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Les souterrains médiévaux du Limousin

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Serge Gady

Deuxième partie. Le souterrain du Bois-du-Mont (Haute-Vienne) Application d’une méthode d’analyse

3. Mobilier

The rinds

Résumé

L’essentiel du mobilier est représenté par des fragments de poteries. Ils sont présents dans chaque niveau d’occupation. La répartition des tessons, analysée pour chacun des vases remontés, permet de déterminer des zones de circulation, des espaces réservés à des activités ou des rejets d’objets inutilisés.

La céramique est commune, de facture souvent grossière. Si la première occupation est caractérisée par les vases à bord en bandeau, les occupations II et III livrent des poteries carénées à fond bombé, des vases globulaires.

Des fusaïoles (en plomb ou en terre), des lissoirs, un palet, quelques éléments en fer non identifiables complètent le mobilier recueilli. Le contexte géologique et pédologique a interdit pratiquement toute conservation du mobilier d’origine organique.

Texte intégral

3.1. Méthodologie

1La répartition des objets dans la série stratigraphique ne peut donner lieu à des observations précises que si le fouilleur a laissé en place les témoins. L’objectif au cours des décapages était donc de dégager les éléments reposant au sein des couches de telle façon que, sur une étendue donnée, ils apparussent associés au niveau qui les contenait et à la structure qui leur était contemporaine. Au stade de la fouille, le mobilier a souvent matérialisé l’emplacement des espaces d’accumulation et des aires de passage, alors qu’il n’était pas d’un grand secours dans la délimitation des aires de stationnement. Or, même si cette vision des espaces est incomplète lors du travail de dégagement, elle devient essentielle plus tard quand les fouilleurs réalisent les plans d’objets. De nombreuses photographies furent consacrées aux témoins mobiliers en place pour retenir ces premières impressions visuelles.

2Nous avons élaboré un cahier de fouille le plus complet possible afin de pouvoir y contenir tous les détails qui, aux yeux du fouilleur, caractérisent un objet archéologique reposant dans une couche. Le lecteur pourra constater en étudiant les diagrammes d’analyse des tessons que l’enregistrement des données a été conçu essentiellement en fonction des poteries. Au Bois‑du‑Mont, les céramiques représentent en effet la quasi‑totalité des objets façonnés. L’accent fut mis sur l’étude ethnographique du mobilier et, à ce sujet, que l’on ne s’étonne pas de la faiblesse des renseignements concernant la datation des documents recueillis. D’ailleurs les éléments situables dans une chronologie médiévale sont rares et nous ne pourrons que tenter (pour le Bois‑du‑Mont) de fixer les occupations dans une période aux limites assez incertaines.

3L’analyse des objets en association avec le contexte stratigraphique et structural va livrer en revanche une connaissance de l’organisation des séjours successifs. L’une des bases essentielles des interprétations est constituée par l’étude des fragmentations des vases. Depuis le début de la fouille, la recherche des liaisons brutes et leurs orientations avaient permis de définir des lignes directrices dans les occupations. Cependant l’élaboration d’un tableau des fragmentations progressives, associant des données telles que la longueur et l’orientation des liaisons, nous a conduit à la notion d’intensité d’occupation et a livré une chronologie relative de la dispersion des vases sur un même niveau.

4Afin d’éviter toute erreur d’analyse puis d’interprétation nous n’avons pas retenu dans notre recherche les tessons qui ne pouvaient être intégrés au remontage des vases. Nous verrons en effet que le rôle des liaisons et leur analyse sont déterminants dans la compréhension des occupations. Les tessons isolés ne livrent que des éléments épars qui provoqueraient peut‑être, si on les étudiait en parallèle avec les ensembles céramiques remontés, des erreurs dans les interprétations.

5Le fait, remarquable, qui caractérise en premier lieu le mobilier céramique est l’absence de vases complets dans la série des niveaux d’occupation. Le remontage des tessons nous livre des fragments dont la surface varie de 100 à 300 cm2 généralement (fig. 33, 34, 35). Toutefois il s’agit de fragments d’aspect massif. Leurs bords sont nets. Il est évident que ces ensembles ainsi reconstitués sont les résultats de fragmentations primaires ou secondaires d’un vase entier.

6Jusqu’à présent, nous n’avons pu avec certitude associer un tesson isolé (et par conséquent non rentable) à un fragment primaire. On peut considérer au stade de notre recherche que les fragments primaires représentent chacun la trace d’un vase entier sur le niveau d’occupation. Cette constatation ne peut nous permettre d’élaborer une interprétation plausible de l’origine exacte de ces fragmentations primaires. L’analyse des tessons, établie pour chacun d’entre eux afin d’éviter tout risque de subjectivité, peut cependant nous conduire à la compréhension de l’évolution des fragments après leur dépôt sur le sol d’occupation.

3.2. Vases céramiques

3.2.1. Répartition générale des tessons

7Dès l’abord, on ne peut penser à une distribution anarchique des objets sur le niveau d’occupation que la fouille révèle à un moment donné. Le rattachement des tessons à un nombre limité de fragments prouve qu’à un stade (à préciser) de l’occupation les gros fragments étaient intacts et situés dans la cavité. Il faut donc se représenter le mobilier non pas tel qu’il repose au stade de la fouille, mais tel qu’il était situé au moment où, pour la première fois, il est entré en contact avec le sol d’occupation. Un nombre plus ou moins grand de vases sur un niveau peut correspondre à une intensité variable de l’occupation selon la durée et le nombre d’occupants.

8Trente‑quatre ensembles de tessons ont été étudiés. Par convention nous appelons ces ensembles des vases bien que, nous l’avons vu, ils ne représentent qu’une petite partie de l’objet original. Ils sont répartis selon les couches suivantes :

couche 6 :

1

vase

couche 5 :

17

vases

couche 4 :

2

vases

couche 3 :

8

vases

couche 2 :

6

vases

total :

34

vases

9Il faut d’abord noter la richesse relative des couches cendreuses et la pauvreté des lits d’altérite. La couche 4 ne contient d’ailleurs pas à proprement parler des vases : c’est à son sommet que reposent les tessons, au contact donc de la couche 5 sus‑jacente. Considérons cependant la couche 4 en association avec ces tessons, puisque nous avons ainsi un premier stade d’occupation marqué par la dispersion d’un mobilier avant même le dépôt de la couche 5 qui, elle, matérialise la phase essentielle de l’occupation III. De même, c’est à 1 ou 2 cm au‑dessus de la couche 6 que furent découverts les tessons du vase 12, seul mobilier façonné témoignant de l’occupation IV. Toutefois la couche 6 est à associer au vase 12, comme le prouvent en particulier les coïncidences entre les caractères livrés par la microtopographie et la distribution des tessons.

10La couche 2 est marquée par un nombre assez élevé de vases. Nous savons qu’elle fait partie de l’occupation II. Cependant les vases ne gisent pas tous au sommet de la strate. Par conséquent, au cours de la formation de ce niveau le dépôt de vases semble avoir revêtu une relative continuité.

11Si le nombre de vases varie tout au long de la série stratigraphique, l’ordonnance spatiale indique des zones de répartition des éléments mobiliers marquées par des densités fort différentes. Dans l’occupation II, l’essentiel des vases se concentre dans l’ensemble de relation IV. Un second noyau de distribution apparaît dans l’ensemble d’occupation II. Mais son importance est réduite par rapport au premier. L’occupation III donne, elle, une image inversée de la distribution du mobilier céramique. L’ensemble II reçoit la quasi‑totalité des tessons de toute l’occupation. Quelques fragments isolés parsèment l’ensemble de relation IV, mais l’absence de remontage interdit toute étude approfondie.

12L’occupation IV, rappelons‑le, ne livre un mobilier céramique que dans l’ensemble d’occupation II. Ces disparités entre les niveaux d’occupation et au sein des couches elles‑mêmes ne sont pas liées à des différences fondamentales dans la nature des vases de la couche 1 à la couche 7.

3.2.2. Les dépôts sur tessons

13Au stade de la fouille de nombreux tessons apparaissent couverts d’un dépôt. Une couche noirâtre affecte la face externe des objets. Le problème est de savoir si ces dépôts coïncident avec la position du tesson sur la couche. Cette hypothèse ne semble pas devoir être retenue. Les vases 14 et 17, dont les tessons reposaient sur la face interne d’une manière générale (au contact donc de la couche cendreuse), sont caractérisés par un dépôt de suie sur leur face externe (sur laquelle s’étendait directement l’altérite). Les vases 5, 6 et 11, dont les tessons furent découverts dans la couche 3, cendreuse, sur face interne ou externe selon les cas, comportent, sur la face externe exclusivement, des dépôts de suie. Il apparaît très intéressant d’observer la répartition du dépôt sur l’étendue du vase. Il est visible sur la totalité de la surface des vases 5, 14 et 17. En revanche il est limité à la partie correspondant à la base des vases 1, 6, 11 et 15. Dans le cas des remontages 6 et 11, le dépôt ne s’élève guère au‑dessus de l’inflexion qui marque sa limite entre la panse et le fond des poteries.

14Si les dépôts se formaient après l’intégration de chaque tesson au sein de la couche noire, ils devraient affecter uniformément tous les fragments contenus dans la couche. Nous pouvons donc considérer que les vases étudiés étaient, avant leur fragmentation, recouverts sur leur partie basse par un dépôt noir, totalement indépendant des couches cendreuses où on les retrouve. Force est de constater que ce processus de recouvrement résulte d’une utilisation donnée des vases alors qu’ils étaient entiers. Seul un passage sur le feu peut expliquer l’existence de suie sur le fond des vases. Il reste néanmoins à déterminer si le foyer s’établissait à l’intérieur de la cavité ou à l’extérieur, et si la fragmentation primaire des vases est due à l’utilisation sur un feu.

