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Les souterrains médiévaux du Limousin

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Serge Gady

Première partie. Les cavités aménagées du bassin de la Gartempe

1. Cadre de l’étude

Texte intégral

1.1. Cadre géographique

1La géographie du bassin de la Gartempe donne une vision générale des modalités du contact entre les hautes terres du Limousin et les territoires peu élevés du Poitou (fig. 1).

• Fig. 1 – Localisation générale de la zone étudiée.

2L’histoire géologique de la région est celle de la bordure nord‑ouest du Limousin (Derruau‑Boniol, Fel 1965). L’ensemble du relief, d’origine hercynienne, fut érodé à la fin de l’ère Primaire. Au terme de l’ère Secondaire, et surtout au début du Tertiaire, la région a été marquée par des soulèvements liés aux mouvements pyrénéo‑alpins. La reprise de l’érosion a provoqué alors l’apparition d’un « étagement de surfaces aplanies » (Derruau‑Boniol, Fel 1965 : 13). Ainsi est expliqué l’entaillement très net des vallées à l’ouest (Gartempe en particulier).

3Le soubassement cristallin, granitique ou granulitique, est omniprésent dans le bassin de la Gartempe. Les caractères géologiques, associés au contexte géomorphologique, ont deux conséquences essentielles dans la vie des hommes : la rudesse des sols et la variation des conditions de vie selon les zones d’altitude.

4Les sources de la Gartempe, du Vincou, de la Couze et de l’Ardour marquent les lieux les plus élevés de la zone étudiée. La barrière formée par les monts de Blond, les monts d’Ambazac selon un axe est‑ouest, limite au sud l’extension du bassin hydrographique ; A l’est, un ensemble orienté nord‑nord‑ouest/sud‑sud‑est apparaît comme la séparation entre le bassin de la Gartempe et celui de la Creuse. Ces successions de croupes qui culminent à 701 m dans les monts d’Ambazac et 686 m au sud de Guéret jouent un rôle important dans la délimitation d’un « pays ». Au pied de ces reliefs une descente rapide s’amorce vers l’ouest et le nord. Elle n’est jamais entravée par des accidents topographiques marquants. De 450 m à l’est et au sud, l’altitude s’abaisse à 200 m dans la région de Bellac (il s’agit de valeurs moyennes). Par conséquent, le réseau hydrographique (et son rôle est important dans l’implantation de l’habitat) ouvre l’étendue du bassin au nord plutôt qu’au sud.

5Nous avons donc établi, par cette évocation brève du contexte physique, les éléments déterminants qui privilégient ou défavorisent les installations dans le bassin lui‑même et les relations de la Marche avec l’extérieur, c’est‑à‑dire essentiellement avec le monde des plaines du Poitou, plus heureuses, et avec le bassin de la Vienne immédiatement au sud.

1.2. Cadre historique

  • 1 Lire à ce sujet les différents articles consacrés à la linguistique dans Etudes limousines et Ethno (...)

6Ainsi l’histoire de la Marche se confond bien souvent au Moyen Age avec celle du Poitou. Pourtant elle garde en elle‑même les traces essentielles de la civilisation limousine, à savoir sa culture et sa langue (fig. 2). La Marche est occitane. Elle représente une zone avancée de la civilisation d’Oc, matérialisant une partie du « Croissant, espace de contact entre pays de langue d’Oïl et pays de langue d’Oc1.

• Fig. 2 – Les cavités aménagées du bassin de la Gartempe dans leur cadre marchois. – A. Basse Marche au XIIe s. – B. Haute Marche au XIIe s. – C. Zone étudiée. Lieux mentionnés dans l’étude : – 1. Grandmont – 2. Bénévent – 3. L’Artige – 4. Aureil – 5. Lesterps – 6. Saint‑Léonard.

  • 2 Ces travaux, menés essentiellement tout au long de la seconde moitié du xixe s. et au début du xxe  (...)

7Déjà, dès 760, par la lutte entre Pépin et le duc Waîfre, on comprend que la Marche représente une séparation politique, au contact des terres « françaises et du duché d’Aquitaine. Peut‑être dès cette époque reçut‑elle son appellation. C’est au xe s. que la Marche est mentionnée pour la première fois dans les textes. D’après les travaux des érudits locaux nous pouvons restituer le schéma de sa création2. Depuis la formation du royaume wisigothique, le bassin de la Gartempe comme le Limousin entier appartient à l’Aquitaine. Vers 950, la Marche devient un district militaire dont le but est de contrôler les pénétrations au nord. Certains auteurs évoquent à ce propos une organisation destinée à faire face aux incursions sporadiques menées par les Normands.

8Les origines de la séparation de la Marche en deux régions distinctes, haute et basse Marche, remontent pour le moins au xe s. Au cours des temps cette partition laisse au centre du territoire un espace d’étendue variable. Au nord de la Gartempe, il forme une enclave appartenant au Poitou.

9Le Poitou, par l’intermédiaire de la maison de Charroux, fut le premier possesseur de la Marche. Au xii s. les Montgomery prennent son contrôle, puis laissent la place aux Lusignan du Poitou. Après 1308, le comté de la Marche fut rattaché à la couronne royale.

10L’étude du rôle économique des abbayes et des ordres religieux dans le bassin de la Gartempe doit être considérée dans cette recherche à cause des enseignements qu’il peut livrer sur l’implantation des hommes. La présence des zones de moyennes montagnes fut un élément favorable à l’installation d’établissements religieux. L’érémitisme s’est développé, marquant les zones d’altitude relativement élevée. Il peut être considéré comme l’un des fondements de la mise en valeur des terroirs peu favorisés par le milieu physique (Aubrun 1981).

Notes

1 Lire à ce sujet les différents articles consacrés à la linguistique dans Etudes limousines et Ethnologia, bulletins de la Société d’ethnographie du Limousin et de la Marche, publiés depuis 1963

2 Ces travaux, menés essentiellement tout au long de la seconde moitié du xixe s. et au début du xxe s., sont publiés pour la plupart d’entre eux dans les bulletins de la Société archéologique et historique du Limousin et dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse. En fait, au‑delà de la formation de la Marche, jamais nettement explicitée, ces recherches concernent des phénomènes souvent liés à son évolution.

Table des illustrations

Légende • Fig. 1 – Localisation générale de la zone étudiée.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34350/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Légende • Fig. 2 – Les cavités aménagées du bassin de la Gartempe dans leur cadre marchois. – A. Basse Marche au XIIe s. – B. Haute Marche au XIIe s. – C. Zone étudiée. Lieux mentionnés dans l’étude : – 1. Grandmont – 2. Bénévent – 3. L’Artige – 4. Aureil – 5. Lesterps – 6. Saint‑Léonard.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/34350/img-2.jpg
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© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1989

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