Version classiqueVersion mobile

Lampes céramiques signées

 | 
Jacqueline Bonnet

2e partie. Étude analytique du mobilier

3. Comparaison des répertoires

Texte intégral

1Cette longue analyse, potier par potier, conduit à une étude comparée des ateliers. Ce chapitre qui peut avoir valeur de conclusion, introduit une prospective justifiant son titre, bien que, globalement, il reprenne les principaux éléments du chapitre précédent.

3.1. Signatures

2La thèse essentielle de cette recherche est fondée sur la différenciation possible de la production de lampes de terre cuite à partir :

  • de l’individualisation de séries de signatures, correspondant, au moment de la fabrication, à l’utilisation reproductible d’un même poinçon épigraphique ;

  • de la caractérisation de cette production tant par le type des lampes que par le décor.

  • 1 L’association fréquente de réservoirs issus du même moule inférieur et de couvercles portant des dé (...)

3Les signatures relevées par frottis, décalquées, puis étudiées par superposition des calques peuvent se différencier tant par leur contenu, c’est le cas pour CIVNALE, CIVNALEX, IVNIALEXI, que par leur morphologie (FLORENT). L’étude globale des signatures permet d’identifier les poinçons‑signatures utilisés, sur l’archétype pour les signatures en creux (toutes sauf CIVNALE, GAVINIA et IVNIDRACO), sur le moule pour les signatures en relief. On remarque des lampes sur lesquelles des signatures similaires sont disposées de la même manière sur la base, ce qui est le cas des réservoirs de lampes issues des mêmes moules inférieurs, ainsi que des signa tures similaires placées différemment, ce qui indique l’utilisation d’un même poinçon‑signature sur différents archétypes1.

4Une autre remarque concerne la quasi‑certitude du surmoulage des réservoirs, puisque les signatures (et les lampes) sont de plus en plus petites (LFABRICMAS ne présente pas de groupe de taille plus petite). Dans ce cas, il faut envisager, à la base de la production, un archétype signé, non décoré, à partir duquel des moules successifs vont être tirés (succession : archétype 1/moule 1 ; archétype intermédiaire/moule 2...). Ces moules vont donc présenter une taille se réduisant à chaque opération, réduction que l’on peut contrôler à la signature. A chaque étape, les moules peuvent être décorés à l’aide de poinçons‑décors et donner naissance à une nouvelle génération de lampes.

5Cette hypothèse explique le phénomène observé dans le répertoire de LMVNPHILE qui, ne présentant qu’une graphie, a cinq tailles successives de signatures. Cet atelier n’offre par ailleurs aucun exemple d’utilisation d’un moule supérieur appartenant au répertoire des autres potiers. Les liens avec ceux‑ci semblent limités à l’utilisation possible de poinçons‑décors communs. LMVNPHILE utilise probablement le surmoulage comme mode interne de fabrication.

3.2. Types

6Il est sûr que le surmoulage, qui est de pratique aisée pour le potier, est fréquent dans les ateliers (fig. 64). Il peut s’effectuer à différents niveaux :

  • le surmoulage intégral de la lampe répète, en plus petit, à chaque opération, le type, le décor et la signature ; bien que cela semble le cas le plus simple, on en a peu d’exemples certains : LMVNPHILE, 15 et 16 ; est‑ce l’œuvre d’un même atelier ou est‑ce un surmoulage pi rate ?

  • les moulages successifs de l’archétype non décoré permettent d’obtenir le même type et la signature de taille réduite ; le décor, apposé dans le moule, peut alors rester de même taille, sur des lampes surmoulées de taille réduite ; c’est le cas de la production de LMVNPHILE ;

  • il peut arriver que le poinçon‑décor seul soit surmoulé : c’est le cas pour les lampes COPPIRES, 6, 7 et 8, et cette opération est difficilement repérable sauf dans quelques cas d’espèces ;

  • enfin, le surmoulage peut être la pratique exclusive d’un atelier.

● Fig. 64 – Diagrammes des relations entre les potiers.

  • 2 Cette même fabrication dissociée, par surmoulage, est envisageable pour IVNIALEXI, 6 et 7. La petit (...)

