4.1. Introduction

1L’habitat ceinturé de Boussargues, par sa position géographique, appartient à un groupe microrégional du complexe fontbuxien. Il lui appartient aussi par un certain nombre de traits culturels dont les plus sensibles sont le modèle architectural des maisons et le style céramique. Ces deux aspects seront développés plus loin (cf. infra II § 1), Le groupe de Fontbouisse, dont l’aire d’occupation s’étend du Rhône aux Grands Causses et du Vivarais à la vallée de l’Hérault, est désormais suffisamment connu et étudié pour que l’on puisse reconnaître plusieurs faciès microrégionaux qui sont autant d’expressions locales d’un grand complexe culturel bien calé dans le temps par les datations absolues (Gutherz 1975).

2Le site de Boussargues se trouve au cœur des garrigues de l’arrière‑pays montpelliérain, à 5 km à peine du village de Cambous (Viols‑en‑Laval), 10 km du village de Conquette (Saint‑Martin‑de‑Londres) et 15 km de l’enceinte du Lébous (Saint‑Mathieu‑de‑Tréviers). Comme le montre l’inventaire détaillé que nous avons pu réaliser (cf. infra l § 5) dans un rayon de 5 km autour du site, la densité des habitats fontbuxiens est assez forte. Des inventaires récents réalisés dans la région du Pic Saint‑Loup (arrière‑pays montpelliérain) font état d’une densité de 150 villages pour une superficie de 750 km² correspondant au territoire de sept cantons (Gasco 1976). Il faut noter que, parmi ces sites, on ne connaît pour l’instant que quatre villages ceinturés.

4.2. Répartition des habitats

3Un regard d’ensemble sur la répartition des habitats du groupe de Fontbouisse en Languedoc oriental, dans l’état actuel des inventaires, fait ressortir une très forte densité dans les zones de garrigue (collines et bassins). A l’opposé la plaine du bas Rhône apparaît plus pauvre en sites. Pourtant cette situation ne doit pas faire illusion. Elle traduit de fait l’état d’avancement des recherches archéologiques et non une réalité démographique. Les zones calcaires, peu remaniées par les travaux agricoles, ont de longue date été intensément prospectées, le tropisme exercé par les grottes ayant d’ailleurs largement influencé les préhistoriens. La plaine du bas Rhône, cultivée depuis l’époque gallo‑romaine et actuellement très urbanisée, n’a fait jusqu’à ces dernières années l’objet d’aucun recensement détaillé. A la faveur d’actions ponctuelles, souvent à l’actif d’amateurs locaux, et grâce à de récentes opérations de sauvetage programmé ou d’inventaire systématique, de nombreux gisements ont été repérés. Il est désormais acquis que ces basses terres étaient, au Chalcolithique, fortement peuplées. Ces sites de plaine diffèrent de ceux de l’arrière‑pays par la nature des structures d’habitat. L’absence d’affleurements rocheux a interdit l’utilisation systématique de matériaux calcaires pour la construction des maisons. Des fouilles récentes à Montpellier (site de Richemont) et Caissargues (site du Moulin Villard) ont fait connaître deux sites assez étendus (environ 4 ha) qui possèdent tout un ensemble de structures en creux (fosses, fossés, silos). Les maisons, sans doute construites en matériau fragile (bois, roseaux, terre, etc.) ont laissé peu de traces (travaux J. Thomas et L. De Freitas, inédits).

4D’autres sites présentant de telles structures en creux ont été repérés (rive nord de l’étang de Mauguio, Costière du Gard). Cet aspect encore très mal connu de l’habitat chalcolithique demandera une poursuite des recherches dans les années à venir.

5Ce renouvellement des données archéologiques nous amène aujourd’hui à reconsidérer la vision traditionnelle, héritée des travaux de M. Louis qui avait mis en avant le concept de civilisation des « pasteurs des plateaux ». Vouloir restreindre l’habitat fontbuxien à son expression la plus monumentale, celle des villages à maisons absidiales en pierre sèche, serait en occulter un volet essentiel. Mais ce rééquilibrage des informations en matière d’occupation des sols puisque l’on sait désormais que les zones lagunaires, la plaine alluviale et les garrigues furent occupées par les communautés fontbuxiennes, nous amène à reconsidérer dans ses grandes lignes le processus de mise en valeur agricole du Languedoc oriental depuis l’essor des premiers producteurs.

