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La préparation des publications archéologiques

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Jean Prodhomme

Chapitre 5. Techniques complémentaires

Texte intégral

1Dans ce chapitre, nous regroupons, un peu artificiellement nous l’avouons, un certain nombre de développements qui n’ont pas trouvé place dans ce qui précède. Il s’agit aussi bien de conseils pratiques (des « trucs » de métier) que de recommandations théoriques. Ces remorques complètent les observations que nous avons présentées jusqu’à présent,

Comment « renseigner » le document photographique

■ En laboratoire

2Lorsqu’on reproduit un petit objet (fibule, monnaie, etc.), la présence d’une échelle métrique a une très grande importance. Elle permet de comparer le sujet photographié avec d’autres éléments de même nature et, lorsqu’il s’agit d’une diapositive, d’évaluer approximativement la grandeur de la pièce.

3Cependant, il faut éviter de placer l’échelle trop près de l’objet (fig. 111), que celui‑ci soit photographié en couleur ou en noir et blanc, pour deux raisons :

  • éviter le détourage de la photographie noir et blanc destinée à la publication ;

  • obtenir une reproduction couleur (à partir de la diapositive sur fond uni, avec ou sans échelle).

Fig. 111  Ces exemples autorisent toute exploitation.

4Dès lors que nous avons affaire à des objets dépassant quelques centimètres et de configuration autre que plate, l’emploi de l’échelle métrique constitue une absurdité (sauf si l’on veut proposer une suggestion dépourvue de toute rigueur scientifique). Prenons pour l’attester un exemple simple, celui d’une coupe de céramique sigillée hémisphérique, Nous plaçons (fig. 112) l’échelle métrique à trois endroits pris un peu au hasard (comme le font toujours ceux qui se livrent à ce genre d’exercice) ; l’un d’entre eux correspond cependant au diamètre (vue d’en haut). Photographions,

• Fig. 112 — Schémas représentant la position des échelles figurant sur les photographies p. 133.

5Développons les clichés en restituant l’échelle à une dimension identique (fig. 113) ; le même vase apparaît sous trois aspects différents, avec des hauteurs et des diamètres sensiblement inégaux ! Seule la photographie 1 restitue un diamètre exact, mais l’échelle est légèrement floue. En dépit de sa netteté, la photographie 2 est totalement erronée, de même que la 3. C’est dire que ce procédé — si fréquemment employé — ne présente aucun caractère d’exactitude : en soi d’abord, et aussi parce que (tous ceux qui pratiquent ce genre de photographies le savent bien) l’échelle est toujours placée de manière variable. Seul un dessin joint à la photographie apportera la rigueur nécessaire. Ou encore, la solution que nous préconisons p. 138, c’est‑à‑dire l’indication de cotes précises ajoutées sur la photographie.

• Fig. 113 – Transformations après mise à l’échelle 1:1.

■ Sur la fouille

6Depuis quelques années, les archéologues ont pris l’heureuse habitude de ne jamais opérer de photographies de chantier sans placer dans le champ de l’objectif, outre la mire traditionnelle et la flèche indiquant le nord, un panonceau ou une ardoise portant les références qui leur paraissent utiles (site, année, carré, couche, etc.). Voilà qui constitue un progrès par rapport à ces milliers de clichés non identifiables, ou vaguement, de tant de photothèques !

7Il reste que ces bonnes intentions pourraient recevoir des applications bien meilleures techniquement. Que se passe‑t‑il le plus souvent ? L’ardoise ou le panneau sont disposés n’importe comment : parfois, ils sont illisibles, parce que trop éloignés ou bien placés en oblique par rapport à l’objectif ; parfois, au contraire, ils occupent le centre de la photographie et leur échelle est démesurée. Il nous paraît évident qu’il s’agit d’allier la lisibilité et, sinon l’esthétique, du moins la raison : une ardoise doit occuper une place réduite à un emplacement modeste du document, c’est‑à‑dire de préférence dans un angle (fig. 114).