7En ce domaine, la lampe LMADIEC, 8 pose l’intéressant problème du lien effectif entre un atelier‑mère et un atelier de surmoulage. Il est difficile d’être rigoureux dans une démonstration où de nombreux éléments manquent, mais la question doit être posée. La partie inférieure de la lampe LMADIEC, 8 est un surmoulage qui se manifeste explicitement par la taille de la signature ; la partie supérieure de la même lampe, qui porte le décor P.A.‑D.3, est un surmoulage de GABINIA. Cette lampe peut‑elle alors être considérée comme appartenant au répertoire de LMADIEC (Hofmann 1971a : 26‑28) ou bien plutôt à un atelier de surmoulage utilisant des lampes hétéroclites, en vue d’une fabrication nouvelle et personnalisée, de plus petite taille2 ? L’atelier montanais présente justement ce mode de fabrication. Au lieu de reproduire fidèlement, en plus petit, des lampes provenant d’ateliers‑mères divers, cette fabrique utilise, de façon autonome, les valves supérieures et inférieures des moules de surmoulage, obtenant ainsi quelquefois des raccords de mauvaise qualité.

8En tout cas, le surmoulage, dans ses pratiques les plus fréquentes, conduit à l’hypothèse d’une multiplicité de lieux de production. A part le surmoulage exclusif du type, la pratique du surmoulage est le plus souvent utilisée dans des ateliers de localisation différente de celle de l’atelier‑mère, soit en accord avec celui‑ci, soit de façon pirate.

9L’étude du lien signature/décor/type, fondée principalement sur l’individualisation des signatures de contenu semblable, permet également d’envisager des phases différentes dans les productions. C’est le cas de CIVNDRAC dans la production duquel deux périodes essentielles ont été déterminées ; pendant chacune de ces phases, la production de l’un et de l’autre atelier est diffusée dans des régions privilégiées, correspondant à leur commerce spécifique.

10En fait, l’individualisation morphologique d’un poinçon‑signature permet d’appréhender l’originalité des produits, parfois même à l’intérieur de l’ensemble, plus vaste, des lampes signées exactement du même nom. Cette originalité se manifeste autant dans les types représentés que dans les décors. Les potiers CCORVRS, FLORENT, LCAESAE, ainsi que ceux des familles des IVNII et NOVII, n’utilisent pas les modèles Deneauve VA et Deneauve VD pourtant très courants. Si quelques types particuliers peuvent apparaître chez l’un ou l’autre potier (Walters 68 pour CIVNALE), des types majeurs peuvent aussi en déterminer l’originalité. Le type préférentiel de FLORENT, Walters 100, lui est assez particulier et montre le lien entre les lampes classées, arbitrairement pour ce potier, dans des types différents (Deneauve VI IA et VIIIA). Les lampes signées LCAESAE (Deneauve VIIIA et B) sont décorées sur le bandeau. L’unité de CIVNBIT se fait autour du type Walters 97. Enfin, si le type Deneauve VIIA répond toujours à la même description générale, l’allure des lampes varie : le module du type Deneauve VIIA dans les répertoires de CIVNALEX, IVNIALEXI, CIVNDRAC, est assez spécifique. Cette spécificité du type apparaît, également, chez MNOVIVST : les différences sont ténues, mais sensibles et les dissemblances sont plus significatives et caractéristiques que les ressemblances.

11Notons également que des variantes précoces du type Deneauve VIIA ont pu être enregistrées, signes probables de tâtonnements, lors de tentatives de simplification de la forme.

  • 3 Par exemple, les décors P.J.2 ; P.E.‑D.A ; A.I.1 ; A.‑G.P. 1 ; 4O/3.

12Toutefois la conséquence essentielle de ces re groupements reste la contemporanéité des types, pour lesquels une chronologie distincte avait été établie ; des lampes Deneauve VIIA, VA, VD, VIIC sont fabriquées conjointement, même si la création des types, puis leur apparition sur le marché, ont pu être échelonnées. Cette contemporanéité est d’autant plus affirmée que les lampes de ces différents types, qui présentent les mêmes poinçons‑signatures, portent également les mêmes poinçons‑décors3. Il devient donc difficile de dater différemment des couches stratigraphiques à la seule vue de lampes présentant l’un de ces types, la présence de tous étant contemporaine et s’étalant, dans le temps, sur plus d’un siècle.

