1Sur l’ensemble des objets de céramique découverts à Castellu, il a été possible de distinguer vingt pâtes de différentes natures. Leur classification est le résultat d’une analyse empirique soigneuse, macroscopique, laquelle est nécessairement incomplète, puisque sujette aux limites de la vue à l’œil nu. Il est par conséquent vraisemblable que l’une quelconque des pâtes identifiées, si elle était soumise à une exploration au microscope ou à une analyse de type physico‑chimique, pourrait révéler une nature composite et amener à envisager de nouvelles subdivisions.

2La liste des pâtes qui est présentée ici est le résultat d’une synthèse réalisée à partir des types d’argile, mis en évidence à l’intérieur des différentes classes de matériel, que l’on a comparés entre eux. Au cours de cette opération il a été en effet possible de noter des identités incontestables entre les composantes techniques de produits de genres tout à fait différents, par exemple entre les matériaux de construction de terre cuite et la céramique plus grossière, ou encore entre la céramique fine de table et certaines amphores. L’exigence qui découle de la nécessité de comprendre ce phénomène amène à formuler quelques hypothèses relatives à la provenance de certaines de ces pâtes ; il est cependant important de souligner que ces hypothèses se fondent exclusivement sur des considérations théoriques, sans aucune confirmation de nature scientifique et qu’il faut par conséquent les considérer avec la plus grande prudence possible.

3Pour chacun des groupes mis en évidence a été rédigée une fiche selon le modèle élaboré par C. Panella pour la céramique classique, publié par l’ICCD du Ministère per i Béni Culturali italien (cf. l’article « Ceramica classica » in : Parise Badoni, Ruggeri Giove 1984 : 51).

4La fiche se divise en deux parties fondamentales. La première décrit les caractéristiques macroscopiques de la pâte, avec les entrées suivantes, définies par C. Panella.

5Couleur : elle est décrite par l’utilisation du code de Munsell et elle est relative à la tonalité de la couleur acquise par la matière première fondamentale à la suite de la cuisson. En soi, la couleur ne représente pas un élément particulièrement significatif, dans la mesure où elle peut être sujette à une vaste gamme de variations dues par exemple aux temps de cuisson, à la distance de la source de chaleur ou à l’épaisseur du corps de la céramique, etc.

6Fracture : il s’agit de l’indication du genre de fracture que présente la section de l’objet pris en considération ; elle peut être nette, irrégulière ou écaillée.

7Sensation au toucher : il est toujours question de la fracture ; elle peut être lisse, rugueuse ou granuleuse, poudreuse.

8Dureté et consistance : pour la première on utilise les termes : très tendre (lorsqu’elle peut être rayée à l’ongle par simple pression) ; tendre (si elle se raye par pression ou grattage léger à l’ongle) ; dure (si elle ne peut être rayée à l’ongle) ; très dure (si elle résiste à un objet métallique). La consistance indique le degré de compacité de la pâte et la définition correspondante peut être : friable, poreuse, vacuolaire, compacte.

9La seconde partie de la fiche concerne les inclusions, à savoir les matières premières complémentaires, dites également « dégraissants » qui fournissent à l’argile les qualités nécessaires au modelage et à la cuisson (cf. Devoto 1985 : 194 ; Cuomo di Caprio 1985 : 52‑54). La présence d’inclusions dans la pâte peut être due à un ajout intentionnel de la part du potier, de manière à faciliter le travail de l’argile, mais aussi appartenir effectivement à la matière première dans son état naturel. Il est par conséquent difficile, dans chacun des cas pris en considération, d’établir laquelle des deux possibilités correspond à la réalité. Le seul indice qui fournit clairement la preuve d’une intervention du potier dans la composition de la pâte est la présence parmi les inclusions de la « chamotte », c’est‑à‑dire de fragments de terre cuite concassée. C’est là, avec les quartz et les micas, l’un des dégraissants inertes les plus communs, qui peut être reconnu à l’œil nu dans la composition des objets de céramique, et qu’il est possible de mentionner de façon spécifique dans la partie de la fiche réservée au type des inclusions. A côté de ceux‑ci, tous les autres types d’inclusions ont été décrits d’après leur couleur (blanc ou noir) et classés comme non identifiés. En ce qui concerne leur dimension, on a établi les valeurs suivantes : petits (moins de 0,5 mm) ; moyens (de 0,5 à 1 mm) ; grands (plus d’1 mm).