• Fig. 114 a  Photographie où l’ardoise occupe une place non appropriée b — Ce qui aurait été souhaitable.

8Comment faire ? Si l’on travaille en équipe, la technique cinématographique s’impose : un collaborateur joue le rôle du « clackman », guidé par celui qui prend la vue. Si, en revanche, on travaille seul, on peut opérer selon la technique qu’illustre la fig. 115 : une plaque‑support de lettres est fixée sur une tige par rapport à laquelle elle peut pivoter, la tige coulisse sur un ou plusieurs jalons qu’on peut soit enfoncer dans le sol, soit implanter dans un socle. Le procédé permet d’obtenir un parallélisme parfait (et une disposition adéquate) entre la plaque (l’ardoise, si l’on préfère) et le film photographique. Le déplacement du jalon, ou de l’appareil photographique, permettra de placer avec rigueur l’ardoise à l’angle supérieur droit du cliché par exemple. Les problèmes de netteté, dus à la profondeur de champ, se posent rarement dans la mesure où la photographie archéologique s’opère le plus souvent en plein air et où, surtout, il est toujours conseillé d’utiliser un pied (fig. 116),

• Fig. 115 — Mise en place de l’appareillage nécessaire.

• Fig. 116 — Disposition logique des renseignements.

Importance du fond dans la photographie de l’objet

9Dans de nombreux ouvrages, tant en préhistoire qu’en histoire, bien des illustrations s’écartent de l’objectif initialement prévu, du fait de la mauvaise harmonie entre le fond et l’objet photographié. Voici quelques exemples pour expliquer comment choisir les fonds et comment éviter les erreurs (fig. 117 et 118).

• Fig. 117  Photographie du même objet sur trois fonds différents.

• Fig. 118  Type d’illustration souvent rencontrée et ne présentant aucun intérêt (le fond étant trop accentué par rapport au motif).

10Le motif, ici un coquillage blanc, et qui plus est poli et percé pour servir de pendeloque, a été photographié de façon à transmettre trois images identiques, sur fonds différents. Nous aurions pu nuancer plus ou moins les valeurs en utilisant d’autres poses ; peu importe, seule compte la distinction entre les figures.

11Face aux impondérables de la publication, le fond noir est à proscrire car il ne permet pas de définir avec précision le dessin des perforations, il neutralise le contour de la coquille et accentue le contraste de l’ombre, ce qui occasionne un déséquilibre car l’ombre d’un objet blanc ne peut en aucun cas être aussi sombre (or, elle risque d’être accentuée et de se confondre avec le fond). Seuls les fonds blancs ou gris peuvent donner un bon résultat.

12Nous présentons ci‑dessous (fig. 119) la fiche technique de la vue précédente.

• Fig. 119 — Schéma représentant le type d’installation ayant servi à reprographier le coquillage.

13À l’objectif normal nous avons adjoint la bague allonge no 1 (la plus courte) et la cellule indiquait 11 d’ouverture du diaphragme et 8 pour la vitesse. Ces indications ont évidemment été recueillies sur charte gris neutre éclairée uniquement par le spot de 500 W (éclairage principal). À partir de cette base l’objet a pu être photographié sous les trois aspects indiqués ici :

  • après avoir placé un papier noir sur le dépoli et avoir éclairé la pièce seulement avec le spot de 500 W ;

  • en remplaçant le « Conson » noir par un film transparent légèrement bleuté (Normacolor System), ce qui a procuré la demi‑teinte du fond, avec mise en batterie de l’ambiance de 500 W ;

  • le schéma ci‑après montre l’éclairage tel qu’il est disposé pour obtenir un fond blanc.

14N.B. L’avantage certain d’une telle installation est d’obtenir un résultat avec le fond désiré et d’éviter la création d’une ombre portée. De surcroît, afin d’éliminer tout reflet de l’appareil Sur la vitre, l’opérateur à découpé un morceau de papier noir assez rigide (« Canson ») de 20 X 20 cm environ, puis a pratiqué une ouverture au centre de celui‑ci simplement pour laisser place à l’objectif.