3.3. Décors

13Si l’étude des types montre combien ils peuvent être personnalisés dans les détails et quelquefois communs à plusieurs potiers, il en est de même pour les décors. En effet l’originalité de certains potiers est manifeste, non pas celle du thème iconographique (les mêmes thèmes sont abondamment représentés de manière presque identique par différents créateurs), mais le traitement pratique du thème.

  • 4 Les décors empruntés à GABINIA et à CCLOSVC se présentent sur des lampes de type Deneauve VA et VD, (...)

14Ainsi la production signée FLORENT est bien individualisée, malgré des signatures variées. Celle de LCAESAE est typique, de même que celle de CIVNBIT, ou de LFABRICMAS (malgré quelques possibilités d’emprunt pour ce dernier). L’originalité de la production signée LMAD a permis de la distinguer de celle de LMADIEC. Dans cette dernière, il est curieux de noter l’originalité du traitement d’un des types utilisés (Deneauve VIIA) –les proportions globales étant assez particulières– et en même temps d’abondants emprunts de décors à des potiers comme COPPIRES, GABINIA, CCLOSVC. En fait l’originalité du type se manifeste lorsque les lampes portent des décors eux‑mêmes originaux (LMADIEC 43,44), alors que les proportions des lampes présentant des décors communs à COPPIRES (LMADIEC 20, 46, 47) sont bien d’un type usuel4.

15Tout concourt donc à suggérer, au niveau de la production, des associations non systématiques, ou, plutôt, un mode de fabrication individuel, mais dans un cadre collectif, où les emprunts, les échanges voire les ventes sont possibles et fréquents (Hofmann 1971b : 5‑20).

3.3.1. Utilisation du même poinçon (fig. 64)

16Les poinçons‑décors, utilisés par différents potiers, posent le problème, maintes fois abordé, des relations effectives entre ces derniers.

17– VNIALEXI et CIVNALEX ont en commun : la danseuse au tambourin (2P.a‑D.G.n1), les cornes d’abondance entre‑ croisées (2/O.O./1 ) ;

18– CIVNDRAC et CIVNALEX : le buste d’Hélios (7B.‑F.6), le cratère (4/O,/3) ;

19– MNOVIVST et CIVNALE : l’Afrique (2B.‑F.2) ;

20– MNOVIVST et IVNIALEXI : l’esclave à l’amphore (1P.d‑D.1), l’oiseau picorant (2A.0.3) ;

21– MNOVIVST et CIVNDRAC : le buste de femme (B.‑F.4) ;

22– CCLOSVC et GABINIA : les femmes à la toilette (P.P. 6), le chien attaquant une biche (A.Gr.7) ;

23– ces deux potiers ont en commun avec LMADIEC : le bige à droite (1P.Att.‑D.2) ; avec COPPIRES : la barque aux singes (A.Gr.2) ; enfin avec LMADIEC et COPPIRES : le scorpion (A.l.1) ;

24– GABINIA et LMADIEC ont en commun : la chèvre (A.‑G.P. 1) ;

25– LMADIEC et COPPIRES ont en commun : la couronne (1/O.V./1).

26D’ores et déjà, deux groupes d’association se dessinent nettement : l’un réunit les potiers de la famille des IVNII (sauf CIVNBIT) et MNOVIVST ; l’autre rassemble GABINIA, LMADIEC, CCLOSVC et COPPIRES.

27L’utilisation de mêmes poinçons apparaît également dans d’autres cas :

  • le bige au galop (3Att.‑G,1) est utilisé par COPPIRES et CLOHEL ;

  • une scène érotique (P.E.‑D.5) est commune à CIVNBIT et CCORVRS ;

  • le cheval au pas ( 1 A.‑G.P. 3) se retrouve chez CCLOSVC et MVNTREPT.

