Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire)
| , ,Première partie. Les Figurines en Terre Cuite
2. Les divinités
Texte intégral
2.1. Vénus
2.1.1. Typologie
2.1.1.1. Types
1Type I – La déesse est debout ; elle tient une mèche de cheveux ; une draperie passe sur son poignet.
Type II – La déesse est debout ; elle tient une mèche de cheveux ; sa main repose sur une draperie.
Type III – La déesse est debout ; elle se presse ou cache un sein et/ou se cache le bas du ventre.
2.1.1.2. Groupes
■ Forme générale de la coiffure antérieure
2A – En bandeaux :
– 1 : repris dans des rouleaux sur le côté ;
– 2 : libres.
B – En touffes resserrées autour du visage.
C – En corymbe.
D – A coques.
E – En diadème.
F – En diadème composé de rangées superposées de rouleaux.
G – Tirés vers le sommet du crâne.
H – Chignon sommital.
J – Avec une raie médiane.
K – En godrons.
L – Rejetés vers l’arrière.
M – Tirés vers l’arrière, puis relevés en diadème.
■ Forme générale de la coiffure postérieure
3A – Revers des bandeaux et rouleaux ; au centre, les cheveux sont représentés :
– 1 : de façon indistincte ;
– 2 : tirés sur les côtés en biais ;
– 3 : tirés vers le bas ;
– 4 : tirés horizontalement ;
– 5 : tirés en biais vers le haut ;
– 6 : le revers est ponctué ;
– 7 : le revers est nu ;
– 8 : le revers est recouvert de mèches ondulées verticales.
B – Revers des touffes resserrées ; même typologie pour la partie centrale que A.
C – En corymbe ; même typologie que A.
D – Tirés vers le bas ; avec une tresse (?) en V renversé sur la nuque.
E, F, G, H – Revers des coiffures antérieures représentées par la même lettre.
J – Les cheveux tombent naturellement sur les épaules.
K – Chignon sur la nuque.
L – Mouvement ou chignon spiralé.
M – Torsade centrale bifide.
N – Mèches nattées disposées en V.
O – Natte aplatie en triangle au sommet du crâne.
P – Natte plate sur toute la hauteur du revers.
Q – Natte qui part en biais vers le haut et se replie sur elle‑même.
R – Ruban.
S – Diadème (bijou).
T – Voile.
U – Coiffe.
V – Autres formes.
X – Indéterminé.
Z – Brisé, absent.
2.1.1.3. Sous‑groupes
4Forme des mèches le long du cou. Quatre lettres, successivement : mèche antérieure gauche, antérieure droite, puis postérieure gauche et postérieure droite.
5A – Oblique rectiligne :
– 1 : de droite à gauche, / ;
– 2 : de gauche à droite , \ .
B – Oblique en virgule :
– 1 : pointe à gauche ;
– 2 : pointe à droite.
C – Rectiligne, verticale, en virgule à l’extrémité :
– 1 : pointe à gauche ;
– 2 : pointe à droite.
D – En angle obtus :
– 1 : pointe à gauche ;
– 2 : pointe à droite.
E – Souple, légèrement ondulée :
– 1 : verticale, pointe à gauche ;
– 2 : verticale, pointe à droite ;
– 3 : oblique, / ;
– 4 : oblique, \ .
F – Verticale rectiligne .
G – Suit la crête de l’épaule.
H – Sinueuse, pointe vers l’extérieur :
– 1 : verticale ;
– 2 : oblique.
J – Sinueuse, pointe vers l’intérieur :
– 1 : verticale ;
– 2 : oblique.
K – Non attribué .
L – En copeau .
M – En anglaise :
– M1 : une anglaise ;
– M2 : deux anglaises, etc.
– CM : anglaise légèrement recourbée à l’extrémité.
– FM : anglaise rectiligne, verticale .
– AM : anglaise rectiligne, oblique.
N – Partie supérieure de l’anglaise ; suit la ligne de l’épaule.
O – En nappe.
– OE : avec des mèches souples.
– OF : mèches raides.
P – Mèche centrale (dos).
– PE : souple .
– PF : rectiligne.
X – indéterminé.
Y – Sans mèche(s).
Z – Brisé.
2.1.1.4. Disposition des plis de la draperie
■Sous la main
61 – Sans nœud, ni boucle.
2 – Avec nœud.
3 – Avec boucle.
4 – Avec boucles.
■ Le long de la jambe
7a – Draperie sans plis.
b – Plis verticaux :
– (a) rectilignes ;
– (aa) rectilignes, emboîtés à la base ;
– (b) souples ;
– (bb) souples, emboîtés à la base ;
– (c) mêlés.
c – En zigzag.
d – En V emboîtés superposés.
e – En Λ emboîtés superposés.
f – En diagonales :
– (a) de gauche à droite ;
– (b) de droite à gauche.
g – Souples ou vermiculés.
h – Voir MAN 100‑108 (face et dos).
i – Voir MAN 64‑65 (face et dos).
k – Voir MAN 28 (face).
j – Plis concaves superposés.
m – Plis en longues boucles étagés (face et dos).
n – Plis concaves, larges, nombreux, superposés.
o – Plis obliques, en gouttes superposées (face). Voir MAN 106 (dos).
v – Autres plis.
x – Indéterminé.
y – Autre que draperie (cippe, tronc d’arbre, animal).
z – Brisée.
2.1.2. Liste des moules (m) et figurines (F)
2.1.2.1. Type I
8La déesse est debout, elle tient une mèche de cheveux de la main droite ; une draperie passe sur son poignet gauche.
■ Groupe B
9La chevelure entoure le front sous forme de touffes resserrées.
■ Groupe L
10La chevelure, légèrement gonflée, est souplement tirée vers les côtés du front.
■ Groupe M
11Les cheveux sont d’abord tirés du front vers l’arrière puis se relèvent en diadème.
■ Groupe LS
12Les cheveux, légèrement gonflés, tirés vers les côtés, sont surmontés d’un diadème lisse.
■ Groupes avec typologie incomplète
■ Groupe B
13La chevelure est divisée en registres de mèches horizontales.
■ Vénus avec collier
2.1.2.2. Type de transition I‑II
■ Groupe A1
14Les cheveux sont divisés en bandeaux élevés.
2.1.2.3. Type II
15La déesse est debout, elle tient une mèche de cheveux de la main droite ; la main gauche repose sur la draperie.
■ Groupe X
■ Groupe Z
16La tête manque.
■ Groupe A1
17La chevelure est divisée en bandeaux repris dans des rouleaux.
■ Groupe Z
18La tête manque.
2.1.2.4. Vénus pour édicules
■ Groupe B
19La chevelure entoure le front sous forme de touffes resserrées.
2.1.2.5. Vénus à gaine
2.1.2.6. Vénus avec un aigle
2.1.2.7 Vénus protectrice ?
2.1.3. Commentaire typologique
2.1.3.1. Type I
20La majeure partie des Vénus retrouvées à Bourbon‑Lancy, que ce soit sous forme de moules aussi bien que sous forme de figurines, appartient au type I (la draperie que tient la déesse passe sur son poignet avant de descendre le long de sa jambe). A l’intérieur de chaque type, les Vénus sont rassemblées en groupes, déterminés par la forme de la coiffure, et en sous‑groupes, par la forme de la draperie. Dans le type I, c’est le groupe B (la chevelure est divisée en plusieurs touffes resserrées qui encadrent le front) qui prédomine, alors que le groupe D (les cheveux descendent en bandeaux sur le front et se relèvent en coque de chaque côté), si répandu partout ailleurs, est absent, une seule tête exceptée.
