Boussargues (Argelliers, Hérault)
| , ,Troisième partie. Le secteur ouest interprétation des données
1. L’architecture
Résumé
L’analyse spatiale des niveaux de destruction appartenant à la cabane 1 et au locus 1 permet d’avancer quelques hypothèses sur le mode de couvrement. Les lauzes de grès allochtone trouvées au‑dessus des vestiges mobiliers et sous les éboulis issus des murs occupent une position stratigraphique déjà observée dans plusieurs villages fontbuxiens. Il s’agit de lauzes de toiture. Elles couvraient partiellement les toitures et complétaient une couverture végétale. La difficulté à repérer les calages de poteaux n’empêche cependant pas d’envisager la présence de toits en bâtière, comme cela a aisément été démontré sur d’autres sites. Plusieurs solutions sont envisagées pour la couverture de ces édifices : toit unique couvrant la cabane et le locus ou toitures juxtaposées. Certaines paraissent plus probantes que d’autres.
Les structures rondes sont les édifices les plus originaux de Boussargues. Une étude détaillée de leur comblement, notamment en ce qui concerne la structure 5, permet d’envisager l’existence d’une couverture encorbellée. La démonstration s’appuie sur plusieurs arguments : choix des matériaux, techniques de construction, morphologie des éboulis, contenu archéologique, absence de traces de l’incendie.
La technique de l’encorbellement est connue depuis le Ve millénaire en Europe occidentale. Il ne s’agit donc pas ici à proprement parler d’une révolution technologique. L’hypothèse communément admise jusqu’alors, à savoir qu’il s’agissait de tours cylindriques, est clairement rejetée.
L’étude pétrographique des matériaux de construction et les prospections géologiques dans les environs du site permettent d’envisager plusieurs origines possibles. Pour les matériaux de construction des murs (enceinte, cabanes, structures rondes) l’origine est locale. Il s’agit de calcaire jurassique affleurant sur le plateau. Pour les lauzes de toiture de la cabane 1 et du locus 1 qui sont des grès, l’origine est à rechercher dans la dépression voisine (colline de la Mathe). Il en est de même pour les meules.
Texte intégral
1.1. Observations sur le mode de couvrement (Cabane 1 et Locus 1 )
1.1.1. Introduction
1La question du mode de couvrement des structures fouillées dans le secteur ouest de Boussargues s’est présentée, dès le départ, comme un problème difficile en raison de la nature même du site où, en l’absence d’indices inscrits dans les sédiments, les seules informations proviennent des éléments minéraux en place ou éboulés.
2De prime abord, il convenait de séparer l’étude architecturale de la structure 5 qui pose des problèmes spécifiques de celle de l’ensemble formé par la cabane 1 et le locus 1. L’interprétation que nous donnons de la morphologie originelle de la structure 5 (cf. Colomer III § 1.2.) est étroitement liée à l’étude d’ensemble des structures rondes. Cabane et locus, en revanche, peuvent être étudiés en faisant référence à un certain nombre de travaux conduits sur d’autres habitats fontbuxiens. Aucune comparaison n’est en effet possible, dans l’immédiat, sur le site lui‑même, puisque les autres cabanes n’ont pas encore été fouillées où ne l’ont été que partiellement (cabane 2).
1.1.2. Les lauzes de couverture
3Le nettoyage du cailloutis gélivé superficiel fait dans tous les cas apparaître une couche constituée de biocaille d’origine locale provenant de l’éboulement progressif des murs de la cabane et du locus. Dans la zone située à la périphérie immédiate de la structure 5, les grandes dalles provenant de l’éboulement de cette construction ont largement contribué à la formation de ces éboulis. Il est à noter que dans certaines zones de la cabane 1, le substratum étant proche de la surface actuelle, les moellons provenant des murs ont été presqu’entièrement brisés par la gélifraction. De ce fait, l’horizon considéré est quasi inexistant. Au‑dessous de cet horizon, épais de 20 à 40 cm selon les zones, apparaissent des plaquettes de calcaire, de marne ou de grès plus ou moins abondantes selon les secteurs. Nous allons revenir plus longuement sur la répartition très inégale de ces plaquettes dans les deux structures considérées, mais il convient tout d’abord de rappeler qu’elles occupent une position stratigraphique bien précise. En effet, la plupart de ces plaquettes se trouvent au‑dessus des vestiges mobiliers. Cette donnée est fondamentale, car elle suffit à prouver que ces éléments proviennent des toitures.
4Les relevés en trois dimensions effectués au fur et à mesure de décapages montrent cependant que, dans de rares cas, aussi bien dans la cabane que dans le locus, certaines petites dalles reposant à plat sur le colmatage d’argile rouge, se trouvaient manifestement au‑dessous des tessons de poterie. Il s’agit très probablement de dallages partiels, ayant pour but de régulariser le sol d’occupation et de lui donner une meilleure assise quand cela paraissait nécessaire. Mais ces cas sont peu nombreux et n’ont pas d’incidence majeure sur l’interprétation que nous donnons de la position de la grande majorité des plaquettes.
5Dans la cabane 1, les plaquettes sont localisées dans leur très grande majorité le long du mur nord‑est et de l’abside sud‑est (fig. 65). Considérant que l’incendie a provoqué l’effondrement brutal de la toiture, on est en droit de penser que ces plaquettes sont tombées à l’aplomb où à faible distance de la position qu’elles occupaient sur le toit. Il en découle qu’elles devaient recouvrir au moins partiellement l’égout du toit sur sa pente nord‑est et sur la partie avant. Ces plaquettes ont été conservées après les fouilles. Nous les avons regroupé en un tas unique dont le volume est de 0,05 m3. Le poids total est d’environ 90 kg. Cette quantité ne correspond qu’à une partie des matériaux conservés ; le délitage en feuillets nous a conduit à évacuer les petits fragments avec les déblais de fouille. Dans le locus, ces plaquettes, nettement plus nombreuses, n’occupent pas une position identique. Dans les parties antérieure et centrale, les plaquettes forment un tapis quasi continu sur plusieurs mètres carrés (fig. 66). Ce tapis n’est pas constitué d’une seule couche de lauzes ; il s’agit plutôt d’un amas atteignant parfois 20 cm d’épaisseur. Ces lauzes ne sont pas très grandes. Les plus gros éléments ont 30 cm de long, mais ils ne représentent que 10 % de l’ensemble. La plupart ont des longueurs comprises entre 5 et 20 cm et des épaisseurs variant de 0,5 à 2 cm. Le volume des lauzes extraites du locus est de 0,7 m3 pour un poids de 1007 kg.
dessin Coularou

● Fig . 66 – Plan de répartition des lauzes de couverture tombées au sol dans le locus 1
dessin Coularou
6L’origine pétrographique de ces lauzes a été reconnue sans difficulté (cf. L.Damais, III § 1.3). Elles proviennent vraisemblablement dans leur grande majorité des versants bordant le fossé de Cantagrils, à 500 m environ en contrebas du site. Si la densité est très forte dans la partie avant du locus, on constate l’inverse à l’arrière. A partir d’une limite est‑ouest passant par l’axe de la porte qui relie le locus à la cabane, les lauzes deviennent beaucoup plus rares. Il ne reste sur cet espace de 7 m2 qu’une trentaine de lauzes et encore bon nombre d’entre elles, se trouvant noyées dans l’argile rouge, appartiennent vraisemblablement à un dallage ponctuel. Il est donc tout à fait certain que les deux zones du toit n’étaient pas couvertes de façon identique.
