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Les fours de tuiliers gallo-romains

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Françoise Le Ny

1. Approche méthodologique

Texte intégral

1.1. La documentation

1.1.1. Les différentes sources

1Aucun texte antique concernant les fours de tuiliers en Gaule ne nous est parvenu. Nous ne disposons donc pas de sources historiques. Les sources archéologiques sont les seules bases réelles de notre travail. Mais, malheureusement pour notre recherche, les archéologues, pendant une longue période, se sont peu intéressés aux différents artisanats gallo‑romains et plus particulièrement au domaine très concret des techniques de travail et de fabrication des objets du quotidien. Ainsi tout ce qui concernait les ateliers ou plus encore les fours de tuiliers a été souvent ignoré ou négligé. Peu de sites ont fait l’objet de fouilles et peu de rapports ou articles ont été publiés sur cette question. Quand ils existent, ces documents sont la plupart du temps difficiles à utiliser : très dispersés, souvent anciens et succincts, leur analyse demande une grande prudence et un examen très critique.

2Or l’impossibilité de travailler sur les sites et donc sur les fours, ceux‑ci n’ayant été que très rarement conservés, conduit le chercheur à passer obligatoirement et uniquement par les rapports de fouilles. Seuls les archéologues ont eu la possibilité d’examiner les découvertes in situ et l’on doit donc se servir uniquement de la description qu’ils ont bien voulu donner des fours. Les différents chercheurs dont l’objet d’étude est similaire au nôtre ont tous rencontré ces difficultés. Ainsi P. Duhamel, dans son travail sur les fours de potiers, souligne lui aussi les différents problèmes que soulève l’utilisation de la documentation. L’étude des fours ne peut être, dit‑il, qu’indirecte. En effet, « [...] le four n’a généralement suscité que peu d’intérêt, jusqu’à ces dernières années, et quand une description en est donnée, celle‑ci est fréquemment incomplète, voire faussée ou inutilisable, parce que remplacée par une interprétation hâtive [...]. Il nous faut donc à partir de cette documentation fragmentaire, tenter de retrouver la réalité du constat archéologique et de pallier les carences de la description […] » (Duhamel 1973b : 142).

3Mais il nous semble important de souligner combien le chercheur doit avoir une attitude critique face à cette documentation, qu’elle soit ancienne, erronée ou incomplète. Il n’est guère possible, si l’on désire cerner au mieux les fours de tuiliers, dans ce qu’a pu être leur réalité, de se contenter d’une simple liste de « pseudo » four apparaissant dans la littérature archéologique. Et cela d’autant plus s’il faut se risquer à compléter subjectivement la description. Il nous apparaît donc nécessaire de prendre une position claire vis‑à‑vis de ces sources, de classifier l’inventaire en des données hypothétiques, probables ou attestées qui en marquent les limites.

1.1.2. Le désintérêt des archéologues vis‑à‑vis de l’artisanat de l’argile

4Le fonctionnement des fours échappe souvent aux archéologues faute de renseignements fournis sur ce sujet. Il faut également ajouter que les grands noms de l’archéologie française, avant ces cinquante dernières années, ne se sont pas souvent penchés sur les problèmes technologiques de l’artisanat gallo‑romain. La grande majorité des découvertes avaient un caractère totalement fortuit et n’étaient fouillées que par des « amateurs éclairés » locaux qui ne possédaient pas forcément la formation suffisante pour saisir ce qui était en jeu devant ces structures. P. Duhamel fait le même constat. Les fours, qu’il s’agisse de fours de potiers ou de fours de tuiliers, ne présentent « […] ni l’intérêt d’un ensemble architectural, ni les caractéristiques d’un objet muséographique […] » (Duhamel 1973b : 142). Ainsi, ils n’ont jamais été protégés jusqu’à présent, par la création, sur le site même, d’un musée. Ce désintérêt relatif du monde archéologique pour ce qui concerne l’histoire du travail et les techniques de fabrication des objets est assez révélateur d’un certain état d’esprit de la recherche qui a prévalu pendant longtemps et qui prévaut, hélas, encore parfois de nos jours, à savoir que seul est intéressant un objet esthétique ou ayant une valeur marchande ou plus fréquemment, il y a encore quelques années, un site dont le matériel étudié est plus riche en informations ou plus original que les matériaux de construction et, de ce fait, plus gratifiant.

