5. Styles et techniques

5.1. État actuel des peintures

1Nous avons déjà parlé de l’état de dégradation des peintures pour exprimer notre opinion quant à leur répartition. Il est certain aussi que la bonne conservation de certaines figures a pu étonner les chercheurs alors que la grande majorité d’entre elles a subi bien des dommages. Ces changements sont essentiellement dus à la vie propre de chaque cavité.

  • 1 Dans les documents Georgeot, les signatures au bas des relevés montrent que les dessins delà vallée (...)

2L’ensoleillement a pu jouer différemment sur les pigments. Dans la grotte Chuchy le panneau de droite, indirectement atteint par la lumière, est de teinte plus sombre que le panneau qui lui fait face. L’exposition au soleil est probablement la cause d’un changement de couleur de certaines peintures. Le trait sinueux de l’abri Dalger no 3 est d’un rouge foncé aux extrémités et blanc au milieu. Au trou des Deux Amis, J. Sanz‑Martinez avait noté l’éclaircissement du trait final de l’un des signes losangiques (documents Georgeot)1. En revanche, on ne peut invoquer les effets de la lumière pour la figure orange et blanche de la paroi de droite à la grotte Chelo et il est étonnant de rencontrer cette représentation de couleur claire dans cette grotte aux parois recouvertes d’une altération noire. Cette dernière s’est déposée sur les autres figures qui de rouges sont passées à une teinte très sombre. Il est vrai que nous avons noté à cet endroit de la roche un éclaircissement résultant peut‑être d’un nettoyage préalable, mais qui n’explique pas que la grande figure seule ait été attaquée par l’altération. Le même dépôt dans la grotte de la Béate du Destel a recouvert les figures sans qu’il soit possible d’en discerner vraiment le trait.

3Les dépôts postérieurs aux figures sont d’autre nature encore. A. Glory (1948) s’était servi de ce type d’observations pour prouver l’authenticité des peintures. Il citait la carbonation qui recouvre d’un voile opaque et cristallin la plupart des figures du Carami et de la Reppe, carbonation qui prend des colorations blanches, bleutées et grises. Le ruissellement peut avoir pour conséquence de délayer le pigment ; ce fait est visible pour la figure la plus éloignée de la grotte Dalger et A. Glory faisait cette observation à propos de la figure de la grotte du Charbonnier. Par contre, une humidité constante n’a pas endommagé les figures rayonnantes de la grotte de l’Eglise et le courant d’air créé dans la grotte Monier par la destruction du muret nord n’est pas responsable de la difficulté avec laquelle on discerne aujourd’hui certaines peintures.

4A. Glory mentionnait aussi les apports étrangers tels que dépôts de fumée, poussières ou croissance de lichens cavernicoles. Ce type de dépôt est observable en maints endroits. Toutefois, un dépôt noir ne correspond pas uniquement au résultat d’un feu. Certaines cavités de la région des gorges d’Ollioules ont abrité des foyers anciens ou récents et sont recouvertes d’un voile noirâtre (grotte de la Pierre Christianisée, grotte du Croupatier). D’autres n’ont jamais servi à l’installation d’un feu surtout en profondeur et ont pourtant le même dépôt (grotte du Pin, couloir médian de la grotte Chelo, abri de la Toulousane). Il s’agit là du résultat d’une oxydation de certains éléments ferriques dans le calcaire ou le grès. Le contact avec l’air provoque une oxydation qui se traduit par cette altération sombre. Il ne s’agit que d’une altération en surface de la roche.

5L’intervention de certains apports étrangers n’est pas datable. A la grotte de la Béate du Destel, A. Glory (1948) ne mentionnait pas la colonisation des parois par les mousses. Cette végétation est sans doute récente. Dans cette grotte, à 5 m de l’entrée, on observe aujourd’hui une tache oblongue de couleur verte en périphérie, grise au centre et cernée d’une couronne plus ou moins régulière de couleur jaune (pl. XLV, A). La couronne de teinte jaune est faite de soufre produit par voie biologique, c’est‑à‑dire résultant d’une activité bactérienne dans la roche au contact de l’air et de la lumière. Par voie de conséquence, la tache grise est constituée de salpêtre dont le nitrate peut être d’origine bactérienne. La tache de couleur verte est faite d’algues dont la croissance est favorisée par une humidité de la paroi (étude de J.‑L. Respaud).

