuse une fosse à déchets, en relation sans doute avec le nouveau bâtiment VI. La couche arable recouvre le tout.

2.5 La cour IV et le puits. (Fig. 16 et 28)

36Entre les bâtiments II et III, et dans la même orientation, se trouve délimitée une petite cour. Ouverte au nord sur la grande cour V, elle donne accès, au sud, au bâtiment I et peut‑être à un puits.

Fig. 28 – Coupe de la cour IV et du bâtiment II, no 4, E.‑O.

37Un très vaste puits (5 x 2,5 m), en effet, est en fonction aujourd’hui à cet emplacement. Il servait jusqu’à une époque récente à arroser les vignes à l’aide d’une noria, comme cela se pratiquait de façon habituelle dans tout ce territoire de garrigue, où il est facile de puiser l’eau dans la nappe phréatique peu profonde. Le puits est taillé dans l’épaisse couche de poudingue qui ne nécessite guère qu’on consolide les parois. Les fragments d’amphores G.4 et de matériaux de construction trouvés lors du curage ne sont en rien la preuve de son antiquité. On remarque, en revanche, son orientation, qui suit celle des bâtiments II et III, et plus encore son implantation : il s’encastre contre le mur du bâtiment III à l’ouest et dans l’alignement des piliers du bâtiment I à l’est. Cela ne peut être un hasard, mais s’explique aussi par l’orientation des limites de parcelle qui s’aligne sur celle des murs antiques. Au reste, si l’on creuse à l’époque moderne aux alentours du mur du bâtiment III, on peut tout naturellement décider de le réutiliser en bordure. Deux observations encore laissent croire pourtant qu’il y avait là un trou : le pilier N.‑O. du bâtiment I a reçu, à la différence du pilier N.‑E., une fondation particulièrement forte de pierres calcaires, comme s’il faisait face à un vide... ; dans la cour IV, deux canalisations d’évacuation d’eau, orientées parallèlement aux murs, pourraient être reliées au sud à un puits ou à un puisard. Signalons encore l’aménagement d’un sol de cailloutis compact dans la cour IV, aux abords du puits. Il paraît difficile de trancher sur la présence d’un puits antique à cet emplacement, tant que les abords de tous côtés n’auront pas été fouillés.

38Dans la cour IV, la situation est plus claire. Sur un remblai stérile déposé sur le poudingue géologique, un sol de terre battue (sol 22) est aménagé dans la plus grande partie de l’espace. Il est délimité, dans la zone ouest, par un bassin de décantation rectangulaire appuyé sur le mur 07 à l’ouest et taillé dans le remblai stérile et dans le poudingue sur environ 0,40 m de profondeur. Le bassin est bordé de tegulae.

39Lorsqu’il est utilisé, de l’argile fine, verte, est mise à décanter avec de l’eau. Dans la couche résiduelle encore en place se trouve un matériel très bien daté : outre quelques fragments de matériaux de construction et des céramiques communes, on compte des amphores importées, des parois fines et des sigillées arétines en quantité significative (tableau IV). L’ensemble du matériel, joint à l’absence de sigillées sud‑gauloises, place la phase d’utilisation du bassin dans les toutes dernières années du ier s. av. J.‑C.

  • 8 Deux exemplaires semblables ont été trouvés dans le comblement du bassin de décantation 1001 dans l (...)

