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Une ferme seigneuriale au XIVe siècle

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Patrice Beck

3. Les données de la fouille

The archaeological evidence

Résumé

La grange du Mont n’a succédé à aucune installation antérieure et n’a révélé qu’une seule phase d’occupation. L’enceinte, constituée d’un fossé sec peu profond et d’une maigre levée de terre, entendait moins la défendre qu’en marquer les limites. 4 000 m2 d’enclos ont été aménagés et plus de 1 100 m2 de bâtiments d’exploitation ont été édifiés pour serrer les récoltes, abriter le bétail, remiser l’outillage. Les installations domestiques, avec la maison de près de 120 m2 de superficie et le four à pain de 2,40 m de diamètre, sont, elles aussi, imposantes. Ces constructions utilisent essentiellement des matériaux originaires du site (pierre, terre, bois), mais il s’agit d’une architecture soignée, recherchée même sous certains de ses aspects, tels l’habillage des ouvertures réalisé en pierre de taille et l’agencement des charpentes à piles utilisant des bois de haute futaie. L’investissement technologique et économique est considérable : à la mesure des possibilités et de l’ambition de l’autorité commanditaire. Un seul manque mais de taille : aucun point d’eau n’a pu, semble‑t‑il, être aménagé sur le site que 500 m séparent de la première source connue. Ce n’était sans doute pas un problème insurmontable, mais il explique certainement en partie la désertion précoce.

Il est extrêmement fragmenté et peu abondant. Par analogie, il est cependant possible d’indiquer qu’il témoigne exclusivement de fonctions domestiques ; que la céramique commune, de stockage ou culinaire (amphores et pots globulaires munis ou non d’éléments verseurs et de préhension) l’emporte largement en quantité sur la vaisselle de table décorée (pichets, pégaus et bols) ; que les formes fermées sont plus représentées que les formes ouvertes ; que l’ensemble des aspects techniques et morphologiques renvoit à une production caractéristique du xive s.

Il comporte plus de cent objets identifiés, essentiellement métalliques. Ils ont permis de constituer le catalogue des activité domestiques et de production des occupants de la grange. Les pièces métalliques de la construction abondent ; une grande panoplie de couteaux et d’éléments de récipients évoquent la batterie de cuisine et les ustensiles de table ; la parure vestimentaire, notamment les boucles et les « clous » ornant les ceintures, est bien représentée et place l’occupation au xive s. ; deux pointes de flèche et un hameçon signalent la pratique de la chasse et de la pêche ; une faucille et deux serpettes trahissent la culture des céréales et de la vigne ; une sonnaille et deux battants de cloche, de nombreux fers et clous à ferrer les équidés renvoient à l’élevage.

Il est composé de sept éléments provenant essentiellement de l’atelier de Dijon, de frappes remontant à la fin du xiiie s. et au début du xive s.

Il comporte quelques espèces sauvages mais témoigne surtout du cheptel ; porcs, bovins et moutons voisinent, mais les derniers dominent largement et rassemblent plus de 60 % des vestiges osseux. La courbe des âges à l’abattage montre qu’il s’agit d’un élevage destiné à la production lainière. Cette spécialisation était certes dictée par les possibilités limitées du milieu naturel ; elle correspondait aussi à l’existence d’un florissant marché bourguignon de la laine au xive s.

Texte intégral

3.1. Stratigraphie et structures

3.1.1. Introduction

1Stratigraphie et structures se sont révélées sur ce site d’un abord aisé : la première était partout simple bien que perturbée en surface ; les secondes étaient faiblement enfouies, dans l’ensemble bien conservées. Et même si parfois un arasement extrême ou une faible épaisseur des couches archéologiques a gêné la lecture des situations, la collecte des données a été abondante : elle a permis de rendre compte de l’organisation et des composants de l’espace bâti (fig. 10).

● Fig. 10 – Plan des fouilles de l’espace construit. En grisé, zone explorée au moins jusqu’au sol d’utilisation médiéval.

3.1.2. Le bâtiment I (fig. 11 à 14)

2Le bâtiment I, limitant au sud‑est l’ensemble construit, arrête tout d’abord l’attention par ses dimensions (fig. 11 et 12). Long de près de 40 m et large d’environ 17 m, il présente une superficie interne voisinant les 550 m2.

● Fig. 11 – Bâtiment I, vue générale du sud.

● Fig. 12 – Bâtiment I, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.

3Le plan d’axe nord‑sud n’est pas un rectangle parfait : la difficulté de garder l’alignement sur d’aussi grandes distances, en l’absence vraisemblable d’un outillage technique et d’un système de mesures sans faille, ainsi que la stabilisation progressive et incontrôlable des masses mises en œuvre, doivent expliquer les écarts de parallélisme. Mais ceux‑ci, d’au‑plus quelques dizaines de centimètres, restent peu sensibles et ne devaient en aucune façon mettre en péril la cohérence de cet imposant édifice.

4Les murs, conservés sur 0,40 m à 1 m de hauteur, semblent minces, fragiles. Epais cependant de 0,85 m à 1 m, ils sont constitués de deux parements imbriqués l’un dans l’autre, élevés en grosses pierres calcaires seulement retouchées sur les faces apparentes, et simplement liées de terre jaune, homogène et plastique. Aucune tranchée de fondation n’est visible mais une semelle débordante renforce localement la base des murs et les assises sont régulières. Les murs est/352, sud/353 et ouest/358 sont chaînés, les angles externes sont solidement construits à l’aide de lourds moellons calés en besace et un contrefort au profil biseauté étaye au centre le pignon sud.

5Trois seuils ouvrent ce bâtiment sur le pignon nord. Au centre, il s’agit d’une issue de 4,40 m de large aux piédroits habillés de pierres soigneusement taillées sur les faces de parement : les moellons externes de la première assise, la seule conservée, présentent un profil en biseau. L’agencement évoque des arrêts de vantaux mais aussi des chasse‑roues. De part et d’autre, au contact des gouttereaux, deux issues de 1,05 m de large montrent des piédroits constitués de pierres de taille dont les feuillures, tournées vers l’intérieur, indiquent les dispositifs de fermeture, les seuils, non aménagés, n’accusent aucune rupture de niveau avec les sols interne et externe.

6Le sol de l’édifice, dégagé dans l’angle sud‑est et dans le prolongement des piédroits de l’issue centrale, n’est que partiellement apprêté. C’est seulement dans les seuils et à proximité des parois, sur environ 1 m de large, qu’il est constitué de terre jaune. Cet apport très limité, épais d’au plus 0,10 m et masquant très partiellement la première assise des murs, résulte vraisemblablement de l’étalement de la terre non utilisée dans le liant des murs. Ailleurs, vers le centre du bâtiment, la surface d’utilisation est de coloration brune et très pierreuse : il s’agit du substrat naturel.

7L’espace interne n’est divisé par aucune cloison. La fouille a cependant révélé deux alignements longitudinaux de dés de pierre qui l’organisent en trois « nefs ». L’alignement est comprend sept moellons de 0,40 m à 0,60 m de côté en surface. La distance entre le premier élément et le mur de façade est de 4 m ; entre les six premiers dés, comme entre le dernier et le pignon arrière, elle est de 3,50 m ; entre le sixième et le septième elle s’élève à 7,80 m. Ce même écartement sépare le sixième et le septième dé, les seuls conservés, de l’alignement ouest. Cet espacement particulier, que rien ne permet d’expliquer, peut aussi bien témoigner d’un dispositif d’origine que d’un remaniement. Le premier dé de l’alignement ouest a été entièrement dégagé au cours de la fouille du sondage ouvert en L 73. De 0,30 m d’épaisseur, il était enfoncé de 0,20 m dans une fosse quadrangulaire de 0,90 m de côté, remblayée de terre brune. En surface, un blocage de petites dalles restituait le niveau du sol ambiant.

8La nef centrale, dans l’axe de la grande issue charretière, est large de près de 6 m, les bas‑côtés d’environ 4 m. De l’élévation, les murs n’indiquent plus rien. Mais le toit était assurément couvert de laves, ces dalles de pierre retrouvées sur toute la surface du bâtiment, parfois entières, le plus souvent brisées. Même si certains éléments ont pu être récupérés après l’abandon, la couche de destruction de la toiture reste bien visible sur le relevé de la coupe ouest du sondage préliminaire réalisé en H 67, G et H 68 (fig. 13) : épaisse de 0,30 m, elle est fossilisée par la couche de destruction du mur 353 et repose sur le sol d’occupation.

● Fig. 13 – Bâtiment I, carré H 67 : profil ouest. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Sol de terre, d ‑ Pierre.

9La présence des dés de pierre devait être liée à la charpente. Un tel agencement au sol évoque immédiatement les granges à piles (fig. 14) que certains établissements monastiques conservent encore en élévation et que de nombreuses études ont largement fait connaître. A la grange du Mont comme ailleurs, le dispositif est imposé par des contraintes techniques et des impératifs fonctionnels évidents. La largeur d’un parement à l’autre dans ce bâtiment s’élève à 15 m : elle rend problématique des entraits d’une seule volée. Pour conserver un certain pendage aux versants de la toiture et un volume utile important, pour ménager aussi un espace de circulation suffisant pour les charrois, le faîtage ne peut être surbaissé. L’ensemble implique alors des éléments intermédiaires, des piliers supportant les entraits et reposant sur les dés de pierre.

● Fig. 14 – Schéma de l’élévation d’une grange à pile.

  • 1 Le compte de la châtellenie d’Aisey‑le‑Duc pour l’année 1385 décrit ainsi les réparations réalisées (...)

10Mais cette restitution reste très imprécise dans le détail et les références au modèle monastique sont imparfaites car les bâtiments d’exploitation cisterciens parvenus jusqu’à nous permettent de visualiser le volume et l’organisation interne d’édifices qui, pour être proches du nôtre par la conception, n’en sont pas moins éloignés, car plus sophistiqués, utilisant notamment la pierre jusque dans l’ossature des couvertures. Le bâtiment I relève plus de « l’architecture rurale », fût‑elle servie par les moyens d’un puissant seigneur. D’autre part, la mention laconique d’« une vieille grange soutenue par six colonnes » dans un document du xviie s. signalant des remaniements dans l’organisation de la basse‑cour du château de Mont‑Saint‑Jean (cf. note 33, § 2.5.), et les quelques rares autres mentions glanées ici et là1, ne peuvent suffire à décrire précisemment ce type de construction, la hauteur des murs et du faîtage, la pente des toits et l’assemblage de la charpente. C’est le recours à l’enquête de type ethnographique qui devait nous permettre de compléter le dossier (cf. § 4.2).

11En tout état de cause, la fonction du bâtiment I paraît évidente : il s’agit d’une grange à serrer les récoltes. La porte charretière et la vaste nef centrale permettant la pénétration et la circulation de lourdes charges, l’absence totale ou presque de mobiliers et les modèles historiques, monastiques ou autres, que nous venons d’évoquer, l’attestent clairement.

3.1.3. Le bâtiment II et les enclos (VIII) (fig. 15 à 21)

12Le bâtiment II, limitant au sud‑ouest l’ensemble bâti, est éloigné du précédent d’environ 20 m et si, de ce dernier, il reprend le plan rectangulaire allongé, c’est avec un axe d’implantation sensiblement décalé et des dimensions plus restreintes. Il s’étend toutefois sur près de 30 m de long et 13 m de large, sa superficie interne avoisine les 300 m2 (fig. 15).

● Fig. 15 – Bâtiment II, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.

13Les murs, construits selon les mêmes techniques et avec les mêmes matériaux, sont ici très arasés, conservés sur deux à cinq assises, et présentent des irrégularités accentuées. Les modules des pierres de parement sont fort divers et les petits éléments sont fréquents, les assises sont alors mal dessinées ; l’épaisseur des parois, de 0,85 m en général, s’élève à 1 m pour le seul segment ouest du mur nord/430. Les angles, quoique chaînés, présentent des renforcements inégaux : réguliers et en besace aux sud‑ouest et nord‑est, grossiers au nord‑ouest avec l’inclusion de grosses masses rocheuses, inexistants au sud‑est. Le plan rectangulaire montre alors des distorsions sensibles : les deux murs pignons ne sont visiblement pas parallèles et les angles ne sont pas droits.

14Ce bâtiment s’ouvre par trois issues. Située à l’extrémité sud du mur est/428, l’issue 427 est large de 1 m, le seuil est construit et légèrement surélevé par rapport au niveau du sol interne comme externe : il est en fait constitué de la première assise du mur 428. Aucun dispositif de fermeture, feuillure au piédroit ou crapaudine sur le seuil, n’a été ici relevé.

15Les deux autres issues, l’une au centre du gouttereau est et l’autre au centre du pignon nord, diffèrent de la précédente mais sont semblables entre elles. Bien que le piédroit nord de l’issue 429 soit détruit, elles semblent avoir en effet la même ouverture de 2,15 m, rétrécie à 1,60 m d’espace de circulation effectif par d’importants arrêts de vantaux constitués par les pierres du parement externe extrêmement saillantes. Les piédroits ne sont pas autrement habillés et les seuils terreux n’affectent aucune rupture de niveau avec le sol d’utilisation.

16A l’intérieur, celui‑ci a été dégagé sur le tiers de la superficie, dans les carrés S, T, U 70 et 71 (fig. 16). Il remonte vers les murs et en masque partiellement la première assise : une couche de terre jaune, épaisse de 0,15 à 0,20 m, couvre ici sur 2 à 3 m de large le substrat brun et pierreux qui reste apparent au centre de l’édifice. Ce sol n’était souligné d’aucune trace d’occupation particulière si ce n’est de vestiges osseux en quantité non négligeable.

● Fig. 16 – Bâtiment II, sol d’occupation dans les carrés S‑T‑U 70 et 71, vu de l’est.

17Dans ce vaste local, aucune structure interne ne paraît avoir été aménagée. Dans l’angle sud‑ouest, le mur 410 n’appartient pas à l’ensemble (fig. 17) : il s’agit du tronçon d’un mur de 0,80 m de large, arraché aux deux extrémités, conservé sur 2,70 m de long et deux assises. Son orientation diffère de celle des murs du bâtiment et le sol de ce dernier en masquait partiellement l’arase. Il témoignerait ainsi d’une construction antérieure, détruite ou avortée, que rien d’autre ne vient signaler. Ce vestige n’a, semble‑t‑il, été conservé que pour combler à peu de frais une dépression du terrain naturel : celle‑ci s’étend sous et au‑delà du mur 403 qui présente ici, en soubassement, une assise supplémentaire et une semelle débordant le parement interne.

● Fig. 17 – Bâtiment II, mur 410 dans l’angle sud‑ouest de l’édifice, vu du nord.

18La recherche d’éventuels supports intermédiaires de la charpente s’est d’autre part révélée infructueuse : aucun dé de pierre, aucun trou de poteau n’est apparu dans la zone fouillée jusqu’au sol. Il faut supposer ici des entraits d’une seule pièce, d’environ 13 m de portée : l’agencement est techniquement possible et la difficulté à trouver de tels bois, pour être grande, ne devait pas excéder les possibilités des Mont‑Saint‑Jean. Une telle charpente nécessite impérativement une couverture légère mais les données de la fouille vont dans ce sens : la couche de laves, partout peu importante, n’apparaît guère sur le relevé du profil est du sondage réalisé en U‑69 et 70 (fig. 18). Ne faut‑il pas alors imaginer ici une couverture utilisant largement le chaume, réservant la lave pour le faîtage et le bas des rampants, comme le montraient il y a peu de temps encore de nombreux toits de la région ?

● Fig. 18 – Bâtiment II, carrés U 69‑70 : profil est. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Terre brun‑jaune, d ‑ Sol de terre, e ‑ Pierre.

19Sur la photographie aérienne, ce bâtiment était associé à deux enclos : du mur commun 404 prenant appui sur l’angle sud‑ouest de l’édifice, l’un s’étend vers l’ouest et sa limite sert un temps d’enceinte générale avant de se refermer sur l’angle nord‑ouest ; l’autre s’étend au sud et à l’est, se refermant sur l’angle sud‑est. Au total, ils occupent une superficie d’environ 4 000 m2.

20La fouille, guidée par des indices topographiques extrêmement nets, a exploré leurs limites et leur sol d’utilisation en trois points.

21Dans le carré ZF 70, à plus de 55 m à l’ouest du bâtiment II, le muret 556 présente les mêmes caractéristiques générales que les murs d’édifice (fig. 19) : épais de 0,85 m, il est formé de deux parements de pierres grossièrement équarries et liées d’une terre brune constituant également les sols d’utilisation. Conservé sur 0,30 m de hauteur, il ne devait guère être plus élevé : la récupération est improbable et quelques moellons seulement formaient de part et d’autre une couche de destruction peu importante.

● Fig. 19 – Enclos ouest, carré ZF 70 : plan au sol du muret.

22Le muret séparant les deux enclos a été dégagé sur 1,60 m de long au contact avec l’angle sud‑ouest du bâtiment (fig. 20). Il montre deux faciès différents séparés par des débris de laves qui témoignent de la destruction au moins partielle de l’édifice. En surface, il s’agit d’un alignement de grosses pierres organisées en deux parements sans liant apparent. Ce muret 404 est large de 1 m. Masqué par ce dernier et par les fragments de laves, un muret de 0,75 m d’épaisseur, de même facture que les murs des bâtiments et conservé sur deux assises, a été dégagé. Ce muret 404 bis n’est pas plus lié que le précédent au mur 402 de l’édifice : l’un et l’autre ne font que s’y appuyer.

● Fig. 20 – Enclos VIII, muret commun : plan au sol des phases 1 (a) et 2 (b).

23Deux phases d’aménagement sont donc ici attestées : la première, avec le muret 404 bis et le bâtiment, est la plus importante ; la seconde, dont témoigne seulement la réfection du muret, serait postérieure à la destruction de l’édifice.

24Dans ces enclos, l’occupation initiale s’est installée sur le substrat naturel : elle y est marquée par la présence d’ossements animaux et par un aspect aplani, régularisé, suggérant un fort piétinement et l’action des eaux de pluie. La seconde occupation n’a pas laissé de sol visible : elle a pu utiliser la même surface.

25Devant l’issue 427 placée à l’angle sud‑est de l’édifice (fig. 21), dans les carrés R et S 69‑70, la fouille a rencontré des situations évoquant également des remaniements. Le muret 437, conservé sur deux assises et de même facture que les autres murs, s’incurve rapidement vers le sud ; son extrémité s’aligne cependant sur le mur sud/402 du bâtiment et en est séparé par un seuil de 2,20 m de large. Le sol d’utilisation, tant au sud qu’au nord, est constitué du terrain naturel, ici aussi compact, égalisé. Tels sont les agencements d’origine de l’enclos sud‑est. La structure 438 a été accolée au muret 437 : elle est mal conservée, perturbée et arrachée au nord, mais elle garde encore sa courbure d’origine. Intacte, elle pouvait s’appuyer sur le mur est/428 de l’édifice, à proximité du seuil 427 : interdire ainsi l’accès de la cour tout en permettant la libre circulation entre l’enclos et l’intérieur du bâtiment. L’alignement 439 est moins un muret qu’un simple blocage : seulement parementé au nord et encore grossièrement, il oblitère l’entrée de l’enclos. Aucune accumulation stratigraphique, aucune variation du niveau d’occupation n’accompagne ces modifications ponctuelles de l’organisation des structures : elles sont sans doute rapprochées dans le temps.

● Fig. 21 – Enclos est, issue : plan au sol.

26Faute de connexions explicites, il est délicat de relier entre eux ces indices épars de remaniements de la zone. Il est possible toutefois de supposer que le mur 410 témoigne d’une première phase de construction détruite ou inachevée ; que le bâtiment II et les murs d’enclos 556, 404 bis et 437, accompagnés ensuite de l’agencement 438, constituent la seconde et plus importante phase ; que le muret 404 et le blocage 439 signalent une ultime période d’utilisation postérieure à la destruction au moins partielle de l’édifice. En tout état de cause, rien ne permet d’y voir autre chose que les réaménagements successifs d’un ensemble construit dont la fonction évidente d’abri à cheptel s’associe naturellement à celle du bâtiment I, la grange, dans une exploitation rurale.

3.1.4. Le bâtiment III (fig. 22 à 28)

27Le bâtiment III est implanté au nord‑est du précédent à environ 30 m de distance et selon un axe presque perpendiculaire (fig. 22). Il est plus trapu, de dimensions plus équilibrées : 24 m de long pour 14,50 m de large. La superficie avoisinant les 280 m2 reste importante. La construction fait ici état d’une qualité ignorée du bâtiment II : les murs (fig. 23), de même facture, ont tous 0,85 m d’épaisseur et s’élèvent encore sur 5 à 10 assises bien marquées ; les angles, chaînés, sont tous renforcés de gros moellons organisés en besace ; les piédroits des baies sont constitués de pierres taillées au pic et retouchées à la bretture (fig. 24) comme l’indiquent les traces d’outils visibles sur les faces de parement (Bessac 1986). Les deux assises inférieures montrent des modules importants et débordent dans les angles : ces semelles sont partiellement masquées par le sol d’utilisation qui remonte à leur contact et forme ainsi un « glacis » de fondation. Mais l’apport de terre jaune est ici insignifiant : c’est le substrat, constitué de terre brune caillouteuse qui, après avoir été excavé pour fonder les murs, a été utilisé pour établir le sol.

● Fig. 22 – Bâtiment III, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.

● Fig. 23 – Bâtiment III, vue générale du sud‑est.

● Fig. 24 – Bâtiment III, détail du prédroit ouest de l’issue latérale 319 ; vue interne : pierre taillée et retouchée à la bretture.

28La surface à bâtir est en effet décaissée dans le substrat ; l’écart de niveau entre le sol extérieur et le sol interne, révélé dans le sondage réalisé en 0 et P 83 (fig. 25) de part et d’autre du mur est/303, est de deux assises, soit d’environ 0,20 m. D’autre part, si le sol interne n’est affecté d’aucune rupture de niveau, il présente un pendage sensible, reprenant sans doute la configuration naturelle du terrain : du mur est au mur ouest. l’écart est d’environ 0,70 m,

29Ce bâtiment s’ouvre au sud par deux issues. Décentrée de 0,30 m vers l’est, l’issue 317 présente une ouverture de 3,70 m mais l’espace de circulation effectif est réduit à 3,30 m par les piédroits externes qui, taillés en bossage (fig. 26), saillent dans l’ouverture. Il s’agit d’une issue charretière munie de dispositifs servant à la fois d’arrêts de vantaux et de chasse‑roues et dont le seuil de terre prolonge sans rupture de niveau le sol externe comme interne.

● Fig. 25 – Bâtiment III, carrés 0‑P 83 : profil sud. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Sol de terre, d ‑ Pierre.

● Fig. 26 – Bâtiment III, piédroit ouest de l’issue centrale 317, vue interne.

30A l’ouest, au contact du mur 320, l’issue 319 (fig. 27) est large de 1,10 m. Le seuil est formé par l’arase de la semelle du mur de façade 318 : il est surélevé par rapport au sol interne de l’édifice. Le piédroit est présente une feuillure orientée vers l’intérieur : l’axe de rotation de la porte se situait donc à l’ouest. Sur le seuil et dans le prolongement de la feuillure, deux pierres surhaussent partiellement le niveau d’utilisation, formant ainsi une marche : cet agencement devait protéger efficacement l’intérieur excavé de l’édifice.

● Fig. 27 – Bâtiment III, seuil 319, vue générale de l’ouest.

31L’issue 315, s’ouvrant au sud‑est à la tête du mur est/303, est de même type : le seuil, large de 1,10 m, est formé de la semelle de fondation du mur. Mais les piédroits sont arrachés sur le parement externe et la présence d’une feuillure et d’une marche haute ne peut être ici attestée.

32Le matériau de couverture ne fait en revanche aucun doute : la couche de laves est largement présente sur toute l’extension interne de l’édifice et même à l’extérieur. Sur la coupe du sondage ouvert en 0 et P 83, au pied du mur est/303, elle est épaisse de 0,20 m à l’extérieur, de 0,40 m à l’intérieur. La pression exercée par la couverture, associée à la largeur du bâtiment –plus de 12 m d’un parement à l’autre– imposait une charpente massive, solide, soutenue par des supports intermédiaires comme dans le bâtiment I : un alignement de quatre dés de pierre a été en effet mis au jour.

33De 0,40 m à 0,50 m d’arête en surface, ils dépassent du sol dans lequel ils sont scellés d’environ 0,10 m et sont symétriquement disposés sur la longueur de l’édifice : du parement interne des pignons au centre des dés latéraux, l’écartement est de 4,20 m ; entre ceux‑ci et les dés centraux, la distance s’élève à 4,40 m et à 4,60 m entre ces derniers, dans l’axe de l’issue centrale.

34Le dispositif est décentré vers le mur de fond et divise l’espace interne en deux nefs longitudinales d’inégale largeur (fig. 28a) : derrière l’issue charretière, l’espace dégagé s’étend sur près de 9 m de profondeur ; derrière les bases de piles, il se réduit à 3,20 m. L’agencement, que seule l’enquête ethnographique permit de visualiser clairement, implique une toiture à pente dissymétrique : le faîtage est reporté sur la ligne médiane de la nef large et soutenu par des fermes dont les entraits reposent sur les piliers d’une part, sur le mur de façade d’égale élévation d’autre part ; une demi‑ferme peut armer le bas de la pente la plus large, au dessus de la petite nef.

35Le volume utilisable ainsi libéré est maximal au contact avec l’extérieur ; la porte charretière, dans le gouttereau surélevé, peut se développer suffisamment en hauteur. Des engins volumineux, de lourdes charges ont alors la possibilité de pénétrer, de circuler et de stationner aisément dans ce bâtiment, l’espace inaccessible pour eux étant fort réduit.

36Cette structuration interne se distingue de celle du bâtiment I (fig. 28b) dont l’espace de circulation et de distribution, limité à la nef centrale, est proportionnellement plus réduit.

● Fig. 28 – a. ‑ Coupe du bâtiment III. b ‑ A gauche, plan du bâtiment l ; à droite, plan du bâtiment III.