7Si, dans la cabane 1, la part végétale des matériaux de couverture devait largement l’emporter sur la part minérale, dans la zone antérieure du locus on est en droit d’évoquer une couverture complète de lauzes, reposant sur une charpente de bois. Or, cette couverture minérale ne se prolongeait pas à l’arrière du locus. Les quelques dalles qui y étaient placées, selon une disposition que nous ignorons, ne constituaient qu’un élément mineur de la protection. Cette différence pourrait être comprise comme le souci pour les occupants d’assurer une meilleure étanchéité du toit au‑dessus des réserves de glands.
8La présence de lauzes occupant la même position stratigraphique qu’à Boussargues a été signalée à plusieurs reprises sur les habitats fontbuxiens des garrigues héraultaises : Le Lébous (cabane I/J 3), La Croix‑de‑Massargues, Cazehaute, Soulas, Cambous. Dans tous les cas, le matériau utilisé n’est pas local. La recherche d’un matériau au litage fin et régulier, d’une densité moindre que celle du calcaire local, semble systématique. Ce trait culturel, très affirmé ici et absent d’autres régions du domaine fontbuxien (Vaunage) n’implique pas des règles très strictes de couvrement. Dans sa tentative de restitution des superstructures de maisons fontbuxiennes Ch. Lassure (Lassure 1983) entrevoit trois hypothèses : couverture de chaume, de lauzes ou mixte et il penche plutôt pour la troisième. A Boussargues, on voit que les deux derniers cas de figure sont envisageables. La cabane 1, recouverte de matière végétale, possédait une couronne de lauzes sur les rives du toit, au moins du côté nord‑est et en façade. La toiture du locus 1 était plus hétérogène : couvrement dense de lauzes sur la moitié avant, couvrement végétal sur la moitié arrière.
9Sur le site de Cambous, une dizaine de cabanes, plus ou moins vastes, ont été fouillées (Canet 1983). Toutes ces cabanes contenaient sous la couche d’éboulement des murs, des lauzes en calcaire lacustre non local et, en proportion moindre, des lauzes en roche locale. Le nombre de lauzes est assez variable d’une cabane à l’autre. Les plus petites, comme c4 et c5 du groupe A, qui sont en fait des édicules annexes résultant de remaniements successifs, possèdent de grandes quantités de lauzes qui recouvrent presque uniformément la couche d’habitat. J. Canet envisage pour ces petits édifices, un couvrement intégral en lauzes. D’autres cabanes, notamment les plus grandes, en possèdent de moindres quantités, parfois seulement quelques‑unes. Dans ce cas J. Canet pense à un mode de couvrement mixte (bottes de chaume et lauzes).
10Dans deux notes parues en 1983, J. Arnal ne retenait qu’une seule hypothèse, celle du couvrement intégral en lauzes. Il évaluait le nombre de lauzes provenant de la cabane 3 à environ 2000. Ces lauzes, juxtaposées, auraient couvert les trois quarts de la maison, malgré la réduction de surface des matériaux due à la corrosion. Il en déduisait que la grande maison du groupe A et la plupart des autres étaient entièrement recouvertes de lauzes,
11La critique de cette interprétation peut s’appuyer sur plusieurs arguments. L’hypothèse retenue implique un couvrement à lauzes juxtaposées, ce qui paraît peu vraisemblable, car contraire au principe d’étanchéité qui nécessite un recouvrement partiel d’une lauze sur l’autre.
12Ce recouvrement est d’ailleurs aussi employé pour les couvertures en javelles de chaume. Ainsi disposées, les lauzes actuellement conservées ne pouvaient recouvrir qu’environ un tiers de la surface totale de la maison qui est de 170 m2 hors tout en plan. En tenant compte de l’existence d’un toit en bâtière avec une pente que l’on établit par hypothèse à 40° (Lassure 1983), la surface à couvrir serait d’environ 210 m2.
13Les 2000 lauzes qui ont actuellement 20 cm de côté en moyenne, ne pouvaient couvrir que 55 m2 environ, soit le quart de la toiture. Pour obtenir une couverture à peu près complète, il faudrait admettre avec J. Arnal que les lauzes ont perdu la moitié de leur volume et qu’elles avaient donc en moyenne 40 cm de côté avant les effets de la corrosion. Il serait intéressant de mesurer les effets de la dissolution sur ces matériaux et ce, dans des conditions diverses de dépôt (en surface, enfouies dans le sol, protégées par des éboulis). Seule cette expérience permettrait de retenir ou de rejeter l’hypothèse proposée, A Cambous, village occupé sur une longue période, la récupération des matériaux de couverture dans les cabanes abandonnées et leur réutilisation sur des constructions voisines n’est pas exclue. Cette récupération pourrait expliquer en partie la variabilité du nombre de lauzes conservées dans les cabanes.
14A Boussargues, l’hypothèse de la récupération ne peut être facilement retenue. On ne constate nulle part sur le site de transformation des constructions. De plus, tout laisse à penser que les cabanes incendiées du secteur ouest n’ont jamais été réutilisées. Doit‑on alors retenir l’hypothèse d’une disparition des matériaux par dissolution ? Si cela était le cas, on ne comprendrait pas qu’elle n’ait pas joué de façon uniforme dans les deux moitiés du locus 1.
15En dernière analyse, l’hypothèse du couvrement intégral de lauzes sur les cabanes elliptiques nous oblige à admettre l’existence de charpentes suffisamment résistantes pour supporter une forte charge. A Cambous, étant donné la densité du calcaire utilisé en couvrement, la charge au mètre carré serait d’environ 100 kg. Pour supporter une pareille charge, il faudrait disposer de faîtières de forte section (au minimum 30 cm de diamètre), de chevrons également très épais et vraisemblablement de systèmes triangulés (fermes). Ceux‑ci sont peu envisageables, compte tenu de la nature des murs porteurs, de la présence dans le sol de calages de poteaux axiaux, et de la difficulté technique que représentent les assemblages à mortaises sur des bois durs de forte section (Passard in Pétrequin 1986).