■ Type Bourbon‑Lancy no 1 (fig. 20, 2‑5 et 25, 1)
21Parmi toutes les Vénus du type I, cette série s’impose par le nombre impressionnant de moules et de figurines mis au jour exclusivement à Bourbon‑Lancy jusqu’à présent, à une exception près cependant, qui se révèle fort précieuse, puisqu’il s’agit d’une figurine issue d’un de ces moules et retrouvée dans une tombe de la nécropole de Riddes (Valais, Suisse) datée, au plus tard, de 110‑120 de n. è. (Gonzenbach 1986 : 41, pl. 61‑2). A partir de cette figurine intacte, il devenait possible d’attribuer sans erreur à ce type no 1 dix valves antérieures et douze valves postérieures plus ou moins complètes, ainsi que de nombreux fragments de figurines. On ne peut que regretter l’absence de signature sur ces moules, soit qu’elle n’ait jamais existée, soit que sur certaines de ces valves trop fragmentaires elle ne se soit située dans la partie qui manque.
22Dans le type no 1 de Bourbon‑Lancy, la déesse est en appui sur la jambe droite, la jambe gauche légèrement fléchie, avec un déhanchement à droite. Le visage est de forme triangulaire, avec un front étroit, des yeux exorbités en forme d’amande et ponctués d’une pupille en creux semble‑t‑il ; un nez long et proéminent surplombe une petite bouche pincée. Le cou est long et mince, la poitrine est petite et basse.
23La partie supérieure de la coiffure est divisée en onze touffes resserrées qui sont striées horizontalement au‑dessus du front, et en biais sur les côtés. A la place des mèches en « anglaises » rectilignes qui caractérisent habituellement ce genre de groupe B, nous observons ici, de chaque côté du cou, de face et de dos, un groupe de deux épaisses mèches inégalement ondulées qui descendent sur les épaules. Au revers, les touffes de cheveux se transforment en un rouleau continu ponctué d’un chignon rond sur la nuque ; un détail de la coiffure permet de reconnaître aisément cette série de Vénus : c’est le brusque changement de direction vers la droite au sommet du crâne de la raie centrale, détail qui, malheureusement, disparaît dans l’ombre sur les photos. Le bras droit, replié, est beaucoup plus rapproché du corps que sur d’autres Vénus I, et les quatre doigts de la main, filiformes, sont rassemblés sur la première des deux mèches ondulées.
24La draperie est ramassée en trois plis au‑dessus du poignet gauche et la main s’étale, pouce écarté des autres doigts, sur les plis qui tombent verticalement sous forme de trois longues boucles concentriques à la base. Au revers, elle descend en empiétant sur la jambe gauche et forme d’épais plis en relief qui dessinent des V superposés, deuxième originalité pour ce type no 1 de Bourbon‑Lancy.
25D’autres fragments de valves de moules dont il ne subsiste que la partie inférieure présentent une draperie qui s’apparente à celle que nous venons de décrire. Mais là s’arrête la comparaison puisqu’aucune figurine identique complète n’est présente pour nous servir de référence et nous aider à reconstituer des types complets.
26Parmi ces valves de moules antérieures trois séries se différencient par la disposition et l’épaisseur des plis en forme de longues boucles emboîtées, il s’agit des types nos 2, 3 et 4.
■ Type Bourbon‑Lancy no 2 (fig. 25, 2)
27La première série présente des plis de faible épaisseur, bien espacés ; seuls les plis de la boucle médiane sont resserrés et affectent un tracé légèrement sinueux. Au‑dessus du poignet la draperie est ramassée en trois plis disposés en oblique soigneusement modelés. Au‑dessous, la main est large ; tous les doigts sont réunis et d’égale longueur.
■ Type Bourbon‑Lancy no 3 (fig. 25, 3)
28Dans la deuxième série les plis sont épais et se jouxtent. Le pli médian ne forme pas une boucle mais descend, solitaire, jusqu’à la base arrondie du pli suivant qui l’englobe. Les trois plis ramassés sur le poignet ne sont pas disposés en oblique comme précédemment mais sont arrondis au‑dessus du poignet. Il subsiste un large pubis et des jambes molles et épaisses ; les doigts de pieds ne sont pas indiqués.
■ Type Bourbon‑Lancy no 4 (fig. 25, 4)
29Une des valves de moules de la troisième série présente un défaut, une bulle au bas de la draperie ; le corps est plus élancé que dans les deux séries qui précèdent et la déesse paraît être en appui sur la jambe gauche. La poitrine est menue, le torse est étiré, l’ombilic n’est pas marqué, mais le pubis est en forme de haut triangle renflé. Les jambes sont légèrement écartées et les doigts de pieds ne sont pas dessinés. Le bras gauche n’est pas collé au corps et la main conserve la forme carrée des deux premières séries ; cependant, le pouce est écarté. La draperie forme un épais bourrelet oblique au‑dessus du poignet avant de descendre, non plus en trois, mais en deux longues boucles concentriques. La base de la dernière boucle est soulignée par un petit bourrelet parallèle près du pied.
■ Type Bourbon‑Lancy no 5 (fig. 25, 5)
30Par référence à d’autres figurines plus complètes on peut rattacher au type I un fragment de valve de moule antérieure dont il ne reste que la tête et le début du torse. Sur le revers de la valve façonné en nombreux plans rectilignes apparaît en creux une signature formée de deux noms. Du premier il ne subsiste que la terminaison rinvs et le second, à l’écart, est d’une lecture difficile (fii ??.).
31La coiffure est formée de touffes de cheveux resserrées autour du front ; elle disparaît derrière la main droite, étroite et bombée, aux longs doigts indiqués par des incisions rectilignes, et aucune mèche n’apparaît en dessous, le long du cou ; de l’autre côté de ce dernier descend une large mèche légèrement torsadée qui suit le mouvement de la crête de l’épaule gauche. Le visage est triangulaire, avec un front bas et large ; les yeux, grands et exorbités, sont en forme d’amande, sans indication de pupille. Le nez est large et court ; la bouche est entrouverte et la lèvre supérieure, si fortement échancrée qu’elle se confond avec la gouttière nasale, est rectiligne, tandis que la lèvre inférieure, charnue, dessine un arc de cercle horizontal aux extrémités tombantes. Le menton est lourd et fuyant. (Voir plus loin les comparaisons de ce type avec la Vénus du type Bourbon‑Lancy no 8). Des figurines de Vénus coiffées de la même façon ont été retrouvées en Suisse et jusqu’ à Salzbourg, mais aucune ne présente une main droite placée aussi verticalement.
32Dans trois fragments de valves antérieures de moules on retrouve le même type de mèche le long du cou et de l’épaule gauche que précédemment ; mais les touffes resserrées de la partie supérieure de la coiffure sont remplacées par des bandeaux gonflés rejetés vers l’arrière et sur les côtés (groupe L), ils forment donc les types nos 6, 7 et 8.