40Alors que l’on continue à utiliser le sol 22, le bassin, abandonné, est comblé et nivelé. Le sol 22 prolongé couvre désormais la totalité de la surface de la cour. Le comblement du bassin est fait de diverses couches de cendre et d’argile au matériel abondant : céramique commune, parois fines, amphores importées, un fragment d’assiette campanienne, lampes, en particulier un médaillon représentant une ménade (forme XII de Leibundgut, datée d’Auguste à Claude)8 ; à côté de la sigillée arétine, apparaît de la sigillée gauloise avec les formes Drag. 17 et Drag. 27, caractéristiques des premières productions qui commencent dans les années 10. L’ensemble du matériel indique un abandon du bassin dans les années +10/+20. La couche d’occupation du sol 22 fournit un matériel analogue à celui du comblement du bassin (tableau IV). Abandonné à son tour, le sol 22 est remblayé lors de transformations importantes de la cour : construction d’une cloison entre les murs 04 et 07, qui ferme l’espace au nord, en ménageant une porte à l’angle N.‑O. sur la cour V, couverture du nouvel espace par une toiture de tuiles, mise en place d’un nouveau sol en terre battue (sol 3). Le remblai sous‑jacent offre un matériel abondant : matériaux de construction, céramique commune, parois fines, lampes et amphores importées, sigillée arétine et surtout gauloise. Les tessons les plus récents sont des fragments de Drag. 15/17, dont la production débute en 30 ap. J.‑C. ; c’est à ce moment là, ou un peu plus tard, que l’on peut dater le réaménagement complet de l’espace en cour couverte. Sur le sol 3 on installe un caniveau recouvert d’imbrices emboîtées qui se dirige de la cour IV vers le puits, dont les abords sont rechargés par un cailloutis. La couche d’occupation du sol 3 livre un matériel abondant : des amphores d’importation et les premières G.4, des lampes, des objets en verre, des parois fines, un vase à engobe blanc de Montans, et de la sigillée. Un fond d’assiette arétine, très usé, est signé par Zoilus, un esclave d’Atéius. L’estampille ZOILI, déjà connue (Oxe, Comfort 1968 : nos 181‑156), date du début de la période augustéenne et voisine avec des fragments de sigillée gauloise Drag. 37. Ce niveau a donc été utilisé au moins jusqu’aux années 60 où débute la production des Drag. 37.

Tableau IV – Cour 4 : céramiques caractéristiques des diverses phases. En nombre de fragments ; + indique la présence de plusieurs fragments.

41Au moment de sa destruction, tout au moins, la cour couverte faisait fonction d’entrepôt pour la vaisselle en céramique commune à pâte claire fabriquée sur place. Un lot de vases entiers, prêts à la vente, occupait la moitié de l’espace (tableau V). Il a été écrasé sur place par la toiture. Certains vases explosent littéralement et les fragments volent dans toute la cour. Comme pour le bâtiment II voisin, les murs de terre se désagrègent peu à peu et recouvrent le tout.

Tableau V – Vases de céramique commune à pâte claire entreposés dans la cour IV, sur le sol 3. (La définition des formes est donnée au chapitre 4).

42Suivant un schéma parallèle, on retrouve ici les mêmes étapes que dans le bâtiment II voisin : sur la toiture effondrée, viennent se répandre les murs de terre désagrégés ; sur les constructions ruinées et arasées, un nouveau sol est mis en place : il s’agit du niveau de circulation contemporain du bâtiment I et du four 3. Le matériel, très pauvre, est composé uniquement de matériaux de construction, avec quelques tessons d’amphores G.4.

43A proximité du puits, il y a des traces d’aménagements postérieurs. Des tuiles posées à plat et empilées sur plusieurs assises semblent former une bordure. L’état de conservation ne permet pas de les interpréter et il n’y a aucun élément de datation.

Fig. 29 – Bassin 1001 et fosse 1006 : plan et coupe no 5

2.6 La cour V. (Fig. 16)

44Ce vaste espace extérieur se délimite au sud par le bâtiment II et la cour IV, à l’ouest par le bâtiment III. On ne connaît pas son extension vers le nord ni vers l’est. Cette sorte de cour organise la circulation vers les ateliers et contient elle‑même, suivant les époques, des zones de travail. La fouille de la cour n’étant pas exhaustive, les états les plus anciens sont connus ponctuellement.

45Avant même que la cour ne soit cour par la construction des bâtiments adjacents, on élève au sud, en C 6‑7, un mur (M00) orienté est‑ouest, large de 0,50 m et long de 8,50 m pour la partie reconnue. La fondation conservée, constituée d’un blocage de petits galets, de fragments de tuiles et de tessons, ne pouvait supporter qu’une élévation légère. Un sol de cailloutis (no 74) est en relation avec ce mur. Sol et mur fonctionnent avant l’édification du bâtiment II, dont le mur est (M02) recouvre en partie la structure 00. Un fragment de céramique arétine pris dans la construction indique qu’elle n’est pas antérieure à la période augustéenne.