1.1.3. Les charpentes
16L’existence de toits en bâtière dans l’architecture domestique fontbuxienne a été prouvée à maintes reprises par la présence, dans le sol des maisons, de calages de poteaux disposés en ligne dans le grand axe. Ces calages sont encore bien visibles à Cambous. Ils ont été observés à Conquette (Saint‑Martin‑de‑Londres), Soulas (Viols‑le‑Fort), au Gravas et au Lébous (Saint‑Mathieu‑de‑Tréviers), à Fontbouisse (Villevieille), au Pesquier (Congenies), à la Roquette (Saint‑Laurent‑la‑Vernède). Les diamètres des cavités de calage varient de 15 à 30 cm.
17A Boussargues, la nature du substrat et du remplissage ne nous ont pas permis de repérer ces calages. Interpréter comme tels certains groupements de pierres aurait été abusif. De plus, dans la cabane 1, une diaclase parallèle au grand axe central a pu être utilisée pour caler la base de poteaux. C’est donc par hypothèse comparative que nous retiendrons la présence de supports de faîtières. Il convient alors de s’interroger sur la disposition du toit sur deux structures mitoyennes possédant un mur gouttereau commun , la cabane 1 et le locus 1. Plusieurs solutions sont envisageables et méritent discussion (fig. 67).

● Fig. 67 – Les 6 hypothèses envisagées pour la disposition de toitures de la cabane 1 et du locus 1
dessin Jallot, d’après J. Coularou 1981
18Solution A
19Un toit à une seule pente partant soit du mur nord‑est de la cabane, soit du mur sud‑est du locus. Cette hypothèse est peu vraisemblable. Il aurait fallu édifier un mur très haut pour obtenir une pente suffisante et une hauteur sous toiture compatible avec les activités et la circulation dans les édifices.
20Solution B
21On aurait affaire à deux toitures en appentis opposées : le mur mitoyen servirait à l’écoulement des eaux après aménagement d’un chéneau en lauzes, en bois ou en terre. Sans cette précaution le mur central aurait été fragilisé par les écoulements.
22Solution C
23Le faîtage du toit en bâtière reposerait sur le mur mitoyen. Cette solution pose le problème de la résistance à la pression exercée par les faîtières sur un mur bâti à sec, avec double parement et peu épais. D’autre part, la portée au‑dessus de la cabane serait importante et nécessiterait la présence de pannes et de poteaux porteurs.
24Solution D
25Cette solution, la plus classique, comprendrait des poteaux axiaux dans la cabane et le locus et deux toits en bâtière juxtaposés. On rejoint ici la solution B qui nécessite l’aménagement d’un chéneau sur le mur mitoyen. L’avantage résiderait alors dans la possibilité de recueillir les eaux pluviales en bout de chéneau. Le problème pour la réalisation de cet ensemble réside dans l’étroitesse du locus sur sa partie arrière.
26Solution E
27Elle est peut‑être la plus plausible. On aurait un toit en bâtière unique recouvrant l’ensemble locus‑cabane. Les poteaux axiaux soutenant le faîtage seraient alors coincés à leur base dans la diaclase longitudinale visible dans la cabane 1 et qui se trouve à peu près à mi‑distance des deux bords latéraux de l’ensemble. La pente nord‑est du toit viendrait s’appuyer sur l’arase du mur nord‑est de la cabane 1, l’autre pente, prenant appui à mi‑distance sur le mur mitoyen, viendrait reposer à l’égout sur le mur sud‑ouest du locus. Si cette solution paraît satisfaisante, il n’en demeure pas moins vrai que la pente du versant sud‑ouest du toit serait trop faible (environ 30°) et la hauteur sous charpente insuffisante dans le locus.
28Solution F
29C’est la dernière solution envisagée. La cabane serait couverte par un toit en bâtière et le locus par un toit en appentis, le mur mitoyen comportant un chéneau. Cette solution aurait l’avantage de ménager une hauteur suffisante sous toiture dans les deux bâtiments.
30Dans tous les cas de figure envisagés, il reste à comprendre le rôle joué par les contre‑murs édifiés à l’arrière de la cabane et du locus, mais aussi celui du contre‑parement externe construit contre le mur de ceinture tout au long du locus, au sud‑ouest.
31Au fond du locus, le contre‑mur est adossé au parement extérieur de la structure ronde. Il semble donc qu’il ait permis l’appui de l’arrière du toit sans remaniement de la paroi de cette dernière construction. Celle‑ci était déjà bâtie quand les fontbuxiens ont construit le locus et l’ont couvert. Il paraissait alors difficile, compte tenu du mode de construction de la structure ronde, de ménager des niches ou une banquette d’appui en sous‑œuvre dans sa paroi externe. Pour la cabane 1, on doit retenir que la solution d’appuyer l’arrière du toit sur le mur de ceinture ne convenait pas non plus, d’où la construction du contre‑mur. Son tracé légèrement concave évoque d’ailleurs, de façon atténuée, les fonds absidiaux des maisons classiques.
32Le contre‑mur adossé au mur sud‑ouest du locus, qui est en même temps un tronçon du mur de ceinture peut avoir eu plusieurs fonctions. On peut évoquer le besoin de renforcer l’édifice dans cette zone où se trouve la plus forte pente. On comprend alors mal pour quelle raison ce contre‑mur ne se poursuit pas au‑delà du locus vers le sud, puisque la pente est tout autant accusée. On peut aussi interpréter sa présence contre le locus et uniquement là par le fait que le mur de ceinture a été utilisé comme mur gouttereau de cette cellule. Il aurait donc été nécessaire de remplacer ce mur qui perdait partiellement sa fonction d’origine. On remarque toutefois, dans le secteur nord du site, qu’un tronçon du mur de ceinture a été utilisé comme mur gouttereau de la cabane 2 et que cela n’a pas entraîné la construction d’un contre‑mur extérieur.
33Un dernier problème doit être évoqué, celui du raccord entre la ou les toitures de la cabane 1 et du locus et la structure 5. Nous avons vu qu’un encastrement en sous‑œuvre des pannes ou chevrons n’est pas envisageable dans la paroi de la structure ronde. Faut‑il admettre que ces niches d’encastrement avaient été prévues au moment de la construction ? D’autres solutions sont possibles. Pour le locus, on a vu que le contre‑mur du fond pouvait régler ce problème technique. Mais dans la cabane 1, la structure 5 est en saillie et il fallait préserver la hauteur de passage d’un édifice à l’autre. Cette difficulté pouvait être résolue par la mise en place d’une panne sablière devant le linteau de la porte. Dans tous les cas de figure, l’étanchéité ne pouvait que difficilement être assurée.