6Au cours du VI^e millénaire et dans la première moitié du V^e, les groupes d’agro‑pasteurs à céramique cardiale s’installent préférentiellement dans les grottes qui bordent les canyons karstiques. Les stations de plein air sont encore rares et cantonnées aux terrains sablonneux proches de la plaine. Au cours du Néolithique moyen, de fortes communautés agricoles ont pu s’établir de manière plus durable sur les terres légères des vallées et bassins de l’Hérault, du Vidourle, du Gardon et de la Cèze. Mais la maîtrise des terroirs plus ingrats et plus réduits de l’arrière‑pays calcaire n’est réellement assurée qu’au cours du Néolithique final et surtout du Chalcolithique.

4.3. Le territoire, le village et la maison

7Cette implantation se traduit par une adaptation remarquable aux conditions du milieu dans le domaine des garrigues. Une gestion rationnelle des terroirs permet à des communautés d’agro‑pasteurs très nombreuses de cohabiter dans un milieu particulièrement sensible et propice aux « crises économiques ». La nécessaire cohésion sociale s’exprime notamment à travers un modèle architectural, la maison fontbuxienne (Gasco 1976). L’essor de la métallurgie du cuivre est favorisé par la présence de nombreux gîtes minéraux sur la bordure cévenole. Elevage et agriculture se combinent dans un subtil équilibre engendré par la diversité des terroirs. Dès lors, un milieu que l’on pourrait considérer a priori comme hostile se révèle au contraire comme le moteur du développement. Mais cette expansion démographique se traduit plus par une dissémination de petites communautés paysannes sur la totalité des terroirs disponibles –quelle que soit leur valeur productive– que par la constitution de grands établissements. Le plus grand « village » connu actuellement, en zone de plaine, celui du Moulin Villard à Caissargues (fouilles L. de Freitas) occupe 4 ha et encore le statut de ce site (s’agit‑il réellement d’un village ?) reste à définir. En zone de garrigue, le village à maisons de pierre sèche de Cambous s’étend sur environ 2 ha et il s’agit de l’un des plus importants connus à ce jour. On ne retrouve pas dans un tel contexte culturel les grands établissements qui caractérisent le Chasséen languedocien, particulièrement ceux des bassins de l’Aude et de la Garonne qui occupent le plus souvent des espaces de 10 à 40 ha.

8Si la maison fontbuxienne des garrigues constitue l’élément le plus significatif d’une cohésion sociale, cette « maison classique » (Gasco 1976), ne concerne qu’une partie du territoire fontbuxien. La plaine du bas Rhône et la zone littorale héraultaise présentent d’autres formes d’habitat (villages à fossés d’enceinte et maisons en matériaux légers) que l’on commence à peine à étudier. Le site de Richemont, à Montpellier, en est le meilleur exemple. Au nord du Languedoc oriental, les plateaux karstiques de basse Ardèche et à l’est, les Grands Causses, constituent les marges extrêmes de l’expansion fontbuxienne. Dans ces zones, l’habitat de plein air, beaucoup moins connu que l’occupation des grottes, ne présente pas non plus les traits architecturaux classiques. Au serre de Boidon (Grospierres, Ardèche) les fonds de cabane sont simplement des emplacements aménagés dans des creux de rocher plus ou moins agrandis. Sur les Grands Causses, aucun habitat de plein air n’a été étudié. Seuls avens et grottes ont livré quelques ensembles fontbuxiens.

9Ainsi, se dessinent peu à peu quelques grandes aires définies par les styles de construction. On verra plus loin que ces aires ne se superposent pas exactement aux faciès céramiques. La variabilité des modèles architecturaux dépend probablement pour une large part de la nature des substrats géologiques et donc de celle des matériaux disponibles pour la construction. L’arrière‑pays montpelliérain présente de nombreuses carrières naturelles qui ont favorisé l’émergence des maisons absidiales à murs de pierre sèche et, dans une moindre mesure, la construction de murs de protection fermant les villages. La plaine littorale au contraire ne permettait de telles constructions qu’au prix d’un transport de matériaux durs sur de grandes distances. Aussi, les systèmes de délimitation de l’espace villageois par des fossés et des fosséspalissades et l’édification de maisons en matériau léger ont‑ils eu la faveur des Fontbuxiens.