1.1.3. Les raisons de ce désintérêt

5Sans doute l’emploi tant généralisé des matériaux de construction banalisait‑il trop cette production. Ainsi malgré la quantité impressionnante de tuiles ou de briques romaines trouvées sur les chantiers, ce qui prouve l’importance du volume de production, celles‑ci étaient délaissées, car elles ne possédaient pas de critères déterminants pour caractériser un site (en dehors des éléments identifiables comme les tegulae estampillées). Très concrètement, sur un chantier, ce genre de matériel était trop lourd et trop encombrant pour que l’on s’en charge. Le four, quant à lui, élément industriel, appartenait sans doute trop à la quotidienneté matérielle du travail pour susciter un intérêt plus grand. Enfin les méthodes archéologiques étaient trop sommaires pour retenir les vestiges archéologiques trop fragiles de l’atelier.

6A l’heure actuelle, au contraire, on tente de mieux saisir ce qu’a pu être l’univers artisanal, sa diversité, son évolution technologique. L’excellent ouvrage de J.‑P. Adam, La construction romaine. matériaux et techniques (Adam 1984), illustre notre propos. Pour ce qui concerne les ateliers et les fours de tuiliers, peu d’ouvrages de synthèse ont été publiés en France, en dehors de l’ouvrage de R. Pauc dont nous avons parlé précédemment mais qui ne concerne que la seule région du Quercy. Quant aux fours de tuiliers, ils n’avaient auparavant fait l’objet d’aucune étude spécifique.

7Ce domaine a par contre été abordé beaucoup plus tôt par les chercheurs anglais ; A. McWhirr a établi pour l’Angleterre l’inventaire des fours de tuiliers, publié en 1979, dans les actes du colloque de Leicester (McWhirr 1979). En Italie, la Dresse N. Cuomo di Caprio et le laboratoire de Milan ont travaillé également sur les fours de tuiliers et ont publié différents articles les concernant (Cuomo di Caprio 1979). C’est dans l’optique de ces deux recherches, en particulier celle d’A. McWhirr, que nous avons envisagé de mener une enquête identique sur les fours de tuiliers gallo‑romains dans le cadre des données archéologiques françaises.

1.2. L’enquête

8Il nous fallait dans un premier temps établir la liste de tous les sites concernant les ateliers de tuiliers connus en France. Une recherche qui se serait voulue absolument exhaustive aurait entraîné le dépouillement systématique de toutes les revues archéologiques publiées en France. Ce travail était impensable dans le temps imparti pour une maîtrise. L’établissement de la première liste des sites a été effectué à partir de la revue Gallia. qui publie, chaque année, depuis 1943, une chronique des fouilles menées en France.

1.2.1. L’aide des directions des antiquités historiques

9Dans un deuxième temps, cette liste incomplète, étant donné le départ de publication de cette revue, a été envoyée aux différentes directions des Antiquités historiques. Ces dernières, dirigeant ou surveillant, et autorisant les différentes fouilles de chaque circonscription archéologique française, centralisent les données collectées dans chaque région. Ainsi pouvaient‑elles nous signaler les ateliers de tuiliers découverts avant la publication de Gallia. ou les fouilles d’ateliers n’ayant pas fait l’objet d’une publication, ou bien encore d’ateliers connus seulement en prospection.

10Il est probable que malgré ces apports cette liste ne soit pas exhaustive et que certains ateliers aient échappé à cette recherche, faute de n’avoir pas été reconnus en tant qu’ateliers de tuiliers. Il est apparu également au regard de la liste obtenue, que cet inventaire était en quelque sorte le reflet de l’évolution des recherches des différents milieux archéologiques et qu’il était fortement lié aux différentes orientations des travaux menés par les directions des Antiquités historiques. On constate de ce fait que certaines périodes historiques, sans doute plus riches en matériel hors sol ou ayant bénéficié d’un intérêt particulier, sont privilégiées, au détriment d’autres périodes dans certaines circonscriptions. C’est le cas pour l’Aquitaine, dont la communauté archéologique a longtemps été connue surtout pour ses travaux en préhistoire, ce qui explique peut‑être que pour cette région ne sont présentés que deux fours de tuiliers ayant fait l’objet de fouilles. Cela peut paraître étonnant pour une région où la romanisation a laissé une forte empreinte.

