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Une exploitation minière du XVIe s. dans les Vosges

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Bruno Ancel
, 
Pierre Fluck

Introduction

Texte intégral

1La fouille des travaux miniers du filon St‑Louis a été menée par l’Association spéléologique pour l’étude et la protection des anciennes mines (ASEPAM, Ste‑Marie‑aux‑Mines) durant l’année 1983. Cette étude porte sur les documents d’archives, et sur tous les vestiges connus, de surface ou souterrains, qui concernent l’exploitation de ce filon du Neuenberg. Les raisons qui nous ont amenés à choisir un tel cadre sont multiples.

2Plutôt que de subir les aléas liés à une réouverture de mine, nous avons préféré nous intéresser à des ouvrages déjà explorés, mais très mal connus. En effet, pour diverses raisons, les grandes zones dépilées du filon St‑Louis, qui sont parmi les plus belles et les plus impressionnantes des Vosges, n’avaient pas encore été topographiées et seraient sans doute loin de l’être si la décision d’entreprendre cette fouille ne nous avait engagés dans cette voie. Réputés difficiles et dangereux, ces réseaux étaient très rarement fréquentés, mais la découverte récente d’une troisième entrée en a facilité l’accès et permis d’en envisager l’étude.

3Sur le plan des archives, le filon St‑Louis est, comme tous ceux du Neuenberg, assez mal documenté en ce qui concerne les vingt premières années de son exploitation. Toutefois, il apparaissait que tous les ouvrages actuellement explorés avaient été réalisés dans un intervalle de temps restreint : la seconde moitié du xvie s. Il restait aussi à étudier de nombreux documents concernant un différend entre deux concessionnaires, accompagnés d’un plan –daté de 1560– de ces mines : l’affaire Eisenthür.

4Les travaux miniers du filon St‑Louis sont caractérisés par un grand développement de galeries de recherche ou d’accès, et par de vastes zones dépilées, dont le Grand Dépilage de St‑Michel considéré comme la plus vaste cavité souterraine des Vosges. A partir de l’étude de ces galeries, puits et dépilages, il allait être possible de caractériser l’architecture et les méthodes de creusement de ces ouvrages miniers de la seconde moitié du xvie s., et aussi de comprendre l’évolution dynamique d’une telle exploitation.

5Dans cette optique, cette étude souterraine ne pouvait être menée que par une équipe de spéléologues confirmés et disponibles toute l’année. Quand on connaît les difficultés de progression dans un réseau comme celui de St‑Louis / Langer Schacht / Les Emmurés, on imagine quelles peuvent être les conditions de travail : mesures à la boussole, prise de notes, dessins, photographies... malgré le froid, l’eau, la boue et la fatigue, dans des positions souvent inconfortables, voire acrobatiques.

6Cette étude souterraine, lieu principal de la fouille de 1983, s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire. Nantis de l’expérience de la fouille des mines de Plomb (1982), nous avons pratiqué les diverses approches qui se complètent pour une meilleure compréhension d’une exploitation minière ancienne : sources écrites, vestiges de surface, géologie du gîte, minéralogie, climatologie souterraine...

7La fouille du filon St‑Louis s’est déroulée pendant la plupart des week‑ends de l’année 1983. Elle eût bien pu ne pas avoir lieu, car dans un premier temps l’autorisation de fouille fut refusée. Une intervention de M. Pétry, directeur régional des Antiquités historiques d’Alsace, l’a rendue possible, mais cet incident a considérablement nui au financement de la fouille. La topographie précise du réseau (environ 3 km), objectif principal et indispensable, a nécessité 110 heures de travail sous terre réparties sur 21 séances de janvier à novembre. Les études archéologiques, géologiques et climatologiques furent menées conjointement. Enfin, durant une semaine entière au début du mois de juillet fut fouillé le plateau de la halde de St‑Louis.

8Cette fouille « difficile » traduit aussi la volonté de revaloriser la notion de spéléologie minière, de sou ligner son apport majeur à l’archéologie et, en même temps, de donner à cette dernière une dimension qu’elle n’avait pas jusque‑là.

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988

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