15On trouve un second type de dépôt revêtant la face interne des tessons. Les vases présentant ce caractère sont rares, mais ils conduisent cependant à une notation particulière. Le vase 21 possède ainsi un dépôt noirâtre ; or il ne repose pas dans un niveau cendreux. De plus trois tessons reposent sur leur face interne, trois sur leur face externe. Tous ont un dépôt sur la même face. Les vases 6 et 11 ont un point commun : le dépôt interne concerne la partie basse de la panse et le fond. Il faut là encore attribuer ces dépôts à l’utilisation des récipents intacts. On peut penser que les vases ayant un dépôt interne contenaient, au moment de la cassure primaire, des produits.

16Nous pouvons donc, d’après ces caractéristiques des vases, distinguer plusieurs types d’utilisation. Les vases allant au feu gardent de cet usage un dépôt plus ou moins épais de suie (vases 1, 5, 6, 11, 14, 15, 17...). Parmi ces vases quelques‑uns gardent des traces des produits qu’ils contenaient. Il ne s’agit probablement pas de graines à l’état sec : elles ne seraient pas restées fixées sur les fragments lors de la fracturation des pots. On peut penser plutôt à des préparations culinaires : bouillies, soupes... Plusieurs vases, de l’occupation I à l’occupation IV, ne portent aucun dépôt externe (vases 12, 16, 21, 23, 41, 42...). Rares sont les vases de cette catégorie témoignant d’un dépôt interne. Nous pouvons penser que ces récipients renfermaient des produits non cuits, secs (graines, racines, herbes séchées) et qu’ils n’allaient pas au feu. Ces produits n’adhéraient pas aux parois des récipients et n’ont laissé aucune trace. Il se peut aussi que certains vases aient contenu des liquides (de l’eau par exemple). Il ne faut cependant pas instaurer une ségrégation hâtive entre les vases ! Les traces de suie ou de dépôts internes ont pu parfois disparaître.

17Une répartition en plan des vases ne donne pas une interprétation de leur situation d’après l’existence des dépôts constatés au niveau de la fouille. Dans les couches de l’occupation II les vases 5, 6 et 11, à dépôts externe et interne, sont associés à un ensemble de relations. Dans l’occupation III, l’espace d’accumulation au pied de l’accès Il contient à la fois un vase sans dépôt et des vases à dépôts. Il apparaît donc que les vases, tels qu’ils ont été découverts lors de la fouille, ne reposent pas à leur emplacement d’origine. Les fig. 36 à 40 montrent l’évolution probable des fragments remontés. Elles donnent une image, certes insuffisante encore, du déplacement des tessons à partir du point d’origine.

18Au sein de cette population de vases à dépôt ou sans dépôt nous devons isoler le vase qui regroupe les fragments 4 et 44. Ce vase à couverte vernissée paraît avoir connu un usage différent de celui des autres récipients. Ses dimensions restreintes, sa qualité de fabrication en font un objet qui n’allait pas au feu, mais qui devait recevoir un liquide (fig. 41).

19D’ores et déjà transparaît le caractère utilitaire de l’ensemble du mobilier céramique. La fig. 42 exprime plus complètement les aspects morphologiques des céramiques les plus importantes.

3.2.3. L’évolution fragmentaire des vases

3.2.3.1. Généralités

20Le comportement des tessons sur les sols d’occupation peut éclairer certains points de l’étude. D’une manière générale, il faut remarquer l’existence de tous les vases sous la forme de tessons de faible dimension et souvent séparés les uns des autres par des distances variant entre 30 et 100 cm. Cette vision générale doit cependant être nuancée lorsqu’on étudie la répartition des objets selon les aménagements propres à chaque occupation (fig. 43). Les espaces d’accumulation contiennent des vases dont les fragments sont proches les uns des autres : vases 14 et 15 par exemple. Le vase 16 livre d’ailleurs aux fouilleurs ses tessons en connexion directe. Les aires de passage sont caractérisées par un fréquent éloignement des tessons les uns des autres : vases 11 et 12.

21Au stade de la fouille pourtant les tessons ont la même apparence, qu’ils reposent dans les espaces d’accumulation ou sur les aires de passage. Les formes peuvent être grossièrement carrées ou rectangulaires, triangulaires aussi. De nombreux fragments ont l’aspect de polygones irréguliers. L’analyse détaillée montre que cette dernière caractéristique est particulièrement évidente dans le cas des vases 21 et 5. Il semble d’ailleurs que les vases à pâte dure apparaissent ainsi. En effet, la forme polygonale se retrouve dans la mesure où un vase a été ébréché peu à peu sur les bords, sans être brisé en deux par une seule pression. Il faut tenir compte dans l’étude de la dureté du vase, de son épaisseur et du contexte ethnologique. A ce propos, un problème surgit, qui affecte les vases 5, 6, 11 et, dans une plus faible mesure, les vases 12, 14 et 17. Il s’agit de l’absence de certains tessons, créant ainsi des vides lors du remontage des vases. On peut toujours invoquer une baisse de l’attention du fouilleur, une lacune dans l’organisation du travail de relevé et de tamisage ; cependant les mesures de sécurité employées au Bois‑du‑Mont pour l’élaboration du système d’exploitation des documents de fouille, si elles peuvent laisser filtrer une part minime du mobilier, ne sont pas à l’origine d’une telle perte en tessons.

22Nous pouvons penser que trois raisons essentielles concourent à expliquer l’absence de certains tessons dans les vases reconstitués. Tout d’abord, la zone non fouillée à l’est de l’accès IV peut livrer des tessons s’ajoutant au remontage des vases de l’occupation II : 5, 6 et 11 essentiellement. Il faut ensuite remarquer que sur un sol dur certains tessons ont pu être réduits en fragments minuscules et peu décelables lors de la fouille : le vase 11 est un exemple possible de cette hypothèse. Les tessons qui en constituent le fond apparaissent friables et sont souvent de très petites dimensions. On voit que les éléments manquants ne peuvent être que très limités en surface. Enfin, au stade de la recherche sur l’organisation de la vie dans la cavité, on peut évoquer un nettoyage d’un niveau d’occupation qui enlèverait des fragments (de dimensions essentiellement faibles). Il faut d’ailleurs ajouter que le fragment primaire doit subir une évolution fragmentaire alors que les tessons qui forment le reste du vase ont été enlevés, à moins que le phénomène inverse ne se produise, à savoir que le fragment retrouvé dispersé sur la couche n’ait été transporté sur une distance plus ou moins grande du lieu de fracture du vase.

23L’étude des cassures des vases remontés donne des indications sur leur comportement avant les fragmentations postérieures. Cependant cette constatation ne nous apprend pas si le vase fut cassé sur place ou en un autre endroit. Le fait qu’il n’existe d’une manière générale aucun tesson à proximité appartenant au vase originel et non associable au remontage montre que la fragmentation primaire n’a pas dû avoir lieu sur place. Le vase 17, de l’occupation II, est par contre lié à d’autres ensembles proches qui traduisent ainsi la zone (au nord‑ouest de l’espace réservé, dans l’ensemble II) sur laquelle fut brisé le vase originel dont ils sont les vestiges.

3.2.3.2. L’usure

24Il est utile de prolonger l’étude des cassures par l’analyse de leur usure au niveau de tous les tessons. L’usure des fragments de poterie tient compte d’une série de facteurs très divers que nous avons envisagés également lors de l’étude des formes :

  • dureté de la pâte ;

  • dureté du sol dans lequel ils reposent ;

  • intensité des pressions exercées sur les tessons, ou des poussées qu’ils subissent et qui provoquent un déplacement plus ou moins éloigné de leur position originelle par rapport à leur situation au moment de la fouille ;

  • leur répartition dans le contexte ethnograhique.

25On remarque au Bois‑du‑Mont l’absence de tessons particulièrement usés dans les niveaux d’occupation. Il arrive que des fragments montrent des cassures très émoussées. Ils ne sont pas remontables avec les autres tessons et son’ associés dans leur provenance aux nombreux objets souvent recueillis dans les niveaux de remplissage du souterrain, postérieurs aux occupations. Il s’agit vraisemblablement de tessons émoussés par leur séjour à la surface du sol ou à une faible profondeur. Les tessons des vases remontés révèlent une usure différentielle à l’intérieur d’un même ensemble. Il faut pour cela situer dans l’évolution fragmentaire le comportement de chacun des éléments du vase considéré. Sur les aires de passage les tessons ne paraissent cependant pas plus usés que ceux reposant sur les marges. On se rend compte toutefois que l’émoussé des tessons quels qu’ils soient n’atteint dans son intensité jamais celui des fragments découverts dans les niveaux de remblais, volontaires ou naturels.

26La cuisson des vases donne une pâte qui n’est jamais très friable et qui résiste donc à la poussée, phénomène essentiel dans l’usure des tessons dû au passage de l’homme dans la cavité. Le faible poids des fragments (qui diminue constamment au fur et à mesure que l’occupation s’écoule) a pour conséquence des frottements de faible intensité sur la couche d’occupation, quelle soit dure en surface ou tendre. Cependant le vase 11 a livré des tessons fragiles : ils avaient subi l’action du feu. D’ailleurs les couches sombres qui accueillent la plus grande partie des éléments céramiques sont plus tendres que les lits d’altérite.

27Il va de soi que la durée de l’occupation influe considérablement sur l’usure des tessons. Plus exactement on peut établir qu’au sein d’une occupation donnée l’évolution des vases brisés dès le début du séjour ou plus tardivement paraît spécifique. Il ne faut pas passer sous silence le rôle important de la fragmentation progressive. Dans la mesure où, sur le niveau d’occupation, des tessons subissent des fracturations successives (vases 5,6 et 11...), ils présentent toujours à l’observateur des cassures à arêtes vives provenant d’une fragmentation proche de l’arrêt de l’évolution des vases considérés. On aboutit ainsi à la constatation paradoxale selon laquelle plus un tesson est piétiné et brisé plus il présente quant à l’aspect de ses cassures un caractère de jeunesse ! Les fragments à bords émoussés ont donc été simplement poussés par les pieds sans connaître de fractures ultérieures. On voit que la probabilité d’obtenir un très fort pourcentage de tessons usés sur une aire de passage est faible. Cette usure ne peut concerner d’ailleurs que les arêtes elles‑mêmes. Si une pression s’exerce non plus latéralement, mais de haut en bas, même tout près d’un bord du fragment, il n’y a plus usure mais cassure.