10En suivant l’exemple du catalogue des pâtes dans la publication de la fouille de Settefinestre (Ricci 1985 : 319‑338), la distribution a été exprimée par les termes uniforme ou non uniforme et leur fréquence par basse, moyenne ou haute.

Pâtes 1 à 4

11Origine probablement locale ; utilisation pour la fabrication de matériaux de construction de terre cuite et de céramique grossière,

Pâte 1

Caractéristiques

12Couleur : 5 YR 5.6 5 YR 5.8
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; légèrement vacuolaire.

13Inclusions

Pâte 2

Caractéristiques

14Couleur : 1 OR 5.6
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : très dure ; compacte.

Inclusions

Pâte 3

Caractéristiques

15Couleur : 7.5 YR 7.4
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâte 4

Caractéristiques

16Couleur: 10 YR 3.1
Fracture : assez régulière.
Sensation au toucher : légèrement rugueuse.
Dureté et consistance : dure : légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâtes 5 et 6

17Origine probablement locale ; utilisation uniquement pour la fabrication de matériaux de construction de terre cuite.

Pâte 5

Caractéristiques

18Couleur : 5YR 7.4
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; compacte.

Inclusions

Pâte 6

Caractéristiques

19Couleur: 10 YR 7.3
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; très vacuolaire.

Inclusions

Pâtes 7 à 10

20Pâtes d’origine non identifiée, utilisées pour la fabrication de vases à usage domestique.

Pâte 7

Caractéristiques

21Couleur : 5 YR 4.6
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; par endroits légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâte 8

Caractéristiques

22Couleur : 7.5 YR 6.6
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : tendre ; friable ; très poreuse.

Inclusions

Pâte 9

Caractéristiques

23Couleur : 7.5 YR 7.6
Fracture : écaillée.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : tendre ; friable ; légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâte 10

Caractéristiques

24Couleur : 7.5 YR 6.6
Fracture : assez régulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâtes 11 et 12

25Pâtes d’origine nord‑africaine, utilisées pour la fabrication de la céramique fine de table, des objets d’usage courant et des amphores de transport.

Pâte 11

Caractéristiques

26Couleur : 5 YR 6.6
Fracture : assez nette ; nette pour les fragments de sigillée.
Sensation au toucher : assez lisse.
Dureté et consistance : dure ; par endroits légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâte 12

Caractéristiques

27Couleur : 2.5 YR 6.6 ; 7.5 YR 7.6
Fracture : irrégulière ; nette pour les fragments de sigillée.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; parfois légèrement vacuolaire.

Inclusions

Pâtes 13 à 17

28Pâtes d’origine nord‑africaine utilisées uniquement pour la fabrication des amphores de transport.

Pâte 13

Caractéristiques

29Couleur: 2.5 YR 5.6
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance ; dure ; compacte.

Inclusions

Pâte 14

Caractéristiques

30Couleur : 7.5 YR 6.6
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; poreuse.

Inclusions

Pâte 15

Caractéristiques

31Couleur : 2.5 Y 7.4
Fracture : nette.
Sensation au toucher : assez lisse.
Dureté et consistance : dure ; très compacte.

Inclusions

Pâte 16

Caractéristiques

32Couleur : 10 YR 6.3
Fracture : nette.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; compacte.

Inclusions

Pâte 17

Caractéristiques

33Couleur : 2.5 YR 6.8
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : dure ; compacte.

Inclusions

Pâte 18

34Pâte probablement d’origine syrienne, utilisée pour la fabrication des amphores de transport.

Caractéristiques

35Couleur : 2.5 Y 8.2
Fracture : irrégulière.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : tendre ; vacuolaire.

Inclusions

Pâte 19

36Pâte d’origine non identifiée attestée sur des fragments de récipient du type Keay LXX.

Caractéristiques

37Couleur : 5 Y R 6.6
Fracture : régulière.
Sensation au toucher : assez lisse.
Dureté et consistance : dure ; compacte.

Inclusions

Pâte 20

38Pâte d’origine non identifiée, attestée sur les fragments du récipient de la fig. 129.

Caractéristiques

39Couleur : 5 Y 7.2
Fracture : écaillée.
Sensation au toucher : rugueuse.
Dureté et consistance : très tendre ; friable.

Inclusions