■ Type Bourbon‑Lancy no 6 (fig. 21, 1 et 25, 6)
33Aucune mèche n’apparaît sous la main droite plus carrée et placée moins verticalement que dans le type no 5. De l’autre côté du cou, une large mèche régulièrement torsadée suit la ligne de l’épaule gauche et va s’amenuisant jusqu’à être très effilée en sa pointe.
■ Type Bourbon‑Lancy no 7 (fig. 21, 2 et 25, 7)
34Il ne subsiste que le côté gauche du visage qui tout en étant très proche du précédent en diffère en deux points : les mèches de la partie supérieure de la coiffure ne descendent pas vers les côtés mais remontent, et si la mèche est bien torsadée dans le même sens que dans le type no 6, en revanche, elle ne présente pas une semblable régularité d’enroulement et reste plus longuement épaisse.
■ Type Bourbon‑Lancy no 8 (fig. 25, 8)
35C’est de nouveau une figurine complète, cette fois trouvée à Mayence en Allemagne (Schauerte 1985 : no 95, pl. 10, 4‑6), qui va permettre de restituer dans son intégralité un fragment de valve de moule antérieure brisée à la hauteur de la poitrine et de pouvoir lui associer trois valves postérieures.
36Dans sa partie supérieure, la coiffure se différencie totalement de celles qui caractérisaient jusqu’à présent le type I (touffes resserrées, bandeaux bouffants ou à coques). Les cheveux sont d’abord tirés vers l’arrière, plaqués sur le crâne, puis s’élèvent en forme de petit diadème sur lequel les mèches se répartissent symétriquement, en rayonnant de part et d’autre de la partie médiane ; la ligne supérieure de cette dernière est échancrée. Une tête semblable, mais fruste et de taille plus importante, a été trouvée avec d’autres figurines, dont des Vénus à gaine, à La Chapelle‑des‑Fougeretz en Bretagne (Sanquer 1981 : pl. 1, 9). A partir de la hauteur des yeux, la coiffure ressemble à celle des nos 6‑7 ; du côté droit, la mèche est cachée par la main dont les trois doigts (le quatrième est quasi escamoté) sont délimités par des incisions rectilignes. Du côté gauche, une mèche à peine torsadée descend avec raideur en oblique, sans épouser la ligne supérieure de l’épaule comme dans les types précédents (ou comme à Mayence à en juger par la photo). On ne peut affirmer que la figurine de Mayence soit issue de ce moule‑ci de Bourbon‑Lancy, mais il y avait un modèle commun pour les deux. Une Vénus avec une coiffure semblable a été trouvée à Saint‑Bonnet‑Yzeure (Gallia 1977 : 421‑422), mais sa pose est toute différente puisqu’elle tient un objet rond dans la main droite posée sous sa poitrine. Si nous n’avions pas ici le bras droit entier, nous aurions été bien en peine d’attribuer un type à cette valve de moule et sans doute aurions‑nous hésité entre celui de Mayence et celui de Saint‑Bonnet. Voilà encore un excellent exemple de conseil à la plus grande prudence dans les essais de restitution dont nous savons combien ils sont tentants !
37Malgré la différence de la forme des coiffures, il est fort probable que ce type no 8 a été créé par l’auteur (..rinus) de la Vénus du type no 5 : nous retrouvons les mêmes proportions du visage et du cou, la même forme de bouche si particulière, et le même traitement vigoureux des doigts de la main droite. Les proportions du corps de cette figurine sont des plus curieuses. Nous voyons là un canon court (5 têtes) avec, en prime, une atrophie des membres inférieurs. Il faut bien l’avouer, l’ensemble n’est pas des plus gracieux ! Sous le torse qui, par contraste, paraît étiré, le pubis est signalé par un large triangle renflé (le même que celui que l’on observe sur la figurine à la tête semblable, de Saint‑Bonnet, citée plus haut ; ce qui prouve une parenté malgré la différence de pose). Tout à côté du pubis part la draperie qui enveloppe le poignet gauche en une épaisse masse lisse avant de couler le long de la jambe en trois longues boucles emboîtées.
38Le revers, une valve de moule dont la tête a été brisée (fig. 26, 1), présente plusieurs similitudes avec la figurine de Mayence : même atrophie des jambes, mêmes proportions (la hauteur des jambes est égale à celle qui se mesure du bas des fesses au creux de l’aisselle), même rectitude du sillon vertébral, et, enfin, même draperie dont les plis sont indiqués par deux lignes creuses verticales et souples. Au revers de la figurine de Mayence, les cheveux, séparés par une raie médiane, se dirigent vers un rouleau continu ponctué d’un chignon sur la nuque. De chaque côté du cou s’échappent deux mèches verticales, rigides et accolées, sous forme d’anglaises très détaillées. La figurine est scellée sur un socle semi‑hémisphérique lisse.
■ Type Bourbon‑Lancy no 9 (fig. 20, 1 et 26, 2)
39Une valve de moule antérieure presque complète représente une Vénus qui témoigne d’une certaine recherche esthétique dans le traitement de la tête et de la chevelure, en fort contraste avec la maladresse de la partie inférieure ; dans cette dernière, on retrouve le même canon court et la même atrophie des jambes que sur la Vénus du type précédent. Malgré la disparité du traitement stylistique des têtes, peut‑on raisonnablement envisager que ces deux types soient l’œuvre d’un seul coroplathe, ou faut‑il imaginer la fusion de deux archétypes : celui de la tête d’une part, œuvre d’un meilleur coroplathe, avec celui du corps d’autre part, créé par un autre ? C’était une méthode courante à l’époque.
40La chevelure, gonflée et relevée vers l’arrière, est sommée d’un diadème sans décor. Le visage est ovale et non plus triangulaire, avec des sourcils joliment arqués au‑dessus des yeux en amande, non exorbités, finement ourlés de paupières et ponctués d’une petite pupille centrale en relief. Le nez est assez long, très près de la bouche qui est petite, aux lèvres espacées.
41Le torse est mince, la poitrine menue. Le côté externe de l’avant‑bras droit replié est fortement arrondi et les doigts de la main se distinguent à peine des reliefs accentués de la mèche de cheveux qu’ils tiennent. Le bras gauche est long et la main se situe en dessous du pubis. Les trois plis verticaux de la draperie tombent mollement jusqu’à terre, apparemment sans former de boucle à la base, après être passés en une masse bombée et oblique au‑dessus du poignet gauche. Le pouce de la main gauche est écarté des autres doigts réunis, tous d’égale longueur.
42Plusieurs moules plus ou moins fragmentaires, dont certains sont identiques entre eux, appartiennent à des groupes différents du type I. Il est impossible actuellement d’en établir une typologie complète, à partir d’une seule draperie par exemple, sans avoir encore trouvé une figurine de référence, que des futures fouilles révèleront peut‑être un jour. C’est le cas des types Bourbon‑Lancy no 10 (fig. 26, 3) et no 11 (fig. 26, 4).
43C’est aussi celui du type no 12 (fig. 26, 5) qui, pourtant, a dû être produit en grande quantité à Bourbon‑Lancy, étant donné le nombre important de fragments de moules retrouvés ; malheureusement, par un curieux effet du hasard, tous ces fragments représentent la même partie postéro‑supérieure de cette Vénus et ne sont d’aucun secours pour restituer la Vénus dans son entier. La coiffure épouse la forme d’un triangle renversé dont la pointe accueille un chignon rond coupé en deux par une strie verticale. Une raie médiane sépare les cheveux qui sont tirés vers les côtés, en mèches profondément cernées d’un sillon, pour s’insérer dans un rouleau continu. De chaque côté du cou, loin vers les épaules, descendent deux anglaises accolées, légèrement incurvées et finement striées de mèches à peine torsadées. De la base du chignon part le sillon vertébral, rectiligne ; le bras gauche est collé au corps, tandis que le bras droit est replié, tenu loin du corps.