Les techniques de retouche

15Une retouche est une modification que l’on apporte, par divers procédés techniques, à un document original (dessin et surtout photographie) pour l’améliorer. Cette notion d’amélioration peut sembler étrange (voire dangereuse) dans le cas de l’archéologie, qui est censée transmettre des documents fidèles. Dans certaines circonstances, cependant, la lisibilité (et donc la voleur scientifique) d’un document peut être réellement améliorée non seulement par la suppression de toutes sortes d’imperfections mais surtout par des techniques de présentation bien connues par les spécialistes des arts graphiques. Les deux principales sont le détourage et le repiquage.

■ Le détourage

16Nous avons déjà évoqué des cas où le dessin est impossible, en raison de la fragilité ou de la forme complexe d’un vase, d’un verre ou de tout outre objet. Nous avons dit également que la photographie constituerait à elle seule un document imparfait (même avec une échelle métrique !). Dans de tels cas, une solution consiste à accompagner l’image photographique de renseignements palliant l’absence du dessin, c’est‑à‑dire de mesures, de cotes, etc. À partir de la fig. 120 a, on réalise la fig. 120 b

• Fig 120  Renseignements indiqués sur la photographie, palliant ainsi l’absence de dessin

17Pourquoi détourer, nous dira‑f‑on ? Pourquoi ne pas avoir porté toutes ces mesures directement sur la photographie de la fig. 120a ? Rappelons‑nous les principes de la reprographie ! Nos adjonctions auraient subi le sort réservé aux photographies, c’est‑à‑dire auraient été tramées et se seraient donc trouvées « hachées », déformées par la répartition des points |

18Comment procéder au détourage de la photographie ? On peut le faire soit sur le négatif (procédé plus rapide mais qui n’est possible que sur des formats 6 x 6 minimum), soit sur un tirage papier. Dans les deux cas, on utilise le « Strip Mask » pour la première étape. Voici le déroulement des opérations.

■ Détourage sur le film

19• Détourer au « Strip Mask » l’image.

20• Après séchage, placer le négatif dans l’agrandisseur et exécuter un tirage sur papier au format désiré.

21• Apposer les chiffres et autres indications.

◼ Détourage sur le tirage

22• Détourer à l’aide du « Strip Mask » étalé avec le pinceau « Isabey » no 3.

23• Après séchage, diluer de la gouache blanche et recouvrir l’ensemble en utilisant l’aérographe ou un rouleau de petit format, voire un pinceau.

24• Lorsque la solution ainsi étalée est sèche, extirper à l’aide d’une plume vaccinostyle la pellicule provoquée par le « Strip Mask » ; la figure apparaît sur fond uni.

25• Après quoi, disposer sur ce support — après avoir effectuer un repérage — une feuille de triacétate, laquelle reçoit chiffres et autres indications. Le tout étant ensuite dirigé vers la photogravure.

26Le détourage ne sert pas seulement à l’adjonction d’informations chiffrées ou graphiques. Il présente également de grands avantages pour obtenir des mises en page satisfaisantes. Prenons l’exemple de la fig. 121 : un recollage très délicat de tessons portant des graffiti en lettres grecques a été effectué sur une couche d’ouate. D’une part, celle‑ci — qui constituait le support nécessaire à la bonne disposition des tessons — n’offre aucun intérêt pour la publication ; d’autre part, le format de la photographie (un rectangle contenant un mince bandeau incurvé) représente une perte importante d’espace. Le détourage dans un cas comme celui‑ci permettra d’associer, selon des courbes à peu près parallèles, des restitutions semblables (fig. 122).

• Fig. 121 — Photographie non détourée de tessons portant des graffiti, recollés et posés sur une couche d’ouate nécessaire ou maintien du collage.