6L’extension de ces divers éléments montre en un temps relativement court la rapidité de la menace qui pèse sur les peintures postglaciaires provençales. Nous notons enfin que des superpositions de pigments ont pu agir sur la couleur initiale de chaque trait. Les superpositions de traits orange sur les figures rouges de l’abri A des Eissartènes ont donné parfois des figures aux contours flous d’un rouge tirant sur le violet. Ces dernières n’ont d’ailleurs rien de commun avec les rares représentations de teinte violette qui apparaissent sous certains dessins rouges (sous la figure n° 1 de l’abri des Eissartènes, par exemple).

● Pl. XLV – A. Tache de soufre dans la grotte de la Béate du Destel (1983) : a, salpêtre (blanc à gris) ; b, algues (vert) ; c, soufre (jaune).  B. Exemple de superposition ayant entraîné un changement dans la teinte des figures (figure n° 15 de l’abri A des Eissartènes) : a, violet ; b, rouge ; c, orange.

7Le vandalisme n’a pas épargné les peintures. Aux Eissartènes les figures sont surchargées de graffiti très récents. Les grottes Chelo et Dalger font l’objet des mêmes déprédations quoique en marge des figures. La plupart des signatures modernes, parfois datées, sont réalisées au charbon de bois, matériau qui s’efface avec le temps comme s’efface également la fumée des luminaires qui ont pu être utilisés dans ces grottes : le carbone exposé à l’air subit une oxydation et disparaît rapidement. Ainsi, l’inscription « MONESTEL 1902 » superposée à la figure orange et blanche no 2 de la grotte Chelo invoquée par A. Glory (1948) dans ses procès‑verbaux d’expertise a totalement disparu. Dans cette même cavité la plus ancienne inscription comportant une date est de 1948.

5.2. Styles

8Nous n’observons pas une grande variété des styles picturaux pour les sites ornés de Provence. Les figures sont faites de traits et de points sans remplissage de couleur, estompage et autres procédés qui favorisent la notion de volume dans l’art paléolithique par exemple. Lorsqu’elle est donnée, la troisième dimension résulte de l’utilisation du volume de la roche, saillie ou creux. L’artiste n’a parfois fait qu’accentuer un caractère naturel préexistant par un simple trait ou l’adjonction d’un détail manquant. Ce serait le cas à la grotte de la Béate du Destel (figure n° 3) ou sur le plafond de l’abri des Eissartènes (figure n° 26) ; encore renouvelons‑nous notre réserve au sujet de ces deux figures. Nous incluons dans ce raisonnement et sans présager de sa signification le creux bordé de rouge de la grotte Chelo, figure que nous n’avons pas retrouvée. L’usage de la cavité où l’artiste a peint la figure no 1 de la grotte Chelo est plus subtil. Il a tiré parti de toute l’empreinte en coiffant son personnage. C’est une œuvre de composition puisque rien ne justifie la représentation d’une tête, pas même la forme du creux. C’est dans le même esprit, user au mieux de la forme du support, que l’on a dessiné la figure de la grotte Dumas, déportée sur la droite pour que ses contours soient ceux d’une arête de la roche. La ligne courbe à droite de la fissure de l’abri Dalger no 3 utilise aussi la forme du support.

9Deux façons de représenter les figures sont notées : l’ombre pleine et le contour. Le premier style est le plus fréquent. Il s’agit des nombreuses représentations exécutées à partir d’un axe central qui donne aux figures un aspect segmenté en dépit de nombreux appendices curvilignes. Le deuxième, le contour, appelle une notion de surface ; les Préhistoriques ont délimité la figure qu’ils ont agrémentée des détails nécessaires. Les figures no 1 des grottes des Cabro et Dumas sont des exemples parfaits de ce style. C’est aussi le cas des figures qui utilisent le relief naturel de la roche.

10Ces deux styles sont indifféremment utilisés, parfois même simultanément ; on a traité avec les deux styles l’ensemble du panneau de gauche de la grotte Chuchy. Il semble même que pour les figures de la grotte de l’Olivier deux faces du sujet soient combinées : si la partie inférieure de la figure est de profil (ombre pleine), la partie supérieure semble de face (contour).