28La relation entre CIVNBIT et CCORVRS permet de penser à une collaboration possible, mais la production du premier est répartie d’une telle façon qu’il semble qu’il n’ait pas de rapports avec l’ensemble des potiers étudiés.

29Quant au rapport MVNTREPT‑CCLOSVC, il semble très intéressant pour situer l’atelier‑mère des MVNATII ; mais trop peu de signatures ont pu être étudiées dans le répertoire MVNTREPT, et la plupart relèvent de l’atelier de surmoulage de Montans.

3.3.2. Utilisation du même moule (fig. 64)

30Si l’emprunt d’un poinçon‑décor semble, dans la fabrication, très aisé, il n’en est pas de même de l’emprunt du moule supérieur, qui sous‑entend une uniformisation suffisante permettant l’échange des moules inférieurs ou supérieurs, sans dommage pour l’esthétique finale de la lampe. Les exemples de ces emprunts de moules supé rieurs dans les répertoires des différents potiers sont nombreux et modifient légèrement l’image nettement dichotomique des conclusions précédentes.

31Tout d’abord, certains exemples corroborent l’hypothèse préalable :

  • MNOVIVST et CIVNDRAC utilisent les mêmes moules supérieurs pour les décors du buste de femme (2B.‑F.5) et du dauphin au gouvernail (1A.Ma.2) ;

  • CIVNDRAC et CIVNALEX pour la tête de femme à longue chevelure (T.‑F.3) ;

  • CIVNALEX et IVNIALEXI pour la danseuse au tambourin (2P.a‑D.G.n1) ;

  • COPPIRES et LMADIEC utilisent les mêmes moules supérieurs pour les décors de l’hippocampe (Am.2) et des trois moutons paissant (A.Gr.3) ;

  • GABINIA et CCLOSVC pour l’autel entre les deux arbres (O.O./6) ;

  • GABINIA et LMADIEC pour le cerf et l’arbre (1 A.‑D.B. 1).

32Le lien entre CLOHEL et COPPIRES se précise : par deux fois, ils emploient les mêmes moules supérieurs, pour le triton ithyphallique (P.M.‑G.3) et l’aigle aux ailes repliées (1A.O.2). Et d’autres potiers semblent liés à ce deuxième grand groupe :

  • LMRES et CCLOSVC emploient le même moule portant le décor des femmes à la toilette (P.P. 6) ; LMRES et COPPIRES celui décoré d’un Horus (P.b‑F.n1) ;

  • LMVNSVC et CCLOSVC emploient les moules décorés de la Vénus à sa toilette (P.d‑G.3) et d’une scène érotique (1P.E.3) ; mais l’atelier de LMVNSVC est avant tout copieur.

33Viennent maintenant des exemples plus délicats à traiter :

  • CCORVRS et IVNIALEXI ont en commun un moule déco ré d’un buste de femme (1B.‑F.5) ;

  • FLORENT et LCAESAE, un moule portant le décor du berger avec la chèvre et le bélier (P.a‑G.D.n2) ;

  • MNOVIVST et CCLOSVC, un moule portant une scène érotique (1P.E.‑D.1) ;

  • MNOVIVST et LFABRICMAS, un moule décoré de la victoire ailée (P.a‑D.G.a5) ;

  • CIVNALE et OPPI, un moule décoré du buste de Minerve (B.‑D.1).

34Ces exemples de moules communs à plusieurs potiers peuvent recevoir diverses interprétations. Ainsi je ne crois pas à un lien réel entre FLORENT et LCAESAE. En revanche, le lien CCORVRS‑IVNIALEXI pourrait être intéressant pour situer la production du premier potier, d’autant plus que les deux lampes issues du même moule sont de provenances très éloignées : l’une, le Maroc, l’autre, la Tunisie. Mais nous connaissons trop mal la production signée CCORVRS pour qu’une hypothèse soit possible. Le lien CIVNALE‑OPPI est assez satisfaisant ; CIVNALE est le seul à présenter une série de signatures in planta pedis dont l’utilisation est limitée d’ordinaire au 1er quart du ier s. (et même aux 2e et 3e décennies du ier s. ap. J.‑C) (Dallemulle 1975 : 277). OPPI utilise le type précoce de Deneauve VIIA, défini lors de l’étude de la production signée CLOD et datée de 40 à 50 environ ap. J.‑C. (Domergue 1966) ; de plus, il signe d’un graffite. L’emprunt entre ces deux potiers pourrait être considéré comme le lien initial entre les deux grands groupes d’association, localisés probablement en des lieux de production différents. OPPI est considéré comme italique (Mocchegiano Carpano 1977 : 172‑173) ; et CIVNALE pourrait être le potier qui s’est expatrié, en quittant l’Italie (?) pour s’installer en Afrique (?) et fonder un centre de production avec successivement les potiers signant CIVNALEX, IVNIALEXI, CIVNDRAC I.