• Fig. 122 — Exemple de mise en page satisfaisante due au détourage.

27On opérera selon les méthodes préconisées ou bien, en l’occurrence, on pourra utiliser un troisième processus. Il consiste à recouvrir la partie de l’image papier représentant le motif par le « Strip Mask ». Après séchage, le bromure est immergé dans une solution faite d’hyposulfite de sodium (20 g), de ferricyanure de potassium (2 g) et de 200 cm3 d’eau (des doses prêtes à l’emploi « Ilford » sont en vente dans le commerce). La partie de l’image non recouverte s’estompe puis disparaît assez rapidement ; il ne reste plus qu’à laver la photographie et la laisser sécher.

■ La repique

28La repique s’emploie dans bon nombre de cas. Nous nous limiterons aux trois utilisations principales.

■ Gouachage du négatif trait

29Quels que soient les soins apportés lors de sa préparation, tout film à grand contraste (de type lith) présente sur sa surface des piqûres blanches plus ou moins abondantes et très visibles lorsqu’il est placé devant un éclairage ou sur une table lumineuse. Ces petites taches doivent être absolument bouchées. On utilise pour ce foire la gouache négative opaque « Mécanorma » humidifiée et appliquée avec le pinceau « Isabey ».

30Remarque importante : lorsque, ayant dessiné un schéma ou un plan, nous avons, au terme de l’opération, à faire disparaître des traits inutiles ou erronés, il est recommandé de ne pas gommer (ce qui pourrait détériorer le calque). Mieux vaut, à l’étape suivante, gouacher sur le négatif,

■ Repique d’un négatif demi‑teinte

31Il peut arriver qu’un négatif demi‑teinte ait subi quelques détériorations ou les méfaits de la poussière ; avec le même pinceau « Isabey » no 3 nous réparerons les dégâts en utilisant le « Gris Film » de « PBO » ou encore une couleur d’aquarelle noire. Nous retrouverons ainsi la densité originelle du négatif.

■ Repique des épreuves sur papier

32Durant le tirage et l’agrandissement, si toutes les précautions ne sont pas prises, l’épreuve maculée par la poussière tombée sur le papier risque de ressembler à la fig. 123 a. Du coup, elle doit être obligatoirement repiquée. La repique d’une épreuve sur papier se pratique toujours lorsque le support est sec (et après montage si montage il y a). Utiliser le pinceau « Isabey » et de l’aquarelle en tube (noir, brun, bleu foncé) ou encore l’encre de Chine en plaquette. Les applications sont faites avec la pointe du pinceau et par touches.

• Fig. 123 a — Photographie non repiquée, b — Photographie après repiquage.

33Nous terminerons par un cas extrême qui met en cause certaines pratiques (hélas fréquentes, par exemple, dans les musées) qu’illustre la fig. 124. Il est difficile de publier cet autel en laissant la mention A‑8 peinte en caractères énormes.

• Fig. 124 — Autel comportant en caractères énormes la mention A‑8,

34L’honnêteté scientifique le voudrait. Le document, en fait, y perdrait beaucoup, l’attention du lecteur serait détournée. Dans la mesure où les lettres modernes ne dissimulent rien d’antique, sinon le grain de la pierre, la retouche s’impose : nous ferons disparaître cette mention de la façon suivante :

  • en plaçant sur une vitre la photographie encore humide et en la fixant au moyen d’un papier gommé ;

  • en séchant (à l’aide d’un sèche‑cheveux par exemple) de façon à donner une tension uniforme au papier ;

  • en recouvrant toute la pierre par du « Strip Mask », avec le pinceau « Isabey » no 3;

    • 1 Faute d’aérographe, procédet selon la méthode préconisée p. 137.

    en laissant sécher cette substance (quelques minutes suffisent) et en détourant à l’aérographe1;

  • en retirant la pellicule formée par le « Strip Mask » ;

  • en retouchant enfin la partie imprimée à l’aide du pinceau précité et de gouaches appropriées.