37L’inversion de l’importance de l’espace accessible aux charrois, évaluable grossièrement du tiers aux deux tiers entre les deux édifices, doit traduire un choix fonctionnel des constructeurs, répondre à des besoins différents et complémentaires de l’exploitation. Le bâtiment III, dont la fonction de bâtiment d’exploitation est soulignée par l’absence quasi totale de mobiliers, peut avoir servi plus spécifiquement de remise pour les outils agricoles volumineux.

38L’organisation interne du bâtiment III répond en tout cas à la contrainte technique exercée par l’emplacement du portail au gouttereau, déterminée elle‑même semble‑t‑il par deux nécessités primaires : celle d’ouvrir ce bâtiment comme les autres sur le même espace central, celle de créer un barrage contre les vents dominants venant du nord‑ouest ; nécessités auxquelles se conforme aussi le bâtiment IV.

3.1.5. Le bâtiment IV (fig. 29 à 40)

39Dans l’alignement ou presque du précédent et à une distance de 10 m à l’est, le bâtiment IV s’étend sur 22,30 m de long et 7,80 m de large (fig. 29). Avec ses 120 m2 de superficie interne, c’est l’édifice le plus petit de l’ensemble.

● Fig. 29 – Bâtiments III et IV, vue générale de l’est.

40Comme dans les autres, aucun aménagement d’étage ne paraît avoir augmenté sa surface utilisable. Sa toiture de pierre, sans doute à deux pentes nord et sud, est attestée par l’épaisse couche de laves partout retrouvée sur le sol. L’écartement des gouttereaux autorise ici une charpente sans support intermédiaire.

41L’intérieur (fig. 30) est divisé en deux pièces d’égales dimensions par un mur de refend épais de 0,65 m. Un seuil de 0,90 m de large, placé à la tête de la cloison, fait communiquer ces locaux qui s’ouvrent tous deux sur la cour. Les piédroits de ces deux dernières issues sont fort, dégradés mais la largeur des seuils peut être appréciée en fonction de leur aspect particulier : ils sont formés de larges dalles constitutives de la première assise du mur de façade. Le seuil de la pièce est aurait ainsi 1,30 m d’extension, celui de la pièce ouest 1,70 m. Ces seuils dallés sont surhaussés légèrement par rapport au sol interne mais de plain‑pied avec l’extérieur. Au reste, le seuil ouest se prolonge dans la cour par un grossier pavage constitué de pierres posées à plat et nivelant une dépression de terre brun sombre évoquant une fondrière (fig. 31).

● Fig. 30 – Bâtiment IV, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.

Fig. 31 – Bâtiment IV, façade : plan du sol extérieur, a ‑ Terre jaune. b ‑ Terre brune.

42La construction de ce bâtiment est soignée. Les murs portants, épais de 0,85 m et de même facture que les précédents, sont constitués d’assises régulières ; la première, voire la seconde, déborde dans les angles et forme une semelle de fondation ; à l’extérieur, au moins entre les deux seuils où la fouille a été conduite, de gros fragments de laves appuyés contre le parement signalent moins la chute du toit qu’un dispositif de protection de la base des maçonneries. Les angles, chaînés au moins en fondation, l’habillage des baies aussi, sont renforcés de gros blocs pour les premiers, de pierres de taille pour le second et assurent ainsi la stabilité de la construction. Son encaissement partiel joue sans doute le même rôle : le sol naturel a été en effet excavé au nord, sans doute pour niveler le pendage naturel du terrain. Comme le montre le profil stratigraphique nord‑sud relevé en K 83 (fig. 32) dans le prolongement du parement est du mur 3, le sol d’occupation interne se situe à 0,45 m en contrebas du sol extérieur. L’épaisseur enlevée était plus grande encore car le sol interne, dans toute la pièce est, est construit sur environ 0,20 m de hauteur ; un radier de petites pierres encastrées sur chant dans le substrat, recouvert d’une couche de terre argilo‑calcaire jaune, le constitue (fig. 33). Cet aménagement très soigné, que montre le relevé de la coupe est‑ouest dans le carré K 83 (fig. 34 et 37), a été réalisé après l’érection des parois : il en masque totalement la première assise et partiellement la seconde. Il est aussi présent dans le seuil interne 28 et dans la pièce ouest, sur 3 m de large, dans une zone surélevée par rapport au reste de la pièce et limitée par un alignement de pierres formant une marche (structure 26). Celle‑ci barre partiellement la largeur du local : au contact de la façade elle est remplacée par un plan incliné. Au‑delà de cette limite qui prolonge le piédroit est du seuil, le sol n’est formé que par le substrat en place.

● Fig. 32 – Bâtiment IV, carré K 83 : profil ouest, a ‑ Sol de terre. b ‑ Terre humique. c ‑ Terre jaune, d ‑ Terre brun‑jaune, e ‑ Pierre.

● Fig. 33 – Bâtiment IV, pièce est : vue partielle du sol d’occupation en cours de fouille, apparition du radier sous‑jacent à l’apprêt de terre, vu de l’ouest.

● Fig. 34 – Bâtiment IV, carré K 83 : profil sud. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Terre brun‑jaune, d ‑ Pierre, e ‑ Sol de terre.

43Comme dans le bâtiment III, le sol du bâtiment IV présente un fort pendage d’est en ouest : l’écart, d’un pignon à l’autre, est d’environ 0,80 m. Il se remarque aisément sur le relevé du parement interne de la façade réalisé au niveau des seuils (fig. 35). Par la marche de la pièce ouest qui délimite deux paliers, deux zones d’aspect et sans doute de fonction bien distincts, cette contrainte a été utilisée, intégrée dans l’architecture.

● Fig. 35 – Bâtiment IV, paroi sud : élévation du parement interne à l’emplacement des seuils.

● Fig. 36 – Bâtiment IV, mur 3 : parement ouest.

44Outre le soin apporté à la construction du sol, d’autres aménagements internes achèvent de distinguer ce bâtiment de tous les autres. Dans la pièce est, les arases des gouttereaux montrent, en vis‑à‑vis, à environ 3 m du pignon, des alignements en retrait par rapport au parement interne : légèrement courbes, ils paraissent dessiner les bases d’ouvertures (fig. 39). Il pourrait s’agir de fenêtres situées à 0,60 m au‑dessus du sol interne, ou plutôt d’étroites barbacanes permettant toutefois d’éclairer et d’aérer le fond de cette pièce.

● Fig. 37 – Bâtiment IV, pièce est : section sud du sondage préliminaire dans le carré K 83.

● Fig. 38 – Bâtiment IV, pièce ouest : mur de refend 3, niche murale.

● Fig. 39 – Bâtiment IV, pièce est : arase du mur de façade 33, aménagement probable d’une ouverture.

45Dans la pièce ouest, le mur de refend s’orne d’une niche, sorte de placard de pierre délimité dans l’épaisseur du mur par des blocs taillés de module important (fig. 36 et 38). Elle présente une largeur de 0,40 m, une profondeur identique et une hauteur d’au moins 0,30 m. C’est encore dans cette pièce, sur le palier inférieur, juste à l’ouest du seuil, qu’est installé un foyer (structure 41), accompagné dans l’angle sud‑ouest de la pièce d’une vidange (fig. 40). Il s’agit d’un foyer ouvert, à peine organisé, constitué à même le sol d’une plaque de terre argileuse compacte et partiellement cuite, grasse et noircie en surface, très rubéfiée au‑dessous. Cette sole repose sur un hérisson de petites pierres ou de petites dalles éclatées, elles aussi extrêmement rubéfiées. Les limites sont irrégulières, le diamètre de la sole grossièrement circulaire peut être cependant évalué à 0,60 m. Autour, le sol est fortement chargé de cendres. Il s’agit donc d’un petit foyer, mais la densité des traces d’action du feu invite à penser que son utilisation ne fut ni épisodique ni brève.

● Fig. 40 – Bâtiment IV, local ouest : foyer 41. a ‑ Charbons de bois, b ‑ Terre rubéfiée, c ‑ Cendres, d ‑ Terre brun‑jaune.

46La vidange, amas de cendres épais d’environ 0,30 m et s’étendant sur environ 1 m2, incluait des vestiges osseux et des fragments de céramique comme, au reste, l’ensemble du sol de cette pièce ouest et, plus encore, le sol de la pièce est : en totalité, 136 ossements et 1 472 fragments de poterie, essentiellement des esquilles et de petits tessons, rebuts d’activités domestiques, ont été enregistrés dans ce bâtiment.

47De rares objets métalliques, notamment une molette d’éperon et quelques clous à ferrer, retrouvés à proximité les uns des autres près du mur nord dans la partie basse de la pièce ouest, complètent un mobilier qui, pour être modeste en soi, est ici quantitativement beaucoup plus important que dans tout autre édifice du site.

48La fonction d’habitation paraît ainsi évidente : pour les hommes certes mais aussi pour leur monture comme paraît l’attester la présence des quelques éléments de harnachement retrouvés sur le sol non apprêté du local dont l’ouverture, en outre, est large et prolongée à l’extérieur par un pavage. La superficie interne de cet édifice apparaît à la mesure de cet usage mixte que l’analyse des mobiliers permettra de détailler, à la mesure aussi d’un groupe résident sans doute important.

3.1.6. La structure V (fig. 41 à 43)

49Située au nord du bâtiment III et de l’espace qui sépare celui‑ci du bâtiment IV, la structure V occupe une position excentrique dans l’ensemble construit. Avant la fouille, elle était signalée comme les autres par des bombements pierreux d’une amplitude d’environ 0,20 m (fig. 41). Mais ici, ces mouvements de terrain étaient soulignés par de nombreux fragments de tuiles rondes à crochet et, seconde orginalité, ils ne dessinaient que sur trois côtés un plan rectangulaire d’environ 25 m de large d’est en ouest, de 30 m de long à l’ouest, de 25 m à l’est, ouvert au sud vers les édifices.

● Fig. 41 – Structure V : planimétrie. Equidistance des courbes : 0,05. a ‑ Tuiles. b ‑ Pierres.

50La fouille a été limitée à un sondage de 4 m de côté, implanté dans le carré N 90 (fig. 42), sur l’angle nord‑est de l’ensemble. Elle a rencontré des traces d’occupation évidentes bien que ténues. Sous la terre humifère fortement mêlée de tuileaux et de pierres de tous modules, elle a dégagé une surface de terre jaune caillouteuse correspondant au niveau supérieur du substrat naturel en place et, sur celui‑ci, deux alignements parallèles de grosses pierres d’axe est‑ouest distants de 2 m (structures 55 et 56) (fig. 43). Sans parements distincts, ils ne présentent qu’une seule assise et sont arrachés à l’est mais paraissent se poursuivre vers l’ouest au‑delà du sondage. Quelques tessons de céramique et des fragments osseux ont été recueillis.

● Fig. 42 – Structure V, carré N 90 : plan des structures.

● Fig. 43 – Structure V, carré N 90 : profil ouest. a ‑ Terre humique. b – Terre jaune, c ‑ Terre brun‑jaune, d ‑ Pierre, e ‑ Tuile.

51Sans doute aurions‑nous pu poursuivre ici quelque peu le décapage ; mais, au vu des indices topographiques et pédologiques, il n’est pas certain que l’effort consenti aurait apporté des résultats plus éclairants. L’analyse des quelques éléments d’information recueillis reste certes très délicate. Elle révèle toutefois une organisation car le plan que les indices et les trouvailles forment ensemble ne peut être le fruit d’un simple épandage ; elle permet en outre d’affirmer que cette structure, quelle qu’elle soit, fait partie de l’ensemble de l’établissement car des fragments de tuiles sont présents sur les sols et dans les murs des édifices voisins : on en trouve dans le bâtiment III notamment, mais aussi dans des zones plus éloignées, dans l’espace central et dans les enclos.

52L’ensemble suggère une construction légère mais non précaire, dont nous avons pris le risque de restituer la silhouette. Les alignements de pierre 55 et 56 peuvent être les témoins de murets de soubassement permettant de caler des poteaux supportant une toiture à une pente couverte de tuiles. La relative fragilité de la construction aurait fait préférer ce matériau de couverture à la lave ; la puissance économique et le souci du paraître de la seigneurie commanditaire auraient favorisé et permis ce choix inhabituel et coûteux pour la région. L’ensemble évoquerait un abri, une construction que les documents médiévaux contemporains nomment « toit » en leur assignant pour fonction celle d’abriter porcs ou brebis.

3.1.7. La « structure » VI (fig. 44)

53Tout aussi problématique est l’analyse de la « structure. » VI dont les vestiges sont si peu explicites qu’on hésite encore à lui attribuer le terme de structure. Pourtant, sa position au centre de l’espace délimité par les bâtiments principaux attirait naturellement sur elle l’attention, évoquait des fonctions particulières et importantes. Et si son voisinage immédiat avec le bâtiment I, son implantation devant les seuils de ce dernier à guère plus de 5 m de distance, introduisaient dans l’organisation d’ensemble quelque perturbation, d’autres éléments en préservaient la cohérence. Les indices au sol, perceptibles dans les carrés O, P et Q 74 à 78, présentaient en effet les mêmes caractéristiques que ceux visibles à proximité : des bombements pierreux cernant deux cuvettes d’inégale extension dessinaient un quadrilatère d’environ 25 m de long sur 7 à 8 m de large et paraissaient ainsi témoigner de la présence d’un édifice enfoui qui reprenait, en outre, du bâtiment I l’axe d’implantation nord‑sud.

● Fig. 44 – Structure VI, vue générale du sondage dans les carrés O‑P 75 en cours de fouille, vu de l’est.

54Une tranchée d’exploration de 2 x 6 m a été implantée en 0 et P 75, à cheval sur le creux méridional et le bombement caillouteux séparant les deux dépressions. La fouille n’a rencontré aucune structure construite, mais une cuvette d’environ 3 m de profondeur, creusée dans la roche en décomposition sur 0,50 m d’épaisseur, puis dans la roche vive montrant sur les parois subverticales un délitage horizontal serré. Les bourrelets environnants, comme le remplissage partiel de l’excavation, vierges de tout mobilier, étaient constitués d’éclats de pierre.

55Rien d’explicite ne permet de rattacher cette « perturbation » à l’ensemble. L’absence de mobiliers interdit toute tentative d’établir quelque relation fonctionnelle ou chronologique avec les autres secteurs. Les travaux d’aménagement de la plantation de résineux n’ont pu toutefois réaliser de telles excavations et plusieurs hypothèses, complémentaires, offrent la possibilité de les intégrer à l’occupation du site.

56La recherche de l’eau, le forage abandonné d’un puits peut expliquer la situation. L’hypothèse d’une mare ne peut être en revanche retenue : aucune trace de dépôt, que des eaux stagnantes auraient dû laisser, n’a été révélée à la fouille. La nature de la pierre et son délitage évoquent d’autre part les laves : il pourrait s’agir alors d’une carrière d’extraction des matériaux de couverture des édifices. Ouverte dès l’origine ou pendant l’occupation à l’occasion de quelque réparation d’importance, elle n’a jamais été par la suite transformée en dépotoir. Les occupants ont pu ainsi se réserver la possibilité de l’utiliser en fonction des besoins. Les déchets de taille accumulés au sommet des parois des fosses auraient peu à peu comblé ces dernières après l’abandon de l’établissement.

3.1.8. La structure VII (fig. 45 d 48)

57Située au cœur de l’établissement, à 20 m au sud de la pièce ouest du bâtiment IV à laquelle elle fait face, la structure VII, malgré des vestiges très arasés affleurant, reste très lisible. Un simple nettoyage de surface de la zone, dans les carrés L et M 77, en révéla d’abord le plan. Un mur circulaire de 1 m d’épaisseur, de même nature que les parois des édifices, se referme au nord par un alignement rectiligne de gros moellons (fig. 45). Cet agencement délimite un espace d’environ 2,40 m de diamètre, caractérisé par la présence d’une terre argilo‑calcaire très rubéfiée. Un dispositif de fouille en quartiers a été ensuite appliqué : le décapage ordonné de chacun, à l’exception du quart sud‑ouest laissé comme témoin, a permis de visualiser et de relever tant le plan au sol de chaque niveau rencontré que leur succession stratigraphique (fig. 46).

● Fig. 45 – Structure VII, four : plan au sol et profil, a ‑ Terre brune, b ‑ Terre jaune rubéfiée, c ‑ Terre jaune et cailloutis. d ‑ Pierre, e ‑ Pierre sur champ.

● Fig. 46 – Four à pain VII, vue générale après la fouille, du nord.

58A l’extérieur, le mur périmètre, formé au plus de deux assises liées de terre jaune, repose sur le terrain en place. A l’intérieur, la fouille a rencontré une couche de terre granuleuse montrant des traces évidentes et soutenues de l’action du feu : rubéfaction, lentilles noirâtres et blanchâtres, granules de terre cuite. Epaisse de 0,10 m, cette couche comportait des pierres rubéfiées de petit module et reposait sur un hérisson de petites pierres calées sur chant non rubéfiées (fig. 47). L’agencement rappelle le sol de la pièce est du bâtiment IV. Il a été installé sur un apport de terre naturelle, vierge de tout mobilier, placé pour surhausser la sole.

● Fig. 47 – Four à pain VII, détail du radier de la sole dans l’angle nord‑est, vu de l’est.

59Les rares mobiliers enregistrés dans la zone, esquilles d’os, tessons de céramique et fragments de tuiles à crochet, ont été recueillis essentiellement à l’extérieur, surtout au nord devant le muret plat, dans la terre humifère ici très chargée de cendres et de fragments de charbons de bois. Ces vestiges, sans équivoque, sont ceux d’un four : un four à pain dont ne subsistent malheureusement que les parties basses. Le mur circulaire présente toutes les caractéristiques des parois externes des fours encore visibles en élévation dans la région (fig. 48), associés directement à l’habitation, se développant à l’extérieur sur l’un des pignons, la gueule s’ouvrant à l’intérieur dans la cheminée de la cuisine.

● Fig. 48 – Four à pain à Mont‑Saint‑Jean, vue générale externe.

60L’entrée est ici marquée par le muret plat et d’évidentes traces d’activités (cendres, déchets osseux, fragments céramiques). Il est peu vraisemblable que la sole ait été seulement constituée de la terre surmontant le radier : sa surface ne présente pas la dureté requise. Un pavage de terre cuite ou de pierre jouait sans doute ce rôle ; avec la voûte, il a été détruit, récupéré peut‑être.

3.1.9. La cour et la zone de rejets (K, L 78 à 82) (fig. 49)

61Devant la bouche du four et les issues de l’habitation, à l’image de la situation rencontrée dans cette dernière, les sondages avaient révélé une densité inhabituelle de mobiliers. Aussi, dans la zone intermédiaire longue de 20 m séparant les deux structures, malgré l’absence de tout autre indice net, la fouille a été élargie aux carrés K et L 78, 79 en entier, K et L 80 sur 2 m de large. Elle a fourni, dans un contexte stratigraphique très homogène de terre humifère pierreuse et ponctuellement cendreuse, épais d’environ 0,80 m et reposant sur le substrat naturel utilisé comme sol, un mobilier extrêmement abondant et diversifié ; c’est en fait la zone la plus riche, concentrant 70 % des tessons de céramique, 83 % des restes osseux et la quasi‑totalité des objets enregistrés sur le site.

62Dans un sondage pilote, une tranchée de 2 m de large ouverte dans les carrés K et L 79, toutes les trouvailles, moins celles des couches superficielles bouleversées par les travaux de la plantation, ont été repérées en altitude et en plan. Cet enregistrement minutieux devait nous permettre de comprendre le mode de formation de ce dépôt isolé des constructions, sans stratigraphie ni concentration visibles à la fouille. Sur une coupe idéale placée au milieu de ce sondage, chaque point de trouvaille a été projeté (fig. 49). Ce procédé graphique ne conserve plus que deux dimensions, l’altitude et la distance est‑ouest ; elle néglige la coordonnée nord‑sud, la réduit à zéro pour chaque trouvaille et masque ainsi d’éventuels écarts de pendage. Il révèle toutefois que l’ensemble des découvertes forme sur toute la surface du sondage une nappe de 0,15 à 0,20 m d’épaisseur reposant sur le sol d’utilisation et suivant le même pendage est‑ouest que ce dernier.

● Fig. 49 – Cour, carrés K‑L 79 : projection des trouvailles.

63Un tel enregistrement, dévoreur de temps, n’a pas été poursuivi. Ailleurs, des unités de ramassage de 1 m de côté et de 0,05 m d’épaisseur ont été établies. La situation perçue à la fouille évoque moins un dépotoir véritable, c’est‑à‑dire construit et délimité, qu’une zone de rejets sans limites précises. Elle est liée sans doute à l’habitation proche et l’accumulation doit suivre le rythme des nettoyages et des activités de celle‑ci, augmentée vraisemblablement des pertes et des bris d’objets intervenant nécessairement dans ce lieu de passages fréquents entre deux zones d’intenses activités. L’analyse des différents mobiliers devait, du reste, montrer l’étroite relation fonctionnelle entre cette cour et l’habitation.

3.1.10. L’enceinte générale (Y 110 et 111) (fig.50)

64A l’ouest sur un long tronçon, l’enceinte générale se confond avec le muret de l’enclos ouest révélé ponctuellement dans le carré ZF 70. Ailleurs, il n’en va pas de même. A la photographie aérienne déjà, les indices présentaient pour cette limite un aspect plus diffus que pour les autres structures ; sur le terrain, on remarquait surtout sur de longs segments une dépression longiligne accompagnée sur le côté interne d’un léger bombement caillouteux. Un sondage devait permettre de mesurer précisément l’emplacement de cette structure et d’en révéler la nature. De 1,50 m de large sur 6 m de long, il a été implanté dans une zone où les indices étaient particulièrement nets et après seulement raccordé au quadrillage, d’où son orientation quelque peu décalée.

● Fig. 50 – Enceinte générale IX, vue générale du sondage en Y 110‑111, du nord‑ouest.

65Sous la couche de terre humifère peu épaisse, la fouille a fait apparaître un fossé creusé dans le substrat naturel sur une profondeur de 0,30 m. Il affecte un profil en cuvette à fond plat d’1 m de large et aux bords évasés. Le rebord interne est plus élevé que l’externe d’environ 0,30 m : la terre des déblais y a été rejetée. Cette structure simple et peu accentuée n’a évidemment rien de défensif : elle entendait matérialiser une limite territoriale, de propriété, de juridiction : marquer dans le paysage ce que les documents écrits nomment « le pourpris de la grange ».

3.1.11. Conclusion

66A la lecture de ces vestiges, l’espace bâti apparaît largement cohérent, homogène : il témoigne d’une organisation, d’un projet initial d’ensemble que certains flottements dans les orientations et des corrections partielles intervenant pendant l’occupation n’arrivent pas à masquer ou détruire. Sans doute les alignements ne sont pas parfaits, les axes divergents, les espaces interbâtiments irréguliers, les implantations décalées. Mais les éléments principaux sont groupés sur le tiers sud de la zone délimitée par l’enceinte et s’ouvrent malgré tout sur le même espace central.

67L’homogénéité des matériaux et des techniques de construction est d’autre part remarquable. Bâtiments, four, enclos sont érigés selon les mêmes principes. Ils utilisent des matériaux tirés du site –terre, pierre et bois– mais il s’agit d’une architecture soignée, recherchée même sous certains de ses aspects, comme l’habillage des baies, les charpentes et la toiture de tuiles de la structure V. L’investissement technologique et économique est considérable : il évoque à la fois les possibilités et le dessein de l’autorité de rattachement : la puissante seigneurie de Mont‑Saint‑Jean entendait créer ici un établissement durable, muni de tous les éléments nécessaires à l’autonomie de résidence et de production d’une exploitation agro‑pastorale d’importance. Les dimensions des structures et la complémentarité de leurs fonctions en témoignent. Sans parler des 4 000 m2 de terrain aménagés en enclos et sans compter la structure V, ce sont plus de 1 100 m2 de bâtiments d’exploitation qui ont été édifiés pour répondre aux besoins de serrer les récoltes, abriter le bétail, remiser les outils. L’espace domestique, avec l’habitation et le four, est ainsi éclaté en deux pôles, sans doute pour éviter les incendies ; il a en outre annexé, comme zone de rejets et de circulation, l’espace de la cour situé entre les deux structures.

68La maison de la grange du Mont est au moins deux fois plus grande que la plus vaste des maisons du village contemporain de Dracy. C’est sans doute l’indice d’un groupe résidant élargi ou différent de la famille nucléaire. Mais il est fort dommage que les documents d’archives soient aussi lacunaires et ne permettent pas de mieux connaître la composition et le mode de groupement des occupants.

69Un seul élément manque à l’ensemble mais cette lacune est de taille : aucun point d’eau ne paraît avoir été aménagé sur le site que 500 m environ séparent de la première source actuellement connue. Ce n’était sans doute pas un problème insurmontable mais il explique certainement en partie la désertion.

70Aucune trace d’occupation antérieure à l’installation de la grange n’a été observée dans les sondages fouillés jusqu’au sol vierge. Création ex nihilo, l’ensemble n’a pas, d’autre part, subi de modifications majeures. Sans doute avons‑nous pu noter quelques réaménagements ponctuels, notamment sur et autour du bâtiment II. Deux édifices se sont‑ils ici succédé ? Il est vrai que la construction révélée est d’une facture peu soignée qui peut évoquer une reconstruction hâtive, mais l’édifice précédent, seulement signalé par le segment de mur 410, aurait vraiment laissé peu d’indices ; sa destruction, notamment, aurait dû marquer quelque peu la stratigraphie, ce qui n’est pas le cas. Aussi, il faut plutôt songer à un essai de construction rapidement abandonné. A la destruction du bâtiment succéderait une occupation réduite de la zone, limitée aux enclos. Mais rien n’indique que l’effondrement de l’édifice soit total, que ce soit le signe de l’abandon de la grange elle‑même : les réaménagements ne modifient pas les fonctions initiales et peuvent être attribués aux derniers temps de l’occupation de l’établissement.

71En tout état de cause, ici comme partout ailleurs, un unique sol a été individualisé, marquant une seule phase d’occupation dont l’analyse des mobiliers devait permettre de préciser les modalités spatiales et la chronologie, l’abandon s’étant visiblement effectué sans accident ni violence, sans démantèlement ni réoccupation de la zone.