46Dans un second état, après l’édification des ateliers voisins, un sol en terre battue (no 66) se développe dans le sud de la cour : passant au‑dessus du vieux mur 00, il s’interrompt au bord de la fosse du four 4 et fonctionne lors de la première utilisation du bâtiment II. C’est sans doute le même sol qui apparaît dans la partie ouest (no 41), face au bâtiment III, contre le mur 011. La couche d’occupation (nos 37 et 43) fournit de la céramique arétine, dont deux calices Drag. 11. Vraisemblablement à cette période, on creuse une fosse circulaire (no 1006) ou plutôt un puisard (diamètre moyen 1,30 m, profondeur 0,60 m) destiné à recueillir les eaux de ruissellement des bâtiments voisins, drainées par un caniveau ouest‑est (fig. 29).

47Un troisième état voit se mettre en place un sol de cailloutis (n° 40), reconnu dans toute la partie sud jusqu’à la fosse du four 4, au bord de laquelle il s’interrompt, et jusqu’au mur 05, sur lequel il s’appuie. Le puisard 1006 est comblé rapidement. Le matériel, très diversifié, correspond à celui d’une poubelle : vases incomplets, à la fois céramique de cuisine à pâte grossière, commune à pâte claire, poterie de tradition de La Tène, parois fines, sigillées arétines et gauloises, verre, objets métalliques, os d’animaux... Les formes de sigillée gauloise et arétine (Drag. 24/25 et Goud. 23), les parois fines et un fond de céramique commune du type Vegas 14 placent assurément le comblement dans la première moitié du ier s., à partir de la deuxième décennie. On installe au‑dessus un vaste bassin de décantation d’argile rectangulaire (4,50 x 3 m) qui coupe le sol 40 et s’inscrit dans le sol naturel (fig. 29). Le caniveau qui alimentait la fosse 1006 a été conservé à un niveau supérieur, pour drainer les eaux de la cour dans le bassin 1001. Au fond du bassin, une couche d’argile verte à décanter, épaisse de 6 cm, est encore en place. Elle contient peu de matériel, uniquement des tessons de céramique commune à pâte claire. Après avoir été utilisé pendant quelques dizaines d’années, vingt à trente ans semble‑t‑il, le bassin est abandonné, les tuiles du pourtour arasées et l’on procède volontairement, sur 0,13 m d’épaisseur, à un comblement rapide (fig. 30), jetant des tuiles, des briques et du torchis (294 kg) et surtout des quantités de vases de céramique commune à pâte claire (498 kg) qui se sont brisés sur place (on compte près de 90 000 tessons). On a pu reconstituer 358 vases, de 20 formes différentes, comprenant divers modules (tableau VI).

Fig. 30 – Vues de la couche 1002 : comblement du bassin 1001 ; 1 vue d’ensemble, 2 et 3 vues de détail.

Photos F. Laubenheimer

Tableau VI – Vases du comblement du bassin 1001.

48La présence de vases déformés ou fendus, les séries avec des modules et l’homogénéité du dépotoir montrent à l’évidence qu’il s’agit d’un lot de vases refusés au moment du défournement. Cet ensemble représente une large partie de l’éventaire du (ou des) potiers à un moment précis que l’on peut dater à l’aide d’un petit lot de matériel complémentaire jeté dans le bassin.

49Ce sont d’abord 14 lampes à huile dont la typologie fait référence à Auguste et au début du règne de Claude pour la forme XII (typologie de Leibundgut, 1977), à Tibère‑Claude pour la forme V et plus largement au ier s. pour les formes X, XI, et XIII. Ce sont aussi, parmi 25 petits fragments de céramique sigillée sud‑gauloise, deux formes : un morceau d’assiette R.1 ou D.18, et deux fragments d’assiette D.15‑17 (ou D.15 ou D.17), des formes créées au cours de la première moitié du ier s., après 30. L’ensemble du matériel suggère une datation autour des années 30‑50 de notre ère, en bon accord avec celle du comblement du puisard, à partir de 20.

50Pendant le troisième état encore, la cour V est séparée de la cour VI par un mur (M06), au nord duquel une fosse circulaire de 1,20 m de diamètre est creusée : son ouverture est bordée de galets posés sur le sol 40. Elle est par la suite comblée jusqu’au niveau du sol 40. Enfin, à l’est de la pièce a du bâtiment III, les murs 011 et 010 sont doublés d’une structure grossière de pierres calcaires, irrégulières, dont la fonction n’est pas claire.

