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L’Homme et le milieu végétal

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Stéphanie Thiebault

Introduction

Texte intégral

1« Maintenant que l’archéologie commence à doter d’un passé les cultures sans écriture, on s’aperçoit qu’au cours des siècles et des millénaires elles ont connu pour ce qui est du domaine non technique, une évolution aussi complexe que la nôtre et que, sur le plan des techniques, des changements sensibles se sont produits, la société, même isolée, ajustant constamment son capital technique aux besoins et à l’évolution du milieu naturel » (Leroi-Gourhan 1971 : 16, 17).

2De plus en plus les préoccupations des préhistoriens se rapprochent de celles des ethnologues. L’archéologue collecte donc tout indice susceptible de devenir une information. Ainsi, au cours de nos années d’étude nous nous sommes intéressée plus spécialement aux aires de combustion paléolithiques. Il émane de ces structures variées, souvent complexes, une foule d’interrogations et il est nécessaire d’avoir recours à plus d’un spécialiste pour tenter d’y répondre. Chaque catégorie de témoins liés au feu demande en effet une analyse approfondie, qu’il s’agisse des sédiments, des combustibles, des pierres, de la morphologie des foyers tout comme de la place qu’ils occupèrent dans l’organisation spatiale et sociale de l’habitat.

3C’est en faisant du feu que l’homme a permis, pour la première fois, la fossilisation de son combustible. La carbonisation, en conservant les structures microscopiques internes du bois, offre la possibilité à l’anthracologue d’en reconnaître l’espèce. En multipliant les identifications, il cherche à reconstituer l’environnement végétal dans lequel a vécu l’homme préhistorique.

4Les moyens actuellement disponibles pour percevoir les paysages végétaux sont peu nombreux. Ce sont principalement les analyses de pollens fossiles et de charbons de bois ; l’étude des semences fossiles ou carbonisées étant plutôt liée à la domestication des plantes et par là-même à l’alimentation. En traduisant des variations dans la composition du milieu végétal, ces disciplines révèlent les fluctuations climatiques. De plus elles permettent, en liaison étroite avec l’archéologie, de dépasser ce cadre général et d’entrevoir des faits culturels. Les pollens ont été déposés dans les gisements par le vent, les insectes, entraînés par le pas des hommes ou la fourrure des animaux ; en revanche, les bois (combustibles ou matériaux) proviennent d’un transport humain volontaire. Palynologie et anthracologie se relaient, apportant des informations complémentaires sur l’environnement végétal, sur son utilisation et son importance par et pour les hommes de la Préhistoire.

5Archéologue de formation, nous avons envisagé, par ailleurs, l’apport de l’étude des bois à la connaissance des modes de vie. Les charbons sont davantage retrouvés dans les foyers, mais nous pouvons nous interroger sur leur destination initiale. En effet, les échantillons de bois, s’ils ont été des combustibles, peuvent aussi traduire certains des multiples aspects de la vie quotidienne des hommes du passé.

6C’est dans cette double optique, reconstitution des paysages et des climats d’une part, recherche de tout indice d’une action humaine d’autre part, que nous avons abordé l’étude anthracologique des gisements archéologiques.

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988

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