3.2. Mobiliers

3.2.1. Introduction

725 559 fragments de céramique, 314 objets métalliques, de pierre, de verre ou d’os, 5 monnaies, 1 méreau et 1 jeton, 2 812 vestiges ostéologiques composent le mobilier recueilli à la grange du Mont. C’est sans doute peu en regard des 1 470 m2 explorés. Il est vrai que dans les édifices, soit sur environ 1 200 m2, les couches superficielles ont été enlevées à l’aide d’une pelle mécanique ; mais les sondages préliminaires avaient amplement démontré la très grande pauvreté en matériel des couches de destruction. Dans les bâtiments en effet, le mobilier était étroitement associé au sol d’occupation : soit immédiatement posé à plat, soit compris dans la strate supérieure et définie comme « sur‑sol », soit encore à peine enfoncé dans l’apprêt ou « dessous‑de‑sol ».

73Il est vrai aussi que dans les zones fouillées, la stratigraphie n’a pas été exhaustivement étudiée car le niveau d’occupation n’a été dégagé que sur 530 m2. Cependant, l’extension du décapage n’aurait sans doute véritablement enrichi les données que dans la cour, entre le four VII et l’habitation IV, où la densité des trouvailles était remarquable et où 50 m2 ont été laissés comme témoin. Ailleurs, mis à part dans le bâtiment IV, mais ce dernier a été intégralement reconnu, les trouvailles étaient extrêmement rares ; bâtiment IV et cour rassemblent en fait, toutes catégories confondues, plus de 90 % de cet ensemble mobilier.

74La zone de rejets, devant la maison, devait s’accompagner de dépotoirs aménagés à distance de l’habitat. Mais faute d’indices au sol et malgré une prospection à vue systématique, ils n’ont pu être repérés. D’autre part, au moment de l’abandon qui apparaît paisible, tout a été vraisemblablement emporté : meubles, trousseau, outils, ustensiles en usage ont été récupérés et ne sont restés que les éléments perdus ou jetés au cours de l’occupation. Le degré de fragmentation de la céramique est important et aucune poterie entière n’a pu être retrouvée ni même reconstituée. Le mobilier métallique est essentiellement composé de petits objets et les vestiges osseux se présentent sous la forme de déchets domestiques.

75Les archéologues savent bien que le mobilier qu’ils rassemblent sur les sites d’habitat n’est qu’un échantillon dont il est délicat de mesurer la valeur représentative, de reconnaître les lacunes. Ce mobilier reste néanmoins riche d’enseignements ; il permet de redonner vie aux structures si l’on s’assure préalablement de n’étudier que des ensembles chronologiquement et spatialement homogènes.

76A cet égard, la documentation écrite laissait déjà supposer l’unicité de l’occupation et la fouille l’a confirmée en ne mettant au jour qu’une seule phase d’utilisation. L’extrême concentration du mobilier autour de l’espace domestique et sur le même horizon archéologique, les nombreux recollages aussi, opérés entre des fragments céramiques parfois fort éloignés les uns des autres, attestent la cohérence et l’homogénéité de l’ensemble des trouvailles.

3.2.2. Le mobilier céramique

3.2.2.1. Une extrême concentration

77Des 5 559 fragments recueillis, 5 374 soit 96,5 % ont été enregistrés dans le bâtiment IV et dans la cour sur les carrés K et L 78 à 82 (tabl. I).

● Tabl. I – Distribution du mobilier céramique par secteur.

78D’autre part, les connexions horizontales réalisées entre les tessons du bâtiment IV et ceux de la cour démontrent que les deux secteurs les plus riches sont indissociables (fig. 51).

● Fig. 51 – Bâtiment IV et cour : mobilier céramique, recollages.

79Les nombreux recollages réalisés entre des tessons dispersés dans des couches différentes attestent que nous sommes bien en présence d’une occupation unique. Ainsi dans la pièce est du bâtiment IV, la couche d’occupation a été fouillée en cinq passes : les recollages montrent qu’elles sont connectées les unes aux autres (tabl. IIa).

● Tabl. IIa – Bât. IV, pièce est : connexions stratigraphiques mises en évidence par le mobilier céramique.

80Dans la cour, où aucune stratification lisible ne permettait de guider la fouille, le terrain d’environ 0,60 m à 0,80 m d’épaisseur a été exploré en douze strates dans les colonnes 11 et 12 des carrés K/L 80. Mais ici encore, les recollages témoignent de l’unicité du contexte (tabl. IIb).

● Tabl. IIb – Cour, carrés K‑L 80 : connexions stratigraphiques mises en évidence par le mobilier céramique.

3.2.2.2. Des déchets domestiques

81Partout où il a été retrouvé, le mobilier céramique est en situation de rejet et non pas d’utilisation ou de réserve. Son degré de fragmentation l’atteste clairement. A quelques exceptions près, les tessons sont petits, ne dépassant pas 3 ou 4 cm2, les arêtes des fractures sont usées, les surfaces sont souvent corrodées et la dispersion des tessons d’un même vase est parfois importante. Avant même l’analyse typologique, la céramique ainsi distribuée et fragmentée traduit l’organisation du bâti.

82Le mobilier céramique est fondamentalement lié à l’espace domestique. Des pots ont été brisés au cours de leur manipulation dans la maison : les plus gros fragments ont été jetés à l’extérieur, redispersés, refracturés par les passages répétés et corrodés par les agents atmosphériques avant un quelconque enfouissement ; les plus petits éléments sont restés à l’intérieur, oubliés ou négligés par les nettoyages, bientôt enfoncés sur place dans le sol de terre par les piétinements ou déplacés par la circulation. Il est significatif à cet égard d’avoir retrouvé des fragments dans le foyer de la pièce est du bâtiment IV ainsi que dans sa proche vidange ; il est non moins probant d’avoir enregistré l’essentiel des éléments de lèvre, de fond et d’anse, moins fragmentés car plus résistants et donc plus encombrants, à l’extérieur.

3.2.2.3. Les difficultés de classement

83Cette zone de rejets, ni fouillée totalement ni sans doute unique, n’a livré qu’une partie difficilement appréciable du mobilier céramique utilisé, un échantillon que l’on espère toutefois représentatif. Aucune forme, tant s’en faut, n’a pu être entièrement reconstituée. Les éléments remarquables –lèvres, goulots, anses, fonds et inflexions de panse– ne manquent certes pas ; malgré les recollages ils restent cependant largement isolés les uns des autres.

84Un classement directement typologique, dont les rubriques d’appel seraient les formes et les fonctions, ne pouvait alors être envisagé ; d’autant que les possibilités de comparaison avec d’autres ensembles bourguignons publiés restent peu nombreuses. Seule l’analyse des aspects techniques et l’élaboration de « classes céramiques » pouvaient nous permettre de rendre compte de l’ensemble du matériel et encore non sans limites ni problèmes. Les critères technologiques ne sont en effet pas tous pertinents pour classer un matériel fragmentaire. La glaçure et les décors, comme les traces de tournage, tournassage ou lissage, ne couvrent que très rarement la totalité des vases ; la texture de la pâte, produit d’une longue chaîne de transformation depuis la préparation de la terre jusqu’à la cuisson, ne peut être sérieusement étudiée sans analyses de laboratoire lourdes, donc difficiles d’accès, et sans informations sur les centres de production.

85En fait, la couleur de la pâte est le seul discriminant offert par ce mobilier. Les conditions de cuisson, les modes d’utilisation, les situations d’enfouissement sont certes autant de facteurs qui peuvent la faire varier à l’infini, la transformer, en perturber la lecture. Mais les altérations masquent rarement en totalité la teinte d’origine et la diversité de celle‑ci est toujours réductible à quelques dominantes qui témoignent, malgré tout, du choix que le potier opère quant à la nature de la terre et du mode de cuisson. Seul ce critère permet de classer tous les fragments recueillis. Les traces de fabrication, les inclusions, les décors et les caractères morphologiques n’ont pas été négligés, ils ont été intégrés à la description comme éléments complémentaires ; tout comme les résultats des quelques analyses de laboratoire qui ont pu être réalisées par fluorescence X sur les composants métalliques d’un échantillon et dont le développement est donné en annexe (cf. annexe § 6.1.).

86Trois classes ont été ainsi aisément définies, subdivisées ensuite en fonction de la présence ou de l’absence de glaçure, critère essentiel de différenciation des fonctions malgré ses ambiguïtés. La troisième classe, de loin la plus importante en nombre et la plus homogène en regard de l’absence de décors et de l’indifférenciation des formes, a été en outre subdivisée en trois variantes selon la caractéristique majeure des inclusions :

I.

Pâtes blanches

I1

– glaçurées

II.

Pâtes rouges

II1

– glaçurées

II2

– non glaçurées

III.

Pâtes grisés

III1

– glaçurées

III2

– non glaçurées

III2

– inclusions coquillières

III2b

 – pâte peu micacée

III2

– pâte très micacée

87La base documentaire de ce mobilier est étroite. Qu’on ne s’attende donc pas ici à trouver de longs développements sur les caractéristiques techniques, les formes et les fonctions, les réseaux de production et d’approvisionnement, l’évolution chronologique. Nous nous sommes nécessairement limités à donner une description ordonnée de ce matériel en fonction de deux objectifs : fournir de nouveaux repères aux études de céramologie médiévale bourguignonne, analyser la place de ce mobilier dans l’environnement matériel quotidien des habitants de la grange du Mont.

3.2.2.4. Glossaire

88Il n’est plus utile de rappeler en préface de chaque étude céramologique les définitions de chaque terme utilisé : certains, comme terre et pâte, inclusion et dégraissant, engobe et barbotine, glaçure et émail, ont un sens désormais fixé et largement reconnu. Il n’en va pas de même pour d’autres, du vocabulaire morphologique notamment. Pour ceux‑là, il nous paraît encore nécessaire, afin d’éviter toute ambiguïté et de faciliter la lecture, de donner le sens que nous leur prêtons ici.

Pot globulaire ou oule : forme à lèvre infléchie, à col court, voire inexistant, à panse globulaire formant le fond ou détachée du fond lenticulaire par une nette inflexion. AVD 1970 : 134, vase 103 [a] ; 129, vase 107 [b].

Cruche : forme identique à la précédente, mais munie d’un goulot, ponté ou non, d’une anse opposée plate attachée sur la lèvre et l’épaule. AVD 1970 : 135, vase 106.

Pégau : forme à lèvre sans inflexion, sur col court et de profil souvent concave, à panse ovoïde et fond plat, généralement sans élément verseur mais munie d’une anse verticale attachée à la lèvre, ou dessous, et au milieu de panse. Perrugot 1983 : 18, 19 et 22, fig. 7 à 9.

Pichet : forme à lèvre sans inflexion sur col haut, cylindrique ou légèrement évasé, à panse globulaire ou ovoïde, à fond plat parfois détaché par une inflexion marquée de la panse, munie généralement d’un bec pincé et, à l’opposé, d’une anse verticale attachée sur le col et le milieu de panse. AVD 1970 : 144, vase 114.

Amphore ou jarre : forme à lèvre sans inflexion, à col cylindrique sur une panse ovoïde, à fond plat. De plus grande contenance que les formes précédentes, elle n’est généralement pas munie d’élément verseur mais elle possède une ou plusieurs anses verticales. Nicourt 1986 : 88.

Bol, tasse, gobelet : petites formes ouvertes dont la lèvre prolonge directement la panse, munie d’une anse pour la tasse. Nicourt 1986 : 88.

3.2.2.5. Classement

Classe II – Pâtes blanches glaçurées (fig. 52)

8991 fragments, soit 1,6 % de l’ensemble, présentent une pâte blanche, dure et fine, d’une épaisseur oscillant entre 2 et 5 mm. Dans cette classe très aisément définissable, deux variantes peuvent être individualisées en fonction d’une très légère différence de couleur et de texture :

90– une pâte très blanche, sans dégraissant ou impuretés visibles (72 fragments) ;

91– une pâte légèrement rose, incluant de rares et fins nodules rouges qui signalent plutôt l’utilisation de chamotte que la présence d’oxydes métalliques (19 tessons).

92L’analyse métallographique des pâtes montre toutefois la très grande homogénéité de ce groupe des pâtes blanches (cf. annexe § 6.1. tabl. XIV).

93Tous les fragments portent une glaçure plombifère généralement appliquée directement sur la pâte ; quatre fragments de la variante « pâte blanc‑rose » présentent cependant un apprêt (engobe ?) rosé. La glaçure couvre parfois les deux parois, le plus souvent la seule face externe préalablement lissée. Elle est uniformément répartie sur quelques tessons de panse mais n’apparaît généralement que sous la forme de taches aux contours irréguliers, de dimensions et de densité variables.

94Il s’agit essentiellement, pour 87 fragments, d’une glaçure verte mouchetée dont l’intensité varie du vert sombre au transparent à peine teinté, en fonction de l’épaisseur de la couverte et de la concentration des pigments. Sur trois fragments de panse à pâte très blanche, la glaçure est jaune pâle et rehaussée de taches ou de bandes brunes. Un dernier tesson, cité ici pour mémoire, porte sur les deux parois un émail stannifère blanc sans autre décor. Unique et isolé dans le remplissage du fossé de l’enceinte générale IX, il n’appartient visiblement pas à la phase d’occupation de la grange.

95Des décors se remarquent sur 22 fragments. 18 tessons de panse, également répartis entre les deux variantes de pâte, portent sous la glaçure verte des flammules peintes ocre‑rouge disposées obliquement (fig. 52, no 1). Une bande verticale de glaçure brune réhausse la glaçure verte sur quatre autres fragments à pâte très blanche : elle s’accompagne d’incisions sur l’un (fig. 52, no 2) ; de pastilles de pâte rouge alignées à l’horizontale sur un autre (fig. 52, no 3).

96Huit éléments de forme ont été enregistrés. De pâte blanc‑rose engobée et glaçurée sur les deux faces, une lèvre prolonge un col évasé ; l’extrémité est arrondie, le diamètre de l’ouverture ne peut être calculé (fig. 52, no 4).

97Une autre lèvre de pâte très blanche (fig. 52, no 5) devait prolonger un col légèrement concave et cannelé ; la face supérieure est plate, presque horizontale et débordante ; l’extrémité est pincée. La glaçure est seulement appliquée sur la paroi interne directement sur la pâte. Le diamètre d’ouverture peut être évalué à 55 mm.

98Les deux lèvres suivantes (fig. 52 nos 6 et 7) sont aussi glaçurées directement sur une pâte très blanche et seulement à l’extérieur. Aux extrémités épaissies et arrondies, elles prolongent des cols légèrement évasés, présentant de fortes cannelures. La face supérieure de la première est déversée vers l’intérieur, celle de la seconde est horizontale. Les diamètres respectifs d’ouverture sont de 70 et 80 mm.

99La dernière lèvre (fig. 52, no 8), de pâte très blanche glaçurée sur les deux faces, ne montre aucun épaississement ni débord. Sa face supérieure est déversée vers l’intérieur et prolonge directement une panse ou bien un col court au profil concave. Une attache d’élément de préhension elliptique, large de 25 mm et épaisse de 10 mm, est située sous la lèvre. Le diamètre d’ouverture peut être évalué à 110 mm.

100Un fragment d’anse pleine, de section elliptique (22 x 10 mm) et de profil incurvé, est constitué d’un boudin de pâte blanc‑rose. Il est couvert d’un engobe rosé et de taches de glaçure verte sur la face externe où se remarquent encore deux légères cannelures longitudinales (fig. 52, no 9).

101Deux fragments de fond plat débordant sont très partiellement glaçurés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur sur la liaison avec la panse. Le diamètre restitué du premier, à pâte blanc‑rose, est de 115 mm, celui du second, à pâte blanche, ici reproduit, est de 75 mm (fig. 52, no 10).

102En fonction de ces éléments, outre le récipient émaillé n’appartenant pas à l’occupation de la grange, six vases au minimum peuvent être inventoriés. Aucun n’est reconstitué mais les détails morphologiques enregistrés permettent d’individualiser deux formes.

  • 2 Communication personnelle des auteurs de la fouille de 1982, notamment de Didier Perrugot.

103Les dimensions du fragment no 8 (fig. 52) suggèrent une forme haute à col court et la qualité de la glaçure, un vase de table ; il s’agirait d’un élément de pégau, ainsi que l’indiquent les étroites analogies constatées avec les vases retrouvés entiers lors des fouilles de l’îlot Gennetier à Sens, datés du XIVe s.2 : même profil de lèvre et même attache de l’anse, même glaçure verte mouchetée sur pâte blanche.

104Les autres éléments appartiennent assurément à des pichets : lèvre étroite sur col cylindrique ou légèrement tronconique haut et canneluré, anse ronde et pleine, panse ovoïde, fond plat, glaçure interne et externe inégalement répartie, décors nombreux. Ils seraient au nombre de cinq : l’un à pâte blanc‑rose engobée est décoré de flammules et d’une glaçure verte mouchetée très dégradée (fig. 52, no 1) ; les quatre autres ont des glaçurés plus épaisses posées directement sur la pâte très blanche (fig. 52, nos 4 à 7). Ce type se retrouve à Dracy, pour le xive s., avec quelques variantes : anses creuses, glaçure verte unie, décors peints plus complexes mais éléments en reliefs absents. Les différences relevées touchent toutefois essentiellement les décors et ne peuvent masquer l’existence d’une production céramique caractérisée par l’emploi d’une pâte blanche fine, par la qualité de la glaçure, par l’importance des décors et la spécialisation dans les vases de table, pichet et pégau.

● Fig. 52 – Céramique. Pâtes blanches glaçurées : classe I1, nos 1 à 10.

Classe II – Pâtes rouges

1051 138 fragments, soit 20,4 % des 5 559 tessons recueillis, présentent des pâtes rouges. Cet ensemble, environ douze fois plus important que le précédent, est moins homogène. La coloration dominante est certes le rouge, mais avec toutes les nuances possibles ; et sur 232 fragments, soit 25,6 %, sont associées à cette teinte fondamentale des colorations grises, qu’elles soient distribuées aléatoirement sur les parois et dans l’épaisseur de la pâte pour donner un aspect marbré, ou situées plus précisément au cœur simulant ainsi un feuilletage. Comme aucune trace d’engobe ne peut être décelée, il faut nécessairement attribuer le phénomène aux techniques de cuisson. Des « accidents » de chauffe peuvent expliquer l’aspect marbré ; l’emploi volontaire d’une cuisson réductrice puis oxydante doit rendre compte de l’aspect feuilleté.

106Cette différence ne suffit pas toutefois à créer des groupes distincts. L’analyse métallographique en effet, qui montre d’abord et surtout une extrême variation de composition d’un échantillon à l’autre, permet cependant des regroupements qui ignorent la première classification. Ainsi peut‑on associer les échantillons II1 a et b d’une part, II2 a et b d’autre part : ces deux ensembles sont aussi bien constitués de fragments à pâte rouge que de fragments à pâte rouge et grise (cf. annexe, § 6.1. tabl. XIV).

107La texture de la pâte permet en outre de rassembler tous les fragments. Seuls quelques groupes de tessons, rares et distribués dans les deux variantes précédentes, ne montrent pas à l’œil nu de dégraissant ou d’impuretés. Les pâtes contiennent toutes ou presque des inclusions, fines, nombreuses et diverses : nodules blanchâtres, particules de mica et de terre cuite, grains de quartz se combinent largement.

108Quant aux éléments morphologiques, toutes les lèvres sont sans inflexion, tous les fonds sont plats, toutes les panses paraissent ovoïdes, sans rupture brutale aux liaisons avec le fond et le col, les éléments de préhension sont tous des anses à profil incurvé, plates ou rondes, pleines ou creuses.

109Le seul facteur discriminant, la présence ou l’absence de glaçure, est d’un abord délicat en raison de l’extrême fragmentation de ce mobilier dont la couverte n’est toujours que partielle. Le critère a cependant été retenu en tant que marqueur potentiel de la destination des vases.

Classe II1 – Pâtes rouges glaçurées (fig. 53 à 56)

110519 fragments, soit 9,3 % de l’ensemble ou 45,6 % des pâtes rouges, appartiennent sans ambiguïté à des vases glaçurés, qu’ils portent une glaçure ou qu’ils soient associés par recollage ou identité technique à des fragments glaçurés.

111Les glaçurés sont toutes appliquées directement sur la pâte et plombifères. Elles sont presque toujours partielles et ne couvrent que rarement les parois internes. Les aspects et les couleurs, fort variés, se laissent toutefois classer en glaçurés mouchetées et glaçurés unies, quand la couverte n’est pas trop altérée pour permettre une telle identification. C’est malheureusement le cas pour 175 tessons, soit le tiers ; mais 60 autres (11,7 %), montrent une glaçure transparente jaunâtre mouchetée de vert sombre et les 284 derniers (55 %), une glaçure unie à dominante brune (80 fragments) ou verte (204 fragments).

112Les décors apparaissent sur 96 fragments. Ils sont diversifiés mais excluent les éléments peints et sont plus élaborés sur les pâtes les plus fines.

113La glaçure mouchetée regroupe en fait deux ensembles bien individualisés de tessons de panse : elle couvre pour l’un d’épaisses coulures de glaçure brune appliquées obliquement, pour l’autre des bandes obliques de terre blanche sur lesquelles une molette a imprimé son motif en damier (fig. 53, no 1).

114Les glaçurés unies s’accompagnent aussi de décors complexes. Sur sept fragments de panse d’un même vase à pâte rouge et grise, de fines côtes horizontales et verticales de terre blanche forment des reliefs et déterminent des variations dans l’intensité de la coloration verte de la glaçure (fig. 53, no 4).

115Deux fragments de panse d’un vase à pâte rouge et glaçure brun‑jaune montrent un motif de rosace festonnée, réalisé par estampage et des pastilles appliquées (fig. 53, nos 2 et 3). Sur un élément de préhension appartenant vraisemblablement au même vase, un poussier constitué de deux courts boudins écrasés renforce le point d’attache avec la lèvre (fig. 54, no 20).

116Sur les pâtes moins fines les décors sont plus rares et moins riches : des incisions ondées (fig. 53, no 5) ; l’empreinte d’une molette au motif triangulaire ; des cannelures plus ou moins accentuées et régulières en séries continues sur certains cols (fig. 53, nos 9 à 11) ; des cannelures peu nombreuses ou espacées, voire une seule sur les liaisons col/panse et col/lèvre (fig. 53, nos 8,12 à 19).

11756 éléments de forme ont été enregistrés dont 32 lèvres, toutes sans inflexion ; 17 d’entre elles peuvent être davantage décrites.

118Les deux premières (fig. 53, nos 6‑7) se confondent avec l’extrémité de la panse, sans dévers ni épaississement. L’une est arrondie, l’autre effilée. La glaçure est verte, unie et située à l’extérieur pour la première, transparente et appliquée à l’intérieur pour la seconde. Les diamètres d’ouverture ne peuvent être restitués.

119Les douze suivantes (fig. 53, nos 8 à 19) prolongent des cols droits ou légèrement concaves, verticaux ou évasés, Les faces supérieures sont généralement plates ou munies d’une légère gorge, toujours inclinées vers l’intérieur. Les extrémités, plus ou moins épaissies, débordent faiblement. Une série de fines cannelures marque le col des quatre premières uniformément glaçurées. Les suivantes ne sont glaçurées qu’à l’extérieur et une cannelure souligne la liaison avec le col. Les diamètres d’ouverture évalués pour les fragments nos 13, 17, 18 et 19 oscillent entre 85 et 90 mm.

120Les trois dernières lèvres (fig. 54, nos 20 à 22) prolongent sans doute un col court dont la face interne est concave et dont la face externe est masquée par un élément de préhension attaché immédiatement sous l’extrémité. La face supérieure des deux premières est étroite, plate et horizontale ; celle de la troisième est déversée vers l’intérieur et arrondie. Les extrémités sont à peine épaissies et peu débordantes. Pour la première, le diamètre d’ouverture est de 90 mm, pour les autres de 100 mm. Une glaçure épaisse brun‑jaune couvre entièrement le premier fragment ; sur les suivants, seules quelques traces de couverte subsistent. Du premier fragment, l’élément de préhension, sans doute une anse, est constitué d’une bande de terre aplatie et repliée sur un côté, large de 22 mm et épaisse de 8 mm. Des deux autres, l’anse est creuse, large de 35 mm sur 15 mm d’épaisseur.

121Sept autres anses de profil incurvé ont été enregistrées. Les deux premières sont plates et sans repli (fig. 54, nos 23, 24), La troisième et la quatrième sont des boudins de terre aux rebords partiellement repliés ; les deux suivantes ont des bords très abaissés mais non jointifs et gardent une gorge ouverte sur la face cachée ; la dernière est creuse, les deux bords de la bande de terre repliée sont soudés sur le côté (fig. 56, nos 25 à 29).

122Les 17 fragments de fonds enregistrés appartiennent tous à des fonds plats, d’un diamètre oscillant entre 70 et 110 mm, légèrement saillants mais s’attachant sans inflexion, sauf pour les deux premiers, à des panses ovoïdes. Sur ces fragments, la glaçure est toujours partielle (fig. 55 et 56, nos 30 à 36).

12326 vases peuvent être alors dénombrés ; aucun n’a pu être reconstitué mais les analogies sont nombreuses avec le matériel plus complet d’autres sites voisins. Deux formes ouvertes de petite taille, gobelet, tasse ou bol, sont représentés par les fragments nos 6 et 7 (fig. 53).

  • 3 Fouilles inédites de Monsieur Leltzalter, réalisées en 1985.