1.1.4. La hauteur primitive des murs et la pente du toit
34La hauteur primitive des murs est directement liée au mode de couverture. Si l’on retient l’hypothèse de deux toits en bâtière juxtaposés sur la cabane et le locus, on retrouve les contraintes techniques propres à la maison fontbuxienne elliptique, telles qu’elles ont été clairement exposées par plusieurs auteurs (Gasco 1976, 1983, Lassure 1983). Un consensus semble s’être établi pour envisager une hauteur d’environ 1,50 m (Bailloud 1975b, Canet, Roudil 1978, Gasco 1976, Lassure1983). A Conquette, G. Bailloud signale la variabilité des hauteurs. Le mur nord de la maison 6 avait au moins 1,40 m et dans la maison 5, le mur de chevet est encore conservé sur 1,20 m de hauteur. Par contre, la maison 2 qui n’a livré pratiquement aucun matériau d’éboulement devait posséder des murs qui ne devaient guère dépasser les 0,60 m actuellement conservés (Bailloud 1975b).
35A Boussargues, l’épaisseur des murs est toujours proche du mètre. Seul le mur mitoyen cabane‑locus est plus étroit dans sa partie arrière. On ne connaît pas le volume total des matériaux d’effondrement car une partie de cette masse a disparu avec la gélifraction et la dissolution. Les hauteurs actuellement conservées vont de 0,10 m dans les secteurs les plus érodés à 0,70 m dans les secteurs les mieux préservés.
36A Cambous, comme à Conquette, J. Lassure remarque que l’écartement entre les calages de poteaux axiaux est de 3 à 4 m, voire de 4 à 5 m dans les maisons les plus vastes. Il en déduit que si la portée était de 3 à 5 m, les poteaux axiaux pouvaient avoir des hauteurs comparables. En prenant pour base des poteaux de 3 à 5 m et des murs atteignant 1,50 m de haut, cet auteur établit la pente des toitures dans une fourchette allant de 40 à 60° selon la technique de couvrement envisagée (40 à 60° pour une couverture végétale, pas plus de 40° pour une couverture mixte).
1.1.5. Conclusion
37Il serait vain de vouloir dégager des conclusions formelles de cet essai de restitution d’une architecture en grande partie détruite. Etant donné le peu d’éléments dont nous disposons à Boussargues, les hypothèses de restitution sont aléatoires. Parmi les certitudes, on retiendra que les éléments de couverture de la cabane 1 et du locus étaient partiellement de nature végétale comme le prouvent les traces d’un incendie qui a épargné la structure 5, entièrement construite en pierre. Mais à ces végétaux, venaient s’ajouter des lauzes que les constructeurs allaient chercher dans la dépression voisine, distante de 500 m. Ces lauzes jouaient un rôle important dans la couverture de la partie avant du locus.
38Comme les calages de poteaux ne sont pas visibles, la présence d’un ou de deux toits en bâtière ne peut être déduite que d’un raisonnement d’ordre technique et par comparaison avec d’autres habitations fontbuxiennes.
39Il sera bien évidemment du plus haut intérêt de confronter ces données et hypothèses avec celles qui ressortiront de la fouille des autres bâtiments.
1.2. Données pour une analyse architecturale (la structure ronde no 5)
1.2.1. Les structures rondes
40Les structures rondes sont les édifices les plus originaux de Boussargues, mais aussi ceux qui posent le plus de problèmes d’interprétation. Les conditions de conservation particulièrement favorables et déjà évoquées (cf. introduction), nous permettent cependant d’avancer un certain nombre d’hypothèses à propos de leur mode de construction, de leur morphologie d’origine et de leur fonction dans l’habitat ceinturé.
41Ce chapitre a essentiellement pour objet de souligner les faits observés au cours des fouilles les plus à même de nous aider à restituer virtuellement des édifices aujourd’hui détruits. En effet, si on peut aisément restituer la morphologie originelle des murs de l’enceinte et des maisons absidiales, sans toutefois connaître leur hauteur exacte, il n’en est pas de même pour les structures rondes.
42De plus, cette analyse archéologique s’inscrit dans un contexte quelque peu polémique puisque des structures de forme et de dimensions comparables, celles du Lébous, ont été considérées a priori comme des tours appartenant à un système de défense (Arnal, Martin‑Granel 1961, 1973 a et b). D’autres auteurs ont avant nous, et de façon radicale, rejeté cette interprétation (Canet, Roudil 1978) qui a cependant encore cours dans la littérature (Courtin 1975 ; Camps 1979 ; Guilaine 1980), Plus récemment, à propos des structures rondes de Boussargues, Ch. Lassure contestait mais avec d’autres arguments, l’hypothèse que nous avions proposée dans de précédents travaux et sur laquelle nous allons revenir plus longuement ici (Lassure 1983, Balbure et alii 1983).
43On peut partir de deux hypothèses initiales : ou bien ces constructions possédaient des murs verticaux de bas en haut et dans ce cas, il peut s’agir soit de tours (interprétation de J. Arnal) soit d’édicules couverts en matière végétale ou lithique (interprétation de Ch. Lassure) ; ou bien, deuxième hypothèse –la nôtre–, les murs étaient inclinés vers l’intérieur à partir d’une certaine hauteur et la partie supérieure des constructions était bâtie en encorbellement, comme le sont les « capitelles » d’époque moderne, dans le sud de la France.
44C’est dire combien il nous parut important, dès le début des fouilles, d’enregistrer avec précision la disposition des couches de destruction et la nature des éléments éboulés. De nombreuses photos furent prises après chaque décapage et tous les éléments éboulés ont été dessinés sur plan au 1/5 (fig. 68 à 70).
cliché Colomer

● Fig. 69 – Relevés 1 à 4 des couches de destruction faisant apparaître le comblement de dalles et leur pendage
dessin Coularou

● Fig. 70 – Relevés 5 à 7 des couches de destruction et relevé du substrat en courbes de niveau
dessin Coularou
1.2.2. La structure 5 : morphologie et remplissage
45Nous rappellerons ici les caractéristiques de la construction dégagée par la fouille ainsi que la morphologie des éboulis de destruction. Avant la fouille aucun indice ne permettait de déceler la présence d’une structure ronde qui n’est apparue qu’après enlèvement du cailloutis de gélifraction (fig. 71). Un affût de chasse constitué d’une murette en demi‑cercle avait d’autre part été bâti à une époque récente sur cet emplacement, mais sa base reposait sur le cailloutis, la structure ronde n’ayant pas été touchée. Le mur de la structure 5 a une épaisseur de 1 m et il est conservé sur une hauteur de 0,80 m près de l’unique porte qui donne sur la cabane 1. Il n’a plus que 0,30 m de haut à l’opposé, dans la partie qui se trouve en bordure de la rupture de pente.