35On obtient ainsi la fig. 125.

• Fig. 125 — Le même document après détourage de la mention parasite.

Les fonds de carte

36L’utilisation de fonds de carte en archéologie n’a cessé de se développer ces dernières années pour illustrer de manière précise des implantations de sites (carte des oppida, par exemple), ou des phénomènes de distribution (distribution des fibules de tel type, des vases « gaulois » peints, etc.). Or, l’emploi de ces fonds de carte est moins simple qu’on ne le croit généralement — du moins dans l’optique d’une publication de qualité.

37Quelques définitions pour commencer Un fond de carte est un document de type géographique réalisé au trait, ou en demi‑teinte au crayon ou au graphite estompé, grâce à l’emploi de différents instruments de dessin (précédemment décrits) et de trames (« Mécanorma », « Alfac », « Letraset »…}. Ce fond peut, bien sûr, subir des réductions et l’emploi de telle ou telle encre peut l’éclairer ou l’assombrir. Ainsi la fig. 126 est la réduction d’un document beaucoup plus grand (fig. 127), de même, entre les fig. 128 et 126 il existe une différence de tonalité, l’encre utilisée dans le premier cas étant plus claire que dans le second.

• Fig. 126 — Fond de carte obtenu à partir d’un plus grand document.

• Fig. 127 — Document original.

• Fig. 128 — Différence de tonalité avec la fig. 126 due à l’emploi d’une encre plus claire.

38Voici quelques conseils afin d’utiliser à bon escient de tels fonds.

■ Un seul fond pour plusieurs cartes

39Il arrive souvent que le chercheur ait besoin de donner (à partir d’un fond identique) plusieurs cartes : par exemple, répartition des fibules de type 1, de type 2, de type 3, etc. Dans ce cas, vu le prix relativement élevé des fonds, il est absurde d’utiliser à chaque fois un original. Mieux vaut procéder comme suit

40– fixer sur la planche à dessin le fond nécessaire, en l’occurrence pour les uns la réduction (fig. 126), pour les seconds le modèle de l’illustration (fig. 127), et y porter des repères (fig. 129) ;

41– poser sur le fond, en repérage, une feuille de triacétate, laquelle recevra toutes les indications utiles par transfert ou par photocomposition (sur film de préférence). On utilisera une feuille pour chacune des cartes souhaitées, le fond demeurant le même (fig. 130).

42À l’issue de ces manipulations le fond de carte et les 20 ou 30 feuilles de triacétate seront alors adressés à qui de droit (éditeur, photograveur). Il suffira à ce dernier de mettre en contact sur le fond chacune des feuilles de triacétate pour obtenir une photographie de chacune des cartes (ce qu’on appelle le « typon », cf. p. 17). Nous aurons donc utilisé un seul fond et réalisé des économies.

■ Le problème de la couleur

43Le document final réalisé par la méthode précédente est, bien sûr, en noir et blanc (fig. 131). Dans certains cas on peut souhaiter une reproduction en couleur, le fond de carte étant d’une certaine teinte et recevant les informations en noir et blanc. On obtient ainsi, outre un certain agrément, une meilleure lisibilité. Dans cette optique, on remplace la feuille de triacétate par du « Kodatrace », plus opaque mais qui permet cependant, lors du dessin, d’apercevoir très bien le fond. Les opérations sont identiques, c’est‑à‑dire :

  • placer le fond sur la planche à dessin, afficher les croix du repérage ;

  • poser la feuille « Kodatrace » et y apposer les repères ;

  • ajouter toutes les informations désirées (fig. 132).

44La différence de traitement interviendra ultérieurement : les deux documents ne sont plus photographiés ensemble et superposés, mais séparément, afin d’obtenir deux plaques — l’une en couleur (le fond), l’autre en noir et blanc (les informations ajoutées sur « Kodatrace »), Ces deux plaques seront ensuite traitées à l’imprimerie. Si celle‑ci dispose d’une machine à plusieurs couleurs, un seul passage suffira. Dans le cas contraire, deux passages seront nécessaires, un pour la couleur (le fond), l’autre pour le noir et blanc (fig. 133).