3.2.3.3. Les données numériques

28L’intensité du piétinement se traduit également dans l’évolution de la surface et du rapport longueur/largeur des tessons (fig. 44). Ces dimensions sont d’ailleurs fonction des mêmes données qui président à la fragmentation des vases. On peut dire qu’il est extrêmement délicat d’établir un diagramme général étudiant les dimensions des fragments et leur rapport avec le contexte archéologique. Chaque tesson se trouve en effet soumis aux conditions spécifiques de la portion du sol d’occupation sur laquelle il repose et de la structure de la pâte qui le caractérise dans la partie du vase auquel il appartient.

29Selon l’état de dureté du sol d’occupation la résistance de la céramique à la fracture par pression varie dans de larges proportions. Dans les couches noires les tessons s’enfoncent, alors qu’ils restent au sommet des couches d’altérite. Nous avons pu établir que les zones de résistance des vases provoquent des fractures mettant en relief la solidité relative des cols, des lèvres et des inflexions. Ces modalités s’atténuent au cours du déroulement de l’occupation. Dans le remontage des vases 6 et 11, on constate que les premières phases de fragmentation respectent l’inflexion entre panse et fond.

30Théoriquement on peut considérer que la résistance même de la pâte du vase, variant essentiellement selon la température de cuisson, sa structure et son épaisseur, conduit à un amenuisement différentiel de la surface des tessons. La pratique contredit cette estimation. Le vase 5 est autant fragmenté que le vase 6, pourtant il est plus épais et aussi plus résistant. Ce sont les conditions mêmes des déplacements qui sont à l’origine de ce comportement. On saisit cependant d’une manière générale que les passages sont les zones où les tessons ont de petites surfaces (moins de 8 cm2 souvent) et des rapports longueur/largeur très faibles (moins de 1,5), leur donnant un aspect massif. En somme l’intensité des occupations arrive là encore à réduire les inégalités dépendant à l’origine de l’épaisseur et de la dureté propres à chacun des vases.

31Les plans d’objets montrent ainsi que les vases dispersés sur une grande étendue ont des tessons de faibles dimensions et que les vases dont la zone de dispersion est limitée ont gardé des tessons de grandes dimensions. Le premier groupe de vases est lié aux aires de passage (vases 5, 6 et 11), alors que le second groupe caractérise les espaces d’accumulation (vases 14, 15...). On observe alors que les espaces et les aires sont délimités par la dispersion des vases et que ces distinctions correspondent à celles établies lors de l’analyse microtopographique.

32Les analyses de chacun des vases importants permettent de saisir le lien entre les fragmentations, les dimensions des tessons et le contexte ethnologique. On déduit ainsi, fait important pour l’interprétation, une chronologie relative du dépôt des vases sur les différents niveaux d’occupation ; et surtout nous apparaissent des aspects de l’organisation de la vie dans la cavité qui ne peuvent être mis en lumière que par l’étude combinée des données propres à chaque tesson.

3.3. Les fusaïoles et les disques

33On ne peut dissocier la distribution des fusaïoles de celle des disques découverts dans la cavité. Voici d’abord leur répartition stratigraphique :

  • deux fusaïoles en plomb découvertes dans la couche 3 ;

  • un disque céramique dans la couche ;

  • une fusaïole en plomb dans la couche 4 ;

  • un disque et une fusaïole en terre parmi les remblais de la portion de cavité située au sud de l’accès I (élément 2).

34Trois de ces objets furent découverts dans l’ensemble II et un dans l’ensemble IV. Deux d’entre eux reposaient au sein d’une structure de relation. Le faible nombre d’objets de ce type doit nous interdire une interprétation stratigraphique trop absolue. On ne peut, en l’état actuel de la recherche, établir que des remarques convergeant vers les hypothèses acquises sur l’occupation. La situation originelle du disque et de la fusaïole de l’élément 2 ne sera jamais connue. Ces documents peuvent être considérés comme se trouvant déjà mêlés aux éléments choisis pour combler la structure 2. En fait on a là des matériaux issus du creusement qui furent remployés très rapidement. Les terres d’alentour furent également utilisées au cours du remblayage.

35Nous associons par leur forme voisine la fusaïole et le disque découverts dans les niveaux archéologiques, à l’intérieur de la cavité. Nous avons longtemps cherché une hypothèse expliquant le rôle qu’a pu tenir le disque. En fait sa découverte associée à celle de la fusaïole nous a incité à ne pas isoler cet objet de son contexte mobilier général, mais au contraire à le situer dans un même cadre d’utilisation. Le disque de l’élément2possède une ébauche de percement au centre d’une de ces faces. Or, nous avons souvent reconnu dans des sites médiévaux, gallo‑romains ou protohistorique, des fusaïoles qui sont en fait de simples fragments d’un récipient quelconque, que l’on a grossièrement ou finement arrondis, et percés de trous. On peut donc déterminer une liaison entre les disques de céramique, avec une ébauche de percement et perforés. On nous objectera que la fabrication des fusaïoles était conduite en dehors de toute récupération de fragments de vases brisés dans bien des cas. Certes, on se rend compte dans les fouilles que l’on fabriquait de tels objets : les fusaïoles en plomb en sont la preuve.

36Il n’est pas prouvé actuellement que dans les cavités les fusaïoles aient toutes été associées aux travaux de filage. Les interprétations de ces objets ont toujours été établies sans la connaissance approfondie du contexte dans lequel ils étaient découverts. Par conséquent, jusqu’à l’apparition d’éléments nouveaux, nous n’imposerons pas une hypothèse stricte. Cependant la position des fusaïoles dans les espaces réservés semble lier ces objets à des activités s’intégrant à la vie dans le souterrain.

37S’il est remarquable de constater alors que ces éléments mobiliers sont, soit directement associés à un espace réservé, soit répartis dans des zones proches de cet espace (les causes de cette dispersion peuvent être l’abandon, le déplacement des occupants de la cavité), il apparaît plus problématique de saisir les raisons de la distribution des objets dans l’élément 2. Elles semblent nombreuses mais on peut isoler les plus plausibles. D’abord, elles sont peut‑être les témoins d’une occupation extérieure établie à proximité immédiate de la cavité. Ensuite, il est possible que la terre contenant ces éléments ait été prélevée dans une zone d’habitat ainsi définie.

38Nous ne nous écartons pas, on le voit, du rôle utilitaire donné au mobilier en général et qui participe à déterminer les séjours à l’intérieur du souterrain, lié à un habitat externe situé à peu de distance de la cavité.

3.4. Les lissoirs

39Deux lissoirs ont été découverts dans l’ensemble d’occupation Il. L’un d’eux, un galet de quartz, est contemporain de l’occupation II, reposant dans la couche 2. Le second lissoir, en grès très fin, appartient, comme le premier, à l’occupation II, mais il est associé à la couche 3. Le galet, à plat sur la couche, a été déposé volontairement dans la cavité. Le contexte géologique interdit la présence à l’état naturel d’un tel objet dans les terres avoisinant le gisement. De plus, la découverte à la surface du galet de fines traces nous a conduit à comparer sa fonction à celle du lissoir en grès, où les traces d’usure sont très nettes. La présence de ces deux objets, éminemment utilitaires, s’insère tout normalement dans le contexte archéologique général de la cavité.

3.5. Les vestiges ferreux

40Les rares éléments métalliques découverts dans les couches d’occupation ne sont pas identifiables. Deux d’entre eux furent dégagés dans le renfoncement 5, dans l’élément B. il est logique que les éléments en fer aient été utilisés dans le souterrain puisque ces vestiges en sont la preuve. Toutefois la mauvaise conservation du mobilier métallique nous empêche aujourd’hui d’en saisir la signification exacte.

3.6. Les éléments lithiques divers

41Il est toujours très délicat d’analyser les documents lithiques que livre la fouille. On peut les inclure, en effet, dans l’étude structurale s’ils participent à l’élaboration du cadre général des occupations (c’est le cas des murets associés aux accès). On les analyse aussi au sein de l’étude stratigraphique : il s’agit par exemple des structures de situation. Enfin bien des éléments du mobilier lithique sont à considérer dans le cadre de l’analyse du mobilier : citons par exemple les lissoirs précédemment décrits.

42Dans la série stratigraphique du Bois‑du‑Mont tous les blocs ont été relevés en plan, couche par couche, stéréophotographiés quand cela était possible. Si l’on excepte donc les murets de pierres sèches et les lissoirs nous incluons dans cette étude tous les éléments lithiques découverts en stratigraphie. Nous allons saisir quatre ensembles de témoins lithiques selon leur association au contexte :

  • les éléments lithiques associés à l’architecture ;

  • les éléments lithiques liés à la stratigraphie ;

  • les éléments lithiques non organisés ;

  • les blocs de quartz.

3.6.1. Les éléments lithiques associés à l’architecture

43Ces témoins sont tardifs, ils apparaissent dans le niveau de l’occupation IV. Dans l’ensemble d’occupation II ont été découvertes deux pierres de grandes dimensions. La première était située entre les renfoncements 22 et 23. Sa base reposait sur le sommet de la couche 6, qui marque le dépôt d’altérite. Le second bloc, de dimensions plus réduites, gisait près du passage H, à proximité du côté sud de l’élément B. Alors que le premier bloc est caractérisé par sa position au centre même de l’axe de passage, le second diffère par sa position marginale. L’occupation IV est la seule période d’activité dans la cavité où se retrouvent des pierres aussi grosses. Leur venue dans l’ensemble II ne peut être que volontaire. Les occupants ont eu besoin de ces blocs lors d’une seule occupation. Cette nécessité paraîtrait étrangement spécifique si l’on ne cherchait pas à associer à l’exist6nce des pierres le contexte architecturai. Au stade de l’occupation IV on ne compte plus d’aire de stationnement (voir l’analyse stratigraphique chapitre 2). Le bloc entre les renfoncements 22 et 23, s’il était un siège, rétablirait l’organisation normale des espaces et des aires dans la cavité, au sein de laquelle les éléments structuraux ayant une telle fonction ont été fossilisés par le remplissage. Le second bloc semble d’interprétation plus délicate. A‑t‑il une relation avec le passage H ? Sa position au moment de la fouille rend difficile toute association à une aire de stationnement. Une plus grande richesse du niveau d’occupation IV en mobilier aurait peut‑être permis d’aboutir à une compréhension plus aisée du rôle qu’ont joué les blocs.