46La technique de construction est analogue à celle de l’ensemble des structures du site : un double parement de pierre sèche enserrant une fourrure interne de biocaille (fig. 72 et 73). Ici, comme pour les autres structures rondes, l’appareillage est beaucoup plus soigné que celui des murs des cabanes et de l’enceinte. Mais ce qui les différencie le plus, c’est le choix des matériaux de construction : hormis quelques blocs de plus gros module au bas de la structure 1 et de la structure 5, tous ces édifices sont bâtis en dalles de 0,50 sur 0,40 m pour 0,15 m d’épaisseur (valeurs moyennes). Un autre caractère les distingue du reste des constructions : l’inclinaison volontaire et systématique vers l’extérieur des dalles constituant les parements intérieurs. Cette inclinaison est très probablement destinée à protéger l’espace intérieur des infiltrations d’eaux pluviales. Cette technique a été utilisée par ailleurs à l’époque moderne sur certains murs de pierre sèche. Mais dans ce cas, elle affecte les deux parements et joue un rôle différent (cohésion du mur). A Boussargues, seuls les parements intérieurs sont affectés d’un pendage.

● Fig. 73 – Travaux de consolidation effectués sur la structure 5. Ceux‑ci, en dégageant le bourrage interne du mur, font ressortit la technique de construction à double parement
cliché Colomer
47Les éboulis de destruction à l’intérieur comme à la périphérie immédiate des structures rondes sont constitués de ces dalles, de la base jusqu’au sommet, Le matériau de construction est un calcaire jurassique local, mais les strates régulières et peu épaisses recherchées pour l’extraction ne sont pas assez abondantes sur place, comme on peut le constater encore aujourd’hui. Il est vraisemblable que les bâtisseurs ont extrait ces dalles à la périphérie du site dans un rayon de quelques centaines de mètres (cf. Damais, ce volume, III § 1.3). L’effort consenti pour extraire puis acheminer sur place un tel volume de matériaux ne peut se comprendre que si l’on admet qu’il avait pour finalité un ouvrage particulier, un simple mur vertical pouvant être construit avec le « tout venant » local comme l’ont été les tronçons du mur de ceinture et les murs des cabanes.
48Les étapes de construction des édifices du secteur ouest ont déjà été décrites. Rappelons toutefois que la structure 5 a été bâtie en premier et d’un seul jet, sans reprises. Les tronçons du mur de ceinture s’appuient contre elle sans aucune imbrication. Contre cet ensemble, viennent s’appuyer les murs de la cabane 1 et du locus 1.
49L’intérieur de la structure 5, d’une superficie de 5 m2 ne recèle aucune trace de foyer et le parement ne porte pas la marque de l’incendie qui a fortement rubéfié les parois de la cabane et du locus. Les seules traces d’aménagement visibles consistent en un martelage des têtes de lapiés qui étaient sans doute trop gênantes et en la présence d’une dalle en saillie formant étagère à 0,35 m de la base du mur. Le comblement était constitué de dalles tombées à plat sur le sol, recouvertes par d’autres dalles verticales ou obliques, ayant presque toutes la même orientation (fig. 68) et dont la position traduit un effondrement en masse de la paroi. Cet effondrement différent de celui des autres structures rondes a probablement été provoqué par un affaissement des assises du mur, à la suite d’un phénomène de soutirage dans le lapiaz dont les effets sur la solidité de la construction ont été aggravés par l’appel au vide, puisque la structure a été bâtie très près de la rupture de pente. Une fissure désolidarisant les joints est d’ailleurs encore visible sur toute la hauteur conservée du mur, côté sud.
50A l’extérieur de la structure, une couronne de dalles formant parfois des piles inclinées (fig. 72) a pu être dégagée en totalité. Cette accumulation correspond à l’éboulement d’une partie du mur vers l’extérieur de la structure. Dans la cabane 1, la couche de destruction provenant de la structure ronde était bien visible et les dalles recouvraient les pierres provenant du secteur arrière de la maison. Dans l’ensemble, le volume des matériaux provenant des structures rondes, malgré sa diminution due à divers facteurs sur lesquels nous reviendrons, est plus important que celui des autres constructions, ce qui montre que ces édifices devaient être plus hauts ou tout au moins nécessitaient une masse plus importante de matériaux.
51Alors que la morphologie de la couche de destruction de la structure 5 est essentiellement liée à l’effondrement rapide d’un pan de paroi, il n’en est pas de même dans les cinq autres structures rondes. De ce point de vue, la structure 5 n’est pas représentative de l’effondrement progressif d’une construction à plan circulaire couverte en encorbellement. Pour les autres structures, par contre, le processus de destruction a été clairement établi. Il correspond d’ailleurs tout à fait aux observations que nous avons pu faire sur plusieurs capitelles subactuelles en cours d’effondrement dans la garrigue nîmoise, l’Uzège ou la région de Lauret (Hérault). La destruction s’opère à partir du haut de l’édifice puis progresse vers les parois, formant ainsi un cône d’éboulis assez caractéristique, les dernières dalles venant se caler verticalement contre le parement intérieur sur les bords de l’amas (fig. 76). La structure 2 est sans doute à cet égard la plus typique (fig. 74).

● Fig. 74 – Vue du comblement de la structure 2 après enlèvement du cailloutis superficiel. L’amas conique de dalles provenant de l’éboulement de la voûte en encorbellement est très caractéristique
cliché Colomer
52L’éboulement d’une tour cylindrique donne au contraire un bourrelet de pierres sur les bords, celles‑ci tombant à l’aplomb du mur, le centre ne se comblant qu’a posteriori.
1.2.3. Éléments en faveur d’une couverture en encorbellement
53Notre interprétation repose sur un certain nombre d’observations et de déductions qui nous paraissent solidement fondées. Cependant, celle‑ci ayant été fortement contestée (Lassure 1983) nous allons examiner tour à tour les arguments qui nous ont été opposés.
54• Il n’y a pas d’amorce de voûte visible actuellement
55Si l’on observe une capitelle moderne, de dimensions au sol analogues, on constate que l’amorce de la voûte ne commence qu’au‑dessus de la porte d’entrée, c’est‑à‑dire à hauteur d’homme (fig. 75). Même en admettant que les structures rondes de Boussargues avaient des portes plus basses, le départ de l’encorbellement devait être nettement au‑dessus de la hauteur conservée des murs qui ne dépasse pas 0,80 m.