12421 pichets de tailles plus ou moins identiques peuvent être ensuite individualisés. Deux d’entre eux, nos 1 et 34 (fig. 53 et 56), rappellent les pichets à pâte blanche ; même panse ovoïde et même fond plat bien sûr, mais aussi même finesse de la pâte, même glaçure mouchetée et même importance des décors. Ils n’ont pas été rencontrés à Dracy sous cette variante à pâte rouge, mais le premier est attesté en milieu urbain : des tessons en tous points identiques ont été retrouvés au cours des fouilles de la salle capitulaire de l’église Saint‑Vincent de Chalon‑sur‑Saône, dans l’apprêt de sol fossilisant une inhumation datant de 13653. Les dix‑neuf autres sont de facture moins élaborée et présentent de nombreuses variations de détail. Ils forment toutefois un groupe homogène et sont, semble‑t‑il, très présents sur les sites d’habitat au XIVe s. : des types semblables ont été enregistrés au château ducal de Saint‑Romain (AREHR 1974‑80) et dans la maison‑forte de Villy‑le‑Moutier, en Côte‑d’Or (Pesez 1987).

125Les fragments nos 20 à 22 (fig. 54), caractérisés par la présence d’un départ d’anse sous la lèvre, restent malheureusement isolés. Tout au plus pouvons‑nous directement associer au premier les fragments de panse décorés nos 2 et 3 (fig. 53). Les cols sont courts et de profil concave : la forme rappelle ainsi le fragment I1 no 8 (fig. 52) et peut être attribuable au pégau. Il s’agit d’une forme assez répandue en Bourgogne au XIVe s. ; si elle n’est pas présente à Dracy dans le matériel déjà publié, elle a été reconnue notamment dans l’Yonne, avec des pâtes blanches ou beige clair, sur les fouilles déjà signalées de Sens et sur celles de l’atelier de potiers de Dixmont (Perrugot 1983 : fig. 7, 8, 11 à 13).

● Fig. 53 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 1 à 19, lèvres et décors.

● Fig. 54 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 20 à 29, éléments de préhension.

● Fig. 55 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 30 à 32, fonds.

● Fig. 56 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 33 à 36, fonds.

Classe II2 – Pâtes rouges non glaçurées (fig. 57)

126Parmi les 619 fragments à pâte rouge ou rouge‑gris ne présentant pas de traces de glaçure, dont 13 éléments de lèvres, 3 d’anses et 27 de fonds, seuls deux groupes ont permis la restitution partielle de deux vases similaires ; ils attestent l’utilisation sur le site de vases à pâte rouge non glaçurée. Pour les autres fragments en effet, le doute est permis car ils présentent des caractéristiques de pâte et de forme proches de celles du mobilier glaçuré auquel ils peuvent donc appartenir.

127La restitution n’est réellement satisfaisante que pour un seul vase et encore est‑elle très partielle : rien ne vient notamment indiquer la forme du col, de la lèvre et des éventuels éléments de préhension (fig. 57, no 1). Le fond est plat, de 150 mm de diamètre et de 90 mm d’épaisseur ; il s’attache sans inflexion ni débord à la panse. Celle‑ci est ovoïde ; son diamètre maximum est souligné de deux cannelures larges et peu profondes. Ce décor est répété sur l’épaulement où l’épaisseur de la pâte n’est plus que de 4 à 5 mm. La pâte comporte des inclusions blanchâtres ; rouge‑orangée à l’extérieur, elle tire sur le brun à l’intérieur.

128L’ensemble se différencie bien alors d’un autre groupe de tessons à pâte totalement rouge qui a permis de restituer un fragment de panse présentant les mêmes inclusions, la même épaisseur, les mêmes cannelures toutefois plus rapprochées et moins prononcées, la même forme ovoïde.

129Outre l’absence certaine de glaçure, l’importance des dimensions, repérables au moins dans celle du fond du vase II2 no 1 (fig. 57), témoigne d’un type différent de ceux qui portent une glaçure. Sans doute s’agit‑il de deux vases à provisions, de stockage, du type amphore.

● Fig. 57 – Céramique. Pâtes rouges non glaçurées : classe II2, no 1

Classe III – Pâtes grises

1304 330 fragments sont constitués d’une pâte dont la couleur dominante est le gris. C’est de loin l’ensemble le plus important regroupant près de 78 % du matériel recueilli sur le site. Moins de 1 % d’entre eux sont glaçurés, l’essentiel se rattache à la céramique dite « commune »,

Classe III1 – Pâtes grises glaçurées (fig. 58)

131Les 51 fragments à pâte grise glaçurée se classent en deux groupes bien individualisés, correspondant à deux vases.

132Le premier rassemble 30 tessons, d’une épaisseur oscillant entre 2 et 4 mm, dont quatre du fond et autant de la lèvre ; cinq fragments de panse portent un décor (fig. 58, nos 1a, b, c). La pâte gris clair veinée d’orange comporte de grosses inclusions sans doute ferrugineuses ; la terre d’origine pouvait être orangée et c’est par cuisson réductrice qu’elle aura viré au gris. La glaçure paraît témoigner d’une température de cuisson élevée, voire mal maîtrisée : de nombreuses et fines bulles crèvent la surface, la couleur brune à reflets verts présente des taches irrégulières obscures, sans variation d’épaisseur. L’accident de surcuisson semble évident.

133Cette couverte plombifère n’est qu’extérieure ; uniforme sur les fragments de lèvre, partielle sur certains éléments de panse et de fond, elle est inexistante sur d’autres éléments de panse. Une fine bande rapportée puis incisée verticalement à la molette souligne la lèvre. Le même décor d’incisions se répète sur des fragments glaçurés de col et sur des tessons non glaçurés de panse. Ainsi, trois registres au moins devaient orner la paroi externe de ce vase.

134La lèvre est sans inflexion, sa face supérieure est concave et inclinée vers l’intérieur, l’extrémité est légèrement épaissie et débordante ; le diamètre d’ouverture peut être estimé à 70 mm. Le fond, d’un diamètre de 100 mm, est plat et saillant sous la panse qui montre une inflexion assez nette soulignée de stries de tournage.

135Le second vase n’est représenté que par 21 tessons de panse, épais de 4 mm (fig. 58, no 2). La pâte grise est fine bien que comportant de petites inclusions blanchâtres et rougeâtres. Une glaçure vert bronze, plombifère, couvre directement la paroi externe et les décors de bandes et de pastilles appliquées qui l’ornent. Il s’agit de côtes de pâte rouge disposées en chevrons dans le sens vertical et de pastilles rondes placées entre les côtes et écrasées par un poinçon au motif quadrillé.

136Ainsi à la grange du Mont, deux autres vases de table, du type pichet, peuvent être dénombrés.

● Fig. 58 – Céramique. Pâtes grises glaçurées : classe III1, nos 1 et 2.

Classe III2 – Pâtes grises non glaçurées (fig. 59 à 62)

1374 279 fragments, soit 77 % de l’ensemble, présentent une pâte grise sans glaçure. Le cœur des tessons est gris‑beige. C’est là sans doute la teinte de la terre d’origine mais peut‑être tirait‑elle davantage vers le rouge comme paraissent l’indiquer quelques fragments ; une cuisson en atmosphère réductrice l’aura assombrie. Les faces offrent des teintes multiples, du gris‑noir au rouge‑orangé. Au‑delà des surcuissons et des enfumages qui doivent expliquer ces variations visibles parfois sur un même fragment, deux ensembles se distinguent : l’un est caractérisé par des parois gris clair bleuté, l’autre par des parois gris‑noir.

138La nature des inclusions renforce cette première distinction. Tous les fragments comportent de nombreuses et grosses inclusions, surtout des grains de quartz aux arêtes vives, rarement des nodules métalliques. Elles crèvent parfois les parois si bien que celles‑ci, malgré un lissage systématique, sont irrégulières, rugueuses. Mais ces composants s’accompagnent ou non de paillettes de mica.

139Quatre tessons à surface gris‑noir ne présentent pas ces particules brillantes, argentées ou dorées, mais des éléments de coquillages broyés ; petits, informes, ils ne permettent aucune restitution. Tous les autres fragments incluent du mica ; seulement, pour 25 % d’entre eux, aux parois gris clair bleuté, il reste très discret. Il est en revanche très abondant dans les pâtes aux parois gris‑noir.

140Ces éléments existaient‑ils dans la terre d’origine ou ont‑ils été ajoutés à celle‑ci comme dégraissant ? Le problème, longuement débattu par J. Chapelot dans la publication des premiers résultats de la fouille de Dracy (AVD 1970 : 127 et sq.), reste entier. Les hypothèses multiplient les lieux d’extraction, les techniques de fabrication ou les ateliers, jouent sur la diachronie ou la synchronie. Elles restent incontrôlables à défaut d’études systématiques des gisements argileux et des lieux de production.

141En tout état de cause, outre le groupe de quatre tessons à pâte coquillière ‑ III2 a ‑ deux autres ensembles se distinguent en fonction de la couleur dominante des parois et de la proportion élevée ou non de mica. L’analyse métallographique des pâtes souligne cet écart en révélant dans les échantillons de pâte très micassée –III2 c– la présence systématique de Barium, complètement absent des fragments peu micacés III2 b (cf. annexe, § 6.1. tabl. XIV). Et, comme on va le voir, l’épaisseur des parois ainsi que certaines caractéristiques morphologiques achèvent de les distinguer.

Classe III2 a – Pâte grise coquillière

142Quatre fragments.

Classe III2 b – Pâte grise peu micacee (fig. 59 à 61)

1431 076 fragments, soit 25 % des pâtes grises non glaçurées, dont 83 éléments remarquables, appartiennent à ce sous‑ensemble. Leur épaisseur oscille entre 5 et 8 mm. Parmi les 79 fragments de lèvres qui marquent tous une inflexion, huit variantes peuvent être énumérées.

144La première est caractérisée par un marli horizontal, plat et large de 25 mm ; l’extrémité, non épaissie, est arrondie ; le diamètre d’ouverture est de 140 mm (fig. 59, no 1).

145Le marli de la seconde est moins large (20 mm) et marqué par une légère concavité et un déversement peu accentué vers l’intérieur ; l’extrémité est arrondie sans épaississement ; le diamètre d’ouverture est de 90 mm (fig. 59, no 2).

146Pour la troisième, l’épaisseur de la lèvre est plus importante et le diamètre d’ouverture s’élève à 110 mm (fig. 59, no 3).

● Fig. 59 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2b, nos 1 à 3, lèvres.

147L’extrémité de la quatrième est épaissie et se détache du marli ; celui‑ci, large de 20 mm, est très déversé vers l’intérieur ; le diamètre d’ouverture est de 105 mm (fig. 60, no 4).

148La cinquième variante présente un marli large de 20 mm, une extrémité sans épaississement, abaissée et au profil biseauté ; le diamètre d’ouverture est entre 140 et 150 mm (fig. 60, no 5).

149L’extrémité de la sixième a pris de grandes proportions ; elle est épaissie et relevée en bourrelet ; le diamètre d’ouverture n’est pas restituable (fig. 60, no 6).

150Dans les deux dernières, la lèvre est très redressée et l’extrémité légèrement épaissie ; le diamètre d’ouverture du vase 7 n’est pas restituable, celle du vase 8 est de 138 mm (fig. 60, nos 7 et 8).

● Fig. 60 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2b, nos 4 à 8, lèvres.

151Un goulot évoque les éléments versoirs. Rapporté sous la lèvre, il est légèrement écrasé en sa partie supérieure, son diamètre d’ouverture est de 17 mm (fig. 61, no 9).

152Le fragment d’anse, de profil incurvé, épais de 8 mm et large de 40 mm, présente une côte centrale et des bourrelets latéraux (fig. 61, no 10).

153Deux éléments de fonds avec départ de panse ont été enregistrés : il s’agit de fonds lenticulaires détachés des panses évasées et globulaires par une inflexion marquée. Les stries de tournage visibles sur la paroi interne des panses n’apparaissent pas sur les fonds ; il faut supposer que ces derniers n’étaient pas tournés mais façonnés par pression. L’inflexion fond/panse est d’ailleurs soulignée sur l’un des fragments par un épaississement de la paroi qui doit témoigner du raccord (fig. 61, nos 11 et 12).

● Fig. 61 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2b, nos 9 à 12, goulot, anse, fonds.

154Ce groupe céramique était sans doute bien présent sur le site comme l’atteste l’abondance des tessons. Mais par prudence, il nous faut compter seulement huit vases en raison de la grande homogénéité de ce mobilier. Ce sont des vases de grande contenance, comme en témoignent les panses évasées et le diamètre des ouvertures. Ils devaient se partager également entre deux formes : l’une, munie d’un goulot et d’une anse plate verticale opposée, est identique aux « cruches » à pâte rouge retrouvées à Dracy ; l’autre, sans élément versoir ni de préhension, s’apparente aux pots globulaires (« oules ») de ce même site de référence. Ces derniers se signalent par la présence de résidus carbonisés à l’intérieur, de traces de suie à l’extérieur ; il s’agit de vases culinaires. Les indices d’action du feu excluent les anses, les goulots et les fonds lenticulaires ; les cruches ainsi caractérisées auraient surtout pour fonction la réserve des denrées et des liquides.

Classe III2 c – Pâte grise très micacée (fig. 62)

155Cette variante compte 3 199 fragments, soit près de 58 % de la totalité des tessons recueillis, soit encore 75 % des fragments à pâte grise non glaçurée. Leur épaisseur varie entre 3 et 5 mm.

15687 fragments de lèvre, 1 goulot, 2 attaches d’anse et 1 anse quasi complète ont été collectés. Trois tessons de panse portent un décor rapporté ou peint.

157Les profils des lèvres peuvent se réduire à 7 variantes : 6 à simple inflexion, 1 à double inflexion.

158La première, au marli légèrement concave et large de 18 mm, est bien déversée vers l’intérieur du vase ; l’extrémité est aplatie ; le diamètre d’ouverture est de 90 mm (fig. 62, no 13).

159Le marli de la seconde est plat, presque horizontal et large de 22 mm ; l’extrémité est plus large et abaissée, formant bourrelet ; le diamètre d’ouverture est de 120 mm (fig. 62, no 14).

160La troisième présente une extrémité pincée et relevée ; le diamètre d’ouverture n’est pas restituable (fig. 62, no 15).

161Sur les trois suivantes, aux lèvres très relevées, l’extrémité se détache de la paroi externe par une côte et une gorge réalisées sans doute au tournage ; les diamètres d’ouverture ne sont pas restituables (fig. 62, nos 16 à 18).

162La dernière est à double inflexion ; l’extrémité, très pincée, se relève fortement pour former un second ressaut ; le diamètre d’ouverture n’est pas restituable (fig. 62, no 19).

163Le goulot est de même forme que celui à pâte peu micacée. Il est cependant d’une facture plus grossière : la soudure des deux bords de la bande de terre repliée reste visible et la pâte, sans doute moins plastique, a dû être tailladée pour aider au façonnage comme l’indiquent les marques de lame visibles sur la face interne. Ce goulot est isolé et ne peut être situé précisément sur le vase ; il n’était en tout cas pas ponté ; le diamètre d’ouverture est de 20 mm (fig. 62, no 24).

164Les anses, à l’image de celle qui est ici représentée, ont un profil incurvé ; elles sont plates mais présentent des bords épaissis ; larges de 25 mm et épaisses de 5 mm, elles s’attachent sur la lèvre du vase (fig. 62, nos 25 et 26).

165Un fragment de panse largement reconstitué ne présente pas d’inflexion et aucun fragment de fond lenticulaire n’a pu être reconnu.

166Le décor rapporté est constitué de bandes de terre appliquées verticalement à impressions digitées (fig. 62, nos 21 à 23). Le décor peint est une mince bande noire verticale (fig. 62, no 20).

● Fig. 62 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2c, nos 13 à 26.

167Ces éléments morphologiques évoquent les deux formes du pot globulaire et de la cruche à anse et goulot. Cette dernière n’aurait toutefois pas, ici, de fond lenticulaire. Sept vases dont trois cruches peuvent être comptabilisés, mais il est bien évident qu’il s’agit d’un nombre minimum. Les diamètres d’ouverture paraissent plus petits et les parois sont plus minces que pour le sous‑groupe III2 b. Sans doute la contenance était‑elle moindre ; les parois plus fragiles étaient renforcées de bandes rapportées. Mais ces différences technologiques et morphologiques s’estompent devant les similitudes que l’on ne peut manquer de noter entre ces deux sous‑groupes. Oules et cruches, à pâte peu ou très micacée, forment un ensemble : celui des céramiques dites « communes », abondamment utilisées sur les sites datés de la fin du Moyen Age, tel Dracy où les mêmes vases, sous les mêmes variantes à quelques détails près, ont été enregistrés.

168Dans l’état actuel des recherches et des publications sur les sites de production et d’utilisation, il est difficile de préciser davantage la datation. Rien ne permet de décider notamment si la différence de représentation entre III2 b et III2 c, s’établissant du quart aux trois quarts, est le signe d’une antériorité ou d’une postériorité de la première production sur la seconde. Il est cependant probable que le site est déserté avant le xve s. ; en effet à Sevrey, site de production, comme à Saint‑Romain, site d’utilisation, l’extrême fin du Moyen Age voit apparaître, pour ces mêmes classes céramiques, le type du pot barré à anses coudées qui est complètement absent de notre mobilier (Renimel 1974 ; AREHR 1980 : pl. 10).

3.2.2.6. Le vaisselier céramique de la grange du mont

169Les 5 559 fragments recueillis se répartissent très inégalement entre les trois grandes classes céramiques précédemment définies :

  • classe I : 91 tessons ; 1,6 % ;

  • classe II : 1 138 tessons ; 20,4 % ;

  • classe III : 4 330 tessons ; 78 %.

170Le même déséquilibre caractérise la distribution des tessons entre production « fine », c’est‑à‑dire glaçurée et production « commune » sans couverte :

  • classe I1: 91 tessons ; 1,6 % ;

  • classe II1 : 519 tessons ; 9,3% ;

  • classe III1 : 51 tessons ; 1,0 % ;

  • classe II2 : 619 tessons ; 11,1 % ;

  • classe III2 : 4 279 tessons ; 77,0 %.

171Les classes I1, II1, III1 comprennent 661 tessons soit 12 % de l’ensemble ; les classes II2 et III2, 4 898 tessons soit 88 %.

172La glaçure, pour des raisons techniques et esthétiques évidentes, est surtout associée aux pâtes claires et sans grosses inclusions qui offrent, pour les décors, un meilleur support. Cette céramique fine est réservée au service de la table avec ses bols ou tasses, ses pichets et ses pégaus. La céramique commune, aux pâtes plus grossières, renvoie à la préparation culinaire et au stockage des denrées avec ses oules, ses cruches et ses amphores : comme sur tous les sites d’habitat connus, elle domine largement, au moins en nombre de tessons, car en nombre minimum de vases, la hiérarchie est inversée (tabl. III).

● Tabl. III – Le vaisselier céramique de la grange du Mont.

173Des 661 fragments de céramique fine, 34 vases ont pu être dénombrés. Ce nombre minimun est vraisemblablement proche de la réalité car les critères d’individualisation sont nombreux et variés pour cette production décorée. En revanche, la quantité de vases reconnus pour la céramique commune, 17 pour 4 898 fragments, ne peut que sous‑estimer l’importance de ce groupe car il s’agit moins du nombre de vases que de celui des variantes, les critères de différenciation, pour cet ensemble très homogène, sont en effet largement absents. A risquer une extrapolation, qui respecterait la proportion de 34 vases pour 661 fragments de céramique fine, les 4 898 tessons de céramique commune donneraient 250 unités. Il est évident que nous n’avançons ce chiffre qu’à titre de grossière évaluation, la taille et le degré de fragmentation des céramiques d’une classe à l’autre ne pouvant être calculés et pris en compte.

174De toute manière, cette recherche du nombre minimum de vases offre un intérêt limité : elle ne peut déboucher sur une évaluation de l’importance de l’occupation, tant en nombre d’individus qu’en durée. Elle pourrait certes apporter des précisions quant à l’importance relative de chaque forme, mais la simple identification de ces dernières permet de cerner au moins qualitativement la composition du vaisselier, de préciser ainsi la nature et la chronologie de l’occupation.

175Ce mobilier se caractérise par un petit nombre de formes. Six types de vases ont été inventoriés : bol ou tasse, pichet, pégau, amphore, cruche et oule. Les formes hautes et fermées sont ainsi pratiquement les seules enregistrées dans le mobilier de la grange du Mont. Mais ce n’est pas là une situation originale : elle est partout signalée, à des degrés divers, sur les sites d’atelier et d’habitat de la fin du Moyen Age antérieurs généralement au xve s. Même en milieu méditerranéen, à Brucato (Pesez 1984), à Rougiers (Demians d’Archimbaud 1980), les formes ouvertes ne sont présentes qu’en quantité inférieure aux formes fermées. En Bourgogne ou dans des régions voisines tel l’Orléanais (Orssaud 1985), en milieu rural comme en contexte urbain, les assiettes et les plats, les lèche‑frites et les marmites de terre cuite, sans parler des faisselles et des lampes, sont produits et consommés mais dans une moindre mesure.

176La grange du Mont ne constitue donc pas en la matière un isolat. Son mobilier ne couvre pas tous les besoins du service de la cuisine et de la table ; il est sans doute largement relayé pour les formes ouvertes sinon par le verre, du moins par le bois et le métal. L’ensemble reflète, dans ses aspects technologiques comme dans sa composition d’ensemble, la situation du xive s.

  • 4 Fouilles inédites de la direction des Antiquités historiques de Bourgogne, dirigées par Germaine De (...)

177Cette datation ne peut malheureusement être davantage précisée. Les variantes de chaque type ne sont ici d’aucune utilité. Elles sont pourtant nombreuses et pour certaines importantes : pour la céramique fine, aucun vase n’est en effet rigoureusement identique à un autre, les pichets se partagent en au moins trois « productions » et pour la céramique commune, trois « productions », sept variantes de cruche et huit d’oule ont été reconnues. Seulement, elles sont associées, pêle‑mêle, sur l’unique horizon archéologique du site, si bien que si elles témoignent d’une évolution, c’est‑à‑dire d’une durée de l’occupation, il est impossible de le vérifier ; d’autant que ces variations peuvent être aussi bien attribuées à la variété des sites d’approvisionnement. La production céramique médiévale, même massive, reste en effet largement artisanale, parcellisée, pour ce qu’on en connaît, en de nombreux ateliers d’importance, de durée et d’aire d’influence très inégales, En témoignent les sites connus de Sevrey (Renimel 1974 ; Bonnamour 1987) et de Chaudenay4 en Saône‑et‑Loire, de Tracy‑sur‑Loire en Nivernais (Bouthier 1987), de Saint‑Julien‑du‑Sault et de Dixmont dans l’Yonne (Perrugot 1987). La production y est certes quelque peu normalisée, les formes y sont imposées et le niveau technique général comme les matières premières locales exercent des contraintes ; mais le « tour de main », l’expérience personnelle d’un artisan à l’autre, d’une école et d’une génération de potiers à l’autre, déterminent d’inévitables variations. Celles‑ci se retrouvent démultipliées et associées sur les sites d’habitat dont les voies d’approvisionnement devaient être nombreuses. Les quelques analogies rencontrées entre le mobilier de la grange du Mont et la production de sites potiers, Sevrey en Saône‑et‑Loire, Dixmont dans l’Yonne, et le matériel d’autres sites d’habitat, Chalon en Saône‑et‑Loire, Dracy, Saint‑Romain et Villy‑le‑Moutier en Côte‑d’Or, Sens dans l’Yonne, paraissent à cet égard montrer que les possibilités d’approvisionnement étaient diversifiées, qu’elles s’appuyaient vraisemblablement sur une mosaïque d’ateliers et sur un réseau dense et complexe de circulation des biens et des personnes.

178Ce mobilier atteste d’autre part la présence d’un groupe résident. Les formes reconnues, toutes à usage domestique, étroitement associées au bâtiment IV et au four, signalent l’habitation, évoquent les activités de stockage, de préparation et de consommation alimentaire. L’étude précise de la distribution spatiale de ces activités, dans et autour de la maison, est cependant sévèrement limitée, car le mobilier, brisé, rejeté, balayé, piétiné, n’est plus en état d’utilisation.

179Les cartes de répartition, générales, par classe, par forme et même par vase identifié ont été cependant systématiquement réalisées : beaucoup n’ont montré qu’une nébuleuse sans signification et ont été abandonnées ; certaines toutefois ont révélé des variations de densité, des regroupements semble‑t‑il significatifs. Ils ordonnent quelque peu, dans la cour, l’accumulation a priori informelle des rejets ; ils paraissent organiser, dans la maison, la nappe apparemment désordonnée des fragments jonchant le sol.

180Ainsi la céramique de table (fig. 63 : I1, II1 et III1) est peu présente dans la maison ; 66 fragments seulement, soit à peine 10 % du mobilier glaçuré, y ont été enregistrés. C’est toutefois à l’intérieur que pichets et pégaus ont été utilisés et brisés : les fragments à pâte blanche foisonnent à l’extérieur mais sont aussi présents dans la pièce ouest ; les deux pichets à pâte grise paraissent avoir été projetés à l’extérieur depuis le seuil de la pièce est ; les vases à pâte rouge sont aussi plus abondamment représentés dans cette pièce. A l’intérieur de l’habitation, comme partout, ce sont les céramiques communes qui dominent. Oules et cruches soulignent le foyer et sa vidange dans la pièce ouest, mais c’est dans la pièce est que ce mobilier, toutes classes confondues, est de loin le plus abondant (fig. 64). Il délaisse le fond à l’est et se concentre particulièrement au pied des murs de façade et de refend ainsi que dans l’angle nord‑ouest. C’est dans cette pièce, à proximité somme toute du mur de cloison, que se situe l’épicentre de la répartition des fragments de l’amphore II21 même si, curieusement, des tessons appartenant à ce vase ont été retrouvés sur le seuil de l’autre local.

● FIG. 63 – Céramique : répartition spatiale des fragments des classe I1, II1, III1 et II2 no I.

● Fig. 64 – Bâtiment IV : répartition spatiale des fragments de céramique.

181N’insistons pas car l’analyse est par trop délicate. Il est toutefois possible d’admettre que si les activités de préparation culinaire s’effectuaient naturellement autour et dans le foyer, c’est semble‑t‑il la pièce est qui accueillait les réserves et les repas.