10Dans le domaine des pays calcaires (garrigues), on peut décrire au moins trois types de constructions absidiales. Le type classique des garrigues de l’Hérault possède des murs à double parement de moellons et dalles et à fourrure interne de cailloux, Les maisons de type gardois (Vaunage principalement) possèdent une forme classique (double abside) mais les murs sont constitués de parements accolés et étroitement imbriqués. Ces murs ne dépassent jamais 1 m d’épaisseur, ce qui n’est pas le cas dans le groupe héraultais. Au nord du Gardon et jusqu’en basse Ardèche, les maisons à murs de pierre sèche sont beaucoup plus rares. Les quelques ensembles connus dans la région d’Uzès, très partiellement dégagés, présentent soit des parements accolés soit de simples empilements de pierre à joints croisés appuyés contre la paroi d’une banquette périphérique creusée dans le substrat marneux (station de La Roquette, Saint‑Laurent‑la‑Vernède, Gard, inédit). Sur le site éponyme de Fontbouisse, près de Sommières (Gard), on note la présence de cabanes rectangulaires à parement simple appuyé contre une banquette aménagée dans le substrat et celle d’une cabane circulaire à double parement. Quelles que soient la forme et la surface des habitations, la présence de calages de poteau alignés dans le grand axe est très souvent attestée. L’usage du toit à double pente semble donc assez fréquent sinon systématique.

11Alors que le style céramique du groupe de Fontbouisse a connu une large diffusion au‑delà de la région d’origine (influences notoires en Provence occidentale et en Languedoc central ainsi que dans la moyenne vallée du Rhône) le modèle architectural s’est cantonné dans des limites plus étroites. En Provence, la pierre sèche a été mise en œuvre au cours du Chalcolithique avec l’édification d’enceintes sur des sites perchés (Les Lauzières, La Citadelle). Mais les rares murets adjacents qui évoquent la présence de cabanes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des enceintes sont loin d’évoquer l’existence d’un modèle de construction domestique élaboré. De façon plus générale, bien que les techniques de construction à sec aient atteint un haut niveau dès le Néolithique récent dans l’ensemble du Midi méditerranéen, comme le montrent la plupart des sépultures mégalithiques, le Languedoc oriental reste, avec sa maison fontbuxienne, un cas exceptionnel dans le domaine de l’architecture domestique.

4.4. Les tombes

12Les sépultures du groupe de Fontbouisse sont aussi nombreuses que diverses. Les cavités naturelles ont largement été utilisées. Les petites grottes, peu propices à l’habitat recèlent souvent des nécropoles. La grotte sépulcrale du Chemin de fer à Boucoiran (Gard) en est un excellent exemple (Coste et alii 1974). Un étroit boyau avait reçu 18 sujets sur environ 7 m². Le mobilier d’offrande était très abondant et varié. On a pu identifier autant de sujets de sexe féminin que de sexe masculin et la présence d’adultes et d’enfants donne à penser que l’ensemble de la population était inhumée dans cette cavité (Duday 1974). Des tombes ont également été signalées dans de plus vastes cavités utilisées aussi comme habitats. Dans les régions où la karstification est négligeable ou absente, les hommes de Fontbouisse ont creusé des hypogées, au plan variable (Devois de l’Estang, à Tresques, Gard) ou réutilisé des hypogées plus anciens (Colomer et alii 1982). Des puits et galeries de mine désaffectés ont parfois abrité des tombes collectives (Collorgues, Salinelles, Saint‑Hilaire‑de‑Brethmas, dans le Gard). Les dolmens construits pour une large part antérieurement ont été réutilisés (dolmens du causse de l’Hortus en particulier). Des formes plus exceptionnelles de sépultures ont été signalées : tombes individuelles à même le sol (site du Moulin Villard à Caissargues, Gard) ; fosse ovalaire bordée de murettes contenant plusieurs individus (site du Mas André à Bezouce, Gard, Bordreuil 1985b). Les sépultures primaires sont les plus communes et les plus facilement identifiables. Mais des dépôts de mandibules, crânes ou de groupes d’os sélectionnés ont plusieurs fois été signalés. On peut ici envisager, avec les réserves qui s’imposent faute d’observations anthropologiques précises, l’existence de sépultures secondaires (Bordreuil 1985b).