■ Type Bourbon‑Lancy no 13 (fig. 26, 6)
44Ce type n’est représenté que par une figurine incomplète, ce qui ne constitue pas la preuve d’une fabrication à Bourbon‑Lancy, mais n’est pas non plus une raison suffisante pour écarter cette hypothèse. D’autant plus qu’elle se rattache, par le type de coiffure et par le style, aux Vénus précédentes. La partie supérieure de la coiffure correspond au groupe B, mais les touffes resserrées habituelles sont plus plates et plus hautes ici, striées horizontalement ; les divisions en bandes sont irrégulières et sont disposées sans symétrie. A partir de la ligne des yeux, les bandes font place à une mèche torsadée qui descend le long de la joue ; celle du côté droit disparaît derrière la main aux doigts mal indiqués, tandis que celle de gauche suit la ligne du cou et sans doute celle de l’épaule comme le laisse présager l’amorce de cette dernière.
45Au revers, les cheveux sont tirés vers les côtés sous forme de mèches rectilignes obliques en relief qui s’insèrent dans un rouleau continu ponctué d’un chignon rond sur la nuque. De profil, le crâne est très plat et son sommet se situe beaucoup plus haut que le sommet du front. De chaque côté du cou descendent deux anglaises moins épaisses que celles rencontrées sur les Vénus précédentes ; complètement accolées, elles descendent verticalement, puis elles se terminent en s’infléchissant légèrement vers le bras, du moins celles du côté droit où elles sont entières. La forme triangulaire de la tête est moins accentuée que sur les autres Vénus du même groupe mais on retrouve les yeux exorbités en amande.
■ Type Bourbon‑Lancy no 14 (fig. 26, 7)
46Nous pouvons encore classer dans le groupe B une figurine incomplète qui présente la particularité, unique à notre connaissance, de porter un collier qui enserre étroitement son cou : il est formé de deux joncs espacés parallèles. Le reste de la figurine est trop fruste pour permettre de discerner aisément la forme des doigts de la main droite et celle des anglaises au revers. De profil, le revers est aplati et forme une ligne oblique du sommet jusqu’au chignon proéminent.
■ Type Bourbon‑Lancy no 15 (fig. 27, 1)
47C’est une valve de moule antéro‑supérieure qui nous révèle une bien curieuse Vénus sur le plan typologique ; hybride, elle emprunte au type I la draperie qui passe sur le poignet gauche, ramassée en trois plis en relief, ainsi que deux fortes mèches en anglaises qui descendent sur l’épaule gauche, tandis que la coiffure en hauts bandeaux repris dans des rouleaux horizontaux et la main droite tenant une petite mèche qui descend en virgule sur l’épaule sont issues tout droit du type II. Le visage, petit, est ovale, les traits sont assez fins et les yeux sont cernés de minces paupières ; seul le nez est un peu fort, la bouche est petite et le menton n’est pas fuyant.
48La taille de cette Vénus, beaucoup plus réduite que celle des Vénus du type I de Bourbon‑Lancy, n’est pas forcément le résultat de surmoulages successifs –les détails sont encore bien nets– mais préfigure peut‑être cette diminution de taille des figurines qui s’amorce à l’aube du IIe s. lorsque la production artisanale cèdera la place à une fabrication plutôt industrielle. Ce type de figurine, unique jusqu’à maintenant, vient à point pour assurer la transition avec le type II, représenté par fort peu d’exemplaires ici.
2.1.3.2. Type II
49Le type II a‑t‑il chronologiquement succédé au type I ? Nous pouvons avoir un début de réponse grâce à deux figurines identiques retrouvées en Suisse : l’une à Augst (Gonzenbach 1986 : 16‑17 no 1, pl. 60, 3), l’autre dans la nécropole de Riddes (Gonzenbach 1986 : 41 no 1, pl. 61, 1) ; toutes deux sont issues du même archétype qui est à l’origine des trois fragments identiques trouvés à Bourbon‑Lancy qui constituent le type no 16. En effet, la figurine d’Augst a été trouvée dans une tombe datée de l’époque Tibère‑Claude, c’est‑à‑ dire dans les premiers temps de la fabrication des figurines, tandis que celle de Riddes a été trouvée en même temps que la Vénus qui appartient au type Bourbon‑Lancy no 1 décrite plus haut.
■ Type Bourbon‑Lancy no 16 (fig. 27, 2)
50Donc, les types I (type no 1) et II (type no 16) ont coexisté dès le ier s. Le type no 16 ne présente certes pas toutes les caractéristiques du type II classique qu’il préfigure, c’est plutôt un type II précoce. C’est principalement dans la coiffure que les différences sont sensibles : les cheveux sont tirés vers un chignon spiralé situé à mi‑crâne, et, surtout, aucune mèche ne descend le long du cou. La main droite, bien que n’ayant plus rien à tenir, se pose quand même sur l’épaule, l’avant‑bras replié plus en avant que sur le côté. On retrouve le canon court (moins évident que sur les exemples précédents car la tête est plus petite), ainsi que les jambes aux dimensions trop réduites. A la hauteur du pubis en forme de triangle renflé, la main gauche, aux quatre doigts d’égale longueur, repose sur une draperie composée d’une douzaine de plis horizontaux incurvés et superposés en escalier, soulignés d’un liseré en relief ; les plis vont s’élargissant jusqu’à mi‑hauteur pour se rétrécir vers le bas. De dos, le sillon vertébral est rectiligne et la draperie descend en plis verticaux mêlés le long des jambes légèrement espacées et fléchies. Les trois fragments de Bourbon‑Lancy reposent chacun sur un socle hémisphérique, dont l’un, moins haut que les autres, ressemble à celui de la Vénus identique trouvée à Riddes.
■ Type Bourbon‑Lancy no 17 (fig. 21, 3 et 27, 3)
51Malgré l’absence de la partie supérieure, il semble bien que la Vénus représentée dans la valve antérieure de moule signée tir(p?) irv appartienne au type II. Une appartenance au type III (Vénus pudique) pourrait être envisagée mais, outre le fait que ce type est totalement absent dans ce matériel de Bourbon‑Lancy, il y aurait une trace de l’avant‑bras en haut du torse. Cependant, par prudence, nous préférons ajouter un point d’interrogation après « type II ».
52La main gauche, aux quatre doigts de longueur égale réunis près du pouce, repose sur une draperie dont le dynamisme et l’envolée surprennent ici. A l’inverse des figurines du type I, le pubis n’est pas accentué ; les jambes sont sur le même plan et les doigts de pieds sont modelés. La terre de ce moule a été analysée au LRMF (no 16991, cf. annexe III).