■ Fond de carte représentant un champ géographique réduit

45Parfois se pose le problème suivant : l’archéologue n’a besoin d’utiliser qu’une petite partie du fond de carte (par exemple la France et non l’Europe entière). On peut bien sûr découper le fond. Cette opération peut s’admettre pour une ou deux cartes, mois s’il s’agit de 20 ou 30 documents, va‑t‑on gâcher délibérément 20 ou 30 fonds coûteux ? La seule solution : reproduire la partie du fond qui nous intéresse et travailler ensuite sur ce nouveau document.

46Comment opérer ? Le travail est délicat, car les fonds de carte que nous utilisons sont déjà des réductions de documents réalisés à plus grande échelle. Il nous est par exemple impossible d’obtenir par nos propres moyens des tramés identiques, et il nous faudra réaliser les grisés par d’autres procédés.

47Voici la méthode recommandée :

  • décalquer la partie du fond qui nous intéresse; pour les grisés, se borner à indiquer les contours; employer un calque ordinaire et la mine 6H ;

  • au dos du calque, reproduire le dessin obtenu en utilisant un crayon HB ;

  • reporter en noir le dessin sur un papier couché ou, à la rigueur, sur un papier « Canson » ; apposer toutes les annotations devant apparaître en noir ; placer les croix de repérage ;

  • poser en repérage un « Kodatrace » ; aux endroits prévus pour le grisé, étaler au pinceau une gouache brun rouge diluée.

48On se retrouve placé dans les cas étudiés précédemment et le résultat final sera le suivant :

  • soit un document noir et blanc avec reproduction en tramé des zones grisées (fig. 43) ;

  • soit, s’il s’agit d’une reproduction couleur, un aplat, les grisés présentant une teinte unie et le reste de l’image une teinte différente (fig. 134).

La photocopie tramée

49Les photocopies reproduisent les textes et les dessins ou trait de manière très satisfaisante, mais non la photographie. Que de fois nous regrettons de ne pas pouvoir diffuser par exemple un rapport de fouille en raison de la mauvaise qualité des reproductions de l’illustration Pourtant, il existe un moyen de réaliser des duplications convenables à l’aide d’un photocopieur il consiste à insérer dans celui‑ci non pas une photographie normale mois une épreuve papier tramée que l’on peut obtenir en suivant les indications de la brochure « Kodak » sur les principes de la photographie appliquée aux arts graphiques.

50Le matériel nécessaire est celui‑ci :

  • un petit plateau à succion (40 x50 cm environ) que l’on pose sous l’agrandisseur ;

  • une lanterne « Kodak » avec écran 00 jaune clair;

  • une trame PMT grise;

  • un papier spécial (« Kodak » Rapid papier, type 2200, cat. 186 22671.

51Les opérations sont les suivantes :

  • placer dans le passe‑vues de l’agrandisseur le négatif demi‑teinte à agrandir ;

  • positionner sur le plateau à succion le papier spécial que l’on recouvre par la trame (plus grande que le papier) de manière à assurer un contact parfait ;

  • actionner l’aspiration et une fois celle‑ci obtenue, impressionner le papier (6 à 10 secondes environ pour une ouverture de 8, mois des essais sont nécessaires suivant l’état du négatif) ;

  • la pose principale terminée, faire glisser sous la lanterne le plateau toujours sous succion ;

  • opérer la pose auxiliaire en allumant la lanterne un court instant (à déterminer par des essais); cette pose supplémentaire permet de dégager les ombres;

  • après arrêt de la succion, le papier est ensuite retiré du plan de travail et révélé, fixé puis lavé comme le sont les épreuves ordinaires (fig. 135).