35Enfin, MNOVIVST est le seul qui fasse des emprunts à la fois aux deux groupes d’associations des potiers. Il en est donc soit l’héritier, soit le pourvoyeur en moules, soit enfin celui qui a connu deux phases de production, la première en liaison avec le groupe de la famille des IVNII (sauf CIVNBIT), la deuxième avec le groupe associant COPPIRES, CCLOSVC, GABINIA et LMADIEC. La qualité de sa production incite à ne pas retenir l’éventualité d’un atelier MNOVIVST pourvoyeur en moules. Au contraire, la qualité des lampes signées GABINIA est telle que l’on peut le supposer créateur de moules.

3.4. Datation

36Deux formes de datation peuvent être envisagées. La datation absolue est rendue quasiment impossible, car l’insuffisance de renseignements ne nous permet pas de dater avec précision l’activité des ateliers ; par ailleurs, nous nous refusons à dater les lampes uniquement par la typologie, étant donné la grande variété des fourchettes chronologiques fournies par les études typologiques.

37La chronologie relative peut être envisagée grâce aux analyses effectuées potier par potier, qui permettent de supposer des successions dans l’organisation des ateliers.

38Si l’on représente artificiellement l’évolution, dans le temps, des productions signées par différents ateliers, sous la forme de courbes de Gauss (l’axe des x représente le temps, l’axe des y, la quantité de lampes produites), différents cas peuvent se présenter (diagrammes fig. 65) :

● Fig. 65 – Diagrammes de la chronologie relative des productions.

39– les productions de deux potiers n’ont aucun point commun (fig. 65, 1) : leurs activités doivent se succéder dans le temps, l’une étant antérieure ou postérieure à l’autre ; elles peuvent aussi s’exercer de façon concomitante dans deux régions très différentes de l’Empire, sans connexion ; cette éventualité ne se présente qu’avec CIVNBIT ; le diagramme représente la succession dans le temps des activités de deux potiers, tels COPPIRES OPPI ;

40– des potiers associés et subcontemporains ont des productions équivalentes pendant la période de fabrication commune, signalée par des hachures ; les emprunts entre les potiers sont nombreux ; des périodes de productions indépendantes demeurent en amont et en aval (fig. 65, 2a) ;

41– des potiers associés, subcontemporains ont des productions inégales : l’atelier de production moindre peut exercer dans la première phase (fig. 65, 2b1) ou la dernière phase (fig. 65, 2b2) de production de l’atelier le plus important ; l’exemple en est donné par CIVNALE et CIVNALEX ;

42– deux potiers se succèdent dans le temps ; quelques rares emprunts entre eux sont possibles ; en 3a (fig. 65), les deux potiers ont une production équivalente ; en 3b (fig. 65), la production d’un des deux ateliers est beaucoup plus importante que celle de l’autre ; ce cas de figure exprime également ce qui se produit lorsqu’un atelier utilise le surmoulage; on ne peut que constater l’antériorité de l’atelier‑mère ; mais, selon la longévité des deux ateliers, deux cas sont possibles : l’atelier de surmoulage est subcontemporain de l’atelier‑mère (cf. fig. 65, 2b1 et 2b2) ; ou il poursuit son activité postérieurement à celle de l’atelier‑mère (cf. fig. 65, 3b) ; en outre, le plus souvent, l’atelier de surmoulage ne copie pas un seul atelier, mais au contraire, il emprunte à diverses productions ;

43‑ le dernier schéma (fig. 65, 4) exprime le cas fictif où plusieurs productions sont en cause (six ateliers) ; il permet de comprendre la difficulté d’analyse et de comparaison des productions entre elles et la nécessité d’envisager un traitement informatique pour l’analyse des données.