■ Type Bourbon‑Lancy no 18 (fig. 27, 4)
53C’est encore par le jeu des comparaisons que nous pouvons classer la figurine suivante dans le type Il ; en effet, dans des fouilles récentes d’Autun il a été retrouvé une Vénus complète issue par surmoulage de ce type no 18. L’intérêt majeur de la figurine de Bourbon‑Lancy réside dans le fait d’avoir été trouvée en stratigraphie, dans une couche datée de la première période d’occupation au ier s. de n. è. (US 17). Or, dans une autre fouille toute récente, à Champallement‑Compierre (Nièvre), une figurine identique à celle de Bourbon‑Lancy, de même génération, a été trouvée dans une couche dont le terminus se situe vers 180 de n. è., date qui correspond mieux à sa typologie. La Vénus de Bourbon‑Lancy s’est‑elle enfoncée accidentellement dans la terre ou bien faut‑il avancer la date de fabrication des Vénus de ce type II classique ? L’avenir nous le dira peut‑être. Quoi qu’il en soit, le revers de cette figurine est particulièrement facile à identifier à partir de détails très affirmés comme les cheveux qui, séparés par une raie médiane, sont tirés en quart de cercle vers le bas pour la partie gauche de la tête (A3) et en oblique vers le côté pour la partie droite (A2), d’où l’obligation de donner deux sigles : le groupe A3/A2 ; une autre caractéristique réside en la présence de deux grosses mèches en boudin qui s’échappent du rouleau de cheveux pour descendre en S de chaque côté des omoplates fortement modelées, la droite étant placée plus bas que la gauche.
■ Type Bourbon‑Lancy no 19 (fig. 27, 5)
54Ce dernier type ne comprend qu’une figurine dont la partie supérieure manque, mais sur laquelle on distingue nettement que la main gauche, aux longs doigts rassemblés, repose sur une draperie. Cette dernière, de face, correspond bien aux draperies du type II habituellement représentées dans les ateliers du Centre : sous la main, elle forme un nœud composé de deux longues boucles dont l’une descend le long de la jambe, tandis que l’autre, externe, est oblique ; sous le nœud, elle glisse jusqu’au sol en trois étages de plis ronds. Le revers est plus inattendu puisqu’il s’apparente à la draperie de la Vénus du type Bourbon‑Lancy no 1, donc du type I. Là encore, il s’agit peut‑être d’un type de transition. La déesse est en appui sur la jambe droite et elle repose sur un socle hémisphérique à double‑tore.
2.1.3.3. Vénus de petit format
55Ces Vénus étaient fabriquées pour orner la niche semi‑circulaire des édicules en terre cuite. Si, dans les premiers temps de la fabrication des figurines, les édicules au fronton orné de trois pointes furent de taille impressionnante et abritèrent des figurines de taille courante, très vite le format des édicules alla s’amenuisant, ce qui entraîna obligatoirement une diminution de la taille des Vénus. Ces dernières furent‑elles créées dans cette dimension ou furent‑elles obtenues par surmoulages successifs de pièces plus grandes ? Il est difficile de trancher et les deux méthodes ont pu coexister. Dans le cas de Bourbon‑Lancy, le manque de détails n’est pas une preuve de surmoulage car les figurines, sans doute parce que la pâte est trop tendre, sont très usées.
56Un petit fragment de valve de moule antérieure, comprenant la partie supérieure d’une coiffure en touffes resserrées de très petite taille, permet d’affirmer que des figurines de ce genre étaient bien fabriquées à Bourbon‑Lancy ; mais l’exiguïté de l’objet ne permet pas de le rattacher à un type précis. Quelques têtes de figurines du même style, mais non identiques (types Bourbon‑Lancy nos 20‑21‑22, fig. 28,1 à 3), conservent encore au revers la boule de pâte qui les faisaient adhérer au fond de la niche.
57Une petite figurine dont il ne reste que les jambes, avec un objet rond collé à la jambe droite (fig. 30, 12 et 43, 4), est à rapprocher d’une Vénus tenant un même objet de la main droite (patère ? flacon ?) et placée dans un édicule, qui fut retrouvée dans une tombe de la nécropole de la citadelle à Chalon‑sur‑Saône datée de la fin du Ier s. (inédite). Or la figurine de Bourbon‑Lancy a été trouvée en stratigraphie (S 14) non loin (US 17) de la partie droite (pour le spectateur) d’un édicule (fig. 30, 1 et 43, 10) au décor semblable à celui de Chalon‑sur‑Saône ; ces deux objets de Bourbon‑Lancy peuvent être datés de la première période d’occupation du site au ier s.
2.1.3.4. Vénus à gaine
58On sait depuis longtemps que ces figurines, dont seule la tête en ronde‑bosse émerge d’un corps emprisonné dans une gaine décorée de symboles astraux, furent répandues massivement dans l’ouest de la Gaule, c’est‑à‑dire dans ce qui correspond actuellement à nos provinces de Bretagne et de Normandie. Certaines de ces figurines portent une signature, dont la plus connue est celle du célèbre, mais énigmatique, Rextugenos. Cependant, si l’aire principale de diffusion est bien circonscrite, il n’en va pas de même pour la localisation du ou des lieux de fabrication : dans le Centre ou localement ? Au fil des découvertes, on penchait tantôt pour l’une des solutions, tantôt pour l’autre. Jusqu’à la découverte en 1986 à Rennes d’un atelier avec four dans lequel, parmi des moules sans signature, se trouvait une valve de moule signée rextugenos‑sulliasawot pour Rextugenos Sullias avot (Joubeaux 1988 : 76, fig. 243). Bien qu’on fût en présence d’une valve de moule obtenue par surmoulage avec la signature venue s’imprimer sur un motif préexistant, cette découverte semblait faire triompher l’idée d’une fabrication exclusivement locale, lorsque nous découvrîmes en fin d’étude du matériel de Bourbon‑Lancy des pièces qui allaient relancer le débat.
59A notre grande surprise, parmi un grand nombre de débris, nous trouvâmes d’abord une tête ornée d’étoiles (type no 24, fig. 28, 5), puis, l’esprit en éveil, nous identifiâmes dans un fragment décoré de cercles concentriques qui aurait pu être confondu avec une partie d’édicule orné, la partie inférieure d’une autre Vénus à gaine (type no 25, fig. 28, 7) ; cela nous conduisit à reconnaître, dans un fragment de valve de moule décoré de cercles semblables, le moule d’une partie de gaine décorée (type no 23, fig. 28, 4). Là, nous trouvons la preuve d’une fabrication très éloignée de la principale aire de diffusion qui peut mettre tout le monde d’accord ; ce n’est plus « la Bretagne ou le Centre », c’est devenu « la Bretagne et le Centre ».
60Cependant, il demeure un problème à résoudre, celui de la chronologie. A quelle époque a‑t‑on commencé à fabriquer des Vénus à gaine ? Productions simultanées ou décalées dans le temps entre les ateliers du Centre et ceux de l’Ouest ? Sur quelle durée ? En examinant de nouveau le matériel trouvé en stratigraphie à Bourbon‑Lancy, nous eûmes soudain la certitude que la tête seule trouvée dans une couche datée du ier s.‑début du iie s., malgré son état très fruste qui pouvait faire hésiter sur son identification, était bien la même que celle déjà rencontrée (type no 24, fig. 28, 6) et à laquelle, entre‑temps, était venue s’adjoindre la partie postérieure d’une autre tête absolument identique trouvée aussi dans un amas de fragments divers.