51Les traces d’une probable activité postérieure dans la cour ont été détruites par les labours ; une couche de destruction (c.19 : limon orangé venu des murs de terre) recouvre l’ensemble de la surface. Après l’abandon, à une date non définie, une tombe en coffrage de tuile est installée au centre de la cour.

2.7 Le bâtiment VI. (Fig. 16)

52A l’ouest du quartier, le bâtiment VI vient se superposer en partie au bâtiment III, arasé et remblayé. Il est le témoignage le plus récent d’un remodelage complet, qui va même jusqu’à changer l’orientation des constructions. L’orientation à 31°4, qu’avait imprimée aux édifices du ier s. l’ancien cadastre B de Béziers, est totalement abandonnée au profit d’un axe à 45° est qui ne s’inscrit dans aucune trame cadastrale connue pour le moment.

53La partie ouest du bâtiment, qui a été fouillée, montre un vaste édifice rectangulaire : un large seuil ouvert au nord donne un accès direct à la fosse d’un très vaste four au centre de l’espace. La moitié du four et la moitié de la fosse seulement ont été fouillées en suivant l’axe médian de la construction, ce qui permet de mettre en valeur la coupe globale du comblement sur toute sa longueur (fig. 31) et suffit à donner les éléments stratigraphiques et chronologiques nécessaires à l’analyse. Dans la fosse, un pilier carré fait de tuiles de récupération est érigé pour supporter la toiture. Deux anomalies magnétiques importantes, situées immédiatement à l’ouest du four 7, n’ont pas été explorées, mais laissent présager une situation complexe avec plusieurs fours juxtaposés dans l’espace et/ou dans le temps.

Fig. 31 – Coupe no 6. Comblement du bâtiment VI et du four 7. Croisillons = couche de cendre.

  • 9 Identification J.‑B. Giard, que nous remercions.

54Sur le bâtiment III, remblayé, la partie ouest de l’édifice VI est construite d’un même élan : les murs 015 et 016 sont solidaires. Dans la fondation du mur 015, sous l’assise inférieure de pierres, un as léger (6,7 g) de l’impératrice Plautille, femme de Caracalla9, émis à Rome entre 202 et 205 (Mattingly, Sydenham, V, 1975 : n° 805) date la construction du début du iiie s. au plus tôt.

55Le four est édifié à la même époque, dans une fosse très vaste, taillée en pente douce depuis le mur nord‑est dans le poudingue géologique. Les amphores G.4 sont utilisées dans la construction du four et du pilier. La couche initiale d’utilisation du secteur (fig. 31) est marquée, dans la fosse, par le dépôt d’une couche d’argile plastique verte (couche 31) qui s’étend jusqu’aux abords extérieurs du bâtiments au N.‑E. Couche de circulation sans cesse rechargée par la même argile, dont l’épaisseur varie des bords vers le centre de la fosse. Elle contient surtout de petits tessons de céramique commune écrasés à plat, des fragments d’amphores G.4 et quelques sigillées avec des restes de nourriture (os, coquillages) et même quelques fragments d’enduits peints. Aux abords et à l’intérieur du four, elle fait place à une couche de cendre noire et de charbon de bois, témoins de son fonctionnement dans son premier état (couche 31) qui se prolonge jusqu’au fond de la chambre de chauffe (couche 46). Elle contient des fragments de tuiles, de céramique commune et d’amphores G.4. On remarque que les amphores G.4, présentes partout, dans la construction comme dans les couches d’utilisation, tiennent une place prépondérante dans la production, comme le confirment les dépotoirs amoncelés à l’extérieur du bâtiment au nord près du seuil et au nord‑est sur les ruines de la pièce IIIa.

56Près du pilier, dans la grande fosse, une petite fosse grossièrement circulaire est aménagée, semblable à celle qui était naguère installée dans la cour V, dont la fonction reste tout aussi incertaine. C’est durant cette période que l’on construit une petite pièce (VIa) dans l’angle nord‑est de l’édifice, tandis que l’accès principal du bâtiment est amélioré : un seuil rehaussé est construit en tuiles. Le four est légèrement modifié par l’adjonction d’un pilier dans l’alandier : pour le consolider ou, en le rétrécissant, obtenir un meilleur tirage.