3.2.3. Le mobilier manufacturé non céramique

3.2.3.1. Introduction

182Le mobilier manufacturé autre que céramique compte 314 objets ou fragments d’objets. 233 d’entre eux, soit 74,2 %, sont en fer et 64, soit 20,3 %, en alliage cuivreux. Traduite en terme de poids, l’importance relative de ces deux métaux est plus déséquilibrée encore : sur près de 4 kg de métal, le fer en rassemble 3,700 kg, soit 92,5 %. 8 autres objets sont en pierre, 7 en verre, 1 en plomb/étain, 1 en os. L’argent et l’or n’apparaissent que très rarement : l’un allié au cuivre dans le billon des monnaies et l’autre plaqué sur l’alliage cuivreux de deux objets,

183La plus grande partie de ce mobilier, soit 263 éléments ou 83,7 %, provient de la cour entre four et habitation. Dans les bâtiments, structures et enclos, il ne s’en trouve que 51, dont 28 dans le seul bâtiment IV. La concentration est, comme pour la céramique, extrême : pertes d’objets et rejets d’ustensiles brisés, dans ces zones d’intense activité et de passages fréquents, l’expliquent aisément.

184L’état de conservation était remarquable et la restauration, dont on trouvera en annexe l’énoncé des manipulations, n’a rencontré aucune difficulté majeure. 79 éléments trop petits et trop informes n’ont pu toutefois être identifiés clairement. Il s’agit des 7 fragments de verre et de 72 éléments métalliques : de ceux‑ci, 33 évoquent des plaques de fer perforées ou non, mais s’agit‑il de ferrures d’outils, de meubles, de volets ou de portes ? 20 autres sont visiblement des tiges ou des pointes de fer, mais rien ne permet de les attribuer précisément à des clous, des poinçons ou des ciseaux de taille ; 14 plaquettes, 2 petits crochets et 2 tiges de cuivre, ainsi qu’un fragment d’alliage plomb/étain à demi fondu, peuvent aussi bien appartenir à des éléments de décoration mobilière que de parure vestimentaire.

185Ces fragments non identifiés, comme tous les autres, ont naturellement été intégrés à l’analyse de l’importance relative des matières premières et de la distribution spatiale de ce mobilier ; ils ne pouvaient cependant être pris en compte pour l’étude des fonctions et ne figurent pas dans le catalogue.

186Au reste, parmi les 235 objets ou fragments d’objets identifiés, seuls 100 bénéficient d’une notice et d’une représentation graphique, voire photographique. Ceux‑là seuls sont entiers ou presque –il manquera toujours les éléments façonnés en matière périssable, tels les manches– et sont suffisamment reconnaissables pour que l’usage en soit évident. Ils font apparaître cinq catégories fonctionnelles essentielles : la construction des édifices et des meubles, les activités domestiques de la consommation, les activités d’acquisition et de production, la parure, enfin les loisirs. Elles constituent les rubriques articulant le catalogue et son commentaire.

187L’identification des objets, tant en ce qui concerne les fonctions que les repères chronologiques, s’est nourrie de la recherche d’analogies avec d’autres ensembles publiés. A vouloir rester dans une tranche chronologique et une aire spatiale permettant des comparaisons pertinentes et significatives, les possibilités étaient restreintes, limitées en fait à deux sites : Rougiers en Provence et Dracy en Bourgogne. Mais la qualité et la diversité des trouvailles réalisées sur ceux‑ci et le voisinage immédiat du second ont couvert largement nos besoins en références.

3.2.3.2. Catalogue (fig. 65 à 77)

188Le premier chiffre renvoie à l’ordre du catalogue et identifie les objets dans les planches ; le second rappelle leur numéro d’inventaire suivi du numéro de figure correspondant. Les matières ou, pour ceux qui en ont fait l’objet, les résultats de l’analyse métallographique sont ensuite indiqués ; puis viennent, pour les éléments complets, le poids en grammes et les dimensions en millimètres. Le lieu de trouvaille et un bref commentaire, incluant description et références aidant à l’identification, terminent chaque notice. Par fonction, une analyse intégrant les objets non catalogués rassemble et commente les données.

Construction

1891.53. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 35 ; L. 110 ; tête 25 x 15 ; section tige 5 x 5.
Cour.
Tête rectangulaire, large et plate ; tige à section carrée. C’est le plus grand des clous trouvés à la grange du Mont ; sans doute un clou de charpente.

1902.204. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Fds 17 ; L. 60 ; tête 16 x 10 ; section tige 5 x 3. Cour.
Tête rectangulaire, large et épaisse ; tige à section rectangulaire.

1913.150. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Rds 13 ; L. 63 ; tête 13 x 7 ; section tige 5 x 3.
Cour.
Tête rectangulaire, large et plate ; tige à section rectangulaire. Plusieurs milliers d’un type similaire ont été trouvés à Rougiers, destinés à de multiples usages.

1924.266. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 8 ; L. 54 ; tête 16 x 5; section tige 5 x 5.
Cour.
Tête rectangulaire, étroite et plate ; tige à section carrée.

1935.84. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 4 ; L. 42 ; tête 12 x 4 ; section tige 3 x 3.
Cour.
Tête rectangulaire, étroite et plate ; tige à section carrée.

1946.52. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 3 ; L. 39 ; tête 10 x 3 ; section tige 3 x 3.
Cour.
Identique au précédent.

1957.31. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 7 ; L. 26 ; tête 12 x 10 ; section tige 3 x 3.
Bât. III.
Tête grossièrement carrée et plate ; tige à section losangique ; sans doute à usage mobilier.

1968.75. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 4 ; L. 43 ; tête 9 x 7 ; section tige 3 x 3.
Cour.
Tête grossièrement ovalaire et plate ; tige à section carrée.

1979.1. (fig. 65) – Clou.
Fer.
Pds 55 ; L. 60 ; tête 37 x 36 ; section tige 8 x 3.
Bât. IV.
Tête importante et bombée, grossièrement carrée ; tige à section rectangulaire ; vraisemblablement un clou décoratif d’huisserie.

● Fig. 65 – Mobilier métallique : clous de construction, nos 1 à 9 du catalogue.

19810.256. (fig. 66) – Charnière‑goupille ou paumelle.
Fer.
Pds 54 ; L. 75 ; ø anneau 10 ; section 6 x 6.
Cour.
Lacet à double branche de section carrée ; anneau étroit ; l’épaisseur de la tige suggère toutefois un emploi sur une porte.

19911.57. (fig. 66) – Charnière‑goupille ou paumelle.
Fer.
Pds 47 ; ø anneau 22 ; section 13 x 4.
Cour.
Lacet à double branche de section rectangulaire ; large anneau évoquant une utilisation sur une porte.

20012.169. (fig. 66) – Goupille ou paumelle.
Fer.
Pds 11 ; L. 41 ; ø max. anneau 7 ; section 5 x 4. Cour.
Simple tige rabattue à une extrémité pour former un anneau de forme irrégulière ; sa petite taille suppose une utilisation sur un volet ou un meuble.

20113.93. (fig. 66) – Goupille ou paumelle.
Fer.
Pds 11 ; L. 51 ; ø max. anneau 7 ; section 7 x 4. Cour.
Identique à la précédente.

20214.131. (fig. 66) – Penture (fragment).
Fer.
L. min. 93 ; I. 20 ; ép. 1.
Cour.
Plaque rectangulaire percée sur l’axe médian de cinq trous de fixation irréguliers ; brisée au niveau d’un trou, sa longueur dépasse les 10 cm et suggère un emploi sur un vantail important, de porte ou de gros meuble.

20315.252. (fig. 66) – Penture (fragment).
Fer.
I. max. 12 ; ép. 1.
Cour.
Plaque effilée à une extrémité, percée d’un trou de fixation.

20416.213. (fig. 66) – Penture (fragment).
Fer.
I. max. 30 ; ép. 1.
Cour. Plaque brisée aux deux extrémités présentant un trou de fixation médian.

● Fig. 66 – Mobilier métallique : charnières et pentures, nos 10 à 16 du catalogue.

20517.70. (fig. 67) – Clef bénarde (incomplète).
Fer.
L. 128 ; anneau 24 x 24, section tige 9 x 8.
Cour.
Anneau en losange à évidement circulaire, non décoré ; tige quadrangulaire aux sommets abaissés, s’achevant par une bouterolle arrondie et effilée ; panneton à pertuis ouverts : sa moitié antérieure manque mais il devait être symétrique ; présence de fines dentelures sur le museau.
xiiie ‑ début xive s. (LMMC 1954 : pl. XXXI, no 52).

20618.229. (fig. 67) – Clef bénarde.
Fer.
Pds 55 ; L. 105 ; anneau 25 x 20 ; section tige 6 x 5.
Cour.
Anneau circulaire légèrement aplati, sans décor ; tige de section carrée à bouterolle effilée ; panneton dissymétrique à deux pertuis ouverts sur le museau et un petit pertuis fermé en arrière.
xive s. (LMMC 1954 : pl. XXX, no 20).

20719.287. (fig. 67) – Clef bénarde (incomplète).
Fer.
L. 90 ; ø anneau 22 ; section tige 7 x 3.
Cour.
Anneau circulaire sans décor ; tige à bouterolle effilée, de section rectangulaire ; le panneton manque.

20820.249. (fig. 67) – Loquet.
Fer.
Pds 126 ; L. 156 ; ø tige 10.
Cour.
Talon à tête ronde ; corps terminé par un crochet triangulaire ; patte de fixation et de rotation semi‑circulaire réalisée par étirement du corps ; d’après sa taille, il s’agit d’un élément de fermeture d’une porte.

20921.257. (fig. 67) – Petit loquet (fragment).
Fer.
I. max. corps. 10 ; ép. 1,5.
Cour.
Fragment de corps avec patte de fixation d’un petit élément de fermeture.

21022.200. (fig. 67) – Petit loquet (fragment).
Fer.
I. max. corps. 10 ; ép. 2.
Cour.
Identique au précédent.

21123.274. (fig. 67) – Anneau (fragment).
Fer.
Section 5 x 4.
Cour.
Fragment de maillon de chaîne qui a pu appartenir à un dispositif complétant la fermeture d’une porte.(AVD 1970 : 122, fig. 79.3)

● Fig. 67 – Mobilier métallique : clefs et loquets, nos 17 à 23 du catalogue.

212A ces 23 objets catalogués, il faut en ajouter 20 autres plus ou moins complets, identifiés comme entrant dans la construction des bâtiments et des meubles ; 43 objets donc, tous en fer, dont 30 clous et 13 éléments de ferrure. C’est peu pour un tel ensemble d’édifices, mais cette rareté relative a été aussi remarquée à Dracy (Piponnier 1975 a et b) : la récupération a pu faire disparaître du site nombre d’éléments de mobilier et de charpente dont les agencements pouvaient par ailleurs largement faire appel au chevillage. Seule l’huisserie, avec ses pentures, ses clous et ses charnières, ses clefs et ses loquets, est bien représentée.

213En fonction surtout de la forme des têtes et de la taille, trois types de clous peuvent être individualisés, le premier se subdivisant largement :

  • 1.1.1. tête rectangulaire large et plate ; L. 110 (1.53) ;

  • 1.1.2. tête rectangulaire large et épaisse ; L. ± 60 (2.204) ;

  • 1.1.3. tête rectangulaire large et plate ; L. ± 60 (3.150) ;

  • 1.2.1. tête rectangulaire étroite et plate ; L. ± 50 (4.266) ;

  • 1.2.2. tête rectangulaire étroite et plate ; L. ± 40 (5.84) et (6.52) ;

  • 2. tête carrée et plate ; L. ± 40 (7.31) et (8.75) ;

  • 3. tête carrée et bombée ; L. 60 (9.1).

  • 5 Un exemple, pris dans les comptes de la châtellenie d’Argilly pour l’année 1432, mentionnant à l’oc (...)

214Unique sur le site, le clou de type 1.1.1., à longue tige, devait être utilisé dans la charpente. Les types 1.1.2., 1.1.3. et 3 ne comptent encore qu’un exemplaire chacun ; la longueur des tiges des deux premiers renvoie au lattage, le dernier, avec sa tête large et bombée, évoque les ferrures décoratives. Les types 1.2.1. (8 exemplaires), 1.2.2. (15 exemplaires) et 2. (3 exemplaires), étaient d’un usage plus courant et sans doute peu spécialisé, pouvant aussi bien servir dans le ferrage des portes, des volets et des meubles, en association ou non avec des pentures. Cette diversité des types rappelle celle que révèlent les comptes de construction contemporains où les mentions d’achat et d’utilisation de clous sont nombreuses5.

215Le type d’utilisation des quatre charnières‑goupilles apparaît en revanche mieux défini : les deux premières (10.256 et 11.57) montrent deux branches épaisses et un diamètre suffisant pour recevoir des gonds de porte ; les deux autres (12.169 et 13.93), à branche simple et petit œillet, devaient être placées sur un support de petite taille, meuble ou volet.

  • 6 ADCO, B 2161, f° 10 : compte de la châtellenie d’Argilly pour l’année 1378‑79 ; voir aussi infra §  (...)

216Seule la première des trois clefs (17.70) avait assurément un panneton symétrique permettant de faire jouer le mécanisme des deux côtés ; il s’agit d’une clef de porte. Pour les deux autres, on peut hésiter quant à la destination exacte : porte ou meuble ? Elles sont plus petites que la première, le panneton est dissymétrique pour la seconde (18.229), il a complètement disparu pour la troisième (19.287). L’absence de serrure en relation avec ces clefs n’est pas surprenante, les « serrures de bois garnies de fer dedans » ne sont pas rares alors6. Ces dispositifs de fermeture cotoyaient ceux assurant un simple blocage des vantaux, représentés ici par trois loquets et un fragment d’anneau ayant pu appartenir à une chaîne (23.274). Le premier loquet est de grande taille (20.249) et s’accrochait visiblement à une porte ; les deux autres (21.257 et 22.200) sont de taille nettement plus réduite et pouvaient assurer la position fermée de volets.

Activités domestiques

21724.69. (fig. 68) – Récipient (fragment).
Fer et alliage cuivreux.
Ep. 3.
Cour.
Bord de marmite (?) riveté, l’un des rivets est en alliage cuivreux. (Piponnier 1975a : 156)

21825.89. (fig. 68) – Récipient (fragment).
Alliage cuivreux.
Ep. 1.
Cour.
Fragment d’écuelle avec marli rapporté et riveté.

21926.128. (fig. 68) – Récipient (fragment).
Alliage cuivreux.
Ep. 0,5.
Cour.
Mince feuille de métal cuivreux pouvant appartenir à un bassin à boire (Piponnier 1975a : 156, 7‑8).

22027.212. (fig. 68) – Récipient (fragment).
Alliage cuivreux.
Ep. 0,5.
Cour.
Identique au précédent.

● Fig. 68 – Mobilier métallique : récipients, nos 24 à 27 du catalogue.

22128.148. (fig. 69) – Couteau.
Fer et bronze.
Pds 33 ; L. 183 ; I. max. 28 ; ép. 1.
Cour.
Queue large munie de cinq trous de fixation ; lame large d’épaisseur mince et constante ; dos droit dans le prolongement de la queue ; décor géométrique en bronze incisé sur la garde et le pommeau (Saint‑Denis 1985 : 103, fig. 73).

22229.86. (fig. 69) – Couteau.
Fer.
Pds 53 ; L. 195 ; I. max. 20 ; ép. queue 4 ; ép. max. lame 3.
Bât. 1.
Queue large, arrondie au pommeau, munie de trois trous de fixation ; lame triangulaire à dos droit dans le prolongement de la queue.
Forme assez proche d’un des types de Rougiers (383/16).

● Fig. 69 – Mobilier métallique : couteaux, nos 28 et 29 du catalogue.

22330.203. (fig. 70) – Couteau.
Fer.
Pds 40 ; L. 210 ; I. max. 20 ; ép. soie 4 ; ép. dos 2.
Cour.
Soie asymétrique avec virolle de fixation du manche ; lame triangulaire à dos droit.
Type semblable à Rougiers (386/1).

22431.71. (fig. 70) – Couteau.
Fer.
Pds 8 ; L. 82 ; I. max. 14 ; ép. soie 1 ; ép. dos 2,5.
Cour.
Soie légèrement asymétrique ; lame triangulaire à dos droit.
Petit couteau semblable à un type trouvé à Dracy (Piponnier 1975a : 155, 5‑2).

22532.59. (fig. 70) – Couteau (fragment).
Fer.
L. soie 45 ; I. lame. 21 ; ép. soie 2 ; ép. lame 1.
Cour.
Soie effilée, symétrique ; lame mince, sans doute à dos droit.

22633.217 (fig. 70) – Couteau (fragment).
Fer.
L. soie 117 ; I. max. soie 13 ; ép. soie 3.
Cour.
Soie de section rectangulaire, très longue et sans doute symétrique.

22734.60. (fig. 70) – Couteau (fragment).
Fer.
L. soie 88 ; I. lame 20 ; ép. soie et lame 1.
Cour.
Soie longue et mince, rectangulaire et symétrique ; lame mince à dos droit.
Type semblable à Rougiers (385/16).

22835.58. (fig. 70) – Couteau (fragment).
Fer.
L. soie 90 ; L. max. 10 ; ép. 1.
Cour.
Soie asymétrique dans le prolongement du dos de la lame.

● Fig. 70 – Mobilier métallique : couteaux, nos 30 à 35 du catalogue.

229Sur tous les sites reconnus d’habitats ruraux du Moyen Age, les activités domestiques de préparation et de consommation alimentaires sont très mal représentées dans les trouvailles métalliques. La concurrence invisible du bois, celle plus apparente mais tout aussi difficile à quantifier de la céramique, la récupération enfin, masquent la part réelle du métal dans la batterie culinaire domestique. Dracy a livré, dans le mobilier publié, un élément de marmite en fer et deux bassins à boire en métal cuivreux. Ces mêmes rares éléments ont été enregistrés à la grange du Mont.

230La place de la coutellerie est plus importante ici comme ailleurs. Tous les couteaux, 14 dont 3 complets, ont été regroupés dans ce chapitre, aucun n’ayant les caractéristiques des armes de chasse, de guerre ni celles d’un outillage artisanal. Les couteaux à queue et manche riveté sont minoritaires ; ils sont mieux élaborés semble‑t‑il et parfois décorés. Ils ne sont toutefois pas rares et des types similaires ont été retrouvés à Rougiers et à Saint‑Denis près de Paris. Les couteaux à soie paraissent plus courants.

231Il convient enfin de mentionner les quelques fragments de verre, de très petite taille et en mauvais état de conservation, que le site a fournis. Mais il apparaît qu’il s’agit plutôt de déchets de pâte ; cette présence ténue ne permet pas d’attester la présence d’un atelier, encore moins d’assurer l’usage d’objets en verre sur la table de la grange du Mont.

Production et acquisition

23236.232. (fig. 71) – Faucille (fragment).
Fer.
I. lame 18 ; ép. dos 5.
Cour.
Soie rectangulaire et large dont l’extrémité était recourbée de façon à former un anneau de suspension ; lame triangulaire, tranchant non dentelé. C’est l’instrument classique de la coupe des céréales : le même modèle, à tranchant dentelé ou non, dans des contextes du xive s., existe à Rougiers (399/1 – 3), comme à Dracy (Piponnier 1975a : 154, 4‑1).

23337.260. (fig. 71) – Serpette.
Fer.
Pds 57 ; L. lame 50 ; I. max. 22 ; ép. lame 2.
Cour.
Serpette à douille ; lame courte et large. Il s’agit d’une serpette à vigne d’usage courant aux xiiiexive s. : plusieurs exemplaires ont été trouvés à Dracy (Piponnier 1975a : 154, 4‑3) et un à Rougiers (399/6).

23438.216. (fig. 71) – Serpette (fragment).
Fer.
I. 12; ép. 1.
Cour.
Fragment de lame recourbée.

23539.226. (fig. 71) – Serpette.
Fer.
Pds 20 ; L. 162; L max. 18.
Cour.
Soie de section rectangulaire, fine et longue, symétrique ; lame à dos droit ; seule la pointe est recourbée.
La longueur de la soie suggère un manche important.
A Rougiers, le type est attribué au travail de la vigne (399/9) ; on peut également la rapprocher d’une serpette de Dracy (Piponnier 1975a : 154, 4‑6).

● Fig. 71 – Mobilier métallique : faucille et serpettes, nos 36 à 39 du catalogue.

23640.103. (fig. 72) – Sonnaille.
Fer et cuivre.
Pds 84 ; L. 82 ; I. max. 85 ; ép. de la feuille 1.
Cour.
Forme évasée ; feuille de fer recouverte de cuivre, pliée en deux et soudée à la brasure de cuivre ; deux trous latéraux sur le dessus servaient à la suspension.
Le même type a été trouvé à Rougiers (398/2), dans un contexte xive s. ; en raison de sa taille, elle est attribuable aux Ovins.

23741.253. (fig. 72) – Battant de sonnaille.
Fer.
Pds 22 ; L. 70 ; tête 18 x 15 ; section tige au centre 5 x 2,5.
Cour.
Sans doute réalisé à partir d’un clou dont la pointe a été repliée pour former l’anneau ; tête plate et large. Il pourrait correspondre à la sonnaille 40.103.

23842.112. (fig. 72) – Battant de cloche.
Fer.
Pds 64 ; L. 130 ; ø tête 12 ; ø tige au centre 8.
Cour.
Tige de fer épaissie et arrondie à l’extrémité inférieure, recourbée pour former l’anneau à l’extrémité supérieure. Correspondrait à une cloche de plus grande dimension que 41.253.
Même type à Rougiers (398/7,8).

● Fig. 72 – Mobilier métallique : sonnaille et battants, nos 40 à 42 du catalogue.

23943.168. (fig. 73) – Fer d’équidé.
Fer.
Pds 165 ; Haut. 110 ; I. max. 113 ; I branche 32 ; ép. max. 4,5.
Cour.
Forme arrondie ; au centre du bord antérieur, fer étiré pour former un embryon de pinçon ; bord rectiligne ; branches sans talon ; étampures au nombre de six, carrées et peu échancrées. xive s. (Rougiers : 396/1.3 ; LMMC 1954 : fig. 36/12 ; Piponnier 1975a : 160, 13‑9).

24044.68. (fig. 73) – Fer d’équidé (fragment).
Fer.
Haut. 116 ; I. max. branche 26 ; ép. 4.
Cour.
Forme plus ovale que 43.168 ; étampures rectangulaires à longues niches ; bord externe légèrement festonné ; net talon à l’extrémité de la branche.
xiiie s. (Rougiers : 395/1.3.12 ; LMMC 1954 : fig. 36/8).

24145.106. (fig. 73) – Fer d’équidé (fragment).
Fer.
I. max. branche 25 ; ép. 4.
Cour.
Identique au précédent.

24246.79. (fig. 73) – Fer d’équidé (fragment).
Fer.
I. branche 30 ; ép. 5.
Cour.
Identique au précédent mais de forme plus arrondie.

24347.29. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé.
Fer.
Pds 5 ; L. 30.
Bât. IV.
Tête trapézoïdale du type « clef de violon » ; d’usage général en Europe à partir du XIIIe s.
Rougiers (395/17).

24448.276. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé.
Fer.
Pds 5 ; L. 41.
Cour.
Identique au précédent.

24549.194. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé.
Fer.
Pds 3 ; L. 25.
Cour.
Identique au précédent mais tige repliée telle qu’elle doit être sur le fer ?

24650.288. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé.
Fer.
Pds 3 ; L. 27.
Cour.
Tête trapézoïdale large.

24751.243. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé. Fer.
Pds 5 ; L. 32. Cour.
Identique au précédent.

24852.205. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé. Fer.
Pds 4 ; L. 46.
Cour.
Tête triangulaire, à glace.

24953.26. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé.
Fer et traces de plomb.
Pds 6 ; L. 30.
Bât. IV.
Identique au précédent.

25054.110. (fig. 73) – Clou de fer d’équidé.
Fer.
Pds 4 ; L. 35.
Cour.
Tête carrée.

● Fig. 73 – Mobilier métallique : fers et clous à ferrer, nos 43 à 54 du catalogue.

25155.185. (fig. 74) – Vervelle ou pendant de harnais.
Cuivre, or et traces de plomb.
Pds 15 : Haut. 58; ø 32.
Cour.
Médaillon de cuivre décoré d’ocelles sur le bord et doré à la feuille, articulé sur une pièce présentant la trace d’un rivet. L’iconographie fait état de ces décorations de harnais, placées notamment sur le front du cheval, comme dans le tableau de Gentile de Fabiano (1360 ? ‑1427), Adorazione dei Maggi, galerie des Offices de Florence (fig. 75).

252Ce type de pendant porte parfois des emblèmes héraldiques (LMMC 1954 : 118, type IV).

25356.107. (fig. 74) – Panurge (élément).
Fer.
Pds 15 ; L. 60 ; I. max. 19 ; section 4 x 3.
Cour.
Boucle de section rectangulaire pincée en son milieu en forme de 8. Une panurge complète se compose de deux de ces éléments associés et est destinée à faciliter le changement de sens d’une courroie.
Rougiers (431/2).

25457.25. (fig. 74) – Molette d’éperon.
Fer.
Pds 25 ; ø 57 ; section des branches 6 x 5.
Bât. IV.
Etoile à six branches effilées de section losangique. Type qui succède en Europe au xiiie s. à l’éperon à pointe. Nombreuses représentations dans l’iconographie des xive et xve s. (fig. 75) de molettes à six comme à huit branches : à six branches dans Adorazione dei Maggi, op. cit. ou dans l’Armorial equestre de la Toison d’Or (Paris, bibliothèque de l’Arsenal. Flandres 1430‑1461), notamment « Mons. de chargny » au f° 144 (manuscrit 4790) ; à huit branches dans B. Gozzoli (xve s.), Fresques de la chapelle du palais Medicis‑Riccardi à Florence. Voir aussi LMMC 1954: fig. 34 et 35.

25558.61. (fig. 74) – Pointe de flèche.
Fer.
Pds 2,5 ; L. 36 ; l. max. 13.
Cour.
Fer triangulaire à bords tranchants ; douille étroite.