11D’une manière générale, les directions des Antiquités historiques ont également joué le rôle d’intermédiaire, en nous transmettant les adresses des archéologues responsables de fouilles d’ateliers de tuiliers, nous permettant ainsi d’entrer en contact avec ces derniers. On peut souligner le rôle joué, en particulier, par la direction des Antiquités de Midi‑Pyrénées, dirigée par R. Lequément, qui s’est proposée de faire connaître notre enquête, en se chargeant d’assurer la distribution de notre questionnaire auprès des archéologues. De même, nous pouvons souligner l’accueil réservé par A. Ferdière et la direction des Antiquités historiques du Centre qui nous a reçue à Orléans, nous permettant de cette manière de rencontrer les archéologues et d’avoir directement accès à divers documents.

1.2.2. Le questionnaire

12Un questionnaire (fig. 1, 2, 3) nous a semblé nécessaire pour mener à bien une telle enquête. Il a été conçu, dès le départ, pour une exploitation informatisée ultérieure et présente de cette manière un échantillonnage très ouvert de questions concernant aussi bien l’atelier que les fours.

● Fig. 1 – Le questionnaire : description de l’atelier.

Fig. 2 – Le questionnaire : description des différents types de fours.

Fig. 3 – Le questionnaire. ‑ a. Descriprtion du four en couloir. ‑ b. Essai provisoire de classification.

  • 1 La typologie de ce questionnaire ainsi que le questionnaire des fours ont été depuis remaniés dans (...)
  • 2 La typologie de ce questionnaire ainsi que le questionnaire des fours ont été depuis remaniés dans (...)
  • 3 La typologie de ce questionnaire ainsi que le questionnaire des fours ont été depuis remaniés dans (...)

13Un premier essai de classification (fig. 3b) des fours de tuiliers a été effectué afin de permettre aux archéologues d’attribuer plus facilement leur four à telle ou telle typologie1 23. Cette classification a été établie à partir des travaux de la Dresse N. Cuomo di Caprio, sur la typologie des fours de tuiliers italiens (Cuomo di Caprio 1979), que nous avons complétée par d’autres types découverts en Angleterre par le chercheur A. McWhirr (McWhirr 1979).

14Ce questionnaire a très vite laissé apparaître à l’usage ses limites. Trop rigide dans sa formulation, il ne permettait pas aux archéologues confrontés à des cas d’exception d’expliquer leur site. Matériellement, cocher uniquement une case ne constituait pas une réponse satisfaisante. Certaines parties de la fiche ont été difficilement comprises, en particulier celle concernant la description des fours. Les archéologues se sont heurtés aux problèmes de terminologie. Beaucoup en effet utilisent un vocabulaire qui leur est propre et qui est parfois inadapté à la description d’un four de tuilier. Ce vocabulaire dérive souvent de celui désignant les structures de fours appartenant à d’autres activités. Ou bien encore, certains archéologues utilisent des termes dans des sens différents de ceux dans lesquels nous les employons, ce qui a parfois été source de quiproquos.

  • 4 Il est possible que cette reprise systématique des mesures sur le plan ait entraîné un certain nomb (...)

15Aux problèmes de vocabulaire venait s’ajouter celui des mensurations. Les archéologues n’ayant pas conçu la prise de mensurations de la même façon que nous ne possédaient pas les données demandées. Il nous a fallu reprendre la plupart des mesures à partir des seuls plans de four envoyés4.

16Si l’on établit un bilan statistique pour ce questionnaire, on doit constater que 90 % des fiches concernant les fours nous ont été retournées non remplies. Les archéologues ont souvent préféré nous envoyer simplement leur propre rapport de fouilles ou même dans certains cas extrêmes, ne pas répondre au questionnaire, sans doute rebutés par son apparente complexité. On pourrait donc s’interroger sur la rentabilité de ce questionnaire ; toutefois celui‑ci constituait une base concrète d’échanges, permettait de délimiter un cadre de travail et, en orientant les réponses, rendait possible la systématisation des renseignements collectés.