56• Une construction couverte en fausse‑voûte laisserait un volume de matériaux plus important que celui que l’on trouve actuellement dans et autour des structures rondes
57Le volume des matériaux nécessaires pour la construction d’une structure circulaire à encorbellement peut être très variable, suivant la hauteur de l’amorce de la voûte et suivant la courbure de celle‑ci. Ces constructions peuvent avoir moins de 2 m de hauteur ou plus de 4 m. En observant l’épaisseur de la couche d’éboulis on constate qu’elle correspond à la hauteur actuelle des murs. Là où ils sont conservés sur 0,80 m, la couche a la même puissance. Là où ils ne sont conservés que sur une faible hauteur (0,20 m), il en est de même. Il est évident que les murs avaient tous à l’origine la même élévation et qu’au fur et à mesure qu’ils s’éboulaient, la masse des déblais devenait plus importante. Or, c’est le contraire que nous constatons actuellement. La raison en est claire. C’est que le tertre formé par l’éboulement a été érodé. Tout l’habitat a été érodé et nivelé suivant une ligne qui correspond au profil naturel de la colline. L’ablation a été plus importante à l’est, sur le replat‑où par exemple le mur d’enceinte ne comporte plus par endroits qu’une assise de pierres – et moindre à l’ouest (mur de la structure 5 conservé sur 0,80 m de haut). Il y a donc une correspondance totale entre le niveau d’érosion des murs et celui des éboulis qui en sont issus. Nous en avons la confirmation dans l’état des lieux avant la fouille. A ce moment là, seule la structure 1 formait un petit tertre peu élevé au‑dessus du sol et ceci s’explique par le fait que la couronne, de gros blocs de l’assise de base qui a mieux résisté aux agents érosifs a protégé la couche d’éboulis. Par contre, aucune autre structure ronde n’émergeait du sol recouvert par les cailloutis de gélifraction. Cette disparition des matériaux peu perceptible à l’échelle d’une vie humaine peut devenir conséquente en quelques millénaires. Elle est imputable à plusieurs facteurs.
58– La gélifraction
59Très active en période hivernale, elle est responsable de l’éclatement des pierres qui se transforment progressivement en cailloutis. Sous un climat mésoméditerranéen humide – c’est le cas des garrigues du nord Montpelliérais – l’alternance gel‑dégel est quasi quotidienne en hiver au moins sur une partie des mois de janvier et février. Les effets de la cryoclase sont alors accentués.
60– La dissolution karstique
61L’eau de pluie dissout le calcaire en surface et dans le sol (Nicod 1972). Cette dissolution varie avec la pétrographie des roches, la pluviosité et la température (Nicod 1972, Mazet 1985). Dans la zone concernée, l’ablation théorique globale serait d’environ 30 mm par millénaire (Fabre 1981) soit environ 15 cm depuis le Chalcolithique. Ce phénomène est bien entendu sujet à des variations locales dues à l’état de l’exokarst, la pétrographie des roches carbonatées, la disposition structurale, etc. (Fabre 1981). On observe actuellement sur le site les effets de la dissolution sur les têtes de lapiés (cannelures) et sur les dalles se trouvant en surface. Les parties qui étaient couvertes par un sol, puis par la suite protégées par les vestiges conservent des formes lisses qui sont celles d’un karst formé sous couverture pédologique (Nicod 1967, Goulet 1978, Ambert ce volume, I § 1.3.).
62– Le ravinement superficiel
63Pour les zones situées en bordure de pente, les ravinements par gros orages peuvent déplacer et étaler des matériaux déjà entraînés vers le bas par gravité.
64– Le soutirage karstique
65Le substrat rocheux très fissuré et creusé par l’érosion karstique absorbe les sédiments sur lesquels reposaient les constructions, créant ainsi des sources de déséquilibre qui favorisent leur écroulement. Les tensions créées par ces soutirages contribuent à la fissuration des matériaux de construction.
66– L’action de la végétation
67Les racines des arbres, en particulier des chênes verts, ont un effet destructeur important. Les plus grosses souches se développent à partir des vides du substrat comblés de sédiment.
68– L’abrasion éolienne
69Ses effets sont négligeables sur les calcaires jurassiques locaux.
70– Le piétinement animal
71Les piétinements des troupeaux d’ovi‑capridés accentuent l’étalement et le tassement du cailloutis, Nous nous trouvons ici dans une zone de parcours qui n’a été abandonnée que très récemment.
72– Le facteur humain
73Difficiles à quantifier, les prélèvements de matériaux pour des usages divers ne sont pas à négliger. La présence d’un four à chaux et de deux cabanes de charbonniers à proximité immédiate du site pourraient expliquer d’indéniables prélèvements de dalles, en particulier sur la structure 3.
74– La technique de la voûte à encorbellement était‑elle connue au Chalcolithique dans cette région ?
75La voûte à encorbellement est, contrairement aux apparences, très facile à mettre en œuvre sur un édifice à plan circulaire. C’est celle qui vient naturellement à l’esprit d’un bâtisseur à pierre sèche quand il veut couvrir un abri. Utilisée à toutes les époques et sous toutes les latitudes, elle présente l’inconvénient de mal se conserver dans le temps. Cependant, quelques exemples montrent qu’en Europe occidentale elle était largement répandue dès le Néolithique moyen. Les imposantes coupoles encorbellées des chambres funéraires de l’ouest de la France sont datées de la deuxième moitié du Ve et du IVe millénaire (Joussaume 1978, 1985). De nombreuses tombes à plan circulaire et couverture en encorbellement ont été édifiées dans le sud et l’ouest de la péninsule Ibérique au cours du IIIe millénaire. Il est vrai que cette technique concernait alors essentiellement des édifices funéraires. Mais il n’empêche que l’existence de tels monuments en Europe occidentale montre qu’aucun obstacle technique n’interdisait aux Fontbuxiens de l’utiliser à leur tour dans l’habitat. En Languedoc oriental, on connaît dans le village fontbuxien de Canteperdrix à Calvisson (Gard) (Marignan 1891) un loculus attenant à une cabane couvert en encorbellement. Sur le site voisin de la Queyrolle, une diaclase élargie est couverte par des dalles qui reposent sur une amorce de fausse‑voûte (quelques dalles formant un léger surplomb). Plus près de Boussargues, deux villages fontbuxiens au moins possèdent de tels édicules aménagés à l’extrémité de cabanes (station de Galabert aux Matelles et station de Soulas à Viols‑le‑Fort) mais leur état de dégradation ne permettait pas de connaître leur mode de couvrement. Dans certains dolmens languedociens, les parois des chambres et antichambres en pierre sèche forment parfois des amorces d’encorbellement (antichambre du dolmen du Lamalou, chambre du dolmen du Pouget) mais elles sont toujours couronnées de grandes dalles de couverture. On voit donc que si l’encorbellement intégral n’a été réalisé sur un diamètre de base d’au moins deux mètres qu’à Boussargues, la technique était connue dès le Néolithique final dans cette région.