57Suit, à une période que nous ne pouvons dater, une phase d’intenses destructions. Plusieurs effondrements se produisent dans le four qui devient inutilisable : la façade s’écroule en partie (couche 9) ; l’alandier se bouche par la chute des superstructures en briques crues, qui s’écrasent sur le sol en formant un tas (couche 39) ; au fond du four, se dépose une couche importante (couche 43) d’éléments trop cuits qui correspond probablement à la sole. La fosse est partiellement comblée par l’effondrement des murs et de la toiture (couches 13 et 7) qui recouvrent aussi la pièce VIa. Le bâtiment est totalement détruit. Après cet épisode catastrophique, assez rapide, le four ruiné et la fosse finissent de se combler progressivement.

58Par la suite, pourtant, le four connaît une deuxième phase d’activité. Dans un espace réduit qui ne comprend que l’ancienne salle de chauffe, fonctionne un nouveau four, exhaussé par rapport au premier, et nettement plus court. Une couche de cendre importante (couche 40) en fait foi. Des modifications dans l’agencement du four interviennent, lorsque, sur cette couche de cendre fortement indurée, on place deux piliers de briques et tuiles pour soutenir la sole. On ignore si le four est alors à l’extérieur ou dans une construction : les niveaux tardifs ont été complètement détruits par les cultures, hormis les parties profondément creusées comme les fosses.

59La destruction finale est marquée par l’effondrement de la sole et des structures dominant la salle de chauffe, qui la comblent totalement la couche 1 comporte un énonne matériel composé surtout de fragments de tuiles, d’amphores G.4 et de céramiques communes, le plus souvent trop cuit. La couche arable domine le tout.

60Construit au début du IIP s., le four 7 connaît de multiples remaniements, au cours d’une durée de vie sans doute longue, mais que nous ne savons pas évaluer. En effet, le matériel énorme fourni par la moitié fouillée du bâtiment (tableau VII) avec ses 5,5 tonnes de tuiles, 300 kg de briques, 655 kg de déchets de cuisson, 209 kg d’amphores G.4, 16,5 kg de céramique commune et 7 fragments de céramiques sigillées gauloises résiduelles, ne se laisse pas aisément dater. Une indication est peut‑être à trouver dans le marli d’une assiette creuse, orangée, à décor estampé de rouelles (fig. 32), caractéristique des productions narbonnaises et marseillaises du ive s. (Rigoir 1968 : 199, 200 ; Rigoir 1978 : 215). C’est le tesson le plus récent du site trouvé dans la couche arable, au‑dessus du four 7. S’il n’est pas démontré que l’atelier a duré jusqu’au ive s., les divers états successifs du four 7 apportent la certitude d’un fonctionnement sur plusieurs dizaines d’années au IIP s. La production d’amphores G.4 est encore importante à cette période.

Tableau VII – Matériel du bâtiment VI.

Fig. 32 – Marli d’assiette sigillée paléochrétienne à décor estampé. Echelle 1/2.

2.8 Le bâtiment VII

61Le bâtiment VII est peu connu ; il est simplement localisé par un sondage sur l’emplacement de l’anomalie magnétique provoquée par le four 8.

62Un édifice à mur de pierre (première assise), dont seul un angle est repéré, est élevé dans une orientation N./N.‑O., S./S.‑E. Contre le mur S./S.‑E., vient s’adosser un four, dans la même orientation. Il est arasé au niveau du départ des arcs ; la sole se trouvait plus haut que le sol actuel. Sur le fond de la salle de chauffe, une couche de cendre témoigne de la période d’utilisation du four. Elle contient des céramiques communes à pâte calcaire. Au‑dessus s’est déposé un remblai de près de 1 m d’épaisseur où se mêlent un limon rougi par la chaleur et une grande abondance de tuiles, briques et torchis, venus sans doute de l’effondrement de la structure, avec quelques céramiques communes à pâte calcaire. La couche arable recouvre le tout. Les indications chronologiques sont rares, nous retiendrons l’orientation des constructions, en accord avec celle du bâtiment VI, qui correspond au remodelage de l’atelier au iiie s. Au reste, les céramiques communes du comblement du four 8 sont, également, caractéristiques de cette période tardive.