1.2.3. Les interlocuteurs

17Malgré ces difficultés techniques, les échanges avec les différents archéologues ont été très positifs et un nombre de 94 % de réponses obtenues peut être avancé (sur 81 archéologues contactés, 5 seulement n’ont pas répondu).

18La notion de temps a joué un grand rôle. Alors que la réalisation de cette enquête avait été envisagée sur deux mois, l’inventaire n’a été clos que vers la fin du mois de mai 1985. En effet la liste n’a jamais cessé de s’allonger et le contact soit avec les directions des Antiquités historiques, soit avec les archéologues s’est parfois révélé difficile et lent à mettre en place. Il a été nécessaire, dans bien des cas, de contacter plusieurs fois les archéologues afin d’établir une réelle mise au point des sites concernés, ce qui a prolongé notre enquête. Nous attendons d’ailleurs, encore aujourd’hui, des dossiers, bien que notre inventaire ait été clos par les impératifs administratifs.

19Cependant, il nous faut remarquer le souci de collaboration que nous avons le plus souvent rencontré et la grande gentillesse apportée par la majorité à nous répondre, certains n’hésitant pas à envoyer des documents non encore publiés.

1.3. L’exploitation des données archéologiques

20D’autres difficultés concernant cette fois l’exploitation des données archéologiques sont apparues au fur et à mesure que ces dernières nous parvenaient. Les limites de la documentation reçue, exposées auparavant, ont mis en évidence le problème de la qualité des données et le choix nécessaire de critères précis de détermination d’un atelier de tuilier.

1.3.1. La qualité des renseignements

21Beaucoup, de fouilles archéologiques, en effet, se sont révélées partielles, car les différentes parties de l’atelier, peu connues, sont ignorées ou non reconnues et seuls les fours sont dégagés. Cela représente 29 % des fouilles de notre inventaire. Un plus grand nombre d’ateliers, 32 %, n’ont fait l’objet que d’une fouille de sauvetage, effectuée souvent dans de mauvaises conditions. Il arrive aussi que certains fours disparaissent avant même que les fouilles aient commencé ou quelque temps après leur départ, comme cela s’est passé pour le four de Gigondas (Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, no 132).

22Les ateliers de tuiliers ayant connu des fouilles exhaustives, donnent un total de 38 %. Sur ce nombre, seuls une dizaine d’ateliers, soit 13,5 % de l’ensemble, ont fait l’objet d’une fouille programmée. Il s’agit majoritairement de programmes récents.

1.3.2. Les critères de détermination

23L’un des problèmes principaux de l’archéologue qui s’intéresse aux fours de tuiliers n’est pas tant de bien fouiller entièrement un atelier que de reconnaître avant tout l’activité du site et cela aussi bien dès la prospection au sol que lors de la fouille. En effet au niveau de la prospection, le simple ramassage des fragments de tuiles ou de briques n’entraîne pas, bien évidemment, la localisation d’un atelier. Il peut s’agir d’une villa.

24Un matériel argileux pas assez ou trop cuit constitue un premier critère valable de détection d’une production. Mais un matériel trop cuit peut induire également en erreur, car les fours de tuiliers et les fours de potiers sont construits avec les mêmes matériaux, briques ou tuiles, ce qui entraîne, lors des destructions opérées par les labours, la remontée de fragments de tuiles surcuites souvent vitrifiées, mais qui ne permettent en rien l’attribution du four à une des deux activités. Pour être certain d’avoir affaire à un four de tuilier, il faut constater une grande concentration de matériel de construction : briques, tuiles, etc., une absence de tessons de poterie et surtout des ratés de cuisson caractéristiques : tuiles ou briques déformées ou collées entre elles par la surcuisson, ce qu’on appelle un « mouton ». Il faut également signaler que certains ateliers sont mixtes et produisent aussi bien des tuiles que des poteries. Il est donc nécessaire d’être extrêmement prudent.