61A partir d’analyses physico‑chimiques pratiquées sur des Vénus à gaine trouvées à Rennes et à La Chapelle‑des‑Fougeretz en Bretagne, ainsi que sur celles signées Rextugenos, sans discrimination de provenance, il ressort l’attribution possible de trois provenances différentes. La première est localisée à Rennes et regroupe la majeure partie des objets trouvés près du four ; la deuxième, non localisée, regroupe une partie des objets trouvés à La Chapelle‑des‑Fougeretz ; et la troisième, également non localisée, concerne toutes les Vénus signées Rextugenos (Joubeaux 1988 : 67‑75). Il serait intéressant de faire analyser les Vénus à gaine de Bourbon‑Lancy pour connaître leur attribution de provenance. Le moule et les figurines ont‑ils la même composition chimique ? Autrement dit, le moule a‑t‑il été importé ou a‑t‑il été fabriqué sur place ? A quel(s) groupe(s) peuvent‑être rattachés ces objets ? A celui de Bourbon‑Lancy ? La fabrication serait alors totalement effectuée dans cet atelier. A l’un des groupes cités plus haut pour Rennes ? Les résultats seraient plus complexes à interpréter. Dans l’immédiat, la seule certitude qui demeure est celle d’une fabrication de Vénus à gaine à Bourbon‑Lancy, que la diffusion commerciale ait eu lieu vers la Bretagne ou autour du Centre.
2.1.4. Typologie incertaine
2.1.4.1. Liste des fragments de moules (M) et de figurines (F) sans typologie
62VÉNUS :
M 86.344 |
M 86.844 |
M 86.385 |
M 86.845 |
M 86.386 |
M 86.926 |
M 86.394 |
F 86.257 |
M 86.397 |
F 86.487 |
M 86.719 |
F 86.534 |
M 86.720 |
F 86.539 |
M 86.751 |
F 86.541 |
M 86.753 |
F 86.543 |
M 86.763 |
F 86.672 |
M 86.765 |
F 86.685 |
M 86.772 |
F 86.855 |
M 86.778 |
F 86.856 |
M 86.801 |
F 86.858 |
M 86.843 |
F 86.868 |
2.1.4.2. Vénus ( ?) avec un aigle
63Une valve de moule postérieure et un archétype forment un ensemble exceptionnel qui présente un double intérêt puisque cela concerne le mode de fabrication d’une part, et le répertoire iconographique d’autre part. C’est la première fois qu’il a été retrouvé un moule et l’archétype qui a servi à le fabriquer (nous verrons un autre cas plus loin, cf. 4.3.2.2., coq type no 6), et qui plus est, trouvés dans la même fouille. Voilà un argument de poids pour avancer qu’il y avait une fabrique de figurines à Bourbon‑Lancy.
■ Type Bourbon‑Lancy no 26 (fig. 15, 1‑4 et 28, 8)
64Nous sommes en présence d’une scène et non plus d’un sujet isolé. Un personnage nu, de grande taille, en appui sur la jambe gauche, le bras droit étendu le long du corps, pose la main sur une masse bombée soudée à sa jambe droite. A sa gauche, tout au long de sa jambe, s’appuie un aigle à la tête tournée à droite et aux ailes éployées, l’aile droite recouvrant une partie du mollet de la jambe gauche.
65Qui est ce personnage ? Un homme, comme pourrait le laisser supposer la puissance de la musculature ? Une femme, comme le suggère l’attitude déhanchée ? L’absence de tête, brisée, laisse planer un doute. Par chance, une autre scène de ce genre, en terre cuite, a été retrouvée intacte dans une tombe de Rheinzabern en Allemagne datée du dernier quart du ier s. (Rouvier‑Jeanlin 1986 : 42, fig. 106 ; Schauerte 1985 : no 291, pl. 37) : Vénus, une chouette sur l’épaule gauche, est entourée d’un aigle à sa gauche et de ce qui pourrait être un dauphin sur sa droite.
66A Bourbon‑Lancy, la cassure du moule nous empêche de savoir si une chouette reposait sur l’épaule de la déesse. En revanche, l’archétype de l’aigle nous donne des informations sur ses deux faces où le plumage est traité différemment : par une juxtaposition de boulettes aplaties pour la face antérieure, par des incisions, courbes sur le corps et obliques sur l’aile, au revers. Sur le pourtour externe de la tête et de l’aile gauche, une ligne de pointillés en creux prouve qu’il s’agit bien d’un archétype. Une malencontreuse cassure du côté droit de ce dernier nous prive d’informations en ce qui concerne le mode de fabrication. L’ensemble était‑il décomposé en plusieurs éléments (Vénus, aigle, masse située à droite de Vénus, et peut‑être encore d’autres ajouts auxquels nous ne pensons pas) rassemblés et collés après démoulage mais avant cuisson (dans ce cas l’archétype de l’aigle serait complet), ou bien n’y avait‑il qu’un seul archétype pour l’ensemble de la scène et, dans cette hypothèse, la cassure du côté droit de l’aigle serait plutôt un arrachement à partir de la jambe de Vénus. La pièce de Rheinzabern ne peut pas nous aider à résoudre ce problème car elle est d’un style très différent : les animaux ne sont pas collés aux jambes mais éloignés en bout de socle ; sa fabrication a dû nécessiter l’utilisation de plusieurs moules, dont certains ont été retrouvés dans les fouilles de l’atelier de Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre (Allier) (Rouvier‑Jeanlin 1972 : no 34). Il est possible que le coroplathe de Saint‑Pourçain se soit inspiré d’une figurine en bronze comme celle trouvée à Augst en Suisse (Rouvier‑Jeanlin 1985 : no 107). Dans quelle direction chercher la source d’inspiration du modeleur de Bourbon ? Les échanges entre Bourbon‑Lancy et Saint‑Pourçain ont été très étroits, mais ont‑ils eu lieu dans les deux sens ?
67Quant au thème iconographique, il demeure assez mystérieux. Que vient faire un aigle auprès de Vénus ? Et la chouette ? La présence d’un dauphin, en revanche, n’est pas une innovation : il est présent sur maintes statuettes antiques, placé verticalement le long de la jambe de Vénus, la tête en bas, dans un mouvement sinueux similaire à celui de la masse bombée de la pièce de Bourbon‑Lancy. Cette scène a probablement eu beaucoup de succès puisqu’on la retrouve dans deux centres de production très différents, mais sa mode n’a pas dû dépasser de beaucoup l’aube du iie s.
68Néanmoins, nous ne devons pas pour autant écarter l’hypothèse d’une représentation d’Hébé, fille de Zeus et d’Héra et déesse de la jeunesse, parfois représentée avec l’aigle à ses pieds, comme sur la Porte Noire de Besançon par exemple ; ce thème a d’ailleurs été repris par des sculpteurs modernes, dont Rude avec son « Hébé jouant avec l’aigle de Jupiter » (Dijon).
69Faut‑il placer ici un fragment de valve de moule postérieure (inv. no 86.771, fig. 28, 9) qui représente une femme nue coiffée comme une Vénus, mais dont l’attitude ne correspond pas à celle d’une Vénus d’un type connu ? A tout hasard, nous proposons de voir dans ce large dos celui d’une Vénus protectrice, tout en sachant qu’il peut tout aussi bien s’agir d’un personnage non divin représenté dans une pose et dans une fonction qui nous échappe.