11La grande majorité des figures sont peintes dans une attitude statique. Le mouvement, lorsqu’il est traduit, se résume le plus souvent à figurer les représentations penchées.

12Les sujets sont de petites dimensions, entre 0,10 et 0,25 m de haut. Quelques exceptions existent tout de même. La grande figure n° 3 de la grotte Chelo mesure 0,68 m de haut et certains signes rayonnants de la grotte de l’Eglise ont un développement de 0,90 m. La figure de la grotte de l’Olivier, citée précédemment, mesure 0,41 m.

13Un grand nombre de représentations sont isolées. Même reproduites en plusieurs exemplaires dans la même cavité, elles sont à considérer séparément. C’est le cas de la plupart des signes de la grotte de l’Eglise. Ajoutons que le découpage des couloirs en coupoles accentue dans cette grotte l’impression d’isolement. Il existe aussi dans cette même grotte d’autres signes que la coupole réunit en un même ensemble et qui sont d’emblée associés (figure no 13). Le doublement de certains signes comme le fer à cheval existe par deux fois dans la vallée du Carami : certain dans la grotte Alain et probable au trou des Deux Amis. L’association de plusieurs signes différents est volontairement exprimée dans un certain nombre de cavités. Dans l’abri n° 1 du mamelon Georgeot, où l’on observe une répétition des figures, un signe constitué par un trait axial vertical hérissé d’appendices se terminant en crochet est immédiatement surmonté d’un trait plus court (figures no 2 et 4). Dans la grotte Chelo et sur la paroi gauche de la cavité, deux signes penchés dans le même sens (figures no 3) ont dû être dessinés en même temps. La même affirmation est moins évidente pour les figures qui leur font face, où frappent la disproportion des tailles et la différence des teintes. Même dessinés à des époques différentes ces signes sont associés (voir chapitre sur les interprétations), il y a là une action volontaire que nous prouve également la préparation de la paroi. Si nous n’avions pas vu l’importance accordée à certaines fissures nous serions moins affirmatif pour les figures de l’abri Hillaire. Pourtant le pigment est le même et chaque paroi est le support de plusieurs figures qui vont en s’intégrant dans la fissure étroite. Il y a apparemment association des signes des deux parois.

14Bien que dans un contexte identique, il y a au contraire rajout d’un élément étranger dans le panneau de la paroi gauche à la grotte Chuchy ; ce sont les six traits divergents de teinte rouge foncé à droite du panneau A.

15La même figure est parfois répétée dans la même cavité, à l’abri n° 1 du mamelon Georgeot, par exemple ; cette répétition est à l’origine de panneaux sans que l’on puisse réellement parler de composition. Ces panneaux sont des associations‑types. A la grotte Chuchy, il n’y a aucune difficulté à concevoir ces deux ensembles grâce à leur bon état de conservation. Il n’en est pas de même de l’abri des Eissartènes. On est en présence d’une exubérance de signes dégradés entre lesquels des liens sont difficiles à concevoir. Doit‑on considérer la totalité des peintures comme l’expression d’une même idée ou faut‑il opérer un découpage qui aujourd’hui ne transparaît nullement ? La numérotation donnée aux figures dans l’inventaire ne doit être considérée que comme une facilité. La fissure – ou plutôt le sillon – n’a pas été utilisée comme un moyen de séparation puisque les figures rouges restent alignées sur le même axe. Les figures de teinte orange de l’abri des Eissartènes présentent une unité de forme et sont soigneusement reliées par des séries de gros points. Ces ponctuations reliant des grilles pointées serviraient donc de liens.

16Cet abri nous offre également l’unique exemple de superpositions. Apparemment les figures orange n’ont pas de relation de complémentarité avec les signes rouges qu’elles chevauchent sans loi précise.

17Nous estimons qu’il existe une figure en position « anormale » au‑dessous de la fissure de la grotte des Cabro. A. Glory (1948) avait présenté un relevé rétablissant le sens habituel de cette représentation. Ce sont des contraintes de paroi qui ont obligé les Préhistoriques à représenter cette figure en avant de la fissure et couchée. Par contre, rien ne prouve que la figure n° 1 de la grotte Alain ait été représentée dans ce sens à cause de la paroi.

5.3. Techniques

  • 2 Le résultat des analyses de pigments est dû aux travaux de A. Glory dans les laboratoires de Brigno (...)