4.5. La culture matérielle

13L’élément le mieux connu de l’identité culturelle du groupe de Fontbouisse reste actuellement la céramique. Nous avons, dans de précédents travaux, défini les principaux caractères distinctifs du complexe céramique fontbuxien (Gutherz 1975). Celui‑ci offre un grand nombre de constantes sur toute son aire d’extension tant dans la forme des vases que dans les techniques et motifs ornementaux : abondance des carènes, cols à profil externe concave, décors cannelés avec motifs horizontaux, verticaux, en métopes ou en guirlandes. Ces éléments communs ne doivent pas masquer l’existence de faciès microrégionaux (Gutherz 1975). Ceux‑ci ont pu être décrits à partir de la présence plus ou moins forte ou de l’absence de certains caractères morphologiques ou décoratifs. Il s’agit toute fois d’observations empiriques, le plus souvent non quantifiées.

14Le faciès central occupe les garrigues gardoises du Vidourle à la Cèze. C’est le faciès le plus connu, celui du site éponyme et des grottes du canyon du Gardon. Le faciès de la basse Ardèche occupe toute la zone septentrionale du Languedoc oriental. Parmi les gisements les plus représentatifs, on peut citer la station de Beaussement à Chauzon (Ardèche) et la grotte de Peyroche 2 à Auriolles (Ardèche). Le faciès caussenard a été identifié récemment par G. Fages à l’aven des Corneilles (Prades, Lozère) (Fages 1979) et dès lors identifié sur plusieurs séries anciennes (Bramabiau à Saint‑Sauveur‑des‑Pour‑cils, Gard). Une découverte plus récente à la grotte du Claux (Gorniès, Hérault) a permis l’étude d’un important ensemble céramique relevant de ce faciès (Roudil 1984). Le faciès caussenard se caractérise par la prédominance des carènes douces sur grands récipients et celle des décors de cordons lisses.

15Le faciès héraultais occupe la région montpelliéraine. Entre la zone littorale, plus proche du faciès central mais qui s’en distingue par la forte représentation des décors de pastilles, et l’arrière‑pays quelques différences existent. Les décors de cordons sont prédominants et les carènes vives plus rares dans l’arrière‑pays. La série céramique de Boussargues est tout à fait représentative de ce dernier sous‑ensemble. Enfin, dans le couloir rhodanien, le style de Fontbouisse semble se mêler à d’autres composantes locales (style des Bruyères, groupe Rhône‑Ouvèze) pour donner un faciès particulier dont les caractères restent encore à préciser. Il est évident que des approches typologiques affinées à l’échelle locale et microrégionale permettraient de subdiviser ces faciès en sous‑faciès, etc. Cela fait partie des champs d’étude à venir.

16En dehors de la céramique, l’équipement matériel présente, pour chaque catégorie d’artefacts, une grande variété de types. L’industrie lithique fait plus largement appel au façonnage d’éclats qu’à celui de lames ou lamelles. L’aspect le plus original de cette industrie reste l’utilisation de plaquettes de silex lacustre qui a donné lieu à une extraction massive sur des gîtes privilégiés et à une large diffusion dans tout le Languedoc. Les plus importants sont ceux de Salinelles et de Collorgues dans le Gard, déjà largement exploités au cours du Néolithique final. Ces plaquettes ont connu une large diffusion sous forme de nucleus, d’ébauches ou d’outils finis (flèches foliacées, racloirs, poignards‑faucilles). Curieusement, les outils sur plaquette sont beaucoup plus fréquents dans les tombes que dans les habitats. S’agit‑il de biens de prestige ? Les centres d’extraction ont peut‑être donné lieu à une division sociale du travail qui peut se concrétiser par l’émergence d’une caste d’artisans‑mineurs. Mais on peut envisager aussi la spécialisation temporaire de groupes détachés provisoirement d’une communauté, les gîtes étant alors exploités par plusieurs familles.

