6. Les monnaies
p. 158‑162
Résumés
Sur les 71 monnaies du Breuil recueillies, trop souvent hors stratigraphie, et présentées dans le catalogue, 44 ont été identifiées L’histogramme de répartition chronologique permet de constater que la moitié des monnaies identifiées datent du règne d’Auguste (partagé pour plus de précision en deux groupes : de 29 av. J.‑C. à 0 et de 0 à 14) ; il montre clairement qu’une importante activité économique régnait déjà à Bourbon durant la période augusto‑tibérienne, et que l’occupation a été continue jusqu’au règne d’Hadrien.
Il reste à signaler la trouvaille d’une monnaie exceptionnelle, un dupondius de faible poids, vraisemblablement émis à Orange, et dont on ne connaît que 25 exemplaires.
L’étude numismatique confirme l’intense activité qui devait régner aux Aquae Bormonis au début de n. è., lorsqu’on y produisait les figurines en terre blanche.
44 coins were identified out of the 71 found, usually out of context, on the site and are listed in this chapter. The chronological distribution shows that half of them dated from the August reign (in two subdivisions : 29 B.G. to 0, and 0 to 14) ; this tact shows that Bourbon had a considerable economie activity at this time and that the occupation lasted until Hadrian.
The exceptional find is a dupondius, minted in Orange ; only 25 specimens of this coin were known until now.
This study shows the intense activity of the city at the time when the figurines were produced.
Texte intégral
6.1. Introduction
1Soixante et onze monnaies ont été recueillies, pour la plupart, au cours des premiers sauvetages ponctuels effectués dans le quartier du Breuil. Trop peu d’entre elles proviennent des fouilles plus méthodiques, et donc peuvent être rattachées à une stratigraphie précise. D’autre part, vingt‑sept monnaies ont subi une corrosion trop importante pour être identifiées ou, par reconnaissance de l’effigie, pour être attribuées à tel ou tel règne.
2Nous présentons ci‑dessous le catalogue de ces monnaies. Elles ont été classées par règne et par sous‑règne, selon l’ordre chronologique, et par dénomination, de la plus élevée à la plus basse. Pour chaque monnaie, il a été donné, au mieux, sa dénomination (et son métal ou alliage de composition), suivie de l’atelier monétaire qui l’a émise, de la ou des datations que proposent les ouvrages de classement ou qu’avancent certains chercheurs (dont nous rappelons les publications concernées), puis de la ou des références numismatiques ; enfin, plus rarement, de leur contexte archéologique.
3Nous tenons tout d’abord à signaler la présence d’une monnaie exceptionnelle, l’exemplaire no 015 (LT 4660) :
4– droit : imp/divif. Têtes nues et adossées d’Octave (à droite) et Agrippa (à gauche) ;
– revers : anépigraphe. Proue de vaisseau à droite, ornée d’un œil ; au‑dessus, un médaillon ;
– poids : 15,74 g ;
– diamètre : 3,15 cm ;
– axe: 8 h.
5J.‑B. Giard a récemment dressé l’inventaire de ces dupondii (?) peut‑être émis à Orange (Giard 1984). Il n’en existe que quarante, dont dix‑huit seulement avec une origine géographique. D’autre part, le nôtre a un poids inférieur à tous les autres exemplaires.
6Bien que les monnaies identifiées ne constituent pas un ensemble très important, leur répartition par règne nous a paru intéressante (tableau XXI). Pour plus de précision, deux groupes ont été distingués dans le lot des nombreuses monnaies émises sous le long règne d’Auguste. Dans le premier groupe (c. 28 av J.‑C. à 0) sont rassemblés les potins gaulois1, l’aes lyonnais des premières séries, les dupondii de Nîmes de la seconde série (RIC I2 158) et celui d’Orange. Le second groupe (c. 0 à 14 ap. J.‑C.) rassemble l’aes lyonnais des secondes séries, comprenant les monnaies au nom de Tibère César, les dupondii de Nîmes de la troisième série (RIC I2 159 ou 160) et le quadrans de Germanus Indutilli L. (?).
● Tableau XXI – Répartition des monnaies par règne.
7Comme on peut le constater sur l’histogramme de répartition chronologique, les émissions de la moitié des monnaies identifiées (vingt‑deux sur quarante‑quatre) datent du règne d’Auguste, ce qui laisse présumer de l’importance de l’activité à Bourbon dès la période augusto‑tibérienne2. En associant ces données aux autres éléments chronologiques, l’implantation sur le site du Breuil semble remonter à la fin du ier s. av J.‑C.
8De plus, sur les soixante‑et‑onze monnaies recueillies, soixante‑huit ont été frappées durant les ier et iie s. ap. J.‑C., ce qui atteste une occupation continue pendant tout le ier s. et la première moitié du iie ap. J.‑C, (jusqu’à Hadrien inclus). Quant aux dernières monnaies antonines, celle de Septime Sévère et les antoniniani d’imitation du iiie s. ap. J.‑C., ils ont pu être perdues après l’abandon du site (à la fin du iie s. ap. J.‑C.) ou, en ce qui concerne les premières un peu plus abondantes, pendant la dernière phase d’occupation associée aux structures d’habitat.
9Cette brève étude permettra, grâce à la présence de la monnaie d’Orange, de compléter le bref inventaire de ces très rares dupondii, ainsi que leur carte de circulation. Enfin, elle admet l’intense activité qui devait régner aux Aquae Bormonis au début de notre ère, lorsqu’on y produisait en grande quantité des figurines en terre cuite.
6.2. Catalogue
Abréviations bibliographiques
10BMC III : Mattingly 1966
BMC IV : Mattingly 1968
11Fischer : Fischer 1985
12Giard M. locale : Giard 1969
13Giard Claude : Giard 1970
14Giard Lyon : Giard 1983
15Giard Orange : Giard 1984
16LT : La Tour 1892
17RIC I : Mattingly, Sydenham 1923
18RIC I2 : Carson, Sutherland 1984
19RIC II : Mattingly, Sydenham 1926
20RIC III : Mattingly, Sydenham 1930
21RIC IV 1 : Mattingly, Sydenham 1962 Zehnacker: Zehnacker 1984
Abréviations des dénominations et des métaux
22Aes : bronze
23Ant : antoninianus
24Arg : argent
25Cu : cuivre
26Dp : dupondius
27HS : sesterce
28Or : orichalque
29Pot : potin
30Qd : quadrans
31Sm : semis
32X : denier
Notes de bas de page
1 Les potins d’aes gaulois, coulés pour la plupart vraisemblablement pendant et après la conquête romaine, qui ont circulé jusqu’à ce que le numéraire romain les remplace, sont plutôt un indice d’occupation tardive ; ce sont les couches augustéennes qui, à Mâlain par exemple, en contiennent le plus. Ils ne peuvent donc induire une occupation pré‑romaine (Fischer 1985).
2 L’aes augustéen, émis en abondance, a sans doute circulé sous le règne de Tibère, pendant lequel la Gaule connut une pénurie de petit numéraire.
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