2.9 Conclusion

63En conclusion, la confrontation de l’évolution des divers bâtiments conduit à une synthèse globale de l’évolution chronologique du quartier état par état (tableau VIII).

Tableau VIII – Evolution des bâtiments et des fours dans le temps.

2.9.1 Etat I

64De l’état le plus ancien de l’atelier nous connaissons peu de choses :
– dans la cour V, une construction mal déterminée, avec un mur isolé (M00), associé à un sol de cailloutis ;
– dans le bâtiment I, il est possible que le four 1, le plus ancien, mais que nous ne savons pas dater, fonctionne à cette période.

2.9.2 Etat II. (Fig. 33)

65Des années – 10 à +20, l’état 2 est un moment de construction active. Dans un même élan, on voit s’édifier dès le début le bâtiment II avec son four 4 et le bâtiment III également. L’aménagement de la cour IV se fait aussitôt après. Le bassin de décantation est construit ; sa paroi ouest prend appui sur le mur est du bâtiment III, et le sol de circulation 22 qui l’entoure vient mourir contre le mur ouest du bâtiment II. Dans la cour V, où le mur 00 a été détruit, se mettent en place un sol de terre battue et un système de drainage de l’eau avec caniveau et puisard (1006). A la fin de l’état II, dans les années +15/+20, les moyens de production se renforcent : le bâtiment III, dont on ignore la fonction précise jusqu’alors, reçoit aussi un four (four 6). Fonctionnent alors en même temps les fours 4, 5 et 6 et très vraisemblablement le four 1 dans le bâtiment I.

Fig. 33 – Etat II du quartier artisanal (–10/0 à +15/+20).

Dessin S. Eusèbe

2.93 Etat III. (Fig. 34)

66Des remaniements importants interviennent à partir des années 20. Il y a d’abord une mutation pour les bassins de décantation d’argile : celui de la cour IV est abandonné et comblé ; dans le même temps, le puisard de la cour V est comblé, et un nouveau bassin de décantation, plus grand que le précédent, est construit juste au‑dessus de la fosse 1006.

Fig. 34 – Etat III du quartier artisanal (+20 à +60).

Dessin S. Eusèbe

67La cour IV se transforme à nouveau peu après : on érige un mur qui la ferme au nord, on la couvre d’une toiture et son sol est surélevé. Elle devient alors un entrepôt de céramique. Les fours 4 et 6 fonctionnent toujours au début de cette période, entre +20 et +40. Au cours de la décennie suivante, des transformations radicales interviennent dans le bâtiment III : le four, ruiné et comblé, disparaît sous le remblaiement qui recouvre la totalité des pièces IIIa et IIIb ; le passage entre les deux pièces est élargi par un seuil à double circulation. Dans ce bâtiment, qui a perdu sa fonction de cuisson, mais reste au cœur d’un atelier en activité, s’installe la nécropole de nouveau‑nés et nourrissons dans la pièce IIIa. Dans le bâtiment I, le grand four 2, que nous datons mal, semble en activité au moment où le four 6 disparaît. Le bassin de décantation de la cour V, après avoir été utilisé pendant une vingtaine d’années, est rapidement comblé, sorte de signal d’une nouvelle époque qui connaît d’abord la destruction globale du quartier. En effet, vers le milieu du ier s. ou dans la décennie suivante, le bâtiment II, la cour IV et peut‑être le bâtiment IIIb sont arasés, tandis que le four 2 disparaît à son tour.

2.9.4 Etat IV. (Fig. 35)

68C’est dans les années 60 que tout bascule et se transforme. Les deux fours qui fonctionnaient (four 4 et four 2) sont supprimés. En revanche, des travaux très importants créent le bâtiment I dans son état récent et le grand four 3, d’un type nouveau avec son double alandier. Le sol de circulation autour du four se prolonge hors du bâtiment vers le nord et s’installe sur les vieilles structures remblayées. La pièce de nécropole, IIIa, reste en fonction jusqu’à la fin du ier s. ou le début du iie s. avant d’être détruite. Le four 3 fonctionne longtemps, près d’un siècle ; il est abandonné et comblé dans les années 140‑160 vers le milieu ou la seconde moitié du iie s.