● Fig. 76 – Reconstitution schématique des étapes de destruction des structures rondes de Boussargues
dessin Jallot
76En résumé les principaux arguments en faveur de la couverture en encorbellement des structures rondes sont :
-
le choix des matériaux : dalles plates extraites aux environs du site, contrastant nettement avec la morphologie des matériaux utilisés dans les autres constructions (fig. 77) ;
-
la technique de construction : constructions circulaires de mêmes dimensions et inclinaison vers l’extérieur des dalles du parement interne ;
-
la morphologie des éboulis : cônes d’éboulis à l’intérieur des structures constitués uniquement de dalles plates provenant de la partie supérieure des édifices, « piles d’assiettes » éboulées à l’extérieur.

● Fig. 77 – Vue des parements extérieurs de la structure 5 (à gauche) et du mur d’enceinte (à droite) montrant la différence de choix des matériaux de construction
cliché Colomer
77Arguments secondaires étayant notre hypothèse :
-
présence de mobilier dans les structures rondes, dont des vases entiers et présence dans certaines de foyers aménagés dans le sol rocheux surcreusé ; aménagement du sol par martelage des pointes rocheuses ; ces éléments montrent que les structures étaient habitées ;
-
absence de rubéfaction des parois intérieures contrairement au locus 1, à la cabane 1 et à la cabane 2, montrant qu’il n’y avait pas de couverture végétale sur ces édifices au moment de l’incendie des maisons.
1.2.4. Conclusion
78Les structures rondes de Boussargues, couvertes d’une voûte en encorbellement ne pouvaient avoir la fonction défensive que l’on attribue généralement à des tours. Entièrement tournées vers l’intérieur de l’espace clos, elles étaient totalement dépendantes des maisons absidiales à partir desquelles on y accédait. La mise en évidence de cette technique de construction va à l’encontre de l’interprétation généralement admise des enceintes chalcolithiques en pierre sèche. Il ne sera désormais plus possible d’assimiler cet habitat ceinturé, en même temps que le Lébous, aux ensembles défensifs de Méditerranée orientale ou de la péninsule Ibérique qui comportent de véritables tours, comme cela a pourtant été écrit récemment (Arribas, Molina 1982).
79Dans l’immédiat, les éléments de comparaison locaux manquent encore. Les structures rondes du Lébous avaient des dimensions identiques. Les assises de base comportaient de très gros blocs, mais nous ne savons rien des parties supérieures détruites, les publications ne donnant aucune information à leur sujet. Sur deux habitats ceinturés inédits découverts en 1985 sur le plateau de l’Hortus (Hérault), les structures rondes ont aussi des dimensions comparables. Le comblement que l’on y observe rappelle tout à fait les cônes d’éboulis de Boussargues. Seule la fouille de plusieurs d’entre elles permettrait de confirmer l’existence d’un modèle régional, modèle que l’on peut déjà supputer à partir de la remarquable constante dans les diamètres et l’épaisseur des murs de ces diverses constructions rondes. Le contenu des structures rondes de Boussargues apporte des éléments d’analyse pour comprendre leur fonction. Le dépôt de vases, d’outillage lithique, la présence de foyers et de quelques vestiges osseux permettent d’envisager un usage domestique. Toutefois, relativement à la surface disponible, ces structures contiennent moins de mobilier que les cabanes. Il est possible qu’après l’abandon du site, consécutif à l’incendie, ces structures rondes aient été fréquentées temporairement. Des objets ont pu alors être récupérés. Mais on peut aussi voir dans la faible concentration de mobilier, le souci de laisser un espace libre pour le repos. L’étude comparative de ces structures et de leur contenu fera l’objet de prochains travaux.
1.3. Origine des matériaux de construction en pierre
1.3.1. Introduction
80Le but de ce chapitre est de préciser l’origine des matériaux de construction en pierre des structures rondes et toitures de la cabane 1 et du locus 1 afin de savoir si les carrières étaient éloignées du lieu d’implantation de l’habitat chalcolithique ou si l’extraction était effectuée sur le site même. L’habitat est installé sur un calcaire du Portlandien (Jurassique supérieur) dont le faciès d’arrière‑récif, ou platier, est caractérisé, entre autres, par la présence de nombreux gravels.
1.3.2. Origine des lauzes
81L’origine des lauzes est diverse. Elles proviennent principalement d’un horizon en strate ruinée du Portlandien qui se trouve à 200 ou 300 m des structures rondes fouillées et non du Jurassique moyen dont les affleurements sont à 2 ou 3 km à vol d’oiseau, comme on avait pu le penser précédemment (cf. Balbure et alii 1982‑86). Ces grandes lauzes ont été utilisées pour élever et couvrir les structures rondes.
82L’étude détaillée des échantillons de roche prélevés par nos soins sur le terrain (fig. 78) (voir tableau comparatif 1 : fig. 79 a et b) montre clairement les différences essentielles qui subsistent entre les lauzes du Jurassique moyen (V et VI) prélevées sur la route entre Viols‑le‑Fort et Puechabon et les lauzes du Jurassique supérieur, Portlandien, trouvées le long du chemin (l) qui conduit au site. Ces dernières sont identiques à celles trouvées dans le site même (XXIII, XXV) prélevées dans la structure 1 et XIII, XVI, prélevées dans la structure 4. On se référera à la fig. 78 pour les lieux de prélèvement de ces échantillons. Ces roches ont en commun de nombreux caractères et notamment les lamines orangées trouvées nulle part ailleurs et qui sont des stylolites dues à la pression/dissolution lors de la diagenèse. Les échantillons prélevés le long du chemin et ceux prélevés sur le site sont des roches carbonatées d’origine marine caractéristiques d’un milieu de dépôt, le faciès périrécifal, ou plus exactement l’arrière‑récif.

● Fig. 79a – Tableau comparatif des différentes roches trouvées sur le site (roche en place et matériaux prélevés dans les murs). Texture des roches carbonatées ; étude faite à la loupe de terrain (G x 10), classification de Dunham.
83Différentes encore, les lauzes de la base du Portlandien, plus sombres, qui caractérisent un milieu de dépôt plus profond, comme en témoigne l’odeur de soufre dégagée à la cassure (XVII, III). Mais aussi, les lauzes prélevées sur la colline de la Mathe (c8) dans le bassin voisin, près des terres cultivables. Ces roches se distinguent des précédentes car elles sont d’origine continentale et sont constituées de grains de silice accolés par un ciment calcaire précoce : ce sont des grès. En fonction de leur situation sur la coupe géologique (fig. 80), elles présentent des caractères qui permettent de les différencier.

● Fig. 80 – Coupe géologique synthétique de la colline de la Matte, versant oriental, avec indication des horizons dans lesquels ont été prélevés les matériaux minéraux utilisés à Boussargues
relevé R. Martin et L. Damais, mis au net par J. Coularou
84Une étude statistique approfondie pourrait peut‑être permettre de dater les étapes de construction des toitures de la cabane 1 et du locus 1. En effet, on peut admettre que les habitants qui recherchaient ces lauzes ont surement puisé d’abord dans les affleurements de la base de la colline, plus proches et faciles d’accès. Une fois l’horizon épuisé, ils montaient sur la butte de la Mathe les chercher plus haut, etc. Ceci est indiqué par la proportion différente des types de grès utilisés pour la couverture de la cabane et celle du locus. Les grès blancs sont représentés par les échantillons XXXII et XXXIII, les grès rouges par les échantillons XIII et XXVIII.