18Les analyses ont permis de définir la nature du pigment d’un certain nombre de figures2. Nous en donnons les résultats dans le tableau I. Les rapports antérieurs signalés dans ce tableau sont extraits de l’article de R. Gérard (1946‑47) pour les deux cavités Dalger et l’appréciation de J. Layet (1959) pour la grotte Monier. Il faut savoir que R. Gérard avouait être atteint de daltonisme, d’où les divergences d’appréciation des teintes entre ses observations, celles de A. Glory (1948) et les nôtres.

Tableau I – Résultats des analyses de pigments réalisées sur les peintures postglaciaires provençales. (J.‑P. Perthuizot assimile sulfate Fe‑NH4 à l’ocre qu’on peut appeler limonite. Les analyses de pigments de la grotte de l’Eglise n’ont donné que la nature du support, d’où le point d’interrogation).

19Un problème de restitution des analyses dans A. Glory (1948) nous empêche de savoir sur quels signes ont porté certains prélèvements, Les figures no 1 et no 2 de la grotte Neukirch et de l’abri Hillaire sont confondues et nous n’avons qu’un résultat par grotte. Quelques rares fois nous n’apprécions pas les teintes de la même façon que A. Glory (figure n° 2 de la grotte Chelo et figure no 1 de la grotte Dalger, par exemple). Des qualificatifs comme « rouge bauxite » nous semblent impropres pour définir une couleur, car la bauxite offre une grande diversité de nuances depuis le rouge presque violet jusqu’au rouge pâle, et le terme implique l’usage d’un colorant que l’analyse ne détecte pas (grotte des Cabro, par exemple). Nous sommes surpris de certains résultats comme celui de l’analyse des pigments des deux figures n° 3 de la grotte Chelo pour lesquelles la localisation et le style semblent indiquer une réalisation strictement contemporaine ; A. Glory leur a assigné deux pigments différents. Il semble enfin qu’à une couleur ne corresponde pas un pigment déterminé. On sait d’ailleurs qu’un même pigment peut donner plusieurs teintes selon les températures auxquelles on le soumet (Bouchonnet 1911). Une ocre jaune devient jaune foncé au‑dessus de 100°C, rouge au‑delà de 230‑250°C, fonce progressivement pour devenir pourpre vers 700 à 800°C et passe à la teinte noire au‑delà de 1100°C. On se demande toutefois ce que A. Glory entendait par « ocre rosée » (figure n° 2 de la grotte Alain),

  • 3 Nous avons soumis le résultat des analyses de A. Glory à l’appréciation de J.‑P. Perthuizot qui n’a (...)

20Les analyses de J.‑P. Perthuizot montrent qu’à l’origine de chaque pigment existent des éléments ferriques. Il ne nous semble pas que les analyses de 1948 soient arrivées à un résultat autre qu’une distinction entre deux matières, l’une minérale et l’autre végétale3. Les résultats ne concordent en tout cas pas avec les découvertes de matières colorantes dans les grottes ornées. Dans la grotte Monier où l’on a retrouvé de l’ocre jaune ou rouge, les peintures n’ont pas été réalisées avec ce type de colorant. Les morceaux d’ocre découverts ne portaient d’ailleurs aucune trace d’utilisation. A la grotte Alain, les analyses indiquent l’utilisation de l’ocre alors que la matière qui domine dans le mobilier jusqu’à servir de support à certains éléments de parure est la bauxite. A la grotte Neukirch, A. Glory a mentionné des figures réalisées avec une résine et nous avons trouvé sur le seuil de la cavité des fragments d’ocre non utilisés.

21L’ocre, argile ferrugineuse tendre, est une matière colorante que l’on trouve en abondance. La bauxite rouge dont la coloration est due à l’oxyde de fer (il existe des bauxites blanches et grises qui doivent leur teinte à l’oxyde d’aluminium) est moins courante dans la région des gorges d’Ollioules (il faut remonter jusqu’à la hauteur de la source du Destel) mais la vallée du haut Carami et le vallon de Gueilet sont traversés par des gisements importants encore en exploitation. L’hématite, autre colorant à base de fer, est tout aussi fréquente.

  • 4 Les récents travaux de B. Vigié et J. Courtin abondent dans ce sens.