52Cette opération a pour effet de réduire le nombre d’épreuves photographiques à tirer, de gagner du temps, d’éliminer les collages et mises en page et d’abaisser le coût (fig. 136 et fig. 137).

53N.B. Dans l’exemple que nous proposons, la trame PMT grise conseillée par « Kodak » mais introuvable en France a été remplacée par une trame grise de 65 lignes au pouce (société A.G.M., 26, rue de Montevidéo. 13006 Marseille). Faute de disposer d’une lanterne, il n’a été procédé qu’à une seule pose sous l’agrandisseur avec une lampe de 300 W, non survoltée malgré les recommandations de la fiche technique (« Kodak » conseillait une ampoule 250 W survoltée dépolie comme GE‑PA‑ 213). Malgré tout le résultat est satisfaisant parce que le document à reproduire était de bonne qualité. Avec la pose auxiliaire et une lampe survoltée, les résultats seraient encore meilleurs.

• Fig. 136 a — Tramé sans pose auxiliaire obtenu sous l’agrandisseur, b — Photocopie obtenue (sans réglage spécial) sur un appareil de type courant.

La sélection des couleurs

54Dans une publication, les documents en couleur sont de deux sortes Citons d’abord les documents réalisés en quadrichromie qui restituent, par le jeu des couleurs fondamentales, toutes les nuances possibles. Il s’agit le plus souvent de photographies mais des dessins sont parfois ainsi reproduits (par exemple : dessin restituant un pavement de marbres polychromes, ou encore proposant la restitution d’un quartier urbain, d’une maison, etc., et jouant sur toute la palette). La deuxième catégorie de documents associe deux, trois ou quatre couleurs. Par exemple, pour un plan de ville, on représente en bleu la rivière qui la traverse, en jaune les vestiges antiques, en rouge la ville moderne, en noir les légendes. Dans ce cas, il s’agit d’aplats et la création de l’image couleur relève du dessin. Elle constitue une technique exigeant précision et minutie ; c’est ce qu’on appelle la « sélection des couleurs ». Voyons les diverses opérations nécessaires.

55On travaille d’abord sur un papier couché. On y place tout ce qui devra, ultérieurement, apparaître en noir (dessin, texte etc.), puis on trace des croix de repérage (fig. 138). Sur un second support (« Kodatrace » ou calque polyester) en repérage avec le premier sont dessinés à l’encre de Chine noire puis positionnés les textes et trames devant figurer dans la couleur la plus claire (jaune). Le troisième support de qualité identique au second reçoit (toujours en noir) l’information relative à la troisième couleur (rouge). Un autre calque de même nature que les précédents (en repérage) sert enfin pour la teinte la plus foncée (bleu).

56Une fois l’ouvrage, du dessinateur terminé, le photograveur reproduit au banc, sur film trait du type lith, choque élément de manière à ce que les films obtenus servent à l’impression des plaques imprimantes (une par couleur), ces dernières étant après coup transmises à l’atelier d’impression.

57Si l’imprimerie est équipée d’une offset capable d’imprimer successivement les quatre couleurs, le papier reçoit en premier le pigment le plus clair et progressivement les autres couleurs, c’est‑à‑dire le rouge, le bleu pour terminer par le noir. Avec une machine de conception plus modeste (une couleur) l’ordre demeure, mais le conducteur doit remplacer l’encrier après chaque impression et donc procéder à quatre passages. Tout comme la quadrichromie, cette formule permet de multiplier les coloris au stade de l’impression. En effet, après le passage du papier sous le deuxième blanchet, en plus des deux premières teintes, un ton supplémentaire (orangé) se crée, dû à la superposition du jaune et du rouge. Il en va de même pour les autres couleurs (fig. 139). Il va de soi que les couleurs citées dans ce texte ne sont pas immuables. Tous les coloris peuvent être représentés.