3.6.2. Les éléments lithiques liés à la stratigraphie

  • 1 Il s’agit de l’ensemble II. Il n’existe aucune structure de situation dans l’ensemble écarté III.

44Dès l’occupation II les hommes du Moyen Age ont aménagé une « structure de situation » dans l’ensemble d’occupation interne1. Ils ont préparé entre les renfoncements 22 et 23 une surface pavée de blocs. A l’est, elle est compacte au niveau des extrémités orientales des deux éléments ; puis elle devient de plus en plus diffuse au fur et à mesure que l’on se rapproche du passage I. Il semble que les pierres ainsi dispersées soient le résultat d’une séparation progressive d’avec l’ensemble de la structure de situation.

45Il est à noter que, à la base des renfoncements, des espaces libres existent, les seuls de toute structure étudiée. Nous devons associer ces zones étroites à la fonction des renfoncements, définie lors de l’étude stratigraphique. Ces renfoncements, nous l’avons vu, dominent la base de l’élément B de telle façon que l’on peut s’asseoir aisément. Si l’on ajoutait la hauteur de pierre, la position assise ne serait plus aussi confortable. Il se peut d’ailleurs que les occupants, après avoir réparti les pierres, même au pied des renfoncements, aient, par expérience, modifié dans ces zones précises la structure de situation. Il faut donc considérer ce lit de blocs comme un élément contribuant à l’aménagement du sol d’occupation contemporain du second séjour.

3.6.3. Les éléments lithiques non organisés

46Des blocs isolés apparaissent ça et là dans les couches d’occupation de la cavité. Dès la couche 1, on remarque deux zones où les pierres sont particulièrement nombreuses (par rapport à l’ensemble des couches). Dans le passage A et à la base du renfoncement II, nous avons prélevé des blocs de faibles dimensions, n’excédant que rarement 5 cm. De même, au pied du passage vers l’extérieur de l’ensemble IV (accès IV) des blocs semblables furent découverts. Nous pouvons associer la présence de ces groupes lithiques à la proximité d’un accès vers l’extérieur de la cavité. En effet, ces pierres, par leurs dimensions, correspondent à l’aspect général des blocs que l’on découvre dans le terrain avoisinant. On peut donc les considérer comme un dépôt normal : n’oublions pas que la couche 1 fut composée en partie de matériaux exogènes répartis par les hommes à la base des couloirs et des salles. En revanche, il paraît plus difficile de trouver une raison précise expliquant la présence dans les couches 3 et 5 de blocs de dimensions variant entre 5 et 12 cm de longueur. Ces pierres reposent dans les renfoncements 22 et 23, et en bordure (sud et nord) du grand élément B. Nous ne pouvons dire si ces blocs sont les vestiges d’amas organisés ayant été utilisés au cours des occupations ou s’ils proviennent naturellement de l’extérieur de la cavité. La destinée de ces pierres au terme de leur utilisation est en revanche aisément perceptible : on les retrouve dans les renfoncements devenus espaces d’accumulation où ils ont été repoussés. Il se pourrait aussi qu’on les ait abandonnées dans l’élément B où le déplacement des occupants a pu provoquer leur distribution marginale.

47Deux amas lithiques découverts dans la cavité posent des problèmes d’interprétation ardus. L’amas de l’ensemble est composé d’un empilement de gros blocs traversant la série stratigraphique cendreuse et altéritique, contre le côté nord du passage A, à l’est du renfoncement 8. En somme, cet amas est opposé au relief 12. La zone dans laquelle il se trouve étant parcourue par des galeries de rongeurs, nous ne pouvons nous risquer à établir des bases stratigraphiques solides qui dateraient le dépôt de blocs.

48A la base de l’accès III, dans l’ensemble écarté, on note une accumulation de pierres de toutes dimensions se prolongeant à l’est au droit du renfoncement 41. Une hypothèse rapide (et très plausible) expliquerait aisément sa présence. Lors de l’édification du muret de pierres sèches condamnant l’accès, un certain nombre de blocs ont pu tomber et n’ont pas été récupérés. Par là même leur présence provoque une gêne dans l’aménagement de l’ensemble écarté. Il nous faut peut‑être penser à une utilisation des éléments lithiques en vue de l’élaboration d’une structure au sein de cet ensemble.

3.6.4. Les blocs de quartz

49Au cours de la fouille des blocs de quartz ont été découverts dans la série stratigraphique. Ils sont d’origine extérieure à la cavité. On ne retrouve en aucun endroit du souterrain des roches en place laissant apparaître des filons de quartz. Les dimensions de ces blocs sont semblables à celles des autres éléments lithiques.

50Trois galets, dont deux absolument intacts, ont été découverts lors des travaux. Nous avons analysé l’un d’entre eux : il s’agit d’un lissoir.

51Le second galet reposait, entier, dans l’élément 2. Quant au troisième, brisé, nous n’en avons trouvé qu’une partie dans le comblement naturel du passage A. Les deux derniers objets ne semblent pas avoir été formés par l’érosion fluviale. Ils donnent plutôt l’impression de blocs usés à la surface du sol. La faible quantité des blocs de quartz paraît tout à fait concorder avec la densité de ces éléments dans le terrain avoisinant le gisement.

52De nombreux auteurs estimaient que le rôle des galets de quartz dans les souterrains était symbolique. Il s’agirait d’abord de préciser la signification de tels symboles. faudrait ensuite pouvoir les intégrer au contexte archéologique, tel qu’il participe à leur interprétation. Là encore l’analyse archéologique trouve logique leur présence au Bois‑du‑Mont. D’ailleurs la plupart de ces blocs se rencontrent dans le remplissage postérieur aux occupations.

3.7. L’absence de mobilier organique

53Si l’on excepte les couches cendreuses, aucun document archéologique d’origine organique ne nous est parvenu. Il s’agit là d’une situation à peu près générale, caractérisant les sites archéologiques limousins. Le milieu pédologique et géologique, acide, détruit rapidement les organismes morts. Ainsi des informations sur le mobilier osseux nous manquent pour tenter d’apprécier quelques éléments de l’alimentation des hommes. Une recherche en laboratoire portant sur les échantillons des différentes couches archéologiques pourrait apporter des connaissances sur la micro‑faune et, par le biais de l’étude palynologique, des informations sur la végétation et les cultures environnantes.

3.8. Conclusion

54Par l’analyse du mobilier nous avons la vision d’une utilisation pratique de la cavité. La vaisselle est usuelle, sa distribution participe à la compréhension de l’organisation de la vie dans le souterrain, une vie qui a laissé des traces d’activités sûrement banales, comme en témoignent les fusaïoles et les lissoirs.

Annexes

Figure 33
Remontage des vases 23, 21 et 11

Vase 23 (a). Il faut remarquer la brièveté de l’évolution fragmentaire, dépendante du contexte stratigraphique dans lequel est situé le vase. La couche 2 qui le contient ne fut utilisée que peu de temps comme support des déplacements et des activités : elle fut recouverte rapidement par la couche 3, cendreuse, sur laquelle s’est déroulée l’occupation II. La position marginale du vase ajoute une part importante à l’explication de sa faible répartition et de l’existence du gros fragment central.

Vase 21 (b). Ce vase reposait dans la couche 2, en position marginale par rapport à l’aire de passage, dans l’ensemble Il. La pâte qui compose le vase est très dure : nous lui trouvons par ce caractère une similitude avec le vase 1. L’absence totale de traces de tournage, la planéité du fragment étudié, révèlent qu’il s’agit d’une partie du fond d’un vase. La face externe est recouverte de suie. Parmi les caractères propres à la vaisselle allant au feu, il est habituel de noter des fonds bombés dont la résistance à la chaleur paraît plus grande qu’un fond plat : le haut degré de cuisson du vase 21 permet peut‑être d’expliquer cette anomalie apparente. Il faut remarquer aussi, dans l’étude de la fragmentation au cours de l’occupation, la formation d’un schéma de cassures périphériques correspondant à notre avis à une position mixte du fragment primaire au sein de l’organisation des espaces et des aires. Le vase occupe un emplacement au contact d’une aire de passage et de sa marge : il est ainsi peu à peu ébréché au cours des déplacements des occupants de la cavité, sans être jamais franchement écrasé.

Vase 11 (c). Ce vase est remarquable par les apports qu’il a livrés à la compréhension de l’organisation du site. Les caractères de sa répartition ont été analysés. L’aspect du vase mérite une attention particulière. Il faut d’abord noter les éléments archaïques qui le définissent. La pâte n’a pas subi une cuisson élevée. La paroi interne est poreuse. La fabrication a laissé des traces de modelage très nettes, apparaissant sur la face interne. La face externe livre des discontinuités du relief, toutefois moins marquées que celles constatées sur la face interne. L’inflexion entre la panse et le fond détermine un bombement de ce dernier. Il faut associer ce caractère au dépôt de suie sur la face externe du vase. Il s’agit en fait d’un récipient allant au feu. Les traces de suie sont indépendantes du contexte stratigraphique cendreux. Le feu de cuisson a d’ailleurs rendu plus friable la pâte constituant les tessons du fond, dont les cassures apparaissent souvent marquées par des écaillures. Il est fort possible d’ailleurs que les espaces vides constatés lors du remontage correspondent à des tessons réduits en poussière au cours des déplacements. L’existence de dépôts sur la face interne du vase traduit la présence d’aliments adhérant aux parois du vase au moment de sa fragmentation primaire. Il ne s’agit probablement pas de graines ni d’autres particules qui se seraient séparées très rapidement du vase brisé, mais peut‑être de restes de bouillie ou de soupe.

