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Les fours de tuiliers gallo-romains

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Françoise Le Ny

Introduction

Texte intégral

1La colonisation romaine s’est traduite, entre autres pour la Gaule, par l’apport d’une architecture radicalement différente de celle en usage chez les populations celtiques. Or cette architecture fait appel à des matériaux de construction nouveaux, ignorés jusqu’alors par les constructeurs gaulois. Ces matériaux, pour un certain nombre d’entre eux, ont la particularité d’être fabriqués à base d’argile, qu’il s’agisse de tuiles, de briques ou d’éléments d’hypocauste.

2Pour répondre à ce besoin urgent de matériaux nouveaux, des ateliers spécialisés dans cette production vont se créer un peu partout en Gaule. Pourtant il s’agit là pour les artisans gaulois d’une technologie étrangère qui demande l’acquisition d’un savoir et la mise en place de structures de travail adaptées. Quelle a été l’attitude gauloise face à la nouveauté de ces données techniques ?

3Si l’on considère ce qui se passe pour un autre travail de l’argile, lors de l’implantation d’une production étrangère de céramique sigillée, on constate qu’à l’initiative gauloise, des ateliers de potiers de la Gaule du Sud, tels ceux de La Graufesenque ou de Montans, égalent puis supplantent les ateliers italiens d’Arezzo. Cela laisse à penser que la technique de production de matériaux de construction a été vite acquise. Et si, dans les premiers temps, celle-ci a dû être imposée, sans doute de manière brutale, par les légions, premiers fournisseurs et clients, il paraît crédible, le génie local intervenant, que les artisans gaulois aient pu apporter par la suite des améliorations ou qu’ils aient su s’adapter au milieu et à la demande.

4Tout ceci explique l’importance quantitative de ces matériaux de construction retrouvés chaque année lors des différents chantiers archéologiques gallo-romains. Or jusqu’à présent, peu de recherches ont été menées pour mieux connaître les ateliers où ils ont été fabriqués. Quels étaient leur nombre, leur taille, leur implantation ? Nous nous sommes posé ces questions restées jusqu’alors sans réponse. Cerner ces ateliers et leur production, et approfondir ainsi notre connaissance des techniques et des modes de travail à l’époque gallo-romaine, n’était possible qu’à travers les données archéologiques car il n’existe pas de textes antiques concernant ce sujet pour la Gaule.

5L’élément le mieux connu de l’atelier est le four ; massif, il est plus facilement repérable et identifiable. Il est aussi généralement maçonné, souvent encavé, parfois consolidé par le feu lors de vitrifications, ce qui lui permet d’être mieux conservé. C’est aussi en cela que, malheureusement, il est, la plupart du temps, le seul vestige fouillé au détriment du reste de l’atelier. Si le four est une structure dénuée de sens quand on oublie qu’il est entouré de l’ensemble de l’atelier, il présente néanmoins un intérêt en lui-même.

6C’est d’abord un critère de localisation de l’atelier dont il caractérise de plus l’activité tournée vers le travail de l’argile. C’est ensuite le stade final de la fabrication, phase essentielle puisque, permettant la cuisson de l’argile, le four fige l’objet produit. C’est enfin une structure architecturale répondant à des critères technologiques spécifiques d’un certain état de la technique de cuisson.

7L’exploitation des données recueillies par cette enquête a eu pour but de définir avec précision ce que sont un four de tuilier, son fonctionnement et sa production. Puis il nous fallait distinguer les différents types, leurs particularités, leur répartition, pour mieux comprendre leur spécificité. Nous avons voulu dans un dernier temps tenter de replacer nos fours dans une trame chronologique afin d’envisager plus sûrement des évolutions technologiques.

8Notre travail de synthèse se divise donc en quatre parties : une approche méthodologique, une description des structures, du fonctionnement et de la fonction, une étude typologique et une analyse statistique, géographique et dimensionnelle des fours, enfin une mise en ordre chronologique.

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1988

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