22Malgré l’importance de la bauxite dans le centre du département du Var, il semble que ce soit l’ocre ou la limonite qui aient été à l’origine des pigments. Aux Eissartènes par exemple, qu’il s’agisse de figures rouges ou orange, les résultats des analyses ont désigné la même matière colorante, l’ocre ou la limonite et non la bauxite. Le fait est remarquable. Comme nous l’avons exprimé plus haut (voir chapitre 4), la présence de fragments de colorants dans un site, ocre, bauxite ou hématite, est l’indicateur d’un usage autre que l’ornementation de la paroi4.

  • 5 Ce n’est plus l’avis de J. Courtin mais en l’absence de résultats d’analyses de pigments qui soient (...)

23Une analyse n’a rien révélé : celle des pigments des figures de la grotte de l’Eglise. Le diffractomètre n’a perçu que les composantes du support. Les figures ont pourtant la teinte rouge à brun de la terre qui tapisse les parois et nous pouvons penser après J. Courtin (1959) que le colorant est bien cette argile5. Toutefois, une préparation de celle‑ci est nécessaire pour obtenir un colorant qui soit stable. Quelques figures dessinées récemment dans le réseau supérieur avec l’argile humide des galeries montrent une matière qui tombe peu à peu par plaques ou se fendille sans adhérer vraiment au support. Pour la plus grande des figures no 13 qui est d’une teinte brune tirant vers l’orangé, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’ocre. C’est la seule figure dont le pigment se soit répandu peu à peu sur le contour des rayons. L’analyse réalisée par J.‑P. Perthuizot permet de constater que des peintures qui sont blanches comme celles de la grotte Dumas s’avèrent en fait effectuées à l’ocre. Nous supposons que la préparation du colorant n’a pas donné un pigment stable, qu’il s’agisse d’ocre rouge (figure no 1 de l’abri Dalger n° 3) ou d’ocre jaune foncé (figure de la grotte Dumas). L’exécution d’un support coloré pour l’abri A des Eissartènes est vérifiable par l’analyse. Dans les zones qui n’ont pas perdu d’éclats de roche, nous avions prélevé un échantillon qui a donné le même résultat que celui déterminé à partir des figures elles‑mêmes. Un examen de la desquamation de la paroi montre d’ailleurs que la nouvelle pellicule au contact de l’air ne s’oxyde pas avec la même uniformité de couleur.

24L’application du pigment a dû être faite indifféremment au pinceau ou au doigt. Le trait est parfois assez fin et inférieur au centimètre. A l’abri des Eissartènes nous avons remarqué que ces traits fins étaient réalisés au pinceau ; le pigment garde la trace du passage des poils. Nous avons fait la même observation pour la grande figure no 2 de la grotte Chelo aux traits épais et dont le pigment est d’aspect pâteux. Dans la grotte de l’Eglise, le trait est certainement réalisé au(x) doigt(s). Certains traits doublés, triplés, voire quadruplés (figure no 14) permettent de l’affirmer. Avant même d’interpréter les figures, une cohérence des styles et des techniques est donc attestable. On a tout au plus une simultanéité d’emploi de deux styles ou de deux pigments mais cela reste exceptionnel. L’analyse stylistique aboutit à l’impression d’un groupe homogène.

Notes

1 Dans les documents Georgeot, les signatures au bas des relevés montrent que les dessins delà vallée du haut Carami. sont dus à J. Sanz‑Martinez et ceux de la région des gorges d’Ollioules à P. Georgeot.

2 Le résultat des analyses de pigments est dû aux travaux de A. Glory dans les laboratoires de Brignoles et Toulouse. Les analyses concernant des pigments à la grotte Dumas, à l’abri A des Eissartènes et à la grotte de l’Eglise, sont dus à l’amabilité de J.‑P. Perthuizot du laboratoire de géologie de l’Ecole normale supérieure de Paris (analyses sur diffractomètre Philips PW 1720).

3 Nous avons soumis le résultat des analyses de A. Glory à l’appréciation de J.‑P. Perthuizot qui n’a pu conclure avec ces seules données sur la désignation exacte des matières colorantes.

4 Les récents travaux de B. Vigié et J. Courtin abondent dans ce sens.

5 Ce n’est plus l’avis de J. Courtin mais en l’absence de résultats d’analyses de pigments qui soient convaincants nous nous en tenons à cette hypothèse.