• Fig. 33 – Remontage des vases –a. Vase 23 –b. Vase 21 –c. Vase 11. (Ech. = 5 cm).

Figure 34
Remontage des vases 14, 15 et 16

L’étude groupée de ces vases est rendue logique par un certain nombre d’éléments communs les caractérisant. Il faut d’abord noter l’aspect très rudimentaire de leur facture. Les parois internes portent des traces de modelage et offrent ainsi une surface très irrégulière. Le lissage de la face externe est peu prononcé, sauf pour le vase 16. Ce fragment, formé de tessons en connexion, livre une face légèrement brillante, traduisant un traitement de la surface exceptionnel dans l’ensemble du mobilier de la cavité. La pâte de ces poteries, peu cuite et contenant de gros dégraissant quartzeux, est friable. Si elle ne gêne pas le travail de remontage, elle provoque toutefois l’apparition d’espaces nettement perceptibles entre les tessons. De plus le frottement créé lors de la dispersion éventuelle des fragments, au cours des déplacements des occupants dans la cavité, a pu avoir pour résultat un émoussé affectant la bordure des tessons. Le vase 14 en donne des exemples. Le vase 16 dont les tessons étaient en connexion a permis aux fouilleurs de constater l’existence de particules (dégraissants, écaillures, poussières provenant de la pâte) détachées des tessons et reposant sur la couche d’occupation. Le dépôt de suie est particulièrement visible sur le vase 14 : il est, dans une moindre mesure, visible sur le vase 15. L’existence de gros tessons montre le caractère marginal du dépôt des vases par rapport à l’aire de passage : ils sont essentiellement liés à l’espace d’accumulation situé au pied de l’accès II. Seule l’allure générale du vase 15 est décelable. La lèvre n’a pas été retrouvée, elle devait être perpendiculaire au corps du vase à son contact avec elle. Le vase paraît ne pas avoir comporté une inflexion panse‑fond, lequel fond serait plutôt bombé.

• Fig. 34 – Remontage des vases –a. Vase 14–bVase 15 c. Vase 16. (Ech. = 5 cm).

Figure 35
Remontage des vases 5, 6, 1 et 17

Vase 5 (a). On a pu constater combien l’analyse du vase 5 a été précieuse dans l’appréhension des déplacements humains lors de la fin de l’occupation II. On remarque l’amenuisement du bloc central au cours de l’évolution fragmentaire. Nous pensons (comme pour le vase 21) qu’il traduit une position marginale de l’ensemble ainsi ébréché. Pourtant les tessons reposent essentiellement au centre de l’aire de passage, mais ils furent brisés alors que l’occupation tirait à sa fin : les déplacements vers l’ensemble écarté étaient devenus inexistants. L’aire de passage au nord de l’accès IV prit l’allure d’une zone marginale. Le fragment étudié, épais, formé d’une pâte très cuite, très dure également, ne peut permettre la reconstitution de l’aspect du vase originel. Il est cependant le témoin d’un vase supplémentaire de l’occupation Il.

Vase 6 (b). Ce vase est, avec le vase 17, d’une élaboration plus soignée que les autres éléments céramiques témoins de l’occupation II. Les traces de tournage sont très visibles, particulièrement sur la paroi interne. La cuisson, plus forte que dans le cas du vase 11, a pour conséquences l’absence de cassures friables et la formation de tessons aux bordures non émoussées. Le dégraissant quartzeux apparaît parfois sous l’aspect de particules de dimensions supérieures à deux millimètres. L’utilisation du vase 6 semble avoir été très proche de celle du vase 11 : l’inflexion entre la panse et le fond, le dépôt de suie sur la face externe des tessons, les traces de particules subsistant sur la paroi interne du fond évoquent l’image d’un vase dans lequel des aliments ont cuit. Une partie de la pâte a acquis par la cuisson lors des utilisations une couleur brun rougeâtre, alors que la panse conserve sa couleur, d’un gris‑bleu. Tout porte à penser que le fond fut modelé d’une manière différente de la panse. Si, dans le cas du vase 11, l’inflexion fond‑panse est marquée par un apport de pâte « soudant » ainsi ces deux parties de la poterie, il semble que le vase 6 n’ait pas connu une telle adjonction. Notons l’amincissement de la paroi vers le haut de la panse. L’utilisation du vase 6 au cours de l’occupation II est à associer à la partie orientale de la cavité. Les tessons absents du vase remonté gisent peut‑être dans cette zone, à moins qu’un balayage sommaire ne les ait emportés.

Vase 1 (c). Dans l’ensemble II, le vase 1 était en position marginale par rapport à l’aire de passage, au pied du renfoncement 8. Ce vase a gardé, à cause de ses caractéristiques, deux tessons de grandes dimensions. Ces fragments étaient d’ailleurs en connexion au stade de la fouille. La pâte, très dure, est grise : la fabrication au tour est évidente. Les cassures, aux arêtes particulièrement aiguës, traduisent une absence de frottements sur le sol d’occupation. Le dégraissant, quartzeux, est parfois assez gros. Le dépôt de suie recouvre tous les tessons sur leur face externe. Nous ne décelons pas de traces d’inflexion : de même nous ne constatons pas le moindre dépôt sur la face interne du vase, pourtant ce récipient semble avoir été utilisé pour la cuisson.

Vase 17 (d). Dans l’ensemble II, le vase 17, est lié à la fin de l’occupation II. On peut d’ailleurs l’associer, par l’aspect tardif de son évolution, au vase 5. La poterie 17 a été très rapidement brisée par les déplacements des hommes : sa dureté ne peut compenser sa faible épaisseur. Cependant, l’arrêt de l’occupation a évité une plus grande dispersion des tessons et une évolution fragmentaire tendant vers une multiplication des fractures. Les traces de fabrication au tour sont surtout visibles sur la face interne du récipient. Le dépôt de suie sur la face externe des tessons annonce la destination du vase. Le fragment remonté interdit, par l’absence de repères précis (inflexion, col, lèvre), toute reconstitution du vase originel.

• Fig. 35 – Remontage des vases – a. Vase 5 – b. Vase 6 – c. Vase 1 – d. Vase 17. (Ech. = 5 cm).

Figure 36
Répartition du vase 11

Si la répartition générale des vases au cours des occupations donne des indications sur leur nature et leur intensité, il manque une analyse de détail qui place chronologiquement les vases, les uns par rapport aux autres d’une part, et les situe dans le déroulement des occupations d’autre part. Notre méthodologie d’analyse des vases, associant les caractères propres à chaque tesson et sa position dans la fragmentation du vase doit permettre de transmettre sur un plan une évolution des vases, et par là‑même de situer les phases successives d’une occupation. Le principe est de restituer sur un plan, où sont représentés les emplacements des tessons trouvés dans la fouille, les phases de fragmentation d’un vase donné.

Le vase 11, dans l’occupation II, est réparti sur une douzaine de mètres de longueur. Sa répartition, essentiellement dans l’ensemble de relation III, dessine une bande longue et étroite. Les phases de fragmentation, symbolisées par des traits qui unissent les tessons concernés, montrent une concordance très nette entre les relations des fragments et le cadre architecturai dans lequel elles évoluent.

La phase 1 paraît s’être déroulée à l’ouest du point médian de la zone de répartition du vase. Dès lors, la fragmentation d’un bloc isolé en phase 2 va évoluer à l’ouest de la zone d’extension du vase 11. En particulier, les fragmentations qui se déroulent dans l’occupation II appartiennent à ce bloc isolé en phase 2.

La plus grande partie des tessons est comprise dans le deuxième bloc, le plus important, déterminé en phase 2. Son évolution est associée à la région médiane et à l’extrémité orientale de la zone de répartition du vase. Par là même s’explique l’importance de ce second bloc. Sa fragmentation plus poussée que celle du premier bloc, atteignant la phase 10, est le résultat d’un piétinement plus intense qu’à l’ouest, dans l’ensemble II. Là, la position marginale des tessons, au pied de l’accès II, a limité le processus de fragmentation. D’ailleurs, si la reconstitution théorique des relations montre des phases de fragmentation très proches de l’accès, il faut considérer que, dans la réalité, le passage se situait sous la forme d’un arc de cercle comme l’indique la microtopographie de la couche 2.

L’étalement des tessons, surtout montré par les dernières phases de fragmentations (8, 9, 10), indique des passages répétés, signes d’une occupation intense.

La reconstitution du processus de fragmentation indique pour le fragment originel constituant le vase 11 un emplacement situé à environ 2,50 m à l’est du débouché du passage I dans l’élément B. En fait, même si l’on admet des variations dans les déplacements au cours des fragmentations, on aboutit à un emplacement toujours similaire à celui indiqué sur la figure (phase 1). Nous pouvons donc, par cette méthode graphique, restituer les zones approximatives dans lesquelles le fragment primaire reposait avant la brisure marquée par la phase 2. Dans le cas du vase 11, il est possible de la situer sur une partie du sol d’occupation formant un cercle ayant une cinquantaine de centimètres de rayon.

Si l’on compare la surface du cercle à celle de la zone d’extension du vase 11 après la dernière fragmentation on aboutit à un rapport de 8 à 100. Il apparaît alors très précieux de situer un vase avec cette précision. Entre cette donnée et l’extension finale toutes les phases peuvent être suivies et mises en relation avec celles des autres vases. On conclut alors à l’établissement d’une chronologie relative. Ainsi, le vase 11 paraît être le premier brisé sur la couche 3. On peut dater le début de l’occupation de la couche 2 du dépôt du vase 11.