58N.B. Outre l’encre de Chine habituelle, la gouache brun rouge peut convenir sur les calques, à condition bien sûr d’employer le tire‑ligne comme outil principal De plus, lorsque deux couleurs se côtoient la plus foncée doit déborder légèrement sur l’autre afin d’éviter pendant l’impression la création d’un blanc dû au repérage parfois défectueux de la plaque sur la machine.

• Fig. 140 : 1er stade. Après le report de le figure ou crayon |HB) sur le papier couché et la mise en place des croix de repérage à l’encre, composition du graphisme relatif à la teinte noire.

• Fig. 141 ; 2e stade. Positionnement d’un calque polyester sur le papier couché, en repérage et mise en place du graphisme concernant la nuance la plus pâle.

• Fig. 142 : 3e stade. Dans les mêmes conditions que précédemment, figuration de la teinte intermédiaire.

• Fig. 143: 4e stade. Ce dernier graphisme représente le ton le plus foncé.

Notes

1 Faute d’aérographe, procédet selon la méthode préconisée p. 137.

Table des illustrations

Légende Fig. 111  Ces exemples autorisent toute exploitation.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 26k
Légende • Fig. 112 — Schémas représentant la position des échelles figurant sur les photographies p. 133.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 25k
Légende • Fig. 113 – Transformations après mise à l’échelle 1:1.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 187k
Légende • Fig. 114 a  Photographie où l’ardoise occupe une place non appropriée b — Ce qui aurait été souhaitable.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 52k
Légende • Fig. 115 — Mise en place de l’appareillage nécessaire.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 33k
Légende • Fig. 116 — Disposition logique des renseignements.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 219k
Légende • Fig. 117  Photographie du même objet sur trois fonds différents.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 79k
Légende • Fig. 118  Type d’illustration souvent rencontrée et ne présentant aucun intérêt (le fond étant trop accentué par rapport au motif).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 21k
Légende • Fig. 119 — Schéma représentant le type d’installation ayant servi à reprographier le coquillage.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-9.jpg
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Légende • Fig 120  Renseignements indiqués sur la photographie, palliant ainsi l’absence de dessin
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Légende • Fig. 121 — Photographie non détourée de tessons portant des graffiti, recollés et posés sur une couche d’ouate nécessaire ou maintien du collage.
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Légende • Fig. 122 — Exemple de mise en page satisfaisante due au détourage.
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Légende • Fig. 123 a — Photographie non repiquée, b — Photographie après repiquage.
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Légende • Fig. 124 — Autel comportant en caractères énormes la mention A‑8,
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Légende • Fig. 125 — Le même document après détourage de la mention parasite.
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Légende • Fig. 126 — Fond de carte obtenu à partir d’un plus grand document.
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Légende • Fig. 127 — Document original.
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Légende • Fig. 128 — Différence de tonalité avec la fig. 126 due à l’emploi d’une encre plus claire.
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Légende • Fig. 129
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Légende • Fig. 130
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Légende • Fig. 131
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Légende • Fig. 132
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Légende • Fig. 133
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Légende • Fig. 134
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Légende • Fig. 135
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Légende • Fig. 136 a — Tramé sans pose auxiliaire obtenu sous l’agrandisseur, b — Photocopie obtenue (sans réglage spécial) sur un appareil de type courant.
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Légende • Fig. 137
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-27.jpg
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Légende • Fig. 138
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Légende • Fig. 139
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-29.jpg
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Légende • Fig. 140 : 1er stade. Après le report de le figure ou crayon |HB) sur le papier couché et la mise en place des croix de repérage à l’encre, composition du graphisme relatif à la teinte noire.
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Légende • Fig. 141 ; 2e stade. Positionnement d’un calque polyester sur le papier couché, en repérage et mise en place du graphisme concernant la nuance la plus pâle.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32850/img-31.jpg
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Légende • Fig. 142 : 3e stade. Dans les mêmes conditions que précédemment, figuration de la teinte intermédiaire.
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Légende • Fig. 143: 4e stade. Ce dernier graphisme représente le ton le plus foncé.
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© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1987

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