25659.94. (fig. 74) – Pointe de flèche.
Fer.
Pds 5,5 ; L. 66 ; I. max. 14.
Cour.
Fer folicacé à bords tranchants, étroit et long.
Les deux types présents à la grange du Mont devaient être utilisés pour la chasse ; ils sont considérés à Rougiers comme les plus archaïques (391/2).

25760.72. (fig. 74) – Hameçon.
Fer.
Pds 7 ; L. 57 ; section 5 x 3.
Cour.
Sans doute a‑t‑il été fabriqué à partir d’un clou dont la pointe a été recourbée et acérée.

● Fig. 74 – Mobilier métallique : éléments de harnais, chasse, pêche, nos 55 à 60 du catalogue.

● Fig. 75 – Repères iconographiques pour les éléments de harnais, éperons et vervelles. A – Gentile de Fabiano (1360 ? ‑ c. 1427), Adorazione dei Maggi, Musée des Offices, Florence. B – Idem. C ‑ B. Gozzoli, fresques de la chapelle du palais Médicis‑Riccardi, réalisées entre 1459 et 1463, Florence.

25861.162. (fig. 76) – Pierre à aiguiser (fragment).
Pierre, grès.
Cour.
La nature de la roche, les traces d’usure et l’aspect général poli ne laissent planer aucun doute sur la fonction.

25962.18. (fig. 76) – Ciseau de taille (fragment).
Fer.
Tête 21 x 13 ; section corps 7 x 5.
Bât. IV, foyer.
Tête bombée, épaisse et rectangulaire ; corps à section rectangulaire. Travail de la pierre ? du bois ?

26063.146. (fig. 76) – Ciseau de taille.
Fer.
Pds 12 ; L. 62 ; tête 7 x 7 ; section corps 3 x 3.
Cour.
Tête plate, visiblement martelée ; corps effilé, terminé par un tranchant biseauté. L’extrême minceur de cet outil suggère un usage pour des travaux de finition, sur une matière tendre.

26164.159. (fig. 76) – Ciseau de taille (fragment).
Fer.
Pds 9 ; L. 72 ; section tige 6 x 3.
Cour.
Tête rectangulaire ; tige à section rectangulaire, épointée.

26265.198. (fig. 76) – Ciseau de taille (fragment).
Fer.
Tête 7 x 6 ; section tige 5 x 5.
Cour.
Tête plate, visiblement martelée ; tige carrée.

26366.130. (fig. 76) – Coin.
Fer.
Pds 33 ; L. 55 ; I. max. 18 ; ép. max. 6.
Cour.
Fer triangulaire.

26467.56. (fig. 76) – Poinçon ?
Fer.
Pds 18 ; L. 103 ; ø Tête 6 ; section tige 5 x 3.
Cour.
Tête grossièrement circulaire, corps effilé.

26568.14. (fig. 76) – Poinçon?
Fer.
Pds 31 ; L. 91 ; section 10 x 8.
Bât. IV.
Corps de section hexagonale, assez proche de ceux trouvés à Dracy (Piponnier 1975a : 155, 6.6).

26669.129. (fig. 76) – Ciseau à cuir ?
Fer.
Pds 3 ; L. 65 ; ø corps 2 ; I. tranchant 4.
Cour.
Corps rond muni d’une extrémité spatulée, tranchante. Même type en bronze à Rougiers (405/8).

26770.299. (fig. 76) – Ciseau à cuir ?
Fer.
Pds 5 ; L. 76 ; section corps 5 x 3 ; I. tranchant 6.
Cour.
Corps de section rectangulaire.

26871.258. (fig. 76) – Virolle.
Fer.
Pds 39; L. 32 ;ø 25; ép. 2.
Cour.
Le diamètre et l’épaisseur de la tôle suggèrent l’utilisation sur un manche de gros outil.

26972.228. (fig. 76) – Lame (fragment).
Bronze.
Pds 22 ; L. 97 ; L max. 18 ; ép. max. 3.
Cour.
A double tranchant, cette lame, amputée de la soie ou de la queue, appartenait sans doute à un stylet de bronze gallo‑romain ; il a pu être ici réutilisé comme grattoir, pour le travail des peaux.

27073.118. (fig. 76) – Lame (fragment).
Bronze.
Pds 14 ; L. 69 ; I. max. 26 ; ép. max. 2.
Cour.
Identique au précédent objet.

● Fig. 76 – Mobilier métallique : outillage, nos 61 à 73 du catalogue.

271Sur les activités de production, le mobilier métallique est particulièrement éclairant. Certes le site n’a pas conservé tout l’outillage, la récupération des éléments les plus lourds, les plus coûteux, a, là encore, vraisemblablement joué : les objets recueillis sont tous de petite taille et souvent brisés, incomplets. L’ensemble montre cependant un secteur agro‑pastoral diversifié, associant céréaliculture, viticulture et élevage ; il révèle parallèlement des pratiques artisanales certaines mais non spécialisées.

272La céréaliculture est attestée par une faucille (36.232), d’un type courant au xive s., présent à Rougiers et à Dracy. Comme sur ces deux sites, des serpettes ici au nombre de trois, à douille ou à soie, évoquent le travail de la vigne (37.260, 38.216 et 39.226). La région n’est pas, évidemment, connue pour ses vignobles. Mais une récente étude montre que l’activité viti‑vinicole n’était pas inexistante en Auxois, qu’elle s’est, dès le xiiie s. au moins, developpée, notamment autour des grandes abbayes (Abric 1986).

273L’activité d’élevage est attestée par une sonnaille en fer couvert de cuivre (40.103) et deux battants (41.253 et 42.112) : la sonnaille et le premier battant sont sans doute à l’usage d’Ovins, le second battant, plus long, peut être attribué à une sonnaille de Bovins. Mais le plus grand nombre des trouvailles se rapporte aux Equidés : 16 fers, 65 clous et 3 pièces de harnachement. Cette abondance mérite d’être soulignée et paraît mesurer la part prise ici par ces animaux, montures, bêtes de bât et de trait. Il est vrai que les renseignements recueillis auprès d’un homme de l’art, monsieur Pagant, forgeron de Mont‑Saint‑Jean ayant œuvré aussi comme maréchal‑ferrant jusque dans les années 50, permettent de relativiser l’importance du phénomène. La présence d’un seul Equidé implique déjà une moisson abondante de déchets de ferrage : fers et clous se brisent et se perdent en effet à un rythme rapide et le ferrage doit être renouvelé normalement tous les deux à trois mois, du fait également de la pousse continuelle du sabot qu’il convient de tailler régulièrement. Rien d’étonnant alors que sur un site d’habitat où l’Equidé est présent, l’on puisse trouver en abondance un tel matériel.

274Trois types de clous ont pu être identifiés :

275– 1. tête en « clef de violon » ;
1.1 tête fine (47.29, 48.276, 49.194) ;
1.2. tête épaisse (50.268, 51.243) ;
– 2 tête triangulaire (52.205, 53.26) ;
– 3. tête carrée (54.110).

276Le type 1 est très largement répandu aux xiiie et xive s. Les deux variantes sont à la grange du Mont respectivement représentées par 29 et 17 exemplaires. Le type 2 (14 unités) est spécifique du ferrage d’hiver, la tête tranchante dépasse largement du fer et peut ainsi mordre dans la neige ou la glace. Le type 3, à tête carrée, est nettement plus rare sur le site (5 clous), et si l’on admet, après d’autres chercheurs (Lefebvre du Noettes 1931), qu’il n’apparaît qu’au xive s. pour se substituer progressivement aux « clefs de violon », se serait là un bon indice chronologique de l’occupation du site. Il correspondrait au type de fer à étampures carrées et faiblement échancrées que le site a fourni en un seul exemplaire heureusement complet (43.168). Il s’agirait d’un fer postérieur droit de petit cheval, l’espèce et la position se lisant dans la forme plus ovoïde que rectangulaire, le côté s’inscrivant dans le léger recentrage des étampures sur la branche placée à l’extérieur du sabot. Devant, le fer est retroussé et forme un pinçon destiné à l’empêcher de tourner. Tous les autres éléments de fer (15 unités toutes incomplètes dont 44.68, 45.106 et 46.79) montrent des étampures rectangulaires, fortement échancrées ; la forme de la voûte diffère sensiblement d’un exemplaire à l’autre et les branches peuvent être ou non munies d’un talon, mais ils correspondent tous aux clous à tête « en clef de violon >> dont le type est prépondérant à la grange du Mont.

277Un élément de panurge en fer (56.107) et deux pièces de harnachement, que l’on ne s’attendrait pas à trouver en un tel contexte, évoquent encore les Equidés. La présence d’une vervelle de cuivre doré (55.185) et d’une molette d’éperon (57.25), objets faisant partie de l’attirail chevaleresque, pose en effet problème. Sans doute ont‑elles été perdues, l’une dans la cour et l’autre dans le bâtiment IV, par des personnes extérieures à la grange : les commanditaires de celle‑ci peut‑être, c’est‑à‑dire les sires de Mont‑Saint‑Jean qui pouvaient, devaient souvent rendre visite à leurs grangiers.

278Comme à Dracy et à Rougiers, les activités cygénétiques sont attestées dans le mobilier métallique : les deux pointes de flèche (58.61 et 59.94) sont ici de petite taille. La pêche est signalée par un gros hameçon, sans doute fabriqué à partir d’un clou dont la pointe a été recourbée et acérée (60.72). Cet objet évoque bien, pensons‑nous, la nature des activités artisanales développées à la grange du Mont : pas d’industrie particulière, pas d’atelier spécifique mais de simples activités de maintenance. Les cinq scories et le nombre des restes de ferrage d’Equidés ne suffisent pas à attester la présence sur le site d’une forge, si petite soit‑elle. L’outillage recueilli est léger et devait permettre seulement de régler les petits problèmes quotidiens.

  • 7 Nos instruments sont extrêmement graciles : plus petits que le plus petit des « outils à percussion (...)

279Cinq objets semblent destinés au travail de la pierre ou du bois ; leur état de conservation interdit toute attribution précise7. Cette activité de « bâtisseurs » paraît être confirmée par la présence probable d’une lavière sur le site, mais elle n’était sans doute qu’occasionnelle, répondant aux nécessités du maintien en bon état des bâtiments.

280Même constatation pour les quelques objets identifiés comme des poinçons (67.56, 68.14) et des ciseaux à cuir (69.129, 70.299) ; pour les silex aussi (x.4 et x.135), les deux fragments de hache polie (x.144 et x.212), non catalogués, et les deux lames de bronze cataloguées (72.228 et 73.118) que le site a fournis. Ils ont été vraisemblablement récupérés et utilisés dans le grattage et le lissage des cuirs. L’usage d’objets de ce type, anachroniques, est fréquent au Moyen Age, Dracy et Rougiers en ont livrés. Ils restent ici isolés et ne peuvent signaler ni des activités spécialisées ni des occupations antérieures du site.

Parure

28174.292. (fig. 77) – Chappe de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, Sn, traces de Zn et Pb).
Pds 6 ; L. 28 ; I. 21 ; ép. totale 4 ; ép. tôle 0,5.
Cour.
Deux fines feuilles d’alliage cuivreux découpées et rivetées ; nervures et stries soulignent le bord ; la charnière d’articulation de la boucle a été arrachée.
Type semblable à Dracy (Piponnier 1975a : 159,11.6).

28275.300. (fig. 77) – Chappe de ceinture (fragment).
Alliage cuivreux.
Ep. 0,2.
Cour.
Feuille de métal cuivreux découpée, aux bords décorés de stries, munie de deux trous de fixation latéraux d’une part, d’un trou central d’autre part.

28376.62. (fig. 77) – Demi‑chappe de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, traces de Sn, Zn et Pb).
Pds 7 ; L. 47 ; L 15 ; ép. 0,5.
Cour.
Feuille de cuivre découpée avec quatre trous de fixation latéraux couplés ; l’amorce de la double agrafe de maintien de la boucle est conservée.

28477.5. (fig. 77) – Demi‑chappe de ceinture.
Alliage cuivreux.
Pds 3 ; L. 53 ; I. 10 ; ép. 0,5.
Bât. IV.
Feuille de métal cuivreux découpée munie de trois trous de fixation médians ; l’amorce de l’agrafe unique est conservée.

28578.188. (fig. 77) – Boucle de ceinture.
Fer.
Pds 11 ; dim. 24 x 20 ; section 6 x 4.
Cour.
Tige de fer recourbée aux branches non soudées, forme ovalaire, ardillon absent.

28679.102. (fig. 77) – Boucle de ceinture.
Fer.
Pds 16 ; dim. 26 x 22 ; 0 max. section 6.
Cour.Même type que la boucle précédente mais les deux branches sont ici soudées.

28780.259. (fig. 77) – Boucle de ceinture.
Alliage cuivreux et or.
Pds 7 ; L. 22 ; I. max. 19 ; section ø 3.
Cour.
Forme trapézoïdale ; deux petits ergots internes facilitaient le passage de la courroie ; quelques traces de dorure à la feuille subsistent.
Type similaire à Rougiers (424/5).

28881.143. (fig. 77) – Boucle de ceinture.
Bronze (Cu, Sn, Pb, traces de Zn).
Pds 11 ; dim. 31 x 19 ; section 5 x 2.
Cour.
Boucle ovoïde aux traverses latérales arquées, présentant sur la traverse supérieure de petits ergots.

28982.304. (fig. 77) – Boucle de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, Zn, traces de Sn et Pb).
Pds 10 ; dim. 26 x 21 ; section 3 x 2,5.
Cour.
Forme en D, ornée de part et d’autre du repose‑ardillon de bossettes ocellées. Cette boucle, comme la précédente, est connue à Rougiers pour le XIIIe s. (424/1), et à Dracy (Piponnier 1975a : 149, 11.6).

29083.240. (fig. 77) – Mordant de ceinture.
Fer.
Pds 14 ; dim. 39 x 16 ; ép. tôle 2.
Cour.
Mordant formé de deux feuilles de fer soudées d’un bout et rivetées sur la courroie de l’autre.

29184.124. (fig. 77) – Mordant de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, Zn, Sn et traces de Pb).
Pds 6 ; L. max. 40 ; I. max. 25 ; ép. tôle 0,5.
Cour.
Feuille de métal cuivreux découpée et repliée, munie de deux trous de fixation et décorée de pastilles en repoussé et de stries.

29285.63. (fig. 77) – Banquelet.
Alliage cuivreux (Cu, Zn et traces de Sn et Pb).
Pds 3 ; dim. 20 x 6 ; ép. tôle 0,2.
Cour.
Très mince feuille mise en forme sans doute par emboutissage ; forme rectangulaire à deux rivets médians ; décor strié sur le bord.

29386.161. (fig. 77) – Banquelet.
Alliage cuivreux.
Pds 3 ; dim. 13 x 4 ; ép. tôle 0,5.
Cour.
Mêmes technique et forme que le précédent, toutefois sans décor.

29487.293. (fig. 77) – Banquelet.
Alliage cuivreux.
Pds 3 ; dim. 11 x 5 ; ép. tôle 0,5.
Cour.
Techniquement identique aux précédents mais de forme oblongue.

29588.158. (fig. 77) – Banquelet.
Alliage cuivreux.
Pds 4 ; dim. 16x6 ; ép. 2.
Cour.
Forme oblongue à deux rivets, sans décor, découpée sans doute dans une tige épaisse, convexe d’un côté.

29689.174. (fig. 77) – Banquelet.
Alliage cuivreux.
Pds 5 ; dim. 19 x 4; ép. 2.
Cour.
Forme rectangulaire, découpée en biseau dans une tige épaisse.

29790.201. (fig. 77) – Clou de ceinture.
Alliage cuivreux.
Pds 4 ; ø 15 ; ép. 0,5.
Cour.
Forme circulaire à trou de fixation central ; décor incisé en croix ; correspond au type le plus ancien de Rougiers (430/19.23).

29891.165. (fig. 77) – Clou de ceinture.
Alliage cuivreux.
Pds 2 ; ø 9 ; ép. 0,1.
Cour.
Forme circulaire à trou de rivet central, sans décor.

29992.282. (fig. 77) – Clou de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, Zn et traces de Zn et Pb).
Pds 4 ; ø 9 ; ép. 0,5.
Cour.
Forme circulaire à trou de fixation central ; décor concentrique.

30093.181. (fig. 77) – Clou de ceinture.
Alliage cuivreux.
Pds 3 ; dim. 13 de côté ; ép. 0,5.
Cour.
Forme triangulaire bombée à trou de fixation central.

30194.77. (fig. 77) – Clou de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, Zn, traces de Sn et Pb).
Pds 4 ; dim, 14 de côté ; ép. 0,5.
Cour.
Identique au précédent.

30295.3. (fig. 77) – Clou de ceinture.
Alliage cuivreux. (Cu, Zn, traces de Sn et Pb).
Pds 3 ; dim. 10x3 ; ép. 0,3.
Bât. IV.
Forme quadrangulaire à décor dentelé sur un côté ; trou de fixation central.
Type semblable à Dracy (Piponnier 1975a : 160, 12.1).

30396a.248 et 96b.88. (fig. 77) – Clous de ceinture.
Alliage cuivreux (Cu, Zn, traces de Sn et Pb).
Pds 4 ; ø 15 ; ép. 0,5.
Bât. IV.
Ce type très répandu apparaît à la fin du XIIIe ou au début du XIVe s.
Rougiers (430/6.13).

30497.96. (fig. 77) – Fermail.
Cuivre pur et fer.
Pds 4 ; ø 17; ép. 0,5.
Cour.
Forme hexagonale ; de l’ardillon en fer, seule l’attache est conservée.

30598.211. (fig. 77) – Anneau.
Cuivre pur.
Pds 2 ;ø 10 ; ép. 1.
Cour.
Anneau muni d’un petit appendice rectangulaire qui paraît totalement conservé mais dont l’usage reste indéterminé.

30699.142. (fig. 77) – Pince.
Alliage cuivreux (Cu, Sn, traces de Zn et Pb).
Pds 2 ; L.46; l. 5 ; ép. tôle 1.
Cour.
Plaquette de bronze repliée formant un ressort et décorée d’incisions.

● Fig. 77 – Mobilier métallique : accessoires du vêtement et éléments de jeu, nos 74 à 100 du catalogue.

307Les éléments de parure et les accessoires du vêtement, en fer ou en métal cuivreux, sont essentiellement liés à la ceinture : chappes, boucles, mordants et clous. Deux objets seulement y échappent : un fermail et une pince.

308Les quatre chappes recueillies, dont une presque complète (74.292, 75.300, 76.62 et 77.5), sont du même type, et la première est l’exacte réplique d’un exemplaire trouvé à Dracy. Elles sont constituées de deux plaquettes d’alliage cuivreux enserrant la lanière de cuir sur laquelle des rivets la maintiennent. Un dispositif de charnière, double ou simple, permettait à l’une des extrémités de maintenir la boucle. Aux chappes à charnière double correspondent vraisemblablement les deux boucles en forme de D, en bronze pour la première (81.143), en laiton pour la seconde (82.304). Cette forme, rencontrée à Rougiers et à Dracy, semble assez courante dans la sculpture du xiiie et du début du xive s. (Gaulard 1970). Une troisième boucle en alliage cuivreux, d’un type trouvé à Rougiers, devait être dorée (80.259). En comparaison, les deux boucles de fer paraissent bien grossières (78.188 et 79.102). De même, le mordant en fer riveté (83.240) semble fruste en regard de celui réalisé en alliage cuivreux et décoré (84.124).

309Les appliques de ceinture, « paillettes » et banquelets, sont toutes très simples. L’aspect décoratif est surtout donné par la diversité des formes : triangulaire et bombée, carrée et dentelée, polylobée, circulaire, ovoïde ou rectangulaire. Les décors gravés sont rares ; ils n’apparaissent que sur un banquelet (85.63) et une applique circulaire (90.201), sous la forme d’incisions de même facture que celles ornant les chappes. L’ensemble, par analogie, peut être daté de la fin du xiiie et du début du xive s.

310La parure est complétée par un fermail de cuivre pur dont l’ardillon était en fer (97.96), et une pince en bronze (99.142), dont l’usage n’a pu être clairement défini. Aucun de ces accessoires n’est spécifiquement masculin ou féminin. Ils ne marquent pas, d’autre part, un niveau de richesse particulièrement accentué, notamment par rapport au mobilier de même nature recueilli sur les sites villageois.

311La qualité des produits varie fortement en fonction du métal : le fer donne des objets frustes, le métal cuivreux, nettement majoritaire en nombre d’objets, permet un travail plus fin où la décoration prend de l’importance.

312L’analyse métallographique a précisé pour vingt objets la composition de l’alliage cuivreux. Le cuivre pur est rare et concerne des parures sinon de prix du moins particulières : le fermail (97.96) et l’anneau (98.211), ainsi que la vervelle dorée qui est bien aussi une parure (55.185). Dans les 17 autres objets analysés, le zinc et l’étain, entrant respectivement dans la composition du laiton et du bronze, sont, avec le plomb, le plus souvent associés. Il s’agit ici moins d’alliages francs que d’alliages tendant vers le bronze ou vers le laiton ; comme le montre le graphique présenté en annexe § 6. (fig. 93), nombre d’alliages ne présentent que de faibles écarts entre zinc et étain. D’après la fonction des objets concernés, une certaine distribution apparaît toutefois : les accessoires travaillant, chappes et boucles sont plutôt réalisés en alliages « forts » tendant vers le bronze ; les simples parures sont surtout effectuées à partir d’alliages tirant vers le laiton.

Jeux

313100.78. (fig. 77) – Dé.
Os.
Pds 1 ; dim. 5,5 de côté.
Cour.
Six faces régulières.
Nombreux exemplaires trouvés dans les couches XIVe‑XIIIe s. du château de Saint‑Romain (Côte‑d’Or).

314Deux jetons, ou plutôt des rondelles de métal cuivreux non cataloguées (X.32 et X.219), sans décor et trouvées l’une dans le bâtiment I, l’autre dans la cour, pourraient compléter ce chapitre vite refermé des jeux et des loisirs.

3.2.3.3. Conclusion

315Ainsi, après la documentation écrite et l’organisation du bâti, cet ensemble d’objets traduit bien la vocation agro‑pastorale de l’établissement. Certes les récupérations l’on affecté, faisant vraisemblablement disparaître du site le gros outillage ; elles rendent impossible toute évaluation, même relative, de l’importance de chaque secteur d’activité, mais les témoignages sont sans équivoque. Aux côtés de la céréaliculture, la viticulture, que rien ne signalait dans la documentation écrite et le bâti, est ici attestée ; et le secteur pastoral est largement confirmé. Ovins, Bovins et Equidés sont très présents ; l’analyse ostéologique devait préciser les espèces et l’importance relative de chacun de ces cheptels.

316Aucun objet, par contre, comme aucune structure, n’évoque une activité « industrielle » : aucune forge, pas même une simple clouterie ou un atelier de maréchalerie ne semble avoir été installé sur le site. Il n’y a pas trace des outils correspondants, il y a trop peu de clous et de fers, les scories ne peuvent impliquer, seules, ce type d’activité. Les petits outils attribués aux travaux du cuir et de la pierre ou du bois relèvent de travaux domestiques : traiter les peaux et les fourrures des animaux d’élevage et sauvages tués par les occupants, tailler les pierres et les laves, travailler les bois nécessaires à quelques réparations.

317Enregistrés essentiellement dans la cour, c’est‑à‑dire en situation de perte ou de rejet, les outils agricoles sont dissociés des espaces où ils étaient remisés, les ustensiles et l’outillage domestiques sont séparés de leur lieu d’utilisation ou de rangement. Quelques exceptions, concernant au plus une dizaine d’objets identifiés et retrouvés dans le bâtiment IV, sont cependant très suggestives et permettent de préciser l’usage qui était fait des locaux de l’habitation. Dans la pièce ouest, l’organisation du bâti le suggérait déjà, une place était sans doute accordée à un Equidé ; dans la partie basse non apprêtée, le sol a en effet livré, outre la molette d’éperon dont la présence est certes ambiguë, un fragment de fer et cinq clous à ferrer. C’est dans la pièce est que la pierre à aiguiser et les deux poinçons catalogués ont été recueillis ; s’ils sont dispersés et ne signalent pas d’emplacement précis dans le local, ils désignent toutefois globalement ce dernier comme le lieu de leur rangement, voire de leur utilisation.

318Des occupants enfin, l’outillage domestique, les accessoires du costume et les pièces de jeu, témoignent clairement. Ils habitent la grange à la fin du xiiie s. et au cours du xive s. : ce sont les contemporains des villageois de Dracy dont ils sont proches, semble‑t‑il, par le mode de vie et les types d’activités ; entre le village et la grange, seule la taille de l’exploitation, perceptible dans l’importance des édifices, varie.

3.2.4. Le mobilier monétaire

319Cinq monnaies, un méreau et un jeton constituent le mobilier monétaire recueilli à la grange du Mont.

3201.234 – Monnaie romaine.
Non identifiée.
Fragments.
Cour.

3212.113 – Denier communal de Plaisance.
Frappe au nom de Conrad, entre 1140 et 1313.
– REGIS SECONDI
Dans le Champ RA/CON/DI en trois lignes.
– R/ + DE PLACEN
Dans le champ ICA
Argent.
Fragmentée.
Cour.
Réf. : CNI, t. IX, Emilia, pi. XXXVII, no 4, p. 559,

3223.280 – Denier de Dijon.
Hugues III, duc de Bourgogne (1162‑1193).
– + VGO DUX BURGDIE
Double crosse surmontant deux billettes entre un annelet et un besant.
– R/+ DIVIONENSIS
Croix pattée.
Billon (Cu et Ag avec traces de Pb).
Cour.
Réf. : PA. 5676.

3234.224 – Denier de Dijon.
Hugues IV, duc de Bourgogne (1218‑1272).
– + VGO DVX BVRG : DIE
Anille cantonnée d’un besant et d’une étoile.
– R/ + DIVIONENSIS
Croix pattée cantonnée de deux besants.
Billon (Cu et Ag avec traces de Pb).
Cour.
Réf. : PA. 5661.

3245.233 – Probable denier ducal de Bourgogne.
Frappe au nom d’un Hugues.
Fragments.
Cour.