Le passage intense explique la faible surface des tessons du vase 11, ainsi que leurs faibles rapports longueur‑largeur, caractères analysés sur un plan plus général dans la figure 12. Les fragments ayant une surface supérieure à 8 cm2 et un rapport longueur‑largeur supérieur à 1,5 sont en position essentiellement marginale. La vision synthétique de la répartition du vase 11 conduit à une conclusion importante.

Il faut noter l’absence de tessons à l’ouest de l’ensemble II. Le tracé des différentes relations montre des déplacements entre le sud de la cavité du Bois‑du‑Mont et l’ensemble écarté et un apparent délaissement des ensembles I et II : sous d’autres formes nous sommes arrivés à une constatation identique.

• Fig. 36 –Vase 11 : répartition. –1. Phase de fragmentation.

Figure 37
Répartition des vases 17 et 21

L’analyse de la fragmentation des vases doit être, quand cela est possible, conduite sur un plan phase par phase. La condition essentielle est l’exiguïté de la zone de répartition des vases, de telle sorte que chaque phase soit l’objet d’un plan séparé. La grande extension du vase 11 ne permettait pas de tels procédés d’étude.

Cinq caractères associent les vases 17 et 21 :

  • ils appartiennent à l’occupation II ;

  • ils sont intégrés à l’ensemble d’occupation interne II ;

  • ils sont situés sur une aire de passage ;

  • ils ont une zone de répartition de leurs fragments faible en superficie ;

  • leurs processus de fragmentation se sont déroulés en un faible nombre de phases.

Cependant, le vase 21 est contemporain de la couche 2 alors que le vase 17 est contenu dans la couche 3.

Le vase 17 a subi une fragmentation très aisément perceptible sur les graphiques. La dissociation des trois premiers blocs, en phase 2, annonce déjà la répartition finale des tessons, telle qu’elle apparaîtra au stade de la fouille. Lors des différentes phases on ne constate pas un recouvrement d’une fragmentation par une autre, phénomène fréquent dans l’évolution du vase 11. Un piétinement prolongé aurait entraîné l’apparition d’interférences entre les brisures. Un autre fait indique le peu de durée des circulations sur ce vase : on constate que les tessons de la phase 5 sont restés dans la zone où le bloc dont ils proviennent a été situé dès la phase 2.

Ces fragmentations ont donc respecté l’organisation originelle des tessons au sein du vase, tel qu’il est possible de déterminer son orientation en phase 1. La vision du vase à l’origine est ainsi restituée : le vase 17 reposait sur sa face interne, son extrémité la plus mince dirigée vers le sud‑ouest. Il faut remarquer ainsi que les tessons, si l’on excepte un seul d’entre eux, reposaient tous sur leur face interne. L’orientation générale du vase était sud‑ouest/nord‑est. La couche 3 était localement inclinée avec un pendage vers l’est.

La fragmentation de la phase 1 fut provoquée par une pression effectuée sur le vase, la panse fine n’a pas résisté malgré sa forme concave qui lui assurait une meilleure tenue aux fractures. Par ailleurs, au cours du processus de fragmentation, les tessons ont subi une réduction importante de leur surface. La faible épaisseur de la céramique en est une cause essentielle, plus importante en tout cas que la durée de l’occupation. Si l’on ajoute à ces caractères l’indication pour tous les tessons d’arêtes aiguës, on peut déduire de l’analyse deux résultats essentiels : il faut d’abord insister sur une répartition qui est le résultat des déplacements des hommes dans la cavité. On situe d’ailleurs très bien par le vase 17 la position de l’aire de passage, contre la paroi nord de l’élément B, ménageant au sud l’espace réservé. Cette évolution du vase 17 marque un stade de jeunesse dans la fragmentation des tessons. Le processus de fragmentation fut arrêté par la fin des déplacements dans cette zone de la cavité. Par voie de conséquence, la fin de l’occupation II dans l’ensemble interne II est représentée par le vase 17. Le problème sera de savoir si l’occupation à l’est de la cavité, dont témoignent les vases de l’ensemble IV, connaît une période finale contemporaine du vase 17.

Le processus de fragmentation du vase 21 est aisément perceptible au long de l’analyse des caractères qui le définissent. Les fragmentations se produisent sans chevauchement les unes par rapport aux autres. Ce facteur est permis par l’absence de passages prolongés dans cette zone de la cavité.

Mais le fait remarquable est le schéma des fractures des tessons ; celles‑ci se font à partir d’un gros tesson qui, peu à peu, est rogné suries bords, perdant à chaque fragmentation quelques cm2 de sa surface. On aboutit ainsi, à la phase 6, à une faible dispersion de fragments dépendant d’un gros bloc situé à l’est de l’ensemble. A quels critères peut être due cette présence d’un gros tesson ? Il faut d’abord tenir compte de la dureté de la pâte de ce vase. Elle est très cuite et offre une grande résistance à la pression. Son épaisseur importante renforce ces caractères. La position du vase à proximité d’un côté de l’ensemble II l’a mis à l’abri de piétinements intenses qui n’ont eu lieu cependant qu’à quelques centimètres au sud. Nous sommes, en effet, avec le vase 21, à quelques centimètres au nord de l’aire de passage, déjà décelée lors de l’analyse microtopographique.

Il s’agit donc de savoir si la fragmentation du bloc originel à partir de ses bords est due à cette position particulière au sein de l’espace intérieur. Le fragment n’a jamais été soumis à une pression franche sur toute sa surface, il a été ainsi mis à l’abri de grandes fractures. D’ailleurs, la dissémination des tessons sur la marge de l’aire de passage (obtenus lors des phases de fragmentation) exprime la rareté des déplacements dans cette zone, déplacements qui auraient provoqué peu à peu des glissements vers le sud des fragments piétinés. La fragmentation des blocs sur leur bordure est peut‑être associée au contexte ethnographique général du site d’occupation. Elle semble être la conséquence d’une situation spécifique des blocs, en l’occurrence en dehors des axes centraux des aires de passage.

Il reste que le faible étalement du vase 21 est en partie le résultat d’une fossilisation rapide de la couche 2 par la couche 3. Nous avions analysé cette couche 2 comme une phase de préparation de l’occupation II, marquée par le dépôt de la couche noire. Il apparaît logique que le vase 21 reste au niveau de la fragmentation à un stade de jeunesse. Mais on constate que les vases 17 et 21, proches par leur stade d’évolution, n’ont pas la même signification chronologique.

• Fig. 37 – Vases 17 et 21 : répartition – I. Phases successives de fragmentation – II1. Limites de l’extension du vase –2. Tesson –3. Liaison entre tessons –4. Groupement de tessons – III. Situation probable du vase avant sa dispersion –a. Liaisons entre tessons en fin d’évolution –b. Face sur laquelle reposaient les tessons (interne ou externe), les gros points noirs marquent l’identité entre cette face et celle sur laquelle reposait le vase avant fragmentation –c. Orientation des tessons –d. Dimensions des tessons – IV. (échelle) –1. Jusqu’à 1 cm22. 1‑2 cm23. 2‑4 cm2 ‑ 4. 4‑8 cm25. 8‑16 cm26. 16‑32 cm27. 32‑64 cm28. Plus de 64 cm2.

Figure 38
Répartition du vase 6

Ce vase représente un élément supplémentaire des documents archéologiques témoins de l’occupation II. Au pied de l’accès IV, la zone de répartition des fragments constituant le vase 6 apparaît longue et étroite, étant largement dépendante de l’exiguïté du passage I.

De la phase 1 à la phase 10 du processus de fragmentation on assiste, de la même façon que pour le vase 11, à une extension constante. Un fait remarquable est la tendance au déplacement des tessons de l’axe médian du passage vers ses marges. Jusqu’à la phase 31es fragments sont situés à peu près sur cet axe imaginaire. Mais on se rend compte dès les phases 4 et 5, de la mise en place définitive de tessons au centre de l’aire de passage. Cette permanence d’une ligne de fragments sur l’axe médian et l’apparition progressive de tessons sur les marges de la zone de répartition du vase 6 appelle déjà une conclusion. Ce vase a connu une évolution moins longue que le vase 11. Au moment où l’occupation prend fin la répartition du vase est à une période que nous pourrions appeler « stade de jeunesse avancée ».

Chronologiquement le vase 6 fut brisé pour la première fois alors que l’occupation Il était déjà en cours. L’emplacement original du vase 6 non brisé n’est pas associé à une concentration particulière de tessons. Il y a donc disparition au niveau de la fouille de l’organisation exacte des fragmentations. Cependant, on distingue nettement la concentration à l’ouest d’un ensemble isolé dès la phase 2 dans cette zone. Le second bloc, à l’est, est à l’origine de la plus large extension. En phase 4, il pénètre dans la zone occidentale et dès la phase 6 son avancée orientale atteint la limite actuelle. Cette inégalité dans le comportement évolutif des blocs nés en phase 2 est étonnamment liée au contexte architectural local.

La plus grande zone d’extension du vase est à l’est de l’accès IV. Or ce déséquilibre dans la répartition est dû à des intensités différentes dans le piétinement. Pourtant le vase fut brisé juste au pied de l’accès. L’accentuation de l’extension vers l’est est consécutive selon nous à une circulation particulièrement active entre l’extérieur de la cavité, par l’intermédiaire de l’accès IV, et la région orientale. Le déplacement entre l’est du souterrain et l’ensemble d’occupation interne Il apparaîtrait plus faible, mais alors ce caractère serait contrarié par la grande intensité de circulation qui a provoqué l’extension du vase 11. La solution logique serait une non‑uniformisation chronologique des échanges. Cela implique une réduction des déplacements vers l’ensemble écarté.

La phase 10 est marquée, elle, par la fin de l’occupation II. Il suffit de constater la brièveté des liaisons, l’existence de tessons supérieurs à 8 cm2 de surface associés à l’axe médian du passage I. Par contre, l’orientation des tessons traduit le double aspect des circulations dans la zone de l’accès IV : en premier lieu une majorité de tessons dont l’orientation est déviée par rapport à l’axe médian et qui témoignent de l’utilisation de l’accès IV, en second lieu la présence de quelques tessons orientés d’une manière concordante avec le passage I.