1.3.3. Origine des pierres de construction des murs
85Les échantillons II et VII prélevés sur le substratum des constructions et ceux prélevés respectivement dans la cabane 1 et la structure 1 sont les mêmes que ceux trouvés en de nombreux endroits dans les murs de ces constructions (ex : XXIV). De même pour XIII et XI qui sont d’anciens sables graveleux cimentés et compactés et dont les structures sont en relation avec le faciès d’arrière‑récif que représente le plateau sur lequel l’habitat est établi. Pour preuve, de nombreux micropoudingues formés de gravels de taille plus importante (XV) ramassés sur le chemin, à proximité immédiate des fouilles. Ceux‑ci contiennent de nombreux fragments de coquillages et autres éléments caractéristiques de ce milieu. Il a même été trouvé des microbrèches (VI) qui ont été prélevées dans le mur de la structure 1 et témoignent d’épisodes tectoniques dont la marque est d’ailleurs bien visible sur le site (failles et brèches de faille). Les grès n’ont pas été utilisés pour l’édification des murs. Des plaques de grès font partie du matériau de couverture de la cabane 1 et du locus 1. Ils ont constitué l’élément essentiel pour la fabrication des meules par les habitants de ce lieu (ex : X et XXVI). Ils proviennent de la colline crétacé / éocène de la Mathe, peu éloignée du site (fig. 81).

● Fig. 81 – Coupe géologique N.‑N,O./S.‑S.E. de la région de Boussargues (relevé L. Damais, mis au net J. Coularou).
1.3.4. Conclusion
- 1 Tous mes remerciements vont à MM. Jean-Yves Crochet, du laboratoire de paléontologie de l’USTL, à M (...)
86Il apparaît clairement que les gros éléments de construction des murs ont été pris sur place ou dans un petit périmètre par rapport aux édifices. Il en est de même pour les grandes lauzes des structures rondes. Les plaquettes étant des éléments plus légers, elles ont été prélevée dans un périmètre plus vaste, mais toujours peu éloigné de l’habitat. En ce qui concerne ces derniers éléments, utilisés pour la couverture des cabanes, les plus légers proviennent de la base du Portlandien, les affleurements se trouvant dans le bassin de Cantagrils. Ces affleurements ne sont plus visibles de nos jours, masqués soit par la végétation soit par les alluvions et colluvions (ex : VII, III). La situation est donc actuellement différente de celle qu’ont connu les occupants de Boussargues, car les divers affleurements sont plus nombreux aujourd’hui sur les hauteurs que dans le bassin. Cet état de fait laisse à penser que la végétation et le sol étaient plus importants sur les reliefs au Néolithique et que le paysage actuel est le résultat d’une érosion récente1
Notes
1 Tous mes remerciements vont à MM. Jean-Yves Crochet, du laboratoire de paléontologie de l’USTL, à Montpellier et Yves Bodeur, de l’Institut des sciences de la nature, Département des sciences de la Terre, université de Nantes. Leurs critiques et conseils m’ont été très précieux.
Table des illustrations
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Légende | ● Fig. 65 – Plan de répartition des lauzes de couverture tombées au sol dans la cabane 1 |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 100k |
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Légende | ● Fig . 66 – Plan de répartition des lauzes de couverture tombées au sol dans le locus 1 |
Crédits | dessin Coularou |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 237k |
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Légende | ● Fig. 67 – Les 6 hypothèses envisagées pour la disposition de toitures de la cabane 1 et du locus 1 |
Crédits | dessin Jallot, d’après J. Coularou 1981 |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 126k |
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Légende | ● Fig. 68 – Vue de la structure 5 en cours de fouille |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 251k |
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Légende | ● Fig. 69 – Relevés 1 à 4 des couches de destruction faisant apparaître le comblement de dalles et leur pendage |
Crédits | dessin Coularou |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 585k |
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Légende | ● Fig. 70 – Relevés 5 à 7 des couches de destruction et relevé du substrat en courbes de niveau |
Crédits | dessin Coularou |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 546k |
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Légende | ● Fig. 71 – Mise au jour de la structure 5 par enlèvement du cailloutis de surface |
Crédits | cliché Colomer |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 258k |
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Légende | ● Fig. 72 – Coupe est‑ouest de la structure 5 |
Crédits | dessin Coularou |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 40k |
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Légende | ● Fig. 73 – Travaux de consolidation effectués sur la structure 5. Ceux‑ci, en dégageant le bourrage interne du mur, font ressortit la technique de construction à double parement |
Crédits | cliché Colomer |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 250k |
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Légende | ● Fig. 74 – Vue du comblement de la structure 2 après enlèvement du cailloutis superficiel. L’amas conique de dalles provenant de l’éboulement de la voûte en encorbellement est très caractéristique |
Crédits | cliché Colomer |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 263k |
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Légende | ● Fig. 75 – Une capitelle d’époque moderne dans le Gard (région d’Uzès) |
Crédits | relevé et dessin Coularou |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 107k |
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Légende | ● Fig. 76 – Reconstitution schématique des étapes de destruction des structures rondes de Boussargues |
Crédits | dessin Jallot |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 210k |
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Légende | ● Fig. 77 – Vue des parements extérieurs de la structure 5 (à gauche) et du mur d’enceinte (à droite) montrant la différence de choix des matériaux de construction |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 250k |
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Légende | ● Fig. 78 – Points de prélèvement d’échantillons de roches sur le site de Boussargues. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 27k |
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Légende | ● Fig. 79a – Tableau comparatif des différentes roches trouvées sur le site (roche en place et matériaux prélevés dans les murs). Texture des roches carbonatées ; étude faite à la loupe de terrain (G x 10), classification de Dunham. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 158k |
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Légende | ● Fig. 79b – Tableau comparatif des différentes roches trouvées sur le site (suite). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-16.jpg |
Fichier | image/jpeg, 195k |
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Légende | ● Fig. 80 – Coupe géologique synthétique de la colline de la Matte, versant oriental, avec indication des horizons dans lesquels ont été prélevés les matériaux minéraux utilisés à Boussargues |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-17.jpg |
Fichier | image/jpeg, 148k |
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Légende | ● Fig. 81 – Coupe géologique N.‑N,O./S.‑S.E. de la région de Boussargues (relevé L. Damais, mis au net J. Coularou). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/35580/img-18.jpg |
Fichier | image/jpeg, 41k |
© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990