3256.114 – Méreau médiéval anépigraphe.
– Croix cantonnée d’un besant et entourée de deux cercles concentriques.
– R/ lisse.
Cuivre.
Cour.

3267.202 – Jeton médiéval anépigraphe.
Probablement de l’Italie du Nord ; xivexve s.
– Ecu à l’aigle impériale entouré d’un grènetis.
– R/ Croix dont les extrémités sont formées de trois besants, cantonnée de quatre annelets et de six besants, entourée d’un grènetis.
Laiton (Cu et Zn avec traces de Sn et Pb).
Cour.
Références
CNI = Corpus Nummorum Italicorum .
PA = Poey d’Avant 1858.

327Certaines identifications ont été effectuées avec l’aide de monsieur Michel Dhénin, conservateur en chef au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, auquel vont nos remerciements.

328Ce mobilier monétaire, de par sa faiblesse numérique, ne peut prêter à de longs commentaires. Deux faits méritent cependant d’être soulignés :

329La monnaie romaine reste très isolée ; sans doute s’agit‑il d’une trouvaille fortuite des habitants de la grange, comme les fragments de pierre polie et les lames de bronze intégrés à l’outillage. Quelle que soit leur provenance, ces éléments non médiévaux ne témoignent en rien de l’existence sur le site d’un habitat antérieur à la construction et l’occupation de la grange.

330Les monnayages ici réunis, essentiellement locaux, ne dépassent pas le premier tiers du xive s. ; ils tirent même largement l’occupation vers le xiiie s. et, à défaut d’une plus grande précision, paraissent confirmer les indices chronologiques apportés par certains objets métalliques et les céramiques. Malgré les mentions de la grange du Mont dans les « aveux et dénombrements » du xve s., l’occupation effective ne paraît pas s’être étendue au‑delà du xive s.

3.2.5. Le mobilier ostélogique

3.2.5.1. Introduction

3312 812 éléments ont été recueillis au cours des cinq campagnes de fouilles. Les trouvailles sont excessivement fragmentées ; les pierres et les laves composant l’essentiel de la séquence stratigraphique, l’occupation même –le mode de découpe, l’action des chiens et les passages répétés, notamment dans la cour– ont favorisé l’émiettement voire la destruction des vestiges : ce sont le plus souvent des esquilles mais 30,4 % d’entre eux sont suffisamment conservés pour être déterminés.

332La répartition spatiale des trouvailles fait d’autre part apparaître une disparité assez nette entre bâtiments et extérieurs (tabl. IV). A l’image des autres mobiliers, l’essentiel des vestiges osseux (83,6 %) provient des sondages effectués dans la cour centrale, entre le four et le bâtiment IV (K L 78‑81).

● Tabl. IV – Distribution des vestiges osseux par secteurs,

333Peu de matériel ostéologique a été retrouvé dans les édifices. Deux d’entre eux font toutefois exception : le bâtiment IV à nouveau et, fait intéressant, le bâtiment II :

  • bâtiment 1: 13 ;

  • bâtiment II : 164 ;

  • bâtiment III : 16 ;

  • bâtiment IV : ouest, 89 ; est, 55.

3.2.5.2. Les espèces animales (8)

  • 8 Nous remercions vivement Madame Claude Olive du Museum d’histoire naturelle de Genève pour les cons (...)

334La quantification des espèces présentes sur un site pose un certain nombre de difficultés désormais bien connues, et aucune méthode de comptage n’est encore jugée satisfaisante. En raison de la faiblesse numérique de l’échantillon étudié ici, on a choisi, pour évaluer l’importance de chaque animal, de présenter à la fois le décompte des restes osseux (NR) et celui du nombre minimum d’individus (NMI). La confrontation de ces deux méthodes permet une approche plus juste de la réalité. En effet, et sans entrer dans le détail, le premier mode de calcul ne tient compte ni de la taille des animaux, ni du nombre d’ossements dans le squelette de chaque espèce, ni encore de leur conservation différentielle, privilégiant en définitive les animaux de grande taille. Le second mode, s’il réduit ces biais, tend à surestimer les espèces dont les restes sont peu nombreux et c’est généralement le cas des commensaux, du gibier, des prédateurs.

335Une étude biométrique a été entreprise sur les ossements les plus complets en se basant sur les travaux de A. von den Driesch (1976). En raison de l’état de conservation du matériel, cette analyse n’a pu porter que sur quelques éléments du squelette et pour chacun toujours sur moins d’une dizaine d’unités. Tout au plus a‑t‑elle permis de donner une idée de la stature des animaux entretenus à la grange du Mont. Ces mesures ont été, lorsque la comparaison s’avérait possible, confrontées à celles effectuées sur d’autres sites médiévaux, antérieurs ou contemporains, pour tenter de resituer ces animaux au sein de l’élevage médiéval (fig. 78).

● Fig. 78 – Analyse ostéologique : carte des principaux sites de référence. Le triangle indique le site de la grange du Mont. 1 ‑ Wharram Percy. 2 ‑ King’s Lynn. 3 ‑ Exeter. 4 ‑ Southampton. 5 ‑ Lund. 6 ‑ Haithabu. 7 ‑ Lampernisse. 8 ‑ Gand. 9 ‑ Brebières. 10 ‑ La Charité‑sur‑Loire. 11 ‑ Dracy. 12 ‑ Charavines. 13 ‑ Brandes‑en‑Oisans. 14‑ Saint‑Avit‑Sénieur. 15 ‑ Viviers. 16‑ Marseille. 17‑ Grosseto. 18‑ Gubbio. 19 ‑Tuscania. 20 ‑ Scarlino. 21 ‑Satriano. 22‑ Brucato.

Les Ovicaprinés

336352 ossements et 171 dents isolées ont été reconnus comme appartenant à des Ovicaprinés. Selon les critères morphologiques définis par J. Boessneck (1964) pour distinguer les deux genres Ovis et Capra, 107 de ces ossements sont attribuables au Mouton. En revanche, aucun élément n’a permis d’attester assurément la présence de la Chèvre sur le site. Faut‑il alors en déduire l’absence réelle de cette dernière à la grange du Mont et supposer que les ossements posant problème appartiennent également au Mouton ? A partir des restes osseux, de l’éruption et de l’usure des dents, un minimum de 30 individus a été dénombré. La répartition par âge s’établit ainsi (Silver 1969) :

  • 1 fœtus ;

  • 2 individus de moins de 6 mois ;

  • 1 individu entre 6 et 18 mois ;

  • 1 individu entre 18 et 24 mois ;

  • 14 individus de 24 à 42 mois, dont 3 moutons ;

  • 11 individus de plus de 3 ans et demi, dont 2 moutons.

337Cette structure d’âge révèle qu’il s’agit de troupeaux élevés pour la production de lait et de laine. Ce n’est en rien une courbe de boucherie.

338Seuls des moutons ont donc pu être isolés dans cette population. Il n’a pas été possible de mieux définir la composition de ce troupeau ovin. En l’absence de cheville osseuse entière ou reconstituable parmi le matériel et en raison de la faiblesse numérique des ossements exploitables à cette fin, la détermination du sexe n’a pu être effectuée. La reconstitution de la taille a été tentée à partir de quelques rares ossements entiers, en se basant sur les indices de Teichert (1975). La hauteur au garrot oscille de 57,0 cm (selon un humérus et un radius) à 60,7 cm (selon un astragale). C’est un animal de petite taille, semblable à celui de Wharram Percy (xiiiexive s.) (57,5 cm) ou encore à celui de Saint‑Avit‑Sénieur (xiexiiie s.) (58,0 cm). Le mouton de Charny, en Auxois, serait cependant légèrement plus grand que le mouton nivernais rencontré à la Charité‑sur‑Loire au xive s. (56‑57 cm) (Audoin‑Rouzeau 1983 : 57).

339Une série de mesures a permis par ailleurs de se faire une idée de la morphologie des individus retrouvés à la grange du Mont, par comparaison avec d’autres sites médiévaux. Pour assurer la meilleure représentation possible du squelette, et en fonction de l’état des ossements, ont été retenues la largeur proximale du radius et du métacarpe, la largeur distale de l’humérus et du tibia, la longueur latérale de l’astragale (tabl. V).

● Tabl. V – Mouton, a ‑ Largeur proximale (Bp) du radius et du métacarpe en mm. b ‑ Largeur distale (Bd) de l’humérus et du tibia en mm. c ‑ Longueur latérale (GLI) de l’astragale. * Moyenne calculée en fonction des données de l’auteur.

340Ainsi, le mouton de la grange du Mont est très proche de celui de King’s Lynn en Angleterre (xivexve s.), les valeurs bourguignonnes étant presque toujours de peu supérieures aux valeurs anglaises. Par certains côtés, il pourrait également être rapproché du mouton de La Charité‑sur‑Loire au xive s. ou de celui d’Exeter à la même époque. Il apparaît comme un individu plutôt gracile.

  • 9 Les traces de pathologie relevées sur le squelette des animaux de la grange du Mont font l’objet d’ (...)

341Quelques traces de pathologie9 ont été décelées : ainsi, sur un crâne de mouton (fig. 79a), les processus cornuaux en formation présentent une différence de développement. Par ailleurs, la présence d’un fœtus est sans doute le résultat de la maladie ou d’un accident.

● Fig. 79 –Mobilier ostéologique. a ‑ Crâne de Mouton : différence de développement des processus cornuaux (jeune individu), ‑ Tibia‑péroné de Porc : cal osseux, c ‑  Hémi‑mandibules de Chien.

Le Bœuf

342Le Bœuf est représenté par 113 ossements et 14 dents isolées. Leur examen indique un minimum de 8 individus dont :

  • 3 ayant autour de 18 mois ;

  • 1 ayant entre 18 mois et 3 ans et demi ;

  • 4 ayant plus de 4 ans et demi.

343La faiblesse de l’échantillon osseux n’a pas permis de différencier taureau, vache et bœuf au sein de ce troupeau ; les métacarpes, sur lesquels s’effectuent généralement les mesures permettant une telle détermination, sont trop peu nombreux et surtout insuffisamment conservés. Pour les mêmes raisons, aucune hauteur au garrot n’a pu être calculée. Quelques mesures ont cependant pu être prises en vue de donner une idée de la robustesse des Bovins élevés à la grange du Mont (tabl. VI).

● Tabl. VI – Bovins, a ‑ Radius, métacarpe, métatarse : largeur proximale (Bp) en mm b ‑ Tibia : largeur distale (Bd) en mm. c ‑ Astragale : longueur latérale (GLI) en mm. * Moyenne calculée en fonction des données de l’auteur. ? Non précisé par l’auteur.

344Les mesures effectuées sur les proximaux de radius et de métatarse révèlent des valeurs s’inscrivant parmi les plus basses. Les animaux bourguignons seraient alors à rapprocher des bovins d’Exeter (xivexve s.) ou encore de Lund (xiexive s.). En revanche, les largeurs proximale du métacarpe et distale du tibia font état d’individus plus robustes.

345Ces fluctuations traduisent‑elles un dimorphisme sexuel ou l’existence de deux races de Bovins à la grange du Mont ? Il est impossible de conclure d’autant qu’on ne doit pas oublier le petit nombre d’éléments mesurables et la capacité différente de chaque os à traduire la structure du squelette. Signalons enfin, sur le plan pathologique, qu’une phalange I présente une exostose sur la face palmaire.

Le Porc

34637 ossements et 21 dents se rapportant à 6 individus attestent la présence du Porc domestique à Charny.

  • 1 individu de moins de 8 mois ;

  • 1 individu ayant entre 17 et 22 mois ;

  • 4 individus, identifiés à partir de canines, sont adultes sans qu’il soit possible de préciser davantage.

347Parmi les individus dénombrés, en se basant sur la morphologie des canines, on note la présence d’une femelle et de trois mâles dont un verrat certainement âgé, compte tenu du développement important et de l’usure de la dent.

348Aucun reste crânien n’a été recueilli hormis quelques fragments de maxillaire. Dans ces conditions, il est impossible de tenter de restituer l’aspect des individus retrouvés à la grange du Mont. De même, aucune précision ne peut être donnée sur la taille de ces animaux, aucun os long n’ayant été conservé entier pour permettre le calcul de la hauteur au garrot. Seules deux mesures ont pu être prises : la première sur une partie distale de tibia, la seconde sur deux M3 (tabl. VII).

● Tabl. VII – Porc, a ‑ Tibia : largeur distale (Bd) en mm. b ‑ Grande longueur de M3 (GL) en mm. * Moyenne calculée en fonction des données de l’auteur.

  • 10 Communication personnelle de Vianney Forest.

349Signalons enfin, un tibia‑péroné (fig. 79b) présentant un cal osseux important au bas de la diaphyse, indice d’une fracture typique, semble‑t‑il, des porcs vivant en semi‑liberté10.

Les Équidés

35013 ossements et 12 dents appartenant à des Equidés ont été recueillis à l’extérieur des bâtiments II et III, ainsi que dans la cour centrale à proximité du bâtiment IV.

L’Âne

351Quatre ossements sont attribuables à un individu de cette espèce, âgé de plus de 3 ans et demi (partie distale de radius épiphysée).

Le Cheval

352Sa présence est attestée par 9 ossements et 12 dents appartenant à deux individus :

  • 1 de moins de 5 ans (épiphyse et corps vertébral non soudés),

  • 1 âgé d’au moins 10 ans (M3 et les incisives sont très usées, la table de ces dernières est devenue triangulaire).

353En raison, encore‑une fois, de la faiblesse de l’échantillon, il est difficile d’apprécier la morphologie des équidés de la grange du Mont. Avec toute la prudence qui s’impose, un radius indiquerait une taille au garrot de 135,8 cm, selon indices de Kiesewalter (1888). Les chevaux de Charny seraient alors fort semblables à ceux de Saint‑Avit‑Sénieur (XIe‑XIIIe s. considérés par A. Gautier (1972) comme étant des individus de « petite taille (130‑135 cm) ». Ils seraient encore comparables aux plus petits des chevaux paléochrétiens de la Bourse à Marseille (Jourdan 1976) : la longueur du radius se place en effet dans le domaine inférieur des variations sur ce dernier site. En revanche, à en juger par les diamètres transversaux, le squelette semblerait plus fort, plus robuste que celui des animaux marseillais et assez proche de celui des chevaux médiévaux de Saint‑Avit‑Sénieur (tabl. VIII).

● Tabl. VIII – Equidés, a ‑ Mensurations des radius et d’un coxal des ânes et chevaux des sites de Charny et de la Bourse de Marseille. b ‑ Mensurations de la phalange I des ânes et chevaux des sites de Charny et Saint‑Avit‑Sénieur, en mm. Entre parenthèses, le nombre d’ossements sur lequel porte chaque mesure.

Les Canidés

354Des restes de canidés ont été recueillis dans la cour, plus particulièrement dans les carrés K, L 78/79.

Le Chien

35515 ossements et 3 dents sont attribuables au Chien. Ils appartiennent à deux individus adultes. Deux mandibules (fig. 79c) ont pu faire l’objet d’une série de mensurations (tabl. IX).

● Tabl. IX – Canidés. Mensurations de deux mandibules de Chien (en mm).

356Les individus de Charny recoupent à peine les valeurs les plus basses des chiens rencontrés à Oost‑Soubourg aux Pays‑Bas (Bosscha Erdbrink 1976). Ils s’inscrivent en revanche dans le domaine des variations des plus grands chiens de Rijwijk étudiés par A.T. Clason (1978). On ne peut, malheureusement, identifier davantage les animaux bourguignons : aucun fragment de crâne, aucun ossement conservé entier ne permet le calcul de la hauteur au garrot ou ne donne une idée de la gracilité du squelette.

Le Renard

3578 ossements, représentant deux individus adultes, attestent la présence du Renard à la grange du Mont. Trois mandibules, dont deux appareillées, ont été mesurées (tabl. X).

●Tabl. X – Canidés. Mensurations de trois mandibules de Renard (en mm).

358Les données ostéométriques montrent que les renards de Charny se situent dans les limites supérieures des variations de ceux rencontrés à Haithabu, quelques siècles auparavant, et considérés par H. Reichstein (1984) comme étant de petite taille. On ne dispose malheureusement d’aucune indication permettant de resituer ces animaux dans le domaine français de la fin du Moyen Age.

359Des stries parallèles s’observent sur la face vestibulaire de deux mandibules gauches, indices de la récupération des fourrures.

Le Chat

  • 11 Nos plus vifs remerciements vont à Paul Schauenberg du Museum d’histoire naturelle de Genève. Malgr (...)

360Provenant de la cour centrale, 8 ossements et 1 dent isolée sont attribuables au Chat sans doute forestier, indiquant la présence de trois individus11 :

  • 1 individu très jeune ayant probablement autour de 5‑
    6 mois (M1 en train de sortir du corps osseux de la mandibule) ;

  • 1 individu un peu plus âgé (toutes les dents permanentes sont sorties), mais sans doute encore très jeune car aucune usure dentaire n’apparaît ;

  • 1 individu adulte (partie distale du tibia soudée).

361Comme pour les renards, des traces ont été relevées sur la face vestibulaire d’une mandibule gauche, laissant supposer le prélèvement de la peau.

Les Léporidés

362Sur les 40 ossements reconnus comme appartenant à des Léporidés, 17 sont attribuables au Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus L.), 23 au Lièvre (Lepus europaeus L.) Le premier est représenté par quatre individus adultes, le second par cinq, dont un jeune au fémur non épiphysé (tabl. XI).

● Tabl. XI – Léporidés. Mensurations de mandibules, humérus, fémur, tibia, calcanéum (en mm).

La Poule

363La basse‑cour n’est représentée que par deux fragments de coracoïde de Poule appartenant sans doute au même individu.

Les Corvidés

3646 ossements attribuables à des Corvidés (Geai ou plus vraisemblablement Pie) ont été retrouvés dans la cour centrale ainsi que dans la pièce sud‑est du bâtiment IV. Il est difficile de classer chronologiquement ces restes : ils peuvent être liés à l’occupation même du site comme aux périodes suivant son abandon.

Conclusion

  • 12 Les restes de microfaune sont étudiés par Louis de Roguin au Museum d’histoire naturelle de Genève, (...)

365Ainsi, douze espèces animales, pour un nombre minimum de 66 individus, ont été inventoriées. La majeure partie d’entre elles se rapporte à la faune domestique. Les espèces sauvages sont également présentes à la grange du Mont mais selon le décompte choisi, leur importance oscille de 7,4 % (NR) à 24,2 % (NMI), démontrant une fois encore le caractère imparfait des modes de quantification (tabl. XII). Ajoutons à cet inventaire quelques Rongeurs et Batraciens dont les restes sont en cours d’étude12. Comme on pouvait s’y attendre sur un site d’habitat, la faune répertoriée est, en majeure partie, composée des animaux habituellement consommés. Toutefois, la proportion des espèces. « utilitaires » tels que le Cheval, l’Ane ou encore le Chien, celle des nuisibles comme le Renard et le Chat forestier, semble ici non négligeable, quel que soit le mode de quantification adopté : 7,8 % selon le NR et 18,1 % selon le NMI.

NR

NMI

Mouton

523

30

Bœuf

163

8

Porc

58

6

Cheval

21

2

Ane

4

1

Chien

18

2

Poule

2

1

Lièvre

23

5

Lapin

17

4

Chat (forestier ?)

9

3

Renard

8

2

Corvidés (Pie)

6

2

Total

852

66

Faune domestique

789

(92,6 %)

50

(75,8 %)

Faune sauvage

63

(7,4 %)

16

(24,2 %)

Faune consommée

786

(92,2 %)

54

(81,9 %)

Faune non consommée

66

(7,8 %)

12

(18,1 %)

● Tabl. XII – Les espèces animales et leur importance.

366Ce sont tous des animaux connus de la Bourgogne d’aujourd’hui. Mais il a été difficile de les identifier plus complètement, car le matériel archéologique ne s’y prêtait pas. Par ailleurs, par manque de références, ils n’ont pu être resitués dans l’évolution des races animales bourguignonnes ; l’inventaire et l’étude des faunes anciennes de Bourgogne, entrepris à l’initiative du musée d’histoire naturelle de Dijon, ne font que commencer.

367Tous ces animaux ont été abattus, sont morts sur le site même de la grange du Mont ou bien leur dépouille y a été ramenée. On ne constate pas en effet d’absence significative de certaines parties du squelette. Celui des trois espèces animales de base est complet. Toutefois, on enregistre une fréquence différentielle. Si on excepte, pour tous, les os du crâne surévalués en raison de leur extrême fragmentation, les Ovicaprinés sont représentés essentiellement par les os de la colonne vertébrale et des avant‑pattes (53,17 %), le Bœuf par les os du rachis et du bassin (57,44 %), le Porc également par le rachis et par le tibia‑péroné (50 %) (fig. 80). Des autres espèces, ce sont les ossements des membres les plus fréquemment rencontrés, suivis des mandibules (fig. 81).

● Fig. 80 – Les animaux du cheptel, répartition du squelette par espèce. A ‑ Crâne. B ‑ Mandibule. C ‑ Rachis. D ‑ Omoplate. E ‑ Humérus. F ‑ Radio‑cubitus. G ‑ Métacarpe. H ‑ Carpe. I ‑ Coxal. J ‑ Fémur. K ‑ Rotule. L ‑ Tibia‑péroné. M ‑ Métatarse. N ‑ Tarse. O ‑ Phalange.

● Fig. 81 – Equidés, Chien et espèces sauvages ; répartition du squelette par espèce ( cf. légende fig. 80).

3.2.5.3. Élevage, chasse et consommation

368L’organisation économique de cette exploitation en matière d’élevage se dessine nettement à travers l’inventaire faunistique et la description des espèces. Du même coup se dévoilent les grands traits de l’environnement dans lequel cette activité se développe.

Les activités pastorales : l’objectif ovin

369Les deux décomptes, nombre de restes et nombre minimum d’individus, offrent la même image de la hiérarchie des cheptels à Charny. Cette dernière est marquée par la prédominance écrasante des Ovicaprinés qui constituent plus des deux tiers du stock animal domestique (tabl. XIII). C’est un taux particulièrement élevé, se situant parmi les plus forts enregistrés jusqu’à présent en Europe médiévale.

Mouton

Bœuf

Porc

Portchester Castle (xiexiiie s.)

31,3 %

52,7 %

16,0 %

King’s Lynn (xivexve s.)

33,0

52,0

15,0

Exeter (xivexves.)

47,1

39,7

13,0

La Charité (xive s.)

49,1

20,8

29,8

Satriano (xivexve s.)

50,0

21,0

29,0

Dracy (xive s.)

52,0

31,4

16,6

Gubbio (xive s.)

57,4

2,2

40,3

Wharram Percy (xiiiexive s.)

61,2

30,6

8,1

Brandes‑en‑Oisans (xiexive s.)

61,8

22,5

15,5

Brucato (xive s.)

67,5

16,8

15,6

Grosseto (xive s.)

67,6

6,8

25,4

Charny (xive s.)

70,3

21,9

7,8

Tuscania (xiiiexive s.)

76,7

14,2

23,2

●Tabl. XIII – Tableau comparatif de l’importance du Mouton, du Bœuf et du Porc (en NR).

370En France même, l’importance du cheptel de Charny n’a d’équivalent que celle observée sur le site villageois et montagnard de Brandes‑en‑Oisans (Olive 1983). Des situations contemporaines analogues se rencontrent en Angleterre (Wharram Percy) et surtout en Italie (Grosseto, Tuscania). A la lumière de ces diverses confrontations, la grange du Mont apparaît bien avoir privilégié le développement du troupeau ovin. Les trouvailles d’objets (battants de cloche, sonnaille), l’organisation de l’espace (bâtiments, enclos) paraissent conforter, par ailleurs, ces données.

371Les objectifs apparaissent clairement au travers des estimations des âges à l’abattage. Celles‑ci révèlent effectivement une courbe qui n’est assurément pas celle d’animaux destinés à la boucherie : 83,3 % des individus dépassent 24 mois et 36,6 % ont plus de 3 ans et demi lorsqu’ils sont sacrifiés. Cette structure d’âge rejoint celles établies pour la même époque dans des pays connus pour être des producteurs de laine, comme l’Angleterre (Wharram Percy, Portchester Castle) ou encore l’Italie centrale ; à Tuscania, notamment, la majeure partie des Ovins est abattue vers 3 ou 4 ans (Barker 1973).

372A Charny, les moutons sont donc élevés d’abord pour la production de la laine. Les données archéologiques rejoignent là les données textuelles, les corroborant. La Bourgogne, et plus particulièrement l’Auxois, connut entre le xiiie et le xve s. un essor extraordinaire de l’élevage du mouton en vue de la production et de la commercialisation de la laine (Richard 1974). Les témoignages de cette activité sont nombreux, notamment dans les actes notariés tel ce bail à cheptel qui, fait rarissime, précise l’âge des bêtes.

  • 13 ADCO, B 11260 : protocole de André Etienne de Fenay, f° 27.

373Ainsi en octobre 1385, « Gilloz Thibaut demorant à Tart, et Prionoz sa femme », retiennent à bail du « religieux et honeste personne messire Heugue de Bourdel priour du prieurey de Tart et chanoines de Saint Estienne de Dijon, LX bestes laine pourtant, chascune beste en ayge de II ans ou plux pour le pris de XVI frans dour [...] »13.

374De taille relativement petite, on ne sait pas toutefois si ces Ovins étaient d’une race à laine. On ne dispose pas dans le domaine français de travaux comparables à ceux de M.L. Ryder sur l’histoire des moutons anglais (Ryder 1964).

375En regard, les deux autres troupeaux paraissent mineurs. Seconde espèce animale en nombre de restes (20,65 %) comme en nombre d’individus (14,28 %), le Bœuf occupe, à la grange du Mont, une position guère différente de celle observée ailleurs en France. Ainsi, ce pourcentage correspondrait‑il aux taux établis par F. Audoin au monastère de La Charité‑sur‑Loire au xive s. ou par Cl. Olive à Brandes‑en‑Oisans (xiexive s.). Mais, il serait en Bourgogne et à la même époque, inférieur au taux relevé dans le village de Dracy, dans l’Arrière‑Côte beaunoise, où le Bœuf représente le tiers des animaux de la trilogie (Trochet 1974).