Fig. 35 – Etat IV du quartier artisanal au IIe s.

Dessin S. Eusèbe

2.9.5 Etat V. (Fig. 36)

69Plusieurs dizaines d’années s’écoulent vraisemblablement entre l’abandon du four 3 et la création du four 7. Peut‑on parler d’un hiatus, d’une pause dans l’activité de l’atelier ? Certainement non, tant que la totalité des fours du quartier artisanal n’aura pas été fouillée ; nous en connaissons à peine la moitié... Au reste, il n’est pas impossible que le four 8, approximativement daté de l’état IV à l’état V par la céramique commune qu’il contient, assure la continuité.

Fig. 36 – Etat V du quartier artisanal (IIIe s.).

Dessin S. Eusèbe

70Avec l’édification du bâtiment VI, au début du iiie s., s’opère une véritable mutation dans l’officine, quand se met en place une nouvelle politique d’aménagement suivant une orientation différente. S’y rattachent vraisemblablement le bâtiment VII et peut‑être d’autres constructions à l’ouest et au sud dans la zone non fouillée. C’est une phase de production en masse qui nécessite un module de four aussi important que le no 7. Les amphores G.4 sont largement fabriquées. Phase qui se développe dans une longue durée que nous maîtrisons mal, mais dont nous percevons les pulsions au cours desquelles tel four se défait puis se refait... L’état V nous conduit à fixer, au cours du iiie s., le terme d’un atelier qui a connu, sur plus de deux siècles, la réussite d’une activité intense et variée au travers de multiples productions (tableau VIII).

Notes

1 Par ordre d’importance : Drag. 37, 37 ex. ; Drag. 29,13 ex. ; Drag. 24/25, 4 ex. ; Drag. 30, 3 ex. ; Drag. 5/17, 3 ex. ; Drag. 18, 2 ex. ; Drag. 27, 2 ex. ; Drag. 35/36,1 ex. ; Ritt. 8,1 ex. ; Drag. 17, 1 ex. ; Drag. 1, 1 ex. Un fragment de forme non identifiable est signé du potier carvs travaillant à La Graufesenque entre Tibère et Néron (Oswald 1931: 63).

2 La datation a été obtenue par la mesure de la direction de l’aimantation rémanente de six échantillons prélevés dans le four. Prélèvements et mesures ont été réalisés par le Dr. Lan Hedley au Département de minéralogie de l’université de Genève. Nous le remercions vivement pour sa collaboration.

3 Datation faite par J.‑F. Saliège au Laboratoire d’hydrologie et géochimie isotopique à Orsay, sous la direction de J.‑Ch. Fontes.

4 Identification J.‑C. Richard et G. Depeyrot que nous remercions.

5 Datation magnétique réalisée par le Dr. lan Hedley, comme celle du four 3.

6 La fouille, menée en collaboration avec l’équipe du Laboratoire d’anthropologie de l’université de Bordeaux (H. Duday et A.‑M. Tillier), donnera lieu à une publication particulière.

7 Les découvertes récentes se multiplient en Languedoc. La comparaison la plus proche est l’oppidum de Mailhac, à une dizaine de kilomètres, où le rite est permanent du vie s. av. J.‑C. au ier s. ap., selon 0. Taffanel ; quelques sépultures parmi la quarantaine recensée ont été signalées : Louis, Taffanel 1955 : 94,121. En Catalogne, une nécropole installée dans un habitat de la fin du Ve s. av. J.‑C. ou du début du IVe contient une vingtaine de nouveau‑nés (Gusi Jener, 1970).