• Fig. 38 – Vase 6 : répartition. Légende cf. fig. 37.

Figure 39
Répartition du vase 5

Le vase 5 est associé au vase 6 sur l’aire de passage, entre l’ensemble nord‑ouest et l’ensemble sud‑est de la cavité.

Au pied de l’accès IV la fouille a donc mis au jour les tessons apparemment non organisés, appartenant aux deux vases et répartis inégalement. L’axe médian de la surface d’extension du vase 5 est, comme dans le cas du vase 6, en coïncidence approximative avec l’axe médian de l’aire de passage. L’extension est là aussi plus accentuée vers l’est que vers l’ouest. Ce fait, perçu lors de l’analyse de la répartition du vase 6, confirme le rôle important tenu par l’accès IV dans la circulation propre à cette zone de la cavité.

Mais le processus de fragmentation du vase 5 paraît différent de celui du vase 6. Nous constatons en effet une évolution des brisures telle qu’elle peut être associée à celle du vase 21. En phase 2, la séparation s’est effectuée en trois blocs. L’un d’entre eux n’évoluera plus, se trouvant dès cette phase en position marginale par rapport à l’aire de passage.

Un second bloc connaît une fragmentation brève puisque, dès la phase 3, le processus s’arrête, donnant naissance à deux tessons de grandes dimensions, épargnés par la circulation ultérieure.

L’intérêt de l’étude du vase 5 réside surtout dans l’analyse du troisième bloc déterminé lors de la phase 2 et occupant à ce moment‑là l’emplacement probable du vase originel. D’une part, en phase 3, le bloc libère un fragment qui va subir une évolution fragmentaire normale qui est responsable de l’extension du vase vers l’est. D’autre part, le second fragment libéré connaît, lui aussi, un processus entièrement différent.

En phase 4 et 5, on assiste à une dispersion en « étoile », caractéristique des brisures sur les bords du fragment, qui seront eux‑mêmes fragmentés par la circulation lors des phases ultérieures. Par voie de conséquence, le fragment central, rogné peu à peu, perd ses parties saillantes et prend une allure massive. Or, il est remarquable d’observer des liaisons de fragmentations allongées à partir de ces « étoiles en direction de l’est et du nord, c’est‑à‑dire qui impliquent des relations nettes au niveau de l’accès IV et de la zone orientale de la cavité.

La faiblesse de la circulation vers l’ouest est autrement plus évidente dans la répartition du vase 5 que dans celle du vase 6. L’orientation des tessons, la direction des liaisons, sont autant d’éléments témoignant d’une circulation active entre l’accès IV et l’est du souterrain. La fragmentation en étoile s’est poursuivie à l’ouest de l’accès IV. On pourrait donc conclure de fait que, par rapport à la circulation générale, le gros fragment rogné peu à peu était en position marginale, trait qui le rattache donc au vase 21, qui a connu une évolution fragmentaire semblable. Les liaisons confirment la spécificité des relations entre l’accès IV et l’est de la cavité. Leur assemblage prolonge vers le sud la ligne fermée sur le plan par le côté occidental de l’accès. Elles sont associées à une orientation générale nord‑sud des tessons ne traduisant pas une utilisation intense du passage, à l’ouest de l’accès.

A ce stade de l’analyse nous pouvons situer l’évolution du vase 5 au sein d’une occupation marquée par l’utilisation de l’accès IV et du passage à l’est de cet accès. L’arrêt de l’occupation laisse sur la couche des tessons de grandes dimensions. Le début de l’évolution du vase 5 est postérieur à celui du vase 6. Les relations entre l’est et l’ouest de la cavité n’existent plus, ou tout au moins ne sont plus prouvées par les documents archéologiques.

La fin de l’occupation II est donc caractérisée par une bipolarisation des zones d’occupation.

• Fig. 39 – Vase 5 : répartition. Légende cf. fig. 37.

Figure 40
Répartition des vases 12 et 14

L’étude du vase 14 illustre les conditions générales de l’occupation III dans l’ensemble interne II. La figure 32 montre la situation exacte de la zone de répartition des tessons du vase, essentiellement concernée par l’espace d’accumulation existant au pied de l’accès II.

On constate que l’extension de la répartition du vase débute lors de la phase 4. Le bloc ainsi créé (au contact de l’aire de passage qui conduit à l’ensemble écarté) libère en phase 5 un fragment qui fut découvert lors de la fouille surie bord opposé de l’aire de passage. La majorité des tessons sont restés à proximité de la zone où reposait le gros fragment originel.

La présence d’un grand tesson à 1 m de distance de cet emplacement paraît paradoxale. Faut‑il admettre l’hypothèse d’une circulation (même de durée très courte) sur l’espace d’accumulation ? Il semble que les graphiques ne livrent pas une évolution du vase telle qu’elle a dû se produire exactement. Il faut peut‑être ajouter un rôle humain involontaire. Des tessons ont pu être déplacés sur l’espace d’accumulation lors d’activités qui se déroulaient à leur proximité immédiate.

Nous avons un aperçu du rôle du passage 19. La vidange du conduit devait s’effectuer probablement lors de chaque occupation. Une activité de brève durée en vue de pratiquer ce nettoyage conduisit peut‑être à une évolution accélérée des fragments proches. Cependant, les tessons restent en majorité groupés et reposent sur la face interne c’est‑à‑dire qu’ils respectent la situation originelle.

Il convient de noter que les vases 15 et 16 n’ont pas suivi une évolution comparable à celle du vase 14, bien qu’ils soient associés, sur l’espace d’accumulation. Là encore, la chronologie permet une situation relative des vases dans le temps. Le vase 15 est fragmenté et est marqué par un très faible éloignement des tessons les uns par rapport aux autres. Le vase 16 est fragmenté sans déplacement des tessons ; la pression des dépôts ultérieurs sur la couche 5 explique peut‑être ces brisures.

Par sa répartition, le vase 14 représenterait la période la plus ancienne dans l’évolution des vases de l’espace d’accumulation.

La répartition des tessons du vase 12, contemporain de l’occupation IV, apparaît comme la conséquence d’un seul type d’influence : la circulation de l’homme dans la cavité.

Les liaisons progressives concordent parfaitement avec l’aire de passage, qui est d’ailleurs remarquablement matérialisée par la zone d’extension du vase, tout au long du côté nord de l’élément B. La plupart des tessons, peu éloignés de la zone d’emplacement originel du fragment lors de la phase 1, sont restés limités à la frange sud de l’aire de passage, au contact de l’espace réservé. Une circulation ayant en particulier pour élément le passage I aurait provoqué un déplacement des tessons vers le nord. La vision globale des orientations des tessons sur la couche, les directions des liaisons vraies ne donnent pas d’indications précises, sinon la confirmation d’une circulation non modifiée par d’autres caractères de l’occupation et qui s’écarte de l’entrée du passage I. L’évolution du vase 12 paraît propre à l’ensemble Il et à sa relation avec l’ensemble écarté.

Mais le faible nombre de tessons ne doit pas faire illusion quant à une brièveté apparente de la circulation. L’épaisseur des fragments et leur dureté ont permis une extension du vase sans brisures nombreuses, ce qui explique les dimensions importantes des tessons découverts. Plusieurs des fragments reposant sur leur face interne sont les parties d’une carène qui forme une zone de résistance à la pression plus élevée que dans le cas d’un fragment de panse sans inflexion. Le bloc originel du vase 12 était situé sur les abords de l’espace réservé de l’ensemble II. On voit que cet espace fut évité par la circulation au cours de l’occupation IV, tout comme au cours des occupations précédentes. On ne peut que remarquer cette constance dans le déroulement des activités à l’intérieur du souterrain.

• Fig. 40 – Vases 12 et 14 : répartition. Légende cf. fig. 37.

FIGURE 41
Remontage des vases 4 et 12

Vase 4. La présence du seul vase vernissé de la fouille (trouvé en deux ensembles) semble donner un caractère tardif aux dernières occupations du site du Bois‑du‑Mont. En fait il faudrait mieux connaître la répartition géographique et la chronologie de ces productions. La pâte très fine, tournée, le fond plat, très régulier, la couverte étendue sur une grande partie des tessons qui nous sont parvenus (vernis de couleur verte), l’évasement de la panse à partir du fond et la finesse de la lèvre (comme semblent le révéler les minuscules tessons de l’ensemble 44) traduisent un souci esthétique, contrastant avec l’ensemble du mobilier céramique restitué par le site. Tous ces éléments confèrent à ce vase un rôle totalement différent de celui des autres. Il s’agit là en somme d’une exception confirmant la règle de l’utilisation des céramiques du Bois‑du‑Mont comme vaisselle usuelle.

Vase 12. Seul témoin mobilier de l’occupation IV, le vase 12 garde des caractères communs avec l’ensemble des poteries du souterrain. La pâte grossière contient un dégraissant très apparent. La face interne, irrégulière, marquée entre la panse et le fond par une inflexion n’est recouverte par aucun dépôt. Le volume interne est important : le vase 12 est le plus gros récipient de toute la série étudiée. Cependant l’épaisseur de la paroi (7 à 8 mm) dénote au sein de l’échantillonnage total. Il faut l’associer toutefois aux grandes dimensions du vase. L’absence de suie sur la face externe des tessons range peut‑être ce vase parmi le lot restreint des poteries utilisées pour entreposer des produits non cuits, tels des grains.

• Fig. 41 – Remontage des vases –a. Vase 4 –b. Vase 12. (Ech. = 5 cm).

Figure 42 (p. 90)
Eléments du mobilier céramique

La fouille a tenté d’assurer une position chronologique exacte des différents documents mobiliers révélés. Un caractère important est la persistance de caractéristiques communes à plusieurs vases contemporains d’occupations différentes. Il s’agit essentiellement des formes, des dimensions, de la texture et des traits principaux de la fabrication.