2.2. Minerve
2.2.1. Typologie
2.2.1.1. Types
70Type I – La déesse est représentée debout.
Type II – La déesse est assise.
2.2.1.2. Groupes
71Les groupes sont désignés par deux lettres accolées : la première représente le bras droit de la figurine vue de face (à gauche pour le spectateur), la seconde représente le bras gauche (à droite pour le spectateur).
72A – Le bras est appuyé sur un bouclier.
B – La main tient une patère.
C – Le bras est levé et tenu écarté du corps.
D – Le bras est levé, la main au‑dessus de l’épaule.
E – Le bras est levé, la main sur l’épaule.
F – Le bras pend le long du corps.
G – La main tient une mèche de cheveux.
H – Le bras est replié sur le torse, la main étalée sur l’épaule.
Z – Le bras manque.
2.2.1.3. Sous‑groupes
■ Forme du bouclier
73a – Le bouclier est rectangulaire.
b – Le bouclier est hexagonal (losange tronqué).
c – Le bouclier est ovale.
d – Le bouclier est rond.
e – Le bouclier est en forme de losange :
– 1 : sans umbo ;
– 2 : avec umbo .
■ Forme de l’égide
74a – Carré à bords rectilignes.
b – Carré à bords concaves.
c – Circulaire.
d – En croissant horizontal.
2.2.2. Liste des moules (M) et figurines (F)
2.2.3. Commentaire typologique
75Minerve se place très loin derrière Vénus, puisqu’elle n’est représentée que par quatre fragments de moules et par quatre figurines incomplètes. C’est bien peu, néanmoins ces quelques fragments sont riches de renseignements divers.
■ Type Bourbon‑Lancy no 1 (fig. 28, 10)
76Deux fragments de valves de moules antérieures sont identiques ; on peut déjà remarquer qu’à l’inverse des Vénus le socle était compris dans le moule. L’ensemble est de petite taille. La déesse est debout et tient de la main gauche un bouclier ovale posé à terre le long de sa jambe. Les plis de la tunique, rectilignes et verticaux sur la jambe gauche, s’infléchissent en virgule sur la jambe droite et forment une envolée qui déborde du socle ; le bas de la tunique est souligné par un volant plissé. Toutes ces observations nous conduisent à penser que nous sommes en présence de moules qui ont servi à fabriquer des Minerves destinées à être placées dans un édicule et identiques à celle qui occupe la rotonde d’un édicule à fronton triangulaire trouvé à Worms en Allemagne (Rouvier‑Jeanlin 1985 : no 140, pl. XIV).
■ Type Bourbon‑Lancy no 2 (fig. 28, 11)
77Le troisième fragment de valve de moule antérieure ne comprend que le bras et le côté gauche du torse. Minerve, également de petite taille, est vêtue d’une tunique à large encolure arrondie cernée d’un bourrelet. La tête de la Gorgone s’inscrit dans une égide ronde placée sur la poitrine au‑dessus des plis plats verticaux de l’apoptygma. Une bande finement striée orne l’emmanchure au‑dessus du bras qui descend le long du corps ; on distingue le haut de la main qui enserre le bouclier. Il est possible que cette Minerve s’apparente au type no 1.
■ Type Bourbon‑Lancy no 3 (fig. 28, 12)
78La Minerve issue de ce fragment de valve de moule antéro‑supérieure diffère des précédentes par la taille et par la pose : nous avons là une figurine qui n’était pas destinée à être placée dans un édicule. Du visage il ne subsiste que l’œil droit en forme de longue amande en relief ainsi que l’oreille droite vue de face, plaquée sur le rebord de son casque disposé en auréole ; en avant de ce dernier, les cheveux forment une bande de courtes mèches rectilignes juxtaposées. Le bras droit de la déesse est replié, éloigné du corps, et la main descend vers l’épaule sur laquelle elle s’appuie du bout des doigts ; juste au‑dessous de ceux‑ci part un groupe de plis souples qui plongent vers la ceinture et cernent l’égide arrondie, brisée, sur laquelle on ne distingue plus qu’une petite partie des serpents rayonnants de la tête de la Gorgone. L’apoptygma se prolonge sous la ceinture en larges plis ronds verticaux à base festonnée. Ce type n’a jusqu’à présent été trouvé qu’à Bourbon‑Lancy, mais on peut le rapprocher de moules ou figurines de même style, dans une pose semblable, avec un casque identique, fabriqués dans le Centre (musée de Moulins, inv. 5.2.147).
■ Type Bourbon‑Lancy no 4 (fig. 29,1)
79Une des figurines de Minerve retrouvées à Bourbon‑Lancy est proche des types nos 1 et 2 ; elle est plus complète que les moules : le bras droit est replié, mais différemment que dans le type no 3. Il est collé au corps, l’avant‑bras en avant, de telle manière que la figurine puisse être facilement insérée dans la rotonde d’un édicule ; la main s’étale verticalement, doigts réunis, sur la naissance du bras. De chaque côté du cou descend une mèche de cheveux rectiligne. On ne distingue plus rien de l’égide. Les plis de la tunique sont très proches de ceux des deux premiers types. Des figurines de ce type ont été fabriquées à Saint‑Bonnet‑Yzeure (Allier), cependant le plissé de leur tunique est très différent (Mercier 1974 : inv. 400‑437).
80Sur le fragment no 86.864 (fig. 29, 2), dont il reste trop peu pour deviner le type mais qui présente un bas de tunique semblable aux précédents, on s’étonne de voir le socle de cette Minerve collé sur un autre socle beaucoup plus haut. De toute évidence elle n’a pas été collée dans un édicule et son agrandissement par l’ajout d’un second socle interdisait certainement qu’elle y fût déposée. Il existe au musée archéologique de Rouen une Minerve de même type, avec socle incorporé, elle aussi collée sur un second socle.
81Ces types présentent toutes les caractéristiques qui permettent de leur attribuer une date de fabrication assez précoce au ier s. de n. è. Il n’en va pas de même pour une tête auréolée d’un casque rond et plat : la régularité des traits, la finesse des yeux et la souplesse des mèches de cheveux qui encadrent le visage indiquent une évolution dans le style ; aussi paraît‑il difficile d’y voir une fabrication antérieure au iie s. (fig. 29, 3a et 21, 6). Cependant, cette tête est identique à celle d’unmoulage sans provenance conservé au MAN (Rouvier‑Jeanlin 1972 : no 470) mais qui est certainement celui de la Minerve no 5.4.18 du musée de Moulins trouvée à Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre (fig. 29, 3b) ; or, sur cet exemplaire, les plis de la tunique descendent en oblique sur la jambe gauche, en boucle verticale entre les jambes, puis le tissu moule la jambe droite et s’évase en trois longues boucles sur le côté, c’est‑à‑dire que nous sommes devant une facture typique du ier s., ce que ne laissait pas présager l’examen de la tête seule. Voilà qui incite, une fois plus, à la plus grande prudence quant à la datation ou à l’interprétation à partir d’un fragment. Le bras droit de la Minerve de Moulins est replié le long du corps et la main repose sur l’épaule. L’égide est carrée, à bords concaves.
82Deux autres fragments de figurines méritent d’être signalés. Le premier représente la partie inférieure d’une tunique évasée à gros plis ronds rectilignes qui pourrait appartenir à une Minerve, une Abondance ou une Victoire ; au revers de la face antérieure (il n’y a pas eu de face postérieure) subsiste la boulette rapportée qui la fixait au fond d’une niche d’édicule.
