Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire)
| , ,Première partie. Les Figurines en Terre Cuite
1. Introduction
Texte intégral
1En venant étudier, il y a plus de quinze ans, les quelques moules et figurines gallo‑romaines en terre cuite conservés dans l’église‑musée de Bourbon‑Lancy, nous étions bien loin d’imaginer qu’une étonnante découverte aurait lieu presqu’un siècle après les premières fouilles entreprises en 1892 par l’abbé Melin et A. Bertrand, cependant déjà fructueuses (Bourbon 1892 : 254‑265 ; Vertet 1988 : 21‑33). Comment ne pas croire rêver en voyant ce qu’un simple remblai, pas même situé sur l’emplacement d’un atelier, a pu restituer d’archétypes, de moules et de figurines. Certes, la quantité n’est pas un critère suffisant pour démontrer l’intérêt d’un matériel archéologique, mais lorsqu’à cela s’ajoute la certitude de la révélation de nombreux types nouveaux fabriqués sur une période relativement courte et précoce, l’ensemble devient passionnant à étudier.
2Devant une telle masse d’objets à publier en un court laps de temps, il était exclu d’envisager l’élaboration d’un catalogue exhaustif, même si chaque objet méritait qu’on s’y arrêtât quelque peu : réduire l’étude à une vision générale et synthétique sous forme d’article obligeait à passer sous silence nombre de détails qui ont chacun un intérêt particulier. Aussi avons‑nous préféré l’étude de chaque type représentatif d’une série de pièces, tout en répartissant dans un tableau situé en début de chacun des sujets étudiés la totalité des objets qui le composent ; la typologie générale (Rouvier‑Jeanlin 1972 et 1973) est rappelée au début de chaque sujet, et la typologie appliquée aux différentes séries précède le commentaire ; tous les objets d’une même série sont regroupés sous un numéro de typologie spécifique à Bourbon‑Lancy. Nous avons choisi de partager le matériel, comme dans nos précédents catalogues, en trois parties : les divinités, les personnages et les animaux.
3Mais avant de passer à cette étude, nous croyons utile de rappeler les grandes lignes de la fabrication des figurines (Rouvier‑Jeanlin 1986 et 1988). Les fabricants de figurines, appelés coroplathes, utilisaient une argile riche en kaolin avec laquelle ils façonnaient un modèle ou archétype, soit en plein, soit en deux parties (les exemples de ces deux méthodes sont nombreux à Bourbon‑Lancy), sur lequel ils traçaient en creux la ou les lignes de délimitation des futures valves du moule complet. Nous attirons l’attention du lecteur sur l’utilisation par certains auteurs (et c’est un phénomène récent) du mot valve pour désigner une des faces de figurine et non plus un élément de moule comme par le passé. Il faut donc dans les descriptions prendre soin d’écrire le terme complet, soit valve de moule, soit valve de figurine, selon les cas.
- 1 Sur une Epona cependant, il reste d’infimes traces rouges dans les plis du vêtement.
4Lorsque l’archétype était cuit, il était enduit d’argile fraîche pour former le moule qui devait être séparé en valves (face et dos ou côté droit et côté gauche par exemple) ; il fallait suivre les lignes creuses prévues à cet effet ; une fois détachées de l’archétype par le phénomène de retrait au sèchage, les valves, dont certaines furent signées, étaient cuites à leur tour. Pour la fabrication des figurines, il suffisait d’enduire en plusieurs couches successives d’argile les parois des valves en s’efforçant de bien faire pénétrer la pâte dans les creux, d’attendre que l’argile soit suffisemment sèche pour retirer les épreuves (ou positifs) et les assembler entre elles à l’aide de barbotine ; il suffisait de pratiquer un trou d’évent pour que la figurine ne se déforme ou n’éclate pas sous la pression des gaz dilatés par la chaleur d’environ 900° lors de la cuisson qui suivait. Elles ont souvent été peintes, avant ou après cuisson, mais à Bourbon‑Lancy il n’en reste pas trace1, tant le matériel a souffert de son séjour en terre.
5Pour éviter la fastidieuse lecture d’une série de sigles typologiques dans le texte, nous avons attribué à chaque type d’un sujet donné un numéro de 1 à n, numéro spécifique à Bourbon‑Lancy. Mais il est toujours possible de trouver ces sigles typologiques en se reportant au tableau placé en tête des chapitres dont le sujet a fait l’objet d’une typologie : on y trouve sous cette forme la typologie détaillée qui lui correspond, à laquelle s’ajoute la liste des archétypes, moules ou figurines qui le composent, avec leur numéro d’inventaire.
6Mais tous les sujets rencontrés à Bourbon‑Lancy ne sont pas susceptibles d’entrer dans de tels tableaux, car il n’a pas été toujours possible de créer une typologie détaillée et cohérente : c’est le cas de ceux qui ont été retrouvés en trop petite quantité jusqu’à présent, ou encore du fait de leur uniformité d’attitude et de style. Lorsque ces conditions se présenteront ici, seul sera présent le tableau général des types du sujet étudié, placé en tête de chapitre.
Notes
1 Sur une Epona cependant, il reste d’infimes traces rouges dans les plis du vêtement.
© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1989