376La courbe des âges à l’abattage montre le double rôle joué par les Bovinés à la grange du Mont. Ils ont constitué assurément une source de viande importante, puisque 42,8 % d’entre eux sont abattus immatures, autour de 18 mois. Mais c’est surtout après 4 ans et demi, après avoir fourni le lait et leur force de travail, qu’ils sont envoyés à la boucherie. Ce schéma se retrouve, d’ailleurs, dans les mêmes proportions sur les sites villageois de Brandes‑en‑Oisans et de Wharram Percy. Et sans doute est‑ce à l’un de ces individus qu’appartient la phalange I montrant des proliférations osseuses, signes du vieillissement de l’animal.

377Le porc connaît une position tout à fait secondaire à Charny. Son taux de représentation y est des plus bas : 7,35 % selon le NR, 12,24 % selon le NMI. Cette valeur apparaît exceptionnellement faible en Bourgogne à la fin du Moyen Age. A Dracy, ce troupeau constituerait 16,6 % en NR au sein de la trilogie de base, soit deux fois plus qu’à la grange du Mont. Hormis à Brandes‑en‑Oisans, aucun taux comparable n’est connu à l’heure actuelle en France, tant pour l’ensemble de la période médiévale que pour les xive et xve s. en particulier.

378La structure d’âge de ce troupeau indique que le tiers (33,3 %) des individus a été tué avant 2 ans, soit encore immatures. La plus grande partie était abattue plus tard, sans qu’il soit toutefois possible de préciser davantage, compte tenu de l’état du matériel. Cette dernière classe d’âge comprend à l’évidence les reproducteurs mais son importance paraît plus grande qu’ailleurs. Sans doute peut‑on y voir le reflet de difficultés à engraisser les porcs, à leur faire atteindre un rendement en viande suffisant. Cette impression se trouve confortée par la faiblesse de l’étendue forestière où peuvent paître ces animaux, faiblesse que mentionne la documentation écrite.

379Quant à la basse‑cour, si communément évoquée par les textes médiévaux, elle est ici réduite à l’extrême : 0,25 % du stock domestique selon le NR, 2,04 % selon le NMI. Ce faible taux n’est pas exceptionnel. Dans l’espace français, en effet la volaille ne constituerait qu’un élément très secondaire sinon de l’élevage du moins de la consommation en milieu paysan ; c’est le cas à Brandes‑en‑Oisans, à Dracy. Seuls les établissements ecclésiastiques tels Saint‑Avit‑Sénieur ou La Charité‑sur‑Loire feraient exception. Mais ce sont là des sites de communautés particulières, privilégiant peut‑être ce petit élevage, drainant pour leur consommation, notamment au travers des redevances dont la documentation écrite fait largement état, la production paysanne. Certes, les difficultés de conservation d’ossements aussi fragiles peuvent biaiser l’interprétation des résultats, tendant généralement à minimiser la place de la basse‑cour. Mais à Charny, ce critère n’est pas absolument décisif, la conservation a dû pareillement jouer sur tous les vestiges et des restes de fœtus de Mouton, tout aussi fragiles, ont été retrouvés.

380Dans ce contexte pastoral, certaines espèces animales acquièrent une importance toute particulière : c’est le cas des chiens. Ces animaux, dont l’aspect ne peut malheureusement être restitué, sont attestés à Charny non seulement parce qu’ils ont laissé les traces de leurs crocs sur les vestiges osseux, mais aussi par les restes de leur squelette (mandibules et ossements des membres) recueillis dans la cour centrale. Ils ont été les adjoints indispensables des bergers pour la protection des troupeaux de moutons, en même temps qu’ils ont dû jouer un rôle non négligeable dans le « nettoyage » des déchets de la cour.

381Autre espèce bien représentée sur ce site bourguignon, les Equidés regroupent 3,16 % de la faune domestique selon le NR, 6,12 % selon le NMI. C’est un pourcentage élevé, comparé aux valeurs généralement enregistrées. En effet, leur taux de représentation, ailleurs, dépasse rarement 1 % du stock domestique.

382Ces animaux occupent une position privilégiée que leur fonction ainsi que leur coût expliquent aisément. On pense à leur hébergement à proximité des habitants : dans la pièce ouest du bâtiment IV comme le laisseraient supposer les trouvailles de fragments de fer, de clous à ferrer ou encore d’éléments de harnais. Pour ces mêmes raisons, ils sont gardés longtemps : l’un des chevaux est âgé de plus de 10 ans. Par ailleurs, ils ne semblent pas avoir été épargnés par les épizooties. On peut se demander si le cheval mort avant 5 ans, dont les ossements ne portent aucune trace de débitage pouvant suggérer sa consommation, n’est pas tout simplement mort de maladie, car on s’explique mal la précocité de l’abattage d’un animal dont on sait tout le prix.

383Il est intéressant, d’autre part, de constater la présence de l’Ane à la grange du Mont. Les sources écrites font en effet rarement état de son existence dans les campagnes bourguignonnes. Seul le Cheval, peut‑être l’ancêtre du Trait Auxois d’aujourd’hui, est mentionné dans la documentation, étant l’objet de multiples transactions : ventes, échanges, dons... (Bossard‑Beck 1983 et 1984).

La chasse : primauté des petites espèces

384Selon que l’on se base sur l’une ou l’autre des méthodes de décompte, la part de la chasse peut varier du simple au triple : de 7,4 % (NR) à 24,2 % (NMI). Mais dans un cas comme dans l’autre, son importance dans cette expoitation bourguignonne est un peu plus élevée que sur la plupart des autres sites médiévaux.

385La faune sauvage ne se compose ici que de petit gibier à poil (Lapin de garenne et Lièvre) ou de petits carnassiers (Renard et Chat forestier). Les plus nombreux sont les Léporidés, qui agrémentent à coup sûr l’ordinaire des repas. Les seules traces relevées sur le squelette de ces petits animaux sont liées à la consommation. Aucun indice (l’ensemble du squelette a été retrouvé), notamment aucune marque de couteau ne signale la récupération de leur fourrure. Etaient‑ils chassés ou braconnés ? Le braconnage est chose courante en Bourgogne au xive s. comme en témoignent les registres des amendes des comptes de châtellenies et des comptes de gruerie ; la garde des troupeaux offrait, d’ailleurs, de multiples occasions de se livrer à cette activité.

386Les autres espèces sont des espèces prédatrices, poursuivies en tant que telles mais aussi pour leur peau, comme l’attestent les incisions au couteau relevées sur les mandibules de Renard et de Chat forestier. Ces espèces se rencontrent encore actuellement en Bourgogne et leur présence à la grange du Mont n’est pas extraordinaire. L’environnement végétal de cette exploitation –les terrains pastoraux– devait effectivement constituer un milieu favorable à ces animaux dont les territoires de chasse –en particulier celui du Chat forestier– sont préférentiellement les lieux ouverts : pâturages, prés, clairières, lisières, champs et terrains secs (Vaissier 1980 : 63).

387Aucune grande espèce (Cervidés, Sangliers) n’est présente sur le site. Leur absence est liée sans doute à la réglementation de la chasse réservant aux seuls duc et nobles le droit de se livrer à de telles activités cynégétiques. Mais l’orientation donnée à l’élevage dans un environnement d’où la fûtaie est absente n’a fait qu’accentuer le rejet des grands animaux sauvages aux lisières du paysage.

La consommation

388De l’alimentation des occupants de la grange du Mont ne peut être abordée que la seule consommation carnée, et de manière fort succinte. Les éléments végétaux ne sont en tout et pour tout représentés que par un pois brûlé recueilli sur le sol de la pièce est du bâtiment IV.

389En dehors de l’inventaire des ressources carnées disponibles, on ne peut préciser ni les techniques de boucherie, ni les différents modes d’utilisation de la viande. Les vestiges osseux n’ont en effet révélé que peu de traces d’activités humaines : 10,2 % dans les bâtiments et 7 % à l’extérieur. Mais il faut dire que la lecture en a été rendue difficile, voire occultée, par la très grande fragmentation des ossements.

390Les marques de couteau et de couperet ne se lisent que sur 3 % des vestiges. La faiblesse de cet échantillon et le trop petit nombre d’ossements suffisamment conservés interdisent toute reconstitution du mode de découpe de chaque espèce animale.

391Les traces de feu sont plus rares encore (0,6 %). Ce sont presque toujours des esquilles, brûlées ou carbonisées, en fait des déchets de consommation rejetés dans le foyer du bâtiment IV puis évacués en même temps que les cendres dans la cour centrale.

392Quant à l’action des Chiens et des Rongeurs, elle a été décelée sur 3,7 % des ossements, des os longs en particulier : métapodes de Mouton et de Bœuf. Dans la cour, un métapode et une phalange de Cheval ont été retrouvés mordillés par les chiens, attestant ainsi que les carcasses d’animaux restaient à se décomposer à proximité des bâtiments, quelque part dans l’espace de la grange. Cette trouvaille jette par là même quelque lumière sur l’état de salubrité de cette cour où des rongeurs trouvaient également refuge.

Notes

1 Le compte de la châtellenie d’Aisey‑le‑Duc pour l’année 1385 décrit ainsi les réparations réalisées à la « grange du foin » : « à Jehan Gilet de Bissey‑le‑Coste, chapuis, pour faire en la grange ung raim tout à neuf et tout garny, ensemble la maçonnerie devant le pignon, de deux chevrons, de faire sur les deux colonnes suivantes ung tref tout à neuf et rebatir les dictes colonnes, de faire deux boulez dessus et dessoubs les dictes colonnes [...]. A Jehan Clos du Chemin d’Alsy, masson et Thomas le Casse, chascun pour cinq journées pour soubz murer par dessoubz quatre colonnes de la dicte grange [...] » (ADCO B 2083, f° 69 et sq.).

2 Communication personnelle des auteurs de la fouille de 1982, notamment de Didier Perrugot.

3 Fouilles inédites de Monsieur Leltzalter, réalisées en 1985.

4 Fouilles inédites de la direction des Antiquités historiques de Bourgogne, dirigées par Germaine Depierre.

5 Un exemple, pris dans les comptes de la châtellenie d’Argilly pour l’année 1432, mentionnant à l’occasion de réparations réalisées au château « l’achat de XXXm et demi de clos à claim pour endouler [...] au prix de trois gros et demi le millier. Item XXIm de cloz à claim renforcées, le milier valant onze gros. Item soixante et une livres de chevilles de fer pour les avant lates et cloz corniers, dix neuf gros » (ADCO, B 2174 IV, f° 98). Les clous sont ici abondamment utilisés dans la construction mais Argilly se trouve dans la plaine de Saône où la pierre laisse souvent la place au pisé pour les murs et aux tuiles pour les toitures.

6 ADCO, B 2161, f° 10 : compte de la châtellenie d’Argilly pour l’année 1378‑79 ; voir aussi infra § 4.1.3.2.

7 Nos instruments sont extrêmement graciles : plus petits que le plus petit des « outils à percussion posée avec percuteur » –famille dont ils font partie pour la plupart– recensés par Jean‑Claude Bessac (1986 : 10 et sq).

8 Nous remercions vivement Madame Claude Olive du Museum d’histoire naturelle de Genève pour les conseils qu’elle nous a prodigués au cours de cette recherche.

9 Les traces de pathologie relevées sur le squelette des animaux de la grange du Mont font l’objet d’une étude particulière entreprise par Vianney Forest, Ecole nationale vétérinaire de Lyon.

10 Communication personnelle de Vianney Forest.

11 Nos plus vifs remerciements vont à Paul Schauenberg du Museum d’histoire naturelle de Genève. Malgré les difficultés d’identification à partir de restes aussi peu nombreux et en l’absence de crânes, celui‑ci pense qu’il s’agit plus vraisembablement de Chat forestier.

12 Les restes de microfaune sont étudiés par Louis de Roguin au Museum d’histoire naturelle de Genève, dans le cadre d’une enquête intitulée « Elevage et microfaune au cours des périodes antiques et médiévales dans les pays bourguignons et rhodano‑alpins », ATP CNRS Histoire de l’environnement et des phénomènes naturels, 1986/87.

13 ADCO, B 11260 : protocole de André Etienne de Fenay, f° 27.

Table des illustrations

Légende ● Fig. 10 – Plan des fouilles de l’espace construit. En grisé, zone explorée au moins jusqu’au sol d’utilisation médiéval.
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Légende ● Fig. 11 – Bâtiment I, vue générale du sud.
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Légende ● Fig. 12 – Bâtiment I, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.
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Légende ● Fig. 13 – Bâtiment I, carré H 67 : profil ouest. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Sol de terre, d ‑ Pierre.
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Légende ● Fig. 14 – Schéma de l’élévation d’une grange à pile.
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Légende ● Fig. 15 – Bâtiment II, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.
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Légende ● Fig. 16 – Bâtiment II, sol d’occupation dans les carrés S‑T‑U 70 et 71, vu de l’est.
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Légende ● Fig. 17 – Bâtiment II, mur 410 dans l’angle sud‑ouest de l’édifice, vu du nord.
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Légende ● Fig. 18 – Bâtiment II, carrés U 69‑70 : profil est. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Terre brun‑jaune, d ‑ Sol de terre, e ‑ Pierre.
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Légende ● Fig. 19 – Enclos ouest, carré ZF 70 : plan au sol du muret.
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Légende ● Fig. 20 – Enclos VIII, muret commun : plan au sol des phases 1 (a) et 2 (b).
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Légende ● Fig. 21 – Enclos est, issue : plan au sol.
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Légende ● Fig. 22 – Bâtiment III, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.
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Légende ● Fig. 23 – Bâtiment III, vue générale du sud‑est.
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Légende ● Fig. 24 – Bâtiment III, détail du prédroit ouest de l’issue latérale 319 ; vue interne : pierre taillée et retouchée à la bretture.
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Légende ● Fig. 25 – Bâtiment III, carrés 0‑P 83 : profil sud. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Sol de terre, d ‑ Pierre.
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Légende ● Fig. 26 – Bâtiment III, piédroit ouest de l’issue centrale 317, vue interne.
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Légende ● Fig. 27 – Bâtiment III, seuil 319, vue générale de l’ouest.
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Légende ● Fig. 28 – a. ‑ Coupe du bâtiment III. b ‑ A gauche, plan du bâtiment l ; à droite, plan du bâtiment III.
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Légende ● Fig. 29 – Bâtiments III et IV, vue générale de l’est.
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Légende ● Fig. 30 – Bâtiment IV, plan au sol. En grisé, sol de terre dégagé.
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Légende Fig. 31 – Bâtiment IV, façade : plan du sol extérieur, a ‑ Terre jaune. b ‑ Terre brune.
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Légende ● Fig. 32 – Bâtiment IV, carré K 83 : profil ouest, a ‑ Sol de terre. b ‑ Terre humique. c ‑ Terre jaune, d ‑ Terre brun‑jaune, e ‑ Pierre.
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Légende ● Fig. 33 – Bâtiment IV, pièce est : vue partielle du sol d’occupation en cours de fouille, apparition du radier sous‑jacent à l’apprêt de terre, vu de l’ouest.
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Légende ● Fig. 34 – Bâtiment IV, carré K 83 : profil sud. a ‑ Terre humique. b ‑ Terre jaune, c ‑ Terre brun‑jaune, d ‑ Pierre, e ‑ Sol de terre.
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Légende ● Fig. 35 – Bâtiment IV, paroi sud : élévation du parement interne à l’emplacement des seuils.
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Légende ● Fig. 36 – Bâtiment IV, mur 3 : parement ouest.
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Légende ● Fig. 37 – Bâtiment IV, pièce est : section sud du sondage préliminaire dans le carré K 83.
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Légende ● Fig. 38 – Bâtiment IV, pièce ouest : mur de refend 3, niche murale.
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Légende ● Fig. 39 – Bâtiment IV, pièce est : arase du mur de façade 33, aménagement probable d’une ouverture.
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Légende ● Fig. 40 – Bâtiment IV, local ouest : foyer 41. a ‑ Charbons de bois, b ‑ Terre rubéfiée, c ‑ Cendres, d ‑ Terre brun‑jaune.
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Légende ● Fig. 41 – Structure V : planimétrie. Equidistance des courbes : 0,05. a ‑ Tuiles. b ‑ Pierres.
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Légende ● Fig. 42 – Structure V, carré N 90 : plan des structures.
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Légende ● Fig. 43 – Structure V, carré N 90 : profil ouest. a ‑ Terre humique. b – Terre jaune, c ‑ Terre brun‑jaune, d ‑ Pierre, e ‑ Tuile.
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Légende ● Fig. 44 – Structure VI, vue générale du sondage dans les carrés O‑P 75 en cours de fouille, vu de l’est.
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Légende ● Fig. 45 – Structure VII, four : plan au sol et profil, a ‑ Terre brune, b ‑ Terre jaune rubéfiée, c ‑ Terre jaune et cailloutis. d ‑ Pierre, e ‑ Pierre sur champ.
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Légende ● Fig. 46 – Four à pain VII, vue générale après la fouille, du nord.
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Légende ● Fig. 47 – Four à pain VII, détail du radier de la sole dans l’angle nord‑est, vu de l’est.
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Légende ● Fig. 48 – Four à pain à Mont‑Saint‑Jean, vue générale externe.
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Légende ● Fig. 49 – Cour, carrés K‑L 79 : projection des trouvailles.
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Légende ● Fig. 50 – Enceinte générale IX, vue générale du sondage en Y 110‑111, du nord‑ouest.
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Légende ● Tabl. I – Distribution du mobilier céramique par secteur.
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Légende ● Fig. 51 – Bâtiment IV et cour : mobilier céramique, recollages.
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Légende ● Tabl. IIa – Bât. IV, pièce est : connexions stratigraphiques mises en évidence par le mobilier céramique.
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Légende ● Tabl. IIb – Cour, carrés K‑L 80 : connexions stratigraphiques mises en évidence par le mobilier céramique.
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Légende Pot globulaire ou oule : forme à lèvre infléchie, à col court, voire inexistant, à panse globulaire formant le fond ou détachée du fond lenticulaire par une nette inflexion. AVD 1970 : 134, vase 103 [a] ; 129, vase 107 [b].
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Légende Cruche : forme identique à la précédente, mais munie d’un goulot, ponté ou non, d’une anse opposée plate attachée sur la lèvre et l’épaule. AVD 1970 : 135, vase 106.
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Légende Pégau : forme à lèvre sans inflexion, sur col court et de profil souvent concave, à panse ovoïde et fond plat, généralement sans élément verseur mais munie d’une anse verticale attachée à la lèvre, ou dessous, et au milieu de panse. Perrugot 1983 : 18, 19 et 22, fig. 7 à 9.
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Légende Pichet : forme à lèvre sans inflexion sur col haut, cylindrique ou légèrement évasé, à panse globulaire ou ovoïde, à fond plat parfois détaché par une inflexion marquée de la panse, munie généralement d’un bec pincé et, à l’opposé, d’une anse verticale attachée sur le col et le milieu de panse. AVD 1970 : 144, vase 114.
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Légende Amphore ou jarre : forme à lèvre sans inflexion, à col cylindrique sur une panse ovoïde, à fond plat. De plus grande contenance que les formes précédentes, elle n’est généralement pas munie d’élément verseur mais elle possède une ou plusieurs anses verticales. Nicourt 1986 : 88.
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Légende Bol, tasse, gobelet : petites formes ouvertes dont la lèvre prolonge directement la panse, munie d’une anse pour la tasse. Nicourt 1986 : 88.
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Légende ● Fig. 52 – Céramique. Pâtes blanches glaçurées : classe I1, nos 1 à 10.
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Légende ● Fig. 53 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 1 à 19, lèvres et décors.
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Légende ● Fig. 54 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 20 à 29, éléments de préhension.
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Légende ● Fig. 55 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 30 à 32, fonds.
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Légende ● Fig. 56 – Céramique. Pâtes rouges glaçurées : classe II1, nos 33 à 36, fonds.
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Légende ● Fig. 57 – Céramique. Pâtes rouges non glaçurées : classe II2, no 1
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Légende ● Fig. 58 – Céramique. Pâtes grises glaçurées : classe III1, nos 1 et 2.
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Légende ● Fig. 59 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2b, nos 1 à 3, lèvres.
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Légende ● Fig. 60 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2b, nos 4 à 8, lèvres.
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Légende ● Fig. 61 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2b, nos 9 à 12, goulot, anse, fonds.
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Légende ● Fig. 62 – Céramique. Pâtes grises non glaçurées : classe III2c, nos 13 à 26.
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Légende ● Tabl. III – Le vaisselier céramique de la grange du Mont.
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Légende ● FIG. 63 – Céramique : répartition spatiale des fragments des classe I1, II1, III1 et II2 no I.
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Légende ● Fig. 64 – Bâtiment IV : répartition spatiale des fragments de céramique.
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Légende ● Fig. 65 – Mobilier métallique : clous de construction, nos 1 à 9 du catalogue.
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Légende ● Fig. 66 – Mobilier métallique : charnières et pentures, nos 10 à 16 du catalogue.
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Légende ● Fig. 67 – Mobilier métallique : clefs et loquets, nos 17 à 23 du catalogue.
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Légende ● Fig. 68 – Mobilier métallique : récipients, nos 24 à 27 du catalogue.
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Légende ● Fig. 69 – Mobilier métallique : couteaux, nos 28 et 29 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-70.jpg
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Légende ● Fig. 70 – Mobilier métallique : couteaux, nos 30 à 35 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-71.jpg
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Légende ● Fig. 71 – Mobilier métallique : faucille et serpettes, nos 36 à 39 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-72.jpg
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Légende ● Fig. 72 – Mobilier métallique : sonnaille et battants, nos 40 à 42 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-73.jpg
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Légende ● Fig. 73 – Mobilier métallique : fers et clous à ferrer, nos 43 à 54 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-74.jpg
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Légende ● Fig. 74 – Mobilier métallique : éléments de harnais, chasse, pêche, nos 55 à 60 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-75.jpg
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Légende ● Fig. 75 – Repères iconographiques pour les éléments de harnais, éperons et vervelles. A – Gentile de Fabiano (1360 ? ‑ c. 1427), Adorazione dei Maggi, Musée des Offices, Florence. B – Idem. C ‑ B. Gozzoli, fresques de la chapelle du palais Médicis‑Riccardi, réalisées entre 1459 et 1463, Florence.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-76.jpg
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Légende ● Fig. 76 – Mobilier métallique : outillage, nos 61 à 73 du catalogue.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-77.jpg
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Légende ● Fig. 77 – Mobilier métallique : accessoires du vêtement et éléments de jeu, nos 74 à 100 du catalogue.
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Légende ● Tabl. IV – Distribution des vestiges osseux par secteurs,
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Légende ● Fig. 78 – Analyse ostéologique : carte des principaux sites de référence. Le triangle indique le site de la grange du Mont. 1 ‑ Wharram Percy. 2 ‑ King’s Lynn. 3 ‑ Exeter. 4 ‑ Southampton. 5 ‑ Lund. 6 ‑ Haithabu. 7 ‑ Lampernisse. 8 ‑ Gand. 9 ‑ Brebières. 10 ‑ La Charité‑sur‑Loire. 11 ‑ Dracy. 12 ‑ Charavines. 13 ‑ Brandes‑en‑Oisans. 14‑ Saint‑Avit‑Sénieur. 15 ‑ Viviers. 16‑ Marseille. 17‑ Grosseto. 18‑ Gubbio. 19 ‑Tuscania. 20 ‑ Scarlino. 21 ‑Satriano. 22‑ Brucato.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-80.jpg
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Légende ● Tabl. V – Mouton, a ‑ Largeur proximale (Bp) du radius et du métacarpe en mm. b ‑ Largeur distale (Bd) de l’humérus et du tibia en mm. c ‑ Longueur latérale (GLI) de l’astragale. * Moyenne calculée en fonction des données de l’auteur.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-81.jpg
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Légende ● Fig. 79 –Mobilier ostéologique. a ‑ Crâne de Mouton : différence de développement des processus cornuaux (jeune individu), ‑ Tibia‑péroné de Porc : cal osseux, c ‑  Hémi‑mandibules de Chien.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-82.jpg
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Légende ● Tabl. VI – Bovins, a ‑ Radius, métacarpe, métatarse : largeur proximale (Bp) en mm b ‑ Tibia : largeur distale (Bd) en mm. c ‑ Astragale : longueur latérale (GLI) en mm. * Moyenne calculée en fonction des données de l’auteur. ? Non précisé par l’auteur.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-83.jpg
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Légende ● Tabl. VII – Porc, a ‑ Tibia : largeur distale (Bd) en mm. b ‑ Grande longueur de M3 (GL) en mm. * Moyenne calculée en fonction des données de l’auteur.
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Légende ● Tabl. VIII – Equidés, a ‑ Mensurations des radius et d’un coxal des ânes et chevaux des sites de Charny et de la Bourse de Marseille. b ‑ Mensurations de la phalange I des ânes et chevaux des sites de Charny et Saint‑Avit‑Sénieur, en mm. Entre parenthèses, le nombre d’ossements sur lequel porte chaque mesure.
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Légende ● Tabl. IX – Canidés. Mensurations de deux mandibules de Chien (en mm).
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Légende ●Tabl. X – Canidés. Mensurations de trois mandibules de Renard (en mm).
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Légende ● Tabl. XI – Léporidés. Mensurations de mandibules, humérus, fémur, tibia, calcanéum (en mm).
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Légende ● Fig. 80 – Les animaux du cheptel, répartition du squelette par espèce. A ‑ Crâne. B ‑ Mandibule. C ‑ Rachis. D ‑ Omoplate. E ‑ Humérus. F ‑ Radio‑cubitus. G ‑ Métacarpe. H ‑ Carpe. I ‑ Coxal. J ‑ Fémur. K ‑ Rotule. L ‑ Tibia‑péroné. M ‑ Métatarse. N ‑ Tarse. O ‑ Phalange.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-89.jpg
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Légende ● Fig. 81 – Equidés, Chien et espèces sauvages ; répartition du squelette par espèce ( cf. légende fig. 80).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34495/img-90.jpg
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