83Le second se limite à un socle rectangulaire sur lequel sont restés quatre pieds humains alignés ; ils appartiennent vraisemblablement à un couple divin tels ceux trouvés à Saint‑Bonnet‑Yzeure (Minerve‑Mercure) et à Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre (Abondance‑Mercure).
2.3. Épona
84Épona occupe une place bien modeste puisque les fouilles n’en ont révélé qu’une seule figurine (fig. 29, 4‑6). Bien qu’incomplète, on peut voir qu’elle était représentée assise de face ; la déesse tient une corne d’abondance dans le bras gauche tandis que le bras droit, plaqué contre le corps et plié vers l’avant, est brisé à la hauteur du poignet. Epona est vêtue d’une robe dont l’encolure ronde est en forme de bourrelet ; deux plis ronds descendent entre les jambes. Une pièce d’étoffe, dont l’agencement est difficile à comprendre, recouvre les épaules en gros plis ronds qui descendent et s’étagent en U sur le devant et en V sur l’ensemble du dos ; l’avant‑bras droit est découvert, alors que le bras gauche sort des plis. D’infimes traces de couleur rouge subsistent dans les plis de cette sorte de sagum ou de paenula. Cette figurine est également un unicum.
2.4. Abondance
85Un fragment a été retrouvé dans une couche de la dernière période d’occupation, datée de la fin du iie s. Vêtue à la romaine, son style correspond à celui en usage dans les ateliers du Centre à cette époque.
2.5. Les déesses‑mères
86La plus grande surprise nous est sans conteste réservée par les déesses‑mères (pour les uns), déesses‑nourrices (pour les autres), ou plus exactement par leur absence : pas le moindre fragment de moule, pas le moindre fragment de figurine. Deux fragments de base avec deux pieds qui apparaissent sous l’ourlet d’une robe et un fragment de dossier en osier pourraient peut‑être leur être attribués, à moins qu’ils n’appartiennent à des Abondance assises. Deux d’entre eux trouvés hors stratigraphie s’apparentent au style « Pistillus » et ne peuvent être datés d’avant la fin du iie s., quant au troisième il n’est même pas certain que le personnage ait été représenté assis. Cette absence ne peut être due au hasard sur une quantité aussi impressionnante d’archétypes, de moules et de figurines. D’autant qu’à Saint‑Bonnet‑Yzeure, si proche de Bourbon‑Lancy par la facture, malgré un matériel plus restreint, les déesses‑mères sont présentes (Mercier 1974 : no 257‑297). Serait‑ce une question d’époque ? Dans le mémoire de Christine Mercier, les fouilles de Saint‑Bonnet dirigées par H. Vertet sont datées de la deuxième moitié du iie s., période du déclin de l’atelier de Bourbon‑Lancy étudié ici, dont le plus gros de la production se situe entre 30‑50 et 120 de n. è. D’ailleurs, la coiffure des plus précoces représentations de déesses‑mères gallo‑romaines est flavienne et il est possible que les potiers de Bourbon‑Lancy de cette époque n’aient pas souhaité élargir leur répertoire.
2.6. Mercure
87Mercure est le seul de tous les dieux à être présent. C’est certain en ce qui concerne un fragment antéro‑inférieur de valve de moule (inv. 86.807) (fig. 29, 7) dans laquelle on voit la main droite aux longs doigts, figurés par quatre vigoureuses incisions rectilignes, qui tient une bourse plaquée le long de la cuisse ; les jambes sont épaisses, mais bien modelées, les doigts de pieds sont indiqués. Le dieu est en appui sur la jambe gauche, la jambe droite légèrement fléchie. Ce Mercure était de grande taille.
88Mais cette attribution est moins certaine pour un autre fragment de valve de moule très fruste (inv. 86.909) qui pourrait représenter le revers d’une chlamyde dont certains types de Mercure sont revêtus (Mercier 1974 : St‑Bonnet inv. 308‑382 ; Rouvier‑Jeanlin 1972 : no 490, St‑Pourçain‑sur‑Besbre).
2.7. Les édicules
89Nous terminerons ce chapitre sur les divinités par la description des édicules qui abritaient le plus souvent Vénus, mais parfois aussi Minerve et occasionnellement une déesse‑mère, voire un Mercure.
2.7.1. Typologie
2.71.1. Types
90Type I – Le fronton est orné de trois pointes : une à chaque extrémité et une au centre.
Type II – Le fronton est triangulaire.
Type III – Le fronton est arrondi.
2.7.1.2. Groupes
91Une lettre désigne la nature de chaque support du fronton : un seul ou deux pilastres de chaque côté, un pilastre et une colonne, etc. Les lettres seront disposées dans l’ordre observé sur l’édicule, de gauche à droite par rapport au spectateur.
92A – Pilastre.
B – Colonne.
2.71.3. Sous‑groupe
931 – Sans décor.
2 – Avec cannelures.
3 – Avec décor géométrique.
4 – Avec caissons.
2.7.2. Commentaire typologique
2.72.1. Type I
94Un fragment de moule (inv. 86.317) est intéressant à double titre : c’est un des rares moules d’édicule à trois pointes retrouvés (fig. 30, 1) –nous ne connaissons que celui du MAN (Rouvier‑Jeanlin 1972 : no 237)– et il est signé g prisci.(cf. chap. 5). La surface comprise entre le haut de la niche et la base des trois pointes est nue ; l’artisan ne décorait donc cet espace qu’après démoulage, ce que laissait d’ailleurs pressentir la réalisation malhabile, à main levée, des motifs géométriques, ainsi que la grande diversité dans la combinaison des lignes. Le musée de Roanne possède de tels édicules dont les frontons ont conservé une décoration peinte ; un très bel exemplaire complet a été trouvé à Karden en Allemagne,dans une tombe d’époque libérienne, dont la niche abritait une Vénus du type I (Gonzenbach 1986 : pl. 76, 3).
2.7.2.2. Type II
95Un autre fragment de moule (no 86.329, fig. 30, 2) comprend la partie gauche (pour le spectateur) d’un fronton triangulaire dont le rampant est surmonté de languettes en gouttes d’eau, toutes de taille égale. Les trois bords du fronton sont ornés d’une épaisse moulure qui surplombe une torsade soulignée d’une fine moulure. La frise de l’entablement est décorée d’une ligne d’S allongés comprise entre deux rangs de perles. La pointe du fronton devait être ornée d’un acrotère faîtier comme sur le no 86.559 (fig. 30, 3).
96Des fragments de moules de pilastres décorés d’S (groupe A3) sont également à ranger dans le type II. Parmi de nombreux fragments d’édicules on distingue des pilastres cannelés (A2) ou décorés (A3) surmontés de chapiteaux à trois rangs de trois feuilles d’acanthe très stylisées, tantôt superposées, tantôt disposées en quinconce (fig. 30, 4‑6), ou encore en trois rangs de quatre feuilles (fig. 30, 7‑8), ce qui est plus rare.
97Le répertoire des motifs décoratifs est commun aux ateliers de Bourbon‑Lancy et de Saint‑Bonnet‑Yzeure, cependant, les modules et la répartition des ornements sont différents d’un atelier à l’autre, chacun gardant son originalité propre.
Table des illustrations
© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1989