8 Deux exemplaires semblables ont été trouvés dans le comblement du bassin de décantation 1001 dans la cour V.

9 Identification J.‑B. Giard, que nous remercions.

Table des illustrations

Légende Fig. 15 – Plan général des fouilles ; au nord, le quartier de l’habitat, au sud, le quartier artisanal. Les fours sont numérotés.
Crédits Dessin S. Eusèbe
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 139k
Légende Fig. 16 – Plan général du quartier artisanal.
Crédits Dessin S. Eusèbe
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 99k
Légende Fig. 17 – Restes du dallage de la chambre de chauffe du four 2 pris sous le piedroit central du four 3. Au premier plan, la couche de cendres liée au four 1 s’engage sous l’ensemble.
Crédits Photo F. Laubenheimer
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-3.jpg
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Légende Fig. 18 – Four 2 : dans le mur, au fond, arc de soutènement de la sole pris dans la paroi ouest de la salle de chauffe du four 3.
Crédits Photo F. Laubenheimer
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Légende Fig. 19 – Vue du four 3.
Crédits Photo F. Laubenheimer
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Légende Tableau I – Matériel du remblai autour du four 2. * : typologie de C. Goudineau, 1968. ** : typologie de F. Mayet, 1975.
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Légende Fig. 20 – Coupe no 1. Stratifications du comblement de la fosse et du four 3 : après l’effondrement d’une partie de la voûte de l’alandier, la fosse est comblée avant la salle de chauffe.
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Légende Tableau II – Matériel du comblement de la fosse du four 3. * : le matériel des alandiers n’est pas comptabilisé ici
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Légende Fig. 21 – Céramiques sigillées claires (1, 2, 3, 4) et luisante (5) du comblement du four 3. Echelle 1/4.
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Légende Fig. 22 – Vue d’ensemble du bâtiment II avec les fours 4 et 5.
Crédits Photo : F. Laubenheimer
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Légende Tableau III – Bâtiment II et four 4 : céramiques des phases de construction, d’occupation et de destruction. En nombre de fragments, + indique la présence de plusieurs fragments.
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Légende Fig. 23 – Sur la sole du four 4, les restes du chargement de la dernière cuisson et de la voûte du laboratoire (1), imbrices empilées de chant (2), ou à plat (3), ou placées verticalement à côté de pesons (4).
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Légende FIG. 24 – Coupe N.‑S. no 2, bâtiments I et II : le sol de l’état IV s’établit au‑dessus du four 4 ruiné. Croisillons = couche de cendre.
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Légende FIG. 25 – Vue aérienne d’une partie du quartier artisanal, au centre, le bâtiment III.
Crédits Photo F. Laubenheimer
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Légende Fig. 26 – Coupe no 3 dans l’axe N.‑S. du bâtiment III et du four 6. Croisillons = couche de cendre.
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Légende Fig. 27 – Vue du mur d’adobe du laboratoire du four 6, effondré dans la fosse.
Crédits Photo F. Laubenheimer
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-16.jpg
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Légende Fig. 28 – Coupe de la cour IV et du bâtiment II, no 4, E.‑O.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-17.jpg
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Légende Tableau IV – Cour 4 : céramiques caractéristiques des diverses phases. En nombre de fragments ; + indique la présence de plusieurs fragments.
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Légende Tableau V – Vases de céramique commune à pâte claire entreposés dans la cour IV, sur le sol 3. (La définition des formes est donnée au chapitre 4).
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Légende Fig. 29 – Bassin 1001 et fosse 1006 : plan et coupe no 5
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Légende Fig. 30 – Vues de la couche 1002 : comblement du bassin 1001 ; 1 vue d’ensemble, 2 et 3 vues de détail.
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Légende Tableau VI – Vases du comblement du bassin 1001.
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Légende Fig. 31 – Coupe no 6. Comblement du bâtiment VI et du four 7. Croisillons = couche de cendre.
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Légende Tableau VII – Matériel du bâtiment VI.
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Légende Fig. 32 – Marli d’assiette sigillée paléochrétienne à décor estampé. Echelle 1/2.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-25.jpg
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Légende Tableau VIII – Evolution des bâtiments et des fours dans le temps.
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Légende Fig. 33 – Etat II du quartier artisanal (–10/0 à +15/+20).
Crédits Dessin S. Eusèbe
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Légende Fig. 34 – Etat III du quartier artisanal (+20 à +60).
Crédits Dessin S. Eusèbe
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Légende Fig. 35 – Etat IV du quartier artisanal au IIe s.
Crédits Dessin S. Eusèbe
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-29.jpg
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Légende Fig. 36 – Etat V du quartier artisanal (IIIe s.).
Crédits Dessin S. Eusèbe
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35960/img-30.jpg
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