17La même question peut se poser, de façon plus précise, avec le développement de la métallurgie du cuivre. Apparue plus précocement en Languedoc central, celle‑ci ne s’affirme pleinement en Languedoc oriental qu’au sein du groupe de Fontbouisse. Les objets confectionnés (perles, poignards, alènes, ciseaux) sont pour la plupart issus du minerai cévenol. On ne connaît pas encore dans les basses Cévennes les lieux d’extraction, tels qu’ils ont été localisés en Languedoc central (secteur minier de Cabrières, Hérault). Par contre le travail de fonderie est attesté sur plusieurs sites d’habitat (scories de Fontbouisse et du Gravas). L’industrie osseuse, assez diversifiée mais encore mal étudiée, ne semble pas présenter de caractères vraiment originaux par rapport à la panoplie d’outils en usage à cette époque dans tout le Midi. La rareté de l’outillage en bois de cervidés doit pourtant être soulignée. La parure s’inspire largement du riche fond local dont la plupart des types ont été élaborés par les groupes du Néolithique final (groupe de Ferrières essentiellement).

4.6. Données économiques

18L’économie de subsistance du groupe de Fontbouisse repose principalement sur la céréaliculture et l’élevage des ovi‑capridés et bovidés. Ces bases économiques fréquemment attestées sur les sites par les macrorestes végétaux, la faune et l’outillage spécialisé ne sauraient occulter le recours à des ressources complémentaires issues de la cueillette, de la chasse et de la pêche. C’est notamment le cas de sites quelque peu spécialisés dans la cueillette et le stockage des glands. Si le cheptel ovin semble prédominant en terrain de garrigue, il ne semble pas en être de même en plaine (cas de Richemont et Caissargues où le bœuf est plus abondant) (renseignements oraux des auteurs). Dans tous les cas, l’élevage du porc reste au second plan.

19L’existence de disettes et d’épidémies est parfois évoquée pour expliquer l’arrêt brutal de l’expansion fontbuxienne que l’on constate dans toute la région autour de 1800 av. J.‑C. (chronologie conventionnelle). Le complexe céramique fontbuxien est alors remplacé par les productions du Bronze ancien. Les villages à maisons de pierre sèche sont désertés. Les habitats de la première phase de l’âge du Bronze, très peu nombreux, ne comportent plus de maisons à abside. Tout cela donne l’impression d’une profonde rupture culturelle. Pourtant cette vision devrait être nuancée. Certes l’abandon du modèle architectural est patent, mais on ne sait pas encore par quoi il a été remplacé. Des prospections récentes ont fait connaître des habitats du Bronze ancien dont on niait il y a encore peu l’existence : site de plaine comme les Iragnons, à Codognan, Gard (Roger 1986), établissements collinaires comme le Puech des Mailles, à Poussan, Hérault (Montjardin 1984) auxquels s’ajoutent les réoccupations d’habitats antérieurs où l’on trouve quelques documents céramiques épicampaniformes (céramiques de type Laure de l’oppidum des Castels, à Nages, Gard et de l’habitat perché du Rocher du Causse à Claret, Hérault) bien datés en Provence du Bronze ancien (Courtin 1975). Le complexe céramique lui‑même ne s’est pas éteint d’un coup. Des pots à fond plat et anses en ruban de style rhodanien apparaissent en petit nombre dans des ensembles typologiquement fontbuxiens : station du Pont‑de‑Justice à Nîmes, grotte suspendue à Collias, grotte de Peyroche 2 à Auriolles. Des objets en bronze (alènes losangiques) apparaissent aussi çà et là précocement.

20En fait, l’extinction de la culture de Fontbouisse est plus vraisemblablement due à des causes internes qu’à une pression extérieure. Ces causes sont sans doute d’ordre économique. La crise a pu être engendrée par le déséquilibre entre la poussée démographique et les potentialités productives du territoire. C’est cette analyse que propose G. Bailloud dans l’Histoire de la France rurale (Bailloud 1975a).