Si l’on excepte le vase 4, nous pouvons constater au stade actuel des montages de tessons que les vases sont apodes, à fond bombé séparé de la panse par une inflexion plus ou moins sensible. Or cette inflexion est représentée dans l’occupation Il (vases 6, 1), et dans l’occupation IV (vase 12).

Les coupes montrent cependant des différences d’aspect des panses et des fonds. La face interne et l’épaisseur de la céramique sont représentées sur la partie gauche des coupes, les aspects externes apparaissent sur la partie droite où les traits épais indiquent les portions connues du vase. La panse du vase 12 est rectiligne, ainsi que celle du vase 11. Par contre, la convexité de la panse du vase 5 est assez marquée et est à rapprocher de celle du vase 15, qui selon toute apparence n’avait pas d’inflexion. Les fonds bombés sont le fait général ; la convexité la plus forte se trouve dans le vase 11.

Seul le vase 15 livre un aspect assez précis de l’ouverture. Le diamètre du col est large, mais la lèvre n’existe plus. Ce vase est à rapprocher par sa forme du vase 6 qui lui est antérieur d’une occupation. Il semble que les vases 11 et 12, bien que non contemporains, soient bâtis selon un modèle voisin, la panse de coupe rectiligne augmentant de plus en plus de diamètre vers le haut et donnant naissance à une large ouverture. On peut considérer que le diamètre de l’ouverture des vases 6 et 15 devait être voisin de l’ordre de 20 cm. Le diamètre maximal de la panse pour le vase 12 est de l’ordre de 40 cm.

La pâte qui constitue les vases se remarque par la présence constante d’un dégraissant quartzeux. C’est un fait logique, si l’on considère que ces céramiques ordinaires furent fabriquées sinon à proximité du Bois‑du‑Mont, tout au moins à l’intérieur d’une zone géographique restreinte au contexte géologique cristallin.

L’existence de mica visible sur la face externe des vases conduit certains auteurs à conclure, un peu hâtivement peut‑être, au dépôt avant cuisson d’une couverture micacée. En fait, dans l’intérieur de la pâte elle‑même, les particules de mica sont fréquentes, et ce caractère indique plutôt à notre avis une exploitation de dépôts argileux contenant naturellement du mica et de qualité suffisamment bonne pour être utilisé dans l’élaboration des céramiques. Au Bois‑du‑Mont, il y a des vases à pâte micacée dans les occupations II et III, mais c’est l’occupation I qui en livre les spécimens les plus remarquables.

L’épaisseur de la paroi des vases varie au sein d’une même Céramique, selon les endroits. Des renfoncements de la paroi sont fréquents au contact de la panse et du fond, c’est‑à‑dire au niveau de l’inflexion. On note aussi un accroissement de l’épaisseur de la paroi formant le fond du vase. Dans le détail, des inégalités de l’épaisseur des parois proviennent de l’absence de lissage sur la face interne. Ce caractère entraîne l’existence de boursouflures. Le vase 11 en est un exemple.

On ne peut séparer l’étude de la conformation des parois de celle de la fabrication des vases. De ces quatre vases, seul le vase 6 apparaît tourné. Les autres furent montés à la main ; dans le cas du vase 11, on peut constater que le fond et la panse furent soudés l’un à l’autre au niveau de l’inflexion par la pose sur la face interne d’une bande d’argile étalée avec le doigt. C’est pourquoi les irrégularités dues au montage à la main apparaissent uniquement sur la face interne des poteries étudiées. Le vase 6 est monté au tour ; de plus la cuisson fut plus poussée que celle des autres vases. La pâte est dure. Quand un fragment est cassé, ses bords ne s’effritent pas, alors qu’une dissociation des éléments constitutifs de la pâte (dégraissant, en particulier) se produit dès la cassure d’un fragment d’un vase monté à la main et moins cuit.

Il paraît paradoxal de constater la présence de vases montés au tour et de vases montés à la main sur un même sol d’occupation. Cette contemporanéité de techniques différentes illustre bien le fait selon lequel un mode de fabrication perdure malgré l’utilisation d’autres méthodes. Ainsi le vase 6 est contemporain du vase 11 et est antérieur aux vases 12 et 15.

Le site de Dracy a révélé des vases à fond bombé, à inflexion marquée. Selon les couches, ces documents archéologiques sont datés des xiie et xiiie s. Cependant, la distance entre les sites est telle que la relation chronologique doit être envisagée avec prudence.

• Fig. 42 – Eléments du mobilier céramique. Vases 6, 11, 12 et 15.

Figure 43
Processus de fragmentation des vases

La reconstitution des fragmentations progressives que subit un vase tout au long d’une occupation est un élément fondamental de l’étude du mobilier céramique. Mais cette recherche n’a de sens que si elle est associée à une connaissance approfondie de la répartition des tessons sur le niveau d ’occupation.

Sur les schémas de fragmentation, les traits verticaux fins représentent des stades donnés de brisure des fragments. Les tessons découverts sur la fouille représentent donc pour chacun d’eux une phase finale de fragmentation.

Il apparaît très nettement que les vases associés aux dépressions topographiques (5, 6, 7, 11) sont largement fragmentés, au contraire des vases 14, 15, 16 situés à l’écart de ces dépressions.

Le vase 12 fait figure d’exception dans ce schéma de fragmentation. Sa situation dans une dépression topographique n’est pas liée à un grand nombre de brisures. Ses tessons comportent des inflexions ; étant très épais, ils semblent avoir résisté aux fragmentations, cela d’autant plus que le niveau de terre qui les supportait était assez meuble.

• Fig. 43 – Processus de fragmentation des vases ; résultats de la fragmentation –a. Fragment unique –b. Deux tessons –c. Trois tessons.

Figure 44
Diagrammes cumulatifs des vases

La configuration des tracés sur les diagrammes cumulatifs doit être associée à la disposition des vases sur la fouille ; elle indique aussi une différence notable selon les occupations.

L’occupation III est caractérisée par des vases (14, 15, 16, 26) dont les tessons ont une surface plus grande que ceux des vases 5,6,11 et 17, témoins de l’occupation II. Les vases 14, 15, 16 sont situés en marge des dépressions topographiques, alors que les vases de l’occupation Il sont associés à ces dépressions.

Les distinctions selon le rapport longueur‑largeur sont plus délicates à discerner. Il faut analyser chaque vase en particulier et, au cours de l’étude, se posent des problèmes relatifs à ses fragments, à leur dureté et surtout à leur résistance à la pression. Nous remarquons déjà que la majorité des vases compte au moins 60 % de tessons ayant un rapport longueur‑largeur inférieur ou égal à 1,5. L’apparition de tessons de plus en plus massifs (d’un dessin grossièrement circulaire ou carré) est très liée à une réduction importante des surfaces.

Les vases peu fragmentés (vase 12) ont des tessons dépassant 32 cm2 de surface, et dont la longueur est parfois le double de la largeur. Il s’agit de fragments comportant une partie d’une inflexion qui représenterait, selon nos analyses, un point de résistance à la pression (tout comme les cols) supérieur aux autres éléments du vase.

• Fig. 44 – Diagrammes cumulatifs des vases selon les dimensions des vases qui les composent. Occupation II –a1. Surface –a2. Rapport longueur/largeur. Occupation III –b1. Surface –b2. Rapport longueur/largeur. Le vase 12 (occupation IV) est représenté en b1 et b2 (tirets).

Notes

1 Il s’agit de l’ensemble II. Il n’existe aucune structure de situation dans l’ensemble écarté III.

Table des illustrations

Légende • Fig. 33 – Remontage des vases –a. Vase 23 –b. Vase 21 –c. Vase 11. (Ech. = 5 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-1.jpg
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Légende • Fig. 34 – Remontage des vases –a. Vase 14–b. Vase 15 –c. Vase 16. (Ech. = 5 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-2.jpg
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Légende • Fig. 35 – Remontage des vases – a. Vase 5 – b. Vase 6 – c. Vase 1 – d. Vase 17. (Ech. = 5 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-3.jpg
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Légende • Fig. 36 –Vase 11 : répartition. –1. Phase de fragmentation.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-4.jpg
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Légende • Fig. 37 – Vases 17 et 21 : répartition – I. Phases successives de fragmentation – II1. Limites de l’extension du vase –2. Tesson –3. Liaison entre tessons –4. Groupement de tessons – III. Situation probable du vase avant sa dispersion –a. Liaisons entre tessons en fin d’évolution –b. Face sur laquelle reposaient les tessons (interne ou externe), les gros points noirs marquent l’identité entre cette face et celle sur laquelle reposait le vase avant fragmentation –c. Orientation des tessons –d. Dimensions des tessons – IV. (échelle) –1. Jusqu’à 1 cm22. 1‑2 cm23. 2‑4 cm2 ‑ 4. 4‑8 cm25. 8‑16 cm26. 16‑32 cm27. 32‑64 cm28. Plus de 64 cm2.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-5.jpg
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Légende • Fig. 38 – Vase 6 : répartition. Légende cf. fig. 37.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 125k
Légende • Fig. 39 – Vase 5 : répartition. Légende cf. fig. 37.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 134k
Légende • Fig. 40 – Vases 12 et 14 : répartition. Légende cf. fig. 37.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-8.jpg
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Légende • Fig. 41 – Remontage des vases –a. Vase 4 –b. Vase 12. (Ech. = 5 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-9.jpg
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Légende • Fig. 42 – Eléments du mobilier céramique. Vases 6, 11, 12 et 15.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-10.jpg
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Légende • Fig. 43 – Processus de fragmentation des vases ; résultats de la fragmentation –a. Fragment unique –b. Deux tessons –c. Trois tessons.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-11.jpg
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Légende • Fig. 44 – Diagrammes cumulatifs des vases selon les dimensions des vases qui les composent. Occupation II –a1. Surface –a2. Rapport longueur/largeur. Occupation III –b1. Surface –b2. Rapport longueur/largeur. Le vase 12 (occupation IV) est représenté en b1 et b2 (tirets).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34380/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 75k

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1989

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