44Enfin, si la datation relative de deux productions peut être déduite de l’analyse, elle n’engage en rien la datation absolue, car l’espace‑temps entre deux productions reste ignoré.

3.5. Répartition géographique

45La répartition géographique des productions des différents ateliers a été étudiée par potier, mais elle ne semble pas intéressante dans sa globalité. Quand il s’agit de poinçons‑signatures primitifs, la plupart des ateliers ont une répartition large dans l’Empire. Mais les ateliers de surmoulage n’ont qu’une distribution locale.

46La localisation précise des ateliers semble très délicate. La distinction de deux grands groupes d’ateliers permet d’envisager une double localisation : l’une en Italie, l’autre en Afrique du Nord (la famille des IVNII sauf CIVNBIT). Si cette dernière implantation est largement admise, rien ne permet de la confirmer et, à ma connaissance, aucun four de potiers de lampes n’a été dégagé, en fouilles, dans ces régions. En revanche, la découverte d’un four de potiers de lampes en Campanie (Mocchegiano Carpano 1977 : 172‑173) autorise l’hypothèse de la localisation italique.

3.6. Conclusion

47Cette étude permet donc d’appréhender dans le temps la succession des différents potiers répertoriés et d’envisager, à titre d’hypothèse et dans une certaine mesure, leur localisation.

48Le potier signant CLOD dont la production est datée des années 40‑50 ap. J.‑C., exerce probablement pendant la même période que les potiers CIVNALE et OPPI ; le lien de production qui existe entre eux deux indique une origine sans doute commune.

49Ensuite, dans un lieu de production ignoré mais supposé être l’Italie, GABINIA, créateur de génie, colla bore étroitement avec CCLOSVC, LMADIEC et COPPIRES ; d’autres potiers moins importants travaillent dans leur mouvance ; CLOHEL reste dans l’orbite de COPPIRES, tandis que LMVNSVC surmoule tout ce qu’il peut trouver ; se joignent à eux également MVNTREPT et LMRES.

50Dans la zone de production où CIVNALE a émigré, ses successeurs, CIVNALEX et IVNIALEXI, collaborent étroitement avec CIVNDRAC I, producteur important.

51Et comme nous l’avons déjà signalé, l’activité de MNOVIVST se situe successivement, dans un premier temps, avec l’ensemble où crée GABINIA, puis, avec les IVNII (ou vice versa ?).

52Quelques originaux travaillent seuls. LFABRICMAS semble être resté isolé pendant la même période de production que les potiers précédents. FLORENT et LCAESAE ont une production tellement spécifique qu’il est concevable qu’on leur attribue une datation indépendante.

Notes

1 L’association fréquente de réservoirs issus du même moule inférieur et de couvercles portant des décors différents, conduit à dissocier les deux poinçonnages : la signature est apportée sur l’archétype, et le décor dans le moule. Parfois le décor est creusé directement dans le moule : P.P. 1, par exemple.

2 Cette même fabrication dissociée, par surmoulage, est envisageable pour IVNIALEXI, 6 et 7. La petite taille des lampes, exceptionnelle dans ce répertoire, indique le surmoulage qui n’a pu être contrôlé au niveau des signatures ; les frottis n’ont pu être encore obtenus ; le décor est surmoulé de MNOVIVST.

3 Par exemple, les décors P.J.2 ; P.E.‑D.A ; A.I.1 ; A.‑G.P. 1 ; 4O/3.

4 Les décors empruntés à GABINIA et à CCLOSVC se présentent sur des lampes de type Deneauve VA et VD, pour lesquels aucune originalité typologique n’a été remarquée.

Table des illustrations

Légende ● Fig. 64 – Diagrammes des relations entre les potiers.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/33490/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 111k
Légende ● Fig. 65 – Diagrammes de la chronologie relative des productions.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/33490/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 93k

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988

Licence OpenEdition Books

Lire

Open access

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search