25La fouille effectuée, l’archéologue peut rencontrer d’autres difficultés. S’il n’est pas trouvé, par exemple, de fosse‑dépotoir associée permettant l’identification de la production, la forme du four ne permet en aucun cas de définir l’activité. En effet, on aurait pu penser que les formes des fours étaient dépendantes des formes du matériel produit, qu’un four circulaire cuisait de la poterie alors qu’un four rectangulaire était réservé aux matériaux de construction. Cela se produit, en toute logique, dans un atelier possédant plusieurs fours de formes différentes où la production est mixte. Ainsi, chaque four a une production spécifique à l’intérieur de l’atelier. Mais il existe également des fours de tuiliers de forme circulaire, en particulier dans le sud de la France. De plus, la fouille de certains ateliers de production mixte a montré, c’est le cas pour l’atelier de Sallèles‑d’Aude (Languedoc‑Roussillon, no 107), ou celui de Saintes (Poitou‑Charentes, no 131), que des fours de formes différentes ont fonctionné indifféremment pour l’une ou l’autre des productions. Il arrive même, comme à Sallèles‑d’Aude, que certains chargements soient mélangés et comportent aussi bien des amphores, des tuiles, que des poteries (Lanbenheimer 1978 : 115‑116).

26Enfin les dimensions ne constituent pas un facteur déterminant pour reconnaître l’activité d’un four. Si, d’une manière générale, les fours de tuiliers ont tendance à être plus grands que les fours de potiers, il existe néanmoins de grands fours de potiers en tous points semblables aux fours de tuiliers, comme par exemple certains fours de La Graufesenque à Millau en Aveyron.

27La taille relativement importante du plus grand nombre des fours de tuiliers se justifie d’abord par les dimensions des matériaux de construction. Elle s’explique ensuite par l’organisation saisonnière du travail qui entraîne des périodes de cuisson regroupées et donc limitées dans le temps, rendant nécessaires de grands fours capables de recevoir d’importants chargements. Le potier travaille, quant à lui, beaucoup plus régulièrement, ce qui lui permet de n’avoir qu’un petit four mais qui servira plus souvent (la taille ainsi que les formes du matériel sont également à prendre en considération).

28Cette différence de taille qui apparaît fréquemment, même si elle ne constitue pas une règle, fait qu’il semble peu probable que des fours de potiers aient beaucoup servi de fours de tuiliers dans la mesure où il n’est plus rentable de brûler du bois pour la cuisson d’un chargement de tuiles trop réduit. Inversement, il semble que les fours de tuiliers aient été, de manière plus fréquente, utilisés comme fours de potiers, pendant les périodes de non‑production de matériaux de construction.

1.3.3. De l’inventaire

29Ces limites à l’exploitation de nos données prises en compte, nous avons tenté de dresser un inventaire aussi complet que possible des ateliers de tuiliers découverts en France, qu’ils soient connus par des fouilles ou simplement reconnus par une prospection au sol. Cependant, comme on aura pu le constater, les divers obstacles présentés ne permettent pas d’envisager un inventaire exhaustif des ateliers ayant existé et fonctionné pendant l’époque gallo‑romaine. Nous nous devons d’ailleurs de signaler que quelques sites, bien que nous ayant été indiqués, ne figurent pas dans notre étude et cela pour diverses raisons.

30Ainsi certains sites prospectés n’ont pu être retenus quand les informations présentées étaient trop peu fournies (localisation seule, ou simple mention de la présence de tuiles et de briques, etc.). Il est arrivé également, même après la fermeture impérative de notre inventaire, que de nouveaux sites nous soient indiqués. Ces derniers, parvenus lors de notre rédaction finale, n’ont pu être ajoutés : c’est le cas pour un nouvel atelier localisé à Dinsheim (Alsace). Enfin certains archéologues ne nous ayant pas répondu, nous avons été dans l’obligation de placer leurs sites bien que fouillés parmi les ateliers prospectés, faute d’informations archéologiques suffisantes. C’est le cas pour les sites de Bollène (Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, no 75) et de Villers‑Farlay (Franche‑Comté, no 23).

31Si l’on considère qu’il faudrait ajouter à cette liste d’absents les ateliers de tuiliers non reconnus comme tels, ou ayant été détruits avant même qu’ils soient connus, on ne s’étonnera plus du nombre d’ateliers présenté. Celui‑ci peut en effet paraître réduit quand on se représente le volume de matériaux de construction produit pendant l’époque gallo‑romaine.

32Cet inventaire n’est ainsi qu’un échantillonnage où le hasard des découvertes, les pôles d’intérêts des archéologues, l’interprétation difficile des renseignements, ont joué des rôles importants. Cela ne permet donc qu’une extrapolation des différentes questions concernant les fours de tuiliers et relativise toute exploitation même sérieuse des données archéologiques collectées.

33Consciente de ces lacunes, nous concevons ce travail avant tout comme une première mise au point sur ce sujet et dans une perspective à long terme qui permettra à notre étude d’être complétée au fur et à mesure.

34Nous avons répertorié un total de 142 sites (fig. 4, carte no 1) pour l’ensemble de la France, dont 79 ateliers prospectés (fig. 4, carte no 2). Sur ce nombre, 51 de ces derniers sont attestés (fig. 4, carte no 3) et répondent à nos critères de détermination. Les 63 ateliers restants (fig. 4, carte no 4) ont fait l’objet de fouilles archéologiques. Parmi eux, 46 ne possèdent qu’un seul four et fournissent uniquement des matériaux de construction. Les 17 derniers utilisent plusieurs fours (jusqu’à 6) et fournissent, pour 12 d’entre eux, des productions mixtes qui associent des matériaux de construction et de la poterie, auxquels s’ajoutent parfois des amphores ou des dolia. Cela donne un total de 79 fours sur l’analyse desquels nous avons tenté d’établir une typologie française.

● Fig. 4 – Cartes de répartition des ateliers. ‑ no 1. Ateliers de tuiliers répertoriés. ‑ no 2. Ateliers de tuiliers prospectés. ‑ no 3. Ateliers prospectés attestés. ‑ no 4. Ateliers de tuiliers fouillés. (6 sites localisés sur la commune de Béziers sont représentés par ●).

35Mais le chiffre des sites prospectés, presque aussi important que celui des fours fouillés, nous rappelle combien notre vue d’ensemble est partielle et nous laisse même entrevoir ce qui sera peut‑être découvert dans l’avenir.

Notes

1 La typologie de ce questionnaire ainsi que le questionnaire des fours ont été depuis remaniés dans un souci de meilleure compréhension. A l’heure actuelle, ce type de questionnaire n’est plus utilisé sous cette forme.

2 La typologie de ce questionnaire ainsi que le questionnaire des fours ont été depuis remaniés dans un souci de meilleure compréhension. A l’heure actuelle, ce type de questionnaire n’est plus utilisé sous cette forme.

3 La typologie de ce questionnaire ainsi que le questionnaire des fours ont été depuis remaniés dans un souci de meilleure compréhension. A l’heure actuelle, ce type de questionnaire n’est plus utilisé sous cette forme.

4 Il est possible que cette reprise systématique des mesures sur le plan ait entraîné un certain nombre d’erreurs : erreurs de lecture (règle, parallaxe), erreurs de positionnement des bornes sur le plan (grosseur de trait, choix des bords externes ou internes, etc.). Il faut donc prendre en compte, pour des plans ramenés à l’échelle 1/50, une erreur absolue de 2,5 cm.

Table des illustrations

Légende ● Fig. 1 – Le questionnaire : description de l’atelier.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/33343/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 112k
Légende Fig. 2 – Le questionnaire : description des différents types de fours.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/33343/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 161k
Légende Fig. 3 – Le questionnaire. ‑ a. Descriprtion du four en couloir. ‑ b. Essai provisoire de classification.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/33343/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 118k
Légende ● Fig. 4 – Cartes de répartition des ateliers. ‑ no 1. Ateliers de tuiliers répertoriés. ‑ no 2. Ateliers de tuiliers prospectés. ‑ no 3. Ateliers prospectés attestés. ‑ no 4. Ateliers de tuiliers fouillés. (6 sites localisés sur la commune de Béziers sont représentés par ●).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/33343/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 129k

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988

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